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1 BFIVE Consulting CONSEIL DE LA CONCURRENCE Etude sur la « Concurrentiabilité » du secteur du crédit à la consommation Rapport de synthèse Juin 2011

CONSEIL DE LA CONCURRENCE - apsf.pro DOC/ETUDES-CREDIT-CONSO... · de la corruption, l'Unité de traitement du renseignement financier et le Conseil de la concurrence. Ce parrainage

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1 BFIVE Consulting

CONSEIL DE LA CONCURRENCE

Etude sur la « Concurrentiabilité » du secteur du crédit à la

consommation

Rapport de synthèse

Juin 2011

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2 BFIVE Consulting

SOMMAIRE

I. Préambule…………………………………………………………………. 3

II. Introduction……………………………………………………………….. 3

III. Contexte général et objectifs de l’étude………………………………….. 3

IV. Etat des lieux du secteur……………………………………………….……5

A - Présentation générale du secteur………………………………………..…… 5

1 – Fonctions économique et sociale du crédit à la consommation……………... 5

2 – Le développement du comportement durant la dernière décennie………….... 7

3 – Contexte général du développement du crédit à la consommation………….... 9

B – L’offre………………………………………………………………………… 11

1 – Contexte général………………………………………………………………. 11

2 – Un marché dominé par 2 opérateurs……………………………..……………. 11

3 – Les ressources des sociétés de crédit à la consommation ……….……………. 17

4 – La capacité de pénétration du marché………………….. ……….……………. 19

C – La Gouvernance………………………………………………………………. 19

A – La gouvernance du marché…….……………………………………. 19

V. Indices de concurrentiabilité du secteur………………………………..... 23

A – Le point de vue des acteurs………………………………………..… 23

B - Conclusions………………………………………………………...… 25

VI. Conclusions de l’étude et recommandations…………………………….. 29

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3 BFIVE Consulting

I – Préambule

Ce rapport constitue la synthèse de l’étude menée par le cabinet BFIVE Consulting

sur la « Concurrentiabilité » du secteur du crédit à la consommation.

Cette étude est l’une des nombreuses études lancées par le Conseil de la Concurrence,

dans l’objectif de connaître la situation concurrentielle d’un certain nombre de

secteurs clefs de l’économie nationale.

II - Introduction

Entreprendre une étude sur le crédit à la consommation répond à une double finalité.

Le crédit à la consommation a d’abord une portée économique dans la mesure où il

peut contribuer à stimuler et à solvabiliser la demande globale dans le but de

développer l’investissement et la croissance. Il a également une portée sociale

puisqu’il peut constituer une aide précieuse pour les classes moyennes et les

catégories sociales économiquement faibles afin d’accéder à certains biens de

consommation durable.

Ces objectifs sont louables, mais exigent une certaine prudence par rapport à des

dérapages possibles. D’une part, il ne s’agit pas, à travers l’attrait de la consommation

et le cumul de crédits, d’occasionner des situations dommageables pour les familles

en question. Il importe d’autre part, de protéger de différentes formes d’abus, ceux qui

recourent au crédit à la consommation et qui sont par définition des catégories

sociales fragiles. L’un des moyens d’action les plus adéquats consiste justement à

faire en sorte que la concurrence fonctionne pleinement afin d’obtenir une diversité

d’offres au meilleur rapport qualité / prix, donc au profit du consommateur.

C’est à travers ce prisme que l’étude du secteur s’avère extrêmement utile. Nous

examinerons alors deux questions principales avant de tirer quelques conclusions

pertinentes et faire quelques recommandations.

Il s’agira d’abord de faire l’état des lieux. Nous nous attacherons dans un second

temps à dégager les facteurs et les indices de concurrentiabilité du secteur. En

conclusion, nous dégagerons quelques faits saillants et établirons des

recommandations.

III - Contexte général et objectifs de l’étude

Le discours de Sa Majesté Le Roi du 20 août 2008 qui a énoncé le principe d’une

« application stricte de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence - notamment

en mettant en marche le Conseil de la concurrence - et ce, pour garantir une bonne

gouvernance économique…. » exprime, au plus haut niveau, la volonté de l’Etat de

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4 BFIVE Consulting

moderniser la gouvernance économique du pays en mettant en place de nouvelles

institutions propices à cet effet dont, plus particulièrement, le Conseil de prévention

de la corruption, l'Unité de traitement du renseignement financier et le Conseil de la

concurrence. Ce parrainage à très haut niveau et une gouvernance économique et

sociale visant la moralisation de l’espace public et l’instauration d’un climat des

affaires sain et transparent, ont constitué un contexte favorable au lancement de cette

étude sur la ‘’Concurrentiabilité du secteur du crédit à la consommation‘’

A ce sujet, il faut noter que la forte sensibilité des partenaires internationaux du

Maroc aux pratiques concurrentielles a été transcrite dans les divers accords

internationaux signés par le gouvernement marocain qui prévoient de nombreuses

dispositions en la matière. Ceci est notamment induit par la conviction des

responsables de la politique économique que le niveau d’attractivité du pays et la

confiance des investisseurs internationaux se mesurent aussi par l’existence d’un

cadre réglementaire adéquat et de pratiques concurrentielles adéquates.

La présente étude sur le secteur du crédit à la consommation vise :

D’une part, à analyser l’état des lieux du marché du crédit à la consommation,

en procédant à une présentation générale de ce marché et en établissant un

focus sur l’offre et la demande

D’autre part à analyser les données déterminantes et les indices de

concurrentiabilité et/ou non concurrentiabilité du marché, en passant en revue

le niveau de concentration de l’offre, les aspects horizontaux et verticaux de la

concurrence de même que la perception sur la concurrence telle qu’exprimée

par les opérateurs eux-mêmes

Pour parvenir à ces objectifs, les principaux travaux réalisés dans le cadre de la

présente étude, en rapport avec la méthodologie initialement retenue, ont été les

suivants :

Une analyse documentaire et bibliographique ;

La mesure du degré de concentration du secteur et analyse des éléments

bilanciels des opérateurs dominants

L’analyse des interactions et liaisons avec les banques

L’analyse des aspects horizontaux de la concurrence (barrières d’accès au

marché, facteurs propices ou non propices à la domination du Marché…)

L’analyse des aspects verticaux de la concurrence (chaîne de

commercialisation, maillage de la distribution, offres des opérateurs) et les

conséquences sur l’état de la concurrence

La prise en compte des avis des parties prenantes du secteur sur le niveau de

concurrence

L’élaboration de la synthèse sur l’état de la concurrence du secteur

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IV – Etat des lieux du secteur

A. Présentation générale du secteur

1. Fonctions économique et sociale du crédit à la consommation

Le secteur du crédit à la consommation est une composante clé du marché du crédit

dont le rôle social est important, parce qu’il permet à de très nombreux ménages,

faisant partie des catégories socio-professionnelles moyennes, ou à revenu réduit,

d’améliorer leur niveau de vie. Son rôle économique est majeur, parce qu’il contribue

à financer la consommation de ces mêmes ménages, et participe de la dynamisation de

l’économie du pays, fortement tributaire ces dernières années de la demande

intérieure.

Le crédit à la consommation correspond à des prêts accordés par des établissements

de crédit, et a pour objet de financer l’acquisition par les ménages de biens

d'équipement ménagers (meubles, équipements hi-fi ou électroménager) ainsi que des

véhicules automobiles. Il est généralement accordé sous la forme de prêts

remboursables par mensualités. Mais dans cette catégorie on intègre également les

facilités de caisse et découverts, les prêts personnels classiques affectés ou non, les

crédits revolving et la location avec option d'achat. En résumé, trois grandes familles

composent le crédit à la consommation : l’automobile, les équipements ménagers et le

prêt personnel (y compris le crédit revolving).

Depuis le début des années 2000, la pénétration du crédit à la consommation (graph

ci-dessous) a connu une appréciation quasi constante.

Taux de pénétration* du crédit à la consommation

Source : Bank Al Maghrib : Rapport annuel de l’activité des Etablissements de Crédit 2008, HCP

(*) Base de calcul : Encours sains globaux / PIB au prix courant

5,8%

5,5% 5,6% 5,5% 5,6%

5,9%

6,6%

7,9%

8,6%

9,0%

4%

5%

6%

7%

8%

9%

10%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

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6 BFIVE Consulting

Il est intéressant de noter, que le poids du crédit à la consommation au Maroc s’inscrit

en retrait par rapport à certains pays :

Le crédit consommation par habitant est de 139€/habitant au Maroc,

336€/hab au Mexique, 529€/hab au Brésil, 578€/hab en Turquie ou

2.212€/hab en France.

Néanmoins, ramené au PIB, l’encours comptabilisé au Maroc, soit 9%,

s’inscrit dans la moyenne des principaux pays européens : 7% en Italie, 8%

en France, 9% en Allemagne, 11% en Espagne ou 16% au Royaume Uni...

Les derniers pourcentages signifiant que, quel que soit le PIB par habitant des pays

pris en considération, la part du crédit à la consommation en représente un quotient

moyen compris entre 7 et 12%. Le Maroc se situant ainsi dans une tendance mondiale.

Plusieurs facteurs ont contribué à favoriser cette donne et notamment :

1. L’augmentation des dépenses des ménages et émergence de nouveaux modes de

consommation

2. L’augmentation des revenus et l’amélioration relative de la situation du marché du

travail

3. Le cadre réglementaire et économique favorable

4. L’offre de crédits à la consommation développée et diversifiée

Cette place de plus en plus prépondérante qu’occupent les crédits à la consommation

dans le PIB national est plus perceptible au cours des dernières années (cf. graph ci-

dessous) à travers un recours plus soutenu des ménages et entreprises aux banques et

sociétés de financement.

Encours* brut des crédits accordés aux entreprises et aux particuliers

Source: Bank Al-Maghrib – Rapports annuels

(*) encours brut à fin décembre de chaque année

195 929 195 888 199 069214 968

227 523

257 433

298 560

380 553

467 736

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

400 000

450 000

500 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Courbe de tendance

3,8%

En millions de dirhams

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7 BFIVE Consulting

Parallèlement, le secteur a été l’objet de mutations profondes qui ont porté plus

spécialement sur :

La mise en place en 2002 d’un code déontologique pour la profession,

qui en manquait fortement, pour moraliser le comportement des

opérateurs et pour pérenniser le système au profit des sociétés de crédit

à la consommation et de leurs clients

L’assainissement progressif du réseau des revendeurs qui y opèrent, ce

qui a conduit à l’élimination d’intermédiaires qui parasitaient le secteur

et affectaient négativement son image de marque

La traduction effective sur le terrain des dispositions prises pour

combattre le phénomène du surendettement (convention entre la PPR

et les sociétés de crédit, application des méthodes de SCORING, du

système SAAR, du Crédit Bureau)

L’ensemble de ce processus a été accompli en parallèle à la prise de conscience que la

promotion de l’investissement au Maroc, y compris dans les secteurs bancaire et du

crédit à la consommation, ne pourrait produire d’effets significatifs sans l’élaboration

et la mise en place de mécanismes aptes à asseoir une concurrence saine entre les

opérateurs, de quelque nature qu’ils soient, et à contribuer à la préservation du

pouvoir d’achat du citoyen

2. Le développement du comportement durant la dernière décennie :

Le secteur du crédit à la consommation est en fort développement depuis de

nombreuses années et présente encore un grand potentiel de croissance :

Il a ainsi connu au cours de la dernière période une croissance soutenue

et un développement significatif de ses indicateurs clés par rapport au

benchmark. Les crédits à la consommation distribués par les

établissements de crédit sont ainsi passés de 14,7 milliards de dirhams

en 2000 à 23,7 milliards de Dh en 2004, soit une progression de 62 %,

puis ont atteint 57,9 milliards de Dh en 2008 soit une augmentation de

144 %. Sur 8 ans, l’accroissement relatif des crédits à la consommation

aura été de près de 400 % (393 %)

En 2009, les crédits non affectés regroupaient 63 % des crédits à la

consommation. 3 % représentaient alors des crédits pour l’achat de

biens d’équipements ménagers et 34 % des crédits pour l’achat

d’automobiles

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8 BFIVE Consulting

L’endettement des ménages s’est élevé à près de 198 milliards de

dirhams à fin 2009, soit une augmentation de plus de 28% par rapport à

2007. (cf. Graph ci-dessous).

Encours brut des crédits accordés aux ménages

Source: Bank Al-Maghrib – analyses BFIVE Consulting

Le crédit à la consommation constitue une composante importante dans l’endettement

des ménages. Il représente 1/3 du montant de cet endettement, contre plus de la moitié

pour le crédit à l’habitat (cf. Graph ci-dessous).

Ventilation des crédits accordés aux ménages

58 00063 856

68 68176 036

87 916

100 915

116 585

153 496

175 981

197 845

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

140 000

160 000

180 000

200 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

En millions de dirhams

Courbe de tendance

45% 47% 49% 50% 49%52%

57%

55% 56%

55%

40%37%

36%35%

32%

31%

33%

32%

34%

33%

16%16%

15%15%

18%

17%

10%

13%

11%

11%

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

140 000

160 000

180 000

200 000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

En millions de dirhams

Autres

crédits**

Crédits à la

consommation*

Crédits à

l’habitat*

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9 BFIVE Consulting

Le secteur du crédit à la consommation dispose, par ailleurs, d’un potentiel important

de croissance lié notamment à l’augmentation de la bancarisation des ménages et un

recours de plus en plus régulier à l’endettement dû au besoin d’équipement des

ménages.

La bancarisation a quasiment doublée en ~ 10 ans, soutenue par le renforcement du

maillage territorial du réseau de distribution bancaire (cf. Graph ci-dessous).

Source : Bank Al Maghrib

(*)Base de calcul : nombre de comptes ouverts auprès des banques/ Population totale ou Population de plus de 15 ans

En incluant Barid Al-Maghrib, le taux de bancarisation global est de 34% à fin 2005, 37% à fin 2006, 40% à fin 2007, 43% à fin

2008 et 49% à fin 2009

3. Contexte général du développement du crédit à la consommation :

Le secteur du crédit à la consommation au Maroc a évolué au cours des dernières

années dans un contexte économique national favorable, et ce malgré une conjoncture

internationale tendue, marquée par la crise économique et financière qui s’est déclarée

à l’automne 2008 aux Etats-Unis et qui s’est propagée par la suite au reste du monde.

Le Maroc est, en effet, parvenu à maintenir une dynamique de croissance soutenue

avec une augmentation du PIB qui s’est située à +5,6%, pour une moyenne mondiale

de +3,2%.

Cette bonne capacité de résilience repose notamment sur des fondamentaux

économiques solides, renforcés par l’impact positif des différentes politiques

sectorielles suivies par le pays depuis le début des années 2000 :

18%19% 19%

20%

22%21%

24%

27%

29%

34%

22% 22% 22%23%

26%25%

28%

31%

34%

40%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Taux de bancarisation sur la population totale

Evolution du taux de bancarisation* Indicateurs de bancarisation

3686

3896

4131

4473

4900

8100

7700

7300

6700

6300

5000

6000

7000

8000

9000

3000

3500

4000

4500

5000

2004 2005 2006 2007 2008

# guichets banques et Barid Al-Maghrib

# de guichets # d’habitants

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10 BFIVE Consulting

Plan Rawaj, pour relancer le commerce intérieur

Programme Emergence Industrielle, pour renforcer la compétitivité du

tissu industriel national

Vision 2010 du tourisme pour appuyer la tendance haussière, autant

pour le nombre de touristes que pour les recettes touristiques,

enregistrée ces dernières années

Plan Maroc Vert pour relancer l’agriculture marocaine, tant pour ce qui

concerne les denrées orientées vers la demande locale que pour ce qui

porte sur la promotion des exportations agricoles….

D’une façon globale, on note au cours des dernières années de nombreuses évolutions

de nature à dynamiser le marché du crédit à la consommation dans le pays, dont

l’urbanisation progressive de la population et la tertiarisation de plus en plus

prononcée de l’économie nationale.

Des éléments de tendance structurels, laissent par ailleurs présager des perspectives

intéressantes à l’avenir :

La poursuite de la libéralisation du secteur financier marocain (refonte des

textes de base, assainissement des institutions financières publiques,

législation anti-blanchiment d’argent..

La poursuite du relèvement du niveau de bancarisation de la population, avec

un doublement du taux de bancarisation en l’espace de 9 ans

L’amélioration des notations du Maroc sur le plan international

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11 BFIVE Consulting

B. L’Offre

1. Contexte général

En 15 ans, le secteur a été l’objet de mutations profondes, matérialisées notamment

par l’émergence d’un environnement réglementaire favorable.

Aperçu de quelques temps fort de l’évolution de l’environnement réglementaire

L’évolution de l’environnement réglementaire s’est accompagnée d’un important

mouvement de concentration opéré à travers des fusions / acquisitions (Eqdom,

Wafasalaf, BMCI Crédit, Acred…) ou des cessations d’activité (Salaf Al Hana,

Credim, Diac Equipement, Credicom…).

2. Un Marché dominé par 2 opérateurs

Le Marché du crédit à la consommation présente à la fois une très forte

concentration, il est en effet dominé par deux opérateurs majeurs, et une très

forte intégration car ces sociétés de crédit sont adossées à des banques.

En effet, sur ce marché, deux acteurs sur vingt, concentrent plus de la moitié des

encours de crédits à la consommation (Wafasalaf et Eqdom), alors que 14 acteurs,

soit les 3/4 des sociétés présentes sur ce même marché, se partagent 17% seulement

des encours. (cf. graph ci-dessous)

1996

19992007

Code déontologique de la profession

En 1996, les sociétés de crédit à la

consommation ont adopté des règles

déontologiques, imposant ainsi des

obligations strictes à l’égard des clients

notamment.

Lutte contre le risque de surendettement

Grâce au code déontologique de 1996, les

sociétés membres de l’APSF se sont

engagées à proposer à la clientèle les crédits

les mieux adaptés à ses besoins en tenant

compte de la déclaration d’endettement

global et de sa capacité d’endettement

Assainissement du réseau des revendeurs

Une convention-type « SCC-Commerçants »

f ixant les responsabilités des parties a été

mise en place . Les sociétés membres ont pu

sélectionner leurs partenaires et rompre avec

ceux coupables de malversations.

Convention avec la PPR

La Pairie des rémunérations (PPR) et les

sociétés de crédit à la consommation ont

adopté en 1999 une nouvelle convention f ixant

les modalités de traitement des dossiers de

crédits octroyés aux fonctionnaires et agents

de l’Etat dont le salaire est mandaté par cet

organisme. Cette convention permet d’éviter

tout cumul de dossiers de crédits et risque de

surendettement

Edition d’un guide du crédit à la

consommation

Un guide du crédit à la consommation a

été édité en 2000 par l’APSF en arabe et

en f rançais répondant aux questions

relatives au crédit.

Le Crédit Bureau

Depuis 2007, un système d’aide à la décision a

été mis à la disposition des établissements de

crédit et des associations de microcrédit (qui

sont tenus par la réglementation, d'alimenter et

de consulter le Crédit Bureau) leur permettant

une meilleure maîtrise des risques de défaut de

paiement.

1980 2000

1999

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12 BFIVE Consulting

Part de marchés des différents acteurs

Source : APSF – Analyses BFIVE Consulting

la part de marché est calculée sur la base des encours brut à fin 2007

Wafasalaf domine très largement 2 segments sur 3 du crédit consommation :

l’automobile et l’équipement des ménages, avec plus de 40% de part de marché.

EQDOM domine le segment des prêts personnels et du revolving avec plus 26% de

parts de marché. (cf. graph ci-dessous)

Source: APSF, Analyses BFIVE Consulting

(*) encours à fin 2008 en millions de dirhams

33%

23%

8%

7%

7%

5%

17%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Wafasalaf

Eqdom

Assalaf Chaabi

Salafin

Sofac

Cetelem

Autres

4,2%

3,2%

2,1%

2,0%

1,9%

1,2%

1,1%

0,5%

0,4%

0,4%

0,2%

0,2%

0,1%

0,1%

0,0% 1,0% 2,0% 3,0% 4,0% 5,0%

Sogefinancement

Acred

Diac Salaf

BMCI Crédit Auto

Taslif

Salaf

Dar Salaf

Sonac

Sorec Crédit

RCI Finances Maroc

Salaf Al Moustakbal

Finacred

Safacred

Fnac

22.0%

Automobile

Wafasalaf40.4%

11.5%

Autres

Eqdom

Essalaf Chaabi11.8%

14.4%

Sofac4.0%

26.0 Wafasalaf

Eqdom26.4

Assalaf Chaabi8.9

21.8%

6.2%

6.7%

Prêts personnel et crédit revolving

Sofac

Cetelem

Salafin

Autres

12 387 (*) 22 384 (*)

24.1%

19.6%

41.0%

Equipements ménagers

Autres15.2%

Wafasalaf

Eqdom

Cetelem

1 304 (*)

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13 BFIVE Consulting

Au final, 20 sociétés de crédit à la consommation se partagent un encours de 36,07

milliards de DH à fin 2008, mais seulement cinq (WAFASALAF, EQDOM,

ASSALAF CHAABI, SOFAC, SALAFIN, CETELEM) détiennent 83% du marché et

sont toutes des filiales de banques ou de grandes institutions financières.

En 2010, l’encours net global passe à 38,6 MMDH (+ 6,8% en 3 ans).

Il est intéressant également de noter, que les sociétés de crédit à la consommation

adossées à des institutions financières (cf. schéma ci-dessous) détiennent plus de

4/5ième

de parts de marché (82 %) et concentrent en parallèle près de 95% des encours

de crédits.

Les banques et leurs filiales dominent le marché du crédit à la consommation, ainsi

43% des crédits à la consommation sont accordés par les banques, les 57% restants

par les sociétés de crédit à la consommation. Et parmi ces dernières, et comme cela a

déjà été souligné, celles qui sont liées aux banques représentent une proportion

supérieure à 4 sur 5.

Ce phénomène résulte d’une évolution récente mais très nette vers une plus grande

‘’bancarisation’’ des ménages. En effet, l’intérêt des banques pour le marché du crédit

à la consommation est allé en se renforçant au cours des dernières années, l’encours

de crédits revenant aux banques passant ainsi de près du tiers des crédits distribués en

2000 à plus de la moitié de ces mêmes crédits en 2009.

Banques

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

ATTIJARI WAFABANK

GROUPE BNP PARIBAS

BANQUE POPULAIRE

Assurances

Captive auto

CRÉDIT AGRICOLE

CDG

AXA

CNIA

SAHAM Holding

FININVEST

Holding

RCI BANQUE

SOGEFINANCEMENT

EQDOM

WAFASALAF

CETELEM

BMCI CREDIT CONSO

ASSALAF CHAABI

SAFACRED

ACRED

TASSLIF

SOFAC

DIAC SALAF

RCI FINANCES

Actionnaire majoritaire Filiale

~100%

54,21%

66%

~100%

~100%

100%

100%

84,5%

40,96%

51,13%

99,99%

Part de l’actionnaire

majoritaire dans le capital

26,19%

26,90%

4%

23%

33%

5%

2%

8%

0,1%

3%

7%

2%

0,4%

Part de

Marché de la filiale

2%

BMCE SALAFIN 74,5% 7%

4%

12%

22%

5%

2%

8%

0,1%

-

-

-

-

Part de Marché des

filiales contrôlée par les banques

-

5%

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14 BFIVE Consulting

De la sorte, on peut considérer aussi que la forte croissance du marché des crédits à la

consommation au cours des cinq dernières années (2005 à 2009) a été principalement

stimulée par les prêts accordés par les banques.

Globalement, la part des crédits distribués par les sociétés de crédit à la

consommation est contrôlée à hauteur de 59% par les banques, ce qui confère à ces

dernières une part prépondérante sur le marché du crédit à la consommation, soit une

part de marché réelle cumulée égale à 76% (cf. schéma récapitulatif ci-dessous).

57%

43%

2008

59%

41%

2008

43%

57%

Accordé par les

banques

Accordé par les

sociétés du crédit à la

consommation

Contrôlés par les

banques

Contrôlés par les

Tiers*

Répartition du crédit à la

consommation par origineCrédits à la consommation accordés par les

sociétés du crédit conso. par type de contrôle

Part de marché du crédit à la

consommation contrôlée par

les banques

Part de marché du crédit à

la consommation contrôlée

par les tiers*

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15 BFIVE Consulting

De manière plus globale, 13 sociétés de crédit à la consommation sur 20 sont

contrôlées par des institutions financières (voir ci-dessous)

De ce qui précède, on retient que le marché connaît une double concentration avec,

d’un côté, la prédominance de deux sociétés de crédit qui concentrent, comme indiqué

ci-haut, plus de 50 % des encours de crédits à la consommation et, de l’autre, la

prééminence sur ce même marché des banques ou de sociétés de crédit à la

consommation adossées à des banques.

La « concentration » s’exerce également du point de vue géographique avec près de la

moitié des encours de crédit conso sur l’axe Casa – Rabat. Cette situation peut être

expliquée par plusieurs facteurs tels que le fait que les régions du Grand Casablanca et

Rabat concentrent plus de 30% de la valeur ajoutée nationale, un cinquième de la

population active … ainsi que plus de la moitié du réseau des points de vente

(respectivement 324 et 103, hors banques).

En termes de segmentation d’offre, on constate que le marché du crédit à la conso est

caractérisé par la forte croissance des crédits non affectés (voir graph ci après) avec

un quasi triplement ces dix dernières années des encours des crédits non affectés,

passant de 9,1 milliards de dirhams en 2000 à 25,2 en 2010 (+177%) – cet offre

repose quasi exclusivement sur des prêts personnels. Ainsi, en 2010, la part du crédit

non affectée passe à 65% du total des encours.

Contrôlées par des

Banques

Contrôlées par des

assurances ou des

holding

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16 BFIVE Consulting

Évolution des encours de crédits à la consommation accordés par les sociétés de crédit à

la consommation

Source: Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) – Analyses BFIVE consulting

(*) encours jusqu’à fin septembre 2009 * Prêts personnels, revolving, découverts…

On note également l’essor remarquable du crédit Auto qui concentre plus de 90%

des crédits affectés : le crédit Auto et le non affecté sont les principales locomotives

de croissance (voir graph ci après)

+8%

4,168

5,727

8,421

11,09212,642

13,63414,726 15,395

16,186

20,437

23,747

26,867

30,639

54%

2003

79%

21%

2002

78%

22%

2001

72%

28%

2000

67%

33%

1999

61%

39%

1998

55%

45%

1997

48%

52%

42%

1995 1996

58%

46%

Crédit Affecté

Crédit non affecté *

37%

64%

36%

2006

66%

34%

2005

69%

30,000

20,000

10,000

0

+39%

23%

2007

31%

2004

77%

40,000

en millions

63%

2009*

38%

62%

2008

36,075

38,475

+16%

+17%

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17 BFIVE Consulting

Détail de l’évolution des encours de crédits à la consommation accordés par les

sociétés de crédit à la consommation

Source: Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) – Analyses BFIVE consulting

(*) encours jusqu’à fin septembre 2009

3. Les ressources des sociétés de crédit à la consommation

Les ressources des sociétés de crédit à la consommation ont continué à provenir pour

l’essentiel de l’endettement bancaire. Celui-ci est à l’origine de près de 70% des

ressources des sociétés de crédit à la consommation suivi par le marché financier à

travers l’émission des Bons de Sociétés de Financement (BSF) – (cf graph ci-dessous)

Source: Bank Al Maghrib – Analyses croisées BFIVE Consulting

(*) Taux de refinancement = (Intérêts sur dettes envers les établissements de crédits) / (Dettes envers les établissements de crédits et assimilés)

581%4%

17%

2%

8%

17%2%

12%

19%

2%17%

19%

91

25%

19%

1% 31%

37%30%

21%

22%23%

15,395

4,168

19,485

5,727

16,186

8,421

12,642

11,092

14,72613,634

23,747

30,639

+39%

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

30,000

20,000

10,000

0

Autres

Equipement domestique

Véhicules

2006

1%

1995

en millions de dirhams

34%

67%61%

55%48%

42%46%

40,000

63%

38,475

2009*

+16%

+8%

5,000

15,000

25,000

35,000

62%

3%

72%78%

2007

81% 69%66%

64%

Non affecté

36,075

2008

4%

34%

4%

31%

1%4%

29%

1%4%

25%

2%

17%1%3%

26,867

17%

79%

Crédit affecté

Crédit non affecté

9 478 9 861

11880

13699

15969

21740

26 096

688 633 606 610 634 746 979

7,26%

6,42%

5,10%4,46%

3,97%

3,43%3,75%

0,00%

1,00%

2,00%

3,00%

4,00%

5,00%

6,00%

7,00%

8,00%

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Dettes envers les établissements de crédit et assimilés Intérêts sur dettes envers les établissements de crédit

Taux de refinancement*

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18 BFIVE Consulting

Les grandes sociétés de crédit à la consommation accèdent plus facilement aux

ressources et profitent de taux de refinancement favorables du fait de leurs tailles

critiques, du volume d’affaires généré et de la qualité de leur « signature ». Cet

adossement à de grandes institutions financières (fournisseurs) constitue

incontestablement un facteur favorable.

L’environnement a également été marqué par un autre fait marquant en l’occurrence,

la baisse continue du TMIC (graph ci-dessous) qui a joué un rôle capital en tirant la

marge d’intermédiation des sociétés de crédit à la consommation vers le bas.

Source: Bank Al Maghrib – Direction de la Supervision Bancaire – Analyses croisées BFIVE Consulting

(1) Intérêts et produits assimilés / ((Créances sur les établissements de crédit et assimilés) + (Créances sur la clientèle) + (Portefeuille titres)

(2) Intérêts et charges assimilées / ((Dettes envers les établissements de crédit et assimilés) + (Dettes envers la clientèle) + (Titres de créance émis)

(3) (Taux de rendement moyen des emplois) – (Coût moyen des ressources)

Par ailleurs, outre les baisses continue de leur marge d’intermédiation, les acteurs du

crédit à la conso sont confrontés concomitamment à une augmentation de leurs

charges d’exploitation due en partie aux investissements importants consentis dans les

systèmes d’information (outils de SCORING, bases CRM, …), ce qui a poussé les

sociétés de crédit à la conso à améliorer leur maîtrise des coûts et à accroitre leur

productivité – là encore, les grands acteurs du marché sont mieux armés pour passer

ce cap.

12,4%

11,4%

10,5%

9,3%

8,0% 8,1%

6,22%

5,34%

4,67%

4,10%3,58% 3,79%

6,22% 6,07% 5,86%

5,19%

4,39% 4,35%

2,0%

4,0%

6,0%

8,0%

10,0%

12,0%

14,0%

2003 2004 2005 2006 2007 2008

Taux de rendement moyen des emplois(1)Coût moyen des ressources(2)

Marge d'intermédiation(3)

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19 BFIVE Consulting

4. La capacité de pénétration du marché

Le marché du crédit à la consommation connait, comme cela a été évoqué, un essor

remarquable, caractérisé ces 10 dernières années par une croissance annuelle

moyenne à deux chiffres.

Il présente donc, une opportunité d’investissement intéressante et économiquement

viable pour des opérateurs souhaitant pénétrer ce secteur.

Cette pénétration pourrait prendre la forme d’une acquisition, d’une prise de

participation (majoritaire ou minoritaire) dans une société existante ou pourquoi pas,

d’une nouvelle création.

Le secteur du crédit à la consommation n’a toutefois connu, que seulement 3

nouvelles créations au milieu des années 2000 : Sogefinancement en 2004, BMCI

Crédit Conso en 2005 et RCI Finance Maroc en 2007.

Ces créations, conduites par des banques (SG Maroc pour Sogefinancement) et des

acteurs internationaux (Cetelem pour BMCI, Crédit Conso et Renault pour RCI

Finance), ont pleinement profité de la croissance du secteur et ont complété l’offre

produit de leurs sociétés mères.

Cependant, malgré leur adossement à des banques ou à des acteurs internationaux

connus et reconnus, ces nouvelles sociétés n’ont pas réussi à perturber l’ordre établi

sur le marché marocain du crédit à la consommation. Elles sont en effet restées

cantonnées dans une position de seconds rôles (4% pour Sogefinancementen termes

de part de marché, 2% pour BMCI Crédit Conso et 0,3% pour RCI Finance Maroc)

Se pose alors la question, des barrières d’accès au marché, qui sont de trois ordres :

D’ordre réglementaire, avec 2 obligations importantes :

La nécessité d’un agrément pour l’exercice de l’activité, délivré par le

Ministre des Finances, après avis conforme du Comité des

Établissements de Crédit

Un capital minimum de 50 millions de DH, depuis 2011 (contre 20

MDH précédemment).

D’ordre structurel en raison de :

La limitation des infrastructures disponibles

L’existence d’un effet réseau impliquant la disposition d’un minimum

de guichet à l’échelle nationale pour bénéficier d’une masse critique

L’absence de possibilités importantes et évidentes d’économies

d’échelle

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20 BFIVE Consulting

D’ordre stratégique en raison du :

Coût de l’investissement

Coût marketing et de communication

Ces différentes barrières à l’entrée confèrent au marché un niveau de protection

important, sans toutefois le rendre tout à fait inaccessible à de nouveaux entrants.

C. La Gouvernance

A. La gouvernance du marché

La gouvernance du marché a pris ses marques et exerce une forte influence sur les

opérateurs à travers un arsenal dédié à la supervision et le cas échéant à la sanction.

Deux grands acteurs aux prérogatives spécifiques incarnent cette gouvernance :

1. Bank Al Maghrib (ce dernier Régule, supervise, contrôle et sanctionne) –

Le champs d’intervention de BAM se rapporte notamment aux points suivant :

a. Octroie l’agrément et en fixe les conditions d’exercice et de retrait de l’agrément

aux établissements de crédit

b. Veille au respect des dispositions comptables et prudentielles

c. Administre les établissements de crédits en cas de difficultés

d. Veille à la protection de la clientèle des établissements de crédit

e. Emet des circulaires ou des recommandations

f. Inflige des sanctions disciplinaires en cas de non respect des dispositions légales

Par ailleurs, la Loi bancaire de 2006 (loi n ° 34-03 relative aux établissements de crédit et

organismes assimilés) a institué le « Comité des établissements de crédit » dont l'avis est

requis par le gouverneur de Bank Al-Maghrib sur toute question, à caractère général ou

individuel, ayant trait à l'activité des établissements de crédit et autres organismes assimilés.

Le Comité mène toutes études portant sur l'activité des établissements de crédit et

notamment sur leurs rapports avec la clientèle et sur l'information du public.

Ce comité présidé par le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, comprend en outre : ─ un vice-président (représentant de BAM);

─ deux représentants du Ministère chargé des finances, dont le directeur de la direction du

Trésor et des finances extérieures ;

─ deux représentants du Groupement professionnel des banques du Maroc, dont le président ;

─ deux représentants de l'APSF, dont le président.

BAM à travers les rapports étroits qu’elle entretient avec les commissaires aux comptes veille

également à la qualité de l’information financière.

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21 BFIVE Consulting

2. Association Professionnelle des Sociétés de Financement (APSF) (celle-ci

est force de proposition et « défend »)

Le champ d’intervention de l’APSF se rapporte notamment aux éléments

suivant :

a. Représente ses membres

b. Défend les intérêts de ses membres

c. Contribue à améliorer le cadre général des activités de financement au service

du développement social et économique du Royaume

Cette gouvernance forte et concertée se veut en faveur de davantage de transparence.

L’état à travers les divers institutions et organisations dont il dispose joue le rôle de

garant de la transparence du marché, d’information des clients et, in fine, de

protection de ces derniers.

Des premiers éléments de réponse relatifs aux avancées liées à l’exercice de ce

pouvoir de l’Etat, peuvent d’ores et déjà être apportés :

BAM a diligenté au cours des dernières années des missions d’informations et de

contrôle auprès des opérateurs et de l’APSF, pour s’assurer du respect des règles

édictées par elle-même. Par ailleurs, quelques avertissements ont été formulés à

l’encontre des opérateurs, notamment pour protéger les consommateurs (affichage des

taux, publicité mensongère, …). BAM a également eu à entamer des procédures de

retrait d’agrément suivies de liquidations d’opérateurs.

L’arsenal réglementaire de Bank Al Maghrib et la mise en place de la loi bancaire de

2006 ont contribué à dynamiser l’offre de crédit à la consommation en faveur des

ménages. En effet, une batterie de mesures a été instituée en vue d’assurer une

meilleure protection à la clientèle, dont notamment :

─ Les sociétés de crédit à la consommation sont tenues de communiquer à leur

clientèle le taux effectif global, lequel ne doit pas dépasser le taux maximum

des intérêts conventionnels (TMIC), ainsi que l’ensemble des conditions de

financement appliquées

─ Elles sont appelées à respecter en permanence des ratios prudentiels dont le

seuil est fixé par voie réglementaire;

─ Elles doivent procéder au déclassement de leurs créances et de les couvrir par

un niveau de provisions approprié.

Cependant, opérant dans un contexte concurrentiel accru, les sociétés de crédit à la

consommation ont tendance à prendre plus de risques pour accroitre leurs parts de

marché. Ainsi, il arrive qu’elles surestiment la capacité d’endettement des

emprunteurs. Ceci est de nature à augmenter les créances impayées

De son coté l’APSF, outre ses missions classiques, sert d'instrument de "lobbying"

auprès des instances de gouvernance du secteur. En effet, à travers leur association,

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22 BFIVE Consulting

les opérateurs constituent un groupe de pression pour défendre leurs intérêts auprès

des différentes instances de gouvernance

L’APSF, seule association représentant les opérateurs du secteur, sert d’intermédiaire

pour les questions concernant la profession, entre ses membres et les pouvoirs

Publics.

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23 BFIVE Consulting

V – Indices de concurrentiabilité du secteur

A. Le point de vue des acteurs

Les constats et appréciations sont tirés des entretiens directs réalisés avec les parties

prenantes du secteur sur les principaux éléments suivants :

1/ La régulation et la supervision

La création de l’Association professionnelle des sociétés de financement

(APSF) en 1993 a contribué à structurer et à assainir le secteur. Avec cette

création, un effort de rattrapage très important a été accompli permettant

l’alignement du Maroc sur la plupart des standards internationaux.

Cependant, un potentiel d’amélioration ciblé, notamment sur l’exécution et la

coordination avec certains partenaires institutionnels, existe toujours

Le processus de régulation est considéré comme largement concerté (Bank Al

Maghrib, opérateurs du secteur...), toutefois, l’encadrement des taux ne permet

pas d’intégrer le risque de surprime lié aux populations les plus défavorisées

(opportunité naissante chez les banques du ‘’Low Income Banking’’)

2/ L’Environnement socio-économique

D’une façon globale, il apparaît que la crise internationale a eu un impact relativement

limité sur le secteur. Les seuls segments du marché qui semblent avoir été affectés

sont les crédits auto et les équipements ménagers.

Malgré cela, il y a lieu de noter que la pression sur les marges des sociétés de

financement demeure importante en parallèle à l’augmentation de leurs charges

d’exploitation.

L’émergence de nouveaux modes de consommation, impliquant un recours accru au

crédit à la consommation, force le secteur à s’adapter.

3/ La Protection du consommateur, élément essentiel d’intervention des organismes

de régulation, est de plus en plus effective grâce à :

La purge opérée dans le secteur à travers l’exclusion des revendeurs et autres

intermédiaires frauduleux

La multiplicité des associations de protection des consommateurs qui

pâtissent, toutefois, d’un manque de structuration et de représentativité,

puisque aucune des associations intervenant dans le secteur ne bénéficie du

statut d’association d’utilité public

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24 BFIVE Consulting

4/ L’offre et la demande

L’offre, en renouvellement continu, semble s’adapter continuellement à la

demande et à l’émergence de nouveaux modes de consommation

La demande est concentrée principalement dans l’axe Casa-Rabat, étant donné

le poids démographique de cet axe et, surtout, le niveau de revenu de la

population qui y vit, comparativement plus important par rapport au reste du

pays

Les opérateurs prennent des risques relativement modérés en ciblant

principalement les fonctionnaires et les salariés conventionnés. Mais,

parallèlement à cela, de nombreuses catégories sont exclues du marché du

crédit consommation, c’est notamment le cas des agriculteurs ou des salariés

du secteur informel.

5/ Les performances des acteurs

Les acteurs présentent globalement des fondamentaux bilanciels, stratégiques

et opérationnels assainis, néanmoins, on note l’apparition de quelques facteurs

de fragilité, c’est le cas de l’intégration d’outils de scoring qui n’est effective

que chez les grands opérateurs. Malgré cela, le potentiel reste important

notamment en raison du nombre de ménages non encore bancarisés et de

l’évolution du mode de consommation des ménages marocains

Toutefois, les acteurs présentent des niveaux de profitabilité en nette

diminution en raison d’une importante intensité concurrentielle et d’une forte

pression sur les marges.

6/ La structure du secteur

Un secteur tendanciellement bien développé (relativement au PIB), mais

présentant un profil très contrasté par segment avec une surpondération de

certains segments (les fonctionnaires représentaient 41% des dossiers de crédit

en 2009)

Une structure du secteur comparativement déjà très concentrée et une

ouverture relativement limitée sur des actionnaires étrangers (SOFINCO chez

WAFASALAF, RCI, CETELEM)

Un potentiel de consolidation supplémentaire au niveau des petits acteurs. Ces

sociétés n’intéressent pas les leaders compte tenu de leur taille et ont peu de

chance d’intéresser les challengers car elles opèrent sur des niches et sont peu

structurés et peu capitalisées. Tout au plus, nous pourrions observer un jeu de

rapprochement entre elles, mais ce qui pour l’instant n’a pas encore été le cas

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25 BFIVE Consulting

7/ Les facteurs de compétitivité

La convergence vers la constitution de plateformes communes de gestion des risques

clients (e.g. Crédit Bureau)

L’existence de processus d’industrialisation des critères d’octroi via les outils de

scoring (courbe d’expérience des outils sur 5 ans) chez les plus grands opérateurs

Une maîtrise de plus en plus grande de la chaîne de risques permettant de limiter le

taux de créances en souffrance.

B. Conclusions

1. Facteurs de concurrentiabilité

Le secteur du crédit à la consommation au Maroc présente indiscutablement un fort

degré de concentration. En effet avec un indice Herfindahl-Hirschman * (HHI) qui se

rapproche de 0,2, le secteur se trouve dans une zone de vigilance importante comme

en témoigne le schéma ci-dessous..

*HHI : somme des parts de marché (au carré) des sociétés d’un secteur multiplié par 10

A titre de comparaison, en France, les parts de marché des 10 premiers acteurs

avoisinent les 60%.

33%

23%

8%

7%

7%

5%

4%

3%

2%

2%

2%

1%

1%

1%

0%

0%

0%

0%

0%

0%

Wafasalaf

Eqdom

Vivalis

Salafin

Sofac

Cetelem

Sogefinancement

Acred

Diac Salaf

BMCI Crédit Auto

Taslif

Salaf

Dar Salaf

Sonac

Sorec Crédit

RCI Finances Maroc

Salaf Al Moustakbal

Finacred

Assalaf Al Akhdar

Fnac

Indice de concentration HHI* Part de Marché en termes d’encours en 2007

0,197

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26 BFIVE Consulting

D’autre part trois quart des encours et de la production sont concentrés chez

quatre opérateurs.

En effet 4 sociétés de crédit à la consommation, Wafasalaf, Eqdom, Vivalis et Salafin,

concentrent 71% des encours de crédits du secteur (voir graph ci-dessous)

(**) Four-Firm Concentration Ratio : cet indice de concentration correspond à la somme des parts de

marché des 4 plus importantes sociétés du secteur. Dans la présente étude, ont été considérés les parts

de marché en termes d’encours et de production mais également le PNB, le résultat net et le total bilan

Ces 4 acteurs concentrent dans le même temps 85% de la production* (voir

graph ci-dessous)

(*) Production : montant des crédits octroyés dans l’année

Part de Marché en terme d’encours en 2008

71%

Indice de concentration C4 **

31%

23%

10%

7%

Wafasalaf

Eqdom

Vivalis

Salafin 2 614

3 563

8 211

11 251

En millions

85%

Part de Marché en terme de production en 2008 Indice de concentration C4 **

37%

27%

12%

9%

Wafasalaf

Eqdom

Vivalis

Salafin 1 480

2 047

4 490

6 111

En millions

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27 BFIVE Consulting

Ce phénomène de concentration se retrouve dans d’autre ratios / indicateurs tels

que la valeur ajoutée ou le résultat net.

Ainsi, l’essentiel de la valeur ajoutée créée et des gains dégagés par le secteur est

partagé par les mêmes opérateurs cités précédemment puisque ces derniers

concentrent 73% de la valeur ajoutée créée (voir ci dessous)

De même que Wafasalaf, Eqdom, Vivalis et Salafin se partagent ~82% des gains nets

du secteur (voir ci-dessous)

Part du PNB des 4 premières société du crédit à la

consommation dans le PNB global en 2008

73%

33%

23%

8%

9%

Wafasalaf

Eqdom

Vivalis

Salafin 241

218

616

864

En millions Indice de concentration C4**

82%

38%

27%

5%

12%

Wafasalaf

Eqdom

Vivalis

Salafin 101

44

230

320

En millions

Indice de concentration C4**Part du Résultat net des 4 premières société du crédit à la

consommation dans le résultat net global en 2008

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28 BFIVE Consulting

Dans le contexte précédemment décrit, le Marché du crédit à la consommation

au Maroc se situe dans une zone de vigilance accrue…non loin de la zone « rouge

» (voir ci-dessous)

Source: US Department of Justice – Analyses BFIVE consulting

La zone de vigilance accrue correspond à une situation semi oligopolistique, proche

d’une situation de risque fort (oligopole).

Néanmoins, le secteur du crédit à la conso ne présente pas tout à fait la caractéristique

d’un marché oligopolistique (nombre très faible d'offreurs et un nombre important de

clients), puisque plus de 20 sociétés opèrent dans ce secteur et que 78% des encours

de crédits en 2009 sont détenus par les 6 principales sociétés sachant que Eqdom et

Wafasalaf détiennent à elles seules 50% de l’ensemble.

Nous sommes face à une situation qu’on pourrait qualifier de semi oligopolistique, car

4 sociétés détiennent à elles seules, près des 3/4 des parts de marché. Cette situation

se présente comme suit :

Situation de marché dominé par 4 acteurs pesant pour 71% de parts de marché en

terme d’encours en 2008

Dont 2 acteurs représentent 54% de parts de marché en termes d’encours en 2008

Situation de marché dominé par 4 acteurs pesant pour 85% de parts de marché en

termes de production en 2008 dont 2 acteurs représentent 54% de parts

C4*

index

Faible intermédiaire Fort

0,15 0,250,18

50%

80%

0,01

Très faible

HHI

index

Très fort

De

gré

de

co

nc

en

tra

tio

n d

u m

arc

Faib

lein

term

éd

iair

eFo

rt

Degré de concentration du marché

Zone de risque aggravé(situation de monopole

ou quasi-monopole)

Zone de risque fort

(situation

d’oligopole)

Zone de vigilance

intermédiaire

Zone sans risque

(marché

déconcentré)

Zo

ne

de

trè

s fo

rte

co

nc

urr

enc

e(m

arc

trè

s a

tom

isé

)

Zone de vigilance accrue

(situation semi oligopolistique)

Marché du crédit à la consommation au Maroc

1

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29 BFIVE Consulting

VI – Conclusions de l’étude et recommandations

Le marché marocain du crédit à la consommation compte quelque 35 sociétés, mais

présente une très forte concentration des acteurs, puisqu’il est dominé par deux

opérateurs, Wafasalaf et Eqdom. Ils concentrent 56 % des encours de crédit à la

consommation et dominent le marché sur l’ensemble de ces segments. Par ailleurs,

quatre opérateurs étaient à l’origine de 85 % de la production du secteur en 2008 et se

partageaient par la même occasion, cette même année, 82 % du résultat net global du

secteur.

Rappels sur la structure du marché

Trois types de sociétés de crédit à la consommation cohabitent dans le secteur du

crédit à la consommation :

Les leaders : Wafasalaf et Eqdom, Vivalis et Cetelem toutes les quatre

filiales de banque

Les challengers : Cetelem, Sofac et Acred qui disposent de ressources

financières non négligeables du fait de l’appui financier de leurs

actionnaires de référence et qui peuvent présenter un intérêt à terme pour

les banques ou dans une moindre mesure pour les leaders en terme de

croissance externe afin de gagner des parts de marché, sur un secteur très

concurrentiel. Elles sont intéressantes pour les banques qui disposent de

ressources financières importantes et qui souhaitent acquérir rapidement

des parts de marché, comme ce fut le cas en 2010 avec le rachat de Sofac

par le CIH. Ce type de transactions pourront avoir lieu dans l’avenir et

consolideront davantage le secteur. Les leaders sont moins dans cette

optique car elles disposent déjà d’une masse critique importante et leur

croissance endogène équivaut au rachat d’un challenger. Par ailleurs, leur

politique en matière de gestion du risque, leur organisation industrielle

dans le traitement des dossiers de crédit ne leur permet pas d’absorber

facilement des entités moins structurés et moins regardantes dans la

gestion du risque client (tolérance plus forte sur l’octroi des crédits).

Les indépendants : Dar Salaf, Finacred, Salaf, Fnac eux, vivent grâce en

général à la personnalité de leur fondateur et dirigeant et lorsque la

succession n’est pas pensé, ce qui reste souvent le cas, elles peuvent alors

présenter un risque de survie à terme. Ces sociétés n’intéressent pas du tout

les leaders compte tenu de leur taille et ont peu de chance d’intéresser les

challengers car elles opèrent sur des niches et sont peu structurés et peu

capitalisées. Tout au plus, nous pourrions observer un jeu de

rapprochement entre elles, mais ce qui pour l’instant pas encore été le cas.

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30 BFIVE Consulting

Cette situation pourrait présenter à terme un risque majeur pour le

consommateur.

L’analyse de la structure du marché révèle par ailleurs d’autres caractéristiques. A

titre d’exemple, on constate notamment que le segment des banques dominent les

prêts personnels : celles ci distribuent leurs produits au sein de leur réseau d’agence

et sont de ce fait davantage présentes sur le segment des prêts personnels. Cependant,

le phénomène du rachat de créances est devenu une réalité du secteur et s’exerce dans

les 2 sens.

Le segment des spécialistes dominent les crédits affectés, dont l’automobile : ils

sont en effet, plus présent sur les lieux de vente et proposent des crédits spécifiques au

produit acheté et gèrent les cartes privatives des distributeurs. En France par exemple,

la part de marché des spécialistes dépasse celle des banques (57,3% vs 42,7%) et

chaque année ces derniers perdent quelques points de parts de marché. Les banques

cherchent essentiellement à équiper les détenteurs de comptes dans leur établissement

tandis que les spécialistes visent un public plus large. Via les partenariats avec les

enseignes, ils dominent les principaux marchés du crédit à la consommation.

Deux déséquilibres importants prolongent et renforcent cette situation de marché

dominé par un nombre limité d’opérateurs :

a/ La moitié des agences de sociétés de crédit à la consommation est concentrée sur

l’axe Rabat/Casablanca et cinq opérateurs en détiennent plus des ¾

b/ La plupart des sociétés se concentrent sur le segment du crédit aux fonctionnaires et

leurs produits se ressemblent.

Quels facteurs de risques compte tenu du poids avéré des banques dans le

secteur ?

La présence renforcée des banques sur le Marché du crédit à la consommation

est en effet une réalité :

– La moitié des sociétés de crédit à la consommation est contrôlée par des banques

– Les sociétés de crédit à la consommation adossées à des banques concentrent près de

90% des encours de crédits

– En dehors des crédits à la consommation directement accordés, les banques

contrôlent à travers leurs filiales 61% des parts de marché des crédits à la

consommation

– L’intérêt des banques pour le secteur s’est manifesté dans les années 90. Puis le

durcissement de la réglementation avec l’acquisition du statut d’établissement de

crédit pour les sociétés de crédit à la consommation et l'exigence de fonds propre

minimum requis, ont eu pour effet la réduction du nombre de sociétés spécialisées.

Cette situation est venue conforter l’émergence du poids des banques dans le secteur.

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31 BFIVE Consulting

Cette situation présente des risques, les offres étant conçues comme des produits de

grande consommation et distribuées comme telles. Les critères d’octroi s’appuient sur

des modèles privilégiant un type de clientèle limité. Les processus des principales

grandes institutions de crédit à la consommation, ne permettent pas d’examiner la

capacité de financement de façon individualisée, d’autant plus que les crédits sont

pour une part importante accordés sur le lieu de vente où la priorité reste la rapidité.

La complexité des offres est souvent source de confusion pour l’emprunteur, même si

le législateur s’attache à en simplifier la lecture pour permettre notamment une

meilleure comparabilité du coût global

Il apparait qu’un accroissement de la concentration pourrait être préjudiciable au

consommateur. La capacité des sociétés de crédit à la consommation à augmenter

leurs tarifs dépend de l’intensité concurrentielle, c’est-à-dire de la structure de l’offre,

mais aussi de l’élasticité de la demande. Mais sur ce marché, la demande est

suffisamment mobile pour prévenir les hausses de taux et le niveau de coûts de sortie

est faible. Par ailleurs, les clients ont la possibilité de reporter leur demande sur les

concurrents à travers le mécanisme du rachat de crédit.

Recommandations

Quelle protection du consommateur ?

Le cadre de protection des consommateurs existant est relativement favorable mais

présente un potentiel d’amélioration certain. En effet, le cadre de protection des

consommateurs présente des lacunes sur 3 dimensions importantes :

– Le renforcement de la transparence sur les prix

– La réglementation sur les switching costs (vente liée interdite par la loi sur la

concurrence)

– Les pratiques anti-concurrentielles.

1. Le manque de transparence sur les prix appelle des recommandations

quant à l’amélioration de l’existant :

– Il faudrait que les contrats informent le consommateur sur l’ensemble des coûts :

frais de dossier, coûts du remboursement par anticipation, taux exprimé de manière

clair…donc le coût de revient global d’un crédit

– Les contrats devraient également prévoir d’informer sur les conditions de

remboursements par anticipation. La législation pourrait même aller jusque proposer

l’interdiction des pénalités pour remboursement anticipé

– Obligation de fournir mensuellement un relevé d’amortissement sur lequel figure un

certain nombre d’informations (e.g., montant du crédit, des mensualités, date de début

et de fin de période, montant restant dû)

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– Renforcement de l’obligation d’affichage des conditions d’octroi des crédits et des

taux à la fois dans les agences mais également sur le site Internet. Obligation

d’informer le consommateur sur le coût de revient global d’un crédit

– Le dispositif de médiation mis en place par l’APSF, créé récemment, va aussi dans le

sens d’une plus grande transparence de la part des SCC. Ce dispositif gagnerait à

intégrer un représentant d’une association de protection des consommateurs.

– Assouplissement des conditions d’octroi du crédit

La réglementation au Maroc en matière de taux d’usure reste assez contraignante

bien qu’en réalité elle pénalise sans doute davantage les petites SCC qui sont sur

des marchés de niche (n’intéressant pas ou peu les grandes SCC) mais qui ne

peuvent augmenter leur marge en augmentant leur taux. Dans un souci de de

développement du Low Income Banking (LIB), cette pratique du taux d’usure

pourrait être appliquée de façon ciblée (e.g., en-deçà d’un certain montant de

crédit ou sur certaines catégories de crédits),

Il devrait être possible à terme de se défaire de critères standards et assez peu

différenciant de scoring du prêt à la consommation (âge de l’emprunteur,

propriétaire ou locataire, revenus fixes, montant emprunté, …), avec l’adoption

de scores comportementaux ou la prise en compte du patrimoine de l’emprunteur

dans les critères d’octroi (sans se cantonner aux revenus réguliers, ce qui

améliorerait par exemple l’accès au financement des artisans ou de certaines

professions libérales) sont autant de pistes à envisager.

L’amélioration de la transparence permettra d’améliorer la capacité et la liberté

de choix pour les consommateurs

2. Réduire les switching costs (vente liée)

Cette nécessité devrait s’articuler autour de deux grandes mesures :

– Imposer aux SCC un plafond en terme de ce que doit payer le

consommateur lors de son rachat de crédit par une autre SCC voire

même interdire les frais liés aux rachats de crédit. En France la

nouvelle réglementation, qui entrera en vigueur à compter du 1er

mai

2011, prévoit qu’en cas de remboursement anticipé d’un prêt à la

consommation, l’indemnité ne pourra être demandé que pour les

remboursements supérieurs à 10 000 euros sur une période de 12 mois.

– Réglementer la vente de crédit consommation associée aux crédits

immobiliers, qui pénalise les SCC par rapport aux banques

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33 BFIVE Consulting

3. Les pratiques anticoncurrentielles : il existe des risques de survenance de

situation d’abus de position dominante susceptibles de se matérialiser par

différents facteurs ou évènements :

– A travers le poids des standards techniques (outils de scoring, SI), qui

pénalisent le développement des petites structures

– Les banques disposent d’informations exclusives et détaillées sur leurs

clients, sont de ce fait dans des situations privilégiées. Elles peuvent alors

orienter les clients les plus solvables vers leurs filiales de crédits

consommation et refuser les autres clients qui iront vers les plus petites

SCC

– Parmi les autres critères limitant l’arrivée de nouveaux concurrents sur le

marché figurent :

La taille du réseau physique qui doit être important pour assurer un

effet volume devenant de plus en plus critique

La qualité et la taille des fichiers clients des filiales de banques, une

analyse des dossiers industrialisée garantit une plus grande rapidité et

un meilleur service au client qui comme nous l’avons vu accroit leur

satisfaction et de ce fait le taux de conquête et de fidélisation

– L’arrivée sur le marché de filiales « LIB » de grandes banques qui pourrait

développer des produits d’appels type crédits consommation pour des bas

revenus et leur proposer une panoplie de produits dans un point de vente

unique, constitue un risque pour le développement des SCC

Il ya lieu enfin, parmi les autres recommandations qu’il est possible d’avancer,

compte tenu des constats essentiels tirés de la présente de signaler les points suivants :

a/ Garantir la visibilité légale et réglementaire dans le secteur en évitant notamment

les mesures à portée rétroactives ou non concertées, comme ce fut le cas avant la

période d’assainissement du secteur.

b/ Garantir une réelle protection des consommateurs par une instance associative

représentative disposant de moyens lui permettant d’influer sur la transparence et la

régularité des opérations sur le marché du crédit à la consommation, en accédant à

l’information pertinente sur le secteur et ses composantes et bénéficiant de recours

crédibles auprès de tous les opérateurs et partenaires institutionnels. Le consommateur

aujourd’hui, évalue mal le risque et ne prend pas suffisamment en compte le taux dans

son processus de décision.

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34 BFIVE Consulting

Quelles perspectives d’évolution pour le secteur du crédit à la consommation au

Maroc et quels modèle(s) de développement en particulier, dans le futur ?

Alors que le taux d’usure limite l’extension du marché en excluant les populations

« à risque », certains acteurs essaient de développer des modèles near-prime (clientèle

à risque) via le développement de filiales Low Income Banking. Ces derniers sont

toutefois peu nombreux et la crise des subprime devraient encore inciter à un peu plus

de prudence.

Ce développement est possible sur des profils de clients plus risqués via la création de

filiales spécialisés, comme c’est le cas en France avec une filiale de Sofinco.

L’objectif étant de s’ouvrir à des clientèles aux revenus inférieurs et de travailler sur

les critères d’éligibilité et les seuils actuels conduisant aux rejets de dossier.

L’apparition à terme de véritables associations de défense des consommateurs à

l’instar de UFC que choir en France, ira vers un rééquilibrage des pouvoirs entre SCC

et consommateurs par la création de relai majeur des attentes de ces derniers.

L’émergence d’Internet, encore embryonnaire aujourd’hui, sera à suivre avec

beaucoup de prudence. En effet, il apportera à la fois plus de transparence (contribue à

faciliter les comparaisons de taux et de services entre opérateurs) mais également plus

de risque (accès plus facile au crédit).

Quels nouveaux acteurs ?

Les principaux acteurs du secteur au Maroc jouissent d’avantages concurrentiels liés à

leur connaissance des clients (base de données, outils de scoring…) et aux volumes

pour les leaders qui leur procurent une longueur d’avance. Mais de nouveaux acteurs

peuvent émerger :

La Banque Postale, est déjà autorisée à distribuer des crédits à la

consommation et fera probablement preuve d’un grand appétit pour ce secteur.

En effet, la densité de son réseau lui donne une force de frappe unique sur le

marché

On peut également penser qu’à terme et comme en France, apparaitront des

filiales spécialisées de la grande distribution (en lien avec le développement

du secteur de la grande distribution au Maroc) qui distribueront des crédits au

sein de leurs enseignes via des crédits revolving liées à des cartes privatives.

Ce qui est certain, c’est que les exigences de rentabilité vont s’intensifier, dans un

contexte où les marges d’intermédiations sont faibles. Les coûts aux différents

maillons de la chaine de valeur devront être optimisés. Les grands acteurs de la place

ont déjà misés sur les volumes et une forte industrialisation des process pour réaliser

des économies d’échelle. Ils sont les mieux préparés avec leurs maisons mères pour

répondre à ces enjeux futurs du secteur.