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Stéphane Braunschweig HIVER 2012 // numéro 57 Donnez-nous votre avis sur votre magazine le Paris du 20 e ! Du nouveau sur le front des crèches ! Du nouveau sur le front des crèches ! Directeur du Théâtre National de La Colline L’économie sociale et solidaire ça marche ! L’économie sociale et solidaire ça marche ! Nous portons la culture là où il y a de la vie. Musique Ensemble 20 e , une école de musique pas comme les autres

culture du 20

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Stéphane Braunschweig

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Donnez-nous votre avis sur votre magazine le Paris du 20e !

Du nouveau sur le front des crèches !Du nouveau sur le front des crèches !

Directeur du Théâtre National de La Colline

L’économie sociale et solidaire ça marche !L’économie sociale et solidaire ça marche !

Nous portons la culture là où il y a de la vie.

Musique Ensemble 20e, une école de musique pas comme les autres

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Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, c’est la chute du mur de Berlin. La réunification

de l’Allemagne peut commencer.

Le pavillon Carré de Bau-douin, en partenariat avecle Goethe-Institut deParis, commémore la

chute du mur de Berlin (1989)et la réunification de l’Allemagne(1990) en proposant, du 12février au 3 avril, deux exposi-tions photogra phiques. « Heurelocale » du photographe berlinoisStefan Koppel kamm présente 24 duosde photographies grand format,de bâtiments et d’espaces urbains,réalisés à dix ans d’intervalle àBerlin-Est et en Allemagne del’Est. En effet, lorsqu’en 1990,entre la chute du Mur et la réuni-

fication, il entreprend un voyageà travers l’Allemagne de l’Est, c’estbien pour fixer sur la pellicule untemps bientôt révolu. Dix ans plustard, il retourne sur les mêmeslieux et les rephotographie à par-tir du même angle. En parallèle decette exposition,huit photographesallemands et fran-çais exposent unecinquantaine dephotographies surla chute du Mur. Le 9 novembre1989, à l’annonce officielle del’ouverture de la frontière, lorsqueles Berlinois de l’Est et de l’Ouest

ont fraternisé auprès du Mur, lePalais de la République a étéinvesti par des artistes et le siègede la Stasi occupé par des citoyensdéchaînés, ces huit photographesétaient là pour capturer l’Histoire.Ce projet « Scènes et traces d’une

chute », conçu parMatthias Harder,conservateur de laHelmut NewtonStiftung Berlin, allieainsi des aspects

très différents de cet événement :de l’empreinte journalistique àla photographie architecturaleclassique. n

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Berlin dans l’œil desphotographes

« Temporalités allemandes, regards sur une unité »Au pavillon Carré de Baudouin, du 12 février au 3 avril

Ce jour-là, les huitphotographes étaientprésents pour capturer l’Histoire...

Zittau, Marstall, 1990.

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C’est un voyage dans le passé récent del’Allemagne quepropose StefanKoppelkamm  à traversson exposition de duosde photographies  :« Heure locale ». A plus de dix ansd’intervalle, l’artiste estretourné photographierles mêmes édifices etles mêmes rues àBerlin-Est et enAllemagne de l’Est.

Vingt ans après la chutedu mur de Berlin, il est difficile de faire un retour en arrière etde se représenter cequ’était la PotsdamerPlatz, au centrehistorique de Berlin.L’exposition de photos« Scènes et traces d’unechute », a été conçucomme un documentairephotographique destinéà ranimer nos souvenirs.

De haut en bas :

Dresde 1991-2001.

La Bernauer Strasse, à Berlin, 12 novembre1989.

Ouverture de la porte de Brandebourg - 1989.

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Une exposition, sur le travail de 30 artistes atteints de handicaps mentaux, célèbre 40 ans de création auCAT (Centre d’aide par le travail) de Ménilmontant.

Pour la première fois à Paris,le Centre d’aide par le travail(CAT) de Ménilmontant,moteur de la vie associative

du quartier historique Ménil-montant/Amandiers, ouvre sacollection d’art. Les œuvres pré-sentées ont été réalisées par des tra-vailleurs du CAT, en situation dehandicap mental ou psychique,dans les ateliers d’arts plastiques ducentre. Essentiel est donc uneexposi tion collective d’artistes horsdu commun, placée sous le signe del’art brut et singulier, tel que l’a dé-finit Jean Dubuffet, théoricien du

genre dans les années d’après-guerre. Par art brut, Dubuffet en-tendait, « des productions de touteespèce, dessins, peintures, broderies,figures modelées ou sculptées, pré-sentant un caractère spontané etfortement inventif,aussi peu que pos-sible débitrices del’art coutumiersou des poncifs culturels et ayantpour auteurs des personnes obscures, étrangères aux milieux ar-tistiques professionnels ». Témoinsde 40 ans de création, les œuvres

montrent la vitalité et la forced’un art qui échappe à tous critères.Pour preuve, certains des travailleursde l’établissement sont aujourd’huireconnus en tant qu’artistes à partentière et leurs œuvres exposées en

France et en Europe.A l’occasion de cetteexposition, un hom-mage sera rendu àJoseph Tibi, figuremarquante des ate-

liers. Soulignons également quedepuis 10 ans, le CAT participe auxPortes ouvertes des ateliers deMénilmontant. n

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« Essentiel, 40 ans d’art brut et singulier à Ménilmontant »Au pavillon Carré de Baudouin, du 10 juin au 31juillet 2010

L’art brut est réalisépar des personnesindemnes decultures artistiques.

Un voyage artistique hors des sentiers battus

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Avec un hommageappuyé à l’artisteJoseph Tibi, cetteexposition invite àdécouvrir à la fois la diversité destechniques, despersonnalités et desparcours. Un film deLoïc Connanski estdiffusé en continu dansl’auditorium du pavillonet présente une série de portraits de plusieursartistes du CAT. Ainsi,cette nouvelle création,à travers l’imageaudiovisuelle, nousalerte sur la place de l’artiste en situationde handicap mental ou psychique dansl’histoire de l’art et dans la sociétécontemporaine.

Légendes :

Page 18 de gauche à droite Marie Olivier-Henri - sans titreMyriam Smail - sans titre

Page 19 de gauche à droite et de haut en bas

Roxane Billy - sans titreRichard Kohn - La multiplicationRoger Bensimon - sans titreJoseph Wanono - sans titre

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Contrairement aux idées reçues sur la Russied’aujourd’hui, les kommunalki demeurent une réalité.

Dans le cadre de l’année France-Russie 2010 et à l’occasion duMois de la Photo 2010, le pa-villon Carré de Baudouin pré-

sentera « Kommunalka 3», une sélectionremarquable de photographies de Fran-çoise Huguier sur la vie dans un ap-partement communautaire russe. Cetteexposition met en regard son travailphotographique, sur plusieurs années,avec des grands textes de la littératurerusse comme autant de témoignagessur les kommunalki. La vie quotidiennedans ces appartements est égalementillustrée par des objets du quotidienrapportés de Saint-Pétersbourg. Si Chris-tian Lacroix, directeur artistique desRencontres Internationales de Photo-

graphie d’Arles, a invité l’artiste en2008, son travail reste inédit à Paris.Mieux encore, l’exposition s’accompa-gnera du film documentaire « Kom-munalka », paru en 2008, pour lequelFrançoise Huguier areçu, en 2009, le prixAnna Politkovskaïa(prix créé en hommageà la journaliste russeassassinée en 2006).Ce documentaire re-trace une tranche devie de l’appartement communautairede la rue Sovetskaya, à Saint-Péters-bourg. Au travers de sa rencontre avecNatacha, une jeune femme de 26 ans,libre et émancipée, Françoise Huguier

porte un regard sur le quotidien deces appartements et sur les rapportshumains qui s’y développent. Lesdestins croisés de ces habitantsrésonnent comme l’évo lu tion de la

société russe, depuis lachute du communismejus qu’à la Russie dePoutine. La projectiondu film est prévue dansl ’ a u d i t o r i u m d upavillon Carré de Bau-douin, enrichi d’un

cycle de conférences. Photographe,réalisatrice et commissaire d’expo-sition, Françoise Huguier se définitvolontiers comme « photographedocumentaire ».

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« Kommunalka 3 » Françoise Huguier, du 5 novembre 2010 au 8 janvier 2011

au pavillon Carré de Baudouin

Françoise Huguierse définitvolontiers comme « photographedocumentaire ».

Huis clos dans un appartement communautaire russe

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« Mes toutes premières journéesau cœur de ces appartementscommunautaires de Saint-Pétersbourg ont étéparticulièrement déroutantes.Je savais qu’il me faudraitplusieurs séjours et un sésamepour parvenir à éprouver les huis clos singuliers.Durant plusieurs années,j’ai photographié ces lieux et lavie quotidienne de ces habitantset surtout Natacha, c’est elle qui a rythmé mes séjours. Elle est devenue de manièreimplicite, et sans que je le réalisevraiment, le fil rouge de monrécit, de mon envie d’être là et d’y rester. Elle incarne la quintessence des ces universcommunautaires, du magnétismede cette ville qui me taraudedepuis tant d’années. Combien de temps suis-je restéeainsi hypnotisée par cestroublantes visions d’ombre et de lumière ? Qui m’a parlé de fantômes ? Qui m’a raconté qu’à Saint-Pétersbourg, la nuit, on pouvait voir l’invisible ? »

Françoise Huguier

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Le chantier du tramway, le T3, avance à grands pas.L’exposition Nouveaux Tableaux parisiens

vous fera découvrir 45 œuvres réalisées par 4 artistes, témoins de la transformation des portes de Paris.

« Le chantier du T3, ses milleet un bouleversements, sesintensités variables jusqu’àl’apaisement final, est le

prétexte, plus que le sujet, de ces Nou-veaux Tableaux parisiens », expliqueChristian Bernard, directeur artis-tique, commissaire de l’expositionet directeur-fondateur du muséed’art contem porain de Genève.D’horizons artistiques et géogra-phiques différents, MohamedBourouissa, Lu Hao, ChouroukHriech et Yvan Salomone posentleurs regards et leurs culture sur lesquartiers Est et Nord-Est parisien,en pleine métamorphose depuis2008. Et pour cause, le grand chantier

du tramway Est a déjà commencé.Leur travail, présenté pour lapremière fois à l’occasion de cetteexposition, révèle à travers laphoto graphie, lapeinture, le dessin etl’aquarelle, les trans -for mations de laville et de sa péri-phérie. Ces œuvresdeviennent la mé-moire du chantierdu T3. Les œuvresréalisées seront également présen-tées dans les mairies d’arrondisse-ment et au Pavillon de l’Arsenaltout au long du chantier du T3.Au-delà de cette manifestation

au pavillon Carré de Baudouin,l’aventure artistique se poursuitavec le projet Tramway T3, de laVille de Paris. En effet, en 2012,

des interventions ar-tistiques ponctuerontle trajet du futurtramway. La créa-tion de bancs, bel-védères, fontainessera privilégiée. Desœuvres plus monu-mentales sont éga-

lement prévues qui serviront derepères aux voyageurs du T3. Enfin,toujours dans le cadre de cette com-mande publique, sera créé un muséede quartier à Saint-Blaise.

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Nouveaux Tableaux parisiens du 20 janvier au 19 mars 2011 au pavillon Carré de Baudouin

Cette expositionrévèle, à travers laphotographie, lapeinture, le dessinet l’aquarelle, les transformationsde la ville.

quatre artistes témoins de latransformation urbaine

AVANT-PROPOS

Christian Bernard, Commissaire d’exposition

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« A l’enregistrementtechnique (photo ouvidéo documentaires)des métamorphosesengendrées parl’arrivée du tramwaysur les boulevards deceinture, nous avonspréféré les imagesreconstruites etdistanciées d’artistesqui ont choisi desformes dereprésentation plusinattendues :aquarelles, dessin ennoir et blanc, peinturesur bambou ou miseen scènephotographique. La réalité chnagée de la ville y trouveraun reflet plus incarnéet peut-être moinsfugitif. Le chantier, ses mille et unboulversements, ses intensités variablesjusqu’à l’apaisementfinal, est le prétexte,plus que le sujet, de ces NouveauxTableaux Parisiens »

Christian BernardCommisaire d’exposition

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C’est l’histoire de l’observateur observé. Oliver Culmann a photographié des passants

New-Yorkais, après l’attentat du 11 septembre et, ailleurs, des téléspectateurs devant leur télévision.

C’est à l’occasion du20e anniversaire deTendance Floue, uncollectif de photo-

graphes atypiques épris d’indépen-dance, qu’est présenté le travail del’un d’entre eux : Olivier Culmann.Cette exposition rassemble deuxséries. La première, Autour, NewYork 2001-2002, a remporté le prixScam Roger Pic, en 2003. OlivierCulman n y a scruté les visages despassants autour des ruines duWorld Trade Center et saisit leurregard sur cette réalité brutale. Ilexplore ainsi le « hors-champ », cequi ne se voit pas dans le champde la photo mais qui est cependant

induit, de la catastrophe, les réper-cussions de l’actualité et ses im-pacts sur les vivants. « J’ai volon-tairement tourné le dos au lieu del’attentat pour observer ceux quis’en approchaient. Figés, hébétés,puis passants, furtifs, spectateursde quelques secondes : les Améri-cains portaient sur leur visage lesabyssales interrogations apparuesavec la destruction », explique lephotographe.

La 2e série est sur le même conceptde l’observateur observéDans la 2e série, intitulée WatchingTV, Olivier Culmann a saisit desspectateurs du monde dans leur in-

timité. Il a en effet photographiédes gens qui regardent la télévisionet leur téléviseur. Ces téléspecta-teurs y plongent leur regard, hyp-notisés par les images qui défilentà l’écran.

La 3e biennale Photoquai 2011 in-vestira le musée du Quai BranlyCette série de portraits a égalementreçu le 3e prix du World PressPhoto, en 2008. Olivier Culmannsera commissaire de la prochaineBiennale Photoquai à Paris, au QuaiBranly, sous la direction de Fran-çoise Huguier, dont le travail a étéégalement accueilli récemment aupavillon Carré de Baudouin.

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Watchers, photographies d’Oliver Culmann, du 1er avril au 11 juin 2011 au pavillon Carré de Baudouin

Olivier Culmann is watching you

Watching TV

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« C’est enphotographiant lespassants autour desruines du World TradeCenter quelques jours,puis quelques moisaprès les attentats,que l’expression de leurs visages s’estimposée. Le reflet de leurs doutes sur la réalité de ladestruction, leurtentative de sereprésenterl’inimaginablerépondaient à monpropre effortd’appréhension.»

Olivier Culmann,

Autour, New York 2001-2002

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L’exposition Claudine Doury – Photographies, regroupe plusieurs séries qui ont un thème central,

l’adolescence. La photographe s’est attachée à explorer les mécanismes de ce passage à l’âge adulte.

I l se passe décidément toujoursquelque chose au pavillonCarré de Baudouin, à l’anglede la rue des Pyrénées et de

la rue de Ménilmontant. Ce centreculturel, le plus important del’arrondis sement, offre des exposi-tions, entièrement gratuites, s’ins-crivant à la fois dans l’actualitécréative du 20e ainsi que dans cellede la création nationale voireinterna tionale. Claudine Doury,photographe à l’agence Vu, inau-gure la rentrée du pavillon Carréde Baudouin. Son travail rassemblequatre séries racontant des his-toires qui ont pour thème centrall’adolescence. Avec Sasha (2007-

2010), la photographe se penchesur le glissement d’une jeune fille,de l’enfance à l’adolescence, ques-tionnant les jeux secrets et les ritesintimes. Ce travail fera l’objet d’unlivre qui sera publié à l’automne,aux éditions Le caillou bleu.

A la rencontre de l’artisteLa suite Les Princes charmants, estdavantage tournée vers l’explorationde l’identité masculine et interrogela relation garçon-fille. Associer cesdeux séries met en scène ce duelintime où la fille à peine femmedoit faire face au garçon tout justehomme. Artek (1999-2003), est lenom du dernier camp d’été des en-fants de la Nomenklatura russe,

en Crimée. Dans cet îlot hors dutemps, la photographe a pu fixer,l’intensité des émotions adoles-centes des jeunes rassemblés dansce lieu. Claudine Doury, avec LoulanBeauty (2002-2005), livre sontémoi gnage d’un voyage dans l’Asiecentrale post soviétique et le Xinjiangchinois. Elle y a rencontré, nousdit-elle, « des hommes qui écoutentles sables chanter et des filles auxmille nattes, les mêmes que celles retrouvées sur Loulan, leur ancêtrede quatre mille ans ». Cette expositionsera accompagnée de projectionsde films, sélectionnés par la photo -graphe, de conférences et de rencontresavec l’artiste. n

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Claudine Doury - Photographies, du 23 septembre au 26 novembre 2011 au pavillon Carré de Baudouin

De l’adolescence à l’âge adulte,

rites de passage

« L’adolescence est un royaumes d’anges déchus, ou sur le point de l’être, mais c’est encore un royaume. » James Agee

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Le temps est et seratoujours la matièrepremière de laphotographie. Ce constat est, chezClaudine Doury,amplifié par son goûtde la transition, du basculement dans des périodes inconnues.De ses premiersvoyages à sa prochefamille, se décline le récit d’un universharmonieux, spontané,civilisé. Un eden qui ne serait rien d’autrequ’un musée éteint s’il n’était parcourud’une subtileinquiétude : combiende temps encore ?Comme uneadolescence sans cesse rejouée.

Christian CaujolleCommissaired’exposition

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Les dessins de Marcel Storr ne manquent pasd’imagination. Des bâtisses religieuses, aux immeublesfuturistes, ce cantonnier du bois de Boulogne, décédé en

1976, les a conçus dans le plus grand anonymat.

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Marcel Storr, bâtisseur visionnaire, au pavillon Carré de Baudouin, jusqu’au 31mars 2012

« L’adolescence est un royaumes d’anges déchus, ou sur le point de l’être, mais c’est encore un royaume. » James Agee

Marcel Storr n’a pas eu une viefacile : né en 1911, aban - donné, deve nu sourd, etcondam né à l’illettrisme très

tôt dans sa vie. Pourtant, de ces diffi -cultés il en tire sa force : il commenceà dessiner à l’âge de 21 ans. Un échap-patoire sans doute. « Dessiner, il n’y aque ça que j’aime », disait-il. Regarderces œuvres, c’est entrer dans sonmonde parallèle et, entrevoir la plusprofonde intimité de Marcel Storr.Liliane et Bertrand Kempf, aujourd’huilégatai res de toutes ses œuvres, fontpartie des rares personnes à y avoir euaccès du vivant de l’artiste : « Une foisterminés ses dessins ne l’intéressaientplus du tout, il nous les avait confiés etn’a jamais voulu les revoir », ajoute

Liliane Kempf. Marcel Storr peut met-tre jusqu’à quatre mois pour réaliserun seul dessin et voue une véritablepassion aux détails, notamment lescrosses gothi ques. Plusieurs ta bleauxpeuvent en regrouper près de 600 000.Durant l’exposition, unesérie d’agrandissements deces détails sera proposéeaux visiteurs. Cetteconception de la petitessecôtoie le gigantisme desimmeubles et des villesqu’il dessinait offrant un contraste desplus remarquables. C’est à partir de1965, naissance du quartier de laDéfense, que l’artiste a commencé sesdessins de villes aussi colossales et futu-

ristes que surprenantes. Couleursautomnales, imagination débordante,et détails abondants ; voilà commenton pourrait définir le travail passionné,et parfois acharné, de Marcel Storr.Cette impressionnante exposition a étémise en scène par le spécialiste de l’art

brut, Laurent Danchin.Des séances de dédicacede la biographie Storr,architecte de l’ailleurs deFrançoise Cloarec et del’ouvrage collectif Marcel

Storr (ed. Phébius, 2010, 2011) et desrencontres-débats ainsi que des projec-tions de documentaires et courtsmétrages sur l’architecture utopiqueseront organisées. n

« Dessiner, il n’y a que celaque j’aime. »Marcel Storr

Une vie à travers

les dessins

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Marcel Storr travaillaiten deux temps,dessinant d’abord,puis coloriant ensuite,parfois à mesure, sa composition.C’est sans doute pour cette raison qu’illui arrive de signerplusieurs fois. A la fin il passait, sauf sur leciel, un vernis qu’ilégalisait au fer chaud.Chaque dessin pouvaitlui prendre de deux àquatre mois, parfoisdavantage, et certainesœuvres ont étéreprises à différentespériodes ou sontrestées inachevées.Toutes ne sont pasdatées et parfois cellesqui le sont comportentaussi un nombredont nous n’avons pas trouvé la clef.

Pavillon Carré de Baudouin121 rue de Ménilmontant01 58 53 55 40mairie20.paris.fr