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La Presse de la Manche - 31 Religion Dimanche 7 février 2021 DÉCOUVERTE. Le point de départ, c’est la révélation divine dont bénéficie Mahomet, le prophète de l’Islam De la lecture du Coran, depuis les origines BONJOUR à toutes et à tous. Que la paix soit sur vous. Nous allons évoquer l’impor- tance accordée à la lecture du Coran dans la religion musul- mane, depuis son origine. Episode de la révélation coranique Le point de départ, c’est la révélation divine dont bénéficie Mohammed (Mahomet), le prophète de l’Islam. Cet épi- sode débute lors de l’une de ses retraites spirituelles à l’abri de la grotte de Hira où il médite, loin des tumultes de la vie quo- tidienne et commerçante de la ville de La Mecque. En 610, l’ange de la révéla- tion, Djibril ou Gabriel, d’un blanc immaculé, apparut à Mohammed pour lui apprendre qu’il avait été choisi comme dernier prophète des révéla- tions antérieures, puis, après l’avoir étreint à trois reprises, il lui demanda de lire (ou de réci- ter, c’est le sens du mot Coran), malgré son illettrisme. Djibril s’adresse à lui par ces mots très connus des fidèles musulmans : « Lis au nom de ton Seigneur qui a créé ! Lis ! Car ton Seigneur est le très-gé- néreux, Qui a enseigné par le calame (plume pour écrire), Qui a enseigné à l’homme ce qu’il ignorait. » Puis la révélation du Coran se fera graduellement pendant 23 années, jusqu’aux 63 ans de Mohammed. Chaque verset (aya qui signifie signe ou mi- racle) enseigne la façon dont doivent se comporter les fi- dèles, certains en corrigeant d’autres. Par exemple, la consommation d’alcool est d’abord déconseillée puis in- terdite. De la tradition orale à la transmission écrite À cette époque, seule la transmission orale existait en ces contrées. Des bribes de ces versets, dispersées sur des supports divers, seront par la suite assemblées méthodi- quement. Cette compilation se réalisera grâce à la multitude des récitateurs et permettra la préservation certaine et au- thentique du Coran. De nos jours, il existe à tra- vers le monde une multitude de concours locaux, nationaux et internationaux de récitation orale et complète du Coran, avec une grande variété de prononciations mais avec l’identique support qu’est le Coran. La relation qu’entretient le musulman avec le livre sacré est ritualisée (par exemple avoir fait ses ablutions avant tout contact) pour le lire, le réci- ter, l’apprendre, le comprendre, le méditer, l’analyser etc. Ouvrages préférés des musulmans La première place revient na- turellement au Coran. Viennent ensuite les nombreux recueils de hadiths (ex : Sahih de Bu- khari), qui compilent les faits et dires du prophète Mohammed qui se sont transmis, enfin les livres de jurisprudence (fiqh) qui analysent des situations modernes à travers des avis juridiques et théologiques. La recherche de la science grâce à la lecture Le Coran et les hadiths dé- bordent de révérence et d’en- couragement à l’égard de ceux qui recherchent la science : «… Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui ont reçu le sa- voir… » Sourate 58, verset 11. «… Parmi Ses serviteurs, Seuls les savants craignent Al- lah. » Sourate 35, v.28. « Les gens ont besoin de la science plus que la nécessité de s’alimenter, car la nourriture et la boisson, ils en ont besoin une à deux fois dans la jour- née ; quant à la science, ils en ont besoin autant de fois qu’ils respirent. » Rapporté par l’imam Ahmed. Un savant musulman a dit un jour : « Sache que la première ruse d’Iblis (du diable) est de détourner les hommes de la science car celle-ci est une lu- mière ; s’il parvient à éteindre celle-ci, une fois dans l’obscu- rité, il les mènera comme bon lui semble. » Projet local Pour commencer, sachez que l’association gestionnaire de notre mosquée (ACI), de- puis sa fondation, s’est atta- chée à s’intégrer pleinement dans le paysage cherbour- geois, non seulement en ren- contrant ses proches voisins, mais aussi, depuis quelques années, en développant avec ses concitoyens et les respon- sables politiques toujours plus d’échanges fructueux, de ren- contres chaleureuses et de dialogues passionnés au moyen de nos portes ouvertes annuelles. Suite à l’idée lumineuse d’une bibliothécaire locale, l’ACI a souhaité participer mo- destement à la construction d’une société moins fracturée et plus solidaire, en fournissant à chaque bibliothèque du sec- teur une bande dessinée ac- cessible à tous, intitulée « Dia- logue », qui permet une fois pour toutes de couper l’herbe sous le pied de ceux qui, de part et d’autre, préfèrent la divi- sion à la complémentarité. Cet ouvrage a connu un formidable succès lors de notre porte ou- verte du 7 avril 2019 et nous espérons qu’il soit un antidote contre le poison identitaire ou communautaire et qu’il parti- cipe à construire une société apaisée où les différences et les divergences se complètent sans haine. Laissons le dernier mot au philosophe Averroès (Ibn Rus- hd) : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation. » Les responsables de l’ACI ÎUne bibliothèque. ÎLa BD « Dialogue » ÎLe Coran Billet spirituel Vous m’avez visité Le 11 février prochain, l’Église se souvient des apparitions de Marie à Lourdes, sanctuaire bien connu pour la place qu’il donne aux malades. Ils sont toujours au premier rang. Je me souviens alors du dernier voyage du pape Saint Jean Paul II à Lourdes. Ce n’était plus le sportif de Dieu, parcou- rant le monde avec entrain. Sa fin de vie est celle d’un homme marqué par la maladie et la souffrance (il est décédé le 2 avril 2005). Son calvaire avait ému le monde entier. D’ailleurs, lors de ce dernier voyage en août 2004, il logeait à l’hôpital du sanctuaire, malade parmi les malades. Depuis 29 ans, le 11 février est la Journée Mondiale du Malade. Une journée qui prend un sens bien particulier au cœur de cette pandémie qui a tant bousculé nos vies depuis un an. Cette journée est l’occa- sion pour les chrétiens mais aussi pour tout un chacun de rendre hommage aux soi- gnants qui donnent tant, pour soigner et soulager ; et l’occa- sion également de remettre celui qui souffre, au centre de nos préoccupations. Et c’est ainsi que, peu à peu, parfois sans même s’en rendre compte, nous vivons cette belle phrase de l’Évangile : J’étais malade et vous m’avez visité. Alors que nous luttons contre la Covid-19, il est urgent de re- trouver le sens de notre huma- nité. Le pape François le rap- pelle dans son message à l’occasion de cette Journée : « une société est d’autant plus humaine qu’elle prend soin de ses membres fragiles et souf- frant et qu’elle sait le faire avec une efficacité animée d’un amour fraternel ». Associons-nous à la prière du souverain pontife : « Je confie à Marie toutes les personnes malades, les agents de santé et ceux qui se dévouent aux côtés des souffrants. […] Qu’elle soutienne notre foi et notre espérance et qu’elle nous aide à prendre soin des autres ». Père Jean Christophe MACHE curé d’Equeurdreville- Hainneville

DÉCOUVERTE. DelalectureduCoran,depuislesorigines

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Dimanche 7 février 2021

DÉCOUVERTE. Le point de départ, c’est la révélation divine dont bénéficie Mahomet, le prophète de l’Islam

De la lecture du Coran, depuis les originesBONJOUR à toutes et à

tous. Que la paix soit sur vous.Nous allons évoquer l’impor-tance accordée à la lecture duCoran dans la religion musul-mane, depuis sonorigine.

Episodede la révélationcoraniqueLe point de départ, c’est la

révélationdivinedontbénéficieMohammed (Mahomet), leprophète de l’Islam. Cet épi-sode débute lors de l’une deses retraites spirituelles à l’abride lagrottedeHiraoù ilmédite,loindes tumultesde laviequo-tidienne et commerçante de laville deLaMecque.En 610, l’ange de la révéla-

tion, Djibril ou Gabriel, d’unblanc immaculé, apparut àMohammedpour luiapprendrequ’il avait été choisi commedernier prophète des révéla-tions antérieures, puis, aprèsl’avoir étreint à trois reprises, illui demandade lire (ou de réci-ter,c’est lesensdumotCoran),malgré son illettrisme.Djibril s’adresse à lui par ces

mots très connus des fidèlesmusulmans : « Lis au nom deton Seigneur qui a créé ! Lis !Car tonSeigneurest le très-gé-néreux, Qui a enseigné par lecalame(plumepourécrire),Quia enseigné à l’homme ce qu’ilignorait. »Puis la révélationduCoranse

feragraduellementpendant23années, jusqu’aux 63 ans deMohammed. Chaque verset(aya qui signifie signe ou mi-racle) enseigne la façon dontdoivent se comporter les fi-dèles, certains en corrigeantd’autres. Par exemple, laconsommation d’alcool est

d’abord déconseillée puis in-terdite.

De la traditionoraleàla transmissionécriteÀ cette époque, seule la

transmission orale existait ences contrées. Des bribes deces versets, dispersées surdessupportsdivers,serontparla suite assemblées méthodi-quement.Cettecompilationseréalisera grâce à la multitudedes récitateurs et permettra lapréservation certaine et au-thentiqueduCoran.De nos jours, il existe à tra-

vers lemondeunemultitudedeconcours locaux, nationaux etinternationaux de récitationorale et complète du Coran,avec une grande variété deprononciations mais avecl’identique support qu’est leCoran.La relation qu’entretient le

musulman avec le livre sacréest ritualisée (par exempleavoir fait ses ablutions avanttoutcontact)pour le lire, le réci-

ter, l’apprendre, lecomprendre,leméditer, l’analyser etc.

OuvragespréférésdesmusulmansLapremièreplace revient na-

turellementauCoran.Viennentensuite les nombreux recueilsde hadiths (ex : Sahih de Bu-khari), qui compilent les faits etdiresduprophèteMohammedqui se sont transmis, enfin leslivres de jurisprudence (fiqh)qui analysent des situationsmodernes à travers des avisjuridiqueset théologiques.

La recherchede la sciencegrâceà la lectureLe Coran et les hadiths dé-

bordent de révérence et d’en-couragementà l’égarddeceuxqui recherchent la science :«… Allah élèvera en degrés

ceux d’entre vous qui aurontcru et ceux qui ont reçu le sa-voir…»Sourate 58, verset 11.«… Parmi Ses serviteurs,

Seuls les savants craignent Al-lah. »Sourate 35, v.28.« Les gens ont besoin de la

science plus que la nécessitéde s’alimenter, car la nourritureet la boisson, ils en ont besoinune à deux fois dans la jour-née ; quant à la science, ils enont besoin autant de fois qu’ilsrespirent. » Rapporté parl’imamAhmed.Unsavantmusulmanadit un

jour : « Sache que la premièreruse d’Iblis (du diable) est dedétourner les hommes de lascience car celle-ci est une lu-mière ; s’il parvient à éteindrecelle-ci, une fois dans l’obscu-rité, il les mènera comme bonlui semble. »

Projet local

Pour commencer, sachezque l’association gestionnairede notre mosquée (ACI), de-puis sa fondation, s’est atta-chée à s’intégrer pleinementdans le paysage cherbour-geois, non seulement en ren-contrant ses proches voisins,mais aussi, depuis quelquesannées, en développant avecses concitoyens et les respon-sables politiques toujours plusd’échanges fructueux, de ren-contres chaleureuses et dedialogues passionnés aumoyende nos portes ouvertesannuelles.Suite à l’idée lumineuse

d’une bibliothécaire locale,l’ACI a souhaité participermo-destement à la constructiond’une société moins fracturéeetplussolidaire, en fournissantà chaque bibliothèque du sec-teur une bande dessinée ac-cessible à tous, intitulée « Dia-logue », qui permet une foispour toutes de couper l’herbesous le pied de ceux qui, departetd’autre,préfèrent ladivi-

sion à la complémentarité. Cetouvrageaconnuunformidablesuccès lors de notre porte ou-verte du 7 avril 2019 et nousespérons qu’il soit un antidotecontre le poison identitaire oucommunautaire et qu’il parti-cipe à construire une sociétéapaisée où les différences etles divergences se complètent

sanshaine.Laissons le dernier mot au

philosophe Averroès (Ibn Rus-hd) : « L’ignorance mène à lapeur, la peurmèneà la haineetla haine conduit à la violence.Voilà l’équation. »

Les responsablesde l’ACI

ÎUne bibliothèque.

ÎLa BD « Dialogue »

ÎLe Coran

Billet spirituel

Vous m’avez visitéLe11févrierprochain, l’Église

se souvient des apparitions deMarie à Lourdes, sanctuairebien connu pour la place qu’ildonne aux malades. Ils sonttoujours au premier rang. Jeme souviens alors du derniervoyage du pape Saint JeanPaul II à Lourdes. Ce n’étaitplus le sportif deDieu, parcou-rant lemonde avec entrain. Safindevie est celled’unhommemarqué par la maladie et lasouffrance (il est décédé le2 avril 2005). Son calvaire avaitémulemondeentier.D’ailleurs,lors de ce dernier voyage enaoût 2004, il logeait à l’hôpitaldu sanctuaire, malade parmilesmalades.Depuis 29 ans, le 11 février

est la Journée Mondiale duMalade.Une journéequiprendun sens bien particulier aucœur de cette pandémie qui atant bousculé nos vies depuisunan.Cette journéeest l’occa-sion pour les chrétiens maisaussi pour tout un chacun derendre hommage aux soi-gnants qui donnent tant, poursoigner et soulager ; et l’occa-sion également de remettrecelui qui souffre, au centre de

nospréoccupations.Et c’est ainsi que, peu à peu,

parfoissansmêmes’en rendrecompte, nous vivons cettebelle phrase de l’Évangile :J’étais malade et vous m’avezvisité.Alorsquenous luttonscontre

laCovid-19, il est urgent de re-trouver le sens de notre huma-nité. Le pape François le rap-pelle dans son message àl’occasion de cette Journée :« une société est d’autant plushumaine qu’elle prend soin deses membres fragiles et souf-frant et qu’elle sait le faire avecune efficacité animée d’unamour fraternel ».Associons-nousàlaprièredu

souverainpontife : «JeconfieàMarie toutes les personnesmalades, les agents de santéet ceux qui se dévouent auxcôtés des souffrants. […]Qu’elle soutienne notre foi etnotre espérance et qu’ellenous aide à prendre soin desautres ».

PèreJeanChristopheMACHEcuréd’Equeurdreville-

Hainneville