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FTTH : les clés d’un déploiement réussi Part of the Orange group Numéro 1 - février 2015 ALL THINGS CONSIDERED [ ]

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FTTH : les clés d’undéploiement réussi

Part of the Orange group

Numéro 1 - février 2015

ALL THINGS CONSIDERED[ ]

EUROPE

Sofrecom S.A.24, avenue du Petit Parc94307 Vincennes CedexFranceT + 33 1 57 36 45 00

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AMÉRIQUE LATINE

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MAGHREB

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MOYEN-ORIENT

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ASIE

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FTTH : les clés d’un déploiement réussi [ All Things Considered ]

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Édito

Les opérateurs télécoms doivent constamment être tournés vers l’avenir. Ils doivent pouvoir se réinventer sans cesse pour continuer à enchanter leurs clients et leur simplifier la vie, jour après jour.

La transformation des réseaux est une pièce maîtresse de cette quête d’excellence de l’expérience client qui doit permettre aux opérateurs de se démarquer de leurs concurrents.

Car la qualité de l’expérience client commence par le choix de technologies nouvelle génération fiables et capables de porter les futures innovations avec une qualité de service irréprochable.

La fibre a déjà supplanté le cuivre dans les réseaux cœur de bon nombre d’opérateurs. Cependant, la déployer sur les réseaux d’accès fait débat à travers le monde et les choix technologiques varient selon les contextes marchés, réglementaires, socio-économiques et la capacité d’investissement des opérateurs.

Orange a pris le parti de déployer la fibre jusqu’aux habitations en raison de ses qualités intrinsèques : performance, capacité de transmission et pérennité de l’infrastructure. En France 60 % des foyers seront raccordables à la fibre en 2020, et un sur trois dans le monde, car au global le FTTH progressera au rythme de 13 % par an entre 2014 et 2020.

Mais le FTTH représente un investissement colossal qui se compte en milliards d’euros, le réseau étant à recréer de A à Z. Les erreurs d’approche et de déploiement ne sont pas permises. Les opérateurs doivent s’appuyer sur une démarche rigoureuse, un savoir-faire éprouvé et des expertises pointues pour élaborer les bonnes stratégies d’investissement, d’architecture et de design, de déploiement et de mise en œuvre du réseau.

C’est cette démarche que nous présentons dans ce dossier et dans laquelle les hommes et les femmes du Know-How Network de Sofrecom vous accompagnent pour concevoir et construire vos réseaux de demain.

Bonne lecture,

The Know-How Network

4 | Executive summary

6 | Fibre : des déploiements hétérogènes

10 | Comprendre l’intérêt du FTTH

14 | Opter pour une stratégie de co-investissement

16 | Concevoir une architecture agile et économique

21 | Anticiper les impacts du FTTH sur la construction et l’exploitation du réseau

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[ All Things Considered ] FTTH : les clés d’un déploiement réussi

Sofrecom, The Know-How Network4

Executive summary

Ce position paper s’adresse aux acteurs du secteur des télécoms impliqués dans la transition vers le Très Haut Débit (THD).Ces 20 dernières années ont été marquées par une production et une consommation croissante de contenus numériques de la part de citoyens de plus en plus connectés. Il en résulte une massification des données échangées qui se quantifient désormais en zettaoctet1. Cette croissance exponentielle du trafic est un vrai défi technologique pour les opérateurs télécoms.Pourquoi le FTTH est LA technologie THD pour relever ce défi ? Où en sont les déploiements en fibre optique à date ? Comment déployer des réseaux fiables, capables d’acheminer les quantités de trafic actuelles mais surtout d’accompagner les évolutions futures, à l’image des milliards d’objets communicants qui alimenteront, un peu plus encore, le flot gigantesque de données produites ?

1 | Un zettaoctet (ou zettabyte en anglais) équivaut à 1000 exaoctets soit 1 million de petaoctets. Les 4,1 exaoctets par mois transitant sur les réseaux IP en 2006 devraient ainsi laisser place aux 91 exaoctets mensuels en 2016, soit plus d’un zettaoctet par an. Source : Cisco, The zettabytes era, juin 2014.

Un marché contrasté mais en forte croissance

En juin 2013, le FTTH est l’architecture qui prédomine globalement dans le monde, mais à des degrés différenciés selon les contextes marché. L’Asie est incontestablement le marché le plus mature grâce notamment à une politique volontariste, au dynamisme des acteurs locaux et à une demande clients avérée. En Europe et en Amérique du Nord, la composition du marché est plus hétérogène en raison d’une plus grande fragmentation technologique (VDSL, câble…) et d’une forte incertitude financière. Dans les pays émergents, la situation est très contrastée : au Moyen-Orient, les Émirats Arabes Unis et le Qatar font figure d’exceptions avec des taux de pénétration respectifs de 63 % et 43 %, alors que le taux de pénétration des technologies THD fixe n’atteint pas les 5 % au global pour l’ensemble de ce marché. Cependant, ce faible taux masque une appétence potentiellement forte illustrée en 2013 par de nouveaux projets de déploiement de réseaux notamment au Kenya et en Afrique du Sud.

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L’architecture FTTH, seule capable de relever le défi

L’architecture FTTH, basée sur la fibre, offre une supériorité technique par rapport aux autres solutions THD fixe. Elle possède indiscutablement de nombreux atouts : capacité et qualité de service accrues, fiabilité, faible latence, débits symétriques, coûts de maintenance moindre, pérennité… Ces caractéristiques sont indispensables pour accompagner le développement de services multi-écrans et simultanés, les pratiques conversationnelles ou encore les nouvelles pratiques à distance (télétravail, télémédecine, télé-éducation, e-administration…).

Un chantier complexe pour un investissement d’avenir

Cette architecture est cependant complexe à déployer. Financièrement, plusieurs modèles d’investissement coexistent en fonction de la singularité du marché : ils impliquent des acteurs locaux et nationaux, privés et publics. Le choix du co-investissement peut s’avérer judicieux à la fois pour mieux répartir le risque financier et accélérer la mise en œuvre, en particulier dans les territoires à moindre rentabilité.

Une approche méthodique et rigoureuse, gage d’un déploiement réussi

Techniquement, le design et le déploiement d’une infrastructure FTTH requièrent également des arbitrages dans le choix des zones à couvrir, des solutions matérielles et logicielles. Comment réaliser le pointage et le zonage ? Quelles sont les règles à respecter pour une ingénierie Boucle Locale réussie ? Quels sont les écueils à éviter ? Face à ces questions, une approche méthodique et rigoureuse est indispensable pour modéliser et construire de manière optimale ce type d’infrastructure.

Une transformation profonde

Une fois la modélisation effectuée, l’opérateur doit réfléchir sur le type de sous-traitance requise pour déployer son infrastructure. Quelle autonomie accordée aux sous-traitants ? Comment en assurer le suivi ? Enfin, la conception d’un réseau implique de faire évoluer le système d’information au niveau physique, logique et géographique ce qui implique de choisir là encore les bonnes applications et interfaces.

Ce dossier s’appuie sur notre savoir-faire en matière de transformation réseaux et notre expertise en réseaux FTTH. Il donne une photographie de l’évolution du FTTH et de ses bénéfices en termes d’usages et de services. Il présente également quelques clés pour faciliter le déploiement de ces réseaux et concevoir une ingénierie capable d’anticiper l’avenir.

[ All Things Considered ] FTTH : les clés d’un déploiement réussi

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Avec près de 200 millions de foyers raccordés dans le monde fin 20132, le Très Haut Débit fixe (THD) représente désormais entre 25 et 30 % du parc Internet haut débit fixe selon les sources3. Parmi les trois architectures principales (voir encadré), le FTTH s’impose largement avec près de six foyers sur dix connectés en THD, loin devant le câble (29 %) et le VDSL (11 %). Il existe toutefois de nombreuses disparités selon les zones et les pays, liées à l’environnement concurrentiel, au cadre réglementaire, à l’existence (ou non) de programmes nationaux, sans oublier le niveau de maturité des usages clients.

L’Asie, marché précurseur et toujours moteur du FTTH

L’Asie fait toujours figure de pionnière en matière de FTTH, grâce à des projets nationaux ambitieux et le soutien de politiques industrielles volontaristes comme au Japon (u-Japan, 1999), en Corée du Sud (u-Korea, 2003), à Singapour (Intelligent Nation 2015, 2005) ou encore en Australie (NBN, 2009). L’avance de ces pays en termes de déploiements s’explique aussi par des atouts comme la forte densité de la population, la verticalité de l’habitat ou encore la pratique du raccordement aérien, moins coûteuse. Le décollage des parcs tient essentiellement à l’arrivée rapide de nouveaux acteurs qui ont fait baisser les prix de l’accès et instigué une véritable demande en bande passante liée aux offres triple-play et au succès des jeux en ligne ou des contenus autoproduits (Corée du Sud). Autant d’éléments

Fibre : des déploiements hétérogènes

Parmi les différentes technologies Très Haut Débit fixe (THD), le FTTH est celle qui prédomine au niveau mondial tant en termes de lignes que d’investissements. L’Asie est aujourd’hui un marché précurseur et moteur, notamment grâce aux nombreux programmes de développement nationaux, au dynamisme des acteurs locaux et à une vraie demande clients. En Europe et en Amérique du Nord, la situation est plus contrastée à cause d’une plus grande fragmentation technologique (VDSL, câble…) et d’une forte incertitude financière.

2 | Source IDATE, World FTTx Markets (juin 2014), vs. 118 M pour Ovum (juin 2014). 3 | Sur la base de 685 M de clients Haut débit fixe pour l’IDATE (juin 2014), 679 M pour Point Topic (avril 2014) et 699 M pour Ovum (juin 2014).

383 millionsabonnés

THD

Focus parc Asie-Pacifique ▲▲ 2012/2013 (M)

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POIDS ET RÉPARTITION DES ABONNÉS FTTH - MONDE (déc. 2013)

LES TECHNOLOGIES DU THD FIXE

Le THD fixe est défini en termes de seuil de débits. Aujourd’hui ce seuil est communément fixé à 80 Mbits/seconde. Le THD recouvre plusieurs technologies offrant des seuils de débits différents, le FTTH étant la plus performante d’entre elles.

FTTH/B : Fiber To The Home/Building signifie fibre jusqu’à la maison et fibre jusqu’à l’immeuble, i.e fibre déployée jusqu’en bas de l’immeuble avec réutilisation du réseau cuivre pour acheminer le débit jusqu’à l’abonné.

FTTN : Fiber To The Neighbourhood signifie fibre jusqu’au quartier.

FTTC : Fiber To The Curb signifie fibre jusqu’au trottoir.

FTTLA : Fiber To The Last Amplifier signifie fibre jusqu’au dernier amplificateur.

VDSL : Le Very high bit-rate DSL est basé sur la même technologie que l’xDSL. Les signaux VDSL sont transportés sur une paire de cuivre, simultanément et sans interférence avec la voix téléphonique.

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4 | Taux de pénétration effectif = foyers raccordés / foyers raccordables (homes passed). 5 | IDATE, World FTTx Markets (juin 2014). Désormais, l’objectif du « Broadband China Strategy Scheme » présenté en août 2013 est d’atteindre une

couverture des zones urbaines avec un débit supérieur à 50 Mbps en 2020, de 12 Mbps pour les zones rurales.6 | 559 000 foyers résidentiels + 114 000 clients entreprises. Source Telekom Malaysia http://bitly.com/1Brsuo6 7 | Dans une note récente, (septembre 2014), le cabinet Analysys Mason montre toutefois que la plupart des clients utilisent l’offre d’entrée de gamme à

5 Mbps (même si celle-ci propose des débits plus rapides que l’ADSL).8 | IDATE, DiGiWorld Yearbook 2014 (mai 2014).9 | Verizon a fait le choix du FTTP (P pour Premises, équivalent du FTTH).

qui permettent aujourd’hui à la plupart des pays développés d’Asie d’afficher une pénétration effective de la fibre4 proche ou supérieure à 50 % (70 % en Corée du Sud).

Certains pays émergents d’Asie ont ensuite suivi ce modèle d’incitation publique, toujours en vue de favoriser l’essor du haut débit et, par extension, celui de l’économie toute entière. Parmi eux, la Chine où d’énormes investissements d’infrastructure ont permis au pays de devenir en seulement quatre ans le premier marché mondial du FTTH, avec 42 M

de foyers raccordés et 170 M de foyers raccordables fin 20135. En Malaisie, les autorités ont lancé en 2008 le projet HSBB (High Speed Broadband), sous forme d’un partenariat public-privé avec Telekom Malaysia. Grâce au budget de 11,3 Md de ringgits (2,7 Md€), dont 20 % financés par l’État, l’opérateur historique a pu déployer la fibre sur 1,3 M de foyers en quatre ans. Résultat : fin juin 2014, son offre triple-play UniFi, associée à la fibre, compte déjà 673 000 clients6, soit un taux de pénétration de près de 50 %, corroborant un besoin effectif pour ce type d’offre7. Au total, 60 Md$ ont déjà été alloués au déploiement du FTTH via des grands projets nationaux dans la zone Asie-Pacifique selon Bernard Lee (juin 2014), président du FTTH Council Asia.

Dernier exemple significatif du dynamisme asiatique, hors programme national cette fois-ci, celui de Telkom, en Indonésie. Dans le cadre de son projet Indonesia Digital Network 2015, l’opérateur historique a prévu d’investir 600 M$ en 2014 pour étendre la couverture de son réseau FTTH/FTTC dans une trentaine de villes, avec un objectif final de 20 M de foyers raccordables d’ici 2015.

Aux États-Unis, la guerre câblos-telcos ranimée par la course au débit

Ici, le THD fixe est « historiquement » porté par les câblo-opérateurs, avec une couverture inégalée de près de 100 M de foyers ayant accès à des offres de plus de 30 Mbps, et 20 M de foyers effectivement raccordés fin 20138. Les deux grands opérateurs télécoms nationaux, AT&T et Verizon n’ont semble-t-il jamais cherché à rivaliser avec leurs concurrents, préférant se focaliser sur les zones les plus denses et les plus rentables. Il faut dire que Goldman Sachs avait estimé en 2012 en se basant sur l’exemple de l’offre Google Fiber à 1 Gbps, qu’un projet d’envergure nationale coûterait aux telcos au minimum 140 Md$. Ceci n’a pourtant pas empêché Verizon d’investir près de de 15 Md$ entre 2003 et 2013 pour raccorder 18,5 M de foyers à la fibre9, auxquels il propose son offre générique FiOS depuis 2004 et surtout son offre FiOS TV depuis 2005.

La course aux gigabits (Gbps) est donc lancée. Depuis, la concentration du secteur s’est accélérée du côté des câblos, et Google a fait son entrée sur le marché avec une offre à 1Gbps, lancée dans deux villes, qui pourrait être étendue à 34 autres. Autant de facteurs qui ont obligé Verizon et AT&T à réagir rapidement. AT&T, qui avait jusque-là misé sur du FTTN+VDSL a lancé une offre symétrique à 1Gbps via du FTTH dans trois villes texanes en août 2014. L’offre, baptisée « U-verse with GigaPower », doit être étendue à plus d’une centaine de municipalités à terme. Verizon, qui a déjà testé des offres à 1 Gbps, ne semble pas vouloir en commercialiser pour l’instant, doutant de leur attrait. Il a en revanche relancé son offre fibre avec FiOS Quantum en juillet 2012, en introduisant des débits descendants de 300 Mbps, puis de 500 Mbps en juillet 2013, qu’il étend rapidement à l’ensemble des foyers raccordables. Cette offre a reçu un accueil très favorable, puisque 55 % des 6,3 M de clients FiOS y avaient souscrit à fin juin 2014 (contre 33 % un an plus tôt). Ce décollage très rapide s’explique essentiellement par le besoin de ses clients de bénéficier de meilleurs débits descendants pour améliorer le confort de visionnage des programmes de Netflix.

L’Europe s’active enfin, mais la fibre reste minoritaire

En Europe de l’Ouest, le FTTH commence tout juste à décoller, avec une part de marché dans le Très Haut Débit fixe autour de 25-30 %, légèrement devant le VDSL mais encore loin derrière le câble (50-60 %). Le problème est surtout venu des contraintes financières et réglementaires fortes sur des sujets clés comme le partage de fourreaux ou le dégroupage total. Certains opérateurs ont donc choisi de migrer vers des solutions plus adaptées au contexte local, comme le FTTC au Royaume-Uni, ou de se positionner sur des solutions permettant d’exploiter le réseau cuivre jusqu’au bout de ses capacités. On pense notamment au VDSL, déployé par Belgacom, Swisscom, TDC et surtout Deutsche Telekom dans les années 2000. Certains pays scandinaves ont toutefois joué la carte du FTTH, notamment la Suède, mais essentiellement au travers d’initiatives locales (municipalités, fournisseurs d’énergie). Toutefois, ces pays ont une base trop faible pour faire décoller le parc européen dans son ensemble.

La Commission européenne, consciente du retard de déploiement du THD et des impacts à long terme sur l’économie, a dévoilé en mai 2010 les objectifs du Digital Agenda for Europe (DAE). Parmi eux, allouer des débits de 30 Mbps pour tous les foyers de la zone et de 100 Mbps ou plus pour au moins la moitié des foyers à l’horizon 2020.

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Une politique qui passe notamment par des outils financiers (fonds de développements) et une harmonisation de la réglementation. Cela a notamment permis d’enclencher plusieurs programmes nationaux la même année au Danemark, au Royaume-Uni (« Superfast Broadband »), au Luxembourg (Plan « Ultra Haut Débit ») et en France.

Selon les derniers chiffres communiqués par le FTTH Council10, près de 20 M de foyers étaient raccordés en FTTH/B fin 2013 en Europe (39 pays), soit un quasi doublement du parc en à peine deux ans, signe de l’importance des programmes nationaux mis en place, mais aussi du besoin des opérateurs télécoms d’accélérer leurs déploiements pour faire face à l’augmentation prévue des usages vidéo et à la concurrence de plus en plus agressive des câblos. En 2013, cette croissance a essentiellement été portée par les acteurs majeurs en Suède, en France11, au Portugal, en Espagne et aux Pays-Bas. Sans oublier la progression rapide des déploiements et des parcs en Russie et en Ukraine, mais qui se font en dehors de tout cadre réglementaire et sans concertation entre les acteurs.

Ainsi, en Espagne, Telefónica a non seulement accéléré le déploiement de la fibre en passant de 2,2 M à 4,2 M de foyers raccordables entre décembre 2012 et juin 2014, mais aussi poussé commercialement ses offres 4P Movistar Fusión. Résultat : le parc FTTH de l’opérateur historique a presque triplé sur la période (de 312 000 à 861 000 lignes).

En France, les opérateurs ont relancé leurs efforts de déploiement du FTTH à la fois à la faveur d’un contexte réglementaire désormais clarifié12 et d’une situation concurrentielle de plus en plus tendue. Au niveau commercial, Orange et SFR proposent des offres triple play aux alentours de 20 €/mois pour inciter leurs clients ADSL à migrer vers la fibre, avec raccordement au domicile inclus13. En conséquence, le THD a progressé de 155 000 abonnements au 1er trimestre 2014 pour atteindre plus de 2,2 M (+30 % en un an), dont 640 000 via les offres FTTH (+69 % en un an). Pour la première fois, le taux d’abonnement au THD via une offre FTTH atteint 20 %.

La progression du FTTH s’est en revanche ralentie dans trois gros pays : l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni où les opérateurs historiques ont fait le choix de déploiements FTTN+VDSL, laissant craindre pour certains une Europe à deux vitesses. Plusieurs motifs à cela : les contraintes techniques (accès aux fourreaux, génie civil…) et réglementaires, sans oublier les améliorations techniques (G.Fast, vectoring) qui permettent d’atteindre des débits intéressants sur les technologies existantes en limitant les coûts de déploiement.

Pays émergents : des initiatives plus locales, mais qui se multiplient

Globalement, les technologies THD fixe n’atteignent pas les 5 % de pénétration dans les pays émergents, même si certains pays affichent des niveaux d’adoption déjà élevés, comme dans les pays du Golfe. Ainsi, aux Émirats-Arabes-Unis, le taux de pénétration effectif est désormais de 60 % grâce aux importants déploiements et au dynamisme commercial de Du et Etisalat. Sans oublier l’Arabie Saoudite, où STC a vu son parc FTTH progresser au 2ème trimestre 2014 de près de 44 % sur un an (son parc avait déjà doublé en 2013)14.

En Afrique, la pénétration du haut débit est très faible en raison de la mauvaise qualité des infrastructures nationales, de la répartition de la population, du coût élevé des investissements nécessaires et des offres d’accès. Pourtant, cinq pays avaient mis en œuvre des programmes de déploiement de réseaux FTTH fin 2013 et l’appétence est potentiellement forte. Au Kenya, si l’Internet fixe affiche un taux de pénétration inférieur à 3 %, près de 30 % des clients ont opté pour l’une des offres FTTH lancées par les opérateurs. Et l’on voit de plus en plus de projets, même limités géographiquement, se dessiner depuis quelques mois, comme Telkom et Vumatel en Afrique du Sud, Liquid Telecom au Kenya et en Zambie, ou encore Wananchi (Zuku) au Kenya, etc.

Conclusion

Les stratégies de déploiement du THD fixe sont largement tributaires de la structure du réseau existant, du contexte concurrentiel, du niveau de CAPEX disponible lié aux investissements dans les infrastructures, de la répartition géographique de la population. Sans oublier une politique volontariste de déploiements via des programmes nationaux, comme en Europe et en Asie. De manière générale, un premier arbitrage s’effectue entre les technologies THD, plus précisément entre le THD fixe et le THD mobile.

Toutefois, dès lors que le contexte est favorable au déploiement du FTTH, le choix de cette technologie nous paraît s’imposer en raison des avantages qu’elle présente au regard de ses concurrentes (FTTN et VDSL). Bien que plus coûteuse à déployer, ses bénéfices et ses performances sur le long terme sont avérées.

C’est du moins la conviction que Sofrecom s’est forgée au cours des différents projets de déploiement de réseau FTTH menés en France et au Moyen-Orient. Ce sont cette conviction et cette expertise que nous partageons à travers ce document en vous livrant notre analyse et ce que nous considérons comme étant les clés d’un déploiement réussi.

10 | FTTx World Markets (juin 2014). Communiqué de presse du FTTH Council Europe du 19 février 2014, http://bit.ly/1ASXdIG 11 | 558 000 lignes FTTH fin 2013 (+73 % sur un an), soit 29 % des lignes THD. Source ARCEP, http://bit.ly/1o5kSQc 12 | Février 2013 : annonce du « Plan France Très Haut débit » avec un objectif de 100 % de la population couverte en THD en 2022, notamment en

utilisant le FTTH. Janvier 2014 : achèvement du cadre réglementaire pour le déploiement des réseaux en fibre optique.13 | Offre Orange Livebox Zen Fibre à 24,99 €/mois pendant 12 mois puis 33,99 €/mois (Internet 100 Mbps, TV, ligne fixe, 10 Go cloud Orange) + réduction

de 5 €/mois supplémentaires pour les nouveaux clients, installation incluse (valable du 21/08 au 01/10/14). SFR propose à certains de ses clients 3P ADSL une offre de migration vers la fibre à 17,99 €/mois pendant 12 mois pour certains clients, puis 35,99 €/mois (juin 2014).

14 | 250 000 clients fin 2013 pour 830 000 foyers raccordables (soit 30 % de pénétration effective).

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120 MILLIONS D’ABONNÉS FTTH DANS LE MONDE EN 2013

Légende :FTTH abonnés (décembre 2013)(FTTH pénétration effective = abonnés / foyers raccordés)Evolution 2T13 vs 2T12

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ÉVOLUTION DU PARC CLIENTS FTTH PAR RÉGIONS - MONDE (M),

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Le FTTH, enabler de servicesinnovants au bénéfice de tous

Un socle indispensable pour de nouveaux usages gourmands en bande passante

La technologie DSL (Digital Subscriber Line) a permis aux opérateurs de réutiliser la traditionnelle paire de cuivre de la boucle locale pour offrir aux utilisateurs des débits allant de quelques dizaines de Kbit/s à quelques dizaines de Mbit/s sur un réseau asymétrique, c’est-à-dire offrant un débit plus important en réception qu’en émission.

Arrivée à maturité et aux limites de ses capacités intrinsèques, cette technologie ne permet plus de répondre à l’évolution actuelle et future des services numériques.

Il est donc désormais question de Très Haut Débit. Cette notion recouvre les technologies offrant des performances de débit supérieur à 80 Mbit/s.

Les réseaux Très Haut Débit utilisent la fibre optique dans la boucle locale, en lieu et place de la paire de cuivre utilisée jusqu’à présent. Elle permet de disposer de débits supérieurs à 100 Mbit/s. La capacité de la fibre optique à transporter, grâce à la lumière, d’énormes quantités de données sur plusieurs milliers de kilomètres, offre les ressources nécessaires à l’enrichissement des offres multiplay et améliore le confort d’utilisation et la qualité de service.

Cette immense capacité constitue un terrain propice au développement de services reposant sur de nouvelles performances de transmission comme la vidéoconférence à l’échelle 1 (mur de télé-présence) ou l’informatique distribuée.

L’architecture FTTH favorise la croissance des usages « à distance » comme le télétravail, la télémédecine, la télé-éducation ou l’administration électronique, ainsi que tous les services cloud rendus possibles par la symétrie du débit. Elle soutient également l’appétence pour les services IPTV au sein des foyers multi-équipés et ayant des usages simultanés (TV everywhere, « multi-rooms ») mais aussi le développement de nouveaux formats vidéos gourmands en bande passante (3D, ultra HD) ou encore l’émergence de nouveaux usages (cloud gaming, visioconférence résidentielle).

Améliorer l’expérience client grâce à un confort d’utilisation accru

Qu’ils soient professionnels ou privés, ces nouveaux usages demandent plus d’interactivité. Ils sont par conséquent beaucoup plus sensibles aux paramètres du réseau comme la latence qui est l’un des problèmes les plus épineux dans l’échange d’informations.

La latence correspond à un délai de transit et à une perte de paquets dans le réseau. Ce délai ou ces pertes influent sur la qualité de service d’un jeu 3D en ligne par exemple, ou sur la qualité de l’image et du son d’un film HD ou 3D. Comparée aux architectures sur cuivre ou câble, les architectures de réseaux fibre optique réduisent nettement cette latence qui nuit à l’expérience de l’utilisateur.

Comprendre l’intérêt du FTTH

Le déploiement d’une infrastructure FTTH n’est pas neutre pour un opérateur. On en connaît globalement les avantages en termes de débit et de qualité de service. Il convient d’en mesurer pleinement l’impact sur le business futur de l’opérateur. Un investissement financier coûteux mais pérenne est nécessaire pour constituer le socle indispensable au déploiement de services innovants générateurs de nouveaux usages et de revenus.

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LES USAGES QUI VONT PROFITER DU TRÈS HAUT DÉBIT

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L’IMPACT NÉGATIF DE LA LATENCE

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Un investissement financier conséquent mais nécessaire

Déployer un réseau Très Haut Débit avec le FTTH revient à déployer une nouvelle infrastructure fibre optique, jusqu’au domicile du client, comme cela a été fait pour le réseau téléphonique cuivre.

L’installation de la fibre optique implique divers travaux coûteux et fait appel à des corps de métiers spécifiques : travaux de voirie, installation de câbles sur plusieurs milliers de kilomètres, raccordement d’habitations individuelles ou collectives.

À l’échelle d’un pays le déploiement national se compte en milliards d’euros, ce qui peut constituer un frein considérable à la mise en place d’une infrastructure FTTH pour des opérateurs.

Or, si les opérateurs télécoms n’investissent pas rapidement dans l’infrastructure FTTH, ils risquent de renforcer l’avantage des câblo-opérateurs, leurs principaux concurrents, comme aux États-Unis et en Allemagne. Pour déployer le THD, les câblos n’ont qu’à s’appuyer sur leur infrastructure existante en la modernisant légèrement. Cette menace des câblo-opérateurs sur les opérateurs FTTH est d’autant plus réelle que leurs investissements sont bien moindres et qu’ils bénéficient d’une plus grande réactivité pour gagner des parts de marché.

Infrastructure pérenne, investissement à long terme

La pérennité est une des principales forces de la fibre optique et une opportunité pour l’avenir, car elle permet d’assurer une évolution constante et quasi illimitée du débit dans le réseau d’accès, sans changement d’infrastructure. Avec la fibre optique, il est possible d’augmenter de manière quasi infinie les débits en bande passante en ne changeant que quelques composants actifs du réseau.

Grâce à l’utilisation de longueurs d’ondes différentes, il est par exemple possible de démultiplier les débits sans changer l’infrastructure fibre optique.

Investir pour l’avenir

LE CONTEXTE FRANÇAIS

Le coût d’installation par abonné est évalué entre 400 € en zone à forte densité et 2 000 € en zone rurale. Ce coût dépend fortement de la densité de la population, de la dispersion de l’habitat ou encore de la disponibilité d’infrastructures de génie civil existantes. Le coût de déploiement n’est donc pas proportionnel à la population couverte. Selon une étude de l’autorité de régulation Française, l’ARCEP, le coût de la couverture en FTTH de 80 % de la population et des entreprises ne représenterait qu’environ la moitié du coût d’une couverture nationale.

RÉPARTITION DU COÛT DE RACCORDEMENT D’UN CLIENT FTTH

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FTTH : les clés d’un déploiement réussi [ All Things Considered ]

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Un ARPU à fort potentiel de croissance à condition de trouver la bonne monétisation

Si la fibre revient au centre des annonces des opérateurs depuis quelques mois, peu d’entre eux communiquent leurs résultats financiers et les impacts de ces offres en termes de revenu moyen par ligne. Il faut donc se référer aux études de cabinets pour connaître le différentiel entre l’ARPU d’un client FTTH et celui d’un client DSL. Selon Ovum, celui-ci serait de l’ordre de 1 à 2 selon les régions en 2013, et en partie lié au mode de tarification (premium ou pas, fournisseur d’accès distinct de l’opérateur réseau) et au degré de concurrence.

Les pays du Moyen-Orient, et en particulier ceux du Golfe, sont ceux qui semblent tirer le meilleur parti du FTTH, avec un doublement du revenu moyen par ligne. Ceci n’a rien d’étonnant si l’on considère que certains opérateurs différencient leurs tarifs en fonction des débits. Chez STC (Arabie Saoudite), l’offre triple-play Jood3 « Talk, Surf & Watch » est proposée pour tous les clients ADSL et fibre, mais celle à 100 Mbps est facturée à 474 riyals/mois (101 €) contre 224 riyals (47,7 €) pour du 10 Mbps, soit un différentiel de 2,115. Chez Du (E.A.U.), le même type d’offre « Talk, Surf & Watch Premium » est facturée 810 dirhams/mois (176 €) pour 100 Mbps contre 335 dirhams (72,8 €) pour du 8 Mbps, soit un écart de 2,4.

En Asie, NTT est l’un des seuls à communiquer l’ARPU de ses clients fibre (FLET’s Hikari), qui plus est sur des séries relativement longues16. On constate que la fibre a eu un effet nettement positif, puisque le revenu moyen par ligne a rapidement doublé par rapport à une ligne fixe traditionnelle. Néanmoins l’augmentation du revenu moyen est initialement liée au succès de son offre de VoIP « Hikari Denwa ». Depuis 2011, en revanche, l’ARPU FTTH de NTT a tendance à s’amenuiser, avec en réalité d’un côté une baisse de l’accès (réductions pour les clients longue durée), de l’autre une hausse des services ajoutés, en particulier la TV et l’assistance à distance facturés 3 à 4 €/mois chacun.

En Europe, la guerre des prix entre les câblos et les telcos a conduit ces derniers à baisser le ticket d’entrée sur la fibre pour pouvoir raccorder de nouveaux clients, comme en France notamment. Mais dans l’espoir de faire de l’« upsell », c’est-à-dire en proposant à leurs clients des catalogues étendus de vidéo à la demande qui permettront de booster les revenus globaux associés à la fibre (qui n’apparaissent pas forcément dans l’ARPU moyen FTTH). Tous les opérateurs télécoms ne suivent pas forcément cette stratégie, à l’instar

de Telefónica, qui propose son offre « Movistar Fusión » avec des débits descendants de 100 Mbps et un premium de 20-30 % sur les versions 10 Mbps17. Résultat : l’opérateur historique espagnol a vu son taux de résiliation haut débit fixe divisé par deux et le revenu moyen par ligne fibre est désormais une fois et demie supérieur à la moyenne des clients ADSL.

15 | Jood est disponible en ADSL à 10 & 20 Mbps pour 224/274 riyals, en FTTH à 40/100/200 Mbps pour 324/474/774 riyals par mois. Relevé effectué sur le site le 6 octobre 2014.

16 | Au Japon, il n’existe pas d’offre triple-play comme en Europe : un client souscrit son offre auprès d’un fournisseur d’accès, qui se charge de contacter l’opérateur de réseau (NTT en général). C’est ensuite que le client revient vers son FAI pour souscrire la VoIP, puis la TV.

17 | « Fusión TV Contigo 100 Mbps » proposé à 54 €/mois vs. 42 € pour la version 10 Mbps, 72 €/mois pour « Fusión TV 100 Mbps » vs. 60 € pour la version 10 Mbps. Relevé site Web du 6 octobre 2014.

18 | Pour des raisons réglementaires, NTT maintient le distinguo entre NTT East & NTT West, mais les ARPU des deux filiales sont quasi similaires.

MONDE : DIFFÉRENTIEL ENTRE ARPU FTTH ET ARPU XDSL PAR RÉGIONS, 2013

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JAPON : ÉVOLUTION ARPU FTTH DE NTT WEST18

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[ All Things Considered ] FTTH : les clés d’un déploiement réussi

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L’influence du cadre réglementaire Le déploiement des réseaux FTTH requiert un cadre réglementaire clair et stable afin de permettre à l’opérateur d’investir en ayant connaissance des éventuelles obligations de partage de ces réseaux avec d’autres opérateurs, des objectifs de couverture et des conditions sur les prix des offres de gros.

La définition d’un cadre réglementaire nécessite du temps, de la concertation et de la négociation entre les différents acteurs du marché. Elle peut être perçue comme un frein au déploiement d’une technologie, mais elle garantit un environnement concurrentiel favorable au développement de nouveaux services innovants et à la compétitivité des entreprises.

Le cadre réglementaire est un élément clé de l’orientation de la stratégie d’investissement d’un opérateur.

Les stratégies d’investissement Le déploiement de réseaux FTTH n’est donc pas seulement un chantier industriel. C’est aussi un chantier financier majeur qui peut mobiliser à la fois opérateurs privés et pouvoirs publics. Différents modèles d’investissement d’infrastructures FTTH existent combinant ou non des initiatives publiques et privées complémentaires. Chacun de ces modèles présente ses avantages et ses inconvénients.

Investissement d’initiative publique ou gouvernementale

Ce modèle est basé sur l’installation d’une boucle locale en fibre optique financée par les pouvoirs publics et louée aux opérateurs. L’avantage est que les opérateurs ne supportent pas les coûts d’investissement lourds et se consacrent uniquement à la partie active du réseau. Cependant, sans le contrôle de l’infrastructure passive du réseau, il n’est pas possible de se différencier techniquement par un choix d’architecture de réseau singulier, ni économiquement par une capacité financière supérieure. L’innovation et la concurrence s’en trouvent par conséquent freinées. C’est le modèle qu’ont adopté l’Australie et le Qatar notamment.

Investissement partagé

Ce modèle, prôné par certains opérateurs, vise à créer une infrastructure de réseau unique dont les opérateurs se partagent la propriété. Le consortium est alors en charge du déploiement du réseau. Ce modèle présente l’avantage de répartir les coûts d’investissement entre opérateurs. Cependant, sa mise en œuvre reste très difficile car elle suppose un choix technologique commun et une entente entre les différents acteurs sur le plan stratégique de déploiement en matière de planification des investissements.

Investissement laissé aux collectivités locales

Ce modèle repose sur les investissements réalisés par les collectivités locales qui veulent se doter d’un réseau d’accès FTTH. Il a pour avantage la rapidité des déploiements principalement du fait de l’obtention rapide des autorisations de passage et de travaux. Il ne s’agit pas ici d’un modèle de déploiement national mais bien local et/ou régional. Ce modèle entraîne cependant un morcellement de la couverture en autant de petits réseaux locaux hétérogènes. De plus, ce n’est pas une solution équitable pour la population car bien évidemment, les collectivités locales les plus riches sont privilégiées. On peut trouver par exemple ce modèle dans les pays d’Europe du Nord, au Canada ou en Argentine.

Investissement fondé sur le marché

Avec ce modèle, le déploiement de la fibre optique est basé purement sur la concurrence, donc sur le marché potentiel, une stratégie d’acquisition et de rétention des clients en fonction de leur pouvoir d’achat. Ce modèle prône l’installation de la fibre dans les zones très denses et lucratives et délaisse totalement les zones moins peuplées, et donc moins intéressantes financièrement. Ce cas est rencontré aux USA, au Mexique et au Japon.

Opter pour une stratégie de co-investissement

La technologie FTTH est un fort vecteur de différentiation pour les opérateurs. Cependant, le coût d’entrée peut être un facteur dissuasif pour ceux qui n’ont pas une forte capacité d’investissement. L’opérateur a tout intérêt à chercher des solutions de co-investissement, lorsque le cadre réglementaire le permet ou le stipule.

Sofrecom, The Know-How Network

FTTH : les clés d’un déploiement réussi [ All Things Considered ]

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Le modèle français Un cinquième modèle peut ressortir des quatre modèles précédents comme étant un mixte de l’ensemble et présentant les caractéristiques suivantes :

- Il repose sur un marché concurrentiel pour garantir l’évolution des réseaux et l’innovation des services, mais n’exclut pas la mutualisation en dehors des grandes agglomérations.

- Il s’appuie sur le co-investissement, pour réduire les coûts en évitant la situation monopolistique, sans exclure pour autant ceux ne participant pas au co-investissement, grâce au dégroupage.

Il favorise l’aménagement numérique du territoire afin que tout le monde ait accès à la fibre optique à terme, même en zone rurale, ce qui implique autant les entreprises privées que les collectivités locales. C’est une réponse possible à la réduction de la fracture numérique.

En France, ce cinquième modèle a été retenu et décliné par « zones géographiques » en fonction principalement de la densité de la population.

TÉMOIGNAGE

Les réseaux THD sont un facteur de compétitivité et de croissance pour les territoires. Après le téléphone, l’ADSL ou le câble, c’est la fibre optique qu’il faut maintenant amener au plus près des logements et des locaux d’entreprises. Orange est pleinement engagé dans cette grande aventure nationale et en a fait l’un des axes mobilisateurs de son projet d’entreprise, Conquêtes 2015.

Sur la période 2010-2015, c’est un montant total de 2 Md€ d’investissement qui y est consacré.

D’ores et déjà la fibre est lancée dans plus de 400 communes qui représentent 10 millions de foyers et une réelle dynamique commerciale est en marche avec un doublement du parc de clients chaque année.

L’ambition d’Orange est d’apporter la fibre optique d’ici 2020 dans 3 600 communes réparties dans 220 agglomérations, soit une couverture de 60 % des foyers français.

Ce déploiement qui couvre les zones très denses et une grande partie des moins denses est réalisé entièrement sur fonds propres.

Les réseaux que nous déployons sont ouverts aux autres fournisseurs de services qui peuvent en cofinancer le développement ; ce modèle de co-investissement est clé dans l’économie globale du FTTH en France. En zone très dense, c’est le réseau à l’intérieur des immeubles qui est mutualisé et en zone moins dense, c’est le réseau dans la rue qui l’est également.

Aux termes d’un accord conclu en 2011, Orange réalise 80 % de ce réseau horizontal et SFR 20 %.

Les différents opérateurs peuvent également réutiliser les infrastructures de base : tuyaux et poteaux qu’ils louent à Orange sans avoir à refaire des travaux coûteux. On a donc un modèle qui préserve la concurrence et permet néanmoins des économies de CAPEX.

Pour les 40 % des foyers restants où des subventions publiques sont nécessaires pour l’équilibre des projets, le Groupe développe une approche coopérative avec les collectivités locales pour leur apporter des solutions de montée vers le Très Haut Débit (fibre jusqu’aux sous répartiteurs FTTC, satellite,…) et s’associe à des Réseaux d’Initiative Publique FTTH quand ils sont conçus en complémentarité.

Yves ParfaitDirecteur du Programme Fibre, Orange France

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Sofrecom, The Know-How Network16

Concevoir une architecture agile et économique

Les réseaux THD en fibre optique peuvent s’appuyer sur différentes architectures. Les combinaisons sont multiples selon que le réseau cuivre est réutilisé ou non, ou que la fibre est dédiée à un client ou mutualisée.

L’infrastructure représente près de deux tiers des investissements liés au déploiement FTTH. Il revient à l’opérateur de trouver la solution technico-économique optimale au regard des objectifs marketing.

Le choix de l’architecture et le design s’effectuent donc en fonction du potentiel d’économies générées. En ce sens, l’architecture Gigabit-Passive Optical Network (GPON) est aujourd’hui adoptée par une majorité d’opérateurs FTTH en raison des avantages qu’elle présente.

LES SOLUTIONS D’ARCHITECTURES FTTH

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L’architecture GPON s’impose

Normalisée par l’UIT-T, la technologie GPON propose les capacités de transmission les plus élevées sur un réseau d’accès fibre optique au client, avec le coût de déploiement le plus bas. Le GPON permet d’atteindre des débits jusqu’à 2,5 Gbps dans le sens descendant et 1,25 Gbps dans le sens montant.

Cette solution est largement choisie par les opérateurs FTTH car elle est idéale pour le marché résidentiel de masse, cible des déploiements FTTH, en vue d’amortir les lourds investissements induits par les nouvelles infrastructures.

Un réseau multi-services convergent

Dans un réseau point-à-multipoints GPON, 64 voire 128 abonnés peuvent être regroupés sur une seule fibre optique via un système de multiplexage (coupleur optique). Ce système permet de mutualiser sur un même réseau le raccordement de clients résidentiels multiplay (Internet, Téléphonie, Télévision), de clients entreprises avec des services à valeur ajoutée (VPN, iCloud, M2M, Sécurité…), ou bien des stations de bases radio mobile pour collecter leur trafic et le transporter jusqu’au réseau de transport et d’agrégation (réseau de collecte mobile).

Le coût de maintenance faible du réseau passif

Dans un réseau FTTH, on distingue le réseau passif (réseau de fibre optique allant du central jusque chez l’abonné) du réseau actif (équipements électriques terminaux situés dans le central et chez l’abonné).

En comparaison avec d’autres réseaux câblés par exemple, un réseau passif en fibre optique ne subit aucune contrainte de type environnemental comme la corrosion sur les réseaux en cuivre, le vandalisme ou les perturbations électromagnétiques. Il en découle un coût d’exploitation et de maintenance bien moindre, comparé à d’autres types de câblages.

Le brassage, opération de raccordement d’une fibre à une autre qui nécessite le déplacement d’un technicien sur le répartiteur, est de 64 à 128 fois moins important en GPON comparé au point-à-point. Il est même quasi nul et permet ainsi de réaliser là aussi des économies.

Un retour sur investissement plus rapide

L’amortissement d’un réseau en fibre optique est plus intéressant. Le cycle de vie d’une fibre optique est d’environ une cinquantaine d’années, alors que le seuil de rentabilité moyen est entre deux et cinq ans, ce qui en fait un actif pérenne sur lequel un retour sur investissement durable est possible.

Le CAPEX d’un réseau GPON est 30 % inférieur à celui d’un réseau point-à-point hors génie civil.

Un coût de déploiement maîtrisable

Le fait de pouvoir raccorder plusieurs clients sur une même fibre permet de réduire considérablement le nombre de fibres optiques à déployer (réduction du besoin d’achat en fibres) et permet par conséquent de réduire le diamètre des fourreaux allégeant ainsi les coûts du génie civil (en comparaison d’un réseau cuivre ou fibre optique point-à-point où une fibre optique est déployée par client).

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Design réseau : quatre étapes incontournables

Un réseau filaire est par nature très peu flexible et long à déployer. Une fois l’architecture choisie, il est indispensable de construire et de dimensionner son réseau selon une méthodologie en quatre étapes. En effet, toute erreur dans le choix des zones à couvrir et dans le taux de couverture induit un surinvestissement certain, et une perte de chiffre d’affaires difficile à redresser.

Etude géomarketing

Dans une phase préliminaire de conception du réseau, le marketing stratégique définit les zones cibles du déploiement en fonction de ses objectifs : zone résidentielle à forte densité, zone d’activité industrielle, zone inéligible, etc. Cette étude repose le plus souvent sur des données socio-économiques, telles que :

- la densité de population de la zone,- le profil de la zone (résidentielle,

industrielle, commerciale,…), - le revenu moyen par habitant (catégories

sociaux-professionnelles),- l’ARPU par habitant déjà connecté à des

services télécoms (VOD, autres services,…),- l’existence actuelle et future de

technologies concurrentes (LTE, Wimax, ADSL,…).

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2Le Pointage et le zonage

Le chef de projet réseau en charge des études réalise un pointage (le pointage consiste à identifier sur un fond de plan le nombre d’ « équivalents logements » dans chaque immeuble et à en déduire le potentiel de clients PON pour chaque adresse) permettant d’obtenir un taux de pénétration de 100 % du service sur la zone, ceci afin de déterminer le potentiel global du nombre de bâtiments et de clients à raccorder.Un zonage consiste ensuite à regrouper les bâtiments selon les capacités maximales des points de raccordement optiques.

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L’ingénierie Boucle Locale

La maîtrise d’une ingénierie Boucle Locale repose sur les sept règles suivantes :

- éviter les zones d’inéligibilité : le réseau doit être conçu pour que l’ensemble des clients aient accès aux mêmes services indépendamment de leur localisation géographique,

- limiter au maximum les ré-interventions dans le réseau en réalisant un pré-câblage des coupleurs dans les chambres,

- minimiser les coûts et les délais de déploiement en anticipant le dimensionnement du réseau à déployer au plus près des logements,

- assurer la compatibilité des équipements actuels avec les futurs standards XG-PON en introduisant un niveau de couplage au nœud de raccordement optique,

- dimensionner judicieusement le réseau en tenant compte des objectifs de raccordement des immeubles et des clients,

- optimiser les équipements actifs au NRO en fonction des besoins et du bilan de liaison,

- veiller à ce que les équipements du client respectent les niveaux de puissance du signal.

Modélisation finale du réseau

Une première esquisse - ou pré-design - du réseau est réalisée sur la base du zonage et du plan des infrastructures existantes (génie civil, réseaux existants, conduites d’égouts, voiries, etc.). Cette esquisse est bien plus qu’un simple tracé logique du câblage et d’identification des nœuds de réseau. Elle permet :

- de qualifier et quantifier les matériels nécessaires (câbles, boitiers, raccords, etc.),

- d’estimer le coût du projet et de vérifier son adéquation avec le budget,

- de réaliser les dossiers pour les éventuelles demandes d’autorisations de passages,

- d’anticiper les problèmes susceptibles de se poser lors du déploiement, voire essayer d’y remédier avant même qu’ils ne surviennent.

Une fois les autorisations obtenues et le dimensionnement du réseau réalisé en fonction des règles d’ingénierie arrêtées, la modélisation finale du réseau peut être effectuée. Ce dessin décrit dans les moindres détails le réseau FTTH et permet aux opérateurs de réaliser leur déploiement.

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Les choix d’ingénierie et d’architecture réseau FTTH sont d’abord conditionnés par le contexte réglementaire et concurrentiel : autrement dit, l’obligation de mutualiser ou pas. En France, compte-tenu de la densité de l’habitat et des investissements colossaux induits pour couvrir une part non négligeable du territoire, l’autorité de régulation a favorisé une logique d’effort commun pour l’investissement et les infrastructures. Selon la densité des zones de population, l’obligation de mutualiser les éléments passifs des réseaux a été un facteur déterminant pour préserver la concurrence, favoriser des gains d’échelle

et axer la performance technologique des opérateurs sur leurs choix des équipements actifs où ils sont en concurrence totale. Cette concurrence sur les briques « actives » du réseau induit de fait la maîtrise des choix d’optimisation en bande passante, et donc la capacité de proposer de nouveaux services plus gourmands en débits en phase avec les nouveaux usages et de répondre aux besoins d’innovation.

Ensuite, les choix d’infrastructures influent sur l’architecture. Deux possibilités : l’architecture point à point, ou le GPON, choisi par Orange, qui domine très largement le marché et s’impose comme standard. Le GPON permet le partage des fibres en amont de points de couplage et donc des économies substantielles, notamment sur le dimensionnement des câbles et l’utilisation du génie civil.

La qualité même des infrastructures concourt également à la réussite d’un déploiement FTTH. Des équipements compétitifs, robustes et conformes aux normes internationales sont une priorité pour les opérateurs qui ont tout intérêt à choisir une solution uniforme et simple à mettre en œuvre. Le choix des équipements va de pair avec la facilité de raccordement des clients et les économies générées par la généralisation de leur utilisation.

L’homogénéité de l’ingénierie et la standardisation des équipements garantissent la facilité d’exploitation et la maîtrise des coûts de maintenance. Il faut maintenir la cohérence dans la durée et anticiper avant tout déploiement l’adaptabilité du réseau en termes d’ingénierie pour pouvoir suivre le marché.

Enfin, la modularité des équipements est essentielle pour répondre aux défis que devront relever les réseaux dans les 50 prochaines années, en tirant parti des enseignements des déploiements déjà réalisés. Chez Orange, nous sommes convaincus par exemple de l’intérêt des câbles préconnectorisés et des câbles à micro-modules. Ces derniers sont une innovation française majeure en matière d’installation et d’exploitation, de plus en plus répandue en Europe. Ils permettent la mise en œuvre progressive du réseau, pour lisser le déploiement par zone au fur et à mesure des besoins, rapprocher l’activation des arbres au plus près de la mise en service des clients, et faciliter et alléger les opérations d’installation client.

Orange travaille de concert avec les constructeurs sur des solutions innovantes, en vue d’améliorer l’agilité et la flexibilité des infrastructures, faciliter la gestion des réseaux et relever le défi du déploiement du FTTH.

Hervé TouzeauDirecteur Technique du Programme Fibre,Orange France

Mutualisation, homogénéité et modularité : triumvirat de l’architecture FTTH d’Orange

TÉMOIGNAGE

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Définir sa politique de sous-traitance

Les opérateurs ne disposent généralement pas des ressources humaines suffisantes pour déployer un réseau FTTH. Ils doivent donc anticiper le recours à la sous-traitance et définir leur politique de « make or buy ». Pour cela il leur faut identifier leur « cœur de métier » c’est à dire les tâches et les métiers qu’ils considèrent comme stratégiques et qu’ils souhaitent réaliser avec leurs propres ressources.

Ainsi, il y a plusieurs gradations dans la politique de sous-traitance en fonction de l’autonomie et la responsabilisation que l’opérateur souhaite accorder aux sous-traitants.

Déploiement « clé en main »

Ce type de déploiement donne une autonomie quasi complète au sous-traitant sur un périmètre donné. L’opérateur lui confie par exemple le câblage en fibre optique d’une ville ou d’un quartier de cette ville. Pour l’opérateur, l’avantage de cette stratégie de sous-traitance est de pouvoir fixer des objectifs simples à atteindre : nombre de logements fibrés, coût au logement, délai de réalisation, etc.

Ce modèle nécessite cependant un suivi très régulier et précis de la réalisation effective des objectifs pour éviter « l’effet tunnel », c’est-à-dire les mauvaises surprises après de longs mois sans visibilité sur les différentes étapes du déploiement.

Ainsi il est très important de définir des KPIs avec le sous-traitant et de programmer les actions de suivi. D’autre part, le modèle économique mis en œuvre doit intégrer un mécanisme, sous forme de bonus/malus par exemple, de manière à inciter les sous-traitants à réaliser les objectifs fixés encore plus rapidement.

Externalisation du déploiement et internalisation des études

C’est généralement le modèle choisi par les grands opérateurs qui considèrent que leur cœur de métier est la conception du réseau. Toute la partie déploiement physique du réseau - génie civil, tirage des fibres, soudures et installation du matériel - est par contre sous-traitée.

Le modèle intermédiaire

Avec ce modèle une partie des études sont sous-traitées, notamment les études du câblage des immeubles. Les sous-traitants sont responsabilisés sur un périmètre bien cadré. Dans ce cas, l’opérateur sous-traite l’obtention des accords de travaux à la réalisation du câblage en fibres optiques de l’immeuble.

Anticiper les impacts du FTTH sur la construction et l’exploitation du réseau

Construire une nouvelle boucle locale filaire en fibre optique est synonyme pour l’opérateur d’une transformation profonde et globale. Cette nouvelle technologie est en effet fortement complémentaire aux réseaux filaires et radios existants mais ne peut bénéficier de synergie avec ceux-ci.

Nouveaux métiers, nouveaux matériels, nouveaux processus de maintenance, la fibre optique impose aux opérateurs de repenser leurs modèles.

Cela se traduit par la mise en œuvre d’une politique de sous-traitance pour assurer l’installation des équipements suivant les règles de l’art afin de garantir la qualité de service d’un bout à l’autre du réseau, et par la création d’un nouveau SI dédié, capable de fournir une description fine du réseau pour en permettre la maintenance.

[ All Things Considered ] FTTH : les clés d’un déploiement réussi

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Créer un nouveau Systèmed’Information

Un réseau de fibre optique déployé mais non renseigné avec précision et justesse dans un Système d’Information (SI) n’a que peu de valeur. Le SI est déterminant dans l’utilisation d’un réseau boucle locale. L’activation du service et la surveillance de son bon fonctionnement dépendent en effet de la description du réseau FTTH dans le SI. Plusieurs applications sont nécessaires pour bien décrire le réseau au niveau physique, logique et géographique.

Il est donc crucial de bien choisir les applications de description de réseau ainsi que les liens d’échanges de données entre ces applications.

La base géographique permet d’avoir une description de la ville en termes de domaine routier et de cadastre. Cette base géo-référencée doit être enrichie avec les données concernant le génie civil et les infrastructures aériennes. Cette application est l’outil de référence pour concevoir le réseau : parcours des câbles, points de flexibilité, locaux à desservir… C’est cette application qui est utilisée par les concepteurs réseau pour construire celui-ci concrètement sur une zone donnée en respectant les règles d’ingénierie définies préalablement.

Une base logique associée à cette base géographique permet de décrire le réseau fibre à fibre depuis le domicile du client jusqu’à l’équipement au central. Cette application doit aussi offrir des services d’affectation automatique de ressources fibre à un client sur cette boucle locale optique.

Une application « référentiel des immeubles » au sens large, c’est-à-dire maisons individuelles et immeubles, est également souvent nécessaire. Le relevé des adresses des habitations est utile très tôt dans le processus de déploiement, depuis les études préalables jusqu’au déploiement effectif du réseau FTTH.

L’application permet de suivre l’évolution du statut d’éligibilité de l’immeuble au déploiement de la fibre (obtention de l’accord de la copropriété, validations des études techniques…). Une fois le dossier complet et l’éligibilité de l’immeuble confirmée, les informations le concernant sont automatiquement recopiées dans la base logique de description du réseau avec son adresse.

L’automatisation des flux d’informations entre ces applications nécessite la mise en place d’interfaces informatiques dont le modèle de données est à définir précisément.

Enfin, des workflows de production sont très souvent utiles lorsque de nombreux acteurs doivent intervenir sur de multiples tâches, tout au long du processus de déploiement du réseau.

FTTH, L’HISTOIRE NE FAIT QUE COMMENCER

Le déploiement de la fibre optique dans le réseau d’accès suit son cours depuis quelques années et commence à occuper une place significative parmi les solutions Broadband chez les opérateurs fixes.

Les infrastructures de type FTTx et GPON représentent aussi une opportunité pour les opérateurs mobiles et convergents désireux de déployer à moindre coût leurs infrastructures réseaux de collecte mobile pour des services 4G, LTE. L’arrivée de la technologie XGPON devrait apporter une réponse au partage de bande passante, considérant que les limites de capacité de la technologie GPON peuvent être aujourd’hui une contrainte dans le cas d’un besoin de montée en débit d’un enode-B afin de garantir la qualité des services LTE.

La fibre représente donc un véritable saut technologique qui ouvre de nombreuses perspectives de satisfaction client, de différenciation, de croissance, d’innovation technologique et d’optimisation de la performance opérationnelle dans le cas d’introduction d’infrastructure convergente fixe-mobile.

L’instantanéité et la symétrie des échanges de données entre terminaux offrent un confort d’accès, d’usage et de partage de services sans égal, qui contribue d’ores et déjà à enrichir l’expérience du client et à répondre à ses attentes.

Les ressources quasi-illimitées du FTTH en font un véritable vecteur pour le développement de services et d’usages, jusqu’ici bridés par des technologies moins performantes, ou qui restent encore à inventer. On observe par exemple déjà un certain nombre d’applications virtualisées et hébergées non plus sur les terminaux, mais dans le cloud. Cette virtualisation, qui offre une puissance de traitement incomparable par rapport aux performances des terminaux clients actuels, va donner toute son ampleur au Big Data.

LES AUTEURS

Bertrand Rondeau Directeur du Programme Haut Débit [email protected]

Fabrice Durand Consultant Senior, Market [email protected]

Vincent BouyDirecteur de Projet Design Réseau [email protected]

« FTTH : les clés d’un déploiement réussi » est publié par :Sofrecom S.A. au capital de 18 340 000 €RCS Créteil 672 004 66024, avenue du Petit Parc94307 Vincennes CedexFrance

Directrice de la publication : Valérie Thévenin

Responsable de l’éditorial et de la coordination : Agnès Robin

Contributeurs: Olivier Mugnier, Directeur du Département Transports & Accès Haut Débit (Sofrecom), Sylvie Lorrain, Consultante Senior, Market Intelligence (Sofrecom), Yves Parfait, Directeur du Programme Fibre (Orange France), Hervé Touzeau, Directeur Technique du Programme Fibre (Orange France).

Conception graphique : Muriel Bertrand, www.mbdesign.fr

Crédits photo : Thinkstock

Édition : Imprimé par Impression Directe - Roubaix, sur Condat silk.Version française imprimée en 200 exemplaires (février 2015)

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À propos de Sofrecom

Sofrecom, filiale d’Orange, a développé depuis plus de 45 ans un savoir-faire unique dans les métiers de l’opérateur, qui en fait aujourd’hui l’un des leaders mondiaux du conseil et de l’ingénierie.Son expérience des marchés matures et des économies émergentes, conjuguée à sa solide connaissance des évolutions structurantes du marché des télécommunications, en font un partenaire incontournable pour les opérateurs, gouvernements et investisseurs internationaux.Ces dernières années, plus de 200 acteurs majeurs, dans plus de 100 pays, ont confié à Sofrecom la conduite de leurs projets stratégiques et opérationnels : transformation et optimisation, modernisation technologique, innovation et développement. Son accès privilégié aux expertises et à l’innovation du Groupe Orange permet à Sofrecom de proposer à ses clients des solutions d’avant-garde qui ont fait leurs preuves.Sofrecom est une entreprise internationale riche de sa diversité, avec plus de 1500 consultants et experts répartis dans 11 implantations à travers le monde et issus de plus de 30 nationalités.Sofrecom est avant tout un réseau d’hommes et de femmes, un puissant réseau de savoir-faire et d’expertises qui relie ses clients, les experts Orange, ses partenaires industriels et locaux.Le Know-How Network de Sofrecom, c’est aussi la garantie d’un transfert de savoir-faire, de compétences et d’expertises pour une transformation durable s’appuyant sur des méthodologies certifiées au niveau international.

Sofrecom, The Know-How Network

À propos du département Réseaux et Services

Ce livret a été conçu avec les experts Réseaux et Services du groupe Sofrecom. Les réseaux sont au cœur des savoir-faire de Sofrecom. Nos consultants ont acquis une solide expertise en travaillant aux quatre coins du monde sur des projets de création, de transformation et d’optimisation de réseaux. Ils accompagnent la migration des opérateurs vers les réseaux de nouvelle génération (IP, 4G, LTE, FTTH…), et interviennent sur les différentes phases de ces projets : audit, design, déploiement, inté-gration, exploitation… Partage d’infrastructures, optimisation des réseaux, virtualisation des fonctions réseaux, data center, sécurité, nos consultants sont les partenaires privilégiés des opérateurs pour la mise en œuvre de leur transformation digitale et de solutions répondant à leurs orientations stratégiques, d’excellence opérationnelle et de différenciation par l’Expérience Client. Pour en savoir plus sur les offres Réseaux et Services et sur les domaines d’intervention de Sofrecom, rendez-vous sur notre site www.sofrecom.com

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