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De la joie et des nuits difficiles Martina K.* et son fils de 15 mois Moritz ont traversé une période difficile. Ce médecin de 35 ans s’est, dès le départ, souvent occu- pée seule de sa famille monoparentale. Les parents s’étaient séparés avant la naissance de leur fils. Martina K., comment allez-vous, Moritz et vous, après votre première année en tant que famille ? Martina K. : Le quotidien s’est peu à peu stabilisé. Les nuits sans som- meil du début sont heureusement du passé. L’organisation entre travail et famille reste compliquée et éprouvante. Moritz va très bien. Il est joyeux et son sourire est magnifique. Il y a bien sûr aussi des journées difficile. « Ce serait bien que les familles s’entraident. » Martina K., mère mono Newsletter de la Fédération suisse des familles monoparentales FSFM momo

De la joie et des nuits difficiles

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Page 1: De la joie et des nuits difficiles

De la joie et des nuits difficiles

Martina K.* et son fils de 15 mois Moritz ont traversé une période difficile. Ce médecin de 35 ans s’est, dès le départ, souvent occu-pée seule de sa famille monoparentale. Les parents s’étaient séparés avant la naissance de leur fils.

Martina K., comment allez-vous, Moritz et vous, après votre première année en tant que famille ?Martina K. : Le quotidien s’est peu à peu stabilisé. Les nuits sans som-meil du début sont heureusement du passé. L’organisation entre travail et famille reste compliquée et éprouvante. Moritz va très bien. Il est joyeux et son sourire est magnifique. Il y a bien sûr aussi des journées difficile.

« Ce serait bien que les familles s’entraident. »Martina K., mère mono

Newsletter de la Fédération suisse des familles monoparentales FSFM

momo

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Comment êtes-vous devenus une famille mono ? Après de nombreuses tentatives pour rester ensemble, le père de Moritz et moi nous sommes séparés. Nous avons es-sayé à nouveau après la naissance, mais c’était trop dur. Mais j’y arrive seule, et ça me permet de donner toute mon éner-gie à Moritz.

Est-ce que ça va aussi financièrement ?Dès que j’ai su que j’étais enceinte, j’ai calculé combien je devais travailler pour l’enfant et moi. Mon salaire nous suffit.

En tant que médecin, vous avez des horaires irréguliers.Oui, pendant mes journées de travail « normales », j’ai d’abord eu une ma-man de jour pour Moritz. Il va depuis peu à la crèche. Quand il était plus pe-tit, je ne voulais pas. Mais je pense que, maintenant qu’il a plus d’un an, il peut bien passer la journée avec d’autres

enfants et des accompagnateurs diffé-rents. La prise en charge par des tiers est surtout difficile à organiser pour mes services de nuit et de piquet. Mais ma famille et mes collègues m’aident. J’en suis très heureuse et très recon-naissante.

Existe-t-il des offres de prise en charge par des tiers pour les petits la nuit ? Il n’y a que des nounous de nuit, mais je ne peux pas me le permettre. C’est dom-mage, parce que c’est surtout la nuit

que j’ai besoin d’aide. J’espère que ça deviendra plus simple au fil des ans, avec un babyphone, ou peut-être aussi des voisins. J’ai emménagé à ma nou-velle adresse juste avant la naissance de Moritz. A cause de la Covid, je n’ai mal-heureusement pas encore fait la connaissance de beaucoup de familles des environs. L’idéal serait que nous puissions nous entraider. Il s’agit sou-vent de petites choses : pouvoir prendre une douche tranquillement, aller chez le dentiste, ce genre de choses.

Qui garde l’enfant la nuit quand maman travaille ? La famille et les amis sont souvent mis à contribution.

« Moins de travail, pour avoir plus de temps pour les enfants. »

« Que, sur la place de jeux, plus personne ne me demande où est la mère des enfants. »

« Plus de collègues qui prennent au sérieux mes devoirs en tant que père. »

« En semble, c’était trop dur. Seule, je peux y arriver. »

Je voudrais …Martin K., 36 ans, père mono

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Au fait

Chères lectrices, chers lecteursJ’espère que vous êtes en bonne santé et que vous avez bien surmonté les restric-tions liées à la Covid. C’est une période difficile pour tous. Mais nous pouvons maintenant espérer qu’il va y avoir une réflexion sur notre manière de vivre en-semble, sur ce qui compte pour nous, sur la manière de résoudre les problèmes pressants de notre société.

En tant qu’ancienne mère mono, avec au-jourd’hui deux filles adultes, je ne peux qu’imaginer les difficultés qu’ont dû ren-contrer les familles monoparentales pen-dant le semi-confinement de ce prin-temps. Les structures du quotidien, qui dépendent souvent d’une prise en charge externe à la crèche ou à l’école, chez les grands-parents ou chez des amis, se sont effondrées pour beaucoup. Les enfants sont restés à la maison pour le téléensei-gnement, les mères et pères sont pour cer-tains maintenant encore confrontés au télétravail ou au chômage partiel, et ils s’inquiètent pour leur santé et leur exis-

Avez-vous parfois du temps pour vous ?A peu près jamais. Depuis que Moritz est là, je ne suis sortie que quatre ou cinq fois, pour un rendez-vous médical ou un achat important. Je voudrais bien partir une fois en vacances, si possible avec d’autres familles. J’en connais beaucoup, mais ce sont toutes des fa-milles biparentales. C’est peut-être pour ça que ça ne s’est pas encore fait. Avec un partenaire, ce genre de choses serait beaucoup plus simple.

Est-ce que cela vous manque parfois de simplement parler ? Je peux le faire avec la famille et les amis. Mais bien entendu, dans un partenariat, on pourrait se soulager et se soutenir. Quand je parle à ma mère, par exemple, de tout mon quotidien, souvent, elle vou-drait m’aider. Je ne peux parfois pas me résoudre à ce que d’autres aient tant de travail à cause de moi.

Comment les autres perçoivent-ils votre situation ? La plupart des réactions sont positives. Mais le plus important pour moi, c’est ce que je pense de moi-même. J’ai tou-jours voulu avoir un enfant, mais plus encore une bonne relation. J’aurais pour cela même pu renoncer à avoir un enfant s’il n’avait pas été souhaité par les deux. Je m’imaginais un monde merveilleux et beaucoup de bonheur.Cela me rend triste, bien sûr, que cette image ne corresponde pas à la réalité. Ce serait bien que quelqu’un soit là et que nous puissions porter la famille en-semble. Il faut beaucoup d’énergie pour changer et se dire que, comme ça aussi, ça va bien. C’est juste différent.

* Images prétextes ; tous les noms ont été changés pour protéger la sphère privée.

« Moins de travail, pour avoir plus de temps pour les enfants. »

En bref

« Il faut beaucoup d’énergie pour changer et se dire : Comme ça aussi, ça va bien. C’est juste différent. »

tence. La difficile tâche de concilier travail et famille est devenue plus complexe en-core. Les parents mono relèvent ce défi. Ils ont mon plus grand respect.

Beaucoup de parents mono ont mainte-nant besoin de soutien. Nous sommes là pour répondre à leurs questions avec nos conseils gratuits. Nous dépendons de vous pour que cette offre perdure. Vos dons aident les parents mono. Vous pou-vez aussi devenir membre de la FSFM et être ainsi aux côtés des familles mono. Est-ce que vous pourriez imaginer vous engager au sein du comité directeur ? Vous trouverez des détails en page 4. Mer-ci beaucoup, et prenez soin de vous !

Yvonne Feri, Directrice FSFM

Les parents mono concilient travail et famille. Ce que ça peut signifier pour l’ambiance au travail.

Trois fois par semaine, je quitte le bureau dès 17 heures parce que je dois aller chercher les enfants à la crèche et chez ma mère. A chaque fois, les re-gards qui me suivent disent plus claire-ment que des mots que la journée de travail bat encore son plein. Récem-ment, une collègue m’a même lancé un «  Bon après-midi  !  » Pourtant, la soirée est le moment le plus épuisant pour moi : rentrer à la maison avec des enfants fatigués dans un bus bondé, préparer le souper, laver le linge, jouer, mettre les enfants au lit, lire une histoire, ranger, tout préparer pour le lendemain.

A cause des enfants, je ne suis pas très souple sur les horaires. Lorsque des réu-nions sont annoncées tard dans la jour-née, j’organise un baby-sitter. Mais je ne peux pas y être très spontanée. Je dois presque toujours faire l’impasse sur les apéros. Personne ne m’exclut de ma-nière directe au travail, mais mon chef ne me donne pas plus de responsabili-tés, et je ne suis tout simplement pas vraiment intégrée.

Bettina M., 29 ans, deux enfants (2 et 4 ans)

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Ce qui rend les enfants plus forts

Les bonnes séparations ont- elles une influence positive ? Les enfants de familles monoparentales doivent souvent composer avec la sépa-ration de leurs parents. Cela peut être dur sur le plan émotionnel et avoir de lourdes conséquences – de la peur de l’abandon à un risque plus élevé de di-vorcer soi-même un jour. Dans leur livre « Glückliche Scheidungskinder », Remo Largo et Monika Czernin montrent à quel point des discussions justes entre les parents sont importantes. Ils dé-crivent comment des études concluent que les enfants de divorces peuvent aus-si avoir des évolutions positives. Par rapport à d’autres enfants, dont les pa-rents sont restés ensemble malgré des difficultés, ils deviennent vite auto-

nomes, assument plus tôt des responsa-bilités et sont fiers de « leur autonomie et leur réussite professionnelle ». Mais il y a encore peu de recherche sur les conséquences positives d’une sépara-tion sans ressentiment et luttes de pou-voir. On peut toutefois déduire que les enfants peuvent apprendre du respect et

de l’ouverture au dialogue d’une « bonne séparation », ce qui a des conséquences positives sur leurs propres relations. Quand on sait que les liens peuvent se défaire, on les noue en toute conscience et on fait preuve de retenue, que ce soit dans les conflits ou dans ses attentes.

De la retenue avec les autres : les en- fants tirent des leçons du respect et de l’ouverture au dialogue de leurs parents.

Pêle-mêle : interne

Anna Hausherr a été élue présidente par intérim lors de l’assemblée extraor-dinaire électronique des membres, et Chantal Ryf vice-présidente. Nous nous réjouissons de la collaboration avec ces deux personnalités compétentes et leur souhaitons beaucoup de succès !

Nous cherchons maintenant de nouveaux membres pour renforcer le comité central.

Peut-être en avez-vous envie ou connaissez-vous quelqu’un que vous pourriez recommander ?

Le nombre de familles monoparentales continue à augmenter. La FSFM dé-pend du soutien de ses bienfaitrices et bienfaiteurs pour pouvoir aider toutes les personnes en recherche de conseil. Merci de tout cœur pour votre don !

Vous vous y connaissez en direction stratégique d’associations, en planifi-cation, en controlling et en mise en œuvre. Le comité élabore les objectifs stratégiques et de contenu en collabo-ration avec la direction. Vous contribuez à élaborer les revendications politiques, les directives, les projets et les presta-tions de l’association pour atteindre les objectifs stratégiques. Au sein du co-mité, vous participez au travail politique en faveur des familles monoparentales, qui prend de plus en plus d’ampleur. La collaboration et la connaissance des différents modèles de vie sont un plus énorme. Pour de premières informa-tions, merci de vous adresser à Yvonne Feri, [email protected], directrice.

ImpressumLa Fédération suisse des familles mono-parentales (FSFM)Les familles monoparentales font face à des défis particuliers. Les parents mono doivent aussi gérer seuls tous les aspects sociaux, financiers et personnels.

Avec une offre de conseil à bas seuil, la FSFM est l’interlocuteur des familles monoparentales de toute la Suisse. Nous traitons les besoins spécifiques et soute-nons de manière compétente les person-nes concernées. Nous dépendons de vos dons pour pouvoir soutenir ces mères et pères.

Éditeur : FSFM, case postale 334, 3000 Berne 6Tél. 031 351 77 71, [email protected]

Texte : asm Agentur für Sozial-Marketing Photos: p. 1 Adobestock, Halfpoint ; p. 2 Adobestock, Dragana Gordic ; p. 2 en bas : Shutterstock, ESB Professional ; p. 3 en haut : zVg ; p. 3 en bas : Shutterstock, Genzi ; p. 4 adina80xx/photocase.de