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210 NAÏM VANTHIEGHEM Chroniqued’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522 (*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé à publier ces deux documents, ainsi que Mme Sandra Hodecek, qui a mis à ma disposition des images de bonne qua- lité. J’ai bénéficié pour le second contrat de l’aide de Wissem Gueddich (CNRS – IRHT, Paris), qui a bien voulu déchiffrer pour moi le texte écrit en judéo-arabe ; je l’en remercie vivement. (1) N. VANTHIEGHEM, « Un contrat de location d’une maison en arabe (P. Brux. Inv. E. 8449) », CdÉ 88 (2013), pp. 188-197 (= Contratsdelocationarabes. I). (2) EinführungundChrestomathiezurarabischenPapyruskunde. Vol. 1 : Einführung(Prague, 1954), p. 230. Contrats de location arabes. II Cet article fait suite à une contribution parue dans un fascicule précédent de la Chronique ( 1 ). Les deux documents publiés ici sont conservés dans la Papy- russammlung de Vienne. Le premier est un fragment de contrat qui concerne la location d’une maison et qui provient de l’Hermopolite. Le second est un bail, dont l’objet n’est pas clairement identifiable, passé entre un juif et un musul- man. Ce dernier document présente une note en judéo-arabe, écrite par le pre- neur de bail au-dessus du corps du texte. 2. Fragment d’un contrat de location Coupon de papyrus de couleur brun clair. Le document est fort endommagé ; seule la marge de gauche subsiste. L’écriture, perpendiculaire au sens des fibres, est datable du IX e siècle ; elle est soignée et posée. Quelques lettres sont pour- vues de points diacritiques. Aucune date n’est conservée dans le texte, mais la présence d’un personnage bien connu, Allān fils d’al-Ḥasan, permet d’en situer la rédaction au milieu du III e siècle h. (vers 860), plus précisément avant 264, puisque nous savons qu’il avait quitté la région d’al-Asmūnayn pour le Fayoum au plus tard à cette date (voir comm. l. 4). Le document a été mentionné par A. Grohmann dans son Einführung pour illustrer l’utilisation des mois coptes dans les papyrus arabes ( 2 ). P. Vindob. Inv. A.P. 1691 Région d’al-Ašmūnayn 7,9 × 15,3 cm (FIG. 1) vers 250 h. / 860 ـرحيم[ الـ الرحمنله البسم] اد الحد اسرايل بن عمرو من اشمون مدينةلساكن البياع ا اسحق بن[ فلان اكترى ماهذا] الغربيلجانب ا في اشمون بمدينة الدار في بملكه له منزلاـنه[ مـ اكترى]

Contrats de location arabes. IIChroniqued’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522 (*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé

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Page 1: Contrats de location arabes. IIChroniqued’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522 (*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé

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NAÏM VANTHIEGHEM

Chronique�d’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522

(*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé à publier ces deux documents, ainsi que Mme Sandra Hodecek, qui a mis à ma disposition des images de bonne qua-lité. J’ai bénéficié pour le second contrat de l’aide de Wissem Gueddich (CNRS – IRHT, Paris), qui a bien voulu déchiffrer pour moi le texte écrit en judéo-arabe ; je l’en remercie vivement.

(1) N. VANTHIEGHEM, « Un contrat de location d’une maison en arabe (P. Brux. Inv. E. 8449) », CdÉ 88 (2013), pp. 188-197 (= Contrats�de�location�arabes. I).

(2) Einführung�und�Chrestomathie�zur�arabischen�Papyruskunde. Vol. 1 : Einführung�(Prague, 1954), p. 230.

Contrats de location arabes. II

Cet article fait suite à une contribution parue dans un fascicule précédent de la Chronique (1). Les deux documents publiés ici sont conservés dans la Papy-russammlung de Vienne. Le premier est un fragment de contrat qui concerne la location d’une maison et qui provient de l’Hermopolite. Le second est un bail, dont l’objet n’est pas clairement identifiable, passé entre un juif et un musul-man. Ce dernier document présente une note en judéo-arabe, écrite par le pre-neur de bail au-dessus du corps du texte.

2. Fragment d’un contrat de location

Coupon de papyrus de couleur brun clair. Le document est fort endommagé ; seule la marge de gauche subsiste. L’écriture, perpendiculaire au sens des fibres, est datable du IXe siècle ; elle est soignée et posée. Quelques lettres sont pour-vues de points diacritiques. Aucune date n’est conservée dans le texte, mais la présence d’un personnage bien connu, ῾Allān fils d’al-Ḥasan, permet d’en situer la rédaction au milieu du IIIe siècle h. (vers 860), plus précisément avant 264, puisque nous savons qu’il avait quitté la région d’al-Asmūnayn pour le Fayoum au plus tard à cette date (voir comm. l. 4). Le document a été mentionné par A. Grohmann dans son Einführung pour illustrer l’utilisation des mois coptes dans les papyrus arabes (2).

P. Vindob. Inv. A.P. 1691 Région d’al-Ašmūnayn7,9 × 15,3 cm (FIG. 1) vers 250 h. / 860

[بسم الله الرحمن الـ]ـرحيم ↓[هذا ما اكترى فلان] بن اسحق البياع الساكن مدينة اشمون من عمرو بن اسرايل الحداد

اكترى مـ]ـنه منزلا له بملكه في الدار بمدينة اشمون في الجانب الغربي ]

Page 2: Contrats de location arabes. IIChroniqued’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522 (*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé

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CONTRATS DE LOCATION ARABES. II

FIG. 2. — P. Vindob. Inv. A.P. 8916. © ÖNB, Wiener Papyrussammlung.

FIG. 1. —�P. Vindob. Inv. A.P. 1691. © ÖNB, Wiener Papyrussammlung.

Page 3: Contrats de location arabes. IIChroniqued’Égypte LXXXIX (2014), fasc. 177 – doi: 10.1484/J.CDE.5.102522 (*) Je souhaite remercier ici le Professeur Bernhard Palme, qui m’a autorisé

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ÉGYPTE CHRÉTIENNE ET ARABE

] . علان بن الحسن سنة كاملة اثنا عشر شهرا اولهن توت ] بدينـ]ـار واحد عينا ذهبا مثقال جياد حساب قيراطيـ[ـن] لكل ] 5

] . . . [.] . . المنزل . . بالـ . [. . . . . .] . . . . . . [. . .] [شهر _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

2 اسمون 3 اسمون 4 الحسن - سنه

« Voici ce qu’a pris en location Untel fils d’Isḥāq, marchand de son état, habi-tant la ville d’Ašmūn, à ῾Amrū fils d’Isrā’īl le forgeron ... Il a pris en location auprès de lui [scil. du propriétaire] une maison qui est à lui et lui appartient dans le domaine de la ville d’Ašmūn, dans le district occidental ... ῾Allān fils d’al-Ḥasan pendant une année complète de douze mois, le premier de ces mois étant le mois de Tūt ... pour le prix d’un dīnār�en or, de plein poids et de bon aloi, soit pour le prix de deux qīrāṭs�chaque mois... »

2 manzilan lahu bi-milkihi Pour un parallèle, voir CPR�XXVI 13, 4.3 al-ǧānib al-ġarbī Une subdivision occidentale de la ville d’al-Ašmūnayn apparaît

entre autres dans CPR�XXVI 7, 3 et 13, 4, ainsi que dans P.�Chrest.�Khoury�II 24, 4. Une subdivision entre quartier est et quartier ouest de la ville d’Hermoupolis est déjà attestée à l’époque romaine, par exemple dans BGU� XII 2135, 7 et dans P.�Coll.� Youtie� II 75 ; d’autres subdivisions voient le jour à l’époque byzantine (cf. CPR�XXIII 33, comm. aux ll. 3-4). Sur les différentes subdivisions de la ville d’Hermoupolis / al-Ašmūnayn à partir de l’époque arabe, voir A. GROHMANN, « Contributions to the Topography of Al-Ushmûnain from Arabic Papyri », Bulle-tin�de�l’Institut�d’Égypte�21 (1938-39), pp. 211-214, en part. pp. 212-213 et P.�Phi-lad.�Arab.�12, comm. à la l. 3.

4 ῾Allān ibn al-Ḥasan Un personnage de ce nom apparaît comme témoin instrumen-taire dans P. Vindob. Inv. A.P. 1845, 8 (édité par A. GROHMANN, « Probleme der arabischen Papyrusforschung II », Archiv�Orientální�6 [1934], pp. 377-398, no 16), qui est daté de 248 et semble provenir de l’Hermopolite, ainsi que dans P.�Mar-chands�I 8, 13, qui est daté de 264 et provient du Fayoum. Le nom ῾Allān est suf-fisament rare dans les documents – on n’en trouve, outre les deux textes mention-nés, qu’une seule attestation papyrologique (P.�Cair.�Arab. IV 234, 15-16 ) – pour que l’on puisse penser qu’il s’agit d’un seul et même personnage qui, à un moment donné de sa vie, a émigré de l’Hermopolite vers le Fayoum. Je ne sais pas ce que vient faire ce personnage dans notre texte.

5 bi-dīnār wāḥid Il est difficile d’évaluer l’importance du loyer exigé dans le contrat. Nous ne possédons pour l’époque que deux baux établis pour la location de biens situés à al-Ašmūnayn : dans CPR XXVI 12 une boutique est louée pour le prix d’un 1 ½ dīnār (290) et dans�P.�Chrest.�Khoury I 63 (IIIe siècle), une maison est louée pour le prix d’un ½ dīnār. Le loyer d’un dīnār dans notre document semble donc concorder avec les loyers connus pour l’époque dans la région d’al-Ašmūnayn.

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CONTRATS DE LOCATION ARABES. II

3. Contrat de location contracté par un juif auprès d’un musulman

Coupon de papyrus brun clair. Les marges de gauche et de droite ainsi que la marge supérieure subsistent. La partie inférieure du document a disparu ; on ne peut préciser l’ampleur de la lacune. L’écriture court parallèlement au sens des fibres ; elle est simple et fruste. Le texte, quoique écrit en arabe standard, pré-sente quelques particularités dans l’expression et suggère que le rédacteur était peu rompu à la rédaction des documents juridiques. Le document n’a conservé aucune date, mais l’écriture permet de proposer une datation au IXe siècle. On notera, dans la marge supérieure gauche du document, la présence de deux lignes écrites en judéo-arabe. Ceci permet d’affirmer que cette version du contrat était conservée dans les archives du locataire, ῾Aṭā᾿fils de Nu῾aym, qui était juif, et non dans celles de Bilāl fils de ῾Abd Allāh, le bailleur, qui devait être lui musulman. Notre texte est écrit au verso d’un protocole arabe édité par A. Groh-mann (CPR�III 354). Le contrat de location avait déjà été présenté en substance par J. von Karabacek (PERF�816).

Le juif ῾Aṭā᾿ fils de Nu῾aym prend en location, pour la durée d’une année complète, à Bilāl fils de ῾Abd Allāh une pièce (?) pour le prix de trois dīnārs�et dix qīrāṭs. Le loyer est payé en espèce pour une part et en nature, plus particu-lièrement en produits textiles, pour l’autre. Le frère de ῾Aṭā᾿ fils de Nu῾aym semble aussi participer au règlement du loyer. L’objet loué pourrait avoir servi pour une activité commerciale, probablement dans l’industrie textile.

P. Vindob. Inv. A.P. 8916 Provenance inconnue9,1 × 13,4 cm (FIG. 2) IXe siècle

כרא סודתוה קבד דינר ועשר קרריט ודינר מין ←כסוה ורובע דינר צוף ונצף מין וחיה

بسم الله الرحمن الرحيم هذا ما اكترى عطا بن نعيم اليهودي

اكتر<ا> بلال بن عبد اللـ[ـه] غرفة سنة كا[ملة] 5اثنا عشر شهر اكتراه ثلاثة الدينر وعشـ[ـرة]

قراريط في السنة وقد وصل الى بلال [بن عبد الله دينر] وعشـرة قراريط و. . .

_ _ _ _ _ _ _ _ _

lisez 1-2 كرا سدته قبض دينر وعشر قراريط ودينر من كسوه وربع دينر صوف و نصف <دينر> من أخيه 5 بلال

« (en�judéo-arabe) Loyer que j’ai honoré. Il a reçu un dīnār�et dix qīrāṭ�et un dīnār�de vêtements, un quart de dīnār�de laine et un demi dīnār�de la part de son frère. (en�arabe) Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux. Voici ce qu’a

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ÉGYPTE CHRÉTIENNE ET ARABE

pris en location ῾Aṭā᾿ fils de Nu῾aym, le juif. Il a pris en location à Bilāl fils de ῾Abd Allāh une pièce pour une année complète de douze mois. Il l’a pris en location pour trois dīnārs�et dix qīrāṭs�l’année. Un dīnār�dix qīrāṭs�(en espèce) sont parvenus à Bilāl fils de ῾Abd Allāh ... »

1-2 Il n’est pas rare que des informations complémentaires soient inscrites dans la marge supérieure des contrats ; on songera entre autres aux nombreuses marques d’enregistrement rédigées par les notaires en haut à gauche (sur cette question, voir Y. RĀĠIB, Actes�de�vente�d’esclaves�et�d’animaux [Le Caire, 2006], p. 118, § 312-313). La note écrite ici en judéo-arabe est une sorte de memorandum�rédigé par ῾Aṭā᾿ après l’établissement du contrat de manière à conserver une trace de la répartition du loyer. Ce dernier a été payé en partie en espèces (en dīnār), en partie en nature (en vêtements ainsi qu’en laine) ; si l’on fait la somme des paiements recensés dans le memorandum, on constate néanmoins qu’il manque un quart de dīnār par rapport à la somme mentionnée dans le texte arabe (ll. 6-7). Le paiement en produits textiles suggère que ῾Aṭā᾿ fils de Nu῾aym exer-çait le métier de tisserand. La pièce qui lui était louée par Bilāl fils de ῾Abd Allāh pourrait dès lors avoir servi d’atelier à ῾Aṭā᾿.

2 niṣf <dīnār> min ᾿aẖīhi La mention d’un paiement d’un demi dīnār�par le frère de ῾Aṭā᾿ laisse penser que les deux frères travaillaient, peut-être en société (šarika), dans le même atelier.

4-6 hāḏā mā ktarā ... iktar<ā> ... iktarāhu Sur cette formule, voir Contrats�de�loca-tion�arabes.� I, en part. pp. 192-193, comm. à la l. 2. Le rédacteur commet une faute en faisant du verbe iktarā�un verbe doublement transitif. L’usage montre que cette forme verbale s’emploie dans les documents juridiques avec le simple accusatif de la chose louée ; le nom du bailleur est quant à lui introduit par la préposition min� (« de »). Pour des exemples, voir P.� Cair.� Arab.� II 92, 2 (IIIe siècle) et P.�Chrest.�Khoury�II 24, 2 (383 h.). La faute est peut-être due à une confusion avec une autre forme dérivée, la forme IV ᾿akrā, qui est elle double-ment transitive et était plus fréquemment utilisée dans les contrats de location.

4 ῾Aṭā᾿ibn Nu῾aym al-yahūdī Le nom du locataire ainsi que celui de son père sont arabes et non juifs. Il n’est cependant pas exclu que cet homme avait, à côté de son nom arabe, un nom hébreu. Plusieurs documents de la Geniza montre en effet que des juifs pouvaient être tantôt appelés par leur nom hébreu, tantôt par leur nom arabe. Sur cette question voir D.S. GOITEIN, A�Mediterranean�Society.�The�Jewish�Communities�of� the�Arab�World�as�Portrayed� in� the�Documents�of�the� Cairo� Geniza� (Berkeley - Los Angeles - Londres, 1967-1993), II, p. 237. ῾Aṭā᾿ pourrait être la traduction du nom hébreu Nathan, comme dans le cas du père du nagid Abraham (voir D.S. GOITEIN, A�Mediterranean�Society, II, p. 24). Je ne vois pas à quel nom hébreu Nu῾aym pourrait renvoyer.

5-6 sana kāmila ᾿iṯnā ῾ašara šahran Sur cette formule, voir Contrats� de� location�arabes.�I, p. 193.

6 ṯalāṯa al-dīn(ā)r (sic !) wa-῾ašara qarārīṭ La grammaire exigerait que l’accord du mot dīnār�se fît au pluriel, puisqu’il est précédé d’un numéral compris entre trois et dix ; on attendrait donc ṯalāṯa� al-danānīr. Cette absence d’accord est cependant courante dans les documents, par exemple dans P.�Philad.�Arab.�12, 4 (275 h.). De la même manière, la grammaire interdit en principe qu’un numéral soit suivi d’un mot défini par l’article al-. Cette règle est généralement respectée

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CONTRATS DE LOCATION ARABES. II

dans les documents, sauf dans le cas des unités monétaires comme les mots dīnārs� ou dirhams. On trouve par exemple ṯalāṯat� al-danānīr dans� P.� Chrest.�Khoury�II 22, 11 (IIe siècle h.) et tis῾�al-danānīr�dans P.�Vente�20, 5 (2e moitié du IIIe siècle h.)  ; sur cette question de syntaxe, voir S. HOPKINS, Studies� in� the�Grammar�of�Early�Arabic.�Based�upon�Papyri�Datable�to�before�300�A.�H./912�A.�D.�(Oxford, 1984), pp. 183-185, § 188.

7-8 qad waṣala ῾ilā Bilāl ibn ῾Abd Allāh dīnār wa-῾ašara qarārīṭ La grammaire exigerait, puisque le sujet dīnār�wa-῾ašara�qarārīṭ�est au pluriel, la forme fémi-nine qad�waṣalat  ; néanmoins cette faute est courante dans les papyrus, comme dans P.�Yale Inv. 1214, 5-6 (205 h.) (édité par C. TORREY, « An Arabic Papyrus Dated 205 A.H. », JAOS�56 [1936], pp. 288-292) et P.�Cair.� Arab.� II 89, 5-6 (209 h.). Sur la question, voir S. HOPKINS, Studies�in�the�Grammar, p. 140, § 141 d. La formule qad�waṣala�᾿ilā�fulān�ibn�fulān�kaḏā�wa-kaḏā�dīnār�(« Autant de dīnārs sont parvenus à Untel fils d’Untel »), qui indique la réception du prix d’un loyer ou d’une vente par le bailleur ou le vendeur, est rare, mais est attestée dans quelques contrats des trois premiers siècles de la conquête, par exemple dans P.�Chrest.� Khoury� II 14, 5-6 (190 h.), P.� Cair.� Arab.� II 89, 5-6 (209 h.) et P.�Philad.�Arab.�12, 4 (275 h.). Les documents de ce type utilisent plus volontiers la formule qabaḍa�fulān�ibn�fulān�... (« Untel fils d’Untel a reçu ... ») pour indi-quer la réception du prix.

Aspirant�F.R.S.�–�FNRS Naïm VANTHIEGHEMUniversité�libre�de�Bruxelles