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Terrain IS .t; ----------------------------------------------------------------------~~~_r~~----~, ~ Comprendre et ag ir sur les avorternents en élevage caprin : Premier bilan et perspectives d'une étude écopatholoqlque conduite dans une petite région du Nordeste brésilien ... René QUIRIN, CIRAD/IEMVT François PREVOST, Ministêre français des Affaires Etrangêres Tania Maria Leal, EMBRAPA/CPATSA Patrick CARON, CIRAD/SAR .I L 'alimentation en saison séche, les troubles de Ia reproduction et les problémes sanitaires (avortement, parasitisme) constituent les facteurs limitants de /'élevage caprin traditionnel de Ia région semi-aride du Nordeste brésilien ou Sertao. ,I Ce diagnostic, réalisé dês 1978 par le Centre National de Recherche en Elevage Caprin (BELLAVER, 1979) et confirmé lors de Ia premiêre phase du projet de coopération franco-brésilien (Gittet, 1990) a conduit à introduire un volet sanitaire au contenu de Ia deuxiéme phase de ce projet (1990-1992). . /Idevient ainsi un programme complet et cohérent qui associe Ia recherche appliquée et /'expérimentation (surdes tbémes aussi divers que Ia valorisation des produits, le crédit, /'alimentation et Ia santé animale) dans une petite région du Nord de /'état de Bahia (District de Massaroca, municipe de Juazeiro), à un objectif de valorisation à grande échelle des techniques et.méthodes d'interVention mises au point (cf article paru sur ce programme dans Cspricome vol. 4n° 2). Diverses institutions françaises (CIRAD/SAR, CIRAD/IEMVT, MAE) et brési/iennes (EMBRAPAlCPATSA, EMBRAPAI CNPC, ADAC-SF, EMATER-BA) participent au projeto Les échanges entre ces différents acteurs et bien entendu, les éleveurs, /'ont beaucoup entichi, et sa médiatisation par une série de reportages de Ia TV GLOBO en 1991 /'ont édifié en "syrribole" du développement possible de Ia petite agriculture nordestine. L 'étude du probiéme des avortements des chévres constitue dans ce programme un théme de recherche appliquée dont /'objectif est de proposer rapidement des solutions techniques susceptibles d'en diminuer /'incidence. Ces conditions ont :i guidé le choix de Ia méthoeJologie employée. L'écopathologie : un choix méthodologique 1. ·1 J I I L 'avortement est un exemple de patholo- gie multifactorielle complexe qui néces- site une approche élargie. Pour en déter- miner les causes, une recherche étiologi- que classique serait nécessaírement lon- gue et coüteuse, sans garanties de Ia pré- sence d'agents pathogenes, et aurait re- cours à des expérirnentations en station ou il serait difficile de prendre en compte les conditions réelles du terrain ou de les reproduire. Ces considérations nous ont conduit à opter pour une méthodologie originale, I' écopathologie, qui, en tan t que méthode d'approche des problemes sanitaires d' élevage, est encore expérimentale dans les pays en voie de développement (LEFEVRE, 1989; MONICAT, 1991). Jusque là, l'écopathologie a fait ses preu- ves, en pays industrialisés, dans des situa- tions d'élevage hors-sol, à environne- ment strictement contrôlé (pore, vo- lailles ...) ou dans des conditions d'éle- vage intensif ou prédomine une patholo- gie multifactorielle, minutieusement sui- vie et enregistrée (mammites vaches lai- tiêres, arthrites des caprins, mortalité néonatale des agneaux ...). Il s'agit dans notre cas, et c'est un challenge, d'utiliser Ia même méthode en milieu tropical avec une population d'éleveurs pour Ia plupart analphabetes, qui n'a pas l'habitude de travailler de maniere suivie avec des tech- niciens, dont les chevres sont de 12 mois par an en liberté sur les parcours collectifs de caatinga (végétation caracté- ristique du nordeste, riche en arbustes épineux et cactées), dans un pays ou les communications sont longues et difficiles et oü les services techniques (de larecher- che et du développement agricole) subis- sent durement les effets d'une récession économique majeure. L'objectif de cette méthodologie est de définir, non pas des causes d'avortements

Comprendreet agir sur les avorternents en élevage caprinainfo.cnptia.embrapa.br/digital/bitstream/item/175942/1/Separata-9537.pdf · tions d'élevage hors-sol, à environne-ment

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Terrain

IS

.t;----------------------------------------------------------------------~~~_r~~----~,~

Comprendre et ag ir sur les avorternentsen élevage caprin :Premier bilan et perspectives d'une étude écopatholoqlqueconduite dans une petite région du Nordeste brésilien

...

René QUIRIN, CIRAD/IEMVTFrançois PREVOST, Ministêre français des Affaires EtrangêresTania Maria Leal, EMBRAPA/CPATSAPatrick CARON, CIRAD/SAR

. I

L 'alimentation en saison séche, les troubles de Ia reproduction et les problémes sanitaires (avortement, parasitisme)constituent les facteurs limitants de /'élevage caprin traditionnel de Ia région semi-aride du Nordeste brésilien ou Sertao.

, I Ce diagnostic, réalisé dês 1978 par le Centre National de Recherche en Elevage Caprin (BELLAVER, 1979) et confirmélors de Ia premiêre phase du projet de coopération franco-brésilien (Gittet, 1990) a conduit à introduire un volet sanitaireau contenu de Ia deuxiéme phase de ce projet (1990-1992). .

/Idevient ainsi un programme complet et cohérent qui associe Ia recherche appliquée et /'expérimentation (surdes tbémesaussi divers que Ia valorisation des produits, le crédit, /'alimentation et Ia santé animale) dans une petite région du Nordde /'état de Bahia (District de Massaroca, municipe de Juazeiro), à un objectif de valorisation à grande échelle destechniques et.méthodes d'interVention mises au point (cf article paru sur ce programme dans Cspricome vol. 4n° 2).

Diverses institutions françaises (CIRAD/SAR, CIRAD/IEMVT, MAE) et brési/iennes (EMBRAPAlCPATSA, EMBRAPAICNPC, ADAC-SF, EMATER-BA) participent au projeto Les échanges entre ces différents acteurs et bien entendu, leséleveurs, /'ont beaucoup entichi, et sa médiatisation par une série de reportages de Ia TV GLOBO en 1991 /'ont édifié en"syrribole" du développement possible de Ia petite agriculture nordestine.

L 'étude du probiéme des avortements des chévres constitue dans ce programme un théme de recherche appliquée dont/'objectif est de proposer rapidement des solutions techniques susceptibles d'en diminuer /'incidence. Ces conditions ont

:i guidé le choix de Ia méthoeJologie employée.

L'écopathologie : unchoix méthodologique

1.·1

JI

I

L 'avortement est un exemple de patholo-gie multifactorielle complexe qui néces-site une approche élargie. Pour en déter-miner les causes, une recherche étiologi-que classique serait nécessaírement lon-gue et coüteuse, sans garanties de Ia pré-sence d'agents pathogenes, et aurait re-cours à des expérirnentations en station ouil serait difficile de prendre en compte lesconditions réelles du terrain ou de lesreproduire.

Ces considérations nous ont conduit àopter pour une méthodologie originale,

I' écopathologie, qui, en tan t que méthoded'approche des problemes sanitairesd' élevage, est encore expérimentale dansles pays en voie de développement(LEFEVRE, 1989; MONICAT, 1991).

Jusque là, l'écopathologie a fait ses preu-ves, en pays industrialisés, dans des situa-tions d'élevage hors-sol, à environne-ment strictement contrôlé (pore, vo-lailles ...) ou dans des conditions d'éle-vage intensif ou prédomine une patholo-gie multifactorielle, minutieusement sui-vie et enregistrée (mammites vaches lai-tiêres, arthrites des caprins, mortaliténéonatale des agneaux ...). Il s'agit dansnotre cas, et c'est un challenge, d'utiliser

Ia même méthode en milieu tropical avecune population d'éleveurs pour Ia plupartanalphabetes, qui n'a pas l'habitude detravailler de maniere suivie avec des tech-niciens, dont les chevres sont de 6 à 12mois par an en liberté sur les parcourscollectifs de caatinga (végétation caracté-ristique du nordeste, riche en arbustesépineux et cactées), dans un pays ou lescommunications sont longues et difficileset oü les services techniques (de larecher-che et du développement agricole) subis-sent durement les effets d'une récessionéconomique majeure.

L'objectif de cette méthodologie est dedéfinir, non pas des causes d'avortements

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16. -

Térralri ..

contre Iesquelles il n 'y aurait pas toujoursde solutions simples ou accessibles finan-cíerement, mais des facteurs de risque

. (et Ieurs associations) définis comme unecombinaison de siiuatíons (épidémioIogi-ques, . zootechníques.' édapho-climati-ques, économiques, sociales ...) de pIusgrande probabilité d' occurrence des avor- _tements. Sans se préoccuper plus avantdes causes de ces avortements qui peu-vent rester ignorées, il est alors possiblede proposer aux éleveurs des plans deprévention et de les mettre en oeuvredans un délai relativement court.

Le second avantage incontestable de cetteméthode est qu 'elle nécessite Ia participa-tion active des éleveurs et permet ainsid'établir avec eux des échanges fruc-

Itueux, /

Enfin, cette méthode permet d' aborder leprobleme sanitaire dans son environne-mentréel, à savoir celui du systeme d' éle-vage, lui-même partie intégrante d'unsysteme deproduction, conditionné parun contexte physique, économique etsocial, et piIoté par un éleveurs qui vise un

. certain nombre d'objectifs pour lui et safamille.

Ce choix méthodologique de l'étude insitu doit nous permettre, par unemeilleure prise en compte de la compIexi-té de la réalité, de proposer des solutionstechniques (par exemple un plan de pré-vention) mieux adaptées.

Pour produ irerapidement desrésultats : un calendrier .«serre»

Notre projet est avant tout un projet derecherche - déveIoppement dont on attenddes résuItats à court terme ; te choix mé-thodologique de I' écopathologie répond àceue préoccupatíon.:

Dans la conduite de l' étude, les étapes .suivantes ont été définies préalabIement :

1. Diagnostic initial afin d'évaluer l'inci-dence des avortements2. Recherche des facteurs de risques desavortements

3. Définition des plans de prévention

4. Mise en oeuvre des mesures préventi- .ves

. 5. Evaluation

A ce jour, Ia 2eme étape est en cours.

La phase cruciale conditionnant Ie restede l'étude est Ia coUeete d'informationssur le terrain, dont Ia méthode employéeimplique qu'elles soient exhaustives, parrapport aux hypotheses érnises au départ,

. et qu'eUes aient le maximum de préci-sion. C' est Ia phase Ia plus laborieuse quinécessite le pIus de temps. Les résultatsintermédiaires (par exemple indices zoo-techniques ou comptages parasitaires)permettent cependant de procéder à desinterprétatíons préliminaires qui peuventêtre sources d'innovations techniques.·Ces derniêres peuvent être testées et pro-posées aux éleveurs avant même que la2eme étape ne soit achevée.

La phase de mise en oeuvre des mesurespréventives n'est prévue qu'apres l'ana-lyse et l'interprétatíon des résultats défi-nitifs. Mais, des l'analyse des premiersrésultats zootechniques, nous avons étéen mesure de proposer des conseils tech-niq ues qui ont permis d' entretenir I' inté-rêt des éleveurs tout au long de cetteannée de coUecte des données.

Le démarrage du projeta connu un certain

retard dü à des problemes administratifs,retard quenous payons aujourd'hui dansles délaís impartis pour conclure l'étude.

Apres avoir résolu ou contoumé ces diffi-cultés administratives, le chronogrammesuivant a été arrêté :

• novembre/décembre 1990 : pré-en-·quête d' évaluation de I'incidence desavo~ments

• janvier/février 1991: mise au point etmise en place du suivi mensuel

• mars 1991/ septembre 1992 : collectedes informations

.mai 1991 et aoüt 1991: collecte defêceset évaluation de l'état corporel des ani-maux

• novembre 1991, février 1992 et juin1992 : collecte de plasma, de fêces et éva-luation de I'état corporel des animaux

·juillet 1992/ octobre 1992: vérificationdes informations, codification et saisieinformatique

• novembre 1992/ mail993 : analyse desdonnées ; interprétation des résultats

• mai 1993 / aoüt 1993 : validation desrésultats et élaboration des plans de pré-vention

.• aoüt 1993 / déeembre 1993 : mise enoeuvre des plans de prévention en fone-tion de chaque situation.

'I

II

La phase proprement dite de préventíonpourra donc commencer des aoüt 1993c' est-à-dire juste avant Ia nouvelle saisonde reproduction.

11 est important de noter ici le décalagequi existe souvent entre le terme d'unprogramme de coopération, par essencelimité dans le temps et donc contraint àproduire rapidement des résultats, et celuides programmes de nos partenaires brési-liens quine subissent pas Ia même con-trainte et sont souvent freinés dans leurréalisation par une foule de díffícultésadministratives et fínancieres. Ce déca-lage produit des incompréhensions réci-proques qu'il faut savoir lever à tempsavantqu' elles ne bloquent Ia coopérationengagée.

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17

Terrain

Actions entreprises etproblemes rencontrés

La collecte d'informations

La coIlecte d'informations précises, ex-haustives et fiables, qui conditionnent Iaqualité des résultats futurs, s'avere parti-culierernent délicate. Dans notre cas, ellea été grandement facilitée par Ia motiva-tion et l'intelligence dont ont fait preuveIcs éleveurs dans Ia conduite de l'étude,ce qui prouve leur adhésion à l'ensembledu projet.

Le registre d'infonnations collectées estplus large que celui d'une enquête épidé-miologique classique. En effet, sont abor-Jés des thêrnes apparemment éloignés deIapathologie, mais que Ia construction dunodêle d'hypotheses sur les facteurs deisque d'avortement a fait prendre enonsidération (FA YE & QUIRIN, 1991).)n s 'intéresse bien entendu à Ia reproduc-.on et à Ia pathologie mais également àensemble des pratiques d'élevage (ali-ientation, conduite du troupeau et prati-ues sanitaires), à l'exploitation et à sonnvironnement. Toutes ces variables sont

'onsidérées selon 4 niveaux d' observa-ion (l'animal, le troupeau, l'éleveur et Ia.ommunauté), Les infonnations sont re-.ueillies au moyen d'une enquête pros-JeCtivelongitudinale d'une durée de 18nois aupres de 34 élevages au sein des-[uels 1250 animaux sont suivis.

)es analyses complémentaires ont égale-nent été réalisées :

-un dépistage sérologique, destiné à dé-.ecter ou às' assurer de I' absence de mala-dies abortives spécifiques (chlamydiose,bruceIlose, Iievre Q)

- uo sondage coproscopique régulier,destiné à estimer I'importance du parasi-tisme interne; il est pris en comptecomme variable ex plicati ve à I' échelle dutroupeau. Ces coproscopies ont d'aiIleurspermis Ia mise en place d'un plan detraitement parasitaire.

Enfin, l'estimation de l'état corporeldes chevres a été faite régulierement se-

I

Paramétre Valeur (%)

j

Fertilité 72,8

Avortement 10,8

Prolificité 121,3

Fécondité 66,9

Mortalité avant 9 mois 28,5

Chévres sorties du suivi 20(mort, abattage, vente)

,Tableau 1 : Quelques références zootechniques et sanita ires d'élevages suivisen 1991

lon une adaptation de Ia méthode (PRE-VaST, à paraitre) mise au point en Corsepar SANTUCCI.

Les difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées au cours de Iacollecte des données ont été de plusieursordres:

- logistique mise à disposition d'unvéhicule seulement 2 jours par semaine,absence d'électricité pour effectuer descentrifugations, absence de téléphone ...

- climatiques : impossibilité d' aller sur leterrain aprês une pluie et pendant unesemaine.

- pratiques: difficulté de réunir les ani-maux à certaines périodes de I' année enraison du mode de conduite.

Pour chacun de ces obstacles, des solu-tions pratiques ont été imaginées et mises .en place afin de permettre le bon déroule-ment de l'enquête. L'ensemble de cessolutions constitue I' adaptation indispen-sable de Ia méthodologie aux conditionsspécifiques du terrain.

Premiers résultatsacquis et perspectives

Plus d'un an apres le début de l'enquête,nous consta tons avec beaucoup de satis-faction l'intérêt que 32 éleveurs (sur 34initialement) continuent de porter àI' étude, malgré les contraintes qui lui sontliées.

Les premiers résultats acquis montrentqu'il existe effectivement un problêmed'avortement, mais qu'il n'est sans doutepas le principal facteur limitant dans lecycle reproductif. 11existe également ungros probleme d'infertilité, ainsi qu'uneimportante mortalité des jeunes aucours de Ia prerníere année, qui contri-buent de façon bien plus significative auxbaisses de productivité que l'avortement(tableau 1).

L'avortement n'apparaít que commeI'événement marquant pour l'éleveurdans un cycle reproductif ou plusieursphénomenes consécutifs contribuent àfaire chuter Ia productivité.

Le croít de I' effectif du troupeau, au vu deces résultats, reste lent. L'éleveur, pourne pas décapitaliser, ne dispose pour saconsommation que d'une productionlimitée, liée à Ia taille de son troupeau.

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. 18______________________ e~VOI.5 n03

Terrain

li nous a paru intéressant d'agir de ma-niere ponctuelle sur le cycle reproductif,en augmentant son efficacité pour accroí-tre le revenu de I' éleveur. Sur Ia base despremiers résultats, avant même de dispo-ser des résultats définitifs de I' étude, nous .avons pu fournir aux éleveurs des propo-sitions de modificatíons de Ia conduite .du troupeau.

Par exemple, favoriser une mise basprécoce (le plus LÔtpossible pendant Iasaison verte) pour que les chevreaux pro-fitent au maximum de l'alimentation tantqu' elle est disponible et de bonne qualité,et pour qu'il soit possible de les sevreravant Ia fin de Ia saison seche.

Pour cela, il faut favoriser une féconda-tionprécoce en fin de saison seche, lorsdes premieres pluies. La fécondation àcette époque ne pourra avoir lieu que si lesréserves minérales et I'état corporel dcsanirnaux sont satisfaisants.

Aussi, il a été distribué aux éleveurs avantles premíeres pluies des complémentsminéro-vitaminiques et, en fonction deleurs moyens, il leur a été recommandéd'améliorer l'alimentation.

L'analyse proprement dite des donnéesne va être entreprise que lorsq ue toutes lesinformations auront été collectées, codi-fiées pour pouvoir être informatisées,c'est-à-dire à partir de novembre 1992.Nous serons alors en mesure, non seule-ment d'identifier les différents facteursde risques d'avortement, de l'infenilitéet de Ia mortalité périnatale, mais aussi deles biêrarchiser en fonction de leu r im-portance relative dans chaque typed'élevage (selon une typologie d'élevageréalisée initialement sur les 34 éleveurs

. suivis). A partir de ce classement desfacteurs de risque, des plans de prêven-tion dlffêrenciês seront discutés et mis enoeuvre.

Une éventuelle modification des prati-ques faisant appel à des investissements(mise en pIace de surfaces fourrageres,achat d 'intrants: ..) ne s' envisage que lors-que l'éleveur a acquis une certaine capa-cité d'accumulation et n'a ainsi pas àmenre en périlIa sécurité de son exploita-

tion par Ia vente d' anirnaux. Comme nousvenons de le voir .la capacité d' investisse-ment est intimement liée à Ia taille dutroupeau .. II conviendra de prendre encompte ces considérations pour I' élabora- .tion de propositions adaptées à différentstypes d' éleveurs.

II restera par Ia suite à évaluer les résultatsde ces mesures «anti-facteurs de risque»et à les valider avant d'en envisagerI'extension à grande échelle par les ser-vices de développement agricole.

Conclusion

Les difficultés rencontrées lors de Ia miseen oeuvre et de Ia réalisation de l' enquêtepeuvent poser question sur Ia pertinencede notre choix méthodologique. Nouspensons, à Ia lumiere des premiers résul-tats, que c'est Ia méthode Ia mieux adap-tée pour apporter des réponses rapides auproblerne d'avorternent caprin préalable-ment diagnostiqué.

Les enquêtes entreprises nous ont rensei-gné sur ces avortements et leur incidenceréelle, sur lequels nous n' avions pas d' in-formations précises et peu de référencesbibliographiques. II apparaít, au vu despremiers résultats, que le probleme dé-passe largement celui des avortements,mettant en cause I'ensemble du systemed'élevage. Les solutions seront à cher-cher dans I' ensernble des facteurs quijouent un role dans Ia santé animale,«l'environnement», au sens tres large duterme, des chevres. La méthode d' investi-gation employée, qui porte sur les prati-ques d'élevage et s'appuie sur Ia connaís-sance qu' ont les éleveurs de leur troupeauet de leur environnernent, a déjà permis demieux comprendre et ainsi de mieuxconseiller. Nous avons vu que cela ne vapas sans contraintes de tous ordres, maisIa participation activ.e des éleveurs estsans dou te Ia meilleure garantie d' adapta-tion du plan de prévention aux conditionsdu terrain et de son adoption par le plusgrand nombre. N'est-ce pas là le but re-cherché?

Référencesbibliographiques

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MONICA T F., 1991. Conception et miseen place d 'une enquête écopathologiquesur Ia mortalité des chevreaux dans leszones communales du Zimbabwé. Capri-come, voI. 4, n° 3, 14-2l.

PREVOST F., GUIMARAES FILHOC., QUIRIN R., CARON P., LEAL T.Método rapido de avaliçao do estadocorporal de matrizes caprinas. Petrolina,PE. EMBRAPNCPATSA. En cours depublication.

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