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c Christophe Bertault - MPSI Comparaison des fonctions Dans tout ce chapitre, I,J... sont des intervalles de R. Nous allons adapter au cas des fonctions les notions étudiées dans le chapitre « Comparaison des suites ». 1 Négligeabilité 1.1 Définition Définition (Négligeabilité) Soient f : I -→ R et g : I -→ R deux applications et a ¯ I . On dit que f est négligeable devant g au voisinage de a s’il existe une fonction ε : I -→ R de limite nulle en a et un voisinage Va de a tels que f (x)= ε(x)g(x) pour tout x ∈Va I . Cette relation se note f = a o(g) et se lit « f est un petit o de g au voisinage de a », ou bien f (x) = xa og(x) et « f (x) est un petit o de g(x) au voisinage de a ». Cette définition se généralise au cas où f et g ne sont pas définies en a : il suffit dans ce cas de remplacer tous les « I » par des « I a ». Dire que f = a o(g) revient à dire que lim xa f (x) g(x) =0 lorsque g ne s’annule pas au voisinage de a (sauf éventuellement en a, et lorsque dans ce cas également f (a)=0). En pratique Dans les exercices, on travaillera presque toujours avec des fonctions qui ne s’annulent pas au voisinage de a, sauf éventuellement en a. C’est donc la définition particulière « lim xa f (x) g(x) =0 » que nous utiliserons. Exemple Vous noterez bien qu’avec les puissances, les comparaisons au voisinage de 0 et au voisinage de sont inversées. On a x 2 = x→∞ o(x 4 ) car lim x→∞ x 2 x 4 =0. Par contre x 4 = x0 o(x 2 ) car lim x0 x 4 x 2 =0. On a 1 x 2 = x→∞ o 1 x car 1 x 2 1 x = 1 x -→ x→∞ 0. Par contre 1 x = x0 o 1 x 2 car 1 x 1 x 2 = x -→ x0 0. Attention ! f = a o(0) ⇐⇒ f est nulle au voisinage de a. Or on ne travaille jamais avec la fonction nulle — quel intérêt ? C’est pourquoi vous ne rencontrerez certainement jamais l’expression « f = a o(0) » en mathématiques. Banissez-la de vos copies ! 1.2 Opérations sur les petits o Théorème (Opérations sur la négligeabilité) Soient f,g,h,f,g des applications de I dans R, a ¯ I et λ R. (i) La multiplication par un réel non nul ne compte pas : si f = a o(g) et si λ =0, alors f = a o(λg) et λf = a o(g). (ii) La somme de deux fonctions négligeables devant une même fonction est négligeable : si f = a o(g) et si f = a o(g), alors f + f = a o(g). (iii) La relation « être négligeable » est transitive : si f = a o(g) et si g = a o(h), alors f = a o(h). (iv) Avec le produit, tout va bien : si f = a o(g) et si f = a o(g), alors ff = a o(gg). si f = a o(g), alors fh = a o(gh). (v) La composition à droite est autorisée : si b ¯ R et si ϕ est une fonction définie au voisinage de b à valeurs dans I telle que lim b ϕ = a, alors la relation f = a o(g) implique la relation f ϕ = b o(g ϕ). 1

Cours - Comparaison Des Fonctions

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Comparaison des fonctions

    Dans tout ce chapitre, I, J . . . sont des intervalles de R. Nous allons adapter au cas des fonctions les notions tudies dansle chapitre Comparaison des suites .

    1 Ngligeabilit

    1.1 Dfinition

    Dfinition (Ngligeabilit)

    Soient f : I R et g : I R deux applications et a I. On dit que f est ngligeable devant g au voisinage de asil existe une fonction : I R de limite nulle en a et un voisinage Va de a tels que f(x) = (x)g(x) pour tout x Va I .Cette relation se note f =

    ao(g) et se lit f est un petit o de g au voisinage de a , ou bien f(x) =

    xao

    g(x)

    et f(x)

    est un petit o de g(x) au voisinage de a .

    Cette dfinition se gnralise au cas o f et g ne sont pas dfinies en a : il suffit dans ce cas de remplacer tous les I par des I r

    a

    .

    Dire que f =ao(g) revient dire que lim

    xa

    f(x)

    g(x)= 0 lorsque g ne sannule pas au voisinage de a (sauf ventuellement en

    a, et lorsque dans ce cas galement f(a) = 0).

    En pratique Dans les exercices, on travaillera presque toujours avec des fonctions qui ne sannulent pas au

    voisinage de a, sauf ventuellement en a. Cest donc la dfinition particulire limxa

    f(x)

    g(x)= 0 que nous utiliserons.

    Exemple Vous noterez bien quavec les puissances, les comparaisons au voisinage de 0 et au voisinage de sont inverses. On a x2 =

    xo(x4) car lim

    x

    x2

    x4= 0. Par contre x4 =

    x0o(x2) car lim

    x0

    x4

    x2= 0.

    On a 1x2

    =x

    o

    1

    x

    car

    1

    x2

    1

    x

    =1

    xx

    0. Par contre1

    x=x0

    o

    1

    x2

    car

    1

    x1

    x2

    = x x0

    0.

    $ $ $ Attention ! f =ao(0) f est nulle au voisinage de a.

    Or on ne travaille jamais avec la fonction nulle quel intrt ? Cest pourquoi vous ne rencontrerez certainement jamaislexpression f =

    ao(0) en mathmatiques. Banissez-la de vos copies !

    1.2 Oprations sur les petits o

    Thorme (Oprations sur la ngligeabilit) Soient f, g, h, ef, eg des applications de I dans R, a I et R.(i) La multiplication par un rel non nul ne compte pas :

    si f =ao(g) et si 6= 0, alors f =

    ao(g) et f =

    ao(g).

    (ii) La somme de deux fonctions ngligeables devant une mme fonction est ngligeable :

    si f =ao(g) et si ef =

    ao(g), alors f + ef =

    ao(g).

    (iii) La relation tre ngligeable est transitive : si f =ao(g) et si g =

    ao(h), alors f =

    ao(h).

    (iv) Avec le produit, tout va bien :

    (

    si f =ao(g) et si ef =

    ao(eg), alors f ef =

    ao(geg).

    si f =ao(g), alors fh =

    ao(gh).

    (v) La composition droite est autorise : si b R et si est une fonction dfinie au voisinage de b valeurs dans Itelle que lim

    b = a, alors la relation f =

    ao(g) implique la relation f =

    bo(g ).

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    $ $ $ Attention ! Avec les petits o deux oprations sont formellement interdites.

    1) Somme des deux cts : si f =ao(g) et si ef =

    ao(eg), on na pas forcment f + ef =

    ao(g + eg).

    Par exemple, on a x 1 =x

    o(x2) et 1 =x

    o(1 x2), mais pourtant x =x

    o(1).

    2) Composition gauche : si f =ao(g), on na pas forcment f =

    ao( g).

    Par exemple, on a x =x

    o(x2), mais pourtant, si on compose gauche par x 7 1x,1

    x=

    xo

    1

    x2

    .

    Dmonstration

    (i) Montrons que f =ao(g). Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite nulle en a et un

    voisinage Va de a tels que f(x) = (x)g(x) pour tout x Va I . Alors f(x) = (x)

    g(x)

    pour tout

    x Va I et lima

    = 0. Do le rsultat.

    Montrons que f =ao(g). Reprenons les notations prcdentes. On a f(x) =

    (x)

    g(x) pour tout x VaIet lim

    a = 0. Do le rsultat.

    (ii) Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite nulle en a et un voisinage Va de a tels quef(x) = (x)g(x) pour tout x Va I , ainsi quune fonction e : I R de limite nulle en a et un voisinageeVa de a tels que ef(x) = e(x)g(x) pour tout x eVa I .Posons V0a = Va eVa. Alors f(x) + ef(x) =

    (x)+ e(x)

    g(x) pour tout x V0a I et de plus lima

    + e

    = 0.

    Do le rsultat.

    (iii) Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite nulle en a et un voisinage Va de a tels quef(x) = (x)g(x) pour tout x Va I , ainsi quune fonction e : I R de limite nulle en a et un voisinageeVa de a tels que g(x) = e(x)h(x) pour tout x eVa I .Posons V0a = Va eVa. Alors f(x) =

    (x)e(x)

    h(x) pour tout x V0a I et de plus lima

    + e

    = 0. Do le

    rsultat.

    (iv) et (v) Dbrouillez-vous.

    En pratique

    Souvent, quand a R, lassertion (v) est utilise pour faire des translations : x 7 xa. Cest comme quand on passe dela limite lim

    xaf(x) = ` la limite lim

    h0f(a+h) = ` . Par exemple, les relations x2 =

    x0o(x4) et (x1)2 =

    x1o

    (x1)4

    disent en substance la mme chose.Cette technique nous permet de transformer toute relation de ngligeabilit a voisinage de a R en une relation dengligeabilit au voisinage de 0.

    On peut aussi vouloir transformer une relation de ngligeabilit au voisinage de en une relation de ngligeabilit auvoisinage de 0. Pour cela on travaillera le plus souvent avec la fonction : x 7 1

    x.

    Nous avons jusquici introduit la notation petit o sous sa forme la plus lmentaire (mise en relation de deux fonctions).Cette notation existe en ralit sous des formes assez diverses en mathmatiques. Par exemple, vous rencontrerez souvent desexpressions du genre f =

    ag + o(h) . En loccurrence, cette expression signifie simplement que f g =

    ao(h).

    En pratique Comme avec les suites, vous devez vous habituer nettoyer les formules que vous crivez avec

    des petits o. Ainsi, au lieu dcrire ln(1 + x) =x0

    x x2

    2+ o(x), vous crirez ln(1 + x) =

    x0x+ o(x) car la prcision o(x) ne fait

    quune bouche du x2

    2. Autre exemple : la relation ln(1 + x) =

    x0x+ 5x2 8x7 + o(x) est tout aussi juste que les prcdentes,

    mais elle est inutilement complique.

    Thorme (Limites et petits o) Soient f : I R une application, a I et ` R. Alors : lima

    f = ` f =a`+o(1).

    En particulier : lima

    f = 0 f =ao(1).

    En pratique Il est trs important davoir en tte le fait quun o(1) au voisinage de a nest rien dautre quunefonction de limite nulle au voisinage de a.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Dmonstration

    lima

    f = ` lima

    (f `) = 0 lima

    f `1

    = 0 f ` =ao(1) f =

    a`+ o(1).

    1.3 Exemples fondamentaux

    Thorme (Exemples fondamentaux de petits o au voisinage de )

    (i) Soient , R tels que < . Alors x =x

    o(x). (ii) Soient a, b R tels que 0 < a < b. Alors ax =x

    o(bx).

    (iii) Soient , R avec > 0. Alors ln x =x

    o(x). (iv) Soient a, R avec a > 1. Alors x =x

    o(ax).

    Explication Ce thorme explique, dans la langue des petits o, que les exponentielles sont plus infinies que lespuissances, qui le sont elles-mmes plus que les puissances de logarithmes, tout ceci au voisinage de .

    Dmonstration

    (i) Puisque < , alors < 0, donc limx

    x = 0 (rsultat sur les fonctions puissances), i.e. lim

    x

    x

    x= 0,

    i.e. enfin x =x

    o(x).

    (ii) Puisque 0 < a < b, alors b 6= 0 et ln ab< 1, donc lim

    xex ln a

    b = 0, i.e. limx

    a

    b

    x

    = 0, et donc ax =x

    o(bx).

    (iii) et (iv) Au travail !

    Thorme (Exemples fondamentaux de petits o au voisinage de 0)

    (i) Soient , R tels que < . Alors x =x0

    o(x). (ii) Soient , R avec > 0. Alors x =x0

    o

    ln x

    .

    $ $ $ Attention ! Lassertion (i) ressemble sy mprendre celle quon vient de voir au voisinage de , ceci prsjustement quils sont crits au voisinage de 0. Malheur ceux qui les confondront ! Pour retenir les relations entre les puissancesx et x, il suffit davoir en tte la position relative des deux fonctions asocies ; si < , nous savons que le graphe de x 7 xest sous le graphe de x 7 x sur ]1,[, et que linverse est vrai sur ]0, 1[.

    2 Equivalence

    2.1 Dfinition

    Dfinition (Equivalence)

    Soient f : I R et g : I R deux applications et a I. On dit que f est quivalente g au voisinage de a silexiste une fonction : I R de limite 1 en a et un voisinage Va de a tels que f(x) = (x)g(x) pour tout x Va I . Cetterelation se note f

    ag ou f(x)

    xag(x).

    Cette dfinition se gnralise au cas o f et g ne sont pas dfinies en a : il suffit dans ce cas de remplacer tous les I par des I r

    a

    .

    Dire que f ag revient dire que lim

    xa

    f(x)

    g(x)= 1 lorsque g ne sannule pas au voisinage de a (sauf ventuellement en a,

    et lorsque dans ce cas galement f(a) = 0).

    En pratique Dans les exercices, on travaillera presque toujours avec des fonctions qui ne sannulent pas au

    voisinage de a. Cest donc la dfinition particulire limxa

    f(x)

    g(x)= 1 que nous utiliserons.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple x2 + x+ 5 x

    x2 car limx

    x2 + x+ 5

    x2= 1.

    1

    x+

    1

    x2

    x

    1

    xcar

    1

    x+

    1

    x2

    1

    x

    = 1 +1

    xx

    1.

    $ $ $ Attention ! f a0 f est nulle au voisinage de a.

    Or on ne travaille jamais avec la fonction nulle quel intrt ? Cest pourquoi vous ne rencontrerez certainement jamaislexpression f

    a0 en mathmatiques. Banissez-la de vos copies !

    Thorme Soient f : I R et g : I R deux applications et a I. f ag f =

    ag + o(g).

    Dmonstration Par dfinition, dire que f ag, cest dire quil existe une fonction : I R de limite 1 en a

    et un voisinage Va de a tels que f(x) = (x)g(x) pour tout x Va I . Cest donc dire quil existe une fonction : I R de limite nulle en a et un voisinage Va de a tels que f(x) =

    1+ (x)

    g(x), i.e. f(x) g(x) = (x)g(x).Cest, enfin, exactement dire que f g =

    ao(g).

    $ $ $ Attention ! Les propositions limxa

    f(x)

    g(x)= 1 et lim

    xa

    f(x) g(x) = 0 ne sont en aucun cas quivalentes ;cest mme pire : aucune de ces deux propositions nimplique lautre. Le thorme prcdent nous explique pourquoi : dire quelimxa

    f(x) g(x) = 0, cest dire que f g =ao(1), et non pas f g =

    ao(g).

    Par exemple x+ 1 x

    x, mais pourtant (x+ 1) x x

    0 ; inversement limx

    1

    x 1

    x2

    = 0, mais pourtant1

    x

    x

    1

    x2.

    2.2 Oprations sur les quivalents

    Thorme (Oprations sur les quivalents) Soient f, g, h, ef, eg des applications de I dans R et a I .(i) La relation tre quivalentes est rflexive : f

    af .

    (ii) La relation tre quivalentes est symtrique : si f ag, alors g

    af .

    (iii) La relation tre quivalentes est transitive : si f ag et si g

    ah, alors f

    ah.

    (iv) Dans les petits o, on peut remplacer toute fonction par une fonction quivalente :

    si f =ao(g) et si ef

    af et eg

    ag, alors ef =

    ao(eg).

    (v) Deux fonctions quivalentes ont le mme signe sur un voisinage :

    si f ag et si f > 0 au voisinage de a, alors g > 0 au voisinage de a.

    (vi) Avec le produit, tout va bien : si f a

    ef et si g aeg, alors fg

    a

    efeg.

    (vii) Avec linverse, tout va bien : si f ag et si f ne sannule pas au voisinage de a, alors

    1

    fa

    1

    g.

    (viii) Avec les puissances, tout va bien :

    si f ag et si f > 0 au voisinage de a, alors f

    ag pour tout R.

    (ix) La composition droite est autorise : si b R et si est une fonction dfinie au voisinage de b valeurs dans Itelle que lim

    b = a, alors la relation f

    ag implique la relation f

    bg .

    $ $ $ Attention ! Avec les quivalents deux oprations sont formellement interdites.

    1) Somme : si f ag et si ef

    aeg, on na pas forcment f + ef

    ag + eg.

    Par exemple, x+ 1 x

    x et 3 x x

    x+ 1, mais 4 x

    1.

    2) Composition gauche : si f ag, on na pas forcment f =

    a g.

    Par exemple, x x

    x+ ln x, mais si on compose gauche par x 7 ex, ex x

    xex.

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    Dmonstration Dmontrons ici seulement (ii) et (iii). Vous ferez les autres dmonstrations seuls, elles ne sontpas difficiles.

    (ii) Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite 1 en a et un voisinage Va de a tels quef(x) = (a)g(x) pour tout x Va I . Quitte rtrcir Va, nous pouvons supposer strictement positivesur Va I . Alors g(x) = 1

    (x)f(x) pour tout x Va I et lim

    a

    1

    = 1. Do le rsultat.

    (iii) Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite 1 en a et un voisinage Va de a tels quef(x) = (a)g(x) pour tout x Va I , ainsi quune fonction e : I R de limite 1 et un voisinage eVa de atels que g(x) = e(x)h(x) pour tout x eVa I .Posons V0a = Va eVa. Alors f(x) =

    (x)e(x)

    h(x) pour tout x V0a I et de plus limae = 1. Do le

    rsultat.

    Thorme (Limites et quivalents) Soient f : I R et g : I R deux applications et a I.(i) Si f

    ag, alors soit f et g ont toutes les deux une limite en a et lim

    af = lim

    ag, soit aucune de ces deux applications

    ne possde de limite en a.

    (ii) Si lima

    f = ` o ` est un rel non nul, alors f a`.

    $ $ $ Attention ! La rciproque de lassertion (i) est fausse : on peut avoir lima

    f = lima

    g sans avoir f ag. Ne pas

    comprendre ceci, cest ne rien comprendre ce chapitre, car justement les quivalents permettent de distinguer des fonctions quipourtant ont la mme limite.

    Par exemple, limx

    ex = lim

    xx = mais ex

    xx ; de mme lim

    x

    1

    x= lim

    x

    1

    x2= 0 mais

    1

    x

    x

    1

    x2.

    Dmonstration

    (i) Par hypothse, il existe une fonction : I R de limite 1 et un voisinage Va de a tels que f(x) = (x)g(x)pour tout x Va I . Du coup, si f possde une limite en a, alors g en possde une aussi et ces limites sontgales ; et si f ne possde pas de limite en a, alors g ne peut pas en possder non plus.

    (ii) Si lima

    f = ` R, alors comme ` 6= 0, lima

    f

    `= 1, et donc on a bien f

    a`.

    2.3 Exemples fondamentaux

    Thorme (Exemples fondamentaux dquivalents) Soit R.

    1) Logarithme, exponentielle, puissances :

    ln(1 + x) x0

    x, i.e. ln(1 + x) =x0

    x+ o(x).

    ex 1

    x0x, i.e. ex =

    x01 + x+ o(x).

    (1 + x) 1 x0

    x, i.e. (1 + x) =x0

    1 + x+ o(x).

    2) Fonctions trigonomtriques circulaires :

    sin x x0

    x, i.e. sin x =x0

    x+ o(x).

    cosx x0

    1, i.e. cosx =x0

    1 + o(1) et cos x 1 x0

    x2

    2, i.e. cosx =

    x01 x

    2

    2+ o(x2).

    tanx x0

    x, i.e. tan x =x0

    x+ o(x).

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    3) Fonctions trigonomtriques circulaires inverses :

    Arcsin x x0

    x, i.e. Arcsin x =x0

    x+ o(x).

    Arccos x x0

    pi

    2, i.e. Arccos x =

    x0

    pi

    2+ o(1) et Arccos x pi

    2x0

    x, i.e. Arccos x =x0

    pi

    2 x+ o(x).

    Arctan x x0

    x, i.e. Arctan x =x0

    x+ o(x).

    4) Fonctions trigonomtriques hyperboliques :

    sh x x0

    x, i.e. sh x =x0

    x+ o(x).

    ch x x0

    1, i.e. ch x =x0

    1 + o(1) et ch x 1 x0

    x2

    2, i.e. ch x =

    x01 +

    x2

    2+ o(x2).

    th x x0

    x, i.e. th x =x0

    x+ o(x).

    $ $ $ Attention ! Ne mlangez jamais les petits o et les quivalents ! Par exemple, (1 + x) x0

    1 + x + o(x) est

    une erreur classique. Soucieux de lviter, certains dentre vous criront du coup (1 + x) x0

    1 + x. L, cest correct mais

    idiot, car 1+x x0

    1. En dautres termes, crire (1+x) x0

    1+x revient crire (1+x) x0

    1. On a donc crit

    (1 + x) =x0

    1 + o(1) (prcision o(1)) alors quon voulait crire (1 + x) =x0

    1 + x+ o(x) (prcision o(x) bien meilleure).

    Bref : apprenez bien et distinguez bien les formules du thorme prcdent, autant leur version quivalents que leur version petits o .

    Dmonstration

    Sauf cas particulier, la technique gnrale est la suivante. On part dune fonction f dfinie au voisinage de0 et drivable en 0 ici x 7 ln(1 + x), x 7 ex, x 7 (1 + x), sin, cos, tan, Arcsin, Arccos, Arctan, sh,ch ou th. Par dfinition du nombre driv, on sait quon a lim

    x0

    f(x) f(0)x 0 = f

    (0), ce qui scrit aussi

    f(x) =x0

    f(0) + f (0)x+ o(x). Cette formule est notre rsultat.

    Pour cos et ch, une formule lordre 2 est nonce, i.e. dont la prcision nest pas seulement en o(x),mais carrment en o(x2), ce qui est plus fin.

    Pour cos, il faut se souvenir que : t R, cos(2t) = 1 2 sin2 t.Pour t =

    x

    2, cela donne : cosx = 1 2 sin2 x

    2=x0

    1 2

    x2

    4+ o

    x2

    4

    =x0

    1 x2

    2+ o(x2).

    En effet, on a sinx

    2x0

    x

    2car lim

    x0

    x

    2= 0 via le point prcdent relatif au sinus. Passant au carr on obtient :

    sin2x

    2x0

    x2

    4, i.e. sin2

    x

    2=x0

    x2

    4+ o

    x2

    4

    comme annonc.

    On raisonne de la mme faon avec ch, aprs avoir montr la formule : t R, ch (2t) = 1 + 2sh2t.

    En pratique Pour = 1 et = 12dans le thorme prcdent, on obtient les formules :

    1

    1 + x=x0

    1x+ o(x)et

    1 + x =

    x01 +

    x

    2+ o(x). Il est utile de connatre bien ces deux cas particuliers.

    Exemplex2 + ln x x

    x

    ln x

    2x.

    En effet On remarque que : x ]1,[, x2 + ln x x = x

    r

    1 +ln x

    x2 1!

    .

    Or dj, puisque limx

    ln x

    x2= 0, on peut effectuer une composition droite :

    r

    1 +ln x

    x2 1

    x

    lnx

    2x2.

    On conclut en multipliant par x :x2 + ln x x = x

    r

    1 +ln x

    x2 1!

    x

    x ln x2x2

    x

    lnx

    2x.

    6

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple etanx cos x x0

    x.

    En effet Puisquil est interdit dadditionner les quivalents, nous allons devoir travailler avec des petits o. Nousallons montrer que etan x cos x =

    x0x+ o(x). La prcision voulue est un o(x).

    Puisque limx0

    tan x = 0, alors etanx 1 x0

    tan x x0

    x, et donc etanx 1 =x0

    x+ o(x).

    Et le cosinus alors ? Nous avons deux formules pour lui : cosx =x0

    1 + o(1) et cos x =x0

    1 x2

    2+ o(x2).

    Laquelle utiliser ? Nous ne pouvons pas utiliser la premire, car sa prcision nest quun o(1) trs grossier, alorsque nous recherchons un o(x). Voyons donc ce que nous donne la deuxime :

    etanxcosx = etan x1 cosx1 =

    x0

    x+o(x)

    x2

    2+ o(x2)

    = x+o(x) car le o(x) mange le o(x2).

    Les concepts dvelopps dans ce chapitre sont trs utiles pour calculer des limites.

    Exemple Soient a, b R+. limx

    a1

    x + b1

    x

    2

    !x

    =ab.

    En effet Tout dabord : a1

    x = eln a

    x =x

    1 +ln a

    x+ o

    1

    x

    . Mme chose pour b1

    x .

    Ensuite : a1

    x + b1

    x =x

    2 +ln a

    x+

    ln b

    x+ o

    1

    x

    =x

    2 +ln(ab)

    x+ o

    1

    x

    .

    On divise par 2 :a

    1

    x + b1

    x

    2=

    x1 +

    ln(ab)

    2x+ o

    1

    x

    =x

    1 +lnab

    x+ o

    1

    x

    ,

    puis on compose par la fonction logarithme : lna

    1

    x + b1

    x

    2=

    xln

    "

    1 +lnab

    x+ o

    1

    x

    #

    =x

    lnab

    x+ o

    1

    x

    ,

    et enfin on multiplie par x : x lna

    1

    x + b1

    x

    2=

    xlnab+o(1). Bref : lim

    xx ln

    a1

    x + b1

    x

    2= ln

    ab. Finalement,

    composons cette limite gauche par la fonction exponentielle avec les limites, on peut composer gauche on obtient le rsultat annonc.

    3 Domination

    La notion de domination introduite ci-aprs est trs utile en mathmatiques, mais il faut bien avouer que vous lutiliserezmoins que les notions de ngligeabilit et dquivalence en MPSI. En deuxime anne, elle vous rendra de prcieux services quandvous tudierez la notion de srie.

    3.1 Dfinition

    Dfinition (Domination)

    Soient f : I R et g : I R deux applications et a I. On dit que f est domine par g au voisinage de a silexiste K R+ et un voisinage Va de a tels que

    f(x)

    6 K

    g(x)

    pour tout x Va I .Cette relation se note f =

    aO(g) et se lit f est un grand O de g au voisinage de a , ou bien f(x) =

    xaO

    g(x)

    et

    f(x) est un grand O de g(x) au voisinage de a .

    Cette dfinition se gnralise au cas o f et g ne sont pas dfinies en a : il suffit dans ce cas de remplacer tous les I par des I r

    a

    .

    Dire que f =aO(g) revient dire que la fonction

    f

    gest borne lorsque g ne sannule pas au voisinage de a (sauf

    ventuellement en a, et lorsque dans ce cas galement f(a) = 0).

    Exemple f =aO(0) f est nulle au voisinage de a.

    Or on ne travaille jamais avec la fonction nulle quel intrt ? Cest pourquoi vous ne rencontrerez certainement jamaislexpression f =

    aO(0) en mathmatiques. Banissez-la de vos copies !

    7

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Le rsultat suivant est un cas particulier de la dfinition de la domination, trs important.

    Thorme (Fonction borne et O(1)) Soient f : I R une application et a I . Alors :f =

    aO(1) f est borne au voisinage de a.

    3.2 Oprations sur les grands O

    Thorme (Oprations sur la domination) Soient f, g, h, ef,eg des applications de I dans R, a I et R.(i) La ngligeabilit (resp. lquivalence) implique la domination : si f =

    ao(g) (resp. f

    ag), alors f =

    aO(g).

    (ii) La multiplication par un rel non nul ne compte pas : si f =aO(g) et si 6= 0, alors f =

    aO(g) et f =

    aO(g).

    (iii) La somme de deux fonctions domines par une mme fonction est domine :

    si f =aO(g) et si ef =

    aO(g), alors f + ef =

    aO(g).

    (iv) La relation tre domine est transitive : si f =aO(g) et si g =

    aO(h), alors f =

    aO(h).

    (v) Avec le produit, tout va bien :

    (

    si f =aO(g) et si ef =

    aO(eg), alors f ef =

    aO(geg).

    si f =aO(g), alors fh =

    aO(gh).

    (vi) La composition droite est autorise : si b R et si est une fonction dfinie au voisinage de b valeurs dans Itelle que lim

    b = a, alors la relation f =

    aO(g) implique la relation f =

    bO(g ).

    Dmonstration Dbrouillez-vous.

    $ $ $ Attention ! Avec les grands O deux oprations sont formellement interdites.

    1) Somme des deux cts : si f =aO(g) et si ef =

    aO(eg), on na pas forcment f + ef =

    aO(g + eg).

    Par exemple, on a x 1 =x

    O(x2) et 1 =x

    O(1 x2), mais pourtant x =x

    O(1).

    2) Composition gauche : si f =aO(g), on na pas forcment f =

    aO( g).

    Par exemple, on a x =x

    O(x2), mais pourtant, si on compose gauche par x 7 1x,1

    x=

    xO

    1

    x2

    .

    $ $ $ Attention ! La domination nimplique ni la ngligeabilit, ni lquivalence. Cest le contraire qui est vrai. Parexemple, 2x2 =

    x0O(x2), mais 2x2 =

    x0o(x2) et 2x2

    x0x2.

    8