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Science & Sports (2012) 27, 391—393 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com MISE AU POINT Conduite à tenir en cas de luxations dentaires complètes chez des sportifs Dental luxations between sportmen. What can? H. Lamendin Faculté du sport et d’éducation physique, université d’Orléans, BP 6237, 45062 Orléans cedex 2, France Disponible sur Internet le 9 novembre 2012 MOTS CLÉS Luxations dentaires ; Urgence de terrain ; Conduite à tenir Résumé Des luxations dentaires, surtout antéro-supérieures, se produisent lors de diverses pratiques sportives. Des réimplantations immédiates et médiates sont possibles. Il faut y penser. Conduite à tenir. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Dental injury; Urgency; Treatment Summary Dental luxations (especially of anterior uppers teeth) occur during varied sports practices. Immediate or belated reimplant are feasibles. Be required to think to make. What can? © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction La luxation complète (ou avulsion) d’une dent, ou plusieurs, notamment incisives supé- rieures, est un accident qui, en particulier, s’observe à l’occasion de diverses activités sportives [1]. Elle est généralement consécutive à un choc avec un autre sportif (coup de tête, de poing, de coude, d’épaule, de genou, de pied). Exceptionnellement elle peut aussi décou- ler d’un impact de l’accidenté sur lui-même (coup de genou). Elle se produit également par suite d’un contact, malencontreux ou violent, sur divers équipements sportifs collectifs (tel que poteau de but) ou individuels (tel que ski), ou de matériel utilisé (tel que bôme Chalet Marcus, 5, chemin des Noyers, 05600 Guillestre. Adresse e-mail : [email protected] 0765-1597/$ see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.scispo.2012.10.003

Conduite à tenir en cas de luxations dentaires complètes chez des sportifs

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Page 1: Conduite à tenir en cas de luxations dentaires complètes chez des sportifs

Science & Sports (2012) 27, 391—393

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

MISE AU POINT

Conduite à tenir en cas de luxations dentairescomplètes chez des sportifs

Dental luxations between sportmen. What can?

H. Lamendin ∗

Faculté du sport et d’éducation physique, université d’Orléans, BP 6237, 45062 Orléans cedex2, France

Disponible sur Internet le 9 novembre 2012

MOTS CLÉSLuxations dentaires ;Urgence de terrain ;Conduite à tenir

Résumé Des luxations dentaires, surtout antéro-supérieures, se produisent lors de diversespratiques sportives. Des réimplantations immédiates et médiates sont possibles. Il faut y penser.Conduite à tenir.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSDental injury;Urgency;

Summary Dental luxations (especially of anterior uppers teeth) occur during varied sportspractices. Immediate or belated reimplant are feasibles. Be required to think to make. Whatcan?

Treatment © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

La luxation complète (ou avulsion) d’une dent, ou plusieurs, notamment incisives supé-rieures, est un accident qui, en particulier, s’observe à l’occasion de diverses activitéssportives [1].

Elle est généralement consécutive à un choc avec un autre sportif (coup de tête, de

poing, de coude, d’épaule, de genou, de pied). Exceptionnellement elle peut aussi décou-ler d’un impact de l’accidenté sur lui-même (coup de genou). Elle se produit également parsuite d’un contact, malencontreux ou violent, sur divers équipements sportifs collectifs(tel que poteau de but) ou individuels (tel que ski), ou de matériel utilisé (tel que bôme

∗ Chalet Marcus, 5, chemin des Noyers, 05600 Guillestre.Adresse e-mail : [email protected]

0765-1597/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.scispo.2012.10.003

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e voilier), etc. Les chocs recus par les incisives supérieureseuvent entraîner différentes lésions, qui vont de la sub-uxation à la luxation complète, mais aussi de la fêlure àivers types fractures.

À cet égard, il est bon de savoir que plus l’accidenté esteune, plus il y a risque de luxation et moins il y en a deracture et que, plus on avance en âge, plus les fréquences’inversent.

On peut aussi signaler qu’il existe une opportunité àaquelle il faut penser : il s’agit de la luxation interne quiait que la dent concernée ne figure plus sur l’arcade mais,u lieu d’avoir été expulsée de la cavité buccale, commeans la luxation complète, elle a parfois été complètementnfoncée dans le tissu osseux. Enfin, ce cas est à différen-ier de deux autres circonstances où l’on ne trouve pas laent avulsée : quand elle a été avalée (ce qui est dommage,ais sans gravité) ou inhalée (ce qui est, bien entendu,articulièrement dangereux).

Après ce rappel succinct, venons-en à l’objet principale cet article : en cas de luxation complète d’une dent, queaire ?

. Conduite à tenir

es conduites à tenir sont listées ci-dessous :ramasser la dent en la prenant par la couronne (ne pastoucher du tout à la racine, c’est-à-dire la partie nonvisible lorsque la dent était à sa place) ;la placer dans la bouche de l’intéressé et l’inviter à lalaver dans son milieu salivaire en faisant bien attention dene pas léser les fragments ligamentaires et cémentairesdemeurés sur la racine, donc éviter les contacts avec lesdents ;la réimplanter, c’est-à-dire tout simplement la remettreen place. Il faut le faire lentement afin de permettrel’effusion du sang. Ce n’est pas douloureux ;par pression digitale (pouce) d’une main, puis de l’autre,inviter l’intéressé à maintenir sa dent en place, sans tropappuyer et l’évacuer sur un stomatologiste ou chirurgien-dentiste ou service hospitalier, dans les plus brefs délais.

Cela est le scénario le plus favorable, quand le témoin de’accident étant médecin, ou odonto-stomatologiste, peutrocéder à la réimplantation immédiate.

À noter que, cependant, l’accidenté peut se réimplanterui-même (cela s’est déjà vu).

Si la réimplantation n’a pu être effectuée sur place (etue le temps d’évacuation est supérieur à l5mn, ou qu’il y

perte de connaissance), la dent doit être placée dans duérum physiologique isotonique (mieux pénicilliné), ou dansu sang (hépariné), prélevé à l’intéressé ou, tout simple-ent, dans du lait.Pour les médecins ou odonto-stomatologistes, ne pas

mettre de prescrire une antibiothérapie et, afin d’évitern œdème possible, un anti-inflammatoire et/ou des appli-ations de glace. Si besoin, une injection de sérumntitétanique devra aussi être effectuée.

. Pronostics

ous réserve que la réimplantation puisse être faite danses 20/30 minutes qui suivent l’accident, le pronostic sera

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H. Lamendin

oujours très favorable, car il s’agira encore d’une réim-lantation immédiate.

Si celle-ci ne peut être faite rapidement, elle devientonc médiate et l’avenir de la dent sera plus aléatoire.ependant, même tardive, il faut toujours penser à uneéimplantation, mais celle-ci doit, alors, être faite impé-ativement en milieu spécialisé, car, il ne s’agit plus alors’une simple remise en place.

Des réimplantations, plusieurs jours après l’avulsion,ont réalisables avec toujours un certain pourcentage deuccès grâce à des techniques appropriées.

Si l’on analyse les processus de consolidation, il existelusieurs mécanismes éventuels :en cas de réimplantation immédiate, les fragments liga-mentaires et cémentaires, maintenus sur la racine et ceuxdemeurés dans l’alvéole se reconstituent. À la radiogra-phie, une image radioclaire, périphérique à la racine, lemontrera et la dent sera protégée du risque d’ankylose.Bien entendu par suite de la rupture du paquet vasculo-nerveux au niveau de l’apex (extrémité de la racine),en principe, dans un second temps, un traitement endo-dontique sera effectué par un praticien. Il est arrivé,cependant, que ce traitement ne soit pas nécessaire etl’on a observé, soit une obturation, a retro, du cana !Dentaire et de la chambre pulpaire (probablement parhypercémentose), soit une réhabilitation par un tissu néo-formé, atypique, mais rendant à la dent une certainevitalité. S’il a été précisé que le maintien de la dentréimplantée ne doit pas être trop appuyé, c’est quele ligament et le cément ayant déjà été arrachés parl’expulsion de la dent, il ne faut pas, de plus, créer unélément traumatique compressif supplémentaire qui aug-menterait les risques de développement d’une ankylose,ce qu’il vaut mieux éviter, autant que faire se peut pourla raison qui va suivre. Cependant, il y a lieu de vérifierque la position de la dent permet de fermer la bouchenormalement ;en cas de réimplantation médiate (plus de 90 minutesenviron), les fragments ligamentaires et cémentaires seseront déjà dégradés, en partie, et une ankylose aurabeaucoup plus de chance de s’instaurer. Une rhizalyse(c’est-à-dire disparition de la racine) s’instaurera pro-gressivement, avec substitution par développement dutissu osseux périphérique. Cela ne veut pas dire que ladent ne « tiendra pas », bien au contraire, elle sera enquelque sorte « soudée à l’os » et ne présentera plusune mobilité physiologiquement normale. Mais lorsque saracine aura complètement disparu (comme une dent delait), elle aura tendance « à tomber ». Le déroulement decela se fait environ, en 8/10 ans, mais on a vu des dentsankylosées demeurer plus longtemps sur l’arcade ;en cas de réimplantation tardive, sans rentrer dans lesdélais, il est évident que, soit la rhizalyse et la substitu-tion osseuse se font à un rythme plus rapide, soit, même,la dent peut être rejetée [2].

Un maintien plus prolongé peut cependant être obtenu

our les réimplantations médiates ou tardives, par’introduction dans la dent d’un tenon métallique autouruquel s’organisera progressivement le tissu osseux de sub-titution après résorption de la racine.
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4. Conclusion

Il faut savoir et s’en souvenir, que les luxations complètesde dents antérieures chez le sportif ne sont pas irrémé-diables. En principe, leur réimplantation est possible. Laprécocité de l’intervention, la sauvegarde du maximum detissus ligamentaires et cémentaire sur la racine, une conten-tion adéquate, la jeunesse de l’accidenté constituent lesprimordiaux facteurs de succès.

Les réimplantations immédiates, sortes de remises enplace, permettent un pronostic très favorable, mais cepen-dant les réimplantations médiates ou tardives, doivent êtretentées aussi souvent que possible, donc il faut toujourspenser à récupérer une dent avulsée, même souillée, quelque soit le temps écoulé depuis l’accident. C’est dans cettecirconstance, au spécialiste, sur lequel il faut toujours éva-cuer le plus rapidement possible, qu’il appartiendra, alors,

de prendre toutes décisions sur la conduite à tenir, maison évitera ainsi l’éventuel regret (comme cela s’est sou-vent vu et se voit encore trop souvent) d’avoir manquéune chance de reconstitution, pourtant si importante, tant

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u point fonctionnel qu’esthétique, que psychologique. . . etconomique [3,4].

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférences

1] Pompians-Miniac L, Lamendin H, Barrault D. Luxations totalesdes incisives supérieures en milieu sportif et réimplantations.Cah Odont Stomat 1979;11(5—6):9—15.

2] Miniac L, et Lamendin H. Réflexions sur le devenir physio-logique des dents réimplantées en milieu sportif. Symbioses1985;4(XVII):368—70.

3] Lamendin H. Odontologie du sport. Guide clinique. Paris: CDPEd; 2004.

4] Lamendin H. Investigations et expérimentations en odontologie.Paris: Éditions L’Harmattant; 2009.