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8 automne 2012 L a sueur au front et la vision limitée par  la fumée environnante, les sauveteurs  miniers se sont dépassés en effectuant  leurs sauvetages, lors de la 50 e compétition  de sauvetage minier du Québec, les 25 et  26 mai derniers. Pour la première fois, les  simulations de sauvetages se sont déroulées  sous terre, dans une galerie d’une mine en  activité : la mine Goldex de la compagnie  Mines Agnico-Eagle ltée. C’est la mine LaRonde, d’Agnico-Eagle, qui a  remporté le trophée du championnat, en plus  de celui de la meilleure équipe de direction.  « C’est la septième année que la mine LaRonde  remporte le championnat. Nous en sommes  très fiers ! C’est probablement grâce à notre  bon esprit d’équipe et à notre bon timing que nous avons gagné », s’exclame Nancy  Létourneau, entraîneure de l’équipe gagnante.  L’équipe a consacré quatre jours à la préparation pour la compé- tition. « J’ai créé de faux problèmes, que l'équipe devait résoudre  en matinée, et l’après-midi, nous révisions la théorie et les  premiers soins. Les gars de l’équipe devaient également réviser  la théorie chez eux », explique Nancy Létourneau.  Les trois autres mines participantes, Lapa et Goldex  d’Agnico-Eagle ainsi que Persévérance de Xstrata Nickel,  ont respectivement remporté les trophées pour les  premiers soins – appelé Trophée Marc Foy –, pour la  meilleure performance dans les éléments techniques et  Compétition de sauvetage minier du Québec Une 50 e sous terre L’équipe de la mine LaRonde (Agnico-Eagle) Photo :  Daniel Gingras d’Agnico-Eagle

Compétition de sauvetage minier du Québec Une 50e sous terre...Casa Berardi, qui sera l’hôte de la compétitionl’année prochaine. • Nancy Gionet et Laura Pelletier B. Un

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Page 1: Compétition de sauvetage minier du Québec Une 50e sous terre...Casa Berardi, qui sera l’hôte de la compétitionl’année prochaine. • Nancy Gionet et Laura Pelletier B. Un

8 • automne 2012

L a sueur au front et la vision limitée par la fumée environnante, les sauveteurs miniers se sont dépassés en effectuant 

leurs sauvetages, lors de la 50e compétition de sauvetage minier du Québec, les 25 et 26 mai derniers. Pour la première fois, les simulations de sauvetages se sont déroulées sous terre, dans une galerie d’une mine en activité : la mine Goldex de la compagnie Mines Agnico-Eagle ltée.

C’est la mine LaRonde, d’Agnico-Eagle, qui a remporté le trophée du championnat, en plus de celui de la meilleure équipe de direction. « C’est la septième année que la mine LaRonde remporte le championnat. Nous en sommes très fiers ! C’est probablement grâce à notre bon esprit d’équipe et à notre bon timing que nous avons gagné », s’exclame Nancy Létourneau, entraîneure de l’équipe gagnante. 

L’équipe a consacré quatre jours à la préparation pour la compé-tition. « J’ai créé de faux problèmes, que l'équipe devait résoudre en matinée, et l’après-midi, nous révisions la théorie et les premiers soins. Les gars de l’équipe devaient également réviser la théorie chez eux », explique Nancy Létourneau. 

Les trois autres mines participantes, Lapa et Goldex d’Agnico-Eagle ainsi que Persévérance de Xstrata Nickel, ont respectivement remporté les trophées pour les premiers soins – appelé Trophée Marc Foy –, pour la meilleure performance dans les éléments techniques et 

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9Le Belmine •

 « C’est la septième année que la mine LaRonde remporte le championnat.  

Nous en sommes très fiers ! C’est probablement grâce à notre bon esprit d’équipe  

et à notre bon timing que nous avons gagné. »

théoriques et pour la meilleure équipe en mission. Bref, personne n’est reparti les mains vides. « Ça ne s’est pas vu souvent ! Normalement, une équipe domine », affirme Sylvie Bouillon, surintendante corporative au recrutement d’Agnico-Eagle, qui faisait partie du comité d’organisation de la compétition.

« La qualité du travail d’équipe a été remarquable. Les  sauveteurs miniers semblaient tous très fiers de leurs  accomplissements », témoigne Gabrielle Landry, directrice  de la prévention-inspection dans le secteur des établisse-ments à la CSST, qui a assisté à la compétition. « Puisqu’elle s’est déroulée sous terre, la compétition a été grandiose et plus réaliste », ajoute-t-elle. D’ailleurs, la compétition a attiré un nombre de spectateurs largement supérieur par rapport aux années précédentes, soit plus de 500 personnes.

Les organisateurs espèrent obtenir autant de succès à la mine Casa Berardi, qui sera l’hôte de la compétition l’année prochaine. 

• Nancy Gionet et Laura Pelletier B.

Un banquet au son  de La bitt à Tibi

L’ esprit était à la fête, le soir du 26 mai, lors du  banquet de la compétition. Environ 450 personnes du domaine minier étaient présentes. Vers le 

milieu de la soirée, alors que le chansonnier et mineur chez Agnico-Eagle, Ronald Loiselle, interprétait le classique de Raôul Duguay La bitt à Tibi, un montage de vidéos et de photos d’archives montrant l’évolution de la compétition provinciale de sauvetage minier a été présenté. Les sauveteurs miniers des quatre équipes participantes ont chanté, bras dessus bras dessous, les yeux remplis de fierté.

Plus tard dans la soirée, une minute de silence a été observée en mémoire de Jean-Yves Dunn, un travailleur décédé sous terre en 2011 à la mine LaRonde. Le travail des sauveteurs qui sont intervenus lors de cette tragédie a été reconnu. Ils ont reçu une Attestation de sauvetage minier avec Sceau de mérite (vert) pour leur courage et pour leur intervention sous terre.

Clément L. Payeur, chef d’équipe au Service du sauvetage minier, posant avec les trois récipiendaires du Sceau de mérite, Sylvain Roy, Dominic Drouin et Yves Lapointe.

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10• automne 2012

Le Belmine : Quelles sont les principales différences qui existent entre la première et la 50e édition de la compétition provinciale de sauvetage minier ?

Jean Proulx (J.P.) : Les principes de base du sauvetage minier n’ont pas changé. C’est plutôt le côté technique qui a évolué. Au départ, les épreuves étaient plus physiques. La première édition ressemblait plus à une compétition de pompiers ; les équipes avaient des obstacles à traverser, comme construire une barricade. Avec les années, l’arrivée des directeurs des opérations de sauvetage au Service du sauvetage minier, l’évolution des programmes de formation et l'apparition de nouveaux équipements sur le marché ont fait en sorte que c’est devenu de plus en plus technique. En outre, de nos jours, les sauveteurs miniers interviennent dans des mines très profondes et étendues, ce qui exige l’utilisation de moyens de transport mécanisés.

Le Belmine : Le degré de difficulté de la compétition augmente-t-il à chaque année ?

J.P. : Oui. Au sein du Service du sauvetage minier, nous profitons de ces compétitions pour ajouter un nouvel élément de procé-dure ou d’équipement. Cela incite les compagnies minières et leurs sauveteurs à adopter cet équipement ou cette procédure, puisqu’elles ont vu son efficacité. Cette année, néanmoins, nous n’avons pas vraiment mis l’accent sur la nouveauté. Puisque c’était la 50e édition, nous voulions reproduire une mise en scène des premières années de compétition tout en utilisant des équipements modernes, pour voir l’évolution de l’efficacité des sauveteurs miniers. Nous nous sommes basés sur les quatre types de formations de sauvetage qui sont obligatoires et qui sont données annuellement par les instructeurs, soit l’érection de barricades, l’extinction d’incendies, le sauvetage de mineurs en visibilité réduite et l’utilisation des systèmes de cordage pour 

l’évacuation d’une victime d’un niveau de la mine à un autre. Nous les avons toutes réunies dans une même simulation. 

Le Belmine : Normalement, la compétition se déroule dans des arénas, mais pour cette 50e édition, les épreuves ont eu lieu sous terre. Prévoyez-vous procéder ainsi à l’avenir ou est-ce que cette année était une exception ?

J.P. : C’est rare que nous ayons la chance de le faire, car il ne faut pas oublier que pour faire la compétition sous terre, dans une mine, il faut que cette dernière accepte de suspendre tempo-rairement ses travaux souterrains. Cette année, la compagnie Agnico-Eagle a accepté de le faire et la compétition a pu ainsi se dérouler dans les galeries de sa mine Goldex. Nous ne savons pas si une telle chose sera encore possible dans les années à venir, mais le principe est intéressant !

Le Belmine : Maintenant que le sauvetage minier est une notion bien connue dans le domaine, qu’est-ce qui vous incite à vouloir organiser une telle compétition ?

J.P. : Les sauveteurs n’ont pas souvent à intervenir pour un réel sauvetage dans leurs mines, heureusement ; donc, ces simula-tions leur prouvent qu’ils sont prêts à effectuer des sauvetages, et ce, dans un contexte encore plus réaliste que lors de leurs pratiques ou de leurs formations obligatoires. De plus, ça permet de démystifier le sauvetage minier au sein de la population locale, des familles des mineurs et des étudiants du domaine. Puisque ça s’effectue toujours sous terre, les gens ne sont pas vraiment conscients de ce qu’est le sauvetage minier. Les équipes de sauvetage sont étonnantes à voir évoluer dans les simulations. Les travailleurs des mines du Québec sont assurément entre bonnes mains, grâce aux sauveteurs de qualité qui les entourent !

• Laura Pelletier B.

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Rétrospective 

E n 1955 s’est tenue la première compétition provinciale de sauvetage minier au Québec. Quelques mois plus tôt, Granger Grant, le responsable du Service du 

sauvetage minier de l’époque, avait convaincu l’industrie minière de la nécessité de créer une compétition de sauve-tage pour mieux préparer les sauveteurs miniers à intervenir lors d’une situation urgente. Le Belmine s’est entretenu avec Jean Proulx, concepteur des simulations de la compétition de sauvetage minier (photo ci-contre) pour parler des débuts de la compétition et de son avenir.