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À découvrir page 7 Journal de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France Octobre 2006 - Numéro 147 Compagnon du Devoir Dans ce numéro... C’EST LA RENTRÉE… Et voilà, les vacances tant attendues et bien méritées font déjà partie du passé. Elles ont pourtant apaisé bien des maux accumulés depuis une année, permis de se retrouver en famille ou entre amis, de manière plus calme et détendue, ou d’effectuer toutes ces petites choses que nous laissons de côté, parce que trop affairés dans un monde où avancer coûte que coûte et intensément est devenu le mode de vie imposé. Mais ces vacances nous ont permis de nous préparer à une nouvelle année, à une nouvelle rentrée. Eh ! oui, comme chaque année, le changement de ville de nos itinérants vient à cette période bouleverser nos habitudes. Nos Maisons se remplissent à nouveau et nous, Sédentaires, Mères, Dames-hôtesses, Maîtresses de maison, personnel de restau- ration et d’hébergement, allons découvrir et apprendre à connaître de nouveaux jeunes. Il en sera de même pour nos employeurs et le personnel d’encadrement dans les entreprises ainsi que pour tous ceux qui s’impliquent et donnent de leur temps à notre jeunesse. D’un point de vue plus administratif, changement de ville signifie nouveau contrat pour chaque jeune, ce qui contraint chaque service de notre Association à être toujours plus performant, dans des temps de plus en plus restreints. Le Collège des Métiers est en ébullition en cette période de rentrée, les problèmes rencontrés ça et là en matière de formation doivent être analysés et réglés avec célérité. Le placement de certains jeunes dans quelques métiers reste toujours très délicat, aussi la solidarité entre régions et entre métiers se doit-elle de fonctionner largement, afin que chaque itinérant puisse trouver travail et accueil. Si la rentrée apporte bouleversements, inquiétudes et une certaine agitation, elle est en revanche un temps de mise au point sur l’année écoulée et de réflexion sur l’avenir. Effectivement, ce moment privilégié est aussi la période de rencontres entre les membres du Conseil et les métiers, et entre les membres du Conseil et les Provinces. Ceci afin de préparer les actions que chacun veut mettre en œuvre pour répondre au mieux aux besoins de notre jeunesse et en mesurer les incidences budgétaires. Ces échanges sont des temps forts de partage où tous les sujets sont abordés. Ils permettent d’ajuster les décisions d’Assises avec les besoins ou les actions spécifiques à telle Province ou à tel métier, en ayant la vision concrète et réelle de la vie du Tour de France à ce moment. Ces échanges sont aussi des moments de grande convivialité, chaleureux d’où chacun ressort renforcé dans son engagement de servir Une consécration méritée C’est la rentrée…, par Dauphiné la Clef des Cœurs. ..................................................................................................................................................................1 Que du bonheur…, par Ile-de-France la Franchise du Devoir. ...............................................................................................................................................2 Au plaisir de lire. ...................................................................................................................................................................................................................................4 Un week-end unique, par Les Aspirants Couvreurs..................................................................................................................................................................5 Mosaïque – Du gris anthracite au gris perle, par Henri le Provençal. .............................................................................................................................6 Colzer, un véhicule prototype pour le Challenge SIA, par Bourguignon l’Ami du Trait.........................................................................................7 L’ardoise de Corrèze, par Lyonnais Cœur Joyeux .....................................................................................................................................................................9 Le Spectre des Jardins – L’art au jardin/le jardin comme art, par Pascale Grémont Gervaise..........................................................................11 Carnet du Tour de France . ............................................................................................................................................................................................................ 12 Une année au Canada, l’une des étapes de mon Tour de France, par Flamand. ................................................................................................. 14 La réalisation d’un maison contemporaine en Drôme provençale, par l’Humilité de Bollène. ...................................................................... 17 Les Maoris : à la découverte du peuple originaire de la Nouvelle-Zélande, en 10 paragraphes par Loïc le Provençal ................... 18 D es élèves ingénieurs, de jeunes itinérants et des sponsors dynamiques, un ensemble de qualités qui ne pouvait que déboucher sur une réussite, celle de Colzer , un véhicule prototype de très haut niveau. Éditorial Dauphiné la Clef des Cœurs À lire page 14 Une jeunesse reconnue Suite page 2 Q ue nos jeunes, de plus en plus attirés par l’étranger, franchissent nos frontières ne peut que réjouir le Compagnonnage mais qu’à travers les lignes de notre Journal, un itinérant au Canada lance un appel à d’autres itinérants pour son remplacement, voilà qui est prometteur.

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À découvrir page 7

Journal de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France

Octobre 2006 - Numéro 147

Compagnon du Devoir

Dans ce numéro...

C’est la rentrée…

Et voilà, les vacances tant attendues et bien méritées font déjà partie du passé. Elles ont pourtant apaisé bien des maux accumulés depuis une année, permis de se retrouver en famille ou entre amis, de manière plus calme et détendue, ou d’effectuer toutes ces petites choses que nous laissons de côté, parce que trop affairés dans un monde où avancer coûte que coûte et intensément est devenu le mode de vie imposé.

Mais ces vacances nous ont permis de nous préparer à une nouvelle année, à une nouvelle rentrée. Eh ! oui, comme chaque année, le changement de ville de nos itinérants vient à cette période bouleverser nos habitudes.

Nos Maisons se remplissent à nouveau et nous, Sédentaires, Mères, Dames-hôtesses, Maîtresses de maison, personnel de restau-ration et d’hébergement, allons découvrir et apprendre à connaître de nouveaux jeunes . Il en sera de même pour nos employeurs et le personnel d’encadrement dans les entreprises ainsi que pour tous ceux qui s’impliquent et donnent de leur temps à notre jeunesse.

D’un point de vue plus administratif, changement de ville signifie nouveau contrat pour chaque jeune, ce qui contraint chaque service de notre Association à être toujours plus performant, dans des temps de plus en plus restreints.

Le Collège des Métiers est en ébullition en cette période de rentrée, les problèmes rencontrés ça et là en matière de formation doivent être analysés et réglés avec célérité. Le placement de certains jeunes dans quelques métiers reste toujours très délicat, aussi la solidarité entre régions et entre métiers se doit-elle de fonctionner largement, afin que chaque itinérant puisse trouver travail et accueil.

Si la rentrée apporte bouleversements, inquiétudes et une certaine agitation, elle est en revanche un temps de mise au point sur l’année écoulée et de réf lexion sur l’avenir.

Effectivement, ce moment privilégié est aussi la période de rencontres entre les membres du Conseil et les métiers, et entre les membres du Conseil et les Provinces. Ceci afin de préparer les actions que chacun veut mettre en œuvre pour répondre au mieux aux besoins de notre jeunesse et en mesurer les incidences budgétaires.

Ces échanges sont des temps forts de partage où tous les sujets sont abordés. Ils permettent d’ajuster les décisions d’Assises avec les besoins ou les actions spécifiques à telle Province ou à tel métier, en ayant la vision concrète et réelle de la vie du Tour de France à ce moment.

Ces échanges sont aussi des moments de grande convivialité, chaleureux d’où chacun ressort renforcé dans son engagement de servir

Une consécration méritée

C’est la rentrée…, par Dauphiné la Clef des Cœurs...................................................................................................................................................................1Que du bonheur…, par Ile-de-France la Franchise du Devoir................................................................................................................................................2Au plaisir de lire....................................................................................................................................................................................................................................4Un week-end unique, par Les Aspirants Couvreurs...................................................................................................................................................................5Mosaïque – Du gris anthracite au gris perle, par Henri le Provençal..............................................................................................................................6Colzer, un véhicule prototype pour le Challenge SIA, par Bourguignon l’Ami du Trait..........................................................................................7L’ardoise de Corrèze, par Lyonnais Cœur Joyeux ......................................................................................................................................................................9Le Spectre des Jardins – L’art au jardin/le jardin comme art, par Pascale Grémont Gervaise...........................................................................11Carnet du Tour de France ............................................................................................................................................................................................................. 12Une année au Canada, l’une des étapes de mon Tour de France, par Flamand.................................................................................................. 14La réalisation d’un maison contemporaine en Drôme provençale, par l’Humilité de Bollène....................................................................... 17Les Maoris : à la découverte du peuple originaire de la Nouvelle-Zélande, en 10 paragraphes par Loïc le Provençal.................... 18

D es élèves ingénieurs, de jeunes itinérants et des sponsors dynamiques, un ensemble de qualités qui ne pouvait que déboucher sur une réussite, celle de Colzer, un véhicule prototype de très haut niveau.

ÉditorialDauphiné la Clef des Cœurs

À lire page 14

Une jeunesse reconnue

Suite page 2

Q ue nos jeunes, de plus en plus at t i rés par l’étranger, franchissent

nos frontières ne peut que réjouir le Compagnonnage mais qu’à travers les lignes de notre Journal, un itinérant au Canada lance un appel à d’autres itinérants pour son remplacement, voi là qui est prometteur.

Page 2: Compagnon du Devoir - Compagnons Du Devoir59c.free.fr/publication/journal/147octobre06.pdf · Nos Maisons se remplissent à nouveau et nous, Sédentaires, Mères, Dames-hôtesses,

compagnonnage et devenir du métieret de faire vivre notre Compagnonnage plus d’actualité que jamais, pour aider nos jeunes à réussir dans cette société déstabilisante car en pleine mutation.

Pour mettre en place toutes ces actions, il faut évidemment une gestion rigoureuse et des moyens conséquents. Notre souci majeur, actuellement, concerne notre taxe d’apprentissage pour l’année 2006. Il est pour nous difficile de maintenir notre niveau de taxe mobilisable pour le financement de nos C.F.A, d’autant que les dernières évolutions réglementaires et applicables en 2006 nous sont, à notre niveau de connaissance, aujourd’hui défavorables.

Ces perspectives nous obligent à freiner l’accroissement de notre action de formation par l’apprentissage. Or, rappelons-nous que cette formation constitue notre pépinière de recrutement pour le Tour de France et que c’est grâce à elle que nous pouvons former les hommes de métiers qui seront, dans quelques années, les forces vives de nos entreprises. C’est d’autant plus dommage que nous formons des jeunes pour des filières qui connaissent déjà une forte pénurie de main-d’œuvre. Paradoxe étonnant dans notre pays, comme le souligne notre Premier Conseiller en parlant « de métiers sans jeunes et de jeunes sans métier ».

La taxe d’apprentissage est pour nous un enjeu essentiel puisqu’elle représente environ 80 % du financement de notre action d’apprentissage. Si nous voulons conserver notre spécificité de formation, nous devons garder ce niveau de financement obtenu grâce à la confiance de nombreuses entreprises qui croient en la formation chez les Compagnons du Devoir. Nous ne pouvons que les en remercier en les assurant de notre motivation à continuer de répondre au mieux à leurs besoins de formation.

L a p r o c h a i n e c a m p a g n e d e t a x e d’apprentissage est là, toute proche. Aussi, je remercie chacun de prendre en compte l’ importance de verser ou de faire verser sa taxe d’apprentissage à l ’Association ouvrière des Compagnons du Devoir. Les sollicitations diverses sont nombreuses, parfois très orientées, voire mal orientées. Or, la loi laisse libre chaque entreprise de verser sa taxe d’apprentissage à l’organisme qui lui paraît le plus adapté à répondre à ses interrogations et à ses besoins présents et à venir en terme de formation de ses salariés actuels et futurs.

Chaque rentrée est une période intense qui nous oblige à nous remettre en question si nous voulons offrir à nos jeunes itinérants une expérience nouvelle, riche et pleine de découvertes dans nos Maisons et nos entreprises, mais aussi à l’extérieur par la diversité historique et géographique de la ville ou de la région qui les accueillera. Cette expérience nouvelle va leur permettre de vivre et de s’enrichir, le temps d’un passage, au contact d’hommes et de femmes qui eux savent déjà, de par leur vécu, qu’une vie se construit par la somme de ses expériences.

Aussi bon courage à tous, Sédentaires, employeurs, amis et personnel de notre Association, qui de près ou de loin participez à ce que chaque nouvelle rentrée apporte et continue d’apporter à notre jeunesse un attrait générateur de voyages. Il serait fort dommage que, faute d’avoir aujourd’hui su montrer l’ intérêt de former des jeunes au travers du voyage, beaucoup plus ne puissent en profiter.

luc allemandDauphiné la Clef des Cœurs

Conseiller à la Trésorerie

Que du bonheur…Ile-de-France la Franchise du Devoir

T ant pis pour l’introduction mais nous ne pouvons faire autrement que de commencer par le point

commun à toutes ces impressions de stage, l ’immense remerciement de tous pour l’accueil et la générosité du Compagnon Loïc Entwistle, Beauceron la Générosité, sédentaire en Allemagne depuis de nombreuses années, et de son épouse Moni.

« Une semaine de vrai pacha, mieux serait indécent », « un grand merci à Loïc et à sa famille sans qui, je pense, rien n’aurait été possible ». Chacun y va de sa formule de remerciement, toutes sincères et émouvantes.

Quelle folie en vérité que de vouloir organiser des stages pour des maréchaux-ferrants, jeunes et Anciens, dispersés aux quatre coins de l’Europe ! Et pourtant, c’est possible. Voici quelques réflexions jetées sur le papier par les participants.

˘

« Cette année, nous avons eu plutôt de la chance car nous nous sommes retrouvés deux fois une semaine, tous ensemble ou presque : la première en Lituanie et la seconde en Allemagne. Cela fait toujours autant de bien, ça revitalise, ça ravigote, c’est un réel bonheur que d’être ensemble.

Ce dernier stage portait sur l ’anatomie, la biomécanique, les aplombs, les résines et les silicones. Pour cela, nous avions un intervenant de choix, Hans Castelijns, un grand professionnel mais, surtout, un humain qui aime la vie et la simplicité, ce qui ajoute à la valeur du bonhomme.

Avec lui, nous apprenons quelque chose de nouveau toutes les deux minutes environ et, à la fin de la journée, nous sommes en possession d’informations précieuses et multiples. A la fin du stage, on en redemande !

Un outil podéquinométrique n’est pas un schmilblick mais le thème de la deuxième partie de notre stage. Cet outil, qui nous fut présenté par son inventeur Éric Alliot, sert à mesurer les vibrations et les fréquences subies par les pieds du cheval pendant sa locomotion. Son utilisation permet de rééquilibrer plus précisément les charges et les pressions exercées sur les membres.

Comme nous étions quasiment tous là, nous en avons profité pour faire un mini congrès.

Au programme : ■ Explication de l’Adoption avec les Compagnons

et Aspirants, Anciens et itinérants (à mon point de vue, le moment le plus fort de cette semaine) ;

■ Débat sur le devenir du métier ;■ Et, un point sur le parcours de chacun.

Nous avons également profité de la présence de tous pour corriger le travail d’Adoption du Pays André. Son travail portait sur l’emploi des nouvelles résines en maréchalerie, et la démonstration qu’il en fit sur un cheval aux pieds abîmés fut des plus intéressantes. C’est professionnellement et moralement enrichissant de prendre des leçons d’un stagiaire…

Bref, une semaine pleine de Compagnonnage, de formation, d’échange, d’évolution, de fraternité. Une semaine qui donne la pêche. Une semaine qui fait rêver aux prochaines rencontres. » (Picard Cœur Sincère, Correspondant des Compagnons Maréchaux-Ferrants du Devoir)

« Ce fut pour moi un vrai plaisir de rencontrer tous les maréchaux présents (Compagnons et Aspirants). Les Anciens nous ont raconté leurs voyages et leurs différentes expériences et je regrette de n’avoir pu profiter davantage de leur savoir. Notre formateur nous a fait part de ses connaissances qui me paraissent n’avoir pas de limites et, durant ces trois jours avec lui, j’ai appris et vu des choses fascinantes. Nous avons aussi discuté du devenir du métier et j’ai appris pas mal de choses sur la considération du maréchal-ferrant dans notre société. Enfin, j’ai passé de magnifiques moments de détente avec tout le monde. » (Richard, stagiaire à Muizon)

« En plus de pouvoir bénéficier d’un stage organisé à l’étranger, nous avons eu un intervenant vraiment à la hauteur de nos attentes. Nous avons abordé plusieurs sujets de base auxquels nous sommes quotidiennement confrontés et qui, pour un Aspirant comme pour un Compagnon, doivent sans cesse être revus puisque nous travaillons sur un être vivant et que rien ne peut être définitivement établi. Cette semaine de stage a rassemblé une petite famille et a permis de faire plus ample connaissance entre stagiaires, Aspirants et Compagnons. Ce fut

L’appareillage de la podéquinométrie

EDiToriAl (suiTE)

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un grand moment d’échange et de joie pour notre corporation. » (Forézien, itinérant en Allemagne) « Je tire un bilan plus que positif de ce stage, grâce notamment à la participation de Hans Castelijns, maréchal-ferrant et vétérinaire mondialement réputé. Ce fut pour nous l’occasion d’apprendre des techniques et des tours de main très intéressants. Mais mon meilleur souvenir restera le bien fou que cela fait de revoir tout le monde et ce moment de «magie» qui s’exerce dès la première seconde entre des itinérants et/ou des Anciens qui ne se sont pas vus depuis plusieurs années parfois, et qui se retrouvent comme s’ils s’étaient quittés la veille. Un sentiment de plaisir que je ne peux faire transpirer, hélas, par le biais de la plume... » (Toulousain Cœur Joyeux, actuellement en Irlande)

« Compte tenu de notre effectif, il nous est relativement facile de nous retrouver tous. Ces retrouvailles sont pour chacun de nous l’occasion de partager fraternellement beaucoup de choses. C’est ce qui fait notre force, notre union. Nous sommes comme des frères et nous pouvons, en cas de difficultés, nous serrer les coudes. Un soir, après le dîner dans le jardin, Loïc a eu l’idée de sortir l’enclume et la forge, histoire de forger à deux marteaux, des moments inoubliables entre joyeux lurons, à l’image de cette discussion entre stagiaires et Aspirants sur nos voyages passés et à venir, ou encore de cette matinée consacrée à l’explication de l’Adoption, très bénéfique pour tout le monde. La vie est ainsi faite de moments forts, enrichissants et nous nous sommes tous promis de renouveler ces temps de partage. » (Manceau, itinérant à Grenoble)

« Compagnon : celui qui partage son pain. Une définition du Compagnon qui n’est pas toujours une évidence et qui, pourtant, en fut une lors de ce stage en Allemagne où tous les maréchaux présents, jeunes ou moins jeunes, Compagnons ou non, ont su se retrouver simplement et partager ce moment. Tout cela afin de suivre l’évolution du métier et autant que possible en influencer le devenir. Les moments compagnonniques y furent également riches, rappelant notre appartenance à cette famille qu’est le Compagnonnage, nous qui sommes le plus souvent isolés, que nous soyons itinérants ou sédentaires. J’aurais particulièrement voulu remercier Hans pour ses compétences et son enthousiasme, Loïc et son épouse pour leur générosité, ainsi que tous ceux qui ont su partager leur pain, et sans lesquels ce beau moment n’aurait pu être. » (Périgord la Fidélité, sédentaire à Bergerac)

« Dans la semaine du 18 au 22 avril, toute la corporation des maréchaux-ferrants s’est retrouvée

pour un stage en Allemagne, près de Mainz. Des maréchaux de différents pays européens se sont rencontrés à cette occasion pour donner le meilleur stage possible : Hans Castelijns d’Italie, Joseph Lubeck d’Allemagne et le Compagnon Loïc. Cette semaine se termina en beauté le samedi où nous nous sommes rappelés les bons moments passés lors de ce stage. » (Écrit directement en français par Mecklenburg, itinérant allemand à Saint-Lô)

« Cela faisait quelque temps que nous n’avions eu un tel élan pour un stage d’itinérants ! En tant que jeune sédentaire, cela m’a permis de participer au stage annuel, de rencontrer les jeunes itinérants que je n’avais pas croisés depuis leur arrivée sur le Tour en septembre dernier et de retrouver les Aspirants chez qui j’ai apprécié une véritable envie

d’avancer. Un des points forts de cette semaine (et je n’en choisis qu’un tant ils ont été nombreux...) fut pour moi l’explication de l’Adoption, tous ensemble, Aspirants et Compagnons. Je pense que cela nous a tous fait du bien de nous remémorer certains points importants et utiles dans notre vie quotidienne, un bon moment de réflexion... Que dire de plus quand tout s’est si bien passé ! » ( Briard le Désir de Bien Faire, jeune sédentaire à Pau)

« Les repas étaient très bons et nous avons passé ensemble des moments très agréables, comme ces soirées où nous avons fait la fête et où nous avons beaucoup ri. Nous avons même forgé de nuit, chose que je n’avais jamais faite auparavant ! Les compétences de Hans m’ont beaucoup apporté, ses cours et ses connaissances étaient très intéressants. Ce stage s’est merveilleusement bien passé et j’en garde un très bon souvenir. » (Picard, itinérant en Allemagne et tout nouvellement Adopté)

« Très intéressant et très ouvert, Hans m’a fait comprendre pas mal de choses concerna nt l ’exa men des aplombs du cheval, car j’avais

certaines idées qui se sont révélées totalement fausses ! Ses explications ont été très faciles à comprendre (malgré des termes que je n’arrive pas toujours à distinguer les uns des autres) et, si l ’on n’avait pas compris, i l n’hésitait pas à recommencer ! Et puis les discussions que j’ai eues avec Ile-de-France et Vosgien m’ont fait comprendre bien des choses sur les méthodes de travail et les différences entre les régions, mais aussi sur le Compagnonnage et je les en remercie. À bientôt, j’espère. » (Antoine, stagiaire belge)

« Découvrir de nouvelles techniques et de nouveaux frères va de pair. Avec des objectifs de stage et des impératifs décidés en commun en début de semaine, nous avons tous passé des moments forts et merveilleux. Pour ma part et une fois de plus, ce moment d’échange sur les chevaux entre tous ces maréchaux m’a beaucoup plu. Et il y en eut bien d’autres. Avec ce programme, les intervenants présents, l’accueil, le cadre, vraiment tout y était pour passer une super semaine. C’est dans cette ambiance de chantier communautaire que l’on apprécie et que l’on se rend compte de l’importance des valeurs humaines. Sans celles-ci, rien ne se serait déroulé de la même manière. C’était génial. » (Vosgien Cœur Loyal, de retour de Turquie)

« Ce stage en Allemagne fut très intéressant et très instructif, l’accueil chaleureux et l’organisation parfaite. Nous avons fait la connaissance de Hans, un homme formidable qui nous a transmis une petite partie de son savoir. Des semaines comme celles-ci sont très enrichissantes à tous niveaux. Ce sont des occasions qui nous permettent aussi de nous retrouver tous pour partager de grands moments.

Nous avons également profité de la présence de tous pour corriger le travail d’Adoption du Pays André. Son travail portait sur l’emploi des nouvelles résines en maréchalerie, et la démonstration qu’il en fit sur un cheval aux pieds abîmés fut des plus intéressantes. C’est professionnellement et moralement enrichissant de prendre des leçons d’un stagiaire…

L’art du trait en maréchalerie !

Examen du cheval par Hans Castelijns

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Cela a vraiment été une semaine extraordinaire, je vous remercie tous du fond du cœur. » (Franc-Comtois, itinérant à Pont-l’Évêque)

« Nous avions au programme une brochette de sujets très pimentés, avec des intervenants passionnants. Le plus difficile fut incontestablement " l’interro " que Hans nous faisait tous les matins, histoire de nous remettre la tête à l’endroit après la courte nuit passée. Eh ! oui , nous sommes dispersés aux quatre coins de l’Europe, aussi, après une bonne journée d’étude, nos cœurs avaient besoin de se retrouver pour chanter nos souvenirs et nos projets d’avenir... Parmi ces bons moments, il y eut la correction d’un travail d’Adoption. L’accueil de ces jeunes qui, un jour, prendront la relève est toujours un grand moment. Ce stage nous a permis de découvrir mieux encore toute la force du Compagnonnage mais aussi de mieux nous connaître les uns et les autres et de réf léchir ensemble sur le devenir de notre métier. » (Ile-de-France la Générosité, maître de stage en Lituanie)

« La semaine que l’on a effectuée en Allemagne m’a permis de découvrir des produits nouveaux (silicone et résine Luwex) ainsi que leurs utilisations. Il y avait un maréchal-ferrant/vétérinaire hollandais, installé en Italie, qui nous a donné des cours théoriques et pratiques où j’ai beaucoup appris. Le déroulement de la semaine fut très agréable bien que le rythme en fut soutenu, mais avec des pauses-café régulières. J’ai rencontré deux sédentaires maréchaux Périgord et Loïc (je ne sais plus son nom de Province). J’attends avec impatience la prochaine semaine de stage car ce sont des moments

où l’on peut apprendre dans un cadre professionnel à la fois décontracté et convivial. » (Nantais, itinérant à Alençon)

« Réussir à rassembler presque tous les itinérants et Anciens dispersés à travers l’Europe était plus qu’un pari un peu fou : c’était un beau challenge. Mais vous savez bien que dès qu’il s’agit de nous retrouver et de passer un bon moment ensemble, les frontières n’existent plus pour notre petite équipe. La plus grande leçon de ce stage a été pour moi la générosité et l’accueil dont nous ont fait profiter Loïc et sa femme Mony. Loïc a même été jusqu’à

financer complètement ce stage en payant la prestation et le déplacement du formateur (il venait d’Italie…), l’hébergement et la restauration de toute l’équipe, soit une quinzaine de personnes ! Comment ? Avec les bénéfices de plusieurs stages de formation continue qu’il a organisés à cette intention avec des maréchaux-ferrants allemands. C’est simple, non ? Il suffisait d’y penser et… de s’y atteler. Chapeau bas ! » (Flamand la Constance, jeune sédentaire à Nantes)

« Comment obtenir un stage des plus excellents ? Dans un autre pays d’Europe (pour lui ajouter du corps), prenez un cadre à la fois joli et accueillant. Donnez-lui des installations adaptées et complètes. Peuplez-le d’hôtes sympathiques et de participants motivés autant que bons vivants. Placez au milieu d’eux un formateur des plus compétents avec une ouverture d’esprit et un caractère proches de ceux de l’équipe. Intégrez des objectifs de formation à la fois précis et flexibles, adaptés au quotidien (comme l’utilisation des nouveaux matériaux). Agrémentez le tout de soirées et de bons moments aussi riches que spontanés. Et vous obtiendrez le stage chez Loïc… » (Dauphiné, itinérant à Pont-l’Évêque)

˘

Qu’ajouter de plus ? Sinon qu’en écrivant seulement une dizaine de lignes, chacun a participé à la rédaction d ’un article qui, généralement, repose sur un seul, souvent le même d’ailleurs ! Que cette expérience en Allemagne se décline en une multitude d’autres expériences, dont celle de l’écriture qui fait si peur.

Voilà un stage de haut vol, comme en rêvent bien des maréchaux. Un stage qui permet de prendre la pleine

mesure des besoins de demain et qui nous conforte, une fois de plus, dans le choix de nos objectifs de formation : devenir compétent, bilingue et disponible.

Que du bonheur…

Jean MopinIle-de-France la Franchise du DevoirCompagnon Maréchal-Ferrant du DevoirResponsable de l’Institut de la Maréchalerie

Contrôle de la locomotion

Compte tenu de notre effectif, il nous est relativement facile de nous retrouver tous. Ces retrouvailles sont pour chacun de nous l’occasion de partager fraternellement beaucoup de choses. C’est ce qui fait notre force, notre union.

La pause-café

Au plaisir de lire

Les saveurs de Saint-Gall, un jardin potager médiéval

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Cet ouvrage est disponible à la Librairie du Compagnonnage, 2 rue de Brosse, 75004 Paris.

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compagnonsdécouverte d’un métier

Un week-end uniqueTreize itinérants couvreurs motivés, un Ancien passionné, tels furent les ingrédients d’un week-end réussi et plein d’enseignements. Ainsi, début avril, arrivaient à Bourges, venus de Dijon, Cepoy et Nantes, quelques Coteries curieux d’apprendre les bases de la réalisation d’une couverture en chaume. Voici un aperçu de ce qui leur fut enseigné.

Les Aspirants Couvreurs

D ifférentes exigences entrent dans la réalisation d’une toiture en chaume, dont la technique de

pose est vraiment à part dans notre métier. Il faut avant tout savoir que peuvent être utilisés pour celle-ci le roseau, la paille de blé ou la paille de seigle, cette dernière étant souvent préférée pour sa souplesse et sa facilité d’emploi. Mais il faut aussi que la pente minimum du toit soit de 45°, sachant que les combles plus pentus offrent une plus grande longévité au chaume. Le poids de la couverture doit être de l’ordre de quarante kilogrammes au mètre carré pour les roseaux, pour une épaisseur de vingt-cinq centimètres, le poids diminuant avec les années.

Les bottes reposeront sur des liteaux généralement en bois mais qui peuvent aussi être métalliques. Ces liteaux seront espacés au maximum de trente-cinq centimètres, le premier intervalle et le dernier étant divisés par un liteau supplémentaire. Une chanlatte délimite la périphérie du versant. Selon la méthode de pose, les attaches seront constituées de barres de fer galvanisé de cinq millimètres de diamètre et de liens de fil de fer galvanisé d’une section courante de 13/10e. Ces derniers peuvent être remplacés par des fils de cuivre de 10/10e ou d’inox de 6/10e de millimètre.

Mise en œuvre

Il existe deux mises en œuvre possibles du chaume : la technique de pose horizontale et la technique de pose verticale.

1. La technique de pose horizontale consiste à procéder par progression horizontale, du bas vers le haut. En premier lieu, le chaumier sélectionne les bottes selon leur longueur, puis la première botte est attachée provisoirement au premier liteau, une deuxième est posée, de façon identique, à côté de la première, et attachée au même liteau. La progression se fait sur une première bande horizontale. Une tige, d’acier galvanisé ou comparable, vient ensuite se placer horizontalement et servira à presser définitivement le roseau par des attaches fixées au liteau.

La première rangée de bottes posée forme le talon. La deuxième rangée sera fixée de la même manière sur le deuxième liteau. L’avancement du chaumier, à genoux sur l’ouvrage, se fera en progressant sur le rang précédent. La progression se fait ainsi par travée horizontale jusqu’à la ligne de faîtage.

2. La technique de pose verticale consiste, comme son nom l’indique, à procéder par progression verticale, du bas vers le haut. Le démarrage se fait par alignement de trois ou quatre bottes, les pieds disposés de façon à former l’égout. Chaque botte est fixée. Puis trois ou quatre bottes sont superposées sur les premières en les inclinant de manière à

former le début de la pente du toit. L’avancement se fait par travée verticale de quarante-cinq à soixante centimètres de large.

Critère de fixation

Chaque couche de roseau est reliée au liteau par des attaches qui ne sont jamais apparentes sur le toit. Elles se trouvent recouvertes par le pied de la couche suivante. Un minimum de quinze attaches sera nécessaire au mètre carré, trois attaches sur une hauteur de un mètre et cinq sur une largeur de un mètre. La longévité de la couverture dépendra du serrage, du nombre, de la disposition des attaches mais également de leur recouvrement. Ce dernier doit représenter une fourchette de quarante-cinq à cinquante-cinq pour cent de l’épaisseur totale de la couverture. Dans tous les cas, il ne peut être inférieur à trente pour cent de l’épaisseur totale de la couverture qui doit être, une fois terminée, de vingt-sept centimètres minimum à l’égout et de vingt-trois centimètres au faîtage.

Ouvrage particulier

L’égout sera réalisé avec des bottes courtes et serrées les unes contre les autres, sans les étaler, ce qui donnera approximativement l’épaisseur de départ. Le faîtage, pour un souci d’étanchéité, sera réalisé

soit à l’aide d’une bande de plomb, d’un profil en métal façonné, d’une tuile faîtière ou bien encore d’un feutre bitumé ou similaire. L’arêtier sera réalisé à l’aide des roseaux les plus droits pour un meilleur résultat esthétique. La noue sera composée des plus longs roseaux et son épaisseur sera supérieure à trente-cinq centimètres. La rive nécessitera un doublage des attaches.

aCe week-end fut vraiment une expérience enrichissante qui motiva les Coteries présents à la découverte, pour presque tous, de cette infime partie de notre métier, méconnue mais très intéressante. Nous garderons tous un excellent souvenir de ce bref passage à Bourges où nous avons bénéficié, en plus d’une météo favorable, d’un accueil princier. Tous ces facteurs nous invitent à retourner dans cette ville et à vous faire part des possibilités qui s’offrent à vous dans la région berrichonne.

Les Aspirants itinérants Couvreurs du Devoir Paul-emmanuel Dupasquier, Savoyard, Jean-stéphane Huot, Champagne, Mathieu Jérôme, Champagne, Benjamin Martin, Angevin, aurélien Peltier, Angevin, Benjamin de saint-riquier, Artésien.

Il existe deux mises en œuvre possibles du chaume : la technique de pose horizontale et la technique de pose verticale.

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compagnonnage et réflexion

MosaïqueDu gris anthracite au gris perle

Henri le Provençal

L es inondations, plus fréquentes ces dernières années en Europe, nous ont sensibilisés à la couleur du ciel, même

dans nos régions ensoleillées du Midi.

Nous attachons désormais plus d’importance aux prévisions de la météorologie, autant qu’à l’épaisseur des nuages couleur de plomb, même si leur venue est précédée par ces rouleaux argentés qui illuminent nos villes et nos villages avant de les assombrir.

Lorsque la grisaille s’installe en Provence, nous savons que c’est de la pluie pour nos voisins des Hautes-Alpes ou du Massif Central. Ce gris perle velouté n’est pour nous qu’un message à leur intention.

Pour nous, Méridionaux, qui souvent espérons la pluie pour rafraîchir nos campagnes et sécuriser nos pinèdes contre les incendies, un ciel moutonné est plutôt rassurant surtout lorsque la sécheresse se précise avec la chaleur de l’été. Cependant, un ciel d’orage nous inquiète d’autant plus qu’il est chargé de grosses masses sombres avançant avec un roulement de tonnerre dont l’amplitude progressive s’accorde avec l’obscurité.

Ces variations climatiques brutales ressemblent à nos itinéraires humains vécus au fil des ans depuis l’enfance, l’adolescence, de la jeunesse à l’âge adulte et même tout au long de la vieillesse.

Les Anciens, étant plus habitués à ces tracasseries, restent sous l’emprise de ces variations non plus

climatiques mais vécues dans nos rapports humains, sans doute parce que plus sensibles aux événements locaux, nationaux ou mondiaux, autre forme de bulletins météorologiques que les informations se chargent d’annoncer pour colorer nos journées de joie ou d’inquiétude.

Nous découvrons alors autour de nous ces grises mines sans soleil et sans sourire parce que les conflits sociaux ou politiques, les épidémies ou les drames vécus au niveau planétaire les préoccupent. A chaque âge, ces ressentiments nous façonnent suivant le caractère de chacun. Je revois cet enfant au regard inquiet depuis que son papa est au chômage et sa maman hospitalisée, cet adolescent muré dans le silence parce que le couple parental se disloque et qu’il doit protéger ses deux frère et sœur, plus petits, ce contremaître sur le chantier qui semble changer de caractère, devient plus soucieux et parfois agressif, ne supportant plus ses hommes ni son supérieur parce qu’il vient de découvrir l’inconduite de son fils aîné qui se drogue et l’inconséquence de sa fille plus jeune qui, au collège, décroche et, de plus, fume un paquet de cigarettes par jour. D’autres ont des problèmes de santé, d’avenir ou d’éducation. Personne n’est à l’abri du gros temps, suite à un accident ou aux « infos » de vingt heures.

J’ai beaucoup appris des jeunes en difficulté, des loubards ou des handicapés qui ont vu leur ciel changer, noircir leur cœur et assombrir leur visage, incapables d’exprimer leur douleur autrement que par des conduites à risques, voire suicidaires.

Sans être psychologue, cela se voit aussi parfois chez nous, à table surtout, où le pain partagé peut être joie profonde ou simplement vécu sans aucun message d’amitié véritable. Certains portent en eux subitement de lourdes peines qu’ils ne peuvent gommer de leur vie quotidienne. Ambiance d’atelier ou de corporation où chacun a sa part de responsabilité, de soucis plus ou moins communicables.

Il en est ainsi de nos communautés qui peuvent alléger ou alourdir l’itinéraire intérieur de chacun. Ainsi dira-t-on qu’il y a une bonne ambiance ou un mauvais climat, une lourde atmosphère. C’est dire l’importance de la couleur du temps ! « Quel temps fait-il chez vous ? », « Comment va la santé ? », « Êtes-vous bien compris, êtes-vous accepté ? », « Mais, vous, qu’avez-vous fait pour vous rendre agréable ? Êtes-vous ce Mistral qui chasse les nuages ou votre regard sombre pèse-t-il sur tous les autres qui pensent en vous voyant : “ Faudra pas l’énerver si l’on veut éviter que l’orage n’éclate, comme c’est déjà arrivé... faudra le ménager. ’’ »

Puissiez-vous redonner à tous courage et bonne humeur. Un sourire en partage, un peu comme un soleil au-delà des nuages, cela change tout et apporte du bonheur en balayant le ciel de toutes nos grisailles.

Henri lorenziHenri le ProvençalCompagnon Menuisier du Devoir

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compagnonspartenariat

Colzer, un véhicule prototype pour le Challenge SIA

Bourguignon l’Ami du Trait

L e Challenge SIA est organisé par la Société des Ingénieurs de l’Automobile depuis 2001. C’est une rencontre qui a pour

objectif « de sensibiliser les jeunes à la compétition automobile au travers de la réalisation d’une barquette deux places ». Cette compétition s’adresse aux élèves ingénieurs, étudiants, techniciens et futurs professionnels de l’automobile qui vont participer à une course de trophée étudiants sur le circuit Jean Bugatti (circuit des vingt-quatre heures du Mans), récompensée par les prix suivants :

■ Prix de la sécurité■ Prix des énergies nouvelles■ Prix de la communication■ Prix de l’esthétique

En 2006, aidée de sponsors dynamiques, l’Ecole Centrale de Lyon en partenariat avec les Compagnons du Devoir gagnait le 1er prix du Challenge SIA 2006.

L’objectif étant de promouvoir l’ingénierie dans le domaine du sport automobile, le projet de faire participer les jeunes Itinérants me tenait à cœur car, d’une part, il me permettait de leur démontrer que l’artisanat est toujours très présent dans le domaine du sport auto et, d’autre part, il allait montrer à nos Anciens que nous sommes encore capables de travailler avec d’autres écoles.

Les élèves ingénieurs de l ’Ecole Centra le d’Ecully (Lyon) et les itinérants de la Maison des Compagnons du Devoir de Lyon-Vaise allaient de concert s’atteler à la réalisation d’un véhicule prototype, baptisé « Colzer ». J’en profite d’ailleurs pour remercier les maîtres de métier des corps de métiers concernés par cette réalisation (plâtriers, carrossiers, chaudronniers), notamment pour leur coopération lors de la mise en route de la fabrication des organes principaux du véhicule au sein de nos ateliers de l’avenue Sidoine Apollinaire.

Colzer est un véhicule de type sport proto à motorisation, de petite cylindrée, écolo-gique, devant rouler le plus rapidement, le plus loin, le plus légèrement, le plus régulièrement et le plus silencieusement possible, avec 10 litres de carburant, lequel est en fait de l’huile estérifiée de colza, un biocarburant avec comme additif du méthanol qui est réchauffé et injecté dans un moteur standard H.D.I.

Le châssis de Colzer est étonnement triangulé, ce qui ne nous a pas facilité la tâche, les piquages des tubes étant complexes et la remise en ligne difficile. Notre Béninois a donc dû prendre patiemment les choses en main. Le cintrage des tubes d’arceau

devant se faire à froid car les caractéristiques mécaniques de l ’acier 25 CD 4 ne permettent aucune affection thermique, le métal d’apport avait été préconisé par les sociétés de soudage.

Lancement de la fabrication

L’AOCDTF s’engageait à assurer l ’étude et la réalisation de la carrosserie ainsi que la réalisation du châssis, de même qu’à appliquer la peinture métallisée nacrée vernie avec impression des logos des sponsors par aérographe.

Colzer est un véhicule de type sport proto à motorisation, de petite cylindrée, écologique, devant rouler le plus rapidement, le plus loin, le plus légèrement, le plus régulièrement et le plus silencieusement possible, avec 10 litres de carburant.

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En novembre 2005, avait lieu le lancement de la fabrication de la carrosserie. Le processus de fabrication venant d’être achevé, les motivations étaient à bloc. Voici le découpage des tâches : ■ Montage de la plate-forme de travail■ Montage des repères tridimensionnels en tôle

d’acier■ Découpe des sections ■ Encollage de celles-ci■ Enduit total en plâtre par le corps de métier des

plâtriers■ Finition en apprêt polyester■ Application des agents démoulant■ Moulage des différents modules du moule et de

la carrosserie■ Finition peinture

L’EPSA (association d’étudiants au sein de l’Ecole Centrale) est organisée comme une écurie de sport auto, avec un objectif précis : la fabrication chaque année d’un véhicule, avec une augmentation de 30 % des performances ISO Budget. Son rôle allait consister en l’étude du châssis et l’intégration mécanique.

Durée

Cette réalisation allait s’étaler en temps réel pour l ’AOCDTF sur douze mois dont cinq d’étude numérique et sept de fabrication et pour l’EPSA (Ecole Centrale) sur dix-huit mois dont onze d’étude numérique, de prospection, de recherche de sponsors et de mise en place de l’organisation de l’Ecurie et sept de fabrication (intégration moteur et liaison au sol).

Budget

Le coût total de cette opération s’élève à 20 000 euros, prix du moteur exclu. Ce projet fut totalement financé par l’EPSA, via le sponsoring et les aides allouées à l’Ecole Centrale d’Écully, ainsi que par la Région Rhône-Alpes.

Historique

Depuis la création du Challenge SIA il y a cinq ans, cinq véhicules réalisés par l’Ecole Centrale aidée des Compagnons du Devoir furent présents au concours. Voici l’implication des Compagnons dans ces cinq véhicules :

2002 - Winttim. Véhicule réalisé en seulement trois mois ; premiers contacts avec le Compagnon Péronneau (maître de stage chaudronnier de l’époque) qui réalisa une soudure pour le branchement de l’échappement. Ce véhicule à dimensions imposantes ne fut pas testé avant la course, il n’avait en guise de carrosserie qu’un « cache-sexe » à l’avant du châssis.

2003 - twistee. Deuxième opus, cette réalisation marqua un tournant sur l’ampleur du partenariat des Compagnons du Devoir : cintrage des arceaux grâce aux plombiers de la Maison de Saint-Étienne et fabrication de la carrosserie avec le Compagnon Richardier (maître de stage carrossier de l’époque). Ce véhicule fut fabriqué en six mois et récompensé pour le travail d’ergonomie dont il fut l’objet.

2004 - razza. J’avoue qu’il faut remercier les itinérants carrossiers de l’époque pour la réalisation de sa carrosserie ainsi que le corps de métier des Compagnons Plâtriers du Devoir et le Compagnon Doucin (maître de stage de l’époque) pour la fabrication du châssis treillis. Ce véhicule était motorisé par un 900 cm3 provenant d’une moto et les pneumatiques étaient en 13 pouces.

2005 - Prazeo. Fabrication du châssis par le Compagnon Doucin (maître de stage chaudronnier de l’époque). La conception du châssis fut améliorée

mais le surdimensionnement des sections des tubes créait une surcharge pondérale de celui-ci. Ce véhicule ne fut malheureusement jamais terminé.

2006 – Colzer. Fabrication du châssis par le Compagnon Antindéhou (maître de stage chaudronnier actuel). Étude et fabrication de la carrosserie par votre serviteur avec le concours du corps de métier des Compagnons Plâtriers et de certains apprentis et itinérants carrossiers.

En définitive, l ’avenir de ces projets semble prometteur, ils sont issus du travail de la jeunesse, sans laquelle aucun d’eux n’aurait abouti.

Pour terminer, je tiens à remercier le corps de métier des Compagnons Plâtriers du Devoir, mes chers apprentis carrossiers 1ère et 2ème années, les Pays et Coteries de notre ville de Lyon ainsi que les Centraliens pour leur courage et leur détermination.

Cédric Kohler Bourguignon l’Ami du Trait Compagnon Carrossier du Devoir

L’AOCDTF s’engageait à assurer l’étude et la réalisation de la carrosserie ainsi que la réalisation du châssis, de même qu’à appliquer la peinture métallisée nacrée vernie avec impression des logos des sponsors par aérographe.

Caractéristiques du véhicule

Moteur : 1,4 l H.D.I. P.S.A. en position centrale arrière, alimenté en bio carburantFreins : 4 freins à disque (ventilés à l’avant)Transmission : roues arrières motrices Pneumatiques : Dunlop Racing 195×50 R15Empattement×voie : 2400×1795Longueur × Largeur × Hauteur : 4250×1990×1090 (à l’arceau)Châssis : Treillis tubulaire en 25 CD 4Carrosserie : polyester stratifié (capot moteur amovible)Performances : N.C.

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compagnonsétude de matériau

L’ardoise de CorrèzeLyonnais Cœur Joyeux

G rande première pour notre bonne ville de Périgueux, un stage consacré à l ’ardoise de Corrèze va commencer.

Nous sommes six : quatre itinérants, le maître de stage et un Ancien qui connaît bien le sujet.

Un peu de théorie, histoire de nous mettre en jambes, puis nous passons à la pratique.

Les ardoises de Corrèze ayant par définition des dimensions très différentes, à la fois dans leur longueur et dans leur largeur, la première chose à faire est d’effectuer un tri afin de les rassembler par taille, de la plus courte à la plus longue, sachant que les longueurs grimpent de 2 cm en 2 cm. Elles portent d’ailleurs des numéros, en fonction de leur longueur, qui servent à mieux les repérer. Ce tri est très important et doit être fait avec soin dès le début du chantier, car il permet de déterminer le nombre de rangs qui pourra être réalisé avec les ardoises portant le même numéro.

Bien sûr, pendant ce stage, nous travaillons sur des maquettes. Nous nous sommes rassemblés par groupes de deux afin de faire un travail d’équipe. Dès le tri effectué, chaque groupe pose une première ardoise sur sa maquette. La bonne entente règne sur le chantier ainsi qu’une bonne coordination. La pose de cette ardoise se calcule par rapport à ce que l’on appelle le « trou du clou ». Il faut également savoir que le recouvrement minimum de l’ardoise sera fonction de la pente du toit. Ainsi, pour une pente inférieure à 50°, il faut un minimum de 4 cm de recouvrement en dessous du trou alors que pour une pente supérieure à 50° un recouvrement de 3 cm par rapport au trou est suffisant.

N o u s a p p r e n o n s également que, du fait de leurs longueurs d i f férentes , les p u r e a u x v o n t décroissants, de l ’égout au faîtage. et que la pose est dite « à liaison brouillée », en raison des largeurs inégales des ardoises.

Le travail est maintenant c o m m e n c é e t n o u s veillons à conserver un recouvrement latéral m i n i ma l de 2 à 3 cm. Les ardoises sont fixées par 1 ou 2 clous, la plupart d ’e n t r e e l l e s s o n t

percées d’un trou, en leur milieu, situé à 2 ou 3 cm de la tête de l ’ardoise. Les plus grandes comportent 2 trous ou parfois 2 encoches sur les côtés. Les clous utilisés sont en acier clair, galvanisé, inoxydable ou en cuivre, et d’une longueur de 40 à 70 mm selon l’épaisseur des ardoises.

La pose proprement dite des ardoises s’ef fectue par rangs horizontaux. Chaque rang sera préalablement tracé à l ’aide d’un cordeau ocré. Il faut signaler que l’ardoise de Corrèze est un matériau difficile à tailler du fait de sa dureté.

Ayant bien avancé dans la réalisation de nos maquettes, nous partons visiter en milieu de semaine un chantier de couverture en ardoises de Corrèze ainsi que les carrières de Travassac. Cela nous permet d ’acquérir une meil leure compréhension des racines de notre métier. Arrivés aux carrières, un employé se met à notre

disposition et nous explique la création d’une ardoise de Corrèze. Nous sommes subjugués

par son côté à la fois simple et compliqué.

Je m’explique, les différentes étapes de sa création semblent simples, en apparence

accessibles à tous, mais dès que l’on entre un peu plus dans le détail, tout

se complique.

Les ardoises de Corrèze ayant par définition des dimensions très différentes, à la fois dans leur longueur et dans leur largeur, la première chose à faire est d’effectuer un tri afin de les rassembler par taille, de la plus courte à la plus longue.

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à propos de….

Extraite de carrières de schiste gris bleuté, l’ardoise de Corrèze provient principalement d’Allassac et de Travassac, en Corrèze, mais aussi de Villac, en Dordogne. Active il y a quelques décennies encore, son exploitation s’est quelque peu tarie, la menaçant à terme de disparition (comme la lauze). Conscients du problème et soucieux de préserver le patrimoine couverture de toute une région, les pouvoirs publics, aidés de chefs d’entreprises, essaient de relancer quelques ardoisières en Corrèze.

Tout commence par le forage et le percement des sols afin d’y introduire un explosif. On obtient ainsi des blocs qui seront traités dans les ateliers. Ils seront débités en « repartons » (plaques d’ardoise) à l’aide d’un burin et d’un marteau. Il faut alors à l’ouvrier beaucoup de sensibilité sonore pour fendre ce matériau.

Puis les repartons seront refendus jusqu’à ce que des plaques, plus ou moins grandes mais de l ’épaisseur d’une ardoise, se détachent. Cette partie du travail s’appelle le clivage. Ces plaques seront ensuite retaillées, sous la forme d’un carré ou sous celle des tuiles d’Auvergne (c’est-à-dire en ogive). Elles seront enfin percées en leur milieu dans leur hauteur ou entaillées sur les côtés de manière à pouvoir être fixées.

Vous imaginez bien que toutes ces étapes prennent du temps et demandent de la patience et de la dextérité à celui qui fabrique ces ardoises. Mais la récompense sera de les voir continuer leur vie sur un beau toit de la région de Corrèze, après qu’elles aient été stockées sur des palettes.

De retour, nous retrouvons nos maquettes et les terminons sous l’œil vigilant de l’Ancien puis nous faisons un bilan du stage. Positif dans l’ensemble, il nous apparaît que nous en sortons grandis, avec une forte envie de travailler de nouveau l’ardoise de Corrèze mais aussi toutes ces autres ardoises, hors du commun, que sont celles de Bretagne ou des Pyrénées, et sans doute y en a-t-il bien d’autres…

Alors, Coteries, vite à vos changements de ville. Demandez Périgueux, vous ferez ainsi ce même stage et en serez ravis. Il est d’une rare intensité et permet de travailler manuellement, en « s’éclatant ».

David GauthierLyonnais Cœur JoyeuxCompagnon Couvreur du Devoir

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compagnonsexposition

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Le Spectre des JardinsL’art au jardin / le jardin comme artExposition dans le parc et le château de Coubertin d’un groupe d’artistes contemporains13 septembre – 12 novembre 2006

O rganiser en quelque sorte la rencontre de l’esprit et de la main » est l’un des

objectifs inscrits dans les statuts de la Fondation de Coubertin par Yvonne de Coubert in et Jean Bernard, ses deux fondateurs. L’exposition, très originale, que Coubertin accueille cet automne va tout à fait dans ce sens.

Depuis 1986, la Fondation de Coubertin s’ouvre chaque automne au publ ic , à l ’occasion d ’une exposition de sculpture. Le Spectre des Jardins est donc la vingtième exposit ion. Mais cette année, c’est le domaine de Coubertin qui devient lieu d’inspiration pour les artistes. La Fondation est heureuse d’accueillir ainsi dix-huit artistes français et étrangers, auxquels Ars & Locus Institut a fait appel pour Le Spectre des Jardins.

Les premiers contacts furent pris dès 2004 par les organisateurs auprès de Jean-Paul Jusselme, directeur général de la Fondation de Coubertin, qui se montra tout de suite intéressé. En 2005, il fut convenu que cette exposition serait notre exposition annuelle 2006 et pourrait bénéficier, à ce titre, du soutien de la Direction régionale des Affaires Culturel les d ’Ile-de-France ainsi que de celui du Conseil Général des Yvelines.

Ars & Locus Institut , groupe d’étude constitué sous le patronage de l ’École des hautes études en sciences sociales, à l ’ initiative de Jacques Leenhardt, a chargé Yves Abrioux du commissariat de l’exposition. Jungwook Park, directeur d’Ars & Locus, prenait quant à lui les contacts nécessaires pour assurer la participation de deux artistes coréens. Avec lui, ce seront donc trois coréens qui seront présents alors que l’on célèbre cette année le cent-vingtième anniversaire des relations diplomatiques entre la Corée et la France.

Le thème d’exposition retenu cette année (l’art et le jardin) est un renouvellement, sous une forme très contemporaine, d’une tradition enracinée à la Fondation de Coubertin presque depuis ses origines. Jean Bernard a très vite souhaité que

la sculpture y soit mise en valeur en plein air. Il confia en 1979 à l’architecte Robert Auzelle la conception et la réalisation d’un « Jardin des bronzes ». Ce lieu aménagé en contrebas du château est un espace de verdure, d’eau et de rochers qui s’organise autour d’un axe liquide, un petit canal qui descend, tel un escalier d’eau, vers la galerie d’exposition. Des bronzes de Bernard, Bourdelle, Fenosa, Gargallo, Hajdu en sont, depuis 1982, les hôtes privilégiés.

Des sculptures ont aussi été installées le long de la grande allée d’accès et sur la pelouse derrière le château. On y voit ainsi, entre autres, des œuvres de Marta Pan, Karel, Jean Cardot…

Les artistes invités sont venus à Coubertin et ont préparé leurs inter vent ions en fonct ion du lieu, sauf deux coréens qui ont travaillé d’après des photographies de Jungwook Park. Leurs travaux seront des installations éphémères à travers le domaine, accompagnées de documents graphiques, de photographies, de peintures qui seront présentés dans la galerie, dans l ’orangerie ainsi que dans deu x s a l le s du château . Un hommage particulier sera rendu à un artiste anglais disparu cette année, Ian Hamilton Finlay.

Yves Abrioux, le commissaire du Spectre des Jardins, explique que sur le principe fédérateur du jardin, les artistes invités ont eu toute liberté d’inspiration et de présentation de leur œuvre. Il précisait ainsi leur démarche : « Présence concrète ou virtuelle, la nature, familière et dif fuse, représente pour l’artiste une source d’ inspiration et une présence permanente comme celle d’un spectre. L’exposition cherche également à présenter l ’analyse spectrale de la poésie des jardins. Chaque ar ti ste en délivre un élément, le visiteur la recompose à sa guise ».

C’est à ce parcours de découverte que nous vous convions cet autome, à Coubertin.

Pascale Grémont GervaiseConservateur des Collections de la Fondation de Coubertin

« Organiser en quelque sorte la rencontre de l’esprit et de la main » est l’un des objectifs inscrits dans les statuts de la Fondation de Coubertin.

Informations pratiques

Lieu : Domaine de Coubertin, 78 470 Saint-Rémy-lès-ChevreuseJours et heures d’ouverture : Du mercredi au dimanche inclus, de 14 à 18 heuresL’exposition sera ouverte les 1er et 11 novembre et se terminera le dimanche 12 novembre à 18 heures.Contact : Pascale Grémont Gervaise - Tél. 01 30 85 69 89 - Fax : 01 30 85 69 99 Mail : [email protected]

Coubertin en automne

Sculpture de Marta Pan

«

Photos : Eric Emo, Jacques de Givry

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ADOPTIONS

1�

compagnonscarnet

Paris, le 2 juillet 2005Julie.Miossec,.dite.Bretonne,.Cordonnier.

Bordeaux, le 25 février 2006Florian.Berje,.Toulousain,.Plombier,Adrien.Bresolin,.Montauban,.Plombier,Brice.Mauduit,.dit.Tourangeau,.Menuisier,Guilhem.Robin,.Languedoc,.Charpentier.

Budapest, le 11 mars 2006Virgile.Gros,.dit.Vosgien,.Mécanicien-Outilleur.

Epône, le 20 mai 2006Pauline.André,.Bretonne,.Peintre,Xavier.Bregeot,.dit.Alsacien,.Serrurier.

Paris, le 20 mai 2006Benjamin.Habryka,.dit.Lorrain,.Tailleur.de.Pierre,Linda.Meyer,.dite.Bourguignonne,.Menuisier.

Tours Littré, le 20 mai 2006Michel.Etienne.Bertin,.dit.Périgord,.Tailleur.de.Pierre,Baptiste.Brigot,.Beauceron,.Charpentier,Arnaud.Giuliani,.dit.Solognot,.Mécanicien,Christophe.Marchand,.dit.Toulousain,.Chaudronnier,Jérémie.Vivier,.dit.Poitevin,.Menuisier.

Nantes, le 10 juin 2006Hyacinthe.Barbier,.dit.Nantais,.Ebéniste,Sylvain.Bidault,.dit.Angevin,.Serrurier.Métallier,Jan.Ludwig,.Rheinlander,.Plâtrier,Jérémie.Marchand,.dit.Vendôme,.Boulanger,.Szilard.Nagy,.dit.Nogradi,.Maçon,David.Quenard,.dit.Dauphiné,.Boulanger,Adrien.Sanna,.dit.Provençal,.Serrurier.Métallier,Gaël.Verbeke,.dit.Flamand,.Mécanicien.Outilleur.

Lamothe Landerron, le 17 juin 2006Julien.Bordessalles,.Landais,.Charpentier,Richard.Colotte,.dit.Lorrain,.Maçon,Arthur.David,.dit.Normand,.Pâtissier,Charles.Pitre,.Nantais,.Charpentier,Anthony.Roux,.Landais,.Charpentier.

Lille, le 17 juin 2006David.Mathieu,.dit.Lorrain,.Menuisier,Yoan.Robin,.dit.Avignonnais,.Electricien.

Muizon, le 17 juin 2006Alexis.Fettu,.dit.Ile-de-France,.Electricien,Daniel.Mancier,.dit.Picard,.Serrurier.Métalllier.

Toulouse, le 17 juin 2006Thomas.Duchesne,.Quercy,.Plombier,Thibault.Houneau,.dit.Poitevin,.Menuisier,François.Lachmann,.dit.Provençal,.Serrurier.Métallier,Valentin.Loison,.dit.Angoumois,.Menuisier,Sylvain.Perasso,.dit.Provençal,.Serrurier.Métallier.

Pau, le 23 juin 2006Kévin.Plevin,.dit.Angevin,.Serrurier.Métallier.

Cagnes-sur-Mer, le 30 juin 2006Vivian.Parent,.dit.Flamand,.Ebéniste.

Lyon, le 1er juillet 2006Hugues.Mestreaud,.dit.Saintonge,.Boulanger,Julien.Michel,.dit.Alsacien,.Menuisier,Alexandre.Ruch,.Ile-de-France,.Peintre.

Epône, le 21 juillet 2006Morgan.Carpentier,.Ile-de-France,.Plâtrier.

L’Argentière-la-Bessée, le 21 juillet 2006Loïc.Pichetti,.Franc-Comtois,.Charpentier.

Poitiers, le 21 juillet 2006Yohan.Bilski,.dit.Albigeois,.Menuisier.

Rennes, le 21 juillet 2006Mickaël.Tottereau,.Breton,.Plombier.

Sainte-Croix Grand Tonne, le 21 juillet 2006Etienne.Delepine,.dit.Normand,.Menuisier.

Tours Littré, le 21 juillet 2006Martial.Gil,.Niçois,.Charpentier,Antoine.Tanguy,.Breton,.Couvreur.

Baillargues, le 22 juillet 2006Romain.Bridon,.dit.Berry,.Menuisier,Charles.Cottin,.Forézien,.Charpentier,Yoann.Meyronneinc,.dit.Forézien,.Ebéniste.

La Rochelle, le 22 juillet 2006Michel.Matchabeli,.dit.Georgien,.Pâtissier.

Paris, le 22 juillet 2006Adrien.Charpentier,.Ile-de-France,.Charpentier,Thibault.Chevrier,.Parisien,.Charpentier,Romain.Griggio,.dit.Périgord,.Menuisier.

Saint-Etienne, le 22 juillet 2006Yvan.Karman,.dit.Lorrain,.Menuisier,Jonathan.Stritt,.dit.Alsacien,.Ebéniste.

RÉCEPTIONS

Le corps de métier des Compagnons Serruriers Métalliers du Devoir.fait.part.au.Tour.de.France.de.la.Réception.à.:.-..Reims,. le.10.décembre.2005,.pour.la.fête.de.Noël,.

des.Compagnons.Julien.Charles,.Julien le Languedoc,.Clément.Hudellé,.Clément l’Artésien.et.Pierre.Pages,.Pierre le Bourguignon.;

-..Angers,. le.8. juillet.2006,.pour. la.fête.de.la.Saint-Pierre,.du.Compagnon.Sylvain.Botquelen,.Sylvain le Quimper.

Le corps de métier des Compagnons Forgerons, Maréchaux-Ferrants et Mécaniciens du Devoir.est.heureux.de.faire.part.au.Tour.de.France.de. la.Réception.à.:-..Albi,. le.6.mai.2006,.des.Compagnons.Electriciens.

du.Devoir.Ludovic.Bailly,.Poitevin Cœur Joyeux.et.Sébastien.Lefevre,.Artésien la Sérénité ;

-..Rennes,.le.17.juin.2006,.du.Compagnon.Mécanicien.du.Devoir.Pierre.Labarre,.Briard Va de Bon Cœur.;.

-..Lyon,.le.10.juin.2006,.des.Compagnons.Mécaniciens.Outilleurs.du.Devoir.Damien.Fonteny,.Poitevin Cœur Sincère. et. Arnaud. Pujol,. Toulousain Cœur Fidèle,..à.l’occasion.de.la.Saint-Eloi.d’été.

Le corps de métier des Compagnons Menuisiers Ebénistes du Devoir.est.heureux.de.faire.part.au..Tour.de.France.de.la.Réception.à.:-...La Rochelle,. le.20.mai.2006,.des.Compagnons.

Menuisiers.du.Devoir.Damien.Chauvin,.Damien le Manceau,.Régis.Vacher,.Régis le Berry.et.Arnaud.Van.Gaver,.Arnaud le Provençal,.à. l’occasion.de.la.fête.de.Pâques.;

-..Nantes,.le.17.juin.2006,.du.Compagnon.Menuisier.du.Devoir.Emilien.Crechet,.Emilien le Berry ;

-..Reims,.le.17.juin.2006,.des.Compagnons.Menuisiers.du.Devoir. Jean-Philippe.Pessin,. Jean-Philippe le Franc-Comtois.et.Ludovic.Robert,.Ludovic le Poitevin,.à.l’occasion.de.la.fête.de.Sainte-Anne.;

-..Tours,.le.17.juin.2006,.des.Compagnons.Menuisiers.du.Devoir.Alexandre.Chéné,.Alexandre l’Angevin.et.Romain.De.Groote,.Romain le Flamand,.à.l’occasion.de.la.fête.de.Sainte-Anne.;

- La Rochelle,. le.8. juillet.2006,.des.Compagnons.Menuisiers.du.Devoir.Guillaume.Bouvet,.Guillaume le Manceau,.Cyril.Cottrel,.Cyril le Normand.et.Jérémy.Lancaster,.Jérémy l’Angevin,.à.l’occasion.de.la.Sainte-Anne.;

-..Lyon,.le.8.juillet.2006,.du.Compagnon.Menuisier.du.Devoir.Clément.Goudet,.Clément le Dauphiné.et.du.Compagnon.Ebéniste.du.Devoir.Nicolas.Goubioud,.Nicolas le Poitevin,.à.l’occasion.de.la.Sainte-Anne.;.

-..Rennes,.le.22.juillet.2006,.des.Compagnons.Menuisiers.du.Devoir.Marc.Furlan,.Marc le Bigourdan,.Sylvère.Perrin,.Sylvère le Tourangeau,.et.Alexandre.Roubin,.Alexandre le Rochelais,.à.l’occasion.de.la.Sainte-Anne.

La.fête.de.la.Saint-Honoré.fut.l’occasion.pour.le.corps.de.métier.des.Compagnons Boulangers Pâtissiers.de.recevoir.à.:-..Paris,.le.21.mai.2006,.les.Compagnons.Pâtissiers.du.

Devoir.Frédéric.Ferris,.Toulousain la Franche Gaité,.Ludovic.Loyen,.Namurois Cœur Décidé.et.Joseph.Samson,.Mexicain la Sérénité.;

-..Nantes,. le.28.mai.2006,. le.Compagnon.Pâtissier.du.Devoir.Cyril.Bernard,.Savoyard le Bienveillant.et.

le.Compagnon.Boulanger.du.Devoir.Kévin.Neveu,.Savoyard la Persévérance.

La.fête.de.l’Ascension.fut.l’occasion.pour.le.corps.de.métier.des.Compagnons passants Couvreurs du Devoir.de.recevoir.à.Toulouse,. le.10.juin.2006,.les.Compagnons.Charles.Bauge,.Tourangeau la Franchise et.Thibault.Cambier.Doyhemboure,. Bourguignon Cœur Joyeux.

La.fête.de.la.Saint-Jean.fut.l’occasion.pour.le.corps.de.métier.des.Compagnons Chaudronniers du Devoir de.recevoir.à.:.-..Nantes,.le.3.juin.2006,.les.Compagnons.Chaudronniers.

du.Devoir.Arnaud.Barlet,.Champagne Va de Bon Cœur,.Benjamin.Brunel,.Parisien la Générosité,.Julien.Collet,.Champagne la Clef des Cœurs.et.Damien.Espagnat,.Quercy la Générosité.;

-..La Rochelle,. le. 18. juin. 2006,. les. Compagnons.Chaudronniers.du.Devoir.Nicolas.Bidault,.Tourangeau la Bonne Humeur,.Robin.Jacquet,.Savoyard le Bien Décidé,.Guillaume.Oliver,.Provençal la Constance.

MARIAGELe.Compagnon.Menuisier.du.Devoir.François.Jourdan,.François le Normand,.est.heureux.de.faire.part.au.Tour.de.France.de.son.mariage.avec.Nathalie.Merlet,..le.17.août.2006,.à.Breuville.(Manche).

Compagnon du Devoir.se.fait.un.plaisir.de.présenter.au.Tour.de.France.les.Aspirants.adoptés.à.:

Carnet du Tour de France

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compagnonscarnet

NAISSANCESLudivine.Bertrand.et.Alban.Rossin,.Bourguignon le Réfléchi,.Compagnon.Chaudronnier.du.Devoir,.sont.heureux.de.faire.part.au.Tour.de.France.de.la.naissance.de.leur.fille.Aélia,.le.25.janvier.2006,.à.Nantes.

Carole.et.Pascal.Goux,.Angevin la Sérénité,.Compagnon.Pâtissier.du.Devoir,.sont.heureux.d’annoncer.la.naissance.de.leur.fils.Antoine,.le.13.mai.2006.

Xavier.Agar,.La Constance de Santiago,.Compagnon.passant.Maçon.du.Devoir,.et.Aude,.sa.compagne,.sont.heureux.de.vous.annoncer.la.naissance.d’Antoine,.le.18.mai.2006.

Nadège.Blanchard.et.David.Petit,.La Sagesse de Chamery,.Compagnon.passant.Maçon.du.Devoir,.ainsi.que.leur.fille.Camille.sont.très.heureux.de.faire.part.au.Tour.de.France.de.la.naissance.de.Clara,.le.9.juin.2006.

Angela.et.Franck.Labart,.Franck l’Ile-de-France,.Compagnon.Menuisier.du.Devoir,.sont.heureux.de.faire.part.au.Tour.de.France.de.la.naissance.de.leur.fils.Loan,.à.Greenfeeld.Park. (Québec),. le.22.août.2006..Loan.et.sa.maman.se.portent.à.merveille.

DÉCÈS

F ranc-Comtois la Persévérance nous a quittés le 3 juillet 2006 des suites d’une longue maladie.

Nous.lui.rendons.aujourd’hui.hommage.et.tenons.à.rappeler.que.Franc-Comtois la Persévérance s’est.rendu.disponible.pendant.sept.années.à.la.demande.du.Compagnon.Delibes,.alors.Premier.Conseiller,.pour.participer.aux.travaux.du.Conseil.et,.ce,.pendant.deux.ans.en.tant.que.Conseiller.au.Tour.de.France.et.cinq.ans.en.tant.que.Conseiller.au.Collège.des.Métiers..Sous.son.impulsion,.lui.qui.était.tant.attaché.aux.actions.de.l’Association.ouvrière.des.Compagnons.du.Devoir,.de.nombreux.travaux.innovants.ont.été.menés.par.l’ensemble.des.métiers..Son.attachement.à.la.Bourgogne.l’a.conduit.à.initier.puis.à.accompagner.le.projet.d’implantation.à.Dijon..Sa..passion.pour.son.métier.de.charpentier,.ses.capacités.d’innovation.et.d’ouverture,.sa.volonté.à.franchir.les.difficultés.au.point.d’être.pionner.dans.le.voyage.hors.frontières.ont.fait.de.Franc-Comtois.ce.Compagnon.dont.on.prend.plaisir.à.se.souvenir.

Nous.avons.souhaité.que. le.Compagnon.Henriot,. Franc-Comtois la Fraternité,.Compagnon.passant.Charpentier.du.Devoir.et.Provincial.de.Dijon.s’exprime.lors.des.obsèques.et.dans.notre.Journal.

à.la.famille.de.Franc-Comtois,.nous.exprimons.notre.reconnaissance.et.formulons.l’expression.de.nos.condoléances.

Michel GuisembertNormand la Clef des CœursPremier Conseiller

Le.Compagnon.Gainet.Jacques.est.né.le.30.octobre.1939,.à.Dôle,.dans.le.Jura.. Il.est.le.cadet.d’une.famille.de.trois.enfants..Après.son.certificat.d’études,.il.entre.en.apprentissage.chez.le.Compagnon.Revy.qui.lui.enseigne.le.métier.de.charpentier.qu’il.pratiquera.toute.sa.vie.avec.amour.et.gloire.

Il.part.sur.le.Tour.de.France.à.Lyon.où.il.est.Adopté.et.continue.par.Bordeaux,.Marseille..Il.effectue.son.service.militaire.dans.le.Génie.et.revient.sur.le.Tour.à.Strasbourg..Homme.d’avant-garde,.il.est.le.premier.Aspirant.Charpentier.à.partir.hors.frontières,.en.Angleterre,.pour.un.an..A.son.retour,.il.taille.la.Réception.et.est.reçu.Compagnon.passant.Charpentier.du.Devoir.à.Paris,.à.la.Saint-Joseph.1959.

Jeune.Compagnon.itinérant,.il.part.à.Toulouse.où,.dès.son.arrivée,.il.est.sollicité.pour.tenir.la.gâche.de.Prévôt.pour.un.an..Il.rejoint.ensuite.Paris.où,.toujours.avant-gardiste,.il.suit.des.cours.de.métrés.et.embauche.chez.Martin.Puteau.comme.commis.de.ville..Parallèlement,.il.fait.partie.de.l’équipe.du.Collège.des.Métiers.et.met.au.point.les.premiers.cours.de.résistance.des.matériaux.

Invité.au.mariage.du.Compagnon.Portail,.il.rencontre.Huguette.qu’il.épouse.en.1962..Deux.filles,.Isabelle.et.Catherine,.viendront.égayer.leur.foyer.et.leur.donneront.six.petits-enfants.

En.1967,.suite.à.une.proposition.d’une.importante.entreprise.de.menuiserie.qui.souhaite.créer.une.section.charpente,.il.rejoint.Dijon.pour.ce.poste.

Dès.son.arrivée.à.Dijon,.il.recense.les.quelques.Compagnons.sédentaires.de.la.région.Bourgogne.Franche-Comté.et,.avec.eux,.décide.de.faire.venir.des.itinérants.pour.relancer.le.Compagnonnage.du.Devoir.dans.cette.région..En.1968,.les.premiers.bois.debout.arrivent.à.Dijon..Ils.sont.logés.dans.un.appartement.prêté.par.un.employeur.Artisan.de.ce.renouveau,.il.sollicite.les.Compagnons.Couvreurs.et.Menuisiers.pour.créer.une.Prévôté.avec.une.quinzaine.d’itinérants..Franc-Comtois,.avec.clairvoyance,.ténacité.et.une.grande.confiance.en.la.jeunesse,.entreprend.les.démarches.auprès.

des.autorités.afin.de.donner.vie.à.cette.communauté..En.1972,.le.résultat.est.là..La.rue.Jannin.nous.appartient.et.devient.le.siège.de.l’Association.ouvrière.des.Compagnons.du.Devoir.pour.la.Province.de.Dijon,.où.nous.pouvons.accueillir.une.cinquantaine.d’itinérants...Cette.même.année,.sous.son.impulsion,.une.Cayenne.est.créée,.celle.des.Compagnons.passants.Charpentiers.du.Devoir.

En.1978,.l’entreprise,.dans.laquelle.il.est.gâcheur,.est.rachetée.par.un.grand.groupe..Il.décide.de.créer.sa.propre.entreprise.«.Les.charpentiers.de.Bourgogne.».et.va.dès.lors.rayonner.en.faisant.partie.d’un.syndicat.professionnel,.en.étant.conseiller.d’enseignement.technologique.auprès.de.l’Académie.pour.le.CAP,.en.s’investissant.aussi.auprès.d’une.association.pour.aider.les.enfants.en.grande.difficulté.

Franc-Comtois.sut.toujours.s’entourer.de.personnes.compétentes.pour.réaliser.tous.ses.projets.et.au.besoin.prendre.la.suite,.ce.qui.lui.permit.de.prendre.des.responsabilités.au.sein.de.l’Association.ouvrière..Il.fut.tour.à.tour.Conseiller.au.Tour.de.France.de.1982.à.1984.et.Conseiller.au.Collège.des.Métiers.de.1984.à.1989.

Pour.accomplir.ces.deux.mandats,.il.sut.écouter.et.comprendre.les.Compagnons.mais,.une.fois.les.décisions.prises,.il.les.exécutait.avec.efficacité.et.fermeté,.comme.on.dit.chez.les.Compagnons,.toujours.«.carrément.».

En.1992,.il.prend.sa.retraite.et.rejoint.la.Sologne,.pays.natal.de.son.épouse.

Huguette,.les.Compagnons.te.remercient.car,.sans.toi,.Franc-Comtois.aurait-il.pu.mener.à.bien.tous.ces.chantiers.?.Les.Compagnons.te.présentent.ainsi.qu’à.ta.famille.leurs.sincères.condoléances.

Franc-Comtois,.nous.te.disons.Adieu,.Adieu,.Adieu.

Pierre HenriotFranc-Comtois la FraternitéProvincial de Dijon

•Remerciements

L e.Compagnon.Lucien.Hibert,.Parisien la Bonne Volonté,.Compagnon.Charron-Carrossier.du.Devoir,.nous.a.quittés.le.mardi.12.septembre.2006..De.nombreux.

Compagnons.et.amis.étaient.présents,. le. jeudi.14.septembre.2006,. lors.de.ses.obsèques..Un.hommage.lui.sera.rendu.dans.le.Journal.du.mois.de.novembre.2006,.cependant.sa.famille.a.tenu.dès.maintenant.à.remercier.toutes.celles.et.tous.ceux.qui.se.sont.joints.à.elle.lors.de.la.cérémonie.religieuse,.par.la.présence.ou.la.pensée,.en.ces.termes.:.

«.Madame.Arlette.Hibert,.son.épouse,.Thérèse,.François,.Bordelais Va de Bon Cœur,.Compagnon.passant.Charpentier.du.Devoir,.Bernard,..Bernard le Bordelais,.Compagnon.Menuisier.du.Devoir,.Geneviève,.Odile.✝,.Elisabeth.et.Catherine,.ses.enfants,.et.toute.leur.famille.expriment.leurs.très.sincères.remerciements.aux.Mères,.Dames-Hôtesses.et.Compagnons.qui.ont.été.auprès.d’eux.ou.qui.ont.pris.part.à.leur.peine.lors.du.décès.du.Compagnon.Lucien.Hibert,..Parisien la Bonne Volonté,.Compagnon.Charron-Carrossier.du.Devoir.

«.Les.nombreux.témoignages.de.soutien,.de.réconfort,.de.partage.de.leur.peine.les.empêchent.de.répondre.individuellement..Que.chacune.et.chacun.trouve.ici.le.témoignage.de.leur.gratitude..»

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compagnons et étranger

Une année au CanadaL’une des étapes de mon Tour de France

Flamand

L orsque l’on est sur le Tour de France, il arrive un moment où des habitudes se créent et où

l’impression de se trouver dans un cocon se fait de plus en plus ressentir. A cela, un seul remède, rompre avec le quotidien en sollicitant une étape à l’étranger. C’est ce que je fis en demandant à mon corps de métier de me permettre de passer une année au Canada.

La vie sur le Tour de France est en effet très organisée. L’itinérant arrive dans la ville qui lui a été désignée, où un logement lui a été trouvé, avec une embauche généralement déjà programmée, et le jeune n’a presque aucune démarche à effectuer si ce n’est de rencontrer son futur employeur. Je ne critique pas ce système, il est nécessaire, mais je voulais juste me donner un peu de recul face à cela et prendre plus de responsabilités (plaider ma cause auprès de mon métier, effectuer moi-même les démarches administratives, obtenir un visa, rechercher un logement, une embauche…), bref m’assumer. C’était aussi un désir de rencontrer des personnes différentes, avec d’autres mentalités, d’autres habitudes, d’autres coutumes…. En somme, un autre mode de vie.

Le Tour de France est une merveilleuse expérience humaine et professionnelle, et cette année passée à l’étranger en fait partie, bien sûr. Elle restera gravée en moi. La vie que l’on mène dans les Maisons de Compagnons est différente d’une maison à l’autre. L’ambiance y est fonction du nombre d’itinérants qui s’y retrouvent. J’ai ainsi vécu une année à Tours, dans une maison qui accueillait une trentaine d’itinérants, avant de continuer mon chemin et me retrouver au Luxembourg où nous n’étions que cinq. Aussi, comme vous l’avez compris, si j’ai pris la décision de partir à l’étranger, c’est bien sûr pour découvrir un autre univers mais aussi pour me retrouver seul. Ce n’est pas un moyen de fuir la vie des Maisons, bien au contraire c’est un moyen propice à la réflexion sur son parcours, sur soi-même et sur son avenir.

Pourquoi le Canada ?

Cette destination n’est pas due au hasard. Je voulais « vivre l’étranger », mais en marquant les distances car j’ai déjà « vécu l’étranger » au Luxembourg, un pays vous en conviendrez très proche de la France. Mon goût pour les grands espaces, la nature, le froid (eh ! oui) et, bien sûr, l’accueil des Québécois (réputé) ont influencé mon choix. De plus, la faune et la flore de ce pays m’impressionnent particulièrement, avec notamment la migration des oies blanches, les caribous, les ours, les baleines. Les forêts à perte de vue, l’été indien et l’hiver rigoureux me semblaient également indispensables à connaître.

Bien sûr, je n’étais pas au fait de leurs méthodes de travail mais j’avais connaissance du lien qui existe entre la France et le Québec. C’est pour toutes ces raisons que j’ai souhaité franchir les frontières et découvrir ce pays.

Je n’aborderai pas dans cet article l’histoire ou la géographie de ce lieu car beaucoup les connaissent et, de plus, ce n’est pas le but. Il suffit de se rappeler que, dans la seconde partie du XXe siècle, le gouvernement de la province francophone du Québec a réclamé la souveraineté, mais que les deux référendums organisés à cet effet, en 1980 et 1995, ont échoué avec des taux de rejet respectifs de 59,56 % et 50,6 %.

Le Canada est une monarchie constitutionnelle dont le chef d’État est le monarque du Royaume-Uni, actuellement la reine Élisabeth II, représenté par un gouverneur général qui signe les lois et accomplit d’autres fonctions officielles. La Reine et son représentant sont plutôt des figures d’apparat et le peu de pouvoir que la souveraine détient est réservé aux moments de crise ou aux amendements constitutionnels.

Le gouverneur général est nommé par le monarque, après consultation du premier ministre du Canada, le chef du parti occupant le plus grand nombre de sièges à la Chambre des communes. Le premier ministre détient un pouvoir considérable. Le pouvoir législatif du gouvernement est confié au Parlement, divisé en trois branches : les représentants de la

monarchie nommés par le monarque en accord avec le gouvernement canadien, la Chambre des communes où siègent les représentants élus de la population de chaque province ou territoire, et le Sénat é lu repré sent a nt l’unité canadienne.

En 1964, le Canada avait choisi comme emblème of f iciel le castor mais le 25 avril 1996 devait tout changer et le castor céder sa place à l’érable.

Deux langues officielles sont parlées au Canada : le français et l’anglais. Le français est majoritairement parlé au Québec (80 %) et en est l’unique langue officielle au niveau politique provincial. On retrouve

La vie sur le Tour de France est en effet très organisée. L’itinérant arrive dans la ville qui lui a été désignée, où un logement lui a été trouvé, avec une embauche généralement déjà programmée, et le jeune n’a presque aucune démarche à effectuer si ce n’est de rencontrer son futur employeur.

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beaucoup de francophones dans l’Est et le Nord de l’Ontario (10 % de la population) ainsi que dans le Sud du Manitoba. Globalement, le français est parlé, comme langue maternelle, par le quart des Canadiens. Le nombre de Canadiens bilingues (français-anglais) est d’environ 4,8 millions, soit 17 % de la population.

Il faut encore savoir que le Canada dispose d’une économie riche.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la nation est passée d ’une économie principa lement rurale à une économie surtout industrielle et urbaine, de haute technologie. Le Canada fait partie de l’Asia Pacific Economic Cooperation (APEC), de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et de l ’Orga nisat ion mondiale du commerce (OMC).

Enfin, au niveau démographique, il faut noter comme dans presque tous les pays occidentau x un taux de natalité très bas que le Canada essaie de compenser en ayant recours à une «immigration contrôlée».

Côté touristique

Deux villes m’ont particulièrement marqué, Québec et Montréal.

Québec est une ville pleine de charme, seule ville fortifiée d’Amérique du Nord ! En empruntant ses ruelles sinueuses, à pied ou en calèche, vous pourrez percevoir son âme romantique. Les quartiers les plus anciens de la capitale, dont le Petit Champlain, la Place Royale et le Vieux Port, offrent un décor chargé d’histoire et nombre d’activités les animent : carnaval d’hiver et festival d’été d’envergure, pièces de théâtre et expositions… L’hébergement et la gastronomie y sont au top !

Les environs de Québec sont tout simplement enchanteurs. En quelques minutes, vous vous retrouvez dans une campagne fleurie ou au cœur de grands parcs naturels. La chute Montmorency, haute de 83 mètres, vaut le détour. Le Parc national Jacques Cartier fascine par ses paysages de vallées aux versants abrupts. Quant aux marais de la Réserve nationale de la faune du Cap-Tourmente, i ls vous permettent d’observer près de 300 espèces d’oiseaux,

dont, au printemps et à l’automne, des dizaines de milliers d’oies des neiges. Golfs spectaculaires et majestueuses pentes de ski, dont celles de Mont Sainte-Anne et de Stoneham, font la joie des sportifs.

Cette région abrite plusieurs villages ancestraux parmi lesquels Wendake qui permet de découvrir les traditions du peuple huron-wendat au Site Onhoüa Chetek8e. La basilique Sainte-Anne-de-Beaupré est aussi un lieu à ne pas manquer, son pèlerinage attire plus d’un million et demi de personnes chaque année.

Si vous aimez le vélo, choisissez l’un des circuits de la Route verte, dont le chemin du Roy et les corridors des Cheminots et du Littoral vous proposent un circuit près du fleuve Saint-Laurent en direction de Beauport et du parc de la Chute-Montmorency. Mais, si vous recherchez un plus grand dépaysement, faites une expérience hivernale inoubliable et réservez une chambre à l’hôtel de glace, érigé chaque année près du lac Saint-Joseph !

Montréal, à la différence de Québec et de son parfum « vieille Europe », se veut moderne et rustique en même temps. C’est la ville ouverte, où vous trouvez de tout, du vieux et du neuf, mais aussi toutes les races et toutes les religions. Il n’y a aucun ghetto, ici tout le monde cohabite avec harmonie. La ville moderne et la vieille ville fusionnent, on trouve ainsi des gratte-ciel construits tout à côté de vieilles cathédrales.

Ce qui frappe le plus à Montréal, c’est la variété de ses restaurants, toutes les cuisines y sont représentées et cela dans la même rue.

Beaucoup de choses à visiter à Montréal : tout d’abord, le jardin botanique, le deuxième parmi les plus beaux au monde, venant juste après celui de Londres ; le diodôme, situé au Parc olympique, la tour du stade la plus inclinée au monde ; mais aussi le vieux port et la basilique Notre-Dame qui montre un superbe décor de bois polychrome finement sculpté et orné de feuilles d’or, complété de sculptures de Louis Hébert et d’une voûte étoilée, de couleur bleue. S’y trouve également l’oratoire Saint-Joseph, saint auquel on attribue plusieurs miracles.

Le parc du Mont Royal, la vil le souterraine où l ’on trouve près de 40 kilomètres de tunnel, vaut également le détour. L’on peut aussi se rendre au Nord de l’île qui offre à la vue de magnifiques villages, dont celui de Saint-Jérôme.

Montréal, vil le du Canada appartenant à la province du Québec, est une ville cosmopolite, peuplée majoritairement par des francophones. Elle est classée au deuxième rang mondial des villes de langue française. Bâtie sur l’île du même nom, elle s’étend sur une vaste prairie et sur de rares collines, dont le Mont Royal culminant à 233 mètres au cœur de la ville.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la nation est passée d’une économie principalement rurale à une économie surtout industrielle et urbaine, de haute technologie. Le Canada fait partie de l’Asia Pacific Economic Cooperation (APEC), de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Les grands espaces du Québec sont à vous couper le souffle !

Un million de lacs et de rivières, un f jord spectaculaire, un magnifique f leuve « le Saint-Laurent » où fraient les baleines, deux chaînes de montagnes… Qui dit mieux ? Le Québec est reconnu pour ses vastes espaces naturels. Destination plein air par excellence, les vacanciers se réjouiront de l’impressionnante diversité de ses panoramas et des activités proposées.

Quoi de plus magnifique qu’une randonnée en pleine nature ? Des sentiers exceptionnels attendent les randonneurs. La Route verte met à la disposition des cyclistes plus de 3 000 kilomètres de pistes balisées tandis que le sentier international des Appalaches, le sentier des Caps ou encore la traversée de Charlevoix ne peuvent que réjouir l’adepte de randonnées pédestres. Enfin, les

amoureux du quad et de la motoneige trouveront des circuits de qualité.

Vingt-sept parcs nationaux, recensés dans Parcs Québec (Sépaq) et Parcs Canada, permettent d’incroyables expériences : admirer du haut d’un sommet des forêts à perte de vue, faire une longue randonnée avec une nuit en refuge, pagayer sur l’un des innombrables lacs et dormir sous la tente. Ces parcs très différents, certains montagneux, d’autres marins ou forestiers, offrent une évasion sans pareille.

Avez-vous déjà vu une baleine, c’est impressionnant et encore plus lorsqu’elle se trouve dans le Saint-Laurent. Rien que pour cela, prenez un billet d’avion pour le Canada, vous en profiterez pour assister aux rendez-vous printaniers ou automnaux des oies blanches et des bernaches, vous observerez dans les passes migratoires les saumons qui remontent une rivière, vous observerez les oiseaux marins et les phoques du Saint-Laurent et vous apercevrez, au détour d’une balade, un cerf de Virginie, un orignal ou tout autre animal de la forêt boréale !

Je terminerai ce descriptif touristique du Canada en vous parlant de l ’eau. C’est l ’une des plus grandes richesses du Québec. En parcourant le territoire, vous apercevrez des lacs, des lacs et encore des lacs ! Baignade, canotage et pêche sont à votre portée.

Côté professionnel

Il est plus intéressant au Canada de travailler pour une entreprise qui fabrique des produits d’intérieur que des produits d’extérieur car, dans ce pays, ces derniers sont souvent négligés.

Mon premier contact avec une entreprise québécoise (plutôt italienne en vérité mais installée à Montréal) fut avec « Fer ornemental spanish », vers le mois de mars 2005. J’avais trouvé son annonce sur le site « emploiquebec ». Cette entreprise recherchait un « forgeron » (ici le terme de serrurier-métallier n’existe pas vraiment, ou plutôt existe sous une autre forme). J’ai contacté cette entreprise par téléphone en précisant que j’étais libre à partir de la fin août et que je recherchais une embauche d’une durée d’un an.

A la suite de cet appel, j’ai envoyé mon curriculum vitae, une lettre de motivation et de nombreuses photos des travaux que j’avais réalisés, le tout via Internet. J’ai attendu quelques jours puis j’ai repris contact par téléphone. Nous nous sommes mis d’accord.

Dans les premiers jours de mon arrivée à Montréal, je me suis présenté à cette entreprise, j’ai discuté longuement avec le patron qui m’a fait visiter son atelier (bois et fer). Tout encore une fois était positif, il m’a seulement demandé de le rappeler le lendemain car il devait parler de mon arrivée avec son associé.

Le lendemain, confiant, j’ai donc pris le téléphone mais là, surprise, la durée de travail (une année) ne lui

convenait plus, il voulait embaucher pour une durée indéterminée. Je ne pouvais pas le satisfaire en lui mentant car je lui avais expliqué ce qu’est le Compagnonnage et la formation par le voyage donnée par les Compagnons, à savoir un changement de ville tous les ans… De toutes façons, il a vite écourté la conversation et a raccroché. Je dois dire qu’après cela, j’étais pas mal déçu.

Ne pouvant rester sans travailler, j’ai recherché une nouvelle embauche, mais ayant déjà mon appartement et sans voiture, le secteur de recherche était assez restreint. En fait, ce ne fut pas un problème car j’ai tout de suite trouvé un autre emploi chez son principal concurrent ! Cette entreprise, également italienne et située dans le quartier italien de Montréal, réalise aussi des rampes d’escaliers en fer forgé.

Je me suis présenté un samedi matin muni de mon curriculum vitae, d’une lettre de motivation et de photos des travaux que j’avais réalisés avant de venir au Canada. Seules mes photos les ont intéressés et j’étais embauché dès le lundi.

Comme je vous l ’ai indiqué, cette entreprise réalise des rampes en fer forgé (assez imposantes d’ailleurs) destinées la plupart du temps à des constructions neuves. Elle dispose également d’un atelier de menuiserie bois qui réalise les escaliers et les mains courantes (en bois sur toutes les rampes réalisées). Pour ce qui est de la qualité, c’est relativement bien fini, mais il ne faut pas chercher de techniques intéressantes comme le rivetage ou autre. Le départ des volutes est un simple amincissement de la matière. J’y ai tout de même découvert une technique qui consiste à débillarder une seule lisse sur le chantier, puis à prendre les angles à chaque nez de marche : le reste se fait en atelier, ce qui évite de faire la structure de la rampe sur le chantier dans des maisons qui sont presque terminées.

Durant mon année, l’entreprise a été vendue car mes deux patrons étaient arrivés à l’âge de la retraite. C’est un jeune Québécois qui a repris l’activité, il

n’est ni forgeron, ni menuisier, mais est déjà associé dans une autre entreprise et doit avoir de bonnes compétences en gestion.

Le seul forgeron de l’entreprise a soixante-neuf ans, c’est un Français. Il souhaite lui aussi prendre sa retraite mais il n’y a personne pour le remplacer. Il n’y a au Québec aucune formation concernant ce métier et donc très peu de personnes qualifiées dans ce domaine. Je dois dire que le nouveau patron a beaucoup insisté pour que je succède à l’Ancien mais, hélas pour lui, mes objectifs sont ailleurs.

Aujourd’hui, l’entreprise cherche à me remplacer. Aussi, je lance un appel aux itinérants souhaitant venir au Québec. Sachez, si vous êtes serrurier-métallier, que l’entreprise serait ravie de vous accueillir. Que vous soyez itinérant, sédentaire, et même deux à souhaiter faire le voyage, l’entreprise vous est ouverte*. Mais, un conseil, avant de vous envoler pour le Canada soyez conscient, si vous souhaitez n’y résider que pour une durée limitée, qu’il vous faudra de la volonté pour revenir en France car les patrons insisteront beaucoup pour vous garder, n’hésitant pas à vous faire des propositions telles que vous aurez envie de passer votre vie entière au Québec.

rémi Debrildit FlamandAspirant Serrurier-Métallier du Devoir

*Ceux qui seraient intéressés peuvent demander mes coordonnées au service voyage du siège de l’AOCDTF.

Je me suis présenté un samedi matin muni de mon curriculum vitae, d’une lettre de motivation et de photos des travaux que j’avais réalisés avant de venir au Canada. Seules mes photos les ont intéressés et j’étais embauché dès le lundi.

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L’humilité de Bollène

U ne partie des membres de ma famille habite dans la Drôme, au sud de Montélimar, dans un petit

village rural de 174 habitants, portant le nom de « La Touche ». Ce village est situé dans la plaine de la Valdaine, entourée de collines, où le paysan existe encore. Mon beau-frère, retraité, est aussi écrivain sur l’histoire locale.

A Bollène, dans le Vaucluse, j’avais entrepris la restauration d’une maison de village, mitoyenne de celle de ma mère, où j’avais souvent la visite de ma sœur et de mon beau-frère. Petit à petit, le goût de l’ancien les a séduits, jusqu’à faire mûrir dans leurs têtes le projet d’une nouvelle maison car, au fil du temps, la leur ne leur convenait plus.

Cette nouvelle maison est fermée sur l’extérieur et s’ouvre sur un patio, avec, au milieu de celui-ci, un potager et des plantes aromatiques, très utiles à la bonne cuisine ! La pièce principale, à vivre, est une grande salle à manger agrémentée d’une imposante cheminée. Elle fait également fonction de cuisine.

Pour l’architecte Claude Perron, le projet a nécessité une étude approfondie du mode de vie et des attentes des propriétaires, lesquels ont suivi les conseils du radiesthésiste local pour l’orientation de la maison.

Le maçon a effectué le gros œuvre : enduit, carrelage et toutes les finitions, dans la tradition du Midi.

■ Le gros œuvre ne comporte que des murs porteurs, assez épais, comme on le faisait avant. Les proportions sont harmonieuses et respectent la tradition locale, l’ensemble devant se fondre dans le paysage.

■ Le choix des matériaux pour ces murs épais s’est tourné vers la brique Monomur, de 37,5 centimètres, bâtie au mortier de chaux à plein, privilégiant les effets de compacité et de respiration de la chaux.

■ La pierre a été utilisée pour l’enveloppe extérieure, mur composite brique isolante de 20 + 28 de pierre bâtie au mortier de chaux.

■ Les fondations sont en béton armé (50 x 60), les aciers étant mis à la terre ainsi que le chaînage au-dessus de la fondation remplaçant la dalle en béton armé.

■ Un hérissonnage en cailloux a été utilisé, drains et dallage en béton, argile expansée sur treillis soudé.

■ La toiture comporte une charpente en bois de pays, avec voligeage et tuiles canal de récupération en couvert et neuves en courant, rives, faîtages.

■ Les plafonds sont en briques creuses, voûtes plâtre et bois, tout bois, bois et parefeuilles.

■ Les enduits des murs intérieurs sont en plâtre et mortier de chaux.

■ La peinture est un badigeon à la chaux, fresques et patines.

■ Les menuiseries bois, traditionnelles, sont recouvertes d’une peinture végétale (bleu de Lectoure).

■ Le sol est en terre cuite, dalles de pierre, parquet et carreaux de ciment, le tout en matériaux de récupération.

■ Les façades sont en pierre et enduit.

L’ensemble des artisans s’est conformé aux exigences du chantier, tout en sachant qu’il est toujours nécessaire de s’adapter, en fonction de la logique et du bon sens, pour trouver des solutions appropriées mais en gardant à l’esprit la réussite du projet et les objectifs fixés à l’avance bien que sans cesse modifiés.

Cette maison est sortie de terre en mars 2004, dans le pré de l’église Saint-Jean-Baptiste. La partie habitation a été investie par ses occupants en mars 2005. Un bel exemple d’intégration de maison contemporaine en milieu rural car les villageois et leur maire, appelés Toscadins, s’accordent tous pour dire que cette maison semble avoir été toujours là.

J’ai découvert, dans la phase finale des finitions, la multitude d’avantages que nous offrait cette construction : un sentiment de vie intérieure, à l ’abri des regards des autres ; une recherche de simplicité et d’harmonie orchestrée par le jaillissement de la lumière, tantôt forte mais fraîche, douce et changeante tout au long de la journée mais toujours présente ; une maison qui capte la lumière et qui en joue ; une maison qui sera pleine de vie car pouvant accueillir enfants et petits-enfants

des propriétaires ; des hôtes préparant des repas de famille se prêtant bien au lieu. Cela promet, je l’espère, de bons et beaux moments.

Certains travaux, dont la préparation, l’approvi-sionnement, ont été réalisés par les membres de la famille, du plus grand au plus petit, chacun suivant son rythme. Pour tous, ces moments resteront gravés dans les mémoires et seront sûrement racontés, en souvenir du temps jadis.

Travailler à côté des hommes de métier induit une autre approche des compétences et de la valeur du travail accompli, qui donne un sens à notre vie.

Que ce travail soit porteur d’avenir car il privilégie une architecture de qualité, un savoir-faire et des productions dites artisanales. Il contribue à l’épanouissement des individus et des métiers en milieu rural.

Jean-Marc BarreauL’humilité de BollèneCompagnon Maçon du Devoir

La réalisation d’une maison contemporaine en Drôme provençale

Un bel exemple d’intégration de maison contemporaine en milieu rural car les villageois et leur maire, appelés Toscadins, s’accordent tous pour dire que cette maison semble avoir été toujours là.

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compagnonsculture

Les Maoris

Loïc le Provençal

E n 1642, le marin hollandais Abel Tasman, à la recherche d e nou ve l l e s t e r re s ,

découvre les côtes de la Nouvelle-Zélande mais l’accueil sanglant des habitants de ce morceau de terre isolé le fait fuir…

1 - L’arrivée des Maoris

Partis de Tahiti sur des pirogues chargées de vivres, les Maoris découvrirent Aotearoa (la terre du long nuage blanc) vers 1300. Ils installèrent leurs colonies le long des côtes, principalement dans l’île du Nord où le climat est le plus doux. Leur vie, jusqu’alors rythmée par la pêche et la chasse, mais aussi par la guerre entre villages, allait être totalement perturbée au XIXe siècle par l ’arrivée massive des Européens. Ces Pakehas, comme les nommaient les Maoris, allaient apporter maladies, armes à feu mais aussi céréales et bétail.

Les clivages entre les Maoris et les nouveaux arrivants s’intensifiant et les guerres entre clans faisant de nombreux morts, les Anglais dépêchèrent le capitaine William Hobson afin d ’établir un traité avec les Maoris. Le 6 février 1840, au terme de longues négociations, le traité de Waitangi était signé. Ce traité proclamait « colonie anglaise » la Nouvelle-Zélande, Maoris et Anglais devenant un seul peuple. Dès lors, le mode de vie des Maoris s’européanisait, ils abandonnaient peu à peu leur langue et leurs traditions, les revendications s’affaiblissaient, chacun se sentant Néo-Zélandais.

Aujourd’hui la culture maorie s’affiche dans les lieux touristiques comme Rotorua, où les Maoris tiennent à la partager.

2 - Powhiri, la cérémonie d’accueil

La cérémonie du powhiri servait à éloigner les mauvais esprits et à créer un univers de paix et d’amitié entre le visiteur et son hôte, le mot powhiri étant formé de po que l’on peut traduire par inconnu ou nouvelle expérience, et de whiri qui signifie échange de savoir, d’informations.

La cérémonie débute par une démonstration de force : un guerrier de la tribu-hôtesse vient défier ses invités avec sa lance puis dépose aux pieds du chef de la tribu-visiteuse une offrande (bien souvent une feuille de fougère). Le visiteur doit alors la ramasser pour montrer que lui et ses compatriotes sont venus animés d’un sentiment de paix. Dès lors, quelques femmes de la tribu-hôtesse commencent à chanter. Les visiteurs peuvent avancer.

3 - La salutation maorie (hongi)

Contrairement à la croyance popu-laire, le hongi n’implique pas de frottement (friction) de nez, mais un contact. Ce n’est pas non plus un rituel superficiel : certaines personnes resteraient dans cette position pendant au moins une demi-heure, durant laquelle ils sanglotent et hurlent de la manière la plus triste. Le hongi reste aujourd’hui une salutation chargée d’émotion et, lors d’occasions particulières, d’une rare intensité.

4 - La langue maorie

La promotion de la culture maorie ne s’arrête pas aux spectacles « pour touristes », une chaîne de télévision (Maori television) diffuse en permanence des programmes dans la langue des premiers habitants d’Aotearoa (une langue assez proche de celles parlées dans les autres îles polynésiennes).

A leur arrivée, les colons ont imposé la langue anglaise. Dès lors, nombreux furent ceux qui ont grandi sans pouvoir prononcer un mot dans leur langue maternelle.

Conscient de cette lacune, le 20 juillet 1987, le parlement néo-zélandais faisait de la langue maorie une de ses langues officielles. Cette reconnaissance

(tardive) a notamment permis à l’enseignement du maori de se développer. Pour certains, cet apprentissage ne sert à rien, d’autres en revanche sont fiers de parler la langue de leurs ancêtres.

Le 20 juillet 1987, le parlement néo-zélandais faisait de la langue maorie une de ses langues officielles.

Quelques mots en maori

Kia Ora : Bonne santé, bonne chanceHaere mai : BienvenueHaere ra : Au revoirKa pai : Merci, bonKao : S’il vous plaitAe : OuiKahore : NonKo wai tou ingoa ? : Quel est ton nom ?Ata marie : BonjourPo marie : Bonne nuitRa whanau koa : Bon anniversaire !Kia harite tau hou : Bonne Année !Kei te aroha au ia koe : Je t’aime !

Spectacle maori à Rotorua

à la découverte du peuple originaire de Nouvelle-Zélande, en 10 paragraphes…

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5 - Les tatouages maoris

Le tatouage, dans la culture maorie, était une manière de transmettre l’histoire. En effet, chaque tatouage renferme un message, il s’agit le plus souvent de l’histoire de la famille.

La tête était considérée comme la partie la plus sacrée du corps. Autrefois réservé aux Maoris de haut rang, le tatouage sur le crâne, fait de lignes et de spirales, décrivait les batailles.

Cependant, le tatouage pouvait se faire sur d’autres parties du corps : les jeunes filles étaient tatouées sur le menton à la puberté afin de marquer leur passage à la vie de femme, cela signifiait qu’elles avaient acquis le droit de s’exprimer au sein de la tribu ; les tatouages sur les jambes et les fesses étaient souvent liés au voyage, au transport, avec notamment la représentation de canoës ; sur les bras, le tatouage représentait l’activité de son porteur, son travail.

Les tatouages maoris actuels n’ont plus la même signification, ils tiennent compte de l’évolution du style de vie.

En ce qui concerne la technique utilisée, elle reste ancestrale. On fait une entaille profonde dans la peau ; pour cela, on utilise un ciseau en os avec un bord en dents de scie ou un bord droit et très tranchant puis on plonge le ciseau dans un pigment, tel que la résine brûlée de kauri (arbre que l’on trouve particulièrement en Nouvelle-Zélande) et, pour terminer, le pigment est martelé dans la peau. Cela est très long et par-dessus tout très douloureux, c’est pourquoi certains tatouages utilisés pour les représentations ne sont pas authentiques.

6 - La sculpture maorie

À Te Whakarewarewa, une vallée thermale naturelle, se trouve l’Institut de sculpture et d’art maori. Le guide, maori, porte un nom anglais (cela est dû au fort taux de métissage). Très passionné, il débute la visite par l’atelier de sculpture et nous explique qu’il est possible d’y faire un stage mais il faut pour cela avoir au minimum 1% de sang maori.

Les sculptures, très riches, sont un livre ouvert sur l’histoire des Maoris, un album de photos. Il ne s’agit pas de représentations religieuses, mais plutôt de mettre à l’honneur les courageux ancêtres. Toutefois, il arrive que l’on trouve un couple enlacé (signe de fertilité) représentant Rangi (le ciel) et Papa (la terre), les parents primitifs. Les Maoris utilisaient le bois fourni par les nombreuses forêts de Nouvelle-Zélande, notamment le kauri, qui est l’un des arbres les plus imposants du monde.

Hormis le bois, certains sculptent le jade, pounamu en maori. La pierre transformée devient alors un porte-bonheur. Là encore, les sculptures ont une signification particulière :

■ l ’hameçon (hei matau) représente la force, la détermination, il apporte paix, prospérité, et bonne santé.

■ le croisement est un gage d’amitié, deux vies qui deviennent une pour l’éternité.

■ la spirale (koru) figure un nouveau commencement, la croissance et l’harmonie.

■ manaia (la tête d’un oiseau, le corps d’un homme et la forme d’un hameçon) représente l’équilibre entre la mer, le ciel et la terre, c’est aussi une protection contre le mauvais sort.

7 - Les chants et danses maoris : l’exemple du haka

Le mot haka est généralement appliqué à la danse de guerre maorie, pleine d’entrain, mais s’étend aussi à toutes les formes de danse rythmique. La légende veut que la danse vienne du mariage de Hine-raumati (la demoiselle d’été) avec Ra (le Soleil) et leur enfant, Tanerore, dont la naissance un jour chaud d’été se manifesta par une atmosphère tremblante. C’est ce frémissement qui se répand dans toutes les formes de danse maorie, du peruperu (la danse de guerre) à la danse de poi (une danse exécutée seulement par des femmes).

Le peruperu était exécuté par des guerriers tenant des taiaha (sorte de longs clubs) dans la main. Le leader, muni d’un mere (petite lance de greenstone), commence à crier ; les guerriers répondent en chœur, tapant du pied à l’unisson et déplaçant leurs mains tremblantes par une série de gestes, roulant leurs yeux et tordant leurs visages.

L’Institut de sculpture

Le tatouage, dans la culture maorie, était une manière de transmettre l’histoire. En effet, chaque tatouage renferme un message, il s’agit le plus souvent de l’histoire de la famille.

Spectacle maori au village MiTai

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Journal.mensuel.de.l’Association.ouvrière.des.Compagnons.du.Devoir.du.Tour.de.France

Reconnue.d’utilité.publiqueN°ISSN.:.1240-1730

82,.rue.de.l’Hôtel-de-Ville.75180.Paris.cedex.04.

Téléphone.:.01.44.78.22.50..Télécopie.:.01.44.78.20.90

Michel Guisembert Directeur.de.la.publication

François Bastien Directeur.de.la.rédaction

Copyright.photos.Les.Compagnons.du.Devoir

Prix.unitaire.:.5.€

Abonnement.annuel.2005Simple.:.48,50.€.Soutien.:.100.€.Étranger.:.65.€.

(chèque à l’ordre de Compagnon du Devoir)

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Compagnon du Devoir

Le haka est associé à la légende de Te Rauparaha.

L’homme poursuivi réussit à atteindre un village d’un clan allié. Il se réfugie auprès de Te Wharerangi, un homme connu pour être particulièrement hirsute, et lui demande de l’aide. Ce dernier l’autorise à se cacher dans une sorte de puits, utilisé pour stocker les kumara (patates douces).

Sa femme, Te Rangikoaea, se poste devant cette cachette, en raison de son pouvoir neutralisant vis-à-vis des hommes qui poursuivent Te Rauparaha et du pouvoir protecteur accordé aux organes génitaux féminins par les Maoris.

Alors que les ennemis approchent de la cachette, Te Rauparaha murmure du fond de son puits : Ka mate ! Ka mate ! (je meurs, je meurs). Te Rangikoaea affirme aux poursuivants que Te Rauparaha est parti, et ils partent à leur tour.

Ce dernier murmure alors : Ka ora, Ka ora (je vis, je vis). Les guerriers se laissent convaincre et partent. Te Raupahara est sauvé. Il remonte peu à peu les marches de l’échelle pour sortir du puits et aperçoit de nouveau le soleil.

Il interprète alors ce haka devant Te Wharerangi et sa femme :

Ka mate ! Ka mate ! (C’est la mort ! C’est la mort !)Ka ora ! Ka ora ! (C’est la vie ! C’est la vie !)Tenei te tangata puhuruhuru (Voici l ’homme chevelu)Nana nei i tiki meiI whakawhiti re ra ! (C’est lui qui m’a sauvé et a fait briller le soleil à nouveau pour moi)Upane ! Upane ! (Un pas après l’autre)Upane ! Kaupane ! (Un pas après l’autre)Whiti te ra ! (Le soleil brille !)

Le peruperu a été adopté par un certain nombre d’écoles et quelques groupes sportifs, notamment l’équipe nationale de rugby, les All Blacks.

8 - La propriété

La communauté maorie était une forme primitive de communisme, il n’y avait pas de propriété individuelle. Toutefois, chacun possédait ses propres outils, ornements, pièges à oiseaux et vêtements. La nourriture était mise en commun dans des garde-manger, le chef de la tribu se réservant les plus belles pièces.

Les Maoris, descendant de Papa (la terre), ne pouvaient acquérir une nouvelle terre que par la conquête, mais pour se proclamer propriétaire il fallait qu’ils établissent un lien avec le lieu.

Aujourd’hui, c’est le ministère des Affaires maories qui gère les problèmes liés aux terres maories.

9 - Le hangi (repas traditionnel maori)

Cuite dans la terre, à l’aide de pierres chaudes, la nourriture est placée à l’intérieur de paniers en fer que l’on recouvre de couvertures humides. Il faut cependant être patient car la cuisson dure environ 4 heures.

Si aujourd’hui sa composition est quelque peu différente, la base du plat reste les kumara (patates douces), auxquelles on ajoute de la viande de poulet, de mouton et de porc et d’autres légumes.

10 - Le déroulement des obsèques (tangi)

Le tangi ou le tangihanga est le rite funèbre accordé à une personne avant que son corps ne soit enterré.

La croyance maorie veut que le tupapaku (corps de la personne décédée) ne soit pas laissé seul après la mort. Ainsi, l’on emportait le tupapaku au marae où il était placé jusqu’à son enterrement. La famille et les amis pouvaient dès lors aller et venir comme ils le souhaitaient. Toutes les personnes, y compris les parents venant pour un tangi, passaient par le karanga habituel (l’appel de la bienvenue) et les procédures de mihi (salutations).

Le cercueil était laissé ouvert et chacun pouvait toucher le tupapaku. Des discours étaient faits directement au tupapaku, la croyance voulant que l’esprit reste à proximité du corps jusqu’à son enterrement. Certains resteront au tangi pendant quelques heures, d’autres durant toute la nuit ou pendant deux ou trois jours.

Le marae, employé pour divers événements, comme les mariages, a appris à faire face au nombre affluant de personnes, mais la cérémonie du tangi y prime sur toutes les autres célébrations. Toutefois, il n’est pas impossible qu’un mariage ait lieu tandis qu’un tupapaku se trouve dans le marae. Bien que ceci puisse paraître impensable à un non Maori, il n’y a rien d’illogique à célébrer des cérémonies liées l’une à la vie et l’autre à la mort dans le même endroit. C’est un bon exemple de wairua maori, la croyance que la vie et la mort sont intimement entrelacées.

La plupart des défunts sont enterrés dans l’urupa (cimetière), généralement situé près du marae. Cet endroit est dit tapu (sacré). Chaque famille y a un endroit réservé, ceux qui étaient unis dans la vie devant le rester dans la mort.

Lorsque le chef décédait, un deuil de sept jours était observé, son corps était exhibé sur la place du village, puis les hommes partaient le cacher dans une grotte pour que ses ennemis ne le trouvent pas. Une année plus tard, ils revenaient afin de le décapiter, le crâne de l’ancêtre était ainsi conservé. De nos jours, les Maoris utilisent les photographies.

loïc BonnenfantLoïc le ProvençalCompagnon Menuisier du Devoir

Bibliographie Liens en français : http://unanaupaysdeskiwis.blogs-de-voyage.frLiens en anglais :http://www.maori.info/index.htmhttp://www.maori.org.nzhttp://www.newzealand.com

Crédit Photos Hongi : newzealand.com

Maison maorie du village de Rewa

Hangi au spectacle maori de MiTai

Jeune fille maorie au village de Te Whakarewarewa