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Ecrire la Paix : les gagnantes du concours international Edito Le 21 septembre, à l’occasion du « Network meeting » de l’ensemble des partenaires AFS à Turin, AFS Intercultural Programs a remis officiellement les prix du concours international d’écriture lancé en début d’année. Pour mémoire, ce concours consistait pour des AFS’ers 2003-2004 et 2004-2005, à écrire un essai sur le thème « Peace through understanding ». Le jury international, composé de 3 personnalités proches de AFS, a finalement attribué 3 prix parmi les 30 essais sélectionnés pour la compéti- tion internationale. Le premier prix est allé à l’Italienne Silvia Gambino pour son essai décri- vant sa découverte de l’islam pendant son année AFS en Tunisie. Un deuxième prix ex-aequo a été attribué à Hart Ford-Hodges, américaine, pour son essai sur les « monstres » que sont ces stéréotypes culturels qui l’ont suivie jusque dans son année AFS en Allemagne, et à Saraa Pihlman, Finlandaise, pour un essai faisant appel à de nombreuses métaphores. Contacts publie dans ce numéro les 3 essais primés pour la première édi- tion de ce concours, qui devrait être reconduit l’année prochaine. Les tra- ductions françaises sont de Robert Kaminker, que nous remercions. Les 10 meilleurs essais de ce concours sont publiés dans un recueil en anglais, disponible sur demande auprès du service communication de AFS Vivre Sans Frontière : [email protected]. Premier prix : Silvia Gambino, Italie 1 an en Tunisie « La Paix par la compréhension ». J’ai dû appeler un ami au téléphone pour comprendre ce que ça voulait dire. « A la base, cela signifie que si tu connais quelque chose, tu n’en as pas peur. » Ca signifie… N’aie pas peur, et que j’avais peur d’eux tout autant qu’ils avaient peur de moi ! Cela fait maintenant sept mois. Au début, je ne comprenais pas qu’une femme puisse décider d’être une «medei- na » - de porter le hijab, le voile musul- man – de ne rien montrer de son corps sauf sa figure et ses mains et de pouvoir tout de même étudier, travailler, sortir, aller à la plage, danser et tomber amou- reuse. (Lire la suite en page 6) The dream of reason Chers “AFScionados”, apprêtez-vous à lire de l'émotion, pure et unique, extraordinaire et magnifique... 50 ans après sa création AFS Italie a su montrer à tout le “monde AFS”, ô combien l'esprit de nos ambulanciers était toujours là. C'est dans la ville royale de Turin que AFS Italie, dit “Intercultura”, a souhaité célébrer son demi- siècle d'existence, à la suite du network meeting des partenaires AFS en septembre. Pendant trois jours, 2 500 personnes et 57 nationalités ont déambulé dans les rues de la ville. Impossible de ne pas voir les troupes de danses revêtues des tee-shirts AFS, les fanfares itinérantes et les conti- nents de notre planète symbolisés par des constructions en acier. Une cérémonie officielle a eu lieu le samedi matin, en présence des autorités italiennes et d'anciens AFS comme les extraordinaires “ambu- lance drivers” dont l'énergie et le charisme reste- ront uniques à jamais. Le Maire d'Hiroshima, l’Ambassadeur d'Italie en Iran, le président du “Nobel Peace Committee” étaient aussi présents et nous ont rappelé ô combien les rêves sont importants. “I have a dream !”. Si le succès était tel, c'est parce que tous les béné- voles ont su se mobiliser, des bénévoles de tous âges, et de toute l'Italie. Le samedi soir, un immense dîner de gala à réuni plus de 1 500 personnes sous un même “toit”, pour souffler les bougies d'Intercultura. Il a été suivi d'un concert de rock. Sans aucun doute, le samedi 24 septembre était l'endroit sur la planète où il fallait être pour célébrer l'interculturel, mais aussi rappeler les valeurs de tolérance et de paix propres à AFS. Plus qu'un anniversaire, cet événement a été un moyen pour montrer que AFS est toujours aujourd'hui une organisation internationale et interculturelle, dont les valeurs n'ont pas changé. En ce qui nous concerne, nous célébrerons notre 60 e anniversaire en 2007 et, à ce moment-là, il faudra que AFS Vivre Sans Frontière puisse mon- trer son importance, ceci tout en restant simple. Dès à présent nous devons commencer à réfléchir à nos envies et notre organisation. Dès mainte- nant tous nos moyens de communication doivent être utilisés pour faire en sorte que toutes les idées puissent circuler et être débattues. Merci à Intercultura et à tous ses bénévoles, et encore merci à nos ambulanciers d'avoir su créer une passion dans nos cœurs. Maximilien Marxer > Administrateurs (Pour en savoir plus sur cet événement, lire l’ar- ticle page 3) AFS Vivre Sans Frontière Roberto Ruffino, directeur de AFS Italie, et Arthur Howe, ambulancier de l’AFS. SOM MAIRE 1 > PAROLES d’AFS’ers p. 1 Ecrire la paix : Les gagnantes du concours international. 2 2 > LA VIE de l’association p. 2 AFS France : Orientations : bol d’air pour les bénévoles p. 3 AFS France : L’actualité des programmes accueil et départ Un arc en ciel d’émotions p. 4 AFS dans le Monde : Cap sur l’Asie ! Episode 2 : la Thaïlande 5 > L’ACTUALITE des anciens p. 5 Martine et Robert en Laponie 6 > PAROLES d’AFS’ers p. 6/7 Ecrire la paix (suite) 8 > BREVES Hart, Silvia et Saraa lors de la remise des prix à Turin

Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

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Le journal trimestriel de notre association AFS Vivre Sans Frontière, à destination des bénévoles

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Page 1: Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

Ecrire la Paix :les gagnantesdu concours international”

Ed

ito

Le 21 septembre, à l’occasion du« Network meeting » de l’ensemble

des partenaires AFS à Turin, AFSIntercultural Programs a remis officiellementles prix du concours international d’écriturelancé en début d’année.

Pour mémoire, ce concours consistait pour desAFS’ers 2003-2004 et 2004-2005, à écrire un essaisur le thème « Peace through understanding ». Lejury international, composé de 3 personnalitésproches de AFS, a finalement attribué 3 prixparmi les 30 essais sélectionnés pour la compéti-tion internationale. Le premier prix est allé àl’Italienne Silvia Gambino pour son essai décri-vant sa découverte de l’islam pendant son annéeAFS en Tunisie. Un deuxième prix ex-aequo a étéattribué à Hart Ford-Hodges, américaine, pourson essai sur les « monstres » que sont cesstéréotypes culturels qui l’ont suivie jusque dans son année AFS enAllemagne, et à Saraa Pihlman, Finlandaise, pour un essai faisant appel àde nombreuses métaphores.Contacts publie dans ce numéro les 3 essais primés pour la première édi-tion de ce concours, qui devrait être reconduit l’année prochaine. Les tra-ductions françaises sont de Robert Kaminker, que nous remercions.Les 10 meilleurs essais de ce concours sont publiés dans un recueil enanglais, disponible sur demande auprès du service communication de AFSVivre Sans Frontière : [email protected].

Premier prix : Silvia Gambino, Italie1 an en Tunisie

« La Paix par la compréhension ».J’ai dû appeler un ami au téléphone pour comprendre ce que ça voulait dire.« A la base, cela signifie que si tu connais quelque chose, tu n’en as pas peur. »Ca signifie… N’aie pas peur, et que j’avais peur d’euxtout autant qu’ils avaient peur de moi !Cela fait maintenant sept mois.

Au début, je ne comprenais pas qu’unefemme puisse décider d’être une «medei-na » - de porter le hijab, le voile musul-man – de ne rien montrer de son corpssauf sa figure et ses mains et de pouvoirtout de même étudier, travailler, sortir,aller à la plage, danser et tomber amou-reuse.

(Lire la suite en page 6)

The dream of reasonChers “AFScionados”, apprêtez-vous à lire del'émotion, pure et unique, extraordinaire etmagnifique...50 ans après sa création AFS Italie a su montrer àtout le “monde AFS”, ô combien l'esprit de nosambulanciers était toujours là. C'est dans la ville royale de Turin que AFS Italie,dit “Intercultura”, a souhaité célébrer son demi-siècle d'existence, à la suite du network meetingdes partenaires AFS en septembre. Pendant troisjours, 2 500 personnes et 57 nationalités ontdéambulé dans les rues de la ville. Impossible dene pas voir les troupes de danses revêtues destee-shirts AFS, les fanfares itinérantes et les conti-nents de notre planète symbolisés par desconstructions en acier. Une cérémonie officielle a eu lieu le samedimatin, en présence des autorités italiennes etd'anciens AFS comme les extraordinaires “ambu-lance drivers” dont l'énergie et le charisme reste-ront uniques à jamais. Le Maire d'Hiroshima,l’Ambassadeur d'Italie en Iran, le président du“Nobel Peace Committee” étaient aussi présentset nous ont rappelé ô combien les rêves sontimportants. “I have a dream !”.Si le succès était tel, c'est parce que tous les béné-voles ont su se mobiliser, des bénévoles de tousâges, et de toute l'Italie. Le samedi soir, un immense dîner de gala à réuniplus de 1 500 personnes sous un même “toit”,pour souffler les bougies d'Intercultura. Il a étésuivi d'un concert de rock. Sans aucun doute, le samedi 24 septembre étaitl'endroit sur la planète où il fallait être pourcélébrer l'interculturel, mais aussi rappeler lesvaleurs de tolérance et de paix propres à AFS. Plus qu'un anniversaire, cet événement a été unmoyen pour montrer que AFS est toujoursaujourd'hui une organisation internationale etinterculturelle, dont les valeurs n'ont pas changé. En ce qui nous concerne, nous célébrerons notre60e anniversaire en 2007 et, à ce moment-là, ilfaudra que AFS Vivre Sans Frontière puisse mon-trer son importance, ceci tout en restant simple.Dès à présent nous devons commencer à réfléchirà nos envies et notre organisation. Dès mainte-nant tous nos moyens de communication doiventêtre utilisés pour faire en sorte que toutes lesidées puissent circuler et être débattues. Merci à Intercultura et à tous ses bénévoles, etencore merci à nos ambulanciers d'avoir su créerune passion dans nos cœurs.

Maximilien Marxer > Administrateurs

(Pour en savoir plus sur cet événement, lire l’ar-ticle page 3)

AFS VivreSans Frontière

Roberto Ruffino, directeur de AFS Italie, et Arthur Howe,ambulancier de l’AFS.

SOM MAIRE

1 > PAROLESd’AFS’ers

p. 1 Ecrire la paix : Les gagnantes du concoursinternational.

22 > LA VIEde l’association

p. 2 AFS France :Orientations : bol d’airpour les bénévoles

p. 3 AFS France :L’actualité des programmesaccueil et départUn arc en ciel d’émotions

p. 4 AFS dans le Monde :Cap sur l’Asie !Episode 2 : la Thaïlande

5 > L’ACTUALITEdes anciens

p. 5 Martine et Robert en Laponie

6 > PAROLESd’AFS’ers

p. 6/7 Ecrire la paix (suite)

8 > BREVES

Hart, Silvia et Saraa lors de la remise des prix à Turin

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LA VIE DE L’ASSOCIATION

AFS

FRANCE

AFS dans le

MONDE

2Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

l’écho des

RÉGIONS

Juillet 2005,

un café perdu entre les terminaux 2B et 2Dde l’aéroport Charles de Gaulle à Paris.Entre deux alertes à la bombe, deux cartesd’enregistrement perdues et de nom-breux (!) kilos de bagages en trop, l’équipedes « rouges » (auto-appellation des béné-voles depuis que le Siège national les aéquipés de tee-shirts rouge vif de transi-teurs bien visibles) a posé son quartiergénéral, du petit matin jusqu’aux derniersvols emmenant les accueillis, tard dans lasoirée. Entre temps, ce sont les Thaïlandaisqui se mêlent à nous pour quelques heures.Après une orientation pleine d’énergiestrès diverses, je rencontre un vieux camem-bert dans mon sac à dos : je ne sais plus bience qu’il fait là, mais une chose est sûre :il doit le quitter au plus vite. Après avoirmendié quelques cuillers en plastique ça etlà, je propose aux accueillis mon camem-bert plus que fait, m’attendant à deuxtypes de réaction : soit, « beurk, ça a unesale tête… » soit « ouah super, du camem-bert, c’est le dernier avant un bon bout detemps… ». Détrompez-vous : ils me répon-dent d’un ton très naturel : « Mais, il n’y apas de pain ! ». Mais c’est bien sûr, où avais-je la tête ! J’ai avalé mon camembert touteseule en pensant à tout ce chemin : uneannée AFS, c’est grandiose et c’estunique…

Septembre 2005,

c’est l’arrivée des nouveaux accueillis, pour3, 6 mois, ou un an. Tout frais, tout pleinsd’énergie. L’équipe des « rouges » est sur lepied de guerre, à l’affût, prête à brandirune pancarte AFS au premier avion qui

atterrit. Les salariés du Siège national abor-dent leurs « couleurs du monde » et leursportables d’urgence. Après un travail logis-tique incroyable de leur part, les imprévusde rigueur, et quelques épreuves crucialespatiemment surmontées par les chauffeursdes cars, les accueillis, exténués, arrivent (àma connaissance) tous à bon port. Alors,c’est le trajet du retour pour les béné-voles… Les retours d’orientation, char-nières, inévitables chutes vers la vie quoti-dienne après un bon bol d’air et d’étoiles…Et après la sieste de rigueur à laquelle ons’abandonne bien volontiers, le plaisir de seremémorer ces moments spéciaux…

Ces moments spéciaux, ce sont, en vrac : lesquelques mots échangés dans le RER (whatdoes that mean « AFS » ?) ; les accueillis quise couchent sans problème le soir ou quifont leur jogging à 4 h du matin (décalageshoraires et épuisement émotionnel obli-gent) ; les energizers, grande tradition AFSde jeux (plus ou moins) rigolos destinés à

briser les glaces et réveiller l’atmosphère ;les enthousiasmes des jeunes lorsqu’ilsapprennent qu’une famille les attend audernier moment ; les gros yeux quand lescarottes n’ont pas de goût de carottes ou laviande pas la couleur de la viande ; lesquelques mots en français échangés trèsvite ; les quelques mots échangés dansd’autres langues, que l’on n’a pas oubliéestant qu’on voudrait le faire croire ; lesjeunes qui se découvrent les uns les autres ;les flash-backs renvoyant à sa propre expé-rience, tous affalés à la même heure, dansles mêmes couloirs, dans les mêmes pyja-mas, à quelques années de là… Les penséespour les gens qui ne sont pas là et pour-raient y être, qui manquent parfois. Lesmoments précieux passés avec des êtreschers qu’on apprend, au fil des orienta-tions, à connaître. Les angoisses des jeunesque l’on arrive à dissiper ; les conseils quel’on veut donner, qui nous tiennent spécia-lement à cœur, et qui seront précieusementgardés ; les autres conseils que l’on veutdonner, qui nous tiennent spécialement àcœur, mais qui ne serviront à rien puisqu’onne peut apprendre la vie qu’en la vivant.Ces petits bobos désagréables, piqûres demoustiques sur les doigts de pieds ouautres voix perdues dans l’avion. Ces bribesde vies racontées en attendant un train, unavion ou un bagage, sources d’inspirationpour des bénévoles-auteurs-interprètes,qui régaleront d’autres générations d’ac-cueillis des mélodies inspirées ces derniersjours, dans ces talent-shows, toujours bou-dés, et finalement toujours applaudis…

Alors merci à tous pour ce bout de cheminfait ensemble ces derniers jours, et à toutesles familles, à tous les accueillis, une mer-veilleuse année…

* NDLR : prochains “bols d’air” : 30 nov-1er déc. :fin de séjour des accueillis 3 mois – 2-4 déc. : arri-vée des accueillis 2 mois - 27-29 janv. : arrivée desaccueillis 6 mois.

Orientations : BOL D’AIR*

pour les bénévoles ”

Par Magali Armengaud (1 an USA 1997)

Arrivée à l'aréroport pour quelques Thaïlandaises

Une partie des « Rouges » lors de l'orientation de fin de séjour.

Page 3: Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

LA VIE DE L’ASSOCIATION

3Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

AFS

FRANCE

AFS dans le

MONDE

Comment trouver les mots pour décrire ce que nous venonsde vivre… Une fois de plus, AFS nous arrache au temps, à l’es-pace, transforme une ville en Babylone, et alors que cesamedi 24 septembre 2005 se signait dans ses murs la trêveOlympique, Turin nous a mis le frisson…

l’écho des

RÉGIONS

AFS

FRANCE

AFS dans le

MONDE

l’écho des

RÉGIONS

Vendredi, bénévoles à l’affût, arrivés danstoutes les gares, et aéroports, on prendpossession de l’hôtel, on pose ses bagages,on découvre la ville, on fait les premièresrencontres… La plus significative fut sans aucun doutecelle faite par hasard à la terrasse d’un café,un vieux monsieur nommé EdwardMasback, plein d’humour, de gentillesse etde réalisme, bientôt rejoint par deuxautres, MM. Arthur Howe Jr et Ward B.Chamberlain. Nous avions face à nous troisambulanciers AFS… Il fut bien difficile defermer les yeux et de trouver le sommeil cesoir-là...Samedi matin, cérémonie officielle, Opérade Turin... Nous n’avions encore rien vu...Des discours poignants et plein de sens, unRoberto Ruffino* très ému à l’heure deprendre sa retraite, Imagine reprise enchœur par une salle comble, une standingovation de plusieurs minutes pour « nos »ambulanciers, et ces mots qui résonnentencore dans ma tête… « Quoi qu’il arrive,ne pas se plaindre mais tout faire pour quejamais personne n’ait à revivre cela... ».Une fois encore, les valeurs AFS étaient plusque présentes ce jour-là.

Après une après-midi de retrouvailles entreparticipants des mêmes programmes, à par-ler espagnol avec un Italien, anglais avecune Hongroise, français avec un Autrichienet québécois avec une Italienne, noussommes partis pour le dîner.Plus d’un millier de personnes réunies pourpartager une grande fête et boire duChianti cuvée AFS 2005, plus d’un millier depersonnes aussi différentes, des jeunes, desmoins jeunes, un mélange multicoloreétourdissant… « You are the rainbowpeople of peace ». Oh ! Comme ces motssonnent vrai tout d’un coup…Le défilé et le concert du dimanche ont closen apothéose un week-end déjà formi-dable, je me perdrais en superlatifs si j’es-sayais de vous décrire tout ce que nousavons ressenti… La fanfare des pompiers,les danseurs, le tableau final où les ban-nières se sont finalement assemblées pourne plus former qu’une seule image… Nous ne pouvons qu’applaudir le travailphénoménal qu’ont dû accomplir les béné-voles de toute l’Italie pour arriver à un telrésultat… Turin ne s’est pas faite en unjour !

En 2007, AFS Vivre Sans Frontière fêtera sessoixante ans… Nous devons nous mettre autravail dès aujourd’hui et tous ensemble,pour faire en sorte qu’AFS Vivre SansFrontière se souvienne de ses soixantebougies…

*Roberto Ruffino est directeur de AFS Italie.

Un ARC-EN-CIEL

d’émotions”

Par Mylène Vellay, administratrice

Par Caroline Barjon

L’actualité des programmes

ACCUEIL et DÉPART”

Côté départA l’heure actuelle, ce sont 312 jeunes Français qui sont en cours deséjour avec AFS. Parmi eux, 239 passent une année scolaire àl’étranger et 60 un trimestre. Quant au programme d’initiation audéveloppement, ils sont 13 à en profiter jusqu’à l’hiver.Concernant le recrutement en cours pour un départ en 2006, 31candidats sont dans les starting-blocks pour un départ cet hiver àdestination du Japon, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, et duCosta Rica. Et 90 sont inscrits pour partir une année scolaire l’étéprochain. Cette année, AFS met le « cap sur l’Asie » en proposantdeux nouvelles destinations du Sud-Est asiatique, l’Indonésie et laMalaisie, et des places supplémentaires sur la Chine, Hong Kong etla Thaïlande. Ces destinations feront l’objet d’actions de promo-tion ciblées. Pour mieux les connaître, n’hésitez pas à demandernos « focus pages ».

Côté accueilLe premier week-end de septembre a vu 234 jeunes gens dumonde entier rejoindre leurs familles d’accueil aux 4 coins de laFrance. Parmi eux, 178 sont en France pour une année, 26 pour unsemestre et 30 pour un trimestre.Et ce n’est pas tout ! 45 autres sont attendus pour 2 mois à partirdu 4 décembre. Ils viennent d’Afrique du Sud, d’Australie, duCosta Rica ou de la Nouvelle-Zélande. Et 60 participants venusd’Autriche, du Brésil, de Colombie, des Etats-Unis, d’Islande ou deHongrie seront en France pour 6 mois à partir du 29 janvier. Letrombinoscope joint à ce numéro de Contacts vous aidera à fairevotre choix parmi la multitude de nationalités. N’hésitez pas à lefaire circuler autour de vous et à contacter votre responsable localou Angélique Madelénat au 01 45 14 03 [email protected] pour de plus amples informations.

Vous avez envie de promouvoir AFS près de chez vous, dans unétablissement scolaire, une médiathèque ou un service jeunesse ?Demandez notre nouveau dépliant auprès du service communi-cation : [email protected]

Exposition sur AFS organisée dans une galerie à Turin

Page 4: Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

4Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

LA VIE DE L’ASSOCIATION

AFS

FRANCE

AFS dans le

MONDE

l’écho des

RÉGIONS

cours micro en main devant 50 à 60 élèves. Il est égalementhabituel de mobiliser les élèves et l’ensemble du corps ensei-gnant autour de projets fédérateurs. Ainsi, lors de notre pas-sage sur place, la Journée de la Science a mobilisé de nom-breux élèves pour la mise en place d’une grande journée decélébration des sciences : expositions réalisées par les élèves,démonstrations diverses, jeux, expériences, etc.Les lycéens portent l’uniforme : bermuda ou jupe plissée etchemisier. Pour les filles, il y a même une codification dans lacoiffure : cheveux courts sous l’oreille pour les plus jeunes,cheveux longs attachés par un ruban pour les plus grandes.Tous les matins les professeurs et les élèves se réunissent surle stade de l’école (ou devant les classes quand il n’y a pasl’espace disponible…) pour faire l’appel, entonner le chantnational, faire la prière bouddhiste et chaque groupe d’élèvedésigné réalise une présentation de son choix : karaoké ouchorégraphie de danse en général. A la bibliothèque dulycée, on peut également voir des groupes d’élèves préparerla revue de presse et en écrire la synthèse sur un tableaublanc. Ensuite les élèves se rendent en cours. Ils changent declasse et de matière toutes les heures avec une heure dedéjeuner le midi et finissent vers trois heures ou plus tard s’ilsfont parti d’un club de sport de l’école. Les rapports entre lesélèves et les professeurs sont très simples, proches et respec-tueux à la fois.

La vie de famille, telle que Anne l’a découverte à proximitéde Bangkok, et Caroline à Nan, au Nord du pays, est très soli-daire. On ressent une très grande proximité entre lesmembres du noyau familial (père et mère + un ou plusieursenfants) et avec les membres de la famille élargie (il n’est pasrare qu’un neveu ou une grand-mère vive à la maison, ouqu’une tante vienne régulièrement aider aux tâches ména-gères). Les membres de la famille passent beaucoup demoments ensemble et un grand respect est de mise dans lesrelations familiales et sociales : le salut tête inclinée et mainsjointes en est le symbole.

La religion fait partie intégrante de la vie quotidienne.A chaque fois que l’on passe devant Bouddha on le salue, etce selon un rituel qui veut que l’on ne pointe pas ses piedsdans sa direction. Les Thaïlandais sont bouddhistes à 95 %.Chaque foyer est doté d’un autel dédié à Bouddha et auxancêtres de la famille. Incontournable dans la culture thaï-landaise, le temple aux couleurs chatoyantes et aux formesondulantes, est visité régulièrement en dehors des cérémo-nies religieuses annuelles, à chaque fois que l’on a un vœu àfaire ou un souci. Mais le temple est avant tout le lieu de viedes moines. Ils y prient, s’y reposent, s’y restaurent, et exécu-tent des tâches de la vie quotidienne. Il est d’ailleurs possible pour les garçons, pendant leur annéeAFS en Thaïlande, de passer quelque temps dans un monas-tère en tant que « novice ».

L’environnement économique et social du district de l’écoledétermine la qualité et la richesse de celle-ci. Mais, faibles ouélevées, les ressources de l’école ne l’empêchent pas deconstruire un projet. Ainsi l’une des écoles visitées par Anne,près de Bangkok, dispose de peu de moyens. Ceci se traduitnotamment par peu d’ordinateurs, mais le directeur orientel’éducation vers l’artisanat thaï et l’agriculture, en plus descours de thaï, d’anglais et de mathématiques. A l’extrêmeopposé, Caroline a visité une « lab school » au Nord de laThaïlande. Il s’agit d’une école pilote qui expérimente l’utili-sation des nouvelles technologies dans l’enseignement. Lesélèves y étudient les maths sur ordinateur et utilisent un logi-ciel (conçu par la société française Auralog !) pour l’appren-tissage de l’anglais. Ce logiciel étant conçu pour apprendrel’anglais britannique, la jeune Américaine en cours de séjourAFS avait beaucoup de difficulté à lui faire accepter sa pro-nonciation !Une des caractéristiques des établissements scolaires est legrand nombre d’élèves (entre 1 600 et 2 800 dans les lycéesvisités par Caroline) qui ne rend pas rare le fait de faire son

Cap sur l’Asie – Episode 2 : La Thaïlande

En cette mi-août 2005, une bénévole de AFS Ile-de-France et unesalariée du Siège national s’apprêtent à (re)vivre un peu de ce que

l’on appelle « l’expérience AFS ». Cela se passe en Thaïlande, par unechaleur digne de la saison des pluies ; nous sommes invitées, parmi 39

représentants du réseau international AFS, à découvrir différents aspects de la vie quotidienne, et de la culture de cepays. Notre hôte est AFS Thaïlande, qui a mis les petits plats dans les grands : l’accueil qui nous est réservé est d’unequalité et d’une gentillesse extrêmes. Et le programme prévoit notamment une semaine en famille d’accueil et la parti-cipation à un grande orientation réunissant les 1 500 candidats sélectionnés pour un départ, parmi les 10 000 à s’êtreprésentés au test initial de pré-sélection…

Love, warmth

and hospitality”

Rencontre avec de futures participantes thaïlandaiseslors de la grande orientaion départ à Bangkok

Par Anne Gérardi et Caroline Barjon

Page 5: Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

5Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

LA VIE DE L’ASSOCIATION

« Nous nous régalons de viande de renne quasiment chaquejour, préparée de façon différente à chaque fois. Laila l'ac-compagne parfois d'un beurre parfumé, préparé à la baie degenièvre, nous expliquant que cette recette permettait deconserver le beurre plus longtemps, ou de masquer son goûtparfois un peu rance.Cela ne nous surprend guère lorsqu'elle nous déclare mali-cieusement avoir cuisiné plusieurs fois pour le Roi de Suèdedes choses un peu surprenantes... Une fois, elle lui a servi de lamâchoire de renne désossée, dont il s'est régalé sans savoir cequ'il mangeait, jusqu'à ce que Laila, facétieuse, lui en offre l'osnettoyé ! Nous goûtons également de la perdrix des neiges, du saumonsauvage, accompagnés de pains différents chaque jour, dechampignons et de plantes connues ou inconnues de nous. Lasoupe de bourgeons de sapins récoltés au printemps est déli-cieuse, celle faite avec des mousses poussant sur les pins s'avèreêtre un régal rappelant un peu le goût de l'artichaut (…). Pendant le tri de ce végétal qui ressemble à de la barbe, on sedéguise et on plaisante...Comme dessert, Laila nous régale des mûres arctiques de l'étédernier, en attendant celles de cette année. Ces rubus chamaemorus ou cloudberries en anglais, ont laforme de framboise, mais sont d'un jaune doré et sont sidouces qu'elles se préparent en soupe de fruits sans adjonc-tion de sucre (…).On ramasse aussi des plantes, que nous préparons ensuiteensemble : déclarée bonne pour les rhumatismes, la reine després fait aussi un délicieux sirop rafraîchissant coupé avec de

l'eau. Les feuilles d'angélique, qui ressemblent un peu aux épi-nards, se préparent en omelette et peuvent se faire sécherpour les longs mois d'hiver... Ou pour les voyageurs au longcours ! » (…)

* Pour rappel, Martine Zanelli est une ancienne partie en1977 aux USA. En janvier dernier, elle s’est embarquée avec

son mari Robert dans un tour du monde culinaire à bordd’une voiture quatre-quatre. Tous deux nous font suivre leurs

aventures dans chaque numéro de Contacts sans Frontière.

D’abord on mange le renne,puis on l’observe avec tendresse...

C’est au sud de Jokkmokk que Martine et Robertont franchi le Cercle Polaire

Aux dernières nouvelles, nos voyageurs-gastronomes, Martineet Robert Zanelli*, ont mis le cap en septembre sur les paysbaltes, après un été en Scandinavie qui les a menés jusqu’enLaponie, ce territoire à cheval sur la Norvège, la Suède et laFinlande. C’est à Salto Luokta, en Suède, qu’ils ont été initiés àla cuisine sâme (nom donné aux habitants de Laponie) par Laila,une spécialiste de la question. Extrait de leur journal de bord…

Martine et Robert

en Laponie”

AFS est animéessentiellementpar des profes-seurs de langueet jouit ainsid’une très

bonne implanta-tion dans les écoles. Ceci permet notamment à nos participants debénéficier, dans les premiers mois, d’un programme allégé mettantl’accent sur l’apprentissage de la langue et les activités culturelles.

A la manière dont nous avons été accueillies lors de nos différentesvisites dans les écoles, nous avons pu ressentir la notoriété de AFS enThaïlande, mais aussi la volonté de nous faire plaisir et de noustémoigner du respect en tant qu’étrangers. D’ailleurs, dans une écoledu Nord de la Thaïlande qui accueillait un unique participant AFSallemand, Jonas, les élèves avaient réalisé un tableau sur lequel onpouvait voir la photo de Jonas sous le logo AFS ainsi que les photosqui figuraient dans son dossier de candidature AFS, le tout surmontédes mots « Love, warmth and hospitality ».Et vous vous demandez si nous serions bien restées poursuivre notre« expérience AFS » pour une année entière en Thaïlande ?!

Apprentissage de l’anglais sur ordinateur dans une “lab scholl”

AFS

FRANCE

AFS dans le

MONDE

l’écho des

RÉGIONS

L’ACTUALITÉ DES ANCIENS

Love, warmth and hospitality”

Suite

Page 6: Contacts Sans Frontière - 2005 - Octobre-Novembre-Décembre

PAROLES D’AFS’ERS

La Paix par la Compréhension (suite)Par Silvia Gambino

Je ne comprenais pas que le « Ramadan » ne soit pas un mois desouffrance que l’on s’impose, mais une merveilleuse période pen-dant laquelle les écoles raccourcissent la durée des cours, les gensreçoivent des cadeaux, on souhaite « bon appétit » à des personnesqu’on ne connaît pas et on attend le coucher du soleil, tout à faitconscient du fait que l’on est sur le point de déguster de tels délicesqu’on ne peut s’empêcher de penser que cela valait la peine d’at-tendre…

Au début, ils ne comprenaient pas non plus.

Ils ont posé des questions sur l’Europe adulée et détestée, surl’Occident, royaume de Satan, sur le pays des miracles où l’argentpousse sur les arbres, où l’on peut boire du vin et vivre avec sa fian-cée sans être mariés, où les rapports son distants et froids, où cha-cun vit dans sa solitude et personne n’aime l’autre.Sept mois, ce n’est pas suffisant pour changer ces sentiments etdémontrer que ces stéréotypes sont faux.Mais des pas en avant ont été faits.

J’ai essayé d’expliquer, j’ai essayé de répondre à toutes les ques-tions, en restant calme quand elles étaient toujours les mêmes eten réprimant ma colère lorsqu’elles étaient extrêmement stupides.A ce stade, je sens que la plupart des gens avec qui je partage mavie n’ont plus peur de moi.

Même si…

Ma meilleure amie m’a dit : « Je t’aime, même si tu es chrétienne ».Ce n’était pas blessant, je l’aime aussi beaucoup, mais cela m’a faitréfléchir.Pourquoi ne peut-elle pas juste me dire qu’elle m’aime ?Pourquoi doit-elle dire « même si… ? »Ce n’est pas ta faute, Ghofrane, ils t’ont appris à penser comme ça.

Celui qui n’est pas musulman est un ennemi, et maintenant ilsemble que tu doives te justifier à toi-même le fait que tu m’aimes,bien que tu saches qu’il y a 18 ans, quand je n’étais qu’un bébé, unhomme étrangement habillé, qui ne peut pas se marier, a fait unsigne sur mon front et a déclaré que j’étais « baptisée ».

Quelle crainte et curiosité immense sont créées et continuent àêtre créées par ce signe !De nombreux mois ont passé avant que quelqu’un soit assez cou-rageux pour me demander : « Est-ce que je peux aller voir com-ment on célèbre la Messe ? Est-ce qu’on me laissera entrer ? Est-ceque je peux manger les chips ? »(Bon, essayer d’expliquer que nous parlons d’une « hostie » qui,pour les croyants, est le Corps du Christ, ce serait un peu compliquépour quelqu’un qui pense à une fête paroissiale où l’on sert deschips, mais ce sont là des malentendus amusants qui peuvent arri-ver !).

Il reste trois mois …

Peut-être, avant que je ne parte, Ghofrane me dira qu’ellem’aime… Point, à la ligne !

Peut-être rencontrerai-je quelqu’un d’autre comme Emin, un jeunehomme de 24 ans qui garde chez lui un exemplaire du Coran prèsd’un Evangile et, à ceux qui s’en offensent, répond simplement :« Qu’est-ce qui ne va pas ? Tous deux sont les livres de Dieu. »

Peut-être y aura-t-il une autre coïncidence astrale magique (c’estEmin qui m’en a parlé), comme en l’an 2000, quand Noël et la Nuitdu Destin (le jour le plus sacré du Ramadan) se sont confondus pen-dant les mêmes 24 heures et beaucoup de monde est allé d’uneéglise à une mosquée et vice-versa pour partager le caractère sacréde cette journée unique.

Il y a une autre bataille qui m’attend.

Il faut que je rentre chez moi et que j’explique patiemment à tousque les Arabes ne jettent pas des bombes à chaque minute, qu’ilsn’enferment pas leurs femmes dans leurs maisons et que le Corann’approuve pas l’effusion de sang.

Est-ce que je vais trouver les mêmes visages étonnés et offensésque j’ai trouvés en arrivant ici ?

Peut-être quelqu’un me dira :« Je t’aime, même si tu as vécu avec les musulmans ».C’est toujours comme ça…« Mon voisin, même s’il est noir, est un très brave type. »« Cette fille américaine, même si elle se promène à moitié nue, estgentille et polie. »« Cette famille, même s’ils sont musulmans, a l’esprit très ouvert. »Il y a toujours le besoin de justifier le fait d’aimer, et cependant legrand Khalil Gibran a écrit : « L’amour ne prend rien si ce n’est delui-même, il ne trouve pas de raison si ce n’est en lui même, il nepeut rien posséder ni être possédé, parce qu’aimer, c’est suffisantpour l’amour. »Ne nous aimons pas les uns les autres « même si ».Aimons-nous les uns les autres, point, à la ligne.

2e prix ex-æquo :Saraa Pihlman, Finlande, 1 an en Hongrie

La paix pour cible.L'aéroport de ma patrie était baigné par un crachin brumeux tôt cematin d'août ; une participante AFS, pesant aussi lourd que sesbagages, était en train de s'échapper vers la chaleur d'un pays loin-tain. Deux heures, des milliers de kilomètres et un million de bat-tements de cœur plus tard, cette même participante se retrouvait,déstabilisée, dans l'aéroport d'un pays étranger d'une températureplus élevée de trente degrés.

J'étais au début de mon marathon d'une année, me tenant prêteau départ, mon esprit déjà dans la course. Sans changer de conti-nent, toujours dans l'Union Européenne et arrivant dans un paysoù la langue parlée est un proche parent de ma langue maternelle,cela ne devrait pas vraiment me mettre face à un choc culturel quitransformerait mon image du monde. Et pourtant j'ai presque tré-buché sur cet obstacle dans les quelques premiers mètres. Lesséismes se sont manifestés furtivement. D'un seul coup, les diffé-rences de valeurs familiales, de rapports sociaux et de régime ali-mentaire, sans oublier la langue incompréhensible que l'on jasaitautour de moi, ont fait grincer, trembler et gronder comme le ton-nerre mes plaques tectoniques. Basculant et tanguant sur cettehoule de changement, je naviguais sur la crête de vagues aussihautes que des pics montagneux sortis du néant, pour me retrou-ver naufragée avec mon radeau de bambou sombrant vers un fondde mer fangeux, alors que je n'avais eu aucune prémonition de saprofondeur en ce matin pluvieux d'août.

Comment peut-on être autant affecté par un changement de cadrede vie d'une année, surtout lorsque, littéralement, je n'échangeaispas le Cercle Polaire contre l'île de Nauru ? Ayant repris ma respi-ration, j'ai réalisé que le parcours de mon marathon d'une annéed'échange ne suivrait pas seulement les voies que nous avions puenvisager avant de changer de pays. Pendant longtemps, j'ai étééblouie par cette partie de la route, et il me semblait que tout enmoi se reflétait en simples remerciements ou en coups d'œil vagueset candides. Je n'ai jamais dépassé cette phase du hall des miroirs.Cependant, il y a eu un changement en moi : le timonier stressé estdevenu un garde armé, parfaitement capable de me tomber dessuschaque fois que je commettais une stupidité.

Mon année n'est pas encore terminée, mais ce qui m'est déjà arri-vé semble m'avoir appris plus que mes vingt années dans mon paysnatal. Après les séismes, le sédiment au fond de mon esprit a étédécroché et répandu comme du gravier. Cela a été une longueépreuve, au cours de laquelle j'ai subi des tests d'endurance, decompréhension et de tolérance. J'ai réussi à racler les patelles demon gouvernail. Je suis maintenant convaincue que l'on ne peutréellement connaître sa propre culture qu'après avoir connu uneculture étrangère.

Comme les chapitres de l'histoire de la croissance d'un enfant, monannée a suivi un certain modèle : d'abord, la recherche d'un gironréconfortant où on apprend à se servir de ses mains et de sa têtepour arriver à une prise de conscience de soi-même – un corps-à-corps personnel dont il faut venir à bout rapidement. Puis vient laphase suivante, il faut atteindre l'indépendance parce que, dans letravail en équipe, l'individualisme est plus important qu'on ne le

6Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

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PAROLES D’AFS’ERS

7Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

croit. Connaître ses propres valeurs est essentiel, car c'est d'elles, etnon pas d'ailleurs, que vous pourrez exiger la flexibilité dans unesituation d'impasse. Lorsqu'un individu voit sa flexibilité dispa-raître et se transformer en rocher, il commence à se taper la têtecontre les murs et à grincer des dents. Quand le sol familier n'estplus là pour vous porter, et que connaître et parler de votre proprehistoire ne sert plus à rien pour résoudre un problème, on estperdu. Ce type de situation, c'est de la dynamite dans des conflitsdont la résolution passe par l’interaction mutuelle. Il y a des chosesque l'on ne peut accepter, et essayer de modifier de telles opinionsd'une façon violente et déterminée, n'est dans l'intérêt de per-sonne. Néanmoins, nous ne perdrions rien à faire une pause pourréfléchir à la distance que nous serions prêts à parcourir pourcomprendre les arguments avancés par notre adversaire. Dépasserl'égotisme, c'est le point de départ de la recherche de sa propreplace dans la vie, et jusqu'au moment de trouver sa propre per-sonnalité, celle-ci ne peut pas se mettre en place, et donc ne peutmûrir ni tendre vers de nouvelles solutions.

Il n'est pas difficile de placer cette chaîne d'événements dans unatlas que tout le monde connaît. Cela arrive tous les jours, maisnous en perdons la notion en changeant de perspective oud'échelle. Il s'agit principalement d'apprendre, et l'atout maîtredans le jeu de l'apprentissage profond d'une chose ou d'une autre,c'est la compréhension.

Sous la bannière d'AFS, j'ai changé ma vie pendant une année pourpromouvoir la paix. Je me suis quelquefois demandé jusqu'à quelpoint j'arriverais vraiment à promouvoir la paix pendant monannée. Comment pourrait me servir de savoir qu'un de mes amisgroënlandais ne doit pas se moucher en public ? Peut-être l'expé-rience personnelle est-elle la clef pour que l'année d'échangepuisse promouvoir la paix. Je ne peux pas essayer de changer lesrelations internationales par mes seuls efforts, mais la nature pro-fonde de l'expérience m'a convaincue en tant que personne dequelque chose. Elle m'a convaincue qu'en recherchant un nouveauchez soi, on doit déménager ; quand on demande aux autres d'ar-river à un compromis sur leurs exigences, il faut en faire autant soi-même ; quand on cherche à se faire comprendre des autres, il fautles comprendre. Parce que j'ai partagé mon année avec ma familled'accueil et mes amis, je suis sûre qu'ils ont aussi tiré quelque chosede mon expérience, sans parler de leur propre expérience de paysétrangers ou de l'accueil d'un étranger. Je sens que j'aurai réussimon projet si, en rentrant chez moi, je peux ramener un peu de lachaleur de mon pays d'accueil, des amitiés incroyablement pré-cieuses, une sagesse enseignée par mes expériences, et, par dessustout, le fait d'avoir appris à comprendre. Mon voyage dans monpays d'accueil aura duré une année, mais d'aucune façon n'arriveà sa fin. En tant que marathonienne ordinaire, je ne m'attends pasà rompre le ruban de l'arrivée, mais à le considérer comme monbut permanent qui est de garder mes objectifs clairement en tête :ne pas arrêter de chercher, ne pas oublier que le reste du mondecontinue à tourner, et trouver les autres moyens de rester la têtehors de l'eau à la surface de ses vagues – de viser la paix avec lesflèches de la compréhension et de la patience.

2e prix ex-æquo : Hart Ford-Hodges,Etats-Unis, 1 an en Allemagne

Les Monstres.A l’aéroport, il est facile de repérer les jeunes faisant un échange :des adolescents traînant des valises bourrées de sous-vêtementspour une année, de dictionnaires et de vingt kilos d’objets divers.La plupart du temps, le contenu exact est un mystère. Je me sou-viens avoir jeté sans trier la moitié de mon placard dans une valise.Il y a eu des surprises quand j’ai déballé mes affaires en arrivantdans ma nouvelle maison en Allemagne. Certaines de ces surprisesétaient désagréables et abstraites : des monstres appelés préjugé,stéréotypes, xénophobie, qui ont du se glisser silencieusement dufond de mon placard dans ma valise alors que j’avais le dos tourné.

Après les orientations AFS me préparant à une année enAllemagne, j’étais consciente de ces monstres qui me faisaient voirles Allemands comme des hommes costauds et moustachus tenantune chope de bière. Les Allemands auraient pu aussi me stéréoty-per en jeune AFS – « Another Fat Student » – qui avale des « BigMacs » et conduit un 4 x 4 gourmand en carburant. Je m’attendais

à ce que mon séjour élargisse mon monde latéralement entrel’Allemagne et les Etats-Unis en bannissant les monstres que sontles stéréotypes allemands et américains. Mon attente n’allait pasau-delà. Rétrospectivement, je me rends compte qu’en réalité, l’ex-périence a dépassé de loin mes idées préconçues. Elle m’a trans-formée, moi l’adolescente américaine moyenne, en citoyenne dumonde, me déployant verticalement, en diagonale, et en gonflantma poitrine comme l’hélium remplit un ballon. L’Allemagne et lesAllemands ne formaient qu’une partie de mon année, un débutqui s’est beaucoup épanoui. J’ai rencontré des participants italiens,australiens, indonésiens, chinois, mexicains. A l’école, j’ai apprisl’espagnol et le néerlandais. A la Croix Rouge, je me suis liée d’ami-tié avec des handicapés mentaux. Dans un environnement nou-veau et vibrant, je me suis recréée. J’ai vaincu mes monstres – lespréjugés à l’encontre des mères au foyer, des handicapés mentaux,des Français, des Musulmans. Mon monstre « préjugé contre lesMusulmans » a vécu et a disparu tout en silence.

Avant mon séjour, je cillais à peine quand j’entendais éructer d’unefaçon mordante le mot « Musulman ». Je n’approuvais pas les pré-jugés ; simplement je ne sentais pas que les tensions anti-musul-manes m’affectaient. Le fait de vivre dans un voisinage majoritai-rement américain traditionnel avait créé le vide entre moi et lesquestions concernant les minorités. De plus, la société semblaitapprouver le préjugé contre l’Islam. Les étiquettes sont devenues« militants islamiques » et « terroristes musulmans » comme si lareligion et la destruction étaient intimement liés. Bien sûr, je savaisdans ma tête que « Musulman » n’était pas égal à « terroriste ». Maisje ne le comprenais pas dans mon cœur parce que je n’avais jamaiseu l’expérience de définir « musulman ». Et puis, j’ai rencontré Kiki.

Elle paraissait une fée – c’est la seule façon de la décrire. A peineun mètre cinquante, Indonésienne aux longs cheveux noirs, à lapeau brune avec un grain de beauté sur la joue droite, et son Islam.Kiki portait sa religion d’une façon éloquente : tout juste un fou-lard blanc dans la poche. Elle couvrait de blanc sa chevelure noirecinq fois par jour pour prier. Je sentais qu’elle connaissait son Dieuet qu’elle l’aimait. Et outre cela, je connaissais Kiki. Elle habitait àune station de chez moi. Nous prenions le train ensemble pouraller aux réunions AFS. Puis nous allions à la Maison de la Jeunesse,avec quelquefois un détour pour acheter une glace et bavarderavec le propriétaire italien. Après la réunion, tous les jeunes AFS sepromenaient en ville, profitant de la nuit et aimant l’Allemagne.Petit à petit, nous nous séparions en groupes de deux ou de troispour rentrer en train dans nos familles d’accueil. Kiki et moi pre-nions le même train à 10 h 27, mais en général, nous le rations.Alors nous prenions encore de la glace ou du chocolat chaud enattendant le prochain train à 10 h 57. Ou alors, assises sur le quai,nous chantions des chansons de John Mayer. Kiki adorait JohnMayer, mais aucun Allemand ne le connaissait. Elle savourait nosintermèdes chantés. Courant dans les couloirs de mon école.Hurlant du plus haut de mes poumons.

Tranquillement, je me suis liée d’amitié avec ma premièreMusulmane. Ce fut une révolution. Soudainement, musulman nesignifiait plus groupe de terroristes radicaux et de dynamiteurs sui-cidaires que décrivent les médias. Musulman était devenu Kiki. Lafée indonésienne avait humanisé ma définition d’une minorité.

Dans l’avion qui me ramenait chez moi, j’avais un monstre demoins à transporter. Mes valises – même si elles débordaient de« Milchschokolade et de Gummibaeren » – étaient plus légèresd’une certaine façon. Ce séjour me renvoyait chez moi plus vide,plus libre, et sans peur.

Avant, j’étais une petite fille, terrifiée dans l’obscurité et ayantpeur des monstres qui s’y cachaient. Je croyais ceux qui me disaientd’éviter les endroits étranges pleins d’étranges personnages. Lemonde me terrifiait. C’est alors qu’AFS m’a poussé en plein milieud’endroits étranges et a bâillonné mes monstres. J’ai rencontré lemonde. J’ai écouté ma propre voix et le brouhaha des bizarreriesqui m’entouraient. J’ai appris à comprendre la langue, la culture etmoi-même. Je suis tombée amoureuse de la joie de vivre cetteexpérience. Maintenant je suis sans peur. J’ose étreindre le largemonde et la foule des monstres n’est plus là pour murmurer desmensonges dans mes oreilles.

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BRÈVES

La première Garden Party de AFSVivre Sans Frontière a réuni unecentaine de convives le 10 sep-tembre dans les locaux du Siègenational, à Fontenay-sous-Bois.Nous tenons à remercier tous lesparticipants qui ont bravédes conditions climatiquespeu clémentes pour venirse serrer les uns contre lesautres dans des bureauxtransformés pour l’occa-sion en salles de récep-tion. Les vins servis parPatrick Lacroix (AFS Bour-gogne) ont bien réchauffél’atmosphère et quelquesconvives se sont mêmeaventurés sous les ton-nelles disposées dans le

jardin (voir photo de l’équipe deAFS Flandre ci-dessous). A noter laprésence parmi nous à cette occa-sion de Madame Altmeyer, atta-chée à l’Ambassade d’Allemagneen France.

Ils nous ont rendu visite au Siège national Les salariés du Siège national ont eu le plaisir de recevoir récem-ment la visite de 2 représentants de notre réseau international.Ainsi fin septembre, Bert Vercamer, consultant en technologies del’information pour le Siège international de AFS, a passé unesemaine au Siège afin de former les salariés à l’utilisation de lanouvelle base de données, Global Link.Puis Karel Chour, directeur de AFS Guatemala, est venu discuteravec nous de la manière de promouvoir la destination Guatemalapour les programmes PID et une année scolaire.

Rencontre avec l’Ambassadeur des Etats-Unis Michèle Nepveu, présidente, et Philippe Peccatier, directeur, onteu l’honneur d’être reçus par son Excellence Monsieur CraigStapleton, Ambassadeur des Etats-Unis en France. La rencontres’est déroulée le 29 septembre, en présence de Alex Plinio, direc-teur de AFS Etats-Unis, en visite en France.

Echange de bénévoles françaiset japonais Dans le cadre de l’année deséchanges interpersonnels entrel’Europe et le Japon, AFS a réalisé unéchange entre bénévoles européenset bénévoles japonais. En France, c’estClaudine Covo (AFS Ile-de-France) etOlivier Boin (AFS Bourgogne) qui ontpassé le mois d’août au Japon. Puisquatre jeunes bénévoles AFS japonaisont passé le mois de septembre enFrance. Cet échange devrait résulterdans la rédaction d’un manuel des-tiné à faciliter les échanges de jeunesentre l’Europe et le Japon. Sa publica-tion est prévue pour janvier 2006.

De nouvelles têtes auSiège national L’équipe du Siège nationals’est enrichie ces dernierstemps de nouveaux collèguesfort sympathiques. AinsiDelphine Bardon nous arejoints en avril et elle assisteCatherine Chaumeron etAngélique Madelénat aurecrutement départ etaccueil.

John Hauert, 19 ans, est arrivéau Siège en septembre dans lecadre d’un « FreiwilligesSoziales Jahr », service civilallemand à l’étranger.Il est avec nous pour 12 mois ettravaille sur le développementdu réseau bénévole, les pro-grammes d’échanges del’Union Européenne et apporteson aide aux différents services.

Enfin, Sébastien Havouis faitson « come back » au sein de

l’association depuis le 10octobre, en tant que Coordi-nateur de la logistique et dudéveloppement du réseaubénévole. Nous leurs souhai-tons à tous la bienvenue !

Trimestriel : Octobre - Novembre - Décembre 2005

AFS VivreSans Frontière

Directeur de la publication :Philippe PeccatierRédaction : Caroline BarjonMaquette : Serge GarciaImpression : ImprimerieCompédit Beauregard S.A.61600 La Ferté-MacéTél : 02 33 37 08 33Tirage : 2 400 exemplairesAFS Vivre Sans Frontière46, rue du Cdt Jean-Duhail94120 Fontenay-sous-BoisTél : 01 45 14 03 10Fax : 01 48 73 38 32E-mail : [email protected] Web : www.afs-fr.org

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Une Garden Party bien « arrosée »

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