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Goupil L’ASPAS EN ACTION ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES ANIMAUX SAUVAGES RECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUE N° 141 - PRINTEMPS 2020 Association 100% indépendante COVID-19 ET ÉCOLOGIE : L’EFFET BOOMERANG ON NE LÂCHE RIEN POUR LE RENARD ! COMMENT LES CHASSEURS ONT ÉCHAPPÉ AU CONFINEMENT

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GoupilL’ASPAS EN ACTION

ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES ANIMAUX SAUVAGESRECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUE

N° 141 - PRINTEMPS 2020

Association

100%indépendante

COVID-19 ET ÉCOLOGIE : L’EFFET BOOMERANG

ON NE LÂCHE RIEN POUR LE RENARD !

COMMENT LES CHASSEURS ONT ÉCHAPPÉ AU CONFINEMENT

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Les blaireaux sont victimes d’une chasse cruelle, incompatible avec la reconnaissance des animaux comme êtres sensibles.

Signez et diffusez la pétition #StopDéterrage : aspas-nature.org/blaireau

Avec l’ASPAS, DEMANDEZ L’INTERDICTION

DU DÉTERRAGE !

© A.

Lafay

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SommaireGoupil n° 141 - Printemps 2020

Goupil - ASPAS BP 505 - 26401 CREST Cedex

Tél. 04 75 25 10 00 [email protected]

www.aspas-nature.org

Éditorial - sommaire

Vie de l'ASPAS

Vos droits

L'oeil de l'expert

Brèves

Dossier

Réserves de vie sauvage®

renard

Blaireau

lynx

loup

ours

chasse

partenariat

Juridique

bibli@

ÉDITORIAL

Association reconnue d’utilité publique depuis le 11/12/2008 (JORF du 20/03/2009)

Imprimé par Impressions Modernes

Se battre, plus que jamais

Tout d’abord, nous vous espérons en bonne forme, vous et vos proches, et souhaitons que l’amateur/trice de nature que vous êtes sans doute n’aura pas trop souffert de ce confinement si long et si lourd d’incertain.

Voici un Goupil inhabituel dans une période inhabituelle. Les délais d’impression et d’envois plus lents qu’à l’accoutumée ont accentué le décalage entre la rédaction de votre magazine et sa réception chez vous. Certains détails d’actualités vous sembleront peut-être dépassés, mais l’essentiel reste là. Notre dossier porte évidemment sur la crise enclenchée par le Covid-19, et rappelle ce que trop de médias ont immédiatement oublié : son lien direct avec les destructions infligées à la nature. Nous ne connaissons ni les conséquences de ce choc planétaire, ni les cascades d'effets de ces conséquences. Mais n’étant pas naïfs, nous sommes sûrs d’une chose : face aux forces destructrices qui profitent de tout, et même des drames qu’elles ont provoqués, nous devrons nous battre plus que jamais. Notre force à nous, c’est vous, nos valeurs communes et notre détermination.

Cette année notre Assemblée générale sera virtuelle, mais bien réelle. Concrète, constructive et toujours conviviale, quoi qu’il arrive ! Vous trouverez avec votre Goupil tout sur cette AG, dans un document qui comprend le bilan impressionnant de nos différentes activités en 2019. Sans aucune modestie, nous affirmons que nous en sommes fiers ! Et nous sommes fiers aussi de vous avoir à nos côtés : merci à vous de porter la voix de la nature et de la faune sauvage.

Coordination généraleR. Holding - R. Collange

Comité de rédaction R. Holding - M. Giraud - M. Rubin - F. Moutou A. Ambrosini - M. Fargier - J. Bati - L. Gasnier

C. Roche - G. Cochet - B. Kremer-CochetL. Ménard - C. Hernandez

Iconographie, graphisme et mise en page

R. CollangePhotographies

A. Lafay - S. Gonguet - AVA - A. WeidingerE. Salard - R. Collange - R. Holding - F. CahezC. Roche - P. Gleize - M. Quiot - D. Avondes

H. Marquer - V. Munier - B. Merry - O. Simon - B. AlliezLG. Nyqvist - A. Frorschauer - Pixabay

Couvertures : 1re : R. Collange - 2e: A. Lafay - 4e : F. Cahez

IllustrationsG. Macagno

34 à 7

89

1011 à 19

20-212223

24-2526-27

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31 à 3334 à 37

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Marc Giraud,Porte-parole et administrateur de l'ASPAS

Signez et diffusez la pétition #StopDéterrage : aspas-nature.org/blaireau

© A.

Lafay

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n°141 vie de l' aspas

Ç'ASPAS ENTRE NOUS

Adhérents ASPAS : rencontrons-nous !

Régulièrement, nous recevons des mails d’adhérents souhaitant être mis en lien avec d’autres membres ASPAS pour partager leur engagement et mener des actions près de chez eux. C’est pour aider à la mise en lien que cette rubrique « Ç’aspas entre nous » a été créée.Maintenant c’est à vous de jouer, n’hésitez pas à contacter les personnes ci-dessous !

Lozère et Aveyron (48 et 12)Michèle CHARMAT

[email protected]

Charente (16) Chantal FRAINNET

06 21 34 85 18

Claude et Nicole [email protected]

Seine-Maritime et Somme (76 et 80)Françoise FOURNEL

[email protected]

Vienne (86) et plus largement Poitou-Charentes

Nathalie [email protected]

Haute-Vienne (87) et plus largement Limousin

Alain [email protected]

Calvados (14) et plus largement le pays d’Auge

Jason FIANT06 43 11 85 74

[email protected]

Pour des raisons d’espace disponible, nous n’avons malheureusement pas pu partager les petits textes d’appel proposés par les personnes ci-dessus. Nous en sommes désolés.

L’identité des adhérents de l’ASPAS est strictement confidentielle. Les coordonnées ne sont jamais cédées, louées ou échangées. Et vous pouvez à tout moment nous demander la suppression ou la modification de vos données.Les coordonnées qui sont communiquées sur cette page le sont à la demande et donc avec l’accord des personnes concernées.

Si vous aussi vous habitez dans un département dépourvu de délégué et souhaiteriez être contactés, vous pouvez vous signaler pour apparaître dans le prochain Goupil.

Contact :[email protected]

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vie de l' aspas n°141

CONFINÉS, MAIS TOUJOURS MOTIVÉS !

Dès l’annonce du confinement généralisé, à la mi-mars, nous nous sommes organisés pour mettre en place au plus vite le télétravail, pour une partie de l’équipe. Ainsi nous avons pu assurer la continuité de nos actions : rédaction et mise en page du Rapport annuel 2019, dépôt de plaintes et suivi des procédures judiciaires, veille des actualités liées à la faune et à la chasse, animation de nos réseaux sociaux, avancée du chantier de nos nouveaux sites Internet (c’est un scoop !).

Nous avons même réussi à mettre en place des actions inter-associatives, en lançant une pétition pour demander l’annulation de toutes les mesures de dérogations pour les chasseurs et en écrivant une lettre ouverte au président de la République (voir p.30).

Et, last but not least, votre magazine Goupil que vous tenez actuellement entre les mains (ou que vous lisez sur votre écran, si vous avez opté pour la version numérique) a été totalement confectionné par une équipe d’Aspassiens et d’Aspassiennes parfois séparés de plusieurs centaines de kilomètres !

D’autres activités ont en revanche malheureusement dû être gelées : tenue de stands et activités de terrain, envoi de kits pédagogiques, expositions et panneaux amphibiens, vente par correspondance, fabrication de nichoirs… À l’heure où vous lirez ces lignes, ces services auront peut-être doucement repris.

Une assemblée générale par correspondance

Compte tenu de l’incertitude de l’après-confinement, et pour des raisons logistiques liées à son organisation, nous avons dû décider d’annuler l’Assemblée Générale initialement prévue le 6 juin à Lyon. Plutôt que de la reporter au second semestre (chose que permet exceptionnellement cette année le gouvernement au regard du contexte), nous avons préféré opter pour une AG par correspondance. Pour en savoir plus et voter (avant le 30 juin), référez-vous à la notice jointe à ce Goupil ou rendez-vous sur www.aspas-nature.org/AG2020

© G. Macagno

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DU CÔTÉ DES RÉGIONS

DU MOUVEMENT DANS LES DÉLÉGATIONS

Deux départements ont désormais leur antenne relais. En janvier 2020, le Conseil d’Administration a validé les candidatures de Stéphane Guenneteau et de Cyril Alexandre qui sont donc devenus délégués respectivement de Charente-Maritime (17) et des Deux-Sèvres (79). N’hésitez pas à prendre contact avec eux pour renforcer la dynamique locale et faire vivre la délégation.

En ce début d’année, une déléguée change de département. Pauline Maurin jusque-là déléguée dans l’Essonne s’est proposée pour poursuivre la mission dans son nouveau département de résidence qui était dépourvu de délégué : le Loiret (45).

Enfin, Pierre-Marie David qui était délégué dans les Vosges a fait le choix de démissionner pour se consacrer entièrement aux actions locales.

Nous le remercions chaleureusement de l’énergie qu’il a consacrée à l’ASPAS en tant

que délégué et ne doutons pas du soutien mutuel que nous continuerons à nous apporter.

Retrouvez la liste complète des délégués et de leurs coordonnées sur l’Espace adhérent du site internet.

Pour présenter votre candidature à la mission de délégué, merci d’écrire à actions@aspas-

nature.org après avoir vérifié que :• vous êtes adhérent depuis plus d’un an • vous êtes à l’aise avec les positions de l’ASPAS• vous êtes motivé pour créer du lien entre les

adhérents et réaliser des actions locales.

Compte tenu de la hausse d’activités, et en fonction des dossiers sur la planche, les délais de réponse peuvent parfois s’allonger. Cela dit, votre candidature sera reçue avec enthousiasme et considérée avec attention. Merci d’avance de votre compréhension !

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© S

. Gon

guet

DES ACTIONS RONDEMENT MENÉES

Grâce à ses délégués et plus généralement à tous ses membres actifs, l’ASPAS vit en régions. Merci !Voici quelques actions menées sur la période de janvier à mars :

• Des projections du film Marche avec les loups, qui ont été accompagnées par l’ASPAS (outils pédagogiques, interventions, communication)• Des stands sur des salons et évènements (Breizh nature et Viv’Armor en Bretagne, Journée du Club des jeunes dirigeants à Grenoble, Festival de photographie animalière à Bachy, Portes ouvertes du lycée forestier à Crogny, Conférence de Guillaume Corpard sur les animaux à Paris, etc.)• Une mobilisation citoyenne et l’animation (répétée) de la saynète de Monsieur Blaireau à l’occasion d’une manifestation anti-chasse à Toulouse, organisée en lien avec d’autres associations environnementalistes et de protection animale.• Une rencontre entre les membres ASPAS d’Île-de-France ; occasion de partager sur différentes thématiques, de prendre le temps de considérer les actions possibles (selon les spécificités locales) et à venir telles que la campagne contre les déchets de pêche. Retrouvez des témoignages et les supports utilisés lors de cette journée sur l’espace adhérent sur notre site internet. Contact : Patrick NATHAN : [email protected].• Plusieurs contacts ont été pris avec les maires ou candidat-e-s à la suite du lancement de notre campagne « Municipales : quels pouvoirs du maire sur la chasse ? ».

Rencontre en Île-de-France

témoignage de Christian Perrenot, délégué ASPAS dans l’Hérault

Côté " Municipales", j'ai réussi dans mon micro-village à interpeller l'équipe municipale en réunion publique (25 personnes maxi !) pour proposer un "Dimanche sans chasse". Résultat, inattendu : zéro contradiction + une conseillère qui demande d'ajouter aussi un "mercredi sans chasse" ! + le maire (chasseur) qui affirme que cela l'arrangerait bien car "j'en ai ras-le-bol de flinguer des sangliers tout le week-end" (!) Restera à voir la mise en œuvre... Quelques précisions quand même : l'équipe municipale comprend 4 chasseurs dont le maire. La commune est soumise fortement à la chasse : battues les mercredi, samedi et dimanche + "à l'approche ou affût" certains jours de la semaine. Mais le sujet n'a jamais vraiment été évoqué en conseil municipal. Bref, je crois que ce qui est essentiel n'est pas de discuter en tête à tête avec le maire, mais bien en réunion publique, pour faire démarrer la discussion et faire prendre conscience aux gens qu'ils ne sont pas seuls à ressentir ce qu'ils ressentent.

vie de l' aspas n°141

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n°141 vos droits

LE COIN DU JURISTE

Mes voisins détruisent chaque année les nids que les hirondelles construisent sur la façade de leur immeuble, en ont-ils le droit et que peut-on faire ?

Les hirondelles installent fréquemment leurs nids sur les façades d’immeubles. Leur destruction est strictement interdite, les hirondelles étant protégées par l’arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés. Ainsi sont interdits en tout temps : « la destruction intentionnelle ou l'enlèvement des œufs et des nids » de l’ensemble des espèces listées dans cet arrêté, sauf autorisation délivrée par le préfet. Toute infraction à ces dispositions est un délit passible de peines pouvant atteindre 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende (L.415-3 du code de l’environnement).

Les hirondelles sont gravement menacées, principalement par l’utilisation intensive des pesticides qui empoisonnent leur nourriture (insectes). Elles dépendent beaucoup des constructions humaines pour leur nidification. Notre devoir citoyen est donc de favoriser la reproduction de cette espèce dont nous sommes la cause du déclin.

Ce que vous pouvez faire :

• En prévention : pour éviter les salissures, proposez à vos voisins de fixer une planchette en-dessous des nids ou d’installer pour la prochaine saison des nids artificiels à des endroits moins gênants.Sensibilisez les gens autour de vous, via les bulletins municipaux, les journaux locaux, etc.

• Dans l’urgence : vous avez connaissance de l’imminence d’un ravalement de façade : avertissez le propriétaire des peines qu’il encourt et des solutions alternatives qu’il peut mettre en œuvre, prenez des photographies des nids occupés. Contactez une association de protection de la nature locale et, si le propriétaire n’a pas d’autorisation, avertissez les agents de l’OFB, compétents en matière d’atteinte aux espèces protégées.

• En répression : pour poursuivre en justice les actes de destruction, l’ASPAS doit prouver l’infraction et permettre au Procureur d’en identifier l’auteur. Faites-nous parvenir des photos prises avant et après l’opération, ainsi que l’identité et l’adresse des responsables des travaux. Si les agents de l’OFB procèdent à une enquête, informez l’ASPAS.

© F.

Cah

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expert n°141

L'ŒIL DE L'EXPERTMieux connaître les chauves-souris

On a pu lire, dans une certaine presse, que les chauve-souris étaient responsables de l’épidémie du Covid-19. François Moutou, vétérinaire et épidémiologiste, remet les pendules à l’heure.

En 2018 on a recensé sur Terre 1 386 espèces de chauves-souris, soit environ le quart des 6 399 espèces de mammifères connues. Pour rappel environ 50 % des autres sont les rongeurs et les plus populaires, lions, baleines, éléphants, pandas, gorilles, fourmiliers, otaries, ouistitis, ne représentent que le dernier quart.

Très peu de toutes ces espèces de chauves-souris ont été étudiées sur le terrain et 20 % sont menacées par le déboisement, l’urbanisation, la destruction et les pollutions.

Les chauves-souris sont présentes depuis au moins 55 millions d’années sur Terre et peuplent de nombreux territoires sauf le Haut-Arctique et l’Antarctique. Aujourd’hui la plus petite pèse 2 g (Myanmar, Thaïlande), la plus grande 1,5 kg (Indonésie, Malaisie) pour

respectivement 15 cm et 1,50 m d’envergure ! Leur diversité d’écologies, d’habitats, de régimes alimentaires et de comportements est unique chez les mammifères. Leur système de navigation par sonar (écholocalisation) est extrêmement perfectionné. Les chauves-souris ne sont pas aveugles et émettent aussi des sons dans l’audible.

Comme tous les animaux, humains compris, les chauves-souris hébergent des bactéries et des virus, indispensables à leur bien-être, comme pour nous. Il semble que leur vol battu, unique chez les mammifères, leur confère une résistance particulière au risque d’infection virale que les médecins aimeraient bien comprendre. Cela pourrait aider d’autres espèces de mammifères dont la nôtre. Des espèces domestiques et sauvages sont commercées, légalement ou pas, sur des marchés asiatiques, transportées et confinées dans de très mauvaises conditions. Ceci explique que ces animaux peuvent échanger leurs virus entre eux et parfois avec leurs commerçants, vendeurs, acheteurs, consommateurs. Qui est responsable ? Certains de ces virus pourraient provenir des chauves-souris mais on ne sait pas comment. Ni le virus SRAS-CoV-1 de 2002, ni le SARS-CoV-2 de 2019 n’a été retrouvé chez des chauves-souris. Ils sont probablement passés par une autre espèce de mammifère, peut-être sur un marché. Pour aller plus loin, visitez le site eurobats.org/

© J.

Frizo

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Grand murin

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Crapauds, grenouilles et salamandres vous disent « merci » !

Lorsqu’ils sortent de leur confinement hibernatoire, les amphibiens n’ont qu’une

idée en tête : se reproduire ! Commence alors, pour eux, une épopée bien dangereuse et de plus en plus

ambitieuse au vu de la destruction et de la fragmentation des habitats naturels : trouver une

mare et l’atteindre en un seul morceau. Afin de les aider dans leur

épique traversée, les membres ASPAS se mobilisent chaque année. Et si l’on demande une

autorisation pour les manipuler, ce n’est pas par crainte de finir sur le bûcher, mais bien parce qu’ils ont un statut d’espèces protégées. En mars, les sorties ramassage avaient à peine débuté quand elles ont dû être stoppées. Ainsi soit-il ; la baisse de circulation automobile a sans doute contribué à sauver de nombreuses petites vies. Pour mieux connaître les amphibiens, et savoir comment agir pour eux, n’hésitez pas à regarder les interviews de Romain Espeisse, délégué ASPAS 28, et de Françoise Serre-Collet, herpétologue au Muséum National d’Histoire Naturelle sur www.leffetdomino.com, média créé par une adhérente ASPAS.

Petite ville de 12 000 habitants dans l’Oise (60), Pont-Sainte-Maxence est régulièrement le théâtre d’incidents provoqués par des équipages de chasse à courre. Pour tenter d’y mettre un terme, la mairie a adopté un arrêté le 1er mars 2018, interdisant aux veneurs de traquer les animaux à moins de 300 m des habitations. Le texte ayant été attaqué en justice par les chasseurs, le service juridique de l’ASPAS s’est immiscé dans l’affaire, en soutien au maire. En attendant la décision de justice, l’interdiction n’a pas empêché de nouveaux incidents de se produire, puisqu’au cours de la saison 2019-2020, trois cerfs acculés ont trouvé refuge sur la commune, poursuivis par des meutes de chiens non contrôlés par les chasseurs. Mais la saison prochaine devrait être plus calme, puisque dans sa décision du 6 mars 2020, le tribunal

administratif d’Amiens a estimé que le maire était dans son bon droit d’imposer un périmètre de non-chasse autour des habitations de sa commune ! Même si les chasseurs ont annoncé vouloir faire appel de la décision, voilà qui devrait inspirer d’autres communes du département, elles aussi confrontées aux abus de la vénerie.

Restriction de la chasse à courre à Pont-Sainte-Maxence !

n°141 brèves

© AV

A

© G. Macagno

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De pauvres animaux confinés (eh oui) dans un marché sordide. Certains sont morts ou agonisent dans des cages minuscules, compres-sés dans leurs excréments, stressés au point de perdre leurs défenses immunitaires ; des mouches volent des uns aux autres, du sang coule au sol. Parmi ces animaux se trouvent des chauves-souris connues pour véhiculer des maladies. Un virus passe la barrière des espèces jusqu’à un Chinois, probablement un marchand en contact avec de la viande souillée, puis peut-être un riche amateur de viande (très chère) de pangolin¹, et tout éclate, tout se révèle et nous revient dans la figure comme un gigantesque boomerang. Il en est de même avec tous les désordres planétaires que les activités

humaines sont en train d’enclencher, qui auront tôt ou tard un effet boomerang sur les humains eux-mêmes. Nous, écologistes, le crions dans le vide depuis des décennies sans jamais voir venir les décisions nécessaires pour en sortir. Y aura-t-il du changement en vue ?

Aucun mouvement écologiste, aucune Greta n’y étaient parvenus

Sans omettre les tragédies entraînées par cette pandémie, et sans cynisme ni misanthropie bien sûr, nous pouvons nous réjouir d’y observer ce qu’aucun mouvement écologiste, aucune Greta n’avaient encore réussi à imposer aux responsables politiques : un coup de frein

N’oublions jamais cela : le drame planétaire de cette pandémie n’a qu’une origine, et une seule, le mépris des humains pour le non-humain. Cette crise sanitaire devrait être une occasion inédite de remettre en question nos rapports avec la nature et les animaux, car elle nous a aussi fait entrevoir une vie meilleure, avec une faune libérée dans un air moins pollué, et rappelé des valeurs essentielles. Le message est passé, plus cinglant que jamais. Mais il doit être entendu.

ANIMAL EN DÉCLIN, LE PUTOIS DOIT ÊTRE PROTÉGÉ !

COVID-19 ET ÉCOLOGIE :L’EFFET BOOMERANG

dossier n°141

Pangolin © A. Weidinger

1-Voir les notes en fin de dossier

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immédiat et sans concession à de grosses activités polluantes. Oui, c’est possible ! Un invisible microbe vient de nous donner la preuve concrète que l’arrêt du tourisme de masse, des titanesques promène-couillons flottants ou de ce trafic aérien insensé était réalisable, et rapidement. Une sorte de transition énergétique accomplie en quelques jours ! Les effets bénéfiques en ont été quasi instantanés : si les chiffres transmis par la Chine sont exacts, l’air moins pollué aurait fait gagner au pays plus de vies humaines que le Covid-19 n’en aura coûté. Une corrélation confirmée par ce constat : l’épidémie s’est montrée plus sévère dans les régions les plus polluées par les particules fines et les pesticides, que ce soit en Chine, en Iran ou en Italie du Nord².

Autre conséquence positive, au moins en partie, la décision de Pékin d’arrêter ces macabres marchés aux bestiaux, et de retirer les chats et les chiens de la liste des animaux comestibles. Quelques informations contradictoires nous arrivent, car certaines activités illicites auraient repris, mais un tel changement de politique était encore impensable il y a seulement quelques mois. Rappelons néanmoins que la plupart des

Chinois désapprouvent de telles traditions, et que seules certaines provinces sont concernées. Avant la crise, l’acteur Jackie Chan lui-même avait enregistré une vidéo dans laquelle il exhortait ses compatriotes d’arrêter de consommer des pangolins ! Nous aurions espéré une décision plus radicale de Pékin, car ce coup de frein au trafic animalier ne concerne que l’alimentation et pas la pharmacopée, et les misérables ours dont on exploite la bile en subissent encore les consé-quences. Cependant, la porte de l’espoir vient de s’entrouvrir. Malgré une saisie d’écailles en pleine pandémie, les ventes de pangolins ont semblé s’effondrer. Ils étaient jusqu’ici les animaux les plus braconnés du monde (on en tuait quelque 100 000 chaque année !), mais le trafic n’ayant pas cessé en Afrique et ailleurs, restons prudents. « Grâce » à nos chasseurs en effet, nous savons à quel point les traditions les plus stupides et les plus barbares sont tenaces.

Les chasseurs, plus indécrottablesque jamais

On ne s’en étonnera pas : loin de la prise de conscience planétaire qui s’opérait, les « premiers écologistes de France », plus

© E. Salard

Les Champs Élysées pendant le confinement

n°141 dossier

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© CC0

indécrottables que jamais, n’ont cherché qu’à se glisser entre les mailles du confinement pour continuer de flinguer en usant d’un de leurs prétextes favoris : sans eux, l’agriculture serait foutue. Des chasseurs ont donc utilisé une clause des dérogations de déplacements judicieusement apparue dans le décret du 23 mars 2020 : « Participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative »… autorité à l’oreille de laquelle le lobby chuchote et impose ses caprices. Conséquence : d’ubuesques autorisations d’aller agrainer des sangliers ou de tirer des corvidés, y compris une espèce protégée comme le choucas ! Ces dérogations ont été obtenues au mépris de toute prudence sanitaire (voir p. 30), alors qu’ailleurs des randonneurs étaient traqués par des hélicoptères ! De tels débordements cynégétiques ont néanmoins été freinés dans beaucoup de départements : ainsi, des chasseurs avaient été réquisitionnés pour « épauler la police » en Seine-et-Marne le 3 avril afin de « faire respecter le confinement » ! Se balader pour empêcher les autres de se balader, fallait y penser… Heureusement, l’arrêté a été annulé dès le 9 avril.

Cependant, le confinement n’a pas empêché les actes anti-nature. Rien qu’en Drôme, l’ASPAS comptait dès la mi-mars trois loups « légalement » abattus en trois jours, dont deux femelles portant des petits. Où était l’urgence de ces tirs pour l’État ? Où est l’efficacité ? Nous savons que la disparition de ces louves dites « alpha » va désorganiser les meutes et inciter les survivants à se rabattre sur des proies faciles, c’est-à-dire en premier lieu les animaux domestiques.Tout n’aura donc pas été idyllique dans cette histoire. Pour les insectes par exemple, les épandages de pesticides n’ont pas faibli, au contraire³, et aucun frein à leur raréfaction n’a

été cherché. La police de l’environnement (les agents assermentés de l’OFB, l’Office français de la biodiversité) ne pouvant plus assurer ses missions de surveillance, le fameux répit de la nature dont nous nous sommes tous réjouis a aussi masqué une recrudescence du braconnage, entre autres avec des rapaces retrouvés criblés de plombs. En temps de crise comme en temps de guerre, le meilleur de l’humanité s’exprime, mais aussi le pire…

Confinement des humains, libération des autres !

L’arrêt des activités de milliards d’humains en même temps a eu des répercussions jusqu’aux tremblements de la planète ! En Belgique, au Népal ou à Paris, des sismologues ont rapidement constaté une baisse des vibrations de la croûte terrestre, comme si la Terre avait cessé de frissonner.Dans ce silence de matin du monde, la faune s’est libérée. Dès le mois de mars en Sardaigne, un premier dauphin s’est montré près du port de Cagliari devenu paisible, les eaux de Venise plus limpides ont laissé voir des poissons pleins de vie, des baleines ont soufflé près de Marseille, un loup a dansé à Courchevel. Sur une plage indienne vide, 70 000 tortues marines olivâtres sont venues pondre, engendrant l’espoir de sauver leur espèce fragile.

dossier n°141

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Dans nos campagnes, la nette diminution du trafic routier a certainement sauvé la vie de milliers de crapauds en migration ou de hérissons en maraude. Mais d’autres animaux, notamment des jeunes enhardis par l’absence de véhicules, ont pris sans le savoir le risque de se faire percuter par des voitures fonçant sur les routes vides. Il sera impossible de dresser un bilan précis des retombées de ce confinement, ni du dé-confinement car certains animaux en confiance vont devoir vite réapprendre les dangers liés aux humains. Toutefois, une chose est sûre : le piégeage et la chasse ayant fortement diminué, les cerfs, les blaireaux, les renards et autres merveilles sauvages vivent leur plus belle saison de reproduction ! Nous constaterons que cette richesse retrouvée n’entraîne pas les pullulations catastrophiques dont les chasseurs nous rebattent les oreilles. Partout, la nature prouve son extraordinaire capacité de résilience.

La crainte disparue, les espèces urbaines se montrent plus facilement. On s’est étonnés de rencontrer des canards sur des trottoirs parisiens alors qu’ils vivent dans la capitale depuis toujours. Idem avec les animaux sauvages, libérés de la pression humaine et des pollutions sonores. Cet apparent renouveau de la nature n’est en réalité qu’un transfert mécanique, sur le principe des vases communicants : la pression a momentanément changé de camp.

Pour les naturalistes, l’un des grands intérêts de ce confinement général a été de montrer en grandeur nature qu’ils avaient raison : si on lui accorde un peu de répit, la vie sauvage nous offre en retour un spectacle extraordinairement réjouissant, apaisant et bienfaisant. Dans toutes les villes du monde, le surgissement du silence a permis aux habitants d’entendre enfin le chant

© A.

Lafay

© R

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des oiseaux qui les entourent, et sans doute d’y prêter attention. Le bénéfice rayonne jusqu’en nous-mêmes : le temps retrouvé permet un lien plus proche avec les autres, avec la nature, avec les animaux. Et c’est la première marche vers le respect…

D’autre part, l’expérience du confinement nous a fait – un peu – vivre la captivité. Nous avons pris conscience de ce que pouvait être la privation à vie du ciel immense et des ébats sans entrave, et nous sentons désormais jusqu’au plus profond de nos viscères ce qu’éprouvent les animaux en cage. Maintenant, nous savons.

Nous avons oublié notre nature

Sur notre peau et dans notre corps, les milliards de micro-organismes qui nous permettent de vivre représentent dix mille espèces différentes4 et sont bien plus nombreux que nos propres cellules. Nous sommes donc de véritables écosystèmes, eux-mêmes englobés dans de plus grands écosystèmes. Tout est lié, tout est interdépendant. Quelles que soient la sophistication de notre technologie et la dématérialisation de nos outils, nous demeurons des organismes naturels comme les autres, ayant un besoin vital de respirer, de nous nourrir avec des éléments issus de la nature, et d’être en bonne santé pour rester actifs. Cette épidémie due au trafic animalier a rappelé aux économistes eux-mêmes que sans une nature préservée il n’y a pas de santé, et que sans santé il n’y a pas d’économie. À la fois écologique, sanitaire, sociale, économique ou politique, cette crise multiforme nous a aussi montré l’extrême fragilité dans laquelle l’ultra-mondialisation nous a jetés. Le moindre incident, et des médicaments ou des aliments produits en masse à l’autre bout de la planète peuvent devenir inaccessibles. La relocali-sation de la fourniture en matières premières, en

biens et en services est la seule réponse possible pour nous préserver d’autres crises à venir.Pour acquérir notre autonomie alimentaire avec des produits sains, l’agriculture bio et locale est la meilleure des solutions. Or, c’est celle qui respecte le mieux la nature…

Des plans de relance… dans le mur ?

Entre l’urgence de la relance économique pour éviter des faillites et l’urgence écologique pour éviter l’asphyxie, c’est jusqu’à maintenant toujours l’économie qui l’a emporté. Partout dans le monde, la dictature de la rentabilité fauche peu à peu le vivant avec la ténacité aveugle d’un robot incontrôlable. Alors que la crise sanitaire sévit, des forces destructrices continuent de frapper. La déforestation s’accélère : l’Amazonie est saccagée comme jamais par Jair Bolsonaro, en Papouasie la coupe rase de 280 000 hectares de forêt a été validée pour produire de l’huile de palme… Des constructeurs automobiles demandent la réduction des normes écologiques, des États veulent relancer leur économie par le charbon au mépris de la crise climatique menaçante. Pour ceux qui détiennent le pouvoir, la tentation est grande d’essayer de reprendre là où nous en

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Pourtant, tout était prévu

Apparue en 1485 en Angleterre, une mystérieuse maladie, la suette, a provoqué 20 000 morts et s’est éteinte. Elle suivait la progression des déboisements et se dispersait avec les bûcherons. Nous savons aujourd’hui que la déforestation nous met en contact, ainsi que nos animaux domestiques, avec des espèces sauvages véhiculant des pathogènes auxquels nous ne sommes pas adaptés. Sur tous les continents, nous n’en avons que de cruelles confirmations : Sras ou grippes aviaires en Chine ; Sida, Ebola, fièvre de la vallée du Nil ou fièvre de Lassa en Afrique ; Nipah en Malaisie, etc. Selon l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), 60 % des nouvelles maladies infectieuses sont d’origine animale. En dehors de la crise actuelle, l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystems Services, ou Fondation pour la recherche sur la biodiversité) estime que les zoonoses font quelque 100 000 morts humains par an5.

Nous savons aussi que les parasites se répandent plus facilement chez les espèces très représentées, et que la surpopulation humaine fait de nous une cible particulièrement accessible partout sur le globe, y compris dans des écozones jusqu’ici inhabitées, mais envahies récemment pour être exploitées. Cette exploitation frénétique de la nature apporte fatalement une concentration d’espèces différentes, sauvages et domestiques, une consommation de viande de brousse, auxquelles s’ajoutent des élevages intensifs sources de contamination, car les animaux de ces élevages développent des résistances aux antibiotiques. Tout était donc prévisible… et prévu6.

Hélas, la recherche se focalise sur les traitements et les vaccins, mais néglige le point de départ. Selon le professeur Didier Sicard, il faut étudier sur le terrain les chaînes de transmission des coronavirus7. Le médecin plaide également pour la création d’un tribunal sanitaire international. En effet, les nations devront désormais se montrer aussi vigilantes envers les marchés d’animaux qu’envers les arsenaux nucléaires, car les répercussions de ces différentes bombes en puissance concernent la Terre entière.

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étions avant le coronavirus, voire en pire pour « rattraper le retard », en évitant de remettre en question le système qui leur profite.

Les historiens nous rappellent que les grandes crises ont entraîné les grands changements de politique. Sans être naïfs, car les apprentis-sorciers qui gouvernent le monde ne nous ont guère incités aux illusions, nous pouvons penser que l’humanité vit une prise de conscience planétaire inédite qui ne peut pas ne pas laisser de traces. En voici une petite, mais une quand même : le 10 avril dernier, onze ministres européens de l’environnement signaient une tribune sur le site Climate Home News, où ils annonçaient vouloir une reprise économique verte, qui tiendrait compte de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préservation de la biodiversité8. Ce ne sont pas les ministres les plus décisionnaires de leurs gouvernements respectifs, mais à nous de faire pression, d’entrer en résistance pour reconstruire un « après » le moins pire possible. « Chacun d’entre nous a deux cartes dans sa manche : la carte d’électeur et la carte de crédit » nous rappelait le chercheur

Franck Courchamp dans Le Monde (6 mai 2019). Il y en a d’autres : des plus faciles aux plus radi-caux, les moyens d’action sont plus nombreux qu’on le pense parfois.

Défendre la nature pour nous défendre

Il nous paraît presque impossible de nous libérer des lobbies qui écrasent le monde tant ils sont encore puissants. Pourtant, des actions efficaces voient le jour et grignotent petit à petit leur suprématie. Partout, des juristes se battent pour faire reconnaître les droits de la nature, ce qui impose aux industriels de respecter les limites de ce que peut nous offrir la planète. Les droits de la nature sont déjà admis dans plusieurs pays de par le monde, dont l’Équateur dès 2008, le Vietnam ou l’Ouganda. Des fleuves, des glaciers ou des forêts sont aujourd’hui considérés comme des personnalités juridiques pouvant se défendre contre ceux qui les menacent. Ainsi, une rivière a gagné contre une route en 2011, des requins ont fait condamner un armateur dont le bateau contenait 6 200 ailerons aux

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Galápagos. Un jour peut-être, des pangolins gagneront contre des trafiquants, des insectes contre une multinationale, des jaguars contre un président…

Le 12 décembre 2019, le Parlement français perdait une belle occasion d’évoluer dans ce sens en rejetant la reconnaissance du crime d’écocide et de la personnalité juridique de la nature. Mais rien n’est perdu, selon la juriste internationale Valérie Cabanes (cofondatrice de Notre affaire à tous et membre du mouvement End Ecocide on Earth), qui lutte pour cette reconnaissance d’écocide. L’idée fait son chemin en Europe jusqu’aux plus hauts niveaux politiques. Il faudrait juste qu’elle évolue plus vite, assez vite pour éviter le point de bascule qui nous précipiterait dans l’irréversible. Sans même évoquer nos actions juridiques pour la faune sauvage, l’ASPAS œuvre concrètement pour le maintien de nos écosystèmes vitaux, et participe à son échelle au grand mouvement international de renouveau. En citoyens responsables, nous n’avons pas attendu d’hypothétiques décisions politiques : en toute indépendance, nous avons créé nous-mêmes des parcelles de liberté et de nature en pleine santé. Nos Réserves de Vie Sauvage® font partie des solutions pour l’avenir, elles sont des exemples à suivre. Nous avons

besoin d’arbres pour respirer, de réensauvagement pour espérer, d’animaux libres pour rêver. Un monde plus heureux, c’est tentant…

L’avenir sera écologique ou ne sera pas

Nous vivons aujourd’hui dans un film de science-fiction devenu réalité, une dystopie où des continents flambent dans des méga-feux incontrôlables, où des peuples exsangues se révoltent, où la vie se raréfie jusqu’au cœur des océans. Au point que des collapsologues eux-mêmes s’étonnent de voir arriver si vite ces évènements qu’ils avaient pourtant prévus. Pablo Servigne analyse cette pandémie comme une simple « crise cardiaque générale 9», un signe avant-coureur sur lequel il est impératif de se pencher. D’autres pandémies surviendront inévitablement, le réchauffement climatique ne peut que s’aggraver, et avec lui l’émergence de maladies tropicales dans de nouvelles régions, la montée des eaux et bien d’autres réjouissances. Aujourd’hui, nous savons que ça peut – ça va – arriver, comme est arrivée la pandémie. Vite, et sans prévenir. Si le monde n’est pas à la hauteur de la leçon donnée par le Covid-19, il y en aura d’autres encore plus cinglantes.

Comme des mauvais élèves qui ne veulent pas comprendre du premier coup, nos décideurs seront tôt ou tard obligés d’écouter les scientifiques et les lanceurs d’alerte. De gré ou de force, ils devront respecter les petites et les grosses bêtes, les écosystèmes vitaux et les palpitations de la planète, parce que l’effet boomerang de leur destruction ruine l’économie et dévaste les humains. Peut-être qu’un peu d’humilité face au vivant nous aurait épargné bien des larmes, car cette crise sanitaire est AVANT TOUT une crise écologique.N’oublions jamais cela.

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Notes1 - L’hypothèse du pangolin est contestée par une partie des chercheurs. La chauve-souris rhinolophe du Yunnan, dont le virus est encore plus proche de celui de l’humain, fait également l’objet d’études. La possibilité que le Covid-19 se soit échappé du très sensible laboratoire P4 de Wuhan, dont la sécurité est insuffisante, ne change rien à l’affaire : tant d’autres virus sont issus des marchés d’animaux que le problème reste crucial.

2 - Émilie Massemin, Reporterre 31 mars 2020.

3 - « En pleine crise sanitaire, et sans aucune concertation, les préfets de 25 départements ont validé une charte qui divise par deux les distances de précaution pour pulvériser des pesticides », a dénoncé l’association Eaux et Rivières de Bretagne dans Ouest France le 7 avril. D’autre part, le réflexe de pulvériser des villages entiers de « virucides » (en général de l’eau de Javel diluée), aussi inefficace contre la pandémie que destructeur des milieux aquatiques et des organismes vivants, a heureusement été désavoué par l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine (Lorène Lavocat, Reporterre 2 avril 2020).

4 - « Jamais seul. Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations », Marc-André Selosse, Actes Sud 2017.

5 - Le Soir.be, 12 avril 2020.

6 - Lire à ce sujet « La vengeance de la civette masquée. SRAS, grippe aviaire… d’où viennent les nouvelles épidémies ? », de François Moutou (Quæ 2007) ou « Les sentinelles des pandémies : chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine », de Frédéric Keck (Zones sensibles, à paraître… en 2020). 7 - Tara Schlegel, France Culture 27 mars 2020.

8 - Novethic, le 11 avril 2020.

9 - Audrey Garric, Le Monde 10 avril 2020. Pablo Servigne est l’un des principaux théoriciens de la collapsologie, et l’auteur du best-seller « Comment tout peut s’effondrer » (Seuil 2015).

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DU CÔTÉ DES RÉSERVES DE VIE SAUVAGE®

Des nouvelles de Vercors Vie Sauvage !

Moins de 6 mois après l’acquisition des 490 ha dans le Vercors, où en sommes-nous ?

En février, Maxime Lavenir a été recruté en tant que gardien. Il est chargé de surveiller le site, de veiller à l’étanchéité de la clôture, de prévenir les intrusions malveillantes, de restaurer le chalet présent qui sera son domicile d’ici cet été, ou encore d’effectuer les préparatifs pour la future opération de capture et déplacement des animaux toujours prisonniers dans l’ancien enclos de chasse.

Côté administration, le 19 décembre dernier, des agents de la Direction départementale des territoires accompagnés d’agents de l’ONCFS (aujourd’hui OFB) ont fait le tour de l’enclos afin de vérifier son étanchéité, sans que nous n’en soyons informés. Alors qu’en 40 ans d’existence de l’enclos un tel contrôle n’avait jamais eu lieu, l’ASPAS en fait les frais 3 semaines après être devenue nouveau propriétaire… Résultat : deux ouvertures de blaireaux bien vite comblées, un trou créé par un éboulis récent lui aussi réparé (photo ci-contre), et la détection d’un problème de conception du parc datant… de sa création ! Aussi le préfet de la Drôme n’a pas hésité à nous envoyer une mise en demeure. Nous avons depuis réparé l’ensemble des failles et apporté une réponse circonstanciée à cette très rapide intervention préfectorale. L’administration fonctionnerait-elle « à la tête du client » ?

L’hiver plutôt clément a permis à la faune de passer cette saison d’ordinaire un peu rigoureuse plutôt sereinement. Nous avons pu faire de belles observations via nos caméras pièges dispersées en différents lieux du site. A noter par exemple : la présence du bouvreuil pivoine si rare de nos jours mais tellement magnifique.

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Bouvreuil pivoine

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La RVS des Deux Lacs… que de perturbations !

L’hiver a été marqué par une augmentation du passage des bénévoles sur la Réserve de Vie Sauvage® des Deux Lacs. En cause : les dérangements et nuisances du fait de quelques personnes malintentionnées.Nous remercions chaleureusement nos sentinelles sans qui nous ne réussirions pas à faire cesser ces parties illégales de chasse à la grive qui s’organisent en catimini au sein de la RVS.Nous encourageons également toute personne intéressée et disponible à venir renforcer l’équipe de sentinelles sur nos réserves.

La pose et le suivi de nos caméras pièges nous ont aussi permis d’identifier un chasseur qui se faisait un malin plaisir à venir tirer les oiseaux. Nous avons déposé une plainte contre X (mais en donnant suffisamment de détails pour l’identification de cette personne) auprès de l’Office Français de la Biodiversité et nous avons immédiatement fait cesser les tirs. Nous attendons les résultats de l’enquête. Dorénavant, et grâce à nos 9 gardes désormais assermentés pour venir patrouiller sur les Deux Lacs, chaque infraction constatée pourra faire l’objet d’une plainte à l’OFB.

Cet hiver toujours, à quelques kilomètres plus au Nord de la RVS des Deux Lacs, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), concessionnaire du domaine public fluvial (gestionnaire du fleuve et de nombreux terrains riverains) a réalisé des travaux de réouverture de milieux. Sous couvert de mesures d’accompagnement à un projet de parc photovoltaïque (entendez ici « mesure compensatoire » à la destruction d’habitats humides ouverts), la CNR a réalisé un broyage forestier sur une très ancienne prairie humide. Sic !

En réalité, la CNR a tout simplement broyé un espace forestier qui s’était installé depuis plus de 20 ans. Ces travaux réalisés en mars dernier ont donc détruit un espace naturel riche et fonctionnel, abritant une biodiversité remarquable. Espérons que ses habitants à quatre pattes trouveront refuge dans notre RVS. Un bon exemple de ce qu’il ne faut pas faire en termes de gestion de milieux naturels… Et encore une bonne raison de créer des Réserves de Vie Sauvage® !

Le chasseur immortalisé sur la RVS des Deux Lacs

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ON NE LÂCHE RIEN POUR LE RENARD !

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Si le confinement accorde un répit bienvenu à la faune, en particulier aux pseudo « nuisibles » victimes de piégeage 12 mois sur 12, on ne baisse pas la garde pour autant. Goupil, notamment, a toujours autant besoin de nous !

850 renards… C’est le nombre maximum d’individus que peuvent légalement tuer les lieutenants de louveterie de Seine-Maritime concernés par l’arrêté préfectoral adopté fin février, valable jusqu’à fin mai. Et ce, de jour comme de nuit !

Le 5 février dernier, nous vous invitions à participer à la consultation publique obligatoire organisée dans le cadre de ce projet d’arrêté. En

parallèle, notre communiqué de presse a sollicité l’intérêt de plusieurs médias, dont France 3, France Bleu ou encore La Dépêche. Résultat : vous êtes plus de 76 % à vous être opposés au texte ! Pas assez, pour la Préfecture, qui a validé le texte sans y changer la moindre virgule…

Non contents d’en rester là, l’ASPAS et AVES ont décidé de saisir le tribunal administratif de Rouen pour demander la sanction rapide de cet arrêté. Si

les opérations ont été suspendues suite au confinement, nous restons vigilants quant à leur éventuelle reprise.Un grand merci à vous tous qui avez participé à la consultation publique. Nous avons au moins obtenu la victoire de l’opinion ! Nous vous tiendrons bien sûr informés de la suite des évènements et de la procédure menée par nos avocats.

1% pour la planète : l’ASPAS met goupil dans la place !

Cette année encore, nous avons déposé notre candidature complète auprès de « 1 % pour la planète », une ONG internationale qui convainc des milliers d’entreprises à travers le monde de reverser 1 % de leur chiffre d’affaire pour financer des projets associatifs consacrés à la

protection de l’environnement. Après le blaireau en 2018, l’ASPAS a choisi cette année de plaider la cause du renard. Si notre action est retenue, le coup de pouce financier qui en résulterait nous permettra d’être encore plus efficaces dans notre défense de goupil !

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LE DÉTERRAGE BIENTÔT ENTERRÉ ?

À partir du 15 mai, dans plusieurs départements de France, les chasseurs ressortent leurs pinces géantes pour s’attaquer aux blaireaux confinés. Science et jurisprudence nous donnent cependant de bonnes raisons d’espérer pour l’avenir…

À l’heure où vous lirez ces lignes, la saison des déterreurs (des terreurs) aura ou sera sur le point de recommencer (sauf si le confinement en décide autrement). Cette période complémentaire de chasse, décidée chaque année par arrêté préfectoral, permet aux adeptes de la vénerie sous terre de s’acharner sur les populations de blaireaux, en les persécutant directement dans leur terrier. La méthode, particulièrement cruelle, est toujours légale mais heureusement de moins en moins populaire.

Comme on pouvait s’y attendre, la mobilisation citoyenne et les victoires juridiques obtenues par le monde associatif semblent avoir porté leurs fruits pour la saison 2020, puisqu’on note une baisse du nombre de projets d’arrêtés et une réduction des périodes de chasse dans certains départements. C’est que les préfectures sont désormais contraintes à davantage motiver leurs autorisations de déterrage, en avançant des données vérifiées et étayées par de vrais arguments scientifiques… si elles en trouvent ! La pseudo-excuse de la tuberculose bovine, souvent brandie par les détracteurs du blaireau (à commencer par le 3e vice-président du tout nouvel Office Français de la Biodiversité, Henri-Louis Vuitton !), fait pschitt devant l’avis officiel de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), qui alerte sur les risques de propagation de la maladie que fait courir le déterrage. L’Angleterre, où la maladie est plus développée, vient enfin de le comprendre : pour combattre la tuberculose qui affecte les élevages bovins, les abattages de blaireaux sont prohibés depuis le mois de février au profit d’une vaste campagne de vaccination.

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Continuons la mobilisation ! Vous êtes désormais plus de 77 000 à avoir signé notre pétition « #StopDéterrage ». Aidez-nous à sensibiliser les Français à cette pratique barbare d’un autre temps, en diffusant nos outils (arguments contre la vénerie, pétition, vidéos-choc, pancartes à imprimer) disponibles sur notre site à l’adresse http://bit.ly/34qtVY7. Mettons les projecteurs sur ce loisir sordide !

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Ces derniers mois, plusieurs cas de braconnage de lynx sont survenus dans le Jura et les Vosges, mettant un peu plus en péril une population française déjà très fragile. L’ASPAS saisit la justice et réclame de nouvelles réintroductions.

Au tout début du confinement, à la mi-mars, un cadavre de lynx était retrouvé dans un ravin de la commune d’Ivrey, dans le Jura. L’enquête des agents de l’OFB a conclu à un acte de destruction volontaire par arme à feu. Dans son communiqué du 26 mars, la préfecture évoque un « délit qui porte une atteinte grave à la biodiversité ». On ne saurait mieux dire (même si cette même préfecture est capable d’autoriser dans le même temps des destructions de corvidés… voir p.30). L’ASPAS se réjouit également que les chasseurs jurassiens aient annoncé vouloir porter plainte « contre les auteurs de cet acte délictuel », même s’ils en profitent, au passage, pour dénoncer la « haine indicible » dont ils se considèrent victimes…

Le lynx, un « mauvais chasseur » ?

Le braconnage, pourtant, n'existerait pas sans les chasseurs. Ce n’est pas un scoop que le grand félin sauvage n’est pas le meilleur ami des « premiers écolos de France », qui l’accusent volontiers d’être un « mauvais chasseur » qui ne respecte pas leur « plan de chasse ». L’histoire tumultueuse de la coexistence entre lynx et chasseurs est largement documentée dans l’épais rapport d’expert du PRA¹ Vosges, paru fin 2019. On peut y lire que « l’impact supposé du lynx sur le chevreuil et le chamois est le problème principal à l’origine des conflits avec les chasseurs ». Or, « il apparaît que les chasseurs peuvent raisonner à des échelles spatiales et temporelles qui leur sont propres ». C’est-à-dire qu’ils ne raisonnent qu’à partir d’un territoire de

chasse déterminé, qu’ils se sont donné pour mission de « gérer » ; un lynx qui empiéterait sur « leur » lot de chasse est vécu par ces derniers comme un « perturbateur » qui met en péril leur « gestion » de la faune, voire un « dangereux rival ». Pourtant, à l’échelle nationale, le rapport du PRA est formel : « la disponibilité des proies (dont la tendance est à l’augmentation) ne semble pas constituer une menace pour le lynx ».

RENFORÇONS LES POPULATIONS DE LYNX EN FRANCE !

2 plaintes et une lettre au procureur

L’ASPAS a déposé plainte contre deux actes de braconnage : l’une en faveur du lynx d’Ivrey, dans le Jura, l’autre en faveur d’un lynx retrouvé mort en janvier dans la vallée de Thann, dans les Vosges.Par ailleurs, avec 6 autres associations, l’ASPAS a écrit le 6 février au procureur de Lons-le-Saunier pour réclamer une enquête judiciaire dans l’affaire des ossements de lynx retrouvés par des spéléologues, en novembre 2019.

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1 - Plan Régional d'Actions en faveur du lynx dans le massif des Vosges

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Cette rivalité n’est pas propre aux chasseurs français : en République Tchèque par exemple, une enquête de 2019 a montré que plus de 85 % des chasseurs interrogés souhaitaient que le lynx soit une espèce légalement chassable, et 10 % ont même avoué en avoir déjà braconné… En Scandinavie, le braconnage serait responsable de la mortalité de 46 % des lynx adultes. Le rapport du PRA Vosges insiste également sur le rôle de super-prédateur du lynx et son rôle non négligeable dans la préservation de la biodiversité et dans la structure trophique des écosystèmes. Et rappelle que le lynx est un prédateur naturel du renard roux, autre bête noire des chasseurs qui en tuent plus de 600 000 chaque année en France...

L’ASPAS réclame de nouvelles réintroductions

Si le rapport du PRA Vosges a le mérite de décrire en toute objectivité la problématique des lynx en France et les menaces qui pèsent sur l’espèce, l’ASPAS estime qu’il ne va pas assez loin dans les solutions. C’est en ce sens que nous avons appelé à participer, en février dernier, à la consultation publique, dont le résultat, à la mi-avril, n’est toujours pas connu. L’ASPAS rejoint la position de l’Observatoire des Carnivores Sauvages qui préconise, d’une part, le remplacement au double de chaque lynx détruit illégalement, et d’autre part le renforcement rapide de la population résiduelle des Vosges par le lâcher de quelques individus femelles.

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LOUP : « L’EXPÉRIMENTATION » DE L’ÉTAT BIENTÔT DEVANT LES TRIBUNAUX

Alors qu’une nouvelle étude confirme les bienfaits des loups sur la régénération des forêts, l’État français poursuit sa guerre absurde contre les loups... en plein confinement. L’ASPAS a décidé de saisir la justice.

Nous l’annoncions dans notre dernier Goupil : l’État a décidé de reconduire pour 2020 son « expérimentation » autorisant l’abattage de non plus 10 mais 17 à 19 % de la population de loups en France. Ce dispositif modifiant tant les conditions de recours aux tirs que le nombre de loups pouvant être abattus, avait été mis en place de juillet à décembre 2019 ; il devait être expérimental et faire l’objet d’une évaluation par le préfet coordonnateur.

En l’absence de toute évaluation, ni de son efficacité, ni de sa dangerosité, l’arrêté du 30 décembre 2019

reconduit cette « expérimentation », qui n’en est dès lors plus une, jusqu’au 30 décembre 2020… Résultat : à l’heure où nous écrivons ces lignes, 12 loups ont déjà

été « légalement » abattus depuis le début de l’année, dont 4 en période de confinement et 3 dans la Drôme en l’espace

de quelques jours… Parmi eux, une louve qui s’apprêtait à donner naissance à 8 louveteaux.

Dans son bilan du suivi estival publié en janvier 2020, l’OFB (Office français de la biodiversité) relève une légère augmentation du nombre de zones de présence permanente (97 contre 92 à

l’issue du suivi hivernal) mais note surtout un développement de l’espèce moins important que l’année dernière. Il précise

ainsi que « la diminution du nombre d’indices collectés ainsi que l’augmentation significative des tirs dérogatoires de loup nécessitent une vigilance particulière afin d’évaluer l’état de conservation de l’espèce. »

Par ailleurs, dans une récente décision d’octobre 2019, la Cour de Justice de l’Union Européenne a rappelé que le principe de précaution s’applique au droit de la protection des espèces, notamment issu de la Directive Habitats, et que « si l'examen des meilleures données scientifiques disponibles laisse subsister une incertitude sur le point de savoir si une telle dérogation nuira ou non au maintien ou au rétablissement des populations d'une espèce menacée d'extinction dans un état de conservation favorable, l'État membre doit s'abstenir de l'adopter ou de la mettre en œuvre » (§ 66). Compte tenu de l’inefficacité de « l’expérimentation » de l’État (2019 a enregistré une hausse du

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nombre d’attaques de troupeaux…), et du risque sérieux que ces tirs létaux représentent pour la survie du loup gris en France, l’ASPAS a donc décidé de déposer un recours en annulation devant le Conseil d’État.

Loups, cerfs, humains : du conflit à la cohabitation

Pour les éleveurs, la bête noire c’est le loup. Pour les forestiers, ce serait plutôt le cerf... Et si on mettait tout le monde d’accord ? Relayée le 26 février dernier par le

journal du CNRS, une nouvelle étude consacrée à la cohabitation entre les loups, les cervidés et les humains, invite à dépasser les clivages et à considérer les effets globalement bénéfiques de la présence des grands prédateurs dans la nature. Il est plus facile de mesurer l’impact négatif du loup (nombre de brebis croquées) que son impact positif (qui se mesure dans la durée), voilà pourquoi les « décideurs politiques envisagent rarement la façon dont ces animaux pourraient aider les humains et les écosystèmes naturels en atténuant les conséquences agricoles, sociales ou écologiques de la forte densité des populations de cerfs. »

Du côté des chasseurs, la cohabitation n’est hélas sans doute pas pour aujourd’hui ni pour demain, tant que leur président Willy Schraen continuera de propager autour de lui ses théories farfelues et sa volonté affichée de vouloir « réguler le loup ». À sa dernière sortie en date, le 5 mars au Congrès des chasseurs à Saint-Malo, il a annoncé un nombre de loups 5 fois supérieur au chiffre officiel, et a même lancé la rumeur de loups d’élevage qui seraient relâchés dans la nature !

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Nombre de loups tués en 2020 au 14 avril

• 12 abattus par tirs officiels

• 1 victime de braconnage (piège) dans les Alpes-de-Haute-Provence : l’ASPAS a déposé plainte

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n°141 Ours

© G. Macagno

LE CONFINEMENT PROFITERA-T-IL A L’OURS ?

Ces derniers mois, l’ASPAS a participé à plusieurs réunions coordonnées par le préfet de région et la DDT de l'Ariège sur le thème « ours et pastoralisme ». La participation à ces réunions suscite aujourd’hui des interrogations.

En effet, les compte-rendus donnent la part belle aux positions défendues par les éleveurs ; l’ASPAS, seule association de protection de la nature participante ne fait pas le poids face à la Coordination rurale, la Confédération paysanne et le syndicat des bergers.

Faut-il refuser d’être associé-e-s à ce faux-semblant de démocratie, l’oreille de la DDT étant clairement plus attentive à la petite musique des éleveurs qu’à celle des protecteurs de la nature ? Faut-il laisser la chaise vide face au risque de récupération de notre participation qui pourrait permettre à la DDT de cautionner une décision (notamment avec des compte-rendus ne précisant pas qui tient quelle position et ne faisant pas référence à nos interventions) ?

Le débat est large et complexe, les avis variés. Jusqu’à présent, le choix a été fait de maintenir le siège.

Être présent dans ces échanges permet de :

• Disposer de la même information que celle donnée aux autres acteurs.

• Maintenir le dialogue avec les acteurs modérés, dont les éleveurs.

• Ne pas laisser le champ libre aux positions anti-ours les plus radicales et freiner ainsi, par notre seule présence, le durcissement du discours sur l’ours.

• Donner de la voix pour l’ours, et défendre nos recommandations pour le protéger (notamment l’abandon des effarouchements, inefficaces et perturbants pour l’ensemble de la faune sauvage et des usagers de la nature ; la mise en place généralisée du tryptique de protection ; le renforcement des moyens alloués à la formation des bergers et au dressage des chiens de protection ; etc.)

La question reste ouverte. Le confinement printanier est l’occasion de prendre du recul. À distance, les membres du groupe ours préparent la stratégie à adopter pour la suite. En juillet, l’ASPAS devrait être présente à la Fête du fromage à Etsaut, village dont la mairesse perçoit l’ours comme une opportunité et non comme une menace.

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B. Alliez

CHASSE D’ÉTÉ ET CHASSE EN MARS : DEUX NOUVEAUX DÉCRETS DE LA MORT

L’un - attaqué par l’ASPAS - a été adopté fin février. L’autre est toujours en projet. Dans les deux cas, les chasseurs sont vernis par la Macronie.

Malgré le succès de notre appel à réagir à la consultation publique, 56 % des participants se sont prononcés en faveur du projet de décret qui autorise la prolongation générale de la chasse au sanglier jusqu’au 31 mars. On notera l’ironie et l’extrême brièveté de la communication officielle de l’État qui, comme s’il tenait toujours compte de l’avis des citoyens, justifie sa décision de la sorte : « Suite à cette consultation du public, il a été décidé de maintenir le projet d’arrêté en l’état »…Contre ce décret daté du 29 janvier 2020, l’ASPAS a engagé un recours en annulation devant le Conseil d’État. Nous avons choisi d’axer notre argumentaire sur la sécurité, sur le risque de dérangement de toute la faune en période de reproduction et sur la gestion hasardeuse des chasseurs pour contenir les populations de sangliers.

L’autre décret, « relatif à la maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts », n’est pas encore adopté à l’heure où nous écrivons ces lignes. Ce texte fourre-tout impose notamment des contrôles sanitaires plus stricts dans les parcs et enclos de chasse. L’ASPAS vous a invités à dire NON à ce projet, dans la mesure où il ne remet pas en question l’existence même de ces lieux qui n’ont aucune justification éthique et écologique.

Un autre paragraphe du texte a fait bondir tous les écologistes de France : une simplification administrative qui devrait inciter davantage de chasseurs de tirer les sangliers, chevreuils et renards dès le 1er juin ! Nous veillerons au grain si ce texte devait être adopté tel quel.

Chasse en enclos : une nouvelle vidéo-choc Baguettes de pain jonchant le sol, agrainoirs, pierres à sel, miradors et charnier à ciel ouvert… En mars, l’ASPAS a relancé sa campagne pour demander la fin des parcs et enclos de chasse à travers une nouvelle vidéo. Les images, fournies à l’ASPAS par un militant dans la région Centre, sont une nouvelle preuve de la perversité des chasseurs et de l’absurdité écologique de cette pratique injustifiable. Pour signer notre pétition, rendez-vous sur aspas-nature.org/chasse-enclos.

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n°141 chasse

COMMENT CHASSEURS ET PIÉGEURS ONT ÉCHAPPÉ AU CONFINEMENT

Pendant que les agents de l’OFB et les bénévoles d’associations naturalistes respectaient le confinement, au sacrifice de suivis scientifiques importants, les chasseurs faisaient pression pour continuer leurs morbides activités sur le terrain. Un clientélisme que l’ASPAS n’a pas manqué de dénoncer.

Le 16 mars, le président des chasseurs Willy Schraen déclarait à ses troupes que certaines activités de chasse restaient autorisées malgré le confinement (chasse individuelle à l’approche, piégeage, agrainage, …), avant de faire volte-face 48h plus tard, suite à une mise au point du gouvernement dont seul Willy a eu connaissance (puisqu’il n’y a pas eu de communication officielle…) : toute chasse et toute activité de piégeage seraient bel et bien interdites, obligeant les chasseurs à respecter le confinement général comme tout le monde !

Hélas, très vite des dérogations ont commencé à fleurir dans le Jura (tirs de corvidés), dans l’Aube (agrainage des sangliers), dans les Landes (tirs de sangliers)… avant de progressivement s’étendre un peu partout en France. Comble de l’ironie : pour justifier leurs déplacements, les chasseurs étaient invités à cocher la case « pour des missions d’intérêt général » de leur formulaire COVID-19 !Face à la multiplication des dérogations, l’ASPAS a décidé de lancer le 31 mars aux côtés des associations AVES et Crow Life une pétition pour demander une interdiction totale de la chasse et des opérations de destruction. Au 15 avril, la pétition avait déjà récolté près de 82 000 signatures. Dans le même temps, plusieurs sources nous ont confirmé que les inspecteurs de l’environnement de l’OFB avaient reçu ordre de stopper leurs opérations de contrôle sur le terrain. De crainte que les braconniers multiplient leurs exactions, comme nous le constations, nous avons donc invité tout un chacun à signaler aux autorités des comportements suspects, et nous faire part de leur témoignage à l’adresse : [email protected].

La disparité des réglementations locales a créé un flou inacceptable en cette période où les règles sanitaires pour protéger la population se devaient d’être limpides. C’est pourquoi l’ASPAS a également décidé d’adresser une lettre ouverte au Président de la République, co-signée par 13 associations, pour exiger davantage de transparence et d’équité.

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L’ASPAS ET ACTES SUD LIÉS PAR DE NOUVEAUX « MONDES SAUVAGES »

La nation Iroquoise avait l’habitude de demander, avant chaque palabre, qui, dans l’assemblée, allait parler au nom du loup. En se réappropriant cette ancienne tradition, la collection « Mondes Sauvages » des éditions Actes Sud offre, depuis maintenant plus de deux ans, un lieu d’expression privilégié à tous ceux qui mettent en place des stratégies originales pour être à l’écoute des êtres vivants.

Grâce à des études immersives à long terme, la biologie et l’éthologie atteignent désormais un degré de précision suffisant pour distinguer les individus et les envisager avec leurs personnalités et leurs histoires de vie singulières. L’ère d’une approche biographique du vivant est venue. En allant à la rencontre des animaux sur leurs territoires, les auteurs de la collection partent en “mission diplomatique” au cœur de la multitude de mondes sauvages. Ils deviennent, au fil de leurs expériences et de leurs aventures, les meilleurs interprètes de tous ces peuples qui n’ont pas la parole mais avec lesquels nous faisons monde commun. Parce que nous partageons avec eux les mêmes territoires et la même histoire, parce que notre survie en tant qu’espèce dépend de la leur, la question de la cohabitation et du vivre ensemble devient centrale. Il nous faut créer les conditions d’un dialogue à nouveau frais avec tous les êtres vivants, les conditions d’une nouvelle alliance.

L’esprit de cette collection entre en totale résonnance avec les principes défendus par l’ASPAS depuis 40 ans. C’est pourquoi tous les titres comportent une page mettant en valeur l’engagement de l’ASPAS pour la vie sauvage. Retrouvez sur les deux pages suivantes des extraits exclusifs de L’Europe réensauvagée, vers un nouveau Monde de Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet.

Les nouveautés 2020 :

Février : Manières d’être vivant de Baptiste Morizot, Juin : L’Europe réensauvagée, vers un nouveau Monde de Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet, Octobre : OVIBOS, le survivant de l’Arctique de Rémy Marion, et Penser comme un iceberg d’Olivier RemaudTous ces titres sont en vente à l’ASPAS, retrouvez-les sur le bon de commande joint à ce Goupil.

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L’EUROPE RÉENSAUVAGÉE

Après le succès, dans la même collection, de Ré-ensauvageons la France, place à L’Europe réensauvagée ! Rempli d’espoir et d’énergie positive, ce nouvel opus de la collection « Mondes Sauvages » dont l’ASPAS est partenaire (voir page précédente) est co-rédigé par Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet, professeurs agrégés de sciences de la vie et de la terre, naturalistes et photographes, membres du Conseil d’Administration de l’ASPAS et référents du Comité des Réserves de Vie Sauvage®. En attendant la sortie de ce livre indispensable en juin, l’ASPAS vous offre ci-après quelques extraits exclusifs.

De l’Atlantique à l’Oural, l’Europe s’étale sur un peu plus de 10 millions de km². Peuplé de 742 millions d'habitants, notre continent a été profondément marqué par l’occupation humaine. C’est ainsi que, très tôt, la révolution néolithique a remplacé l’essentiel de la sylve originelle par des pâturages formant le « Royaume des chèvres » cher à Elysée Reclus. Bisons et pics à dos blanc trouvent alors refuge dans les dernières forêts, alouettes des champs et outardes canepetières investissent les campagnes.

À ce changement radical d’habitats s’est rajoutée une frénésie de la destruction qui semble avoir un temps caractérisée notre espèce. Ainsi, les deux derniers grands pingouins sont tués sur l’ile d’Eldey, au large de l’Islande, le 3 juin 1844, achevant l’œuvre collective qui a vidé tout l’Atlantique Nord de cette remarquable espèce. Autre exemple de cette folie meurtrière : en Arctique, à la fin du XVIIe, un seul équipage pouvait tuer 900 morses en 7 heures. Sur tout le continent, rapaces et carnivores ont été systématiquement détruits. Dans les montagnes, même les monarques sont impuissants pour protéger les derniers bouquetins, victimes des braconniers… Tout semblait perdu, la messe était dite, la tragédie écrite.Mais c’était sans compter avec les « dynamiques du vivant », évoquées dans la préface lumineuse du philosophe Baptiste Morizot. Partout où restaient des poches de vie, « braises du vivant » chères à Baptiste, dès que la hache, le fusil, le béton et le poison ont reculé, les représentants de la faune sauvage, confinés depuis des générations dans la nuit et les refuges inaccessibles, ont étoffé leurs troupes pour retrouver une partie du terrain perdu.

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LG. Nyqvist

La reconquête a été fulgurante, surprenante et étonnante. En quelques années, le loup, une fois protégé et bien que victime de dérogations de tir, reprend possession de ses territoires anciens : en 2019, à l’exception des îles britanniques, tous les pays d’Europe hébergent au moins une meute reproductrice. Impensable une ou deux décennies plus tôt ! Pour l’ours, bien que nettement moins prolifique que le loup, la progression des effectifs nous offre une situation inédite : il y a plus d’ours en Europe qu’en Amérique du Nord !

Même progression chez les grands rapaces : pygargues à queue blanche et aigles royaux voient leurs effectifs exploser en Europe au cours du XXe siècle. L’arrêt de la chasse a toujours des conséquences spectaculaires : 15 couples de cygnes chanteurs en Finlande en 1949, 8000 aujourd’hui, toujours en croissance. Quand on ne les tue pas, ils vivent !

Les aménagements des cours d’eau ont failli faire disparaître totalement des poissons prestigieux comme les esturgeons, dont 8 espèces occupent l’Europe. Parmi eux, le béluga, un géant à la mesure des deux immenses fleuves de plus de 3 000 km de long : Danube et Volga. Mais l’heure de la restauration de ces populations de migrateurs a sonné. Il en est de même pour les saumons, aloses, lamproies marines et autres grands voyageurs : la suppression du barrage de Sindi, sur le fleuve Pärnu, en Estonie, a permis de retrouver l’eau vive indispensable à leur reproduction.

En somme, à l’instar de la situation présentée dans Ré-ensauvageons la France, L’Europe réensauvagée confirme le changement radical, la lame de fond, le bouleversement culturel de notre rapport avec la nature. Nous sommes en route vers une « Nouvelle Alliance », appellation empruntée opportunément au prophète Jérémie. Ainsi se dessine dans cet ouvrage la perspective d’un avenir radieux avec une biodiversité complète, abondante et une proximité retrouvée.

L’EUROPE RÉENSAUVAGÉE, vers un nouveau monde11,5 × 21,7 cm - 320 pages / 10 cartes en noir et blanc - ouvrage broché, parution juin 2020 / prix : 23 € (Ce titre, ainsi que tous ceux de la collection Mondes Sauvages sont en vente à l’ASPAS, retrouvez-les sur le bon de commande joint à ce Goupil.)

Pygargues à queue blanche

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n°141 juridique

LES VICTOIRES DE MAÎTRE RENARD

Les chauves-souris sourient !

La France héberge 10 % de la biodiversité mondiale, dont 80 % se trouvent dans les territoires d’Outre-mer. Il est donc tout naturel que l’ASPAS, association au champ d’action national, s’intéresse à

ce qu’il se passe en dehors de la Métropole, et vienne contester des décisions qui ne seraient pas à la hauteur des enjeux.

La nouvelle victoire en date concerne les chauves-souris des Antilles :

Le 17 janvier 2018, l’État a adopté 3 arrêtés fixant les listes des mammifères terrestres protégés en Guadeloupe, en Martinique et à Saint-Martin ainsi que les modalités de

leur protection. Parmi ces listes ne sont présentes que des espèces de chauves-souris, aucun autre mammifère n’étant naturellement présent dans ces espaces insulaires.

Ces arrêtés ont le mérite d’abroger d’anciens textes incomplets et insuffisants adoptés en 1981. Cependant, comme le déplorait le Conseil Scientifique Régional de la Protection de la Nature, ces dispositions restaient insuffisantes à l’égard des espèces les plus anthropiques, c’est-à-dire qui s’installent à proximité des habitations et constructions humaines, puisqu’elles permettaient la perturbation intentionnelle de la Tadaride du Brésil et du Molosse commun, quel que soit le milieu considéré. Ainsi, même dans le milieu naturel, une personne qui dérangeait sciemment toute une colonie de ces espèces n’était pas en infraction.

Le Conseil d’État, saisi par l’ASPAS et l’ASFA, a suivi leur argumentaire : par décision du 5 février 2020, il a enjoint le ministère chargé de l’Ecologie de modifier ces dispositions dans un délai de 6 mois de manière à ce qu’elles respectent le code de l’environnement et les engagements internationaux de la France, et que toute perturbation intentionnelle soit pénalement condamnable.

© A. Froschauer

Tadaride du Brésil

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RÉSULTATS

p Le tribunal de police de Bourges (18) déclare, le 10 septembre 2019, MM. Elie et Tudy Mouche et M. Guillaume Bernadat coupables de chasse en temps prohibé, sans permis et sans assurance et sur le terrain d'autrui. Il les condamne à des amendes de 100 à 400 €, à des interdictions de détenir une arme pendant deux ans, et pour M. Elie Mouche, à un an de retrait de son permis de chasser. Ils sont en outre condamnés à payer solidairement à l’ASPAS 300 € de dommages et intérêts et 150 € de frais irrépétibles.

p Le tribunal judiciaire de Bourges (18) déclare, le 20 décembre 2019, MM. James Steinbach et José Cano-Molina coupables de capture ou enlèvement d'espèce protégée (3 hérissons). Il les condamne à 300 € d'amende. Ils sont en outre condamnés à payer à l’ASPAS 25 € de dommages et intérêts.

p Le tribunal administratif de Besançon (25) a annulé, le 30 janvier 2020, l’arrêté du préfet de la Haute-Saône du 9 mars 2018 autorisant, sur les territoires couverts par les groupements de défense contre les organismes nuisibles, une lutte collective contre les corvidés classés « nuisibles » dans le département.

p Le tribunal correctionnel de Draguignan (83) déclare, le 29 mai 2019, M. Jozef Torremans coupable d’ouverture sans autorisat ion et d’exploitation sans certificat de capacité d'un établissement détenant une espèce protégée, et de capture, détention et mise en vente d’espèce protégée (chardonnerets élégants). Il le condamne à 3 000 € d'amendes et à la confiscation des oiseaux. Il est en outre condamné à payer à l’ASPAS 1 000 € de dommages et intérêts et 500 € de frais irrépétibles.

p Le tribunal correctionnel de Draguignan (83) déclare, le 20 décembre 2019, M. Yves Leotier coupable de destruction d’espèce protégée (faucon crécerelle piégé à l'aide d'un gluau). Il le condamne à une amende de 2 000 € avec sursis. M. Leotier est en outre condamné à payer à l’ASPAS 1 000 € de dommages et intérêts et 500 € de frais irrépétibles.

p Saisi par l’ASPAS, l’ASFA et la LPO, le tribunal administratif de la Guadeloupe (971) a annulé, le 12 mars 2020, les arrêtés du 17 juin 2019 relatifs à la saison de chasse 2019-2020 en ce qu'ils autorisent la chasse à tir de la grive à pieds jaunes et du pigeon à couronne blanche en Guadeloupe du 1er novembre 2019 au 5 janvier 2020, et la chasse à tir du pigeon à couronne blanche à Saint Martin du 1er novembre 2019 au 5 janvier 2020. Ces arrêtés

Piégeage illégal, abattage d’espèces protégées, actes de cruauté, pollution, …

© R. Collange

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© O

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avaient été suspendus en urgence le 31 octobre 2019.

p Saisi par l’ASPAS et l’ASFA, le Conseil d’État, dans un arrêt du 5 février 2020, a enjoint le ministère chargé de l’écologie de modifier ses arrêtés du 17 janvier 2018 fixant les listes des mammifères terrestres protégés en Guadeloupe, en Martinique et à Saint Martin et les modalités de leur protection, dans un délai de 6 mois, afin que les perturbations intentionnelles de toutes les espèces de chiroptères, quel que soit le milieu considéré, soient prohibées.

ACTIONS ENGAGÉES

Devant les tribunaux judiciaires de :

p Digne-les-Bains (04), contre X pour destruction d'espèce protégée (loup piégé).

p Foix (09), contre M. Pierre C. pour capture et détention d’espèces protégées (rossignols du Japon, bouvreuils, pinsons des arbres, verdiers d'Europe, pinsons du Nord, tarins des aulnes, chardonnerets élégants, gros-bec casse-noyaux, serins cini, sitelle torchepot, fauvette à tête noire, moineaux domestiques, rouge-queue, rouge-gorge).

p Foix (09), contre Serge C. pour capture et détention d’espèces protégées (bouvreuils pivoines, tortues d'Hermann).

p La Rochelle (17), contre X pour pose de piège en violation de la règlementation relative au piégeage (2 chiens pris dans des collets).

p Ajaccio (20), contre un individu verbalisé pour utilisation d’engin prohibé (piège à feu).

p Ajaccio (20), contre un individu verbalisé pour destruction d'espèce protégée (tortues d'Hermann) et destruction de l'habitat d'une espèce protégée.

p Guéret (24), contre X pour destruction de petits de mammifères dont la chasse est autorisée (blaireautins).

p Valence (26), contre X pour chasse sur autrui (RVS ASPAS), abandon de déchets (cartouches) et destruction d'espèce protégée (pinson des arbres).

p Quimper (29), contre X pour chasse sur le terrain d'autrui.

p Nîmes (30), contre un individu verbalisé pour destruction et transport d'espèces protégées (chevalier cul-blanc, chevalier Sylvain, échasse blanche, chevalier guignette), chasse sans permis, en temps prohibé et utilisation de plomb en zone humide.

p Lons-le-Saunier (39), contre X pour destruction d'espèce protégée (lynx).

p Orléans (45), contre M. Abraham W. pour enlèvement, capture, transport, destruction d'espèce protégée (9 hérissons) et obstacle aux fonctions d'un fonctionnaire ou agent habilité à rechercher et constater les infractions dans le domaine de l'environnement.

p Vannes (56), contre MM. Marc G., Sylvain G., Hervé M., Patrick L., Patrick J., Philippe M. et Franck G. pour chasse en temps prohibé.

n°141 juridique

Chevalier cul-blanc

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p Lille (59), contre M. Eddy H. pour chasse sur le terrain d'autrui, sans permis ni assurance, à l'aide d'un engin, instrument, mode ou moyen prohibé, en temps prohibé, et obstacle aux fonctions d'un fonctionnaire ou agent habilité à rechercher et constater les infractions dans le domaine de l'environnement.

p Beauvais (60), contre M. Daniel L. pour élevage illégal de sangliers.

p Pau (64), contre X pour chasse sur le terrain d'autrui (refuge ASPAS).

p Pau (64), contre X pour exploitation d’une installation classée sans autorisation, dépôt de déchets illégal à l’aide d’un véhicule, déversement dans les eaux superficielles d’une substance dont l’action a des effets nuisibles sur la santé ou sur la faune et la flore, épandage d’effluents d’exploitation agricole, brûlage d’ordures ménagères à l’air libre.

p Mulhouse (68), contre X pour destruction d'espèce protégée (lynx).

p Amiens (80), contre MM. Guillaume D. et Thomas D. pour chasse en réunion, de nuit avec usage d’un véhicule, utilisation de munition interdite pour la chasse du gibier ou la destruction des animaux "nuisibles".

p Draguignan (83), contre X pour destruction d’espèce protégée (hibou grand-duc).

p Poitiers (86), contre M. Jacques P. pour prélèvement sans autorisation dans le milieu naturel d’animaux vivants dont la chasse est autorisée, lâcher non autorisé d’espèces « nuisibles », chasse à l’aide d’un engin, instrument, mode ou moyen prohibé (renard roux capturé à l’aide de pelles ou de pioches dans un trou à ragondins, transporté puis relâché devant des chiens de chasse).

p Mamoudzou (976), contre MM. Fayidine B., Amal D., Siaka O. et Ibrahim S. pour détention d'espèce protégée (tortue).

Contre des actes administratifs

p L’ASPAS a déposé, devant le Conseil d’État, une demande d’annulation de l’arrêté du 30 décembre 2019 portant expérimentation de diverses dispositions en matière de dérogations aux interdictions de destruction pouvant être accordées par les préfets concernant le loup jusqu’à la fin de l’année 2020.

p L’ASPAS a déposé, devant le Conseil d’État, une demande d’annulation du décret du 29 janvier 2020 prolongeant la période de chasse du sanglier jusqu’à la fin du mois de mars.

p L’ASPAS a déposé, devant le Conseil d’État, une demande d’annulation de l’arrêté du 12 juillet 2019 en ce qu'il abroge la circulaire du 5 juillet 2011 relative aux lieutenants de louveterie.

p L’ASPAS a déposé, devant le tribunal administratif de Rouen, une demande d’annulation de l’arrêté du préfet de l’Eure (27) du 8 janvier 2020 portant autorisation d’effectuer des battues administratives et tir de nuit aux corbeaux freux, corneilles noires et étourneaux sansonnets par les lieutenants de louveterie pendant toute l’année 2020.

p L’ASPAS a déposé, devant le Conseil d’État, une demande d’annulation du décret du 24 décembre 2019 déclarant d'utilité publique les travaux de création d'une liaison à 2 × 2 voies entre Machilly et Thonon-les- Bains, dans le département de la Haute-Savoie (73).

p L’ASPAS et AVES ont déposé, devant le tribunal administratif de Rouen, une demande d’annulation de l’arrêté du préfet de Seine-Maritime (76) du 21 février 2020 autorisant la régulation du renard par les lieutenants de louveterie de février à mai 2020.

juridique n°141

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Ces livres ne sont pas en vente à l'ASPAS

La nature en bord de merMarc Giraud

Pourquoi les crabes marchent-ils de travers ? Que faire en cas de piqûre de méduse ? Comment se forment le sable et les galets ? Où voir des phoques et des baleines en France… ? Ce nouveau guide des éditions Delachaux répond à vos nombreuses interrogations sur la vie sauvage qui peuple le bord de mer. Depuis la mer du Nord jusqu’à la Méditerranée en passant par la Bretagne, découvrez la vie secrète des animaux fantastiques de notre littoral ; de la danse nuptiale des goélands à la sex tape des coquillages, des bêtes sans queue ni tête à celles qui mangent avec les pieds… 700 photos de terrain, réalisées par Sonia Dourlot et des naturalistes ou des plongeurs de toutes nos régions, nous immergent dans les beautés insoupçonnées de cette limite magique entre terre et mer. Au royaume des barges, des fous et autres drôles d’oiseaux, avec Marc Giraud, écrivain et administrateur de l’ASPAS, la nature ordinaire devient extraordinaire !Editions Delachaux & Niestlé. 24,90 € Sortie : 11 juin

Bugey Sauvage - Un Monde sous nos YeuxJoël Brunet

Naturaliste contemplatif et engagé, Joël Brunet parcourt la nature avec son appareil photo depuis bientôt 30 ans, et jamais il ne se lasse d'être émerveillé par chacune de ses observations, qu’il soit face à une fleur, une mésange… ou un lynx. « J’aime cette nature de proximité, la nôtre, celle qui est sur le pas de notre porte, proche de nos villages. Je continue à croire qu’il faut la montrer pour la faire connaitre et la faire aimer » affirme-t-il. Son nouveau livre-photo, dont l’ASPAS a souhaité être partenaire, est une preuve d’amour inconditionnel faite à la richesse de la nature qui nous entoure, mais plus particulièrement celle encore préservée du Bugey où il réside depuis 10 ans, au sud du massif jurassien. Paysages naturels, flore, pics, renards, chats sauvages… Chacune des photos choisies par Joël pour ce livre se démarque par une lumière exceptionnelle ou la magie d’une rencontre, et ce, aux quatre saisons de l’année. 35 € - À commander sur : www.joëlbrunet.com/contact/

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MANIÈRES D’ÊTRE VIVANTBaptiste Morizot

Imaginez cette fable : une espèce fait sécession. Elle déclare que les dix millions d’autres espèces de la Terre, ses parentes, sont de la «nature». À savoir : non pas des êtres mais des choses, non pas des acteurs mais le décor, des ressources à portée de main. Cette fiction est notre héritage. Sa violence a contribué aux bouleversements écologiques. C’est pourquoi nous avons une bataille culturelle à mener quant à l’importance à restituer au vivant. 336 pages • 11,5 x 21,7 cm • 22 €

L’EUROPE RÉENSAUVAGÉEGilbert Cochet

et Béatrice Kremer-CochetCe tour européen de l’état de réensauvagement des différents milieux naturels révèle que, malgré un passage par la quasi-extinction de beaucoup d’espèces iconiques, dans tous les pays des initiatives inspirantes et couronnées de succès voient le jour. Bisons, ours, aigles, esturgeons et phoques reviennent. La cohabitation de l’homme et du sauvage s’avère donc possible.320 pages • 11,5 x 21,7 cm • 23 €

SUR LA PISTE ANIMALEBaptiste Morizot

Depuis les forêts de Yellowstone aux canyons du Haut-Var, des steppes du Kirghizstan à la terrasse de son appartement marseillais, Baptiste Morizot nous invite à découvrir une autre façon d’arpenter la nature : le « pistage philosophique ». 208 pages • 11,5 x 21,7 cm • 20 €

Page 40: COMMENT LES CHASSEURS ONT ÉCHAPPÉ AU ... - aspas-nature…€¦ · la nature, ce qui impose aux industriels de respecter les limites de ce que peut nous offrir la planète. Les

© F. Cahez