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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2006 – Thèse n° 28
CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE EN ROUMANIE
THESE
Présentée à l’Université CLAUDE-BERNARD-LYON I
(Médecine-Pharmacie)
Et soutenue publiquement le 24 Avril 2006
Pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par BALANSARD IVAN
Né le 24 février 1973
à Marseille
ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2006 – Thèse n° 28
CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE EN ROUMANIE
THESE
Présentée à l’Université CLAUDE-BERNARD-LYON I
(Médecine-Pharmacie)
Et soutenue publiquement le 24 Avril 2006
Pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par BALANSARD IVAN
Né le 24 février 1973
à Marseille
A Fanny, la femme de ma vie, avec tout mon amour
A mes parents, leur soutien inconditionnel et leur confiance sans faille m’ont permis de réussir cette belle aventure A Paulo, Constancette, Charles et leurs parents
A Thierry et Patricia
A Achille, Alice et leurs parents
A la mémoire de Papé et Mamé qui nous manquent tant
A Dominique Portal, la secrétaire la plus gentille du monde
Toujours présente, et avec le sourire en plus ! Merci
A tout le BDE (Andrée Patin, Chantal Masse, Stephanie Lerouge),
Quelle patience vous avez eus avec moi !
A Nathalie de la scolarité de Médecine A la Portugese Team de Cluj Napoca: Brandinao, Joao et Ana , les colocataires les plus sympas de Transylvanie A mes amis de 20 ans (…d’âge) Ricciarelli, Bovis, Dubois-Harounian, Houpikian A Blandine et sa petite famille, avec toute mon affection A mes amis de 20 ans (de l’Ecole) : Jean Paul Droopy, Audette, Yseult, Mat, Simon, le père Vouillot, Pannequini, Jean Pierre Ingrid… A Loulou et Raymond Et aux petites oies de Brasov…
A Monsieur le Professeur ITTI
Professeur à la Faculté de Médecine de Lyon Vous nous avez fait le grand honneur de présider notre thèse Nous vous en remercions
A Madame le Professeur REMY
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Grâce à vous, nous avons pu réaliser un échange passionnant en Roumanie Vous nous avez permis de partir dans les meilleures conditions Vous avez fait preuve d’une disponibilité et d’une gentillesse que nous n’oublierons jamais Sans vous, ce travail n’aurait jamais pu voir le jour Mille mercis A Monsieur le Professeur FAU
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Vous nous avez fait l’honneur de participer à notre jury de thèse. Veuillez accepter nos plus sincères remerciements
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1ère PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ROUMANIE 1 Données générales
1.1 Population
1.2 Nationalités
1.3 Religions
1.4 Situation géographique
1.5 Les principales villes de Roumanie
1.6 L’agriculture roumaine
1.7 Le secteur de l’élevage
2 Histoire de la Roumanie 2.1 La préhistoire et l’antiquité
2.2 Du moyen-âge au 18ème siècle
2.3 Du 18ème siècle au démantèlement de l’Empire Austro-Hongrois
2.4 De 1918 à nos jours
2ème PARTIE : HISTOIRE DE LA MEDECINE VETERINAIRE EN ROUMANIE
1 La pratique de la médecine vétérinaire depuis la préhistoire sur le territoire
roumain
2 Les débuts de l’enseignement vétérinaire en Roumanie
3 La création de la première école vétérinaire à Bucarest
4 L’évolution de l’école vétérinaire de Bucarest jusqu’à sa transformation en
faculté (1918-1921)
5 L’évolution de l’enseignement vétérinaire en Roumanie entre les deux guerres
mondiales
6 Histoire de la presse vétérinaire en Roumanie
7 La fondation des premiers instituts de recherche scientifique dans le domaine de la
médecine vétérinaire en Roumanie.
8 Le corps médical vétérinaire roumain s’organise en sociétés médicales
9 La contribution du corps médical vétérinaire au progrès médical
10 Biographies de quelques personnalités de l’enseignement vétérinaire en
Roumanie
3ème PARTIE : ETAT ACTUEL DE LA MEDECINE VETERINAIRE EN ROUMANIE 1 Les vétérinaires dans l’administration publique
2 Les vétérinaires dans les secteurs de l’enseignement et de la recherche
3 Le secteur vétérinaire libéral
3.1 Les vétérinaires ayant une activité libérale 3.2 Exemple de tarifs pratiqués dans une clinique vétérinaire en Roumanie
4 Les vétérinaires employés par des entreprises agro-alimentaires et
pharmaceutiques
5 Les vétérinaires itinérants, chômeurs et autres
6 L’implantation géographique des vétérinaires
7 Les vétérinaires au parlement et au gouvernement en 2005
BIBLIOGRAPHIE
CONCLUSION
INTRODUCTION A moins d’un an de son adhésion à l’Union Européenne, la Roumanie a du réformer une grande partie de ses institutions pour être conforme aux exigences dictées par l’Europe. Ce pays, trop souvent méconnu, reste pour beaucoup associé à des clichés de son passé communiste. C’est pourtant un pays en pleine mutation qui se développe de manière spectaculaire. Certes, le chemin est encore long, et tous les problèmes ne sont pas résolus, mais la dynamique est bien présente. Cette évolution de la société roumaine n’épargne pas le secteur vétérinaire, dont la place est majeure dans un pays essentiellement tourné vers l’agriculture et l’élevage. Nous évoquerons dans un premier temps l’histoire passionnante et riche en bouleversements de ce pays aux multiples facettes. Puis, nous présenterons l’histoire de la médecine vétérinaire en Roumanie ainsi que la biographie d’illustres vétérinaires roumains. Enfin, nous débattrons de l’actualité de la médecine vétérinaire en Roumanie, dont nous avons pu, grâce à un échange universitaire à Cluj Napoca, appréhender divers problèmes. Nous verrons en particulier comment le secteur libéral est en train d’exploser, en particulier dans le domaine vétérinaire, et quels sont les problèmes inhérents à ce développement fulgurant. Nous parlerons également de l’enseignement de la médecine vétérinaire en Roumanie, et de la gestion quelque peu incohérente des effectifs étudiants.
8
II èèrree ppaarrttiiee PPRREESSEENNTTAATTIIOONN GGEENNEERRAALLEE DDEE LLAA RROOUUMMAANNIIEE
I 1. Population: 21 680 974 habitants
Par groupes d'âge, la distribution de la population est la suivante:
• 0-14 ans : 22,7%;
• 15-18 ans : 7,4%;
• 19-34 ans : 22,3%;
• 35-54 ans : 25,3%;
• 55-64 ans : 11,4%;
• 65-79 ans : 6,4%;
• Plus de 80 ans : 4,5%.
9
Les hommes représentent 49,1% de la population du pays, et les femmes : 50,9%. Dans
le milieu rural vivent 54,3% de la population, et dans le milieu urbain : 45,7%.
L'espérance de vie est de 66,5 années pour les hommes et de 73,2 années pour les
femmes
I 2. Nationalités: Roumains 89,5%, Hongrois 6,6%, Roms (Tziganes) 2,5 %, autres 1,4%
I 3. Religions: Orthodoxes 86,8%, catholiques romains 5,0%, protestants 3,5%, gréco-
catholiques 1,0%, évangéliques, 0,3%, unitariens 0,3%, divers 3,1%
I 4. Situation géographique : La Roumanie est entourée : à l'est , de la République de
Moldavie, de l'Ukraine et de la mer Noire; au sud, de la Bulgarie; au sud et sud-ouest de
la Yougoslavie , à l'ouest de la Hongrie; au nord de l'Ukraine. Sa superficie de 238,391
km2 la situe sur la XIIe place en Europe.
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31% de la superficie de la Roumanie est occupée par des montagnes, 33% par des
collines et des plateaux, et le reste des 36% par des plaines.
Les montagnes, nommées les Carpates Roumaines, comprennent les Carpates
Orientales (depuis la frontière du nord jusqu'à la Vallée de la Prahova), altitude maximale
dans les Monts Rodna - le sommet Pietrosul (2 303 m); les Carpates Méridionales
(depuis la vallée de la Prahova jusqu'au couloir Timis-Cerna-Bistra-Strei), altitude
maximale dans les Monts Fagaras - le sommet Moldoveanu (2 543 m); les Carpates
Occidentales (depuis la Vallée du Danube, au sud, jusqu'à la Vallée du Somes, au nord),
altitude maximale - le sommet Curcubata (1 848) m.
A l'intérieur de l'arc carpatique s'étend le Plateau de la Transylvanie (400-700 m
d'altitude). Au nord-ouest, le Plateau du Somes, à l'est, le Plateau de la Moldavie et au
sud-est, le Plateau de la Dobroudja.
La plaine la plus importante est la Plaine du Bas-Danube, la principale zone agricole du
pays.
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I 5. Les principales villes de la Roumanie Villes universitaires d’enseignement vétérinaire
Bucarest (2 facultés vétérinaires)
2,066,723 habitants
Constanta
348,085 habitants
Iasi
337,643 habitants
Timisoara
325,359 habitants
Galati
324,234 habitants
Brasov
324,104 habitants
Cluj-Napoca
321,850 habitants
Craiova
303,033 habitants
Ploiesti
254,304 habitants
Braila
236,344 habitants
Oradea
221,559 habitants
Arad
188,609 habitants
Pitesti
182,931 habitants
Sibiu
168,619 habitants
Targu Mures
166,502 habitants
Baia Mare 150,048 habitants Suceava 116,232 habitants
12
I 6. L'agriculture roumaine L'agriculture est une branche principale de l'économie roumaine, la Roumanie disposant de
bonnes conditions pour une agriculture biologique de haute dynamique et de grande
qualité.
Avec ses 14,8 millions d'hectares de terres agricoles et 9,1 millions d'hectares cultivés, la
Roumanie est le deuxième producteur agricole de l'Europe centrale et orientale. Ses sols et
son climat sont propices à une production agricole dynamique. A la fin de 2003, le secteur
privé représentait plus de 97%.
L'adhésion à l'Union européenne prévue pour 2007, la clôture du chapitre sept de
négociations - Agriculture et l'appui important du programme SAPARD-en sont bien
présents. Quoique la population occupée dans ce secteur soit maintenant relativement
élevée (35%), le poids de l'agriculture dans la formation du PIB est relativement faible et en
diminution (11,7% en 2003 et 14,3% en 2002).
I 7. Le secteur de l’élevage Au début de l’année 2004 les effectifs ont enregistré :
• 2, 897 millions de bovins
Les bovins sont élevés en grande quantités dans les départements de Suceava, Bihor et
Cluj, et à une échelle réduite dans les départements de Tulcea, Calarasi et Mehedinti.
La concurrence déterminée par la libéralisation des prix du lait et des produits laitiers a
mené à l'élimination des entreprises de production, industrialisation et distribution non
performantes (surtout des entreprises à capital d'Etat majoritaire).
• 7, 447 millions de d'ovins
• 6, 78 millions de caprins
• 5,145 millions de porcs La croissance des effectifs et de la production de viande de porc se réalise notamment
dans les départements où les céréales sont cultivées sur de grandes superficies.
13
Le secteur privé continue d'occuper la première place pour ce qui est des effectifs de
porcins.
La levée de l'embargo contre la Yougoslavie a permis la relance des exportations de
viande dans ce pays. Les autres acheteurs ont été la Russie (principal marché extérieur),
la République de Moldavie, la Yougoslavie, la Macédoine, la Lettonie, la Croatie.
• 76,616 millions de volailles. Sur le marché interne, la viande de volaille est la plus recherchée après la viande de porc
(40 % de la consommation).
Néanmoins, à l’heure où cette thèse est rédigée en 2006, l’apparition de foyers de grippe
aviaire dans le delta du Danube risque d’avoir une influence significative sur la
consommation de volailles. De plus, certains pays de l’Union Européenne (Hongrie…) ont
déjà décidé de boycotter la viande de volaille roumaine
Concernant les équidés, notons tout d’abord que leur utilisation dans le travail reste
extrêmement importante en milieu rural, et que pour cette raison, l’enseignement
vétérinaire en Roumanie ne distingue pas les équidés et les ruminants (Grands
animaux).
De plus la consommation de viande chevaline reste tout à fait anecdotique à l’heure
actuelle.
La Régie Autonome Cai de Rasa (Chevaux de Race) déploie des activités de
collaboration soutenue avec les organismes internationaux, afin que ces derniers
reconnaissent du point de vue généalogique les effectifs roumains. Les Roumains sont
reconnus sur le plan international pour leurs effectifs de Lipitan, Pur sang arabe et
Shagya Araber; ils attendent que d'ici peu on reconnaisse leurs effectifs de Pur sang
anglais. La Roumanie est pour le moment invitée comme observateur dans l'Union
Européenne de Trot (UET).
14
II Histoire de la Roumanie
II 1 La préhistoire et l’antiquité Les recherches effectuées par les archéologues roumains à Bugiulesti, dans le
département de Vilcea, dévoilent des traces de présence humaine datant du
paléolithique inférieur (environ deux millions d'années avant J.-C). Ces traces
comptent parmi les plus anciennes d'Europe. C'est seulement à partir du
néolithique (6-5.000 ans avant J.-C.) que l'on peut parler d'une population
relativement stable. A cette époque une culture remarquable est créée, sur le
territoire actuel de la Roumanie, illustrée par la céramique polychrome de
Cucuteni.
Au cours de la première moitié du Ier millénaire avant J.-C., les tribus géto-daces
s'individualisent dans la zone carpato-danubienne-pontique.
Burebista (82-vers 44 avant J.-C.), contemporain de César, réussit à unir pour la
première fois les tribus géto-daces et jette les bases d'un royaume puissant.
Symbôle de la Dacie La Dacie en 82 Avant JC
15
Au Ier siècle avant J.-C., parallèlement à l'expansion de l'Empire Romain, le
Danube devient la frontière entre l'Empire Romain et le monde Dace, sur une
distance de 1500 km.
Pendant le règne du roi Décébale, la Dacie connaît un très grand essor.
Décébale, roi de Dace de 87 à 106
Suite à une première confrontation avec l'Empire Romain, pendant le règne de
Domitien (87-89), deux autres guerres (101-102 et 105-106) seront nécessaires
pour que l'Empire Romain (à cette époque à l'apogée de son pouvoir) puisse
vaincre Décébale et transformer la plus grande partie du royaume dace en
province romaine. La Colonne Trajane, élevée à Rome, et le monument
triomphal d'Adamclisi (en Dobroudja) évoquent cet effort militaire, suivi par une
colonisation massive et systématique des territoires conquis. Bien qu'ils aient
subi des pertes importantes, les Daces restent après l'instauration de la nouvelle
administration l'élément ethnique prépondérant. Ils sont soumis au processus
complexe de romanisation, avec son attribut essentiel - l'acceptation graduelle,
mais définitive, de la langue latine.
16
Après le retrait de l'armée et de l'administration romaines de la Dacie, au sud du
Danube, sur l'ordre de l'empereur Aurélien (270-275), les autochtones Daco-
Romains restent, pendant quelques siècles, dans la sphère d'influence politique,
économique, religieuse et culturelle de l'Empire Romain et, après sa scission,
sous celle de l'Empire Byzantin. Ils survivent alors aux invasions successives des
peuples migrateurs.
LA DACIE EN 106 SOUS L’EMPIRE ROMAIN
Simultanément à l'achèvement de la symbiose ethno-culturelle daco-romaine,
accomplie aux VIe-VIIe siècles par la formation du peuple roumain, les Daco-
Romains adoptent le christianisme latin aux Ier-IVe siècles. Ainsi s'explique que,
aux VIe-VIIe siècles, quand le processus de formation du peuple roumain est
achevé, celui-ci apparaît sur la scène de l'histoire comme un peuple chrétien.
C'est pourquoi, à l'encontre des peuples voisins, dont les dates de baptême sont
bien définies (les Bulgares - 865, les Serbes - 874, les Polonais - 966, les Slaves
de l'Est - 988, les Hongrois - l'année 1000), les Roumains n'ont pas de date de
baptême, étant chrétiens de naissance.
17
II 2 Du moyen âge au 18ème siècle
Du 4ème au 13ème siècle, le peuple roumain résiste devant les invasions des
peuples migrateurs - les Goths, les Huns, les Gépides, les Avars, les Slaves, les
Pétchénègues, les Coumans, les Tatars - qui ont tous traversé le territoire
roumain.
Les Slaves, établis en grand nombre au sud du Danube depuis le 7ème siècle,
déterminent la dislocation de la masse compacte des Roumains du territoire
carpato-balkanique, isolant ceux qui habitaient au nord du Danube (les Daco-
Roumains) de ceux qui habitaient au sud, déplacés vers l'ouest et le sud-est de
la Péninsule Balkanique (les Roumains de Macédoine, les Mégléno-Roumains et
les Istro-Roumains). Progressivement, les Slaves établis au nord du Danube
sont assimilés par le peuple roumain. L'appartenance à la religion orthodoxe
détermine les Roumains à adopter le vieux slave (ecclésiastique) comme langue
de culte et, depuis les 14 et 16ème siècles comme langue de chancellerie et de
culture. Le slavon, qui n'a jamais été une langue vivante parlée sur le territoire
roumain par le peuple, a pour les Roumains, à une certaine époque du Moyen
Âge, le même rôle que le latin pour l'Occident. À l'aube de l'époque moderne, le
roumain l'a définitivement remplacé dans le culte, dans la chancellerie et dans la
culture.
À partir du 10ème siècle, les sources byzantines, slaves et hongroises, plus tard
occidentales, signalent l'existence de quelques formations d'Etat au sein de la
population roumaine, des principautés et des voïvodats, initialement en
Transylvanie et Dobroudja, ensuite, aux 12ème et 13ème siècles dans les régions
de l'est et du sud des Carpates.
Aux 10ème et 13ème siècles, malgré la résistance opposée par les principautés et
les voïvodats roumains, les Hongrois réussissent à occuper la Transylvanie et à
l'englober au royaume hongrois (jusqu'au début du 16ème siècle, sous la forme
d'un voïvodat autonome). Aux 12ème et 13ème siècles, pour consolider son pouvoir
18
en Transylvanie, où les Roumains ont toujours été, l'élément ethnique
puissamment majoritaire et pour défendre les frontières au sud et à l'est du
voïvodat, la couronne hongroise fait coloniser par des groupes de Szekler et
d'Allemands (Saxons) des régions frontalières.
Au 14ème siècle, pendant une période de recul des pouvoirs impériaux voisins,
deux Etats féodaux indépendants se constituent au sud et à l'est des Carpates:
la Valachie, pendant le règne de Basarab Ier (1310) et la Moldavie, pendant le
règne de Bogdan Ier (1359). Aux 14ème et 15ème siècles, les royaumes hongrois
et polonais tenterons, mais sans succès, d’annexer les deux principautés.
Au cours de la seconde moitié du 14ème siècle, un nouveau danger apparaît pour
les pays roumains: l'Empire ottoman.
Seuls ou alliés aux pays chrétiens voisins, Mircea l'Ancien (1386-1418) et Vlad
Tepes (l'Empaleur 1456-1462) voïvodes de Valachie, Etienne le Grand (1457-
1504), prince de Moldavie , et Iancu de Hunedoara (1441-1456), voïvode de
Transylvanie, mènent des luttes acharnées de défense contre les Turcs freinant
leur entrée en Europe. Mais la transformation de toute la Péninsule Balkanique
en territoire turc oblige la Valachie et la Moldavie (ensuite la Transylvanie) à
reconnaître, pour plus de trois siècles, la suzeraineté de l'Empire ottoman.
Après la conquête de Buda et la transformation de la Hongrie en pachalik, la
Transylvanie devient, elle aussi, principauté (1541), tout en reconnaissant la
suzeraineté de l'Empire ottoman, comme les deux autres principautés
roumaines.
19
ICONE DE LA MOLDAVIE ETIENNE LE GRAND
La fin du 16ème siècle est dominée par la personnalité de Michel le Brave, qui
réussit, après des luttes acharnées (Calugareni, Giurgiu), à reconquérir
l'indépendance de la Valachie. Pendant les années 1599-1600 il réunit pour la
première fois dans l'histoire tous les territoires habités par les Roumains, en se
proclamant prince de la Valachie, de la Transylvanie et de la Moldavie. Bien qu'il
ait été assassiné peu de temps après, l'acte de l'union réalisé par ce prince aura
une valeur de symbole dans la conscience des générations futures.
MICHEL LE BRAVE
20
II 3 Du 18ème siècle au démantèlement de l’Empire austro-hongrois La fin du 17ème et le début du 18ème siècle apportent des modifications radicales
sur l'échiquier politique centre et est-européen. Après l'échec subi par l'Empire
ottoman au siège de Vienne (1683), l'Empire des Habsbourg commence son
expansion vers le sud-est de l'Europe et annexe la Transylvanie (1699). Le rêve
ambitieux des tsars russes de posséder les détroits des Dardanelles, du
Bosphore et Constantinople place les Principautés Roumaines au-devant de
l'expansionnisme russe.
Situées aux frontières des trois grands empires et désirées par chacun d’eux, la
Valachie, la Moldavie et la Transylvanie deviennent, pour plus de 150 ans, non
seulement un objet de dispute, mais un champ de bataille , où les armées de ces
empires ne cessent de s’affronter.
CARTE DE LA REGION DATANT DE 1802
21
Pendant les nombreuses guerres menées par la Russie et l'Autriche contre
l'Empire ottoman (1710-1711, 1716-1718, 1735-1739, 1768-1774, 1787-1792,
1806-1812, 1828-1829, 1853-1856), les confrontations qui ont lieu sur le territoire
roumain produisent non seulement des ravages, des destructions ou des
déplacements de population, mais aussi de douloureuses amputations
territoriales dans les provinces roumaines. Ainsi, l'Autriche annexe
temporairement l'Olténie (1718-1739) et la partie du nord de la Moldavie
nommée Bucovine (1775-1918). A la suite de la guerre russo-turque de 1806-
1812, la Russie annexe l'est de la principauté de Moldavie, le territoire qui se
trouve entre les rivières Prut et Dniestr: la Bessarabie (1812-1918).
Au 18ème et au début du 19ème siècles, d'importantes mutations économiques et
sociales ont lieu. L'idée nationale, comme partout en Europe, commence à se
glisser dans les rêves des intellectuels et constitue la base des projets d'avenir
des politiciens roumains. L'union d'une partie du clergé orthodoxe de
Transylvanie avec l'église catholique (gréco-catholique), réalisée pendant les
années 1699-1701, joue un rôle important dans le processus d'émancipation
des Roumains de Transylvanie. Leur lutte pour l'égalité des droits avec les autres
nationalités (quoiqu'ils représentent plus de 60% de la population de la
principauté, ils sont considérés tolérés dans leur propre pays) est amorcée par
l'Archevêque Inochentie Micu-Klein et continuée par les intellectuels dans le
cadre de l'Ecole transylvaine.
En Valachie, les espoirs de renouvellement trouvent leur expression dans la
révolution conduite par Tudor Vladimirescu (1821). Bien que les armées
ottomanes et tsaristes répriment le mouvement, le résultat est l'abolition du
régime phanariote et la nomination de princes autochtones en Moldavie et
Valachie.
L'année 1848 attire dans son effervescence révolutionnaire les Principautés
roumaines, portant au premier plan de la vie politique une pléiade d'intellectuels
remarquables, tels que Ion Heliade-Radulescu, Nicolae Balcescu, Mihail
22
Kogalniceanu, Simion Barnutiu, Avram Iancu. Si en Moldavie les troubles sont
rapidement éteints, en Valachie les révolutionnaires exercent effectivement le
pouvoir pendant les mois de juin - septembre 1848. En Transylvanie, la
révolution se prolonge jusqu'en 1849; l'incapacité des dirigeants hongrois à
comprendre la justesse des revendications des Roumains et leur décision
d'annexer la Transylvanie à la Hongrie a pour résultat la scission des forces
révolutionnaires des Roumains et des Hongrois. Le gouvernement hongrois qui
essaye de liquider le mouvement de lutte roumain, rencontre la résistance armée
acharnée dans les Montagnes Apuseni, conduite par Avram Iancu. Quoique
l'intervention brutale des armées ottomanes, tsaristes et austro-hongroises
triomphe pendant les années 1848-1849, la nouveauté des idées démocratiques
gagne partout du terrain dans la décennie suivante.
Au Congrès de paix de Paris (février - mars 1856), après la guerre de Crimée
(1853-1856), le statut des principautés danubiennes (la Valachie et la Moldavie)
acquiert les dimensions d'un problème européen. Tout en demeurant sous la
suzeraineté ottomane, la Valachie et la Moldavie se trouvent sous la garantie des
sept pouvoirs signataires du Traité de Paris. Les sept pouvoirs protecteurs
approuvent dans une mesure réduite les revendications des Roumains. Les 5-17
janvier 1859, en Moldavie et 24 janvier - 5 février 1859, en Valachie, les
Roumains élisent Alexandru Ioan Cuza comme prince régnant unique, réalisant
ainsi l'union des deux principautés. Le 24 janvier - 5 février 1862, l'Etat national
roumain adopte le nom de Roumanie et établit la capitale à Bucarest. Secondé
par Mihail Kogalniceanu, son plus proche conseiller et collaborateur, Alexandu
Ioan Cuza met en œuvre un programme de réformes qui a le mérite de continuer
la modernisation des structures de l'Etat roumain.
23
ION CUZA
Le 10 mai 1866, après l'abdication d'Alexandru Ioan Cuza, à la suite d'un
plébiscite, Carol (Charles) de Hohenzollern-Sigmaringen est proclamé prince
régnant de la Roumanie. La nouvelle Constitution, promulguée en 1866 (en
vigueur jusqu'en 1923) proclame la Roumanie monarchie constitutionnelle
(1881).
Le 9-21 mai 1877, dans une conjoncture internationale favorable, la Roumanie
proclame son indépendance d'Etat. Mihail Kogalniceanu est alors ministre des
Affaires étrangères. A la demande d'aide formulée par les Russes, le
gouvernement conduit par Ion C. Bratianu décide d'unir les forces roumaines à
celles des russes qui opèrent sur le front de Bulgarie. Le Congrès International
de paix de Berlin (juin-juillet 1878) confirme l'indépendance de la Roumanie et
rétablit ses droits sur la Dobroudja, province qui a été pendant une très longue
période sous domination ottomane.
En Transylvanie, la signature de l'accord qui jette les bases de la reconstitution
de l'État hongrois et la formation de l'Empire d'Autriche-Hongrie (1867) a de
graves conséquences pour les Roumains de ce pays.
24
La Transylvanie perd l'autonomie qu'elle avait pendant la domination
autrichienne et est incorporée à la Hongrie. La législation de Budapest, qui
proclame l'existence d'une seule nation -hongroise - vise la destruction des
autres nationalités par leur magyarisation forcée. Pendant cette période, le Parti
National Roumain de Transylvanie joue un rôle important dans l'affirmation de
l'identité nationale des roumains. Il devient le porte-parole de la lutte pour la
reconnaissance de l'égalité des droits de la nationalité roumaine et de la
résistance opposée aux projets de dénationalisation. En 1892, la lutte nationale
des Roumains connaît un épisode très important: le Mémorandum, qui attire
l'attention de l'empereur Franz Joseph Ier et de l'opinion publique européenne
sur les revendications des roumains et sur l'intolérance du gouvernement de
Budapest.
Les années 1878-1914 représentent pour la Roumanie une période de stabilité
et de progrès. La vie politique se concentre autour des deux grands partis - le
Parti conservateur (Lascar Catargiu, P.P. Carp, Gh. Grigore Cantacuzino, Titu
Maiorescu ) et le Parti libéral (Ion C. Bratianu, Dimitrie A. Sturdza, Ion I.C.
Bratianu). L'alternance de ces partis au gouvernement du pays représente le trait
caractéristique du système de gouvernement de l'époque. La politique
expansionniste de la Russie détermine la Roumanie à signer, en 1883, un traité
secret d'alliance avec l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne et l'Italie, renouvelé
périodiquement jusqu'à la première conflagration mondiale.
Au mois d'août 1914, au début de la première conflagration mondiale, la
Roumanie proclame sa neutralité. Deux années plus tard, elle s'est alliée à
l'Entente, qui promettait d'aider à la réalisation de l'unité nationale. Le
gouvernement conduit par Ion I.C.Bratianu déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie.
25
I BRATIANU
Après les succès initiaux, l'armée roumaine est obligée de se retirer en Moldavie.
Pendant l´été 1917, dans les grandes batailles de Marasesti et Oituz, les
roumains anéantissent la tentative des grandes puissances d'éliminer la
Roumanie de la guerre par l'occupation du reste de son territoire.
La chute du tsarisme permet aux Roumains de Bessarabie d'exprimer leur
volonté de s'unir avec la Roumanie (le 27 mars - 9 avril).
L'effondrement de la monarchie austro-hongroise à l'automne de 1918 créé des
conditions favorables à l'émancipation des nations persécutées par l'Empire
Austro-Hongrois.
26
L’EMPIRE AUSTRO-HONGROIS EN 1918
II 4 De 1918 à nos jours Le 15-28 novembre 1918, le Conseil National de Bucovine vote l'union de cette
principauté avec la Roumanie. Le 18 novembre - 1-er décembre 1918,
l'Assemblée Nationale d'Alba Iulia, en Transylvanie vote en présence de plus de
100.000 Roumains l'union de la Transylvanie et du Banat avec la Roumanie.
Les traités internationaux de paix des années 1919-1920 qui fixent le statut des
nouvelles réalités européennes sanctionnent l'union de toutes les provinces
habitées par les Roumains en un seul Etat (295.042 km2, avec une population
de 15,5 millions d'habitants).
L'introduction du vote universel, l'application d'une réforme agraire, l'adoption
d'une nouvelle constitution, l'une des plus démocratiques d'Europe créent un
cadre général démocratique et permettent un développement économique
rapide. (Pendant les années 1923-1938, la production industrielle de la
Roumanie double). Avec 7,2 millions de tonnes de pétrole extraits en 1937, la
Roumanie est alors le deuxième producteur européen et le septième mondial.
27
Les objectifs de la politique extérieure de l'entre-deux-guerres, où Nicolae
Titulescu joue un rôle primordial, visent à maintenir le statu quo territorial par la
création d’alliances régionales, à appuyer la Société des Nations, la politique de
sécurité collective et le développement d'une collaboration étroite avec les pays
démocratiques de l'Occident - la France et la Grande-Bretagne.
En 1920-1921, avec la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, la Roumanie jette les
bases de la Petite Entente et conclut, en 1934, une nouvelle organisation de
sécurité régionale - l'Entente Balkanique - avec la Yougoslavie, la Grèce et la
Turquie.
N.TITULESCU SIGNATURE DU TRAITE BALKANIQUE EN1934
Quand la seconde guerre mondiale éclate, la Roumanie proclame sa neutralité
(le 6 septembre 1939), mais les défaites subies par la France et la Grande-
Bretagne en 1940 créent en Roumanie une situation dramatique. Commençant à
appliquer les indications du protocole secret soviéto-allemand du 23 août 1939,
le gouvernement soviétique oblige la Roumanie, par les ultimatums des 26 et 28
juin 1940 à lui céder la Bessarabie, le nord de la Bucovine et la contrée de Herta,
qui n'avaient jamais appartenu à la Russie. L'Italie et l'Allemagne accordent (le
30 août 1940) à la Hongrie la partie de nord-ouest de la Transylvanie avec une
population majoritaire roumaine. Le 7 septembre 1940, à la suite des
négociations roumano-bulgares de Craiova, un traité est signé par lequel le sud
de la Doubroudja revient à la Bulgarie. La crise grave de l'été de 1940 a comme
28
conséquence l'abdication du roi Carol (Charles) II en faveur de son fils Mihai
(Michel) Ier (le 6 septembre 1940).
Le général Ion Antonescu (maréchal depuis octobre 1941) prend alors le
pouvoir.
Dans son désir de reconquérir les territoires perdus en 1940, Ion Antonescu
participe aux côtés de l'Allemagne, à la guerre contre L'Union Soviétique (1941).
I.ANTONESCU et HITLER
Le 23 août 1944, sur l'ordre du roi Michel Ier, le maréchal Ion Antonescu est
arrêté. Le nouveau gouvernement, formé de militaires et techniciens, déclare la
guerre à l'Allemagne (le 24 août 1944). La Roumanie, avec tout son potentiel
économique et militaire, se rallie aux Nations Unies jusqu'à la fin de la guerre en
Europe. Malgré ses efforts tardifs pendant neufs mois, le Traité de paix de Paris
(le 10 février 1947) ne reconnaît pas à la Roumanie le statut de cobelligérant à la
guerre et l’oblige à payer de grands dommages de guerre. Cependant, le traité
reconnaît l'appartenance du nord-est de la Transylvanie à la Roumanie, mais la
Bessarabie, le nord de la Bucovine et la contrée de Herta restent annexés à
l'URSS.
29
Le pays connaît alors une évolution similaire à celle des autres satellites de
l'Union Soviétique. Les communistes s’emparent du pouvoir, les partis politiques
sont supprimés, et leurs membres persécutés et incarcérés. Le roi Mihai (Michel)
Ier est obligé d'abdiquer. Le même jour, le 30 décembre 1947, est proclamée la
République Populaire Roumaine et la dictature du parti unique est introduite,
fondée sur un appareil de surveillance et de répression omnipotent et
omniprésent. Suivent la nationalisation des entreprises industrielles, bancaires et
de transport (1948) et la collectivisation forcée de l'agriculture (1949-1962).
La Roumanie devient membre fondateur du CAEM (1949) et du Traité de
Varsovie (1955).
A la mort du leader de l'époque d'après-guerre, Gheorghe Gheorghiu-Dej, en
1965, la direction du parti et ensuite de l'Etat est monopolisée par Nicolae
Ceausescu.
N.CEAUSESCU La dictature de la famille Ceausescu, l'une des plus absurdes dictatures
européenne de ce siècle, avec un culte de la personnalité pathologique, a pour
résultat l'isolement du pays par la communauté internationale.
30
Le 16 décembre 1989 la révolte amorcée à Timisoara se répand dans tout le
pays. Le 22 décembre, par le sacrifice de plus de 1 000 personnes, la dictature
est abolie. La révolution ouvre la perspective d’une réinstauration de la
démocratie et du système politique pluraliste, au retour à l'économie de marché
et à la réintégration dans l'espace économique, politique et culturel européen.
Le pouvoir est assumé par le Front du Salut National, qui proclame la
suppression des structures communistes, la promotion de l'économie de marché
et la tenue d'élections libres. Dans un intervalle assez bref, les partis politiques
historiques, supprimés lors de l'avènement du régime communiste, reprennent
leur activité. Des partis politiques nouveaux se constituent. Deux hommes
joueront un rôle clé dans cette révolution : Ion Iliescu, qui deviendra président de
la République, et Petre Roman, qui assurera les fonctions de premier ministre.
I.ILIESCU P.ROMAN Des élections législatives et présidentielles ont lieu, en 1990, 1992, 1996, 2000.
En 2003, suite à un referendum, une nouvelle Constitution est adoptée,
conforme aux réglementations européens.
Après 1990, la Roumanie devient membre des deux organisations européennes
et euro-atlantiques : Le Conseil de l’Europe (1993) et l’ OTAN (2003).
De plus, la Roumanie signe le Traité d’Adhésion à l’Union européenne, le 25 avril
2005 ; l’adhésion effective est prévue pour le 1er janvier 2007.
31
En 1993, la Roumanie est devenue membre de plein droit de la Francophonie.
Le pays occupe aussi un siège de membre élu au Conseil de sécurité de l’ONU
(2004-2005).
En même temps, la Roumanie a une présence très active sur le plan
régional, étant membre de plusieurs structures de l’Europe Centrale et
Orientale : Processus de Coopération des pays de l’Europe de Sud-Est, Initiative
Centrale Européenne, Accord de Libre Echange Central-Européen, Processus
de Coopération Danubienne, pacte de Stabilité dans l’Europe du Sud-Est,
Initiative de Coopération de l’Europe de Sud-est, Organisation de Coopération de
la Mer Noire.
32
22èmeème PPAARRTTIIEE :: HHIISSTTOOIIRREE DDEE LLAA MMEEDDEECCIINNEE VVEETTEERRIINNAAIIRREE EENN
RROOUUMMAANNIIEE
I LA PRATIQUE DE LA MEDECINE VETERINAIRE DEPUIS LA PREHISTOIRE SUR LE TERRITOIRE ROUMAIN
Dès la période néolithique, les populations occupant l’actuel territoire
roumain eurent comme principale occupation l’élevage du bétail. D’abord
capturés, les animaux furent ensuite domestiqués, leur nombre et leur variété se
diversifiant au cours du temps. Certains écrivains antiques comme Homère,
Hérodote, Hippocrate, Aristote ou Strabon relatent cette évolution dans leurs
ouvrages.
Les fouilles archéologiques ont montré qu’en plus de l’élevage du bétail,
les habitants de cette région avaient essayé de traiter des maladies du bétail en
utilisant leurs propres moyens thérapeutiques. Ainsi, dès le néolithique et l’âge
du bronze, les vestiges archéologiques attestent la pratique de trépanations
effectuées sur l’homme mais également sur le bétail. La réduction des fractures
était effectuée grâce à l’utilisation d’attelles, et pour panser les plaies des
pansements compressifs d’étoupe, de chanvre et de lin étaient utilisés.
Les hommes appliquaient des points de feu aux membres des chevaux et pour
les interventions chirurgicales utilisaient des couteaux, des ciseaux, des scies et
des pinces. Les Géto-Daces connaissaient également la botanique médicale.
Si à leurs débuts, la médecine humaine et la médecine vétérinaire étaient
pratiquées par des « connaisseurs » ou des « empiriques », parallèlement
existait une médecine « magique » pratiquée par des sorciers et une autre
médecine sacerdotale pratiquée par des prêtres qui imploraient les « dieux
guérisseurs », tels DARZOS, BENTIS ou ZAMOLXIS.
Après l’occupation de la Dacie par les Romains, et les transformations
économiques qui en découlèrent, toute une série de pratiques apportées par les
Romains fut assimilée. Ainsi, les animaux de consommation étaient sacrifiés
dans des lieux spéciaux appelés « LANIENAE » (des abattoirs) par des
33
spécialistes « LES BOUCHERS » qui étaient dotés d’outils nécessaires (hache,
balance, fouet, crochets), organisés en corporations et capables d’apprécier
l’état de santé des animaux qui allaient être sacrifiés. L’art vétérinaire était
pratiqué par la population géto-dace conformément à l’empirisme hérité de leurs
prédécesseurs mais fut positivement influencé par le personnel vétérinaire
encadré dans les légions romaines : mulomedicus (médecin des ânes),
equarium medicus (médecin des chevaux) et medicus pecuriaus (médecin du
bétail) et l’organisation d’infirmeries appelées « VETERINARIUM ».
De cette symbiose daco-romaine à laquelle s’ajoute l’influence des peuples
migrateurs va naître une nouvelle médecine vétérinaire beaucoup plus évoluée
que la médecine vétérinaire d’autrefois.
Après le retrait de l’administration romaine de Dacie (en l’an 271),
commence une nouvelle ère historique – la période précédant la féodalité – qui
dure jusqu’à la fin du 9ème siècle et qui est caractérisée ,à cause de l’assaut des
peuples migrateurs, par la stagnation et le primitivisme. Les populations
harcelées sans cesse et privée de science, de culture et des connaissances
médicales romaines se retrouvèrent sous l’influence du néomysticisme religieux
chrétien. Elle revint alors aux anciennes pratiques mystiques ce qui détermina
l’apparition et la consolidation de la médecine populaire « ETNOIATRIA » qui
remplaça alors la médecine rationnelle. On retrouve l’influence des peuples
migrateurs non seulement dans les pratiques mais aussi dans des mots tels
VRACI (SORCIER), BOALA (MALADIE), LEAC (REMÈDE).
La guérison des animaux malades était effectuée par les éleveurs mêmes
(les bergers par exemple effectuaient la trépanation) mais aussi de manière
empirique à l’aide des sorciers qui utilisaient des incantations, de la sorcellerie,
et diverses pratiques mystiques mais aussi des remèdes préparés à base de
plantes, de matières organiques ou de substances minérales.
Pendant l’époque féodale (du 9ème siècle à la première moitié du 19ème
siècle) qui correspond à la naissance du peuple roumain, l’élevage du bétail
connaît un grand essor, les animaux constituent l’article principal d’export vers la
Russie, l’Italie, la Hongrie, l’Autriche et la Pologne, et sont très appréciés pour
34
leur beauté et leurs qualités. Au début, la pratique de la guérison des hommes et
des animaux malades était l’apanage des empiriques, des religieux, des sorciers
et des sages-femmes. Vers la fin du 15ème siècle, des médecins avec une
instruction universitaire font leur apparition.
D’autres catégories d’artisans s’occupaient, en plus de leur profession, du
traitement des animaux malades. Ainsi les bouchers et les maréchaux-ferrants,
étant en contact permanent avec les animaux, commencèrent à pratiquer
certaines administrations de médicaments et certaines interventions de petite
chirurgie. Ils étaient organisés en corporations, et dans leurs statuts était prévue
l’obligation à celui qui traite de dédommager le propriétaire de l’animal si à cause
d’une « négligence ou de l’incompétence » il n’a pas été capable de guérir
l’animal ou il lui a provoqué de la souffrance. Mais parmi ces guérisseurs
figuraient des imposteurs qui, profitant de l’inculture et de l’obscurantisme qui
régnaient surtout dans les villages, s’attribuaient des qualités qu’ils n’avaient pas
(comme par exemple la guérison de la rage !).
À partir du 16ème siècle, sont signalés en Transylvanie les OLEICARI,
des empiriques migrateurs d’origine slovaque qui s’occupaient de la guérison
des animaux et qui, organisés en groupes de 3 à 4 hommes, parcouraient les
villages et les villes. Leurs médicaments (principalement des huiles essentielles
extraites de résineux) étaient gardés dans des coffres qu’ils portaient sur leur
dos. Leur pratique, bénéfique pour les pauvres, fut interdite à partir de 1835.
En Moldavie, la santé des animaux était sous la responsabilité des
« PETITS GOUVERNEURS DES VILLAGES ». Il s’agissait de petits employés
qui surveillaient la santé des animaux, la destruction des cadavres et l’application
aux hommes et aux animaux malades de certains médicaments qu’ils recevaient
des autorités supérieures.
35
Mais l’apparition de certaines maladies à évolution épizootique qui
ravageaient les cheptels, et l’impossibilité des habitants d’y mettre fin, exigeaient
la présence de personnel soignant qualifié.
La notion de « VÉTÉRINAIRE » ou de « MÉDECIN DE BÉTAIL » apparaît pour
la première fois dans un règlement publié le 31 décembre 1828 et qui contient
l’obligation faite au vétérinaire de contrôler tous les jours les animaux qui étaient
découpés dans les boucheries.
Les premiers vétérinaires qualifiés font leur apparition après 1831 avec
l’introduction de règlements spécifiques dans les Principautés Roumaines. C’est
à cette époque que fut tenté, dans ces principautés, un premier essai de
fondation d’une école de médecine pour préparer « AU MOINS DES
CHIRURGIENS ET DES VÉTÉRINAIRES ». Malheureusement cet essai est
resté au stade de projet.
Les premiers médecins arrivés de l’étranger possédaient des diplômes de
maîtres en chirurgie humaine et vétérinaire.
Ils étaient instruits dans les écoles médico-chirurgicales de Budapest et de
Vienne où l’on enseignait aussi un cours sommaire de médecine vétérinaire.
Ainsi en Valachie ont exercé : WOLFGANG LUCACI, maître en chirurgie et
vétérinaire de l’état entre les années : 1846 – 1853, OSTALAJ, KISCH, MIHAI
KRAUS, IOHANN SCHUMACHER et SOLOMON MICHEISTAEDT ; en
Moldavie : EMANOIL HOLZTRAEGER et MORITZ FINKELSTEIN ; en
Transylvanie le médecin NYULAS FRANCISC et les premiers hommes qui ont
fini les études de l’école médico-chirurgicale de Cluj : SIMEON STOICA et
VASILE CORNEA, ce dernier ayant imprimé un livre à Gherla en 1877 – LE
VÉTÉRINAIRE DE CHEZ TOI.
La plupart des médecins mentionnés ci dessus ayant une instruction
vétérinaire précaire n’ont pas réussi à apporter une contribution efficiente pour
36
combattre les grandes épizooties qui décimaient périodiquement les effectifs
d’animaux.
II LES DEBUTS DE L’ENSEIGNEMENT VÉTÉRINAIRE EN ROUMANIE
En Roumanie, la nécessité de la création d’un enseignement vétérinaire
propre pour instruire des spécialistes en la matière est apparue beaucoup plus
tard que dans les autres pays d’Europe. La première province roumaine où
furent prodigués des cours de médecine vétérinaire est la Transylvanie, dans le
cadre de l’Institut Supérieur créé à Cluj Napoca par un ordre impérial de
l’impératrice Maria Tereza le 26 janvier 1775. Dans cet institut commence à
fonctionner l’INSTITUT MÉDICO-CHIRURGICAL. En 1787 à ce qu’on appelait
FACULTATIS MEDICAE PARS s’ajoute une deuxième chaire de thérapie
vétérinaire (seulement 25 ans après l’apparition de la première École Royale
Vétérinaire de Lyon en 1762).
Dans les décennies suivantes le caractère universitaire de l’institution
disparaît, de sorte que pendant le règne de IOSIF I, l ‘Institut Supérieur
(l ‘Université) devient un modeste LYCEUM REGIUM ACADEMICUM. Il est vrai,
pourtant, que l’on y enseigne trois grandes sciences : le droit, la philosophie et la
médecine. On retrouve la dernière en 1787 (l’année de la création de la chaire
de thérapie vétérinaire) sous le titre de FACULTATIS MEDICAE PARS, mais
deux ans plus tard en 1789 (l’année de la Révolution Française) elle ne
représente plus qu’une obscure CLASSIS CHIRURGICA. On suppose que sous
la pression, en 1794 la médecine de Cluj redevient FACULTAS MEDICA au
cadre du LYCEUM REGIUM ACADEMICUM CLAUDIOPOLITANUM, en 1808
elle devient FACULTAS CHIRURGICA et puis à partir de 1817 elle reçoit
définitivement le titre d’INSTITUTUM MEDICO-CHIRURGICUM. À partir de 1849
l’institut se détache de l’Institut Supérieur et redevient indépendant.
Il pourrait paraître surprenant le fait qu’aucun des titres énumérés ne
contient nominalement l’enseignement vétérinaire, bien qu’il existe tel quel de
1787.
37
De plus, il est fort probable que certaines notions étaient déjà depuis longtemps
enseignées. Il ne s’agit pas d’une omission, mais de l’expression de la
conscience des contemporains : l’art de la guérison est unique quelle que soit
l’espèce sur laquelle il est exercé et l’art de la guérison des animaux est une
partie indissoluble de la médecine.
Immédiatement après la création de l’Institut médico-chirurgical (1775) il
n’y avait qu’un seul professeur, IOSEPHUS LAFER, et une seule chaire, dont le
titulaire enseignait l’Anatomie, la Chirurgie et l’Obstétrique.
En 1787 apparaît la deuxième chaire, de THÉRAPIE VÉTÉRINAIRE, PETRUS
FUHRMANN étant son titulaire. Initialement la durée des études était d’une seule
année mais en 1793-1794 elle devient de 2 ans et à partir de 1834 elle est
prolongée à 3 ans.
Le nombre des chaires et des professeurs croît progressivement, de sorte qu’en
1794 on retrouvait 4 professeurs et un assistant (adjunctus) :
ANDREAS ETIENNE, Medicinae Doctor, enseignait la Chimie, la
Minéralogie, la Pathologie, la Physiologie Chirurgicale et il avait le titre de
professeur honorifique (P.H.). Il est sans doute le premier professeur ayant le
Titre de Docteur en médecine obtenu dans une université occidentale.
Malheureusement, il n’existe pas de données biographiques sur ce professeur,
néanmoins son nom indique vraisemblablement une origine française, soit qu’il
soit français, soit qu’il soit le descendant d’une famille de huguenots émigrée en
Allemagne ou en Autriche à cause des persécutions religieuses.
Il meurt le 20 avril 1797, âgé de 46 ans.
JOSEPHUS LAFER, professeur d’Anatomie, Chirurgie et Obstétrique,
ayant le titre de professeur honorifique (P.H.). Il est le premier (et à cette
époque-là le seul) professeur de l’Institut Médico-Chirurgical de Cluj. Il n’était pas
docteur en médecine mais maître en chirurgie et obstétrique. Il avait sans doute
38
une origine allemande mais on ne connaît pas de quelle région il provenait ni
d’où il avait reçu son titre de maître. Il meurt le 25 juin 1798 à l’âge de 57 ans.
JOANNES MOLNAR DE MULLERSHEIM, De morbis et medicina
ocolorum Professor honorifique. Il est le célèbre ocultiste roumain IOAN
PIUARIU, dont le nom orthographié d’une manière latino-hongroiso-allemande
devient méconnaissable (c’est ce qu’il voulait peut-être !). Ce grand
ophtalmologue, recherché par les malades de toute la Transylvanie mais aussi
d’autres régions, a été l’un des plus actifs militants pour le droit de la nation
roumaine dans ce pays. Mais Ioan Piuaru a été aussi l’auteur d’un livre sur
l’apiculture, écrit en roumain, publié en 1792 et appelé : « L’ÉCONOMIE DE
L’APICULTURE. Plus tard, il publie : « Conseil avec praxis pour la réproduction
des ruches, Sibiu, 1808 ».
Ioan Piuariu a également publié en 1788 à Vienne un dictionnaire allemand-
roumain (Deutsch-Walachische Sprachlehre).
PETRUS FUHRMANN, professeur, a été durant de nombreuses années
le titulaire de la chaire de thérapie vétérinaire. Il a fait partie d’une des
nombreuses familles allemandes établies à l’ouest du pays. Lui non plus n’avait
pas le titre de docteur mais celui de maître. Il meurt le 16 mars 1816 âgé de 61
ans.
FRANCISCUS HORVATH, Prosector et Adjunctus Chirurgicae. Même si
ce personnage ne semble pas avoir de mérites exceptionnels, il est intéressant
de remarquer qu’il fut prosecteur et en même temps assistant en chirurgie.
L’évolution des chaires et du plan d’enseignement peut être suivi avec précision
à travers les décennies. Ainsi, selon la SUMMA PRAECEPTORUM STUDIUM
CHIRURGIAE ET CURSUM BIENNALEM DETERMINATIUM, le plan
d’enseignement en 1793 était le suivant :
39
-I-ère année, I-er semestre : l’Anatomie ; II-ème semestre : l’Obstétrique
théorétique, la Médecine Légale, la Physiologie, la Biologie ;
-II-ème année, I-er semestre : la Pathologie, la Pharmacologie, la
Thérapie Vétérinaire (animale) ; II-ème semestre : l’Ophtalmologie, la Thérapie
Vétérinaire.
Même si en 1834 l’enseignement durait trois années, la thérapie
vétérinaire était toujours enseignée pendant les deux semestres de la deuxième
année.
En fait, pendant la troisième année des exercices pratiques étaient effectués
dans l’hôpital, la majorité des disciplines enseignées jusqu’alors étant seulement
théorique.
On ne possède pas d’informations concernant les conditions d’acceptation
des candidats aux cours de l’Institut Médico-Chirurgical. Il est certain qu’ils
devaient avoir une instruction préalable et probablement avoir fini au moins les
études de l’école élémentaire. A l’École Vétérinaire de Vienne fondée en 1777 on
ne demandait pas non plus aux candidats une meilleure instruction, tandis qu’à
Budapest, et seulement à partir de 1899, on exigeait le diplôme de baccalauréat
pour ceux qui allaient s’inscrire à l’École Vétérinaire Supérieure.
La thérapie vétérinaire était enseignée pendant le premier et le deuxième
semestre de la deuxième année. Dans le cadre de cette chaire étaient
enseignées des notions très complexes pour cette époque-là, telles :
l’épidémiologie animale et la législation vétérinaire, l’anatomie des animaux, les
races des animaux, la chirurgie, la pharmacologie et l’art de la guérison des
chevaux, du bétail et des cochons. Il manque des données sur les applications
pratiques de ces enseignements puisque pendant longtemps il n’a pas existé
d’unité hospitalière pour les animaux. De même, on ne connaît pas quelle était la
dotation précise d’instruments, médicaments, cours, planches, dessins,
moulages... mais on peut néanmoins en avoir un aperçu intéressant dans
certains musées de Cluj.
40
Il est très difficile de nos jours d’objectiver le niveau d’instruction de ceux qui
finissaient les cours de l’institut. Leur art fut difficilement accepté dans la
conscience de la population, car il a dû remplacer les empiriques, les
maréchaux-ferrants, les guérisseurs de toute sorte et les imposteurs.
Ainsi par exemple, en 1812, les paysans de Santau (département de Bihor)
refusaient de laisser leurs animaux traités par les vétérinaires et préféraient les
laisser guérir par « la grâce de Dieu ».
La série des professeurs de Thérapie vétérinaire a été inaugurée, comme
on l’a déjà mentionné, par Petrus Fuhrmann, qui fut le titulaire de la chaire de
1787 jusqu’à sa mort. À partir de cette même année Ioan Piuariu ne figure plus
parmi les professeurs de l’Institut.
Le successeur de Fuhrmann est ALEXIUS BRUST, maître en chirurgie et
obstétrique, professeur honorifique, qui, antérieurement, figurait comme
adjunctus.
Il fut titulaire de la chaire de Thérapie Vétérinaire jusqu’au 23 avril 1853, soit pas
moins de 37 ans !
À partir de 7 octobre 1853 et jusqu’au 6 avril 1854 le Dr. GYORGY
WERZAR (Gheorghe Vărzaru) est le professeur de Thérapie Vétérinaire, le
premier professeur qui ait le titre de docteur en médecine, reçu à Vienne. Il faut
remarquer que Varzaru est mentionné dès 1849 comme substitut pour
l’Anatomie et l’Obstétrique. Il meurt de ce qu’on appelait alors la fièvre typhoïde,
dénomination qui contenait de nombreuses maladies indifférenciées à cette
époque-là.
La chaire reste sans titulaire jusqu’à 17 février 1855, puis est occupée par le Dr.
GUSTAV SZOMBATHELY, le médecin en chef de Cluj, alors en retraite. Il reste
titulaire jusqu’au 1856. Pendant toute cette période la création d’un grand hôpital
d’animaux est projetée mais sans aucun résultat.
Entre 1856 et 1861, le professeur de la chaire est le Dr. FRANZ ZAHN (médico-
chirurgien). N’ayant pas réussi à apprendre la langue hongroise (il est Allemand)
41
il dut donner sa démission. Ultérieurement il fit une carrière remarquable à
Vienne où il devint médecin vétérinaire en chef ayant la fonction de professeur
assistant à l’Institut Militaire de Médecine Vétérinaire (Kaiserliches und
Konigliches Militar-Tierartznei-Institut).
Enfin, à partir de 7 juin 1862 la chaire est occupée par IANOS MINA (IOAN
MINEA) ancien assistant à l’hôpital de l’Institut médico-vétérinaire de Budapest
et qui devient ainsi professeur ordinaire (p.o.).
En novembre 1862 Ioan Minea est envoyé dans le département de Treiscaune
pour diriger les mesures prises contre la peste bovine, et l’année suivante dans
les départements de Fagaraş, Sibiu et Sebeş. Plus tard, le 13 février 1869, il est
décoré de la « Croix de Mérite en Or avec Couronne » par ordonnance impériale
pour des mérites exceptionnels dans la lutte contre la grave épidémie de peste
bovine sur le territoire de Cluj.
En 1872 il est nommé par le Ministre de l’Agriculture, de l’Industrie et du
Commerce membre de la commission internationale pour les problèmes de
peste bovine organisée à Vienne. Le même Dr. Ioan Minea figure entre 1870 et
1879 comme Professeur honorifique de zootechnie et thérapeutique animale à
l’Institut Agronomique de Cluj-Mănăştur. Il est nommé aussi professeur
extraordinaire à la Faculté de Médecine et Chirurgie au cadre de l’Université des
Sciences de Cluj, à partir de 1872.
La même année est fondée à Cluj l’Université des Sciences et par conséquent
l’Institut Médico-Chirurgical cesse son activité. L’enseignement médical reçoit
dès lors le rang universitaire. L’enseignement vétérinaire ne sera mis au rang
universitaire que seulement 90 ans plus tard, avec la création de la Faculté de
Médecine Vétérinaire de Cluj, en 1962 !
42
Si l’on rapporte le nombre des roumains au total des personnes qui finirent leurs
études de 1832 à 1872, on obtient un pourcentage dérisoire, un peu au-dessus 1
%.
Si l’on tient compte du fait que la grande majorité des propiétaires était d’origine
roumaine et ne connaissait pas la langue hongroise on imagine la discrimination
subie par la population autochtone à cette époque-là.
Il existe de nombreuses références sur la destinée de ceux qui finirent leurs
études. L’un d’entre eux, VASILE CORNEA (qui a fini ses études en 1867/68), a
publié en 1877 un livre sur la santé des animaux: « LE SOIN VÉTÉRINAIRE DE
CHEZ TOI POUR LES CHEVAUX, BÊTES À CORNES, MOUTONS, CHÈVRES
ET COCHONS , écrit pour les Roumains par Baziliu Cornea, maître en Chirurgie,
Obstétrique et médecine Vétérinaire. Gherla 1877, Éditions Diecezane. »
Ce livre semble être le premier de cette sorte écrit et publié en roumain, en
Transylvanie. Les 266 pages du livre rédigées dans le langage de l’époque, avec
l’orthographe latinisée de l’École Transylvaine, sont divisées en quatre sections,
dédiées aux principales espèces d’animaux de rente élevés à cette époque-là :
chevaux, bêtes à cornes, moutons, chèvres, et cochons. Chaque partie contient
6 chapitres : l’histoire naturelle de l’espèce, la description des races et de leur
extérieur, « la détermination de l’âge de l’animal », la reproduction , une
comparaison entre l’animal sain et l’animal malade et enfin la description des
maladies dans les espèces respectives.
SIMEON STOICA (qui a fini ses études en 1869 – 1870), maître en
chirurgie et médecine vétérinaire professait depuis 1873 à Rodna (dans le
département de Bistriţa Nasaud) et a écrit « LE TRAITÉ DES MALADIES
AIGUËS – INFECTIEUSES (zoonoses) ».
IOAN HUBOTI, qui a fini ses études à Vienne (1842) a écrit: « INSTRUCTION
POUR LA DÉTECTION DES MALADIES ET LA REPRODUCTION DU BÉTAIL,
43
ÉCRITE POUR LA PREMIÈRE FOIS ET PUBLIÉE EN ROUMAIN POUR
L’UTILISATION DE TOUT LE MONDE ».
Ces ouvrages ont permis la formation des praticiens renommés et ont constitué
les premiers manuels utilisés dans les écoles vétérinaires qui ont été fondées à
cette époque-là, même s’ils se référaient principalement au cheval, les autres
espèces étant ignorées.
La fin de cette période enregistre une disparition graduelle de l’obscurantisme et
du mysticisme féodal et une tentative d’explication scientifique des phénomènes
de la nature par des études d’anatomie comparée et physiologie effectuées sur
l’Homme mais surtout sur les animaux, ce qui a amené le progrès rapide de la
médecine humaine et vétérinaire.
La deuxième institution d’enseignement médical (mais dont on ne connaît
pas grand chose) est retrouvée à Sibiu. L’existence de cette institution est
attestée par un seul diplôme d’aide-chirurgien accordé à MICHAEL KRAUS en
1774, à HERMANNSTADT (Sibiu) et qui s’intitulait : « ARZT UND VETERINAR »
et qui nous dit que l’instruction de ce practicien se basait aussi sur des notions
de médecine vétérinaire.
Avec la suppression de l’École Médico-Chirurgicale de Cluj en 1872 les maîtres
disparaissent eux aussi graduellement, le droit d’exercer leur profession leur
étant retiré. Ils sont alors remplacés par ceux finissant les études dans la toute
nouvelle Faculté de Médecine.
En Transylvanie, Valachie et Moldavie la médecine vétérinaire était professée
par des enseignants diplômés des Écoles Vétérinaires de Vienne ou de Pest,
fondées en 1767 et 1782.
Parmi les Roumains ainsi diplômés de ces écoles, il y eut IOAN HUBOTI qui finit
ses études à Vienne et CONSTANTIN FOMETESCU qui finit ses études à Pest.
44
Ce dernier a occupé des fonctions importantes dans l’enseignement et l’armée et
a publié un ouvrage scientifique intitulé : « MÉMOIRE SUR LA MORVE », publié
en 1875 et qui fut alors très apprécié à cette époque.
GHEORGHE ASACHI essaye de créer en Moldavie pour la première fois une
école de médecine humaine et vétérinaire. Ainsi, en 1832, après avoir obtenu de
bons résultats avec sa fondation « LE LYCÉE VASILIAN », il intervient auprès
des autorités pour la création d’une École Supérieure intitulée « ACADÉMIE », et
où des cours de médecine vétérinaire allaient être enseignés. Mais, à cause du
manque de professeurs spécialisés, ce projet n’a pas pu être matérialisé. Une
année plus tard, en 1834, six jeunes hommes qui avaient fini leurs études au
lycée Vasilian sont envoyés à l’étranger pour suivre leur instruction. Parmi ces
jeunes hommes, LEONTE FILIPESCU se fait remarquer comme professeur
d’économie rurale au séminaire de Socola, il enseignera des notions sommaires
de médecine vétérinaire, mais insuffisantes pour pouvoir faire face aux
demandes de l’époque. C’est pour cette raison que l’on fit appel à des
vétérinaires venus de l’étranger, tels AVRAM POPPER ou IOHANN STEPANEK.
En 1850 le prince régnant GRIGORE GHICA fait un nouvel essai afin d’organiser
une institution de médecine humaine et vétérinaire mais sans résultats,
principalement à cause du manque de moyens matériels.
En Valachie, les premières notions de médecine vétérinaire sont enseignées
aux maréchaux-ferrants militaires (« NALBATI ») à partir de 1831, l’un des
professeurs étant MIHAI WALNER. Les premières notions enseignées aux
maréchaux-ferrants se référaient à l’étude des chevaux, elles étant contenues
dans le « RÈGLEMENT MILITAIRE DE LA MILICE NATIONALE » de 1831. Ce
règlement décidait que « l’officier de l’état major – le médecin vétérinaire Mihai
Walner devait choisir 3 officiers et 22 soldats de chaque escadron pour leur faire
enseigner l’étude des chevaux. Ces notions sur l’étude des chevaux étaient
enseignées par les vétérinaires, répartis aux 3 régiments ».
45
Le premier essai de création d’une école vétérinaire dans cette province
date de 1833 quand par « Le règlement des Écoles de la Principauté de
Valachie » est introduit un cours d’agriculture pratique dans lequel sont
enseignées, en deuxième année, des notions de médecine vétérinaire. De
même, dans le règlement de fonction des séminaires théologiques il était prévu
qu’en quatrième année quelques « leçons de vaccination et de médecine
vétérinaire » soient enseignées.
En 1838, le vétérinaire WOLFGANG LUCACI fait un nouvel essai de
fonder une école de médecine vétérinaire, il est l’auteur du projet « INSTITUT
DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE », resté malheureusement sans résultat.
En 1840, CONSTANTIN HEPITES réussit à donner des leçons de médecine
vétérinaire aux instituteurs (fait consigné par les documents de l’époque). Plus
tard, dans « LA LOI DE L’ANNÉE 1842 » il était prévu que le vétérinaire de l’état
ait l’obligation d’enseigner cet art aux personnes qui s’y intéressent.
Les premiers cours de médecine vétérinaire (attestés par les documents de
l’époque) ont été dispensés à Bucarest à partir de 1853 dans des écoles de
médecine humaine où étudiaient des aides-chirurgiens et où l’on enseignait un
cours de « zootechnie et de maladies épidémiques ». Même si l’on a essayé de
séparer l’enseignement vétérinaire de l’enseignement humain, le vétérinaire
WALTER LUCACI étant chargé d’organiser les cours, la médecine vétérinaire a
été enseignée dans le cadre de « L’ÉCOLE D’AIDES-CHIRURGIENS
MILITAIRES » en 1855, de « L’ÉCOLE DE CHIRURGIE » en 1856, et de
« L’ÉCOLE NATIONALE DE MÉDECINE ET PHARMACIE » où l’on a enseigné
un cours « d’art vétérinaire » entre 1857-1858, « la pathologie des animaux » et
« les maladies épidémiques » entre 1858-1860, et seulement les maladies
épizootiques entre 1860-1862.
Des notions de médecine vétérinaire ont aussi été enseignées au
séminaire NIFON et à « L’ÉCOLE D’AGRICULTURE » de Herăstrău par le
même WOLFGANG LUCACI, maître en chirurgie de Budapest.
46
Il est le premier professeur de médecine vétérinaire de Valachie et a publié « LE
MANUEL DE MALADIES ÉPIDÉMIQUES DU BÉTAIL »(1855), deuxième livre de
médecine vétérinaire publié en Roumanie, le premier étant celui de IOAN
HUBOTI.
III LA CRÉATION DE LA PREMIÈRE ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE BUCAREST
Du fait des épizooties décimant des effectifs entiers d’animaux et du
système d’instruction des vétérinaires ne satisfaisant pas la demande, « LA LOI
POUR L’INSTRUCTION DE L’ARMÉE DES PRINCIPAUTÉS ROUMAINES » du
24 mai 1860 prévoit que six personnes finissant leurs études à l’École de
chirurgie de Bucarest soient envoyées aux frais de l’état en France pour être
instruites en médecine vétérinaire.
Mais cette solution ne résolvait pas le besoin immédiat de médecins vétérinaires.
Celui qui comprit la nécessité de la création d’un enseignement vétérinaire fut
CAROL DAVILA. Né le 8 avril 1828 dans la localité AVILA près de Parme de
parents inconnus, il fut adopté par le médecin ANGE GUEGIN, un homme
passionné de science. Il fait ses études à Angers, en étant en même temps
interne à l’hôpital Hotel Dieu. Comme étudiant il participe à la lutte contre des
épizooties de choléra, son courage et ses mérites étant récompensés par des
remerciements officiels et des médailles. Après avoir soutenu sa thèse de
doctorat à Paris il répond à l’annonce faite par le doyen de la Faculté de Paris,
concernant la possibilité de conduire le service sanitaire de l’armée de Valachie.
C’est ainsi que CAROL DAVILA arrive à Bucarest le 13 mai 1853, et ayant pour
mission d’organiser le service sanitaire de l’armée, il se rend compte du manque
de cadres.
Par conséquent, il fonde à ses propres frais à l’Hôpital Mihai Voda une école
d’aide-chirurgiens où l’on enseignait en outre, des cours de médecine
vétérinaire.
47
Ainsi, le 4 décembre 1855 il crée « L’ÉCOLE MILITAIRE DE PETITE
CHIRURGIE » qui sera transformée l’année suivante en « ÉCOLE DE
CHIRURGIE » nettement supérieure, et où les cours de médecine vétérinaire
étaient dispensés par Lucaci.
Le premier document officiel sur l’intention de la création d’une École Vétérinaire
est le décret publié dans le Journal Officiel no. 75 de 23 septembre 1855 :
« Conformément aux dispositions prises par ce comité, qui prévoient qu’au 1er
octobre de l’année courante va s’ouvrir une école d’enseignement vétérinaire
sous la direction de monsieur le vétérinaire de l’état Lucaciu, chargé de cette
spécialité ; le comité publie pour l’information de tout le monde que tout aide-
chirurgien qui désire suivre des études vétérinaires , d’anatomie et de
physiologie doit se présenter devant ce comité jusqu’à la fin du mois courant
pour qu’il soit inscrit comme élève. »
Le directeur du comité, N. Gussi
Même s’il n’y pas de données concernant la fonction de cette « ÉCOLE POUR
L’ENSEIGNEMENT VÉTÉRINAIRE », il semble toutefois qu’elle ait fonctionné,
fait qui résulte d’un autre document publié par le même Comité Sanitaire dans le
Journal Officiel no. 66 de 1856
Le Comité Sanitaire,
«Dans la prochaine année scolaire les études vétérinaires seront
organisées selon le programme suivant :
I – La Zootomie (la dissection des cadavres) avec la Zoophysiologie ;
II – La description des maladies aiguës ;
III – Les maladies épidémiques et infectieuses ;
IV – La matière médicale ou la connaissances des médicaments utiles.
Conformément au rapport no. 20, écrit par le monsieur le médecin Lucaciu, le
vétérinaire de l’état, chargé d’enseigner ce cours à l’école vétérinaire, cours qui
commence le 1er septembre de l’année courante et finit en juillet l’année
48
prochaine, le comité publie la présente pour informer les jeunes hommes qui s’y
intéressent pour se présenter devant le monsieur le vétérinaire de l’état pour être
inscrits dans le registre des élèves de cette école rédigé par lui. »
Le directeur du comité, N. Gussi
Ce document atteste que dès 1856 des cours réguliers de connaissances
vétérinaires étaient dispensés.
En 1857, l’École de Chirurgie est transformée en École Nationale de Médecine et
Pharmacie.
Considérant que la médecine est unique, et comprenant la nécessité de
l’enseignement vétérinaire, Carol Davila réussit à fonder un secteur de médecine
vétérinaire auprès de cette institution. Ainsi, le 1er décembre 1860 le service
sanitaire publie dans le Journal Officiel le décret suivant, par lequel est annoncé
la création dans les Principautés Roumaines de la « PREMIÈRE ÉCOLE DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE » à partir du 1er janvier 1861 :
« Chaque année une épizootie apporte la désolation parmi les agriculteurs du
pays, décimant la majorité des animaux qui constituent la principale richesse des
paysans.
Les autorités compétentes ont constaté le fait que la population a besoin de gens
avec une instruction spécialisée en la matière et qui puissent à l’aide de mesures
prophylactiques lutter contre les causes des maladies, guérir les animaux
malades aussi bien que coordonner la reproduction systématique des animaux.
Les médecins de départements chargés de devoirs nombreux et complexes se
trouvent dans l’impossibilité de faire face à cette branche de la médecine.
Les gens ayant des connaissances spéciales en la matière sont informés qu’à
partir du 1er janvier 1861 « UNE ÉCOLE SPÉCIALE D’ART VÉTÉRINAIRE »
sera ouverte. »
Basée sur le Règlement de l’École Nationale de Médecine et de
Pharmacie et approuvée par le Conseil Médical de 8 juin 1860, la première Ecole
spécialisée de médecine vétérinaire est inaugurée le 1er janvier 1861.
49
Elle s’adresse alors aussi bien aux besoins de l’armée qu’aux besoins du reste
du pays et offre une instruction en 2 degrés :
1. LES AIDES-VÉTÉRINAIRES ou LES PATRONS EN ART
VÉTÉRINAIRE (durée de la scolarité : 3 ans)
2. LES VÉTÉRINAIRES ou LES MAÎTRES EN ART VÉTÉRINAIRE
(durée de la scolarité : 5 ans).
Les instructions de fonctionnement signées par Carol Davila prévoyaient la
manière dont la scolarité des deux catégories d’élèves allait être organisée, ainsi
que des examens rigoureux qui, une fois passés, donnaient « LE DROIT
D’EXERCER L’ART VÉTÉRINAIRE ».
Cette école était sous la tutelle du Ministère de la Guerre et était abritée dans le
bâtiment de l’Hôpital Militaire Central, construit en 1859. Même si la date du
commencement des cours fut fixée le 1er janvier, les cours commencèrent le 15
mai 1861 à la suite du Décret du Prince régnant Alexandru Ioan Cuza.
Le médecin Davila choisit parmi les élèves de l’école de médecine, ceux qui
veulent suivre des cours de médecine vétérinaire, et crée un groupe de 34
élèves, en organisant le programme des cours :
50
LE PROGRAMME DU SEMESTRE D’ÉTÉ DE L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE POUR
L’ANNÉE 1861
1. La Zootomie,
professeur Lucaci
Mardi, Jeudi, Samedi 1 - 2 h. p.m.
2. L’Anatomie et la
théorie de la ferrure,
professeur Enicek
Lundi, Mardi, Vendredi 1 – 2 h. p.m.
3. La clinique vétérinaire,
professeur vétérinaire
Prokesch
Mardi, Jeudi, Samedi 6 – 8 h. a.m.
4. La ferrure des
chevaux, professeur
Enghel
Lundi, Mardi, Vendredi 6 – 8 h. a.m.
5. L’Anatomie, professeur
Eichenbaum (tous les
jours)
- - - 11 – 2 h. a.m.
6. La Petite Chirurgie,
professeur Dumitrescu
Mardi, Jeudi, Samedi 4 – 5 h. p.m.
7. La Zoologie,
professeur Stavrescu
Lundi, Mercredi,
Vendredi
3 – 4 h. p.m.
8. La Minérologie,
professeur Vladescu
Mardi, Jeudi, Samedi 3 – 4 h. p.m.
9. La Botanique,
professeur Grecescu
Lundi, Mercredi,
Vendredi
4 – 5 h. p.m.
10. L’Histoire des
Roumains et la Religion,
le prêtre Balaşescu
Lundi, Mercredi,
Vendredi
5 – 6 h. p.m.
51
Pour l’année scolaire 1862 le programme analytique de l’École Vétérinaire
établi par une décision ministérielle prévoit non seulement les matières qui
allaient être enseignées mais également leur place dans le cursus :
1-ÈRE ANNÉE : Des Éléments de physique ; Des Éléments de Chimie ;
L’Histoire naturelle (la Zoologie et la Minéralogie) ; La Zootomie ; La Botanique ;
L’Art de la Ferrure ; La Visite des Infirmeries d’animaux ; La Langue Latine ; La
Langue Française ;
2-ÈME ANNÉE : La Physique ; La Chimie minérale ; La Zootomie ; La
Zoophysiologie ; L’Histoire des animaux domestiques ; La Botanique ; L’Art de la
ferrure (la pathologie des ongles) ; La Zoopathologie ; La Clinique des animaux ;
La Langue Latine ; La Langue Française.
3-ÈME ANNÉE : La Chimie organique, La Zootomie; L’Extérieur des
animaux : la couleur, la variété, le soin des troupes de chevaux, du bétail et de
tous les animaux ; La Pharmacologie ; L’Histoire naturelle des médicaments ; La
reproduction des animaux domestiques ; La Zoopathologie ; La Clinique des
animaux ; L’Obstétrique théorique et pratique ; L’Agriculture.
4-ÈME ANNÉE : La Zoopathologie ; La Thérapeutique et la
Pharmacologie des maladies épizootiques ; La Chirurgie vétérinaire ; La Clinique
des animaux ; La Matière Médicale ; L’Art des formules ; L’Hygiène.
5-ÈME ANNÉE : La Médecine légale ; L’Agronomie ; Les Maladies
épizootiques et infectieuses ; Les Opérations et la cure des maladies externes ;
Les Maladies des yeux ; La Police Vétérinaire ; La Clinique des animaux ;
L’Hygiène.
Dès la première année scolaire, la contribution de l’École Vétérinaire dans la
lutte contre les épizooties se fait remarquer, les élèves ayant activement
participé à des actions sur le territoire. D’ailleurs, dès le début de leur instruction,
l’accent est mis sur la pratique. Ainsi, les élèves, groupés en deux « divisions »,
ont l’obligation de visiter chaque matin les étables des casernes pour mieux
connaître les maladies des animaux et les traitements qui leur étaient appliqués.
52
12 élèves de la 1-ère « division » travaillent dans les étables et dans les
infirmeries de la caserne Malmaison et assistent à la dissection des cadavres
(les premières autopsies).
En deuxième année la langue latine est introduite dans le programme des
cours et parmi les matières de spécialité sont introduites « les bandages » et « la
pathologie des animaux ».
En troisième année sont introduites « la pharmacologie », « la matière
médicale » et la langue française. En quatrième année y sont ajoutées les
maladies épizootiques, l’obstétrique, l’hippologie, la physique et la chimie
organique.
Après avoir terminé leurs trois années d’études, les premiers élèves de l’École
Vétérinaire passèrent le concours pour obtenir le dilpôme d’aide-chirurgien. Au
concours qui a eu lieu entre le 9 et le 10 avril 1863, 11 élèves ont été acceptés
dont 6 ont été envoyés sous la direction de Vasile Lucaci dans des villages pour
combattre les épizooties. Les autres ont été envoyés dans les unités militaires.
Ceux n’ayant pas réussi à passer l’examen furent considérés comme recalés et
réinscrits en 2ème année.
Parmi ceux ayant obtenu le diplôme d’aide-chirurgien, on retrouve DIMITRIE
PREOTESCU, IOAN POPESCU et PANAIT CONSTANTINESCU. Ils
deviendront plus tard professeurs de l’École Vétérinaire.
Les conditions dans lesquelles les élèves étudiaient étaient précaires, l’école ne
disposant pas de son propre bâtiment. Ainsi, en dehors de la classe vétérinaire
et de l’amphithéâtre de l’Hôpital Militaire Central, toute l’activité se déroulait dans
le Jardin Botanique, la caserne Malmaison (la clinique des animaux), le
laboratoire de chimie de l’Hôpital Colţea et à l’Academie (le cours de physique).
53
IV L’ÉVOLUTION DE L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE BUCAREST JUSQU’À SA TRANSFORMATION EN FACULTÉ (1864 – 1921) Une étape importante dans l’évolution de l’enseignement vétérinaire est la
promulgation de la « LOI SUR L’INSTRUCTION » à la fin de l’année 1864, loi par
laquelle l’École Vétérinaire est transférée du Ministère de la Guerre au Ministère
de l’Instruction. Elle est alors intégrée à l’enseignement supérieur. La même
année, grâce aux efforts de quelques médecins humains et vétérinaires (parmi
lesquels le jeune médecin vétérinaire ION ANDRONIC qui venait de rentrer
après avoir fait ses études en France) l’École Vétérinaire reçoit un règlement de
fonctionnement propre, resté valable jusqu’en 1872. La durée de l’enseignement
est fixée à 5 années, et les matières divisées en 6 chaires :
1. Les sciences de la nature, la physique, la chimie, la pharmacologie, la
botanique ;
2. L’anatomie descriptive, la physiologie, l’extérieur des animaux
domestiques ;
3. L’anatomie et la pathologie des sabots, l ‘art de la ferrure ;
4. L’anatomie pathologique, la pathologie générale, la clinique interne ;
5. La pathologie chirurgicale, la chirurgie vétérinaire, la clinique
vétérinaire ;
6. L’hygiène, la police sanitaire, les maladies épizootiques et
infectieuses, la médecine légale.
Le nombre des élèves croît progressivement (dans l’année scolaire 1865 – 1866
étaient inscrits 35 élèves et dans l’année suivante 1866 – 1867 étaient inscrits 58
élèves dont 42 de Valachie, 13 de Moldavie, 2 de Transylvanie et 1 de France).
Les élèves finissant leurs études repartent, pour la majorité, dans les villes et
participent avec succès à la lutte contre les épizooties.
À partir de l’année scolaire 1867 – 1868 l’enseignement vétérinaire s’améliore
54
grâce aux premiers professeurs titulaires provenant de l’École Vétérinaire (AL.
LOCUSTEANU, D. PREOTESCU, I. POPESCU) et aux autres nouveaux
professeurs qui remplacent l’ancien corps professoral, tels EMANOIL
BACALOGLU (physicien remarquable), CAROL DAVILA (il enseignait la chimie
expérimentale), C. FOMETESCU (il enseignait l’hygiène, l’anatomie et la
pathologie des sabots) et MAURICIU KOLBEN (il enseignait la chirurgie
opératrice et la reproduction des animaux domestiques, la future zootechnie), qui
fit ses études vétérinaires à Vienne.
Les premiers élèves qui présentent leur thèse pour obtenir le diplôme de
médecin vétérinaire (1869) furent : D. PREOTESCU (le premier diplômé) et ION
POPESCU (le second diplômé).
Après cette période d’ascension due aux efforts soutenus de Carol Davila qui a
fondé et dirigé l’École Vétérinaire pendant 10 ans (1861 – 1871), l’école connaît
des moments difficiles, son existence étant parfois remise en question.
Ainsi, en 1870 sous la direction du général TELL qui était alors Ministre de
l’Instruction, l’École Vétérinaire est supprimée formellement, mais continue
d’exister grâce à l’aide matérielle de quelques anciens élèves. Fonctionnant
comme une annexe de la Faculté de Médecine, elle utilise pour le déroulement
des cours toute sorte de bâtiments à Bucarest.
Ainsi, le Décanat de la Faculté de Médecine établit un nouveau « RÈGLEMENT
POUR L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE », par lequel il voulait réorganiser
l’enseignement vétérinaire. Ce règlement remplaçait le règlement de 1864 et
assimilait l’école avec le lycée, réduisant l’enseignement à quatre ans, et
supprimant la thèse pour l’obtention du diplôme de médecin vétérinaire. Ceux qui
finissaient les cours recevaient de nouveau le titre de MAÎTRES EN ART
VÉTÉRINAIRE. Cette nouvelle loi rétrogradait l’enseignement vétérinaire qui
atteignait alors de nouveau le niveau de la première année de sa création. Mais
tant les professeurs que les élèves opposèrent une forte résistance. Ils
continuaient de suivre l’ancien règlement, et ceux qui finissaient leurs études
55
soutenaient clandestinement leur thèse et recevaient le titre de médecins
vétérinaires.
Pendant toute cette période critique le directeur de l’École Vétérinaire fut
MAURICIU KOLBEN.
Cette période d’incertitude a déterminé beaucoup d’élèves qui finissaient leurs
études à l’École Vétérinaire, à poursuivre leurs études à l’étranger afin d’obtenir
une meilleure qualification.
À l’exception d’une seule année (1875) quand elle a été transférée au Ministère
de la Guerre, l’École Vétérinaire est restée sous la tutelle de la Faculté de
Médecine jusqu’en 1883, et son activité s’est déroulée conformément au
règlement rétrograde de 1872.
Les difficultés de l’enseignement vétérinaire s’accentuent surtout pendant et
après la Guerre d’Indépendance à laquelle participent sur les champs de lutte
beaucoup d’élèves et de professeurs. À cause de cela, le nombre des élèves
diminue continuellement (en 1878 l’école n’est fréquentée que par 15 élèves) ce
qui est en contradiction avec la demande de spécialistes en la matière qui, elle,
est de plus en plus accentuée. Face à cette situation, le Ministre de l’Instruction à
la demande du Ministre des Affaires Internes, constitue une commission pour
réorganiser l’École Vétérinaire. Mais le projet de cette commission n’a pas reçu
l’aide matérielle nécessaire pour la constitution du budget et pour l’attribution
d’un immeuble adéquat.
Toutefois, l’Ecole réussit à obtenir un bâtiment où les cours peuvent avoir lieu,
même si cet immeuble ne satisfaisait pas à toutes les demandes. De même, le
programme scolaire est amélioré grâce à l’introduction de la zootechnie et de
l’inspection des viandes. Le corps enseignant a lui aussi changé, et se retrouve
formé d’anciens élèves de l’École Supérieure Vétérinaire, quelques-uns ayant
étudié à l’étranger. De nouveaux professeurs apparaissent : ION MUSCELEANU
(pour la zootechnie), PANAIT CONSTANTINESCU (pour la pathologie générale,
l’anatomie pathologique et l’obstétrique) et GEORGE PERSU (pour les maladies
56
contagieuses, la police sanitaire, la médecine légale et la jurisprudence) ainsi
que le directeur des cliniques, Monsieur PANDELE CONSTANTINESCU.
Mais les cours de médecine vétérinaire se déroulent dans des conditions
relativement insalubres. Ainsi pour la salle d’autopsie on utilisait un grenier
transformé, l’anatomie disposait d’une salle construite par souscription publique
et se faisait sur les cadavres trouvés sur les quais de la rivière Dâmboviţa.
Le changement radical dans la vie de l’École Vétérinaire eut lieu en 1883 quand
elle passa sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture récemment fondé et quand
le directeur M. Kolben fut remplacé par un ancien élève de l’école : ALEXANDRU
LOCUSTEANU. Ayant un caractère dynamique, il réussit à donner à l’école
vétérinaire le développement propre à son orientation.
D’ailleurs, dans un discours tenu en 1915, il dit lors d’une Assemblée Générale
des médecins vétérinaires que « sous l’influence des médecins, pendant 22 ans,
l’école est restée sans anatomie, sans physiologie, sans dissection, sans
laboratoires, sans instruments – avec un seul microscope ; mais en tutelle du
Ministère de l’Agriculture elle devient très vite mieux organisée que ne l’était
alors la Faculté de Médecine. »
AL. LOCUSTEANU rédige en 1883 un nouveau règlement pour l’organisation et
le fonctionnement de l’École Vétérinaire, qui est resté en vigueur jusqu’en 1909.
L’enseignement vétérinaire se réorganise alors définitivement et l’école devient
officiellement L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. On en
revient à 5 ans d’études et au caractère obligatoire de la présentation de la thèse
pour l’obtention du titre de médecin vétérinaire. De même, une grande
importance est accordée à l’instruction pratique des élèves par l’introduction pour
57
la majorité des matières d’activités pratiques et par l’apparition de postes de
« CHEF D’ACTIVITÉS ».
De nombreuses dissections sont faites, ainsi que des exercices microscopiques,
de zootechnie, de police sanitaire-vétérinaire, d’inspection des viandes de
boucherie et des produits d’origine animale, des activités de pharmacologie et de
ferrure. Les élèves de 3ème, 4ème et 5ème année devaient se présenter chaque
jour en clinique, et les animaux malades étaient examinés. Pour encourager la
présentation en clinique d’animaux malades, il y avait entre certaines heures des
consultations gratuites. Pour devenir des élèves de l’École Vétérinaire
Supérieure les candidats devaient avoir fini le lycée ou les cours de l’École
d’Agriculture, et ceux qui avaient le diplôme du baccalauréat étaient directement
admis en 2ème année, avec l’obligation de suivre le cours d’anatomie et de
passer les examens annuels dans toutes les matières. Faute de laboratoires de
spécialité, les cours et les activités pratiques de chimie, physique, botanique et
zoologie avaient lieu à la Faculté de Médecine.
En tant qu’autorité tutélaire, le Ministère de l’Agriculture alloue la somme
d’environ 300.000 lei avec laquelle il achète un terrain de 3 hectares où seront
construits les pavillons de l’école dès 1885.
Le déménagement du siège de l’École Vétérinaire Supérieure dans un immeuble
plus spatieux, situé au centre de la capitale, permet le déroulement de
l’enseignement dans de meilleures conditions, avec des compartiments pour
l’isolation des animaux avec des maladies contagieuses, pour les consultations
et les traitements.
Le nouvel immeuble sera fini en 1887 de sorte que pour l’année scolaire 1887 –
1888 les cours sont dispensés dans ce bâtiment par un corps professoral dont
faisaient partie entre autres : C. GAVRILESCU, C. CALCIANU, PAUL OCEANU,
C. VASILESCU, le directeur étant le monsieur I. POPESCU. L’enseignement se
déroulait avec huit chaires et pour l’année scolaire 1898 – 1899 avec neuf
chaires. Dans cette même période sont nommés de nouveaux professeurs : le
chimiste A. BABEŞ comme maître de conférences pour la physique et la chimie,
ION ATANASIU pour la physiologie, I. POIENARU pour la pathologie et la
58
clinique médicale et G. UDRISKI pour la pathologie et la clinique chirurgicale.
Ces professeurs, par leur travail soutenu, ont réussi à élever l’enseignement
vétérinaire à un niveau universitaire mais qui ne sera reconnu comme tel que
beaucoup plus tard.
De plus, le développement de l’enseignement vétérinaire a été freiné par de
nouveaux obstacles, comme par exemple le passage à nouveau en 1899 sous la
tutelle du Ministère de l’Instruction.
Pendant les quinze années où l’enseignement vétérinaire fut sous la tutelle du
Ministère de l’Agriculture, il n’a pas cessé de progresser. En revanche, sous la
direction du nouveau ministère, il connaît de grandes difficultés matérielles et
une diminution du nombre des élèves, même si la qualité de l’enseignement
reste élevée, notamment grâce à la nomination de nouveaux professeurs tels
que PAUL RIEGLER, CONSTANTIN MOTAŞ et NICOLAE FILIP. Dans cette
même période est introduit le caractère obligatoire du baccalauréat comme
condition essentielle pour l’admission à l’école.
En 1907, le directeur AL. LOCUSTEANU est remplacé par le professeur ION
ATANASIU, qui, par sa grande autorité, persuade le ministre de l’enseignement
et les parlementaires d’adopter une nouvelle loi pour la réorganisation de
l’enseignement vétérinaire universitaire. Promulguée le 4 juin 1909, cette loi
ouvre une nouvelle étape dans le développement de l’enseignement vétérinaire,
étape qui finira par la transformation de l’École Supérieure Vétérinaire en
Faculté. Suite à cette nouvelle loi, les professeurs sont assimilés aux agrégés
universitaires, ils occupent les postes par nomination ou concours et reçoivent la
confirmation définitive de leur poste après trois ans, par décret royal ; les élèves
reçoivent le titre d’étudiants et le diplôme de médecin vétérinaire est rendu
équivalent au diplôme de docteur. Par cette même loi, « L’INSTITUT DE
SÉRUMS ET DE VACCINS » (l’actuel I.C.V.B. PASTEUR) est fondé et
« L’INSTITUT ZOOTECHNIQUE », supprimé en 1900 après cinq ans d’activité,
est réfondé. Les deux instituts sont annexés à l’École vétérinaire et dirigés par un
de ses professeurs.
59
En 1910, le directeur ION ATANASIU se retire et est remplacé par PAUL
RIEGLER. Le chef d’activités GRIGORE SLAVU est nommé sous-directeur.
Jusqu’à la veille de la première guerre mondiale le corps professoral est
complété par les nouveaux chefs d’activités et les futurs professeurs : AL.
CIUCA, I. DRAGOI, G. ILIESCU, M. FALCOIANU, I. BUCICA ce qui reflète
l’importance significative donnée à l’instruction pratique des élèves. Par ce corps
enseignant, l’institution pouvait se comparer à toute autre institution vétérinaire
du monde.
En 1911, à la suite de grands sacrifices matériels, le professeur UDRISKI
procure une installation Roentgen. Celle ci sera, après l’occupation de la
capitale, volée par les forces occupantes qui ont entre autres, dévasté les
laboratoires, les musées et les bibliothèques. Pendant la guerre, l’école
interrompt son activité didactique, et est évacuée à Iasi. Les élèves mobilisés
dans différentes unités sanitaires contribuent alors d’une manière efficace à la
prévention et à la lutte contre les maladies animales au sein de l’armée et de la
population. Les étudiants de 4ème et 5ème année, avec une pratique de deux
ans de guerre, sont déclarés médecins, sans avoir à présenter la thèse
A la fin de la guerre, pendant de nombreuses années, des travaux soutenus sont
engagés sous la direction du professeur MOTAŞ pour la reconstitution des
laboratoires, des musées et des bibliothèques. Ce professeur a également lutté,
avec le soutien d’autres professeurs (V. TIMUŞ, D. ALEXANDRU, I. ST.
FURTUNA, I. PETRESCU, PAUL RIEGLER, C. MOTAŞ,C. UDRISKI) pour la
transformation de l’École Supérieure Vétérinaire en Faculté.
Malgré l’obstruction de quelques-unes des sommités de l’enseignement médical
humain qui dédaignaient les médecins vétérinaires et qui ont longtemps
empêché l’équivalence de ces deux professions, les efforts soutenus par le corps
vétérinaire, les cadres enseignants et les étudiants se matérialisent « PAR LA
PROMULGATION LE 22 JUIN 1921 DE LA LOI PAR LAQUELLE L’ÉCOLE
SUPÉRIEURE DE MÉDECINE EST LEVÉE AU RANG DE FACULTÉ ET
60
INTÉGRÉE DANS L’UNIVERSITÉ ». En fait, il s’agit de la loi de 4 juin 1909, dont
3 articles ont été modifiés :
L’art. 1. L’enseignement de la médecine vétérinaire se déroule dans la
Faculté de
Médecine Vétérinaire qui s’intègre dans l’Université de Bucarest.
L’art. 6. Le personnel didactique est formé de professeurs titulaires, de
maîtres de
conférences, de chefs d’activités et d’assistants. Ils sont assimilés au corps
didactique des autres facultés.
L’art. 23. La Faculté de Médecine Vétérinaire confère le Diplôme de
Docteur en
Médecine Vétérinaire selon les normes des autres facultés.
Si une grande partie des médecins humains ont dédaigné la profession
vétérinaire, il faut tout de même mentionner ceux qui ont soutenu cette
transformation : le professeur M. MINOVICI – le Doyen de la Faculté de
Médecine, les professeurs I. CANTACUZINO, V. BABEŞ, C. DANIEL, D.
GEROTA, A. JIANU, C. PROCA, D. IONESCU, ST. MINOVICI, I. ATANASIU, D.
HURMUZESCU, TR. SAVULESCU, GH. MURGOCI, D. VOINOV.
61
V L’ÉVOLUTION DE L’ENSEIGNEMENT VÉTÉRINAIRE DE ROUMANIE ENTRE LES DEUX GUERRES MONDIALES Entrés dans la grande famille universitaire, l’école, le corps vétérinaire et
professoral ont lutté pour l’amélioration continue de l’enseignement vétérinaire.
Ainsi, le 30 janvier 1929, « LE RÈGLEMENT DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE » est publié, règlement par lequel en plus des cinq examens
annuels de doctorat, est introduit le sixième, formé de la zootechnie, de 4
cliniques, de l’inspection sanitaire-vétérinaire des aliments, de l’hygiène
vétérinaire, de l’alimentation et de la législation vétérinaire, ce qui prolongeait le
procès d’enseignement avec encore deux semestres, devenant ainsi
enseignement de six ans. Ce règlement prévoit aussi le caractère obligatoire du
stage pratique pour les étudiants de 4ème et 5ème année, stage effectué
pendant les vacances d’été dans les Institutions de l’État et dans les Cliniques de
la Faculté.
En 1931, la Faculté de Médecine Vétérinaire bénéficie, comme toutes les autres
facultés, de « LA LOI DE L’AUTONOMIE UNIVERSITAIRE », qui contribue, avec
d’autres réglementations légales, au développement et à la consolidation
scientifique de l’enseignement vétérinaire.
Le corps professoral de l’entre deux guerres, a fourni de nombreux savants
mondialement connus. Ainsi, parmi les « anciens » professeurs : I. ATANASIU,
C. MOTAŞ, P. RIEGLER, I. POENARU, G. UDRISKI et GH. SLAVU et parmi les
« jeunes » professeurs, anciens étudiants de la Faculté : AL.CIUCA, I. CIUREA,
R. VLADESCU, GH. K. CONSTANTINESCU, M. FALCOIANU, GH. ILIESCU,
GH. NICHITA, I. BUCICA, AL. VECHIU, AL. PANU, I. BADESCU, M.
MIHAILESCU, D. CONTESCU, V. ŞOITUZ, FR. POPESCU, GH. DINULESCU,
N. STAMATIN, L. BURUIANA, O. VLADUTIU, V. GHETIE dont une partie a
contribué au développement de l’enseignement vétérinaire d’après guerre.
62
Le prestige de l’enseignement vétérinaire durant cette période était tel que la
Faculté de Médecine Vétérinaire constituait une vraie attraction pour ceux qui
choisissaient l’enseignement universitaire, le nombre des candidats au concours
d’admission progressant d’une année à l’autre, les étudiants en médecine
vétérinaire étant considérés comme l’élite des étudiants.
VI HISTOIRE DE LA PRESSE VETERINAIRE EN ROUMANIE
Dans le premier périodique paru à Bucarest en 1829 et rédigé par ION HELIADE
RADULESCU aussi bien que dans « L’ABEILLE ROUMAINE » paru à Iasi la
même année, sont publiés des conseils sur la lutte contre des épizooties, comme
par exemple la peste bovine ou la morve des chevaux.
Un peu plus tard, en 1838, « LA GAZETTE DE TRANSYLVANIE » (rédacteur
GEORGE BARITIU) paraît à Braşov, une gazette qui fait des recommandations
sur certaines maladies du bétail. Des conseils pratiques concernant des
maladies des veaux se retrouvent dans certains périodiques : « L’INSTITUTEUR
DU VILLAGE »(Bucarest, 1843) ; « LE CONSEILLEUR DE LA SANTÉ ET DE
L’ÉCONOMIE »(Iasi, 1844) ; « LA FEUILLE DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINS ET
DE NATURALISTES DE LA PRINCIPAUTÉ DE MOLDAVIE »(1851) ; « LE
JOURNAL D’AGRICULTURE »(Iasi,1857) ; « LA GAZETTE MÉDICO-
CHIRURGICALE DES HÔPITAUX »(1870)...
La première revue de médecine vétérinaire paraît en 1879 à Bucarest : « LE
MÉDECIN VÉTÉRINAIRE ». Elle est éditée par la Société de Médecine, fondée
le 15 mai 1871, et le collège de rédaction est formé des professeurs AL.
LOCUSTEANU, G. PERSU, M. MAGUREANU et P. CONSTANTINESCU.
Publication mensuelle, la revue retrace les préoccupations de l’époque : lutte
contre la peste bovine, problèmes d’amélioration des races bovine et chevaline…
63
Puis, apparaissent d’autres périodiques mensuels: « LA REVUE DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE »(Focşani, 1888), « LA REVUE DE MÉDÉCINE VÉTÉRINAIRE
ET DE ZOOTECHNIE »(1911), qui, en 1916, avec la première guerre mondiale,
cessent leur activité.
Entre 1888 – 1890 paraît « LE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE » qui change d’intitulé en 1894 : « LE BULLETIN ET LES
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE » . Toujours en
1916 à Galaţi paraît « LA REVUE DES SCIENCES VÉTÉRINAIRES ». Les
étudiants aussi publient dans cette période (1893 – 1894) la revue mensuelle
avec le titre : « LA CLINIQUE VÉTÉRINAIRE », et les médecins vétérinaires
militaires publient « LE BULLETIN DU CORPS SANITAIRE MILITAIRE »(1911 –
1912).
D’autres revues paraissent à la même époque, mais connaissent une existence
éphémère: « LE PROGRÈS VÉTÉRINAIRE », « L’AGENDA VÉTÉRINAIRE »,
« LE CARNET VÉTÉRINAIRE », « LES ARCHIVES VÉTÉRINAIRES », « LE
VÉTÉRINAIRE »...
Après la guerre, en 1919, Le Bulletin de l’Association des médecins vétérinaires
fusionne avec La Revue de Médecine Vétérinaire et de Zootechnie. La même
année, à Galaţi paraît de nouveau « LA REVUE DES SCIENCES
VÉTÉRINAIRES ». Sont également publiés « LA REVUE DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE ET DE ZOOTECHNIE », « LE BULLETIN DE L’ASSOCIATION
GÉNÉRALE DES MÉDECINS VÉTÉRINAIRES », « LES ARCHIVES
VÉTÉRINAIRES » (1910), « NOTRE DROIT » (1924), « LA REVUE
VÉTÉRINAIRE MILITAIRE », « LE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES
ÉTUDIANTS EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE » (1933), « L’AVICULTURE »
(1934), « LA CHIRURGIE » (1942)...
64
Toutes ces publications mensuelles ou périodiques ont contribué à l’essor
remarquable de la médecine vétérinaire durant cette période.
Parallèlement à l’édition de ces revues, paraît un grand nombre d’ouvrages
pédagogiques.
Ainsi, en 1842 « QUELQUES ENSEIGNEMENTS POUR LE TRAITEMENT DES
MALADIES ET LA PROLIFÉRATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES », écrit
par IOAN HUBOŢI, imprimé en 3000 exemplaires, qui contient des notions de
prophylaxie et de lutte contre certaines maladies animales, leur description, leur
classification, des notions d’amélioration et de reproduction.
A la même époque, dans une traduction réalisée à partir de l’ouvrage français
« LE GROS BÉTAIL D’ANGLETERRE » ION IONESCU DE LA BRAD introduit
dans le langage une série de néologismes tels que : avortement, fécondité,
omoplate, vertèbre, squelette, ainsi que le terme de « VÉTÉRINAIRE ».
LEONTE FILIPESCU modifie un manuel allemand et imprime en 1844 « LE
MAÎTRE DE L’AGRONOMIE OU LE GUIDE PRATIQUE DE TOUS LES
EMBRANCHEMENTS DE L’ÉCONOMIE » en deux volumes, le dernier
contenant des notions d’élevage (l’influence du climat et de l’alimentation) et des
maladies des animaux domestiques.
En 1846 paraît à Bucarest « LA PRATIQUE DU DOCTEUR DE MAISON AVEC
UN ABRÉGE DE CHIRURGIE, DE MATIÈRE MÉDICALE ET DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE ». Son auteur, Dr.S.V.EPISCUPESCU, dans le chapitre
« L’ÉPIZOOTIE-LA DIÉTÉTIQUE DES ANIMAUX » donne des conseils pour la
prévention de quelques maladies animales (la peste du bétail, la cachexie
aqueuse des moutons, les vers des cochons, la variole du bétail et de la volaille).
W.LUCACI imprime en 1855 à Bucarest « LE MANUEL DES MALADIES
ÉPIDEMIOLOGIQUES DES ANIMAUX » où il décrit 21 maladies (la douleur de
bouche épidémique, l’œsophage, l’étranguillon, la peste des bétails, la variole et
la cachexie aqueuse des moutons, la rage canine, etc.).
65
On doit remarquer que l’auteur est le premier à essayer de systématiser les
maladies : il commence avec la définition, ensuite l’historique, la nature de la
maladie, les symptômes, les causes de la maladie, le résultat de l’autopsie, le
traitement (les soins ou la cure de la maladie) et il finit avec des mesures de
police sanitaire. Ce manuel a été longtemps utile pour l’instruction des élèves de
l’école d’agriculture de Pantelimon, où LUCACI était professeur.
Jusqu’à la fin du 19ème siècle d’autres publications paraîtront concernant les
maladies animales, parmi lesquelles :
- le livre de I.CUPARENCU (Iasi 1861), « L’ENSEIGNEMENT PRATIQUE
DE LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE », qui traite en général de la peste du bétail ;
- les thèses pour obtenir le diplôme de médecin vétérinaire de
I.POPESCU (sur TYPHUS CONTAGICA OU PESTIS BOVINA, 1869),
D.PREOTESCU ( « SUR LA PÉRIPNEUMONIE CONTAGIEUSE », 1869),
G.H.POPESCU (« LA CASTRATION DES PETITS ANIMAUX -1870 »),
C.CONSTANTINESCU (« SUR LA PLEURÉSIE-1870 ») et IOANIN (LA GALE
OU LA ROGNE »-1871) ;
- le livre de D.PREOTESCU, intitulé « L’HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE, DE LA MARÉCHALERIE ET DU COLLÈGE
VÉTÉRINAIRE DE LONDRES » (Iasi, 1872) ;
- les trois ouvrages de I.CUPARENCU, imprimés à Iasi en 1874, intitulés
« LE SYSTÈME DE LA MALADIE DES ORGANES DE LA DIGESTION DES
CHEVAUX AVEC 103 ORDONNANCES », « LA CACHEXIE AQUEUSE OU LA
MALADIE DES DOUVES DANS LE FOIE DES BOVINES ET DES MOUTONS »
et « LE SYSTÈME DE LA MALADIE DE LA TRICHINE ET DE LA
CYSTICERCOSE AUX COCHONS »
- le même auteur publie en 1876 à Iasi « LE SYSTÈME DE LA MALADIE
DE LA VACCINATION DES VACHES ET LA VARIOLE DES MOUTONS » et
« LE SYSTÈME DE LA MALADIE DES ORGANES DE LA DIGESTION DES
CHEVAUX AVEC 103 ORDONNANCES » (deuxième édition) ;
66
- «LE MÉMOIRE SUR LA MORVE » de C.FOMETESCU, paru en 1875
contient une étude complète de la maladie, rédigée avec une rigueur scientifique
remarquable.
- l’ouvrage de PAUL OCEANU (professeur d’obstétrique à l’École
Supérieure de Médecine Vétérinaire – Bucarest) intitulé « LA CASTRATION DE
LA VACHE, LES EFFETS DE CETTE OPÉRATION SUR L’ENGRAISSEMENT,
L’AUGMENTATION DE LA QUANTITÉ ET L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ
DU LAIT » - paraît en 1894.
De Transylvanie on doit mentionner le livre de VASILE CORNEA, « LE LIVRE
DU VÉTÉRINAIRE DE MAISON » (Gherla, 1877) et « LE TRAITÉ DES
MALADIES INFECTIEUSES » de SIMEON STOICA (Sibiu, 1891) qui ont
contribué en ce temps-là à la connaissance de quelques maladies qui faisaient
des ravages sur les animaux ou qui avaient un caractère zoonotique majeur (la
rage, la morve, l’anthrax, la trichinose, etc.), aussi bien qu’à leur traitement et
prévention.
VII LA FONDATION DES PREMIERS INSTITUTS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE DANS LE DOMAINE DE LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE EN ROUMANIE
Le premier scientifique à mettre au point une méthode d’immunisation contre la
variole humaine fut le médecin anglais EDWARD JENER. À partir d’observations
faites par les trayeurs de vaches, il réussit en 1796 à mettre au point un vaccin
en utilisant les sécrétions recueillies sur des pustules de vaches atteintes de
variole.
Les premiers instituts destinés à préparer le vaccin animal voient le jour à partir
de 1840 où est fondé à Naples le premier institut dirigé par l’italien NEGRI.
Suivent ensuite Paris en 1864 et Bruxelles en 1868.
67
En Roumanie on doit le premier institut vaccinal au médecin VASILE
VLĂDESCU qui le 25 septembre 1874 posait les fondements de cette institution
à Bucarest.
C’est ainsi que la quantité de vaccin dont la population de la capitale pouvait
bénéficier fut considérablement augmentée. La collaboration entre les médecins
humains et vétérinaires devient inéluctable, et en 1879, le Dr. MIHAI
MĂGURESCU, médecin vétérinaire chef de la capitale et le professeur
Dr.IACOB FELIX, médecin chef de la capitale réussissent à dénaturer une
souche rapportée de Vienne et qui, inoculée à des veaux, permit l’obtention
d’une quantité plus importante de vaccin.
À partir de l’année 1883, à la suite d’un commun accord entre le professeur
AL.LOCUSTEANU, directeur de l’École Supérieure Vétérinaire et le médecin
chef de la capitale, la production de vaccin est faite dans cette institution, sous la
direction du médecin vétérinaire chef de la capitale, Dr.I.VINCENT.
Les élèves de l’Ecole pouvaient ainsi apprendre la méthode pour obtenir le
vaccin. Aidé par ses étudiants, le docteur L.VINCENT réussit à obtenir des
quantités de plus en plus importantes de vaccin conservé au bout de plumes
d’oie et dans des ampoules. Ainsi, en 1886, par l’inoculation de 30 veaux on
produit 2519 plumes avec de la lymphe vaccinale et 80 plumes avec du magma
(de la pâte vaccinale), chaque plume contenant assez de vaccin pour vacciner
25 à 50 enfants. Grâce à cette collaboration, dans l’intervalle 1883-1888, toutes
les séries d’étudiants sous la direction et la surveillance de L.VINCENT qui était
aussi leur professeur suppléant, ont connu et pratiqué la technique de l’obtention
du vaccin animal.
À côté de l’activité de production du vaccin animal dans l’École Supérieure
Vétérinaire, à l’initiative du Dr.FELIX et de L.VINCENT, est fondé dans un édifice
du jardin de la mairie de Bucarest L’INSTITUT VACCINAL COMMUNAL , afin de
produire des quantités de vaccin de plus en plus grandes. En effet, à cette
époque, les autorités commençaient à préconiser l’introduction de la vaccination
68
obligatoire dans la capitale et dans les départements. I.ŞT.FURTUNĂ, ancien
professeur, demandera en 1889, dans un mémoire adressé au directeur général
du service sanitaire que l’on fonde un institut avec une direction et du personnel
spécialisé. En 1890 débute la construction du bâtiment où est inauguré en 1891
L’INSTITUT VACCINAL DE L’ÉTAT qui fusionnera le 1er décembre 1899 avec
L’INSTITUT VACCINAL COMMUNAL, évènement facilité par le fait que les deux
institutions étaient voisines.
Les découvertes faites à la fin du XIXème siècle dans le cadre de la politique de
prévention et de lutte contre les maladies animales par immunisation active et
passive, et la nécessité de produire des quantités de plus en plus importantes de
produits biologiques utilisés dans ce but a déterminé dès 1892, dans le
laboratoire de microbiologie et anatomie pathologique de l’École Supérieure
Vétérinaire et dans la section vétérinaire de l’Institut de bactériologie la
production de :
- la maléine et la morvine par A.Babeş;
- la tuberculine (1896);
- le sérum anti-rouget (1900);
-le sérum et le vaccin anti-charbonneux pour les animaux et le sérum anti-
charbonneux pour l’homme (1904);
- le virus variolique ovin et le sérum anti-variolique (1904-1905);
- le sérum antitétanique à usage vétérinaire et humain
Ces petits laboratoires ne parvenaient cependant pas à couvrir les demandes de
plus en plus importantes de sérums et vaccins. Pour compenser cette déficience,
la Direction Générale des Services Sanitaires charge alors les professeurs
P.RIEGLER et C.MOTAŞ d’organiser dans l’ancien Institut Zootechnique
(supprimé en 1899) un service de séro-vaccins. Malheureusement celui-ci ne
parviendra pas non plus à couvrir tous les besoins. Pour répondre à ce
problème, ION ŞT.FURTUNĂ, dès 1904, propose la fondation d’une station
69
technique vétérinaire qui outre la préparation des sérums et vaccins ait aussi la
tâche d’instruire périodiquement les médecins vétérinaires.
Le directeur général des services sanitaires, le professeur I.CANTACUZINO,
donne son aval et accordera 250000 lei afin de concrétiser ce projet. La
construction de l’édifice, commencée en 1908, se termine en 1911. Cet institut,
placé sous la direction de l’École Supérieure de Médecine Vétérinaire et du
professeur PAUL RIEGLER, remplacé à sa mort par le professeur ALEXANDRU
VECHIU.
Pendant la première guerre mondiale, l’Institut est déplacé à Iasi, puis à
Harcov, avant de revenir à Iasi. Après la retraite des troupes allemandes
d’occupation, le local de l’institut et de l’École Supérieure de Médecine
Vétérinaire doit être entièrement reconstruit, les occupants les ayant entièrement
dévastés.
Le 27 décembre, à l’occasion du centenaire de la naissance de PASTEUR, et en
hommage à ce grand scientifique, l’Institut prend le nom de L’INSTITUT DE
SÉRUMS ET VACCINS PASTEUR.
De nouveau sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture (septembre 1919),
l’Institut bénéficie de nouvelles subventions qui lui permettent de se développer
et de construire à Giuleşti (sur 68 hectares) de nouvelles structures où sont
préparées sérum et vaccin anti-rouget, anti-charbonneux, le sérum et le virus
variolique ovin, le sérum antitétanique, la maléine et la tuberculine, le vaccin
antivariolique humain, des unités destinées à contrôler les sérums et les vaccins,
à diagnostiquer les maladies contagieuses et enfin un laboratoire de biochimie.
Dans cet Institut, outre l’intense activité de production, est déployée une
remarquable activité de recherche, débouchant sur de nombreux travaux
scientifiques, et des thèses de doctorat qui se sont ensuite imposés en
Roumanie et à l’étranger.
En 1952, suite aux demandes toujours plus grandes en produits biologiques, et
du fait de la vétusté des anciennes installations, un grand complexe situé sur la
zone de Giuleşti, entrera en fonction, et LE LABORATOIRE CENTRAL
70
SANITAIRE VÉTÉRINAIRE POUR DIAGNOSTIC déménagera dans son ancien
local de Splai.
Aujourd’hui, l’Institut de recherches vétérinaires et de biopréparations Pasteur
satisfait entièrement les nécessités en produits immuno-biologiques pour la
Roumanie.
VIII LE CORPS MÉDICAL VÉTÉRINAIRE ROUMAIN S’ORGANISE EN SOCIÉTÉS MÉDICALES
Les premiers enseignants vétérinaires roumains, suivant l’exemple de
leurs collègues en médecine humaine et des enseignants vétérinaires dans le
reste de l’Europe, essayèrent de se réunir dans le cadre d’une association
scientifique représentant leurs intérêts professionnels devant les autorités et
pouvant contribuer au prestige de la médecine vétérinaire. Le 15 mai 1871, 14
médecins vétérinaires élaborent un projet de statuts et de règlement de
fonctionnement de la SOCIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE ainsi présentés
au Ministère des Cultes et de l’Instruction Publique pour approbation. La
« DÉCLARATION » qui accompagnait ces documents contenait le but de la
société (le perfectionnement dans divers domaines de la science vétérinaire :
l’hygiène, la reproduction, l’éducation, les maladies contagieuses des animaux
domestiques, la médecine légale, etc. ). Elle fut signée entre autres par les
professeurs MAURICIU KOLBEN, I.POPESCU, I.IOANIN, I.POPOVICI,
I.GEORGESCU, I.CONSTANTINESCU, M.SIMILACHE, G.PERSU,
D.PREOTESCU.
Dans la réunion générale de 14-16 août 1871, ces documents sont soumis au
vote et l’on élit l’organisme directeur :
Président : le professeur MAURICIU KOLBEN
Vice-Président : I.POPESCU
Secrétaires : I.GEORGESCU, D.PREOTESCU,
Membres : P.CONSTANTINESCU et L.VINCENT.
71
Bien que le désir de ceux qui fondèrent la Société fût qu’elle ait, dès le début,
son journal, où seraient publiées les observations et les travaux scientifiques de
ses membres, ce desideratum ne se réalisera qu’en 1879, faute de fonds.
Le premier numéro de la publication périodique LE MÉDECIN VÉTÉRINAIRE
paraîtra ainsi, sous la rédaction de AL.LOCUSTEANU, M.MĂGUREANU,
G.PERSU et P.CONSTANTINESCU. Il cessera sa parution dans une année plus
tard après 12 numéros.
Avec un nombre réduit de membres, la Société a une existence obscure et doit
cesser son activité peu de temps après sa fondation. Mais parce qu’elle s’avère
absolument nécessaire au progrès de la profession vétérinaire, et à la suite de
l’appel fait par un comité d’initiative formé des médecins vétérinaires
G.IONESCU, D.CURTEANU et L.VINCENT, adressé à tous les médecins
vétérinaires du pays, le 6 novembre 1888, 21 des 38 médecins vétérinaires qui
ont répondu à l’appel sont présents à Bucarest et décident à l’unanimité la
réformation de la SOCIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.
La même année LA REVUE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE paraît sous la
rédaction de I.ŞT.FURTUNĂ, avec comme annexe LE BULLETIN DE LA
SOCIÉTÉ . Le premier numéro paru en décembre 1888 comprenait ainsi le
compte rendu de la séance de constitution.
Le 4ème janvier 1889, le règlement de la société de médecine vétérinaire est
approuvé.
La société résistera jusqu’au 21 juillet 1949, date à laquelle le régime comuniste
la supprime. À la suite des efforts répétés de personnalités de la profession, le
15 mai 1971, la SOCIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE est reconstituée, et la
réunion de reconstitution a lieu à l’occasion du centenaire de la fondation de
l’ancienne société de médecine vétérinaire.
La Société de Médecine Vétérinaire a ainsi, tout au long de son existence,
apporté une contribution importante au développement de la médecine
vétérinaire roumaine.
72
LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE PRATIQUE, fondée le 8 juillet
1897 et parallèle à la Société de Médecine Vétérinaire, conformément aux
statuts et au règlement avait pour but la partie purement scientifique de la
médecine vétérinaire.
Avec 80 membres fondateurs, la Société commence son activité avec beaucoup
de communications intéressantes, dont quelques-unes interféraient avec la
médecine humaine. Les communications scientifiques présentées furent publiées
en deux volumes dans les « ANNALES DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE PRATIQUE » de 1898 et 1899.
L’ASSOCIATION GÉNÉRALE DES MÉDECINS VÉTÉRINAIRES, fondée le 29
juin 1914 et reconnue comme personne civile après la guerre, le 19 août 1919,
eut pour but, conformément à la déclaration de sa constitution, de défendre les
droits et le prestige des médecins vétérinaires.
On prit la décision de fonder cette société le 21 mai 1913, durant la séance du
IIIème Congrès National de Médecine Vétérinaire, quand fut nommée une
commission présidée par le professeur AL.LOCUSTEANU afin d’élaborer le
projet des statuts de l’association. Cette nouvelle société devait publier un
BULLETIN dès le 1er janvier, dans le premier numéro de « LA REVUE DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE ET ZOOTECHNIE », succédant ainsi à la vieille
revue de médecine vétérinaire fondée par I.Şt.Furtună.
Durant ses 30 ans d’existence (elle fut supprimée en 1949), l’association réussit
à réaliser une grande partie des desiderata mentionnés dans la 4ème article des
statuts, à savoir :
- cultiver le sentiment d’estime, de confraternité et de soutien collégial;
- défendre les droits des membres et les intérêts professionnels d’ordre
général ;
- créer un fonds économique,
- élaborer un bulletin propre
- construire un local avec une bibliothéque, des salles de conférence...
73
Toujours grâce à l’activité de l’Association Générale des Médecins Vétérinaires,
en 1919 la Direction Générale Zootechnique et Sanitaire Vétérinaire est
constituée et passe sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture. La même année
les bourses accordées aux étudiants vétérinaires sont augmentées.
En 1926 est fondée « LA MAISON DE CRÉDIT ET D’AIDE AU CORPS
VÉTÉRINAIRE », grâce à une retenue d’une partie du salaire des médecins
vétérinaires. On initie des prix pour les travaux scientifiques remarquables et des
sommités de l’étranger sont invitées pour donner des conférences.
On construit en 1929-1932 un foyer imposant devant le parc Cişmigiu, bâtiment
qui abrite aujourd’hui le Ministère de la Justice (et qui est à nouveau revendiqué
par l’association).
Enfin, à l’initiative de ŞT.I.FURTUNĂ, étudiant à l’école vétérinaire, les étudiants
vétérinaires se constituent en SOCIÉTÉ DES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE, qui commencent leur activité le 19 octobre 1880.
Ayant son siège dans le local de l’École Supérieure de Médecine Vétérinaire, la
Société avait pour but, conformément au réglement, d’accroître les
connaissances scientifiques et intellectuelles de ses membres.
On y préconisait en outre, la publication d’une revue, ce qui deviendra réalité le
15 février 1893, quand pendant la séance extraordinaire fut votée la parution de
la revue : LA CLINIQUE VÉTÉRINAIRE. Le but de la revue était la publication
d’observations cliniques, les résultats d’expériences et de recherches des
étudiants ainsi que des traductions des publications étrangères.
Elle devint personne civile en 1928 quand fut élaboré un nouveau statut, et
permit d’obtenir un grand nombre de facilités pour les étudiants. Ainsi furent
organisées des excursions scientifiques et des échanges d’étudiants étrangers.
On put ainsi inviter diverses sommités du pays mais aussi de l’étranger, pour
donner des conférences aux étudiants. La bibliothèque était certes modeste à
ses débuts, mais sa dotation atteint en 1938 plus de 6000 volumes.
Dès l’année 1933 LE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDIANTS EN
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE commence à paraître mensuellement. Il paraîtra
74
également après la deuxième guerre mondiale jusqu’à la suppression de la
société par le régime communiste.
IX LA CONTRIBUTION DU CORPS MÉDICAL VÉTÉRINAIRE AU PROGRÈS MÉDICAL
Le corps médical vétérinaire Roumain a apporté au cours du temps une
contribution importante au progrès de la médecine vétérinaire. Parmi les
premiers travaux scientifiques de renommée internationale, les thèses de fin d’
études de l’École Supérieure Vétérinaire soutenues en 1869 par I.C.POPESCU
et D.PREOTESCU qui, en étudiant deux maladies contagieuses décimant les
effectifs des bovidés, la peste et la péripneumonie, montre leur origine
contagieuse, les sources d’infection et quelques méthodes de destruction des
germes.
Une autre zoonose à laquelle les médecins vétérinaires roumains ont apporté
une contribution importante serait la morve. Ainsi en 1895, STARCOVICI,
LOCUSTEANU et FURTUNĂ démontrent l’intérêt de la maléine et de la morvine,
et PERSU, FURTUNĂ, POPESCU, GAVRILESCU et CONSTANTINESCU,
conduits par VICTOR BABEŞ posent les bases de la technique de la
maléinisation en Roumanie. P.RIEGLER et A.CIUCĂ démontrent en 1905 la
transmission expérimentale de la morve aux bovidés, et P.RIEGLER en
collaboration avec VICTOR BABEŞ et PODAŞCĂ emploie ces résultats dans
l’intention de préparer un sérum antimorveux.
Une contribution importante au diagnostic du charbon bactéridien a été apportée
par A.CIUCĂ et GH.STOICESCU qui dès 1909 mettent au point une méthode de
diagnostic de cette maladie, avec comme principal élément des cultures de peu
sèche où les spores résistent longtemps. Les médecins vétérinaires roumains
ont collaboré avec des savants de renom mondial dans l’accomplissement de
certaines recherches.
75
Ainsi, le professeur. GR.SLAVU réalise plusieurs travaux avec ABDERHALDEN
(les protéines sériques du cheval et de quelques volailles sont comparées en
fonction de la concentration de leurs acides aminés) et CARNOT (les injections
d’ adrénaline accélèrent la consolidation des fractures et les accidents
anaphylactiques peuvent être évités en mélangeant le sérum avec de petites
quantités d’acide chlorhydrique).
CERNĂIANU introduit l’intradermoréaction dans le diagnostic de la typhose
aviaire, et ŞOITUZ montre en 1931 que l’on peut augmenter la quantité
d’anatoxine tétanique en associant l’antigène à l’alun ou au tapioca.
Le professeur STAMATIN obtient deux variétés de bactéries charbonneuses,
l’une mucogène et l’autre amucogène.
En parasitologie les médecins vétérinaires roumains obtiennent dans leur
recherche de brillants résultats, appréciés dans le monde entier. Ainsi, VICTOR
BABEŞ se fait remarquer, en découvrant en 1889 les agents pathogènes de
l’hémoglobinurie bovine et de la babésiose ovine. De même, STARCOVICI et
MOTAŞ qui poursuivent ses recherches en établissant le rôle de Ripicephalus
bursa dans la transmission de la maladie aux moutons.
Sur la demande de l’Office International d’Épizooties, CERNĂIANU fait un
rapport sur la piroplasmose (l’historique, l’étiologie, la classification, la répartition
géographique, les agents vecteurs, le diagnostic différentié, la thérapie et la
vccination contre la maladie).
Les travaux de POPESCU et RIEGLER ont permis de transmettre
expérimentalement le trypanosome aux chevaux, lièvres et chiens. Les travaux
du professeur CIUREA dans le domaine des helminthioses ont été reconnus
dans le monde scientifique roumain ainsi qu’à l’étranger.
Le médecin vétérinaire I. ATANASIU a été l’un des plus grands physiologistes
roumains. Il se fait remarquer par de nombreux travaux d’histophysiologie, en
étant l’un des fondateurs de la physiologie moderne en Roumanie et le créateur
76
d’une véritable école de physiologie roumaine avec des élèves comme
NIŢESCU, GRĂDINARU, NICHITA ou encore l’histophysiologiste DRĂGOI.
Son meilleur élève fut sans nul doute RADU VLĂDESCU, professeur de chimie
et de physique à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest, et auteur de
nombreux travaux scientifiques sur la contraction musculaire, le rôle du zinc dans
l’action toxique des venins de serpents, la méthode de déprotéinisation des
liquides biologiques, l’utilisation du bismuth dans la lutte contre les spirochètes...
Le médecin vétérinaire TEODOREANU s’est fait remarquer en génétique, en
créant une race de moutons mérinos, et le dr. GLIGOR en créant une nouvelle
race de cochons par fécondation artificielle.
Les dernières décennies, des médecins vétérinaires comme POPOVICI,
SUHACI, CIUREA, VLĂDUŢIU, GHEŢIE, STAMATIN, PAŞTEA, GRIGORESCU,
PINTEA, ADAMEŞTEANU, NICHITA se sont imposés dans l’enseignement et la
recherche, en apportant une contribution remarquable au développement de
l’enseignement et de la recherche vétérinaire en Roumanie.
77
X BIOGRAPHIES DE QUELQUES PERSONNALITÉS DE L’ENSEIGNEMENT VÉTÉRINAIRE EN ROUMANIE
CAROL DAVILA (1828 – 1884)
Le fondateur de l’enseignement médical vétérinaire en Roumanie est né le
8 avril 1828, dans la localité d’AVILA près de Parme, de parents inconnus.
Son prénom complet est CARLOS ANTONIO FRANCISCO et son nom de
famille initial D’AVILA qui fut changé plus tard en DAVILA. Après une enfance
pas très heureuse, il est adopté par Dr. ANGHEL GUEGIN, un homme
passionné de science.
Il suit de brillantes études médicales à Angers, tout en étant interne à l’Hôtel
Dieu d’Angers. En tant qu’étudiant il participe au combat d’une épizootie de
choléra, ses mérites et son habileté sontt récompensées par des remerciements
officiels, des cadeaux et des médailles.
En 1853 il soutient sa thèse de doctorat à Paris, sous le titre « DE LA
PROPHYLAXIE DE LA SYPHILIS ».L’intérêt suscité par ce travail dans le monde
médical français est certainement lié à son contenu scientifique mais aussi à la
mise en évidence des aspects sociaux de la maladie, ce qui à l’époque reste une
démarche inédite.
En donnant suite à une annonce relayée par le doyen de la Faculté de Médecine
de Paris qui contenait une offre d’emploi de médecin pour la direction du service
sanitaire de l’armée de la Valachie, il arrive à Bucarest le 13 mars 1853. Ayant
pour mission d’organiser le service sanitaire de l’armée, il se rend compte qu’il a
besoin de cadres. Par conséquent, le 4 décembre il fonde L’ÉCOLE MILITAIRE
DE PETITE CHIRURGIE , qui est maintenue en bon état pendant quelques mois
grâce à ses propres ressources.
78
Le 6 mars 1856 cette école élémentaire est transformée en une école nettement
supérieure, l’ ÉCOLE DE CHIRURGIE , pour laquelle il a prévu dès le début des
cours de médecine vétérinaire, et en 1857 en ÉCOLE NATIONALE DE
MÉDECINE ET DE PHARMACIE . Pendant l’année scolaire 1857–1858 on y
enseigne le cours d’ ART VÉTÉRINAIRE et en 1858–1860, LA PATHOLOGIE
DES ANIMAUX ET LES MALADIES ÉPIDÉMIQUES (par le professeur V.
LUCACI).
Graduellement il acquiert la certitude de la nécessité d’une Ecole Vétérinaire
indépendante, qui fonctionne comme annexe de l’École Nationale de Médecine
et de Pharmacie.
Il concrétise son projet en 1860, mais les premiers cours sont dispensés le 15
mai 1861.
L’école vétérinaire créée par DAVILA, qu’il a dirigée jusqu’en 1871, avait un
caractère très moderne pour cette époque (une durée d’études de 5 ans, des
aspects primordiaux de pédagogie théorique et pratique, des visites tous les
matins aux écuries des casernes…). Il fit preuve d’une puissance de travail
énorme, d’une intelligence brillante et de qualités d’organisation exceptionnelles.
L’une de ses idées maîtresses était que la solidité, la capacité, l’efficience et le
prestige d’une profession étaient déterminées par la qualité de ses cadres et la
qualité de sa formation.
En acquérant la citoyenneté roumaine en 1864, il montrera jusqu’à la fin de sa
vie (il meurt la nuit de 23 au 24 août 1884) une affection peu commune pour son
pays adoptif. Il organise l’assistance sanitaire pendant la guerre de 1877 (en
constituant pour la première fois en Roumanie des services d’ambulance) et
fonde LA SOCIÉTÉ NATIONALE DE LA CROIX-ROUGE et l’Asile pour les
enfants orphelins ELENA DOAMNA.
79
MAURICIU KOLBEN (1835-1906)
Il fut l’un des premiers professeurs de l’École Vétérinaire fondée par Carol
Davila. Il naît le 30 mai 1835 dans la ville de TOPLITZ en Bohème, et termine
ses études à l’École Vétérinaire de Vienne en 1858. Parce qu’il était l’un des
meilleurs élèves, le Directeur de l’École Vétérinaire de Vienne le recommande à
Carol Davila, et le convainc d’aller à Bucarest où il est engagé comme médecin
vétérinaire dans un régiment de Lanciers. Dès 1868, après la mise à la retraite
de Vasile Lucaci, il dispense le cours de ZOOTOMIE et de ZOOPATHOLOGIE
et ce pendant presque 30 ans. Jouissant de prestige parmi ses confrères, il est
délégué par les autorités roumaines au deuxième Congrès International de
Médecine Vétérinaire qui eut lieu à Vienne en 1865, congrès où sont débattus
les grandes problèmatiques de l’époque : la peste bovine, la prophylaxie de la
rage et la législation des vices rédhibitoires. Après son retour au pays, Kolben
présente au directeur général des services sanitaires un rapport détaillé sur
toutes ces discussions, et leur adaptation possible en Roumanie. Il est ensuite
délégué par le gouvernement pour participer aussi aux travaux du IIIème Congrès
de Médecine Vétérinaire qui a lieu en 1867 à Zurich.
Conformément aux rapports faits par KOLBEN, on élabore ainsi en 1869 le
premier RÈGLEMENT POUR LA POLICE VÉTÉRINAIRE et après sa
nomination au poste de chef des services vétérinaires à la Direction Sanitaire, il
dresse un mémoire sur les mesures de lutte contre les épizooties ravageant la
Roumanie à cette époque.
Le 15 mai 1871 il fonde avec un petit nombre de médecins vétérinaires la
Société de Médecine Vétérinaire, les participants le choisissant à l’unanimité
comme son premier président. Peu de temps après, il commence son activité de
professeur à l’École Vétérinaire, où il sera nommé directeur en 1871, fonction
qu’il assumera jusqu’en 1883. En 1872 il participe à une conférence
internationale sur la lutte contre la peste bovine où il réussit à convaincre les
participants qu’en Roumanie la maladie n’est pas endémique, comme on le
croyait alors, mais qu’elle est apportée des pays voisins. Il participera à la guerre
80
d’indépendance aux côtés de Carol Davila, et jusqu’à sa retraite, il apportera une
contribution importante à la lutte contre les épizooties, à l’organisation des
services vétérinaires...
A l’occasion de sa mise à la retraite en 1893, le chef du service vétérinaire du
Ministère de l’Agriculture, Dr. I. Şt. Furtună écrira : « À L’ÉCOLE SCIENTIFIQUE
DE CET ILLUSTRE PROFESSEUR NOUS AVONS FAIT NOTRE ÉDUCATION
CLINIQUE, LA BASE DE NOTRE MÉDECINE PRATIQUE » et encore « À
L’ÉCOLE ADMINISTRATIVE DE CE DISTINGUÉ CHEF DU SERVICE
SANITAIRE VÉTÉRINAIRE CIVIL NOUS AVONS FAIT L’ÉDUCATION DES
SENTIMENTS DE DEVOIR ».
À sa mort en 1906, le même Dr. I. Şt. Furtună lui rendra hommage : « KOLBEN
A RÉPONDU EN PROFUSION À TOUS LES ESPOIRS MIS EN SOI-MÊME,
MAIS PAR-DESSUS TOUT IL A ÉTÉ UN CLINICIEN ÉMINENT ET UN
HIPPOLOGUE SANS ÉGAL » et concluait par : « SI LE CORPS VÉTÉRINAIRE
ROUMAIN A GAGNÉ UNE SITUATION DANS CETTE SOCIÉTÉ, C’EST AUSSI
GRÂCE AUX MÉRITES PERSONELS DU PROFESSEUR KOLBEN ».
81
ALEXANDRU LOCUSTEANU (1848-1922)
Il naît le 20 juillet 1848 à Bucarest. Après avoir partiellement fini ses études
secondaires, il s’inscrit en 1863 à l’École de Médecine Vétérinaire et finira ses
études en 1870, figurant parmi les premiers médecins vétérinaires soutenant une
mémoire de maîtrise imprimé. Élève éminent, il devient en 1877 professeur à
l’École Vétérinaire. Esprit intuitif, il dénonce les lacunes de l’enseignement
vétérinaire de son époque, et essaie d’y remédier, en particulier en offrant au
corps enseignant et aux étudiants des ouvrages comme celui de CHAUVEAU,
(un des meilleurs traités d’anatomie de cette époque).
Dès 1872 il enseigne en qualité de professeur la Physiologie, la Thérapeutique
Générale et la Matière Médicale. En 1883, quand l’École Vétérinaire passe sous
la tutelle du Ministère de l’Agriculture, Alexandru Locusteanu est nommé
Directeur de l’École, fonction qu’il assumera jusqu’en 1907.
En déployant en cette qualité une formidable énergie, il réalise son principal
objectif :
Permettre le développement d’un enseignement de haut niveau, et la formation
d’un corps enseignant correspondant, avec des professeurs comme
I.ATANASIU, P.RIEGLER, GH.UDRISCHKI...
Inégalé dans son rôle d’enseignant, Al. Locusteanu a réellement dominé la
médecine vétérinaire roumaine pendant plus d’une moitié de siècle.
Mais il eut bien d’autres occupations professionnelles. Ainsi il dirigera avec brio
le service vétérinaire central du Ministère de l’Intérieur, où il élaborera la
première loi de police sanitaire vétérinaire, et apportera sa contribution à la
fondation du Service de Zootechnie du Ministère de l’Agriculture. Il fut en outre,
l’un des plus actifs militants de la transformation de l’École Supérieure de
Médecine Vétérinaire en Faculté.
82
Il apportera enfin une contribution importante à l’organisation des Congrès
Nationaux de Médecine Vétérinaire (1882, 1904, 1913) et se fera remarquer aux
Congrès Internationaux de Médecine Vétérinaire de Berne (1895), Baden-Baden
(1899), Budapest (1905) et de Haga (1909).
Il sera élu membre correspondant de l’Académie Vétérinaire Française, du
Collège Royal Vétérinaire de Londres et de la Société des Sciences Médicales
de Bucarest.
Fondateur des Archives vétérinaires en 1904, il est élu président de l’Association
Générale des Médecins Vétérinaires en 1914.
Fondateur en 1871 de la Société de Médecine Vétérinaire, il en sera le président,
et après sa mise à la retraite, le président d’honneur.
ALEXANDRU LOCUSTEANU aura indiscutablement modernisé l’enseignement
vétérinaire en Roumanie, et ancré celui-ci dans les réalités économiques et
scientifiques du pays.
Il meurt le 9 novembre 1922, à sa mémoire sera érigée une statue dans la
cour de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest.
83
PAUL RIEGLER (1867-1936)
Il naît le 11 décembre 1867 à Roman, dans une famille d’origine française
de Besançon.
En 1888, il s’inscrit à l’École Supérieure de Médecine Vétérinaire dont il sortira
en 1893, en présentant une mémoire de maîtrise intitulée « DES RECHERCHES
BACTÉRIOLOGIQUES DANS LE DIAGNOSTIC DE LA MORVE », réalisée dans
les laboratoires de l’Institut de Bactériologie (dont le directeur est alors V.Babeş),
et dans la clinique de maladies infectieuses du professeur PERSU.
Son activité d’enseignant débute comme chef de travaux à la chaire de maladies
infectieuses (1893-1900) et à l’Institut de Bactériologie. Il enseignera l’anatomie
pathologique et la bactériologie jusqu’à sa mort. En parallèle, de 1900 jusqu’en
1921, il enseignera la pathologie générale, la physiopathologie et le « contrôle
des vivres ».
Sa mémoire exceptionnelle lui permit dès sa jeunesse de devenir un homme
d’une rare érudition.
Il publira de nombreux ouvrages scientifiques, et écrira dans des revues
internationales comme: « ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR » (Paris),
« JOURNAL OF COMPARATIVE PATHOLOGY » (Angleterre),
« ZENTRALBLAT FUR BACTERIOLOGIE » (Germanie). Parmi ses ouvrages,
figurent quelques références :
- Des recherches bactériologiques dans le diagnostic de la morve (1893) ;
- La tuberculose du perroquet (1894) ;
- La découverte du bacille de la rage (1896) ;
- Sur les toxines de la morve et leur rapport avec les bacilles morveux
et le sérum antimorveux (1897) ;
- La maléine dans le diagnostic et le combat de la morve (1898);
- L’action révélatrice de la morvine (1899) ;
- La tuberculose de point de vue de l’inspection des chairs (1905) ;
84
- Sur les accidents survenant à la suite d’injections de sérums : le
phénomène de l’anaphylaxie (1908) ;
- La morve expérimentale chez les animaux bovines (1912) ;
- La tuberculose chez la corneille (1912) ;
- La pseudorage infectieuse (1920) ;
- L’évolution de la profession vétérinaire (1921) ;
- L’infection mixte du rouget et de l’anthrax du cochon (1931) ;
- La Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest (1929) ;
- La peste porcine (1935).
Alors que jusqu’à sa nomination à la tête de la chaire de microbiologie, celle-ci
ne fournissait que deux produits de diagnostic, la maléine et la tuberculine, on y
produira, à son initiative, des quantités de plus en plus importantes de sérum et
de vaccin anti-rouget, anticharboneux (pour les animaux et les hommes), le virus
de la variole ovine, le sérum antitétanique…
La nécessité d’une importante production en sérums et vaccins, destinés à la
prophylaxie et à la lutte contre les maladies infectieuses animales a déterminé la
création sous la tutelle de l’École Supérieure de Médecine Vétérinaire, d’un
Institut vaccinal, qui entrera en fonction en 1911 et sera dirigé par P.RIEGLER
jusqu’à sa mort.
Durant la première guerre mondiale, l’institut sera transféré à Iasi, où seront
préparés les produits biologiques nécessaires à l’armée (en particulier le sérum
antitétanique).
Après la guerre, P.RIEGLER commencera un travail sans répit afin de redresser
l’Institut et l’adapter aux exigences de l’époque.
Il fut enfin directeur de l’École, Doyen de la Faculté de Médecine Vétérinaire, et
membre de diverses commissions au Ministère de l’Agriculture
Il meurt le 18 décembre 1936, à la suite d’une insuffisance rénale.
85
ION ATHANASIU (1868-1926)
Il naît le 20 avril 1868 dans le village de Sascut, (département de Bacău),
dans une famille modeste. Après avoir terminé l’enseignement de premier degré
dans son village natal, il ira au lycée de Bacău où il se fera remarquer par
d’excellents résultats.
Il s’inscrit en 1885, comme boursier à l’École Supérieure de Médecine
Vétérinaire de Bucarest, où il finira en 1890. Sa thèse de médecine vétérinaire
intitulée « QUELQUES RECHERCHES SUR LE COMPTAGE DES GLOBULES
ROUGES DU CHEVAL » (le professeur Al.Locusteanu en étant le directeur
scientifique) est appréciée pour sa précision et sa probité scientifique. Après
deux ans d’activité pratique dans la ville de Constanţa, il est rappelé à l’École
Supérieure de Médecine Vétérinaire où il occupera en décembre 1892 la fonction
de chef de la Clinique chirurgicale, et à partir d’octobre 1893, la fonction de chef
de travaux en physiologie. En 1895, à la suite d’un concours, il obtient une
bourse de spécialisation en France, où il travaille sous la direction du professeur
CHARLES RICHET, et qui, après l’avoir accepté lui dit : « Soit, venez chez moi,
mais je vous préviens que je ne tolère pas les amateurs » remarque à laquelle
I.Atanasiu répondit : « je ne suis pas venu ici pour me promener et j’espère que
le temps vous en convaincra !».
Pendant trois années il fournit un travail intense dans le laboratoire du professeur
RICHET, et dans ceux conduits par les professeurs MAREY et DUVAL. Faisant
preuve d’une puissance de travail hors du commun, ION ATHANASIU fréquente
les cours de physiologie et en parallèle il effectue des études sur la physiologie
normale et pathologique du sang, du cœur, de la circulation du sang et
lymphatique, de la respiration et du métabolisme. Par la suite il rejoint à BONN le
professeur PFLUGER, où il effectue des recherches en physiologie et en
physiopathologie de la nutrition.
De retour en Roumanie en 1899, il occupe la chaire de physiologie et d’anatomie
générale. Instruit comme physiologiste à l’école de CLAUDE BERNARD, Ion
86
Athanasiu obtient des résultats remarquables, en particulier sur la respiration, le
fonctionnement des muscles antagonistes dans les mouvements volontaires, le
métabolisme protéique...
Au printemps de l’année 1902, à la demande de MAREK, il occupe la fonction de
sous-directeur à l’Institut International de Physiologie de Boulogne Sur Seine
près de Paris, d’où il démissionnera en 1905 à la suite des demandes insistantes
des professeurs D. VOINOV, GH.MARINESCU et PAUL RIEGLER. Il occupera
alors la chaire de physiologie de la Faculté de Sciences de l’Université de
Bucarest. Il aura consacré toute sa vie au service de l’enseignement, travaillant
avec abnégation aux deux chaires qu’on lui avait confiées : de l’École Supérieure
de Médecine Vétérinaire et de la Faculté de Sciences de l’Université de
Bucarest.
Il fut nommé directeur de l’École Supérieure de Médecine Vétérinaire (1907-
1910) et Recteur de l’Université de Bucarest (1915-1920).
Il a publiera près de 130 travaux originauxet sera élu à l’âge de 35 ans membre
titulaire de l’Association Internationale des Physiologistes de l’Institut
E.I.MAREK.
Ses recherches sur l’électrophysiologie nerveuse et musculaire, effectuées avec
d’ingénieux appareils, lui permirent d’obtenir des résultats remarquables, qu’il
élargit ensuite dans le domaine de la physiopathologie (les transformations des
potentiels électriques qui résultaient de l’activité du système nerveux et des
contractions musculaires en situation d’intoxication, de fatigue et de trouble des
glandes endocrines)
Il invente l’ERGOGRAPHE À BILLE pour l’étude de la contraction musculaire. Il
établit la valeur nutritive de diverses conserves, et met au point de nouvelles
méthodes de conservation de la viande et du poisson. Il poursuit des recherches
extrêmement importantes sur le fonctionnement du cœur isolé, qu’il maintiendra
en état fonctionnel 33 jours, ces expérimentations faisant de lui un des
précurseurs de la chirurgie expérimentale basée sur la transplantation d’organes.
ION ATHANASIU meurt le 20 juillet 1926.
87
ION D. POENARU (1868-1939) Le fondateur de l’école de sémiologie, pathologie et clinique médicale
vétérinaire, est né le 1er novembre 1868, dans la commune POENARII
VULPEŞTI, près de Periş. Après avoir terminé l’enseignement du premier degré
il suit les cours du lycée à Bucarest. En 1886 il s’inscrit à l’École Vétérinaire
Supérieure de Bucarest et terminera en 1892. Dès le mois de décembre 1893 on
lui accorde une bourse d’études dans les écoles vétérinaire d’Alfort et de Berlin.
Après son retour en Roumanie, il occupe après un concours la fonction de
professeur à la chaire de pathologie et clinique médicale, fonction qu’il
conservera jusqu’à sa retraite (1938).
Excellent pédagogue, il fut apprécié non seulement par ses étudiants, mais aussi
par ses collègues, qui le considéraient comme « le professeur de tous les
professeurs ».
Il décrira pour la première fois en Roumanie la trichophytie bovine et la
trichorexie nodulaire, poursuit des recherches sur la variole ovine et porcine, sur
les dilatations œsophagiennes chez les chevaux, sur la torsion de l’estomac, la
pathogenèse de l’ictère et des pancréatites chroniques.
Il travaille également sur le cornage, l’emphysème pulmonaire, l’insuffisance
tricuspidienne. Il apportera enfin une contribution originale dans l’investigation
des liquides de ponction, la neuropathologie vétérinaire (les divers types de
névrites, les organopathies des centres nerveux, les troubles nerveux
fonctionnels).
Il aura participé à la formation de 41 promotions de médecins vétérinaire et dirigé
plus de 105 thèses pour l’obtention du titre de docteur en médecine vétérinaire.
Dans la courte période où il fut Doyen de la Faculté (1930-1933), le professeur
POENARU construit des amphithéâtres, des foyers d’étudiants, des salles
d’opération et de travaux pratiques.
Il a également édité la revue « LE PROGRÈS VÉTÉRINAIRE » (1889-
1901) fut le président de l’Association Générale des Médecins Vétérinaires, et
de la Société de Médecine Vétérinaire.
Il meurt le 10 octobre 1939.
88
GHEORGHE UDRISKI (1867-1958)
Personnalité de la médecine et de l’école vétérinaire roumaine, le
professeur GHEORGHE UDRISKI est né dans la ville Fălticeni en 1867.
Il fait ses études primaires à Dorohoi, au Lycée ANASTASIE BAŞOTĂ de
Pomârla-Dorohoi. Après avoir terminé le lycée il rejoint en qualité de boursier
l’Ecole Supérieure de Médecine Vétérinaire de Bucarest où il soutiendra une
thèse sur « L’OVARIECTOMIE AUX VACHES ».
Collègue de promotion de Paul Riegler, Constantin Motaş et Ion Poenaru, il se
fait remarquer étudiant en tant qu’animateur de la Société des Étudiants dont il
sera le vice-président en 1889 puis, en 1891, le président.
Il connaît une ascension rapide dans l’enseignement, en étant nommé, dès sa
sortie de l’école, chef de travaux à la chaire d’anatomie comparée dirigée par le
professeur C.Gavrilescu. Après son service militaire obligatoire, en 1894, il est
nommé provisoirement chef de travaux à la chaire de Pathologie et Clinique
chirurgicale, dirigée par le professeur I.POPESCU, et en 1898, il devient à 30
ans professeur titulaire de cette discipline, à la suite d’un concours. Il suivra alors
des stages à Alfort (France), Berlin et Bruxelles, où il travaillera avec les
chirurgiens vétérinaires les plus renommés de cette époque.
Excellent Chirurgien, le professeur GHEORGHE UDRISKI peut être considéré
comme le fondateur de la chirurgie vétérinaire roumaine. Il réussit à introduire
tous les progrès de la chirurgie humaine notamment en anesthésie, hémostase,
antisepsie, asepsie et naturellement dans les techniques opératoires.
Il contribua à l’instruction de 46 promotions de médecins vétérinaires et publia
plus de 80 travaux abordant les aspects les plus divers de la chirurgie
vétérinaire.
Il fut membre de l’Académie Roumaine, de l’Académie de Médecine, de la
Société de Chirurgie, de la Société d’Histoire de la Médecine et membre
correspondant de l’Académie Vétérinaire de France et de la Société de
Médecine Vétérinaire de Berlin.
89
Enfin en qualité de Doyen de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest, il
équipera les laboratoires et les cliniques d’appareils et d’instruments modernes.
En 1925 il est élu président de l’Association Générale des Médecins Vétérinaires
de Roumanie, et en 1931, sénateur de Suceava.
Le professeur Udriski meurt le 24 décembre 1958, à l’âge de 91 ans.
ION ADAMEŞTEANU (1911-1976)
Né le 15 février 1911 dans la commune TOPORU-TELEORMAN, il fait
partie d’une famille où le goût pour les études est une vieille tradition. Après avoir
fini le lycée en 1930 il hésite dans le choix de sa future profession.
Il est attiré par les sciences agronomiques et par la médecine vétérinaire, pour
laquelle il optera finalement.
Motivé sans doute par le corps professoral d’exception qu’il y avait à la Faculté
de Médecine Vétérinaire de Bucarest pendant ces années (Radu Vlădescu, I.
Ciurea, G. Udriski, I. Poenaru, P. Riegler, Gr. Slavu, Al. Ciucă, F. Popescu, Gh.
Nichita, M. Fălcoianu, Gh. K. Constantinescu, etc.), il impressionne ses
professeurs par ses aptitudes, et devient très vite préparateur en Pathologie et
Clinique Médicale.
En 1936 il devient docteur en médecine vétérinaire, soutenant une thèse sur
« LE TRAITEMENT DE L’ECZÉMA DU CHIEN PAR DES PIQÛRES
INTRAVEINEUSES AVEC DU SULFATE DE MAGNÉSIUM ».
Après sa soutenance de thèse, bien qu’il soit médecin vétérinaire militaire, il est
retenu comme assistant à la chaire de Sémiologie et Pathologie Clinique
Médicale de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest. En 1939 il est chef
de travaux, en 1947 conférencier et en 1958 professeur. Après une interruption
de 5 ans (1958-1963), où il exerce comme médecin vétérinaire practicien, il
retrouve son poste de professeur, mais à la Faculté de Médecine vétérinaire de
Cluj.
Il publiera 269 travaux scientifiques, en particulier sur:
90
- le perfectionnement de moyens d’exploration clinique et paraclinique
(comme la valeur sémiologique du liquide céphalo-rachidien) ;
- le perfectionnement de moyens thérapeutiques (l’implantothérapie) ;
- l’étiopathogénèse de maladies néonatales dans diverses espèces ;
- Les mycoses et des mycotoxicoses ;
- l’étiopathogénèse des maladies métaboliques ;
Il milite pour l’avènement de « LA PATHOLOGIE COMPARÉE », et devient un
des fondateurs de « LA SOCIÉTÉ DE PATHOLOGIE COMPAREE ».
Il fut élu membre de nombreuses sociétés savantes telles :
- Société de Pathologie Comparée (Paris, 1965) ;
- The New York Academy of Science (1967) ;
- Académie Royale de Médecine du Belgique (1969) ;
- « Doctor Honoris Causa » de la Faculté de médecine vétérinaire de
Brno (1969).
Une série de volumes écrits par le professeur Adameşteanu furent publiés, parmi
lesquels:
- Les Traités de Pathologie Médicale des animaux domestiques
- La Sémiologie Médicale Vétérinaire
Quelques volumes furent même distingués par l’Académie Roumaine, et son
dernier travail, « Le Diagnostic morpho-clinique vétérinaire par espèces et
syndromes » fut publié posthumement, le professeur ION ADAMEŞTEANU décédant le 15 novembre 1976.
91
NICOLAE VARTIC (1920-1992)
Né le 4 février 1920 dans la commune DERENEU, en Bessarabie, il est issu
d’une famille d’agriculteurs, très préoccupés par l’instruction de leurs enfants. Il
suit sa formation secondaire (1931-1939) au lycée B.P.Haşdeu de Chişinău et,
dès lors, manifeste des qualités intellectuelles particulières.
Une double vocation : médicale et militaire le guidera vers la Faculté de
Médecine Vétérinaire de Bucarest et à l’Institut Médico-Militaire durant les
années 1939-1944, dans les conditions extrêmement difficiles de la guerre.
Le jeune officier vétérinaire participe activement à la guerre anti-fasciste, en
combattant en Transylvanie de Nord, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Ses
actes de courage lui valent d’ailleurs de nombreuses décorations comme
L’ÉTOILE R.P.R (qui n’a rien à voir avec Jacques Chirac) et LA MÉDAILLE DE
LA VICTOIRE .
Après la fin de la guerre il déploie son activité dans diverses unités militaires et
devient commandant. En 1955 le Dr. N.Vartic est transféré et travaille au
Laboratoire Vétérinaire Départemental de Cluj jusqu’à 1962. Il apportera une
contribution scientifique majeure dans le diagnostic de la listériose, de la vibriose
et de l’éimériose des palmipèdes de Transylvanie.
Il est ensuite sollicité à l’Institut Agronomique de Cluj pour enseigner la
Pathologie et la Clinique des Maladies Parasitaires à la Faculté de Médecine
Vétérinaire. Il fonde et organise cette discipline de 1963 jusqu’à sa retraite, en
1985.
Il met les bases d’un enseignement clinique et pratique ancré dans les
nécessités de production.
Il contribuera à la formation de 20 générations de médecins vétérinaires.
Par ses réalisations scientifiques, il s’imposera comme une personnalité
remarquable de la parasitologie comparée roumaine avec plus de 100 travaux
communiqués ou publiés dans des revues.
Ses recherches sur le diagnostic sérologique de la fasciolose, la dictyocaulose et
l’hidatidose, et sur l’aelurostrongylose sont restées célèbres.
92
Il a en outre, imaginé des associations médicamenteuses originales d’une
grande efficacité dans les états de polyparasitisme.
Le professeur N.VARTIC meurt le 1er février 1992.
ION BOITOR (1932-1995)
Né le 12 septembre 1932 à BLAJ, dans le département d’Alba, il est
étudiant à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Bucarest, où il finit en 1958.
Il occupera ensuite la fonction d’assistant à la faculté de Médecine Vétérinaire
de Bucarest.
À la création de la Faculté de Médecine Vétérinaire à Cluj, il rejoint la
Transylvanie et devient l’assistant du renommé professeur d’obstétrique, PETRE
POPESCU.
À la suite du décés de celui-ci, il prend la direction de la discipline Reproduction
et Pathologie de la Reproduction.
Il est l’un des fondateurs de l’école d’Obstétrique et de Gynécologie Vétérinaire
roumaines, jouissant d’une renommée internationale. Sa thèse de doctorat qu’il
soutiendra en 1967 « DES RECHERCHES SUR LA STÉRILITÉ DE LA VACHE
DÉTERMINÉE PAR LES TROUBLES FONCTIONNELS DE L’OVAIRE
KYSTIQUE » permettra d’élucider l’étiologie de cette pathologie et de proposer
des méthodes de prophylaxie et de traitement.
Il publiera ensuite 13 ouvrages et plus de 300 travaux scientifiques dont 40 dans
des revues internationales. En 1983 il obtient le prix de l’Académie pour le traité
« LA STÉRILITÉ DES ANIMAUX DOMESTIQUES ». Il fut également Doyen de
la Faculté de Cluj pendant plusieurs années.
Pour soutenir les unités de production il créé dans le cadre de sa discipline un
laboratoire de microproduction et sera à l’origine de 11 médicaments destinés à
lutter contre l’infécondité des animaux domestiques. Ces produits furent alors
très appréciés par ses collègues pour leur efficacité et leur bas prix.
93
Il fut aussi l’initiateur et le réalisateur du « CENTRE DE TRANSFERT
EMBRYONNAIRE DU MOUTON » qu’il dotera de la biotechnologie la plus
moderne.
VLADIMIR CÂPÂŢÂNĂ (1911-1997)
Il naît le 8 avril 1911 à LINCĂUŢI, en Bessarabie. Après avoir suivi ses
études à la Faculté de Médecine Vétérinaire et à l’Institut Médico-Militaire de
Bucarest, il obtient en 1936 le diplôme de médecin vétérinaire.
Il a occupe ensuite diverses fonctions : médecin vétérinaire d’unité militaire
(1936-1945), à la clinique de chirurgie de l’Hôpital Vétérinaire Militaire de
Bucarest, puis entre 1960 et 1963 il est nommé chef du Laboratoire de Chirurgie
Expérimentale de l’Institut de Médecine et de Pharmacie de Bucarest.
En 1963 il devient professeur titulaire à la chaire de chirurgie de la Faculté de
Médecine Vétérinaire de Cluj.
Entre 1968-1970 il est Doyen de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Cluj.
Il publiera 149 travaux dont 8 traités et monographies, 8 manuels et brochures
imprimées, et 121 ouvrages scientifiques dont 98 publiés dans des périodiques
roumains et 23 dans des revues internationales. 3 traités publiés seront primés
par « Le Prix d’État » (1955) et le prix de l’Académie Traian Săvulescu (1991).
Il travaillera notamment à l’étude de la sécrétion exocrine du pancréas, à la
chirurgie de l’arbre bronchique, à la formation du cal de fractures, à
l’oxygénothérapie dans le choc traumatique aux animaux…
Avec quatre brevets, il a apporté de grandes contributions à la réalisation de
quelques appareils d’anesthésie en circuit fermé, de transfusion sanguine, ainsi
que dans l’opération de ruminotomie.
Pour son activité il reçoit « L’ORDRE DU TRAVAIL », Il est lauréat du « Prix
d’État », est élu membre actif de l’ACADÉMIE DE SCIENCES DE NEW YORK,
membre de l’Association des Hommes de Science de Roumanie…
Il meurt le 16 mai 1997.
94
3ème partie : Etat actuel de la médecine vétérinaire en Roumanie
Depuis la chute du régime communiste en 1989, la profession vétérinaire s’est
métamorphosée, avec en particulier l’émergence de la pratique libérale jusqu’alors interdite.
La médecine canine, quasiment inexistante sous l’ère communiste, est la grande
bénéficiaire de ces profonds changements.
En revanche, elle est encore très loin de disposer de l’environnement technique
basique en Europe occidentale.
Pratiquement aucune clinique vétérinaire ne dispose d’appareil radiographique,
et les vétérinaires sont contraints de se fier à leur intuition et à leur sens clinique.
Selon le Dr Timen, enseignant de chirurgie à la faculté vétérinaire de Cluj, seules
2 cliniques vétérinaires privées (à Bucarest) disposeraient en 2005 de leur
propre appareil radiographique.
Bien entendu, les contraintes budgétaires expliquent en partie ces chiffres
éloquents, mais il ne faut pas oublier les contraintes légales drastiques
concernant l’utilisation d’un appareil radiographique. Les aménagements
nécessaires (murs plombés…) rendent l’acquisition d’un tel matériel hors de
portée de la grande majorité des praticiens.
Il semblerait que les vétérinaires roumains tentent de faire pression pour rendre
cette loi plus accommodante, néanmoins à l’entrée de la Roumanie dans l’Union
Européenne, cela semble relativement utopique.
De la même manière, toutes les analyses biologiques sont envoyées à la faculté
vétérinaire la plus proche, le nombre de cliniques disposant de leur propres
automates étant lui aussi quasiment nul.
Actuellement on dénombre en Roumanie 9120 vétérinaires (dont 1451 retraités),
tous secteurs confondus, avec une nette majorité masculine (75,6%).
95
I Les vétérinaires dans l’administration publique Ils représentent actuellement 23% de la profession avec 2128 vétérinaires
(69,4% d’hommes).
Durant l’ère communiste, ils représentaient avec les enseignants la totalité de la
profession. Les bas salaires incitent de plus en plus de vétérinaires à délaisser le
service public pour s’engager dans la pratique libérale, plus lucrative.
Néanmoins la recrudescence de cabinets privés n’est pas sans poser problème
et, à moins que des mesures de régulation ne soient rapidement mises en place,
la situation financière de ces cabinets vétérinaires pourrait vite devenir
catastrophique.
Nous avons figuré ci-dessous l’organisation des différents services vétérinaires,
au niveau national et régional.
On remarquera, à travers notamment la Direction générale de l’intégration
européenne et des relations internationales, que l’adhésion en 2007 à l’Union
Européenne est un événement majeur dans la vie politique roumaine.
La présence de foyers de grippe aviaire H5N1 dans le delta du Danube, en
octobre 2005, a en outre permis de mettre à l’épreuve le système de gestion de
crise sanitaire en Roumanie, ainsi que la transparence de l’information et la
collaboration avec des structures sanitaires européennes.
Restent de nombreux problèmes à résoudre, comme la corruption, véritable fléau
endémique dans la société roumaine, ou encore la mise aux normes en terme
d’hygiène.
Les abattoirs roumains, par exemple, sont très loin de disposer des normes
basiques d’hygiène…
96
ORGANISATION DE L’AUTORITE NATIONALE SANITAIRE VETERINAIRE ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
PRESIDENT, SECRETAIRE D’ETAT BUREAU DE COORDINATION DES INSTITUTS DE REFERENCE CELLULE DE CRISE
• INSTITUT DE DIAGNOSTIC ET SANTE ANIMALE UNITE D’ANALYSE ET EVALUATION DU RISQUE
• INSTITUT D’HYGIENE ET DE SANTE PUBLIQUE VETERINAIRE
VICE PRESIDENTS (2) SECRETAIRE GENERAL
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE VETERINAIRE • Direction de la Santé animale
• Direction de l’hygiène et de la santé publique vétérinaire
42 DIRECTIONS SANITAIRES VETERINAIRES ET DE SECURITE ALIMENTAIRES LABORATOIRES DE DISTRICTS
DIRECTION GENERALE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE • Direction de l’hygiène et de la santé publique
• Direction de la qualité alimentaire
DIRECTION GENERALE DES INSPECTIONS ET DE COORDINATION PIF (police d’inspection aux frontières)
• Direction des inspections
• Direction de coordination PIF
DIRECTION GENERALE ECONOMICO-ADMINISTRATIVE • Direction économico-administrative
• Direction juridique des ressources humaines
DIRECTION GENERALE DE L’INTEGRATION EUROPEENNE ET DES RELATIONS INTERNATIONALES
97
II Les vétérinaires dans le secteur de l’enseignement et de la
recherche
Ils sont 445 soit 4,9%, partagés dans les 5 facultés vétérinaires du pays :
Faculté des sciences vétérinaires de Bucarest
Université privée Spiru Hanet de Bucarest
Faculté des sciences vétérinaires de Cluj Napoca
Faculté des sciences vétérinaires de Iasi
Faculté des sciences vétérinaires de Timisoara
Le nombre total d’étudiants vétérinaires en 2004 était de 4309, contre 3400 en
1999.
Cet effectif beaucoup trop important par rapport aux besoins réels du pays (21
millions d’habitants) en vétérinaires impose qu’une politique de régulation soit
rapidement mise en place.
Une des premières mesures à avoir été adoptée a été la suppression dès 2005
des collèges de techniciens vétérinaires.
Cette formation en 3 ans, aboutissait à l’équivalent roumain des auxiliaires en
santé vétérinaire. Néanmoins, l’existence de passerelles permettant d’intégrer en
fin de formation la 3ème année de la faculté vétérinaire, a eu pour conséquence
98
qu’une majorité des étudiants rejoignaient le cursus classique, amplifiant encore
plus le nombre de vétérinaires sur le marché du travail.
De plus, les difficultés financières inhérentes au trop grand effectif de
vétérinaires libéraux, ne permettaient pas aux titulaires d’engager des auxiliaires
à leur clinique.
Il reste qu’une mesure de réduction drastique du nombre d’étudiants vétérinaires,
et la mise en place d’un numerus clausus doivent être pratiquées en urgence.
Nombre d'étudiants vétérinaires en Roumanie de 1998 à 2004
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
1998/99 1999/00 2000/01 2001/2002 2002/03 2003/04
.
99
III Le secteur vétérinaire libéral
III 1 Les vétérinaires ayant une activité libérale
Les vétérinaires ayant une activité libérale 3949 (43,3%) sont classiquement
divisés en 2 catégories, selon qu’ils ont, ou non, conservé une activité dans le
secteur public.
Il est important de rappeler qu’avant 1989, ce nombre était nul, et qu’il a fallu
attendre le milieu des années 90 pour voir apparaître les premières structures
privées.
A Cluj Napoca, ville prospère de 321,850 habitants, le nombre de cabinets
vétérinaires en 1996 était de 2, on en dénombre 24 en 2006 !
Les vétérinaires qui se partagent entre une activité publique et une activité
libérale sont 3115, soit 34,2% de l’effectif des vétérinaires.
Pour certains, ce statut n’est que temporaire, dans l’attente d’une installation
complète dans le secteur libéral. Il est à noter que de nombreux enseignants,
étant donné les bas salaires offerts par l’université ont une clinique privée dans
laquelle ils exercent en parallèle.
100
D’autres vétérinaires ont choisi d’exercer uniquement en libéral, ils sont
834 (9.1%).
Cependant ce nombre est en permanente augmentation, et le nombre de
cabinets vétérinaires ne cesse de croître, entraînant une diminution évidente de
niveau de revenu moyen.
Si certaines structures sont florissantes, en particulier dans les grandes villes,
nombreux sont les cabinets qui ne font que survivre.
III 2 Exemple de tarifs pratiqués dans une clinique vétérinaire en
Roumanie Pour avoir une idée des tarifs pratiqués en Roumanie, nous avons reporté ci-
dessous le prix de certains actes effectués au sein de la clinique du Dr Timen, à
Cluj Napoca en 2006.
Le Dr Timen a ouvert sa clinique (une des plus réputées de la ville) en 1996.
Son bénéfice annuel est de 15 000 euros, il emploie 2 vétérinaires assistants
rémunérés 200 euros par mois.
NB : 1 Euro = environ 3,5 Lei
• Consultation normale : 15 Lei
• Consultation en urgence : 30 Lei
• Castration Mâle : 35 Lei
• Stérilisation femelle : 55 Lei
• Tumeur mammaire : 70 Lei
• Entérectomie : 90 Lei
• Détartrage : 10 Lei
• Vaccination polyvalente (CN, CT) : 20 Lei
• Injection d’antibiotiques : de 4 à 8 Lei en fonction du poids.
101
IV Les vétérinaires employés par des entreprises agro-alimentaires
et pharmaceutiques.
Ils sont 813 (8.9%), ce nombre relativement élevé s’explique par l’importance du
secteur agricole dans l’économie roumaine.
V Les vétérinaires itinérants,chômeurs et autres Ils sont regroupés dans une seule catégorie, et représentent 3,7 % des
vétérinaires, soit 334 personnes.
REPARTITION DES VETERINAIRES DANS LES DIFFERENTS
SECTEURS D’ACTIVITE EN ROUMANIE, EN 2005
12345
1 Les vétérinaires dans l’administration publique
2 Les vétérinaires dans le secteur de l’enseignement et de la recherche
3 Les vétérinaires ayant une activité libérale
4 Les vétérinaires employés par des entreprises agro-alimentaires et pharmaceutiques.
5 Les vétérinaires itinérants, chômeurs et autres
102
VI L’implantation géographique des vétérinaires Elle aussi, a été bouleversée par la révolution de 1989.
Jusque là, la république socialiste de Roumanie était savamment quadrillée et
les vétérinaires (tous fonctionnaires) étaient implantés de manière millimétrée sur
le territoire, sans l’once d’une fantaisie.
L’essentiel de leur activité concernait les animaux de production (bovins, ovins,
volailles) et les chevaux, encore aujourd’hui très largement utilisés par les
paysans. L’implantation était donc principalement rurale, à l’exception des
vétérinaires travaillant dans l’administration centrale et régionale.
Aujourd’hui, l’explosion des cliniques privées et de la médecine canine fait que la
médecine vétérinaire a une tendance extrêmement marquée à s’urbaniser.
Par exemple à Bucarest, on ne compte pas moins de 213 vétérinaires exerçant
dans le secteur libéral, et 159 dans des entreprises agro-alimentaires et
pharmaceutiques privées.
De fait, ce nombre est quasiment semblable à celui des vétérinaires exerçant
dans l’administration centrale et les universités (375).
103
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES VETERINAIRES EN ROUMANIE (42 DISTRICTS)
Sur ce schéma, on note bien que la distribution suit les grandes villes, mais
également le fait que ce sont des villes d’enseignement vétérinaire :
Bucarest B : 1017 vétérinaires (213 en libéral)
Cluj CJ : 390 vétérinaires (165 en libéral)
Iasi IS : 389 vétérinaires (151 en libéral)
Timisoara TM : 647 vétérinaires (212 en libéral)
Ces quatre villes regroupent 2443 vétérinaires, soit 27 % des vétérinaires de
l’ensemble des 42 districts du pays.
104
VII Les vétérinaires au parlement et au gouvernement en 2005 2 députés
o Le Dr Kelemen qui préside la commission agricole de l’assemblée
o Le Dr Szekely
2 sénateurs
• Dr Radulescu
• Dr Mereuta
Les vétérinaires siégeant au gouvernement (en 2005)
• le Dr Chertes est conseiller d’état au premier ministre
• Au ministère de l’agriculture, le Dr Popa, conseiller du ministre pour
les questions sanitaires vétérinaires.
105
BIBLIOGRAPHIE
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maison d’édition Médicale-Vétérinaire , Bucarest, 1998
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PROGRÈS DE LA MÉDECINE GÉNÉRALE – La Société des Médecins
Vétérinaires, 1986
3. DES ÉVOCATIONS DU PASSÉ DE LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE –
Bulletin Informatif de la Société des Médecins Vétérinaires, No.2/1986
4. GHERGARIU, S. – 1994 – Des témoignages sur l’enseignement
vétérinaire de Cluj pendant les XVIII et XIXème siècles– Rev. Rom. de
Med. Vet., 4ème volume, no.3, pages 231-239
5. PĂUNA, I. A. RIGAN – 1995 – La presse médicale vétérinaire au cours
des années. Rev. Rom. de Med. Vet., no.3/ 1995, page 321
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volume, maison d’édition Soc. De Med. Vet., 987
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Şi Med. Vet., no. 7-1966
106
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De Zoot. Şi Med. Vet., no. 4 / 1965
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RIEGLER. Société de Medecins Vétérinaires de Roumanie, la Revue de
Propagande Technique Agricole, 1986
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progrès des sciences vétérinaires, Société de Médecins Vétérinaires de
Roumanie, Revue de Propagande Technique Agricole, 1984.
12. BULLETIN ANNUEL DE LA SOCIETE DE MEDECINE VETERINAIRE
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Histoire de la Roumanie
107
19. http://www.centreurope.org/roumanie/ guide/general/histoire-roumanie.htm
Histoire de la Roumanie
20. http://www.amb-roumanie.fr
Ambassade de Roumanie en France
21. http://www.cns.ro
Commission nationale de la statistique
22. http://www.insee.ro
Institut national pour les statistiques et les études économiques
23. http://www.maap.ro
Ministère de l'agriculture, de l'alimentation et des forêts
24. http://www.mie.ro
Ministère de l'intégration européenne
108
CONCLUSION
De la Dacie antique à la Roumanie futur membre de l’Union Européenne, l’histoire de ce peuple situé aux confins de l’Europe ne manque pas de péripéties. Francophile depuis des siècles, la Roumanie a toujours eu des relations privilégiées avec la France en particulier dans le domaine culturel. Par ailleurs, grâce au développement des échanges universitaires notamment dans le cadre des programmes européens, ces relations sont en croissance permanente. Outre les étudiants roumains qui viennent depuis déjà plusieurs années étudier dans des universités françaises, il n’est plus rare de voir des étudiants français partir en Roumanie afin d’y effectuer une partie de leurs études. C’est ainsi que l’auteur a pu effectuer le stage pratique de sa 5ème année d’études vétérinaires à Cluj Napoca, au sein de l’université des sciences agricoles et vétérinaires. S’ il était le premier étudiant vétérinaire de Lyon à partir en Roumanie, il a pu en revanche côtoyer de nombreux étudiants vétérinaires italiens et portugais, qui effectuaient une partie de leur cursus en Roumanie. Depuis plus de trois siècles, l’histoire de la médecine vétérinaire a été intimement liée à l’histoire de la Roumanie, et certains de ses protagonistes ont eu des liens privilégiés avec la France Dans un pays encore aujourd’hui essentiellement rural, l’agriculture et l’élevage occupent une place primordiale dans la société roumaine. Il n’est pas rare de croiser encore sur les boulevards des grandes villes, des charrettes tirées par des chevaux. La prochaine adhésion à l’Union Européenne implique de nombreuses mutations dans le secteur agro-alimentaire, et le vétérinaire, dans ce contexte, a un rôle capital à jouer. En effet, le défi est de taille :
- Les conditions d’hygiène, en particulier dans les abattoirs, sont très loin de satisfaire aux normes basiques édictées par l’Europe ;
- L’évolution de la société roumaine depuis la chute du régime communiste a aussi pour conséquence un développement effréné du secteur libéral auquel n’échappe pas la médecine vétérinaire, ce qui n’est pas sans poser certains problèmes. Le nombre de cliniques vétérinaires privées est en pleine explosion, sans véritable politique d’encadrement.
- Des structures d’enseignement vétérinaires privées se développent, alors que le nombre d’étudiants est déjà trop important.
La mutation de la société roumaine est en cours, mais de nombreuses mesures seront nécessaires pour que la Roumanie puisse sereinement s’intégrer dans l’Union Européenne.
109
110
BALANSARD IVAN CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA MEDECINE VETERINAIRE EN ROUMANIE Thèse vétérinaire : Lyon, 24 avril 2006 RESUME :
Depuis trois siècles, de l’Empire Austro-hongrois à la République de Roumanie, la médecine vétérinaire roumaine évolue au fil des divers bouleversements politiques.
Dans un pays encore essentiellement rural, l’agriculture et l’élevage occupent une place primordiale dans la société. Cependant, la prochaine adhésion à l’Union Européenne implique de nombreuses mutations dans le secteur agro-alimentaire, et le vétérinaire, dans ce contexte, a un rôle capital à jouer. L’évolution de la société roumaine depuis la chute du régime communiste a aussi pour conséquence un développement effréné du secteur libéral auquel n’échappe pas la médecine vétérinaire, ce qui n’est pas sans poser certains problèmes. Le nombre de cliniques vétérinaires privées est en pleine explosion, sans véritable politique d’encadrement. Des structures d’enseignement vétérinaire privées se développent alors que le nombre d’étudiants est déjà trop important. Pour réussir le défi de la modernisation, des mesures drastiques seront forcément nécessaires. MOTS CLES : HISTOIRE MEDECINE VETERINAIRE ROUMANIE JURY : Président : Monsieur le Professeur ITTI 1er assesseur : Madame le Professeur REMY 2ème assesseur : Monsieur le Professeur FAU DATE DE SOUTENANCE : 24 Avril 2006 ADRESSE DE L’AUTEUR : 29 Route de Simiane, 13105 MIMET