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Compétence mémoire Caro Illustratrice Gérard Brasseur Maitre formateur PROGRAMME 2015 6 À 8 ANS Cet ouvrage suit l’orthographe recommandée par les rectifications de 1990 et les programmes scolaires (voir le site : www.orthographe-recommandee.info et son miniguide d’information).

Compétence mémoire

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Page 1: Compétence mémoire

Compétencemémoire

CaroIllustratrice

Gérard BrasseurMaitre formateur

PROGRAMME 2015

6 À 8 ANS

Cet ouvrage suit l’orthographe recommandée par les rectifications de 1990 et les programmes scolaires (voir le site : www.orthographe-recommandee.info et son miniguide d’information).

Page 2: Compétence mémoire

Compétence mémoire Introduction 32

Avant-proposLes recherches en neurosciences cognitives nous éclairent sur la manière dont le cerveau se développe et fonctionne chez les adultes et chez les enfants. Certaines découvertes ont des incidences très concrètes, notamment dans le domaine de l’éducation. Ces recherches démontrent, de manière rationnelle, que certaines stratégies d’apprentissage sont plus efficaces que d’autres. De l’école maternelle au collège, l’acquisition de savoir-faire et d’outils méthodologiques est essentielle. La mémoire est l’une de ces compétences transversales qui donnera à l’élève les moyens de progresser et de réussir dans les différentes disciplines scolaires, mais aussi plus tard, dans la vie professionnelle.

Une utilisation efficace de la mémoire suppose le déploiement de stratégies complexes permettant à l’enfant d’être attentif, de percevoir, d’organiser, d’anticiper, d’imaginer, de structurer l’information et de créer des réseaux de connaissance.

Pour de nombreux élèves en situation d’échec scolaire, les chercheurs ont pu constater que l’origine des difficultés rencontrées dans telle ou telle matière est liée à une mémorisation déficiente. Ainsi, de nombreux problèmes de lecture et de compréhension s’expliquent souvent par de mauvaises performances en mémoire de travail : l’élève qui, en fin de phrase, a oublié le début de celle-ci, ne peut comprendre ce qu’il lit. Il s’agit donc de lui apprendre à visualiser ce qu’il lit et à activer sa mémoire immédiate.

L’objectif de Compétence Mémoire est triple :

• donner à l’élève les moyens de mettre en œuvre, dans une situation donnée, le bon geste de mémorisation,

• mettre en place un véritable entrainement sportif de ses capacités d’attention, de concentration, de perception et de traitement de l’information par le biais d’exercices d’activation cérébrale,

• mieux connaitre ses points forts car chacun apprend différemment.

Gérard BrasseurNovembre 2017

Apprendre à apprendre,c’est rendre l’élève autonome.

Sommaire

IntroductionQue se passe-t-il lorsque nous mémorisons ? 4La mémoire 6Les étapes de la mémorisation 9

Acquisition de l’informationL’attention 11La perception 23La mémoire de travail 45

Traitement de l’informationLa mémoire à long terme 65L’association 75La structuration 89La répétition 101Le codage et la mnémotechnie 107

Restitution de l’informationLa concentration 113Le rappel 121

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Que se passe-t-il lorsque nous mémorisons ?

Compétence mémoire Introduction 5

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Compétence mémoire Introduction 76

La mémoire

Une fonction essentielleLe rôle de la mémoire est essentiel dans la constitution de notre personnalité : tout l’environnement qui jalonne notre existence, tous les évènements, tous les sentiments, toutes les émotions, toutes nos activités sont stockés dans notre mémoire et contribuent à nous construire peu à peu tels que nous sommes.En fait, toute notre existence dépend de notre mémoire car nous la sollicitons à chaque instant de notre vie quotidienne : comment conduire notre voiture si nous avons oublié le rôle de l’embrayage et de l’accélérateur, comment retrouver notre chemin si nous n’avons pas mémorisé l’itinéraire ou tout simplement savoir s’habiller ou utiliser sa brosse à dents si nous n’avons pas mémorisé ces gestes quotidiens.Aucun apprentissage n’est possible sans mémoire.À l’école et plus tard dans notre vie professionnelle, une mémoire défaillante sera souvent à l’origine de nos échecs : retenir un cours, le nom et le visage de nos interlocuteurs, les règles de fonctionnement d’un photocopieur ou d’un ordinateur. Compte tenu de l’évolution des techniques qui font de plus en plus appel à elle, la mémoire est devenue un outil indispensable à tout apprentissage.

La mémoire et le fonctionnement cérébralAu plan neuro-fonctionnel, il ne faut pas oublier le rôle des processus biochimiques et bioélectriques à la base du fonctionnement cérébral. Ceux-ci peuvent être illustrés par deux grands principes.Chaque nouvel apprentissage implique la création de nouveaux circuits neuronaux. Ce phénomène est appelé plasticité. Les circuits ainsi créés augmentent la capacité de stockage de la mémoire. D’où l’importance de pratiquer dès le plus jeune âge des jeux d’activation cérébrale afin de stimuler et de favoriser la création de ces connexions neuronales.Le mécanisme multidimensionnel de ces circuits doit être développé afin de multiplier les chemins d’accès à l’information. Cela implique de multiplier les modes sensoriels lors de la mise en mémoire d’une connaissance nouvelle : l’entendre, la voir illustrée à travers un schéma dessiné au tableau par l’enseignant, se reformuler dans la tête ce que l’on sait, en parler à quelqu’un,

la restituer sous une forme écrite ou schématique. Toutes ces expériences vont contribuer à créer pour une même connaissance des circuits mémoriels multiples qui en faciliteront le rappel.

Un trésor à faire fructifier à tout âge• Pour l’enfant, il s’agit de développer ses facultés en les stimulant

à travers de nombreuses activités et jeux faisant appel à la mémoire. À l’âge de quatre ans, on dispose d’une grande plasticité cérébrale et de la meilleure mémoire de travail. De nouvelles connexions s’établissent en permanence entre les neurones formant ainsi un réseau complexe et unique. Seules les connexions régulièrement utilisées resteront en place, les autres disparaissent. L’apprentissage permet de renforcer les connexions existantes. À quatorze ans on a une moins bonne mémoire de travail qu’à quatre ans. En revanche, la logique et la capacité d’abstraction sont meilleures.

• À l’âge adulte, il faudra développer et entrainer son efficacité. Le processus de maturation du cerveau s’achève aux alentours de vingt-cinq ans. À partir de là s’enclenche le processus du vieillissement : les synapses et leurs connexions s’altèrent cependant. Le cerveau a une grande capacité à se remodeler, à réorganiser ses réseaux tout particulièrement lorsqu’il est stimulé par l’activité intellectuelle mais aussi par l’activité physique qui contribue à son irrigation.

• Pour la personne âgée, il s’agit de préserver son capital mémoire pour conserver son efficacité. On sait que si le cerveau perd des neurones en vieillissant, il en fabrique aussi de nouveaux, qui pourront ainsi maintenir les fonctions cérébrales. Surtout si l’on reste actif, et que l’on se confronte à de nouveaux apprentissages.

Des fenêtres d’opportunité pour le développement cérébralChez l’enfant, des fenêtres d’opportunité s’ouvrent à certaines périodes de son développement pour se refermer ensuite. Ces fenêtres correspondent à des périodes où le cerveau a besoin de certains types de stimuli pour créer et stabiliser à long terme certaines structures neuronales. Elles représentent des périodes particulièrement propices à l’apprentissage.

Le schéma illustre quelques-unes de ces fenêtres. Certaines sont fondamentales. Si un cerveau ne reçoit pas de stimuli visuels avant l’âge de deux ans, l’individu sera aveugle et s’il n’entend pas de mots avant l’âge de dix ans, il n’apprendra jamais à parler. Lorsque ces ouvertures se referment, les cellules du cerveau affectées à ces tâches perdent la capacité de les exécuter.D’autres fenêtres sont plus malléables mais tout de même significatives : l’apprentissage peut se faire dans chacun de ces domaines pendant le reste de l’existence, même si les fenêtres sont closes, mais les niveaux d’habileté ne seront pas aussi élevés.• Le développement moteur (associé à la mémoire procédurale).

Cette fenêtre s’ouvre pendant la période embryonnaire lorsque le bébé bouge. La capacité à se développer sur le plan moteur est très forte au cours des six premières années même si un individu peut développer des habiletés motrices lorsque cette fenêtre est refermée. La plupart des virtuoses d’instruments de musique et des athlètes ont commencé à optimiser leurs capacités avant l’âge de six ans.

• Le vocabulaire et l’acquisition du langage (associés aux mémoires lexicales et sémantiques). Chez le bébé, la zone du cerveau traitant la parole devient réellement active vers dix-huit ou vingt mois. Un bébé peut apprendre dix mots ou plus par jour et posséder un vocabulaire de près de 900 mots à

trois ans, l’augmenter jusqu’à environ 2 500 à 3 000 mots à cinq ans. La fenêtre de l’acquisition de la parole se referme vers dix ou onze ans. Après cet âge, apprendre une langue devient beaucoup plus difficile. Sachant cela, il semble illogique d’amorcer l’apprentissage d’une langue au secondaire plutôt qu’au primaire.

Quelques pistes pour stimuler le développement cérébral• Stimulez le vocabulaire de vos élèves par des défis langage,

en petits groupes donnez un thème et demandez de trouver le maximum de mots associés, par exemple des noms de maisons.

• Vous avez des enfants étrangers. C’est une chance, le monde est dans votre classe. Demandez-leur d’apprendre un chant dans leur langue à la classe, ce qui les valorise et leur apportera de l’estime de soi.

• Pour l’apprentissage des langues, préférez des incursions linguistiques brèves et variées. Il est important que les réactivations soient fréquentes, l’idéal étant l’immersion complète.

Apprendre ou comprendre ?Parenthèse historique : le mot mémoire vient de Mnémosyne, belle déesse grecque de la mémoire et du langage. À cette période, le terme d’intelligence n’existait pas. Il apparait avec Descartes et les philosophes empiristes anglais qui parlent d’entendement. Attaquant un charlatan qui vantait une méthode absurde où il fallait prendre des milliers d’images pour mémoriser, Descartes déclara qu’il suffisait de raisonner et de déduire et qu’on n’avait pas besoin de mémoire. Ainsi, en France s’est installée l’idée qu’il suffisait de raisonner.Or les neurosciences et les recherches récentes sur la mémoire, prouvent au contraire que sans mémoire, on ne peut pas acquérir toutes les connaissances et qu’à l’inverse, plus on a de connaissances, mieux on raisonne.Indépendants vis-à-vis de la tradition liée à Descartes, les Américains ont de leur côté toujours valorisé l’apprentissage et l’entrainement de la mémoire.

Partagée par tous les êtres vivants, la mémoire est par définition la faculté d’enregistrer une infor-mation, de la stocker et de la rappeler sur commande ou involontairement.

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Développement moteur

Contrôle émotionnel

Mathématique logique

Vocabulaire

Âge en années

Langage

Musique instrumentale

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Compétence mémoire Introduction 98

Les étapes de la mémorisation

Nous sommes bien conscients que si l’enfant n’a rien retenu, il n’a rien appris. D’ailleurs qu’est-ce qu’apprendre ?

Les objectifs d’apprentissage sont souvent classés en six familles qui vont de l’opération d’apprentissage la plus simple (le bas de la pyramide), à la plus complexe (le haut de la pyramide). Cette classification a été élaborée par Benjamin Bloom en 1956 et réactualisée en 2001. La mémorisation est à la base de cette pyramide. C’est le premier niveau d’apprentissage et il est essentiel car il alimente tous les autres étages. Les différents niveaux sont cumulatifs. Un apprenant ne peut comprendre un contenu sans en avoir pris connaissance.Les trois premiers niveaux décrivent le processus de la pensée convergente. L’apprenant se concentre sur ce qu’il connait, il le comprend et il le rappelle afin de l’appliquer à la résolution du problème.Les trois niveaux les plus élevés correspondent au processus de la pensée divergente. Les traitements se traduisent par de nouvelles perspectives et découvertes qui ne faisaient pas partie de l’information initiale.

Note bibliographiqueLa taxonomie de Bloom définissant les différents niveaux d’apprentissage a été élaborée en 1956 par Benjamin Bloom. Elle est devenue l’une des sources les plus citées dans les recherches en éducation. Elle a été revisitée en 2001 par Anderson et Krathwohl.- BLOOM, B.S. (1956) Taxonomy of Educational Objectives © New York. Longman

- ANDERSON L.W. et KRATHWOHL D.R. A Taxonomy for Learning, Teaching and Assessing : A revision of Bloom’s Taxonomy of Educational Objectives © New York. Longman

Deux ouvrages canadiens particulièrement intéressants sur le sujet

Cet ouvrage propose 200 stratégies utilisant la taxonomie de Bloom en liaison avec les intelligences multiples.

Cet ouvrage montre comment rendre le processus enseignement apprentissage plus efficace à la lumière des dernières recherches en neurosciences.Ces deux ouvrages sont diffusés en France parPirouette éditions • www.pirouette-editions.fr

Créer

Évaluer

Analyser

Appliquer

Comprendre

Reconnaitre

Concevoir une méthode, une idée, un produit original

Estimer en appliquant des critères

Identifier les composantes d’un tout

Mobiliser des connaissances et des stratégies dans une situation familière

Traiter l’information

Récupérer l’information

Il n’existe pas un seul type de mémoire mais de nombreuses mémoires de nature différente plus ou moins développées chez chacun d’entre nous : la mémoire visuelle, la mémoire spatiale ou mémoire du positionnement des objets, la mémoire verbale ou auditive, la mémoire logique, la mémoire kinesthésique ou mémoire du mouvement, la mémoire olfactive et gustative, la mémoire tactile, la mémoire affective. Si toutes ces formes de mémoire se localisent dans des zones bien précises du cerveau, elles obéissent toutes aux trois règles de base : l’acquisition, le stockage et le rappel.

L’acquisition de l’informationLa première étape du souvenir est liée à la perception. Pour qu’une information puisse être retenue, il faut d’abord qu’elle soit vue et/ou entendue.Cette perception est conditionnée par l’intensité de l’information, elle-même liée à la disposition d’esprit (facultés d’attention) et aux circonstances qui l’entourent. À ce stade de perception, la capacité de rétention de l’information est limitée en durée et en quantité : au-delà de quelques secondes (1/4s pour une information visuelle et deux à trois secondes pour une information auditive), les informations sont perdues et remplacées par d’autres.Si l’information a retenu notre attention, elle est acheminée par répétition mentale, par évocation vers la mémoire immédiate ou mémoire de travail.À ce niveau, la durée de rétention est limitée : au-delà de quelques minutes, les informations risquent de tomber dans l’oubli si elles ne sont pas réactivées.

Le traitement et le stockage de l’informationPour accéder au niveau suivant, celui de la mémoire à long terme, l’information devra être préparée par un processus mental précis qui lui donne une structure schématisée lui permettant de s’intégrer au réseau déjà en place. Ce processus fait appel à la structuration, l’association, la répétition, la confrontation, le codage…Tout se passe comme dans une gigantesque bibliothèque, où chaque information doit être soigneusement étiquetée, regroupée par catégorie et rangée à une place précise pour pouvoir être retrouvée rapidement.

Le rappel de l’informationC’est l’opération par laquelle la mémoire ramène dans le champ de la conscience les images, les perceptions et les idées qu’elle a conservées.L’opération de rappel met en œuvre des stratégies de récupération. Celles-ci dépendent des outils que nous avons employés lors du traitement où nous avons mis en place des indices de rappel qui nous permettent de retrouver le chemin vers la réponse cherchée.Nous constituons ainsi un véritable réseau de circuits mémoriels où chaque information va peu à peu être reliée à d’autres par des fils conducteurs et intégrée dans un système de connaissances.Ces phases de traitement et de rappel sollicitent notre concentration car nous devons nous focaliser sur des opérations mentales très précises.

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Huit façons d’enseigner, d’apprendre et d’évaluer Helen McGrath et Tom Noble© Chenelière Éducation

Un cerveau pour apprendre David A. Sousa. Adaptation Gervais Sirois© Chenelière Éducation

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Page 7: Compétence mémoire

Compétence mémoire L’attention 11

L’attention c’est l’état de réceptivité par lequel on se prédispose à recevoir

l’information. Plus nous portons attention à une chose, plus il sera facile de

s’en souvenir car elle laissera une trace plus intense dans la mémoire.

L’attention est directement liée à la motivation, à la curiosité, à l’intérêt. Elle

peut être intrinsèque (l’enfant gère sa capacité d’attention) ou extrinsèque

(liée à l’enseignant qui sait capter et maintenir l’attention éveillée).

Ne confondons pas l’attention et la concentration : l’attention joue un rôle essentiel

au stade de l’acquisition de l’information et de la mémoire immédiate, alors que

la concentration intervient dans le traitement (répétition, structuration…) pour

la mémoire à long terme et le rappel.

L’attentionACQUISIT ION DE L’ INFORMATION

Ce qu’il faut savoir

Page 8: Compétence mémoire

Compétence mémoire L’attention 1312

La capacité d’attention évolue chez l’enfant• Entre 1 et 2 ans, il ne peut être interrompu dans une tâche.• Entre 2 et 3 ans, il ne peut traiter simultanément des stimuli

auditifs et visuels venant de différentes sources, mais peut s’interrompre pour revenir au jeu.

• Entre 3 et 4 ans, il gère encore son attention en alternance mais sans l’aide de l’adulte.

• Entre 4 et 5 ans, il peut gérer simultanément l’entrée visuelle et auditive.

• À partir de 5 et 6 ans, il peut gérer 3 entrées à la fois.• À partir de 8 ans, il peut mettre en œuvre l’attention sélective

et la flexibilité attentionnelle.

Les troubles de l’attentionDes aspects de l’attention peuvent être altérés par des facteurs tels que la fatigue, le stress, l’alcool et les drogues. Voici les principales causes de troubles de l’attention.

L’hyperactivité et le trouble de déficit d’attention (TDA/H)Cela se manifeste notamment par un déficit de la flexibilité atten-tionnelle : le sujet se désengage trop facilement de l’activité en cours à cause d’évènements interférents intérieurs (ses propres pensées) ou extérieurs (bruits, odeurs, évènements visuels). À cause d’un mauvais fonctionnement de ses mécanismes d’inhibition, il peine à écarter l’information non pertinente et à se réengager dans son activité, étant sans cesse attiré par les stimulations diverses. Chez les enfants, il est nécessaire d’apprendre à développer, dès le plus jeune âge, leurs capacités d’attention et de concentration de ma-nière autonome et durable.

Le vieillissementSouvent, le vieillissement provoque un ralentissement général de la vitesse de traitement des informations, ce qui entraine une diminution des capacités d’attention sélective. Les recherches ont notamment montré que la capacité à résister aux interfé-rences était particulièrement affectée chez les personnes âgées, qui sont de ce fait moins efficaces dans les situations de double tâche. Ainsi, en général un jeune de 20 ans n’aura aucun pro-blème à étudier avec de la musique de fond, mais cela sera moins évident pour une personne de plus de 60 ans.

4 manières d’être attentifL’alerteC’est le simple éveil des sens, la curiosité, la disposition à traiter des informations et à répondre aux stimulations de l’environne-ment. On se prédispose à percevoir, on est dans un état d’attente où l’on se rend disponible à recevoir une information à l’aide de nos cinq sens.

L’attention sélective, dirigée ou focaliséeIl s’agit de cibler des indices pertinents au milieu d’une multitude de stimulations. Cette capacité n’est mature qu’à l’âge de 8 ans environ. L’enfant doit apprendre à faire une bonne sélection et à inhiber les informations non pertinentes en mettant en œuvre un contrôle attentionnel.

L’attention divisée ou partagéeDans la vie quotidienne, nous sommes presque constamment amenés à faire plusieurs choses à la fois. Pour cela, nous devons répartir nos ressources attentionnelles de manière optimale afin de parvenir à réaliser ces différentes choses correctement. Pour que l’attention divisée soit fonctionnelle, les tâches effectuées ne doivent pas solliciter les mêmes modalités sensorielles (audi-tive par exemple : deux conversations ne peuvent être écoutées simultanément). L’attention divisée entre en jeu dès l’école, où il faut pouvoir, entre autres, écouter et écrire en même temps. Un facteur important à prendre en compte est la quantité de res-sources attentionnelles disponibles. En effet, les enfants ayant des ressources limitées sont, au départ, lésés. Les tâches qui ne sont pas encore automatisées (en début d’apprentissage notam-ment, comme l’écriture par exemple), consomment énormément de ressources ; dès lors les ressources disponibles pour faire autre chose seront sensiblement amoindries.

L’attention soutenue, la vigilanceL’attention soutenue intervient lorsque nous devons maintenir notre attention sur une longue durée et de façon continue. Elle est donc particulièrement impliquée dans les activités où il y a un flux continuel, rapide et important d’informations à traiter telles que la conduite automobile, qui nécessite un traitement actif de la part de l’individu. Elle est pour cela différente de la vigilance, qui correspond à un état de maintien de l’attention à un niveau suffisant pour être capable de réagir à de rares évè-nements, qui peuvent survenir de façon impromptue au cours d’une activité monotone de longue durée. Par exemple, la pêche nécessite de la vigilance, puisque le pêcheur doit réagir de façon adéquate dès que le poisson mord à l’hameçon.Sur le plan pédagogique, il sera nécessaire, d’alterner phases de pause et d’attention soutenue. Dans une activité soutenue, la phase de pause pourra tout simplement prendre la forme d’une relance ou d’une mise au point.

Comment favoriser l’attentionLa gestion de l’attention implique un certain nombre d’étapes qui favoriseront un traitement sensoriel efficace de l’information présentée.

La préparation ou mise en conditionIl s’agit de se mettre dans un état de réceptivité favorable en mar-quant un temps d’arrêt, en faisant le vide pour éviter tout ce qui pourrait distraire l’attention. De petites séances de relaxation favo-risent le contrôle de l’attention. Une bonne respiration, profonde, avec de grands intervalles entre les mouvements respiratoires, favorisera l’oxygénation du cerveau et augmentera l’intensité de l’attention.

Cette mise en condition sera d’autant plus efficace si l’on a fourni à l’élève des éléments de motivation : curiosité, désir, besoin… On fera plus attention à ce qui retient notre intérêt.

La mise en projetIl s’agit de se mettre en mouvement et de se projeter dans le futur. L’enfant se donne un projet : Je suis attentif à… Cette dyna-mique s’accompagne de toute une phase de questionnement (ce qu’évoque le sujet, ce que je sais déjà) afin de mettre en place les indices et les critères de sélection qui seront mis en œuvre lors de la phase de perception.

1. S’étirer au maximum, comme un chat.2. Respiration profonde (oxygène le cerveau, apaise…) :

• expirer totalement,

• inspirer par le nez en soulevant les épaules et la poitrine,

• marquer une pause de quelques secondes en apnée,

• laisser sortir tout l’air et creuser le ventre pour en chasser le maximum,

• recommencer une dizaine de fois.

Voici à titre indicatif quelques musiques de fond relaxantes :

• Bach, Concertos en sol maj. et ré maj., Concerto Brandebourgeois N°4

• Beethoven, Sonate « Clair de Lune » et Concerto pour violon et orchestre op.61

• Chopin, valses pour piano

• Haendel, Concerti grossi n° 1, 2, 3, 4 de l’op.6

• Mozart, Symphonies « Haffner » et « Prague »

• Saint-Saëns, Carnaval des animaux

• Tchaïkovski, Sixième symphonie

• Vivaldi, Concerto pour flute et orchestre

• Wagner, Prélude de ParsifalOn trouvera également de nombreux titres dans la musique « New Age ».

pour se relaxer

Page 9: Compétence mémoire

Compétence mémoire L’attention 1514

Comment capter l’attention de l’élève durant la séanceAvant de débuter, présenter un plan simple du conte-nu associé à l’objectif d’apprentissage afin de placer les élèves dans un contexte de mise en projet et d’attente.

Commencer la séquence par une activité soutenue et non prévisible comme une situation problème, une petite histoire, un défi, un court extrait audiovisuel, une image ou un objet insolite…

Proposer la recherche d’un élément intrus, anachro-nique, illogique qui exige un travail d’analyse précis.

Ne pas dévoiler d’emblée l’ensemble du document afin de faire naitre des hypothèses et de donner l’envie d’en savoir plus.

Faire rechercher des différences ou des évolutions entre plusieurs documents montrant la même scène, la même notion, des structures comparables.

Entrainer à la prise d’indices permettant de préciser le lieu, l’époque, le type de document, la situation…

Privilégier l’ordre perception-verbalisation pour favo-riser l’activité de recherche : dresser un inventaire des percep-tions, classer, comparer, avant de passer à la phase de mise en commun et de verbalisation.

Comment maintenir l’attention de l’élève durant la séanceMatérialiser et noter sur un tableau les moments et les éléments importants pour permettre à l’élève de se repérer dans la séquence d’apprentissage et de maintenir un fil conducteur entre les informations.

Varier et changer régulièrement de canal perceptif lorsqu’on réexplique pour multiplier et croiser les entrées.

Limiter les interventions orales de l’enseignant à ce qui est strictement indispensable en privilégiant l’expression de l’élève sur la base d’hypothèses, de propositions, de constata-tions.

Alterner et démarquer les différents temps d’activité : recherche libre, en groupe, oralisation et mise en commun, réin-vestissement et temps de synthèse écrite.

Éviter de fournir une alternative à l’attention (ne pas lire un texte que tout le monde a sous les yeux, ne pas oraliser une consigne que tout le monde doit pouvoir lire…), en démar-quant les différentes opérations et en matérialisant le chemine-ment et le fil de la leçon.

Bien gérer les périodes de grande écoute et l’effet début-fin lors d’une séance.

Utiliser l’humour pour améliorer le climat en favori-sant l’attention et la mémorisation. Il offre des bénéfices d’ordre physiologique (libération d’endorphines et oxygénation du cerveau) et d’ordre psychologique et sociologique.

Comment développer les facultés d’attentionLe rôle de l’enseignant est essentiel dans la mise en place d’un environnement stimulant permettant de capter l’attention de l’élève et d’activer les processus mentaux utiles à la gestion efficace des renseignements qu’il reçoit.

Créer une ambiance propice à l’attention en installant un décor agréable, en mettant l’élève en confiance mais aussi en aérant la classe (oxygénation du cerveau) et en pratiquant la relaxation.

Susciter la motivation et la curiosité en brisant la rou-tine, en trouvant les moyens d’étonner, en diversifiant les modes de présentations et les situations.

Apprendre à s’auto-motiver comme les sportifs en faisant le vide, en se relaxant, en se projetant dans le futur, en visualisant sa réussite…

Favoriser l’attitude active et les facultés d’anticipa-tion en suscitant la formulation d’hypothèses et de questions avant d’aborder un sujet, en masquant partiellement le document.

Tenir compte de l’effet début-fin lors de la séance

Dans une période d’apprentissage, nous avons tendance à gar-der en mémoire ce qui a été entendu en premier et en dernier. Lorsque vous sentez que les élèves sont attentifs, apportez les nouveaux apprentissages en évitant les digressions et le ques-tionnement qui ferait émerger des représentations erronées déjà retenues.

La période de faible intensité sera consacrée à des exercices pra-tiques ou à la discussion. La seconde période de grande écoute en clôture sera consacrée à la révision avec l’objectif de partager ce qui a été appris.Les résultats varient selon la période d’enseignement (20 mi-nutes mieux que 40 minutes).Une bonne motivation va augmenter la durée d’attention et le temps de traitement.

Mettre en place des gestes mentauxQuand on dit à un enfant fais attention, pour lui cela reste vague et signifie souvent sois sage. Il est donc important, petit à petit, d’apprendre à l’enfant comment gérer son attention et sa moti-vation par des gestes mentaux :• se mettre dans un état de réceptivité favorable, faire le vide,

se relaxer, susciter la curiosité…,• se projeter dans le futur par une phase de questionnement sur

ce qu’évoque le sujet, ce que je sais déjà. Utiliser la méthode SVA : ce que je Sais, ce que je Veux apprendre, ce que j’ai Appris.

On offre ainsi une structure pour ranger et organiser les infos (plan).

je m’arrête.

je regarde, j’écoute.

Lorsque je suis attentif

je me questionne.

je revois dans ma tête,j’imagine.

je décide, j’agis.

Le coindu praticien

Première périodede grande écoute

Seconde périodede grande écoute

Exercices pratiques

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Document élève 1Se projeter dans le futur

Le crayon qui pleureVoici un exemple de jeu de rôle motivant pour l’élève : en combinant habileté gestuelle et activité verbale, ce jeu offre à l’élève une situation très riche sur le plan de la mémoire, de la coordination, de la compréhension de consignes et des schémas.

Déroulement de l’activité- Découvrir le tour de magie et le truc du magicien.- Suivre les différentes étapes.- S’entrainer, répéter et présenter.Cette activité se prête bien à un travail par groupes.

Se projeter dans le futurLa mise en projet est l’un des moteurs essentiels de la motivation et de l’attention. L’enfant se met en mouvement, se projette dans le futur de l’objectif à atteindre. Amener l’élève à se visualiser dans l’action ou à visualiser le résultat d’une stratégie est une pratique éducative intéressante. Cette pratique peut revêtir différents aspects.Lors de l’apprentissage d’un poème, l’élève s’imagine en train de le déclamer devant la classe et se fait applaudir : cette attitude développe ainsi des pensées positives qui vont fortement stimuler le travail de mémorisation.L’enseignant va proposer à l’élève des jeux de rôle et d’imitation dans lesquels il se met dans la peau d’un personnage, par exemple un savant ou un détective pour résoudre un problème.

Être attentif au cycle 2 c’est continuer à développer les capacités sensorielles par la curiosité active : regarder, écouter, toucher, gouter, ressentir en apprenant à faire exister l’information dans son esprit. C’est aussi travailler les capacités d’écoute en apprenant à diriger son attention en vue d’une tâche précise : traitement de consignes, jeux de lecture, éveil sonore et musical.

Les activités liées à l’attention sont regroupées autour de quatre objectifs.

• Se projeter dans le futur, planifier.

• Développer son état de réceptivité et de motivation.

• Développer l’attention sélective et le contrôle attentionnel.

• Être capable de diriger son attention, écouter attentivement, comparer, reconnaitre, distinguer. l’écoute passive de l’écoute active.

Activités liées à l’attention

NomPrénom

Le crayon qui pleureImagine que tu es magicien et présente ce tour à tes amis.

Le matériel

L’attention se projeter dans le futur 1

Ce que tu dis

Ce crayon vient d’écrire une histoire drôle. Je vais le secouer pour qu’il nous la raconte !

Regardez, il se met à pleurer de rire !

Ce que tu faisTu frappes plusieurs fois le crayon contre ton coude gauche.

Tu montres le crayon à ton public en le tenant ainsi.

Le truc du magicienConseil : entraine-toi d’abord devant une glace.

2. Quand tu frappes le crayon contre ton coude, attrape discrètement le coton en le cachant dans ta main gauche.

3. Serre le coton contre le crayon pour faire couler l’eau.

1. Avant de commencer, place un coton imbibé d’eau derrière ton oreille gauche.

Page 11: Compétence mémoire

Développer son état de réceptivitéDe multiples facteurs contribuent à favoriser ou à perturber l’état de réceptivité et la motivation de l’élève : le contexte et l’environnement, le moment de la journée, les facteurs personnels, l’ambiance de la classe, la pratique de la relaxation, la diversité des activités, mais aussi tout ce qui éveille la curiosité et la stimulation. C’est pourquoi la pédagogie par projet s’avère très stimulante pour l’attention de l’élève.

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Document élève 2Se motiver, se fixer un défi

Voici quatre projets mettant l’élève en situation de recherche pour trouver une solution au problème posé. Le défi sollicite fortement l’intérêt, la créativité et la rigueur comme dans une compétition. Les actions proposées ici peuvent avoir un caractère gratuit, sans lien apparent avec une discipline scolaire, mais elles sollicitent toujours de la méthode, de l’expérimentation et la confrontation.

DéroulementLes quatre défis peuvent être réalisés en groupe pour favoriser la coopération et la stimulation.

CorrigésDéfi 1

Défi 2 Faire des essais en modifiant la hauteur et la longueur de la pente ou le nombre d’obstacles à franchir (virages, bosses…).

Défi 3

Défi 4 Exemple de mots : âne-boa-canard-dindon-éléphant-fourmi-girafe-hérisson-iguane-jaguar

DVD-RomAs-tu vu / As-tu lu / As-tu entendu ?

Sur le DVD-Rom, il y a une série d’exercices pour développer les capacités de réceptivité, de balayage visuel et d’écoute. Ces activités peuvent être proposées collectivement par projection ou visionnage sur TBI mais aussi individuellement à l’ordinateur.

DéroulementÉcran A Un document (scène, liste d’images ou document à

écouter) est présenté brièvement. La durée est gérée par la visionneuse ou par le joueur.

Écran B Une nouvelle fenêtre propose une liste d’éléments qui figuraient ou pas dans le document précédent. L’élève fournit la réponse oralement (groupe) ou en cliquant sur les éléments choisis.

Écran C La réponse.

Total 6

Total 6

NomPrénom

Défi 1Avec ces 6 dominos, réalise 2 lignes de 3 dominos totalisant le même nombre de points.

Défi 2Sur un plan incliné, invente un parcours qu’une bille franchira en 10 secondes.

Défi 3Reproduis le puzzle du E sur un papier quadrillé. Découpe les 4 pièces puis essaie de faire un carré.

Défi 4Trouve des noms d’animaux commençant par les 10 premières lettres de l’alphabet.

âne b c d

é f g

h i j

L’attention se motiver, se fixer un défi 2

DÉPART ARRIVÉE