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CHLOÉ BABEL & ELENA ZAMPIERI Volée 2012 Communiquer avec les patients intubés : un défi pour les soignants aux soins intensifs Repéré à http://moneynomad.com/ Travail de Bachelor Haute Ecole de la Santé La Source Lausanne - 2015 Directrice de Travail : Béatrice Posse

Communiquer avec les patients intubés : un défi pour les ... · la communication patient-infirmière a été relevée. Lien avec la pratique: nous avons trouvé plusieurs pistes

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CHLOÉ BABEL & ELENA ZAMPIERI

Volée 2012

Communiquer avec les patients intubés : un défi pour les soignants aux soins intensifs

Repéré à http://moneynomad.com/

Travail de Bachelor

Haute Ecole de la Santé La Source Lausanne - 2015

Directrice de Travail : Béatrice Posse

C. BABEL & E. ZAMPIERI TRAVAIL DE BACHELOR 2015

MERCI À

Mme Posse pour l’encadrement et le soutien qu’elle nous a offert tout au long de ce travail

M. Scolari, praticien formateur des soins intensifs du CHUV, pour sa disponibilité en tant qu’expert du terrain

Mme et M. Babel pour la relecture de ce travail

Mme Brien, responsable du cours soins critiques de l’Université de Montréal

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RÉSUMÉ Contexte: plusieurs études faites au cours des dernières années ont montré que les infirmières1 travaillant aux soins intensifs sont confrontées à des difficultés de communication avec les patients intubés. Ces études démontrent l’efficacité des outils complémentaires de communication destinés à améliorer la communication avec les patients2 non-communicants, cependant peu sont mises en place sur le terrain des soins intensifs. But & Question de Recherche: identifier et décrire les outils efficaces dont disposent les infirmières aux soins intensifs pour favoriser la communication avec les patients intubés. Méthode: revue de littérature basée sur plus de quinze articles publiés sur PubMed, CINAHL et Atrium. Nous avons analysé les résultats des huit articles les plus pertinents en lien avec notre thème de recherche. Résultats: nous avons principalement identifié deux stratégies d’interventions efficientes dont dispose l’infirmière travaillant aux soins intensifs et qui ont été validées par les différentes études analysées: les techniques d’AAC3 non-assistées et assistées. Discussion: notre travail a mené principalement à quelques pistes de propositions utiles pour la pratique. Par la mise en œuvre de l’une ou l’autre de celles-ci, une amélioration dans la communication patient-infirmière a été relevée. Lien avec la pratique: nous avons trouvé plusieurs pistes d’interventions utiles pour la mise en œuvre pratique. Mots-clés: communication infirmière-patient - patient intubé - stratégies de communication - communication non-verbale - outils de communication.

Auteurs Chloé Babel & Elena Zampieri, étudiantes en 3ème année Bachelor en soins infirmiers à la Haute Ecole de la Santé La Source

                                                                                                                         1 Le terme infirmière sera utilisé tout au long du travail au féminin, mais il inclut également le masculin. 2Tout au long de cette recherche, lorsque nous utiliserons le terme patient, il s’agira des patients ventilés mécaniquement. 3 Ce concept sera approfondi dans le chapitre Méthode sous l’onglet Le concept de la communication de ce travail.

   

TABLE DES MATIÉRES INTRODUCTION 2 PROBLÉMATIQUE 3 MÉTHODE 6

APPROCHE DE RECHERCHE 6 CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE 6 RÉSULTATS DE RECHERCHE 7 LE CONCEPT DE LA COMMUNICATION 9

ANALYSE CRITIQUE DES ARTICLES 12 RÉSULTATS DE L’ANALYSE CRITIQUE DES ARTICLES SÉLÉCTIONNÉS 12

RÉSULTATS DE RECHERCHE 22 TABLEAU DES RÉSULTATS DE RECHERCHE 22

TABLEAU COMPARATIF 24 DISCUSSION 26 CONCLUSION 33 BIBLIOGRAPHIE 34

LISTE DE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 34 LISTE BIBLIOGRAPHIQUE 36

ANNEXES 37 GRILLE PERSONNALISÉE D’ANALYSE DES ARTICLES 37 LISTING DES 10 FACTEURS CARATIFS DE LA THÉORIE DE JEAN WATSON 38 EXEMPLES DE VOCAS 39 REVUE DE DIRECTION DU SMIA-CHUV 2014 40

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INTRODUCTION Avez-vous déjà fait l’expérience de communiquer sans faire usage de la parole ? Lorsqu’il n’est plus possible de communiquer par la parole et avec une gestuelle diminuée, l’échange se complique et la communication devient tout de suite plus difficile. Pour illustrer la problématique, imaginez-vous être en train de faire de la plongée et que vous ne vous sentiez pas bien, comment feriez-vous pour faire comprendre ce mal-être ? Nous avons ciblé une problématique importante et pourtant, à notre connaissance, encore peu reconnue dans le milieu des soins intensifs où encore peu de protocoles en lien avec la communication, avec les patients présentant des troubles de la locution, ne sont mis en place. C’est alors que durant une année, nous effectuerons des recherches pour arriver à l’aboutissement de notre travail de Bachelor. Nous avons établi la question de recherche selon une méthode précise. Nous l’avons revue et précisée du mieux possible dans le but d’arriver à une problématique ciblée et pertinente. Après avoir réfléchi aux différents enjeux, nous avons décidé de ne pas choisir un modèle conceptuel pour la réalisation de ce travail. Cependant, nous avons utilisé la théorie du caring de Jean Watson, afin d’analyser de manière critique et constructive nos résultats globaux. Selon une méthodologie établie de manière rigoureuse, nous avons récolté de nombreux articles, afin de sélectionner les plus appropriés à notre problématique. Nous avons discuté ces résultats en fonction de leur pertinence et redondance dans les huit différents articles analysés. Enfin, nous avons établi des recommandations pour la pratique dans le but que ces dernières puissent enrichir la pratique clinique aux soins intensifs avec des patients intubés. Notre but ultime est de contribuer à améliorer la qualité et l’efficience des soins infirmiers.

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PROBLÉMATIQUE QUESTION DE RECHERCHE :

Quels sont les outils de communication probants dont dispose l’infirmière aux soins intensifs pour favoriser la qualité de la prise en soins du patient intubé ? La question de recherche abordée dans notre travail utilise la méthode PICO. Cette technique permet de développer une approche de recherche complète et pertinente avec la thématique que l’on désire analyser. La méthode PICO4 tient compte des facteurs suivants : population, intervention, contexte et résultats (outcomes). En lien avec le vocabulaire de la question de recherche, la population identifiée est celle d’adultes. Une population qui est ventilée mécaniquement, c'est-à-dire qui dispose d’un appareil « ventilatoire » permettant d’assister la respiration spontanée. Les patients sont légèrement sédatés, c'est-à-dire qu’ils ont reçu une administration légère d’un sédatif pouvant induire les effets suivants : apaisement, relaxation, réduction de l'anxiété, somnolence, ralentissement de la respiration et diminution des réflexes. Les interventions recherchées dans cette étude sont des interventions infirmières avec l’utilisation d’outils permettant de favoriser la communication. Ces outils présentent toutes les méthodes qui peuvent permettre l’échange entre deux individus et comprenant la communication verbale et non verbale (gestes, toucher, mimiques, gestuelle corporelle), ainsi que l’utilisation de tout matériel favorisant l’échange (crayon, alphabet, tablette, prothèse vocale). Le contexte choisi est celui des soins intensifs « généraux ». Nous avons choisi ce contexte, car l’unité des soins intensifs est un milieu dans lequel les problèmes de communication sont élevés. Les résultats (outcomes) recherchés pour ce travail sont les différents types d’outils de communication, mis en place par les infirmières, démontrant l’amélioration de la communication avec les patients intubés. En lien avec la question de recherche, la notion de prise en soin de qualité selon l’institut de médecine des Etats-Unis (1990, cité dans Hurlimann, 2001, p.24), est défini comme : « capacité des services de santé destinés aux individus et aux populations à augmenter la probabilité d’atteindre les résultats de santé souhaités, en conformité avec les connaissances professionnelles du moment. »

Le choix de cette thématique et de cette question de recherche a pour origine notre semestre au Québec dans le cadre de notre troisième année Bachelor en soins infirmiers. Pendant ce semestre d’automne 2014, nous avons eu la chance d’effectuer un échange avec l’Université de Montréal. Cet échange nous a permis de suivre un module exclusivement de soins critiques comprenant des cours théoriques et pratiques dans ce domaine, ainsi qu’un stage aux soins intensifs. Cette expérience nous a aussi donné l’envie de nous spécialiser par la suite dans ce domaine, un intérêt que nous partageons toutes les deux. Chloé a effectué un stage à l’hôpital Notre Dame à Montréal et Elena à l’hôpital pédiatrique Sainte Justine à Montréal. Grâce à ces stages nous avons pu avoir une vision plus globale de la prise en charge de patients intubés dans ce type d’unités. Cela nous a aussi permis de vivre de plus près les différentes problématiques rencontrées aux soins aigus et que nous ignorions. Dans le contexte de ce stage nous avons été confrontées toutes les deux à des problèmes de communication. Il était parfois difficile d’expliquer au patient tous les actes et gestes qui lui étaient prodigués. Chloé s’est rendue compte que dans la situation d’un patient qui n’avait

                                                                                                                         4 Méthode qui permet de décomposer le sujet d’une question clinique en quatre dimensions : patient ou population ciblée, intervention(s), contexte et résultats (outcomes).  

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pas la capacité de répondre, elle avait tendance à plus se focaliser sur le côté technique du métier et moins sur le côté relationnel dans lequel nous sommes très impliquées normalement. A un niveau de troisième année, les compétences acquises dans la communication ne suffisent pas dans une unité aussi spécifique comme celle des soins intensifs. Nous avions peu de moyens et stratégies apprise face à un patient qui ne peut pas communiquer verbalement. Pour Elena, la première confrontation avec un patient intubé a été assez difficile à vivre. Le simple fait de savoir que la personne était intubée représentait une source de préoccupation et elle se demandait : « Comment puis-je comprendre ce dont il a besoin, s’il a mal, s’il veut changer de position etc.? ». Dès le début, elle sentait qu’elle manquait des moyens pour assurer une bonne prise en soins : « je me suis sentie frustrée et insatisfaite en regard de ma prise en soin, je regardais comment l’infirmière référente s’y prenait et j’essayais de l’imiter ». Le fait de suivre le même patient sur plusieurs jours a été un élément qui l’a aidée à renforcer la confiance en ses capacités de communication et à améliorer ainsi la relation. A partir du moment où nous connaissions un peu plus la personne et que nous trouvions le canal de communication adéquat, la communication devenait plus fluide et satisfaisante, tant pour le soignant que pour le patient. Elena avait le sentiment que la communication était souvent considérée comme un problème secondaire et que les techniques de communication, comme l’importance donnée à celles-ci, changeait beaucoup entre les différentes infirmières. Tant au Canada qu’en Suisse, elle a eu l’impression d’un manque de moyens et de stratégie visant à favoriser la communication avec les patients. C’est ainsi qu’au cours de notre séjour à Montréal nous nous sommes rendues compte qu’il serait intéressant de réaliser un travail de Bachelor sur un thème concernant les soins intensifs et la communication avec des patients intubés. En plus de cette expérience au Canada, nous avons eu l’opportunité de réaliser d’autres stages dans une unité de soins intensifs en Suisse. Chloé a réalisé un stage dans le cadre de sa première année Bachelor à l’hôpital de Nyon et Elena a effectué son dernier stage aux soins intensifs du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV). Durant notre formation, nous avons eu des cours sur la relation thérapeutique de base, qui sont définis selon le guide des compétences de la communication en soins infirmiers de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale (HESSO, 2013, p.5). Cependant, sur le terrain, la réalité n’est pas toujours si évidente. Aux soins intensifs, la communication peut prendre différentes formes et, en conséquence, les stratégies et les méthodes de communication sont d’une plus grande complexité. Selon les articles scientifiques consultés, il semble que ces éléments sont aussi manquants pour les infirmiers spécialisés travaillant aux soins intensifs. La communication aux soins intensifs est limitée par différents facteurs comme la médication, la sédation et l’impact de différents appareillages, notamment celui de la ventilation mécanique qui empêche la locution normale. Les patients sont conscients de ce problème et ne peuvent exprimer leur besoin ni leur ressenti. La communication est de fait réduite au minimum. Plusieurs articles mentionnent aussi les difficultés de communication liées au manque de moyen mis en place. Des efforts importants sont demandés au personnel soignant pour faciliter ou remédier à l’échec de la communication avec les patients selon Magnus & Turkington (2005, p.177). Il y a aussi d’autres facteurs qui limitent les difficultés de communication comme : la lourde charge de travail, le degré de sévérité de l’atteinte des patients, la difficulté de lecture du langage labiale, l’incapacité d’écrire des patients, les préoccupations en lien avec l’état physique ou technique (appareillages) dus aux soins, la personnalité du patient selon Happ (2001, p. 251). De ce fait, l’utilisation d’outils de communication mieux ciblés serait pertinent dans un milieu de soins intensifs mais, à ce jour, peu de choses sont mises en place selon Jill, Tate & Happ (2011, p.17). Il a été relevé que les compétences de communication aux soins intensifs s’acquièrent principalement par l’observation des autres professionnels et avec l’expérience

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propre de chaque infirmière qui utilise les moyens qu’elle juge les plus pertinents, sans avoir une technique, ni un protocole propre à l’institution. Selon la théorie des 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson (2003) la communication fait partie des nécessités de base de l’être humain et elle est définie de la manière suivante : « La finalité du besoin correspond à la nécessité, pour chaque individu, de transmettre et de percevoir des messages cognitifs ou affectifs, conscients ou inconscients et d’établir des relations avec autrui par la transmission ou la perception d’attitudes, de croyances et d’intentions » (p. 2). L’élaboration d’outils de communication spécifiques permettrait d’adapter un système qui soit accessible tant au patient qu’au soignant et qui pourrait favoriser une prise en soins de meilleure qualité. En Suisse, nous avons des centres de médecine intensive de haute qualité et qui ont la réputation d’offrir des soins renommés au niveau mondial. Nous avons consulté la Revue de Direction du CHUV (2014)5 afin d’essayer d’avoir une estimation de l’amplitude de la problématique que nous allons élaborée au cours de ce travail. En recherchant des données concernant les soins intensifs au niveau Suisse, nous nous sommes rendues compte qu’aucune donnée au niveau national n’était disponible. Nous avons trouvé des informations provenant du CHUV, afin d’avoir une vision d’ensemble de la situation en Suisse romande. Voici quelques données cliniques concernant le service de soins intensifs du CHUV (SMIA6), qui accueille en moyenne7 2150 patients par année et dont la durée moyenne du séjour est de 5.9 jours. L’équipe est composée en moyenne par 68 infirmières, dont le 55% en moyenne ont effectué une spécialisation en soins intensifs. En 2013, le coût de l’hospitalisation d’une journée aux SMIA était évalué à 3300 francs. Le taux de satisfaction des patients et des familles se situe en moyenne à 95%. Au niveau de la ventilation nous sommes référées aux données de 2013 :

- 4309 jours de ventilation invasive (pour 1828 hospitalisations/séjours) - 956 jours de ventilation sur trachéostomie - 568 jours de ventilation non-invasive (VNI)

Nous pouvons bien constater l’importance de la problématique au niveau d’un tel service, raison pour laquelle le thème de la communication mérite d’être étudié et discuté dans le cadre de notre travail de Bachelor.

                                                                                                                         5 En annexe. 6 SMIA : Service de Médecine Intensive Adulte. 7 Moyenne des années 2008 à 2013.

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MÉTHODE APPROCHE DE RECHERCHE

Dans cette partie, nous allons aborder la méthodologie employée dans la construction de notre travail de Bachelor. Nous avons recherché et relevé nos articles au cours de notre semestre à Montréal en utilisant une base de données de l’université nommée Atrium8, puis en Suisse avec CINHAL et PubMed. Nous avons aussi utilisé Google Scholar comme support de recherche, lorsque nous ne trouvions pas d’articles sur une de ces bases de données. Les descripteurs que nous avons utilisés étaient principalement communication et intubated patients. Rapidement nous avons remarqué qu’un grand nombre d’études concernant ce thème avait été écrit. Au cours de notre travail, en affinant notre question de recherche, nous avons pu mieux cibler la problématique et ainsi ajouter des descripteurs, comme par exemple communication strategies ou communication methods, afin de trouver des articles les plus pertinents possibles en lien avec la question de recherche. CONSTRUCTION DE LA PROBLÉMATIQUE

D’un commun accord, nous avons décidé de centrer ce travail de fin d’études sur la communication avec les patients intubés des soins intensifs. Notre choix est lié à la réalisation de stages dans des services de soins intensifs dans différents pays et en raison de l’intérêt personnel que nous partageons toutes les deux. Avec une idée assez claire de ce que représentait le milieu des soins aigus, la construction de la problématique a été facilitée. Nous l’avons ensuite affinée en utilisant la méthode PICO.

Dans le tableau suivant, nous avons inséré les différents Descripteurs Mesh9, en français et respectivement en anglais, que nous avons utilisé lors de nos recherches dans les différentes bases de données.

Descripteurs Mesh en français Descripteurs Mesh en anglais Soins infirmiers Infirmier(ère) Adulte Communication Barrière Expériences Maladie grave Intubation Patients intubés Respiration artificielle Ventilation mécanique Capacité de communication Stratégies de communication Méthodes de communication Méthodes Outils de communication Unité des soins Intensifs Communication non-verbale Interaction Qualité des soins Relations infirmière-patient

Nursing Nurse Adult Communication Barrier Experiences Critical illness Intubation Intubated patients Artificial respiration Mechanical ventilation Communication skills Communication strategies Communication methods Methods Communication tools Intensive care unit (ICU) Non verbal communication Interaction Nursing quality Nurse-patient relations

                                                                                                                         8 Base de données de l’Université de Montréal. 9 Mesh: Medical Subject Headings.

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CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION Afin d’effectuer des recherches les plus pertinentes possibles, nous avons établi au préalable des critères d’inclusion et exclusion des articles tels que présentés dans le tableau ci-dessous.

Critères d’inclusion Adultes Période de publication ≥ 2000 Langue de publication: français ou anglais Unité des soins intensifs Articles infirmiers ou médicaux Pays développés (selon OCDE10 2015) Patients intubés Communication infirmière-patient Stratégies/outils/méthodes de communication

Critères d’exclusion Pédiatrie Période de publication < 2000 Langue de publication autre que le français ou l’anglais Pays non développés (selon OCDE 2015) Patients avec trachéotomie Communication famille-patient

RÉSULTATS DE RECHERCHE Dans cette partie de chapitre, nous allons lister les différents résultats de recherche que nous avons obtenus en entrant nos descripteurs dans le moteur de recherche boléen, CINHAL11 et PubMed12. CINHAL

Descripteurs Mesh Entrées Articles trouvés Nurse AND communication AND intubated patient

20 Determining the effectiveness of illustrated communication material for communication with intubated patients at an intensive care unit, (2013). Effect of a multi-level intervention on nurse–patient communication in the intensive care unit: Results of the SPEACS trial, (2013)

Communication skills AND methods AND nurse AND ICU

14 Nurses perception of communication training in the ICU Communication between nurse and patient during ventilator treatment: patient reports and RN evaluations, (2001).

                                                                                                                         10 OCED: Organisation de Coopération Economique et de Développement. 11 CINAHL: Cumulative Index to Nursing and Allied Health Litterature: base de données qui regroupe des articles de soins infirmiers et de la littérature liée à la santé, faisant référence à plus de 2500 périodiques en sciences infirmières (Loiselle, 2007, p.141). 12 Base de données bibliographiques gratuite, développée et maintenue par le National Center for Biotechnology Information (NCBI), à la National Library of Medecin (NLM) et donnant accès à la base des données MEDLINE (http://www.nlm.nih.gov/pubs/factsheets/pubmed.html).

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Communication AND experiences AND ICU AND mechanical ventilation

8 The lived experience of adult ICU patients who were conscious during mechanical ventilation: a phenomenological-hermeneutic study, (2011).

Communication AND patient AND ICU

439 Risvegliarsi in terapia intensiva. La comunicazione, benessere per il paziente e competenza per l'infermiere. Waking up in an ICU. Communication, well-being for the patient and nurse's competence [italien], (2013).

Limiters: Meta-Synthesis Communication AND intensive care unit

1 Patient’s experience of being mechanically ventilated in an ICU: a qualitative metasynthesis, (2015).

PUBMED

Descripteurs Mesh Entrées Articles trouvés Critical care AND intubation AND communication AND barriers

5 Impaired verbal communication during short-term oral intubation, (1997).

Nurse AND communication AND intubated patient

33 Effect of a multi-level intervention on nurse-patient communication in the intensive care unit: results of the SPEACS13 trial, (2013). Determining the effectiveness of illustrated communication material for communication with intubated patients at an intensive care unit, (2013).

Nurse AND patient AND interactions AND ICU

1248 Nurse-Patient Communication Interactions in the Intensive Care Unit, (2011). Nurse and Patient Interaction Behaviours Effects on Nursing Care Quality for Mechanically Ventilated, Older Adults in the ICU (2014). Effect of a multi-level intervention on nurse-patient communication in the intensive care unit: Results of the SPEACS trial, (2013).

Communication AND methods AND nurse-patient relations AND Intensive Care Units

98 Communication, Ability, Method, and content among non speaking non-surviving patients treated with mechanical ventilation in the ICU, (2004).

Adult AND critical illness AND communication AND respiration

46 Communication difficulties and psychoemotional distress in patients receiving mechanical ventilation, (2011).

Nonverbal communication AND intensive care units AND nurse-patient relations

15 Communicating With Mechanically Ventilated Patients: State of the Science, (2001).

Communication and patient AND intubation AND ICU

43 Communication interaction in ICU-Patient and staff experiences and perceptions, (2006). Electronic voice-output communication aids for temporarily nonspeaking patients in a medical intensive care unit: a feasibility study, (2004).

                                                                                                                         13 SPEACS: Study of patient-nurse effectiveness with assisted communication strategies.  

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Artificial respiration AND communication AND intensive care unit

210 The number of mechanically ventilated ICU patients meeting communication criteria, (2015).

Observation: nous avons trouvé plusieurs articles que nous n’avons pas retenus pour différentes raisons : articles ne rentrent pas dans nos critères d’inclusions, échantillons pas représentatifs, résultats pas en lien avec notre question de recherche, mais ce travail nous a permis de cibler les articles pertinents en lien avec notre question de recherche. LE CONCEPT DE LA COMMUNICATION Pour comprendre les différentes méthodes de communication utilisées auprès de patients intubés aux soins intensifs, il est important avant tout d’approfondir le concept de la communication, de définir son mécanisme, l’impact et les facteurs influençant celle-ci. Tout d’abord, définissons la communication de base. Bien qu’il existe des centaines de définitions plus au moins générales de la communication, nous avons choisi celle-ci : « La parole est l’un des principaux canaux de l’échange dʼinformations. La communication est bien plus qu’un simple échange dʼinformations : c’est une relation, c’est de lʼinformation connotée, subjectivée par les mimiques, lʼallure, les gestes, le ton de la voix... Autant d’éléments qui viennent compléter, confirmer ou infirmer, corriger ou affiner, augmenter la valeur des mots. » (Gaudeul, 2005, p.4). La communication se transmet de manière consciente et inconsciente par le comportement verbal et non verbal et, de manière globale, par la manière d’agir des intervenants. Les principes généraux de la communication peuvent se résumer par les points suivants selon le cours de D. Hicklin (concepts de la communication [Présentation PowerPoint], 2012):

-­‐ Elle se trouve partout -­‐ La communication se situe sur les plans cognitifs (intelligence) et affectifs (émotion) -­‐ La communication peut être intentionnelle ou accidentelle -­‐ Si les messages verbaux et non verbaux sont contradictoires, la signification du

message non verbal est retenue -­‐ Elle est irréversible -­‐ Les premières minutes donnent le ton de la relation -­‐ Il est impossible de ne pas communiquer

Selon D. Hicklin (2012), la communication verbale est définie la plupart du temps par l’usage de la parole. Elle est consciente, c'est-à-dire que nous choisissons nos mots avant de parler. La communication non-verbale, elle, représente la part la plus importante de la communication. Elle se définit comme une expression de messages transmis par des procédés autres que la parole : les gestes, les mimiques, les postures, les codes vestimentaires, les cris, les peurs, le silence, le toucher. Le non-verbal est en partie le résultat de notre inconscient. Il a pour but d’exprimer des sensations, des émotions et des sentiments. Néanmoins les communications verbales et non-verbales interagissent ensemble.

Mais alors, comment le processus de communication se passe-t-il ? Afin de répondre à cette question, nous nous sommes appuyées sur l’ouvrage « La communication efficace » (Arcand & Bourbeau, 1998, pp. 13-15). La transmission de la communication s’exerce entre un émetteur et un récepteur et a comme but de transmettre un message et d’obtenir une réponse, aboutissant à un échange et à la communication. L'émetteur est celui qui va coder, produire un message par la traduction de la pensée et des sentiments. Il est l’encodeur, c'est-à-dire qu’il utilise différents codes pour faire passer un message comme les signes et les symboles.

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Le récepteur, de son coté, traite l'information par le décodage du message. Il reçoit et interprète le message en le décodant. Le décodeur ne peut être passif, car après cette action de décodage, le mécanisme de l’inter-échange s’engage en produisant une réponse. Cela schématise le processus de la communication.

En réalité, plusieurs facteurs peuvent entraver la communication comme: les déficits sensoriels (basse-vision, surdité), la langue parlée, les valeurs, la religion, la spiritualité, les différences d’âge, les perceptions, les préjugés, les stéréotypes, les différences culturelles (conception de la santé, de la maladie, de la mort), le jugement de valeur, l’absence d’écoute ou encore l’absence de remise en question de soi. Dans un service de soins intensifs, nous pouvons retenir la ventilation comme un obstacle supplémentaire, suffisant à influencer la communication. Cela entraine l’absence de parole et la gestuelle limitée chez un des deux interlocuteurs. Les yeux peuvent montrer la volonté d’échanger, « mais comment faire passer un message quand on se trouve dans une telle situation et comment déchiffrer un message émis sans parole ? Si les deux personnes cherchant à échanger ne sont pas touchées par la déficience, elles sont bien toutes les deux en situation de handicap quand elles veulent communiquer ! L’une cherche à émettre et l’autre cherche à comprendre... voilà l’enjeu » (Gaudeul, 2005, p.4). Cependant, il existe différentes méthodes de communication permettant de faciliter la communication avec une personne non-communicante. Après avoir défini le thème de notre étude et après plusieurs recherches en lien avec cette problématique, nous sommes rendues compte qu’au niveau scientifique les techniques de communication employées par les différents professionnels, afin de communiquer avec les patients, peuvent être regroupées en deux grandes catégories :

- Communication augmentée et alternative14 non-assistées/naturelles (AAC naturelle) - Communication augmentée et alternative assistée (AAC assistée)

Afin d’approfondir le concept d’AAC, nous nous sommes appuyés sur les données de l’American Speech-Language-Hearing Association (2015). L’acronyme AAC est traduit en français de la manière suivante: communication alternative et augmentée. Ce sont des stratégies de suppléance à la communication, qui comprennent différentes stratégies afin d’améliorer la communication. Les AAC comprennent toutes les formes de communication autres que le discours oral utilisé pour exprimer des pensées, besoins, désirs et idées par des expressions faciales, des gestes, le langage du corps, des signes, des symboles, l’usage d’images, l’écriture, des outils électroniques etc. Toutes ces techniques d’AAC peuvent être naturelles ou assistées.

La communication par les méthodes AAC dites naturelles correspond à toutes les techniques de communication qui font recours au langage du corps et non à la parole. Elles ne reposent pas sur des mots, mais sur des gestes (actions et réactions), des signes, le toucher, des expressions faciales, des attitudes, des mouvements de la tête ou encore le regard. La communication par les méthodes AAC dites assistées correspond à tous les supports de communication, tels que le papier-crayon, les tableaux d'images, les symboles et les appareils comme les prothèses vocales (dispositifs de production de la parole) ou d’autres outils technologiques pouvant aider les personnes à s’exprimer autrement que par l’usage de la parole. Les systèmes de communication assistés nécessitent souvent l'utilisation complémentaire des AAC naturelles. Toutes ces techniques ont pour but de faciliter la communication et d’améliorer ainsi la compréhension des messages entre l’émetteur et le receveur. Voilà quelques exemples des AAC assistées, afin de mieux comprendre leurs caractéristiques :                                                                                                                          14 Augementative and alternative unassisted communication.

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- Les pictogrammes standards: Les pictogrammes désignent les schémas identifiés par un texte, comme par exemple le schéma dʼune assiette remplie d’aliments avec en dessous un mot décrivant cette image (repas, manger ou encore faim).

- L’alphabet ESARIN (E S A R I N T U L O M D P C E F B V H G J Q Z Y X K W ): Les articles ne mentionnent pas l’alphabet utilisé, mais il existe différents alphabets comme l’alphabet linaire qui utilise toutes les lettres ou celui d’ESARIN qui est fondé sur l’ordre de fréquence d’apparition des lettres dans la langue française. Cet alphabet a été utilisé, par exemple, dans le livre “Le scaphandre et le papillon” de Jean-Dominique BAUBY (Gaudeul, 2005, p.10).

- Les VOCAs: Les Voice Output Communication Aids permettent la production d’une voix électronique pour communiquer. Ils peuvent être utilisés par des personnes qui ne peuvent pas parler ou dont l’expression est incompréhensible.

L’utilisation des divers outils décrits plus haut est prouvée comme améliorant la communication, et c’est un point important à prendre en compte lors de leur utilisation, ils nécessitent des compétences spécifiques de la part de leur utilisateur. Le rôle de communicateur comprend différentes dimensions : la relation professionnelle, la transmission des informations, la compréhension partagée et les techniques de l’information et de la communication. Selon le cadre de formation HESSO (2012, pp. 24-25) le rôle de communicateur de l’infirmière dans un service non spécifique est évalué selon quatre compétences principales qui peuvent être résumées de la manière suivante :

1. Etablir une relation d’aide ciblée avec le patient et son entourage, en favorisant la prise de décision partagée

2. Contribuer, au niveau de l’équipe interdisciplinaire, à la compréhension partagée des situations de soins et, au besoin, participer à la gestion des conflits

3. Favoriser la traçabilité de la démarche de soins pour toutes les données pertinentes, afin d’assurer la continuité des soins, tout en tenant compte des aspects légaux des transmissions écrites

4. Communiquer avec le patient et son entourage et apporter son avis clinique au niveau de l’équipe pluridisciplinaire

Comme nous l’avons mentionné auparavant, l’environnement des soins intensifs est un milieu hautement technologique et complexe. Les compétences du rôle de communicateur des infirmières aux soins intensifs peuvent ainsi s’avérer difficiles. La première compétence (1) requise de la part du soignant est la capacité de « maîtriser les attitudes et les outils de communication spécifiques aux différentes problématiques et situations », selon la référence HESSO (2012, p.24) des compétences en soins infirmiers. C’est un élément clé au niveau de notre problématique. Cette compétence nécessite la capacité de cibler les besoins du patient concernant la communication et ensuite de mettre en place des stratégies de communication adéquates. Cette démarche n’est pas une tâche facile à réaliser car elle demande de l’expérience, de la créativité et des compétences formelles. Ainsi, le rôle de communicateur n’est pas aussi simple que ce que nous pouvons l’imaginer. C’est un rôle complexe, qui comprend de multiples facettes, surtout en ce qui concerne la communication non-verbale qui représente la plus grande partie de ce que l’on entend comme communication.

NOTA BENE : Nous aimerions encore clarifier quelques éléments qui reviennent au cours du travail et susceptibles d’être difficiles à comprendre : les critères de communication de base, les comportements positifs et les dispositifs d’AAC simples (low technology aids) et élaborés (high technology aids). La communication de base est définie dans un des articles analysés (Happ, 2015, p.46) pour les patients répondant aux critères d’être : éveillé, alerte, capable de répondre à la

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communication verbale des soignants. Ces critères correspondent aux patients potentiellement aptes à utiliser des outils d’AAC. Les comportements positifs désignent : la répétition des phrases, parler lentement, saluer le patient par son nom, proposer différentes réponses à une question, sourire, manifester une reconnaissance, proposer des outils de communication. Ces différents comportements positifs sont mentionnés dans plusieurs des études. La grille Communication Interaction Behaviour Instrument15 est un instrument réalisé par les chercheurs d’une des études analysée (Nilson et al., 2014, p.116) au cours de ce travail et qui regroupe entre autres les comportements positifs des infirmières et des patients. Les dispositifs d’AAC simples (low technology aids) et élaborés (high technology aids) reviennent souvent et ils se différencient par le fait que les low technology aids sont tous les outils ne nécessitant pas de batterie pour être fonctionnel et comprennent: crayon-papier, alphabet et les mots planches. Les high technology aids comprennent tous les appareils avec une batterie comme par exemple : tablette, ordinateur portable, appareils mobiles. ANALYSE CRITIQUE DES ARTICLES Pour cette partie du travail, nous allons présenter une analyse critique des huit articles retenus, afin d’en croiser les résultats et d’essayer de répondre à la question de recherche. Les articles scientifiques ont été analysés de manière approfondie avec une grille d’analyses que nous avons personnalisée en nous appuyant sur une grille de lecture de l’Université de Laval et avec les conseils de notre directrice de travail. Nous avons donc procédé de la manière suivante: chacune a choisi quatre articles de manière aléatoire et a rempli la grille d’analyse. Nous avons ensuite échangé les articles et les grilles d’analyse, afin de les revoir et les compléter. Nous avons discuté de certains éléments plus en détail lors de divergences. Enfin, nous avons fait des revues systématiques, afin de déterminer la version finale. RÉSULTATS DE L’ANALYSE CRITIQUE DES ARTICLES SÉLÉCTIONNÉS 1. NURSE-PATIENT COMMUNICATION INTERACTIONS IN THE INTENSIVE

CARE UNIT Happ, Garrett, DiVirgilio-Thomas, Tate, George, Houze, Radtke & Sereika, 2011

Il s’agit d’une étude quantitative observationnelle descriptive basée sur la méthode SPEACS16 qui a pour but de décrire les facilité-difficulté, fréquence, réussite-échec et qualité des interactions pendant la communication, ainsi que les méthodes et les techniques d'assistance utilisées entre les infirmières et les patients non-communicants au sein de l'unité de soins intensifs. L’échantillon comprend 10 infirmières avec une expérience d’au moins une année et parlant anglais. L’échantillon des patients comprend 30 adultes âgés d’au moins 18 ans, incapables de parler en raison de l'intubation, intubés pour les prochaines 48 heures, avec une échelle de Glasgow17 ≥ 13 et comprenant l’anglais. L’analyse de la communication a été faite à partir d’enregistrements vidéo. Les actes de communications sont pour la majorité des situations initiées par les infirmières (85%). Le contact visuel, les questions fermées, saluer le patient par son nom propre ou par le toucher et l’utilisation des gestes sont les comportements positifs les plus utilisés par les

                                                                                                                         15 CIBI: Communication Interaction Behaviour Instrument. 16 SPEACS: Study of Patient-nurse Effectiveness with Assisted Communication Strategies: étude sur l’efficacité de la communication, utilisant des stratégies de communication assisté (Happ et al. 2011, traduction libre, p.30). 17 Echelle qui permet d’évaluer l’état de conscience d’un patient selon 3 critères : l’ouverture des yeux, la réponse verbale et la réponse motrice (évalué entre 0 et 15 ; 15 correspond à un état de conscience normal).

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infirmières. La méthode infirmière relevée comme acte positif le plus fréquent était le contact visuel avec le patient. Les comportements négatifs étaient l’absence du contact visuel avec le patient, la rapidité du discours et le monologue/marmonnement. Les méthodes de communication les plus utilisées par les patients étaient le hochement de tête, les signes de oui / non, le mouthing word18, les actions de communication non verbale (qui tiennent compte du regard et serrement de main) et les gestes. L'écriture et le dessin font partie des méthodes les moins utilisées parmi celles relevées. La difficulté de communication est évaluée comme difficile par le 60% des patients et très difficile par le 40% des patients. Cette étude a été limitée à deux unités de soins intensifs dans un hôpital et cela ne suffit pas pour généraliser la performance de communication entre infirmière-patient. Seule la moitié des patients était intubée. Les patients et les infirmières peuvent avoir été influencés par la caméra et la présence d'observateur, appelé effet Hawthorne, ce qui a pu augmenter les comportements meilleurs et donc pas naturels des participants à l’étude. De plus, la majorité des échanges ont été initié par les infirmières ce qui présente une limite. Les infirmières ont alors un rôle de leader dans la communication, ce qui donne peu de place à la libre expression du patient. Cet article est pertinent par sa date de publication récente. Cette étude a été menée aux Etats-Unis par des auteurs qualifiés, tous actifs dans le domaine de la recherche, comme Mary Beth Happ qui est un professeur expérimenté dans le domaine de la recherche sur la communication des soins intensifs et qui a réalisé de nombreuses études sur ce thème. La méthode est précise, le but de l’étude aussi et ils sont repris lors de la discussion. Les auteurs ont pu appuyer leur recherche sur de nombreuses études précédentes. Bien que seule la moitié des patients était intubée, nous avons décidé de garder l’article car il mène à différentes pistes de réponses intéressantes. L’article permet de mettre en avant la responsabilité unique de l’infirmière et l’importance qu’elle joue au niveau de la communication avec le patient. L’article mène à plusieurs pistes pour la pratique comme, par exemple, le besoin d’améliorer l’utilisation et l’accès aux outils de communication assisté, encourager les infirmières à adopter des stratégies plus ciblées et fréquentes, ainsi que certains comportements positifs comme favoriser des apprentissages ciblés sur les AAC ou encore améliorer la compréhension des signes non verbaux du patient. Enfin, l’étude a été approuvée par l’Institution Review Board, comité indépendant d'éthique de l'Université de Pittsburgh (USA). 2. COMMUNICATION ABILITY, METHOD, AND CONTENT AMONG

NONSPEAKING NONSURVIVING PATIENTS TREATED WITH MECHANICAL VENTILATION IN THE INTENSIVE CARE UNIT

Happ, Tuite, Dobbin, DiVirgilio-Thomas & Kitutu, 2004

Cette étude est rétrospective et descriptive. Elle a comme objectif de décrire la capacité, les méthodes et le contenu de la communication chez les patients non survivants et non-communicants, disposant d’une ventilation mécanique, hospitalisés dans une unité de soins intensifs. L’échantillon comprend 50 patients qui ont reçu une ventilation mécanique et qui sont décédés pendant l'hospitalisation. Les participants à l’étude ont été choisis de manière aléatoire parmi 396 adultes traités dans 8 unités de soins intensifs à Pittsburgh aux USA. Les types d’échanges les plus documentés étaient entre les patients et les infirmières. Les principales méthodes de communication étaient l’acquiescement, le hochement de tête, le mouthing word, les gestes et l'écriture. Les patients utilisent de une à trois méthodes différentes de communication par épisode. Le contenu de la communication est

                                                                                                                         18 Mouthing word est une expression anglophone difficile à traduire en français, aucune description n’étant apportée dans les articles. Cependant, grâce à la lecture des articles et à l’emploi de cette expression dans les textes originaux anglophones, nous sommes arrivées à la conclusion que ce mot peut se définir probablement par le fait que les patients articulent les mots souhaités avec les lèvres.  

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principalement lié à la douleur, aux sentiments et aux besoins physiques. La majorité des communications documentées consiste en une réponse de la part du patient à une question du soignant. Les infirmières ont indiqué que la capacité des patients à utiliser des dispositifs de communication d'assistance était un facteur clé pour faciliter la communication sous ventilation mécanique. Parmi les limitations on peut relever qu’un cinquième de la documentation relative à la communication ne précise pas le mode employé. L'utilisation des dossiers cliniques comme sources de données primaires est un élément limitant, car souvent ces dernières sont incomplètes, incompatibles ou erronées. Une autre limite est que les cliniciens n’enregistrent pas tous les échanges de communication avec les patients. Une grande partie des interactions de communication entre les patients et leur famille, par exemple, ne sont pas documentées dans le dossier clinique. Les données sont issues d’un seul centre médical. Cet article a été relevé en raison des auteurs qui sont connus pour leurs nombreuses recherches, notamment Mary Beth Happ, connue pour élaborer ses travaux sur le thème de la communication dans le domaine des soins intensifs. L’étude fait aussi référence de nombreuses études antérieures et elle confirme les résultats des études précédentes. Enfin, l’échantillon est vaste, il représente plusieurs types de services de soins intensifs et les résultats sont donc plus facilement généralisables à un plus large éventail. 3. COMMUNICATION BETWEEN NURSE AND PATIENT DURING VENTILATOR

TREATMENT: PATIENT REPORTS AND RN EVALUATIONS Wojnicki-Johansson, 2001

Cette étude, descriptive qualitative et quantitative, a été réalisée en Suède. Les questions de recherche sont les suivantes: Comment les infirmières et les patients évaluent-ils la communication établie au cours du traitement sous ventilation ? Comment les patients évaluent-ils la communication fonctionnelle ? Quelles sont les méthodes de communication employées par des infirmières pour établir une communication fonctionnelle ? Quelles sont les méthodes de communication préférées des patients ? Est-ce que les conclusions sur la communication chez les patients et les infirmières se rejoignent ? L’échantillon comprend 19 patients traités dans une unité de soins intensifs, interrogés à trois reprises sur une période de deux mois au sujet de leurs expériences de communication pendant le traitement sous ventilation. Des questionnaires structurés et des questions ouvertes ont été utilisés lors de chaque séance d’observation. Les critères d'inclusion pour les patients sont les suivants: être conscients et éveillés pendant au moins quatre heures pendant le traitement avec le ventilateur, pour un minimum total de six heures. Concernant les infirmières, les critères d’inclusion veulent que les 22 infirmières sélectionnées ne s’occupent que d’un patient et qu’elles soient expérimentées. Douze infirmières sur 22, soit plus de la moitié, évaluent la communication comme fonctionnelle/efficace. Une communication fonctionnelle est généralement liée à l'utilisation de méthodes de communication efficaces, tandis qu'un manque de communication a été associé à l'état de santé des patients. La communication fonctionnelle est décrite comme la facilité de lecture labiale et la capacité d’emploi de la gestuelle. Les méthodes utilisées par les infirmières pour établir une communication fonctionnelle avec les patients intubés sont: le langage du corps et contact physique, la lecture labiale et mime, les questions fermées, l’utilisation du papier-crayon, le contact avec les yeux et l’écran alphabétique. Les méthodes préférées par le patients afin de communiquer avec les soignants sont: le langage du corps et le toucher (54%), la méthode papier-crayon (32%) et les questions fermées (23%). 73% des patients jugent la communication avec les infirmières fonctionnelle, alors que 27% la jugent non fonctionnelle. L’étude présente cependant des limites. Tout d'abord elle a été réalisée dans une unité de soins intensifs non spécialisée, ce qui restreint le nombre de patients avec des difficultés potentielles pour la communication. Une autre limitation est due au nombre limité de patients

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(dont un mineur de huit ans). Nous avons néanmoins décidé de garder cette étude vu son intérêt. Malgré la participation d’un mineur à l’étude, nous avons quand même relevé cet article pour différentes raisons. Dans le pays de publication, la Suède, l’étude fait référence à de nombreuses études antérieures, la méthode présentée est rigoureuse et l’auteure G. Wojnicki-Johansson est une infirmière spécialisée dans le domaine des soins intensifs. De plus, les résultats sont susceptibles d'être pertinents à un plus large éventail de patients qui sont ventilés mécaniquement. Cet article est aussi intéressant en raison de l’évaluation de la communication de la part des patients et des infirmières. Il permet ainsi de voir si les avis sont similaires et met en évidence les différentes perceptions vécues entre le patient et l’infirmière dans les interactions de communication. L’étude donne des pistes pour la pratique, comme le fait que les infirmières devraient être plus entraînées à communiquer les messages et à interpréter le feedback des patients, le besoin d’évaluer leurs propres capacités de communication ainsi que l’efficacité des méthodes qu’elles utilisent pour rendre la communication efficace. Enfin, l’étude a été approuvée par le comité éthique de l’université de Linköping en Suède. Les patients et leur famille ont été informés sur la globalité de l’étude. 4. EFFECT OF A MULTI-LEVEL INTERVENTION ON NURSE–PATIENT

COMMUNICATION IN THE INTENSIVE CARE UNIT: RESULTS OF THE SPEACS19 TRIAL

Happ, Garret, Tate, DiVirgilio, Houze, Demirici, Jill, George & Sereika, 2014

L’étude SPEACS est une étude qualitative. Elle a été réalisée à partir de la question de recherche suivante: « est-ce que la fréquence, la qualité, la réussite et l’aisance de communication vont s’améliorer dans les différentes phases de l’étude, au fur et à mesure que le nombre et le type d’interventions augmente ?» (Happ et al., 2014, traduction libre, p.90). Le processus SPEACS vise à tester l'impact de deux niveaux d’interventions sur la fréquence, la qualité, le succès et la facilité de communication entre les infirmières et les patients intubés dans une unité de soins intensifs. Les patients sélectionnés font partie de deux unités de soins intensifs de deux centres médicaux dans une université aux Etats-Unis. L’étude a porté sur 89 personnes intubées, éveillées, sensibles, mais incapables de parler et 30 infirmières travaillant aux soins intensifs. Cette étude utilise une méthode séquentielle de cohorte20 quasi-expérimentale, structurée en trois phases distinctes. Au niveau de chacune des phases, les infirmières reçoivent des instruments, des outils et des méthodes de communication supplémentaire par rapport à la phase précédente. Lors de la 1ère phase (groupe de soin), les infirmières ne font pas usage d’autres moyens de communication que les méthodes de communication naturelle et ont juste de quoi écrire. Dans la 2ème phase (groupe d’intervention 1) les infirmières reçoivent quatre heures de formation CE21 concernant la communication avec les patients intubés (telle que l’utilisation de stratégies d’AAC). Elles sont équipées d’outils de communication avec une technologie simple22 comme des cahiers, des crayons, des images, des batteries pour les appareils acoustiques, des instruments qui facilitent la prise des stylos etc. Dans la 3ème phase (groupe d’intervention 2), les infirmières reçoivent quatre heures de formation CE et deux heures sur les supports électroniques. Les infirmières bénéficient aussi d’une évaluation de 45 à 60 minutes avec l’aide d’une logopédiste spécialisée (SLP23), au niveau des AAC, des cartes de communication, des outils de communication électroniques et des instruments simples ciblés

                                                                                                                         19 SPEACS: Study of Patient-Nurse Effectiveness with Assisted Communication Strategies. 20 Etude de type longitudinale basée sur la comparaison de plusieurs populations. 21 CE: Continuous Education. 22 Low technology aids. 23 SLP: speech language therapist (logopédiste).

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aux besoins du patient. Pour chaque échange infirmière-patient, quatre observations ont été enregistrées deux fois par jour, pendant deux jours consécutifs. Le pourcentage d’échanges de communication réussie concernant la douleur est meilleur pour les deux groupes d’intervention que pour le groupe de soins. Il y avait plus de sessions réussies concernant la douleur et les autres symptômes d’état de santé. Les patients faisant partie du groupe d’intervention AAC et SLP utilisaient de plus les techniques d’AAC et considéraient moins souvent la communication comme très difficile. Fréquence : le pourcentage d'actes par échange utilisés pour la clarification était significativement plus élevé au niveau des groupes d'intervention 2 et 3 (respectivement 15,3% et 12,5%) par rapport au groupe de contrôle de la phase 1 (9,3%). Succès : le pourcentage des échanges réussis (notes entre 4 ou 5 sur 5) était généralement élevé dans tous les groupes (environ 75%). Il n'y avait pas de différence notable entre les groupes dans le pourcentage moyens d'échanges de communication réussie. Qualité des échanges: les comportements positifs des infirmières augmentent de la phase 1 à la phase 2. Ces comportements positifs augmentent aussi avec des patients présentant les critères du delirium et lors de l’interaction avec des patients sédatés. L’emploi des techniques d’AAC était très faible dans la phase 1, un peu plus élevé dans la phase 2 et nettement plus au niveau de la phase 3. Aisance de communication : 27% des patients de la phase 1 définissent comme difficiles les interactions avec les soignants, contre 31% de ceux de la phase 2 et 11% de ceux de la phase 3. Les résultats obtenus montrent que l’intervention SPEACS a des effets positifs, notamment par l’augmentation de la durée des interactions infirmière-patients. De plus, la difficulté de communication était réduite en utilisant de manière ciblée les interventions SLP et AAC. Les limites de l’étude sont surtout liées aux différentes attitudes culturelles qui peuvent avoir un impact sur les comportements adoptés par l’infirmière, ainsi que le risque de Hawthorne, c’est-à-dire le risque de comportement positif en raison de l’observation faite. A noter enfin les différences d’expérience professionnelle entre les infirmières. Nous avons choisi cet article, car il est récent et parce que les auteurs sont connus comme Mary Bett Happ. La méthode est aussi très claire et l’article est élaboré de manière rigoureuse. L’étude étaye de manière précise l’impact des différents outils de communication au cours des trois phases et notamment au niveau de l’amélioration de la communication infirmière-patient intubé. Cette étude démontre la fiabilité de l’utilisation des interventions multidisciplinaires et multi-interventionnelles qui tiennent compte de l’utilisation des techniques d’AAC, comme aussi des évaluations par les logopédistes, ainsi que des formations spécifiques destinées à améliorer la communication. Ainsi l’étude confirme l'utilité et l'efficacité de l’intervention élaborée sur plusieurs niveaux, de la formation, des compétences de communication, des stratégies d’intervention et de la consultation des logopédistes. Malgré la complexité de l’analyse des données, l’étude présente une méthode structurée et précise qui permet de suivre toutes les étapes de la recherche et de comprendre, grâce à différents tableaux, les résultats de recherche de manière claire. L’étude met aussi en évidence le lien avec les considérations éthiques liées à cette recherche. Les auteurs précisent que les procédures utilisées ont été approuvées par l’University Institutional Review Board et que les infirmières et les patients ou leurs tuteurs ont signé une attestation de consentement à la participation à l’étude. 5. NURSE AND PATIENT INTERACION BEHAVIOURS’EFFECTS ON NURSING

CARE QUALITY FOR MECHANICALLY VENTILATES OLDER ADULTS Nilsen, Sereika, Hoffmann, Barnato, Donovan & Happ, 2014

Cette étude basée sur des données SPEACS a pour but de décrire les interactions infirmière-patient et les facteurs qui peuvent influencer de manière positive ou négative la communication entre les infirmières et des patients âgés de plus de 60 ans non communicants, en situation de santé critique, hospitalisés dans une unité de soins intensifs. L’étude veut aussi explorer les interactions positives entre les comportements infirmière-patient et les indicateurs de qualité de la prise en charge infirmière. A partir de différentes

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observations, les auteurs mettent en évidence que le comportement des infirmières et des patients influence la communication et pourrait être associé à une meilleure qualité des soins. L’étude a été réalisée dans une unité de soins intensifs comprenant 32 places ainsi que dans une autre institution spécialisée en soins intensifs cardio-thoraciques, comprenant 22 places, au sein d’un hôpital de Pittsburgh (USA). L’échantillon est composé de patients ventilés mécaniquement et d’infirmières travaillant dans l’unité des soins intensifs. Les critères d’inclusion pour les patients sont les suivants: patients sous ventilation mécanique, intubation depuis plus de 48 heures et prévue pour au moins deux autres jours, éveillés, répondant aux commandes et comprenant l’anglais. Le recueil des données était organisé avec des séances d’interaction infirmière-patient. Lors de chaque séance, qui était enregistrée par vidéo, les infirmières et les patients démontraient des comportements positifs ou négatifs (répertoriés selon la grille CIBI24). Globalement les stratégies avec les AAC non assistées sont plus utilisées que celles assistées. Les stratégies de communication sans aide les plus fréquentes sont: le hochement de tête, les actions de communication non verbales (regard déterminé, serrement déterminé) et les gestes. Les stratégies de communication avec une faible teneur technologique (simple) les plus fréquentes sont l’écriture et le tableau alphabétique. Enfin, les méthodes les plus utilisées sont les méthodes naturelles, puis viennent ensuite les méthodes avec dispositifs d’AAC simples (low technology aids) et en dernier les technologies élaborées (high technology aids). La communication des patients avec l’utilisation des AAC naturelles tendent à apparaître avec les comportements infirmiers positifs. Le comportement positif du patient est associé avec un état de calme. Les patients considérés comme calmes tendent à plus utiliser les techniques AAC. Les limites de la recherche sont abordées lors de la discussion des résultats en détaillant les différentes raisons. Il est indiqué, par exemple, l’âge avancé des patients participant à l’étude, une étude représentative principalement pour les patients chroniquement malades, hospitalisés aux soins intensifs et la sous-évaluation de la douleur lors des séances. Bien que tous les patients pouvaient utiliser des stratégies d'AAC non assitées (unaided), pas tous les patients avaient accès aux dispositifs d’AAC simples (low technology aids) et élaborés (high technology aids). Enfin, les données étaient limitées aux dossiers médicaux. Nous avons retenu cet article en raison des nombreux liens que font les auteurs entre leur étude et différentes recherches antérieurs. L’article est récent (2014) et a été élaboré par des auteurs expérimentés dans le domaine des soins intensifs et de la communication. Enfin, cet article reflète l’importance des comportements infirmiers qui influencent directement la communication avec les patients. L’étude a reçu l’approbation du Institutional Review Board et les auteurs ont reçu le consentement de diffuser les résultats obtenus par le Health Insurance Portability and Accuntability Act. Tous les intervenants ont consenti à leur participation à l’étude et à l’enregistrement vidéo. Des mesures pertinentes ont été prises pour les patients qui n’étaient pas capables, pour différentes raisons (sédation, état clinique, etc.), de donner leur consentement. Les auteurs affirment aussi le fait que les patients étaient conscients d’être enregistrés par vidéo et que le consentement à cela était revérifié lors de chaque nouvelle séance.

                                                                                                                         24 CIBI: Communication Interaction Behaviour Instrument.

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6. DETERMINING THE EFFECTIVENESS OF ILLUSTRATED COMMUNICATION

MATERIAL FOR COMMUNICATION WITH INTUBATED PATIENTS AT AN INTENSIVE CARE UNIT

Otuzoglu & Karahan, 2013 Cette étude, réalisée dans un hôpital universitaire à Ankara en Turquie, a été effectuée par un professeur de sciences infirmières et un professeur associé de la faculté de sciences infirmières à l’Université de Başkent en Turquie. Cette étude est de type semi-expérimental et inclut un groupe de contrôles. La question de recherche à l’origine de l’étude est la suivante: « est-ce que l’emploi de moyens secondaires (selon le matériel illustré dans l’étude) destinés à favoriser la communication non-verbale avec les patients intubés peut aider à diminuer les difficultés de communication entre le personnel soignant et les patients? » (Otuzoglu & Karahan, 2013, traduction libre, p.491).

L’étude compte 90 patients intubés hospitalisés dans une unité de soins intensifs et sélectionnés selon les critères d’inclusion suivants: patients hospitalisés aux soins intensifs, mécaniquement ventilés, âgés de plus de 18 ans et ayant subi une intervention à cœur ouvert. L’échantillon de population choisi pour l’étude a été divisé en deux groupes: 45 participants pour le groupe de contrôle et les autres 45 autres pour le groupe expérimental. Le matériel illustré nécessaire à l’étude, a été développé en lien avec la littérature et les changements nécessaires ont été réalisés en accord avec des experts. Le matériel a été utilisé pour communiquer pendant la période durant laquelle les patients du groupe expérimental étaient intubés. Seul le groupe expérimental a bénéficié d’une communication avec le matériel illustré. Pour communiquer avec le groupe de contrôle, les infirmières ont utilisé des outils tels que les papiers-crayons, les gestes, les expressions faciales, le contact visuel, la lecture labiale et des techniques d’AAC. Le 78% des patients du groupe expérimental ont déclaré que le matériel de communication illustré était bénéfique pour la communication avec le personnel médical. Tous les participants du groupe expérimental ont considéré que le matériel illustré facilitait la communication. Les patients du groupe expérimental ont trouvé l’équipe soignante meilleure dans la compréhension de leurs besoins et nécessités. Les gestes, les mimiques et la lecture labiale ont été utilisés par 89% des patients du groupe de témoin afin de communiquer avec le personnel médical : 58% ont utilisé le contact visuel, 31% ont utilisé le toucher et 22% l’utilisation de papier-crayon. Tous les patients du groupe expérimental ont utilisé le matériel de communication illustré pour communiquer avec le personnel médical et 91% de ces patients avaient également besoin d'utiliser la partie alphabétique de ces instruments. Seuls 20% des patients du groupe contrôle, contre le 42% des patients du groupe expérimental, ont indiqué que les méthodes de communication du personnel médical étaient appropriées. Dans le groupe de contrôle, 36% des patients ont déclaré qu'ils avaient des difficultés à communiquer avec le personnel médical alors qu'ils étaient intubés, alors qu’au niveau du groupe expérimental seulement un patient affirme avoir eu des difficultés de communication. Les patients du groupe expérimental expriment leurs besoins de manière plus satisfaisante et plus rapide en utilisant les outils développés par l’équipe de recherche, par rapport au groupe de témoins qui ne bénéficiait pas de ces outils. L’étude démontre ainsi le fait que l’emploi du matériel illustré facilite la communication avec les patients intubés et que cela augmente aussi la sensation de paix et d’efficacité de communication entre infirmière-patient et contribue à une meilleure satisfaction des besoins et finalement à une prise en charge de meilleure qualité. Les gestes, la mimique, la lecture labiale ne sont pas suffisants, mais sont des moyens complémentaires. Ainsi les patients intubés nécessitent des outils de communication plus spécifiques, afin de communiquer avec les soignants. Les auteurs affirment que la sédation et le suivi des patients par différentes infirmières représentent des facteurs de limitation de l’étude.

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Cette étude est pertinente, car l’échantillon choisi est de bonne taille. L’étude présente une méthodologie précise et structurée. La recherche est réalisée dans un pays développé selon l’OCDE25, elle est récente et décrit l’efficacité des outils de communication avec des patients disposant d’une ventilation mécanique. Elle met bien en évidence l’impact de l’emploi du matériel illustré qui fait partie des AAC assistées avec des patients disposant d’une ventilation mécanique. Enfin la méthode est claire et concise, ainsi que les schémas et les graphiques présentés. L’étude a été approuvée par l’Ethic and Research Council of Medical and Health Science de l’université où l’étude a été réalisée. Tous les patients participant à l’étude ont été informés du but de l’étude et ils ont donné leur consentement par écrit ou par oral. 7. ELECTRONIC VOICE-OUTPUT COMMUNICATION AIDS FOR TEMPORARILY

NONSPEAKING PATIENTS IN A MEDICAL INTENSIVE CARE UNIT: A FEASIBILITY STUDY

Happ, Roesch & Garret, 2004 Cet article est une étude exploratoire de cohorte quasi-expérimentale. Le but de cette étude pilote est de décrire: (1) les caractéristiques des patients intubés hospitalisés aux soins intensifs qui utilisent les VOCAs26, (2) les modèles d’utilisation (catégories de message, fréquence, assistance nécessaire), (3) la qualité de la communication et (4) les barrières de communication avec la méthode VOCAs. L’échantillon compte 11 patients adultes (entre 24 et 72 ans), gravement malades, sélectionnés dans l’une des unités de soins intensifs d’un hôpital en Pennsylvanie (USA). Tous les patients présentaient un score de Glasgow entre 14 et 15. Deux types de VOCAs ont été utilisés pour réaliser cette étude : the MessageMate27 et le DynaMyte28. La récolte des données s’est faite par des interviews semi-structurées, des questionnaires et des enregistrements vidéo. Une formation de quinze minutes a été mise en place pour les patients et les infirmières. Les VOCAs ont été utilisés dans 11 des 41 événements de communications observés, toujours en combinaison avec une autre méthode (gestes, mouthing word, hochement de tête et papier-crayon). Sur les 11, 10 avaient besoin d’aide (soignants, logopédiste) et de la validation de messages. L’usage de VOCAs est le plus souvent utilisé par les patients lors de la communication avec les proches. Les patients ont plus souvent initiés la communication (36%) lorsqu’ils utilisaient les VOCAs au cours de l’échange, que lorsqu’ils n’en faisaient pas usage. Le contenu des messages est varié, les plus fréquents sont : la famille, l’extubation, la peur, la douleur et l’inconfort. Cette étude présente les limites suivantes: l’échantillon est restreint, la manipulation de l’outil n’a pas été contrôlée de manière systématique par des experts comme, par exemple, une logopédiste. Les outils n’étaient pas spécifiques à la personne mais généraux. L’usage de ces appareils a nécessité une formation pour l’équipe soignante et les familles. Enfin, plusieurs difficultés sont liées à l’emploi de ces outils par des personnes inexpertes. D’autres sont les obstacles rencontrés avec l’utilisation de VOCAs: mauvais positionnement de l'appareil, dégradation de l'état du patient, contraintes de temps du personnel, manque de familiarité du personnel avec le dispositif et écrans de messages qui sont complexes à interpréter. Son utilisation a surtout été relevée auprès des familles. Cette étude pilote montre cependant que l’utilisation des aides de communication à prothèse vocale est possible avec certains patients sélectionnés au niveau des soins intensifs et que cela contribue à l’amélioration de la communication, lors de l’intubation, entre les patients et les soignants, mais aussi entre les patients et les membres de leur famille.

                                                                                                                         25  OCDE: Organisation de Coopération et de Développement Economiques. 26 VOCAs: Voice Output Communication Aids : production d’une voix électronique pour communiquer. 27 Appareil facile à utiliser, avec une capacité d'enregistrement et une sortie vocale. 28 Appareil avec une grande capacité de messages, un écran dynamique et une sortie vocale.  

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Parmi les chercheurs, Mary Beth Happ porte un intérêt particulier au thème de la communication avec les patients intubés et qui met en avant, dans son parcours professionnel, plusieurs recherches concernant cette problématique. Nous avons trouvé cette étude particulièrement intéressante, car elle teste l’efficacité d’un outil technologique spécifique dans un milieu de soins intensifs. S’interroger sur l’efficacité de cette intervention est pertinent avec notre question de recherche. De plus cette étude met en valeur la combinaison des AAC assistés avec des AAC naturelles afin d’augmenter l’efficacité de la communication et montre le besoin de formation à l’emploi d’un tel outil. Enfin un dernier élément que nous avons trouvé intéressant est le fait que les infirmières préfèrent les méthodes traditionnelles de communication et qu’elles ont de la peine à intégrer ces nouvelles techniques dans leur pratique. Cela met en avant la difficulté à changer les pratiques existantes, surtout au niveau de la communication, compétence qui est souvent considérée comme innée, spontanée et individuelle. Les auteurs mentionnent aussi le fait qu’ils ont demandé le consentement à des personnes participant à l’étude. L’étude a été approuvée par l’University of Pittsburggh Institutional Review Board. 8. COMMUNICATION INTERACTION IN ICU-PATIENT AND STAFF

EXPERIENCES AND PERCEPTIONS Magnus &Turkington, 2005

Le but de cette étude pilote et multicentrique est d’investiguer les perceptions et les expériences du personnel soignant et des patients hospitalisés au sein de l’unité des soins intensifs. Plus précisément, elle se préoccupe d’analyser les éléments suivants: (1) investiguer la perception de la communication de l’équipe soignante avec les patients au sein de l’unité de SI, (2) investiguer la perception des patients concernant les difficultés de communication, (3) évaluer le potentiel de développement de cette étude pilote à une plus large échelle, (4) évaluer l’éventuel impact des logopédistes afin de maximiser le succès de la communication et finalement (5) récolter, analyser et comparer les résultats afin de voir s’il y a une différence de perception entre les patients et les soignants et d’identifier les tendances communes. Les soignants participant à l’étude sont neuf personnes appartenant à différentes disciplines de la santé qui travaillent au sein d’un des cinq centres de soins intensifs du nord de Londres. Les critères d’inclusion pour le personnel soignant sont les suivants: expérience récente de travail avec des patients hospitalisés aux soins intensifs, être professionnels de la santé (infirmières, physiothérapeutes, pharmaciens, thérapeutes), personnel qui n’est pas en relation avec la sélection des patients. Les patients participant à l’étude sont huit personnes hospitalisées dans un des cinq établissements de soins intensifs. Les critères d’inclusion sont les suivants: récente admission dans l’unité de soins intensifs, séjour aux soins intensifs plus de huit jours, patients médicalement stables, patients majeurs. Trois entretiens semi-structurés et l’utilisation d’une théorie ancrée29 ont été utilisés pour l’analyse des données d’entretiens semi-structurés. Les patients affirment avoir plus de difficultés à communiquer avec l’infirmière. La frustration est une réponse émotive mentionnée tant par les infirmières que par les patients. Les patients affirment que les stratégies d’assistance à la communication efficaces sont: prendre le temps, des tables alphabétiques, la lecture labiale, l’emploi du papier-crayon et des questions simples. Pour les soignants, les stratégies efficaces sont : l’ardoise magique, la table alphabétique, le tableau de communication, les gestes, la lecture labiale, le fait de parler lentement et de manière articulée, laisser le temps au patient pour répondre, vérifier la compréhension du message donné par le patient. Le niveau de conscience, la sédation, le manque de mémoire, l’incompréhension des explications, représentent des barrières à la communication. Pour les patients l’incapacité de

                                                                                                                         29 Utilisée pour l’analyse de données d’entretiens semi-structurées, visant à construire des théories non pas à partir d'hypothèses prédéterminées, mais à partir des données du terrain et de situation de terrain.

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lire sur les lèvres et l’orientation basée plus sur le médical que sur le psychologique sont des facteurs qui entravent la communication avec le soignant. Par contre, pour les soignants le fait d’être conscients de l’environnement (bruit, visiteurs) et de l’état des patients (peur, douleurs, faiblesse état dépressif) représente des obstacles à l’interaction avec le patient. Les patients ont mentionné le fait de ne pas savoir pourquoi ils ne pouvaient pas parler et si le tube de trachéotomie était provisoire et, de même, qu’ils ne recevaient pas de conseils concernant la communication. Cela sous-entend un manque d’information probablement en lien avec une communication inefficace. Cinq soignants sur neuf ont affirmé que la gestion de la communication était le rôle de l’infirmière, avec l’aide de logopédistes pour des situations plus complexes ou plus longues. L’article a été réalisé par deux chercheuses qui, à la base, sont des logopédistes. Cet article explore de manière qualitative et quantitative la communication dans un service de soins intensifs. La partie quantitative étude la perception des soignants et celle des patients au niveau de la communication, comme aussi de leurs difficultés. La partie qualitative est basée sur des interviews et analyses et compare les différents résultats afin d’identifier si, entre les soignants et les patients, il y a d’éventuelles tendances communes. Cet article est intéressant car il porte sur la comparaison entre la perception des soignants et celle des patients. Ainsi les uns et les autres mettent en avant les difficultés rencontrées, les échecs vécus et les stratégies adoptées afin d’interagir avec l’autre. Un aspect que nous avons trouvé intriguant est le rôle du logopédiste qui est mis en valeur au niveau de cette étude. Cela peut devenir une ressource complémentaire positive pour améliorer la communication. Parmi les limitations on peut relever que l’échantillon est restreint et que l’intubation ne fait pas partie des critères d’inclusion pour les patients. De plus, les auteurs n’ont pas tenu compte des caractéristiques démographiques qui peuvent influencer la communication (âge, sexe, expérience clinique des professionnels de la santé). Nous restons aussi un peu sceptiques concernant cette étude car ses auteurs sont deux logopédistes et donc leur regard sur la profession pourrait, en partie, être influencé par leur parcours professionnel. Par contre, un élément que nous avons trouvé pertinent dans cette recherche est le fait que les auteures utilisent la triangulation des sources de données à l’aide de questionnaires. Cette méthode est employée afin corroborer les résultats obtenus et vérifier leur validité afin d’en confirmer leur cohérence au niveau de l’étude. Les auteurs nous donnent des pistes d’exploration concernant le développement de la communication entre infirmière-patient, comme par exemple l’utilisation des technologies, la formation continue et spécifique des professionnels de la santé, la prise en charge précoce des patients qui ont des difficultés de communication (en augmentant la sensibilité des soignants envers cette problématique), la mise en place d’une infirmière spécialisée en communication avec pour rôle spécifique de soutenir les membres de l’équipe multidisciplinaire, L’étude a été approuvée par le comité UCL30 et UCLH31 et par l’Ethics of Human Research en avril 2004.

                                                                                                                         30  UCLH: University College London Hospitals NHS Foundation Trust.  31  UCL: University College London.  

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RÉSULTATS DE RECHERCHE Quels sont les outils de communication probants dont dispose l’infirmière aux soins intensifs pour favoriser la qualité de la prise en soins du patient intubé ?

Nous avons décidé de présenter cette partie du travail essentiellement sous forme de tableau. Le premier tableau comprend les deux critères essentiels de notre travail : les résultats de recherche les plus pertinents ainsi que l’implication pour la pratique afin de mettre en évidence les éléments à apporter sur le terrain. Le deuxième tableau met en évidence les résultats relevés dans chaque article et ainsi que les outils/moyens de communication les plus utilisés. TABLEAU DES RÉSULTATS DE RECHERCHE En première colonne figure le numéro des articles qui sont cités tout au long de la discussion.

Article Principaux résultats de recherche

Implication pour la pratique

1. Nurse-patient communication interactions in the intensive care unit Happ et al., 2011

Les méthodes de communication les plus utilisées dans l’étude sont les hochements de tête (oui/non), mouthing word (articulation des mots), les actions de communication non verbale et les gestes

- Amélioration de la pratique par l’utilisation de stratégies et de matériels de communication avec les patients non communiquant dans l’unité de soins intensifs, en particulier dans la communication sur la douleur

2. Communication ability, method, and content among nonspeaking non-surviving patients treated with mechanical ventilation in the intensive care unit Happ et al., 2004

L’étude démontre que les principales méthodes de communication avec des patients mécaniquement ventilés étaient les suivants : acquiescement de la tête, mouthing word, le geste et l'écriture. Le contenu de la communication est principalement relatif à la douleur, aux sentiments et aux besoins physiques.

- L'amélioration au niveau des stratégies qui facilitent la communication est nécessaire pour faciliter la communication avec les patients sous ventilation mécanique.

- Encourager les infirmières à utiliser des stratégies de communication variées et ciblées

3. Communication between nurse and patient during ventilator treatment: patient report and RN (Registred Nurse) evaluations Wojnicki-Johansson, 2001

Les méthodes du plus au moins utilisées sont : le langage corporel, le toucher, la lecture labiale/mimique et l’utilisation du papier-crayon

- Amélioration des compétences de communication avec un entrainement approprié

- Apprentissage de l’interprétation du feed-back (retour) des patients

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4. Effect of a multi-level intervention on nurse-patient communication in the intensive care unit: Results of the SPEACS trial Happ et al., 2014

L’étude démontre que l’intervention SPEACS a des effets positifs, car ces interventions augmentent significativement la durée des interactions. La difficulté de communication était réduite en utilisant le SLP de manière ciblée, de même pour les interventions AAC.

- Des enseignements ciblés et continus concernant la communication avec des patients intubés.

- Favoriser l’utilisation des stratégies qui aident et facilitent la communication avec les patients.

5. Nurse and patient interaction behaviours’ effects on nursing care quality for mechanically ventilated older adults in the ICU Nilsen et al., 2014

L’emploi des stratégies d’ACC spontanées de la part des patients est associé aux différents comportements positifs des infirmières. Les stratégies d’ACC spontanées individuelles des patients tendent à apparaître avec les comportements positifs des infirmières, qui sont aussi associés à la gestion de la douleur. Le comportement positif du patient est associé à un état de calme du patient. De plus, les patients considérés comme calmes tendent à plus utiliser les techniques AAC.

- Les infirmiers doivent encourager le patient à adopter des stratégies d’AAC afin d’améliorer la communication.

- Les infirmières doivent incorporer ces comportements positifs à leur pratique afin de favoriser la communication.

6. Determining the effectiveness of illustrated communication material for communication with intubated patients at an intensive care unit Otuzoglu & Karahan, 2013

L’utilisation du matériel illustré augmente l’efficacité de la communication entre l’infirmière et le patient et facilite la satisfaction des besoins du patient. Le matériel illustré est donc un moyen qui améliore et favorise la communication avec les patients intubés.

- Le développement d’outils complémentaires pour faciliter la communication.

- Stimuler les infirmières à adopter des moyens comme les images, afin de favoriser la communication avec les patients intubés.

- Encourager la recherche concernant les facteurs qui limitent la communication, afin de trouver des stratégies d’adaptation ciblées.

- Favoriser le développement des outils spécifiques à la personne et ses besoins

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7. Electronic voice-output communication aids for temporarily nonspeaking patients in a medical intensive care unit: a feasibility study Happ et al., 2004

Cette étude montre l’utilisation des prothèses vocales de communication avec des patients sélectionnés et sa contribution à l’amélioration de la communication lors de l’intubation, tant entre les patients et les soignants qu’avec les membres de la famille. Dans tous les cas de communication, plus d’un outil de communication a été utilisé.

- Utilisation de prothèses vocales de communication afin de favoriser la communication, en combinaison les méthodes, et en incluant la famille et les soignants

- Développement d’outils technologiques aidant la communication et ciblé sur les besoins de la personne.

- Favoriser l’importance de l’enseignement ciblé pour le personnel soignant

8. Communication interaction in ICU-patient and staff experiences and perceptions Magnus &  Turkington,  2005

Les compétences personnelles des soignants ont été évaluées comme un facteur déterminant dans la communication avec le patient. L’étude confirme l’impact d’outils simples (low technology aids) qui aident à diminuer l’angoisse chez les patients. Plusieurs participants affirment que la présence d’une personne qualifiée ou un proche aidant peut faciliter la communication. L’importance d’une continuité des soins est un élément qui a été mis en évidence par les patients et les soignants.

- Pistes d’exploration pour développer la communication, telles que : utilisation des technologies, formation continue, ainsi que prise en charge précoce des patients

- Intervention d’une infirmière spécialisée en communication pour soutenir les membres de l’équipe multidisciplinaire

TABLEAU COMPARATIF

Il nous a semblé utile d’établir un tableau comparatif, qui met en évidence les techniques et outils de communication les plus employés par les soignants et les patients lors des interactions, tels qu’ils sont présentés dans les différentes études. Suite à l’introduction des concepts d’AAC dans la partie Le concept de la communication, nous avons fait ressortir chaque outil énoncé dans les articles de la manière suivante: les AAC naturelles, les AAC assistées et la combinaison des deux outils. En plus des outils relevés, nous avons listé les différents facteurs influençant la communication comme par exemple les comportements positifs des soignants et la formation.

Au niveau de la traduction des différents outils et méthodes de communications employés, il a été parfois difficile de trouver une traduction française pertinente, aussi nous avons choisi celle qui nous paraissait la plus appropriée.

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Le tableau est structuré de la manière suivante. Sur la première ligne horizontale se trouve les articles listés de 1 à 8. Les cases verticales énoncent les différentes interventions. Le mot « intervention » désigne tous les outils de communications probants relevés dans les articles. Différents signes sont présents dans chaque case où un outil a été relevé comme le plus efficace dans l’article de recherche.

- Le signe « ! » désigne le soignant - Le signe « " » désigne le patient - Le signe « # » désigne le soignant et/ou patient lorsque cela n’est pas spécifié - Le signe « + » est indiqué lorsque l’intervention est relevée par le soignant et par le

patient

Numéro des articles INTERVENTIONS 1 2 3 4 5 6 7 8 Total AAC naturelles Hochement de tête " # # # 4 Actions de communication non verbale (regard, touché)

" # 2

Toucher, contact et/ou langage du corps ! !" 2+

Gestes !" # # # # ! 6+ Mouthing word (articulation des mots) " # # ! 4 Questions fermées !" !"   " 3+ Contact visuel ! ! #   3 Lecture labiale ! #   !" 3+ Mimes, mimique (expressions faciales) ! #   2

Combinaison de plusieurs techniques #   #   #   ! # #   # 7 AAC assistées Table alphabétique # !" 2+ Matériel illustré, cartes de communication ! # 2

Ecriture (papier-crayon) # !" # # " 5+ Ecran alphabétique ! 1 Tableau de communication ! 1 Ardoise magique ! 1 SLP (logopédiste), collaboration ! #   2 Prothèses vocales, voix électronique #   ! 2 Supports électroniques non spécifiés ! 1 Facteurs influençant une meilleure communication

Comportements positifs (selon CIBI) ! # # !" 4+ Formation en AAC ! ! 2 Compétences spécifiques en communication ! 1

Interprétation du feedback (retour) des patients ! 1

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DISCUSSION Dans cette partie, nous allons comparer de manière approfondie et avec un regard critique les résultats obtenus à partir des articles analysés, afin de tenter de répondre à notre question de recherche : Quels sont les outils de communication probants dont dispose l’infirmière aux soins intensifs pour favoriser la qualité de la prise en soins du patient intubé ? Dans un deuxième temps, nous pourrons mettre en évidence des pistes pour la pratique. Enfin, nous avons décidé de nous focaliser sur les outils de communication relevés dans les différents articles scientifiques étudiés. Nous n’avons pas utilisé de cadre théorique pour l’interprétation des résultats. Cependant la théorie du caring de Jean Watson a attiré notre attention et nous avons tenu à citer quelques critères pertinents en lien avec les attitudes de l’infirmière dans l’environnement des soins intensifs et les facteurs caratifs de sa théorie dans la partie perspectives de ce chapitre.

« Les patients préfèrent ne pas utiliser d’instruments, mais des moyens naturels pour communiquer, comme les gestes, les clignements de paupières ou l’articulation des mots» (Roulin, Mouron & Simon, 2004, p.55). C’est le résultat d’une étude menée par un groupe de trois infirmiers travaillant aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) en 2004, dont le recueil des données a été effectué au travers d’entretiens auprès de patients et de soignants, puis complété grâce à l’apport de huit recherches concernant le thème de la communication, ainsi que d’une revue systémique de littérature. L’emploi des gestes, des clignements de paupière ou l’articulation des mots : des stratégies de communication naturelles sont les trois méthodes de communication naturelle mises en évidence dans cette recherche. Celles-ci ressortent de manière globale au niveau de nos articles de recherche. RÉSUMÉ DES RÉSULTATS

Globalement, les études répondent à notre question de recherche et mettent en évidence l’usage des outils pour faciliter et améliorer la communication avec les patients disposant d’une ventilation mécanique. L’efficacité et la fiabilité des interventions ont été démontrées de façon rigoureuse et scientifique dans différents articles scientifiques. Les articles retenus nous ont conduites sur plusieurs pistes de réponses et de réflexion, en lien avec notre question de recherche. Nous avons relevé essentiellement deux interventions efficaces permettant de faciliter la communication avec les patients intubés aux soins intensifs : - les AAC naturelles - les AAC assistées Dans certains articles, les ACC naturelles et assistées sont associées. Ces interventions sont définies dans la partie Le concept de la communication du chapitre Méthode de ce travail. EFFICACITÉ DES TECHNIQUES DE COMMUNICATION

Tous les articles analysés ont mis en évidence différents outils de communication de type AAC. Certains sont spontanés et se disent non assistés ou naturels et d’autres nécessitent l’emploi de matériel et sont dit assistés. Les techniques d’AAC naturelles ont été utilisées dans toutes les études. Sept des huit articles [2,3,4,5,6,7 & 8]32 font aussi référence à des outils assistés autres que les AAC naturelles afin d’observer l’efficacité de la communication lors de l’emploi de ces instruments. Les résultats montrent que l’utilisation des AAC assistées, facilitent d’avantage                                                                                                                          32 Selon numérotation section Analyse critique des articles.

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la communication. Sept études [1,2,3,4,5,6, & 7] font usage des deux méthodes et montrent que la combinaison celles-ci favorise d’avantage la communication avec le patient intubé. La combinaison comprend l’utilisation de plusieurs méthodes naturelles ou de différentes méthodes assistées ou encore la combinaison des méthodes naturelles et assistées. TECHNIQUES DE COMMUNICATION Hochement de tête Quatre des articles [1,2,5 & 7] mentionnent le hochement de tête. Dans deux études [1 & 2], c’est même la méthode de communication la plus utilisée.

Articulations des mots (mouthing word) Mouthing word est une expression anglophone difficile à traduire en français comme vu précédemment33. Le lien avec l’articulation des mots est très subtil et difficile à distinguer. Nous avons donc décidé d’unir ces deux interventions. Ces deux techniques ont été relevées au niveau de plusieurs études [1,2,7 & 8].

Lecture labiale La lecture labiale est aussi un outil qui est similaire à la technique précédente. Elle apparaît dans trois études [3,6 & 8]. Pour conclure, la lecture labiale et le mouthing word/articulations de mots sont des techniques employées dans six études différentes [1,2,3,6,7 & 8].

Actions de la communication non verbale L’action de la communication non verbale est une expression employée dans certains des articles et qui n’est pas bien spécifiée. Pour la discussion, nous avons décidé de regrouper le toucher, le regard et le langage du corps non spécifié dans cet onglet. Ils sont mentionnés dans trois études [1, 3 & 5].

Gestes La gestualité est mentionnée dans six études [1,2,5,6,7 & 8].

Contact visuel Le contact visuel est mentionné dans trois études [1,3 & 6].

Mimes et expressions faciales Le langage du corps fait souvent référence aux mimiques et expressions faciales. Elles sont mentionnées dans deux études [3 & 6].

Questions fermées Les questions fermées désignent les questions donnant une réponse uniquement par le oui ou non. L’emploi des questions fermées est relevé dans trois études [1,3 & 8]. Outils de la communication assistée Cinq études [2,3,5,7 & 8] mettent en évidence l’emploi du papier-crayon comme outil améliorant la communication. Dans les autres études, cet outil est aussi proposé et utilisé, mais de manière moins efficace, car son utilisation n’est pas possible compte tenu de la situation clinique du patient. L’usage de cet outil nécessite un minimum de force et de mobilité de la main pour en faire usage. De plus, dans la méta-synthèse réalisée par Happ (2001, p.252), différents obstacles sont relevés en lien avec l’utilisation des outils de communication comme l’écriture : la faiblesse des patients, un manque de concentration ou encore un mauvais positionnement. Des outils comme la table alphabétique mentionnée dans deux études [5 & 8], les cartes de communication [4 & 6], l’ardoise magique [8], l’écran alphabétique [3], le tableau de communication [8] ont aussi été utilisés.

                                                                                                                         33 Vu dans le chapitre Analyse critique des articles : note 18.

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Dans l’étude 6, l’auteur relève que l’usage des AAC naturelles ne suffit pas à lui seul. Des outils de communication assistée doivent être mis en place pour favoriser davantage la communication. Nous avons constaté que les moyens électroniques sont efficaces [études 6 & 7], cependant leur accessibilité reste limité malgré le fait que les infirmières sont habituées à travailler dans un milieu hautement technologique et avec des appareils complexes. Happ, dans sa revue de littérature (2001, p. 256), affirme que malgré le développement technologique propre aux services des soins intensifs, le développement des instruments de communication technologiques n’ont pas suivi la même évolution. Malgré la preuve de l’efficacité de certains outils, leur mise en place reste difficile. Cela nous paraît contradictoire dans la mesure où, si les soins intensifs sont synonymes de haute technologie, innovation et niveau professionnel élevé, les instruments technologiques favorisant la communication trouvent difficilement leur place. Est-ce une question de priorités, de temps, de méconnaissance de la problématique ou encore financière ? Ce sont des questions auxquelles nous n’avons pas de réponses précises. La majorité des études [1,2,3,4,5,6 & 7] que nous avons analysées mettent en évidence la combinaison des AAC pour améliorer la communication. L’étude 4 met en avant l’adaptation des ACC propre à chaque patient. Happ (2001, p.256), met aussi en évidence l’importance d’individualiser le choix des interventions en fonction de l’état du patient. Compte tenu des outils disponibles, nous trouvons intéressant d’associer les méthodes de communication traditionnelle avec des approches plus technologiques et interdisciplinaires. Cependant, il faut faire attention à ne pas tomber dans un piège. Il ne s’agit pas seulement de faire bon usage des performances de l’outil, il est important de considérer son bien-être afin d’adapter les techniques à son état global. Nous avons relevé qu’aucune des études ne met en évidence la surveillance et l’interprétation des paramètres vitaux pour interpréter les besoins du patient. Nous sommes conscientes que ces données technologiques ne sont pas des indicateurs qui nous permettraient de déceler les besoins du patient à un moment donné. Comme nous l’avons vu au cours de nos stages aux soins intensifs, l’altération des signes vitaux et de l’état clinique sont des indicateurs potentiellement utiles à l’interprétation des besoins d’un patient, comme la douleur, en lien avec la surveillance des signes vitaux. Nous trouvons que les signes vitaux seraient des éléments complémentaires intéressants en lien avec l’interprétation du contenu de la communication avec un patient non-communicant. L’ATTITUDE INFIRMIÈRE Nous avons relevé dans quatre articles [1,5,7 & 8] que les comportements de l’infirmière jouent un rôle fondamental dans les interactions avec les patients. Le fait d’adopter des comportements positifs crée un environnement favorable à la communication avec le patient. L’intérêt et le soutien par différentes attitudes comme répéter, parler lentement ou attitude calme engendrent un climat de confiance qui est propice à une communication efficace. Nous pouvons faire le lien avec l’article de Nilsen et al. (2014, p.122) qui relève que la communication avec l’utilisation d’AAC naturelles tend à apparaître avec les comportements positifs de l’infirmière. Au delà des comportements positifs des soignants, nous avons trouvé que les études mettent peu en avant la conscience qu’ils ont de la problématique de la communication. Nous pensons que cet aspect de la prise en soins du patient intubé devrait être mieux mis en valeur pour sensibiliser le personnel soignant à ce problème. PARTICULARITÉS DU MILIEU

L’efficacité des outils trouvés en lien avec le milieu pratique des services de soins intensifs est aussi à prendre en considération. La compatibilité entre ce qui ressort de la littérature et la réalité du terrain n’est pas toujours évidente, notamment en se référant aux milieux des soins intensifs, milieu hautement spécialisé où les enjeux sont multiples. Aux soins intensifs, la priorité est axée sur le maintien des fonctions vitales, ce qui demande beaucoup d’efforts

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aux soignants, tant au niveau technique et intellectuel qu’au niveau psychologique et émotionnel. Il est donc pertinent de se demander si la mise en place de ces outils serait faisable et efficace dans un milieu qui demande un tel niveau de soins et de surveillance. Selon les articles étudiés pour ce travail, nous avons constaté que la mise en place des stratégies de communication est un moyen qui permet d’améliorer la communication et par conséquent qui améliore la qualité de la prise en soins. Cela peut donc avoir un impact positif sur le processus de rétablissement de la personne intubée aux soins intensifs. D’une part ces outils sont des moyens efficaces pour améliorer la communication et, d’autre part, cette amélioration permet une meilleure satisfaction des besoins de la personne par une prise en soins plus ciblée. De notre point de vue, même si la priorité est portée sur le maintien des fonctions vitales dans le milieu des soins aigus, il est important d’assurer la satisfaction des besoins de communication, car c’est un élément clé dans la prise en soins du malade et qui peut influencer de manière positive la qualité des soins. FORMATION

Dans les articles analysés, une autre piste est apportée: l’importance de la formation du personnel soignant. Happ, dans la revue de littérature qu’elle a réalisée (2001, p.256), affirme que la pratique infirmière avancée (advanced practice nurses) est l’instrument qui peut donner accès à la mise en place des techniques de communication ciblées et multidisciplinaires chez les patients disposant d’une ventilation mécanique. Elle affirme aussi qu’une formation complémentaire concernant la communication avec les patients non parlant est nécessaire. A la lumière de ces résultats de recherche, nous pouvons constater que trois des huit articles sélectionnés [3,4 & 7], évaluent l’efficacité d’une formation complémentaire. Nous pensons qu’une sensibilisation précoce, comme une formation de courte durée, serait appropriée. La simple énonciation du problème, à travers des échanges professionnels, et la mise en avant des méthodes naturelles les plus appropriées pourrait être pertinente pour favoriser une meilleure prise en soins des patients. COLLABORATION Concernant ce point, nous relevons que deux des articles [4 & 7] mettent en valeur l’intervention du logopédiste. Selon l’Association romande des logopédistes diplômés (ARLD, 2015, p.3), leur rôle est le suivant: « Dans le cadre de son activité, le logopédiste est habilité à évaluer, diagnostiquer, traiter et prévenir tous les troubles se rapportant à la pathologie du langage et de la communication, de la voix, de la déglutition et de la nutrition». Nous pouvons nous interroger sur la pertinence de l’intervention de spécialistes du langage ou si le besoin de communication fait partie du rôle infirmier. Une discussion informelle avec une étudiante de logopédie de fin première année de Master a aussi nourri cette réflexion. En effet elle nous a expliqué en quoi consiste le rôle du logopédiste et cela nous a donné un meilleur éclairage sur les ressources que celui offre. Les compétences du logopédiste sont des outils qui pourraient être mis à disposition d’un service de soins intensifs et qui seraient utile au personnel soignant, notamment en donnant des formations spécifiques sur les outils de communication ainsi que des conseils sur les différents besoins des patients. TRANSFÉRABILITÉ DES RÉSULTATS

Qu’en est-il de la transférabilité des méthodes de communication aux soins intensifs ? La communication est un besoin fondamental de l’être humain selon les théories infirmières de Virginia Henderson et Jean Watson et cela ressort dans tous les articles. Cependant il semble manquer de protocoles sur les interventions de communication. Il en est de même des études qui mettraient en avant l’importance de ces protocoles en lien avec les méthodes de communication.

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Un problème souvent relevé est celui des professionnelles qui pensent que leur compétence de communication est acquise. Cela a aussi été relevé dans un travail de Bachelor réalisé dans une unité de soins intensifs de suisse romande, réalisé par Rosay & Sudan Pillon (2008). La compétence de la communication non verbale des professionnels dépend de la formation, de la personnalité et des valeurs propres à chacun. La question de la transférabilité des résultats est un aspect que nous avons trouvé complexe à évaluer car plusieurs enjeux sont présents et, en tant que futures professionnelles, nous n’avons pas encore une idée suffisamment claire de la réalité du terrain. Cependant, les articles que nous avons choisi d’analyser donnent une idée générale quant aux outils efficaces qui facilitent la communication avec les patients mécaniquement ventilés aux soins intensifs. Pour ces raisons nous pouvons imaginer pouvoir transférer ces résultats au niveau de la pratique, en tenant compte des limites des études et des particularités du milieu de soin. LIMITES Si les études citées dans ce travail ont été validées, il y a cependant plusieurs limites à ces interventions : L’usage de ces outils proposés demande un minimum de mobilité. Un degré de mobilité très réduit ne permettrait pas de faire l’usage des méthodes de communication naturelle ni des méthodes de communication avec l’usage d’un dispositif supplémentaire. L’influence de la médication peut altérer la communication dans un cas où elle serait élevée. Le milieu des soins intensifs vise à maintenir les fonctions vitales et prend en soins des patients en situation critique, ce qui peut influer sur la place attribuée à la communication dans un tel contexte. Cependant les études montrent que des besoins non satisfaits en raison d'une mauvaise communication auraient un impact sur la qualité de la prise en soins. Nous sommes aussi conscientes du fait que notre revue de littérature n’est pas exhaustive. Nous avons sélectionné huit articles qui étaient pertinents avec notre question de recherche. D’autres articles étaient intéressants, mais leur contenu présentait des limites, comme par exemple la date de publication, le type de population ciblée, la structuration de l’article, le pays d’origine etc. Une partie des études que nous avons analysées mentionnent le fait que l’échantillon choisi était restreint et qu’une généralisation des résultats était donc difficile. Un autre élément limitant est le fait que nous n’avons pas trouvé d’études réalisées en Suisse. Nous sommes conscientes de l’importance de la culture locale ainsi que de la diversité culturelle dans les soins, raison pour laquelle nous pensons qu’une recherche complémentaire basée sur des articles réalisés en Suisse ou dans les pays limitrophes serait intéressante. La réalisation de ce travail est quelque chose de nouveau pour nous, ainsi une autre limite à cette recherche concerne nos connaissances de cette matière qui sont à un niveau Bachelor avec une expérience pratique réduite. PERSPECTIVES Dans cette partie de la discussion, nous allons proposer des pistes d’intervention qui nous sont suggérées par les différentes études et leurs résultats de recherche. Nous nous appuyons aussi sur deux méta-synthèses, Happ (2001) et Baumgarten & Poulsen (2014), ainsi que sur l’article de Happ, Seaman, Nilsen, Sciulli, Tate, Saul & Barnato (2015), afin de référencer de manière scientifique notre réflexion. D’après les résultats de recherche, nous pouvons constater que l’emploi des techniques d’AAC est un moyen efficace dont dispose l’infirmière des soins intensifs afin de faciliter la communication avec les patients intubés. De ce point nous nous sommes questionnée sur l’applicabilité de ces mesures à la population ciblée: est-ce que ces patients sont aptes à interagir avec le personnel soignant en utilisant des techniques de communication augmentée et alternative ? L’article de Happ et al. (2015, p.47) met en évidence que la moitié des patients ventilés mécaniquement aux soins intensifs et qui répondent aux critères de communication de base

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sont aptes à utiliser les AAC. L’étude affirme aussi le besoin de cibler ces interventions face aux spécificités du patient. La méta-synthèse réalisée par Baumgarten & Poulsen (2015, pp. 209-210), concernant l’expérience des patients disposant d’une ventilation mécanique hospitalisés aux soins intensifs, met en avance le sentiment de dépendance face aux soignants et d’incapacité de communiquer, ce qui entraine de l’anxiété et de la solitude chez les patients intubés. Cela rend les personnes plus vulnérables et qui ressentent alors un sentiment d’angoisse, de peur et d’anxiété. La présence de l’infirmière est donc au cœur de cet enjeu et peut les aider à diminuer ces sensations négatives. Il est alors très important que les soignants en soient conscients et, pour cela, les sensibiliser à la problématique. Le rôle de la sensibilisation du personnel est donc primordial. La revue de littérature réalisée par Happ (2001, p. 251) met en valeur l’importance que plus le soignant passe du temps avec le patient, plus cela aidera à faciliter l’interaction entre les deux. Les techniques d’AAC naturelles sont très répandues dans la communication avec les patients intubés. Si la gestuelle est la technique la plus fréquente, les gestes peuvent être parfois difficiles à interpréter. Les méthodes assistées, qui vont du crayon-papier à la prothèse vocale et les écrans tactiles, sont des instruments efficaces. Ils doivent cependant être ciblés aux besoins de la personne et à son état de santé, car cela demande des conditions particulières (mobilité, faible dose de sédation, stabilité hémodynamique, bon état cognitif, bonne vision etc.).

A la lumière de ces concepts, comme des résultats de recherche, nous avons essayé de cibler des pistes possibles pour encourager la mise en place de ces techniques dans des services de soins aigus. La communication est un élément essentiel dans la prise en soins, avec ou sans dispositif assistant la respiration. De plus, ces dernières années, il est de plus en plus courant de laisser éveillés les patients ventilés mécaniquement. Cela est mis en avant dans la revue de littérature réalisé par Baumgarten & Poulse (2015, pp. 205-206) : les récentes études montrent qu’une sédation faible est associée à une diminution des jours de ventilation invasive et cela est relié à une meilleure expérience de la période d’intubation de la part des patients. Des mesures supplémentaires et ciblées seraient ainsi pertinentes à mettre en place sur le terrain, afin de favoriser une prise en charge qui puisse satisfaire les patients et les soignants. Compte tenu de la spécificité des patients, on peut mettre en place des stratégies de communication adéquates. Des intervenants externes, comme les logopédistes, pourraient intervenir en donnant des formations spécifiques soit pour mettre en place des stratégies ciblées soit pour donner des conseils lors de difficultés plus importantes. Tout cela nécessiterait la sensibilisation du personnel soignant à la problématique. Enfin, il est important de favoriser la continuité des soins afin, dans la mesure du possible, d’établir une relation de communication plus approfondie pour permettre des échanges efficaces. En réponse à notre question de recherche, nous pouvons résumer de la manière suivante les propositions que nous suggérons :

-­‐ Encourager la mise en place des interventions d’AAC ciblées -­‐ Favoriser la collaboration interdisciplinaire, notamment avec le logopédiste -­‐ Développer la formation

La théorie du caring de Jean Watson (1998, pp. 28-38) a attiré notre attention sur quelques facteurs caratifs de sa théorie et sur les attitudes propres de l’infirmière et l’environnement des soins intensifs. Pour résumer en quelques mots son concept, la base de l’école du caring est le soin humain. Le concept de care ou caring, du latin caritas, est traduit en français comme prendre soin. Jean Watson veut que le professionnel de la santé réalise le soin infirmier dans la plus grande empathie avec la personne rencontrée, suivant son système de valeurs et de croyances. Pour cette raison le caring s'étend au-delà de l’acte

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thérapeutique, il comprend la capacité de s'occuper d'autrui et de lui porter attention et confort. La théorie de Watson met le patient, et non la technologie, au centre de la pratique infirmière. Elle souligne l'importance de l'aide psychologique, sociale et spirituelle dans le processus des soins. Les notions à la base de sa conception sont:

-­‐ L’empathie, c’est-à-dire la capacité d’expérimenter et de comprendre les perceptions -­‐ Les sentiments d’une autre personne -­‐ La chaleur humaine

En lien avec notre problématique, certains facteurs mettent en évidence des éléments pour favoriser une bonne communication, comme le huitième facteur caratif de la théorie qui est la création d’un environnement physique, socioculturel et spirituel de soutien, de protection et/ou de correction. Le rôle de l’infirmière est de favoriser ce milieu, celui d’un milieu favorable autant pour le patient que pour le soignant. Le cinquième facteur est la promotion et l’acceptation de l’expression de sentiments positifs et négatifs. Il est important que l’infirmière soit en accord avec elle-même et soit sereine pour effectuer des soins les plus propices à un patient qui peut avoir besoin d’une grande attention par moment. Ce facteur a retenu notre attention, car l’importance d’une expression des sentiments positifs et négatifs est fondamentale dans ce milieu, surtout lorsqu’il y a une barrière à la communication par la ventilation mécanique. L’état de santé d’une personne est très subjectif d’un patient à l’autre et l’hospitalisation aux soins intensifs peut être bien comme mal vécue. Le facteur sept aborde l’importance de l’intersubjectivité, c'est-à-dire « le fait de favoriser le développement intra-personnel et interpersonnel par l’apprentissage et l’enseignement, s’engager dans une expérience d’enseignement – apprentissage authentique qui s’attarde à l’union de l’être et de la signification, qui essaie de demeurer dans le cadre de référence de l’autre » comme mentionné dans le cours de M. Jeanguenat (la théorie du care [Présentation PowerPoint], 2013). Jean Watson accorde une grande importance à ce que le soigné puisse apprendre au soignant par rapport à la vision de sa pathologie. Même si le cadre des soins intensifs reste complexe, il est important d’essayer d’avoir un maximum d’informations sur le patient. Enfin, beaucoup d’éléments de la théorie de Jean Watson sont très pertinents à la pratique des infirmières aux soins intensifs, même si ce modèle peut parfois tendre vers un idéal. Il n’est pas toujours réaliste de l’appliquer à la lettre car en soins intensifs le temps est précieux et les soignants n’en n’ont parfois que peu pour chaque patient. De plus, chaque patient reste aux soins intensifs pour une courte période et une réelle relation ne peut s’établir souvent qu’après plusieurs jours. Mais le fait de dépasser le simple soin technique nous permet d’aller plus loin et d’ouvrir beaucoup de portes concernant la compréhension des attitudes et comportements de patients face à leur situation.

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CONCLUSION Ce travail de fin d’études nous a permis, même s’il est loin d’être exhaustif, de trouver des réponses à notre question de recherche. Nous avons pu relever des outils probants qui facilitent la communication entre les infirmières aux soins intensifs et les patients disposant d’une ventilation mécanique. A travers les articles lus et analysés, nous pouvons relever que la communication est une préoccupation tant relevée par les patients que par les soignants. Il est donc nécessaire de continuer les pratiques et la mise en place de stratégies pour pouvoir répondre à ce besoin le mieux possible. Par ce travail nous avons pu mettre en avant une problématique réelle qui, nous espérons, pourra amener à une réflexion dans le domaine de la pratique.

Les nombreuses lectures effectuées et analysées nous ont aussi permis de développer notre esprit critique du point de vue scientifique. Tout au long de ce travail, nous avons appris à travailler en binôme en effectuant une recherche la plus efficace possible. Ainsi, nous avons développé diverses compétences qui relèvent du rôle infirmier : l’autonomie, la gestion du temps, l’esprit d’équipe et l’auto-évaluation.

Nous avons vraiment eu du plaisir à réaliser ce travail sur une thématique qui nous tenait à cœur, mais aussi parce qu’on a adopté une philosophie de travail sereine et efficace. Cela nous a permis d’avancer selon des objectifs préétablis et de ne pas nous perdre dans le travail, le tout afin d’éviter des moments de stress et d’anxiété inutiles. Nous avons aussi rencontré des obstacles que nous avons toujours essayé de résoudre en équipe et de la manière la plus rationnelle possible. Ce fut le cas, par exemple, pour intégrer le cadre conceptuel qu’on avait pensé utiliser lors de l’analyse comparative des résultats. Nous nous sommes rendu compte que cela n’était plus pertinent. Nous avons alors discuté avec notre directrice du travail afin de trouver une solution et on a décidé d’utiliser le concept du caring de manière différente et non comme cadre conceptuel. En réalisant ce travail nous avons pu découvrir l’importance de la revue de littérature et de la recherche scientifique en soins infirmiers afin de mettre en valeur des données probantes qui favorisent l’évolution de notre pratique infirmière.

Nous sommes conscientes que les résultats que nous avons obtenus n’engendreront pas forcément des changements au niveau de la pratique notamment parce qu’il manque des données au niveau suisse. Nous espérons cependant que dans le futur, des recherches dans le contexte de notre problématique trouvent place au niveau de notre pays. Enfin, nous sommes convaincues de la possibilité de mettre en pratique au mieux ces résultats dans les services de soins intensifs dans les années à venir.

La compétence F34 du rôle d’apprenant-e et formateur ou formatrice de l’évaluation de stage de 3ième année Bachelor est moins développée lors de nos stages, mais par la réalisation de ce travail, nous avons pu mieux l’approfondir. Elle mentionne entre autres le fait de : « Maintenir et développer ses compétences professionnelles à travers une formation continue et soutenir la formation professionnelle pratique des étudiant-e-s, en s’appuyant sur des données scientifiques et pertinentes […] Identifier des problématiques, relatives à la pratique des soins, propices à des projets de développement et de recherche et partager sa connaissance des résultats de recherche de l’équipe » (HESSO, 2012, p. 5). En tant que futures infirmières, nous pourrons donner notre avis concernant les nombreuses recherches effectuées durant ce travail. Du moins, en toute modestie, nous espérons amener à faire émerger une certaine réflexion quant aux meilleures pratiques en lien avec la communication auprès des patients intubés aux soins intensifs.

                                                                                                                         34 Une des sept compétences de l’évaluation de stage de 3ième année Bachelor en soins infirmiers.

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ANNEXES GRILLE PERSONNALISÉE D’ANALYSE DES ARTICLES

Titre de l’article, auteur(s), date de publication, revue, type de document, base de données, descripteurs (mots-clés)

But de l’article

Pertinence de l’article

Question de recherche ou hypothèses des auteurs

Cadre de référence Modèle conceptuel en lien

Devis de recherche

Etudes ou résultats récents en lien

Méthode, échantillon

Considérations éthiques

Fidélité et validité des instrument(s) de collecte de données

Type(s) d’analyse utilisé(s) pour l’analyse des résultats

Résumé des résultats

Discussion, interprétation des résultats

Points forts et limites

Pertinence de leur recherche pour l’avancement de la science infirmière ?

Perspectives pour la pratique

Sources de références précisées avec suffisamment d’information dans le texte Liste de références adéquates

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LISTING DES 10 FACTEURS CARATIFS DE LA THÉORIE DE JEAN WATSON L’ouvrage original de Jean Watson de 1979 a été développé autour de dix facteurs caratifs constituant un cadre pour développer et mettre en place des actes de caring35 en soins infirmiers (Watson, 1998, pp. 28-38). Nous nous sommes basées sur certains des dix facteurs caratifs de la théorie de Jean Watson (Naoufal, 2015) pour approfondir une partie du chapitre discussion de notre travail. Les dix facteurs caratifs sont les suivants :

1. La formation d’un système de valeurs humanistes et altruistes 2. La croyance et l’espoir 3. La culture de la sensibilité 4. L’établissement d’une relation bienveillante, approuvée, secourable et humaine 5. La promotion et l’acceptation de l’expression des sentiments positifs et négatifs 6. L’utilisation systématique d’un processus créatif attentionné 7. La promotion de l’enseignement-apprentissage transpersonnel 8. Le développement d’un environnement favorable 9. L’assistance et la satisfaction des besoins humains 10. Le soutien aux forces existentielles et phénoménologiques-spirituelles

                                                                                                                         35 Caring traduit de l’anglais : prendre soin.

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EXEMPLES DE VOCAS36 : Personal Talker :

Repéré à http://www.communicationmatters.org.uk/page/single-message-vocas Dynamic Screen VOCAs:

Repéré à http://www.communicationmatters.org.uk/page/dynamic-screen-vocas Overlay VOCAs :

Repéré à http://www.communicationmatters.org.uk/page/overlay-vocas

                                                                                                                         36 Les trois exemples de VOCAs sont des high technologies.

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REVUE DE DIRECTION DU SMIA-CHUV 201437

                                                                                                                         37 Seules quatre pages du document Revue de direction (CHUV, 2014, pp. 1,5,7,8) sont retenues en raison de lors utilisation dans notre travail.

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