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  • ami entends-tu le cri sourd du poireau

    qu'on arrache ?

  • En Creuse comme ailleurs

  • toujou couri pou gagner viequand bien couru vie l'est foutu

  • Quelques notes sur les crans et lducation des enfants

  • 8 abrgeons

    Faim de vie, fin de vie et fin devis

    Parat-il que lon mesure le degr dvolu-tion dune socit la faon dont elleregarde et traite ses anciens. Dans des civili-sations, parat-il infrieures la ntre, onrespecte les anciens, ils font partie intgrantede la tribu et pas exclusivement de la famille.Mais probablement que a se passe dansquelques civilisations archaques, primi-tives ? Chez nous, et en particulier en France,par rapport dautres pays europensproches, nous dtenons le pompon de lamisre, tablie en systme.

    Mais au fait, pourquoi ce sujet, alors quelactualit? Mais enfin ce ne serait pasdactualit la fin de vie? Celle des anciens,des malades incurables. Jai aussi enviedaborder le sujet du suicide sous ses diversaspects, lacte mrement et librement rfl-chi, le coup de folie meurtrier du dsespr etlide de mettre fin une absolue incapacit vivre. aborder le sujet de la mort et surtoutaborder la manire que nous avons dy aller.la-fin-dvie comme on dit aujourdhui, toute vitesse, pour en vider le sens.

    De juteux dbouchs

    Pourquoi continuer risquer de la tle enarrachant des sacs main des vieilles dansla rue alors que, tout fait lgalement, avecles aides de ltat et celle des familles, il estsi simple douvrir une maison de retraite.Nul besoin de comptences, ni de diplmes,suffit de trouver un peu de thune auprs deslus locaux par exemple. les municipalitsont souvent des vieux btiments vtustes,danciennes colonies de vacances, par exem-ple. peu de frais, suffit de les amnager enmaison de retraite. l, tu rcupres le sac demm, la pension de pp, et tant donnlobligation alimentaire des familles, lessubventions, ce secteur offre dexcellentsdbouchs.

    Ensuite il y a des mthodes trs simplespour transformer une personne ge valideen une personne dpendante. Cest un direc-teur dtablissement qui raconte ceci :

    La maltraitance institutionnelle cela

    rapporte. En huit jours, si vous ne levez pas

    une personne, elle devient grabataire et son

    GIR (groupe iso-ressources, il indique ledegr de dpendance dune personne ge)va dgringoler. Un tablissement qui a un

    niveau de dpendance moyen-lev touche

    plus de subventions.

    Ce fric est vers par les collectivitslocales et ltat. Nombre de municipalits nesy trompent pas et couvent jalousement leurmaison de retraite, dont le maire est de faitprsident. Ce qui est le plus juteux, cest dese dclarer spcialis dans la prise en chargede la maladie dalzheimer, aucun critreexig. Comme les familles se trouvent rapi-dement dmunies face la maladie, ajoute cela lurgence de la situation, et que cestdevenu presque plus compliqu que de trou-ver une place en crche, le premier tablisse-ment qui vous prend la personne est lebienvenu.

    Je connais un tablissement municipal,dans le Gers qui, lpoque des CES (con -trats emplois solidarit, aujourdhui contratsretour lemploi), avait cr une association but culturel, avec bureau la mairie, quifournissait la maison de retraite un chepteldemploys renouvelables, sans aucune for-mation, pour son mouroir. les locauxvtustes, cradingues, spcialiss dans lac-cueil des personnes fort dpendantes, comp-taient deux curetons qui se faisaient du grasen offrant leurs services rmunrs pour diredes messes ou prires dans la chapelle privede lendroit. En revanche, il ny avait quecinq salaris pour une soixantaine de lits, lamain-duvre tant fournie par des ch-meurs longue dure qui pouvaient ainsibnficier dun contrat de six mois renouve-lable et ensuite reprendre le chemin desindemnits. Contrairement la petiteenfance, il nexiste pas de quotas lgauxdencadrement.

    Qualit de lentourage

    la France est la lanterne rouge des paysdEurope : cinq agents pour 10 rsidents.Dans la plupart des pays du Nord, le ratio estdun agent par personne ge. Une autoroute

    a t ouverte par la ministre des Solidarits,mais si tu sais, celle qui aime tellement sesamis de lindustrie pharmaceutique au pointdavoir pipot laffaire de la grippe aviairequi devait nous dcimer. Donc la madame adcid de ne plus crer de nouveaux Ehpad,ouvrant ainsi une autoroute au priv. Mieux,sa copine charge de lassistance publique,tout en fermant 800 lits de longs sjourspublics, quitte son job pour prendre la tte dudirectoire dun gant du priv dans le secteurdes maisons de retraite : 227 tablissementsrpartis en France, en italie, en allemagne.Ce groupe engrange au premier semestre2001 une marge bnficiaire de 23,8 % avecun chiffre daffaires de 485,6 millions, enhausse de 10 %. aujourdhui, les pros dubusiness ont bti des empires faire rougirles mirs, et ils figurent tous parmi les 500plus grandes fortunes. ils ne connaissent pas,et ne connatront pas, de crise. les listesdattente sont telles, les aides publiquesaffluent. les bnfices sont privs, les sub-ventions mutualises et peuvent reprsenterparfois la moiti du chiffre daffaires. Sansaucun contrle. Ceux-ci devraient avoir lieutous les sept ans. Seuls 4 % des tablisse-ments sont inspects, avec des critres trspeu exigeants.

    La qualit des maisons de retraites, enFrance, est trs mal contrle, en raison

    dinspections trop rares et de labsence de

    critres homognes : cest un groupe detravail ministriel charg de la rforme de ladpendance qui confirme en note interne ceconstat accablant. Dans lindiffrence gn-rale.

    la moyenne de lesprance de vie, dansces tablissements est de deux ans pour leshommes, trois ans pour les femmes. Dans lamoiti des cas, une autopsie est demandepour la mort dun nourrisson, jamais pour ledcs dune personne ge en maison deretraite. Mieux, la taulire dune maisondabattage (pourquoi dire autrement?), cettepersonne reconnue coupable dactes de tor-ture, dont la liste est tellement dgueulasseque je ne la dvelopperai pas ici, est

    Le nuclaire nuit gravement la sant. Le nuclaire tue. Cest pour quand le nouveau film de Resnais

    avec une nouvelle Duras lcriture ? a sappellerait Fukushima mon amour .

    Peut-tre que je pourrais parler de lexcellent livre de Georges Simenon, le Prsident , que Verneuil

    a ralis pour le cinma avec un Gabin puissant et sobre, comme rarement. Pas a non plus ?

    Oh, oui ! jai un titre de film qui peut coller avec mon article, un bon titre a : Largent de la Vieille .

  • la comdie 9

    condamne quatre mois avec sursis et 10 000 eurosdamende. la boutique quidevait tre ferme, par ordrejudiciaire, tourne toujours, et la situation na pas chang(quelque part dans le Bor -delais).

    Voici comment cela se pas-sait : la Ddass (cest dans ledossier dinstruction du tribu-nal de Bordeaux) prenait ren-dez-vous pour les contrles etcest la directrice qui fixait lejour du rencart, ce qui lui per-mettait de planquer les lits decamps sur lesquels dormaientles vieux en surnombre : 70rsi dents pour 44 placesagres, et aussi de faire unbrin de mnage. lavocate, quiavait en charge laffaire aunom des familles, a dclarque les enqutes, puis les pro-cs ne dbouchent jamais surde la prison ferme.

    Pour dtention de marie-jeanne, si tas unetronche qui ne plat pas, cest la prisonferme. Sans grand risque juridique, ce sec-teur en pleine expansion, une vraie minedor, mieux que la pierre et moins alatoireque la Bourse, offre de juteuses perspectives.le grand fouteballeur retrait, le plus prfrdes Franais, ne sy est pas tromp et ainvesti dans ce secteur en France et enEspagne. En quelques annes, un ancienchauffeur de taxi, se retrouve la tte dunefortune colossale dans ce domaine. il pse600 millions deuros, 76e du classement desplus grosses fortunes en une petite vingtainedannes. Son mot dordre : dfiscaliser et nepas perdre de temps ; lastuce : crer des ta-blissements et vendre les chambres desparticuliers, qui les louent grassement.

    Ce serait une ide creuser dans laCreuse. Merde ! Voil que dune boutade augot amer, je vais faire des mules. Si vousavez de largent placer, et envie de vousfaire une bonne conscience bas cot, genre il le faut bien, puisque ltat ne soccupepas de nos vieux, autant que je le fasse. Pascon hein? Crapule !

    Faut-il, dans ce pays si terroris par ceshordes hurlantes venues de ce pays que lonnomme ltranger, quon laisse ces ignomi-

    nies se perptrer en toute impunit, il sagitdun assassinat collectif et prmdit? Cepays si moraliste, gav de religiosit, laFrance fille ane de lglise, eh ben si tel estle cas, je ne veux surtout pas connatre lereste de la famille. Je parle de crime collec-tif et silencieux parce que dans ltat o setrouvent les familles, proccupes par leurpropre destine, on ne peut et ne doit pasincriminer tel ou telle. Cest encore une foisun devoir collectif que de prendre en chargenos anciens et de sinterroger sur les condi-tions dans lesquelles ils finissent leur vie. suffit de ne sappuyer que sur cette cellulefamiliale qui nest quune fumisterie quiisole et rtrcit le champ de vision. a suffitaussi ces histoires dhritage, dernirementune famille sest oppose au mariage dunevieille avec un vieux, vivant dans le mmehospice et devenus amoureux, le prtexte?Si mariage il y a, lancien devient lhritierde la dame.

    Le crime tait presque parfait

    aujourdhui, pour russir le crime parfait,pas besoin dun bouillon de onze heures, nidune fausse chute dans lescalier, mais non,cest des coups se faire poisser. tu placestes parents en maison et tu patientes un peu,

    si peu. Je le rpte et cest uneenqute ralise par lassurance-maladie en 2004 qui le rvle :lesprance de vie en maison deretraite est de deux ans pour leshommes et de trois pour lesfemmes. Pour parvenir tes finsminables afin dhriter au plusvite, le choix de ltablissementest primordial, il est linverse dubon choix, cest--dire, si on te ditquil y a frquemment des placesdisponibles, si le GMP de lta-blissement (indicateur de dpen-dance moyen des rsidents de laboutique) augmente, cest unmouroir avec manque de soins dufait dun manque vident de per-sonnel. aussi un critre favorable,si le personnel prend souvent descongs maladie et mieux changergulirement en prenant la fuite,l cest du nanan pour toi.

    Suffit de plaisanter ! il nem-pche que je nentends pas beau-

    coup de gens sinquiter de cet aspect denotre belle civilisation si volue. Si cetteprise en charge de la fin de vie de nos vieuxne relve pas de la scurit, alors quest-cequi en relve? Et puis bande de petits gre-dins imprvoyants, quand ce sera votre tour ?Pour paraphraser un peu : Quand ils ontlaiss souffrir mon pre malade, je nai rien

    dit, quand ils ont maltrait ma mre dans un

    mouroir, je nai rien dit, aujourdhui je suis

    vieux et malade et personne pour dire. ilfaut imprativement nous proccuper decette histoire de fin de vie, il en va de notredignit tre ou pas des humains.

    la prochaine fois jaborderai laspect dela fin de vie de la personne malade etlacharnement thrapeutique. Puis, aprs, lesuicide. Ces sujets isolent la personne tou-che et son entourage, a nest pas normal.Cest invivable. il nous faut repenser tousces aspects de la vie de faon collective etempathique.

    GaBar

    Cest avec lappui involontaire dune tude de

    Franois Nnin, que jai vrifie, que jai fabri-

    qu cet article.

  • 12 la gueule toute verte

    Le crime social tait presque parfait

    Stratgie criminelle

    du trust de lamiante

    La durabilit et le faible cot de lamiante ontattir les investissements ds la fin du 19e si-cle. Lexploitation des mines a dmarr auQubec, puis en Afrique du Sud et en Russie.Aprs un premier dcs signal par le docteurMontagne en 1899, cest le mdecin DenisAuribault qui, en 1906, signale la mort de 50ouvriers dune usine de Cond-sur-Noireaudans le Bulletin de lInspection du travail.Ds les annes 30, le lien entre fibresdamiante, maladies respiratoires (asbestose)et cancer de la plvre (msothliome) estavr. Pourtant les industriels russissent empcher la diffusion des connaissances ; ilfaudra attendre 1964 pour quune confrenceinternationale sur les consquences biolo-giques de lamiante, organise New Yorkpar le docteur Selikoff, fasse autorit dans lesmilieux scientifiques. Le cartel de lamiantele dcrit alors comme un homme dangereuxquil faut empcher dinfluencer le chiffredaffaires.

    La contre-offensive sorganise et, en 1971lors dune runion du trust Londres, degros moyens sont mis en place : lobby,agence de relations publiques, porte-parole : Il est ncessaire dinvestir lourdement faceaux travailleurs, aux syndicats et au mondepolitique. Quelques exemples de leurtableau de chasse : le chercheur ChristopheWagner, dans limpossibilit detrouver un diteur en Afrique duSud ; le docteur Bodgan Przygocki,licenci des chantiers navals deGdansk pour y avoir placard desinformations sur les dangers delamiante

    En France, cette vaste entreprisede ngationnisme est relaye par leCPA (Comit permanent amiante)regroupant, de 1982 1995, indus-triels, scientifiques, pouvoirspublics, syndicats (sauf FO).Rappelons quelques-unes de ses russites : lopposition de laFrance une proposition dinterdic-

    tion internationale de lamiante, les nom-breuses interventions contribuant repous-ser de plusieurs annes une dcision auniveau europen. Un de ses principaux ani-mateurs, le docteur Raffaeli, sopposait pourles salaris au dpistage systmatiquedune affection bnigne, qui pourrait provo-quer une anxit non fonde. !

    Dveloppement durable

    du capitalisme

    Dans les annes 90 des procdures sontengages dans plusieurs pays par des asso-ciations, appuyes par des chercheurs, desmdecins, des syndicalistes. Elles se tradui-sent par des compensations financires, sou-vent proposes lamiable. Cela nempchepas le Canada dattaquer la France devantlOMC (Organisation mondiale du com-merce), aprs son interdiction de lamianteen 1997. Il a t dbout, cependant celadonne une lgitimit lgifrer sur la santau travail sur le critre de la libert du com-merce

    De son ct lempire Eternit se reconver-tit. Constitu il y a un sicle autour de ladynastie suisse Schmidmeny et du groupebelge Emsens, il sest tendu sur 32 pays.Lhritier actuel, Stephan, sest rorientdepuis une trentaine dannes dans dautressecteurs et, philanthrope converti audveloppement durable, a convaincu une

    cinquantaine de multinationales de rcon-cilier business et cologie au Sommet de laTerre de Rio (1992).

    Lusine Eternit pimontaise de CasaleMonferrato ferme en 1986, mais une cin-quantaine de personnes meurent encoreannuellement, le pic tant prvu vers2020 ! Cela concerne aussi bien les ouvriersque leurs familles, contamines par les fibresramenes dans les habits, les cheveuxAinsi, Romana Blasotti, la prsidente delassociation des victimes a perdu mari,sur, cousine, neveu et fille. Appuye par lesyndicat CGIL, elle a dpos plainte auprsdu procureur de Turin, Raffaele Guariniello.Malgr les tentatives dobstruction, il a puaccder 3 000 dossiers de dcs sur les 4 sites italiens et accuser le baron belgeLouis de Cartier de Marchienne et le milliar-daire suisse Stephan Schmidmeny dtre res-ponsables dun dsastre sanitaire. Leurrcente condamnation seize ans de prison aencourag les collectifs qui y ont particip continuer leur action vers dautres pays,notamment contre les filires de dchets enAfrique et le ship breaking en Asie. 1

    Cest que le Canada continue exploiter sesmines car machines et brevets occidentauxont t vendus dans des pays o la protectionest inexistante.

    Ainsi, pour lamiante et dans bien dautressecteurs, une partie des risques lis un tra-vail violent et mortifre est dlocalise grce

    la mondialisation finan-cire, telle la multinationaleGold Peak Industry faisantfabriquer piles et batteries aucadmium 2 par des ouvrireschinoises

    LAN NOIR

    ____

    1. Dpeage des bateaux.2. Provoque cancer du

    poumon, maladies des reins,des os, modifie le matrielgntique.

    Premire victime constate : 1899 ; dici 2020 : prs de 500000 morts ; arme du crime: lamiante ; mobiledu crime: le profit ; circonstances aggravantes : prmditation ; responsables : les patrons dEternit ;complices : des scientifiques, des mdecins, des politiciens ; premires condamnations en 2012 : 16 ansde prison pour deux magnats.

  • la gueule toute verte 13

    quelques jolis discours sur le bien gnral,lordre public et le soulagement des malheu-reux. 2 Aujourdhui, ces jolis discours seretranchent souvent derrire la soi-disantncessit du discours du scientifique, du sp-cialiste ou de lexpert ; objectivement, lemonde est ainsi fait, cest une ralit univer-selle, vous navez pas le choix! Mais, para-doxalement, cette propension rendre toutecritique inutile est un sujet dtonnement etdonc un sujet critique.

    En ce qui concerne le nuclaire, les minesduranium, ou le radon, la critique associative qui est mene par des amis et laquelle jeparticipe me semble insuffisante. Elleemprunte trop souvent des chemins enimpasse, opposant les becquerels aux becque-rels 3 ou occultant la lgitimit au profit de lalgalit. Quant la critique politique ousociale, elle reste en grande partie construirealors que nous sommes les personnes, les col-lectifs ou les communauts les plus lgitimes mener cette analyse.

    La critique est lexamen dun principe oudun fait, en vue de porter son sujet un juge-ment dapprciation 4 ; il sagit donc ici dedonner un sens ou une valeur ce qui est pr-sent comme objectif, universel, neutre ouncessaire ; mais, cela suppose tout de mme

    Chronique dun obscurantiste

    Obscurantisme: Terme pjoratif, servant dsigner une doctrine et une politique opposes au progrsdes Lumires, cest--dire la diffusion, dans toutes les classes sociales, des connaissances scientifiqueset de lattitude rationaliste quelles exigent. 1 Mais comment cela? Qui peut sopposer la diffusion des connaissances scientifiques dans toutes lesclasses sociales ? Qui peut se rclamer de lobscurantisme?

    Les couleurs de demain. Centrale fonctionnant au granium enrichi. (Merci Plonk et Replonk diteurs.)

    CE QUE jE PROPOSE dexaminer dans ces chro-niques est de dfinir de quelles connaissancesrelve la science, de quelle attitude rationa-liste elle procde et quelles classes socialesces connaissances et cette attitude sont desti-nes. En ce sens, se rclamer de lobscuran-tisme nest pas brandir un tendard ou verserdans loccultisme, cest utiliser un mot-obus, adopter une attitude qui consiste nonpas contester la connaissance en tant quetelle, mais critiquer cette forme particulirede la connaissance quest la science contem-poraine, dans toutes ses prtentions, ses pro-messes non tenues ou son attitude totalisante.

    Dj, la fin du xVIe sicle, tienne de LaBotie crivait propos des tyrans : Ils nefont gure mieux ceux daujourdhui, qui,avant de commettre leurs crimes, mmes lesplus rvoltants, les font toujours prcder de

    une certaine rigueurdans lexamen des prin-cipes ou des faits, ainsique dans la formulationdu jugement. Aussi, sicela ne ncessite pas proprement parler dedfinir une mthode, ilest ncessaire dutiliserdes outils.

    Loutil le plus puis-sant pour lexercice dela critique est lanalysedu discours, de saconstruction et de sasignification. Par exem-ple, si les mots ont unsens, plusieurs termesmentionns plus hautmritent une attention particulire : Quest-ceque la connaissance ? Quest-ce que lascience? Quest-ce que la technique? Quest-ce quun spcialiste ou un expert? Quentend-on par objectivit ou universel? Ces termesont gnralement une signification commune propre au langage de tous les jours et unesignification spciale, propre un domainedtermin; les glissements smantiques, cest--dire le passage du sens commun au sens sp-cialis, sont nombreux et presque invisibles ;par exemple, le terme pollution porte unesignification trs diffrente pour les gens ordi-naires et pour le juriste ou lexpert.

    Un second outil intressant est lanalyse de ce que disent les experts deux-mmes,quelles sont leurs motivations ou leurs auto-justifications? Aussi, la lecture des discourshagiographiques (tymologiquement lcri-ture de la vie des saints), tout la gloire deleurs dcouvertes ou de leur industrie, est unexercice passionnant, dautant plus lorsqueces discours sont tenus dans lentre-soi decolloques ou de confrences.

    Un troisime outil est lanalyse des com-mencements, qui sont nombreux: dans chaquetude scientifique, chaque rapport ou ralisa-tion technique, chaque acte administratif, leshypothses de dpart ou les considrations

    contingentes sont parfois plus porteuses den-seignements que les textes ou les actes. Lepourquoi claire le comment. Et, comme lesouligne Pierre Bourdieu 5, la gense deschoses les tensions et les rsistances sontapparentes, les choses sont dites.

    Enfin, je ne fais pas partie de ceux quiopposent thorie et pratique, le lien entre lesdeux fait partie de la critique. En ce quiconcerne les mines duranium, par exemple, lacritique se construit partir doutils thoriquesmais aussi et surtout en arpentant le terrain eten rencontrant les habitants : lusage de laplume ne dispense pas de celui du cir et desbottes.

    ( suivre)DOMINIQUE

    1. Andr Lalande, Vocabulaire technique etcritique de la philosophie, Presses universitairesde France, 2006.

    2. tienne de La Botie, Le discours de laservitude volontaire , Petite bibliothquePayot, 2002, p. 226.

    3. Becquerel (ou Bq), unit de mesure de laradioactivit.

    4. Andr Lalande, op. cit.5. Pierre Bourdieu, Sur ltat , ditions

    du Seuil, 2011.

  • 14 la gueule toute verte

    Il tait prvu, quici, une suite soit donne au combat de cet exploitant agricole de la Charente, qui, aveclaide dun cabinet davocats spcialis du Bordelais, sest attaqu une multinationale, dorigine tats-unienne. Les mdias se sont empars de faon douteuse de cette triste histoire. Triste puisque lexploi-tant est gravement atteint de problmes neurologiques graves et douloureux.

    Au mois de fvrier, Lyon, a eulieu le procs.Le rsultat estpour le moins laconique : il futreconnu que le fabricant duLasso , le produit incrimin,avait pch par manque dti-quetage. Le fabricant, Monsanto,a fait, bien videmment appel.Appel non suspensif. Ce qui faitque la maladie par empoisonne-ment a t reconnue par laMSA. Il est bon de rappeler quela Mutualit sociale agricole, laFNSEA, CDJA comprise (cestla mme chose) ne sont pas prts accorder cette lamentablehistoire une publicit dsordon-ne. Ce serait remettre en ques-tion des pratiques minables etassassines.

    Dsherbant ou aprs-rasage ?

    Dfaut dtiquetage, la belle affaire, quandon prend le temps de regarder les sacs oubidons de ces produits agricoles que voit-on?Sur fond jaune-orang, ou rouge, en noir desttes de mort, des consignes enjoignant de semunir de gants appropris et dune combinai-son jetable genre papier et un masque.Lexploitant qui manipule ces produits est laplupart du temps seul, press, de fait peu ouprou ngligent, surtout sil est jeune. Alorsvas-y mon gamin, on est immortel vingt-cinq ans ! Puis on a t format par la plupartdes tablissements scolaires de formationagricole. Dfaut dti quetage, la bonneblague ! Il faut imprativement que lonindique que les dsherbants bien que fortefficaces ne sont pas conseills commeaprs-rasage mme si a peut permettredconomiser du temps et des rasoirs. Et queles bactricides ne peuvent servir de savon de

    Victimisation et diabolisation

    toilette. Blague part, que je sache je naijamais vu que les eaux de consommation por-tassent la mention : boire cette flotte nuit gra-vement la sant, alors quelles peuventcontenir jusqu 250 molcules dorigineagricole. De mme que je nai jamais entenduau travers des mdias indiquer que respirer,surtout de fvrier juin/juillet, respirer tue ! Ilest prfrable de parler dallergie aux pollens,oui les chatons des saules, peupliers, noise-tiers sont trs rceptifs aux pollutions atmo-sphriques. je nai jamais vu une baguette depain comporter la mention manger de ce painnuit gravement la sant.

    Bayer, Novartis : des amis

    Devons-nous jeter lopprobre seulement surces agriculteurs blouss, flous et empoison-ns alors que nous-mmes sommes com-plices de ce systme ahurissant et meurtrier.En revanche la question qui me tenaille, cestpourquoi et toujours sen prendre en la nom-mant un unique et mme responsable, alorsquici, en Europe nous avons de multiplesindustries assassines, elles aussi internatio-nales. En Europe, Zeneca (britannique),Novartis (Suisse), Agroevo (Ger ma nie),Bayer (Germanie). Bayer responsable du gazmoutarde utilis durant la guerre de 14-18,aussi du clbre Gaucho et bien sr de multi-ples semences OGM. Toutes ces multinatio-nales sont aussi responsables de lafabrication des croquettes et botes pour ani-maux que lon prtend amis quatre pattes ;or depuis la vache folle il est (parat-il ?)interdit de recycler les dchets de vidangesde graisses et dhuiles industrielles produitespar lagroalimentaire pour pourrir les bes-tiaux dits de boucherie. En revanche aucuncontrle pour ce qui concerne lalimentationdes chiens et chats. Ajouter cela les dchetsdes trafics craliers qui sont impropres laconsommation pour chiens et chats, faisantdes propritaires de ces animaux des com-plices actifs de ce trafic fort juteux et ce, avecla complicit active des vtrinaires. je voisdj des sourcils broussailleux srigercontre de telles allgations, alors je revien-

    drai l dessus pour dire comment on encou-rage une telle consommation aberrante etnuisible pour vos copains et surtout trsconsommatrices dantiparasites, par exem-ple, mais aussi de mdocs et comment vosanimaux servent de testeurs vivants pour lesrecherches anticholstorlitiques, antidiab-tiques ou anticancreuses. Ces alimentsdtruisant le systme immunitaire par com-plte disparition de la flore intestinale entra-nant des maladies neurologiques telles crisesde spasmophilie ou ttanie, crises ditesdpilepsies cette forme dalimentation esttueuse aussi pour le systme rnal, attaquegrave souvent morbide du pancras, occlu-sions intestinales et autres merveilles.

    Des images si belles

    Nous sommes aussi complices par nos achatsapparemment ordinaires, mais nous prenonstellement lhabitude que nous perdons toutesformes de vigilance. Alors nous regardonsdes docucus aux dites belles images, cest--dire des images lches, superficielles, genrepub ou clip de merde, images qui formatentnotre faon de voir. De belles images, ce sontdes images voles, des images de voyou,crades. De belles images et des commen-taires qui hurlent lanarchie, qui apportentde lanarchie, qui nourrissent et rvlent lafolie. a oui ! Comment se fait-il que cesdocumentaires soient sponsoriss par desentreprises aussi dgueulasses que cellesquils ont la prtention de dnoncer ?Documentaires durant lesquels on entendrpter sempiternellement le nom de lentre-prise que lon est cens dnoncer ? Espce demantras permanents qui diabolise pourdresponsabiliser le spectateur tout en le cul-pabilisant parce quil a tir la chasse aprs unpipi ou quil a oubli dteindre en quittantune pice, ou quil a confondu la bote papier avec la bote de conserve, mais jamaisne remettre en question le vritable systmetentaculaire faisant de nous des complicesinnocents qui ne voulons pas voir ou actifspar ras-le-bol et je-men-foutisme actif. Toutces docus qui font force de festivals le gras

  • la gueule toute verte 15

    des droits dauteur. Documentaires quivisent deux ou trois systmes mais pas lecapitalisme dans son complet et jouissiforgasme que messieurs Yann Hartus-Hulot,jacques-Yves Bertrand, Nicolas Coustaud enfont leur gras avec de biens belles images etcommentaires soporifiques. Allez ! Unecamomille et au lit les rvolts avant quedaller chez gam-land et jardi-vert acheterdes semences type F1 et plus fabriques parces grands semenciers destructeurs de biodi-versit. Des petits btonnets dengrais sp-cial graniums pour les balconnires, puis unpeu de tue-limaces que lon na pas le tempsde ramasser, puis, ma foi, un peu de taupi-cide parce que ces saloperies avec leursmottes abment la lame de la tondeuse dugazon-zon sa mmre.

    Pour nous sentir les cuisses propres il nousfaut dnoncer les Sardanapalesques, lesBelzebuthiens, les Sataniques de service et dumoment. a tourne, a change. Il fallait br-

    ler des sorcires. Il fallait tondre celles quiavaient choisi la libert de baiser parcequelles rveillaient les trouilles, les accoin-tances. Ces fragilits quelles ont exacer-bes

    Il faut des coupables nos petites compro-missions.

    Il semble parti de bien loin cet article ?Parti de cet agriculteur coupable davoir

    empoisonn nos vies et la sienne? Non ! ilest l prcisment pour dire que lui aussi estcomplice pas condamnable comme nous lesommes tous

    Alors jengage lide de dtailler dansdautres articles comment nous pourrions ten-dre changer un peu, ou pour le moins nousdire que, oui, nous sommes bien l-dedans?Pouvons-nous nous donner un peu de peine changer doucement nos comportements?

    Comme ils ne savaient pas que ctaitimpossible, alors ils lont fait.

    GABAR

    Sur le parc total de racteurs duJapon (54 actuellement), seule-ment une unit est ce jour enservice et devrait tre arrte pourune session dentretien rgulier compter du 6 mai, rduisant nant la production dlectricitdorigine nuclaire du Japonpour une dure inconnue.

    EN 2008, 27 % de la production dlectricitau japon tait dorigine nuclaire. Suite lacatastrophe de Fukushima le gouvernementjaponais a fix un objectif de rduction de laconsommation dlectricit de 15% sur un

    an. Cet objectif a t atteint et le reste dellectricit manquante est produite par uneaugmentation de la production thermiquefossile(gaz et charbon).

    Les mcanismes et la volont tatique derduire la consommation dlectricit taienten place bien avant mars 2011. Cetteconsommation tait en baisse depuisquelques annes. Bref, il ne faut pas dire quele japon est sorti du nuclaire en lespace de14 mois, cest un peu plus compliqu. Maiscela montre que pour y arriver les possibili-ts dconomies dnergies sont rellementpossibles. Traque de tous les gaspillages : lejapon tait trop clair, et trop refroidi(lair conditionn est en premire ligne desefforts dconomie). Loin davoir mis le pays terre, la baisse force de la consommation

    dnergie a stimul linnovation technolo-gique : nouvelles matires textiles auto-refroidissantes, vtements de travail ventils.Les entreprises sont encourages donnerplus de congs leurs salaris et il sembleraitque les familles japonaises passent plus detemps ensemble, maintenant quon ne peutrafrachir et clairer toutes les pices de lamaison la fois.

    Sans ouvrir un dbat sur les consquencestechniques et sociales dune rduction de laconsommation dlectricit, lexemple dujapon montre quil est tout fait ralistedconomiser 15% dlectricit avant mmede commencer parler de dcroissance et dechangement de modle conomique et poli-tique.

    P.F.

    Une consquence de Fukushima mditer

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    Le Dernier Caravansrail

    lheure de la chasse ltranger, au bronz, au pas-Franais, Le Dernier Caravansrail nest pasle plus mauvais film quon puisse soffrir

    Tu abandonneras toutes les choses que tu aimes le plus :

    cest le premier dard que te lance larc de lexil.

    Tu goteras combien amer est le paindautrui et combien dur est le chemin

    qui te mne monter et descendre les escaliers dautrui.

    Dante Alighieri,La Divine Comdie, Paradis, Chant xVII.

    AVEC Le DernIer CaravansraIL, le Thtredu Soleil nous entrane dans une multitudedhistoires, pour nous amener voir lesimmigrs dune manire plus vraie, cest--dire plus humaine. Tous ces sans-papiersnont pas toujours t des sans . Ce sontdabord des gens, avec leur histoire, leur viedavant.

    Au long de prs de 4 h 30, le film entre-mle le prsent, le pass et linterminabletraverse des obstacles sur la route des pays dmocratiques . Prilleux voyage, sanscertitude darrive ; beaucoup dappels, peudlus, dans ces lointains paradis fantasms.

    Dabord pice de thtre, joue deux ans La Cartoucherie de Vincennes, le film a tentirement tourn dans cette salle ; la miseen scne et les trucs du thtre ont t gar-ds, mais certaines squences ont t modi-fies pour sadapter au cinma. Nempcheque la magie opre, comme laccoutumeavec Ariane Mnouchkine et son quipe.Nous voil blouis, envots, emports,

    plongs jusquau bout dans ces histoires ser-vies par une mise en scne de toute beaut :limagination est sans limites, les dcorssont hallucinants et lmotion forte. Tout semet au service dhistoires vraies puisque leThtre du Soleil a interrog, pendant prsde deux ans, des immigrs dans diffrentslieux de regroupement : Sangatte (France),Sydney (Australie), Auckland (Nouvelle-Zlande) et Mataram sur lle de Lombok(Indonsie).

    On fait des allers et retours imprvisiblesentre ici et l-bas, le pass, lavant, levoyage, les voyages, les histoires des unes,des uns et des autres, les drames souvent quiont pouss au dpart. Parfois aussi, simple-ment, lenvie de partir, de retrouver un fils,un frre dj exil. Ces gens portent leur his-toire, leur solitude, leur peur, leur douleur.

    Il y a un chass-crois dhistoires superbe-ment illustres, dinterviews certains

    immigrs ont t engags dansla pice de thtre, ce quidonne encore plus de force aupropos , de gens qui seretrouvent prs dune bar-rire : des passeurs sagitent,des gens paums se faufilentsous le grillage, le long dunevoie ferre qui donne accs autrain qui pourrait les emmeneren Angleterre sils arrivent lattraper au passage ! Tout sedroule de nuit, entre lesrondes de la police, avec desbagarres entre passeurs poursassurer du territoire ; et letrain qui passe, qui ralentit si

    un complice remplit bien son rle : changerles signalisations avant le passage du tunnelsous la Manche. Il passera tout de mme 40km heure ! L est le caravansrail ! Autourde ce fameux trou dans le grillage.

    Ces scnes de traverses reviennent rgu-lirement : passage de fleuves en furie, de lamer si petit bateau, si rempli ! , traversede grillages ouverts et rgulirement refer-ms, de frontires avec des policiers desdeux cts

    Beaucoup de crapules, dassassins,voleurs, violeurs, proxntes parmi les pas-seurs ; le film fait une large place ces cra-pules prtes tout, car la situation de

    dpendance totale des candidats limmi-gration illgale ouvre toutes les portes uneviolence sans freins. Enfants esclaves,femmes terrorises, forces se prostituer.

    Le Dernier Caravansrail sest attachsurtout aux immigrs anglophones, pluttquaux immigrs essayant de venir ou derester en France : on ne verra donc quunAfricain un passeur amateur isol quisera assassin par des passeurs dEurope delEst professionnels , en tout cas mieuxorganiss. La maman africaine, l-bas,attend que son fiston lui envoie de largent

    Ce sont sans conteste lAfghanistan etlIran qui concentrent les tmoignages lesplus spectaculaires. Les talibans drles depolichinelles terrorisent la population. Lesamoureux imprudents le paieront cher :Azadeh sera pendue et Fawad, dsespr,fera le voyage vers lAngleterre. Cette his-toire-l est lune des plus terribles, qui com-mence par le meurtre de loiseau deparadis dAzadeh, car il chante ! Et puis, levieux monsieur, fanatique de films, seraaussi assassin dune balle dans la tte et samaison brle, car il ne faut ni regarder desfilms, ni couter de la musique, ni, ni Labarbe doit tre de telle longueur, le tchadridoit tre baiss (le voile total), les patrouillesde surveillance, le ministre de la Vertu. Onpourrait en rire presque.

    Un autre Afghan est parti pour tudier, car les talibans, cest la guerre . Il raconte sasolitude et espre par son tmoignage rpandre nos douleurs dans le monde.[Car] un animal vit mieux que nous.

    Thran, Parastou a t prise dans unemanifestation. Son chtiment : 70 coups defouet dans le dos. Dune famille aise, ellenaura pas les mmes difficults que dautrespour partir. Son pre lenvoie en Europeavec son frre Escandar, mais il leur faudraaussi franchir les barbels, courir aprs letrain, risquer leur vie prs du tunnel, Calais. Escandar finira par arriver enAngleterre, elle retournera en Iran

    Ne croyez pas que je vais vous dvoilertoutes les histoires, toutes les aventures deces immigrs. Ce sera juste un court aperu.

    Un rfugi qui joue de la flte avec sabquille, qui blague avec linfirmire de

    Sangatte

  • mauvaises lectures 17

    Sangatte : il a eu la jambe coupe quand il aessay dattraper le train pour lAngleterre.

    Aux environs de Sangatte : Parastouappelle son pre, elle lui dit quelle est Paris, que les Franais sont trs gentils.Babouchka, vieille femme, est partie deRussie avec un pauvre bagage ; elle y laisseson frre, clochard alcoolis, mdailldAfghanistan et de Tchtchnie, qui dortsous des journaux dans la neige.

    Sangatte mme, prostitution dOlga parsa mre : il faut des sous pour le passage ! Le

    Kurde qui profite de la mre et de la filleen appelle aux droits de lhomme, dontla France serait la patrie. Il sera arrt.

    Assia, jeune gorgienne, quitte sa mrepour retrouver son frre en Allemagne ;le berger Aba va laider. Ils vont passerpar la Turquie, et il sengagera commeesclave dans une mine pour payer le pas-sage de sa bien-aime. O lon aperoitdes enfants rduits en esclavage EnTchtchnie, Zina vend tout ce qui luiappartient (pas grand-chose) pour payerson voyage, Un faux mariage, en Serbie,se termine par lassassinat de la marie etle rapt de sa jeune sur par le passeur quisvit Calais.

    En France, donc, on ferme Sangatteen dcembre 2002. Aprs, on dort surles plages, sous les ponts, dans les chan-tiers de toute la rgion, le long de laManche, pour aller en Angleterre.

    Charg dAfghans, un boat people drivesur la mer depuis dix jours ; un hlicoptre,lespoir dtre sauvs. Pas du tout ! La policeaustralienne leur enjoint de sloigner, lepolicier au bout de son filin leur intime desordres en anglais, personne ne comprend.Finalement, ils seront conduits Darwin, encentre de rtention.

    Melbourne, un tribunal surraliste exa-mine la demande dun rfugi ; tout a, cesttrs trs lgal, trs trs srieux ; tout est

    prvu : la demande na aucune chancedaboutir.

    Londres, un atelier de couture clandes-tin runit la Russe, la Tchtchne, et diversesautres voyageuses. Enfin un peu de solida-rit sexprime entre ces femmes que toutloignait.

    Pour finir, un petit tour Roissy : quand lapolice embarque de force des reconduits ,une petite fille se lve et refuse de partir. Unpeu despoir dans cette image, quand on saitquil nest pas si rare que la solidarit despassagers avec les sans-papiers sexprime decette faon, et que des commandants de bordrefusent de partir avec des embarqus deforce.

    Mais on ne peut quavoir froid dans le dos lide de ce qui attend les immigrs arrtset incarcrs dans les camps du ColonelKadhafi. Voil une barrire encore plus diffi-cile franchir pour les immigrs. Loin desyeux, il sera plus difficile aussi dexprimernotre solidarit.

    bas toutes les restrictions de circulationet dinstallation !

    Libert chrie pour tous les humains !

    SITA jACAR

    Le thtre du Soleil, Le DernierCaravansrail, DVD Arte Video, 4 h 28, 2006, 33 .

    Andr Bernard rcidive avec celivre qui reprend lensemble (ou peu prs) de ses chroniquesradiophoniques tous les quinzejours, dans le cadre de lmis-sion Achara du cercle libertaireJean-Barru sur La Cl desondes Bordeaux (jeudis de 21 23 heures), 90.1 FM.

    APRS Tre anarChIsTe oBLIge (ACL, 2010)et Ma chandelle est vive, je nai pas de dieu.Papiers colls et petit textes (ACL, 2080),lauteur ne saurait nous surprendre dans seschoix politiques. Anarchiste il est, et depuislongtemps. Anarchiste et non-violent. Oui, ily en a, et mme plus dun !

    Aussi, je commencerai par la fin de sonlivre, pour vous dire quil animera latelier Violence-Non-violence lors de la Ren -con tre jurassienne daot 2012 Saint-

    Imier ; sr quon tirera le plusgrand profit y participer.Certaines questions quil entendsoulever sont rsumes dans lesChroniques.

    Quelques points de discus-sion venir au hasard(presque) :

    Globalement, il sagirait demettre en cohrence nos buts etles moyens de les atteindre, car plus il y ade violence, moins il y a de rvolution .

    Un anarchiste qui nest pas violent nestpas pour autant partisan de la non-violence.Par ailleurs, un pacifiste peut ne pas tre par-tisan de la non-violence.

    Lillgalit et laction non-violente sonthautement compatibles.

    Une fois un but provisoire atteint parlusage de la violence, comment se dbarras-ser des restes nfastes de cette dernire.

    Andr Bernard livre ses analyses, autourdune soixantaine de textes qui font rfl-chir ! Des classiques de Kropotkine

    (LEntraide, Lthique), deMakhno (Mmoires et crits) auxplus rcentes publications(Alternatives non-violentes dedcembre 2011) et Les mots quifont peur, vocables bannir de laToile en Chine chezlInsomniaque) par exemple.Passionnant !

    Les anarchistes sont tou-jours des minoritaires parmi les

    minoritaires, disperss et inefficaces. O estle problme ? Chi lo sa ? Et pourtant cestbien sa famille. Il voit lanarchisme commeun chemin, non comme un but.

    Pour moi les organisations ne sont quedes outils, utiles mais pas une fin en soi. jeme mfie de ces organisations qui deviennentdes sortes dglises. Mais je ne suis pascontre les organisations. Par exemple, je suistoujours syndiqu chez les correcteurs.

    SO

    Chroniques de la dsobissance et autrestextes, ACL, 2012, 280 p., 16 .

    Chroniques de la dsobissance

  • Centre de crations culturellesLa Spouze, 23230 La Celle-sous-Gouzon

    05 55 62 20 61Spectacles 21h. Participation libre.

    Repli en salle en cas de mto stupide.

    Association Naut'active23190 Champagnat-St-Domet

    05 55 67 12 54 www.lanaute.com