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Journal de la Creuse libertaire 57 août-octobre 2018 14 e année PRIX LIBRE

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Journal de la Creuse libertaire n° 57 – août-octobre 2018

14e année PRIX LIBRE

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NOTRE PRISE DE POSITION dans les numéros 55 et 56 de Creuse-Citron pour une prise de parolelibre le 11 novembre au monument aux morts anti-militariste de Gentioux, a déchaîné, commeon pouvait s’y attendre, la hargne de la Fédération nationale de la Libre Pensée dans un com-muniqué du 24 avril 2018.

Nous ne perdrons pas notre temps à leur répondre et ne rentrerons pas dans un combatd’arrière-garde.

Nous rappellerons simplement que, contrairement à ce qui nous est reproché, nousn’avons jamais écrit une ligne appelant à « empêcher », le rassemblement du 11 novembre.

Nous avons appelé et continuons à appeler tous les pacifistes qui pensent que leur parolen’a pas à être validée, autorisée par une quelconque instance, à se réunir à Gentioux le11 novembre après la manifestation labellisée « Libre Pensée ».

Comme depuis deux ans, la Libre Pensée (antimilitariste), s’entendra, peut-être, avec lesgendarmes pour essayer de nous empêcher de nous exprimer.

Nous affirmons ici que notre démarche est pacifique, que nous ne voulons couper laparole à personne mais que nous comptons bien prendre, devant le monument, le tempsd’exprimer ce que nous pensons avec tous ceux qui voudront aussi s’exprimer !

Rendez-vous, donc vers 12 h en haut de la place de Gentioux, vers la salle des fêtes.

Et comme d’habitude, nous irons en suite au Villard pour un repas des partageux.COLLECTIF CREUSE-CITRON

2 • Creuse-Citron, n° 57

Gentioux for ever

LE 23 MAI 2018, LA MONTAGNE-CREUSE

publiait une interview du directeur-géné-

ral de la coopérative Alliance bois, à l’oc-

casion de son installation à Aubusson.

Cette coopérative installe une antenne àAubusson. Quand je vois le mot « coopé-rative » dans un article de la MontagneCreuse, je trouve l’ idée sympa.

Alors je lis.

Morceaux choisis

Nous nous sommes […] développés, enaccueillant une centaine de nouveauxadhérents qui viennent s’ajouter aux40 000 propriétaires forestiers privés dela coopérative. Le chiffre d’affaires aaugmenté cette année encore, passant à171 millions d’euros, dont une part gran-dissante dans le Limousin, avec 18, 2 mil-lions d’euros de chiffre d’affaires. […]nous fusionnerons normalement en juin

avec Coforouest, coopérative forestière dunord-ouest. […] Notre objectif est aussid’inciter au reboisement pour redonner dela valeur aux forêts. Nous conseillons laplantation de douglas, qui supporte bien leschangements climatiques.

Plus loin il explique : Nous avons purevaloriser les propriétés forestières de nosmilliers d’adhérents limousins, en prenanten compte les spécificités du territoire.

Questions

Quelle est donc la spécificité de notreterritoire ? Le douglas serait-il donc uneespèce endémique à la Creuse ? Pour lemoins, participe-t-il de l’enrichissementla biodiversité ? Allez voir certains coinsdu plateau où il est cultivé depuis unsiècle : paysages fermés, appauvrisse-ment des sols, dépopulation garantie !

Et puis, naïf que je suis, quand unecoopérative atteint les 40 000 adhérents, et

poursuit son agrandissement, que peut-elleviser d’autre que l’enrichissement de sesadhérents, mais surtout, qu’ils la ferment !

[…] À la coopérative, on regroupe leschantiers, parfois sans même que les pro-priétaires ne s’en aperçoivent. Cela nouspermet de faire un travail de qualité, cequi est essentiel.

De quelle qualité parle-t-on ?Où est la coopération ?Comment le libéralisme annexe-t-il les

mouvements coopératifs ?Par la croissance !Plus il y a d’adhérents, moins chacun

d’entre eux peut faire entendre sa voix.Et donc la finalité se concentre « naturel-lement » sur le plus petit dénominateurcommun : faire du fric. Et donc on a unecoopérative forestière qui n’en a rien àfoutre de la forêt. CQFD.

BEEDJEE

Vous avez dit « COOPérative » forestière ?Bil let d'humeur

Actualité des projets nuisibles en CreuseMINES, ÉOLIENNES, enfouissement de déchets radioactifs,carrières monumentales, exploitation forestière intensive,géothermie profonde, sans oublier Linky et autres compteursintelligents, notre bout du monde est une cible privilégiée pourune politique de croissance à courte vue et de pseudo-écologisme.

L'État inféodé à des entreprises rapaces s'imagine peut-être quele petit nombre de ploucs que nous sommes se laissera faire. Lesrésistances en cours à tous ces projets sont en train de lui donnertort.

Lors de la soirée-débat proposée par Stopmines23 et Creuse-Citron le 14 juin dernier, au Fabuleux destin à Aubusson,différents collectifs et associations qui luttent contre cesdifférents projets ont prévu de mettre sur pied, dans quelquesmois une manifestation collective, de type festival, pour donnerune plus large audience à toutes leurs luttes.

La prochaine réunion des collectifs contre les projets nuisiblesest prévue le 1 3 septembre à 20 h 30 au Fabuleux Destin (6, rueCerclier à Aubusson).

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Creuse-Citron, n° 57 • 3

LE 9 JUILLET DERNIER, Nordeen Essak,1 9 ans, originaire du Soudan et habitantFaux-la-Montagne, était convoqué à lagendarmerie de Felletin, en vue d’êtreexpulsé. Environ 150 personnes étaientprésentes pour tenter d’empêcher l’ex-pulsion de Nordeen vers l’ Italie et, de là,peut-être vers le Soudan, dictaturenotoire, où son père et son frère ont étéassassinés. L’ampleur du rassemblementdit assez à quel point Nordeen a su trou-ver sa place ici. Il a d’ailleurs clairementexprimé son souhait d’y présenter sademande d’asile, d’y continuer sa vie,parmi ses voisins et ses amis.

Magali Debatte, nouvelle préfète de laCreuse, n’avait pas à enfreindre la loipour surseoir à l’expulsion. Elle pouvaitsoit user de son pouvoir discrétionnaire,comme fut déjà fait dans pareil cas, soitsimplement laisser passer 48 heures : au-delà de ce délai, méandre administratifoblige, Nordeen pouvait légalementdemander l’asile en France. Et l’obtenirpeut-être.

Le but du rassemblement du 9 juilletétait donc de manifester notre soutien àNordeen, alors aux mains des gendarmes,de retarder autant que possible son départen centre de rétention, et de faire pressionsur la préfète afin qu’elle accepte derevenir sur sa décision.

Assez tôt dans l’après-midi, certainesdes personnes présentes ont pris l’ initia-tive de dresser un barrage de poubelles etde barrières devant la grille de la gendar-merie, seule issue possible pour un véhi-cule motorisé.

Sans parvenir à l’exprimer, nous avonsété quelques-uns, quelques-unes, à res-sentir comme un malaise à ce moment-là,puis à nous laisser gagner par la joierevancharde qu’on éprouve à faire faceensemble aux pandores. Il y a pourtant debonnes raisons de penser que, dès l’ ins-tallation de cette barricade de fortune, les

chances de Nordeen, si jamais ellesavaient existé, étaient malheureusementcompromises. En effet, si la préfète pou-vait, éventuellement, céder face à unefoule nombreuse et déterminée, si ellepouvait hésiter à envoyer ses sbirescogner et gazer des gens désarmés, ellene pouvait pas ravaler l’affront d’unebarricade bloquant une caserne, laquellebarricade finissait par légitimer, à sesyeux du moins, le recours à la force.

C’est regrettable, mais nous savons,nous devrions savoir, que la force n’estpas notre terrain, surtout dans un telcontexte.

L’argument entendu alors : « Noussommes plus fort avec la barricade quesans », s’ il a souvent fait ses preuves àNotre-Dame-des-Landes, pour défendredes lieux de vie et ralentir la bleusaille,ne tient pas la route ici. Quand les gen-darmes décident de sortir, ils sortent. Ilsen ont mille fois les moyens. La minceligne de crête sur laquelle nous pouvionsnous tenir était de les contraindre à utili-ser la force (ils y rechignent parfois) sansles y encourager (ils ne demandent pasmieux). Cent personnes au coude àcoude, rassemblées devant les grilles, yauraient sans doute suffi.

Dès lors, le fait d’ébaucher une barri-cade face aux flics a plus à voir avec uncertain imaginaire insurrectionnel qu’avecla situation de Nordeen à ce moment pré-cis. C’est malheureusement une erreurgrave de faire passer son propre cinémaavant le sort de la personne que l’on estvenu défendre. Et si chacun, chacunedes participantes est responsable de lasituation telle qu’elle se construit, il fautbien rappeler que cette initiative barrica-dière n’a pas été décidée collectivement,et que la pseudo discussion à son sujet aeu lieu quand le fait d’enlever barrièreset poubelles était devenu une exigencedes gendarmes…

Les trois malheureuses canettes, utili-sées comme projectiles lors de la charge,n’ont fait que légitimer un peu plus, àleurs yeux toujours, le gazage généraliséqui a eu lieu, et qui pour nous demeureinjustifiable.

Pendant ce temps, Nordeen est conduitde force, par un trou pratiqué par lespandores dans leur propre grillage, jus-qu’à la voiture qui entame sa déportation.

Un trou dans le grillage, qui fait amè-rement écho à ceux pratiqués tant de foispar les exilés pour passer les frontières,s’échapper des camps, forcer le passagevers une liberté toujours plus difficile àsaisir. La faute aux États, aux lois scélé-rates, à l’ inertie des populations. La fauteaux gouvernements qui, comme le disaitune banderole, « ont choisi la mort ». Lafaute à leurs préfets, à leurs gendarmes,qui ont été plus forts, mais aussi plusmalins que nous. Telle qu’elle a étéconstruite ce jour-là, la situation n’a paspermis d'empêcher le départ de Nordeen.Rien ne l’aurait permis peut-être. Encorefaut-il tenter d’en tirer quelques leçons,tant ce genre de moment est appelé à sereproduire ici ou ailleurs.

L’enjeu est clair : ne pas laisser lepouvoir expulser en paix. Défendre l’ac-cueil contre les expulsions. Bien deschoses peuvent être tentées dans ce sens.Certaines le sont déjà, parfois depuislongtemps. En ce qui concerne lesactions à mener, il semble essentiel quedes sensibilités différentes puissent trou-ver leur place. Il s’agit seulement d’êtreclair sur les moyens que nous nous don-nons collectivement, de risquer ensembleles pauvres cartes que nous avons enmain, quand nos amis exilés, eux,risquent leur existence. Pour l’heure,c’est tout ce que nous pouvons faire.

Continuons.

DAVID, FANNY, MARIE-ANGE ET PATRICK

Un trou dans le gril lageRéaction suite au rassemblement du 9 juil let devant la gendarmerie de Felletin

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4 • Creuse-Citron, n° 57

EN 2003, S'EST CRÉÉ EN CREUSE un collectif informel « Halte aux Expul-sions ». Ce collectif a agi au cours des années suivantes pour dénoncer unepolitique d'expulsions et de communication erronée par rapport aux réfu-gié.e.s cherchant protection et accueil sur notre territoire.

En 2015 un groupe de citoyen.ne.s toujours en veille et actif dans cecadre informel pour aider les migrant.e.s victimes d'une politique répres-sive, a décidé de s'organiser en association. Appelée RESF 23 en écho àl'association nationale Réseau Éducation Sans Frontière, cette association apour objectif d'aider les réfugié.e.s dans leurs démarches administratives,lorsqu'ils ou elles ne dépendent plus des services de l'État, mais ont encoredes droits juridiques.

Début 2018, suite à de très nombreuses OQTF (Obligation de quitter leterritoire français) envoyées à des personnes sans titre de séjour, présentesen Creuse depuis plusieurs années, beaucoup avec des enfants, bien inté-grées et désireuses de rester en Creuse, nous avons écrit une lettre ouverte àM. le Préfet pour nous élever contre ces mesures et décidé d'appeler à unrassemblement pacifique et ouvert à tous et toutes les jeudis à 18 heuresdevant la Préfecture.

Actuellement, en France, des cercles de silence sont organisés chaquesemaine dans environ 180 villes pour protester contre le sort fait aux réfu-gié.es. En écho à ce mouvement, nous nous mettons en cercle pour échan-ger des informations, chercher des solutions, faire part de nos colères.

Les rassemblements continuent pendant l' été.Les personnes souhaitant apporter une aide financière aux migrants.te.s

par le biais de l'association peuvent envoyer un chèque à l'ordre de RESF23adressé à Mme la présidente de RESF23, 16 Barbant, 23000 Saint-Laurent.Courriel RESF 23 : resfcreuse23@gmail. comTel : 06 01 48 94 14 ou 07 71 17 17 66 ou 05 55 41 04 39

RESF23Communique de pressedu lundi 23 juillet 2018

Un trou dans legril lage(suite)

Plus tard, nous apprendrons qu’aprèsavoir été molesté, puis menotté tout aulong du trajet Noredeen a été enfermé aucentre de rétention du Mesnil-Amelot, enrégion parisienne.

Au moment de le conduire à l’aéroport,le policier qui l’emmenait lui a demandés’ il désirait, ou non, partir en Italie. Dèsle début, Noredeen avait décidé de ne passe soustraire aux procédures, de ne pasfuir encore, mais d’affirmer son souhaitjusqu’au bout. Il a donc répondu par lanégative. Pour le moins curieusement, il aalors été relâché, livré à lui-même dans cecoin inconnu. S’en est suivie une périodeincertaine : serait-il ou non « en fuite »aux yeux de la loi ?

Grâce à ses soutiens, notamment juri-diques, la question a trouvé réponse lelundi 23 juillet au tribunal administratifde Limoges. La préfecture, c’est-à-dire lapréfète, y a fait savoir qu’elle renonçait àses poursuites et autorisait Noredeen àdemander l’asile en France.

Cet épilogue provisoire, en plus denous réjouir bien vivement pour Nordeenet ses proches, montre encore qu’il estutile et nécessaire de se rassembler faceau pouvoir, aujourd’hui comme demain.On reste pourtant sidéré devant ladébauche de moyens policiers, les souf-frances infligées, pour un résultat que lebonsens et un soupçon d’hospitalité,auraient suffi à produire.

Face à ces aberrations, les réponsescontinuent d’éclore. Un certain nombred’habitants, et notamment de conseillersmunicipaux de la Montagne limousinefont circuler une pétition sans ambiguïté.Son propos pourra s’étendre au départe-ment dans son ensemble, et au-delà, tantqu’il y aura du monde pour le porter. Ducoté d'Aubusson et de Felletin, les initia-tives déjà en place s’étoffent d’une pré-sence régulière sur le marché de Felletin,d’une assemblée (pas encore régulière)pour avancer sur la question de l’accueil,comme à Guéret où une manifestation estorganisée tous les jeudis devant la préfec-ture (cf. ci-contre). Trop souvent les évé-nements choquants cuisinent des soufflésqui retombent. Plus que la rage événemen-tielle, c’est bien le sens de l’hospitalité quidoit nous animer. L’hospitalité défenduedans son principe, pratiquée autant que pos-sible au jour le jour, avec ses difficultés, sesbonheurs. Son parfum d’un autre monde.

LES MÊMES

Cette affichette, publiée à la suite des événements du 9 juilleta largement circulé à Aubusson et Felletin.

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Creuse-Citron, n° 57 • 5

Tous unis contre les expulsions

Il n’y aura pas d’expulsionsur la Montagne Limousine !

Aussi loin que l’on puisse remonter, laMontagne limousine a été une terred’émigration, mais aussi une terre d’ac-cueil pour toutes sortes de migrants,d’exilés.

Voici quelques années que la « ques-tion migratoire » refait son apparition surles plateaux de la Montagne limousinesous un jour nouveau. Il y a trois à quatreans, des Centres d’accueil de demandeursd’asile (CADA) ont ouvert dans plusieurscommunes de la Montagne et de sa péri-phérie. Suite à l’expulsion militaire ducampement informel de migrants deCalais, qui réunissait près de 9 000 per-sonnes, s’y sont ajoutés, comme dans denombreuses campagnes françaises, lestrès mal nommés « Centres d’accueil etd’orientation » (CAO).

Dans les communes qui se portèrentalors candidates à accueillir de telscentres et dans les communes avoisi-nantes, des collectifs, des initiatives plusindividuelles ont fleuri pour organiserl’hospitalité et la solidarité avec ceux etcelles qui arrivaient sur notre territoiresans l’avoir choisi.

Des centaines d’habitants de la Mon-tagne se sont ainsi coordonnés, parfoisavec le soutien d’élus locaux, pour faireune place à ces nouveaux venus. Coursde français, activités diverses, repasconviviaux, transports ont été mis en

place par des collectifs d’habitants soli-daires. Puis, assez vite, avec l’ inéluctablearrivée des premiers « déboutés » dudroit d’asile et leur sortie des dispositifsd’accompagnement légaux, habitat, sub-sistance, assistance juridique et morale sesont improvisés, de la même manière.

Ce qui relevait des gestes les plussimples, les plus humains dans les pre-miers temps, s’est progressivement muéen une nécessaire organisation à la margede la légalité. Légalité qui ne laisse quepeu de place à l’expression d’une véri-table solidarité avec les exilés, voire quibien souvent la condamne, la poursuit.

Alors qu’une certaine mansuétudesemblait caractériser l’application de laloi dans notre région dans la périoderécente, un certain nombre de personnesdemandeuses d’asile et déboutées ontdécidé de rester, de s’ installer sur nosplateaux, dans nos communes pour leplus grand plaisir de la plupart des habi-tants, heureux d’accueillir et d’accompa-gner cette incontestable source devitalité, de joie et d’ouverture culturelle.Nous leur avons, de multiples manières,fait place dans nos vies, ils et elles enfont désormais partie intégrante. Il n’y aplus que des écarts d’ordre « légaux »entre eux, elles et nous.

Alors quand nous réalisons, ces der-nières semaines, qu’un tour de vis, annon-cé par le gouvernement depuis longtempssur la « politique d’accueil », produit sespremiers effets visibles sur nos amis, nous

ne pouvons réprimer plus longtempsnotre colère. Nous les avons accueillissans demander l’autorisation à personne,nous nous sommes organisés pour rendreleur vie ici possible même si nous nesommes pas encore parvenus à levertoutes les difficultés causées par leur sta-tut « légal ». Nous avons bien comprisque l’opération catastrophique de main-tien de l’ordre du 9 juillet 2018 à Felle-tin, en Creuse, valait comme unavertissement. Mais renvoyer, ou laisserrenvoyer, les gens qui ont tout fait pouren partir, dans des pays où ne lesattendent que persécutions, misère, tor-ture et mort, n’est toujours pas, pournous, un choix envisageable.

Nous, habitants et amis des diversescommunes de la Montagne et de sesalentours, avons donc décidé de répondreaux Obligations de quitter le territoirefrançais (OQTF), aux ordres de « recon-duite à la frontière », émis par les préfec-tures dont chacun de nos villagesdépendent, de la même façon que nousavons répondu à cette situation jusque-là.Nous n’en tiendrons aucun compte.Mieux, nous serons de celles et ceux quiferont tout pour qu’ils ne soient pas sui-vis d’effet. Il n’y aura pas d’expulsiond’exilés sur la Montagne limousine,qu’on se le dise !

Nous appelons tout le monde, partout,à faire de même, à exercer ce « devoir defraternité » dont de lointaines révolutionsnous ont laissé l’héritage.

Voici un texte produit par des habitants et amis de la Montagne limousine, dont de nombreux élus

locaux et figures intellectuelles ou artistiques locales, qui ont décidé de ne pas tenir compte des

Obligations de quitter le territoire français (OQTF) pour empêcher les expulsions des exilés qui ont

trouvé refuge sur ce territoire. « Nous appelons tout le monde, partout, à faire de même, à exercer ce

"devoir de fraternité" dont de lointaines révolutions nous ont laissé l’héritage. »

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LES CONTRADICTIONS FONT BON MÉNAGE

au sein du PPC2. Cela n’a rien d’éton-nant : pour faire accepter ce dernier, sespromoteurs s’appuient essentiellementsur le culte qu’une majeure partie de lapopulation voue au numérique, à la vieconnectée et aux machines. Cettecroyance quasi-religieuse en l’ immatéria-lité de l’ Internet, en la neutralité de latechnologie, permet d’ imposer, à priori,tous les projets nuisibles, possibles etinimaginables, au pays et à ses habitants.La formule magique la plus efficace pourtransformer le monde via l’ intercon-nexion de tout – territoires, villes, vil-lages, maisons, objets – et de tousrésidant dans ce préfixe : « smart3 ».On ne le répètera pourtant jamais

assez : la société numérique est unesociété où la consommation électrique esten constante augmentation. C’est doncune société nucléaire – même si les cen-trales sont ailleurs ; et en vérité, si l’uned’entre elles venait à lâcher, on compren-drait vite qu’elles sont ici – à laquelle ondoit surajouter une multitude de procédés(éoliens, photovoltaïques, géothermiques,hydrauliques, etc.) provoquant leurs nui-sances particulières, pour lui fournirl’énergie dont elle a besoin. Autrementdit, il faut beaucoup d’électricité pourfaire tourner le monde numérique et toutest bon qui en produit et/ou enconsomme pour celui qui la vend, peuimporte les conséquences. On verra plustard.

La volonté du groupe « transitionénergétique » d’atteindre « l’autonomieélectrique du département pour 2030, letout en énergie renouvelable » et« d’accompagner les collectivités pourfaire des économies d'énergie » est doncvaine. Ou ce genre de position relève-t-ilde l’hypocrisie ? La référente du groupe,Pauline Cazier, élue guérétoise, avouepourtant que « les bâtiments publics, laflotte de véhicules [électriques bien-sûr,n.d.a.] et l'éclairage public, tout celaconsomme énormément ». Pour couronnerle tout, un « projet de smart grid, unréseau électrique intelligent, [.. .] sur

lequel travaille déjà Bourganeuf» va êtreexpérimenté « pour être déployé dansd'autres communes creusoises4 ».

Pour « accentuer les conditions du bienvivre en Creuse », on va multiplier les an-tennes de téléphonie mobile en 4G, mettreen place une stratégie de « smart vil-lages » pour 50 communes, entreprendrela « modernisation de l'ancienne routeClermont-Limoges (RD 941) » sansoublier, tant qu’on y est, de l’intégrer au« réseau de routes intelligentes [qui] per-mettra de préparer le développement desvoitures autonomes5 ». Il faut aussi créer« des plans formations spécifiques »,comme la mise en place d’une filière nou-velles technologies liées au BTP au Lycéedes métiers du bâtiment de Felletin (bâti-ments connectés et « télé-pilotage » dedrones bien-sûr). On feint là d’ignorer quesi la Creuse a été jusqu’ici relativementpréservée, c’est parce qu’entre autre, lesvillages sont restés, en partie, des villages,que les maisons sont toujours des maisonset que des « zones blanches » sont pré-sentes un peu partout. Et s’il est préférablequ’aucune autoroute ne vienne moderniserle paysage, il faut aussi empêcher que levol des drones ne se mêle davantage àcelui des oiseaux.D’ailleurs, quand ce n’est pas explicite-

ment pour se déconnecter, pour décrocherde cette vie « moderne » qui transforme lemonde en « smart-planète », que des indi-vidus viennent « redonner un élan positifà la démographie du département », c’estsouvent par nécessité de santé, tant lesdégâts technologiques et environnemen-taux pourrissent littéralement la vie dequantité d’hominoïdes. Et c’est surtoutpour ça qu’Eric Correia et consorts ont pujouer les publicistes pour chanvre théra-peutique et voir leur projet retenu. JouanyChatoux avouait déjà se « faire la mainpour ne pas laisser le terrain àd’autres6 ». Ne faudrait-il pas, avant tout,dénoncer, et si possible supprimer, lescauses de tant de maladies environnemen-tales, plutôt que de développer ce quin’est, en fin de compte, qu’un palliatif auxpalliatifs que constituent les nombreuses

thérapies de la médecine moderne (chi-mio-thérapie, radio-thérapie, etc.) ? Au vude l’ensemble des projets contenus dans lePPC, ces messieurs peuvent être assurésd’une chose : les clients seront nombreux.

Enfin, on semble prendre en compte lesmérites des « circuits courts », bien que100 ha vont être sacrifiés, à proximité dela RN 145, à des acteurs de la grande dis-tribution, géants de l’Internet, telsqu’Alibaba et Amazon. Mais nous savonsdésormais que les circuits courts, habi-tuellement mis en place par certains pro-ducteurs, comme à Guéret, Boussac ouChambon-sur-Voueize par exemple, lesont sous forme de « drives », c’est-à-direvia des portails Internet… Ces fameuxcircuits, pas si courts, ne sont donc passans intermédiaires. Internet est enmajeure partie la propriété des GAFAM(Google, Apple, Facebook, Amazon,Microsoft). Il faut des serveurs gigan-tesques pour stocker les méga-données(big-data) et tout l’appareillage indispen-sable (ordinateurs, tablettes, smart-phones) pour se connecter. Et si quelquespratiques restent apparemment gratuites,comme l’utilisation de certains réseauxsociaux, sur Internet, « quand c’est gra-tuit, c’est vous le produit ».

La non-vie connectée et automatiséehyper-électrique n’est pas négociable. Lapossibilité, beaucoup plus simple, de nepas créer d’infrastructures énergivores –celles du plan le sont toutes – doit doncêtre ignorée et les territoires sacrifiés. Les« énergies renouvelables » auront inévita-blement de graves conséquences environ-nementales. L’éolien nécessite desquantités de terres rares et ses effets sur lepaysage seront très appréciés. Les techno-logies et énergies « propres » n’existentdécidément pas.Et le superficiel – Internet, bagnoles

électriques, drones, smart-phones – auradonc pour prix l’essentiel – pureté de l’airet de l’eau, nourriture saine, beauté dupaysage, silence et grands espaces.

ALAIN D.

Plan particulier pour la Creuse  :le début des hostilités

6 • Creuse-Citron, n° 57

Les propositions du Plan particulier pour la Creuse (PPC) ont été transmises à Matignon le 16 juillet. Lesprojets « seront lancés le plus rapidement possible dès la rentrée prochaine » pour créer un « effet de choc1 ».Malgré l’annonce de quelques projets retenus, les détails du plan ne sont pas divulgués. Ce type decommunication ne laisse rien envisager de bon.

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Creuse-Citron, n° 57 • 7

1 . La Montagne, 17 juillet 2018.2. Cf. Creuse-Citron, n° 56 : « Plan particulier

de la Creuse et hyper-ruralité : la campagne semeurt, la technocratie l’achève ».3. C’est-à-dire connecté, communicant. On

rencontre désormais ce terme partout : smart-city,smart-box, smart-village, smart-phone, etc. Bienqu’on le traduise habituellement par

« intelligent » (compteurs intelligents, maisonsintelligentes, voitures intelligentes, lunettesintelligentes, etc.), cette « intelligence » n’a rien avoir avec la faculté de discernement que recouvrele sens du mot français. Une plus juste traductionde l’anglais serait « futé » ou « malin ».D’ailleurs les anglophones s’en servent surtoutpour désigner le Renseignement (CIA : Central

Intelligence Agency), l’espionnage, de sorte quel’inconscient de la traduction trahit la fonction decontrôle et de surveillance de ces dispositifs.4. La Montagne, 5 juillet 2018.5. Cf. document « États généraux du PPC »,

22 juin 2018, sur http://www.creuse.gouv.fr etLa Montagne, 24 juillet 2018.6. La Montagne, 18 juin 2018.

Limousin «  Hors-contrôle  »LES OBLIGATIONS ET CONTRÔLES relatifs à la gestion administrative

par les normes agricoles posent beaucoup de problèmes dans lesfermes1. Quand tout sur terre tient sa légitimité de l’économie, que lespratiques paysannes et artisanales ancestrales ont disparu avec lessociétés dont elles étaient la respiration, à moins de posséder « un statutde dhimmis de la technoscience », « sous garantie des conventionsinternationales et label terroir premier2 », refuser de se plier, ou pluspathétiquement, tenter de se plier sans y parvenir, aux modes et direc-tives sans cesse changeantes de la production agro-industrielle, se payede sanctions extrêmement lourdes et violentes. En témoignent la mortde Jêrôme Laronze, abattu en Saône-et-Loire par des gendarmes, suiteau contrôle de sa ferme, le nombre croissant de suicides chez les agri-culteurs ou les sanctions encourues par les opposants au puçage élec-tronique3. Les questions soulevées par le collectif « hors-normes4 »,créé suite à la mort de Jérôme Laronze par des agriculteurs opposés àla bureaucratie agroalimentaire, suscitent donc un intérêt croissant. Denombreux groupes locaux se constituent partout en France et com-mencent à s’emparer de ces sujets.C’est dans cette optique qu’une cinquantaine de personnes se sont

réunies le dimanche 6 mai à la Renouée (Gentioux) pour discuter de cequ’il en est dans la région. Partant de témoignages d’éleveurs, maraî-chers, producteurs, mais aussi de personnes soucieuses de connaître lesréalités quotidiennes de ceux qui font encore, malgré tout, le bonheurde leur palais, de les écouter et de les soutenir en se défiant des inter-médiaires institutionnels (services sanitaires, syndicats agricoles, label-lisations, services de consommateurs, etc.), plusieurs perspectives ontété dégagées. D’abord, favoriser des moments d’échanges autour des

pratiques agricoles de chacun et autour des problèmes rencontrés parbeaucoup face à la bureaucratie. Rétablir une communication directe etsans tabous entre producteurs et consommateurs, en expliquant ce quise vit réellement sur les fermes, l’absurdité croissante engendrée par lamultiplication des normes sanitaires et les contrôles issus de cette nor-malisation à marche forcée. Être présent sur les marchés pour engagerle débat publiquement.Les prochaines rencontres nationales « Hors-normes » auront lieu

les 21 , 22 et 23 septembre dans le Puy-de-Dôme, dans un lieu quireste à déterminer. Une liste courriel a été créée pour informer etmobiliser dans le Limousin. Pour vous y inscrire, être informé desprochaines réunions et pour toute autre question, écrire àlimousinhorscontrole@riseup. net.

1 . Cf. IPNSn° 63 p. 16. Les auteurs ne semblent, en revanche, pas s’inquié-ter de cette norme absurde qu’est l’écriture « inclusive », abondamment utiliséedans l’article.2. René Riesel, Déclarations sur l’agriculture transgénique et ceux qui pré-

tendent s’y opposer, Éditions le L’Encyclopédie des Nuisances, 2001 , p. 49.Dhimmis : statut des juifs et des chrétiens de l’Islam.3. Cf. Creuse-Citron, n° 55. Mi-mars, la DDSCPP a enjoint les deux exploi-

tations tarnaises qui refusaient le puçage de leur troupeau de « se mettre enconformité avec la réglementation » sans quoi leur dossier administratifseraittransmis au procureur d’Albi. Les amendes encourues en cas de procès pour-raient aller jusqu’à 450 € par bête. Amultiplier par 50 chèvres ou 250 moutons.En attendant, tout mouvement des troupeaux, donc toute vente, a été interdit.4. Cf. Creuse-Citron, n° 54 et 55.

Montage effectué à partir d'une sérigraphie de MODESTE RICHARD, parue dans la revueHors-sol, n° 3.

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MERCREDI 10 JANVIER 2018, Jean-MichelBlanquer, ministre de l’Éducation natio-nale, met en place une nouvelle instancebaptisée Conseil scientifique de l’Éduca-tion nationale, avec, pour président,Stanislas Dehaene, directeur de l’unité deneurosciences cognitives à Neurospin –Centre européen d’imagerie par résonancemagnétique nucléaire (INSERM, CEA,INRIA) basé au centre du CEA à Saclay –professeur au Collège de France, chaire depsychologie cognitive expérimentale. Surles 21 membres, on compte six chercheursen sciences cognitives, trois philosophes,une linguiste, trois spécialistes du dévelop-pement de l’enfant, deux économistes,deux sociologues, deux spécialistes dessciences de l’éducation, un mathématicienet un informaticien. « Nous devons donnerà nos élèves des outils pour bien vivre dansce monde », déclare Jean-Michel Blanquer.Il s’agit de refonder l’éducation sur unebase rationnelle : « Nous allons tenter dedégager des facteurs qui ont prouvé leureffet bénéfique sur l’apprentissage desenfants », explique Stanislas Dehaene.« Ensuite, ce sera aux enseignants de s’enemparer pour les transformer en pédago-gies effectives. » « Notre propos n’est évi-demment pas d’évaluer les enseignants,mais de leur donner une idée précise desprogrès de chaque enfant, afin de les aiderà ajuster leur pédagogie. Toutes nosactions seront centrées sur l’enfant1 . »C’est comme condition du bonheur et del’épanouissement personnel qu’un individudoit avoir les moyens de trouver sa placedans la société qui l’a vu naître. Inverse-ment, la société étant nécessaire au biencommun, l’individu doit pouvoir s’yrendre utile : pour Ghislaine Dehaene-Lambertz, pédiatre, directrice de l’équipede neuro-imagerie du développement àNeurospin, épouse du président du Conseilscientifique de l’Éducation nationale, ils'agit « d’enseigner les connaissancesnécessaires au jeune humain pour être unadulte efficace dans sa société et saculture2 ». Autrement dit, il faut optimiserles enfants, comme s’il s’agissait demachines. Si le système éducatif françaisse donne pour but de former les futurscitoyens en leur enseignant « un soclecommun de connaissances, de compé-tences et de culture », c’est avant tout pourles adapter à la société telle qu’elle est, de

sorte qu’ils finissent par rechercher sponta-nément les buts mêmes de cette société.Excepté les possibilités d’action offertesdans et par le milieu technique, ils n’ontalors plus la possibilité de changer quoique ce soit par eux-mêmes.

L’éducation est devenue science del’éducation, même si pour quelques ensei-gnants encore, elle est aussi et surtout unart. Outre le fait que sous le nom descience se cache désormais le mariageforcé entre recherche scientifique etinnovation technique, cela implique quel’enseignement moderne ne doit plus avoirde but humaniste, il n’a qu’un but : fabri-quer des techniciens. Lorsque ces nou-velles méthodes d’éducation « centrées surl'enfant » assimilent ce dernier à unensemble de fonctions cognitives, ses rela-tions avec autrui sont envisagées commeune perte d'autonomie à laquelle il fautremédier par un dispositif technique (ordi-nateur pour mieux écrire, Ritaline pourl'hyperactivité, etc.) en lieu et place de l'ac-compagnement attentif d'un ou plusieursadultes. Mais si ces méthodes font déjàsentir leur influence dans les classes, c’estsurtout comme justification de l’équipe-ment massif des établissements scolairesen interfaces numériques. Dans cette his-toire, la victoire va à ceux qui empochentl’argent, et à la technique qui ne cesse degagner en puissance. Ces recherches elles-mêmes, aussi captivantes et ingénieusessoient-elles pour ceux qui les pratiquent,n’apportent finalement que peu de nou-velles connaissances sur l’esprit humain.D’un autre côté, ce peu de connaissancesnouvelles permet d’envisager des progrèsfulgurants dans les domaines de la propa-gande et de la manipulation des masses. Enimaginant que la collaboration des sciencesnumériques et cognitives puisse parvenir àmettre au point un système d’enseigne-ment efficace, ce ne sera pas l’enfant lui-même et pour lui-même qui sera formé,mais l’enfant dans la société et pour lasociété cybernétique3. On peut alorscraindre qu’advienne un équilibre socialnouveau où l’individu sera d’autant mieuxadapté que ses difficultés personnelles luiapparaîtront, non plus comme des réac-tions à un milieu de vie inhumain, maiscomme des défaillances qui lui sontpropres et auxquelles la collectivité se doit

de remédier. Le risque de déstabilisationsociale que peut provoquer l’insatisfactionserait alors écarté : ainsi formé, l’Hommese détourne de la recherche des causesréelles de ses misères jusqu’à les occultercomplètement. Dans le Code de l’éduca-tion, on peut lire que « l'enseignementmoral et civique vise notamment à amenerles élèves à devenir des citoyens respon-sables et libres4 ». Cette liberté consisteaujourd’hui en ce que l’enfant ressente lemoins possible le minutieux condi-tionnement qu’on lui inflige, et par lequelil finira par s’habituer à une obéissancealiénante dans la joie.

Ce Conseil est chargé de mettre à la dis-position des enseignants les « outils psy-chopédagogiques qui auront été validés »,et de transposer à la réalité du terrain lesrésultats d’études scientifiques « par desrecommandations explicites sur la manièrede conduire un cours5 ». Il est entendu quel’efficacité maximum, avec les profes-seurs, s’obtient lorsqu’ils sont convaincusd’exercer librement leur métier. Mis à partquelques exceptions6, ils se sont déjà vuimposer « sans broncher » le tout numé-rique dans leur classe – pour faire l’appel« en ligne », remplir le cahier de texte et lelivret scolaire « en ligne », communiqueravec les élèves, les parents d’élèves, lescollègues et la hiérarchie – et des pro-grammes versatiles où l’enseignement desavoirs et de savoirs-faire fondamentauxpour penser a laissé place à l’acquisition decompétences normalisées et régulièrementréadaptées aux besoins changeants de lasociété. Ceci est effectivement très com-mode pour le calcul de l’orientation desélèves et de leur future employabilité. Lavalidation des compétences par items adonc remplacé la notation chiffrée. Maispour refléter un tant soit peu le travail del’élève, cela nécessite de recourir à desprocessus automatisés tant les items sontnombreux (dans certains établissements,des professeurs scannent leur classe avecleur smartphone alors que les élèventbrandissent des QR Codes, d’autres récu-pèrent les fichiers audio enregistrés par lesenfants sur des baladeurs connectés mis àleur disposition car ils n’ont plus le tempsd’écouter les enfants réciter leurs leçons enclasse). La sélection opérée par lesconcours permet déjà d’éliminer une

Conseil scientifique de l’Éducation nationale  :la fabrique des enfants

8 • Creuse-Citron, n° 57

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bonne partie des candidats susceptibles dese montrer inaptes ou réfractaires à la miseen œuvre des procédures pédagogiques quileur seront communiquées, quand bienmême ils maîtriseraient parfaitement leurdiscipline et posséderaient toutes lesqualités humaines d’un bonprofesseur. Il est toujourstemps, ensuite, de leurfaire signer un contrat précaire,plus économique et d’autantplus commode qu’il peut êtrerompu à tout moment.Une récente enquêtemenée par le syndicatSud éducation révèleque, depuis la réformede la formation desprofesseurs de 2013,chaque année, de plusen plus de professeursstagiaires témoignentd’un sentiment d’in-justice et de la souf-france qu’ils doiventendurer pour obtenirleur titularisation.Beaucoup accusentleurs formateurs,tuteurs, inspecteurs ouchefs d’établissementde les humilier et d’êtrecruels. Certainsdénoncent égalementl’inutilité de cet accompagnement7. L’an-née de stage permet certes d’opérer unesélection plus fine, mais elle installe aussichez beaucoup de professeurs une certainedésillusion vis-à-vis du sens de leur travailqui s’accompagne parfois d’un véritabledégoût de l'institution et de ses attentes.Les réformateurs s’attellent donc à perfec-tionner cette formation en lui appliquant un

principe simple : « faire participer, c'estfaire accepter ». Par le développement deliens de plus en plus étroits entre la forma-tion des professeurs et la recherche ensciences humaines, le stagiaire se sentirapartie prenante des travaux de recherchedepuis le terrain d'expérimentation queconstitue la classe. Ainsi valorisé et intégréau processus d'innovation pédagogique

piloté par l'institution, peut-être nesera-t-il plus tenté d'en rejeter la

mainmise.

Le suivi de l’enfant par le livret scolairenumérique couplé au compte personneld’activité instauré par la récente loi « tra-

vail », censé prendre lerelais une fois la scola-rité terminée, permettraune surveillance et uncontrôle, discrets etefficaces, à toutes lesétapes de la vie(géographiquement,biologiquement,économiquement, etc.).La police, devenue elleaussi scientifique,connaîtra alors avecexactitude tout ce quilui sera nécessaire pourpouvoir contraindrechaque individu sansbrutalité. À ce jour,l’initiative individuellerisque encore, et enpermanence, d’échap-per aux prévisions del’intelligence artifi-cielle. Pour les cher-cheurs, il s’agit donc,et de perfectionner latechnique, et de sou-

mettre l’Homme à une nouvelle techniquetelle qu’il ne ressente plus les grippages dela précédente et qu’il n’ait plus d’initiativevis-à-vis d’elle. Voilà à quoi travaille cenouveau Conseil scientifique de l’Éduca-tion nationale.

NANCY

Creuse-Citron, n° 57 • 9

1. LeMonde Éducation, 9 janvier 2018.2. Programme de la conférence internationale inti-

tulée « Le rôle de l’expérimentation dans le domaineéducatif» organisée par le Conseil scientifique del’Éducation nationale au Collège de France le 1er

février 2018.3. Mot proposé en 1948 par le mathématicien

américain NorbertWiener pour désigner l’étude desprocessus de contrôle et de communication. Cettescience a « dès ses premiers développements exprimé

des velléités d’immixtion dans les affaires sociales etpolitiques et dans le gouvernement des hommes »,avec comme principal objectifde « suppléer aux fai-blesses humaines en créant une machine capable decontrôler, de prévoir et de gouverner » (CélineLafontaine, L’Empire cybernétique. De la machine àpenser à la pensée machine, Le Seuil, 2004 ; citédans L’Inventaire, n° 1, SarahGuillet, L’Horizonintellectuel de la cybernétique, 2014, p. 70).4. Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation

et de programmation pour la refondation de l'école dela République, consolidée le 28 juillet 2018,article 41.5. LeMonde Éducation, 9 janvier 2018.6. Voir par exemple l’Appel de Beauchastel contre

l’école numérique, 2015. Texte disponible surdemande àCreuse-Citron.7. Voir le communiqué de Sud Éducation Limou-

sin du 28 juin 2018 sur leur sitesolidaires87.org/sudeduclimousin/

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À part ça tout va bienBrèves anti-industrielles

TROUVÉ RÉCEMMENT DANS LE CAHIER D’EXERCICES de mon fils enCM2 : « Sur environ 5 400 espèces de mammifères, 25 % sontmenacées de disparition. Calcule le nombre d’espèces de mam-mifères menacées ».

On peut se demander quels genres d’adultes deviendront desenfants qui auront grandi dans un tel monde, où de telles pers-pectives et de tels raisonnements sont désormais si banals, siofficiels, à l’école et ailleurs.

Mais en fait, quels genre d’adultes sommes-nous déjà, nousqui pouvons lire dans le journal, apparemment paisiblement, lespromesses de disparition, d’ ici 20 ans au plus, des grands singes,nos si proches cousins, ou des éléphants, lions et autres tigres denos rêves d’enfance.

(Il faut bien de l’huile de palme pour le carburant et la pâte àtartiner. . .).

Maintenant, comment s’émouvoir pour quelques bêtes, quandce sont des êtres humains que la police de notre pays noie enmasse dans la Méditerranée ? (Je résume).

Pas étonnant, avec tout ça, qu’on ne soit pas très à l’aise pourélever nos gosses – quelle idée aussi de les avoir fait venir dansce charnier. C’est peut-être pour ça, en fait, qu’on a tant de mal àles regarder en face, à leur dire « non » ? Qu’on est si complai-sant par exemple à les voir plonger dans les arrières-mondesnumériques. La honte. Mais toute l’eau de l’océan ne suffiraitpas à laver une tache de sang intellectuelle.

&

À propos du numérique, on apprenait récemment (le 20 juin)que l’OMS vient de classer l’addiction aux jeux vidéos parmi lesmaladies mentales, aux côtés de la dépendance aux drogues chi-miques. Cela ne concernerait que 1 ,5 % des 2 milliards etquelques utilisateurs réguliers, sur notre belle planète. Pour les98,5 % restant, il n’y a aucune raison particulière de s’ inquiéter.

Loin d’être une mise en garde, ce classement a donc plutôt pourbut de nous rassurer : il y a une société et une culture saine etpleine d’avenir, et puis les fous de service, dont on va s’occuper.

&

La tâche de la critique n’est décidément pas facile par les tempsqui courent ; il est désormais bien difficile, par exemple, d’exa-gérer ou de caricaturer les nouvelles que l’on entend partout :comment faire pire, ou plus visible ?

Et puis, qu’a-t-on à proposer, concrètement, contre tout ça ?Pas grand-chose, et en tout cas rien qui soit à la hauteur. Seretrouver à répéter sans fin les mêmes évidences.

Cependant. Cependant, lorsqu’on constate la timidité intellec-tuelle et la paresse morale si communes, si omniprésentes…Quand je ne pourrai plus passer une semaine sans entendre uninconnu tenir des propos censés et tranchants sur le monde dans

lequel nous vivons… alors peut-être j ’arrêterai de me répéter ;peut-être j ’aurai mieux à faire. En attendant…

&

Pourquoi en sommes-nous toujours là ? Disons, dans des pro-portions variables : ne pas voir, ne pas comprendre (manquer demots ou de mémoire), se sentir résigné, se sentir impuissant, êtreindifférent (être lâche), être satisfait de tant d’avantages variés,haïr la vie et soi-même et prendre plaisir à les voir ainsi sacca-gés (à suivre).

&

Il faut se répéter, mais cela n’empêche pas de le faire bien, avecle plus de précision et de pertinence possible. Signalons deuxpublications récentes :

Pièces et main d’œuvre, Reproduction artificielle « pourtoutes » : le stade infantile du transhumanisme, juin 2018, bro-chure de 40 pages (disponible sur leur site ou sur demande àCreuse-citron) qui actualise et développe la critique contenuedans le livre d’Alexis Escudero, La Reproduction artificielle del’humain, paru en 2014 aux éditions du Monde à l’envers.

Hervé Krief, Internet ou le retour à la bougie, Quartz éditions,2018, 96 pages (disponible contre un chèque de 10 euros àl’ordre de l’association Quartz, à envoyer à MDA-BAL 28,1 5, rue Ramey 75018 Paris / tél. 01 42 58 67 50).

&

Un ami me relatait l’autre jour ses tentatives récentes de distri-bution de tracts, concernant diverses menaces imminentes surnotre environnement immédiat : imposition des compteursLinky, projet de mine d’or et de géothermie profonde, coupemassive des forêts, développement accéléré des éoliennesindustrielles…

Il constatait que si certaines de ces questions suscitaient par-fois l’ intérêt et la discussion, la grande majorité des personnesrencontrées ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas, entendre unecritique des éoliennes : « C’est trop compliqué, les gens qui sesoucient de l’évolution catastrophique de la situation ne peuventpas remettre en cause quelque chose qui est associé à l’écologie,qui leur apparaît comme une solution, ou la seule solution dis-ponible ».

La conversion massive des États et des industriels au discoursécologique, depuis quinze ou vingt ans, a été effectivement uneopération d’une redoutable efficacité, qui paralyse toujours lesvelléités de pensée critique. La propagande omniprésente faitdisparaître sous un fatras d’ images et de chiffres les plus simplesévidences.

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Qui a détruit, qui continue à détruire notre environnement immé-diat et « la planète » ? Qui prétend dans le même temps mener etimposer la lutte « contre le réchauffement climatique », « pour lapréservation de la nature et des espèces menacées », etc. ?

Ce sont les mêmes, et vous ne trouver pas ça… bizarre ?

C’est sans doute une erreur d’expliquer exclusivement par lapuissance de la propagande un tel aveuglement : si tout lemonde avale des mensonges aussi grossiers, si personne nesemble voir que le roi est nu, c’est aussi parce que la situationest telle que l’on a besoin de croire à tout cela. Il y a déjà dixans, des membres de l’Encyclopédie des nuisances avaientdéfini notre situation en ces termes : « l’ incarcération dans lasociété industrielle » (Jaime Semprun, René Riesel, Catastro-phisme, administration du désastre, et soumission durable,2008, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, disponibledans toutes les bonnes librairies).

Chacun se voit piégé, individuellement et collectivement,dans un système de dépendances et de contraintes dont il sembleimpossible de sortir.

Ce système marche de plus en plus mal, même selon sespropres critères. La société à laquelle nous appartenons se trouveface à une somme incroyable de contradictions et de problèmesinsolubles. De l’énergie aux matières premières en passant parl’eau potable ou les terres cultivables, toutes les « ressources »que dévore goulûment la société industrielle sont désormais me-nacées de raréfaction et, pour retarder l’échéance, la seule issueest de pousser toujours plus loin la dévastation du monde.

Le développement durable est évidemment une blague, ouplutôt une insulte à nos sens et à notre intelligence. Mais le ter-ritoire social et le territoire psychique sont tout autant au bordde la ruine. Par exemple ici même, dans l’Europe riche, sansparler des horreurs à ses portes, que va-t-on faire de tout ces

vieux, demain ou dans dix ans ? Qui va payer les hospices où ilssont condamnés à finir leurs jours ? Quelle brutalité inédite vaêtre mise en œuvre pour gérer le problème ?

Les invraisemblables bêtises que nous assène continuellementle Spectacle, par exemple sur les éoliennes, mais aussi bien surn’ importe quoi d’autre, continuent d’être gobées par la popula-tion, parce qu’il faut bien croire à quelque chose.

Devant la catastrophe qui progresse et la barbarie qui infuse,devant l’ impasse où nous nous trouvons – pour mieux diredevant cet effondrement sans fin qui se présente comme seuleperspective –, mieux vaut encore croire au Père Noël que defaire advenir à la conscience qu’il n’y a pas de solution, quetoutes les planches de salut qu’on nous présente sont pourries.

Les vieilles centrales vont bientôt exploser si elles continuentà fonctionner ; en construire de nouvelles, c’est repartir pour desdécennies de folie nucléaire – d’ailleurs personne ne veut payerles sommes faramineuses qui seraient nécessaires au renouvel-lement du parc ; le fossile va continuer d’aggraver et d’accélérerle bouleversement climatique, dont les conséquences com-mencent à être très visibles même ici ; le renouvelable vadétruire ce qui reste de campagnes un peu épargnées – il est detoute façon essentiellement décoratif : seulement 5 % de pro-duction électrique pour l’éolien, après quinze ans d’implanta-tions massives, et ne parlons même pas des ridiculesperformances du solaire. Bref, rien ne marche, tandis que laconsommation d’électricité continue de monter rapidement avectoutes ces saloperies électroniques. Eh bien nous aurons quandmême tout à la fois, et vive l’écologie !

Évidemment, il y aurait bien une solution – plus difficile quejamais –, mais à cela il n’est plus possible de penser, ou mêmeseulement de rêver, semble-t-il.

CÉDRIC

À celui qui est dans le doute

Tu dis :C'est la déroute dans notre camp.Les ténèbres s'épaississent. Les forces s'épuisent.Voilà, après tant d'années d'efforts,Où nous en sommes : en plus mauvaise posture qu'au début.

L' ennemi, lui, n'a jamais été aussi puissant.Il semble invincible et plein de ressources.

Des erreurs, nous en avons fait, ne le nions pas.

Nos rangs sont clairsemés.Notre langage se défend mal de la confusion,Et des mots qui étaient nôtres sont passés à l'ennemi.

Ce que nous avons dit, est-ce faux désormais,En partie ou totalement ?Sur qui encore compter ? Sommes-nous des laissés-pour-compte,Rejetés du fleuve de la vie ? Allons-nous rester en arrière,Sans comprendre personne et plus compris d'aucuns ?

Nous reste-t-il une chance ?

Que de questions tu poses ! N'attendsD'autre réponse que la tienne !

BERTOLT BRECHT, Poèmes de Svendborg, 1937

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12 • Creuse-Citron, n° 57

Le capitalisme réunit ceux qui l'aimenttout doucement sans faire de bruit

Alléluia ! Le grand soir. . .

Les lendemains qui chantent. . .

C'est la lutte finale et demain…

Depuis le temps, riches et

pauvres main dans la main.

La paix soit sur la terre.

L'égalité, la fraternité, la liberté

sont en marche !

MAIS SI ! Tenez, depuis que le capita-lisme existe, les riches très riches et lespauvres très pauvres sur un même pland'égalité, aucun ne paie d'impôts !Les pauvres très pauvres, large-ment majoritaires, ont consenti, parla grâce de leurs élus, à ce sacrificeafin que les riches très riches ne sesentent plus rejetés, conspués,meurtris et contraints à l'exil fiscalvers des terres inhospitalières.

Aujourd'hui les riches très richespeuvent, non seulement revenir sepavaner. . . Oups ! Les vieuxréflexes méprisants maintenantdépassés. . . Relancer la relance enoutre et, aussi, encourager leursamis riches très riches de partout àinvestir au pays enfin devenuparadis fiscal. Toutes les facilitéspour une intégration réussie aupays des droits de l'homme riche,très riche. D'autant plus que,maintenant que le micron élyséen aremis au goût du jour les chassesprésidentielles chères aux dicta-teurs du monde entier, il bichonnel'accueil des fortunés.

Qu'ils retapent une ruine, défis-calisation, puisque ils ont le bongoût de taper dans le monumenthistorique, et ça c'est gentil, avecquelques subventions du ministèrede la Culture pour faire bonnemasure, chacun a les ruines qu'ilmérite. Tiens, même une envie dedécorer gentiment son chez-lui, le richetrès riche bénéficie, là encore, de sérieuxabattements fiscaux puisque, ainsi, il par-ticipe au protectionnisme artistique de laFrance en tapant dans le tableau demaître ou dans l'art moderne très cher.

On peut rechigner, prétendre que toutesces mesures envers une classe socialeminoritaire se font au détriment du bien

commun, c'est vrai, mais bon, un hôpitalne vaudra jamais un Picasso ou unVermeer judicieusement placé dans unintérieur très chic et il faut bien que quel-qu'un s'occupe d'art, les pauvres trèspauvres s'en tamponnent le coquillard, aumieux se contentent de reproductions.Pourtant dans son gourbi un tableau demaître ça donnerait du cachet, mais non,penses-tu, ça ne se préoccupe que de sonquotidien médiocre ! Pourtant un jardinetdans un lotissement, une sculpturecontemporaine au milieu ça aurait duclinquant.

Le riche très riche fonde aussi, c'estfou ce besoin de partager, la fondationcaritative défiscalisée, ça plaît. Pas unecause qui ne soit récupérable et ça permetde taper du pognon sous forme de donsdéfiscalisés pour gaver la chose quiredistribue au privé le fruit de la quêtepromotionnelle du moment. Y a pas, pourque le monde tourne bien, il faut du richetrès riche.

Le capitalisme libéral c'est la pierreangulaire de la démocratie, sans ça c'estla corruption, le communisme et la dicta-ture. Ainsi il est de bon ton de comptabi-liser avec soin les morts attribués aucommunisme, alors que ça ne viendrait àl'idée de personne de le faire pour lesmorts dûs au capitalisme, c'est bien lapreuve que c'est mieux.

Le capitalisme qu'est-ce que c'est ?C'est l'inverse du communisme, les

goulags y sont remplacés par l'exclusion,la pauvreté, l'aliénation, les migrations, lasoumission par l'esclavage moderne. Le

capitalisme, c'est s'approprier lebien commun. Après avoir divisé lasurface de la planète façon puzzle,chaque pièce devenue État entourépar des frontières comme n'importequel lotissement banlieusard. Pro-priété privée défense d'entrée, soussurveillance électronique, attentionaux chiens.

Non content de s'approprier cesbiens communs, le capitalistetrouve légitime de détruire despièces du puzzle qui ne sont paschez lui, pour y creuser des trous,en puiser les substances pour lesrevendre très cher après avoir crééle besoin chez lui.

Le capitalisme avait un côté petit-bourgeois paternaliste, il était impé-ratif de trouver mieux, une idée deliberté, d'opportunité à saisir, si tuveux tu peux, ce nouveau concept estbaptisé libéralisme et, en effet,débarrassé des obligations rétro-grades du capitalisme à la papa, lelibéralisme ouvre à la compétition, laféroce concurrence d'où l'impi-toyable sort vainqueur. Tous lescoups sont non seulement permis,mais élevés au rang de bel art. Onen fait des livres et des films, et ouipuisque tout est vendable, la

morgue et l'arrogance devenus morales'exposent, plus les coups sont cyniquesplus ils doivent être montrés en exemple.

On évoque la loi de la jungle, faux,dans la jungle il y a des lois naturellesstrictes, or, là justement, plus de lois,sauf celles réservées aux Riens quis’agitent croyant encore à de vieilleschoses jaunies et dépassées.

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Creuse-Citron, n° 57 • 13

Le libéralisme, monde où rien n'estinterdit, s'accompagne de fort bétonnagepour y foutre des supermarchés, deslotissements, des villages de vacances,des pistes de ski ou d'aviation, que sais-jeencore, on peut détruire la nature parceque sa sauvegarde rapporte du pognon.

L'idée est simple : tout doit profiter etpour que ça marche, il faut faire en sorted'impliquer la totalité des individus.

Il y a ceux qui s'approprient des terres etqui s'arrogent le droit d'y déverser plein depoisons au nom du « je suis chez moi jefais ce que je veux et je t'emmerde », souscouvert de nourrir la planète alors qu'enréalité c'est mourir la planète pour jouersur les cours de la Bourse.

Là encore c'est gagnant, puisque, aprèsavoir dénoncé le scandale à la télévision,on convainc la majorité qu'il faut fairequelque chose et ce quelque chose passepar du pognon et le pognon il est où, paschez les actionnaires, chez toi le cul dansle canapé et maintenant que la télévisiont'as bien foutu la trouille, il faut te culpabi-liser afin que tu en viennes à trouver légi-time qu'il te soit demandé un effortfinancier pour remédier à tout ce gâchis.

Tu veux manger sain, on te flatte avecun nom fourre-tout, Bio, oui mais voilà, tule comprends bien, pour être noble, le biodoit être éthique, les primes et autres aidesdonnées aux gros éleveurs ou céréaliers,on ne va pas pervertir le bio avec, alors tuvas payer beaucoup plus cher avec defausses raisons, mais comme tu crois cequ'on te dit tu crois ça aussi, et ça permetde te fourguer du plus cher cultivé ouélevé avec les mêmes méthodes producti-vistes qu'avant mais estampillé, certifié,comme est certifié tout ce qu'il faut te faireavaler d'idéologie.

Même les déchets dont tu es convaincud'être l'auteur et que par ta faute la planèteest en danger alors tu dois payer et on tefait payer pour recycler ces déchets qui,une fois recyclés vont être revendus sousd'autres formes que tu vas finir par jeter etqui serons re-recyclées pour te les faireracheter indéfiniment.

C'est admirable non ?

Le système s'essouffle ! Il est fini !Rien de plus agaçant que d'entendre cessentences péremptoires qui dédouanentde toutes rebellions. La fin du capita-lisme est évidente, inutile de s'en préoc-cuper ? Ça ne marche plus leur truc !Alors, d'abord ça n'est pas leur truc, c'estnotre truc à tous. Prétendre le contraireest au mieux de l'inconscience au pire dufatalisme, c'est du domaine de l'obscu-rantisme, de la croyance et du renonce-ment. C'est grâce à cette allégeance

collective que le capitalisme a de beauxjours devant lui. Cette dépendance n'estpas le fruit du hasard, bien au contraire,c'est le résultat d'une propagande orches-trée depuis le début du siècle dernier parune habile manipulation des masses.

Le totalitarisme s'impose par la force,le capitalisme présentait un peu ce mêmedéfaut, or là, plus besoin du coup deforce puisque, par un jeu subtil, l’ idéolo-gie libérale parvient à retourner le plusgrand nombre à sa cause pour qu'il endevienne le vecteur enflammé. On entredans l'émotionnel, cet irrationnel cheraux sectes.

Le premier margoulin qui a infiltré leshautes sphères politiques pour en diffuserle principe était un certain EdwardBernays qui se donnait le titre deconseiller en relations publiques parceque le mot « propagande » diffusait unparfum de totalitarisme. Partant de là, enjouant sur l'émotionnel, il est assez facilede faire tout avaler, puisque ce sont lesmasses qui demandent et non plus à quil'on impose. Le libéralisme est par naturel'individualisme du « fais-toi toi-même, il n'ya que toi qui peut t'en sortir, n'attends rien del'État » et, paradoxalement, il cultive le« tous ensemble » quand il s'agit de sacri-fices à consentir. Plus le libéralisme cultivela mondialisation, plus il prône l'idée natio-naliste, il faut relever le pays, foutaise ! Il y atoujours des réfractaires, pour ces derniers lacarte de l'insécurité suffit à les marginaliseren les désignant comme des suppos dudésordre et du chaos.

L'ambiance globale ne tolère aucuneincartade, la personne qui n'adhère pasn'est qu'une brebis égarée qu'il fautcontraindre à retrouver le troupeau, sanscela l'ensemble vacille, d'où les violencesexercées à l'encontre de ces récalcitrants.Dans l'idéal il faut arriver à ce que toutesformes d'indisciplines soient condamnéespar la vindicte populaire, le rebelledevient pestiféré, donc nuisible à la com-munauté. En ne faisant pas comme toutle monde, je suis un danger pour lesautres. En étant pacifiste, je fais le jeudes ennemis de la patrie. En ne votantpas, j ’accélère la montée des extrêmes.En refusant les pollutions diverses etvariées, je prive d'emploi le plus grandnombre, c'est de l’égoïsme de nanti.

Il faut absolument, dans ce système depropagande populiste, que ceux quidoutent, qui réfléchissent autrement ets'accordent le droit de rejeter les dogmesimposés soient bannis, dégradés, refou-lés, emprisonnés parfois, humiliés tou-jours, car c'est eux qui rompent le charmeet mettent en danger la cohésion.

Pour revenir à cet idéologue étasunien,Bernays, ses ouvrages édités à travers lemonde firent le lit des discours galvani-seurs de masse du responsable de la pro-pagande nazie, un certain JosephGoebbels, avec le succès que l'on sait.Propagande nazie qui ira jusqu'à utiliserles mêmes outils qu'Edward Bernaysexploitait pour convaincre les jeunesRicains d'aller se faire trouer la paillasseen 1917 dans un conflit dont ils secontrefoutaient au préalable : le sport futmis à contribution avec ses gloires et leurpouvoir d'exacerbation nationaliste ; lecinéma et ses vedettes transformées enpropagandistes acharnés ; les arts plas-tiques et l'architecture afin d'idéaliserl'homme nouveau et le grandiose et enfinla promesse du plein-emploi. Tout cela auservice d'une société forte, unie derrièreune seule croyance personnifiée par unhomme providentiel et jupitérien*. PourGoebbels, ce fut Hitler ; plus près denous, je vous laisse deviner qui en est leplus emblématique doctrinaire accompli,le nommer ici m'écorcherait le clavier.

Parce que chez ces gens-là, Monsieur,on ne vit pas, on compte.. .

Bonne rentrée.GABAR

*Jupitérien : qui a un caractère impérieux,dominateur, qui gouverne sans partage.

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Simone Weil écrivait quela pire violence n’est pascelle qui tue mais celle quine tue pas encore et quel’on ne voit pas parce qu’elles’avance mas quée pour quel’on ne la dénonce pas (texteparu en 1941, l’Iliade ou lepoème de la force).

Un bel exemple de ce silencecomplice, celui qui entoure leprojet de loi Pénicaud «Libertéde choisir son avenir profession-nel», présenté le 27 avril 2018 :un dispositif pour réduire le chô-mage ou, comme le suggère l’heb-domadaire Politis, un arsenal demesures pour fliquer les chômeurs,enfoncer davantage une partie de lapopulation dans la précarité et per-mettre de faire baisser les exigencesdes demandeurs d’emploi déjà large-ment dégradées.

Petit rappel des faits : 2008, un Prési-dent de droite crée Pôle emploi qui adésormais la compétence pour radier leschômeurs. Plus tard et en catimini, unPrésident de gauche crée, au sein de Pôleemploi, les contrôleurs qui font monter lapression sur les chômeurs : la sanctionremplace l’accompagnement, la créationdes postes de contrôleur est souvent opéréepar un transfert de postes de conseillers.Radier un chômeur permet de faire baisser les chiffres du chô-mage, et puis les fantasmes ont la vie dure mais il est bon de lesentretenir : un chômeur, c’est un glandeur, il y a trop d’aidessociales, la France doit se remettre au travail, 500000 offres detravail sont non-pourvues, etc.Pendant plusieurs années tout a été fait pour créer un climat de

suspicion généralisée vis-à-vis des 5,9 millions de chômeurs.Aujourd’hui donc, lancer pour la ministre du Travail une loi pom-peusement intitulée «Avenir professionnel» – qui multiplie par 5le nombre des contrôleurs d’ici 2020 et introduit une nouvelleéchelle de sanctions, tout en proclamant qu’il s’agit d’améliorerl’accompagnement des demandeurs d’emploi – est un jeu d’enfant !

Cinq mesures parmi d’autres doiventêtre mises en place pour «une meilleureeffectivité des obligations liées à larecherche d’emploi» :1• Mise en place d’un carnet de bordnumérique expérimenté à partir de2019 dans deux régions. Il s’agirapour les chômeurs de détailler leursactes de recherche d’emploi tous lesmois. Actuellement, les chômeursdoivent actualiser leur statut chaquemois par téléphone ou en se rendantà l’agence Pôle emploi sans détail-ler leurs recherches.Cela risque d’être la doublepeine pour le demandeur d’em-ploi habitant une région reculée,pénalisé par la fermeture deslignes locales SNCF et éloignéd’Internet pour des raisonsdiverses. Existe maintenantune obligation d’utiliser l’ou-til informatique. «Ceux quiseront pris sont ceux quisouffrent déjà de la dématé-rialisation des démarches»d’après Daniel Mémain,conseiller Pôle emploi etporte-parole du syndicatSolidaire Sud-Emploi.Cette dématérialisation

peut avoir des conséquencesgraves. L’inscription se fait désormais en ligne ;

oublier de cocher une case peut engendrer une baisse des allocations.2• Augmentation du nombre des contrôleurs : 1 000 en 2020, de

200 à 600 jusqu’à la fin de l’année. Pourtant, selon Pôle emploi,le renforcement des sanctions a produit des résultats limités :depuis 2015, seuls 14% de demandeurs d’emploi ne pouvantprouver une recherche active ont été sanctionnés. Rose-MariePéchallat, conseillère retraitée et animatrice du forum en lignewww.recours-radiation.fr, explique que les 2/3 des contrôles sefont sur les « secteurs en tension […], là où plus personne ne veutaller parce que les employeurs ne payent pas les heures effectuéesou maintiennent des conditions de travail abominables».3• La hiérarchie des sanctions inversée : cette mesure est pré-

sentée comme une avancée car elle rétablirait une certaine justice.Les radiations pour absence lors d’un rendez-vous à Pôle emploi

Fliquer les chômeursLes journaux ont discouru à tire-larigot sur la violence inadmissible en démocratie de certain·e·s dansles récentes manifestations. Mais qui évoque cette autre violence qui s’exerce de plus en plus sur nous :la violence d’État ?

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ne seraient plus sanctionnées que de quinze jours de radiation aulieu de deux mois actuellement.Mais les radiations pour insuffisance de recherche d’emploi

seraient allongées : un mois au premier manquement (avec la pos-sibilité de récupérer les allocations à la fin de la période de chô-mage), deux mois au deuxième manquement (sans possibilité derécupérer les allocations), quatre mois au troisième manquement(sans possibilité de récupérer les allocations). Un manquementcorrespond à deux refus d’une offre « raisonnable » d’emploi, unrefus d’actualiser ou d’élaborer son profil à Pôle emploi, derépondre à une convocation, de se soumettre à une visite médi-cale, d’accepter une proposition de contrat d’apprentissage, decontrat aidé, ou encore l’impossibilité de justifier d’une rechercheeffective d’emploi.L’offre raisonnable d’emploi était jusqu’à présent définie par le

Code du travail : pour un chômeur en recherche depuis moins detrois mois, c’était un emploi compatible avec les compétences etles qualifications professionnelles du demandeur, et rémunéré95% du salaire antérieurement perçu, puis 85% après six mois et,après une année, au moins à la hauteur de l’allocation chômageperçue.Désormais cette offre raisonnable sera définie en «co-construc-

tion» entre le conseiller et le chômeur, elle devait même êtrevariable en fonction du bassin d’emploi. Il aurait été plus simplede faire accepter un emploi précaire de six mois à un chômeurdans une région offrant peu de contrats à durée déterminée. Laproposition a été heureusement retoquée par le Conseil d’État.

Pôle emploi aura les pleins pouvoirs en matière de contrôle,alors que c’est lui qui distribue les allocations et que les sanctionsvont être alourdies : un mois de radiation et une partie des droitscoupés après le deuxième refus d’une offre raisonnable, jusqu’àdeux mois et même quatre mois pour un deuxième ou troisièmemanquement. Des sanctions pourront être également appliquéespour un refus de visite médicale ou de formation. Un conseillerrésume les nouvelles dispositions ainsi : «Nous serons desmachines d’enregistrement dont la mission sera d’amener lesdemandeurs vers des offres qui ne leur correspondent pas forcément. »

Dans l’hebdomadaire Politis, une chômeuse de 58 ans s’ex-prime : «Une offre d’emploi décente, c’est un travail qui permetde payer ses factures, de remplir son frigo et de nourrir sesenfants… sur le site de Pôle emploi, il y a des CDI à soixante-dixheures mensuelles maximum. Qui peut vivre avec ça?»

Le but proclamé de la réforme était, selon l’annonce officielle,une «meilleure effectivité des obligations liées à la recherched’emploi», mais ce jargon technocratique cache son but réel quiest tout simplement d’accentuer la répression et le contrôle pouréduquer à l’employabilité précaire au service du marché et del’austérité.

ANNIE

Le foot, c’est bath

En cette période de « conformisme généralisé », pour reprendrel’expression de Cornelius Castoriadis, la pensée critique a de plusen plus de difficultés non seulement à se formuler mais aussi à sefaire connaître. La critique radicale du sport – du football en par-ticulier, devenu une quasi-religion en France durant ces vingt der-nières années – subit une forme d’ostracisation et de censure àtous les niveaux. Être anti-foot, contre le foot, critique du foot,opposé au foot et tout simplement ne pas « être football » revientà commettre un délit de blasphème !

Nous venons de subir le Mondial 2018 et le football partoutorchestré de main de maître par Vladimir Poutine et la FIFA com-plice. Afin de mieux cerner les tendances totalitaires du football,le nouveau numéro de la revue Quel Sport ? a porté ses effortsd’analyse sur le système d’investissement pulsionnel du football.Grâce à des approches philosophiques, sociologiques, psychanaly-tiques et politiques réalisées par des auteurs comme ChristianGodin, Robert Redeker, Claude Javeau, Jean-Marie Brohm, etc.,mais aussi Vladimir Jankélévitch, Louis-Vincent Thomas ouJacques Ellul (republication de textes introuvables), il s’agit decerner les dimensions fascistoïdes du football-spectacle de compé-tition.La lutte à la fois théorique et politique contre l’aliénation spor-

tive continue, soyez à nos côtés !

Ce numéro est en librairie et en vente sur commande via le sitede Quel Sport ? http://www.quelsport.org/

F. O.

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Esclavage : première mondialisation

Une série documentaire à la télévision– qui sortira en DVD et un livre – nousoffre un nouvel éclairage sur l’esclavageen oubliant la question morale pourmettre l’accent sur la logique écono-mique du processus : 25 millions depersonnes déportées pour le profit etrien d’autre.

L’histoire de l’esclavage a donnélieu jusqu’à présent à beaucoup derécits portant sur la violence de la traitetransatlantique, des bateaux négriersaux champs de coton, mais la série télé-visée ainsi que le livre de l’historiennede l’Afrique, Catherine Coquery-Vidro-vitch, nous offrent une synthèse histo-rique éclairant d’une manière inéditeles liens entre traites, capitalisme etcolonialisme.

Fanny Glissant descendante d’es-clave et co-réalisatrice de la série écrit :«On peut dire à propos de la traitetransatlantique qu’il s’agit des racinesdu capitalisme. Avec cette traite semettent en place le système bancaire etassurantiel, l’économie financiarisée.Ce qui nous intéressait c’était de donner à voir les infrastructures del’esclavage…»

Livre et série vont également contrequelques idées reçues : ce n’est pas leracisme qui a précédé l’esclavage maisl’inverse. Le racisme est venu légitimerun système déjà établi pour une logiqueéconomique, les captifs des bateauxdeviennent des «Noirs », inférieurs,que le «Blanc» peut dominer.

Quant aux abolitionnistes de toutpoil, leurs nobles intentions n’étaientpas toujours sans arrière-pensées mer-cantiles.

Au moment de l’abolition au XIXesiècle, les planteurs ont été largement

indemnisés pour la perte de leur bien :« les esclaves libérés». L’historiennenous apprend que les compensationsversées aux propriétaires britanniqueséquivalent les sommes dépensées en2008 pour sauver le système bancaireoutre-Manche ! Cet argent financera en partie la première révolution industrielle.

Les auteursévitent égalementtout point de vueethnocentré enfaisant appel à 40historiens venusde tous les conti-nents et n’oublientpas de le rappeleren dépassant lescatégories : Noirs,Blancs qui ne ren-dent pas comptede la complexitédu sujet. Ainsi lerecteur de l’uni-versité de Dakarsouligne que lessociétés africainessont elles aussih i é r a r ch i s é e s ,qu’il existe en leursein des systèmesde domination etde dépendance et qu’au XVIe siècle aris-tocratie noire et aristocratie blancheagissaient main dans la main pourfavoriser le commerce des esclaves.

On enseigne peu l’histoire del’Afrique et de l’esclavage, on pourradonc combler un manque en lisant ouregardant livre et série car les violencesd’hier ne sont pas sans rapport aveccelles d’aujourd’hui, ainsi les discrimi-nations raciales persistent en Amérique

et peut-on voir dans la loi, votée enmars 2018, dans l’État «sudiste» duMississipi, qui restreint l’accès à l’avor-tement, comme un rappel inconscientdu droit du propriétaire d’esclaves àdisposer du ventre des femmes pours’enrichir…

SAGNA

______________

• Catherine Coquery-Vidrovitch, LesRoutes de l’esclavage Histoire detraites africaines VI-XXe siècle, AlbinMichel, 2018.

• Daniel Cattier, Jean Gelas et FannyGlissant, Les Routes de l’esclavage,film documentaire en 4 épisodes,Compagnie des Phares et Balises-ArteÉditions, 2018.

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Creuse-Citron, n° 57 • 17

«Vous voulez nous commémorer, c’est-à-dire nous enterrer.Mais vous perdez votre temps. Nous sommes toujoursvivants. La révolte de mai refleurira. Comment pouvez-vousimaginer que les gens se satisferont longtemps de cette exis-tence étriquée, de cette vie au rabais où il convient de tra-vailler, consommer et se divertir selon vos règles, selon vosordres et surtout vos profits? La vraie vie, c’est autrechose. » DENIS LANGLOIS

RÉVOLLUTION, J’ÉCRIS TON NOM AVEC DEUX AILES

«Notre révolte visait à devenir une révolution. On lui acoupé les ailes, mais ça repousse les ailes et ça permet devoler encore plus haut, là où il n’y a plus de classes sociales.Un jour la roue va s’arrêter sur la case Révolution. Vospolices, vos armées, vos tribunaux, vos prisons n’y pourrontrien. Un jour nous réaliserons l’espoir de Mai. » DENIS LAN-GLOIS.

Antimilitariste, emprisonné à Fresnes pour refus du ser-vice militaire en 1966, avocat après 1968 dans les affaires dedroits de l’Homme, il est notamment l’auteur des Dossiersnoirs de la police française, des Dossiers noirs de la justicefrançaise et du Guide du citoyen face à la police.

Rappelant le slogan «Cours camarade, le vieux mondeest derrière toi», il fustige les icônes défraîchies ralliées ausocial-libéralisme, tels Cohn Bendit et Alain Geismar qui jus-tifient dans la revue Socio leur soutien à Macron, celui qui,pour eux, permet enfin «d’entrer dans la modernité cultu-relle et sociale amorcée en mai 1968»: « Ils sont les dignesreprésentants de ce vieux monde fait d’injustices sociales,d’inégalités et de guerres.»

Dans son dernier livre Et si la révolution était possible,gardant espoir, il propose des pistes à suivre et les erreurs àne pas commettre.

LE VENT A ÉTÉ INVENTÉ POUR FAIRE FLOTTER LES DRAPEAUXROUGES ET NOIRS

Rappelant que la fin est toujours dans les moyens, il affirme:«Pas de leaders, de dirigeants, de chefs grands ou petits,d’appareils soucieux d’assurer leur pouvoir. Débarrassons-nous de la théorie marxiste et élitiste des avant-gardes gui-dant le peuple ! Un mouvement révolutionnaire doit êtrel’affaire de tous et non la propriété d’un petit noyau de pro-fessionnels. On ne peut faire le bonheur des gens sans eux oumalgré eux. »

Donc, pas question de s’en remettre à un parti, structurehiérarchique avec secrétaire général, porte-parole et comitécentral : «Chassons l’esprit de parti et donnons-nous del’ampleur, de l’oxygène en créant un mouvement révolution-naire. » Pour éviter l’apparition de leaders, il faut pratiquerune large rotation des tâches, désigner des délégués ayant un

mandat précis, limité dans le temps et pouvant être révoqués,plutôt que des permanents risquant de constituer unebureaucratie. Il faut rompre avec cette société qui nouséduque avec des valeurs injustes et inégalitaires et fait debeaucoup «des obéissants et des admirateurs»: Ni dieu, niCésar, ni tribun !

NE LAISSEZ PAS LA SOCIÉTÉDANS L’ÉTAT OÙ VOUS L’AVEZ TROUVÉE

Denis Langlois s’interroge : «Comment les individus peu-vent-ils prendre conscience de leur conditionnement?» Aulendemain de 1968, le réalisateur suisse Alain Tanner amor-çait une réponse à travers un personnage de son film Charlesmort ou vif : «Rien ne s’arrangera jamais tant que tu neseras pas capable de voir le présent avec les yeux de l’avenir.Il faut partir d’une exigence absolue, même si elle peutparaître lointaine et à partir d’elle regarder ce qui est possi-ble, mais pas pour rafistoler les bouts de ficelle à la petitesemaine, pour accommoder le sordide présent, comme n’im-porte quel politicien de centre gauche. »

Il rejoint ainsi Denis Langlois : «Le but n’est pas celui despartis de gauche, repeindre en rose bonbon ou en vert pas-tel la cage, mais la détruire. » Le pouvoir, comme le contre-pouvoir, «est une force qui corrompt et broie tout dans sestenailles». Il faut agir ici et maintenant «en refusant lesparadis fallacieux des religions, du marxisme et de la sociétéactuelle»: actions collectives non-violentes, grèves, paralysied’Internet, de la vidéo surveillance, occupations d’usi nes, debâtiments administratifs, barrages de routes…

Il appelle à l’abstention révolutionnaire : «Pas questionde participer aux élections, de soutenir des candidatscontestataires, de voter pour le moins mauvais. La droite,l’extrême droite et ceux qui se prétendent de gauche sont desfrères siamois ayant en commun la défense des hiérarchiessociales et le soutien aux puissances économiques et finan-cières. »

Il s’adresse à ceux qui s’investissent dans le mouvementqui, pour lui, ne sont pas des militants (terme qui vient demiles = soldat), mais des fédérés révolutionnaires :

« Fédérés de tous les pays, Unissons-nous ! »

ÉLAN NOIR

Nota : Les titres de ce texte sont extraits d’un autre livre de Denis

Langlois, Slogans pour les prochaines révolutions, éditionsSCUP. Pour en savoir plus, Denis Langlois, Et si la révolutionétait possible, voir le site http://mai-68-revolution-possi -ble.fr/

Et si la revolutionetait possible�

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Usine à pellets de Bugeat (Corrèze)Communiqué suite aux rencontres de la Montagne limousine du 23 au 29 juil let

De la Montagne limousine et partout en FrancePhase 1 du plan Vigie-pellet

Nous nous sommes réunis aux Rencontres de la forêt qui se sonttenues cette semaine sur le Plateau de Millevaches pour affronterces mêmes constats :

- Les forêts diversifiées sont de plus en plus transformées enplantations industrielles.

- Les nouvelles politiques du gouvernement montrent unevolonté de privatiser la gestion des forêts publiques et d’en fairedes usines à bois.

- Le développement intensif des centrales à biomasse n’est enrien une alternative énergétique, il constitue plutôt une promessed’épuisement rapide des ressources en bois.

Ici, au cœur de la Montagne limousine, nous sommes venu-e-sde partout en France pour partager et coordonner nos résistances àcette prédation forestière. Nous nous sommes rendu compte quedans chacune de nos luttes, nous faisons face à une même logiquede profit au détriment du territoire et de ses habitants.

Localement, cette logique se nomme CIBV : encore une his-toire de patron à l’affût des aides et des politiques de greenwa-shing, encore des plaquettes de pubs à coups de « produits

bio-sourcés », encore des promesses de coupesrases et de stérilisation des sols, encore duchantage à l’emploi. . . et toujours les forêts quitrinquent, en l’occurrence dans un rayon de80 km, sur un territoire déjà largement affectépar une pratique sylvicole industrielle.

Par la vigie que nous bâtissons ce dimanche 29 juillet 2018 enbordure du site prévu pour l’ implantation de l’usine à pelletstorréfiés CIBV, nous affirmons notre détermination à faire cequ’il faudra pour que ce projet ne voie jamais le jour. Nous noustenons prêts en cas de début des travaux, tout comme nous res-tons attentifs à toutes les menaces que les politiques forestièresactuelles font peser sur le vivant.

Nous nous retrouverons lors de la Marche pour la forêt quicommencera le 1 5 septembre pour converger le 25 octobre dansla forêt de Tronçais dans l'Allier. Nous invitons tout un chacun ànous y rejoindre.

Premiers signataires : Adret-Morvan / Anor Environnement / SNUPFEN-Solidaires / Des membres du Réseau pour les Alternatives Forestières /Des membres du collectifSOS Forêt / CollectifBiomasse Critique / Col-lectifAbrakadabois (Notre-Dame-des-Landes) / M. Benard (CGT Forêt).

Abonnement à Creuse-CitronLes frais d’envoi sont de 1 ,5 € par numéro. Creuse-Citron étant à prix libre, vous pouvez ajouter ce que vousvoulez, sachant que le coût de fabrication d’un numéro est de 50 cts.□ 4 numéros (1 an) = 6 € (frais d'envoi) + . . . (prix libre)□ 8 numéros (2 ans) = 12 € (frais d'envoi) + . . . (prix libre)Indiquez le nombre de numéros que vous désirez recevoir, libellez votre chèque à l’ordre de Citron Libre.Adressez-le à Creuse-Citron, BP 2, 23 000 Sainte-Feyre.

Notre-Dame-des-Landes : un bref état des lieux

LES BRUTALITÉS MILITAIREs du printempsont donné lieu à des blessés par centaines,à des ravages rares. Pour leur participa-tion à la résistance, plusieurs personnesont écopé de peines de prison ferme. Denombreux lieux de vie ont été détruits.

Aujourd’hui, que reste-t-il de la ZAD,et quels sont ses espoirs ?

Les conventions agricoles signées enpréfecture couvrent la majeure partie desterres travaillées par le mouvement d’oc-cupation, et des dizaines de lieux de vie,pas forcément agricoles. Mais ceux quin’ont pas voulu négocier dans les mêmestermes l’ont payé cher : leurs habitationsont été rasées, et si peu défendues…

Ces conventions seront renégociéesavec la Chambre d’agriculture dès le moisd’octobre et les grosses exploitations voi-sines, qui ont déjà récupéré une partie des

terres, sont gourmandes encore… Des ten-sions, des pratiques douteuses, des conflitslongtemps souterrains se sont révélés ceprintemps et il est difficile de savoirquelles traces en resteront sur place.

En attendant, la vie continue. Les tra-vaux des champs, les constructions, lamise en commun. Avec ceux et celles quisont restées, celles et ceux qui arriventmaintenant.

Pour finir, et en attendant un articleplus détaillé dans le prochain journal,deux rendez-vous sont donnés d’ici l’au-tomne. Du 27 août au 2 septembre : laSemaine intergalactique (rencontres entreterritoires en batailles et en quête d’auto-nomie). Et les 29 et 30 septembre, ungrand rassemblement de soutien pourl’avenir de la ZAD. Il y a beaucoup àdéfendre encore, à clarifier aussi, et

beaucoup à désobéir pour que ce bout debocage, tant malmené au printemps der-nier, demeure un pays à part.

DAVID

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Jeudi 9 août 20h30 : Une branche en travers du chemin. Filmd’Étienne Decle et Catherine Bouteron, 55 mn, en présence du réali-sateur. Tourné en 2016 et 2017, il fait parler des éleveurs des Alpesdu Sud, Nous sommes partis d'un constat : le loup est là – d'unecertitude, il est là pour longtemps – et d'une conviction forgée dansl'expérience d'autres pays : une cohabitation est possible, mais ilnous reste encore à voir comment. C'est à l'étude de cette questiondu « comment ? » que se consacre ce film.Vendredi 10 août 20h30 : Bœuftrad. Session de musiquetraditionnelle ouverte aux instrumentistes et chanteurs partageurs detous poils. Chacun est le bienvenu avec son instrument, sa voix ouses oreilles, pour partager un moment chaleureux.Samedi 11 août 20h30 : Jane is beautiful. Chanson-folk-instrumental pour voix et cordes. Armande Ferry Wilczek (voix,guitare, violoncelle) et Madeline Ardouin (voix, ukulélé, violon).Jeudi 16 août 19-21h : Le bar est ouvert.Vendredi 17 août 20h30 : Mo. Musique sud-américaine.Marco Grancelli (voix, guitare, cuatro vénézuélien) et María Cabral(voix, maracas, cuatro vénézuélien).Samedi 18 août 19h : Vernissage de l’exposition LesPhantomatiques de Nuax Ov.20h30 : Qui d'or dîne. Contes par Fabien Delorme.Dimanche 19 août 17h : YouK trio. Bal folk.Jeudi 23 août 20h : Réunion mensuelle des bénévoles.Vendredi 24 août 20h30 : Swing time trio. Trio swing jazz.Léonard Zandstra (violon, chant), Robert Lequitte (guitare), WilliamBoulestin (contrebasse, chant).Samedi 25 août 20h30 : Fab Zoreil. Chant et guitare.Mercredi 29 août 15h30 : Balade contée avec Sophie Verdier etHélène Beuvin. Durée 2 heures (une heure de marche, une heured'histoires). Contes en balade pour toute la famille dès 7 ans.Réservation conseillée.

Jeudi 30août 20h30. Christian Pierron et Véronique de MiomandreConte et chanson.Vendredi 31 août 20h30 : J’y ai tout’ chanté la chanson ! TrioEuphrasie : Solange Panis, Margaux Pasquet et Élodie Suarez.Samedi 1er septembre 20h30 : Toboggans poétiques. Un cirquejubilatoire autour de la langue.Jeudi 6 septembre 19-21h : Le bar est ouvert.Vendredi 7 septembre 20h30 : Passage des heures, de FernandoPessoa. Théâtre. Avec Marie Lopes, comédienne, Raul CortesCastañeda, sculpteur, peintre.Samedi 8 septembre 20h30 : Gnagnagna. Chant, accordéon.Dimanche 9 septembre 9h45-18h : Atelier de pratique du chantpolyphonique.Jeudi 13 septembre 20h30 : Actualité des projets nuisibles enCreuse. Soirée-débat proposée par Stopmines23 et Creuse-Citron.Vendredi 14 septembre 20h30 : Sac à malice. Scène ouverte.Samedi 15 septembre 19h : Vernissage de l'exposition des béné-voles Mon truc en plume.20h30 : Rien de neuf, de et par Monique Burg. Conte.

Semaine poésie du 19 au 22 septembre

Mercredi 19 septembre 15h30 : Atelier d'écriture pour petits etgrands.Jeudi 20 septembre 20h30 : Cabaret poésie. Une soirée en poésie,proposée par Arnaud Gosselin et Xuan Vo.Vendredi 21 septembre 20h30 : Humeur(s) poétique(s) . ArnaudGosselin et une musicienne invitée surprise.Samedi 22 septembre 20h30 : Machine à coudre et Parapluie.Tentative de créer un espace-temps poétique. Yukiko Murata (danse)et Sandrine Gniady (mots)Jeudi 27 septembre 20h : Réunion mensuelle des bénévoles.Vendredi 28 septembre 20h30 : Gaël Villepoux. Récital de guitare.Samedi 29 septembre 20h30 : Flora Tristan. Lecture par SylvieLebrat.

AriègeFestival Stop-mines

et coordination des luttesSamedi 25 et dimanche 26 aoûtà Salau (commune de Couflens)

Samedi, à partir de 14 h, tables rondes sur l’extractionminière (techniques, mines vertes, rentabil ité économique),pendant et après mines (impact santé, social etenvironnement). 21 h, concert.Dimanche : le matin, rando et conférence gesticulée ;l ’après-midi table ronde sur les oppositions à l’extractionminière dans le monde, suivie du film documentaire « LaTerre sous nos pieds ». En fin de journée, apéro-trad.Restauration sur place.

stopminesalau.com

DEMANDEZ Le Programme !

Au Fabuleux Destincafé-spectacle à la p'tite semaine

6, rue Cerclier, quartier du Petit-Saint-Jean à Aubussondu jeudi au samedi à partir de 19 heures, spectacle à 20 h 30

Les jeudis, le bar est ouvert de 19 à 21 heures : boissons, soupe, tartines, prêt de livres. . . Profitez-en pour visiter les exposi-

tions. Jusqu'au 17 août, les collages de Brigitte Baudère ; du 18 août au 14 septembre « Les Phantomatiques » de Nuax Ov ; à par-tir du 15 septembre « Mon truc en plume », expo des bénévoles du Fabuleux Destin.

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Où trouverCreuse-Citron ?

Aubusson  : Librairie La Licorne, 42, Grande-RueAu Fabuleux destin café-spectacle, rue CerclierÉpicerie bio Ethiquête, 96, Grande-RuePresse d'Aubusson, 31 , Grande-RueLibrairie d'occasion Au Petit Bonheur, 4, rue VaveixBénévent l'Abbaye : Bar Le Père tranquilleBourganeuf : Maison de la presseBoussac bourg : Ferme ChauveixBussière-Dunoise : Bar-coiffeur PignautChambon-sur-Voueize : Bar Le bistrot d'autrefoisChampagnat / St-Domet : Étang de la NauteColondannes : Auberge du prieuréDun-le-Palestel : Librairie Feugère, 1 , rue des SabotsÉvaux-les-bains : Bar-tabac Le RallyeCinéma Alpha

Eymoutiers : Librairie Passe-TempsRessourcerie Le Monde allant versCafé des enfantsFelletin : Bar-tabac Le TroubadourRessourcerie Court-circuitSur le marché Boulangerie Perrine GarreauGargilesse-Dampierre : Auberge de la ChaumeretteGuéret :Coop des champs, rue de LavilatteBar de la Poste, rue MartinetLibrairie Les Belles Images, rue É.-FranceLibrairie Au fil des pages, place du MarchéBar-tabac Le Bolly, 2, rue Maurice-Roll inatJarnages : L'Alzire, café hôtel restaurantLa-Jonchère-St-Maurice : Le Radeau actifLa Souterraine : Le Panier du coinLimoges : Librairie Page et Plume, pl. de la Motte

Undersounds, 6, rue de GorreCIRA, 64, rue de la RévolutionMontluçon :Librairie Le Talon d'Achille, 8, pl. Notre-DameLibrairie La Gozette, 4, rue Porte des forgesRoyère-de-Vassivière : Bar L’AtelierSt-Loup : Restaurant Le P'tit loupSt-Junien-les-Combes : Lieu associatif Commeune fleur sur la soupeSt-Sulpice-le-Guérétois : Le Caméléon café,ClaverollesSardent : Épicerie VivalSur le plateau et les marchés : Épicerie itinéranteLe Temps des ceriseset sur http://creuse-citron.legtux.org/

Courrier   postal : Creuse-CitronBP 2 23 000 Sainte-Feyre

Courriel  : [email protected] : Espace Copie Plan, Guéret

Creuse-Citrons'adresse à tous ceux et celles qui luttent contre la falsification de l'information et la diffusion

généralisée de l'idéologie libérale. C'est un journal indépendant et libertaire qui s'interdit toute

exclusive et tout prosélytisme en faveur de telle ou telle organisation syndicale ou politique. Ce

journal est réalisé par le Collectif libertaire Creuse-Citron.

Nous vous proposons Creuse-Citron à prix libre. C’est, pour notre collectif, une démarche

politique, non marchande, alors que, par ailleurs, l’habitude est de payer le même prix, que

l’on soit fortuné ou pauvre. Le prix libre n’est pas pour autant la gratuité  : c’est donner la

possibilité d’acquérir un même produit selon ses moyens et ses motivations.

La copie et la diffusion des textes publiés dans ce journal sont libres et fortement encouragées.

6e Festival d’aventures sonores et artistiquesà Saint-Silvain-sous-Toulx (Creuse)

Les Jardins-Jeudis et les Mardis littéraires

de la Spouze - août 2018La Spouze, 23230 La Celle-sous-Gouzon 05 55 62 20 61 ou 06 44 05 47 80

Spectacles tout public à 21 heures, participation libre.

Jeudi 16 : Le Bruit de la Musique.Mardi 14 : Le Cabaret sauvage d’Hector Sansfamille.Mardi 21 : La Danse du destin, d’après Gabriel Nigond par Jean-Claude Bray.Jeudi 23 : Le Grand Tout par Christian Pacoud et les Sisters.Mardi 28 : L’Ami Maurice (poèmes et lettres de Maurice Rollinat) par Jean-Claude Bray et Herbé.Jeudi 30 : Arbres et Le Grand Bal du Printemps de Jacques Prévert avec Boris et René Bourdet.

Expositions de l’étéFabienne Cinquin ; Collages d'Herbé ; Affiches de mai 1968.

Pour son premier anniversaire, rencontres du journalféministe libertaire Casse-Rôles à Savennes (Creuse)