17
Pr. Amina TOURABI Page 1 Contribution à la description du comportement d’innovation dans les organisations : Cas des PME en Industrie Agroalimentaire Pr. Amina TOURABI [email protected]/ [email protected] Enseignante chercheuse - ENSA Université IBNZOHR Agadir - Maroc Résumé L’innovation aujourd’hui s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer un produit, un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale ou d’une légère amélioration de type incrémental, tant que le résultat mène à une exploitation finale réussie. Notre papier propose de rassembler et d’étudier les différents facteurs qui peuvent expliquer le comportement d’innovation dans les organisations exerçant dans le secteur d’industrie agroalimentaire au Maroc. Notre choix a porté sur les PME du fait qu’elles sont les plus habiles à innover afin de répondre à des objectifs de croissances et de développement et de compétitivité. Si l’innovation se révèle aujourd’hui un pôle important d’avantages nous avons relevé cependant qu’elle reste un phénomène complexe dont l’intégration passe par des obstacles et des barrières inhibant son développement (passivité et culture peu favorable au changement, complexité de la réglementation, esprit d’entreprise peu présent, aversion pour le risque, sources de financement insuffisantes). Devant les difficultés rencontrées par les PME pour réussir leurs stratégies innovation, elles se contentent de s’inscrire dans le développement des processus d’apprentissage des techniques et des pratiques déjà innovées. Mots clés : Notion d’innovation, comportement d’innovation, déterminants organisationnels de l’innovation, capacité à innover, motivations à l’innovation.

Contribution à la description du comportement … · marchés, ou encore les nouveaux types d'organisation industrielle. La conception plus récente de l’innovation, ... commerciale,

Embed Size (px)

Citation preview

Pr. Amina TOURABI Page 1

Contribution à la description du comportement

d’innovation dans les organisations : Cas des PME

en Industrie Agroalimentaire Pr. Amina TOURABI

[email protected]/ [email protected]

Enseignante chercheuse - ENSA Université IBNZOHR Agadir - Maroc

Résumé

L’innovation aujourd’hui s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer

un produit, un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale

ou d’une légère amélioration de type incrémental, tant que le résultat mène à une exploitation

finale réussie.

Notre papier propose de rassembler et d’étudier les différents facteurs qui peuvent expliquer

le comportement d’innovation dans les organisations exerçant dans le secteur d’industrie

agroalimentaire au Maroc.

Notre choix a porté sur les PME du fait qu’elles sont les plus habiles à innover afin de

répondre à des objectifs de croissances et de développement et de compétitivité.

Si l’innovation se révèle aujourd’hui un pôle important d’avantages nous avons relevé

cependant qu’elle reste un phénomène complexe dont l’intégration passe par des obstacles et

des barrières inhibant son développement (passivité et culture peu favorable au changement,

complexité de la réglementation, esprit d’entreprise peu présent, aversion pour le risque,

sources de financement insuffisantes).

Devant les difficultés rencontrées par les PME pour réussir leurs stratégies innovation, elles se

contentent de s’inscrire dans le développement des processus d’apprentissage des techniques

et des pratiques déjà innovées.

Mots clés : Notion d’innovation, comportement d’innovation, déterminants

organisationnels de l’innovation, capacité à innover, motivations à l’innovation.

Pr. Amina TOURABI Page 2

Introduction

Dans un environnement de crise où l’entreprise se trouve face aux impératifs de la

mondialisation, à la montée en puissance de la concurrence, à la nouvelle économie du savoir,

et aux différentes problématiques liées au développement durable, la gestion de l’innovation

est devenue pour les entreprises une préoccupation stratégique permanente.

Notre champ de recherche s'articule initialement autour du management de l'innovation. C'est-

à-dire la mise en œuvre des techniques et dispositifs de gestion destinés à créer les conditions

les plus favorables au développement des innovations.

D’ailleurs, si le concept d’innovation correspond à la matérialisation et à la commercialisation

d’une idée, il est devenu un important catalyseur pour l’organisation, lui permettant de créer

et de sauvegarder de la valeur ajoutée.

Plusieurs questions se posent dans le contexte des PME du secteur d’industrie agroalimentaire

dans la région du SOUSS MASSA DRAA dans la mesure où on voulait caractériser leur

comportement vis-à-vis de l’innovation. Le présent travail constitue une ébauche d’une

contribution à la description du comportement d’innovation des organisations en question.

On se posait les questions sur les déterminants organisationnels de l’innovation, sur la

capacité d’innovation, et sur les obstacles qui se présentent devant la réalisation de

l’innovation.

Hypothèses : H1 les organisations montrent une certaine passivité vis-à-vis des activités

d’innovation (expliquée par la faiblesse des moyens financiers, ou par une position

monopolistique créant des barrières à l’entrée) ; et H2 : les organisations montrent une

réactivité et parfois une pro activité vis à vis des activités d’innovation à travers le

renforcement des motivations à l’innovation et les facteurs qui influencent la capacité à

innover.

Méthodologie :

Notre recherche qui est à caractère exploratoire insérée dans une épistémologie

constructiviste, propose de rassembler et d’étudier les différents facteurs qui peuvent

expliquer le comportement d’innovation dans les entreprises exerçant dans le secteur de

l’industrie agroalimentaire dans le région SOUS MASSA DRAA.

Le travail s’est basé sur l’étude des résultats de l’enquête Innovation 2102 réalisée sur la

région Sous Massa DRAA et qui a porté sur plusieurs secteurs. Sur 48 entreprises étudiées,

23 constituent des unités exerçant en industrie agroalimentaire, soit 48% des unités de la

région.

Le présent travail discutera dans la revue de la littérature : le concept et typologie

d’innovation, importance de l’innovation dans les organisations, déterminants

organisationnels d’innovation et les incertitudes liées à l’innovation. Dans un deuxième lieu et

pour discuter du comportement d’innovation des entreprises nous allons évoquer le profil des

organisations étudiées : les PME, présentation du secteur d’industrie agroalimentaire et puis

de ses particularités, ses opportunités et ses faiblesses, et caractéristiques d’innovation dans le

secteur.

1. Revue de Littérature

Pr. Amina TOURABI Page 3

1.1.Concept et typologies d’innovation

Depuis Schumpeter, qui l’a définie comme une destruction créatrice de la valeur (1930), elle

est devenue un concept multidimensionnel concernant aussi bien les nouveaux objets de

consommation que les nouvelles méthodes de production et de transport, que les nouveaux

marchés, ou encore les nouveaux types d'organisation industrielle.

La conception plus récente de l’innovation, la définie comme la mise en valeur économique

au sein de l’entreprise de l’invention, est plus restrictive puisque l’on distingue habituellement

l’innovation de produit (mettre sur le marché des nouveaux produits ou des produits plus

performants en offrant plus de fonctionnalités et plus d’efficiences) de l’innovation de

processus reposant quant à elle sur l’amélioration technique des processus de production, ou

des méthodes de gestions de production.

La définition de l’innovation peut aussi se faire sous deux grandes approches : L’approche

fonctionnelle (fonction technique, commerciale, financière, administrative, et humaine qui

innove pour rechercher l’implication la plus efficace des salariés).

La seconde approche opérationnelle permet de distinguer l’innovation de rupture, qui modifie

complètement une situation antérieure d’innovation d’adaptation qui n’a que des effets

d’amélioration d’une technique, d’un produit. On oppose aussi l’innovation réactive et

l’innovation proactive selon que l’entreprise lance une action d’innovation en réagissant à des

menaces immédiates ou qu’elle stimule l’innovation pour se donner une marge supérieure

d’initiative.

La question de l’innovation a été aussi abordée par de nombreux experts actuels de la gestion

d’entreprise comme Peter Drucker et Edward Roberts et aussi, Michael E. Porter, pour

qui « l’innovation implique des améliorations en matière de technologie et une meilleure

manière de faire les choses. Elle peut se manifester par des changements dans les produits ou

les processus, de nouvelles approches marketing, de nouveaux modes de distribution, une

nouvelle portée. Les innovateurs ne répondent pas uniquement à des possibilités de

changement; ils forcent les choses afin que l’innovation se produise plus rapidement. En

pratique, une grande partie de l’innovation, est basique et incrémentale plutôt que radicale.

Elle résulte davantage de l’accumulation de petits progrès que de grandes découvertes

technologiques. Elle trouve souvent son origine dans des idées qui, sans être réellement

neuves, n’ont jamais été pleinement utilisées.

Typologies d’innovation

Les travaux de Schumpeter [1934] proposaient une typologie des innovations selon les cinq

variantes suivantes :

- L’introduction d’un nouveau produit ou l’amélioration qualitative d’un produit

existant. "The introduction of new goods -that is one with which consumers are not yet

familiar- or of a new quality of goods." ;

- L’introduction de nouvelles méthodes de production. "The introduction of a new

method of production, which needs by no means be founded upon a discovery

scientifically new, and can also exist in a new way of handling a commodity

commercially."

Pr. Amina TOURABI Page 4

- L’ouverture de nouveaux marchés. "The opening of a new market that is a market into

which the particular branch of manufacture of the country in question has not

previously entered, whether or not this market has existed before.";

- Le développement de nouvelles sources d’approvisionnement en biens de production.

"The conquest of a new source of supply of raw materials or half - manufactured

goods, again irrespective of whether this source already exists or whether it has first

to be created.";

- Les évolutions de l’organisation industrielle. "The carrying out of the new

organization of any industry, like the creation of a monopoly position (for example

through trustification) or the breaking up of a monopoly position."

Le secteur de l’industrie agroalimentaire reflète en réalité, une prédisposition à l’introduction

et l’utilisation de nouvelles méthodes dans les processus de production, accompagnée d’une

exploration de nouveaux débouchés (américain, européen, et arabe…).

Si l’innovation s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer un produit,

un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale ou d’une

légère amélioration de type incrémental (améliorant ainsi la compétitivité des entreprises,

augmentant le bien-être social des citoyens et favorisant la croissance durable), elle peut

prendre selon le manuel d’OSLO deux formes principales : "innovation de procédé" d’une

part et "innovation de produit" d’autre part.

"L’innovation technologique de procédé" correspond à l’adoption de méthodes de production

nouvelles ou sensiblement améliorées. Elles permettent la production de produits nouveaux,

ou simplement améliorés, qu’il serait impossible d’obtenir à l’aide des installations ou des

méthodes classiques. Alternativement, elles permettent d’augmenter le rendement dans la

production des produits existants. Elles peuvent enfin conférer davantage de souplesse à la

production, abaisser les coûts ou bien encore réduire les déchets, les atteintes à

l’environnement, les coûts de conception des produits ou améliorer les conditions du travail.

De manière générale, l’entreprise qui introduit une innovation de procédé vise à obtenir des

avantages de coût afin d’accroître ses parts de marché ou ses profits pour les produits

concernés.

Un "produit technologiquement nouveau" est un produit dont les caractéristiques ou les

utilisations prévues présentent des différences significatives par rapport à ceux produits

antérieurement. De telles innovations peuvent faire intervenir des technologies radicalement

nouvelles, ou reposer sur l’association de technologies déjà existantes, mais mises en œuvre

dans de nouvelles applications. Un "produit technologiquement amélioré" est un produit

existant dont les performances sont sensiblement augmentées ou améliorées. L’innovation de

produit vise à créer de nouveaux marchés, sur lesquels l’entreprise innovante sera

temporairement en situation de monopole.

1.2.Importance de l’innovation dans les organisations.

Les organisations sont conscientes aujourd’hui que l’innovation est devenue pour elles

l’élément clé de leur survie, leur croissance et leur développement (Acs et Audretsch, 1990).

Pr. Amina TOURABI Page 5

Pour ces organisations, une plus forte capacité d’innovation est censée contrebalancer leur

plus grande vulnérabilité dans un environnement concurrentiel et dans la nouvelle économie

fondée sur le savoir. Ainsi, l’innovation de produits permettrait aux PME de maintenir leur

position sur le marché ou leurs relations avec leurs clients importants, alors que l’innovation

de procédés ou l’innovation technologique viserait l’amélioration de leur compétitivité par

une réduction des coûts de production et une augmentation de la flexibilité de l’appareil

productif (OCDE, 2007).

(Nonaka et Takeuchi 1995) affirment que l’innovation permet aux entreprises de renforcer

leur compétitivité et leur position concurrentielle sur les marchés. Elle leur permet de :

- d’augmenter leur productivité,

- d’améliorer la qualité de leurs produits ou de leurs services

- de développer des compétences clés

- d’améliorer leur compétitivité hors-prix.

Michel Porter souligne que l’innovation est la clé de la compétitivité des entreprises parce

qu’elle conditionne leur capacité à maintenir des avantages concurrentiels durables sur des

marchés évolutifs. C’est donc un facteur déterminant de la compétitivité et de la rentabilité

des entreprises et par conséquent un élément essentiel de la stratégie de l’entreprise.

L’innovation ne se manifeste pas forcément sous forme de résultat d’un processus linéaire,

qui selon l’approche classique serait issu de l’enchaînement des processus allant de la

recherche scientifique à l’implantation commerciale. En réalité, les opportunités d’innovation,

et en conséquence l’obtention d’avantages compétitifs durables, peuvent survenir au niveau

de n’importe quel élément du monde complexe de l’activité d’entreprises, sans qu’un

enchaînement de processus soit nécessaire.

Ainsi innover permet de bénéficier d’un avantage concurrentiel en termes de coût ou d’offre

produit. Dans ce cas, l’entreprise pourra soit appliquer une stratégie de baisse des prix ou une

stratégie d’accroissement des marges. La stratégie de différenciation est souvent adoptée par

les PME innovatrices leur facilitant la coexistence à côté des grands groupes.

1.3.Les déterminants de l’innovation

L’analyse des déterminants économiques et organisationnels d’innovations constitue de fait

un travail relativement complexe, mais toujours d’actualité.

Sa relative complexité provient du fait que les comportements d’innovation résultent

d’interactions dynamiques et stratégiques par nature, qui induisent des phénomènes difficiles

à appréhender tant d’un point de vue théorique qu’empirique.

Pour une organisation, de nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer la décision

d’innovation, on distingue deux ensembles de facteurs :

Facteurs affectant la capacité technologique à innover

Selon [Pisano 1990], le premier ensemble de facteurs regroupe ceux qui expliquent la

capacité technologique de l’entreprise à innover. De fait, même les entreprises les plus

Pr. Amina TOURABI Page 6

avancées technologiquement ont besoin pour innover de connaissances extérieures à leur

organisation.

En plus de leurs éventuelles activités propres de R&D, ou de veille technologique, les

entreprises font appel pour innover à des sources de connaissance extérieures multiples, que

ce soit en achetant des licences ou des services externes de R&D, en attirant des chercheurs

qualifiés qui disposent des compétences pertinentes pour l’entreprise, ou encore en

s’engageant dans des coopérations de R&D avec d’autres entreprises pour des contributions

théoriques, ou avec des instituts de recherche (Cohen, Nelson et Walsh [2002].

Facteurs affectant les profits anticipés à innover

Les facteurs susceptibles d’affecter les profits (coûts et revenus) qu’une entreprise peut retirer

de ses innovations constituent un deuxième ensemble de déterminants de l’innovation mis en

lumière dans la littérature. Cette dernière souligne que ce profit à innover est issu du pouvoir

de marché engendré par l’introduction du nouveau produit ou du nouveau procédé de

production.

Les analyses schumpéteriennes initiales (Schumpeter [1934]) prédisaient qu’un degré accru

de concurrence, en réduisant les profits du monopole innovateur, ne pouvait que réduire les

incitations à innover.

Gilbert et Newberry [1982] montrent que dans un modèle d’enchères, les entreprises

dominantes innovent de façon persistante par stratégie préemptive, afin de limiter l’accès du

marché aux entrants potentiels.

Dans cette configuration, il n’y a pas de "course" technologique et l’entreprise en place n’est

jamais menacée. Cependant, parler de "persistance" à innover dans ce contexte est peut-être

abusif, car l’ampleur du renouvellement technologique (c’est -à –dire l’intensité des activités

d’innovation) est susceptible d’être faible du fait de la faiblesse des incitations conférées à

l’entreprise en place.

Plusieurs auteurs ont discuté des variables influençant l’innovation au sein des organisations à

savoir les compétences des ressources humaines, intensité des NTIC, la courbe de

l’expérience de l’entreprise, l’organisation de l’entreprise, les capacités financières, le

département recherche et développement, l’entrepreneur : Expériences, formation, stratégie,

environnement externe (localisation, pays, marché clientèle, commerce, secteur, taille,

ressources humaines et ressources financières, flexibilité et contrôle, collaboration,

information, performance, rentabilité, croissance, productivité, exportation).

1.4. Les incertitudes liées à l’innovation : rentabilité incertaine

La rentabilité de l’innovation reste incertaine. Elle peut être liée aux contraintes de réalisation,

au cadre institutionnel, aux risques dus au rythme de diffusions des innovations et aux risques

liés au financement.

1.4.1. Incertitudes issues des contraintes de réalisation

- En ce qui concerne le positionnement du produit nouveau : une attention insuffisante

portée à cet aspect de la commercialisation entraîne l'échec du produit introduit. Tous

Pr. Amina TOURABI Page 7

les projets d’innovation ne sont pas forcément réalisables par l’organisation car ils ne

correspondent pas aux besoins ou aux attentes des consommateurs.

- la protection de l'innovation: Le monopole n’est que temporaire. En effet, quelle qu'en

soit l'originalité, l'innovation introduite (brevet, marque de fabrique modèle...) n'assure

qu'un avantage compétitif provisoire, voire illusoire comme pour le cas du secteur de

la grande cuisine tant l’efficacité des brevets est faible. Pour qu'il cesse de l'être,

l'innovation doit être permanente au sein de la firme. La liaison marché-produit-

technologie: Elle doit être assurée quoiqu'il advienne. Elle suppose donc que

l'entreprise adopte une stratégie de grappes technologiques, c'est-à-dire d'activités liées

par une même technologie.

- Le personnel: Les chances de réussite de l'innovation sont fortement liées à la

motivation et à la formation du personnel qui la met en œuvre. Il doit être préparé à

l'introduction du produit nouveau et, s'il y a lieu, aux tâches nouvelles qui lui

incombent.

1.4.2. Incertitude liée au cadre institutionnel

La rentabilité de l’innovation est incertaine du fait de ses effets anti-concurrentiels.

L’innovation a un impact sur la structure (nombre de concurrents) et sur la nature

(concurrence hors-prix) de la concurrence elle peut donc conduire à des distorsions par

rapport au modèle concurrentiel traditionnel (concurrence pure et parfaite) et donc à des

situations de non optimalité parétienne. Soucieuses d'une allocation optimale des ressources,

les autorités pourront concevoir une politique visant à surveiller les effets anti-concurrentiels

de l'innovation, faisant ainsi disparaître les profits supplémentaires attachés à l'innovation.

1.4.3. Incertitudes liées au rythme de diffusion des innovations:

Le rythme accéléré des innovations qui contribue au raccourcissement du cycle de vie des

produits rend les stratégies de leadership très risquées.

1.4.4. Incertitude liées au financement:

L’innovation absorbe beaucoup de ressources au cours de ses différentes phases qui sont

lourdes. Les sources de financement sont limitées. En internes le financement est réalisé

grâce au budget de recherche développement et à la capacité d’autofinancement des

entreprises et en externe à l’aide du capital risque, et des subventions de l’Etat. Les risques

encourus sont fortement liés à l’incertitude qui accompagne l’innovation dans ces différentes

phases. Notons aussi qu’au Maroc un projet d’innovation peut ne pas voir le jour du fait

simplement que l’innovateur peut trouver des difficultés liées au financement très lourd en

matière de brevets.

2. Comportement d’innovation des organisations étudiées

2.1.Profil des PME marocaines

Les PME marocaines sont présentes dans presque tous les secteurs économiques ayant une

prédominance dans le secteur manufacturier et commercial.

Selon les données Inforisk, SA18, en se basant sur la définition de la charte des PME, le

nombre des entreprises dont le chiffre d’affaires est entre 3 et 75 millions de dirhams en 2008

et 2009 est aux alentours de 57754 sociétés et 96% de ces sociétés ont un chiffre d’affaires au

cours des deux derniers exercices inférieur à 3 millions de dirhams. Ceci montre clairement

que le tissu économique marocain est, en effet, constitué de petites à très petites entreprises,

voire micro entreprises.

Pr. Amina TOURABI Page 8

Ces mêmes entreprises, qu’elles soient des micros, très petites entreprises ou PME, se

caractérisent généralement par une faiblesse des actifs immobilisés, avec une dominance de

l’actif circulant et une fragilité de la structure de l’actif ce qui s’explique par la nature même

de la PME marocaine qui a souvent des activités intensives en mains d’œuvre contrairement

aux entreprises industrielles.

Cette nature pourrait être une conséquence des difficultés de financements auxquels font face

les PME, car cette contrainte pourrait les pousser vers des activités peu capitalistiques.

Les PME marocaines se caractérisent aussi par la faiblesse des actifs incorporels. Dans les

pays développés, la source de la compétitivité entre les entreprises réside dans les formes

immatérielles de l’investissement, telles que le R&D, les brevets et licences. De plus, les PME

marocaines ont souvent un niveau excessif de stocks, ce qui immobilise des liquidités, crée

des besoins de fonds de roulement ce qui augmente les besoins de financements.

Ces niveaux élevés de stocks pourraient être à l’origine d’une mauvaise gestion de la part de

l’entreprise ou bien la concurrence sur le marché qui pourrait pousser la PME à commander

des quantités plus importantes par rapport à leurs besoins afin de bénéficier de certaines

remises. La qualité et le coût de la logistique concernant les PME qui importent pourraient

également expliquer les stocks excessifs. Les PME évitent les incertitudes et les retards de la

chaine logistique et n’ont pas de choix sauf accumuler les stocks.

2.2.Le secteur de l’industrie agroalimentaire au Maroc

Au Maroc, l’industrie agroalimentaire regroupe l’ensemble des activités industrielles

destinées à la transformation des matières-premières issues de l’agriculture, de l’élevage ou de

la pêche en produits alimentaires destinés à la consommation humaine et animale.

L’industrie agroalimentaire marocaine constitue la deuxième branche industrielle du pays

avec près de 30% de la production industrielle totale (juste après celle de la chimie avec

40%). Il est à noter que 16% à 17% de la production de cette branche est exportée

annuellement.

Le secteur de l’industrie agroalimentaire (IAA) occupe une place stratégique dans l’économie

nationale et compte 1990 entreprises en 2010, représentant 25% du total des établissements

industriels constitués principalement de PMI à hauteur de 95%. Ce secteur présente des

capacités de développement énormes vu les potentialités agricoles et agroindustrielles du

pays.

Toutefois, le secteur reste, dans son ensemble, caractérisé par un système productif fragile et

structurellement faible, notamment au niveau des exportations.

Avec plus de 2,6 milliards de dirhams d’exportation et 5700 emplois permanents en 2010

(dont 53% sont des femmes), le secteur des fruits et légumes transformés occupe une position

de choix dans le tissu économique et social national. Il participe significativement au

développement de la production agricole en la valorisant et en assurant un débouché pour

certains produits agricoles.

Le secteur d’industrie agroalimentaire couvre une large nomenclature des activités

économiques regroupant les branches industrielles relatives aux boissons, fruits et légumes,

Pr. Amina TOURABI Page 9

viandes, poisson, lait, corps gras, farines et gruaux, céréales, aliments pour animaux, tabac

ainsi que d’autres produits alimentaires.

Le secteur agroalimentaire, est particulièrement marqué par l’importance de l’innovation

incrémentale et cumulative du fait notamment d’un comportement plutôt conservateur des

consommateurs face aux changements alimentaires (Gallizi, Venturini 2008). Ce type

d’innovation nécessite moins d’investissement en recherche et développements, mais ce

secteur comporte des segments de marché et des sous secteurs très innovants où des

opportunités technologiques peut générer de l’innovation produit plus radicale et plus

consommatrice en recherche et développements.

2.3.Particularité su secteur

Force est de constater que la composition du secteur de l’IAA est assez disparate. En termes

de taille, certaines branches sont caractérisées par un nombre important de petites unités

comme l’industrie de fabrication de la farine (pâtisserie moderne), alors que d’autres sont

relativement concentrées (sucre, huile de graines, lait).

En ce qui concerne le marché, certaines branches sont plus orientées vers le marché extérieur

(fruits, légumes et poisson) alors que d’autres sont exclusivement liées au marché intérieur

(branche des corps gras, industrie laitière, transformation des céréales, industrie de viandes,

industrie des boissons). La branche des fruits et légumes est dominée par l’activité de

conservation des légumes et des fruits, suivi des jus, et des préparations à base de tomate.

Les grandes entreprises agroalimentaires sont soit des groupes nationaux (groupe ONA,

Holmarcom, Ynna Holding, etc…) soit des entreprises étrangères (Coca cola, Nestlé, Danone,

P&G, Savola, Uniliver, etc…).

La répartition de la production des IAA, par région montre la dominance du grand Casablanca

qui s’accapare environ le tiers de cette industrie, suivi de la région de Sous Massa Draa avec

14%.

2.4.Opportunités du secteur

Le plan Emergence lancé en 2005, a pour objectif de permettre au Maroc de mieux se

positionner dans les échanges mondiaux et de résister face à la montée en puissance des pays

asiatiques. La stratégie arrêtée préconise, à long terme, un changement profond du secteur à

travers une meilleure valorisation des ressources agricoles et une offre exportable diversifiée

et compétitive.

Ce changement exigera de plus en plus la sécurisation de l’approvisionnement, le

renforcement du tissu productif national permettant l’émergence de firmes industrielles

compétitives et l’encouragement de la recherche et développement dans le secteur...

Par ailleurs, la progression soutenue de la consommation mondiale des fruits et légumes

transformés ouvre de meilleures perspectives pour l’industrie marocaine, pourvue qu’elle

intègre parfaitement les impératifs de qualité et de normalisation.

Aussi, la libéralisation du commerce international et la mise en œuvre des accords de libre

échange avec certains pays partenaires, offrent de réelles opportunités d’accès des produits

agricoles transformés marocains en général et des conserves végétales en particulier à des

marchés potentiels (marché américain, marché arabe…). Dans ce même sillage, l’ouverture

Pr. Amina TOURABI Page 10

sur le marché africain constitue l’une des priorités majeures de la nouvelle stratégie de

promotion des exportations.

D’autre part, on relève un taux d’urbanisation croissante de la population marocaine, avec un

changement des habitudes alimentaires et l’augmentation subséquente de la demande en

produits agricoles transformés, ce qui dénote l’existence d’énormes opportunités de

croissance du secteur.

Faiblesses du secteur

L’industrie alimentaire nationale demeure dans son ensemble un système productif fragile et

structurellement faible.

A part quelques entreprises mieux intégrées ou filiales de multinationales qui réalisent des

résultats satisfaisants, les performances du secteur demeurent globalement en deçà de ses

potentialités.

Les faibles taux d’investissement, le retard technologique, la sous qualification du capital

humain, la prédominance du travail précaire, la faiblesse de l’innovation et de la qualité ainsi

que les carences de l’organisation managériale des entreprises, caractérisent l’évolution

structurelle de cette industrie agroalimentaire.

Ainsi, les faibles taux de croissance de la productivité et des taux de valeur ajoutée sur une

longue période témoignent des difficultés auxquelles sont confrontées les industries agro-

alimentaires pour réaliser une mutation devant induire des changements importants au niveau

de la fonction de production et un approfondissement de l’industrialisation du secteur avec

leurs effets sur l’industrialisation de l’agriculture.

Si le tissu productif est constitué fondamentalement de PME, le secteur connaît un

développement rapide du phénomène de concentration qui prend deux formes : d’une part,

l’élargissement du poids des grandes entreprises dans la production globale de l’industrie en

question et d’autre part, la constitution et l’extension des « groupes agro-alimentaires ». De

même, une grande partie des produits exportés sont de faible valeur ajoutée.

L’industrie alimentaire nationale remplit, dans le cadre de son insertion dans l’économie

mondiale (division internationale de travail) une fonction bien précise : celle de produire des

produits n’ayant subi qu’une simple transformation et mis à la disposition de firmes et

capitaux internationaux qui en tirent le maximum de valeur ajoutée et de profit.

Cette évolution indique donc que l’IAA marocaine est de plus en plus orientée vers une

tendance à l’enclavement et non dans un processus de domestication ascendante de la valeur

ajoutée. Depuis plusieurs années, cette industrie s’est inscrite dans une tendance à la perte de

compétitivité non seulement sur les marchés extérieurs mais aussi au niveau du marché

domestique.

Certes, les pratiques protectionnistes de l’Union Européenne qui constitue le principal

débouché de nos produits ont contribué à cette situation. De même, la faiblesse de la qualité

de nos produits, le niveau relativement élevé de nos coûts de production ainsi que l’incapacité

de nos industriels à innover en matière de diversification des produits et des marchés ont été

déterminants en matière de recul de la compétitivité externe des entreprises nationales.

Il reste à souligner que le caractère très contraignant de l’environnement interne dans lequel

évolue les IAA explique à son tour, et dans une large proportion, leur faible performance : les

difficultés d’approvisionnement des usines en matière premières agricoles, la faiblesse de la

demande solvable, les problèmes du financement et particulièrement pour les petites et

Pr. Amina TOURABI Page 11

moyennes entreprises, le coût élevé du transport, de l’emballage et de l’énergie et la faiblesse

de la recherche dans toute la sphère agro-alimentaire (au niveau de l’agriculture et de

l’industrie de transformation). En somme, le processus d’accumulation propre à l’IAA souffre

de défaillances et se trouve confronté à d’importantes contraintes au niveau de ses trois phases

: la phase de mobilisation du capital, la phase de mise en valeur du capital et enfin la phase de

réalisation.

Le modèle des cinq forces de Michel Porter préconise qu’un secteur sera d’autant plus

concurrentiel :

- Qu’il est composé de nombreuses entreprises ou qu’elles sont de tailles équivalents;

- Que les barrières à l’entrée sont faibles, laissant libre l’entrée de nouveaux

concurrents;

- Que les clients et les fournisseurs constituent des groupes concentrés susceptibles

d’imposer leurs objectifs en particulier en matière de prix;

- Qu’il existe des matériaux de substitution susceptibles de remplir les mêmes fonctions

que les biens produits, et qui, à long terme menacent même l’existence du secteur;

- Qu’il s’agit d’un secteur mature dans le quel le recul de la croissance intensifie la lutte

pour les parts de marchés.

Le secteur d’industrie agroalimentaire marocain: est t’il un secteur concurrentiel au sens de

Michel Porter ?

La structure de la composition du secteur en termes de taille entreprise relève l’existence de

deux pôles importants : le premier regroupe des grandes entreprises multinationales

accaparant une part importante des marchés, et le deuxième englobe plusieurs entités de taille

moins importante sous forme de PMI représentant 95% du groupe.

Cette situation est loin de refléter une équivalence de structure composant le secteur, puisque

les grandes entités peuvent constituer des clans qui empêchent l’arrivée de nouveaux entrants.

La structure actuelle du secteur permet aux fournisseurs de se regrouper et constituer un poids

susceptible de leur permettre d’imposer leurs objectifs. Cependant les clients se trouvent

incapables d’avoir un bon positionnement leur permettant la réalisation de leurs objectifs en

termes de prix et de qualité.

Les produits de substitution pouvant remplir les mêmes fonctions que les biens du secteur

sont beaucoup plus attendus des différentes innovations incrémentales et radicales proposées

par les entreprises. D’ailleurs le secteur est très attractif en termes d’innovation ce qui

prolonge durablement la phase de croissance du secteur.

La nature de ce secteur dégage aussi certains problèmes stratégiques relevant de l’industrie en

amont à savoir :

- Le positionnement produit : il renvoie au type de produit que l’entreprise va choisir de

faire les en amont. Elle peut choisir de ne pas produire tous, et de se spécialiser dans

certains d’entre eux ;

- Le deuxième problème est d’établir une sorte de méta-segmentation qui va déterminer

les marchés que l’entreprise servira. En effet, si une entreprise amont est susceptible,

par nature, de fournir une multitude de marché, rien ne l’y oblige a priori. (LENFLE

Pr. Amina TOURABI Page 12

1992). Elle peut parfaitement décider de se concentrer sur un type de marché précis,

voir sur un segment de marché;

- Le degré d’intégration : le dernier problème consiste à déterminer les relations de

l’entreprise avec les stades de transformations en aval et, dans une moindre mesure,

avec son amont. Doit t elle se limiter strictement à la première transformation de la

matière, ou au contraire chercher à contrôler, par des moyens à définir, les stades de

transformation aval.

La combinaison de ces éléments donne naissance à un grand nombre de solution possibles, de

la grande entreprise multi-produits intégrée au spécialiste d’un produit concentré sur un

marché final qui illustre la complexité de la situation stratégique des industries amont.

2.5.Caractéristiques de l’innovation dans l’Industrie agroalimentaire

2.5.1. Définition de l’innovation dans les PME marocaines :

Pour les PME marocaines, une innovation est la possibilité de la mise en œuvre d’un produit

(bien ou service), ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle

méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les

pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures.

Le secteur agroalimentaire, est particulièrement marqué par l’importance de l’innovation

incrémentale et cumulative du fait notamment d’un comportement plutôt conservateur des

consommateurs face aux changements alimentaires.

Ce type d’innovation nécessite moins d’investissement en recherche et développements, mais

ce secteur comporte des segments de marché et des sous secteurs très innovants où des

opportunités technologiques peut générer de l’innovation produit plus radicale et plus

consommatrice en recherche et développements.

Les PME du secteur cherchent à réaliser plusieurs objectifs à travers l’adoption des politiques

d’innovation, tel que un bon niveau de productivité (réduction du coût de la main d’œuvre,

augmentation de la capacité de production, réduction du temps de production, accroissement

de la souplesse de production) au niveau produit (prolongement de la gamme produit,

amélioration de la qualité des produits, livraison plus rapide du produit sur le marché,

remplacement des produits éliminés graduellement), diminution de la consommation des

matériaux, diminution des dégâts environnementaux, diminution de la consommation

d’énergie, réaction à de nouveaux règlement.

Ainsi beaucoup d’opportunités d’innovation peuvent intéresser les PME, elles peuvent porter

soit sur le fond, soit sur la forme à savoir : amélioration des produits, améliorations

incrémentales, améliorations des processus, réduction des coûts, rationalisation, améliorations

des systèmes d’information, organisation, gestion de l’information, nouveaux designs,

simplification, réduction du délai de mise sur le marché, veille, innovation quant aux concepts

d’entreprise, révision des tâches de la chaîne interne de valeur, facteurs liés à

l’environnement, norme/législation, fournisseurs/clients/concurrents, changements dans

l’environnement socio-économique, environnement, produits alternatifs / de substitution

Généralement, les PME de l’industrie agroalimentaire sont marquées par des leviers de

compétitivités trop faibles. Des leviers de compétitivités trop faibles :

Pr. Amina TOURABI Page 13

- Un amont très peu concentré : l’agriculture au Maroc ne s’est pas modernisée aussi

vite que le tissu agricole dans d’autres pays concurrents ce qui crée un obstacle

supplémentaire à la compétitivité des industries agroalimentaires ;

- Très peu de PME ont la capacité ou l’envie d’exporter, soit par manque de

connaissance de cette activité, soit par manque de moyens humains et financiers, soit

en raison des barrières fortes rencontrées par leur produit à l’export, ou encore du fait

de l’incapacité de produire en grande quantité ;

- Un faible niveau de recherche et développement : (moins de 1% du Chiffre d’affaires

2012) ;

- Un niveau de risque financier élevé expliqué par la faiblesse du niveau des marges

dégagées par les entreprises, des recettes qui ne peuvent pas être protégées par des

brevets, des tensions de prix… ;

- La nature des innovations réalisées par les entreprises étudiées du secteur est souvent

invisible par le consommateur du fait qu’elle agit au niveau du contenu nutritionnel

(Exemple : vitamine A et D etc …)

- Des marges nettes trop faibles pour attirer de nouveaux investisseurs (innovation

radicale), ainsi que les investisseurs initiaux (innovation incrémentale).

Des structures de coûts complexes :

- La volatilité des prix des matières premières, qui est aujourd’hui difficile à anticiper ;

- Les prix de transport pèsent lourd dans le prix de revient des produits, avec

l’augmentation des coûts de l’énergie, la logistique deviendra de plus en plus une

faiblesse pour les entreprise en agroalimentaire ;

- La diversité des marchés servis : la position de la firme agroalimentaire l’amène à

servir une multitude de besoins, multitude d’exigences, d’emplacement, et de choix.

Des obstacles à l’innovation

Parmi les facteurs qui rendent l’intégration de l’innovation dans la gestion de l’entreprise une

tâche difficile pour les PME marocaines, nous avons relevé les éléments suivants: une culture

des entreprises et gérant peu favorable au changement, la complexité de la réglementation, -

esprit d’entreprise peu présent, aversion faible pour le risque, lenteur administrative de

brevetage et de protection, rigidité dans le domaine du travail, faible qualification des

ressources humaines sources de financement insuffisantes, le niveau concurrentiel des

marchés, etc …

Ces obstacles constituent aussi des facteurs importants dans la capacité d’innovation des

PME.

Capacité d’innovation des PME marocaines dans le secteur industrie agroalimentaire :

Trois paramètres jouent sur la capacité d’innovation des entreprises :

- Les choix d’organisation internes des agents : l’influence de l’architecture interne de

la firme en termes de structure et en termes des modes de circulation de l’information;

- Leur mode de coordination et de coopération avec les partenaires externes : relations

externes que l’entreprise tisse avec son environnement (en amont et en aval) ;

Pr. Amina TOURABI Page 14

- Leur capacité à capter les connaissances dans son environnement : l’ensemble des

caractéristiques territoriales, marchandes et institutionnelles de l’environnement de la

firme.

Prenant en considération les particularités du secteur étudié à savoir le positionnement

produit qui renvoie au type de produit que la firme va choisir de le faire en amont, d’un autre

côté, la multiplicité et la diversité des marchés que l’entreprise peut servir, et en fin le degré

d’intégration de l’entreprise, les PME étudiées se trouvent motivées à l’innovation par

l’existence et la continuité des performances financières, par un besoin important du marché.

Entre autres, le niveau de complexité du processus est sensé être acceptable et finançable.

Les facteurs qui définissent la capacité à innover des organisations

Les déterminants de la propension à innover des PME peuvent être regroupés comme suit : le

niveau du chiffre d’affaires, l’effectifs des salariés, le degré d’ouverture internationale

(Export), l’appartenance de la firme à un groupe, taux et rythme d’investissement (corporels

et incorporels), taux de rentabilité, le positionnement stratégique dans la région, effectifs des

ingénieurs et des techniciens dans l’ensemble des salariés, l’attractivité du secteur à

l’innovation, le profil du Gérant de la firme.

Pr. Amina TOURABI Page 15

CONCLUSION

L’innovation aujourd’hui s’entend surtout comme la possibilité de changer ou de transformer

un produit, un processus ou un système de gestion, qu’il s’agisse d’une modification radicale

ou d’une légère amélioration de type incrémental, tant que le résultat mène à une exploitation

finale réussie.

Notre papier a proposé de rassembler les différents facteurs qui peuvent expliquer le

comportement d’innovation dans les entreprises exerçant dans le secteur d’industrie

agroalimentaire au Maroc.

Nous avons relevé un comportement passif des organisations expliqué par la structure de la

composition du secteur d’IAA, qui regroupe une minorité des grandes unités, et une grande

majorité des PME (95% du secteur) d’une part, et l’existence des obstacles à l’innovation

(obstacles liés aux ressources humaines et financières).

Cependant, l’innovation reste un phénomène complexe. Son intégration dans la gestion de

l’entreprise peut être comprise à travers la mise en marche d’un ensemble de processus, qui

doivent presque toujours passer outre des obstacles ou barrières inhibant le développement

d’une innovation productive (culture peu favorable au changement, complexité de la

réglementation, système fiscal, esprit d’entreprise peu présent, aversion pour le risque, lenteur

administrative, rigidité dans le domaine du travail, sources de financement insuffisantes).

Devant les obstacles à l’innovation que rencontrent les organisations, elles s’inscrivent plutôt

dans une stratégie d’imitation et d’apprentissage organisationnel (Learning by doing) que

dans des processus d’innovation et s’intéressent jusqu’à maintenant à un développement et à

une amélioration au niveau produit, procédés de production, et pratiques organisationnelles.

D’après les organisations : L’innovation est autant issue de l’apprentissage organisationnel

que d’activités formelles de R et D. Et elle requiert toujours d’investir dans le développement

de capacités et de connaissances, habituellement dans des actifs et dans le marketing ».

Face aux obstacles à l’innovation, les organisations peuvent se situer dans une des quatre

situations:

- Celles qui surmontent les obstacles: les organisations innovantes;

- Celles qui s’engagent dans un projet, mais échouent, car elles n’ont pas réussi à

surmonter tous les obstacles rencontrés;

- Celles qui auraient souhaité s’engager dans un projet mais ne le font pas, car les

obstacles leur paraissent insurmontables;

- Celles qui ne rencontrent pas d’obstacles, simplement parce qu'elles ne cherchent pas

à innover.

Pr. Amina TOURABI Page 16

Bibliographie

- Acs, Z. J. & Audretsch, D. B. (1990), Innovation and Small Firms, Cambridge, Mass

: MIT Press.

- A. TOURABI, Management de l’innovation et ses motivations au Maroc : les

déterminants organisationnels dans le secteur d’industrie agroalimentaire Novembre

2013, Colloque sous thème Développement durable entre globalisation et glo-

calisation, Marrakech ;

- Blondel Frédérique et GAULTIER-GAILLARD Sophie, « Comment une entreprise

peut-elle maîtriser les risques induits par l'innovation ? », Vie & sciences

économiques, 2006/3 N° 172.

- Claire Lelarge Les déterminants du comportement d'innovation des entreprises :

Facteurs internes et externes avril 2009, Université de Paris X – Nanterre.

- Cohen W., Nelson R. et J.Walsh (2002), "Links and Impacts: the Influence of Public

Research on Industrial R&D", Management Science, 48(1), 1-23.

- D.GALLIANO, L.GAREDEW, M.M. BENOIT, Les déterminants organisationnels

de l’innovation Produit : les spécificités des firmes agroalimentaires françaises, 2011.

- D.GALLIANO, L.GAREDEW, M.M. BENOIT, Les déterminants organisationnels

de l’innovation produit 2004;

- F.BELLONE, S. GUILLOU Innovation et performance des exportateurs : une

analyse empirique sur données d’entreprises françaises, 2011.

- Gilbert, R. et Newbery, D. (1982), "Premptive Patenting and the Persistance of

Monopoly", American Economic Review, 72

- Galliano DANIELL, Garedew Lulit , Magrini Marie Benoit , 2011Les déterminants

organisationnels de l’innovation Produit : les spécificités des firmes agroalimentaires

françaises.

- J. BELIN, S. SAVACO, M. GUILLE, L’activité d’innovation influence t elle la

structure financière des entreprises, 2011 ;

- Mohieddine RAHMOUN, Murat YILDIZOGLU : « Motivations et déterminants de

l'innovation technologique Un survol des théories modernes » 2011

- NONAKA I., TAKEUCHI H. [1997], La connaissance créatrice, la dynamique de

l’entreprise apprenante, Chapitre 3, De Boeck Université, pp 75-114.

- OCDE / Eurostat (1997), « La mesure des activités scientifiques et technologiques :

principes directeurs proposés pour le recueil et l'interprétation des données sur

l'innovation technologique », Manuel d'OSLO, version révisée.

- Pisano, G. (1990), "The R&D Boundaries of the Firm: an Empirical Analysis",

Administrative Science Quarterly, 35, 153-176.

- PAVITT K. [1998], Technologies, products and organization in the innovating firm :

what Adam Smith tells us and Joseph Schumpeter doesn’t », Industrial and Corporate

Change, Volume 3, pp 433-449.

- P.KEREBEL, Management des risques, Editions d’organisation 2009 ;

Pr. Amina TOURABI Page 17

- P. BLANCAHRD, JP HUIBAN, A. MUSOLESI L’innovation des entreprises entre

volonté et obstacles 2011.

- RAHMOUNI MOHOEDDINE, YIELDIZOGLU 2011 "Motivations et

déterminants de l'innovation technologique : un survol de théories moderne " Cahiers

du GRETHA n°2011-10

- R. CHAFIK Etude Empirique sur les Pratiques des Entreprises Marocaines en

Matière d’Intelligence Economique : Université Hassan II Faculté des Sciences

Juridiques, Economiques et sociales Ain Chock -2007

- Roux Pascale, « Dynamiques organisationnelles, interactions localisées et innovation

technologique » Une investigation empirique, Revue d'Économie Régionale &

Urbaine, 2001/février, p. 75-96 ;

- S. LENFLE « Compétition par l’innovation et organisation de la conception dans les

industries amont ». Cas de l’USINOR, Thèse de doctorat en sciences de gestion 1992

; Université de Marne LAVALEE.