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Mady Remanda Dans les yeux de Kimia Le pouvoir du pardon Tome III

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[Grand format (170x240)] NB Pages : 220 pages

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Dans les yeux de Kimia

Mady Remanda

17.4 551033

Mady Remanda

Dans les yeux de KimiaLe pouvoir du pardon

Tome III

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Chapitre 1 : Panser ses blessures

« Maman… Maman… snif snif snif ». Pleurait Kimia. « Ne pleure plus Kimia, je suis là… ». Lui répondis-je.

Kimia essayait de prendre ma main alors que quelqu’un me tirait en arrière. Elle criait de plus belle :

« Maman ! Maman ! Rendez-moi ma maman ».

Je me débattais de toutes mes forces, pour échapper à mon bourreau, un moment il me donna un coup violent dans le dos et je basculai au sol, il me relâcha et s’en prit à Kimia. Il la souleva par derrière, je me levai avec difficulté pour l’empêcher de lui faire du mal, il se retourna et là je vis le visage de Fabrice…

Et je me mis à crier : « Laisse ma fille, pas ma fille, pas ma fille !!! ».

Je me jetai sur lui malgré mon corps endolori et le labourait de coups, mais il continuait de me rire au nez en disant :

« Tu ne m’échapperas pas Irma… ».

Kimia s’était mise à pleurer de plus belle, mais cette fois elle appelait son père :

« Je veux mon papa, je veux mon papa ».

Pauvre bout de chou, elle n’avait pas de papa, là était la triste réalité, je n’avais pas été capable de donner à ma fille un père « digne de ce nom ».

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Fabrice maintenait fermement son petit corps frêle, mon bébé était toute rouge à force de pleurer, il n’y avait personne pour nous défendre, nous étions seules dans cette clairière quand Fabrice avait surgit.

Je vis arriver derrière lui un homme à qui il remit Kimia, et reconnus le monsieur, c’était celui qui voulait me planter le couteau dans le cœur ce jour-là, il prit Kimia et commença à l’emmener avec lui, la petite criait de plus belle :

« Mamannnnnnnnn, maman…… ».

Et de mon côté je criai à m’en tordre les entrailles. « Rendez-moi mon bébé ». « Rendez-moi ma fille ». – Irma ! Irma réveille-toi !

Une voix d’homme, quelqu’un me tapotait la joue, j’haletais et suffoquais…

– Irma, Irma ?

Lentement, je sortis de ma torpeur, le cousin Hans était là au dessus de moi, de floue, son image devint de plus en plus nette, il avait l’air inquiet. Où étais-je donc ? Et que faisait là le cousin Hans ?

Ce n’était donc qu’un rêve, un horrible rêve ? Kimia n’avait pas été emmenée par Fabrice et ses compères… Oh Doux Jésus !

Lentement, mon esprit recouvra ses souvenirs…

Après avoir appelé mes parents ce jour où je m’étais échappée des mains de mes bourreaux, je m’étais « trainée » chez moi tellement j’étais faible, il faisait presque nuit, quelques passants me regardaient bizarrement, ma robe était souillée et mon visage tuméfié, j’étais sale et en sang, j’avais du mal à marcher et je me tenais douloureusement le ventre, mais personne, ne vint à mon secours.

J’avais passé en tout cinq minutes à la cabine, incapable d’aligner des phrases correctement, je n’avais plus mes affaires, elles étaient restées chez Fabrice, donc pas de téléphone, ni de prote-feuille, heureusement que j’avais toujours des cartes téléphoniques en réserve.

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Je ne pouvais appeler personne d’autre car les seuls numéros que j’avais en tête étaient ceux de mes parents, et ils étaient les seuls à qui j’avais besoin de parler. La conversation avait été brève mais douloureuse, j’avais composé le numéro de mon père, à l’heure qu’il était, il devait déjà être à la maison. Il décrocha presqu’aussitôt :

– Oui maman ? dit-il d’un ton joyeux, heureux de m’entendre comme toujours…

– A… Allô papa… sniff sniff… – Maman ? Qu’y a-t-il ? Pourquoi tu pleures ? Demanda papa inquiet. – Papa oh… snifffffff papa sniffff, j’ai été… j’ai été…

J’entendis maman dire au loin : – Pierre c’est comment ? L’enfant a quoi là-bas ? – Je ne sais pas Emmie, attends qu’elle m’explique… – Snifffffff snifffffff oyooo papa oh oyooo… continuai-je. – Ma chérie calme-toi et dis-moi posément ce qui se passe s’il te plaît… – Papa… on… on… a failli me tuer… J’ai été séquestrée… battue. – Hein ? S’exclama papa. – Ça c’est quelle histoire oh… mon enfant… S’écria maman au loin. – Emmie calme-toi d’abord, l’enfant va nous expliquer… Lui dit papa. – Papa… je ne peux pas beaucoup parler, je n’ai pas mon téléphone, ni

mon portefeuille… je dois aller à l’hôpital… – Ecoute… tu vas bien quand même ? demanda papa visiblement perdu. – Non oh papa… je suis blessée… papa… oh snif snif snif. – C’est fini mon bébé là tu es où ? Demanda-t-il alors que j’entendais

maman qui pleurait déjà. – Woo ma fille oh Pierre je t’avais bien dit que l’Afrique du Sud c’est

dangereux oh… wo yo… – Calme-toi d’abord Emmie… Irma là tu es où ? Me demanda-t-il. – A la cabine au bas de chez moi… sniff sniff… – Ok rentre à la maison, nous allons appeler ton cousin, pour qu’il te

conduise à l’hôpital…

J’étais rentrée chez moi et m’étais affalée sur le canapé, laissant la porte ouverte…

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Je ne sus après combien de temps le cousin Hans se pointa, toujours est-il qu’il fut là ce même soir, le pauvre habitait Belleville, il avait du faire tout ce chemin en pleine nuit, heureusement qu’il avait une voiture…

Il toqua à la porte et je répondis faiblement : – Entrez…

Le cousin Hans entra et me vit allongée sur le canapé et s’écria : – Eternel mon Roi !!! Mais qui t’a fait ça Irma ?

Il faut dire que j’étais mal en point… je n’avais plus de forces mais j’avais été « sauvée » par une force tellement grande que cela seul semblait me donner « vie » au-delà des maux.

– Hans… sniff… sniff… on a voulu me tuer ohh. – C’est ce que maman Emmie et tonton Pierre m’ont dit quand ils m’ont

appelé là… mais je ne comprends pas bien l’histoire… Explique-moi d’abord. – Pardon allons d’abord à l’Hôpital ohhh sniff sniffff. – Ok… tu as raison, tu peux marcher ?

J’avais tellement du mal à marcher qu’il dut me porter jusqu’à sa voiture pour me conduire à l’Hôpital.

Dans la voiture j’entrepris de lui raconter mon calvaire entre pleurs, halètements et gémissements de douleur… Mais je tenais à tout raconter maintenant, car j’avais peur de ne plus pouvoir le faire après… Qui sait peut-être que je mourrais ? Ou peut-être que je deviendrais amnésique…

Hans ne cessait de s’exclamer : – My Goodness !!! (Bonté Divine)

Ou encore : – Unbelievable !!! (Incroyable)

Et quand je lui racontai comment j’avais appelé Dieu à mon secours, il ne cessait de clamer :

– Glory be to the Lord almighty !!! Glory be to Jesus oh thank you God !!! (Gloire à Dieu tout puissant, Gloire à Jésus oh Merci mon Dieu)

Puis je commençai à pleurer toutes les larmes de mon corps et je lui dis : – Je veux porter plainte…

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– Ah… mais bien sûr, ce garçon ne peut pas courir librement dans la nature !

– Mais… je ne sais pas comment faire… sniffff. – Calme-toi, une fois à l’Hôpital, nous contacterons la police…

Nous arrivâmes à l’hôpital et je fus prise en charge par des infirmières, mon cousin raconta ce qui s’était passé, normal il parlait mieux l’anglais que moi, puis on m’hospitalisa et me procura des soins… et je sombrai dans l’inconscience.

C’est sûrement dans cette semi-conscience que je fis ce cauchemar. Hans était là inquiet…

– Ça petite sœur ? Demanda-t-il avec sollicitude. – Oui… un peu… quelle heure est-il ? – 10h… tu as dormi toute la nuit d’après les infirmières, je suis rentré

hier mais je suis revenu ce matin à 8h, la police est là, ils attendent de venir prendre ta déposition… me dit-il gentiment.

– Ok… je suis prête… – Pas si vite, les infirmières vont d’abord venir te contrôler, ensuite la

police, et après nous appellerons les parents, ils ont passé la nuit à m’appeler, je leur ai tout expliqué…

– Merci Hans… – C’est normal… mais dis tu n’as pas de copine que tu voudrais que

j’appelle ?

Je réfléchis un moment, il y avait bien Laetye, mais vu comment je l’avais traitée ces derniers temps, accepterait-elle ? De plus, je n’avais plus son numéro en tête, mon téléphone étant resté dans mes affaires chez Fabrice.

– Non, personne… répondis-je simplement.

Les infirmières vinrent faire le contrôle, puis la police vint prendre ma déposition et ce fut le moment d’appeler les parents. Céci était chez eux, elle avait manqué son boulot, ils étaient tous bouleversés, maman pleurait comme une madeleine et papa était fou de rage.

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Très vite la décision fut prise, papa serait là le lendemain pour s’assurer que Fabrice soit bien poursuivi, je n’avais cependant pas mentionné le fait que son père était là et que c’était un monsieur que je connaissais j’avais juste dit qu’ils étaient cinq.

Après ça, les choses s’enchaînèrent dans un brouillard total pour moi, je ne sus comment la nouvelle se répandit, sûrement à cause des policiers qui avaient commencé l’enquête. Mes affaires m’avaient été rapportées du domicile de Fabrice qui avait été perquisitionné. Quand j’ouvris mon téléphone, il y avait une cinquantaine d’appels en absence.

Papa arriva et s’occupa de toutes les démarches avec Hans et la police, mon troisième jour à l’hôpital, je fus surprise de voir une multitude de gabonais me rendre visite, il y avait même une délégation de l’Association des Etudiants.

Le président que je n’avais jamais vu auparavant me posa des questions et me donna toutes les informations possibles sur l’association et l’aide qu’ils pouvaient m’apporter, et il ne manqua pas de me faire un petit sermon sur le fait d’être restée à l’écart de la communauté depuis mon arrivée :

– C’est vrai, me dit-il, que les gabonais ne sont pas parfaits, et qu’il y a des problèmes, mais ce n’est pas une raison pour vivre autant en autarcie, ici nous ne sommes pas chez nous, et tout peut nous arriver, vous avez eu de la chance d’avoir un cousin ici, mais si vous n’en aviez pas ? Il est important de garder un minimum de contact avec les autres pour que nous puissions réagir vite ou même prévenir ce genre de situation…

Je ne répondis rien, il n’y avait rien à répondre. Ce jour-là il eut aussi la visite de Stella et ses copines Amy et Vanessa :

– Tsouooo la petite mais toi tu es dans des wazz (affaires) de dingues hein… s’exclama Stella.

Dieu ! Comment tous ces gens avaient-ils été tenus informés, je ne pouvais pas savoir si elles s’inquiétaient ou se moquaient de moi mais, leur présence me mit mal à l’aise.

– Mais l’affaire là c’est sérieux que Fabrice est dans la Rose croix ? Demanda Amy.

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– Mais toi aussi y avait déjà des rumeurs depuis… parce que les go qui sortaient avec lui disaient qu’il avait des pratiques bizarres… renchérit Vanessa.

Elles s’étaient lancées dans des élucubrations, qui franchement m’agaçaient je n’avais pas besoin qu’on me brandisse mon mal sous les yeux, j’étais déjà assez mal… Elles ne mirent qu’une demi-heure et s’en allèrent.

Puis ce fut Laetye qui vint me voir, elle hésitait : – Bonjour Irma… – Bonjour Laetye…

Au fond, je lui étais reconnaissante d’être venue… – Merci d’être venue Laetye, lui dis-je donc. – Ah Irma, toi aussi, même si nous avons eu des mots… Tu ne m’as

même pas appelée ? J’apprends tout ça par le biais de la rumeur… – Je suis désolée Laetye… – Ça va, j’ai des torts aussi, j’aurai du te dire ce que je savais, bien que ça

ne t’aurait sûrement pas beaucoup aidé. – Ou plutôt… je ne t’aurais pas écoutée…

Les larmes montèrent, je me retins tant bien que mal.

Laetye m’expliqua alors ce qu’elle savait : – En fait Fabrice et moi n’avions eu aucun problème, sauf qu’un jour

son père a appelé et c’est moi qui ai répondu, il m’a demandé qui j’étais j’ai prétendu n’être qu’une amie, mais il a dit que son fils n’emmenait pas des amies filles chez lui à moins de coucher avec elles. J’étais confuse et gênée, c’est alors qu’il m’a demandé si je savais au moins dans quoi je m’engageais avec Fabrice, je lui ai répondu que je n’en savais rien et il m’a dit que si je n’en savais rien c’est que je n’étais pas la bonne, je n’ai rien dit et c’est là qu’il m’a posé trois questions : « Serez-vous prête à sortir avec le père de votre mari ? » « Serez-vous prête à laisser votre mari abuser sexuellement de vos enfants, filles ou garçons dès leur enfance ? » « Serez-vous prête à perdre un de vos enfants pour des sacrifices ? »…

– Oh ! M’exclamai-je.

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– Je te jure, j’étais choquée et je ne savais quoi répondre, devant mon silence, il m’a dit « voilà, vous n’êtes pas la bonne, parce que celle que mon fils épousera sera cette femme là »…

– Et qu’as-tu fait ? – Qu’allais-je faire ? J’avais tellement été choquée que je l’ai dit ça à

Fabrice qui n’a cessé de me dire que son père blaguait, qu’il voulait me faire peur, que je ne devais pas prendre ça au sérieux, mais plus j’y pensais, plus je me sentais mal à l’aise dans la relation, au bout de deux semaines c’était invivable, j’ai préféré laisser tomber…

J’étais abasourdie, et je ne cessais de me demander si cela aurait changé quelque chose qu’elle me le dise avant. Avec du recul, je crois que j’aurai cru Fabrice, j’étais trop loin d’imaginer une telle horreur de sa part, j’aurais déjà dû être alertée par le fait qu’il connaissait Marcy, mais j’étais aveuglée par l’amour… L’amour ?

Je fus autorisée à rentrer chez moi deux jours plus tard, et ce même jour la police mit la main sur Fabrice qui se planquait à Observatory chez des amis. Mais ses comparses étaient toujours en fuite. Fabrice fut incarcéré en attente d’être jugé.

Après avoir obtenu l’assurance que tout allait mieux, papa dut retourner à Libreville, me laissant entre les mains bienfaitrices de Laetye et Hans.

Mon voyage pour le Gabon fut repoussé d’un trimestre quasiment pour les besoins de procédure judiciaire, au bout du compte Fabrice fut condamné à huit mois de prison pour coups et blessures, car il m’était impossible de prouver le reste vu que je ne savais pas où se trouvait le lieu où ils m’avaient conduite… mais pour moi ce fut déjà un grand soulagement.

Le plus dur fut sûrement d’affronter les commérages et le regard des gens. A chaque fois que je passais ou rencontrais des gabonais connus ou moins connus de ma personne, toujours des commentaires :

« On vous dit quand tu arrives dans un endroit il faut d’abord te renseigner ».

« Ça lui apprendra, un gars qui est là depuis, il est beau, il a l’argent, il n’a pas de petite amie, il faut d’abord savoir quel est son problème ».

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« Mais c’est elle la fille que Fabrice avait voulu tuer non ? ». « Elle fait moins la fière la gabonaise supérieure »

Bref tout un tas de paroles blessantes, mais cela m’importait peu en réalité, j’avais juste besoin de revoir ma terre, ma famille, mon enfant… Et ce jour arriva enfin…

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Chapitre 2 : Le retour à Libreville

Le temps était doux, comme pour accueillir mon cœur meurtri et lui mettre un peu de baume. Libreville dans sa belle robe fleurie, souriait au soleil, et vibrait de rires et de cris joyeux…

L’effervescence de la capitale Gabonaise me donna un peu de vigueur, et fit tressauter mon cœur « absent » depuis ce drame presque quatre mois plus tôt…

J’étais heureuse de revenir « chez moi », heureuse d’être là, papa était venu me chercher avec Djino, il ne voulait pas conduire, assis tous les deux sur la banquette arrière, il m’avait prise dans ses bras réconfortants et avait murmuré :

– Mon bébé…

Mon cœur déborda d’amour à ce moment pour cet homme qui m’avait donné bien plus que la vie. Papa n’était pas un père gabonais typique, il n’avait pas besoin d’« amarrer » son visage tout le temps pour être craint, de même qu’il n’avait pas honte de montrer ses sentiments, à sa femme, et ses enfants, à ses proches, par des mots, par des gestes, des regards et parfois des larmes au besoin.

– Papa… soupirai-je dans ses bras. – Pardonne-moi dit-il, j’ai échoué… je n’aurai jamais dû t’envoyer en

Afrique du Sud, c’est un pays trop dangereux… tu n’y retourneras plus, on va essayer la France ou les Etats-Unis Ok ?

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Je gardai un moment de silence, France, Etats-Unis, Afrique du sud… qu’importait ? Je serai loin des miens…

– Non papa, ça ne sert à rien… – Mais tu vas faire quoi ? – Je vais retourner en Afrique du Sud… – Mais ce n’est pas un pays sûr… – Papa, lorsqu’on parle de l’insécurité en Afrique du sud pour les

étrangers, on parle d’agressions perpétrées par des locaux, de xénophobie… mais on est loin de s’imaginer qu’un compatriote, peut faire ce qui m’a été fait… Papa ce qui m’est arrivé au Cap aurait pu m’arriver à New-York, à Houston, à Paris, à Lyon même à Montréal… Le fait est que c’était ECRIT que ça m’arriverait…

– Humm comment ça ? Demanda-t-il incrédule. – Papa, je suis convaincue aujourd’hui, que rien n’arrive au hasard… Tout absolument Tout arrive nécessairement…

Papa me regarda encore plus intrigué. Il était le seul à être resté un peu dubitatif sur le fait que j’aie été sauvée par Christ.

Maman et Céci n’avaient cessé de clamer des « Alléluia », « Dieu est merveilleux »…

Car Céci et maman étaient désormais pleinement engagées dans l’église… il était temps que je fasse comprendre à papa que j’avais VERITABLEMENT ETE SAUVEE et cela n’était pas vain.

Dès ma sortie de l’hôpital en effet, j’avais cherché une église où prier, et le cousin Hans m’avait naturellement emmenée dans la sienne, où il m’avait déjà invitée. Elle était située non loin de Long Street… Calvary Chapel. Ils avaient aussi des cultes en français.

L’expérience fut étrange car j’étais déjà venue en tant qu’invitée, mais j’étais plutôt blasée par les gens autour, je ne croyais pas en la puissance de Dieu à cette époque. Là, je revenais mais j’étais comme « renouvelée » de l’intérieur, j’avais l’impression de découvrir ce temple, d’y entrer pour la première fois…

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J’avais donc commencé à partir à l’Eglise régulièrement, j’avais eu des entretiens avec le pasteur, et je prévoyais de débuter la Bible Study (Etude Biblique) à mon retour du Gabon.

– Papa, repris-je donc, nous avons traversé bien des épreuves, sans vraiment invoqué le nom du Seigneur… Nous avons perdu Siane, notre famille a failli se briser… mais nous avons échappé à cela, Papa tout ce temps Dieu était là, mais nous ne le savions pas… Nous sommes allés partout, mais si nous sommes toujours là, c’est parce qu’il l’a voulu ainsi…

– Hum… fit-il. – Ouvre les yeux de ton cœur papa, Dieu attend tout simplement que tu

le lui révèle… Il est là patient, il nous attend tous… même Mama Dibôkô m’a dit de me tourner vers « Nzambe Kana », tu sais ce que ça veut dire, c’est LA divinité suprême… l’Etre au dessus de tous les Etres… le Dieu de l’Univers… visible et Invisible…

Papa soupira et dit : – Je comprends… ma fille… – Il ne faut pas seulement comprendre papa, nous devons y croire, si j’ai

vécu ça, c’est parce que JE DEVAIS ETRE SAUVEE… c’était le Jour que Dieu a choisi pour se révéler à moi, pour me « rencontrer ».

Papa resta pensif un long moment après ces paroles puis dit : – Tu as sans doute raison ma fille… Parce que je n’arrive toujours pas à

croire en la chance que tu as eu d’être épargnée… – Ce n’était pas la chance papa, mais la grâce, car Dieu ne compte pas

nos fautes… sa grâce est abondante… J’étais devenue comme le trop-plein d’une baignoire pleine, qui déverse

la quantité d’eau en trop… ma bouche s’était ouverte toute seule et me faisait témoigner de Dieu sans même que j’y réfléchisse auparavant.

Le trajet jusqu’à la maison ne dura pas longtemps, nous fûmes à destination assez vite. J’étais éblouie lorsque le gardien ouvrit le portail, c’était la grande fête, mes parents avaient dressé un buffet dehors et il y avait des banderoles avec l’inscription « Bienvenue à la maison ».

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Il n’y avait pas beaucoup de gens à part ma famille, il y avait Euphrasie que j’eus le plaisir de revoir, les Inspecteurs Alandji, Pambo, Koumba et Biziki, tantine Adé à qui Kimia devait son nom et sa fille Gille-Hordan…

Ce fut une séance d’effusion, tout le monde me prenait dans les bras, me souhaitait la bienvenue et remerciait le ciel que je sois en vie. Céci fit même couler une larme, elle si stoïque d’habitude.

Maman me prit dans ses bras et pleura un long moment : – Mon Dieu mon enfant ohh… Sois béni Seigneur, sois élevé mon Roi,

sois glorifié pour ta magnificence…

Elle avait entamé une prière de bénédiction et de louange à la fin de laquelle tout le monde répondit « Amen ».

Le plus troublant fut de voir Kimia descendre des bras de Candy et accourir vers moi en criant :

– Maman, maman ! Je fus troublée, comment m’avait-elle reconnue ? Je l’avais laissée elle

avait sept mois à peine !!! Mais mes parents avaient tout fait pour, ils lui montraient des photos de

moi, me la passaient au téléphone et même que parfois je pouvais la voir à la webcam sur Skype.

Tout de même, ça me faisait un choc de la voir en vrai, j’avais presqu’envie de pleurer. Je la pris dans mes bras pour me rassurer que mon bébé était bien là, que je l’avais bien dans mes bras, et que j’étais bien en vie…

J’avais été étonnée de voir les inspecteurs conviés à une sorte de réunion de famille, mais je me disais que c’était peut-être parce que papa avait gardé avec eux des rapports cordiaux.

Le repas se passa bien, j’étais arrivée vers 14h, il s’étira jusqu’à 19h puis les autres s’en allèrent. Nous restâmes en famille, Céci avait prévu de rester dormir chez les parents ce soir-là.

Nous nous réunîmes dans le grand salon histoire de se raconter toutes les nouvelles, et je décidai donc de défaire mes valises et de remettre à chacun ce que je lui avais apporté.

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Pendant les trois mois que j’étais restée au Cap à attendre mon voyage, j’avais pensé à prendre des trucs à tout le monde.

Nous étions tous contents de partager ensemble ces moments là, Kimia bien sûr reçu ses cadeaux avec joie elle les ouvrit et commença à jouer avec, Yoyo en fit de même. J’avais aussi apporté des cadeaux à Willy et Sandy, je comptais les leur remettre dans quelques jours, quand j’irai les voir.

Un moment, Céci dit à papa qu’elle voulait lui parler, et ils se retirèrent dans son bureau, tandis que Candy regagna son « Château » pour écouter de la musique, et Yoyo et Kimia foutaient la pagaille partout avec leurs jouets.

Maman et moi étions en train de parler de choses et d’autres, c’est alors que Kimia revint vers moi et commença ses caprices, elle voulait à tout prix la voiture que j’avais rapportée à Willy :

– Maman, maman… je veux ça… – Non Kimia… ça c’est pour Willy…

Kimia se mit à bouder et me dit que j’étais méchante, elle préféra se réfugier dans les bras de maman, cela me fit mal au cœur… Maman m’expliqua qu’il fallait lui donner du chocolat, ce que je fis, et elle revint vers moi, avec tous les mots doux de la terre…

C’est alors que la bombe m’explosa en plein visage : – Elle commence à poser des questions… dit maman.

Mon cœur battit la chamade, des questions ? Mais quelles questions ? Le regard que me lança ma mère fut assez éloquent pour que j’eusse

besoin de lui poser la question… – Depuis qu’elle va en petite section… elle pose des questions sur son

père… et sur sa couleur de peau, par rapport à nous…

Non, non, non !!! J’avais toujours cru que ça n’arriverait pas avant ses 8ans, mais Kimia était si mature pour son âge !!!

– … Elle risque de ne pas t’épargner… chuchota maman…

Comme si elle l’avait entendu, Kimia revint à nouveau vers moi et se hissant sur mes genoux me dit :

– Maman… mais tu ne m’as pas ramené mon papa ?

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Eh Christ !!! Comment répondre à cette question ? – … Mamie Emmie dit que les papas sont des cadeaux, moi je voulais un

papa comme cadeau.

Je levai les yeux vers ma fille, et là… je me dis qu’on ne m’avait jamais posé question plus difficile, maman près de moi me regardait avec intérêt…

Etait-il temps de tout dire ?

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Chapitre 3 : Les interrogations de Kimia

******* Dans la tête de Maman Emmie ********

Le visage d’Irma se ferma comme une huître, malgré toutes les épreuves qu’elle venait de subir, et malgré sa « foi nouvelle » en Jésus, elle semblait avoir encore du mal avec son passé, notamment avec la question du père de Kimia.

Tout comme Kimia, j’avais besoin de l’entendre répondre à cette question, mais pas pour les même raisons. Kimia voulait savoir si elle avait aussi un père comme ses nouveaux petits camarades de classe.

En effet, depuis que nous l’avions inscrite à la rentrée, un mois plus tôt en petite section, Kimia qui était déjà très éveillée pour son âge avait commencé à poser des questions sur sa couleur parce qu’à l’école, les autres l’appelaient « la blanche » alors même qu’à la maison, nous n’avions jamais fait cette distinction.

La première fois qu’elle avait posé des questions, c’était à la fin de sa première semaine d’école, elle avait boudé toute la journée, elle avait été irascible, refusant même les câlins de son papi adoré. Puis le soir alors que je la couchai, elle me prit la main et me dit :

– Mamimi… c’est quoi une blanche ?

Je ne compris pas sur le coup, je la regardai incrédule. – Une blanche ma chérie ? Lui demandai-je pour être sûre qu’elle

voulait bien parler de ça.

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– A l’école les autres disent que je suis une blanche…

Et là mon cœur s’était serré, Jésus, que j’avais eu du mal à répondre à cette petite, mais cela m’avait confortée dans l’idée qu’Irma devait très vite régler cette situation avec Dylan.

– Humm, mon bébé une blanche est une personne comme les autres… elle a juste une autre couleur…

– Mais pourquoi je suis blanche Mamimi… ? Demanda-t-elle perdue.

Que lui dire ? Comment lui répondre sans parler de son père ? – Parce que c’est la couleur que Dieu t’a donnée, il y a des noirs et des

blancs… et aussi… – Mais pourquoi je ne suis pas comme toi et papi et maman Cici et

tonton Yoyo… – … – Pourquoi je ne suis pas comme maman puis maman Candy… et

comme les autres à l’école… – Parce que tu es spéciale ma chérie… – Mais je ne veux pas être… sé sé…

Elle avait du mal à prononcer le mot, mon cœur se serra douloureusement, si on ne faisait rien, cette petite allait beaucoup souffrir… avais-je pensé. Je ne m’étais pas trompée, car deux semaines plus tard, elle avait remis ça sur le tapis, cette fois, on était un samedi, Pierre et moi étions assis à la terrasse, lorsque Candy vint demander à son père quelque chose :

– Papa, j’ai besoin que tu m’expliques un truc en mathématiques… – Ce soir ma chérie ok ? Avait répondu Pierre…

Kimia avait eu comme une illumination, elle avait toujours entendu, Candy, Yorich, Céci ou même sa mère au téléphone appeler Pierre « papa » mais jamais elle n’avait levé l’équivoque, mais ce jour-là :

– Papi… pourquoi les autres t’appellent « papa » ?

Pierre s’était figé un instant et m’avait regardée… il semblait chercher ses mots…