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Cours de mathématiques Niveau de Terminale S Author: Rachid Guejdad Institute: Institution Sainte Geneviève Date: October 16, 2019 Version: 1.00 www.rguejdad.com | [email protected] | 2019-2020

Cours de mathématiques€¦ · Il faut savoir que ce qui précède n’a pas toujours été prédéfini comme ça.C’est grâce aux travaux d’une succession de mathématiciens

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Cours de mathématiquesNiveau de Terminale S

Author: Rachid Guejdad

Institute: Institution Sainte Geneviève

Date: October 16, 2019

Version: 1.00

www.rguejdad.com | [email protected] | 2019-2020

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Contents

1 Bases de logique et raisonnement 1

1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

1.2 Vocabulaire mathématique de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

1.3 Connecteurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1.4 Quantificateurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1.5 Les grands types de raisonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Suites numériques 12

2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

2.2 Généralités (Rappels de première) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2.3 Comportement asymptotique des suites et limites . . . . . . . . . . . . . . . . 17

3 Étude des fonctions: Continuité et limites 23

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Chapter Bases de logique et raisonnement

Prérequis

h Arithmétique de base.

h Résolution des équations.

h Calcul littéral.

h Quelques résultats de géométrie vus

au collège.

1.1 Introduction

Qui dit mathématiques, dit aussi logique et raisonnement. Mais il faut savoir que ces deux

notions n’ont pas, en mathématiques, la même définition lexicale que vous avez l’habitude de

leur associer. Ils veulent dire des choses bien plus précises que de simples synonymes de bon

sens ou encore de réflexion.Commençons par en donner les définitions:

1. La logique mathématique: est une discipline des mathématiques qui a pour objet son

étude en tant que langage.Ses fondamentaux les plus importants ont été posé à la fin

du 19ème siècle. Elle est né suite à la crise des fondements qui c’est déclenchée suite

à l’apparition de paradoxes mathématiques à cause de la complexification des notions

abordées. Pour faire simple, c’est la partie des mathématiques qui s’occupe de définir

ce que c’est qu’une vérité mathématique et qui s’occupe de poser les définitions et

interactions basiques: axiome, théorème, implication...(C’est pour les mathématiques ce

que la grammaire est pour le français)

2. Raisonnement mathématique: C’est tout processus d’étapes claires et liées entre des

idées qui permet de faire la démonstration d’une vérité (d’un résultat) à partir d’une autre

prédéfinie en avance et qui remonte un lien continue jusqu’à un axiome. On dit dans ce

cas que nous avons établi une preuve ou une démonstration de ce résultat.

Il faut savoir que ce qui précède n’a pas toujours été prédéfini comme ça.C’est grâce aux

travaux d’une succession de mathématiciens que nous en sommes arrivé là aujourd’hui. Ces

définitions sont dites faisant partie des mathématiques modernes.

Ce chapitre à pour but de vous initier au langage mathématique et à sa symbolique qui

remplacera au fur et à mesure le langage "courant" dans vos rédaction. C’est aussi une petite

introduction à ce qu’on appelle le formalisme mathématique.

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1.2 Vocabulaire mathématique de base –2/23–

1.2 Vocabulaire mathématique de base

Avant d’introduire de nouvelles notions, commençons par rappeler un peu de vocabulaire

que vous ne connaissez peut être pas !

Définition 1.1

1. Une démonstration: En mathématiques, une démonstration d’un résultat est un

agencement rigoureux des étapes d’un raisonnement qui mène à la conclusion du

résultat à partir de conditions préalables( appelées hypothèses), selon des principes

logiques.

2. Un théorème: est un résultat mathématique qui admet une démonstration.

3. Une proposition: est est considéré comme synonyme de théorème, mais souvent

utiliser pour désigner des résultats moins importants.

4. Une propriété: est un résultat mathématique qui découle en général de la façon

dont est définit une notion et qui en décrit les spécificités.

5. Un axiome: Un résultat qui est universellement reconnu comme étant vrai, mais

sans admettre de démonstration.

�Note la notion mathématique que vous connaissez le moins parmi les cinq ci-dessus est proba-

blement l’axiome. En voici donc quelques exemples célèbres:

L’axiome de l’existence d’un ensemble vide: qui permet de poser l’existence de l’ensem-

ble vide dans la théorie des ensembles (de Zermelo-Fraenkel 20ème siècle)

Les postulats d’Euclide(300 Av. J-C): Dans son célèbre traité les éléments, Euclide fait

la liste de cinq axiomes grâce auxquels il démontre tous ses résultats de géométrie plane

que vous avez fait au collège:

Il existe toujours une droite qui passe par deux points du plan.

Tout segment peut être étendu suivant sa direction en une droite (infinie).

à partir d’un segment, il existe un cercle dont le centre est un des points du segment

et dont le rayon est la longueur du segment.

Tous les angles droits sont égaux entre eux.

étant donné un point et une droite ne passant pas par ce point, il existe une seule

droite passant par ce point et parallèle à la première.

Définition 1.2. Assertion logique

On appelle assertion logique (ou mathématique) est une proposition qui n’admet qu’une

seule valeur logique (vraie ou fausse) dans le cadre d’une théorie précise. Une assertion

est souvent noté par une lettre majuscule entre parenthèses ( On utilise souvent (P) ou

(Q) ).

�Note Une assertion peut être vraie dans une théorie mais pas dans une autre. Il faut donc

toujours se référer au contexte ! En voici quelques exemples:

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1.3 Connecteurs logiques –3/23–

Au primaire, on vous a appris que (P): "3 − 5" est une assertion fausse ( c’est impossible

de soustraire 5 de 3 puisque le premier est plus grand !!). Aujourd’hui, vous savez tous

que le résultat de cette opération est −2. Mais on ne vous a pas menti pour autant ! (P)

est effectivement une assertion fausse en théorie des entiers, mais elle est vraie dans celle

des relatifs.

L’assertion (Q) : 1 + 1 = 0 est fausse dans la théorie des entiers mais vraie en théorie

modulaire sur (Z/2Z).

Exemple 1.1

"Il pleuvra demain" n’est pas une assertion.

"Il y a 24 heures dans une journée" est une assertion.

1.3 Connecteurs logiques

Définition 1.3. Connecteur logique

Un connecteur logique (ou opérateur logique) est un symbole ou un mot établissant une

liaison précise entre deux propositions (ou assertions au sens définit précédemment). Il

permet de construire une assertion composée.

1.3.1 L’implication

Définition 1.4

Une implication est une connexion logique entre deux propositions (P) et (Q) que l’on

note par (P) ⇒ (Q). Elle exprime que la proposition (Q) (conclusion) est vraie si (P)(l’hypothèse est vraie).

�Note L’implication (P) ⇒ (Q) est équivalente alors à l’une des tournures de phrases suivantes:

1. Si (P) alors (Q).

2. (P) entraine/implique (Q)

Exemple 1.2 La plupart des résultats mathématiques que vous avez fait jusqu’ici peuvent

s’exprimer en une implication. En voici quelques exemples:

x ∈ N⇒ x ∈ R.

x = 2 ⇒ x + 3 = 5

Propriété 1.1. transitivité de l’implication

L’implication est une connexion logique transitive. C’est à dire que si on a (P) ⇒ (Q) et

(Q) ⇒ (T) alors (P) ⇒ (T).

�Note

(Utilisation pratique en démonstrations)

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1.3 Connecteurs logiques –4/23–

Puisque l’implication est une connexion logique qui assure la validité d’un résultat du

moment que les hypothèses sont valides et qui est en plus transitif, alors on l’utilise souvent

pour démontrer un résultat en partant d’hypothèse déjà posée comme vrai. En voici quelques

exemples:

1. Montrer que tout entier positif n vérifie l’inéquation n2 + 1 ≥ 2n.Nous allons démontrer cette proposition en utilisant des implications successives en par-

tant d’une vérité prédéfinie.

Soit n un entier positif. On sait déjà qu’il est vrai que pour tout entier positif n nous avons

(n − 1)2 ≥ 0. Ainsi par processus d’implications successives on peut écrire:

〈(n − 1)2 ≥ 0〉Hypothèse dedépart vraie

⇒ n2 − 2n + 1 ≥ 0

⇒ n2 + 1 ≥ 2n

Une fois arrivé à la fin, on dit alors que nous avons démontré le résultat par implications

successives. Attention: Il faut bien évidement que vos transitions par implication soienttoutes vraies !

2. Montrer que la somme de deux nombres entier successifs est toujours impaire. (Je vous

laisse le soin de faire cette démonstration pour vous entrainer)

1.3.2 Équivalence

Définition 1.5

On dit que deux propositions (P) et (Q) sont équivalentes si les deux implications (P) ⇒

(Q) et (Q) ⇒ (P) sont vérifiées. On note alors (P) ⇔ (Q). On dit que (P) est vraie si etseulement si (Q) est vraie.

L’équivalence traduit une égalité logique. C’est à dire que les deux propositions sont

vraie (ou fausse) simultanément.

�Note La différence entre une équivalence et une simple implication est que la deuxième ne donne

aucune information sur l’état de (P) lorsque (Q) est vraie.

On considère l’implication suivante à titre d’exemple:

(P) : x > 0 et y > 0 ⇒ (Q) : xy > 0

Cette implication peut être interprétée de la façon suivante: Si (P) est vraie alors forcement (Q)

l’est aussi. Sauf que si (Q) est vraie, 〈on ne peut rien dire sur la valeur logique de (P)〉Q: Pouvez-vous me direpourquoi ?

Exemple 1.3 Beaucoup de théorèmes et de résultats que vous connaissez déjà sont des équiva-

lences. Je vais en citer quelques-uns ici et je laisse à votre charge la formulation mathématique

sous forme d’équivalences.

Le théorème de Pythagore.

Le théorème de Thalès ( dit "de Thalès").

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1.4 Quantificateurs logiques –5/23–

Propriété 1.2. Transitivité et commutativité de l’équivalence

1. Comme c’est le cas pour l’implication, l’équivalence est transitive. C’est à dire

que si on se donne trois propositions (P), (Q) et (T), alors nous avons le résultat

suivant:

Si (P) ⇔ (Q) et (Q) ⇔ (T) alors nous avons aussi (P) ⇔ (T)

2. L’équivalence est aussi commutative. C’est à dire que (P) ⇔ (Q) et (Q) ⇔ (P)

veulent dire la même chose.

�Note

(Utilisation pratique en démonstrations)

L’équivalence est utilisée dans plusieurs procédés de démonstration que vous connaissez déjà.

Nous allons en énumérer quelques uns:

1. La résolution d’équations. Par exemple: 5x + 3 = 0.Jusqu’ici, vous avez utilisé des mots tels que implique, alors, donc... pour faire le lien

entre vos différente étapes du raisonnement. Maintenant, vous pouvez tout simplement

écrire:5x + 3 = 0 ⇔ 5x = −3

⇔ x =−35

Et n’oubliez pas de rajouter à la fin une phrase de conclusion du type:

L’ensemble des solutions de l’équation est S = {−35 }

2. La preuve par équivalence successives ou par double sens d’implications.Essayer de montre le résultat suivant pour y réfléchir en autonomie: Pour tout n ∈

N, n pair ⇔ n2 pair

1.4 Quantificateurs logiques

Les quantificateurs logiques sont des symboles mathématiques qui ont un sens très précis

et qui aident à mieux formaliser les propositions et assertions mathématiques.

Définition 1.6

Le quantificateur existentiel∃: Il est utilisé pour symboliser l’existence d’au moinsun élément dans un ensemble qui vérifie une proposition.

Le quantificateur existentiel unitaire ∃! : Il est utilisé pour symboliser l’exis-

tence d’exactement un seul et unique élément dans un ensemble qui vérifie une

proposition.

Le quantificateur universel ∀: Il sert à indiquer qu’une tous les éléments d’unensemble vérifient une proposition.

Exemple 1.4 Voici quelques exemples et contre-exemples de l’utilisation de quantificateurs.

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1.4 Quantificateurs logiques –6/23–

1. Bonne utilisation de quantificateurs:

〈∃x ∈ R, x + 1 = 0〉Il y a effic-tivement aumoins unnombre réelqui vérifiel’égalité (−1)

.

∀x ∈ R, x2 > 0.

∀x ∈ R,∃y ∈ R, x + y = 0.

2. Mauvaises utilisations:

∀x ∈ R, x + 1 = 0.

∃!x ∈ R, x2 > 0.

∃x ∈ R,∀y ∈ R, x + y = 0.�

Note

1. Dans une expression du type ∀x ∈ E,P(x), la proposition ne dépends pas d’un x en

particulier. C’est ce qu’on appelle une proposition avec une variable muette.

2. Les quantificateurs sont toujours placés avant l’assertion mathématique qu’ils quantifient.

3. L’emploi des quantificateurs en guise d’abréviation au milieu d’une phrase en français est

totalement exclu et refusé. Ils doivent figurer seulement dans une phrase mathématique

formalisée.

4. L’ordre des quantificateurs est très important lorsqu’ils sont de natures différentes.

Changer l’ordre change automatiquement le sens !

Kþ Exercices kþ

1. Démontrer chacun des résultats suivants:

∀x ∈ R∗+, x +1x≥ 2

∀(x, y, z) ∈ (R∗+)3, (x + y + z)(

1x+

1y+

1z) ≥ 9

√2x + 2 −

√x = 1 ⇔ x + 1.

a3 + a = b3 + b ⇔ a = b

2. Donner des contre-exemples pour réfuter les propositions suivantes:

∀x ∈ N,∃x ∈ N; x < n

Monter que la fonction f définie sur R par f (x) = x2 − 5x + 4 n’est ni paire ni

impaire.

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1.5 Les grands types de raisonnement –7/23–

1.5 Les grands types de raisonnement

Ce paragraphe a pour objet d’énumérer les différents types de procédés de raisonnements

que nous allons utiliser tout au long de l’année. On considère dans toute la suite du chapitre que

(P) et (Q) désignent deux propositions quelconques.

1.5.1 Le raisonnement déductif

Définition 1.7

Le procédé d’un raisonnement déductif est le suivant:

Quand (P) est une proposition vraie et que (P) ⇒ (Q) alors (Q) est vraie.

�Note Je ne m’attarde pas trop sur celui-ci puisqu’on en a déjà parlé auparavant. Voir le

paragraphe sur l’implication (1.3.1).

1.5.2 Raisonnement par l’absurde

Définition 1.8. Négation d’une proposition

On définit la négation de (P) notée (P) comme étant la proposition qui "contient l’infor-

mation contraire à celle de (P)". Elle a toujours une valeur logique opposée à celle de

(P).

Exemple 1.5

La négation de (P) : x = 0 est (P) : x , 0.

La négation de (P) : x ≥ 0 est (P) : x < 0.

Propriété 1.3

Pour toute proposition (P) on a:

(P) = (P)

Théorème 1.1. Lois de Morgan (Admis)

Les lois de Morgan s’expriment formellement de la façon suivante:

1. (P)ou(Q) ⇔ (P)et(Q)

2. (P)et(Q) ⇔ (P)ou(Q)

Pour faire plus simple, on peut se permettre de dire que: le contraire de "ou" est "et" et

vice-versa.

Exemple 1.6 Essayez, à titre d’exercice de déterminer la négation de (P) dans chacun des cas

suivants:

(P) : x = 5 ou x = 7

(P) : x > 7 ou x < 5

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1.5 Les grands types de raisonnement –8/23–

(P) : x ∈] − ∞; 4[∪]10; 13[

Proposition 1.1. Négation d’une proposition à quantificateurs

Soit E un ensemble quelconque et P(x) une proposition sur cet ensemble.

Nous avons alors :

1. ∀x ∈ E; P(x) ⇔ ∃x ∈ E; P(x)

2. ∃x ∈ E; P(x) ⇔ ∀x ∈ E; P(x)

On peut dire plus simplement que la négation de ∀ et ∃ et vice-versa.

Exemple 1.7

1. La négation de (P) : ∀x ∈ R; f (x) = 0 est (P) : ∃x ∈ R; f (x) , 0.

2. Nous écrirons plus tard la définition d’une fonction f continue en un point x0 de son

ensemble de définition comme étant:

f continue en x0 ⇔ ∀ε > 0,∃α > 0;∀x ∈ D f ; (|x − x0 | < α⇒ | f (x) − f (x0)| < ε)

La définition, présentée comme ça, nous donne mécaniquement ce que veux dire : " f n’est

pas continue en x0". Il suffit de procéder à la négation du membre à droite de l’équivalence.

Je vous laisse le faire à titre d’exercice.

Définition 1.9

Le procédé du raisonnement par absurde est le suivant:

1. On suppose que la négation de (P) est vraie.

2. On montre qu’elle implique une proposition (Q) qui est fausse.

Ce processus est équivalent à:

Quand (P) ⇒ (Q) est une proposition vraie et que (Q) est une assertion fausse, alors on

peut affirmer que (P) est vraie.

Exemple 1.8

CLASSIQUE: Montrons que (P) :√

2 < Q.

Supposons par absurde que (P) :√

2 ∈ Q est vraie. On a donc:

√2 ∈ Q ⇒ ∃(a, b) ∈ (N∗)2;

√2 =

ab

et pgcd(a, b) = 1

⇒ 2 =a2

b2

⇒ 2b2 = a2

On arrive donc à la conclusion que a2 est un nombre pair.

Lemme: (Démonstration à faire en exercice)

a2 pair ⇒ a pair

En utilisant le lemme ci-dessus, on en déduit que a est pair, donc il peut s’écrire sous la forme

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1.5 Les grands types de raisonnement –9/23–

a = 2p avec p un entier naturel positif. Ainsi nous avons:

2b2 = (2p)2 ⇒ 2b2 = 4p2

⇒ b2 = 2p2

Cela veut dire que b2 est pair et par conséquent b l’est aussi.

On arrive finalement à un résultat qui affirme que a et b sont tous les deux pairs, ce qui contredit

pgcd(a, b) = 1.

Puisqu’on conclut par une contradiction, on en déduit donc que (P) est fausse, et donc que

(P) :√

2 < Q est vraie.

1.5.3 Raisonnement par contraposition

Définition 1.10

Le raisonnement par contraposition est une alternative au raisonnement déductif lorsque

ce dernier s’avère trop compliqué. Il permet donc de démontrer les assertions du type:

(P) ⇒ (Q).

Le procédé de la contraposition est basé sur le fait que (P) ⇒ (Q) est équivalent à

(Q) ⇒ (P)

Exemple 1.9

1. Montrons que n2 pair implique n pair.

Il n’y a pas, à ma connaissance, aucun moyen de démontrer ce résultat par raisonnement

déductif ( Merci de m’informer par email, si vous connaissez une démonstration directe

!). On le démontre donc par contraposée.

On donc que:

n2 pair ⇒ n pair ⇔ n impair ⇒ n2 impair.

Ainsi, il suffit de démontrer que n impair ⇒ n2 impair. Ce qui est beaucoup plus facile.

Je vous laisse finir cet exemple et le suivant à titre d’exercice.

2. Montrer que si x et y sont deux réels distincts et différents de 1, alors on a:1

x − 1,

1y − 1

.

1.5.4 Raisonnement par disjonction de cas

Définition 1.11

On considère une proposition du type, ∀x ∈ E,P(x). Avec E un ensemble sur lequel on

veut montrer que P(x) est vraie.

Un raisonnement par disjonction de cas, consiste à démontrer la propriété sur une partie

A de E puis de le faire pour le reste des éléments qui n’appartiennent pas à A.

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1.5 Les grands types de raisonnement –10/23–

Exemple 1.10

Montrons que pour tout n ∈ N,n2 + 3n est un nombre pair.

Un nombre entier n peut être soit pair ou impair. On procède donc à démontrer que dans les

deux cas, n2 + 3n est toujours pair:

Si n est un nombre pair:

∃k ∈ Z,n = 2k ⇒ n2 = 4k2 et 3n = 6k

⇒ n2 + 3n = 4k2 + 6k

⇒ n2 + 3n = 2(2k2 + 3k)

Puisqu’on a réussi à écrire n2 + 3n sous la forme 2K avec K = 2k2 + 3k alors on a bien

démontré que c’était un nombre pair.

Si n est un nombre impair:

∃k ∈ Z,n = 2k + 1 ⇒ n2 = 4k2 + 4k + 1 et 3n = 6k + 3

⇒ n2 + 3n = 4k2 + 10k + 4

⇒ n2 + 3n = 2(2k2 + 5k + 2)

Puisqu’on a réussi à écrire n2 + 3n sous la forme 2K ′ avec K ′ = 2k2 + 5k + 2 alors on a

bien démontré que c’était un nombre pair.

On en conclut alors que n2+3n est toujours pair indépendamment des différents cas de figures.

1.5.5 Raisonnement par récurrence

Le raisonnement par récurrence est un cas très particulier dans les procédés de raisonnement

logique. Il est le seul qui n’est pas applicable hors des ensemble des entiers (N et plus générale-

ment Z).

La première utilisation connue et pertinente de type de raisonnement figure dans le traité du

triangle arithmétique (1665) publié par Blaise Pascal et qui a pour objet d’étude (entre autre)

son célèbre triangle (de Pascal).

Figure 1.1: Le triangle de Pascal extrait de son manuscrit de 1665

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1.5 Les grands types de raisonnement –11/23–

En ce qui nous concerne, nous allons utiliser la récurrence pour démontrer des résultat sous

la forme suivante:

∀n ∈ N,P(n)

Autrement dit, La récurrence sera seulement utilisée pour démontrer des résultats dans

l’ensemble des entiers naturels.

Définition 1.12. Procédé du raisonnement par récurrence

Afin de démontrer qu’une proposition P(n) est vraie pour tout entier naturel, on procède

comme suit:

1. Initialisation: On montre que la propriété est vraie pour n = 0.

2. Hérédité: On suppose que P(n) est vraie, puis on démontre que l’assertion P(n+1)

est aussi vraie.

�Note Concernant le rang de début d’une récurrence:L’initialisation d’une récurrence se fait à n = 0 seulement si la propriété à démontrer est valable

pour l’intégralité de N. Si ce n’est pas le cas, l’initialisation se fait à partir du premier rang

auquel elle est vérifiée qu’on note souvent n0.

Exemple 1.11

Montrons par récurrence que: ∀n ≥ 6, 2n ≥ 6n + 7.

Notons P(n), la propriété 2n ≥ 6n + 7.

Initialisation:

Pour n = 6, nous avons: 26 = 64 et 6 × 6 + 7 = 43. Ainsi P(6) est bien vérifiée.

Hérédité:

On considère que P(n) est vraie. Montrons que P(n + 1) : 2n+1 ≥ 6(n + 1)+ 7 l’est aussi.

On a:2n+1 = 2.2n ⇒ 〈2n+1 ≥ 2(6n + 7)〉

D’aprèsl’hypothèsed’héridité

⇒ 2n+1 ≥ 12n + 14

⇒ 2n+1 ≥ [6(n + 1) + 7] + (6n + 1)

⇒ 2n+1 ≥ 6(n + 1) + 7

Ainsi, P(n + 1) est aussi vraie.

On peut donc conclure par principe de récurrence que pour tout n ≥ 6, 2n ≥ 6n + 7.

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Chapter Suites numériques

Prérequis

h Arithmétique de N

h Notions de base sur les fonctions.

h Raisonnement par récurrence.

h Identités remarquables.

2.1 Introduction

La suite numérique est l’un des outils les plus puissants et les plus utilisés en mathématiques.

On retrouve des traces de son utilisation très tôt dans l’histoire de l’humanité. Presque toute

les premières civilisations ont eu recours à une suite à un moment ou un autre: Les grecs, les

égyptiens, babyloniens...Bien évidement, aucune de celles-ci n’avais recours à cette notion avec

le formalisme précis et très rigoureux que nous utilisions aujourd’hui. Mais cela n’a pas empêché

des mathématiciens comme Acharia Pingala (Inde, 450-200 Av.J.C), Archimède(Grèce, vers

220 Av.J.C) ou encore Héron d’Alexandrie (Égypte, premier siècle Apr.J.C) d’établir des

résultats très intéressants ! Toutefois, celui qui va le plus s’illustrer dans la littérature mathéma-

tique des suites numériques modernes ne verra le jour que des siècles plus tard.

Leonardo Bonacci aussi connu sous les noms de Leonarod de Pise ou encore Fibonacci est

né à la république de Pisa en l’an 1170. L’Europe lui doit l’introduction de la numérisation

Indo-arabe (aussi connue de nos jours par les chiffres arabes) et par conséquent la popularisation

du système décimale qu’on utilise encore de nos jours. Mais son fait d’armes pour lequel il est

le plus connu est l’introduction de la suite qui porte depuis, le nom de Suite de Fibonacci. Il la

donna comme exemple dans son livre "Liber Abaci"(Livre du calcul) qu’il a publié en 1202.

Fibonacci introduit sa suite pour étudier la dynamique de population des lapins (Faisant de son

exemple le premier modèle mathématique en dynamique des populations !) sous des conditions

très simplifiées. A savoir:

"Chaque couple de lapins, dès son troisième mois d’existence, engendre chaque

mois un nouveau couple de lapins, et ce indéfiniment." Fibonacci, Liber Abaci.

Cette suite est maintenant modélisée par l’écriture formelle suivante:

(Fn) : F0 = 1; F1 = 1;

∀n ≥ 2; Fn+2 = Fn+1 + Fn

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2.2 Généralités (Rappels de première) –13/23–

2.2 Généralités (Rappels de première)

2.2.1 Définitions basiques

Définition 2.1. Suite numérique

On appelle Une suite numérique à valeurs réelles ou plus simplement une suite, toute

fonction U définie de N dans R.

�Note

Afin de simplifier la manipulation des suites numériques ( que nous allons appeler dorénavant

"suite" pour faire court ) voici quelques notations à prendre en compte :

1. Pour différencier les suites des fonctions plus générales, elles seront notées de la manière

suivante : (Un)n∈N ou simplement (Un), U désigne le nom de la suite, n la variable, et la

notation n ∈ N indique que la variable peut prendre n’importe quelle valeur de N. On

peut substituer cette dernière par n ≥ 0 qui veut dire la même chose.

2. Comme une fonction, l’image d’un entier n par la suite (Un) peut être notée U(n). Mais

puisque cela veut aussi dire "le nombre qui se trouve dans l’emplacement n", on préfère

utiliser la notation simplifiée Un (sans les parenthèses).

3. Il y a des suites qui ne peuvent pas être totalement définies sur N, Elles ne le sont qu’à

partir d’un nombre entier n0 qu’on appelle "rang de définition". On note alors la suite

de la manière suivante: (Un)n≥n0

Exemple 2.1

La suite dont le terme général est donné par: un =1n

est une suite qui n’est pas définie pour

n = 0. On la note alors par: (un)n≥1

Définition 2.2. Suite définie par récurrence

Soit (un) une suite numérique.

La suite (un) est dite définie par récurrence lorsqu’elle est identifiée par: son premierterme et Une relation de récurrence liant deux termes successifs.Autrement dit, lorsqu’elle est présentée sous la forme:

(un) : u0 = α

un+1 = f (un) ∀n > 0Avec: α ∈ R et f : R −→ R une fonction réelle.

Exemple 2.2

La suite (un) de terme général un = 2n peut être définie par récurrence de la façon suivante:

(un) : u0 = 2

un+1 = 2 × un ∀n > 0

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2.2 Généralités (Rappels de première) –14/23–

2.2.2 Suites arithmétiques

Définition 2.3. suite arithmétique

Une suite est dite arithmétique, si et seulement si, il existe un nombre réel r tel que:

∀n ∈ N, un+1 = un + r

Le nombre r s’appelle la raison de la suite (un). c’est une constante de la suite arithmé-

tique.

Exemple 2.3

1. La suite (un) définie par: ∀n ∈ N; un = 5n − 3 est une suite arithmétique de raison 5.

2. La suite (vn) définie par: ∀n ∈ N; vn =n + 15

3est une suite arithmétique de raison

13

.

Propriété 2.1

Soit (un) une suite arithmétique de raison r et de premier terme u0. Nous avons les

propriétés suivantes:

1. ∀(p; m) ∈ N2; um = up + r(m − p)

2. ∀(p; m) ∈ N2;m∑

k=p

uk = (up + um) ×m − p + 1

2

�Note

Il est intéressant de noter le cas particulier lorsque p = 0(Puisqu’il est le plus utilisé). Dans ce

cas, les deux propriétés listées ci-dessus deviennent:

1. ∀m ∈ N; um = u0 + rm

2. ∀m ∈ N;m∑k=0

uk = (u0 + um) ×m + 1

2

2.2.3 Suites géométriques

Définition 2.4. suite géométrique

Une suite est dite géométrique, si et seulement si, il existe un nombre réel q tel que:

∀n ∈ N, un+1 = q × un

Le nombre q s’appelle la raison de la suite (un). c’est une constante de la suite

géométrique.

Exemple 2.4

1. La suite (un) définie par: ∀n ∈ N; un = 5n est une suite géométrique de raison 5.

2. La suite (vn) définie par: ∀n ∈ N; vn =173n

est une suite géométrique de raison13

.

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2.2 Généralités (Rappels de première) –15/23–

Propriété 2.2

Soit (un) une suite géométrique de raison q , 1 et de premier terme u0. Nous avons les

propriétés suivantes:

1. ∀(p; m) ∈ N2; um = up × qm−p

2. ∀(p; m) ∈ N2;m∑

k=p

uk = up ×1 − qm−p+1

1 − q

�Note

Il est intéressant de noter le cas particulier lorsque p = 0(Puisqu’il est le plus utilisé). Dans ce

cas, les deux propriétés listées ci-dessus deviennent:

1. ∀m ∈ N; um = u0 × qm

2. ∀m ∈ N;m∑k=0

uk = u0 ×1 − qm+1

1 − q

2.2.4 Variations d’une suite

Lorsqu’on parle de sens de variation d’une suite (ou d’une fonction de manière plus générale)

sur un ensemble donné, on veut entendre par là le comportement global de la totalité des termes

de celle-ci. Cette propriété est très utile quand on essaye de schématiser une suite (ou fonction)

dans un graphique. Pour une suite, elle indique aussi la présence ou l’absence d’un ordre global

entre les termes de celle-ci. Une suite peut être soit croissante, décroissante ou constante sur

une partie de N.

Définition 2.5. Variations d’une suite

Soit (un) une suite numérique. On dit que:

1. La suite (un) est croissante sur N si et seulement si:

∀n ∈ N, un+1 ≥ un.

2. La suite (un) est décroissante sur N si et seulement si:

∀n ∈ N, un+1 ≤ un.

3. La suite (un) est constante sur N si et seulement si:

∀n ∈ N, un+1 = un.

�Note

1. Une suite (un) peut changer de sens de variation soit de manière ordonnée soit d’unemanière chaotique !

Un exemple classique d’une telle suite est la suite définie par :

∀ ∈ N, un = (−1)n

Les termes de cette suite sont 1 et −1 de manière alternée suivant la parité de n. Elle n’est

ni croissante, ni décroissante ni constante sur N

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2.2 Généralités (Rappels de première) –16/23–

2. Méthodes de démonstration: Afin d’étudier les variations d’une suite (un), on peut

utiliser plusieurs méthodes:

En utilisant les variations d’une fonction : Lorsqu’une suite est définie par son

terme général un = f (n), on peut étudier la variation de la fonction f sur l’intervalle

D f ∩ [0;+∞[

Calcul algébrique : En étudiant le signe d’une des deux différences suivantes:

un+1 − un.un+1un

− 1 avec, un , 0

A l’aide d’un raisonnement par récurrence.

Proposition 2.1. Variations d’une suite arithmétique

Soit (un) une suite arithmétique de raison r . La suite (un) est :

1. croissante si et seulement si r > 0.

2. décroissante si et seulement si r < 0.

3. constante si et seulement si r = 0.

Proposition 2.2. Variations d’une suite géométrique

Soit (un) une suite géométrique de raison q. La suite (un) est :

1. monotone si et seulement si q ≥ 0.

2. constante si et seulement si q = 0 ou q = 1.

Kþ Exercices kþ

1. Soit (un) la suite réelle définie par: u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 = 1 −14n

.

(a). Calculer u1.

(b). Montrer, par récurrence, que: ∀n ∈ n; un >12

.

(c). Etudier la monotonie de la suite (un).

2. Soit (an) une suite arithmétique de raison r ∈ R telle que:a1 − a5 = 2

2a1 + a5 = −12

(a). Calculer a1 et a5.

(b). Calculer la raison r .

(c). En déduire an en fonction de n.

3. Soit (un) la suite réelle définie par: u0 = 3 et ∀n ∈ N; un+1 =2un

un + 5.

(a). Montrer que ∀n ∈ N; un , 0.

(b). Pour tout n ∈ N, on pose: vn = 1 +3un

.

I. Montrer que la suite (vn) est géométrique et déterminer sa raison.

II. Écrire vn puis un en fonction de n.

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –17/23–

2.3 Comportement asymptotique des suites et limites

2.3.1 Introduction historique

Avant d’expliquer ce qu’est le comportement asymptotique ou encore ce qu’est la limite

d’une suite, il est très important de prendre le temps de réfléchir aux notions du fini et de l’infini.

La dernière en particulier n’est pas du tout simple à cerner et a donné beaucoup de mal aux

mathématiciens avant les travaux de G.Cantor (1845-1918)þ sur la théorie des ensembles. Pour

faire simple, je dirais que l’infini à une sorte de double statut :

1. Un statut abstrait et philosophique de l’abondance qui incarne la négation du calcul par

saturation et non par manque.

2. Un statut plus pratique et fonctionnel qui ressemble (et non exactement le même) à celui

des nombres. Les infinis ( Oui, au pluriel !) ne sont pas tous égaux de la même manière

que les nombres ne le sont pas par exemple.

Puisque c’est un sujet qui risque de nous égarer de notre affaire principale, je vais m’arrêter ici

tout en vous encourageant à explorer plus cette question.

2.3.2 Généralités

On vient d’aborder la notion de variation sur un ensemble dans le paragraphe précédent et

nous avons vu qu’une suite peut être -par exemple- croissante sur N. Croissante veut dire que

chaque terme de la suite est plus grand que le précédent. Mais, que se passe-t-il lorsqu’on arrive

à des termes dont le rang est très grand ( quand on avance assez loin dans N ) ? Certes, la valeur

numérique des termes continuera à accroitre, mais de quelle manière ? Est-ce la même chose

qu’au début de la suite ?

Ce sont ces questionnements là qui ont poussé les mathématiciens à parler de Comportement

asymptotique d’une suite. Cette notion vient tout simplement qualifier le comportement d’une

suite lorsqu’on pousse le rang des termes (la variable) à l’extrême. Pour une suite, la seule façon

de le faire est en l’agrandissant vers des nombres entiers de plus en plus grands ( ce n’est pas la

seule façon de faire pour une fonction ). On dit alors qu’on fait tendre la variable vers plus

l’infini (c’est à dire à l’extrême droite de la demi-droite qui représente les nombres réels positifs)

et on le note n −→ +∞.

Le comportement asymptotique à l’infini ( quand n −→ +∞) peut se résumer en trois catégories

principales:

1. Les termes de la suite vont se rapprocher de plus en plus vers un nombre fixe l, mais sans

jamais l’atteindre. Et là, on dit que la suite à une limite finie ( qui est le nombre l). On dit

de cette suite qu’elle est une suite convergente.

2. Les termes de la suite vont continuer à croitre ou à décroitre sans cesse et ne semblent pas

s’arrêter. Dans se cas on ne dit pas que la suite n’a pas de limite, mais plutôt qu’elle a une

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –18/23–

limite infinie.

3. La suite a un comportement chaotique ou alterné, qui fait qu’elle ne respecte aucun des

deux profils précédents. Ce type de suites n’a pas de limite.

Les deux derniers types de suites ( limite infinie ou pas de limite ) s’appellent les suites

divergentes.

Exemple 2.5

1. On considère la suite définie par ∀n , 0, un = 1n . Calculer, u1; u10; u100; ...etc. Que

remarquez vous ?

2. On considère la suite définie par ∀n ∈ N, un = 2n. Refaites la même chose que pour la

première suite et regardez ce qui se passe.

3. On considère la suite définie par ∀n ∈ N, un = (−1)n. Refaites la même chose que pour

la première suite et regardez ce qui se passe.

Définition 2.6. Limite finie d’une suite

Soient (un) une suite numérique et l un nombre réel.

On dit que la suite (un) tends vers l quand n −→ +∞ si tout intervalle ouvert J contenant

l, contient tous les termes de la suite (un) à partir d’un certain rang n0. On note alors :

limn→+∞

un = l.

Une suite qui admet une limite finie est dite: convergente. (On dit aussi que (un) converge

vers l).

Théorème 2.1. Unicité de la limite finie♥Si (un) est une suite convergente vers une limite finie l ∈ R. Alors, la limite l est unique.

�Note

(Indication de preuve)

Afin de démontrer le théorème 2.1, il faut procéder de la façon suivante: On considère que la

suite (un) converge vers deux réels l et l ′. Et il faut montrer que l = l ′.

Définition 2.7. Suite divergente vers +∞

Soient (un) une suite numérique et a ∈ R.

On dit que la suite (un) tends vers +∞ quand n −→ +∞ ( ou encore qu’elle diverge vers+∞) si tout intervalle de la forme ]a;+∞[, contient tous les termes de la suite (un) à partir

d’un certain rang n0. On note alors : limn→+∞

un = +∞.

Proposition 2.3. Suite divergente vers −∞On dit que la suite (un) tends vers −∞ quand n tends vers l’infini ( ou encore qu’ellediverge vers −∞) si et seulement si la suite (−un) diverge vers +∞.

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –19/23–

♠Autrement dit: un −→ −∞ ⇔ un −→ +∞

Exemple 2.6

On considère la suite (un) définie par: ∀n ∈ N; un = n2 + 1.

Il est facile de voir que un −→ +∞. On peut donc directement en déduire que la suite (vn) définie

par: vn = −n2 − 1 diverge vers −∞.

2.3.3 Limites des suites usuelles

Lorsqu’on parle de suites usuelles, on veut dire par cela les suites qui viennent de manière

naturelle et que nous avons l’habitude de manipuler. Elles servent de "brique de construction"

pour fabriquer toutes les autres suites.

Le théorème suivant regroupe les limites de ces dernières.

Théorème 2.2. Limites des fonctions de référence

Soit k un entier strictement positif (k ≥ 1).

1. limn→+∞

k = k

2. limn→+∞

nk = +∞.

3. limn→+∞

1nk= 0

4. limn→+∞

√n = +∞

5. limn→+∞

1√n= 0

2.3.4 Opérations sur les limites de suites

Je viens de faire remarquer dans le paragraphe précédent que les suites usuelles permettent

de construire les autres suites. Il est donc naturel de penser qu’on peut déduire la limite de

n’importe quelle suite à partir de celles qu’on connait déjà ! C’est beaucoup plus simple de s’y

prendre de cette façon que revenir à la définition à chaque fois.

On peut construire de nouvelles suites à partir des usuelles en utilisant les opérations de base

tout simplement ( somme, produit, quotient). Donc il suffit de comprendre ce qui se passe aux

limites dans chacun de ces cas.

Le tableau suivant liste toutes les limites des combinaisons possibles entre deux suites avec les

opérations de bases: addition, multiplication par un scalaire (k ∈ R), multiplication et division

entre deux suite...

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –20/23–

Exemple 2.7

1. On considère la suite (un) définie par: ∀n ∈ N; un = n3 + 2n2 − 1.

Pour calculer la limite limn→+∞

un, il faut décomposer un en tant que combinaison de suites

de références, déterminer les limites de celles-ci, puis utiliser le tableau afin de décider de

la limite globale de (un).

Dans cet exemple, on constate que un s’écrit comme combinaison linéaire des suites:

n 7−→ n3 et n 7−→ n2. Les deux divergent vers +∞ quand n −→ +∞. Et ainsi d’après le

tableau, on en déduit que: limn→+∞

un = +∞.

2. Calculer, en utilisant la même méthode qu’au point précédent, la limite de la suite (un)

définie par: ∀n ∈ N; un = n2 + 3√

n − 7.

3. (IMPORTANT): Cas avec une forme indéterminée:

Certaines opérations ne permettent pas d’aboutir à un résultat (Les ? dans le tableau).

C’est notamment le cas lorsqu’on additionne deux suites divergentes respectivement vers

+∞ et −∞. Dans ce cas là, il faut penser à transformer l’écriture algébrique de la

résultante. Il y a principalement trois moyens de le faire:

En factorisant.

En multipliant par une quantité conjuguée.

Les deux à la fois.

On se propose de calculer limn→+∞

n2 −√

n comme exemple. Un rapide coup d’il au tableau

nous indique que c’est une forme indéterminée. On procède donc de la façon suivante:

limn→+∞

n2 −√

n = limn→+∞

√n(n

√n − 1)

Or, puisque: limn→+∞

√n = +∞ et lim

n→+∞n√

n − 1 = +∞, alors on peut en déduire que

limn→+∞

n2 −√

n = +∞.

Kþ Exercices kþ

1. Calculer, dans chacun des cas suivants, la limite de la suite (un).

∀n ∈ N; un =1

3n + 5.

∀n ∈ N; un = n2 +1n− n.

∀n ∈ N; un =5n2 − 3

n2 + n + 1.

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –21/23–

2.3.5 Limites de suites et comparaison

Jusqu’ici, nous avons vu comment calculer directement la limite d’une suite (un) du moment

qu’on connait son terme général et que celui-ci est écrit en fonction de suites usuelles.

Il se trouve qu’il y a beaucoup de suites dont nous ne pouvons pas calculer la limite par ce

calcul direct d’opération sur les limites et ceux pour deux raisons principalement:

Lorsqu’on n’arrive pas à déterminer le terme général d’une suite. Qui est souvent définie

par récurrence dans ce cas.

Lorsque le terme général de la suite contient un élément qui n’admet pas de limite. On

peut prendre comme exemple la suite (un) définit par: ∀n ∈ N; un = 1 +(−1)n

nAfin, de contourner ces problèmes, on utilise ce qu’on appelle : Les théorèmes de comparaison.

la technique consiste à transférer l’étude de la limite à une suite comparable à celle qu’on doit

calculer la limite.

Théorème 2.3. Suite minorée/majorée par une autre suite

On considère deux suites (un) et (vn) et un m un nombre entier naturel tels que :

∀n ≥ m, un ≤ vn

1. Si limn→+∞

un = +∞, alors limn→+∞

vn = +∞.

2. Si limn→+∞

vn = −∞, alors limn→+∞

un = −∞.

3. Si limn→+∞

un = l et limn→+∞

vn = l ′, alors l ≤ l ′.

Théorème 2.4. Théorème d’encadrement

Soit l ∈ R. On considère trois suites (un), (vn) et (wn) telles qu’il existe m ∈ N vérifiant:

∀n ≥ m, un ≤ vn ≤ wn

Si limn→+∞

un = limn→+∞

wn = l, alors : limn→+∞

vn = l

�Note

Pour démontrer ces deux résultats, il faut utiliser définitions canoniques des limites des suitesconcernées. Par exemple, afin de démontrer le point 1. du théorème 2.3., il faut commencer par

dire que :

limn→+∞

un = +∞ ⇔ ∀A ∈ R+;∃p > 0;∀n ≥ p; un > A

L’objectif étant de trouver un entier N à partir duquel nous avons: ∀n ≥ N; vn > A

Exemple 2.8

Revenons à la suite énoncée au début de ce paragraphe définie par:

∀n ∈ N; un = 1 +(−1)n

nOn a : ∀n ∈ N; −1 ≤ (−1)n ≤ 1.

Ainsi, on peut facilement encadrer un de la façon suivante:

∀n ∈ N; 1 −1n≤ un ≤ 1 +

1n

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2.3 Comportement asymptotique des suites et limites –22/23–

Or on a : limn→+∞

1 −1n= lim

n→+∞1 +

1n= 1

Ainsi, on peut en déduire par théorème d’encadrement, que : limn→+

un = 1

2.3.6 Suites monotones et minorées/majorées

Définition 2.8

Soit (un) une suite numérique. On dit que:

1. (un) est majorée, s’il existe un nombre réel M tel que ∀n ∈ N, un ≤ M

2. (un) est minorée, s’il existe un nombre réel m tel que ∀n ∈ N, un ≥ m

3. (un) est bornée, si elle est à la fois majorée et minorée.

Exemple 2.9

1. La suite (un) définie par ∀n ∈ N; un =1n

est minorée par 0 et majorée par 1.

2. La suite (vn) définie par ∀n ∈ N; vn = sin(n) est minorée par −1 et majorée par 1.

Théorème 2.5

Soit (un) une suite numérique telle que limn→+∞

un = l avec l ∈ R.

1. Si la suite (un) est croissante, alors elle est majorée par l.

2. Si la suite (un) est décroissante, alors elle est minorée par l.

Théorème 2.6

Soit (un) une suite numérique.

1. Si la suite (un) est croissante et majorée, alors elle est convergente.

2. Si la suite (un) est décroissante et minorée, alors elle est convergente.

�Note

Attention:

Lorsqu’une suite (un) est croissante et majorée par un réel M , on en déduit qu’elle est conver-

gente. Mais: elle ne converge pas forcement vers M .

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Chapter Étude des fonctions: Continuité et limites

Prérequis

h Manipulation des fonctions usuelles.

h Calcul des dérivées des fonctions.

h Variations, asymptotes et tangentes

des représentations graphiques de

fonctions.