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Critique de la raison mystique. Benoît de Canfield: Possession et dépossession au XVIIe siècleby Daniel VidalReview by: Jacques MaîtreArchives de sciences sociales des religions, 36e Année, No. 76 (Oct. - Dec., 1991), p. 311Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125952 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

Ce qui ressort avec limpidit6 de ce ddbat sans fin, c'est qu'aucunadversaire de l'int6- gralisme n'a encore su ddfinir ce que pouvait etre un catholicisme qui en serait sorti au lieu d'etre amdnagd par chacun B sa mesure. Et I'on retrouve parfois de curieuses affinitds entre frbres ennemis. L'int~gralisme catholique est devenu le bouillon de culture de tous les d&- saccords et de tous les malentendus. Le retour en force de la << doctrine sociale catholique > et du << droit naturel montre bien que, si les politiques peuvent bricoler un << difficile 6qui- libre entre int~gralisme et laicit6 des choix po- litiques > (p. 235), sociologues et historiens ne s'en tireront pas avec les facilitds de la s~cu- larisation de la socidtd, du ddp~rissement de la religion et du retour du religieux.

Emile Poulat.

Critique de la raison mystique. Benoit de Canfield: possession et d6possession au XVIIe sibcle. Grenoble, J6rome Millon, 1990, 429 p.

76.474 VIDAL (Daniel).

Le capucin Benoit de Canfield (1562-1610), puritain anglais converti au catholicisme et r&- fugid en France, est une haute figure de la mys- tique. Henri Bremond, dans son Histoire littdraire du sentiment religieux en France, en brosse la stature comme 6tant : << Le maitre des maitres eux-memes [...]: sa Rbgle de perfec- tion a servi de manuel B deux ou trois g6n&- rations de mystiques [...). De toutes les influences qui ont fagonn6 la pribre au XVIIe sitcle, il n'y en a pas une qui d6passe la sienne >. Si son livre, mis plus tard g I'index, resta longtemps introuvable, Jean Orcibal en a donn6 en 1982 une excellente 6dition critique (Presses Universitaires de France, Bibliothbque de l',cole des Hautes etudes, Sciences Reli- gieuses, volume 73). Pour sa part, D. V. s'at- tache g l'oeuvre de B.C. avec la virtuosit6 qu'on lui connait, alliant l'6rudition historique, le savoir-faire sociologique, I'61lan thdorique et le brio dans l'expression littdraire. Une telle entreprise prend toute sa port6e avec la jonc- tion mise g jour entre les theses canfieldiennes et les ph6nombnes de possession imput6s aux religieuses de Louviers h partir de 1642-43.

La probl6matique des rapports entre vie mystique et couches sociales en France au XVIIe sibcle s'est nourrie d'hypothbses contrast6es, par exemple chez Michel de Cer- teau se r6f6rant h des couches en d6clin; moi- meme, dans nos Archives, j'avais esquiss6 l'id6e d'une base sociale li6e h l'expansion de

l'6conomie marchande a partir de son 6mer- gence ouest-europlenne 4 la fin du Moyen Age. D.V. d6passe radicalement cette th6mati- que trop globale en analysant par le menu l'ar- ticulation des id6es chez B.C., des r6seaux sociaux par oil circule son influence et de la figure que prend la monnaie dans la dynamique dconomique des financiers g cette 6poque; il en arrive a ddmontrer une conclusion nova- trice: << A l'analyse wdbdrienne d'une homo- logie entre esprit du capitalisme et dthique protestante rdpond ainsi, dans le territoire de la spiritualitd catholique, une affinitd compl6- mentaire susceptible de lever les limitations de la premiere: la mystique du XVIIe sitcle commengant entretient un rapport dlectif avec la raison centrale du ddploiement gdndralisd des formes les plus f6condes du capitalisme comptable, en sa rationalitd meme. Au principe de cette contemporan6it6, moins, au reste, la correspondance d'une 6thique et d'un esprit, que la seule inclusion parfaite de deux argu- mentaires enfin devenus miroirs l'un pour l'au- tre >>. (p. 167).

Quel rapport entre cette mystique d'asc6- tisme, d'abstraction, et les extravagances de Louviers ? Non seulement le monastbre avait 6td fondd par un cercle canfieldien et son re- crutement assurd par les milieux de finance, mais la machination qui aboutit aux procddures intentdes contre les religieuses vise l'oeuvre et les disciples de B.C. Mais D.V. pousse g son terme la logique de ddconstruction symbolique ainsi mise en oeuvre: << Le d6sinvestissement radical que rdclame la mystique abstraite quant g la cr6ature, au monde et aux passions, se cl6t ici, en l'ceuvre de possession, par la dilapida- tion de ce qui se produit alors comme r6el brut, ce systhme de choses enfin venues g leur ina- nitd, et qui rdclament qu'on en use comme ex- treme vanit6 >. (p. 378).

Jacques Maitre.

Rdcit d'dmigration (1792-1799). Lyon, Ed.

76.475 VIEUX (Antoine).

Lyonnaises d'Art et d'Histoire (Lugd.), 1991, 179 p. (Coll. du Bicentenaire de la R6volution frangaise, 17; Pr6sentation d'Emile Poulat).

Rdcit d'dmigration fort ordinaire, par un pre- tre 6galement ordinaire, du diocese de Lyon. Le texte a 6td 6tabli et annot6 par Jacqueline Tassin, Henri Hours et Emile Poulat, lequel a dot6 le volume d'une trbs empathique, mais 6clairante, pr6sentation.

A.V. fut sept ans hors de son diocese, fuyant, pretre non-jureur, les foudres de la loi

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