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L’´ etude du travail en exploitation d’´ elevage : proposition de m´ ethode et premiers r´ esultats sur les syst` emes mixtes vaches laiti` eres et brebis en Margeride B. Dedieu, G. Serviere, C. Jestin To cite this version: B. Dedieu, G. Serviere, C. Jestin. L’´ etude du travail en exploitation d’´ elevage : proposition de ethode et premiers r´ esultats sur les syst` emes mixtes vaches laiti` eres et brebis en Margeride. INRA Productions animales, 1992, 5 (3), pp.193-204. <hal-00895975> HAL Id: hal-00895975 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00895975 Submitted on 1 Jan 1992 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es.

L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

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Page 1: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

L’etude du travail en exploitation d’elevage : proposition

de methode et premiers resultats sur les systemes

mixtes vaches laitieres et brebis en Margeride

B. Dedieu, G. Serviere, C. Jestin

To cite this version:

B. Dedieu, G. Serviere, C. Jestin. L’etude du travail en exploitation d’elevage : proposition demethode et premiers resultats sur les systemes mixtes vaches laitieres et brebis en Margeride.INRA Productions animales, 1992, 5 (3), pp.193-204. <hal-00895975>

HAL Id: hal-00895975

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00895975

Submitted on 1 Jan 1992

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinee au depot et a la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publies ou non,emanant des etablissements d’enseignement et derecherche francais ou etrangers, des laboratoirespublics ou prives.

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B. DEDIEU, G. SERVIEREC. JESTIN

INRA SAD, Laboratoire Adaptations desHerbivores aux Milieux,Theix - 63122 St Genès Champanelle(*) Institut de l’Elevage,Chambre Régionale d’AgricultureBP 455 63012 Clermont-Ferrand Cedex 1(**) ENITA Clermont-Ferrand63370 Lempdes

L’étude du travailen exploitationd’élevage :proposition de méthodeet premiers résultatssur les systèmes mixtesvaches laitières etbrebis en Margeride

L’étude du travail dans les élevages associant deux troupeauxd’herbivores montre qu’une main-d’oeuvre importante n’est pas unecondition indispensable à la pérennité de ces exploitations.

Une des caractéristiques les plus fréquem-ment citées des exploitations associant bovinset ovins est l’abondance de main-d’oeuvre per-mettant de faire face à la complexité de lagestion des deux troupeaux (Pierson et al1982, Liénard et al 1983, Nocquet et Roux1989). L’orientation "mixte" de ces exploita-tions est présentée comme très sensible à ladiminution de la force de travail : l’arrêt d’ac-tivité des parents des exploitants s’est sou-vent traduit par une spécialisation de l’exploi-tation vers l’une ou l’autre des productions.En Margeride, dans plus de 40 % des exploita-tions associant vaches laitières et brebisviande, 2 générations coexistent sur l’exploi-tation et les cas d’exploitants travaillant seulssont très rares (Chirouze et Tardif 1991). Siquelques agriculteurs envisagent la spéciali-sation en cas de diminution de la maind’oeuvre présente, la plupart souhaitent s’or-

ganiser afin de continuer à élever les deuxespèces : les quotas laitiers et la baisse descours des agneaux limitent désormais lesvolontés de spécialisation.Le travail bénéficie d’une abondante littéra-

ture (voir Farget et al 1988). En ce quiconcerne les temps de travaux (nous laisse-rons ici de côté les approches ergonomiques etplus généralement l’étude de l’intensité dutravail), 3 grands types d’évaluation sontabordés dans la bibliographie : 1) le chrono-métrage de tâches élémentaires (ex : tempsnécessaire pour déplacer une claie sur xmètres) (Iger 1970, 1977), 2) le chronométrageet la décomposition d’opérations techniquesbien délimitées (ex : temps de travail en sallede traite, en bergerie) (Toussaint 1979,Hémidy 1986), 3) l’évaluation de la duréeannuelle de travail des actifs agricoles. Cedernier niveau d’approche correspond aux pré-occupations d’une part d’agents de développe-ment confrontés le plus souvent à desdemandes émanant de groupes d’agriculteurs(comment travailler mieux ou moins), d’autrepart de chercheurs réfutant l’intérêt desnotions d’UTA ou d’UMO pour évaluer la forcede travail mobilisée par l’activité agricole etplus encore pour envisager l’évolution de ladurée du travail agricole sur plusieurs années(Jean et al 1988, Lacroix et Mollard 1990).Ces objectifs et ces contextes différents expli-quent, au moins en partie, le choix deméthodes d’investigations fort variables, toutcomme les définitions et classifications destemps de travaux.

La relation temps de travaux - fonctionne-ment des exploitations a fait l’objet de travauxapprofondis dans le cas des exploitations degrande culture. L’objectif est de fournir auxagriculteurs des "éléments de choix du sys-tème de production en cherchant un optimum

Résumé __________________________

Les exploitations associant vaches laitières et brebis viande en Margeride (MassifCentral) sont considérées comme très contraignantes en travail. La méthode utiliséepour décrire le travail consiste à identifier, à partir d’entretiens : 1) les différentescatégories de main-d’oeuvre intervenant sur l’exploitation (cellule de base : tra-vailleurs permanents sauf retraités ; bénévoles : retraités, participants ponctuels ;entraide ; salariat temporaire), 2) les temps consacrés à trois grands groupes de tra-vaux (d’astreinte : soins quotidiens aux troupeaux ; de saison : cultures et entretiendes parcelles, récoltes, manipulations périodiques des troupeaux ; rendu : contrepar-tie de l’entraide reçue), 3) le temps restant disponible à la cellule de base pour effec-tuer d’autres tâches nécessaires au fonctionnement de l’exploitation et disposer detemps libre.Dans les douze exploitations étudiées, les temps de travaux d’astreinte et de saisonapparaissent très importants en moyenne, et sont surtout très variables (de 1 à 3). Letemps disponible calculé par personne de la cellule de base varie de 1 à 10. Des élé-ments d’analyse des écarts observés sont présentés : pratique du gardiennage, objec-tifs techniques ambitieux mal adaptés aux bâtiments vétustes, moindre recherched’efficacité du travail dans les cas où la main-d’oeuvre permanente est pléthorique,importance de la contribution du bénévolat.

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Les soins quotidiensaux troupeaux définissent

le travail d’astreinte.Le travail de saison

comprend les tâchesrelatives aux cultures,

aux récoltes etles interventions

effectuées périodiquementsur les animaux,

par exemple la tonte.

dans le cadre de contraintes dont celles demain-d’oeuvre et de traction&dquo; (Sebillotte 1986).La notion de &dquo;jours disponibles&dquo; (pour réalisertelle opération technique) associée à laconnaissance des règles de décision des agri-culteurs (règles de priorité entre travaux) et àl’étude des itinéraires techniques ont permisdes simulations d’organisation du travail auxpériodes contraignantes du calendrier cultural(Attonaty 1986, Attonaty et al 1987). Force estde constater que la relation temps de travaux- fonctionnement et perspectives d’évolutiondes exploitations d’élevage bénéficie de beau-coup moins d’avancées méthodologiques(Capillon et Sebillotte 1980, Benoit 1986).

Lors d’un suivi de 12 exploitations mixtesvaches laitières et brebis viande (Dedieu et al1990, 1991), nous avons cherché à approfondirle thème de l’organisation du travail pour plu-sieurs raisons : d’une part la main-d’oeuvrepermanente variait de 1 à 3 personnes sanslien évident avec les effectifs élevés ; d’autrepart près de la moitié des exploitants bénéfi-ciant de l’aide de retraités familiaux posait leproblème de la pérennité de leur système ;enfin, les agriculteurs mettaient en avant demanière fort diverse les problèmes de chargede travail. L’objet de cet article est de présen-ter la méthode et les résultats de cette étudedu travail.

1 / MéthodologieLe programme dans lequel s’insère cette

étude, les objectifs et les méthodes ont déjàété présentés par ailleurs (Dedieu et al 1990).Nous ne rapporterons ici que les élémentsrelatifs à l’approche du travail.

Les douze exploitations, localisées enMargeride (Cantal et Haute Loire) correspon-dent d’une part à des exploitations de carac-tère familial, où la taille des troupeaux estcomprise entre 15 à 20 vaches laitières et 50 à125 brebis (n = 8), d’autre part à des GAEC ouassimilés (aide familial) pour lesquels l’effectifde brebis pouvait être plus important (jusqu’à200 mères), le nombre de vaches laitières res-tant inférieur à 30 (n = 4). L’hypothèse formu-lée était que les contraintes de main-d’oeuvredevaient être moins importantes dans ces der-nières exploitations et donc que la conduitedes troupeaux pouvait être différente.

Notre approche du travail s’appuie sur unedescription de la main-d’oeuvre intervenantsur l’exploitation et sur l’évaluation de ladurée d’une partie des tâches agricoles.

1.1 / Identification de la main-d’aeuvre

Deux groupes de personnes participent autravail sur l’exploitation :

- les personnes de la cellule de base. Il

s’agit des travailleurs permanents de l’exploi-tation, non retraités et n’ayant pas d’activitéextérieure à plein temps. La cellule de basese caractérise par un nombre entier corres-

pondant à la somme des personnes en faisantpartie.

- Les travailleurs hors cellule de base. Trois

catégories sont distinguées : les bénévoles(retraités, personnes salariées à plein temps àl’extérieur, personnes intervenant ponctuelle-ment), l’entraide (agriculteurs extérieursintervenant sur l’exploitation, la cellule debase devant assurer la contrepartie sous

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forme de travail), l’entreprise et le salariatoccasionnel (donnant lieu à une contrepartieen argent).

1.2 / Identification des travaux etévaluation du temps

Trois grands types de travaux sont définiset quantifiés :

a / Le travail d’astreinte (TDA)

Il s’agit du travail à réaliser quasi quoti-diennement, peu différable et concentrable. Ilcorrespond aux &dquo;soins journaliers aux trou-peaux&dquo;. Le contenu du travail d’astreinte estévolutif au cours de l’année en fonction desévénements zootechniques (soins aux nou-veau-nés par exemple), de la localisation et dumode d’alimentation des animaux (pâturage,stabulation). La durée de ce travail est expri-mée en heures/jour (à 1/2 h près) pour chaquepériode d’au minimum quinze jours où il estconstant. Le travail d’astreinte est représentésous forme d’un planning annuel où sontreportées les périodes où le travail d’astreintequotidien est stable (dates de début et de fin)et les durées correspondantes cumulées desdifférents intervenants (figure 1).

b / Le travail de saison (TDS)

Il comprend d’une part les travaux consa-crés aux cultures et la gestion des parcelles(fertilisation, amendement), d’autre part lestravaux consacrés aux récoltes (stocks fourra-gers et moisson) et enfin les travaux pério-diques consacrés aux troupeaux (par exempletonte, traitements sanitaires). Ils sont expri-més en jours (à 1/2 j près) pour chacune destrois rubriques. Le travail de saison est repré-senté sur un planning où sont reportés en abs-cisse les mois de l’année et en ordonnée lenombre de jours de travail de saison cumulésdes différents intervenants (figure 2).

c / Le travail rendu (TR)

Il s’agit des journées (à 1/2 j près) passéespar les travailleurs de la cellule de base à l’ex-térieur en contrepartie de l’entraide apportéepar d’autres agriculteurs lors de la réalisationde chantiers particuliers (ensilage, tonte...).La comptabilisation et la représentation gra-phique se font de la même manière que pourle travail de saison (figure 2).

1.3 / Le temps disponible calculé(TDC)

L’organisation du travail d’astreinte et desaison, la participation de la main-d’oeuvrebénévole et d’entraide ainsi que d’une entre-prise ou d’un salarié occasionnel laissent à lacellule de base un volume de temps pouraccomplir d’autres tâches nécessaires au fonc-tionnement de l’exploitation (entretien dumatériel et des bâtiments, comptabilité...) etdisposer de temps libre. Nous avons cherché àapprocher cette &dquo;souplesse&dquo; pour l’accomplis-

sement des autres tâches non comptabiliséesà l’aide d’un indicateur : le Temps DisponibleCalculé. La formule de calcul du temps dispo-nible annuel est la suivante :

La période i est une période élémentairecaractérisée par un travail d’astreinteconstant.

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Les 12 exploitationsétudiées

se différencientnotamment par

le rôle du troupeauovin, secondaire ounon par rapport au

troupeau laitier.

JDi est le nombre de jours disponibles aucours de la période i pour la réalisation destâches non quantifiées. JDi = (nombre dejours de la période i - nombre de dimanches) x(nombre de personnes de la cellule de base) -(nombre de jours consacrés par la cellule debase au TDS et au TR au cours de la

période i).HDi est le nombre d’heures disponibles par

jour de huit heures une fois le travail d’as-treinte quotidien réalisé au cours de lapériode i. HDi = (8 x nombre de personnes dela cellule de base - temps de travail d’as-treinte quotidien de la cellule de base). Si letravail d’astreinte quotidien de la cellule debase dépasse 8 heures par personne, alors lenombre d’heures disponibles est considérécomme nul pour les journées considérées.

Ce calcul repose donc sur une hypothèse etune convention : d’une part les dimanches etles jours consacrés au travail de saison et autravail rendu ne sont pas disponibles pourl’accomplissement des tâches agricoles nonquantifiées, d’autre part l’évaluation desheures disponibles une fois le travail d’as-treinte réalisé se fait sur la base d’une dispo-nibilité de 8 heures par jour pour chaque per-sonne de la cellule de base.

1.4 / EnregistrementsL’identification des personnes intervenant

sur les exploitations et la quantification dutemps consacré aux travaux présentés ci-des-sus s’est faite par entretien auprès du chefd’exploitation et de son conjoint entre l’au-tomne 1988 et 1989 (passage toutes les troissemaines). Les résultats de l’étude ont étéprésentés sous forme écrite et orale à chaqueagriculteur ainsi qu’au cours d’une réunion degroupe. Ces présentations n’ont pas entraînéde remise en cause des évaluations des tempsde travaux.

2 / RésultatsLes exploitations étudiées se caractérisent

(tableau 1) par des surfaces plutôt impor-tantes et assez groupées pour la région, desbâtiments vétustes, peu aménagés (une étableet quatre bergeries récentes) et saturés. Leursrésultats économiques sont jugés corrects :l’argent disponible (excédent brut d’exploita-tion - annuités + ressources exceptionelles)était, en 1989, de 120 000 F en moyenne(76 000 à 193 000 F). Il s’explique par la pru-dence des agriculteurs dans les investisse-ments, l’orientation viande marquée du trou-peau laitier et l’adaptation rapide des exploi-tants à l’évolution du marché ovin (développe-ment du marché espagnol d’agneaux de 20 -25 kg vif), et ce malgré des performances tech-niques peu élevées en moyenne (respective-ment 3 900 1 par vache et par an et 1,2 agneausevré par brebis et par an). La cellule de basevarie de 1 à 3 dans l’échantillon, et 5 exploi-tants bénéficient de l’aide quotidienne d’unparent retraité chargé au moins du gardien-nage des brebis.

Les douze exploitations ont été classées enquatre groupes présentant des logiques defonctionnement différentes (Dedieu et al1991). Ces groupes traduisent des processusvariables de développement de chaque trou-peau et deux rôles différents du troupeau ovindans l’association (ovins secondaires par rap-port aux vaches laitières, ovins aussi impor-tant que les vaches laitières) (figure 3). Dansles deux systèmes où les ovins sont considéréscomme secondaires (extensif, grandessurfaces ; lait prioritaire, petites surfaces), cetroupeau est d’effectif réduit, sa conduite estsimplifiée (au maximum deux lots en bergerie,bélier en permanence ou simple retrait pen-dant deux mois) et les animaux sont logésdans des bergeries anciennes. Les vaches lai-tières du groupe &dquo;extensif’ sont nourries avec

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du foin et peu, voire pas, de concentrés. Parcontre, celles du groupe &dquo;lait prioritaire&dquo; reçoi-vent de l’ensilage d’herbe et du concentrérégulièrement, dans des étables vétustes etparticulièrement saturées. Dans les deux sys-tèmes où le troupeau ovin est considérécomme aussi important que les vaches lai-tières (équilibre lait - brebis, avec beaucoupou peu de parcours), les éleveurs ont aug-menté les effectifs ovins et dans la majoritédes cas, construit des bergeries fonctionnelles.La conduite de ce troupeau est plus élaboréeque précédemment et nécessite des interven-tions plus nombreuses (constitution de lots enfonction du stade physiologique des brebis,organisation de trois périodes de lutte, éven-tuellement distribution de surplus d’ensilaged’herbe). Tous ces éleveurs distribuent de l’en-silage d’herbe aux vaches (sauf dans l’exploi-tation 6) et du concentré.

2.i / Le travail d’astreinte annuel(TDA)

La réalisation du travail d’astreinte néces-site en moyenne 4 133 heures par an dans lesexploitations soit 11,3 heures par jour. La cel-lule de base en effectue 83%, soit 3 381 h paran, le reste étant réalisé par les bénévolespermanents de l’exploitation, c’est-à-dire des

parents retraités et, dans un cas, un conjointtravaillant à plein temps à l’extérieur.Ramené à l’UGB présente, le TDA est enmoyenne de 99 h/UGB/an. Ces critères sontcependant très variables d’une exploitation àl’autre (tableau 2) avec un rapport entreextrêmes de 1 à 3. Le gardiennage concerne 9exploitations sur 12 et représente en moyenne20% du temps total de travail d’astreinte.

Il est possible de rentrer plus en détail dansla décomposition des temps de travaux d’as-treinte selon les périodes, les individus... Nouslimiterons notre analyse à l’étude des diffé-rences entre temps de travaux d’astreinteannuels pour chaque personne de la cellule debase d’une part et à une approche de facteursexplicatifs des différences de temps de tra-vaux d’astreinte hors gardiennage d’autrepart.

a / Le temps de travail d’astreinte pourchaque personne de la cellule de base

Il s’élabore de manière très différente selonles cas. Quatre groupes d’exploitation selon ladurée du travail d’astreinte peuvent être dis-tingués (tableau 3):

1) de 1100 à 1300 h/an : le gardiennage estinexistant ou effectué exclusivement par un

Dans ces

exploitations,le travail d’astreinteest en moyennede 11,3 hj, maisest très aariable :ramené à l’UGB,il varie du simpleau triple.

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bénévole. Le temps de travail d’astreinte horsgardiennage est faible.

2) de 1 500 à 1 850 h/an : comme pour legroupe précédent, le gardiennage est effectuépar le bénévole ou alors est très réduit ou inexis-tant en l’absence de celui-ci. Mais le tempsconsacré au travail d’astreinte hors gardiennageest plus important bien que les effectifs ani-maux par personne de la cellule de base soient

plutôt inférieurs à ceux du groupe précédent.3) de 1850 à 2 000 h/an : le temps consacré

au travail d’astreinte hors gardiennage estfaible (les effectifs par personne de la cellulede base également) mais la cellule de base aentièrement la charge du gardiennage.

4) plus de 2 000 h/an : la cellule de basen’est composée que d’une seule personne,

aidée d’un père s’occupant des brebis ou ayantclôturé l’ensemble des surfaces utilisées parcelles-ci. La durée du travail d’astreinte s’ex-plique principalement par des effectifs ani-maux par personne de la cellule de base plusimportants que dans les autres exploitations.

Lorsque la cellule de base est composée detrois personnes à plein temps, le travail d’as-treinte annuel qu’elle effectue est très supé-rieur à celui des autres exploitations. Tout sepasse comme si l’abondance de main-d’oeuvrese traduisait par une organisation du travaild’astreinte visant d’abord une pleine occupa-tion de chacun. Par contre, le travail d’as-treinte effectué par les cellules de base compo-sées de deux personnes n’est pas systémati-quement supérieur aux cas où un seul agricul-teur fait face à ces tâches.

Page 8: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

b / Approche des différences de temps detravaux d’astreinte hors gardiennage

* Contraintes structurelles et travail d’as-treinte hivernal hors gardiennageL’accumulation de contraintes structurelles

l’hiver (période de stabulation des vaches) setraduit globalement par un accroissement dutemps de travail d’astreinte hors gardiennagepar UGB pendant cette période (figure 4).Dans l’exploitation 9, ce temps est plusfaible : il peut s’expliquer par des astucesd’aménagement des bâtiments (la bergerieest percée de 7 portes latérales permettantun accès rapide aux stocks fourragers) ou dumatériel utilisé (par exemple, la distributiond’ensilage aux vaches se fait à l’aide d’unebrouette à deux roues - plus stable pourl’épouse - d’une largeur correspondant à celledes trappes situées au dessus des man-geoires). Dans deux exploitations, ce tempsde travail est plus élevé : pour l’exploitation2, il semble que la pléthore de main-d’oeuvremobilisée par rapport aux effectifs élevés ensoit la cause principale ; pour l’exploitation 6,la seule à avoir une étable et une bergerierécente, il semblerait qu’un temps trèsimportant soit consacré à la surveillance destroupeaux.

* Travail d’astreinte annuel hors gardien-nage et fonctionnement des systèmesPour les exploitations à deux personnes

dans la cellule de base, le gardiennage est soitinexistant soit effectué par les bénévolesretraités (à l’exception de l’exploitation 12).Par ailleurs, ces exploitations sont répartiespar paire dans les groupes définis plus hautcorrespondant à des fonctionnements diffé-rents. Il est ainsi possible de relier type defonctionnement et durée du travail d’astreinteannuel hors gardiennage (tableau 4).Les deux exploitations du groupe &dquo;équilibre

lait brebis avec parcours&dquo; ont un travail d’as-treinte hors gardiennage réduit (2 000 - 2 500heures par an). Le développement numériquedes troupeaux bovin et ovin et la sophistica-tion de la conduite sont cohérentes avec lesbâtiments existants. Les bergeries sontrécentes, et les étables pas trop saturées. Lesexploitations du groupe &dquo;lait prioritaire&dquo; sontà l’inverse une illustration des difficultésqu’impose la volonté de développer le trou-peau laitier dans des vieux bâtiments (nombrede vaches et production laitière individuelle).Le travail d’astreinte hors gardiennage estcompris entre 3 000 et 3 500 heures. Ainsi,même si les performances laitières sont dehaut niveau pour l’échantillon et, comme pré-cédemment, les résultats économiques satis-faisants, le travail d’astreinte apparaît commeune charge importante, du fait de sa durée etde sa pénibilité.Les exploitations du groupe &dquo;extensif’ ont

des temps de travail d’astreinte hors gardien-nage variables (2 300 - 3 200 heures). Lataille du cheptel, les objectifs zootechniquesmodestes, la faible sophistication des pra-

tiques d’élevage (foin, peu de concentrés auxvaches, ration unique pour les brebis) sont encohérence avec les vieux bâtiments existants.La multiplicité des bergeries et des étables del’exploitation 5 constitue un handicap certainpour l’organisation du travail d’astreintealors que l’exploitation 1 bénéficie de l’exis-tence d’un seul bâtiment par espèce, chacundisposant d’un grenier à foin de capacité suf-fisante. Les deux exploitations du groupe laitbrebis avec peu de parcours ont comme précé-demment, des durées de travail d’astreintevariables (2 700 - 3 450 heures). Les exploi-tants ont dans les deux cas investi dans laconstruction de bergeries, dans l’aménage-ment ou la construction d’étables et intensifiéla conduite de leur troupeau ovin. Ces amé-nagements facilitent l’exécution rapide dutravail d’astreinte dans l’exploitation 12, dontles vaches ont une production laitière élevée.L’interprétation de la durée importante dutravail d’astreinte de l’exploitation 6, pourdes performances laitières plus modestes etune conduite plus simple (foin uniquement)renvoie aux hypothèses formulées à la partieprécédente.

Le travaild’astreinte estle plus réduit dansles exploitationsayant associédéveloppement deleurs troupeaux etaménagement desstructures

(bâtiments,clôtures).

Page 9: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

Le travail de saisonest en moyenne

de 148jlan.

2.2 / Le travail de saison (TDS) et letravail rendu (TR)

Le travail de saison occupe en moyenne 148

jours par an (tableau 5), dont 85% pour lesrécoltes, 8% pour les cultures et 3% pour lestroupeaux. Le bénévolat et l’entraide contri-buent respectivement pour 26% et 6% auxjournées de travail de saison. Comme pour letravail d’astreinte, le travail de saison estd’importance variable selon les exploitations.Le travail rendu par la cellule de base aux

agriculteurs ayant fourni de l’entraide est de10,5 jours par an en moyenne, soit à peu prèsl’équivalent de ce que l’entraide a fourni surles exploitations (9 jours). Cependant raressont les exploitants qui &dquo;remboursent&dquo; scrupu-leusement l’entraide à la journée près dansl’année. Il faut noter que les exploitants &dquo;rem-boursant&dquo; beaucoup plus que ce qu’ils ont reçubénéficient d’une main-d’oeuvre permanenteimportante (3 personnes : exploitations2,10,11). Ce constat renvoie à l’importance desexploitations fortement pourvues en main-d’oeuvre dans le fonctionnement des CUMA

(Rouquette, communication personnelle).Le rapprochement entre le temps de travail

d’astreinte annuel effectué par la cellule debase et le temps de travail de saison corres-pondant (figure 5) confirme la particularitédes exploitations où trois personnes consti-tuent la cellule de base. Travail d’astreinte ettravail de saison y sont les plus importants,en partie parce que le bénévolat est très peusollicité. Les exploitations à une personnedans la cellule de base consacrent peu de jour-nées au travail de saison qui est effectué pourprès de la moitié par la main-d’oeuvre horscellule de base. De plus, ces agriculteurs fontappel à l’entreprise pour réaliser l’ensilaged’herbe afin de ne pas passer trop de temps àparticiper à ce chantier en dehors de chez eux.

2.3 / Le temps disponible calculéannuel (TDC)

Le temps disponible calculé est en moyennede 1695 h/an pour la cellule de base avec desécarts considérables (de 120 à 2 500 h). Cesécarts restent très importants si on considèrele TDC par personne de la cellule de base : de120 à 1200 h (810 heures en moyenne) (figu-re 6). Sans rentrer dans les détails de chaque

cas particulier, nous nous limiterons à l’inter-prétation de 4 niveaux de temps disponiblecalculé par personne de la cellule de base enles reliant avec les dires et les comportementsdes agriculteurs qui nous semblent les plussignificatifs (tableau 6).

a / Cellule de base = une personne ; tempsdisponible inférieur à 400 hlan

C’est le cas des exploitations 3 et 8. Même sile travail de saison qu’effectuent les agricul-teurs est de durée réduite, le temps de travaild’astreinte est souvent d’une durée supérieure àhuit heures par jour. Les agriculteurs témoi-gnent très fortement d’une surcharge en travailet ne pensent pas qu’elle puisse se prolongerindéfiniment. L’exploitant 3 a décidé en 1990 deconstruire une étable neuve alors que l’exploita-tion 8 envisage de se spécialiser en productionlaitière dès l’arrêt d’activité de son père.

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b / Cellule de base = 3, temps disponiblede 630 à 720 h/an par personne

Contrairement aux hypothèses formuléeslors du choix de ces exploitations, le temps dis-ponible par personne de la cellule de base desexploitations fortement pourvues en main-d’oeuvre permanente non retraitée (n°2,10) estinférieur à celui des exploitations où la cellulede base est composée de deux personnes. Ceconstat peut être expliqué par au moins deuxéléments : d’une part les exploitants font peuappel au bénévolat et remboursent largementl’entraide reçue, d’autre part le travail d’as-treinte est assez important du fait d’une orga-nisation du travail privilégiant le plein emploide chacun. Le projet d’installation de l’aidefamilial de l’exploitation 10 traduit bien leslimites de ce type de situation : la créationd’un GAEC père-fils ne se traduira que parl’augmentation des effectifs d’une cinquan-taine de brebis et de 2 à 3 vaches &dquo;parce qu’iln’est pas possible de créer une autre activité :on a déjà assez de travail&dquo;.

c / Cellule de base = 2 personnes, tempsdisponible de 800 à 1 100 hlan parpersonne

Dans ces exploitations, le nombre de jour-nées consacrées au travail de saison et au tra-vail rendu est intermédiaire entre les deuxgroupes précédents et, à l’exception de l’ex-ploitation 12, aucun membre de la cellule debase n’a en charge le gardiennage. Les agri-culteurs se déclarent d’ailleurs prêts à clôtu-rer la surface allouée aux brebis.

d / Cellule de base = 2, temps disponiblesupérieur à 1200 h par personne

Les exploitants 1 et 9, qui disposent de laplus grande souplesse de tout l’échantillon,sont les seuls exploitants nous ayant explici-tement témoigné leur prise en compte du tra-vail dans l’organisation de leur système.Dans le cas de l’exploitation 9, dès la mise

en place du projet d’installation, toutes les

surfaces utilisées par les brebis ont été clôtu-rées et l’éleveur a développé un certainnombre d’astuces techniques visant à réduirele temps de travail d’astreinte. Si l’étable n’estpas saturée et la bergerie de constructionrécente, les effectifs sont plutôt élevés pourl’échantillon, et la conduite du troupeau ovinsophistiquée.Les choix réalisés par l’exploitant 1 sont dif-

férents, même si, comme précédemment, lasurface consacrée aux brebis est clôturée (bienque son père continue à garder !). L’éleveurtémoigne du choix d’un effectif réduit devaches et de brebis pour limiter les temps detravaux d’astreinte : &dquo;au delà des effectifs

Le temps disponiblecalculé variede 800 à1220 h/an/personnepour les

exploitations à2 personnes. Il estplus faible pour lesexploitations à 1 et 3personnes.

Page 11: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

L’évaluation des

temps passés àréaliser les

diff’érentes tâchespermet de porter un

diagnostic globalsur l’organisationdu travail dans

l’exploitation.

actuels, il faudrait faire des lots pour le trou-peau ovin, et séparer les génisses des vachesau pâturage...&dquo; L’équilibre économique de sonsystème relativement extensif (0,6 UGB/ha), àfaible niveau de performances techniques,bénéficiant d’une histoire favorable (trèsfaible endettement) est assuré par une gestiontrès économe des intrants et par une grandediversité des produits issus des troupeauxovin et bovin.

3 / Discussion3.! / La méthode

L’objectif de ce travail est de proposer uneméthode accessible à la grande majorité desexploitants permettant de porter un diagnos-tic global sur l’organisation du travail via l’es-timation du temps passé à la réalisation d’unepartie des tâches agricoles. Les premiers fon-dements ont été élaborés lors de cette étudeen Margeride et une première formalisation aété proposée après un test par enquête dansdes exploitations ovines spécialisées(Tchakérian et al 1991). L’entretien (méthodedéclarative), mode d’investigation que nousavons retenu est jugé par de nombreuxauteurs comme relativement imprécis parrapport aux enregistrements écrits (Brangeonet Jegouzo 1988, Jean et al 1988, Lacroix etMollard 1990). Les enregistrements sontcependant très contraignants pour les agricul-teurs et de ce fait très sélectifs. En limitantnos questions au temps passé à un nombrelimité de tâches agricoles, celles dont la duréeest la mieux mémorisée par les agriculteurs(Jean et al 1988), nous centrons notre analysesur le temps de présence pour l’accomplisse-ment (Reboul 1984) des tâches relatives à la

gestion des troupeaux et des surfaces. Lesnotions de travail d’astreinte, de travail desaison renvoient par ailleurs à des distinc-tions sur la nature répétitive ou différable destâches agricoles fréquemment citées dans labibliographie (IGER 1970, Bages et Cavalié1979, Janowski 1984). La notion de temps dis-ponible calculé, indicateur de la souplesse res-tant aux personnes de la cellule de base unefois la participation des autres travailleurs etles tâches comptabilisées déduites, introduitde fait les deux niveaux auxquels nous nousintéressons :

. Le fonctionnement technique de l’exploita-tion nécessite un volume de temps que nousapprochons au travers du TDA et du TDS glo-bal, cumulé des différents intervenants.

. Le TDC est spécifiquement évalué pourla cellule de base, ensemble des personnesavec qui le technicien analyse et discute desrésultats technico-économiques et des pro-jets d’avenir. La cellule de base est le&dquo;noyau dur&dquo; du système &dquo;famille-exploita-tion&dquo; (Osty 1978).

3.2 / Les résultatsLes systèmes mixtes vaches laitières et bre-

bis de Margeride cumulent un grand nombrede contraintes se traduisant par des chargesde travail importantes : la gestion de deuxtroupeaux dont l’un nécessite des manipula-tions quotidiennes (la traite), un hivernagelong (6 mois) dans des bâtiments plutôtvétustes, une pratique encore très répanduedu gardiennage des ovins. L’importance dutravail d’astreinte, observé dans le réseau de12 exploitations et confirmée lors d’enquêtesen est une illustration frappante (tableau 7).La moyenne de travail d’astreinte annuel(4 100 - 4 300 heures) est très supérieure à

Page 12: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

d’autres évaluations dans des systèmes deproduction différents : 1927 heures en exploi-tations ovin spécialisé d’Auvergne etLimousin (Balay et Coulomb 1990, Servière etal 1991), 1800 heures en exploitations bovinallaitant en Limousin (Babaudou et Dedieu,non publié). Le temps de travail d’astreinteest probablement légèrement surévalué parrapport à la réalité : nous omettons d’évaluerséparément travail d’astreinte de semaine ettravail d’astreinte du dimanche et des joursfériés, ces derniers étant souvent plus réduits(Bages et Rieu-Gout 1981). Le nombre de jour-nées de travail de saison du réseauMargeride, probablement sous estimé (estima-tion imparfaite des journées consacrées à lafertilisation des parcelles) est également supé-rieur aux sources citées ci-dessus : 148 jourscontre 126 en exploitations ovines et 127 enexploitations bovines. La très grande variabi-lité des critères relatifs au TDA, au TDS et auTR au sein de notre échantillon restreintillustre bien l’intérêt de se pencher sur lesproblèmes d’organisation du travail si l’onveut promouvoir les systèmes mixtes.

Nos résultats confirment le rôle importantjoué par le bénévolat dans l’accomplissementdes tâches comptabilisées, particulièrementpour le gardiennage. Celui-ci n’est pas un acterendu nécessaire par la précarité des statutsfonciers des terres utilisées par les brebis. Ledéveloppement des clôtures apparaît commeun élément simple d’amélioration de l’organi-sation du travail d’astreinte. On peut s’éton-ner à cet égard que la promotion des clôturesne fasse pas plus l’objet d’opérations collec-tives de développement dans les départementsconcernés.

L’évaluation du temps disponible calculésouligne la difficulté de gérer deux troupeauxd’espèces différentes lorsque la cellule de baseest limitée à une seule personne : l’associationdes deux espèces ne devrait s’envisagerqu’après réflexion sur l’organisation du tra-vail et sur les investissements nécessairespour simplifier le travail. Les résultats lesplus paradoxaux concernent les exploitationsoù la cellule de base est composée de trois per-sonnes. Le travail y est important et, ramenéà l’individu, finalement plus contraignant quepour des exploitations gérées par un couple.

La pratique du gardiennage, le nombre depersonnes dans la cellule de base, l’impor-tance du bénévolat ne caractérisent pas les

quatre groupes d’exploitations définis. Iln’est donc pas étonnant de ne pas trouver derelation nette entre temps de travaux, tempsdisponible et type de fonctionnement.L’étude du travail d’astreinte hors gardien-nage des exploitations à deux personnesdans la cellule de base souligne cependant lanécessité de réfléchir à l’adéquation entreles processus d’intensification (des animauxet des surfaces) et les structures, pour sesconséquences sur la durée et la pénibilité dutravail.

ConclusionLa méthode décrite dans cet article s’ins-

crit dans le souci de permettre une investi-gation rapide dans la plupart des exploita-tions d’élevage en vue de cerner les princi-pales caractéristiques de l’organisation dutravail. L’objectif est de fournir à l’agricul-teur une représentation extérieure de sontravail, première étape dans l’organisationd’une démarche de développement sur cethème (Cheminaud et Andriot 1986). Baséesur les déclarations des éleveurs, sur l’éva-luation du temps consacré à un nombrelimité d’activités, sur une distinction entreles travailleurs de la cellule de base et lesautres intervenants, elle vise à permettre undiagnostic global du travail en préalable àd’autres évaluations plus fines, ciblées surdes tâches ou des périodes particulières, ousur d’autres thèmes relatifs au travail agri-cole (intensité).

En Margeride, les associations vaches lai-tières et brebis cumulent les handicapsquant à la quantité de travail à fournir. Iln’est donc pas étonnant de retrouver desdurées de travail très importantes enmoyenne, mais aussi très variables. Lesrésultats de notre étude soulignent la diffi-culté de gérer l’association lorsque la main-d’oeuvre est limitée ; ils témoignent égale-ment que l’abondance de main-d’oeuvre n’estpas forcément synonyme de souplesse dansl’organisation du travail.

Elever deux

troupeaux nécessiteune quantité detravail importante,mais qui peut êtreréduite par une

réflexion sur unebonne organisationdu travail.

Page 13: L'étude du travail en exploitation d'élevage : proposition de méthode

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Summary

The study of work in farms : method and results formixed farming systems with dairy cattle and sheepin Margeride.Farms with both dairy cattle and sheep for meat inMargeride (Massif Central) are considered toinvolve an extremely heavy work load. Themethod used to describe the work involved isbased on interview, identifying the following :1) the different categories of workers on the farms(the principal workforce : permanent workersexcept retired workers ; volunteer workers : reti-red workers, occasional workers ; helpers fromneighbouring farms ; seasonnaly paid workers.2) the time devoted to 3 different types of work(Compelled work : daily care and feeding of theherd ; Seasonal work : crop management andupkeep of fields, harvesting, periodic herd trans-fer ; &dquo;Paying back favours&dquo; : working in return forpreviously given help.

3) the remaining time for the principal work-force to carry out other necessary tasks for thesmooth running of the farm and to have the freetime.

In the 12 farms studied the amount of time nee-ded for essential and seasonal work seems to beon average, very large and above all veryvariable (1-3). The remaining time calculed perperson of the principal workforce varies from 1-10. An analysis of observed differences is presen-ted concerning : shepherding, ambitious techni-cal projects unadapted to buildings in poorcondition, less research to obtain work effi-ciency in the case where there is a surplus ofworkers, and the important role played by volun-tary workers.DEDIEU B., SERVIERE G., JESTIN C., 1992. L’étude dutravail en exploitatin d’élevage : proposition de méthodeet premiers résultats sur les systèmes mixtes vaches lai-tières et brebis en Margeride. INRA Prod. Anim., 5 (3),193 - 204.