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Date : 17/23 AOUT 17 Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 529227 Page de l'article : p.14 Journaliste : PHILIBERT HUMM Page 1/1 DIABLE 2303802500524 Tous droits réservés à l'éditeur culturematch/livres LES INATTENDUS DE LA RENTREE LITTERAIRE Cette année, 581 romans arriveront en librairie. Voici quatre de nos pépites, PAR PHILIBERT MUMM Victor Pouchet Dans le lit de la Seine Des 4 000 manuscrits reçus à la suite du succès de < En attendant Bojangles », les éditions Fimtude nen ont retenu quun «Original et malicieux» annonce le communique Original, on ne saurait I être davantage Ce premier roman souvre en effet sur une pluie doiseaux morts Detourneaux pour être précis tombes subitement, sans explication dans un champ de Bonsecours, en Seine Maritime Un rien de curiosité et trois touts de désoeuvrement poussent un jeune homme a s'embarquer sur une peniche senior qui suit les boucles delà Seine depuis Paris |usqua Honfleur Au rythme des ecluses il mené une enquete pour laquelle personne ne la mandate, et découvre précisément ce qu il ne cherchait pas Tout ce qu on aime «Pourquoi les oiseaux meurent», de Victor Pouchet, éd. Fimtude, igz page*., ClaireBarre Bienvenue chez les Sioux Déjeunant un samedi midi d'un plat de spaghettis (dont il faudra demander la recette) l'auteur de ce livre a une apparition Une vraie de vraie comme Jeanne d Arc ou Bernadette si vous voulez Sauf que en lieu et place dune Vierge cest le chef indien Sittmg Bull que voit Claire Barre « ll netait pas exactement en face de moi Juste un peu a côte sur la gauche comme épingle a la périphérie de mon champ de vision » Plus surprise qu effrayée ellesen ouvre a ses proches, moins surpris qu effrayes et pourtant tres surpris Plutôt que de consulter un neurologue, Claire s initie au chamanisme et s'envole dans la foulée pour les Black Hills en plein territoire sioux On la suit volontiers des collines sacrées aux confins de son imagination «Pourquoi je nal pat écrit de film sûr Silliny Bull », da Claire Barré, éd Robert Laffont îç^ pages, iS euros Thomas Gunzig Le livre de sa jungle Par une douce nuit de novembre, le vol AF267 a destination du Cap s écrase quelque part dans les forets centrafricaines A son bord 320 passagers et membres d équipage dont le petit Charles nouveau-né de 45 kilogrammes Coince entre un plateau repas et une pile de couvertures, il sen tire sans egratignure Recueilli par des autochtones, il est «decueilli » bien des années plus tard grâce aux nouvelles technologies Rapatrie on le plante en pot cest a dire en pays civilise Des son arrivée a laeroport lui sont attribues une carte d identité et un numero de Secu une chemise Celio et une paire de Nike une tablette et un compte Facebook En bref le mythe de I enfant sauvage a I heure du numerique «La vie saunage» de Thomas Gunzig, éd Au Diable Vauvert, iS euros. Emmanuel Brault Ou l'homme qui broyait du noir Amedee Gourd est raciste comme dautres collectionnent les sous-tasses ou font des ongamis Dans sa petite vie médiocre cest la son seul refuge ll ne le cne pas sur les toits bien sûr - être raciste est un peu passe de mode - maîs il n en pense pas moins trop nombreux trop entre eux trop fainéants sauf lorsqu ll sagit de voler des poules Surpris un jour dans lexercice de son hobby Amedee est traduit devant les tribunaux Son avocat parvient a commuer la peine de prison en stage cle reeducation Dans ces camps d un nouveau genre, des « repentis «vous redressent a coups de PowerPoint humanistes et de Yannick Noah dans les oreilles Sacrement gonflé voila un petit chef-doeuvre d humour de couleur <Les peaux rouges», Les Peaux ' •' . toutes dLmmanuelJjrauU, éd Grasset, igh'pages, iy,go euros

Date : 17/23 AOUT 17 Page de l'article : p.14 OJD : 529227 · Victor Pouchet Dans le lit de la Seine Des 4 000 manuscrits reçus à la suite du succès de < En attendant Bojangles

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Date : 17/23 AOUT 17

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 529227

Page de l'article : p.14Journaliste : PHILIBERT HUMM

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DIABLE 2303802500524Tous droits réservés à l'éditeur

culturematch/l ivres

LES INATTENDUS DELA RENTREE LITTERAIRE

Cette année, 581 romans arriveront en librairie. Voici quatre de nos pépites,PAR P H I L I B E R T MUMM

Victor PouchetDans le lit de la SeineDes 4 000 manuscrits reçus à la suite du succès de< En attendant Bojangles », les éditions Fimtude nen ont retenuquun «Original et malicieux» annonce le communiqueOriginal, on ne saurait I être davantage Ce premier romansouvre en effet sur une pluie doiseaux morts Detourneaux

pour être précis tombes subitement, sansexplication dans un champ de Bonsecours,en Seine Maritime Un rien de curiositéet trois touts de désœuvrement poussentun jeune homme a s'embarquersur une penichesenior qui suit lesboucles delàSeine depuis Paris|usqua HonfleurAu rythme des

ecluses il mené une enquete pourlaquelle personne ne la mandate,et découvre précisément ce qu ilne cherchait pas Tout ce qu on aime«Pourquoi les oiseauxmeurent», de Victor Pouchet,éd. Fimtude, igz page*.,

Claire BarreBienvenuechez les SiouxDéjeunant un samedi midi d'un platde spaghettis (dont il faudrademander la recette) l'auteur dece livre a une apparition Une vraiede vraie comme Jeanne d Arcou Bernadette si vous voulez Saufque en lieu et place dune Vierge cestle chef indien Sittmg Bull que voit Claire Barre « ll netait pas exactementen face de moi Juste un peu a côte sur la gauche comme épingle a lapériphérie de mon champ de vision » Plus surprise qu effrayée ellesenouvre a ses proches, moins surpris qu effrayes et pourtant tres surprisPlutôt que de consulter un neurologue, Claire s initie au chamanismeet s'envole dans la foulée pour les Black Hills en plein territoire siouxOn la suit volontiers des collines sacrées aux confins de son imagination«Pourquoi je nal pat écrit de filmsûr Silliny Bull », da Claire Barré,éd Robert Laffont îç^ pages, iS euros

Thomas GunzigLe livrede sa junglePar une douce nuit de novembre, le vol AF267 adestination du Cap s écrase quelque part dans les foretscentrafricaines A son bord 320 passagers et membresd équipage dont le petit Charles nouveau-né de45 kilogrammes Coince entre un plateau repas etune pile de couvertures, il sen tire sans egratignureRecueilli par des autochtones, il est «decueilli » biendes années plus tard grâce aux nouvelles technologies

Rapatrie on le plante en potcest a dire en pays civiliseDes son arrivée a laeroport luisont attribues une carte d identitéet un numero de Secu unechemise Celio et une paire deNike une tablette et un compteFacebook En bref le mythe de

I enfant sauvage aI heure du numerique«La viesaunage» deThomas Gunzig,éd Au DiableVauvert,

iS euros.

Emmanuel BraultOu l'homme qui broyait du noirAmedee Gourd est raciste comme dautres collectionnent les sous-tasses ou font desongamis Dans sa petite vie médiocre cest la son seul refuge ll ne le cne pas sur lestoits bien sûr - être raciste est un peu passe de mode - maîs il n en pense pas moinstrop nombreux trop entre eux trop fainéants sauf lorsqu ll sagit de voler des poules

Surpris un jour dans lexercice deson hobby Amedee est traduit devantles tribunaux Son avocat parvienta commuer la peine de prison en stagecle reeducation Dans ces camps d unnouveau genre, des « repentis «vousredressent a coups de PowerPointhumanistes et de Yannick Noah dans les

oreilles Sacrement gonflévoila un petit chef-dœuvred humour de couleur

„ <Les peaux rouges»,Les Peaux ' •' .

toutes dLmmanuelJjrauU,éd Grasset, igh'pages,iy,go euros

Page 2: Date : 17/23 AOUT 17 Page de l'article : p.14 OJD : 529227 · Victor Pouchet Dans le lit de la Seine Des 4 000 manuscrits reçus à la suite du succès de < En attendant Bojangles

12 PARIS MATCH DU 13 AU 19 jUIlleT 2017

C’est une histoire de sucre et de sang. Survivant miraculé d’un accident d’avion au cœur de l’Afrique, le

héros, Charles, un nouveau-né que sa famille croit mort, est récupéré par des locaux. Il est élevé par « Cul-nu », un drôle de zèbre tueur, voleur et dévoreur de littérature. « Cul-nu » transporte dans son baluchon de vieux livres, et enseigne à son protégé les vibrations de la poésie – Rimbaud, Verlaine, Baude-laire. Adolescent, Charles est repéré depuis l’Europe au ha-sard d ’une d i f fus ion sur Google Street View. Et ren-voyé chez les parents qui lui restent au Nord, sous des lati-tudes grisâtres et un climat à se flinguer. Un oncle bourg-mestre couperosé et volage, une tante quinquagénaire en plastique, un cousin branleur et sa sœur qui bat le beurre. Ils s’ap-pellent Frédéric et Aurore, comme chez les Daerden, mais là s’arrête la comparai-son. Le héros suprêmement lettré dé-couvre les réseaux sociaux et leurs symboles niais, fait des miracles dans les boums du lycée et séduit, dans la foulée, quelques proies d’âge mûr. Son plan se-cret le tient en vie. Il porte un œil

narquois sur la mécanique creuse d’une middle-class abrutie sous des cieux bas de plafond et givrés comme la mort, mais se console en pensant à Septembre, la fille aux cicatrices, qui sent « la mangue mûre, (…) la banane cuite, la poussière de la piste, (…) et aussi, évidemment, l’odeur de la poudre à canon ».

Une histoire d’amour pure aux contours rocambolesques, rythmée par

la reproduction précise de dé-cors mobiliers et d’êtres parfu-més. Thomas Gunzig évolue en champion dans l’exercice du portrait gore et de la des-cription qui tue. Son tableau naturaliste se déguste comme un hors-d ’œuvre. Le ton joyeusement prosaïque, cyni-quement guilleret, doucement iconoclaste, confirme la signa-ture. Celle du romancier,

chroniqueur, dramaturge et coscénariste du « Tout Nouveau Testament », le film de Jaco Van Dormael, avec Catherine Deneuve et Benoît Poelvoorde en dieu énorme et bruxellois. n

« La Vie sauvage », de Thomas Gunzig, éd. Au Diable Vauvert, 336 pages, 18 €. Parution en août.

Récit/ Michaël PrivotLa grande conversionMichaël Privot est islamologue, titulaire d’un master en histoire et philologie orientales et d’un doctorat en langues et littératures de l’Ulg. L’intellectuel verviétois, polyglotte, habitué des plateaux télé, a choisi l’islam à

l’âge de 19 ans. Ses parents s’y sont convertis aussi. C’est une famille aux racines riches, socialement mixtes, qu’il décrit par le menu avant de raconter, tout aussi soigneusement, son parcours affectif, spirituel, académique et son action de terrain. Il aborde les courants de pensée, les contradictions, les petites lâchetés humaines, mais aussi les questions de gestion quotidiennes qui se posent dans l’ombre des mosquées, offrant au lecteur une plongée surprenante dans des sphères souvent peu lisibles. Il intègre la confrérie des Frères musulmans qu’il quittera plus tard : il lui reproche son absence d’esprit critique notamment sur la littérature qui prône le djihad. Il faut, dit cet adepte d’une « pensée musulmane contemporaine », en quête d’un « réveil de l’islam européen », remettre les douze derniers siècles à plat. E.J.« Quand j’étais Frère musulman », de Michaël Privot, éd. La Boîte à Pandore, 235 pages, 17,90 €.

Roman/ Aram KebabdjianBrame de nuitIl gamberge dans son lit. Un son le tient en haleine. Il imagine un mulot, un yéti, un grizzly. Anton Sorrus passe une nuit blanche au côté de sa femme, « gentil petit faon ». Il se souvient d’une bête qu’il a « plumée,

atomisée ». Dans un huis clos bien serré et une langue mirobolante, créative, l’auteur décortique les tâtonnements de l’insomniaque, les respirations, la mémoire qui fait des flash-back sur les frustrations ponctuées d’angoisses destroy. Les mauvaises gueules de ses noces, « une guirlande, un massacre (…) (tu parles d’une partie de plaisir). (…) La glaire pendait aux amygdales. » Ou cette journée de chasse qui tourne mal. Les chiens qui grognent auprès du corps, le boucher qui râle en se vidant, « agonisant comme un grand cerf ». Aram Kebabdjian a un doctorat en histoire de la philosophie (sur Kant et la géographie), il est aussi photographe et antiquaire. Après un premier roman, « Les Désœuvrés », une brique majeure sur le monde de la création contemporaine, il signe ici un bijou de poésie où la parenthèse est érigée en art. E.J.« Le Songe d’Anton Sorrus », d’Aram Kebabdjian, éd. du Seuil, 159 pages, 16,50 €.

Roman/ Simon Johannin Rase campagne« C’était comme quelques carcasses qui nous tournaient autour, avec chacune ses petites mouches et leur baluchon de tristesse. Il suffisait d’avancer dans l’existence pour ne plus voir qu’au travers de la nuée,

et d’avoir toujours des insectes entre les yeux et le reste. » C’est un premier roman rural, phénoménal, létal. Les gamins sont entassés « comme des charognes » à l’arrière d’un camion pour aller à la rivière. On y abat des porcs, il y a de la vendetta, un vieux au slip qui bâille, des brouettes d’agneaux morts. Le Français Simon Johannin, une vingtaine d’années, le crâne ras d’un skinhead, une jeunesse dans le Tarn et un passage par l’école de La Cambre à Bruxelles, raconte d’une traite l’enfance rustique, marginale, animale. Dans un style cru comme un légume écrasé sous le sabot, violent comme une lèvre explosée. Salué par Benoît Poelvoorde, il sera à Namur le 26 août pour présenter son livre à l’Intime Festival. E.J.« L’été des charognes », de Simon Johannin, éd. Allia, 140 pages, 10 €.

thomAs GunziGnatures mortesUn enfant blanc élevé dans la jungle africaine est rendu au Vieux Continent à l’âge de 16 ans. Cette fable enlevée aborde le vide sidéral de la civilisation occidentale. P A R e m m a n u e l l e J o w a

culturematch/ l ivresdel’été

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Date : 02/08 SEPT 17

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 1126650

Page de l'article : p.21

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DIABLE 6818312500507Tous droits réservés à l'éditeur

LA VIE SAUVAGEde Thomas GunzigQuand le mythe de l'enfant sauvagecroise celui de Robinson Crusoédans notre monde moderne-Excellent roman où Charles, alorsâgé de quèlques mois, est le seul

survivant d'un accident d'avion. Recueilli par desmercenaires en Afrique, il est retrouvé quinze ansplus tard par son oncle, un maire belge suffisant.Charles découvre cette autre vie sans oublierson passé, ni Septembre, celle qu'il aime. Drôleet grave, une ode réjouissante à la littérature.ROMAN. Au Diable Vauvert, 336 pages, 18 e

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Date : OCT 17

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 404990

Page de l'article : p.26Journaliste : F.F./ I. B.

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DIABLE 0260022500524Tous droits réservés à l'éditeur

MERCY, MARY, PATTYtf if tf Gene est en France lorsqu'elle reçoit une proposition le procèsde Party Hearst, l'héritière du magnat de la presse américaine, vas'ouvrir et l'un des avocats veut démontrer que la |eune fille est toupurssous l'influence de ses kidnappeurs Gene aura une montagne dedocuments et deux semaines pour livrer ses conclusions et transformerParty la virago en victime Une tâche de titan pour laquelle elleembauche une |eune fille, tablant autant sur ses capacités d'assistanteque sur son esprit |uvénile, si semblable à celui de Party Lola Lafons'attaque à un fait divers qui a fait grand bruit dans les années 70, maîsdans son jeu de construction gravitent des personnages qui dévoilentune tout autre histoire Tout simplement magistral F. F.Par Lola Lafon, ed. Actes Sud, 23Sp., 19,80 €.

LA VIESÂITAGEtf tf tf H suffit d'une photo sur Google Map (un adolescent blondparmi des |eunes hommes noirs, en brousse) pour que bascule la viede Charles Rescapé d'un crash aerien quand il avait 3 mois, élevépar un mercenaire, le voilà renvoyé auprès de son oncle en BelgiqueOn le prend pour un enfant sauvage ll est, à 17 ans, bien plusérudit que ses congénères (nourri de Baudelaire, Verlaine, Apollinaire,Rousseau et de tous les psychanalystes qu'il cite dans le texte) etva monter un plan machiavélique pour retourner en Afrique dans les brasde la douce Septembre Un roman parfaitement amoral et totalementrépuissant qui ironise sur nos pré|ugés de bons petits Blancs I. B.Par Thomas Cunzig, éd. Au Diable Vauvert, 325 p., IS €.

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Le thème de l’enfant sauvageest ici inversé, c’est le « re-trouvé » qui porte son juge-ment sur un monde qui secroit civilisé.« J’avais envie après le ‘Manuelde survie’, un roman qui sepassait beaucoup à l’extérieuravec de l’action, d’écrire un ro-man qui se passe dans un envi-ronnement plus clos, avecmoins de personnages. Je vou-lais une atmosphère étouf-fante et tendue comme dans‘Le journal d’une femme dechambre’ ou comme dans‘Théorème’ de Pasolini. Une fa-mille compliquée, un peu dys-fonctionnelle dans laquelle unélément perturbateur vient ap-porter le chaos. J’avais aussienvie de parler de notreépoque. Un peu à la manièrede Montesquieu dans les‘Lettres persanes’, je prends leregard de l’étranger avec unedistance qui me permet d’êtreobjectif, plus cruel sur certainspoints, et bienveillant surd’autres. »

Vous posez la question de lacivilisation…« Il n’y a pas de civilisation,mais bien des civilisations. Lanôtre ne vaut pas mieuxqu’une autre. Elle vaut cequ’elle vaut. Mais elle a ten-dance à juger les autres. Je vou-lais parler de cela, certaine-ment. Mais je voulais aussifaire quelque chose que jen’avais jamais fait : un romand’amour. Il y a de grands senti-ments. Dans beaucoup de mes

livres, j’ai des personnages am-bigus. Ici, il est plus héroïque,au sens classique. Il est le mo-teur de l’histoire avec un butclair et noble. »

Ce personnage principal,Charles, bien qu’ayant vécuau fond de la RDC, fait preuved’une solide culture litté-raire. Vouliez-vous fairevotre déclaration d’amour àdes auteurs comme Baude-laire, Rimbaud, etc. ?« Je voulais montrer comment,dans les moments de déses-poir, la littérature peut sauverla mise. Elle ne donne peut-être pas de solution, mais ellemontre comment d’autres ontvécu avant vous les mêmestourments. Du coup, on se sentdéjà mieux. »

Malgré ces bulles d’air poé-tiques, on sent Charles tra-versé par une violenceconstante…« On est face à quelqu’un de fu-rieux d’avoir dû partir, d’avoirlaissé derrière lui la jeune fillequ’il aimait. Il est adolescent,et les ados sont toujours fu-rieux de voir comment lesadultes ont rendu les armespar rapport aux rêves et aux es-poirs qu’ils avaient jeunes.C’est ce qui fait que les adoles-cents sont, pour nous adultes,tellement énervants et atta-

chants à la fois, parce qu’ilsnous jugent. Ils ont un côté as-sez manichéen, mais pur. »

Est-il moral ?« Oui, je crois qu’il l’est. Il saitque ce qu’il fait n’est pas bien.Il ne supporte pas le mondedans lequel il est : l’école, lapsy, la famille tentent de lenormaliser. La psy lui dit quece qui ne va pas bien, ce n’estpas le système, mais lui. À sesyeux, c’est le monde qui est im-moral, puisqu’il produit desgens malheureux. Il sait aussiqu’il ne pourra pas vivre à l’en-droit d’où il vient, trop violent,où les gens meurent de la mi-sère et de la guerre. Il renvoiedos à dos les deux modèles. »

Vous décrivez la normalitécomme l’antichambre du fas-cisme. Notre époque a encoredu mal à accepter la diffé-rence ?« Pour quoi doit-on résumer lebonheur à sa femme, son chienet son job ? Je ne rejette pas cemodèle-là mais on peut avoirenvie d’autre chose. Mais laplupart des gens ne se posentpas la question. Notre mondedéteste la vraie différence. Tupeux être différent, mais dansun monde très circonscrit. Lesréfugiés, on préfère les ren-voyer chez eux et construire unmur. »

Vous n’épargnez pas la psy-chothérapie…« Surtout sa toute-puissance.Elle s’est efforcée de m’aider àmon corps défendant quandj’étais petit. Je pense aussi àtous ces livres de développe-ment personnel. C’est hor-rible. Les gens ne savent plus

comment être ou commentêtre heureux. C’est inquiétantde voir combien les gens ontbesoin de ces modes d’emploipour se connecter au bon-heur. »

Nicolas Naizy@NNaizy

BRUXELLES Son « Manuelde survie à l’usage desincapables » nous ren-voyait en miroir la vio-lence de la société deconsommation. Dans « Lavie sauvage », ThomasGunzig veut parlerd’amour, mais c’est tou-jours au prix d’une visioncynique de notre mondequi normalise et n’accep-ta pas la différence. Sonhéros, Charles, est unado furieux qui est prêt àtout pour atteindre sonbut : retrouver celle qu’ilaime.

Ph. Corentin Vandenbranden

Les grands sentiments« LA VIE SAUVAGE » DE THOMAS GUNZIG

Retrouvé au fin fond de la RDC plu-sieurs années après avoir survécu àun crash, Charles renoue avec unesociété occidentale qui le croit attar-dé mais à ses yeux, elle se révèle apa-thique et déconnectée. Pourtant lejeune homme, abreuvé de littéra-ture française pendant son exil for-cé, porte un regard beaucoup plusdésabusé sur son nouvel entourage :« Je venais d’un coin du monde oùla brutalité semblait avoir, depuislongtemps, pris le pas sur la civilisa-tion. Et là, au cœur de la civilisa-tion, je découvrais qu’une brutalité

insidieuse, une violence sourde, aussi puis-sante que sournoise, irriguait de ses eaux toxiques tout un ré-seau souterrain. » Les grands sentiments amoureux justifientici certains moyens, violents et brutaux. C’est parfois trash etcruel, souvent drôle, mais l’auteur rappelle que l’amour et lacarence de celui-ci nous rendent avant tout humains, spéci-mens d’une bien étrange espèce.

(nn)

« La vie sauvage », de Thomas Gunzig, éditions Au diable vau-vert, 336 pages, 18 € ■■■■■

Après avoir été emprisonné pour des actes pédophiles,Jonathan retrouve la liberté. Un quotidien de vieux gar-çon solitaire, aux côtés d’une mère malade, qu’il tentedésormais de combler par un emploi du temps calibrépour éviter toutes pulsions néfastes. Travail à l’usine,promenade avec son chien et poursuite de sa thérapie,tout semble reprendre pour le mieux jusqu’à sa ren-contre avec Elke, une fillette délaissée par sa mère, quihabite désormais dans le quartier. Une plongée déran-geante au cœur même des pensées les plus profondesd’un prédateur, un homme de visu ordinaire commeon en croiserait tous les jours, et qui lutte secrètementcontre ses désirs les plus malsains. Une lecture inter-pellante. (ls)

« La tanche », d’Inge Schilperoord, éditions Belfond,288 pages, 21 € ■■■■■

Dans la tête d’un pédophileROMAN

La vie de Mina Loy pourrait être un roman... Et c’est cequ’en a fait Mathieu Terence. L’auteur raconte la vie pal-pitante de cette poète née dans l’Angleterre victorienne,et morte dans l’Amérique de l’après-guerre. Le lecteurdécouvre comment entre deux, elle a vécu à Florence,New York, Mexico… Mina Loy explore ces villes aux cô-tés des Man Ray, Marcel Duchamps, et autres Francis Pi-cabia. Avec le poète boxeur dadaïste Arthur Cravan,elle découvre les chemins de l’amour, même si celui-cidevra finir dans l’impasse du deuil. Cette vie à rebon-dissements suffit à en faire une biographie des pluspalpitantes. Les mots de Mathieu Terence offrent unregard plus personnel, sur cette femme à la fois cos-mopolite, artiste, et aventurière des années 20. (cg)

« Mina Loy, éperdument », de Mathieu Terence, éditions Grasset, 234 pages, 18€■■■■■

Poète, aventurière, et cosmopoliteROMAN

«Jevoulais fairequelque choseque je n’avaisjamais fait :un romand’amour »

metro L u n d i 1 8 s e p t e m b r e 2 0 1 7 15b o o k s @ m e t r o t i m e . b e B O O K S 15

EN QUELQUES LIGNES

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BIBLIOTECA MAGAZINEDate : SEPT 17Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.14

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DIABLE 1139491500504Tous droits réservés à l'éditeur

français

Thomas GunzigLa Vie sauvageAu diable vauvert

Seul survivant d'un acci-

dent d'avion, Charles va

durant quinze ans vivre

en Afrique Centrale. De retour en Belgique, il

est parachute dans une civilisation inconnueet découvre sa famille : une tante accro à la

consommation, un oncle véreux, un cousin

qui passe son temps sur Internet et une cou-

sine boudeuse. Scolarisé avec ces derniers, il

observe avec beaucoup de curiosité l'équipe

pédagogique mettre tout en oeuvre pour qu'ils'intègre à cette nouvelle société, à ses usages

et sa morale. Mais le jeune homme ne peut

oublier Septembre, celle qu'il aime, restée en

Afrique. Lin roman magnifique, à la fois clas-

sique et sardonique. Du même auteur: Ma-

nuel de survie à l'usage des incapables.

336 pages - parution le : 31/08/2017Prix public: 18,00 €EAN: 9782846269612

La viesauvage

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ESSOR BIGOURDANDate : 25 MAI 17Périodicité : Hebdomadaire

OJD : 1437 Page de l'article : p.9

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CULTURE - LOISIRS

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La viesauvage

Thomas Gunzig

Le livre : Seul survivant d'un acci-dent d'avion recueilli par des mer-cenaires, Charles vit durant quinzeans dans la jungle d'Afrique cen-trale. Retrouvé grâce à Google, ildécouvre en Belgique la civilisa-tion urbaine polluée en mêmetemps que sa famille, une tanteobsédée par son corps et laconsommation, un oncle mairesuffisant et véreux, un cousin adoperdu dans les tréfonds d'internetet une cousine boudeuse et disgra-cieuse. Scolarisé avec eux, il ob-serve avec curiosité etdétachement ses camarades declasse et l'équipe pédagogique dé-fraîchie qui rivalise d'attentionpour l'aider à s'intégrer à la sociétécivilisée, ses usages et sa morale.Cependant il a laissé Septembre,celle qu'il aime, en Afrique et rien

ne peut la lui faire oublier.Pour la rentrée littéraire, ThomasGunzig revisite et donne un grandcoup de jeune au mythe du retourdu bon sauvage à la civilisation,mais le monde a beaucoup changédepuis Tarzan.. Un roman magni-fique, à la fois classique et sardo-nique, sombre et drôle, léger etgrave.L'auteur : Thomas Gunzig, né en1970 à Bruxelles, est l'écrivainbelge le plus prime de sa généra-tion, il est traduit dans le mondeentier. Nouvelliste exceptionnel, ilest lauréat du Prix des Éditeurspour Le Plus Petit Zoo du monde,du prix Victor Russel pour sonpremier roman Mort d'un parfaitbilingue mais également des prixde la RTBF et de la SGAM, du prixspécial du Jury, du prix de l'Aca-démie Royale de Langue et de Lit-térature Française de Belgique etenfin du très convoité et presti-gieux Prix Triennal du Romanpour son dernier roman Manuelde survie à l'usage des incapables.Star en Belgique, ses nombreuxécrits pour la scène et ses chro-niques à la RTBF connaissent ungrand succès. Il a publié et exposéses photos sur Bruxelles, Derniersrêves. Scénariste, il a signé le ToutNouveau Testament, avec BenoîtPoelvoorde, film aux deux millionsd'entrées dans le monde, récom-pensé par le Magritte du meilleurscénario et nominé aux Césars etGolden Globes.

Page 19: Date : 17/23 AOUT 17 Page de l'article : p.14 OJD : 529227 · Victor Pouchet Dans le lit de la Seine Des 4 000 manuscrits reçus à la suite du succès de < En attendant Bojangles

Date : AOUT 17

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 7555

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La viesauvage

LA VIE SAUVAGEWM s. -y

Unique rescapé d un crash aerien Charles est recueilli pardes mercenaires et passe quinze ans de sa vie dans lajungle d Afrique centrale Retrouve grâce aux reseauxsociaux ce dernier est rapatrie en Belgique ou il partretrouver sa famille Maîs le retour s avère apocalyptiquedans ce territoire urbain envahi par le consumensme et lasuperficialite le narrateur va devoir apprivoiser I hostilité dumonde moderne Entre sa tante obnubilée par sa silhouetteson oncle petit politicien hautain et malhonnête son cousinado perdu dans les méandres du net et sa cousinerenfrognée Charles vit de plein fouet I étrange distorsionentre ces deux mondes Alors qu il s adapte petit a petit a cette societe ce dernier vaorganiser sa fugue pour retourner en Afrique serrer dans ses bras Septembre son amourde toujours Savamment mené et intelligent ce roman aigre doux explore sans concessionla brutalité du monde occidental

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