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Conventions pour une visualisation des rapports syntaxiques Author(s): André Martinet Source: La Linguistique, Vol. 9, Fasc. 1 (1973), pp. 5-16 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248838 . Accessed: 15/06/2014 17:51 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.56 on Sun, 15 Jun 2014 17:51:18 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Conventions pour une visualisation des rapports syntaxiques

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Conventions pour une visualisation des rapports syntaxiquesAuthor(s): André MartinetSource: La Linguistique, Vol. 9, Fasc. 1 (1973), pp. 5-16Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248838 .

Accessed: 15/06/2014 17:51

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION

DES RAPPORTS SYNTAXIQUES par Andre MARTINET

La formalisation telle qu'elle se manifeste en linguistique depuis le lancement de la phonologie et les debuts de la linguistique struc- turale a rencontre, des l'abord, des resistances qui, lorsqu'elles n'itaient pas le fait de conservateurs que derangeait toute inno- vation, sont nees de la crainte de voir des faits particuliers confon- dus avec d'autres au nom du principe qu'il n'y a de science que du general. Traiter des sons physiquement divers comme des variantes d'un phoneme, identifier unites grammaticales et lexi- cales sous la rubrique de << morpheme >> et, plus tard de << monme >>, c'est toujours faire volontairement abstraction de differences dont on ne nie pas l'existence, mais dont on decide de ne pas tenir compte au moment oii, pour fonder scientifiquement la linguis- tique, on dicide de considerer le langage humain sous l'angle d'une pertinence.

Ceux-lk mime qui ont, non seulement accepti le principe de la formalisation, mais militi en sa faveur, peuvent etre les premiers

' denoncer les formalisations abusives, celles qui trans- farent, d'une langue a une autre, un type de formalisation sans rechercher dans la seconde les justifications qu'on en avait trou- vies dans la premiere, celles qui, par le biais de metaphores, etendent un cadre formalisateur d'une discipline "a une autre sans reposer le probleme d'une pertinence specifique, celles encore

qui operent a partir d'hypotheses dont on ne s'est pas inquidtd de savoir quels etaient leurs rapports avec les realitis observables. Les chercheurs qui estiment qu'il n'y a pas d'activiti scientifique qui n'ait comme fin derniere la dicouverte et la prisentation de certains aspects du riel ont toujours, dans leur propre activit6,

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6 ANDRi MARTINET

a se garder sur deux fronts, celui de la formalisation a outrance et celui d'un respect exag&re du particulier qui peut empecher de retrouver les identites 1l oui elles ne sont pas ividentes.

En matiere de syntaxe, une resistance justifide aux formali- sations gnenratistes peut amener a concentrer trop exclusivement son attention sur la varieti des rapports, ceux, par exemple, qu'entretiennent, avec le predicat, les elements en fonction pri- maire, au point d'oublier parfois que le rapport entre un article et le substantif qu'il determine est aussi un fait de syntaxe. Contre cette tendance, la tentative de visualisation des rapports syntaxi- ques dont on presente ici les grands traits s'est revilke fort efficace. Le desir de ne pas freiner une diffusion eventuelle par le choix de signes rares et non generalement disponibles et les pref6rences d'un directeur de revue pour des solutions adequates mais non

dispendieuses, ne pouvaient que favoriser une limitation du nombre de conventions employees et, en consequence, inciter a retrouver, derriere les diversites apparentes, l'identit6 reelle de certains

rapports. Des le depart, cette tentative de visualisation pretend a une

grande gineralite. Il ne s'agit pas de presenter les rapports syn- taxiques tels que les rivdle l'examen de telle ou telle langue. Suivant une ligne de pensie qui a pu, a certains points, s'inspirer de celle d'Otto Jespersen et qui, comme celle-ci, suppose un va-et- vient constant de l'experience 'a la deduction, on aboutit a poser trois rapports fondamentaux ofi l'on retrouve trois des <<fonctionsc> de base de la glossimatique.

Soit deux unites A et B. En mati're de syntaxe, les unitis de ce

type representent chacune une classe particulibre et, en aucune

fagon, un element lexical ou grammatical determine.

1o A et B n'existent pas l'un sans l'autre; A suppose B et B

suppose A. Ce type de rapport est bien represente par ce que Jespersen appelle le nexus, c'est-i-dire le groupe sujet-prndicat. Mais il n'est pas exclu qu'il se rencontre ailleurs. Il sera marque, dans la visualisation, au moyen d'une fleche a double pointe (ou double fl&che) joignant A et B. Soit :

A B

20 A peut exister sans B, mais B n'existe pas sans A; B suppose A, mais ]a presence de A n'entraine pas celle de B. B est reprnsenti par ce que la grammaire traditionnelle appelle des complements

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION DES RAPPORTS SYNTAXIQUES 7

et des apithetes, ce qu'on peut designer comme des expansions. Un rapport de ce type sera marqud au moyen d'une fl6che 'a

pointe unique (ou fleche simple) partant de B et se dirigeant vers A. Soit :

A +--- B

30 A et B peuvent coexister dans l'inonce, mais ne se condi- tionnent pas l'un l'autre; 1l oh ils sont en rapport de coordination, ce rapport sera indiqud par une barre sans pointe. Soit :

A B

La double fleche de A <-> B n'implique pas que, syntaxique- ment, A soit & B ce que B est a A. Il faut donc disposer de conven- tions permettant de distinguer A de B. Si A est, dans ce cas, un

prddicat, c'est-a-dire un moneme par l'intermediaire duquel les

6lements les plus divers de 1'dnonce se rattachent les uns aux autres, il sera marqud comme tel par son insertion dans un rec- tangle. Soit:

Lorsque le complexe ainsi formd, avec ou sans determinations

particulieres de A et de B, reprdsente un inonce minimum, on dit souvent que B a une fonction d'actualisation, c'est-a-dire qu'il servirait en quelque sorte 5' orienter l'auditeur vers une des virtua-

lites de sens impliquee par ou simplement 'a confirmer que se prdsente bien comme le centre d'un inonc6. On pourrait

vouloir ne voir, dans cette actualisation, qu'un aspect particulier de la determination. Quoi qu'il en soit, nous pouvons retenir, en pratique, le terme d'actualisateur pour disigner B dans ce cas. Dans bien des langues, l'actualisateur du prddicat verbal est ddsignd comme le sujet. Dans le cas d'un predicat nominal, l'actualisateur peut itre de types divers. En frangais, par exemple, il peut tre, outre un sujet (IL [est] juge), un actualisateur ddmonstratif (c'[est] Jean), un prdsentatif (voici Jean) ou un existentiel (IL Y A foule).

Les autres situations attestees oi l'on pourrait vouloir poser une relation A <--+ B sont celles oh l'on estime qu'un 6lkment lexical se combine necessairement avec un des elements d'une classe grammaticale, un verbe avec un temps ou un mode, un nom avec un nombre, etc. Toutefois, il y a normalement, dans ce

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8 ANDRi MARTINET

cas, parmi les elements de la classe grammaticale, une << categorie >>

qui est non marquee, c'est-A-dire ni representee formellement ni positivement caracterisde semantiquement : c'est le cas, en fran- cais, de l'indicatif, du present et du singulier. On ne doit pas poser de moneme pour un signifiant zero correspondant a un

signifid sans consistance. La oh il y aurait choix obligatoire d'une

modalitd, son caractere de modalitd ressortirait des modes de reprisentation des mondmes qui seront exposis ci-dessous.

Le rapport indiqud par la fliche simple peut &tre caractdrisd comme un rapport de ditermination du terme A, vers lequel est dirigie la pointe de la fleche, par l'autre terme B. Une autre facon de prdsenter la chose est de dire que B est subordonne a A.

Il peut se produire que, du fait de la valeur semantique parti- culiere des dl6ments en cause, le determind A ne saurait se passer du determinant B, voire d'un second determinant C. Soit, en frangais, le verbe mettre. Avec le sens de << placer >>, il comporte ndcessairement deux determinations : ce qui est plac6 et oh ceci est plac6 : il met/le livre/sur l'itagere. Il ne s'agit plus ici de rapports entre predicat et objet ou prddicat et determination spatiale en general, mais d'une situation crdie par l'utilisation d'un lexeme particulier, mettre. Comme il s'agit cependant de rapports qui peuvent etre ramenes a un meme type, celui de determination obligatoire dans un contexte particulier, on propose de lui donner une forme spicifique dans la visualisation et de le noter au moyen d'une fleche simple a hampe barrde. Soit :

A -- B

Des dlements soumis a.

une meme determination seront rdunis par une accolade. Soit :

A

B

C

Ces elements sont souvent dans un rapport de coordination, ce qui donne :

A

B

C

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION DES RAPPORTS SYNTAXIQUES 9

Parmi les rapports de determination, on en trouve qui ont en commun avec les rapports de coordination le fait qu'ils s'6tablissent entre des elments qui sont dans le meme rapport avec le reste de 1'6nonce. Ii s'agit des rapports appositionnels qu'on marquera conjointement comme une determination au moyen d'une fleche simple et comme une coordination au moyen d'une barre accolde a la fleche. Soit :

A B

On utilisera la meme representation pour marquer le rapport qu'etablit avec son antecedent un relatif qui introduit, non une

sp6cification limitative (il s'agirait alors d'une simple determina- tion justiciable d'une simple fleche), mais une information suppld- mentaire sur cet antecedent, ce qui veut dire qu'il se comporte vis-a-vis de celui-ci comme une apposition vis-a-vis de I'lement auquel elle est apposee. Un tel relatif est, en frangais, precedd d'une pause, rdelle ou virtuelle : les soldats, qui itaient fatigues... s'opposant a les soldats qui itaient fatigues.

La nature particuliere du rapport syntaxique peut Ctre pre- cisde par une indication entre parentheses placie au milieu de la fliche simple ou double, ou de la barre indiquant la relation. Soit, pour la relation dite d'attribution ou de datif,

+- (dat.) -

et, pour une coordination adversative : -

(/me/)-- Cette nature n'est pas explicitee lorsqu'elle est la plus normale

etant donn6 les unites en cause : en frangais, la double fleche indiquera, sans spdcification, la relation sujet-prddicat, la fl&che simple la relation du nom A son complement marquie par de et la relation des modalites de temps et de mode au moneme verbal.

Les conventions qui prdcedent peuvent etre utilisees pour prdsenter, dans l'abstrait, des types de relation syntaxique. Les monemes (ou, au choix, les classes de monemes) seront dans ce cas repr6sentes par des grandeurs algebriques, par exemple sous la forme de lettres de l'alphabet, comme nous l'avons fait ci-dessus. Soit, en notant les classes de monemes, la visualisation no I.

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IO ANDRA MARTINET

A reprdsente ici la classe des modalitds prdsentant le substantif comme dtfini ou indifini, B, celle des noms, C le moneme pluriel, D le relatif, E la classe des verbes, F celle des modalit6s verbales de temps, G celle des modalites per- sonnelles, H celle des adverbes, J celle des adjectifs qualificatifs. On pourrait, si on le d6sire, distinguer, dans ce cas, entre unites lexicales et unites grammati- cales en utilisant des majuscules pour les premieres, des minuscules pour les secondes, en notant done a, c, d, f et g au lieu de A, C, D, F et G.

Visualisation no I

F C A

A --- B < E (obj.)-- B

D (dat.) D $ H

E H

F ---- I (obj.)- B El

Mais elles peuvent aussi servir a analyser des enonces rdels, dans quel cas les mondmes devront &tre reprdsentds sous une forme identifiable. Le principe adoptd dans ce cas est que quiconque connait la morphologie de la langue, c'est-a-dire, prdcisdment, les variations des signifiants et leur conditionnement et les traits non pertinents, parce que automatiques, de la position des unitds dans l'inonce, doit pouvoir restituer oralement l'dnoncd visualisd. Les seuls choix du locuteur qui ne sont pas explicitds sont les choix

stylistiques ddfinis comme n'affectant pas les relations syntaxiques, par exemple l'antdposition ou la postposition d'une specification temporelle : Demain... ou ... demain.

Dans tous les cas oii l'identitd du moneme est parfaitement

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION DES RAPPORTS SYNTAXIQUES I I

assurde par son signifiant, c'est celui-ci qui sera utilise en trans-

cription phonologique placde entre barres obliques. Soit :

/tablo/

Les homophones de genres diffirents pourront voir leur signi- fiant suivi d'une indication dans ce sens. Soit :

/vual/f. = la voile

On notera que le choix de voile f6minin entraine automatique- ment des modifications du contexte que ne notera pas la visuali- sation. Or, la visualisation de type non algibrique doit permettre, a quiconque connait la morphologie de la langue, de retrouver

l'dnonce sous sa forme orale. Il ne saurait tre question de lever, dans la visualisation, les

ambiguites qui existent dans l''nonce. On ne fera d'exception a cette regle que lorsqu'il s'agit de relations syntaxiques qui se trouvent etre homonymes dans certains contextes (cas de syncrd- tisme : il travaille la nuit, il travaille le bois), mais distincts dans d'au- tres : la nuit, il travaille, mais le bois, il LE travaille. L'ambiguitd est en gendral levee, dans le premier cas, par le contexte lexical.

Dans les cas oii l'identification du mondme a partir de son signifiant est rendue delicate du fait de ses variations formelles entrainant souvent l'existence d'amalgames rendant impossible la segmentation, on a intidrt

. reproduire le signifid du moneme,

et ceci sous deux formes diff6rentes selon qu'il s'agit d'61lments lexicaux ou d'dlkments grammaticaux. Pour les premiers, on donnera entre guillemets la forme graphique qu'on trouve dans les dictionnaires. Une visualisation comme

<< faire >>

correspondra '

/fe/, /fR/, /fz8/, /fas/, etc., selon les determinations qui lui seront adjointes. Pour les elements grammaticaux, on prdfdrera une indication s'mantique abrigde, en italique, du type def. pour << article ddfini>>, subj. pour << subjonctif>>, et pour les personnes grammaticales des numdros de I a 6.

Ce qui vient d'etre dit de la reproduction des monemes vaut egalement pour les indications de fonction qui figurent entre

parentheses, au milieu des hampes ou des barres. Si I'identitd de

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12 ANDRi MARTINET

l'indicateur de fonction est parfaitement 6tablie par son signifiant, c'est ce signifiant qui figurera entre parenth6ses, soit :

+- (/avek/) -

Dans le cas contraire, on mettra entre parentheses une indi- cation semantique abrdgde, en italique, soit :

+- (dat.) -

puisque /a/ = a peut indiquer aussi bien une fonction locative

qu'une fonction dative. La visualisation no 2 offre, avec ses monemes explicitis, la

phrase qu'on a prdsentde ci-dessus sous forme algebrique :

Visualisation no 2

lbiij

I /venm/ . pl. (dat.) indef.

dim. -i-- /parti/ f. - <<offrir >+- (obj.) - /prodyksi6/

rel. rel. impf < savant >>

def. /syit/ <-- << mler >>

/organize/

reyfl. - (obj.) -+ impf. << merveiller >>

<< ddliere>> impf. +- (obj.) - fijiord4

<< disesperer >> I

I

Il faut noter que la fagon dont les diff6rentes determinations s'ordonnent autour du predicat ou autour des autres noyaux de

l'6noncd est absolument arbitraire. On sera assez naturellement

tentd, du fait des habitudes graphiques occidentales, d'orienter

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION DES RAPPORTS SYNTAXIQUES 13

les representations visuelles de gauche 'a droite et du haut vers le bas, et ceci en facilitera en fait la lecture. Mais, en theorie, une

premiere lecture devra se faire silencieusement en partant du

prdicat et, s'il s'agit d'6nonc's frangais, en retrouvant le sujet 'a l'aide des conventions ditaillkes ci-dessus et en verifiant si ce sujet est accompagn6 d'un article, s'il se trouve combine avec le moneme pluriel, s'il est l'objet d'autres determinations ou l'anticedent d'une proposition relative. Ce n'est qu'apres avoir accompli ce periple muet qu'on pourra commencer une lecture ' haute voix en utili- sant la connaissance que doit avoir le lecteur des contraintes de toutes sortes relatives a la forme et a la position respectives des signifiants. Bien entendu, beaucoup d'6nonces sont susceptibles de recevoir stylistiquement des lectures diff6rentes dans le respect absolu des relations syntaxiques.

Sans doute, puisque l'ordre dans lequel se presentent les d'l- ments qui gravitent autour du predicat est arbitraire, l'analyste serait mal venu de compliquer la lecture a loisir : puisque la pre- sentation syntaxique de demain, viendra l'orage peut &tre aussi bien :

/dmi/ ->---c

< venir +-->

/cra3/

fut.def.

que /3ra3/ <- > o(venirc>> - dmg/

def. fut.

pourquoi ne pas choisir la premiere qui respecte, de plus, ]'ordre stylistique ? Il suffit qu'on ne perde jamais de vue que tout ce qui reste arbitraire dans la visualisation syntaxique peut tre mis A profit a des fins stylistiques, pour que faits syntaxiques et faits

stylistiques restent bien distincts. Pour faciliter la lecture, on pourrait suggdrer que les predi-

catoides (c'est-a-dire, en termes traditionnels, les verbes des pro- positions subordonnees) pourraient &tre places dans des rectangles a contour interrompu : s'il arrive demain, nous partirons prendrait alors la forme :

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14 ANDR] MARTINET

r ------------- i

3 -- ariv - (/si/) -+ <<partir o

/dm/1 4 fut.

ou encore << partir>> +- (si/)- ariv - 3

4 f--t. 4 fut. /dmi!

Mais, bien entendu, le sens des determinations marqud par les

fl~ches doit permettre de distinguer les prddicatoides du prddicat sans le recours au contour interrompu.

Le cas de la copule merite qu'on s'y arrete un instant. Ce qu'on designe ainsi, dans une langue comme le franqais, est un e1lment de contenu simantique nul qui indique le caractbre prddicatif du substantif ou de l'adjectif suivant et auquel, matdriellement, s'agglutinent les determinations temporelles et modales de ce pr'dicat. Il est donc inutile de lui donner une repr'sentation indd- pendante : il e'tait chauve deviendra donc :

impf.

Il existe toutefois, A c6td de ces copules vides, ce qu'on pourrait appeler des copules pleines susceptibles de recevoir des determi- nations autres que celles du predicat substantival ou adjectival suivant. Tel est sembler, par exemple. On peut dire il me semble totalement chauve. On pourrait, dans ce cas, soit poser que le prd- dicat est semble, chauve n'en etant qu'un determinant, d'oui la

reprdsentation :

3 4---+ /s-bl/

t T (dat.) T

/fov/ +-- /totalma/ I

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CONVENTIONS POUR UNE VISUALISATION DES RAPPORTS SYNTAXIQUES 15

soit considerer que semble et chauve representent un predicat complexe a placer dans deux rectangles contigus, d'oc :

3 *-+ sibl fov

t t (dat.)

/totalma/

Les deux possibilites existeraient egalement dans le cas d'un enoned comme elle appelle son fils Jean, avec pause reelle ou virtuelle avant Jean. Donc, soit :

3 f. - apel +- (obj.) -I- /fisl/ --- 3

soit 3 f. *-* lapel I /3A + (obj.) - /fis/ <-I- 3

Le mime enonce, sans la pause devant Jean, apparaitra comme :

3 f. - apel - (obj.) -I- /fis/ +---I 3

/3a/

Comme on le voit, la visualisation concrdtise la possibilitd et la necessitd de marquer le point d'incidence qui est parfois obscurci par la lindaritd de l'Cnonce.

Il est bon de rappeler que les synthbmes, c'est-4-dire les

complexes de mondmes qui se comportent vis-a-vis des autres

montmes du discours comme des mon6mes simples, doivent &tre, en syntaxe, considerds comme des unites insicables. Done pomme de terre et gendral de brigade apparaitront dans la visualisation comme /p3mdter/ et /3eneraldbrigad/. Toutefois, ceci ne veut

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pas dire que la synthematique ne comporte pas une syntaxe particuliere, celle qui precise les conditions dans lesquelles, de deux elements d'un syntheme, l'un est identifie comme le deter- minant de l'autre. Mais ce n'dtait pas sur ce niveau de l'analyse que nous nous sommes places.

Il faut, d'autre part, preciser que la phrase est le lieu des relations syntaxiques. Il n'est donc pas question d'envisager de telles relations entre des lc6ments appartenant a deux phrases diffdrentes. Un dlement comme mais qui est l'indicateur d'un

rapport adversatif dans gros mais faible, devient un determinant adverbial du prddicat suivant 5 l'initiale d'une phrase Mais il buvait, le rapport adversatif avec la phrase precidente itant pure- ment simantique et non syntaxique.

Il doit tre clair pour quiconque s'est intdresse a la syntaxe gendrale ou a la syntaxe d'une langue quelconque, qu'il serait facile de trouver des situations syntaxiques qui n'ont pas dtd couvertes dans ce qui precedel. Comment, par exemple, distinguer entre un grand et brave garfon et un garfon grand et brave. On entrevoit certes des solutions dans le cadre de ce qui a etd prdsent6 ci-dessus. Mais il ne fait pas de doute que la formalisation tentde ici serait abusive si elle prdtendait couvrir tous les faits syntaxiques relev6s ou imaginables avec I'appareil limiti des conventions prdsentees ici. On peut toutefois espirer qu'en opdrant dans l'esprit qui a

prdsidd & l'dtablissement de ces conventions, on pourra adapter l'outil 'a la prdsentation syntaxique des langues les plus diverses.

Sorbonne.

I. Voici l'6nonce qui fait I'objet des deux visualisations successives et qui est emprunte A Paul VALURY, VarileI V, Paris, 1944, P. 139-140 : c< Ces parties qui se milaient et dbliaient m'of- fraient bien vainement une production dont la suite savante et organisee merveillait et d6sesp6rait mon ignorance. >>

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