COMPRENDRE L’INTERNET DES - Aruba€¦ · souvenirs, et les interprète (ou les comprend). Vos yeux ne peuvent pas voir une tarte aux pommes chaude. Ils voient seulement une tarte

COMPRENDRE L’INTERNET DES OBJETSComment l’Internet des Objets est devenu le « système nerveux » de l’humanitéPar Kevin Ashton

Copyright texte © 2017 Kevin Ashton

Tous droits reserves.

ContenuPréface de Aruba, une societé Hewlett Packard Enterprise 7

Chapitre 1: Qu’est-ce que l’Internet des Objets? 8

Chapitre 2: Quels sont les meilleurs cas d’utilisation de l’Internet des Objets? 10

Chapitre 3: Étude de cas : la ville intelligente de Shanghai 15

Chapitre 4: Étude de cas : Ford et ses véhicules connectés 21

Chapitre 5: Étude de cas: Des soins de santé plus intelligents 25à l’hôpital pour enfants de Boston

Chapitre 6: Internet des Objets, par où commencer? 31

Notes de bas de page 40

Préface de Aruba, une societé Hewlett Packard EnterpriseL’Internet des Objets (IoT) suscite de plus en plus d’intérêt et s’immisce progressivement dans nos vies professionnelles et privées. Cependant, il semble encore y avoir une certaine confusion quant à ce qu’il permet réellement de faire.

D’un point de vue professionnel, nous souhaitions, chez Aruba, une societé Hewlett Packard Enterprise, déterminer quels cas d’utilisation, quelles régions géographiques et quels secteurs tirent le plus parti d’une stratégie IoT bien exécutée, et lesquels sont à la traîne.

Afin de mieux comprendre le phénomène, nous avons mené une étude auprès de trois milles cadres et dirigeants dans le monde entier et avons demandé au pionnier de la technologie IoT, Kevin Ashton, surnommé le « père de l’IoT » (il a notamment créé le terme « Internet des Objets » en 1999) de participer à ce projet.

Nous espérons qu’en lisant cet ouvrage, les entreprises et les leaders IT du monde entier pourront mieux comprendre dans quels domaines les entreprises tirent le plus parti de l’IoT afin de décider où et quand investir de la manière la plus réfléchie.

Comprendre L'internet des Objets 7

Chapitre :

Qu’est-ce que l’Internet des Objets?L’Internet des Objets n’est pas une notion étrangère, mais tout le monde n’en connait pas la définition. J’ai créé ce terme en 1999 chez Procter & Gamble, et je l’ai par la suite utilisé à l’Institut technologique du Massachussetts (MIT). Par contre, son usage n’est devenu courant chez les spécialistes qu’à partir de 2010, lorsque les recherches Google sur ce sujet se sont rapidement multipliées. Cette rapide ascension a fait de « l’Internet des Objets » une expression à la mode : quelque chose que l’on dit pour marquer son auditoire, même si l’on ne sait pas exactement de quoi il s’agit. À l’heure actuelle, seul un cadre sur cinquante déclare ne pas savoir ce qu’est « l’Internet des Objets », et parmi les 49 autres beaucoup n’en sont pas sûrs.

Qu’est-ce que l’Internet des Objets ? Il ne s’agit pas de connecter à Internet des objets du quotidien tels que des grille-pains et des réfrigérateurs. De tels produits existent, mais il est difficile d’en comprendre l’utilité : l’activation d’un grille-pain depuis Internet n’a que peu d’intérêt puisque vous devez de toute façon vous déplacer pour y mettre le pain. L’IoT représente autre chose, une chose qui continuera à changer le monde même après que tous les grille-pains intelligents aient rouillé!

Ce qui définit l’IoT, c’est la collecte de données. Au XXème siècle, les ordinateurs obtenaient leurs informations des personnes, généralement par le biais de claviers. Mais c’était une limite d’envergure : on pouvait saisir des données à propos de systèmes simples qui ne changent pas, mais on ne pouvait pas le faire pour des systèmes complexes qui évoluent constamment. Le monde étant un système complexe qui évolue régulièrement, la saisie des données par l’humain restreignait grandement ces premiers ordinateurs.

La solution était évidente, mais délicate : laisser les ordinateurs sentir le monde par eux-mêmes. Les systèmes de détection (notamment la reconnaissance optique des caractères, les codes-barres, les satellites de navigation et les étiquettes d’identification par radiofréquence) ont fait leur apparition à la fin des années 90, mais étaient isolés et nécessitaient un stockage local des données. Par exemple, les premiers produits de navigation

8 Comprendre L'internet des Objets

embarquée utilisaient les satellites comme unique détecteur et enregistraient les données cartographiques sur des bandes cassettes. Ils étaient utiles, mais ne pouvaient en aucun cas avoir connaissance des routes fermées ou du trafic, et leurs cartes devenaient obsolètes dès lors que l’on crée de nouvelles routes, par exemple.

Les capteurs informatiques n’ont pu utiliser leur plein potentiel qu’à partir du XXIème siècle, lorsqu’Internet est devenu omniprésent. Pourquoi ? Parce que les capteurs fonctionnent mieux en réseau. Prenons par exemple le système nerveux de l’être humain : il s’agit d’un réseau reliant des capteurs au cerveau, qui établit des corrélations entre les données et les souvenirs, et les interprète (ou les comprend). Vos yeux ne peuvent pas voir une tarte aux pommes chaude. Ils voient seulement une tarte. Votre nez sent la pomme. Vos doigts sentent la chaleur. C’est la corrélation entre ces données et les souvenirs de tartes aux pommes chaudes qui vous indique ce qui se trouve en face de vous. Les organes que nous qualifions de « capteurs » (dans le cas du système nerveux, il s’agit de nos yeux, de nos oreilles, etc.) n’ont qu’un intérêt limité s’ils ne sont pas connectés entre eux. Le réseau est finalement le capteur.

Telle est la signification de l’IoT : des capteurs connectés à Internet, qui se comportent de la même manière qu’Internet en établissant des connexions ad hoc et ouvertes, en partageant librement des données et en ouvrant la voie à diverses applications, de sorte que les ordinateurs puissent comprendre le monde qui les entoure, et devenir le « système nerveux » de l’humanité.


Chapitre 2:

Quels sont les meilleurs cas d’utilisation de l’Internet des Objets?Combien de décideurs d’entreprise ont conscience du potentiel de transformation de l’IoT? Plus de la moitié : au niveau mondial, 58% d’entre eux déclarent que leurs collègues manifestent une bonne ou une excellente compréhension de l’intérêt commercial de l’IoT. Ce chiffre diffère grandement selon les pays : les cadres en Inde arrivent en première place, le Japon et le Royaume-Uni arrivent en bas du classement (respectivement, 79%, 33% et 35% des cadres de ces pays déclarent que la compréhension de leurs collègues est bonne ou excellente).

Dans la plupart des cas, ces niveaux de compréhension correspondent aux niveaux d’action. Au niveau mondial, 57% des entreprises déclarent utiliser l’IoT, et 32% déclarent prévoir de l’utiliser. L’Inde est le premier pays utilisateur de l’IoT au monde : 77% des cadres déclarent que leur entreprise a déjà déployé la technologie et 21 % déclarent que leur entreprise prévoit de le faire. Le Japon et le Royaume-Uni font partie des retardataires : seuls 37 % des cadres britanniques déclarent que leur entreprise a déjà adopté l’IoT (seule la Norvège affiche un taux d’adoption inférieur, qui s’établit à 34 %), et 30 % des cadres japonais ne savent pas si leur entreprise prévoit d’adopter l’IoT ou déclarent qu’elle ne l’adoptera pas. En revanche, les niveaux de compréhension ne correspondent pas aux niveaux d’action dans certains pays, et cela est révélateur. Les managers sud-coréens se positionnent à la 16ème place en termes de compréhension de l’IoT, mais leurs entreprises arrivent à la 9ème place au niveau mondial en termes d’utilisation. A contrario, les cadres américains occupent la 2ème place mondiale en termes de compréhension de l’IoT, une compréhension qui ne s’est pas traduite en actions : leur niveau d’adoption de l’IoT se situe juste au-dessus de la moyenne mondiale, et est inférieur à celui de la Corée du sud.


Compréhension Adoption1 79% Inde Espagne 99% 12 69% États-Unis Inde 98% 23 68% Espagne Mexique 98% 34 67% Italie Italie 97% 45 66% Brésil Brésil 96% 56 65% Allemagne Allemagne 95% 67 62% Mexique France 94% 78 61% France Singapour 93% 89 61% Singapour Corée du Sud 92% 9 58% Moyenne États-Unis 90% 1010 58% Pays-Bas Pays-Bas 89% 1111 57% Chine Moyenne 89%12 55% Suède Suède 88% 1213 54% Émirats arabes unis Chine 88% 1314 53% Australie Émirats arabes unis 83% 1415 45% Arabie saoudite Norvège 82% 1516 41% Corée du Sud Australie 80% 1617 40% Norvège Royaume-Uni 80% 1718 37% Turquie Arabie saoudite 75% 1819 35% Royaume-Uni Japon 70% 1920 33% Japon Turquie 70% 20


Compréhension — % de managers déclarant que leurs collègues manifestent une bonne ou une excellente compréhension de l’Internet des Objets. Adoption — % de managers déclarant que leur entreprise prévoit d’adopter l’Internet des Objets ou l’a déjà adopté.

Ères du Web et des ordinateurs personnels

Ère de l’Internet des objets

Ce décalage suit une tendance générale aux États-Unis : la plupart des Américains estiment que leur nation possède la première économie au monde en terme d’utilisation des technologies, alors que, selon la Banque mondiale, cela n’est plus le cas depuis 2004, lorsque l’impact de l’IoT a commencé à se faire sentir et que les exportations annuelles de produits high-tech chinois ont pour la première fois surpassé celles des États-Unis. L’Allemagne acquiert la 2ème place quelques années plus tard. À l’heure actuelle, la Corée du sud et Singapour challengent fortement les États-Unis pour la 3ème place. Les nations qui peinent à adopter l’IoT sont aujourd’hui de moins en moins compétitives dans l’économie mondiale, axée sur la haute technologie.

1990

États-Unis

Allemagne

SingapourCorée du Sud

Chine

Les premiers exportateurs de technologie au monde ont changé de place au cours de l’ère de l’Internet des Objets

150

300

450

600

1995 2000 2005 2010 2015

À quoi sert l’IoT pour les entreprises qui l’utilisent actuellement ? L’application la plus courante est la surveillance et la maintenance des équipements considerés comme critiques, appelés également « services sur site ». 31 % des entreprises ayant déjà adopté l’IoT déclarent que son impact le plus important concerne les services sur site, et 65 % des entreprises placent les services sur site dans les trois premiers cas d’utilisation.

En règle générale, les entreprises qui utilisent l’IoT pour les services sur site vendent des produits complexes qui requièrent une maintenance régulière (par exemple des photocopieurs, des systèmes industriels de chauffage et de refroidissement ou des équipements industriels) et les contrats de service après-vente constituent une part importante de leur chiffre d’affaires.


Exportations de produits de haute technologie

(en milliards $, valeur actuelle)

SERVICES SUR SITE

OPÉRATION ET CONTRÔLE À DISTANCE

SERVICES BASÉS SUR L’EMPLACEMENT

SURVEILLANCE

VÉHICULES CONNECTÉS

Les personnes ayant adopté l’Internet des objets déclarent que ces cinq cas d’utilisation ont eu le plus d’effets sur leur entreprise

Arabie saoudite: 49% Moyenne:65% Chine:74%

France: 37% Moyenne:51% Chine:66%

Pays-Bas: 35% Moyenne:49% Corée du Sud:66%

Turquie: 15% Moyenne:37% Émirats arabes unis:48%

Japon: 13% Moyenne:32% Pays-Bas:47%

L’histoire de l’IoT de chaque entreprise est unique, mais beaucoup d’entre elles suivent le même scénario. Au départ, l’entreprise ajoute les technologies de l’IoT à ses produits afin de détecter et de signaler automatiquement les problèmes à l’aide de capteurs et d’Internet, ce qui permet de diagnostiquer les problèmes de manière plus efficace, de diminuer les réclamations Clients et de résoudre davantage de problèmes à distance, réduisant ainsi les coûts de service et les temps d’arrêt des machines. Ces avantages augmentent la satisfaction des clients et la rentabilité de l’entreprise, qui augmente le nombre de produits équipés de capteurs, et le déploiement de plus de logiciels de diagnostic. Ce qui était auparavant une fonctionnalité haut de gamme facultative sur quelques marchés devient finalement la norme sur l’ensemble des produits, tous marchés confondus, et fait partie intégrante de la stratégie de l’entreprise. Par la suite, l’entreprise atteint un point critique : elle détient tant de données qu’elle sait très bien gérer qu’elle commence à voir des opportunités au-delà de la réparation de produits defectueux. Elle peut maintenant concevoir des services totalement nouveaux tels que la maintenance prédictive, qui analyse les performances d’une machine et identifie les problèmes avant qu’ils ne surviennent. L’analyse des données permet aussi d’aider les clients à exploiter leur équipement de manière plus efficace et d’améliorer les produits existants (parfois dans le cadre des mises à jour logicielles effectuées la nuit) et d’en développer de nouveaux. Il s’agit d’un scénario classique, qui ne se limite pas aux services sur site. La plupart des entreprises qui tirent parti de l’IoT commencent par penser qu’il s’agit d’une simple fonctionnalité facultative, mais découvrent rapidement qu’il s’agit d’un élément essentiel.

Une autre application courante et impactante de l’IoT englobe les opérations à distance. Des capteurs connectés à Internet sont utilisés pour agir à distance. Ces services de localisation permettent à une entreprise de savoir exactement où se trouvent ses actifs et ses salariés, mais aussi de contrôler et de surveiller des drones ou des véhicules connectés à distance. 21 % des cadres déclarent que les opérations à distance constituent le cas d’utilisation le plus utile, 19 % qu’il s’agit des services de localisation et 18 % des véhicules connectés.


Chapitre 3:

Étude de cas : la ville intelligente de ShanghaiDe nombreux déploiements IoT combinent plusieures utilisations en une vision unique. L’administration des villes constitue l’un des meilleurs exemples. Les maires et les municipalités du monde entier ont commencé à utiliser l’IoT afin de gérer leur infrastructure urbaine de manière plus efficace : ce sont les « villes intelligentes », ou « smart cities ». La conception de « villes intelligentes » est aussi riche et complexe que les villes elles-mêmes. Elles font appel à l’IoT pour tous types d’utilisation, du transport à la sécurité en passant par l’énergie et l’eau. Sanjay SARMA, professeur d’ingénierie mécanique au MIT et co-fondateur de l’Auto-ID Center, où l’IoT a été développé en premier lieu, décrit le concept de smart cities de la sorte :

« À l’heure actuelle, les villes sont plus “bêtes”qu’intelligentes ! Une grande partie du trafic se limite à des trajets, des conducteurs à la recherche d’une place où se garer, les lampadaires sont souvent allumés alors que cela n’est pas nécessaire, les réseaux fluviaux perdent jusqu’à 50 % de l’eau distribuée à cause de fuites et le réseau électrique est incapable de s’adapter véritablement aux nouvelles technologies telles que les véhicules électriques et les panneaux solaires. Les horodateurs intelligents, les lampadaires connectés, les réseaux fluviaux actifs et les réseaux électriques intelligents réduiront le trafic, économiseront de l’énergie et de l’eau et rendront le réseau davantage compatible avec les énergies renouvelables. »

L’évolutivité constitue le fond du problème. Par le passé, les villes étaient gérables, car il y avait peu d’habitants. Mais l’avenir est urbain : en 1800, 3% de la population mondiale vivaient en ville, en 190, ce chiffre s’élevait à 14%, pour dépasser les 50% pour la première fois en 2008. Selon les Nations Unies, les deux tiers de la population mondiale devraient vivre en ville d’ici à 2050.


Compte tenu de cette tendance et de l’espérance de vie, les villes d’aujourd’hui abritent dix, voire cent fois plus d’habitants, selon les zones géographiques, que 100 ans auparavant. En revanche, l’espace occupé par les villes n’a pas augmenté proportionnellement. Par conséquent, la densité urbaine est de plus en plus élevée, entraînant des problèmes tels que la gestion des ressources et des déchets, le manque d’efficacité du réseau de transports, la sécurité et la maintenance des infrastructures

essentielles telles que les routes, les ponts et l’éclairage urbain. La solution à ces problèmes passe par de meilleures informations, collectées et fournies par l’IoT.

Brésil

Arabie saoudite

Chine

Monde

Corée du Sud

Turquie

Une part de plus en plus importante de la population mondiale vit dans les villes

Popu

lati

on u

rbai

ne,

%

1960

100

80

60

40

20

01965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2014


Les plus grandes villes d’aujourd’hui sont bien plus grandes qu’elles ne l’étaient en 1900

Population 1900 2015 Croissance

Shanghai 1.000.000 24.256.800 2426%

Karachi 105,000 23,500,000 22381%

Pékin 2,400,000 21,516,000 897%

São Paulo 240,000 12,038,175 5016%

Dhaka 75,000 16,970,105 22627%

Delhi 690,000 16,787,941 2433%

Lagos 41,487 16,060,303 38712%

Istanbul 942,900 14,025,000 1487%

Tokyo 1,497,000 13,513,734 903%

Mumbai 812,912 12,478,447 1535%

Total 7.804.299 171.146.505 2193%

Shanghai, la ville la plus peuplée au monde, constitue un bon exemple. Elle abrite vingt-quatre fois plus d’habitants qu’en 1900, mais occupe seulement sept fois plus d’espace. Shanghai a commencé à utiliser l’IoT pour gérer et soutenir son développement en 1999, lorsque la municipalité a introduit la carte de transport public de Shanghai (Shanghai Public Transportation Card), un billet électronique basée sur la technologie d’identification par radiofréquence (ou RFID) pour son système de transport en commun. La carte pouvait être utilisée pour payer des trajets en bus, en métro, en train, en ferries, voire en taxis. On pouvait y recharger le montant que l’on souhaitait et, étant basée sur la radiofréquence, il n’était pas nécessaire de la passer ou l’insérer, permettant ainsi à un grand nombre de personne de passer rapidement et facilement les tourniquets et autres points de contrôle des transports en commun. Pouvoir gérer un nombre de passagers de plus en plus élevé est essentiel pour les services de transport de la ville, et les billets intelligents, qui détectent effectivement si un passager est autorisé à voyager lors de son entrée en gare ou en empruntant un autre moyen de transport, constituent le meilleur moyen d’y parvenir. En 2003, Londres a adopté un système RFID similaire appelé Oyster Card, exploité par Hewlett Packard Enterprise. Le nombre de passagers empruntant le métro de Londres augmente rapidement depuis les années 80. L’Oyster Card a permis à l’administration de Londres, l’Autorité du Grand Londres, de réduire l’encombrement aux entrées et sorties du métro, et le nombre de trajets a augmenté de plus de 40% depuis sa mise en œuvre.


Billets intelligents « Oyster Card » en service

La consommation électrique de Shanghai ayant triplé entre 1990 et 2005, la Commission nationale de la réforme et du développement de Chine (NDRC) s’est mise à la recherche de méthodes innovantes compatibles avec l’IoT pour gérer l’électricité à Shanghai et dans d’autres villes chinoises. Au lieu de se limiter à produire et distribuer plus d’électricité, la NDRC a cherché à réduire la demande, notamment aux heures pleines, et plus

Les villes intelligentes telles que Shanghai utilisent également l’IoT pour la gestion de l’électricité. Il est difficile de générer suffisamment d’électricité avec l’accroissement de la population, et même si une ville peut augmenter sa capacité de production d’électricité, il s’avère délicat d’ajouter des lignes électriques, des sous-stations et autres équipements nécessaires à la transmission d’électricité de manière fiable, du générateur au consommateur et dans un espace déjà recouvert de bâtiments.

Les billets intelligents IoT ont permis au métro de Londres de prendre en charge 40 % de trajets en plus

La consommation électrique de Shanghai a triplé entre 1990 et 2005

Pass

ager

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(mi

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Consommation électrique totale

(GWH)

1950

1990 1993 1996 1999 2002 2005

1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

1400

1200

1000

800

600

400

600000

500000

400000

300000

200000


particulièrement auprès des entreprises et industriels. En 2015, Shanghai a lancé le projet pilote de « réponse à la demande », une méthode de gestion de l’électricité qui informe les entreprises consommatrices d’electricité des pics de demande et les récompense si elles réduisent temporairement leur consommation. Pour l’heure, la réduction est surveillée à l’aide d’un compteur électrique relativement simple connecté en réseau, qui requiert une intervention manuelle, par exemple pour couper les systèmes de chauffage et de refroidissement via un panneau de contrôle du bâtiment. Progressivement, Shanghai et d’autres villes chinoises prévoient d’automatiser complètement ce processus. Le générateur d’électricité détectera un pic de demande au niveau du réseau électrique, enverra un signal par Internet et les installations industrielles et entreprises ajusteront instantanément et automatiquement leur consommation. Les analystes de l’Université d’Oxford estiment que le programme devrait permettre d’économiser 116 millions $ par an à Shanghai, en réduisant le besoin de construction et d’alimentation des centrales électriques, d’émission de dioxyde de carbone et d’investissement dans de nouvelles lignes de transmission.

La Carte de transport public de Shanghai et la mise en œuvre de l’offre de « réponse à la demande » constituent deux exemples d’initiatives en faveur d’une « ville intelligente ». Parmi les autres initiatives en la matière figurent la facturation électronique des services publics, les dossiers médicaux « intelligents » et les contrôles garantissant la sécurité de l’approvisionnement alimentaire. Et Shanghai n’est qu’une smart city parmi des centaines d’autres à émerger dans le monde. Juniper Research a désigné Singapour, Londres, Oslo, Barcelone et San Francisco comme étant les cinq meilleures « villes intelligentes » au monde. La Chine prévoit d’abriter plus de cinquante villes intelligentes, en plus de Shanghai, et l’Inde veut développer 109 villes intelligentes dans le cadre d’un programme lancé en 2015 par son Premier Ministre, Narendra MODI.

Mark ROBERTI, éditeur du RFID Journal, écrit des articles sur l’IoT depuis 17 ans. Il résume ici l’opportunité que représentent les villes intelligentes:

« Il existe de nombreuses applications en matière de villes intelligentes : de la surveillance du recyclage à l’information des usagers quant à l’emplacement et l’heure d’arrivée de leur autobus, en passant par la transmission d’informations relatives aux espaces de stationnement disponibles. Je pense que les applications qui rendent les villes plus durables sont d’une importance vitale. »

Toutes les villes sont des systèmes, et les villes intelligentes sont des systèmes intelligents, grâce à l’Internet des Objets.


Chapitre 4:

Étude de cas: Ford et ses véhicules connectésIl n’y a pas que les gouvernements qui utilisent l’IoT. En janvier 2007, la Ford Motor Company a annoncé le lancement de SYNC, un système à commande vocale embarqué permettant de gérer les systèmes de divertissement et les téléphones mobiles, disponible en option au prix de 395 $. Rien de nouveau : une technologie similaire était déjà disponible dans les véhicules Chryslers et Hondas, entre autres. Le partenariat entre Ford et Microsoft (peu connu pour son implication dans les technologies embarquées) est peut-être ce qui a fait la différence lors de cette annonce.

Au fil du temps, Ford a ajouté de nouvelles fonctionnalités utilisant des capteurs. Peu de temps après, les véhicules Ford sont devenus capables de contacter automatiquement les services d’urgence lors du déploiement des airbags ou de la coupure de la pompe à carburant en cas de collision, de générer automatiquement des rapports sur le niveau de carburant et l’état des freins et du moteur, de disposer de services de navigation par GPS et, pour le secteur de la construction, de disposer de lecteurs d’identification par radiofréquence permettant de suivre les outils et la flotte de vehicules par GPS (camions,…). SYNC est devenu une plateforme IoT.Entre 2007 et 2010, plus d’un million d’unités ont été vendues.


Puis, Ford a fait fausse route. Le groupe a peut-être été distrait par l’emergence des smartphones et tablettes Apple (l’iPhone a été lancé six mois après SYNC, en juin 2007 et l’iPad en avril 2010 ; le mois suivant, l’évaluation d’Apple a surpassé celle de Microsoft). Il a par la suite repositionné SYNC sous le nom de « MyFord Touch », un écran tactile sous Microsoft qui se connectait aux smartphones et jouait de la musique depuis la plateforme musicale « Zune » de Microsoft. MyFord Touch a par la suite reçu de cinglantes critiques : le système tombait fréquemment en panne, était difficile à utiliser et pouvait distraire les conducteurs. En outre, sur de nombreux modèles, il n’y avait ni bouton, ni touche. Consumer Reports a refusé de re-commander les véhicules dotés de ce système, affirmant que ce dernier « craignait », et Ford a chuté de la cinquième à la vingt-troisième place dans le classement « Qualité » de J.D. Powers & Associates, presque uniquement à cause de son système MyFord Touch. Le groupe automobile a essayé de résoudre ces problèmes grâce à des mises à niveau et des correctifs que le conducteur ou le revendeur devait télécharger, transférer sur un lecteur USB et installer, mais il ne s’agissait que de légères améliorations. Pour aggraver la situation, en 2012, soit environ un an après la sortie de MyFord Touch, Microsoft a mis fin au service musical « Zune ».

Comment Ford Motor Company a transformé les fonctionnalités IoT en une stratégie IoT

Janvier 2008Ajoute 911 Assist, qui est activé lors du déploiement

des airbags, ainsi que Vehicule Health Report, qui est connecté à des capteurs

embarqués

Janvier 2007Annonce la sortie de SYNC. Se connecte aux systèmes de

divertissement, aux téléphones et aux messages texte

Avril 2009Ajoute la navigation par GPS et, pour les

entreprises, les rapports de maintenance, le suivi des véhicules et l’outil de suivi par

RFID

Janvier 20112 millions

d’unités SYNC vendues

Mai 2015Lance le service de partage de véhicule « GoDrive » à Londres

Décembre 201610 millions d’unités SYNC

vendues

Mars 2016Forme Ford Smart Mobility

LLC pour proposer des services IoT, notamment

le stationnement intuitif, le partage de véhicule et les véhicules

autonomes

Décembre 2014Relance SYNC et passe au logiciel QNX de Blackberry

Juin 2015Établit un partenariat avec

Hewlett Packard Enterprise pour tester l’utilisation des Big

Data appliquée à la gestion des flottes

Février 2016Commence ses essais de stationnement

intuitif à Londres, à l’aide de

capteurs embarqués permettant de localiser les places de stationnement

Janvier 2014Met à niveau 911 Assist, pour indiquer la vitesse, le type d’accident et si le conducteur et les passagers portaient ou non leur ceinture de sécurité

Août 2012Malgré les mises à niveau, MyFord Touch continue de faire l’objet de

commentaires négatifs de Consumer Reports,

entre autres

Janvier 2016Lance son plan de

mobilité intelligent, triple sa flotte de véhicules autonomes tests et devient la première entreprise à réaliser des essais de véhicules autonomes

dans la neigeJanvier 2010

1 million d’unités vendues. SYNC devient MyFord Touch, un écran tactile sur Microsoft



Dès lors, Ford a réagi en faisant plus que de la simple publication de correctifs. En 2013, le groupe a conçu une nouvelle plateforme logicielle , en y incorporant les fonctionnalités IoT qui avaient fait le succès de SYNC. En 2014, il a sélectionné QNX de Blackberry Limited, un système de style « Unix » déjà utilisé dans des millions de véhicules. Le service 911 Assist a aussi été mis à niveau, de sorte à fournir des informations essentielles aux services d’urgence, telles que la vitesse et la nature de l’accident, le nombre d’impacts et le nombre de personnes susceptibles de se trouver dans le véhicule. Qui plus est, Ford a restauré la marque SYNC. La dix millionième unité SYNC a été vendue l’année suivante et, les problèmes d’écrans tactiles appartenant au passé, Ford a commencé à fortement investir dans l’IoT. Le groupe a étendu sa flotte de véhicules autonomes, développé des outils permettant de trouver des places de stationnement libres, testé des services de partage de véhicules et travaillé avec Hewlett Packard Enterprise sur l’utilisation de la Big Data pour améliorer la gestion des flottes d’entreprises. En mars 2016, le groupe a formé une toute nouvelle société, Ford Mobility Services LLC, afin de commercialiser l’ensemble de ces nouveaux produits. Ford Mobility Services dépend directement de Mark Fields, PDG de Ford, qui expose clairement l’objectif de la nouvelle société:

« Puisque nos véhicules adoptent l’IoT et que les consommateurs choisissent de partager leurs données avec nous, nous souhaitons être en mesure d’utiliser ces données pour améliorer leur quotidien, et pour créer des modèles commerciaux nous permettant d’accroitre notre rendement. Tel est notre objectif. »

Moins de dix ans après la première annonce de sa sortie, SYNC a placé l’IoT au cœur de la stratégie de Ford pour les années à venir.

Chapitre 5:

Étude de cas: Des soins de santé plus intelligents à l’hôpital pour enfants de BostonLe secteur de la santé constitue l’un des domaines les plus riches en opportunités pour l’IoT. Shwetak PATEL est professeur d’ingénierie et d’informatique à l’Université de Boston. Spécialisé dans le développement de technologies IoT, il a notamment reçu le prix MacArthur. Il explique : « La prochaine vague IoT aura un impact énorme dans le domaine de la santé. Par exemple, la détection des indicateurs de santé au domicile est essentielle à la prise en charge des maladies chroniques ». La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) est l’une des maladies que M. Patel cible avec l’IoT.

La MPOC, que l’on appelait auparavant « bronchite chronique » ou « emphysème », est une affection pulmonaire progressive qui provoque une toux et un essoufflement. 5% de la population mondiale souffrent de MPOC, et trois millions de personnes en meurent chaque année. Aux États-Unis par exemple, la MPOC représente les trois quarts du million d’hospitalisations annuelles et la troisième cause de décès. La maladie est diagnostiquée et traitée à l’aide d’appareils appelés spiromètres, qui mesurent le débit d’air entrant et sortant des poumons. Les spiromètres coûtent des milliers d’euros et sont uniquement disponibles dans les hôpitaux, parfois dans les cabinets de medecins, et de nombreuses personnes souffrant de MPOC n’y ont pas accès. Afin de résoudre ce problème, Shwetak Patel a créé une alternative aux spiromètres basée sur l’IoT, qui utilise les capteurs connectés les plus répandus au monde : les microphones des téléphones.


Il y avait moins d’un milliard de téléphones dans le monde il y a vingt ans. Aujourd’hui, il y en a près de neuf milliards, des téléphones mobiles pour la plupart. L’équipe de Shwetak PATEL a mis au point un algorithme qui mesure l’état de santé des poumons en analysant le bruit de la respiration d’une personne à travers le microphone d’un téléphone. Cet algorithme est semblable à un spiromètre, les frais et les visites à l’hôpital en moins. Une personne souffrant de MPOC doit simplement composer un numéro gratuit et respirer au niveau du micro de son téléphone. Les ordinateurs connectés au réseau s’occupent du reste, en réalisant des calculs complexes, puis en délivrant les résultats quelques secondes plus tard via un SMS ou message vocal. Les premières versions de l’algorithme fonctionnaient uniquement sur des smartphones coûteux ; Shwetak Patel et son équipe l’ont donc amélioré au fil du temps jusqu’à ce qu’il puisse fonctionner sur n’importe quel téléphone. Cette méthode atteint une précision de 95 % sur tout type de téléphone, même sur les lignes fixes!

Le diagnostic et le traitement de la MPOC donnent un aperçu des améliorations qu’apportera l’IoT en matière de soins de santé. Certaines améliorations sont déjà présentes. Par exemple, le problème le plus commun dans les hôpitaux modernes est l’orientation. Trouver son chemin dans les hôpitaux est un problème majeur. Lorsque les gens se perdent, cela engendre du stress et coûte de l’argent à l’hôpital. Les patients en ambulatoire et les personnes rendant visite à leur famille peuvent mal connaitre l’établissement hospitalier, et sont déjà dans des circonstances émotionnelles difficiles : un état qui rend plus compliqué le traitement des informations. Une étude de l’hôpital universitaire d’Emory, un établissement de soins de courte durée situé à Atlanta, a révélé que les problèmes d’orientation lui coûtaient 400 000 $ par an (plus de 800 $ par lit), soit le coût d’au moins deux employés à temps plein. Ces dépenses sont majoritairement causées par les interruptions et distractions, lorsque des personnes demandent leur chemin au personnel. Ceci est particulièrement problématique dans les hôpitaux pédiatriques, où les visiteurs sont des parents inquiets, et les patients en ambulatoire, des enfants.

L’avènement des téléphones mobiles : près de neuf milliards de téléphones dans le monde

9 milliards

NOMBRE TOTAL DE TÉLÉPHONES

Téléphones mobiles

Téléphones fixes

6 milliards

2000 2005 2010 2015

3 milliards


Les frais et nuisances causés par les problèmes d’orientation dans les hôpitaux ont suscité beaucoup d’intérêt auprès de la communauté médicale ces dernières décennies. En conséquence, les nouveaux hôpitaux sont souvent conçus pour faciliter l’orientation. Mais peu d’hôpitaux ont été recemment construits, la plupart sont même très anciens. Par exemple, à Boston, la plupart des hôpitaux ont été construits à la fin du XVIIIème ou au début du XIXème siècle. Certains ont récemment été transférés sur de nouveaux sites, mais d’autres non et de nouveaux bâtiments ont été ajoutés aux anciens, augmentant ainsi la surface occupée, avec peu d’égard pour les soucis d’orientation. Il est impossible de repenser ces hôpitaux afin qu’il soit plus facile de s’y déplacer : il faut donc trouver une autre solution.

Les visiteurs demandent souvent leur chemin au personnel de l’hôpital pédiatrique

Destination Nombre de demandes d’orientation

Unité de soins intensifs pédiatriques 223

Imagerie médicale 115

Cliniques ambulatoires 107

Cardiologie 83

Unités dédiées aux jeunes enfants/ 70enfants en âge d’être scolarisés

Total 598


En 2017, l’âge moyen des principaux hôpitaux de Boston était de 101 ans

Année de la construction/fondation Âge

Centre médical Beth Israel Deaconess 1973 44

Hôpital pour enfants de Boston 1871 146

Centre médical de Boston 1855 162

Hôpital Brigham and Women’s 1980 37

Hôpital Carney 1853 164

Institut d’oncologie Dana-Farber 1947 70

Hôpital Faulkner 1900 117

Centre du diabète Joslin 1952 65

Hôpital Lemuel Shattuck 1974 43

Clinique auriculaire et 1824 193ophtalmologique du

Hôpital général du Massachusetts 1811 206

Hôpital baptiste de Nouvelle Angleterre 1893 124

Hôpitaux Shriners pour enfants 1999 18

Hôpital de réadaptation Spaulding 2013 4

Centre médical Ste Élisabeth 1868 149

Centre médical Tufts 1950 67

ÂGE MOYEN 101


L’hôpital pour enfants de Boston en a déjà trouvé une, basée sur l’IoT. L’hôpital a été fondé en 1869 et a été transféré à son emplacement actuel en 1871. Il est aujourd’hui considéré comme étant l’un des premiers hôpitaux pédiatriques au monde. Il traite environ 25 000 patients hospitalisés et 500 000 patients en ambulatoire chaque année sur une surface de plus de 300 000 m², répartie sur douze bâtiments et cinq étages, auxquels s’ajoutent cinq ascenseurs.

En 2012, afin de faciliter l’orientation dans cette structure complexe, l’hôpital pour enfants de Boston a développé une application gratuite pour smartphone appelée MyWay. Cette dernière utilise le système GPS pour repérer les visiteurs ou les patients et les guider vers leur destination. L’application peut également afficher l’itinéraire le plus rapide vers certains endroits spécifiques, par exemple les toilettes, le parking et les guichets d’information. Il n’a fallu que quelques mois à l’hôpital pour concevoir l’application à l’aide de la plateforme Meridian, développée par Aruba. L’une des fonctionnalités les plus importantes de l’application est la possibilité pour le personnel d’effectuer des mises à jour en temps réel lors d’un changement au sein de l’hôpital. Par exemple, si un ascenseur est hors-service ou un couloir fermé pour travaux, MyWay seléctionnera automatiquement un autre itinéraire. 4 500 patients de l’hôpital pour enfants de Boston ont téléchargé l’application au cours des six premiers mois, et 65 % d’entre eux ont déclaré qu’elle avait amélioré leur expérience à l’hôpital. Cinq ans plus tard, l’application se voit attribuer la note moyenne de 4 étoiles sur l’App Store et Google Play, et continue à réduire le stress des patients et des visiteurs, ainsi que les perturbations intempestives du personnel soignant.


Chapitre 6:

Internet des Objets, par où commencer?L’une des choses les plus intéressantes à propos des déploiements IoT, notamment par rapport à de nombreuses autres stratégies d’entreprise aux solides ambitions, c’est que cette technologie a tendance à offrir bien plus de valeur que prévu. Ford Motor Company a lancé son programme IoT afin que les conducteurs puissent passer des appels téléphoniques et contrôler les systèmes de divertissement embarqués plus facilement ; la société propose désormais toute une panoplie de nouveaux services, des prévisions concernant les places de stationnement aux services de partage de véhicule. L’hôpital pour enfants de Boston a fait appel à l’IoT pour aider les visiteurs et les patients en ambulatoire à trouver leur chemin, puis a découvert qu’il pouvait participer à une orientation plus intelligente des visiteurs et patients en cas d’ascenseurs hors-service ou de zones en travaux.

Cet effet ne se limite pas à ces deux exemples. Dans le monde entier, la différence est frappante entre les résultats que les entreprises s’attendent à avoir de l’Internet des Objets et les résultats qu’elles obtiennent réellement. Par exemple, 27% des dirigeants prévoyant d’adopter la technologie IoT s’attendent à ce que cela entraîne une amélioration notable de l’expérience client, mais 39% d’entre eux l’ayant adoptée déclarent que cela a effectivement été le cas ; 60% des cadres prévoyant de l’adopter s’attendent à ce que cela permette de gagner en rentabilité, mais 32% l’ayant adoptée déclarent que cela a effectivement été le cas. Ces promesses et attentes semblent s’appliquer à tous les avantages de l’IoT et les résultats montrent que la plupart des entreprises qui adoptent cette technologie obtiennent plus de retour sur investissement que ce qu’elles avaient prévu.


Plusieurs raisons peuvent expliquer cela, et elles nous ramènent à ce qu’est réellement l’IoT, et expliquent son importance. Tout d’abord, l’IoT n’est pas seulement une nouvelle manière de recueillir des informations, c’est aussi une manière de recueillir de nouvelles informations. La plupart des données qui sont recueillies automatiquement sont des données qui n’ont jamais été recueillies auparavant. Lorsqu’une organisation adopte la technologie IoT, elle acquière des connaissances là où elle avait des lacunes, elle passe de l’hypothèse à l’information, et maîtrise donc de nouveaux éléments. En second lieu, les technologies IoT, tout comme Internet lui-même, tendent à être ouvertes, flexibles et faciles à exploiter. Lorsqu’un déploiement IoT initial découvre de nouvelles opportunités, il est relativement aisé d’amener le système à les exploiter. Inutile donc de regretter l’oubli d’un élément lors de la création d’un système : vous pouvez, si vous le vous souhaitez, transformer votre système de navigation IoT en outil capable d’aider les clients à mieux gérer leur parc automobile, à trouver des places de parking ou à lancer un nouveau service de partage de voiture. Les déploiements de l’IoT sont infinis : la plupart des utilisateurs réfléchissent sans cesse à de nouvelles manières d’en tirer profit.

SÉCURITÉ

S’attendaient à une nette augmentation: 36%

Ont enregistré une nette augmentation: 48%

















INNOVATION

RENDEMENT

RENDEMENT DU SERVICE INFORMATIQUE

EFFICACITÉ DU SERVICE INFORMATIQUE

EXPÉRIENCE CLIENT

VISIBILITÉ DE L’ENTREPRISE

ÉCONOMIES

RENTABILITÉ

Les personnes ayant adopté l’Internet des objets obtiennent de meilleurs résultats que prévu


Le retour sur investissement d’un déploiement IoT dépend de nombreux facteurs, le plus important étant l’investissement : l’entreprise dispose-t-elle d’une stratégie IoT ou investit-elle de manière sporadique ? Les entreprises qui adoptent l’IoT par opportunité et l’utilisent comme tactique enregistrent de beaux retours : leur ROI moyen est de 30%. Mais celles qui l’adoptent de manière stratégique font encore mieux : leur ROI moyen s’élève à 38%.

En moyenne, le retour sur investissement stratégique lié à l’IoT est de 38%

Retour sur Adoption Adoption Différenceinvestissement approximatif tactique stratégique

Supérieur à 80% 0% 1% +1%

60-80% 4% 15% +11%

40-60% 14% 19% +5%

30-40% 49% 46% -3%

Moins de 20% 8% 4% -4%

Aucun retour sur 11% 8% -3%investissement

Retour sur 11% 4% -7%investissement non quantifiable

Sans opinion 3% 2% -1%

MOYENNE 30% 38% +8%


En quoi consiste une bonne stratégie IoT? L’une des choses les plus importantes est un plan solide pour sécuriser son système. 84% des entreprises qui ont adopté l’IoT affirment avoir été victimes, au moins une fois, d’une violation de la sécurité liée à l’IoT, et due principalement aux logiciels malveillants, aux logiciels espions ou à l’erreur humaine. Par ailleurs, 93% des cadres s’attendent à des violations de la sécurité liées à l’IoT à l’avenir.

84% des entreprises ayant adopté l’Internet des objets ont été victimes d’une violation de la sécurité

Ont été victimes d’au moins une violation de la 84%sécurité liée à l’Internet des objets

Logiciels malveillants 49%

Logiciels espions 38%

Erreur humaine 38%

Hameçonnage 30%

Déni de service distribué 26%

Vol de matériel 25%

Détournement 18%

Ransomware 14%

Harponnage 12%

Aucune violation de la sécurité liée 13%à l’Internet des objets

Sans opinion 2%


93% des cadres s’attendent à ce des violations de la sécurité liées à l’Internet des objets à l’avenir

Il y a un risque élevé de violations 93%de la sécurité liées à l’Internet des objets à l’avenir

Logiciels malveillants 56%

Logiciels espions 50%

Déni de service distribué 38%

Erreur humaine 38%

Hameçonnage 36%

Vol de matériel 27%

Ransomware 25%

Détournement 23%

Harponnage 17%

Absence de violations de la 4%sécurité liées à l’Internet des objets à l’avenir

Sans opinion 3%


Matt Reynolds, professeur agrégé de l’université de Washington spécialisé dans l’IoT depuis les années 90, déclare:

« La promesse novatrice de l’IoT ne peut se concrétiser sans se focaliser sur la sécurité en premier lieu. Tout l’intérêt de l’Internet des Objets réside dans le fait que les décisions concernant la répartition du temps et des ressources seront prises par l’homme conjointement avec des systèmes automatisés, en se basant sur les informations provenant des capteurs et des appareils placés dans notre environnement. Si les informations provenant de ces capteurs ne sont pas dignes de confiance, l’homme et les machines écarteront les systèmes et capteurs IoT ou, pire, prendront de mauvaises décisions. Dans des cas extrêmes, ces mauvaises décisions entraîneront des pertes financières, voire provoqueront des blessures physiques ou seront néfastes pour notre environnement ».


En fait, la sécurité dans l’univers de l’IoT ne concerne pas uniquement les données. Les attaques malveillantes peuvent entraîner des blessures physiques. Par exemple, tandis que la Ford Motor Company était préoccupée par les pannes de ses écrans tactiles Microsoft, son concurrent, General Motors, qui avait déployé un système embarqué similaire basé sur l’IoT appelé « OnStar », était confronté à un problème bien plus grave : ses véhicules tombaient en panne. Un étudiant en doctorat du nom de Karl Koscher a montré, lors du colloque international sur la sécurité et la confidentialité qui a eu lieu en 2010 à Oakland en Californie, comment il avait pu pirater un système OnStar de General Motors pour contrôler une Chevrolet Impala. Le véhicule est par la suite passé dans l’émission de télévision « 60 minutes », où il était conduit par le journaliste Lesley Stahl. Karl Koscher a réussi à désactiver les freins à distance, et Lesley Stahl s’est écrié : « Non ! Non ! Oh, mon Dieu ! Je ne peux plus du tout freiner ! ». Autre cas : des chercheurs ont piraté des ampoules contrôlées à distance et ont pu les éteindre, les faire éclater et les faire clignoter suffisamment rapidement pour provoquer des crises d’épilepsie.

La leçon à tirer est simple : lors de l’élaboration d’une stratégie IoT, la sécurité des objets est encore plus importante que celles des données : une nouvelle manière de penser pour la plupart des départements informatiques. Le meilleur moyen, et le plus simple d’y remédier consiste à sélectionner un partenaire technologique expérimenté dans la sécurité de l’IoT, et non uniquement dans la sécurité des données, puis de faire appel à des pirates IoT totalement indépendants et de leur demander de detecter d’éventuelles vulnérabilités dans votre système.


Outre la sécurité, le fait de comprendre et d’apprendre de l’expérience des autres constitue un autre aspect essentiel à l’élaboration d’une stratégie IoT. L’expérience de sociétés telles que Ford, de villes telles que Shanghai et d’organisations telles que l’hôpital pour enfants de Boston peut vous guider lors de la planification de votre prochaine étape dans l’ère de l’Internet des Objets. Elle montre par exemple qu’il est important de faire simple pour commencer, en acceptant de pouvoir se tromper en cours de route. L’infrastructure IoT de Shanghai peut sembler être une réussite rapide, mais il a fallu dix-huit ans à la ville entre le premier déploiement de billets de transport en commun RFID et aujourd’hui. La stratégie d’entreprise de Ford repose désormais sur les véhicules connectés, mais il a fallu dix ans à la société pour y parvenir, en commençant par trois véhicules dotés de systèmes audio à commande vocale pouvant lire les SMS à voix haute. Les partenaires aussi sont importants. L’hôpital pour enfants de Boston a pu lancer son application de géo-guidage en seulement quelques mois parce qu’il avait choisi Aruba Meridian, et le succès de l’Oyster Card de Londres, qui s’appuie sur l’IoT, repose en partie sur le fait que les services de transport de la ville avaient établi un partenariat avec Hewlett Packard Enterprise. Enfin, si vous souhaitez optimiser vos investissements dans l’IoT, vous devez rester fidèle à votre vision. Les investisseurs, analystes, membres du conseil d’administration et collègues qui doutent de l’intérêt de votre stratégie IoT saisiront chaque occasion pour s’en plaindre, notamment lors de retards et d’inévitables déceptions. La direction de la Ford Motor Company a maintenu son programme malgré les pannes de logiciels et les nombreux commentaires négatifs, au lieu de l’abandonner. L’entreprise en est ressortie plus forte grâce à cela. David Sargent, Vice-président du département de recherche sur les véhicules chez J.D. Powers, instigateur des critiques les plus virulentes à l’encontre de Ford face à ses difficultés, a déclaré « Disons que Ford a pris la courageuse décision d’être un leader ». Il emploie le terme « courageuse » en tant qu’euphémisme pour dire « mauvaise », mais Ford a bel et bien fait preuve de bravoure. L’innovation et l’audace sont essentielles à la survie de toute entreprise. Les chemins de la découverte ne sont jamais tracés d’avance, et les routes confortables ne mènent qu’à des temps anciens.

Cette dernière leçon s’applique à l’Internet des Objets dans son ensemble. Depuis sa création en 1999, l’IoT a été tourné en dérision, critiqué et mal compris. J’ai entendu qu’on le qualifiait de fumiciel, de mode éphémère, de violation des lois de la physique et de solution à la recherche d’un problème. Pourtant, moins de deux décennies plus tard, nous voilà dans un monde où des dizaines de milliers d’organisations réalisent des économies et des profits de centaines de millions de dollars grâce à l’Internet des Objets, en utilisant des voitures autonomes, des gares ferroviaires qui détectent les passagers, des algorithmes qui diagnostiquent les maladies graves via des téléphones et d’autres inventions technologiques que l’on pensait impossibles autrefois. L’avenir promet des innovations encore plus passionnantes. La décision la plus importante que vous puissiez prendre maintenant est de réfléchir à la manière dont vous pouvez en faire partie.


Notes de bas de page Le présent ouvrage contient l’étude originale commanditée par Aruba, une societé Hewlett Packard Enterprise. 3 100 décideurs (chefs d’entreprise et responsables informatiques) ont été interrogés en novembre et décembre 2016. Ces personnes appartenaient à des organisations comprenant au moins 500 employés et faisant partie des secteurs public et privé : industrie, gouvernement, vente au détail, santé, éducation, construction, finances et informatique/technologie/télécommunications. Les entretiens ont été réalisées en ligne et par téléphone suivant une rigoureuse procédure de sélection des candidats à plusieurs niveaux. Ces entretiens ont eu lieu dans les pays suivants : Royaume-Uni, Italie, Allemagne, France, Pays-Bas, Espagne, Suède, Norvège, Turquie, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, États-Unis, Singapour, Japon, Australie, Inde, Brésil, Mexique, Chine et Corée du Sud.

Kevin Ashton a inventé le terme “Internet des Objets” en 1999 et est l’auteur de l’ouvrage “How to Fly a Horse—the Secret History of Creation, Invention, and Discovery,” (Comment faire voler un cheval - L'histoire secrète de la création, l'invention et la découverte) qui a reçu en 2015 le Prix « Best Business Book of the Year » de 800-CEO READ Business Book. Il est le co-fondateur et ancien Directeur Executif du Centre Auto-ID au Massachusetts Institute of Technology, le co-fondateur et CEO de Zensi, qui a developpé l’usage de la technologie IoT pour réduire la consommation d’énergie et d’eau, et le créateur de Wemo (domotique).

Crédit photo: The Hayes Brothers

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