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Flammarion

De Funes en haut de l'affiche

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Vie en images d'un comique mythique qui a fait rire plusieurs générations

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Jean-Jacques Jelot-Blanc est un journaliste et écrivain

reconnu par ses pairs, auteur depuis trente-cinq ans

de nombreuses biographies de référence sur le cinéma

et la télévision – notamment Louis de Funès,

Bourvil ou Jean Marais.

Daniel de Funès (à droite) est le fi ls aîné

de Louis de Funès, né du premier mariage

de son père avec Germaine Carroyer.

« J’ai fait la connaissance de Louis de Funès en 1942

lorsqu’il était pianiste à la Madeleine, se souvient le cinéaste

Georges Lautner. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait

le piano à quatre mains avec l’inspecteur. Lorsque ce dernier

jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait. »

Lorsqu’il tourne Le Gendarme de Saint-Tropez en 1964 – son premier fi lm en couleurs –, Louis de Funès est déjà passé cent fois devant une caméra ! C’est peu de dire qu’il aura connu des débuts diffi ciles. Après une multitude de seconds rôles, il lui faut attendre le début des années 1960 pour voir sa carrière décoller… et il a déjà cinquante ans !

Jean-Jacques Jelot-Blanc, avec le concours de Daniel de Funès,

le fi ls aîné de l’acteur, nous fait revivre une carrière jalonnée

de comédies inoubliables et de duos légendaires avec Bourvil,

Jean Richard, Michel Galabru, Jean Gabin, Mireille Darc,

Bernard Blier, Yves Montand, Coluche ou encore Annie Girardot.

L’auteur nous fait aussi découvrir l’homme derrière le personnage,

sa modestie, sa générosité, et la vie calme

qu’il menait dans son château de Clermont.

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Prix France : 25 € ISBN : 978-2-0812-4446-7

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165 Claude Autant-Lara 92 Jules Berry 92 Francis Blanche 94 Bernard Blier 180 Jules Borkon 96 Bourvil 106 Jean-Claude Brialy 108 Jean Carmet 111 Coluche 116 Mireille Darc 117 Mylène Demongeot 152 Robert Dhéry 118 Jacques Dynam 182 Christian Fechner 120 Fernandel 82 Olivier de Funès 122 Jean Gabin 41 Michel Galabru 86 Claude Gensac 128 Annie Girardot 166 Jean Girault 43 Geneviève Grad 44 Guy Grosso 130 Henri Guybet 178 Jean Halain 164 André Hunebelle 174 Serge Korber 131 Robert Lamoureux 172 Georges Lautner 133 Jean Lefebvre 136 Luis Mariano 42 Christian Marin 44 Michel Modo 137 Pierre Mondy 138 Yves Montand 156 Gérard Oury 144 Roger Pierre et Jean-Marc Thibault 142 Paul Préboist 56 Patrick Préjean 53 Jean-Pierre Rambal 143 Jean Richard 53 Maurice Risch 45 France Rumilly 146 Dany Saval 147 Michel Serrault 149 Michel Simon 179 Jacques Vilfrid

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Sa jeunesseCe 31 juillet 1914, dans son modeste appartement du 29 de la rue Carnot à Courbevoie, grouillante banlieue ouvrière de la capitale, Carlos Luis de Funès de Galarza contemple avec joie les yeux couleur bleu ciel de son premier fils, baptisé entres autres de son propre prénom, francisé au passage : Louis Germain David. Telle une grimace du destin, ce jour reste surtout celui de la déclaration de guerre. Plus tard, il répondra invariablement à tous ceux qui lui trouvent un ton plutôt grave : « Vous trouvez la vie marrante, vous ? » De son père,

fier et revêche hidalgo espagnol de quarante-trois ans, natif de Séville installé en France, il dira : « Mon père était un peu fantasque. Il possédait l’humour, cet humour andalou qui ressemble un peu à l’anglais : un humour à froid, avec trois mots, mais des mots qui sont comme des hachettes. Et c’était très drôle. » Face à l’ironie mordante de son père, sa mère, née Leonor, trente-cinq ans, affiche plutôt sa fureur et ses cris. En réalité, il prend auprès d’elle ses premières vraies leçons de comédie. « J’ai connu la maman de Louis, qui était son portrait craché, avec une robe et des cheveux, raconte Yves Robert, l’un de ses réalisateurs. Elle était très agitée, toujours en mouvement, commentant en murmures incompréhensibles ses moindres gestes. Louis s’était-il inspiré de sa mère ? » Sans aucun doute !De Courbevoie, la petite famille déménage près de Nogent, à Villiers-sur-Marne, en banlieue parisienne. Là, au 10 de l’avenue Gilbert, dans une jolie maisonnette flanquée d’un minuscule jardinet, il découvre les joies du jardinage, l’une de ses futures passions. Très vite, dans ce jardin, il s’invente un univers rempli de comédie. Garçon curieux, il se montre aussi inventif, bouillant et doté d’un prodigieux sens de l’observation. Son premier public, et ses premiers fans : son frère Carlos et sa sœur Maria, plus tard surnommés « Charles » et

« Vous trouvez la vie marrante,vous ? »

Louis à l’âge de seize ans.

Taxi, roulotte… et non ! Fufu avec deux copains à Bécon-les-Bruyères.

Louis et Germaine, jeunes mariés, été 1935.

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les divers lieux de tournage en extérieur, de la banlieue parisienne en Savoie, à nouveau, rien ne va plus entre le réalisateur et sa vedette : parmi les raisons, nombreuses, le choix par Molinaro du comédien de théâtre Bernard Alane pour le rôle-titre de l’hiberné, héros d’Hibernatus ! Face à ce comédien dont c’est le premier grand rôle à l’écran (avant qu’il n’affronte Jacques Brel dans Mon oncle Benjamin du même Molinaro), Funès doit freiner ses ardeurs et retenir ses effets ! Résultat, il perd beaucoup de son jeu, si fort en face de ses partenaires habituels, Claude Gensac, Christian Marin ou Michel Galabru. Un soir, il passe un coup de fil à ce dernier, lui demande de venir à sa rescousse, appel d’autant plus incongru qu’il téléphone rarement à ses partenaires hors des tournages : « Je ne peux pas jouer, je suis mal entouré, se lamente-t-il auprès de lui. Il faut que tu viennes. Il faut que tu téléphones au producteur. Insiste pour être présent avec moi sur le plateau. » Cette prière surréaliste n’aboutit évidemment pas auprès de Poiré, car il n’existe aucun rôle pour Galabru dans Hibernatus. Alors, Funès s’isole chaque jour davantage : « Je m’en rends compte, murmure-t-il, je me comporte comme si j’avais la scarlatine ! » Une inquiétude maladive accentuée par une erreur de distribution, car Funès s’agite en vain autour du personnage central de l’hiberné, un tantinet fade : « Avec un centre qui est partout ! » ironisera plus tard, à juste titre, la critique. Assistant habituel de Molinaro depuis longtemps, le réalisateur de seconde équipe Pierre Cosson achève le film, finalement signé par le seul Molinaro sur l’affiche ! Un mystère ! Après l’expérience malheureuse du film Hibernatus, Molinaro ne tournera plus jamais avec Funès, à regret sans doute comme il s’en épanche en toute liberté dans son autobiographie Intérieur soir : « Louis était un comique génial, mais nos deux caractères étaient incompatibles. » Curieusement, au-delà des conflits opposant les deux hommes s’installe bientôt une espèce d’estime paradoxale : « Quand j’ai voulu quitter Hibernatus pour aller réaliser Mon oncle Benjamin, conclut Molinaro, on se détestait vraiment, mais il m’a demandé de terminer toutes les scènes où il était présent, il tenait à ce que ça soit moi qui le filme. À la mort accidentelle de ma femme, des années plus tard, il est venu à l’enterrement. C’est la seule fois que je l’ai vu humain. Et je sais que c’était vrai, que ce n’était pas préfabriqué pour le cinéma. C’était sans doute aussi ça, de Funès ! »Aux spectateurs, il ne reste que des regrets… et des souvenirs aussi !

HibernatusRéalisateur : Édouard MolinaroAvec Claude Gensac, Olivier de Funès, Michael Lonsdale10 septembre 1969

Funès contraint de jouer les prétendants éconduits… de sa propre femme (Claude Gensac) !

Glabre, barbu ou moustachu : une galerie au poil !

Ah c’est horrible…

Et comment est morte votre femme ?

Une nuit, là comme ça, sa tête a commencé à gonfler,

comme ça, là, pffffuuuiittt,

et puis PAF !Il y en avait partout, c’était horrible… elle n’a pas souffert… du tout, du tout !

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Selon la légende, autant Bernard Blier (1916-1989) ne supportait guère Bourvil, autant il adorait Louis de Funès ! En compagnie de ce dernier, alors aux prémices de sa carrière, il partagera l’affiche dans deux films du cinéaste Jean-Paul Le Chanois

(1909-1985), artisan du cinéma, néoréaliste français de l’après-guerre. En 1950, Funès incarne un futur père derrière Blier dans

Sans laisser d’adresse, film dans lequel il croise Gérard Oury, Pierre Mondy et Jacques Dynam au générique. Dans une scène

à l’Hôtel-Dieu, Blier, le héros du film, campe un chauffeur de taxi ému par sa passagère Thérèse (Danièle Delorme) partie dans Paris à la recherche du père de son futur bébé. Puis, lors de son accouchement, il l’accompagne

à l’hôpital où, dans un couloir, attendent de futurs pères. Parmi eux, Michel Etcheverry, papa d’une famille nombreuse et Funès un homme particulièrement

volubile qui tente de détendre l’atmosphère : « Moi, je connais une dame ; c’est la sœur de la belle-sœur d’une cousine de ma femme, nous sommes parents pour ainsi dire ! Eh bien, elle est devenue sourde à son premier accouchement ! »Comme souvent, lors d’un tournage, Funès intrigue son partenaire : « Il clignait des yeux, faisait déjà plein de mimiques ! » se souvient Blier. L’année suivante, dans Agence matrimoniale, réalisé à nouveau par Jean-Paul Le Chanois, Funès joue monsieur Charles, client d’une agence matrimoniale de Paris, Blier son patron. Derrière lui, un autre client inconnu, un certain… Philippe Noiret ! Puis Blier et Funès se retrouvent au mois de mai 1952 dans les studios de Neuilly sous la

direction de Sacha Guitry dans le film Je l’ai été trois fois. En 1954, le cinéaste André Berthomieu engage Blier dans le rôle principal du film Scènes de ménage, librement adapté de trois pièces de Courteline par Marcel Achard. À ses côtés, Funès joue Boulingrin, le mari de l’infidèle Ernestine (Marthe Mercadier). En 1954, Funès et Blier enregistrent ensemble un disque composé d’extraits de la pièce de Molière Le Bourgeois gentilhomme. L’année suivante, le cinéaste Alex Joffé les dirige dans Les Hussards, film dans lequel Funès joue le bedeau italien du village occupé par les soldats (dont Blier) de Napoléon. Perché en haut de son clocher, il les injurie avant de prendre la fuite. Si Funès ne dispose pas de scènes avec Blier – il tient un rôle presque muet –, il décroche toutefois quelques belles critiques : « Louis de Funès défend la mauvaise cause du bedeau avec le pittoresque, encore trop peu employé, qu’on lui connaît et qui fait de lui un acteur comique de très grande classe », écrit le journaliste Jean Thévenot dans Les Lettres françaises.Enfin, dans le film Les Bons Vivants, Blier et Funès font des apparitions dans des sketches différents, Blier

dirigé par Georges Lautner, Funès par Gilles Grangier. Passé en haut de l’affiche, Funès invitera ensuite Blier à se joindre à lui à deux reprises. D’abord, au printemps 1966 au générique du film Le Grand Restaurant de Jacques Besnard, où il le réclame à ses côtés dans l’un des personnages les plus familiers de sa longue carrière : un commissaire de police.Cinq ans plus tard, Blier campe à nouveau un représentant de l’ordre, Ducros, l’inspecteur de la P.J. dans Jo, un film de Jean Girault : « Un rôle que Funès m’avait fait écrire presque sur mesure », reconnaît-il. Entre-temps, ils participent ensemble au trente-sixième gala de l’Union des artistes donné sur la piste du cirque d’Hiver de Paris. À la fin de l’année 1970, lors de la préparation du film Jo, Funès fait écrire sur mesure un rôle pour Blier, celui d’un peu aimable inspecteur de la police judiciaire. Lorsqu’ils tournent ensemble, Blier apprécie particulièrement l’exigence de Funès, lequel fait parfois réécrire ou modifier les scènes quelques minutes avant les prises de vues.Exceptionnelles, quelques-unes de leurs scènes rivalisent avec les meilleurs moments du tandem Laurel et Hardy. comme celle du canapé, dans Jo, où Funès, dans le rôle du facétieux écrivain Antoine Brisebard, plus petit que Blier – excellent en peu amène inspecteur de la police judiciaire –, fait de nombreux efforts afin de pouvoir se hisser à sa hauteur. Dans une autre séquence, quasiment muette, ils se parlent sans émettre un mot, ni se comprendre. Depuis Le Grand Restaurant, Bernard Blier a fortement cultivé son registre humour à froid – sans doute l’effet du film Les Tontons flingueurs –, et il campe à merveille les antipathiques irrésistibles et les salauds réjouissants. Parfois, avec son numéro, il parvient même à « piquer » la vedette à Funès. À son habitude, celui-ci a réuni autour de lui quelques-uns des membres de son clan habituel : Claude Gensac, Michel

Galabru, Christian Marin et Paul Préboist. En 1970, lorsque le réalisateur Robin Davis, ancien assistant de Georges

Lautner, prépare son premier film – Cadavres exquis, plus tard rebaptisé Ce cher Victor – avec Bernard Blier et Jacques Dufilho, les distributeurs contactent d’abord Funès et Bourvil afin de leur proposer les deux rôles

principaux. Gentiment, Funès refuse l’offre, prétextant ne pas se sentir prêt à affronter ce contre-emploi,

l’histoire de deux retraités colocataires qui se haïssent. Quant à Bourvil, il décède dans

l’intervalle…Quelques mois après la disparition de

Funès, Bernard Blier est très malade. Opéré d’un cancer, il n’y survivra

que quelques années avant de quitter définitivement la

scène, six ans après Louis de Funès…

Le Grand RestaurantRéalisateur : Jacques BesnardAvec Bernard Blier, Maria-Rosa Rodriguez, Folco Lulli7 septembre 1966

Je me suis affolé…

J’ai perdu la tête…

Vous l’avez récupérée ?

Quoi ?Votre tête !

Oui, elle est là !

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La scène du canapé dans Jo.

Derrière le clown ou le grimacier, un immense acteur, souvent décrié par une amère critique (ici dans Le Grand Restaurant).

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En 1954, au générique de Napoléon de Sacha Guitry, Yves Montand (1921-1991) campe le maréchal Lefebvre, Funès un simple soldat ! En 1961, Funès fait une excellente composition dans le film de son beau-frère François Gir, Mon pote le gitan, un succès du disque popularisé par… Yves Montand ! À l’évidence, Funès et Montand sont faits pour se rencontrer ! Pourtant, il faudra patienter encore vingt ans. Arrivés au sommet de leur art, partageront-ils un jour l’affiche ? Fort peu probable au vu de leurs différences de style, d’esprit, d’opinions ! D’ailleurs, leur confrontation aura lieu dans des conditions extrêmement particulières. Tout commence lors de l’épique gestation du film de Gérard Oury La Folie des grandeurs. En effet, on l’a vu, il prépare depuis longtemps cette très libre adaptation du Ruy Blas de Victor Hugo, l’occasion rêvée pour réunir, une fois encore, Funès et Bourvil. Or, à la tragique disparition de ce dernier, Oury abandonne le projet ; de son côté, très affecté par la disparition de son ami, Funès déclare forfait. Pourtant, l’un et l’autre ne cessent d’y songer. Le soir du 16 septembre 1970, lors de la première parisienne du film britannique Cromwell de Ken Hugues, Oury croise Simone Signoret et Yves Montand ; un peu à l’écart avec elle, Oury en vient à parler du projet avorté à la mort de Bourvil, dont Montand justement fut le dernier partenaire dans Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville.« Mais qui peut remplacer Bourvil ? Qui peut en avoir le charisme, la drôlerie, la finesse ? questionne Oury.– Lui ! » tranche alors Signoret. Et elle pointe son index sur Yves Montand en pleine discussion avec le comédien Michel Auclair. « Si tu réécris le rôle en l’orientant un peu différemment, si j’ai pigé le sens de ton histoire, seul Montand peut former ce couple avec Funès », conclut-elle.Peu à peu, plutôt difficilement au début, l’idée fait son petit bonhomme de chemin dans la coulisse. Difficilement, car il s’avère hors de question pour Montand de partir tourner La Folie des grandeurs en Espagne quant on connaît sa haine viscérale pour le régime franquiste. D’ailleurs, en 1953, il a même refusé de se rendre là-bas pour tourner Le Salaire de la peur, obligeant Clouzot à reconstituer les décors de ce drame ibérique dans le sud de la France. Dans les semaines suivantes, d’âpres discussions s’engagent entre Signoret et Montand sur le bien-fondé du projet. Puis, après une entrevue des plus constructives avec Oury, Montand donne finalement son accord : « On me croira difficilement, soutient

Montand, mais j’ai accepté après qu’Oury m’eut raconté en mimant le personnage imaginé pour Louis de Funès. J’ai tellement ri que j’ai accepté malgré mes initiales réserves politiques. »Pour passer de Bourvil à Montand, il faut exclure la rouerie paysanne, gommer une certaine naïveté, mettre en avant l’accent méditerranéen pour lui donner une « patine pagnolesque », le rendre Scapin plus que Sganarelle. Pour tenir le rôle de la duègne folle de Montand, Oury a choisi Alice Sapritch. Pendant que le réalisateur frémit aux dernières tyrannies du dictateur Franco, Funès ne parvient toujours pas à se libérer de ses folles obligations contractuelles car, outre cent projets, il achève le tournage du film Jo sous la direction de Jean Girault. Non sans impatience, Oury attend le mois d’avril 1971, tandis que sa fille Danièle Thompson

et Marcel Jullian peaufinent le scénario. Ne vous excusez pas.Ce sont les pauvres qui s’excusent.Quand on est riche,on est désagréable !

Funès, don (… Salluste) du ciel, Montand éblouissant dans cette Folie des grandeurs, un Ruy Blas revu par Oury.

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Le Royal DindonSoirée unique : 6 juin 1926.

Avec les élèves de sa classe du lycée de Coulommiers. Pièce opéra comique de Luigi de Bodese. Théâtre municipal de Coulommiers.

« La piécette délicieuse de Bodèse fut supérieurement interprétée par plusieurs de nos jeunes concitoyens prodiges, en tête desquels nous devons féliciter Louis de Funès. » Journal La Seine-et-Marne, 6 juin 1926.

Au petit bonheurSoirée spéciale : 2 décembre 1944.

Avec Daniel Gélin (Alain Plessis). Pièce de Marc-Gilbert Sauvajon. Salle Pleyel.

Sujet : Alain et Martine, deux turbulents amoureux, se disputent, puis se séparent, avant de se retrouver.

Il semblerait que lors de cette soirée spéciale à la salle Pleyel, Gélin ait confié à son ami Louis le rôle du garagiste, repris l’année suivante à l’écran par Maupi (le chauffeur du « ferry-boîte » de la trilogie de Pagnol), dans le film adapté de la pièce par Marcel L’Herbier.

L’Amant de paillePremière : 6 février 1944.

Avec Meg Lemonnier (Gisèle Sarrazin de Fontenoy), Jean-Pierre Aumont (Stanislas Michodier), Félicien Tramel (Gaston Sarrazin de Fontenoy), Bernard Blier (Bruno, le psychiatre). Pièce de Marc-Gilbert Sauvajon. Mise en scène : Jean Wall. Salle Chopin, Pleyel.

Sujet : Afin de vivre leur adultère en toute quiétude, deux amants orientent les soupçons du mari vers un innocent jeune homme.

Durant quelques soirées, il remplace un comédien indisponible.

La Maison de BernardaPremière : 28 décembre 1945.

Avec Germaine Kerjean (Bernarda), Marthe Mellot (Maria Joséfa, sa mère), Geneviève Estève (Augustias, sa fille), Sylvia Montfort (Madeleine). Pièce en trois actes de Federico Garcia Lorca. Mise en scène : Maurice Jacquemont. Studio des Champs-Élysées.

Louis de Funès : une pleureuse.

Sujet : À la mort de son époux, la riche veuve Bernarda s’enferme dans sa maison et s’impose huit années de deuil, affectée à la surveillance de ses filles.

« Je me souviens qu’avec Funès, nous battions de l’éventail avec beaucoup d’entrain, ce qui faisait agiter le voile noir autour de ce grand nez pâle. J’en étais malade de rire rentré ! Car la pièce était tragique ! » Madeleine Barbulée, propos recueillis par l’auteur.

Satisfait de sa prestation, qui lui rapporte 250 francs, le directeur du théâtre l’engage pour une figuration supplémentaire dans une autre pièce en un acte de Jacques Armand, Image anglaise, mise en scène par Pierre Henry, où figure également Madeleine Barbulée.

Winterset ou La fin de l’hiverPremière : 27 janvier 1946.

Avec Daniel Gélin (Mio Romagna), Marie Carlot (Miriamme), Renaud Mary (Trock Estrella), Yves Vincent (Shadow), Jean-Roger Caussimon (Garb), Arvel (Esdras), Antoine Balpétré (Gaunt, le juge), Jacques Dynam (Carr), Jean Princes et Pierre Jolas (les hommes en gris). Pièce en deux parties et cinq tableaux de Maxwell Anderson. Traduction et adaptation : Jacques Emmanuel et Marcel Achard. Mise en scène : André Certes. Théâtre des Carrefours, aujourd’hui Bouffes-du-Nord.

Louis de Funès : le clochard.

Sujet : Mis sur la liste des meurtriers de son père électrocuté, le gangster Estrella sera tué avant d’avoir pu le venger.

« Le principal mérite du spectacle reste la révélation de Daniel Gélin dans le rôle principal… Et puis il y a ce drolatique clochard… » Philippe Hériat, La Bataille, 31 janvier 1946.

Son contrat – où son nom est orthographié Defunès de même que sur l’affiche – stipule son engagement comme pianiste en coulisse ! Sur son clavier, il joue le thème du film Touchez pas au grisbi de Jean Wiener, puis effectue ensuite un passage sur scène dans la rue d’une ville où, déguisé en clochard, il traîne un cadavre (Gélin) et dit : « Toujours le fric ! ». Selon Jean-Marc Thibault, Gélin, lui-même remplaçant de Serge Reggiani, l’avait fait engager. D’autres sources affirment que c’est Marcel Achard qui, l’apercevant, interpelle le metteur en scène : « Qu’est-ce que c’est que ce gars-là ? Il a une gueule qui m’intéresse. Amenez-le-moi ! » Contrairement à beaucoup d’autres, Funès aura envers Achard l’élégance de la mémoire.

195Répétition de Winterset : on aperçoit Fufu en clochard, derrière Daniel Gélin, Marie Carlot et Jean-Roger Caussimon.

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Jean-Jacques Jelot-Blanc est un journaliste et écrivain

reconnu par ses pairs, auteur depuis trente-cinq ans

de nombreuses biographies de référence sur le cinéma

et la télévision – notamment Louis de Funès,

Bourvil ou Jean Marais.

Daniel de Funès (à droite) est le fi ls aîné

de Louis de Funès, né du premier mariage

de son père avec Germaine Carroyer.

« J’ai fait la connaissance de Louis de Funès en 1942

lorsqu’il était pianiste à la Madeleine, se souvient le cinéaste

Georges Lautner. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait

le piano à quatre mains avec l’inspecteur. Lorsque ce dernier

jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait. »

Lorsqu’il tourne Le Gendarme de Saint-Tropez en 1964 – son premier fi lm en couleurs –, Louis de Funès est déjà passé cent fois devant une caméra ! C’est peu de dire qu’il aura connu des débuts diffi ciles. Après une multitude de seconds rôles, il lui faut attendre le début des années 1960 pour voir sa carrière décoller… et il a déjà cinquante ans !

Jean-Jacques Jelot-Blanc, avec le concours de Daniel de Funès,

le fi ls aîné de l’acteur, nous fait revivre une carrière jalonnée

de comédies inoubliables et de duos légendaires avec Bourvil,

Jean Richard, Michel Galabru, Jean Gabin, Mireille Darc,

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L’auteur nous fait aussi découvrir l’homme derrière le personnage,

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qu’il menait dans son château de Clermont.

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Prix France : 25 € ISBN : 978-2-0812-4446-7

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