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De rêve en rêve…

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| Prévention au travail | Été 2003 | 3

Des usines sans travailleuses et travailleurs, uniquement habitées par

des machines. Un vieux rêve de l’humanité. Qui a, du reste, inspiré

un film, À nous la liberté, au réalisateur français René Clair, en 1932.

Au fil des ans, des chercheurs en tous genres ont inventé des batail-

lons de machines de plus en plus sophistiquées, de plus en plus

performantes et puissantes, pour épargner temps, argent, et efforts

physiques. Mais il faut se rendre à l’évidence, même si aujourd’hui

ces serviteurs sont partout, jamais ils ne pourront remplacer les

travailleurs à cent pour cent. Cette réalité nous contraint à aborder

une question grave, celle de la sécurité. On a tendance à oublier

qu’une machine peut parfois se retourner contre l’utilisateur et le

blesser gravement, voire le tuer.

Combien existe-t-il de machines potentiellement dangereuses

au Québec ? Des milliers. Des convoyeurs, des abatteuses, des com-

pacteurs, des mélangeurs d’aliments, etc. Dans certains secteurs

d’activité, les accidents sont nettement plus fréquents que dans

d’autres, là-dessus les statistiques sont claires.

Des inspecteurs de la CSST et des scientifiques de l’IRSST ont décidé

qu’il fallait absolument faire quelque chose pour prévenir les acci-

dents hommes-machines. Grâce à leur ténacité, leur quête a finale-

ment abouti à la conception d’un guide unique en son genre. D’une

certaine manière, on peut dire que les machines dangereuses ont trouvé

leurs maîtres, grâce à ces « missionnaires » obstinés. Et que le guide

et la formation sur mesure élaborée pour en faciliter l’usage contri-

bueront à sauver des doigts, des mains, des jambes… et des vies !

Dans un autre secteur d’activité, celui de la plongée sous-marine

commerciale, un groupe de travail a aussi fait merveille. Et abouti

à des résultats exceptionnels. On ne vous en dit pas plus. En plon-

geant dans le reportage, vous nagerez dans les eaux que le groupe

a franchies, des eaux parfois agitées, mais qui ne les ont pas décou-

ragés. L’été est là, qui invite à la détente et au ressourcement. Espé-

rons que le contenu de ce numéro — dossier, chroniques, Recherche

à l’IRSST, reportages et grande entrevue — vous permettront de

prendre la température « intellectuelle » du grand corps de la pré-

vention, aussi bien au Québec qu’à l’étranger. Bonnes vacances !

De rêve en rêve…

Préventionau travail

M o t d e l a r é d a c t i o n

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

Été 2003 | Volume 16, no 3

Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTJacques Lamonde

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefJulie Mélançon

Secrétaire de rédactionGisèle Rousseau

CollaborateursMarie-Ève Vanden Abeele, Suzanne Cohen, André Lachance, Guy Sabourin, Marc Tison, Lyse Tremblay, Véronique Voyer

RévisionTranslatex communications +

SECTION IRSSTPrésidente-directrice générale de l’IRSSTDiane Gaudet

Directeur des communications Jacques Millette

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursDavid Babcock, Mario Bélisle, François De Falkensteen, Benoît Fradette, Lucie Lebel, Loraine Pichette, Anita Rowan, Linda Savoie, Claire Thivierge

Direction artistique, production et retouche numérique des photosJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsPierre Bouchard, Duc Phu Nguyen, Yvon Papin, Charles Taschereau, André Turcot

Photo de la page couvertureMichael Melford /The Image Bank

ImpressionImprimeries Transcontinental inc.

ComptabilitéMonique Chapdelaine, Danielle Lalonde

DistributionLyse Tremblay

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221-7046

© CSST-IRSST 2003La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSST1199, rue De Bleury C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 906-3061, poste 2198Téléc. (514) 906-3016Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

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| Prévention au travail | Été 2003 | 5

Dans ce parc urbain vallonné, le gazon pousse avec un bel enthousiasme.

Tout aussi motivées, Danielle et Manon en ont vigoureusement

entrepris la tonte, mais elles ont coupé court aux règles de sécurité.

Quelles erreurs ont-elles commises ?

Jour de tonte sur les arpents verts

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Cherchez l’erreur

Simulation

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| Prévention au travail | Été 2003 |6

possède la puissance nécessaire. Certainstracteurs à trois roues, par nature plus instables, ne devraient pas être utiliséssur des terrains inclinés. Sur une pentetrop abrupte, on pourra plutôt se servird’une tondeuse poussée le long de lapente et retenue par une corde qu’un collègue assure depuis le sommet.

Méthodes de travailLa projection d’objets par les lames de la tondeuse représente un des plusgrands risques d’accidents pendant la tonte. Catapulté à grande vitesse, le projectile peut causer des blessuresgraves. Danielle et Manon conserventdonc une distance respectueuse, hors

Les corrections

Danielle sait très bien que sur un ter-rain incliné, le tracteur de pelouse doitremonter et descendre la pente plutôt que la longer. Un trou, une pierre, une dépression soudaine pourraient fairecapoter l’engin. Le tracteur étant beau-coup plus stable à l’avant que sur lescôtés, on réduit ainsi les risques de bas-culer. On évitera également de faire desvirages et d’accélérer ou ralentir bruta-lement dans la pente. Par ailleurs, toutappareil qui descend une pente doit pou-voir la remonter. Sur un terrain inconnu,il faut d’abord monter la pente avant dela descendre, pour s’assurer que l’engin

de portée l’une de l’autre. Le garde dutracteur de Danielle est rabattu. Certainsle maintiennent relevé pour travaillerdans l’herbe longue, mais c’est unegrave erreur. On élargit ainsi l’arc deprojection et on augmente les possibi-lités qu’un projectile heurte quelqu’un.Pour la même raison, le plateau de tonte doit toujours se trouver en posi-tion basse. Le terrain a été préalable-ment nettoyé de ses débris.

Manon sait que sa tondeuse doit tou-jours être poussée. Si on la tire, on nevoit pas les obstacles et les inégalités duterrain. Si on glisse ou trébuche, un piedpourrait s’insérer sous la tondeuse.

Le contenant à essence est régle-mentaire. Rappelons qu’au moment deremplir le réservoir de la tondeuse, ondoit couper le contact du moteur.

Protection individuelleDanielle porte des vêtements ajustés qui ne risquent pas d’être happés dansun organe mécanique. Ils la protégeronten outre du soleil. Elle a enfilé gants,lunettes de protection, coquilles et chaus-sures avec embout d’acier ! O

Marc Tison

Les erreurs

Cramponnée à son volant, Daniellelonge un talus, à la limite de l’équi-libre. Si une roue rencontrait untrou ou un obstacle, elle pourraitavoir une surprise renversante.

Manon recule en tirant sa tondeuse :comment peut-elle voir où elle metles pieds? Et si elle trébuchait ?

Manon et Danielle travaillent trèsproches l’une de l’autre. Si la lame de l’un des appareils projetteun débris (une balle de golf, parexemple), il y a risque de blesserla collègue avant que quiconque aitle temps de crier Fore !

Ce risque est encore accentué parle fait que le garde protecteur dutracteur de Danielle est relevé.

De mal en pis ! Projectiles poten-tiels et autres débris jonchent le sol devant le tracteur.

Short, blouse flottante, chaussuressport. Allure estivale, mais peu appropriée à la tâche.

Danielle craint-elle la panne d’es-sence? Ce bidon non réglementairene devrait pas se trouver sur le trac-teur. Il peut couler ou tomber sousl’appareil.

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Merci au personnel de la Ville de Montréal poursa collaboration : Jean Chassé, conseiller, res-sources humaines et santé-sécurité au travail,Monique Maccamo, contremaîtresse, MichelFachinetti, chef de division, Yves Winter, repré-sentant en prévention, section 301 des cols bleusregroupés de Montréal, Danielle Bernard etManon Chartier, conductrices, qui ont aimable-ment prêté leur concours comme comédiennes.

Nos personnes-ressources : Sylvie Poulin, ASP – secteur affaires municipales ; Duc PhuNguyen, inspecteur à la Direction régionale Île-de-Montréal–3 et Yvon Papin, conseiller à la Direction de la prévention-inspection, tousdeux de la CSST.

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Par André Lachance

Lorsqu’elles n’existaient pas,on rêvait de les inventer, de

les perfectionner jusqu’à en faire des robots habiles et performants.

On a réussi. Aujourd’hui, on rêve encore.On voudrait qu’elles continuent à servir

l’humanité, mais qu’elles ne blessentni ne tuent jamais plus. Ce rêve est en train

de prendre forme.

leurs maîtresleurs maîtres

Les machines dangereuses

ont trouvé

Les machines dangereuses

ont trouvé

Lorsqu’elles n’existaient pas,on rêvait de les inventer, de

les perfectionner jusqu’à en faire des robots habiles et performants.

On a réussi. Aujourd’hui, on rêve encore.On voudrait qu’elles continuent à servir

l’humanité, mais qu’elles ne blessentni ne tuent jamais plus. Ce rêve est en train

de prendre forme.

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par la CSST et l’Institut de rechercheRobert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), avec la participa-tion d’inspecteurs des Directions régio-nales de la CSST de Montréal et deTrois-Rivières.

Outre qu’il présente une méthoded’analyse éprouvée des risques asso-ciés aux machines dangereuses, leguide propose une façon de repérer les phénomènes dangereux, de préciserles composantes du risque afin d’en estimer le niveau. Présenté sous laforme d’une pochette commode, ilcomprend un aide-mémoire, une grilled’analyse permettant de tenir comptedes particularités de chaque établis-sement, un procédé de réduction durisque et une affiche présentant lesgrandes familles de dispositifs de protection en vente dans le commerce(interrupteur d’interverrouillage à ou-verture forcée des contacts, à enclen-chement, rideau optique, etc.). Surdemande, un ingénieux « pied-de-roi »baptisé sécurimètre (voir encadré page 11) est disponible pour les préventionnistes. Le tout est abon-damment illustré, expliqué dans unelangue claire et concise.

La belle aventure« L’idée de publier un guide pro-posant une analyse des risques liés aux machines dangereuses vient de Longueuil », raconte fièrement l’ins-pecteur et ergonome Conrad Trudel.Pour aboutir à sa publication, il a falluparcourir un long chemin. L’inspecteuravait certes participé, en 1991, à une première session de formation donnéepar l’IRSST sur la sécurité des instal-lations automatisées et robotisées. Maisconfronté à l’essor des nouvelles tech-nologies, il a vite compris que c’étaitloin d’être suffisant. Il n’était pas le seul.Un nombre croissant de ses collèguesressentaient en effet le besoin d’appro-fondir leurs connaissances en la ma-tière. À l’instigation de Tan Tai Huynh,ingénieur et inspecteur à la même di-rection régionale, ils ont alors demandé à l’IRSST de préparer des sessions de formation axées sur les dispositifs deprotection et de verrouillage pouvantéquiper les machines dangereuses. De1996 à 2000, une dizaine de sessions deformation permettent de former 111 ins-pecteurs. Mais ces derniers estiment

qu’il leur en faut encore davantage afin de répondre aux défis qu’ilsdoivent relever quotidiennement dansles établissements, où les machines secomptent par milliers, chacune ayant sa particularité et ses dangers poten-tiels. Une tâche d’autant plus complexe que le marché mondial des disposi-tifs de protection est en pleine évolu-tion. L’Union européenne uniformiseen effet ses normes alors que les fabri-cants américains utilisent de plus enplus des dispositifs de sécurité répon-dant aux normes européennes. En 2001,la durée des sessions de formation,jusque-là limitée à trois jours, est por-tée à six avec, comme travail pratique cette fois, l’analyse d’une situationréelle en usine. « Les inspecteurs sontgénéralement très motivés », précise le chercheur et ingénieur Joseph-JeanPaques, de l’IRSST, qui a organisé etdonné des dizaines de sessions de formation ; il a de plus vérifié et validétoutes les informations du guide Sécu-rité des machines. « Les inspecteursveulent vraiment en savoir plus long »,renchérit-il.

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Travailleur dans uneusine de fabrication de produits d’em-ballage, Jean s’affaire à nettoyer ungros convoyeur en mouvement. Quelquechose bloque les deux énormes rou-leaux où les cartons s’engouffrent.D’un geste mécanique, il tend lamain… Horreur ! Ses doigts, sa main,son bras, puis le reste de son corps sont inexorablement entraînés par lamachine. Jean meurt, broyé.

Affecté à une machine d’extrusionde plastique par moulage-soufflage,Francis s’affaire à retirer un contenantcoincé dans le moule. Pour l’atteindre,il se penche dans la chute d’évacua-tion. D’un claquement sec, le moule se referme sur sa main. Le travailleurporte aujourd’hui une prothèse.

Il y a bien une demi-heure quePierre, debout sur la plate-forme ducompacteur situé à l’arrière de l’usine,y jette de vieilles boîtes de carton et depapier d’emballage quand l’appareils’arrête brusquement. Pierre descendsur l’amas de rebuts afin de voir ce quipeut bien bloquer le compacteur. Lamachine redémarre sans prévenir et luibroie les deux jambes. Pierre survivra,handicapé pour le reste de ses jours.

Travailleur agricole, Daniel est contrarié lorsque le mélangeur d’ali-ments pour les vaches, une machineprogrammable qui mélange la nourri-ture qu’un convoyeur distribue ensuitedans l’étable, s’immobilise sans raisonapparente. Daniel a beau se savoir seul,le travail presse ; il rampe dans l’éva-cuateur du mélangeur et commence àen retirer le foin qui s’y est agglutiné.Brusquement activée par l’automate, la porte motorisée de l’évacuateur sereferme d’un coup sec sur sa poitrine.Son corps sans vie ne sera retrouvé que de longues heures plus tard.

Quatre travailleurs, quatre drames.Des tragédies comme il s’en produittrop souvent dans les entreprises du Québec lorsque, d’aventure, une

machine se retourne soudainement contre son maître. Mais difficile de blâmer l’engin. Encore plus de remettreen cause l’utilité de ces ingénieusesmécaniques capables de couper, broyer,fondre, percer, mouler ou déchiqueterles matières les plus diverses en untournemain. À commencer, si on n’yprend garde, par la plus précieuse detoutes, la « ressource humaine ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes.De 1995 à 1998, 39,44 % des accidentsdu travail mettant en cause une ma-chine ou un élément d’une machinesont survenus dans 13 des 32 secteursindustriels du Québec : scieries, pro-duits en métal, bois, caoutchouc etmatières plastiques, meubles, papier,cuir, tabac, textiles, imprimeries, produits électriques, bonneterie et habillement, manufactures diverses. En 1998, les 349 822 travailleurs de ces industries ne constituaient pour-tant que 12,99% des 2692257 travail-leurs québécois.

Longueuil réagitDans les régions fortement industria-lisées, comme la Rive-Sud de la région

métropolitaine de Montréal où les PME se comptent par milliers, la situa-tion est préoccupante à cet égard. LaDirection régionale de Longueuil de laCSST a en effet constaté que, de 1998à 2000, les « accidents-machines »(47,3%, soit presque un sur deux) sur-venaient dans 12 de ses 32 secteurs in-dustriels, où n’était pourtant employéeque 12,6% de la main-d’œuvre locale.La constatation est évidente, les travail-leurs de certains secteurs sont nette-ment surexposés aux risques engendréspar les machines. Des accidents du travail particulièrement onéreux puisque3862227$ payés en indemnités par laCSST pendant cette période dans cettepartie de la Montérégie ont été versésà ces travailleurs victimes « d’accidents-machines ».

Il fallait réagir, ce qu’ont justementfait des inspecteurs de la Direction régionale de Longueuil. Ils sont à l’ori-gine du guide Sécurité des machines –phénomènes dangereux, situations dangereuses, événements dangereux,dommages, publié en collaboration

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Importanteprécision

Le guide Sécurité des machinesne s’adresse pas au grand

public, mais bien aux relayeursspécialisés du domaine des

machines industrielles, notam-ment aux inspecteurs de la

CSST, aux préventionnistes em-ployeurs et travailleurs et aux

partenaires externes qui tra-vaillent en santé et en sécurité

du travail. Le cas échéant, un inspecteur déjà formé

par l’IRSST peut décider de remettre le guide à des per-

sonnes susceptibles de l’utiliserefficacement. Une exception,

le feuillet Aide-mémoire –phénomènes dangereux

(DC 100-482), qui peut être diffusé séparément, sans res-

triction, et satisfaire ainsi cer-tains besoins des utilisateurs. O

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Grâce à l’inspec-

teur et ergonome

Conrad Trudel,

de la CSST, les

attendrisseurs

de viande utilisés

dans plusieurs

supermarchés

du Québec sont

désormais

sécuritaires.

Le guide a été imprimé sur un papier robuste

et laminé, histoire de durer longtemps et résister

aux manipulations des utilisateurs dans

les milieux industriels.

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par la CSST et l’Institut de rechercheRobert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), avec la participa-tion d’inspecteurs des Directions régio-nales de la CSST de Montréal et deTrois-Rivières.

Outre qu’il présente une méthoded’analyse éprouvée des risques asso-ciés aux machines dangereuses, leguide propose une façon de repérer les phénomènes dangereux, de préciserles composantes du risque afin d’en estimer le niveau. Présenté sous laforme d’une pochette commode, ilcomprend un aide-mémoire, une grilled’analyse permettant de tenir comptedes particularités de chaque établis-sement, un procédé de réduction durisque et une affiche présentant lesgrandes familles de dispositifs de protection en vente dans le commerce(interrupteur d’interverrouillage à ou-verture forcée des contacts, à enclen-chement, rideau optique, etc.). Surdemande, un ingénieux « pied-de-roi »baptisé sécurimètre (voir encadré page 11) est disponible pour les préventionnistes. Le tout est abon-damment illustré, expliqué dans unelangue claire et concise.

La belle aventure« L’idée de publier un guide pro-posant une analyse des risques liés aux machines dangereuses vient de Longueuil », raconte fièrement l’ins-pecteur et ergonome Conrad Trudel.Pour aboutir à sa publication, il a falluparcourir un long chemin. L’inspecteuravait certes participé, en 1991, à une première session de formation donnéepar l’IRSST sur la sécurité des instal-lations automatisées et robotisées. Maisconfronté à l’essor des nouvelles tech-nologies, il a vite compris que c’étaitloin d’être suffisant. Il n’était pas le seul.Un nombre croissant de ses collèguesressentaient en effet le besoin d’appro-fondir leurs connaissances en la ma-tière. À l’instigation de Tan Tai Huynh,ingénieur et inspecteur à la même di-rection régionale, ils ont alors demandé à l’IRSST de préparer des sessions de formation axées sur les dispositifs deprotection et de verrouillage pouvantéquiper les machines dangereuses. De1996 à 2000, une dizaine de sessions deformation permettent de former 111 ins-pecteurs. Mais ces derniers estiment

qu’il leur en faut encore davantage afin de répondre aux défis qu’ilsdoivent relever quotidiennement dansles établissements, où les machines secomptent par milliers, chacune ayant sa particularité et ses dangers poten-tiels. Une tâche d’autant plus complexe que le marché mondial des disposi-tifs de protection est en pleine évolu-tion. L’Union européenne uniformiseen effet ses normes alors que les fabri-cants américains utilisent de plus enplus des dispositifs de sécurité répon-dant aux normes européennes. En 2001,la durée des sessions de formation,jusque-là limitée à trois jours, est por-tée à six avec, comme travail pratique cette fois, l’analyse d’une situationréelle en usine. « Les inspecteurs sontgénéralement très motivés », précise le chercheur et ingénieur Joseph-JeanPaques, de l’IRSST, qui a organisé etdonné des dizaines de sessions de formation ; il a de plus vérifié et validétoutes les informations du guide Sécu-rité des machines. « Les inspecteursveulent vraiment en savoir plus long »,renchérit-il.

| Prévention au travail | Été 2003 | 9

Travailleur dans uneusine de fabrication de produits d’em-ballage, Jean s’affaire à nettoyer ungros convoyeur en mouvement. Quelquechose bloque les deux énormes rou-leaux où les cartons s’engouffrent.D’un geste mécanique, il tend lamain… Horreur ! Ses doigts, sa main,son bras, puis le reste de son corps sont inexorablement entraînés par lamachine. Jean meurt, broyé.

Affecté à une machine d’extrusionde plastique par moulage-soufflage,Francis s’affaire à retirer un contenantcoincé dans le moule. Pour l’atteindre,il se penche dans la chute d’évacua-tion. D’un claquement sec, le moule se referme sur sa main. Le travailleurporte aujourd’hui une prothèse.

Il y a bien une demi-heure quePierre, debout sur la plate-forme ducompacteur situé à l’arrière de l’usine,y jette de vieilles boîtes de carton et depapier d’emballage quand l’appareils’arrête brusquement. Pierre descendsur l’amas de rebuts afin de voir ce quipeut bien bloquer le compacteur. Lamachine redémarre sans prévenir et luibroie les deux jambes. Pierre survivra,handicapé pour le reste de ses jours.

Travailleur agricole, Daniel est contrarié lorsque le mélangeur d’ali-ments pour les vaches, une machineprogrammable qui mélange la nourri-ture qu’un convoyeur distribue ensuitedans l’étable, s’immobilise sans raisonapparente. Daniel a beau se savoir seul,le travail presse ; il rampe dans l’éva-cuateur du mélangeur et commence àen retirer le foin qui s’y est agglutiné.Brusquement activée par l’automate, la porte motorisée de l’évacuateur sereferme d’un coup sec sur sa poitrine.Son corps sans vie ne sera retrouvé que de longues heures plus tard.

Quatre travailleurs, quatre drames.Des tragédies comme il s’en produittrop souvent dans les entreprises du Québec lorsque, d’aventure, une

machine se retourne soudainement contre son maître. Mais difficile de blâmer l’engin. Encore plus de remettreen cause l’utilité de ces ingénieusesmécaniques capables de couper, broyer,fondre, percer, mouler ou déchiqueterles matières les plus diverses en untournemain. À commencer, si on n’yprend garde, par la plus précieuse detoutes, la « ressource humaine ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes.De 1995 à 1998, 39,44 % des accidentsdu travail mettant en cause une ma-chine ou un élément d’une machinesont survenus dans 13 des 32 secteursindustriels du Québec : scieries, pro-duits en métal, bois, caoutchouc etmatières plastiques, meubles, papier,cuir, tabac, textiles, imprimeries, produits électriques, bonneterie et habillement, manufactures diverses. En 1998, les 349 822 travailleurs de ces industries ne constituaient pour-tant que 12,99% des 2692257 travail-leurs québécois.

Longueuil réagitDans les régions fortement industria-lisées, comme la Rive-Sud de la région

métropolitaine de Montréal où les PME se comptent par milliers, la situa-tion est préoccupante à cet égard. LaDirection régionale de Longueuil de laCSST a en effet constaté que, de 1998à 2000, les « accidents-machines »(47,3%, soit presque un sur deux) sur-venaient dans 12 de ses 32 secteurs in-dustriels, où n’était pourtant employéeque 12,6% de la main-d’œuvre locale.La constatation est évidente, les travail-leurs de certains secteurs sont nette-ment surexposés aux risques engendréspar les machines. Des accidents du travail particulièrement onéreux puisque3862227$ payés en indemnités par laCSST pendant cette période dans cettepartie de la Montérégie ont été versésà ces travailleurs victimes « d’accidents-machines ».

Il fallait réagir, ce qu’ont justementfait des inspecteurs de la Direction régionale de Longueuil. Ils sont à l’ori-gine du guide Sécurité des machines –phénomènes dangereux, situations dangereuses, événements dangereux,dommages, publié en collaboration

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Importanteprécision

Le guide Sécurité des machinesne s’adresse pas au grand

public, mais bien aux relayeursspécialisés du domaine des

machines industrielles, notam-ment aux inspecteurs de la

CSST, aux préventionnistes em-ployeurs et travailleurs et aux

partenaires externes qui tra-vaillent en santé et en sécurité

du travail. Le cas échéant, un inspecteur déjà formé

par l’IRSST peut décider de remettre le guide à des per-

sonnes susceptibles de l’utiliserefficacement. Une exception,

le feuillet Aide-mémoire –phénomènes dangereux

(DC 100-482), qui peut être diffusé séparément, sans res-

triction, et satisfaire ainsi cer-tains besoins des utilisateurs. O

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Grâce à l’inspec-

teur et ergonome

Conrad Trudel,

de la CSST, les

attendrisseurs

de viande utilisés

dans plusieurs

supermarchés

du Québec sont

désormais

sécuritaires.

Le guide a été imprimé sur un papier robuste

et laminé, histoire de durer longtemps et résister

aux manipulations des utilisateurs dans

les milieux industriels.

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L’un des éléments du guide qui soulève le plus d’intérêt est sans contredit le sécurimètre, une règle graduée pliable, jaune vif, qui se glisse facile-ment dans une poche.

Ce « pied-de-roi » revu et corrigé par l’IRSST et la CSST est offert aux préventionnistes qui en fontla demande. L’ingénieux bidule sert à vérifier si lesdimensions des ouvertures d’un protecteur sont conformes à la norme CSA/ACNOR Z432-94, en tenant compte de la distance qui sépare le sujet dumouvement dangereux. Le gabarit établit aisémentle rapport entre l’ouverture maximale admissible etla distance qui doit séparer le protecteur du pointconstituant un danger. La distance de sécurité sertévidemment à empêcher quiconque de toucher auxéléments dangereux d’une machine.

« La société Johnson & Johnson avait conçu unproduit semblable pour toutes ses usines à l’échellemondiale, explique Conrad Trudel. De notre côté,depuis plusieurs années, on remettait aux travail-leurs un tableau qui semblait passablement abstraità plusieurs. Avec pour conséquence que peu le consultaient… Quand on a vu cette règle-là, on ademandé un budget à nos directeurs. »

Finalement, le tableau a été reproduit sur uncoin de la règle. Son prix de revient fait en sortequ’elle n’est pas distribuée à tout venant. Ce n’est pas un gadget, mais un outil. « Quand on voit qu’il n’y a pas de dispositif de protection sur une machine ou que l’entreprise en possèdeplusieurs, on donne une règle à la bonne per-sonne, gratuitement. » La Direction des communi-cations de la CSST a produit un feuillet explicatif,Mode d’emploi du sécurimètre, pour permettre à l’utilisateur de suivre toutes les étapes lorsqu’il s’en sert.

Le plus dur a peut-être été d’inventer le termesécurimètre. « On s’est demandé comment on

allait l’appeler, se rappelle l’inspecteur. Règle ?Gabarit ? On a consulté le dictionnaire, le motsécurimètre n’existait pas. On s’est dit, c’est pasgrave, il va y être un jour ! » O

telle ou telle machine. Il en existe de toutes tailles, pour tous les usages. Des milliers, en fait. Mais elles ont beau être différentes, les techniques de protection se ressemblent. M. Trudel, qui applique dans trois entreprises deLongueuil les façons de faire que recommande le guide, n’en revient pas de son utilité sur le terrain. « Beaucoup de directions d’entreprises sous-estiment le nombre de zones dan-gereuses que comporte une machine,déplore-t-il. La première, et souvent la seule consigne de sécurité qu’ellestransmettent au nouveau travailleur quiarrive devant la machine avec laquelleil devra travailler, se réduit souvent à

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À la fin de leur formation, les ins-pecteurs se sont familiarisés avec lesdispositifs d’interverrouillage et à en-clenchement, les modules de contrôlede sécurité et les autres dispositifs deprotection équipant les machines jugéesdangereuses. Ils ont acquis le savoir-faire essentiel à l’analyse des risques et ils sont en mesure de déterminer lescomposants de commande critiquespour la sécurité, d’analyser l’ensemblede l’installation, de mener des essais et de recommander des solutions.

Pour ce qui est du guide proprementdit, Joseph-Jean Paques — secondé deRéal Bourbonnière et Renaud Daigle,ses collègues de l’IRSST — s’est ins-piré des normes européennes, de mêmeque des travaux de Roger David, de la Caisse régionale d’assurance mala-die de l’Île-de-France, et de Jean-PierreLacore, de l’Institut national de re-cherche et de sécurité (INRS). Ces scien-tifiques français, associés de près àl’élaboration des normes européennessur la sécurité des machines et l’ana-lyse du risque, ont aussi fourni de pré-cieux conseils afin d’exposer le plusclairement possible des concepts sou-vent abstraits, voire carrément rébar-batifs pour le commun des mortels.

Résultat de tous ces efforts, de cettemise en commun des connaissances ?Un document exhaustif qui colle à laréalité « sur le terrain », que Joseph-Jean Paques a d’ailleurs présenté fiè-rement à l’International Standard Organization (ISO), dans le cadre de la mise à jour de la norme ISO 14121sur l’analyse des risques associés auxmachines. « Il est encore trop tôt poursavoir ce que l’ISO va en retenir, com-mente le chercheur. Mais disons quel’approche flexible du guide a beaucoupintéressé les autres instituts de rechercheà travers le monde. Chose certaine, tousconviennent qu’il s’agit d’un instrumentde formation de grande qualité. »

Répondre aux besoinsDe plus en plus, les entreprises québé-coises demandent à recevoir des forma-tions complémentaires, un vœu auquell’IRSST ne peut répondre, car l’institutn’a pas pour responsabilité de donner de

la formation. « Certaines en ont pour-tant bien besoin, estime M. Paques. On s’est rendu compte que même des gens de métier ignorent l’existence decertains dispositifs de sécurité et de concepts, comme l’ouverture forcée descontacts et l’actionnement positif desinterrupteurs de position. Nous avonsdonc mis sur pied un projet de trans-fert de compétences à l’intention de nos

partenaires, telles des ASP, des firmesprivées spécialisées en prévention, unefaculté d’ingénierie, une entreprise, etc.Les gens réalisent qu’il suffit parfois de changer un simple interrupteur pour résoudre un problème de machine dan-gereuse et que, souvent, ça ne coûte pascher du tout. »

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Dans cette belle

illustration pro-

duite par l’INRS

pour annoncer

la 3e conférence

internationale sur la

sécurité des systèmes

industriels automa-

tisés, les machines

représentent des

animaux à dresser et

l’homme entrant dans

l’arène, leur dresseur.

La conférence aura

lieu à Nancy, France,

du 13 au 15 octobre 2003.

autre sur une machine différente. En fonction de la solution retenue, l’inspecteur accompagne l’employeur dans le choix des dispositifs de sécu-rité éprouvés. Il y en a beaucoup sur le marché, mais il faut dénicher le bon ! Selon les besoins, l’inspecteurpeut trouver rapidement les informa-tions complémentaires. »

« Ne mets pas ta main là… »À cet égard, le guide est d’une grandeutilité puisqu’il permet à l’inspecteurde la CSST, ou à tout travailleur habi-lité et compétent en la matière, dedéterminer avec assurance les moyensde prévention les plus appropriés à

Jusqu’ici, la formation reçue grâceaux bons offices de l’IRSST a permisà près de 145 inspecteurs de la CSSTde se familiariser avec les divers dis-positifs de protection (barrière protec-trice, rideau optique, interrupteur, etc.)qu’on peut installer sur les machinesjugées dangereuses, tout en acqué-rant le savoir-faire indispensable pour conseiller les entreprises quant au choixdu meilleur équipement de protection.« Il revient à l’entreprise de choisir lesdispositifs de protection adaptés au degré de sécurité à atteindre, rappelleConrad Trudel. Dans certains cas, elledécide d’éliminer simplement toutel’opération, quitte à l’intégrer à une

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Joseph-Jean Paques, ingénieur et chercheur à l'IRSST. Réal Bourbonnière, ingé-

nieur, à sa gauche, et à sa droite, Renaud Daigle, technicien, aussi de l'IRSST. Le sécurimètre, un coup de roi

Page 11: De rêve en rêve…

L’un des éléments du guide qui soulève le plus d’intérêt est sans contredit le sécurimètre, une règle graduée pliable, jaune vif, qui se glisse facile-ment dans une poche.

Ce « pied-de-roi » revu et corrigé par l’IRSST et la CSST est offert aux préventionnistes qui en fontla demande. L’ingénieux bidule sert à vérifier si lesdimensions des ouvertures d’un protecteur sont conformes à la norme CSA/ACNOR Z432-94, en tenant compte de la distance qui sépare le sujet dumouvement dangereux. Le gabarit établit aisémentle rapport entre l’ouverture maximale admissible etla distance qui doit séparer le protecteur du pointconstituant un danger. La distance de sécurité sertévidemment à empêcher quiconque de toucher auxéléments dangereux d’une machine.

« La société Johnson & Johnson avait conçu unproduit semblable pour toutes ses usines à l’échellemondiale, explique Conrad Trudel. De notre côté,depuis plusieurs années, on remettait aux travail-leurs un tableau qui semblait passablement abstraità plusieurs. Avec pour conséquence que peu le consultaient… Quand on a vu cette règle-là, on ademandé un budget à nos directeurs. »

Finalement, le tableau a été reproduit sur uncoin de la règle. Son prix de revient fait en sortequ’elle n’est pas distribuée à tout venant. Ce n’est pas un gadget, mais un outil. « Quand on voit qu’il n’y a pas de dispositif de protection sur une machine ou que l’entreprise en possèdeplusieurs, on donne une règle à la bonne per-sonne, gratuitement. » La Direction des communi-cations de la CSST a produit un feuillet explicatif,Mode d’emploi du sécurimètre, pour permettre à l’utilisateur de suivre toutes les étapes lorsqu’il s’en sert.

Le plus dur a peut-être été d’inventer le termesécurimètre. « On s’est demandé comment on

allait l’appeler, se rappelle l’inspecteur. Règle ?Gabarit ? On a consulté le dictionnaire, le motsécurimètre n’existait pas. On s’est dit, c’est pasgrave, il va y être un jour ! » O

telle ou telle machine. Il en existe de toutes tailles, pour tous les usages. Des milliers, en fait. Mais elles ont beau être différentes, les techniques de protection se ressemblent. M. Trudel, qui applique dans trois entreprises deLongueuil les façons de faire que recommande le guide, n’en revient pas de son utilité sur le terrain. « Beaucoup de directions d’entreprises sous-estiment le nombre de zones dan-gereuses que comporte une machine,déplore-t-il. La première, et souvent la seule consigne de sécurité qu’ellestransmettent au nouveau travailleur quiarrive devant la machine avec laquelleil devra travailler, se réduit souvent à

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À la fin de leur formation, les ins-pecteurs se sont familiarisés avec lesdispositifs d’interverrouillage et à en-clenchement, les modules de contrôlede sécurité et les autres dispositifs deprotection équipant les machines jugéesdangereuses. Ils ont acquis le savoir-faire essentiel à l’analyse des risques et ils sont en mesure de déterminer lescomposants de commande critiquespour la sécurité, d’analyser l’ensemblede l’installation, de mener des essais et de recommander des solutions.

Pour ce qui est du guide proprementdit, Joseph-Jean Paques — secondé deRéal Bourbonnière et Renaud Daigle,ses collègues de l’IRSST — s’est ins-piré des normes européennes, de mêmeque des travaux de Roger David, de la Caisse régionale d’assurance mala-die de l’Île-de-France, et de Jean-PierreLacore, de l’Institut national de re-cherche et de sécurité (INRS). Ces scien-tifiques français, associés de près àl’élaboration des normes européennessur la sécurité des machines et l’ana-lyse du risque, ont aussi fourni de pré-cieux conseils afin d’exposer le plusclairement possible des concepts sou-vent abstraits, voire carrément rébar-batifs pour le commun des mortels.

Résultat de tous ces efforts, de cettemise en commun des connaissances ?Un document exhaustif qui colle à laréalité « sur le terrain », que Joseph-Jean Paques a d’ailleurs présenté fiè-rement à l’International Standard Organization (ISO), dans le cadre de la mise à jour de la norme ISO 14121sur l’analyse des risques associés auxmachines. « Il est encore trop tôt poursavoir ce que l’ISO va en retenir, com-mente le chercheur. Mais disons quel’approche flexible du guide a beaucoupintéressé les autres instituts de rechercheà travers le monde. Chose certaine, tousconviennent qu’il s’agit d’un instrumentde formation de grande qualité. »

Répondre aux besoinsDe plus en plus, les entreprises québé-coises demandent à recevoir des forma-tions complémentaires, un vœu auquell’IRSST ne peut répondre, car l’institutn’a pas pour responsabilité de donner de

la formation. « Certaines en ont pour-tant bien besoin, estime M. Paques. On s’est rendu compte que même des gens de métier ignorent l’existence decertains dispositifs de sécurité et de concepts, comme l’ouverture forcée descontacts et l’actionnement positif desinterrupteurs de position. Nous avonsdonc mis sur pied un projet de trans-fert de compétences à l’intention de nos

partenaires, telles des ASP, des firmesprivées spécialisées en prévention, unefaculté d’ingénierie, une entreprise, etc.Les gens réalisent qu’il suffit parfois de changer un simple interrupteur pour résoudre un problème de machine dan-gereuse et que, souvent, ça ne coûte pascher du tout. »

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illustration pro-

duite par l’INRS

pour annoncer

la 3e conférence

internationale sur la

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industriels automa-

tisés, les machines

représentent des

animaux à dresser et

l’homme entrant dans

l’arène, leur dresseur.

La conférence aura

lieu à Nancy, France,

du 13 au 15 octobre 2003.

autre sur une machine différente. En fonction de la solution retenue, l’inspecteur accompagne l’employeur dans le choix des dispositifs de sécu-rité éprouvés. Il y en a beaucoup sur le marché, mais il faut dénicher le bon ! Selon les besoins, l’inspecteurpeut trouver rapidement les informa-tions complémentaires. »

« Ne mets pas ta main là… »À cet égard, le guide est d’une grandeutilité puisqu’il permet à l’inspecteurde la CSST, ou à tout travailleur habi-lité et compétent en la matière, dedéterminer avec assurance les moyensde prévention les plus appropriés à

Jusqu’ici, la formation reçue grâceaux bons offices de l’IRSST a permisà près de 145 inspecteurs de la CSSTde se familiariser avec les divers dis-positifs de protection (barrière protec-trice, rideau optique, interrupteur, etc.)qu’on peut installer sur les machinesjugées dangereuses, tout en acqué-rant le savoir-faire indispensable pour conseiller les entreprises quant au choixdu meilleur équipement de protection.« Il revient à l’entreprise de choisir lesdispositifs de protection adaptés au degré de sécurité à atteindre, rappelleConrad Trudel. Dans certains cas, elledécide d’éliminer simplement toutel’opération, quitte à l’intégrer à une

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Joseph-Jean Paques, ingénieur et chercheur à l'IRSST. Réal Bourbonnière, ingé-

nieur, à sa gauche, et à sa droite, Renaud Daigle, technicien, aussi de l'IRSST. Le sécurimètre, un coup de roi

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capables de proposer des corrections. »Une bonne partie des accidents sur-viennent en effet pendant les opéra-tions de maintenance, le réglage desmachines ou encore à l’occasion d’in-cidents de production (défaillance d’unproduit en cours de fabrication, ren-versement, blocage, etc.). La collabo-ration de tous, notamment de ceux quis’en servent tous les jours, améliore laproductivité de l’entreprise, en fin decompte. Et sauve des doigts, des mains,des jambes... Des vies, quoi !

Mais attention, ne peut utiliser leguide Sécurité des machines qui veut.Il faut d’abord avoir reçu la forma-tion préparée par l’IRSST. Le guide abeau être facile à consulter, le néophyterisque de s’égarer dans le dédale desconcepts techniques et d’un vocabu-laire spécialisé propre à l’une ou l’autredes multiples situations de travail. Quesignifient des termes aussi mystérieuxque « ouverture forcée des contacts »ou « interverrouillage » pour monsieur-tout-le-monde?

« Il peut être difficile de comprendrele guide si on n’a pas été formé, re-connaît Gordon D. Perreault, chef deservice, secteurs primaire et manufac-turier à la Direction de la prévention-inspection de la CSST. C’est pourquoiil est remis, dans un premier temps, aux inspecteurs ayant déjà reçu la for-mation, de même qu’aux employeursdont le personnel est déjà qualifié enmatière d’analyse du risque. Mais noustravaillons actuellement avec l’IRSSTafin d’augmenter le nombre de per-sonnes — conseillers des ASP, firmesextérieures, universités, etc. —, sus-ceptibles de recevoir et de transmettrecette formation. Quant aux inspecteursinscrits aux prochaines sessions don-nées par l’IRSST, ils recevront le guideen cours de formation. »

Un plan pour voir plus loinLyne Beaulé, conseillère et responsabledu dossier pour la Direction des com-munications de la CSST, a élaboré unplan de diffusion du guide Sécurité desmachines, dont l’application devraits’échelonner jusqu’en 2005 tout aumoins. Dans sa mire, les 250 inspec-teurs de la CSST, certes, mais aussi les préventionnistes, les associationssectorielles paritaires, les associationspatronales et syndicales, les universités,les mutuelles de prévention ainsi quequelques partenaires privés spécialisés

dans l’analyse du risque ou dans les dispositifs de protection. « Nous visons tous nos relayeurs à l’interne età l’externe, à la condition qu’ils aientpréalablement reçu la formation, pré-cise Mme Beaulé. Le guide ne s’adressepas au grand public, uniquement à nos relayeurs spécialisés, en fait, à nos représentants en prévention dans le domaine des machines industrielles,qui l’utiliseront dans leur milieu de travail afin d’éliminer le danger à lasource et de réduire le nombre des accidents. » Sur le plan de la concep-tion et de la production, c’est tout un défi que Mme Beaulé a relevé. « Enfait, dans le domaine, c’est du jamaisvu. Ce n’est pas un guide ordinaire.Son concept, son contenu, sa présen-tation, sa promotion ont été pensés de manière à guider l’utilisateur dans le cheminement appliqué de la dé-marche, de façon à répondre à ses besoins. »

Éducateurs, les inspecteurs s’attaquentaussi de plus en plus à la racine du problème, comme ils l’ont fait avec lemélangeur à pâte Hobart, par exemple.Utilisé dans les hôpitaux, les centresd’accueil, les écoles et les supermar-chés, le mélangeur avait la fâcheusehabitude de broyer mains et bras…« La CSST est allée rencontrer le fabri-cant, explique Conrad Trudel, et cesvisites ont donné des résultats. Aujour-d’hui, les mélangeurs sont munis, en plus d’un interrupteur de sécurité, d’un dispositif de protection mobile qui empêche un travailleur d’y glisserla main par inadvertance. »

Petit à petitLa sécurité aléatoire decertaines machines n’estpas seulement impu-table aux fabricants. Lesclients et les distribu-teurs portent aussi unepart de responsabilité.« Je viens de terminerune intervention auprès

d’un fabricant d’attendrisseurs deviande, qu’on trouve souvent dans lessupermarchés, déclare l’inspecteur. Le fabricant américain vendait sa ma-chine au Québec. Elle avait un dispo-sitif de protection inefficace. Pourtant, en Grande-Bretagne, son attendrisseurétait vendu muni d’un dispositif desécurité éprouvé. Les clients québécoisn’ayant pas d’exigences particulièresrelatives à l’équipement de protection,la compagnie ne se sentait obligée enrien, d’autant que cela lui donnait unavantage sur ses concurrents. Aujour-d’hui, l’attendrisseur vendu au Québecest le même que celui qui est distribuéen Grande-Bretagne ! »

Une amélioration comme il en fau-dra encore des dizaines, voire des cen-taines. « L’idéal serait qu’au momentd’un futur achat, le client ne tienne passeulement compte du prix initial, maisqu’il s’assure que la machine répondaux critères de sécurité éprouvés »,souligne M. Saucier. Le nouveau Règlement sur la santé et la sécurité du travail (S-2.1,r.19.1) adopté en 2001nous aide beaucoup, car il renforcenotre position quand on dit à un entre-preneur qu’il a besoin d’un dispositifd’interverrouillage sur une machine. »

Les inspecteurs avaient besoin d’êtreaidés. « Au Canada, les normes desécurité des machines sont toujoursvolontaires, contrairement à l’Europeoù elles sont obligatoires », commenteJoseph-Jean Paques, qui a présidé lecomité pan-canadien chargé d’élaborerla norme CSA en robotique. « L’inspec-teur doit donc se référer à la norme qui

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lui dire “ Ne mets pas ta main là ”. Çan’explique rien, ça ne tient même pascompte du danger le plus immédiat ! »

L’inspecteur en veut pour preuvecette scie automatique alimentée par un chariot roulant, dont il a récemmentfait l’appréciation des risques. « Au départ, l’employeur et les travailleurstrouvaient qu’il y avait trop de zonesdéclarées dangereuses. “ Il ne nous estrien arrivé jusqu’ici ”, me disaient-ils.Pour eux, la zone vraiment dangereusese réduisait aux lames de la scie, maisils oubliaient la zone de coincement entre le chariot roulant et le bâti de lamachine ! Si un travailleur avait eu lemalheur de se placer là, il se faisait coincer en cisaille. Le guide m’a étéfort utile, car il a permis de transformerdes consignes officieuses du genre “ Ne mets pas ta main là ”, en moyenséprouvés de protection à la source. Ettout le monde a compris. »

Michel Saucier, spécialiste enprévention-inspection à la Direction

régionale de Longueuil, estime que le nouveau guide répond de belle manière à l’objectif de prise en charge par le milieu puisqu’il incite les en-treprises à cerner elles-mêmes les phénomènes dangereux particuliers à chaque machine. « Le document nousdonne des références, nous permetd’acquérir des compétences, de faireune analyse complète des phénomènesdangereux d’une machine, affirme-t-il.Mais surtout, il incite les gens à seposer les bonnes questions en matièrede sécurité. »

Plusieurs inspecteurs ont déjà suivila formation sur les machines dan-gereuses donnée par l’IRSST. Un programme régional d’intervention« Sécurité des machines » est en cours.« Le tableau communément appelél’Arbre de décision sur l’appréciationdu risque est très prisé par le milieu,assure M. Saucier. Il sert à estimer le risque associé à n’importe quelle machine sur une échelle de 0 à 5. Il est vraiment facile d’emploi. »

Parce qu’elle est applicable àl’ensemble des secteurs industriels, la démarche multisectorielle propo-sée dans le guide se révèle en effet très pratique à l’usage. Dans l’industrie

du plastique, par exemple, le nouveauguide vaut à lui seul son pesant d’or.Une entreprise de Longueuil, qui s’estd’abord prêtée à l’inventaire et à l’ana-lyse des risques de l’une de ses ma-chines, a été tellement satisfaite qu’ellea décidé d’appliquer la méthode à cinqautres postes de travail. « L’entreprises’est fixé un objectif à atteindre dans un délai précis, mentionne ConradTrudel. Les autres machines serontanalysées en 2003 et 2004. »

Partager, responsabiliserLe guide Sécurité des machines aaussi l’avantage d’inciter les patrons à nommer un responsable représentant l’employeur et à lui confier la respon-sabilité de trouver et de corriger lesrisques associés aux machines dan-gereuses dans l’établissement. Celui-citravaille de concert avec le représentantà la prévention (prévu par la LSST) etle travailleur affecté à la machine, cequi crée une dynamique de coopéra-tion et d’échange au sein de tout le personnel. « Rapidement, commenteM. Trudel, ils s’aperçoivent qu’ils ont besoin des préposés à l’entretien. Et que plus vite ils les associent à la démarche, plus ces travailleurs sont

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Paques fait voir

quelques-uns des

démonstrateurs

de différents types

de dispositifs de

sécurité. Ils sont

utilisés lors de

la formation

des inspecteurs

et d’expositions

consacrées à

la santé et à la

sécurité. Ils sont

également prêtés

aux partenaires

de la CSST et

de l’IRSST dans

le cadre d’activités

de formation et

de sensibilisation.

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Lyne Beaulé, conseillère

à la Direction des com-

munications de la CSST,

est responsable de l’im-

posant plan de diffusion

du guide dont l’applica-

tion devrait s’échelonner

jusqu’en 2005.

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capables de proposer des corrections. »Une bonne partie des accidents sur-viennent en effet pendant les opéra-tions de maintenance, le réglage desmachines ou encore à l’occasion d’in-cidents de production (défaillance d’unproduit en cours de fabrication, ren-versement, blocage, etc.). La collabo-ration de tous, notamment de ceux quis’en servent tous les jours, améliore laproductivité de l’entreprise, en fin decompte. Et sauve des doigts, des mains,des jambes... Des vies, quoi !

Mais attention, ne peut utiliser leguide Sécurité des machines qui veut.Il faut d’abord avoir reçu la forma-tion préparée par l’IRSST. Le guide abeau être facile à consulter, le néophyterisque de s’égarer dans le dédale desconcepts techniques et d’un vocabu-laire spécialisé propre à l’une ou l’autredes multiples situations de travail. Quesignifient des termes aussi mystérieuxque « ouverture forcée des contacts »ou « interverrouillage » pour monsieur-tout-le-monde?

« Il peut être difficile de comprendrele guide si on n’a pas été formé, re-connaît Gordon D. Perreault, chef deservice, secteurs primaire et manufac-turier à la Direction de la prévention-inspection de la CSST. C’est pourquoiil est remis, dans un premier temps, aux inspecteurs ayant déjà reçu la for-mation, de même qu’aux employeursdont le personnel est déjà qualifié enmatière d’analyse du risque. Mais noustravaillons actuellement avec l’IRSSTafin d’augmenter le nombre de per-sonnes — conseillers des ASP, firmesextérieures, universités, etc. —, sus-ceptibles de recevoir et de transmettrecette formation. Quant aux inspecteursinscrits aux prochaines sessions don-nées par l’IRSST, ils recevront le guideen cours de formation. »

Un plan pour voir plus loinLyne Beaulé, conseillère et responsabledu dossier pour la Direction des com-munications de la CSST, a élaboré unplan de diffusion du guide Sécurité desmachines, dont l’application devraits’échelonner jusqu’en 2005 tout aumoins. Dans sa mire, les 250 inspec-teurs de la CSST, certes, mais aussi les préventionnistes, les associationssectorielles paritaires, les associationspatronales et syndicales, les universités,les mutuelles de prévention ainsi quequelques partenaires privés spécialisés

dans l’analyse du risque ou dans les dispositifs de protection. « Nous visons tous nos relayeurs à l’interne età l’externe, à la condition qu’ils aientpréalablement reçu la formation, pré-cise Mme Beaulé. Le guide ne s’adressepas au grand public, uniquement à nos relayeurs spécialisés, en fait, à nos représentants en prévention dans le domaine des machines industrielles,qui l’utiliseront dans leur milieu de travail afin d’éliminer le danger à lasource et de réduire le nombre des accidents. » Sur le plan de la concep-tion et de la production, c’est tout un défi que Mme Beaulé a relevé. « Enfait, dans le domaine, c’est du jamaisvu. Ce n’est pas un guide ordinaire.Son concept, son contenu, sa présen-tation, sa promotion ont été pensés de manière à guider l’utilisateur dans le cheminement appliqué de la dé-marche, de façon à répondre à ses besoins. »

Éducateurs, les inspecteurs s’attaquentaussi de plus en plus à la racine du problème, comme ils l’ont fait avec lemélangeur à pâte Hobart, par exemple.Utilisé dans les hôpitaux, les centresd’accueil, les écoles et les supermar-chés, le mélangeur avait la fâcheusehabitude de broyer mains et bras…« La CSST est allée rencontrer le fabri-cant, explique Conrad Trudel, et cesvisites ont donné des résultats. Aujour-d’hui, les mélangeurs sont munis, en plus d’un interrupteur de sécurité, d’un dispositif de protection mobile qui empêche un travailleur d’y glisserla main par inadvertance. »

Petit à petitLa sécurité aléatoire decertaines machines n’estpas seulement impu-table aux fabricants. Lesclients et les distribu-teurs portent aussi unepart de responsabilité.« Je viens de terminerune intervention auprès

d’un fabricant d’attendrisseurs deviande, qu’on trouve souvent dans lessupermarchés, déclare l’inspecteur. Le fabricant américain vendait sa ma-chine au Québec. Elle avait un dispo-sitif de protection inefficace. Pourtant, en Grande-Bretagne, son attendrisseurétait vendu muni d’un dispositif desécurité éprouvé. Les clients québécoisn’ayant pas d’exigences particulièresrelatives à l’équipement de protection,la compagnie ne se sentait obligée enrien, d’autant que cela lui donnait unavantage sur ses concurrents. Aujour-d’hui, l’attendrisseur vendu au Québecest le même que celui qui est distribuéen Grande-Bretagne ! »

Une amélioration comme il en fau-dra encore des dizaines, voire des cen-taines. « L’idéal serait qu’au momentd’un futur achat, le client ne tienne passeulement compte du prix initial, maisqu’il s’assure que la machine répondaux critères de sécurité éprouvés »,souligne M. Saucier. Le nouveau Règlement sur la santé et la sécurité du travail (S-2.1,r.19.1) adopté en 2001nous aide beaucoup, car il renforcenotre position quand on dit à un entre-preneur qu’il a besoin d’un dispositifd’interverrouillage sur une machine. »

Les inspecteurs avaient besoin d’êtreaidés. « Au Canada, les normes desécurité des machines sont toujoursvolontaires, contrairement à l’Europeoù elles sont obligatoires », commenteJoseph-Jean Paques, qui a présidé lecomité pan-canadien chargé d’élaborerla norme CSA en robotique. « L’inspec-teur doit donc se référer à la norme qui

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lui dire “ Ne mets pas ta main là ”. Çan’explique rien, ça ne tient même pascompte du danger le plus immédiat ! »

L’inspecteur en veut pour preuvecette scie automatique alimentée par un chariot roulant, dont il a récemmentfait l’appréciation des risques. « Au départ, l’employeur et les travailleurstrouvaient qu’il y avait trop de zonesdéclarées dangereuses. “ Il ne nous estrien arrivé jusqu’ici ”, me disaient-ils.Pour eux, la zone vraiment dangereusese réduisait aux lames de la scie, maisils oubliaient la zone de coincement entre le chariot roulant et le bâti de lamachine ! Si un travailleur avait eu lemalheur de se placer là, il se faisait coincer en cisaille. Le guide m’a étéfort utile, car il a permis de transformerdes consignes officieuses du genre “ Ne mets pas ta main là ”, en moyenséprouvés de protection à la source. Ettout le monde a compris. »

Michel Saucier, spécialiste enprévention-inspection à la Direction

régionale de Longueuil, estime que le nouveau guide répond de belle manière à l’objectif de prise en charge par le milieu puisqu’il incite les en-treprises à cerner elles-mêmes les phénomènes dangereux particuliers à chaque machine. « Le document nousdonne des références, nous permetd’acquérir des compétences, de faireune analyse complète des phénomènesdangereux d’une machine, affirme-t-il.Mais surtout, il incite les gens à seposer les bonnes questions en matièrede sécurité. »

Plusieurs inspecteurs ont déjà suivila formation sur les machines dan-gereuses donnée par l’IRSST. Un programme régional d’intervention« Sécurité des machines » est en cours.« Le tableau communément appelél’Arbre de décision sur l’appréciationdu risque est très prisé par le milieu,assure M. Saucier. Il sert à estimer le risque associé à n’importe quelle machine sur une échelle de 0 à 5. Il est vraiment facile d’emploi. »

Parce qu’elle est applicable àl’ensemble des secteurs industriels, la démarche multisectorielle propo-sée dans le guide se révèle en effet très pratique à l’usage. Dans l’industrie

du plastique, par exemple, le nouveauguide vaut à lui seul son pesant d’or.Une entreprise de Longueuil, qui s’estd’abord prêtée à l’inventaire et à l’ana-lyse des risques de l’une de ses ma-chines, a été tellement satisfaite qu’ellea décidé d’appliquer la méthode à cinqautres postes de travail. « L’entreprises’est fixé un objectif à atteindre dans un délai précis, mentionne ConradTrudel. Les autres machines serontanalysées en 2003 et 2004. »

Partager, responsabiliserLe guide Sécurité des machines aaussi l’avantage d’inciter les patrons à nommer un responsable représentant l’employeur et à lui confier la respon-sabilité de trouver et de corriger lesrisques associés aux machines dan-gereuses dans l’établissement. Celui-citravaille de concert avec le représentantà la prévention (prévu par la LSST) etle travailleur affecté à la machine, cequi crée une dynamique de coopéra-tion et d’échange au sein de tout le personnel. « Rapidement, commenteM. Trudel, ils s’aperçoivent qu’ils ont besoin des préposés à l’entretien. Et que plus vite ils les associent à la démarche, plus ces travailleurs sont

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Lyne Beaulé, conseillère

à la Direction des com-

munications de la CSST,

est responsable de l’im-

posant plan de diffusion

du guide dont l’applica-

tion devrait s’échelonner

jusqu’en 2005.

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machines. L’article 51 de la LSST ditpourtant que l’employeur doit s’assurerque l’organisation du travail, les mé-thodes et les techniques utilisées pourl’accomplir sont sûres et ne portent pasatteinte à la santé du travailleur. Il doitaussi s’assurer que les établissementssur lesquels il a autorité sont équipés et aménagés de façon à assurer la pro-tection du travailleur. La LSST dit enoutre qu’il doit voir à ce que les procé-dés de fabrication soient sécuritaires.Elle précise enfin qu’il doit former etinformer ses travailleurs. »

Donald Duchesne n’est nullementpessimiste, loin s’en faut. « On est dansle raffiné, assure-t-il. On va même plusloin que la simple adaptation auxnormes. On en est à l’étape de la for-mation, de la robotique et des disposi-tifs de cadenassage. Aujourd’hui, toutle monde comprend qu’il faut un garde-corps sur une passerelle. C’est la mêmechose avec toutes ces machines poten-tiellement dangereuses qu’on voit unpeu partout sur les lieux de travail.Elles doivent posséder des dispositifsde protection. »

Une réflexion qu’endosse sans réserve Conrad Trudel. « Je viens jus-tement de terminer une intervention en entreprise. Les travailleurs et l’em-ployeur m’ont dit : “ Conrad, on ne

retournerait jamais à la situation an-térieure. On a eu de la chance den’avoir pas eu d’ac-cident… et d’avoireu de l’aide ! ” Çafait plaisir à en-tendre. » O

| Prévention au travail | Été 2003 |14

Do

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La « famille » du guide :

de gauche à droite,

Joseph-Jean Paques,

ingénieur à l’IRSST,

Donald Duchesne, ingé-

nieur et conseiller en

prévention-inspection,

Lyne Beaulé, conseillère

en communication,

Conrad Trudel, inspec-

teur, tous trois de la

CSST, Réal Bourbonnière,

ingénieur, et Renaud

Daigle, technicien, tous

deux de l’IRSST.

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précise que la machine ne doit pas êtredangereuse. Dans certains cas, on estplus avancés que les Européens, alorsque dans d’autres... c’est l’anarchie totale. On y va au coup par coup. Ondonne 10 pages de références biblio-graphiques aux inspecteurs en cours deformation… Dans les presses à injec-ter ou à extruder des plastiques, par exemple, il y a une norme américainevalable sur laquelle nos inspecteurss’alignent. Ça fonctionne bien. »

Les inspecteurs de la CSST doiventaussi comprendre le fonctionnement — et évaluer la sécurité — de machineshétéroclites souvent bricolées dans uncoin d’atelier par des entrepreneurspressés. « Des milliers de machinessont fabriquées au Québec, plusieurs enfonction d’une seule usine, fait remar-quer Conrad Trudel. Lorsqu’il fait faceà un problème de production, le patrondit souvent à ses ouvriers “ Arrangez-moi quelque chose ”. C’est avec cesmachines-là qu’on a des problèmes.Elles sont très fonctionnelles, mais pasnécessairement sûres ! »

Pourtant, un simple clic de souriséviterait bien des déconvenues. Grâceà un projet de Réal Bourbonnière,l’IRSST a publié en effet sur son siteweb (www.irsst.qc.ca/htmfr/utilitaires/dispositifsdesecurite/hierar.htm) uneliste de l’ensemble des dispositifs deprotection disponibles sur le marché,avec une notice explicative pour cha-cun, les cordonnées des fabricants, etc.

Autre problème, les grandes entre-prises qui se débarrassent de leurs machines vétustes. Depuis quelquesannées, beaucoup se sont retrouvéesdans les PME qui ont poussé commedes champignons après la pluie. « Laloi est pourtant claire, insiste DonaldDuchesne, ingénieur et conseiller en prévention à la Direction de la prévention-inspection de la CSST, à Québec. Nul ne peut vendre du matérieldangereux. Cela s’applique aussi auxmachines usagées… Toute machinevendue ou distribuée au Québec doitêtre sécuritaire. C’est la loi. »

« Les machines sont de plus en plus complexes, explique l’ingénieurmécanicien qui a été inspecteur pen-dant 20 ans. Et lorsqu’elles sont reliéesentre elles dans le même espace, cela engendre des problèmes. Beaucoup de jeunes travailleurs québécois sont victimes d’accidents causés par des

Page 15: De rêve en rêve…

Bien qu’elle soit inacceptable, laviolence en milieu de travail est uneréalité qui touche de nombreux travail-leurs. Qu’elle soit physique ou verbale,commise par l’employeur, un collègueou une tierce personne (client, bénéfi-ciaire, etc.), les travailleurs qui en sontvictimes ne sont pas sans recours. Ilspourront s’adresser à la CSST et être indemnisés à certaines conditions. Voici un bref résumé de la jurispru-dence récente de la Commission des lésions professionnelles (CLP) en ma-tière d’agression physique au travail.

Principe fondamental en droit, lefardeau de la preuve repose sur lesépaules de celui qui invoque un droit1.Ainsi, il revient au travailleur de dé-montrer de façon prépondérante qu’il a été victime d’une lésion profession-nelle. Ce fardeau est toutefois allégégrâce à la présomption prévue à l’ar-ticle 28 de la Loi sur les accidents dutravail et les maladies professionnelles2

(LATMP). Si les trois éléments cons-titutifs de la présomption sont réunis, la présomption s’applique. Il revientalors à l’employeur ou à la CSST d’enrenverser l’application en démontrantl’absence de relation entre l’événementet le travail. En effet, il ne suffit pasque l’incident soit survenu sur les lieuxdu travail pour conclure qu’il s’agitd’un accident du travail3. Il faut quel’activité exercée par le travailleur aumoment de l’accident soit reliée à sontravail. Tout comme l’altercation ou ladiscussion doit concerner un sujet reliéau travail et non relever d’un règlementde compte personnel ou d’un conflit depersonnalité4. Chaque cas est un casd’espèce. On devra analyser le bien-fondé de chaque demande d’indemnitéafin d’évaluer la connexité entre l’inci-dent et le travail.

Si la présomption ne s’applique pas(exemple, le diagnostic ne concerne pasune blessure ou encore le travailleur n’apas démontré qu’il exécutait son travaillors de l’agression) ou si la présomp-tion a été renversée, le travailleur devradémontrer de façon prépondérante qu’ila été victime d’un accident du travailselon la définition contenue à l’article 2de la LATMP, c’est-à-dire démontrer la

survenance d’un événement imprévu etsoudain attribuable à toute cause, sur-venant à une personne par le fait ou àl’occasion de son travail et qui entraînepour elle une lésion professionnelle5.Dans la majorité des agressions phy-siques, la difficulté vient du fait qu’ona du mal à déterminer si l’altercationest survenue « à l’occasion du travail ».Pour contrer ce problème, la juris-prudence a élaboré le critère de la connexité. Grâce à ce critère, il fautchercher à découvrir la cause véritablede l’agression pour ensuite détermi-ner si cette cause présente un lien réel, direct ou indirect, avec le travail6.

Le critère de la connexité entre letravail et l’altercation rejoint donc leprincipe mentionné précédemment : ilne suffit pas que l’incident surviennesur les lieux du travail pour être consi-déré comme un accident du travail. Cen’est que si l’objet de la dispute se rap-porte au travail qu’on pourra convenirque l’événement imprévu est survenupar le fait ou à l’occasion du travail7.Ainsi, si la cause réelle d’une agressionsurvenue au travail relève d’une affairepersonnelle, il ne s’agit pas d’une lé-sion professionnelle8. D’autres critères

pourront aussi êtrepris en considéra-tion par les commis-saires9; certains d’en-tre eux regarderont si le travailleur vic-time de violence a été l’instigateur de la bataille. Toute-fois, ce critère sembleavoir été délaissé cesdernières années10.L’accent est davan-tage mis sur la raisonde l’agression, quidoit avoir un quel-conque lien avec letravail , plutôt que sur la responsabilitédu travailleur.

En somme, ce sur-vol de la jurisprudence de la CLP nous enseigne qu’il est possible pour un travailleur victime de violence autravail d’être indemnisé par la CSSTs’il démontre, entre autres, que le tra-vail est la véritable cause de l’incidentet non pas simplement le lieu où semanifeste un désaccord d’ordre per-sonnel ou étranger au travail. O

Marie-Ève Vanden Abeele

| Prévention au travail | Été 2003 | 15

Droits et obligations

1. Code civil du Québec, L.Q. 1991, c. 64,art. 2803.

2. LATMP, L.R.Q., c. A-3.001. Article 28 : uneblessure qui arrive sur les lieux du travailalors que le travailleur est à son travail estprésumée une lésion professionnelle.

3. Fortier et Gosselin & Ass. Ltée, C.L.P.120781-03B-9907, 10-01-2000 ; Merlin etCinéplex Odéon, C.L.P. 124912-71-9910, 30-05-2000.

4. Id.5. Précité note 2.6. Pacheco c. Hôpital de Montréal pour enfants,

C.A., 1998 CALP 565, 06-03-1998.7. Amato et I.G.A. (223), C.L.P. 102722-72-

9806, 22-01-1999.8. Versabec Inc. et M. Michel Landry, C.A.L.P.

64244-60-9411, 28-05-1996.9. Brunette et S.T.C.U.M., C.L.P. 153156-71-

0012, 26-03-2002.10. Précité note 7.

sont-elles indemnisées

par la CSST ?

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Les victimes de violence au travail

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24 au 29 août 2003Séoul (Corée du Sud)XVe congrès triennal de l’Associationinternationale d’ergonomieRenseignementsSecretariat of IEA 2003Kangnam P. O. Box 467, Seoul135-646CORÉE DU SUDCourriel : [email protected] Web : www.iea2003.org

2 au 4 septembre 2003Bled (Slovénie)Colloque international du Comité international de l’AISS pour laprévention des risques professionnelsdans l’agricultureRenseignementsSecrétariat général, AISS4, route des MorillonsCase postale 1, 1211GenèveSUISSECourriel : [email protected] Web : www.issa.int

5 au 12 septembre 2003 Chicago (États-Unis)91e congrès et exposition annuels du National Safety CouncilRenseignementsHilda KoskiewiczNational Safety CouncilCourriel : [email protected] Web : www.nsc.org/expo/call.htm

11 et 12 septembre 2003Lyon (France)Symposium international ACTICAActions en collectifs, interactions et théories de l’activitéRenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.gric.univ-lyon2.fr

24 au 26 septembre 2003Paris (France)SELF 2003 – Modèles et pratiques de l’analyse du travail 1988-2003, 15 ans d’évolutionsRenseignementsSecrétariat de la SELFVéronique Turbet DelofMaison de la recherche5, allée Antonio-Machado31058 Toulouse Cedex 9FRANCECourriel : [email protected]

2 octobre 2003Jonquière (Québec)3e salon ressources en santé et sécurité du travail

3 octobre 2003Saguenay–Lac-Saint-Jean (Québec)19e colloque en santé et sécurité du travail

RenseignementsDirection régionale Saguenay–Lac-Saint-Jean de la CSSTMartine Lavoie901, boul. TalbotC. P. 5400Chicoutimi (Québec)Tél. (418) 696-9902Téléc. (418) 698-9905Courriel : [email protected] Web : www.csst.qc.ca

3 octobre 2003 Montréal (Québec)Formation en gestion de la santé-sécurité – Conduite préventive des chariots élévateurs

30 et 31 octobre 2003Montréal (Québec)« Ergonomisez » vos postes de travail

RenseignementsCentre patronal de santé et sécurité du travail du QuébecTél. (514) 842-8401Téléc. (514) 842-9375Courriel : [email protected] Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

3 au 5 octobre 2003Québec (Québec)Colloque international du comité international de l’AISS pour l’éducation et la formation à la prévention des accidentsRenseignementsSecrétariat général, AISS4, route des MorillonsCase postale 1, 1211GenèveSUISSECourriel : [email protected] Web : www.issa.int

6 au 9 octobre 2003Québec (Québec)2e séminaire international sur l’ensei-gnement en santé et sécurité au travail – Enseignement professionnelet techniqueRenseignementsSite Web : www.esst.ca

| Prévention au travail | Été 2003 |16

Agenda

13 au 15 octobre 2003Nancy (France)3e conférence internationale de sécurité des systèmes industrielsautomatisés – SIAS 2003RenseignementsINRS, SIASSecrétariatIET Dpt, avenue de Bourgogne, Bp 275401 Vandœuvre-Lès-Nancy CedexFRANCECourriel : [email protected] Web : www.inrs.fr

15 au 18 octobre 2003Ontario (Canada)34e conférence annuelle de l’Asso-ciation canadienne d’ergonomieRenseignements17596 Gregory DriveRR#3St. Mary’s (Ontario) N4X 1C6Courriel : [email protected] Web : www.ace2003.aceconf.ca

26 au 28 octobre 2003Montréal (Québec)2e forum public de l’Association descommissions des accidents du travaildu Canada – La santé et la sécurité au travail chez les jeunesUn coup de jeune à la préventionRenseignementsIsabelle Moïse417, rue Saint-Pierre, bureau 203Montréal (Québec) H2Y 2M4Tél. (514) 395-1808Téléc. (514) 395-1801Site Web : www.opus3.com/forum

5 novembre 2003Drummondville (Québec)7e carrefour de la santé et de la sécurité du travail – Pour échanger les bonnes idéesRenseignementsTél. (819) 372-3400, poste 3404 ou 1 800 668-6210Site Web : www.csst.qc.ca

12 novembre 2003Québec (Québec)Colloque sur la santé et la sécurité au travail – Chaudière-Appalaches et Québec – La prévention, ça nouspassionne !RenseignementsIsabelle Gosselin et Luc JacquesCourriel : [email protected]@csst.qc.ca

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| Prévention au travail | Été 2003 | 17

environnementales qui favorisent la dégradation des produits antipa-rasitaires. Une ventilation souvent restreinte et l’absence d’éléments extérieurs, comme la pluie ou le vent,contribuent à cette situation. Enfin, leretour assez rapide des travailleursdans les serres après des traitementsaux pesticides serait un autre facteurimportant d’exposition cutanée et, à un niveau moindre, respiratoire.

Le contexte de la rechercheEn raison de ces différents facteurs, et considérant la fréquence d’utili-sation de pesticides variés, les tra-vailleurs des serres Louis-Dupire et du Jardin botanique de Montréal ontexprimé des inquiétudes face à leursrisques d’exposition.

Pesticides. Le mot fait peur.Ces produits font pourtant partie dupaysage quotidien des travailleurs enagriculture maraîchère, en forêt, en milieu serricole et horticole, de mêmeque des jardiniers amateurs.

Le milieu serricole (culture en serres) n’échappe pas à l’usage de pesticides. Les risques d’exposition y seraient même plus importants et les dangers pour la santé pourraient y être plus sérieux que dans d’autresmilieux de culture. Pourquoi ? Les endroits fermés comme les serres produisent des niveaux d’expositionplus importants, en raison notam-ment de l’absence de conditions

Rechercheà l’IRSST

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Un pas de plus vers l’utilisation sécuritaire des pesticides

Serres Louis-Dupire et Jardin botanique

de Montréal

Dans ce numéro

Serres Louis-Dupire et Jardinbotanique de Montréal

Un pas de plus vers l’utilisation

sécuritaire des pesticides

Petites excavationsUne nouvelle méthode

d’étançonnement simple,

efficace et gagnante

Solvants industriels Santé, sécurité, substitution

L’ouvrage de référence

sur les solvants

Troubles musculo-squelettiques

À gauche, la souris ?

Normes d’expositionchimique en milieu de travail

Un colloque qui marque

des points

Boursier : Steve Dutil Université Laval

La mesure des bioaérosols

en cabinet dentaire

Nouvelles publications

Nouvelles recherches

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www.irsst.qc.caCliquez recherche

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Onil Samuel, de l’INSPQ, en précisele contexte : « Cette étude est un projetponctuel pour répondre à une problé-matique spécifique. Par ailleurs, commenous souhaitons faire le même exercice

que celui que nous avons réalisédans le milieu maraîcher (voirPrévention au travail, été 2002,volume 15, no 3), nous avonsprofité de la situation pour docu-menter certaines variables qui

nous permettront éventuellementd’effectuer une recherche plus appro-

fondie sur les délais de réentrée1

dans les serres à production inten-sive (fleurs, légumes, etc.). »

Caractéristiques des serres L’établissement Louis-Dupire

est un ensemble de 41 serres ettunnels servant à la production de

plantes annuelles à l’usage de la Villede Montréal. Le Jardin botanique,quant à lui, compte une quarantaine de serres destinées à la production deplantes diverses et à la conservation de collections de végétaux. De plus,une dizaine de serres servant de lieux d’exposition sont ouvertes au public.

Quatre pesticides ont principale-ment été étudiés : le carbaryl (SevinXLR Plus), le chlorpyrifos (Lorsban),la deltaméthrine (Decis) et le malathion(Malathion).

Une méthode rigoureuseAfin de déterminer les niveaux d’expo-sition et d’évaluer les délais de réentrée,

| Prévention au travail | Été 2003 |18

Point de départLes employés du Jardin botanique et des serres Louis-Dupire de la Ville deMontréal sont régulièrement en contactavec des pesticides. L’inquiétude sou-levée face aux risques pour la santé pou-vant découler de l’exposition à cesproduits dans un milieu fermécomme les serres justifiait d’en-treprendre une étude afin derépondre aux interrogationsdes travailleurs et des respon-sables des services de santé.

Responsables O n i l S a m u e l 1 , L o u i s S a i n t -Laurent2, Pierre Dumas, ÉricLanglois et Guy Gingras, de l’Institut national de santépublique du Québec (INSPQ), en collaboration avec le CLSC des Faubourgs.

RésultatsDes recommandations concernant par-ticulièrement le respect des délais deréentrée et le port d’équipements de protection individuelle appropriés pourles travailleurs des serres Louis-Dupire et du Jardin botanique. Une documenta-tion essentielle qui permettra de pour-suivre les recherches dans les serres àproduction intensive.

UtilisateursLes travailleurs, les dirigeants des serresLouis-Dupire et du Jardin botanique, les chercheurs, les intervenants en santéet en sécurité, les médecins et toute autre personne ou organisme intéressé à l’utilisation de pesticides en milieu serricole.

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1. Délai de réentrée : période de temps aprèslaquelle il est sécuritaire pour les travailleursde retourner sur des lieux ayant fait l’objetd’une application de pesticides.

Cette étude visait donc à documen-ter les niveaux d’exposition des travail-leurs concernés et à cerner les carencessur le plan de l’organisation techniquedu travail, puis à proposer des correc-tifs afin de diminuer l’exposition du personnel. Elle a été réalisée par des scientifiques de la Direction de la toxi-cologie humaine de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ),de concert avec le CLSC des Faubourgs.Elle a aussi reçu l’aval du Syndicat descols bleus de la Ville de Montréal ainsique de la direction des serres Louis-Dupire et du Jardin botanique.

les chercheurs ont procédé à une séried’analyses concernant autant les tra-vailleurs que les lieux où des pesti-cides étaient appliqués.

Ils ont mesuré, à différentes pé-riodes, les résidus délogeables sur les feuilles afin d’établir la vitesse à laquelle ils diminuaient selon le délai de réentrée habituel. L’exposi-tion cutanée des travailleurs a, quant à elle, été évaluée par une technique de lavage des mains qui permettait, entre autres, de documenter l’efficacité du port de gants. Une approche quali-tative d’évaluation de l’exposition a aussi été utilisée à l’aide d’un marqueur fluorescent ajouté à la bouillie des pes-ticides (liquide prêt à être pulvérisé). De plus, la mesure de métabolites uri-naires a permis d’estimer l’expositiontotale des travailleurs. Par ailleurs, lacontamination potentielle des locauxadjacents n’a pas été négligée et desmesures de pesticides dans les pous-sières ont été réalisées à différents en-droits stratégiques. Enfin, l’évaluationdes pratiques de travail a été effectuéepar observation et aussi, grâce à unquestionnaire remis aux travailleurs.

Des recommandationsIl apparaît que les travailleurs peuventêtre exposés aux pesticides même aprèsl’expiration des délais de réentrée, les-quels sont habituellement respectés. Des résidus de ces produits ont pu êtreanalysés sur les mains de tous les participants à l’étude ; des métabolites urinaires des mêmes substances ont été identifiés chez une majorité d’entreeux. Les niveaux d’exposition mesu-rés étaient cependant généralement

faibles, en raison notamment du respect des délais de réentrée, descourtes périodes d’exposition et du

peu de contact avec la végétationtraitée. « Les délais de réentrée de 12 à 15 heures respectés par les tra-vailleurs étaient satisfaisants, puisqueles périodes d’exposition étaient géné-ralement très courtes — environ deuxheures dans la serre —, indique OnilSamuel. Nous avons aussi remarquéque les gens qui portaient des gantsavaient des niveaux indécelables outrès faibles d’exposition. »

Afin de diminuer les risques, leschercheurs recommandent, entreautres moyens, de porter des vête-ments et des équipements de protec-tion appropriés, notamment des gants,et d’être attentif à l’entretien préven-tif régulier des équipements de pul-vérisation de même qu’au transportdes produits destinés à la prépara-tion des pesticides. De plus, les équi-pements ayant servi aux applications

doivent être nettoyés et rangés. Il enest de même des outils et des acces-soires qui doivent être entreposés àl’abri des pulvérisations. Il convientaussi de protéger les espaces de tra-vail situés près des zones d’applica-tion des pesticides. Quant aux délaisde réentrée, une affiche devrait tou-jours être visible sur la porte des ser-res, indiquant le nom du produit,l’heure et la date de son applica-tion et, s’il y a lieu, le moment où ilsera permis de retourner à l’intérieur.Enfin, il faut être extrêmement pru-dent et suivre les recommandations du fabricant concernant les fumiga-tions, cette technique étant considéréecomme la plus à risque.

Mieux comprendreOnil Samuel considère ce travailcomme étant un pas de plus dans lacompréhension des pesticides : « Cetteétude a vraiment permis de démontrerque la problématique dans les serrespeut être différente de celle des milieuxextérieurs. C’est important puisque lesrésidus délogeables y sont beaucoupplus persistants. Cela justifie d’autantplus le développement d’une approchesécuritaire de détermination des délaisde réentrée dans les serres à productionintensive. » O

Benoit Fradette

| Prévention au travail | Été 2003 | 19

R e c h e r c h e à l’IRSST

Pour en savoir plusSAMUEL, Onil, Louis SAINT-LAURENT,Pierre DUMAS, Éric LANGLOIS, GuyGINGRAS. Pesticides en milieu serricole –Caractérisation de l’exposition des travail-leurs et évaluation des délais de réentrée,Rapport R-315, 137 pages, 9,63 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Les serres

Louis-Dupire :

plus d’une

quarantaine

de serres et

de tunnels où

sont produites

les plantes

annuelles qui

fleurissent

la ville

de Montréal.

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Le Jardin

botanique

de Montréal :

une quaran-

taine de serres

destinées à

la production

et aux

collections

de plantes

diverses et

une dizaine de

serres d’expo-

sition ouvertes

au public.

Page 19: De rêve en rêve…

Onil Samuel, de l’INSPQ, en précisele contexte : « Cette étude est un projetponctuel pour répondre à une problé-matique spécifique. Par ailleurs, commenous souhaitons faire le même exercice

que celui que nous avons réalisédans le milieu maraîcher (voirPrévention au travail, été 2002,volume 15, no 3), nous avonsprofité de la situation pour docu-menter certaines variables qui

nous permettront éventuellementd’effectuer une recherche plus appro-

fondie sur les délais de réentrée1

dans les serres à production inten-sive (fleurs, légumes, etc.). »

Caractéristiques des serres L’établissement Louis-Dupire

est un ensemble de 41 serres ettunnels servant à la production de

plantes annuelles à l’usage de la Villede Montréal. Le Jardin botanique,quant à lui, compte une quarantaine de serres destinées à la production deplantes diverses et à la conservation de collections de végétaux. De plus,une dizaine de serres servant de lieux d’exposition sont ouvertes au public.

Quatre pesticides ont principale-ment été étudiés : le carbaryl (SevinXLR Plus), le chlorpyrifos (Lorsban),la deltaméthrine (Decis) et le malathion(Malathion).

Une méthode rigoureuseAfin de déterminer les niveaux d’expo-sition et d’évaluer les délais de réentrée,

| Prévention au travail | Été 2003 |18

Point de départLes employés du Jardin botanique et des serres Louis-Dupire de la Ville deMontréal sont régulièrement en contactavec des pesticides. L’inquiétude sou-levée face aux risques pour la santé pou-vant découler de l’exposition à cesproduits dans un milieu fermécomme les serres justifiait d’en-treprendre une étude afin derépondre aux interrogationsdes travailleurs et des respon-sables des services de santé.

Responsables O n i l S a m u e l 1 , L o u i s S a i n t -Laurent2, Pierre Dumas, ÉricLanglois et Guy Gingras, de l’Institut national de santépublique du Québec (INSPQ), en collaboration avec le CLSC des Faubourgs.

RésultatsDes recommandations concernant par-ticulièrement le respect des délais deréentrée et le port d’équipements de protection individuelle appropriés pourles travailleurs des serres Louis-Dupire et du Jardin botanique. Une documenta-tion essentielle qui permettra de pour-suivre les recherches dans les serres àproduction intensive.

UtilisateursLes travailleurs, les dirigeants des serresLouis-Dupire et du Jardin botanique, les chercheurs, les intervenants en santéet en sécurité, les médecins et toute autre personne ou organisme intéressé à l’utilisation de pesticides en milieu serricole.

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1. Délai de réentrée : période de temps aprèslaquelle il est sécuritaire pour les travailleursde retourner sur des lieux ayant fait l’objetd’une application de pesticides.

Cette étude visait donc à documen-ter les niveaux d’exposition des travail-leurs concernés et à cerner les carencessur le plan de l’organisation techniquedu travail, puis à proposer des correc-tifs afin de diminuer l’exposition du personnel. Elle a été réalisée par des scientifiques de la Direction de la toxi-cologie humaine de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ),de concert avec le CLSC des Faubourgs.Elle a aussi reçu l’aval du Syndicat descols bleus de la Ville de Montréal ainsique de la direction des serres Louis-Dupire et du Jardin botanique.

les chercheurs ont procédé à une séried’analyses concernant autant les tra-vailleurs que les lieux où des pesti-cides étaient appliqués.

Ils ont mesuré, à différentes pé-riodes, les résidus délogeables sur les feuilles afin d’établir la vitesse à laquelle ils diminuaient selon le délai de réentrée habituel. L’exposi-tion cutanée des travailleurs a, quant à elle, été évaluée par une technique de lavage des mains qui permettait, entre autres, de documenter l’efficacité du port de gants. Une approche quali-tative d’évaluation de l’exposition a aussi été utilisée à l’aide d’un marqueur fluorescent ajouté à la bouillie des pes-ticides (liquide prêt à être pulvérisé). De plus, la mesure de métabolites uri-naires a permis d’estimer l’expositiontotale des travailleurs. Par ailleurs, lacontamination potentielle des locauxadjacents n’a pas été négligée et desmesures de pesticides dans les pous-sières ont été réalisées à différents en-droits stratégiques. Enfin, l’évaluationdes pratiques de travail a été effectuéepar observation et aussi, grâce à unquestionnaire remis aux travailleurs.

Des recommandationsIl apparaît que les travailleurs peuventêtre exposés aux pesticides même aprèsl’expiration des délais de réentrée, les-quels sont habituellement respectés. Des résidus de ces produits ont pu êtreanalysés sur les mains de tous les participants à l’étude ; des métabolites urinaires des mêmes substances ont été identifiés chez une majorité d’entreeux. Les niveaux d’exposition mesu-rés étaient cependant généralement

faibles, en raison notamment du respect des délais de réentrée, descourtes périodes d’exposition et du

peu de contact avec la végétationtraitée. « Les délais de réentrée de 12 à 15 heures respectés par les tra-vailleurs étaient satisfaisants, puisqueles périodes d’exposition étaient géné-ralement très courtes — environ deuxheures dans la serre —, indique OnilSamuel. Nous avons aussi remarquéque les gens qui portaient des gantsavaient des niveaux indécelables outrès faibles d’exposition. »

Afin de diminuer les risques, leschercheurs recommandent, entreautres moyens, de porter des vête-ments et des équipements de protec-tion appropriés, notamment des gants,et d’être attentif à l’entretien préven-tif régulier des équipements de pul-vérisation de même qu’au transportdes produits destinés à la prépara-tion des pesticides. De plus, les équi-pements ayant servi aux applications

doivent être nettoyés et rangés. Il enest de même des outils et des acces-soires qui doivent être entreposés àl’abri des pulvérisations. Il convientaussi de protéger les espaces de tra-vail situés près des zones d’applica-tion des pesticides. Quant aux délaisde réentrée, une affiche devrait tou-jours être visible sur la porte des ser-res, indiquant le nom du produit,l’heure et la date de son applica-tion et, s’il y a lieu, le moment où ilsera permis de retourner à l’intérieur.Enfin, il faut être extrêmement pru-dent et suivre les recommandations du fabricant concernant les fumiga-tions, cette technique étant considéréecomme la plus à risque.

Mieux comprendreOnil Samuel considère ce travailcomme étant un pas de plus dans lacompréhension des pesticides : « Cetteétude a vraiment permis de démontrerque la problématique dans les serrespeut être différente de celle des milieuxextérieurs. C’est important puisque lesrésidus délogeables y sont beaucoupplus persistants. Cela justifie d’autantplus le développement d’une approchesécuritaire de détermination des délaisde réentrée dans les serres à productionintensive. » O

Benoit Fradette

| Prévention au travail | Été 2003 | 19

R e c h e r c h e à l’IRSST

Pour en savoir plusSAMUEL, Onil, Louis SAINT-LAURENT,Pierre DUMAS, Éric LANGLOIS, GuyGINGRAS. Pesticides en milieu serricole –Caractérisation de l’exposition des travail-leurs et évaluation des délais de réentrée,Rapport R-315, 137 pages, 9,63 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Les serres

Louis-Dupire :

plus d’une

quarantaine

de serres et

de tunnels où

sont produites

les plantes

annuelles qui

fleurissent

la ville

de Montréal.

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Le Jardin

botanique

de Montréal :

une quaran-

taine de serres

destinées à

la production

et aux

collections

de plantes

diverses et

une dizaine de

serres d’expo-

sition ouvertes

au public.

Page 20: De rêve en rêve…

| Prévention au travail | Été 2003 |20

La Ville de Victoriaville est d’ail-leurs déjà en train de produire un mo-dèle amélioré, plus léger (en PEHD), etd’un diamètre de 1,22 mètre (48 pouces).

Toujours selon André Charest, « quandon parle prévention, il faut trouver desméthodes faciles ; si c’est trop lourd,trop compliqué, les gens laissent tom-ber... Mais quand on est sensibilisé àl’importance de la sécurité, ça fait évo-luer les méthodes de travail et souvent,en plus, dans le sens d’une améliorationde la productivité et de la qualité... Quandun travailleur n’a pas peur de descendredans un trou, il fait un bon travail. »

Pour André Lan, responsable du projet de validation à l’IRSST, pas question de négliger l’étançonnement,peu importe la dimension de l’exca-vation : « Il faut étançonner. Même si le travail est de courte durée, il y a tou-jours un système qui convient. Uneparoi non étançonnée va toujours finirpar s’écrouler. » O

Loraine Pichette

| Prévention au travail | Été 2003 | 21

R e c h e r c h e à l’IRSST

Dans certaines municipalités, onutilise de plus en plus l’hydrocuretage,ou forage par aspiration, pour effectuerles travaux d’entretien et de réparationdes réseaux d’aqueducs et d’égouts.Cette méthode produit en effet des excavations de moindres dimensions, ce qui s’avère moins coûteux et mieuxadapté aux milieux urbains.

Mais voilà, il faut quand même assurer la sécurité des travailleurs

qui ont à y descendre pour exécuterdes travaux. Comme l’indiqueAndré Charest, surintendant duService des travaux publics deVictoriaville, « en réduisant les

dimensions du trou, on ne dispo-sait d’aucun moyen facile d’étançon-nement des parois ». Les systèmes

existants sont lourds, parfois com-plexes à installer et mal adaptésaux petites excavations.

Partir de ce qui existeLes services des travaux publics

de Longueuil et de Victoriaville ontainsi eu l’idée, chacun de leur côté, demettre à profit le principe des « trousd’homme » des réseaux souterrains. Ilsont donc commencé à expérimenterl’usage, comme méthode d’étançon-nement, de tuyaux en polyéthylènehaute densité (PEHD) ou en tôle d’acierondulé galvanisé (TTAOG), utilisésnormalement dans la construction desréseaux d’aqueducs et d’égouts.

Comme le système semblait pro-metteur en raison de ses faibles coûtsd’utilisation, de sa légèreté, de sa faci-lité d’installation et de sa polyvalence,les deux Villes ont approché l’Asso-ciation paritaire du secteur Affaires municipales (APSAM) et la CSST poursavoir si cette méthode pouvait être uti-lisée de façon courante. Mais même siles tuyaux en question sont conçus pourêtre enfouis et supporter une charge deremblai importante, ils n’avaient jamaisété validés pour une utilisation verti-cale, ouverte au sommet et sujette àsubir des poussées de sol causées pardes éboulements de parois.

Testé de tous les côtésC’est là qu’est né un projet conjoint d’évaluation impliquant l’UniversitéLaval, l’École de technologie supérieureet les Villes de Longueuil et de Victo-riaville, sous la coordination d’AndréLan, ingénieur à l’équipe Sécurité-ingénierie de l’IRSST. Ainsi, deux sys-tèmes d’étançonnement proposés parLongueuil (un tuyau de polyéthylènehaute densité de 0,91 mètre [36 pouces]de diamètre et de 2,44 mètres [8 pieds]de longueur et un tuyau d’acier ondulégalvanisé de mêmes dimensions) et unsystème proposé par Victoriaville (untuyau d’acier galvanisé de 1,52 mètre[60 pouces] de diamètre muni d’uneéchelle et de fixations pour le levage)ont fait l’objet d’essais en laboratoire et en chantier ainsi que d’une modé-lisation numérique.

Tous les systèmes évalués ont dé-montré un excellent comportement en chantier malgré des conditions dechargement considérables. De plus, lestuyaux n’ont subi aucune déformationpermanente significative, ce qui a étéconfirmé par les essais en laboratoire.Cependant, en condition réelle d’utilisa-tion, les tuyaux devront être manipulésavec grand soin, préservés contre leschocs et inspectés régulièrement. Enfait, toute déformation plastique d’untuyau devrait entraîner sa mise au rebut.

Bonne nouvelle, donc, l’étude conclutque les tuyaux testés, ainsi que ceux qui possèdent une rigidité supérieure,peuvent être utilisés en toute sécuritécomme moyen d’étançonnement tem-poraire pour des excavations de petitesdimensions. Certains facteurs devrontcependant être améliorés ou pris en considération par les utilisateurs, no-tamment ce qui a trait à la manutention(certains systèmes devant être installésau moyen d’un système de levage mé-canique) et à l’installation d’échelles.L’étude recommande également d’uti-liser des tuyaux d’au moins 1,22 mètre(48 pouces) de diamètre afin de fournirun espace de travail adéquat aux tra-vailleurs.

Point de départLes municipalités de Longueuil et de Victoriaville envisageaient d’utiliser,comme méthode d’étançonnement des excavations de faibles dimensions,des tuyaux de polyéthylène haute densité (PEHD) ou des tuyaux en tôled’acier ondulé galvanisé (TTAOG) qui servent habituellement à la construc-tion d’égouts et d’aqueducs. Ellessouhaitaient cependant fairevalider cette idée.

ResponsablesAndré Lan1 et Renaud Daigle2, de l’équipe Sécurité-ingénieriede l’IRSST.

PartenairesDenis Lebœuf de l’UniversitéLaval, Omer Chaallal de l’Écolede technologie supérieure, André Charest, Alain Houle et les cols bleus du Service des tra-vaux publics de Victoriaville, Michel Binet, Daniel Bourdeau, Lawrence Gagnéet les cols bleus du Service des travauxpublics de Longueuil, Sylvie Poulin etAlain Langlois de l’Association paritairedu secteur Affaires municipales (APSAM).

RésultatsLes systèmes proposés constituent uneoption sécuritaire pour l’étançonne-ment des parois d’excavations de petites dimensions allant jusqu’à 2,44 mètres (8 pieds) de profondeur. La méthodes’avère simple, rapide, économique et appréciée des travailleurs.

UtilisateursLes services des travaux publics de toutesles municipalités du Québec et les en-treprises privées qui doivent effectuer de petites excavations.

2

1

P e t i t e s e x c a v a t i o n sUne nouvelle méthode d’étançonnement

simple, efficace et gagnante

Un système gagnantCe système d’étançonnement innovateur en matière de prévention a valuà la Ville de Victoriaville le prix Reconnaissance 2002 dans la catégorieÉtablissements de 21 travailleurs ou plus pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Ce prix est attribué annuellement par la CSST.Les entreprises récipiendaires sont choisies par un jury composé dereprésentants d’employeurs, de travailleurs, de la Commission et de sespartenaires en santé et sécurité du travail. O

Pour en savoir plusLAN, André, Renaud DAIGLE, DenisLEBOEUF et Omar CHAALLAL.Validation d’un étançonnement fait d’untuyau de polyéthylène haute densité ou deprofilés métalliques normalement utiliséspour les ponceaux et les égouts, Rapport R-336, 140 pages, 13 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Essais in situ à

Longueuil : le tuyau

est d’abord installé

dans le sol, puis

remblayé. Des blocs

de béton sont posés

tout près pour faire

une surcharge. Ça

y est, on est prêts

à observer le com-

portement de ce

type d’étançonne-

ment et à mesurer

les déformations.

P e t i t e s e x c a v a t i o n s

Page 21: De rêve en rêve…

| Prévention au travail | Été 2003 |20

La Ville de Victoriaville est d’ail-leurs déjà en train de produire un mo-dèle amélioré, plus léger (en PEHD), etd’un diamètre de 1,22 mètre (48 pouces).

Toujours selon André Charest, « quandon parle prévention, il faut trouver desméthodes faciles ; si c’est trop lourd,trop compliqué, les gens laissent tom-ber... Mais quand on est sensibilisé àl’importance de la sécurité, ça fait évo-luer les méthodes de travail et souvent,en plus, dans le sens d’une améliorationde la productivité et de la qualité... Quandun travailleur n’a pas peur de descendredans un trou, il fait un bon travail. »

Pour André Lan, responsable du projet de validation à l’IRSST, pas question de négliger l’étançonnement,peu importe la dimension de l’exca-vation : « Il faut étançonner. Même si le travail est de courte durée, il y a tou-jours un système qui convient. Uneparoi non étançonnée va toujours finirpar s’écrouler. » O

Loraine Pichette

| Prévention au travail | Été 2003 | 21

R e c h e r c h e à l’IRSST

Dans certaines municipalités, onutilise de plus en plus l’hydrocuretage,ou forage par aspiration, pour effectuerles travaux d’entretien et de réparationdes réseaux d’aqueducs et d’égouts.Cette méthode produit en effet des excavations de moindres dimensions, ce qui s’avère moins coûteux et mieuxadapté aux milieux urbains.

Mais voilà, il faut quand même assurer la sécurité des travailleurs

qui ont à y descendre pour exécuterdes travaux. Comme l’indiqueAndré Charest, surintendant duService des travaux publics deVictoriaville, « en réduisant les

dimensions du trou, on ne dispo-sait d’aucun moyen facile d’étançon-nement des parois ». Les systèmes

existants sont lourds, parfois com-plexes à installer et mal adaptésaux petites excavations.

Partir de ce qui existeLes services des travaux publics

de Longueuil et de Victoriaville ontainsi eu l’idée, chacun de leur côté, demettre à profit le principe des « trousd’homme » des réseaux souterrains. Ilsont donc commencé à expérimenterl’usage, comme méthode d’étançon-nement, de tuyaux en polyéthylènehaute densité (PEHD) ou en tôle d’acierondulé galvanisé (TTAOG), utilisésnormalement dans la construction desréseaux d’aqueducs et d’égouts.

Comme le système semblait pro-metteur en raison de ses faibles coûtsd’utilisation, de sa légèreté, de sa faci-lité d’installation et de sa polyvalence,les deux Villes ont approché l’Asso-ciation paritaire du secteur Affaires municipales (APSAM) et la CSST poursavoir si cette méthode pouvait être uti-lisée de façon courante. Mais même siles tuyaux en question sont conçus pourêtre enfouis et supporter une charge deremblai importante, ils n’avaient jamaisété validés pour une utilisation verti-cale, ouverte au sommet et sujette àsubir des poussées de sol causées pardes éboulements de parois.

Testé de tous les côtésC’est là qu’est né un projet conjoint d’évaluation impliquant l’UniversitéLaval, l’École de technologie supérieureet les Villes de Longueuil et de Victo-riaville, sous la coordination d’AndréLan, ingénieur à l’équipe Sécurité-ingénierie de l’IRSST. Ainsi, deux sys-tèmes d’étançonnement proposés parLongueuil (un tuyau de polyéthylènehaute densité de 0,91 mètre [36 pouces]de diamètre et de 2,44 mètres [8 pieds]de longueur et un tuyau d’acier ondulégalvanisé de mêmes dimensions) et unsystème proposé par Victoriaville (untuyau d’acier galvanisé de 1,52 mètre[60 pouces] de diamètre muni d’uneéchelle et de fixations pour le levage)ont fait l’objet d’essais en laboratoire et en chantier ainsi que d’une modé-lisation numérique.

Tous les systèmes évalués ont dé-montré un excellent comportement en chantier malgré des conditions dechargement considérables. De plus, lestuyaux n’ont subi aucune déformationpermanente significative, ce qui a étéconfirmé par les essais en laboratoire.Cependant, en condition réelle d’utilisa-tion, les tuyaux devront être manipulésavec grand soin, préservés contre leschocs et inspectés régulièrement. Enfait, toute déformation plastique d’untuyau devrait entraîner sa mise au rebut.

Bonne nouvelle, donc, l’étude conclutque les tuyaux testés, ainsi que ceux qui possèdent une rigidité supérieure,peuvent être utilisés en toute sécuritécomme moyen d’étançonnement tem-poraire pour des excavations de petitesdimensions. Certains facteurs devrontcependant être améliorés ou pris en considération par les utilisateurs, no-tamment ce qui a trait à la manutention(certains systèmes devant être installésau moyen d’un système de levage mé-canique) et à l’installation d’échelles.L’étude recommande également d’uti-liser des tuyaux d’au moins 1,22 mètre(48 pouces) de diamètre afin de fournirun espace de travail adéquat aux tra-vailleurs.

Point de départLes municipalités de Longueuil et de Victoriaville envisageaient d’utiliser,comme méthode d’étançonnement des excavations de faibles dimensions,des tuyaux de polyéthylène haute densité (PEHD) ou des tuyaux en tôled’acier ondulé galvanisé (TTAOG) qui servent habituellement à la construc-tion d’égouts et d’aqueducs. Ellessouhaitaient cependant fairevalider cette idée.

ResponsablesAndré Lan1 et Renaud Daigle2, de l’équipe Sécurité-ingénieriede l’IRSST.

PartenairesDenis Lebœuf de l’UniversitéLaval, Omer Chaallal de l’Écolede technologie supérieure, André Charest, Alain Houle et les cols bleus du Service des tra-vaux publics de Victoriaville, Michel Binet, Daniel Bourdeau, Lawrence Gagnéet les cols bleus du Service des travauxpublics de Longueuil, Sylvie Poulin etAlain Langlois de l’Association paritairedu secteur Affaires municipales (APSAM).

RésultatsLes systèmes proposés constituent uneoption sécuritaire pour l’étançonne-ment des parois d’excavations de petites dimensions allant jusqu’à 2,44 mètres (8 pieds) de profondeur. La méthodes’avère simple, rapide, économique et appréciée des travailleurs.

UtilisateursLes services des travaux publics de toutesles municipalités du Québec et les en-treprises privées qui doivent effectuer de petites excavations.

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P e t i t e s e x c a v a t i o n sUne nouvelle méthode d’étançonnement

simple, efficace et gagnante

Un système gagnantCe système d’étançonnement innovateur en matière de prévention a valuà la Ville de Victoriaville le prix Reconnaissance 2002 dans la catégorieÉtablissements de 21 travailleurs ou plus pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Ce prix est attribué annuellement par la CSST.Les entreprises récipiendaires sont choisies par un jury composé dereprésentants d’employeurs, de travailleurs, de la Commission et de sespartenaires en santé et sécurité du travail. O

Pour en savoir plusLAN, André, Renaud DAIGLE, DenisLEBOEUF et Omar CHAALLAL.Validation d’un étançonnement fait d’untuyau de polyéthylène haute densité ou deprofilés métalliques normalement utiliséspour les ponceaux et les égouts, Rapport R-336, 140 pages, 13 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Essais in situ à

Longueuil : le tuyau

est d’abord installé

dans le sol, puis

remblayé. Des blocs

de béton sont posés

tout près pour faire

une surcharge. Ça

y est, on est prêts

à observer le com-

portement de ce

type d’étançonne-

ment et à mesurer

les déformations.

P e t i t e s e x c a v a t i o n s

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| Prévention au travail | Été 2003 |22

il faut toutefois être réaliste et, à court terme, il sera difficile de rem-placer tous les solvants, d’où l’optiond’autres méthodes de prévention, quifont l’objet de chapitres dans le livre,comme la ventilation, la protectionrespiratoire, la protection de la peau,des méthodes contre les risques d’in-cendie et d’explosion et, finalement,des fiches descriptives des produits.Bref, notre approche est globale. Nousregardons l’ensemble des solutions. »

À qui s’adresse ce livre ?Solvants industriels – Santé, sécurité,substitution s’adresse principalementaux hygiénistes en milieu de travail, auxmédecins et infirmières concernés demême qu’à ceux qui sont préoccupés parl’aspect environnemental qui y est aussitraité. Évidemment, il représente l’étatdes connaissances à un moment donné

Pour Michel

Gérin, l'apport

de plusieurs

disciplines

et techniques

à l'élabora-

tion du livre

Solvantsindustriels –Santé, sécu-rité, substitu-tion a bien

fonctionné

grâce à

l'ouverture

d'esprit des

participants.

— ces connaissances évoluent, du moinsen théorie — et il serait bon qu’il puisseultérieurement faire l’objet d’une mise àjour. Toutefois, les principes énoncésainsi que les méthodes proposées de-meurent, et ce tour de la situation resteravalable pour plusieurs années.

Une collaboration multidisciplinairePareil travail aurait été impensable sans l’apport de plusieurs disciplines et techniques comme la chimie, l’épi-démiologie, la toxicologie, l’ingénierie,l’hygiène industrielle, les sciences environnementales, la dermatologie et les techniques de protection contre lesincendies. « Évidemment, nous n’avonspas tous les mêmes approches, mais ça fonctionne bien lorsqu’il y de l’ou-verture d’esprit », de conclure MichelGérin. O

Le secteur du nettoyage industriel et du dégraissage de pièces métal-liques représente un terrain privilégiépour la mise en place de moyens desubstitution. En effet, les principauxprocédés utilisés actuellement dans ce domaine emploient des solvantschlorés, des substances reconnues toxiques et soupçonnées de causer lecancer. On y trouve aussi des hydro-carbures qui peuvent présenter un dan-ger d’incendie, ainsi que des produitsplus nouveaux, comme les éthers deglycol, également toxiques. De plus, laplupart de ces solvants organiques sontdes composés volatils qui, en s’éva-porant, sont susceptibles de favoriser la formation de smog photochimique.Voilà suffisamment de faits pour intéresser Michel Gérin, Denis Bégin et Jérôme Lavoué, du Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal,

Solvants industrielsen 9 chapitres

1. Solvants et prévention :nouvelles perspectives

2. Les grandes familles desolvants organiques.Utilisations et aspectsphysicochimiques

3. Substitution : démarcheset outils

4. Les nouveaux solvants et les procédés de substitution

5. La ventilation6. La protection respiratoire7. Les solvants et la protec-

tion de la peau8. Prévention des risques

incendie-explosion dessolvants en milieu de travail

9. L’information sur les sol-vants dans l’entreprise O

qui travaillent sur la substitution dessolvants depuis plusieurs années.

Les nettoyants aqueuxLes nettoyants aqueux ne contiennentque quelques pourcentages d’agents actifs dilués dans l’eau et sont aujour-d’hui de plus en plus souvent proposéscomme produits de remplacement pourle dégraissage des pièces métalliques.Ils agissent sur les salissures au moyende multiples mécanismes physico-chimiques, avec l’utilisation d’équi-pements spécifiques. Si l’on considère les aspects techniques, toxicologiques et environnementaux, les nettoyantsaqueux sont des substituts acceptablesdes produits traditionnels et devraientêtre considérés en premier lieu dans un processus de substitution.

Si de beaux modèles de réussite sontdocumentés, il est important de souli-gner que le succès technique de ces

| Prévention au travail | Été 2003 | 23

R e c h e r c h e à l’IRSST

Point de départLes solvants industriels, utilisés dans bonnombre d’industries, constituent unepréoccupation majeure pour les respon-sables de la santé et de la sécurité du travail. Leurs propriétés irritantes, leurseffets toxiques sur le système nerveux,les reins et le foie, leur rôle dans la pollu-tion et leur risque d’inflammabilité et d’explosion sont bien connus. Le regrou-pement de toutes ces informations allaitfaciliter le travail des intervenants.

ResponsableMichel Gérin, directeur du Départementde santé environnementale et santé autravail de l’Université de Montréal.

RésultatL’ouvrage Solvants industriels – Santé,sécurité, substitution fait le point sur laprévention des risques professionnels associés aux solvants, notamment avecl’introduction de méthodes de substitu-tion et de procédés alternatifs.

UtilisateursLes médecins, les hygiénistes industriels,les fabricants de solvants, les spécialistesen environnement, toute entreprise ouorganisation qui utilise des solvants.

Le Québec à l’avant-garde« Nous sommes des pionniers dans le domaine de la substitution dans lemonde francophone. En France, cetteexpertise n’est pas développée commeici, précise Michel Gérin, auteur et directeur du Département de santé environnementale et santé au travail dela faculté de médecine de l’Universitéde Montréal. C’est dans ce contexteque les professeurs Alain Bergeret etFrançoise Conso, responsables de lacollection Médecine du travail chezl’éditeur Masson, ont manifesté leur intérêt d’avoir un résumé des connais-sances sur les solvants et la substi-tution. Il y a tout près de 10 ans quenous effectuons des travaux sur ce sujet en partenariat avec les interve-nants des secteurs public et privé etavec l’appui de l’IRSST. »

« De plus, si on remonte dans letemps, c’est en 1987 que le Protocolede Montréal relatif à des substancesqui appauvrissent la couche d’ozone a

Environ 140 000 tonnes desolvants industriels sont utilisés an-nuellement au Québec. Servant à dis-soudre, dégraisser, nettoyer, décaper,extraire ou diluer, ces produits pré-sentent des risques variés pour les tra-vailleurs en raison de leurs propriétéstoxiques, notamment pour la peau, lesystème nerveux, le foie, les reins, lesang, la reproduction ou le dévelop-pement. Même si plusieurs études surle sujet ont été réalisées, aucun ouvragene faisait le tour complet de la ques-tion. C’est maintenant chose faite avecla publication de Solvants industriels –Santé, sécurité, substitution.

été adopté. Ce protocole vise, entreautres objectifs, à éliminer certainessubstances, tels que les fréons® utiliséspour la réfrigération et la climatisation,de même qu’un certain nombre de sol-vants chlorés et fluorés. Or, en ce quinous concerne, ce protocole est déter-minant parce que, en souhaitant éli-miner certains produits, on fait face àun problème de substitution. »

Un objectif ambitieuxLe but de l’ouvrage est ambitieux.« Nous avons fait le tour des méthodesde prévention dans le domaine dessolvants, poursuit Michel Gérin, etc’est un livre qui présente la problé-matique au complet. Les spécialistespeuvent y consulter l’ensemble desstratégies mises à leur disposition pour protéger les travailleurs. C’estd’ailleurs pourquoi nous ne noussommes pas limités à la substitution,même si c’est la stratégie à privilé-gier lorsque c’est possible. À ce sujet,

L’ouvrage de référence

en matière de prévention

Solvants industriels – Santé, sécurité, substitutionPour en savoir plusGÉRIN, Michel et al. Solvants industriels –Santé, sécurité, substitution est distri-bué par Somabec, qu’on peut joindre au 1800 361-8118. On peut aussi le comman-der dans une librairie en spécifiant que lelivre est édité par Masson, Paris, et que sonnuméro ISBN est 2-294-00297-0.

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Remplacer les solvants par des nettoyants aqueux

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il faut toutefois être réaliste et, à court terme, il sera difficile de rem-placer tous les solvants, d’où l’optiond’autres méthodes de prévention, quifont l’objet de chapitres dans le livre,comme la ventilation, la protectionrespiratoire, la protection de la peau,des méthodes contre les risques d’in-cendie et d’explosion et, finalement,des fiches descriptives des produits.Bref, notre approche est globale. Nousregardons l’ensemble des solutions. »

À qui s’adresse ce livre ?Solvants industriels – Santé, sécurité,substitution s’adresse principalementaux hygiénistes en milieu de travail, auxmédecins et infirmières concernés demême qu’à ceux qui sont préoccupés parl’aspect environnemental qui y est aussitraité. Évidemment, il représente l’étatdes connaissances à un moment donné

Pour Michel

Gérin, l'apport

de plusieurs

disciplines

et techniques

à l'élabora-

tion du livre

Solvantsindustriels –Santé, sécu-rité, substitu-tion a bien

fonctionné

grâce à

l'ouverture

d'esprit des

participants.

— ces connaissances évoluent, du moinsen théorie — et il serait bon qu’il puisseultérieurement faire l’objet d’une mise àjour. Toutefois, les principes énoncésainsi que les méthodes proposées de-meurent, et ce tour de la situation resteravalable pour plusieurs années.

Une collaboration multidisciplinairePareil travail aurait été impensable sans l’apport de plusieurs disciplines et techniques comme la chimie, l’épi-démiologie, la toxicologie, l’ingénierie,l’hygiène industrielle, les sciences environnementales, la dermatologie et les techniques de protection contre lesincendies. « Évidemment, nous n’avonspas tous les mêmes approches, mais ça fonctionne bien lorsqu’il y de l’ou-verture d’esprit », de conclure MichelGérin. O

Le secteur du nettoyage industriel et du dégraissage de pièces métal-liques représente un terrain privilégiépour la mise en place de moyens desubstitution. En effet, les principauxprocédés utilisés actuellement dans ce domaine emploient des solvantschlorés, des substances reconnues toxiques et soupçonnées de causer lecancer. On y trouve aussi des hydro-carbures qui peuvent présenter un dan-ger d’incendie, ainsi que des produitsplus nouveaux, comme les éthers deglycol, également toxiques. De plus, laplupart de ces solvants organiques sontdes composés volatils qui, en s’éva-porant, sont susceptibles de favoriser la formation de smog photochimique.Voilà suffisamment de faits pour intéresser Michel Gérin, Denis Bégin et Jérôme Lavoué, du Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal,

Solvants industrielsen 9 chapitres

1. Solvants et prévention :nouvelles perspectives

2. Les grandes familles desolvants organiques.Utilisations et aspectsphysicochimiques

3. Substitution : démarcheset outils

4. Les nouveaux solvants et les procédés de substitution

5. La ventilation6. La protection respiratoire7. Les solvants et la protec-

tion de la peau8. Prévention des risques

incendie-explosion dessolvants en milieu de travail

9. L’information sur les sol-vants dans l’entreprise O

qui travaillent sur la substitution dessolvants depuis plusieurs années.

Les nettoyants aqueuxLes nettoyants aqueux ne contiennentque quelques pourcentages d’agents actifs dilués dans l’eau et sont aujour-d’hui de plus en plus souvent proposéscomme produits de remplacement pourle dégraissage des pièces métalliques.Ils agissent sur les salissures au moyende multiples mécanismes physico-chimiques, avec l’utilisation d’équi-pements spécifiques. Si l’on considère les aspects techniques, toxicologiques et environnementaux, les nettoyantsaqueux sont des substituts acceptablesdes produits traditionnels et devraientêtre considérés en premier lieu dans un processus de substitution.

Si de beaux modèles de réussite sontdocumentés, il est important de souli-gner que le succès technique de ces

| Prévention au travail | Été 2003 | 23

R e c h e r c h e à l’IRSST

Point de départLes solvants industriels, utilisés dans bonnombre d’industries, constituent unepréoccupation majeure pour les respon-sables de la santé et de la sécurité du travail. Leurs propriétés irritantes, leurseffets toxiques sur le système nerveux,les reins et le foie, leur rôle dans la pollu-tion et leur risque d’inflammabilité et d’explosion sont bien connus. Le regrou-pement de toutes ces informations allaitfaciliter le travail des intervenants.

ResponsableMichel Gérin, directeur du Départementde santé environnementale et santé autravail de l’Université de Montréal.

RésultatL’ouvrage Solvants industriels – Santé,sécurité, substitution fait le point sur laprévention des risques professionnels associés aux solvants, notamment avecl’introduction de méthodes de substitu-tion et de procédés alternatifs.

UtilisateursLes médecins, les hygiénistes industriels,les fabricants de solvants, les spécialistesen environnement, toute entreprise ouorganisation qui utilise des solvants.

Le Québec à l’avant-garde« Nous sommes des pionniers dans le domaine de la substitution dans lemonde francophone. En France, cetteexpertise n’est pas développée commeici, précise Michel Gérin, auteur et directeur du Département de santé environnementale et santé au travail dela faculté de médecine de l’Universitéde Montréal. C’est dans ce contexteque les professeurs Alain Bergeret etFrançoise Conso, responsables de lacollection Médecine du travail chezl’éditeur Masson, ont manifesté leur intérêt d’avoir un résumé des connais-sances sur les solvants et la substi-tution. Il y a tout près de 10 ans quenous effectuons des travaux sur ce sujet en partenariat avec les interve-nants des secteurs public et privé etavec l’appui de l’IRSST. »

« De plus, si on remonte dans letemps, c’est en 1987 que le Protocolede Montréal relatif à des substancesqui appauvrissent la couche d’ozone a

Environ 140 000 tonnes desolvants industriels sont utilisés an-nuellement au Québec. Servant à dis-soudre, dégraisser, nettoyer, décaper,extraire ou diluer, ces produits pré-sentent des risques variés pour les tra-vailleurs en raison de leurs propriétéstoxiques, notamment pour la peau, lesystème nerveux, le foie, les reins, lesang, la reproduction ou le dévelop-pement. Même si plusieurs études surle sujet ont été réalisées, aucun ouvragene faisait le tour complet de la ques-tion. C’est maintenant chose faite avecla publication de Solvants industriels –Santé, sécurité, substitution.

été adopté. Ce protocole vise, entreautres objectifs, à éliminer certainessubstances, tels que les fréons® utiliséspour la réfrigération et la climatisation,de même qu’un certain nombre de sol-vants chlorés et fluorés. Or, en ce quinous concerne, ce protocole est déter-minant parce que, en souhaitant éli-miner certains produits, on fait face àun problème de substitution. »

Un objectif ambitieuxLe but de l’ouvrage est ambitieux.« Nous avons fait le tour des méthodesde prévention dans le domaine dessolvants, poursuit Michel Gérin, etc’est un livre qui présente la problé-matique au complet. Les spécialistespeuvent y consulter l’ensemble desstratégies mises à leur disposition pour protéger les travailleurs. C’estd’ailleurs pourquoi nous ne noussommes pas limités à la substitution,même si c’est la stratégie à privilé-gier lorsque c’est possible. À ce sujet,

L’ouvrage de référence

en matière de prévention

Solvants industriels – Santé, sécurité, substitutionPour en savoir plusGÉRIN, Michel et al. Solvants industriels –Santé, sécurité, substitution est distri-bué par Somabec, qu’on peut joindre au 1800 361-8118. On peut aussi le comman-der dans une librairie en spécifiant que lelivre est édité par Masson, Paris, et que sonnuméro ISBN est 2-294-00297-0.

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Remplacer les solvants par des nettoyants aqueux

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Pour en savoir plusLAZURE, Louis. Éva-luation d’un dispositifde captage à la sourcepour la fabrication depetites pièces en plas-tique renforcé, RapportR-229, 20 pages, 5 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

LAZURE, Louis. Fabrication de plastiquesrenforcés – Installationd’une table de moulageventilée, Fiche tech-nique, 6 pages. Pour informations : CSST,(418) 266-4250.

LAZURE, Louis. ‘Evaluation of a LocalExhaust System Usedin the Manufacture ofSmall Parts Made ofReinforced Plastics’, inApplied Occupationaland Environmental Hygiene, Vol. 15, no 9,2000, p. 681-200.

LAZURE, Louis. « La ventilation », inSolvants industriels –Santé, sécurité, substi-tution, p. 111-137.

en 2002 inclut tous les appa-reils arrivés sur le marchédepuis ce temps et recenseainsi un total de 7 000 équi-pements de protection respira-toire. Cité dans le Règlementsur la santé et la sécurité dutravail, ce guide fournit aussila description de ces appa-reils, les paramètres pour bienles choisir et des recomman-dations pour leur utilisation et leur entretien.

Le Guide des appareils de protection respiratoireutilisés au Québec est unoutil très efficace pour les intervenants en santé au travail, principalement leshygiénistes industriels quicollaborent au choix des respi ra teurs fournis par

les employeurs à quelque 400 000 tra-vailleurs de divers secteurs d’activité. Ce document a d’abord été publié sousforme d’un cahier à anneaux, mais il s’est vite révélé difficile à consulter en raison de son fort volume. Une ver-sion pour Internet a donc été élabo-rée conjointement avec la CSST. Elle a ensuite été mise à jour au printempsdernier et peut être consultée à http://www.prot.resp.csst.qc.ca. De plus, unguide pratique a été publié en 2002. O

Benoît Fradette

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R e c h e r c h e à l’IRSST

Dans un système à aspersion

automatisé, les pièces sont entraî-

nées à l’intérieur sur un monorail.

Plusieurs buses pulvérisent un

nettoyant aqueux sur les pièces.

opérations est fortement lié au soin apporté auprocessus de sélection de la préparation nettoyanteet de l’équipement approprié. De plus, les net-toyants aqueux ne sont pas eux-mêmes sans dan-ger et certaines préparations peuvent provoquer une irritation cutanée ou contenir des substancessoupçonnées d’avoir des effets toxiques à longterme. Il est donc important de limiter l’expositiondes travailleurs à ces produits, malgré la forte dilu-tion des agents actifs dans l’eau, particulièrementpar une protection cutanée. O

Une ventilation adéquate des lieux de travail est une autre façon de contrer les effets de certains produits toxiques.

Par exemple, dans une entreprise de pièces d’avion en fibre deverre, les procédés de moulage et de laminage servant à fabriquerplusieurs objets en plastique renforcé de petites dimensions produi-saient d’importantes émanations de styrène auxquelles les travailleursétaient exposés. Louis Lazure, de l’équipe Hygiène du travail del’IRSST, et Maurice Beaudet, de la firme Beaulier inc., ont donccherché la meilleure façon de capter les émissions de styrène avantqu’elles ne parviennent à la zone respiratoire des travailleurs.

Selon les spécialistes, il fallait élaborer et valider un système decaptage à la source de ces émanations. Une table de travail ventilée,à surface ajourée, au travers de laquelle les vapeurs de styrène sontaspirées vers le bas a été conçue. Cette table est également munie defentes à une de ses extrémités pour effectuer un balayage latéral desvapeurs résiduelles. L’ensemble des vapeurs aspirées est évacué versl’extérieur par un ventilateur. Le concept prévoit aussi un diffuseurd’air, situé au-dessus du travailleur, qui assure un apport d’air non contaminé dans sa zone respiratoire, tout en l’isolant des polluantsgénérés par les opérations effectuées dans le voisinage de la table. De plus, une armoire ventilée a été installée à proximité pour capterles émanations provenant de la polymérisation.

Afin de vraiment tester la validité du prototype, les chercheurs ontcréé des conditions de dépassement de 50% (75 ppm) de la normedans le cas des petites pièces et de deux fois la norme dans le casde pièces plus grosses. Ainsi éprouvé, le concept de la table a permisde réduire les émanations de plus de 90% et de les ramener bien au-dessous de la norme de 50%. O

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Pour en savoir plusLAVOUÉ, Jérôme, Denis BÉGIN et Michel GÉRIN. Lasubstitution des solvants par les nettoyants aqueux – Ledégraissage des métaux, Rapport B-064, 75 pages, 7,42$.Téléchargeable gratuitement à www.irsst.qc.ca.BÉGIN, Denis, Jérôme LAVOUÉ et Michel Gérin. « Lesnouveaux solvants et les procédés de substitution », in Solvants industriels – Santé, sécurité, substitution,p. 61–101.

Entre autres caractéristiques, la surface de la

table de travail est ajourée pour laisser passer

les vapeurs de styrène qui sont aspirées vers

le bas. La table est également munie de fentes

à une de ses extrémités pour effectuer un

balayage latéral des vapeurs résiduelles.

Guide des appareils de protec-tion respiratoire utilisés au

Québec, Guide pratique deprotection respiratoire et site

Web, trois outils essentiels

pour qui s’intéresse aux

descriptions des respirateurs,

aux paramètres pour

les choisir en fonction de

leur type, du niveau de risque

d’exposition aux contami-

nants et de leur entretien.

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Pour capter à la source :la ventilation

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Quand tout le reste a été essayé :les appareils de protection respiratoire

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Pour en savoir plusLARA, Jaime et Mireille VENNES. Guidepratique de protection respiratoire, Guidetechnique R-319, 56 pages, gratuit.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.LARA, Jaime et Mireille VENNES. Guidedes appareils de protection respiratoire utili-sés au Québec, Guide technique, 800 pages. Pour plus d’informations : (418) 266-4250.

LARA, Jaime, Mireille VENNES et SimonSMITH. « La protection respiratoire », inSolvants industriels – Santé, sécurité, substi-tution, p. 143–174.

Avant de recourir à la protectionrespiratoire individuelle, il est importantde s’assurer que tous les autres moyens — substitution, ventilation, isolation de l’espace de travail, retrait à la source descontaminants ou imposition de contrôlesadministratifs — ont été envisagés pouréliminer l’exposition des travailleurs.Toutefois, soit parce que ces mesures exigent un délai d’application trop longou qu’elles sont impossibles à mettre en place, il peut être nécessaire que lespersonnes exposées portent des appareilsde protection respiratoire.

Bien que le chapitre de Solvants in-dustriels – Santé, sécurité, substitutionsur la protection respiratoire traite de l’état de la question en Europe et enAmérique du Nord, il fait bien sûr res-sortir les particularités du Québec. Ainsi,la liste des appareils approuvés par le National Institute for Occupational Healthand Safety (NIOSH), qui servait autre-fois de référence, n’étant plus publiée,l’IRSST a décidé de prendre la relève et de l’adapter au contexte québécois.Une équipe dirigée par Jaime Lara, del’équipe Sécurité-ingénierie de l’IRSST,s’est mise à la tâche. Résultat : un guiderépertoriant les appareils approuvés parNIOSH est publié en 1997 ; sa mise à jour

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Pour en savoir plusLAZURE, Louis. Éva-luation d’un dispositifde captage à la sourcepour la fabrication depetites pièces en plas-tique renforcé, RapportR-229, 20 pages, 5 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

LAZURE, Louis. Fabrication de plastiquesrenforcés – Installationd’une table de moulageventilée, Fiche tech-nique, 6 pages. Pour informations : CSST,(418) 266-4250.

LAZURE, Louis. ‘Evaluation of a LocalExhaust System Usedin the Manufacture ofSmall Parts Made ofReinforced Plastics’, inApplied Occupationaland Environmental Hygiene, Vol. 15, no 9,2000, p. 681-200.

LAZURE, Louis. « La ventilation », inSolvants industriels –Santé, sécurité, substi-tution, p. 111-137.

en 2002 inclut tous les appa-reils arrivés sur le marchédepuis ce temps et recenseainsi un total de 7 000 équi-pements de protection respira-toire. Cité dans le Règlementsur la santé et la sécurité dutravail, ce guide fournit aussila description de ces appa-reils, les paramètres pour bienles choisir et des recomman-dations pour leur utilisation et leur entretien.

Le Guide des appareils de protection respiratoireutilisés au Québec est unoutil très efficace pour les intervenants en santé au travail, principalement leshygiénistes industriels quicollaborent au choix des respi ra teurs fournis par

les employeurs à quelque 400 000 tra-vailleurs de divers secteurs d’activité. Ce document a d’abord été publié sousforme d’un cahier à anneaux, mais il s’est vite révélé difficile à consulter en raison de son fort volume. Une ver-sion pour Internet a donc été élabo-rée conjointement avec la CSST. Elle a ensuite été mise à jour au printempsdernier et peut être consultée à http://www.prot.resp.csst.qc.ca. De plus, unguide pratique a été publié en 2002. O

Benoît Fradette

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R e c h e r c h e à l’IRSST

Dans un système à aspersion

automatisé, les pièces sont entraî-

nées à l’intérieur sur un monorail.

Plusieurs buses pulvérisent un

nettoyant aqueux sur les pièces.

opérations est fortement lié au soin apporté auprocessus de sélection de la préparation nettoyanteet de l’équipement approprié. De plus, les net-toyants aqueux ne sont pas eux-mêmes sans dan-ger et certaines préparations peuvent provoquer une irritation cutanée ou contenir des substancessoupçonnées d’avoir des effets toxiques à longterme. Il est donc important de limiter l’expositiondes travailleurs à ces produits, malgré la forte dilu-tion des agents actifs dans l’eau, particulièrementpar une protection cutanée. O

Une ventilation adéquate des lieux de travail est une autre façon de contrer les effets de certains produits toxiques.

Par exemple, dans une entreprise de pièces d’avion en fibre deverre, les procédés de moulage et de laminage servant à fabriquerplusieurs objets en plastique renforcé de petites dimensions produi-saient d’importantes émanations de styrène auxquelles les travailleursétaient exposés. Louis Lazure, de l’équipe Hygiène du travail del’IRSST, et Maurice Beaudet, de la firme Beaulier inc., ont donccherché la meilleure façon de capter les émissions de styrène avantqu’elles ne parviennent à la zone respiratoire des travailleurs.

Selon les spécialistes, il fallait élaborer et valider un système decaptage à la source de ces émanations. Une table de travail ventilée,à surface ajourée, au travers de laquelle les vapeurs de styrène sontaspirées vers le bas a été conçue. Cette table est également munie defentes à une de ses extrémités pour effectuer un balayage latéral desvapeurs résiduelles. L’ensemble des vapeurs aspirées est évacué versl’extérieur par un ventilateur. Le concept prévoit aussi un diffuseurd’air, situé au-dessus du travailleur, qui assure un apport d’air non contaminé dans sa zone respiratoire, tout en l’isolant des polluantsgénérés par les opérations effectuées dans le voisinage de la table. De plus, une armoire ventilée a été installée à proximité pour capterles émanations provenant de la polymérisation.

Afin de vraiment tester la validité du prototype, les chercheurs ontcréé des conditions de dépassement de 50% (75 ppm) de la normedans le cas des petites pièces et de deux fois la norme dans le casde pièces plus grosses. Ainsi éprouvé, le concept de la table a permisde réduire les émanations de plus de 90% et de les ramener bien au-dessous de la norme de 50%. O

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Pour en savoir plusLAVOUÉ, Jérôme, Denis BÉGIN et Michel GÉRIN. Lasubstitution des solvants par les nettoyants aqueux – Ledégraissage des métaux, Rapport B-064, 75 pages, 7,42$.Téléchargeable gratuitement à www.irsst.qc.ca.BÉGIN, Denis, Jérôme LAVOUÉ et Michel Gérin. « Lesnouveaux solvants et les procédés de substitution », in Solvants industriels – Santé, sécurité, substitution,p. 61–101.

Entre autres caractéristiques, la surface de la

table de travail est ajourée pour laisser passer

les vapeurs de styrène qui sont aspirées vers

le bas. La table est également munie de fentes

à une de ses extrémités pour effectuer un

balayage latéral des vapeurs résiduelles.

Guide des appareils de protec-tion respiratoire utilisés au

Québec, Guide pratique deprotection respiratoire et site

Web, trois outils essentiels

pour qui s’intéresse aux

descriptions des respirateurs,

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Pour en savoir plusLARA, Jaime et Mireille VENNES. Guidepratique de protection respiratoire, Guidetechnique R-319, 56 pages, gratuit.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.LARA, Jaime et Mireille VENNES. Guidedes appareils de protection respiratoire utili-sés au Québec, Guide technique, 800 pages. Pour plus d’informations : (418) 266-4250.

LARA, Jaime, Mireille VENNES et SimonSMITH. « La protection respiratoire », inSolvants industriels – Santé, sécurité, substi-tution, p. 143–174.

Avant de recourir à la protectionrespiratoire individuelle, il est importantde s’assurer que tous les autres moyens — substitution, ventilation, isolation de l’espace de travail, retrait à la source descontaminants ou imposition de contrôlesadministratifs — ont été envisagés pouréliminer l’exposition des travailleurs.Toutefois, soit parce que ces mesures exigent un délai d’application trop longou qu’elles sont impossibles à mettre en place, il peut être nécessaire que lespersonnes exposées portent des appareilsde protection respiratoire.

Bien que le chapitre de Solvants in-dustriels – Santé, sécurité, substitutionsur la protection respiratoire traite de l’état de la question en Europe et enAmérique du Nord, il fait bien sûr res-sortir les particularités du Québec. Ainsi,la liste des appareils approuvés par le National Institute for Occupational Healthand Safety (NIOSH), qui servait autre-fois de référence, n’étant plus publiée,l’IRSST a décidé de prendre la relève et de l’adapter au contexte québécois.Une équipe dirigée par Jaime Lara, del’équipe Sécurité-ingénierie de l’IRSST,s’est mise à la tâche. Résultat : un guiderépertoriant les appareils approuvés parNIOSH est publié en 1997 ; sa mise à jour

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R e c h e r c h e à l’IRSST

Des chiffres qui dérangentLe clavier numérique peut s’avérerd’une grande utilité, mais on ne peut pas lui attribuer que des avantages. En effet, l’équipe dirigée par le bioméca-nicien Alain Delisle est partie d’uneidée souvent véhiculée selon laquelle le clavier numérique, situé à droite des claviers alphanumériques standards(normalement associés aux ordinateursde type PC), ferait en sorte que le brasdoit franchir une plus grande distancepour passer du clavier à la souris, dansle cas où celle-ci est manipulée à droite.Il en résulterait une posture plus contrai-gnante pour l’épaule et le bras droit.

Le mouvement décortiquéPour vérifier l’incidence réelle de cetobstacle sur la posture, on a simulé enlaboratoire une tâche à un poste infor-matique impliquant des actions avec lasouris, telles que cliquer-pointer, faireglisser et saisir un texte. Pour enregis-trer les données sur les gestes effectués,on a utilisé un système d’analyse dumouvement tridimensionnel qui capte la position de repères lumineux répar-tis sur la main, l’avant-bras, le bras etl’épaule des participants.

Un mois après avoir suivi une for-mation sur l’ergonomie du travail avecun poste informatique, dans laquelle onsuggérait fortement de manipuler lasouris avec la main gauche, les parti-cipants sont revenus au laboratoire del’IRSST pour une seconde évalua-tion. Des 27 travailleurs, environ 60%avaient modifié leur habitude d’utiliser

On clique, on fait défilerl’écran, on fait glisser… Impossible, denos jours, de concevoir l’utilisation d’unordinateur sans recourir à une souris !Par ailleurs, depuis l’invasion de ces appareils dans nos milieux de travail etdans nos maisons, les troubles musculo-squelettiques aux membres supérieursseraient en hausse constante. Attentionà tous ceux qui seraient tentés de blâmerla souris…, le coupable serait plutôt leclavier numérique !

la souris de la droite vers lagauche. Selon Alain Delisle,« l’analyse démontre que l’am-plitude du mouvement du brasentre le clavier et la souris estconsidérablement réduite. Celase traduit par une diminution de l’abduction et de la flexion del’épaule, de même que de l’exten-sion du poignet que nécessite lamanipulation de la souris ».

Quelques réserves…Cette recherche a cependant seslimites. « Il s’agit d’une étudemodeste. Nous nous sommes

limités à l’évaluation de l’effet sur laposture des travailleurs, explique AlainDelisle. Nous ne possédons pas de données sur la sollicitation musculairequ’engendre cette méthode alternatived’utilisation de la souris. » Pour quel-qu’un qui souffre déjà d’inconfort ducôté droit, l’utilisation de la souris àgauche constitue certainement une solu-tion de choix. Toutefois, l’efficacité àlong terme de cette façon de faire à desfins préventives reste à démontrer.

Les observations révèlent qu’une pé-riode d’adaptation d’un mois ne seraitpas suffisante pour apprivoiser parfaite-ment l’utilisation de la souris à gauche.On note que les participants à l’étudeont mis en moyenne 8% plus de tempsà exécuter les tâches de la main gaucheaprès un mois. On peut supposer quequelques semaines supplémentaires sontnécessaires pour travailler avec la mêmeaisance à gauche comme à droite.

Le meilleur conseil que l’on puissedonner, selon Alain Delisle, c’est de seprocurer un clavier sans partie numé-rique. Encore faut-il le trouver… O

Anita Rowan

Point de départDe nombreux utilisateurs d’ordinateurssont aux prises avec des troubles musculo-squelettiques au cou, à l’épaule, au poi-gnet, à l’avant-bras ou à la main. Lescauses exactes de ces maux sont encoremal connues, mais des postures contrai-gnantes pourraient en être en partie res-ponsables. Notamment, l’utilisation de la souris impose des contraintes postu-rales importantes et une équipe a voulucomprendre de quelle manière sa mani-pulation à gauche du clavier plutôt qu’àdroite peut s’avérer moins contraignante.

ResponsablesAlain Delisle, de l ’équipe Sécurité-ergonomie de l’IRSST, Brenda Santos et Daniel Imbeau, de l’École Polytech-nique de Montréal, et Yves Montpetit, d’Ergoexcel inc.

RésultatsL’utilisation de la souris à gauche duclavier plutôt qu’à droite réduit l’ampli-tude du mouvement de l ’épaule et du poignet, diminuant ainsi de manière significative la contrainte posturale.

Utilisateurs Tous les travailleurs qui utilisent un ordinateur.

Pour en savoir plusDELISLE, Alain, Brenda SANTOS, YvesMONTPETIT et Daniel IMBEAU. Étudecinématique de diverses méthodes de manipulation de la souris d’ordinateur,Rapport R-311, 35 pages, 5,35 $.Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

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Troubles musculo-squelettiquesÀ gauche, la souris ?À gauche, la souris ?

Troubles musculo-squelettiques

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« Une des premières retombées du Colloque sur les normes d’exposi-tion chimique en milieu de travail estl’établissement d’un meilleur contactentre le Comité de révision des valeurslimites d’exposition (TLV) de l’Amer-ican Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH), laCSST et l’IRSST, commente DanielDrolet, chimiste à l’Institut et instiga-teur de cet événement. Il a permis auxintervenants en santé et sécurité du travail (hygiénistes, chercheurs, méde-cins, etc.) d’établir des relations avecdes personnes-clés. »

Ce colloque sur les normes d’expo-sition chimique en milieu de travail avait lieu à Montréal en mars dernier.Près de 300 personnes concernées par la santé au travail et provenant de tousles milieux ont pu y assister à unedizaine de conférences. Profitant du fait que le comité sur les TLV tenait sa réunion printanière annuelle dans la métropole, M. Drolet a voulu faire bénéficier les intervenants québécois du bagage impressionnant de connais-sances en matière d’exposition chimiqueque possèdent ses membres. Certains de ces derniers ont d’ailleurs prononcé des conférences, dont la présidente Lisa M. Brosseau, du School of PublicHealth de l’University of Minnesota.

Les sujets abordés ont permis aux intervenants en hygiène du travail de se familiariser avec le fonctionnementde l’ACGIH, de mettre à jour leurs connaissances et même de remettre enquestion certaines pratiques.

Retombées prévues et inespérées« Présents au colloque, les membres ducomité ont manifesté un intérêt particu-lier pour le travail sur les interactionstoxicologiques qui se fait au Québec, affirme Daniel Drolet. Ils ont d’ailleursinvité Claude Viau, qui est professeurau Département de santé environne-mentale et de santé au travail de l’Uni-versité de Montréal, à assister à leurréunion de travail afin, éventuellement,qu’il en devienne membre. Si cela seconcrétise, ce sera la première foisqu’un Québécois y siégera. Nous sou-haitons aussi créer des liens avec lecomité de l’ACGIH sur les agresseursphysiques tels que le bruit, les radia-tions, les contraintes thermiques, etc.Les réactions au colloque augurent bienpour des collaborations futures. »

Autre retombée d’importance, l’Amer-ican Board of Industrial Hygiene (ABIH)a reconnu ce colloque comme étant uneactivité de formation, accordant ainsi des points de certification aux hygié-nistes du travail qui y ont assisté. O

| Prévention au travail | Été 2003 | 27

Un colloque qui marque des points

Parmi les conférences appréciées,

celle du Dr Ernest Mastromatteo,

professeur retraité de l’University

of Toronto et membre de l’ACGIH

TLV-CS Committee, sur les valeurs

d’exposition admissibles.

L’American Conference of Governmental Industrial Hygienists(ACGIH) regroupe des scientifiques et des hygiénistes indus-

triels préoccupés par la santé et la sécurité du travail aux États-Unis. Il compte12 comités qui se consacrent spécifiquement à des thèmes propres à l’hygièneindustrielle, dont l’agriculture, les bioaérosols, les indices biologiques d’expo-sition, les valeurs d’exposition admissibles (TLVs®), les substances chimiques — le mandat du comité invité au colloque — et les valeurs d’exposition admis-sibles (TLVs®) aux agents physiques.

L’objectif premier de l’ACGIH est de favoriser les échanges d’expériences et de connaissances au sein de la communauté des intervenants en hygiène industrielle, de recueillir cette information et de la rendre accessible.

Reconnus pour leur crédibilité, les résultats des travaux du comité sur lesTLV servent de base à de nombreuses législations dans le monde. Au Québec,le comité de révision de l’Annexe I du Règlement sur la santé et la sécurité dutravail s’en est inspiré pour faire la mise à jour de cette réglementation. O

Sujets à la douzaineEntre autres sujets abordés :• Le processus décisionnel du comité

des TLV• Le processus décisionnel et le

mode d’utilisation des indices biologiques d’exposition

• Les interactions toxicologiques enmilieu de travail

• Le système de classification descancérogènes

• Les TLV de poussières basées surla distribution granulométrique

• La détermination d’une valeur d’exposition admissible (VEA) pourla poussière de farine

• Un cadre d’analyse de l’effet de laréduction des normes au Québec :le cas du formaldéhyde

• Les TLV et les VEA, doses ou concentrations ?

• Une nouvelle façon de calculer leniveau de la TLV des mélangesd’hydrocarbures

• La parité du processus québécoisde révision des normes d’exposi-tion O

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L’ACGIH ?

Normes d’exposition chimiqueen milieu de travailNormes d’exposition chimiqueen milieu de travail

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R e c h e r c h e à l’IRSST

Le programme de bourses de l’IRSSTSteve Dutil est un des étudiants qui bénéficie du programme de bourses de l’IRSST. Celui-ci vise à former des chercheurs en santé et en sécurité du travail au Québec.

Pour obtenir des renseignements sur le programme de bourses de l’IRSST, on peut téléphoner au (514) 288-1551, ou écrire à[email protected].

À ce jour, l’importance du problèmedes bactéries qui proviennent de labouche des patients est relativementbien documentée. C’est pourquoi SteveDutil porte une attention particulièreaux pathogènes présents dans l’eau, qui pourraient se retrouver dans l’air et être inhalés par les travailleurs. Il entend vérifier l’effet des paramètres de ventilation sur la mesure des bioaé-rosols, grâce à la collaboration de LouisLazure, ingénieur spécialisé en venti-lation à l’IRSST.

Steve Dutil a commencé ses tra-vaux à la maîtrise, sous la direction de Caroline Duchaine, chercheuse-boursière IRSST-IRSC et ex-boursièrede l’IRSST, et il compte les poursuivreau doctorat. Il a terminé la mise aupoint des méthodes de son projetactuel, puis entrepris son échantillon-nage en décembre 2002. Il demeureprudent sur les recommandations quipourraient découler de son projet, mais confiant que l’élaboration deméthodes modernes et plus efficacespermettra d’évaluer avec plus de préci-sion l’exposition des travailleurs auxbioaérosols. O

François de Falkenstein

certains pathogènes, tels que Legio-nella pneumophila et Pseudomonasaeruginosa, souvent présents dansl’eau des unités dentaires.

Steve Dutil admet que plusieursétudes ont documenté le problème des bioaérosols dans les cabinets dentaires. Toutefois, elles ont mesuré et caractérisé les micro-organismes àl’aide de méthodes essentiellement reliées à la culture en laboratoire. Or,il a été démontré que cette techniquene peut pas mesurer certaines bactéries,ni même détecter certains pathogènes.L’objectif premier du projet de SteveDutil est donc de refaire l’exercice enutilisant d’autres méthodes de carac-térisation non reliées à la culture,comme l’hybridation in situ en fluo-rescence (FISH) et la réaction de poly-mérisation en chaîne (PCR), et dequantification, telles que la micro-scopie à épifluorescence (MF) et la cytométrie en flux (CMF), et ainsicomparer l’efficacité de ces différentsprocédés. « Une étude préliminaireutilisant la méthode MF a déjà révéléune présence de bioaérosols dans lescabinets dentaires beaucoup plus im-portante que ce que nous révélait laméthode par culture. Ce résultat porteà croire que l’on sous-estime grande-ment la quantité de bioaérosols pré-sents dans les cabinets de dentisterie »,indique Steve Dutil.

Le projet que mène Steve Dutil, dans le cours de sa maîtrise en microbiologie à l’Université Laval,vise une meilleure compréhension de l’environnement de travail que constituent les cabinets dentaires etplus particulièrement de la chargeréelle des bioaérosols et des patho-gènes respiratoires auxquels sont exposés les travailleurs de ce milieu. « Dans les cabinets dentaires, outre la bouche du patient, l’eau des unitésdentaires constitue une source impor-tante de contamination, explique SteveDutil. La tubulure très fine de ces ins-truments favorise la formation d’un important biofilm propice à l’adhérenceet à la croissance de micro-organismesà l’intérieur même des tubes. Parcequ’ils nécessitent l’utilisation d’instru-ments à haute vitesse comme le détar-treur ultrasonique et le pistolet air-eau,les traitements dentaires entraînentl’émission d’une quantité importantede bioaérosols d’origine buccale et pro-bablement hydrique. »

Ces micro-organismes se disper-sant dans l’air ambiant, ils pourraientcauser des problèmes d’hypersensibi-lisation, d’asthme et d’autres maladiesrespiratoires chez les travailleurs. Lesbioaérosols les plus dangereux sontceux qui sont suffisamment petits pouratteindre les bronches et les alvéolespulmonaires. Ils peuvent propager

Boursier

Université LavalSteve Dutil

La mesure des bioaérosols en cabinet dentaire

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Au cœur de solides réseauxRapport d’activités 2002Direction des communications,20 pages, gratuit.

Fidèle à sa mission première,l’IRSST a toujours cru à l’im-por tance d ’adhére r à des réseaux et d’établir des par-tenariats afin d’optimiser larecherche et le transfert desconnaissances. Ainsi, depuis sa création, il unit ses efforts àceux de nombreux partenaires,tant au Québec qu’à l’étranger,afin de trouver des solutionsaux problèmes de plus en pluscomplexes de santé et de sécu-rité du travail, puis de les rendredisponibles aux différents sec-teurs d’activité. Cette façon deprocéder a permis à l’Institut degénérer une animation scien-tifique plus abondante et uneproduction de recherche appli-quée mieux adaptée aux be-soins de ses clientèles. Dansson message d’introduction,madame Diane Gaudet, pré-sidente-directrice générale del’IRSST, rappelle que sans sespartenaires, l’Institut ne pour-rait prétendre être un centre de

référence essentiel au réseauquébécois de la santé et de lasécurité du travail.

Le rapport d’activités 2002trace un portrait de différentsréseaux auxquels l’IRSST achoisi de s’associer en plus deprésenter, dans un calendrier,un résumé des principaux faitssaillants de l’année. Comme leséditions précédentes, il contientla liste des publications scien-tifiques de l’année ainsi que laliste des boursiers de l’Institut.

Effets des pics de concen-tration sur la neurotoxicitédu styrène dans l’industriedu plastique renforcé defibre de verre – Phase 1VYSKOCIL, Adolf, RobertTARDIF, Claude VIAU, GaétanCARRIER, Michel GÉRIN, Ross THUOT, Bernadette SKA,Alan ROSSNER, Jean-PierreFARANT et Alice TURCOT,Rapport R-309, 99 pages, 7,49 $.

Une des tâches des travailleursde l’industrie du plastique ren-forcé de fibre de verre consisteà étendre de la résine sur degrandes surfaces. Une telleopération implique l’exposi-tion discontinue à diverses substances chimiques, dont lestyrène. Les chercheurs ontvoulu, d’une part, caractériserles véritables profils d’exposi-tion des travailleurs dans lesentreprises et, d’autre part,savoir si ce solvant engendraitdes effets sur le système ner-veux de personnes exposées àdes pics de concentration gé-nérés expérimentalement. Les résultats démontrent que les

concentrations des pics d’expo-sition sont jusqu’à 16 fois plusélevées que la valeur moyenneet qu’elles dépassent, dans cer-tains cas, la norme québécoiseétablie. Ils révèlent par ailleursque lorsque les expérimenta-tions se font dans des condi-tions contrôlées, le systèmenerveux n’est pas affecté par lestyrène, si la concentration dece dernier demeure à l’intérieurdes normes prescrites. Il reste àvérifier si ces résultats seraientdifférents dans les milieux detravail.

Effet de l’endommagementsur la stabilité des excavations souterrainesen roche dureAUBERTIN, Michel, Li LI etRichard SIMON, Rapport R-312,112 pages, 10,70 $.

Les travailleurs miniers sontexposés à des risques de chutesde terrain résultant de l’insta-bilité des massifs rocheux au-tour des excavations minières.Parce que les analyses clas-siques présentent des simpli-fications qui en limitent la validité, les auteurs souhai-taient évaluer un modèle d’en-dommagement progressif auxcas d’excavations en rochesdures soumises à de fortes contraintes.

Le modèle étudié, plus re-présentatif du comportementréel des roches et des massifs,tient compte des effets dutemps et d’échelle sur les résis-tances des matériaux. Cetteméthode d’analyse plus réalisteconstitue un outil de prévisionplus sécuritaire, permettant demieux évaluer les besoins desoutènement et donc, de réa-liser une meilleure conception

des excavations minières sou-terraines. Le rapport inclut desexemples d’application du mo-dèle en laboratoire et en situa-tion réelle.

AussiEnquête sur les intoxica-tions au monoxyde de carbone causées parl’utilisation des appareilset petits outils à moteur à combustion interne au QuébecSANFAÇON, Guy et MarionSCHNEBELEN, Rapport R-295, 21 pages, 5,35 $.

Évaluation de la produc-tion de monoxyde de carbone associée auxtravaux aux explosifsMARTEL, Richard, Guy SANFAÇON, MarionSCHNEBELEN, Luc TRÉPANIER,Benoît LÉVESQUE, Marc-AndréLAVIGNE, Louis-CharlesBOUTIN, Denis GAUVIN, LouiseGALARNEAU et Pierre AUGER,Rapport R-314, 243 pages, 16,05 $.

Enjeux de santé et desécurité au travail dans la transmission des savoirsprofessionnels : le cas desusineurs et des cuisiniersCLOUTIER, Esther, SolangeLEFEBVRE, Élise LEDOUX, Céline CHATIGNY et YvesSAINT-JACQUES, Rapport R-316, 217 pages, 13,91 $.

Étude des agents biolo-giques et des contraintesergonomiques lors de l’utilisation de camionsavec bras assisté pour la collecte des orduresdomestiques LAVOIE, Jacques et SergeGUERTIN, Rapport R-317, 55 pages, 6,42 $. O

Anita Rowan et Linda Savoie

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de travail et, du coup, de mieuxla décrire et même de la pré-dire, grâce à la modélisationTCBP. Il en découlera une utilisation plus judicieuse de la surveillance biologique de l’exposition dans des condi-tions réelles. Ces retombées auront des échos auprès desclientèles de l’Institut, demême que sur le plan interna-tional.Responsables : Robert Tardif,Phillip Gardiner et MartinBrochu, Université de Montréal ;Ginette Truchon, IRSST

Impact des techniques et de la méthodologie des prélèvements sur lesrésultats d’échantillonnage(099-256)Pour obtenir la concentrationambiante exacte d’un conta-minant, il est essentiel de pou-voir déterminer précisément levolume échantillonné. Cepen-dant, parvenir à un tel résul-tat reste encore problématiquepour les intervenants en hy-giène du travail, en raison deplusieurs facteurs. Cette acti-vité visera à documenter les effets des conditions environ-nementales sur les techniquesde prélèvement et de mesure dudébit, ainsi que leurs incidencessur le calcul des concentrationsde contaminants prélevés. Lechercheur évaluera l’erreurdans les résultats qui peut seproduire lorsque ces effets oules conditions de prélèvementou d’étalonnage sont inconnuspour différentes situations detravail, incluant le cas particu-lier des mines du Québec. Cetteétude comprend également unvolet sur les différences entreles réglementations des orga-nismes américains OccupationalSafety and Health Administra-tion (OSHA) et National Insti-tute for Occupational Safetyand Health (NIOSH), baséessur l’approche des doses per-missibles, et celle du Québec,qui est basée sur l’approche desconcentrations permissibles.Responsable : Yves Cloutier,IRSST

Portée et limites desdonnées de surveillancebiologique pour l’évalua-tion de l’exposition destravailleurs œuvrant dansl’industrie de l’électrodé-position – Mise à jour des connaissances(099-307)De par la nature des procédés etdes produits qu’elle utilise, dontle zinc, le nickel et le chrome,l’industrie de l’électrodépositionconstitue un milieu de travailcomplexe. Ainsi, la surveillancede la santé de ses travailleurspose un problème aux médecinspuisqu’il n’existe pas d’indicesbiologiques d’exposition pources métaux. La chercheuse feradonc une revue de la littératureet une compilation des résultatsd’analyses des laboratoires del’IRSST pour documenter lesrelations « exposition – effet surla santé » et « concentrationdans l’air – concentration biolo-gique » des principaux métauxutilisés dans l’électrodéposition.Elle procédera à une analyse cri-tique des données recueillies,lesquelles seront utilisées par lesmédecins du réseau de santé autravail pour l’élaboration d’unguide de surveillance médicaledes travailleurs de cette indus-trie. Les médecins pourrontainsi mieux juger de la portée etdes limites de la surveillance biologique des métaux dans cesecteur d’activité. Les résultatsde ce travail seront égalementintégrés dans le Guide de sur-veillance biologique de l’IRSST,en plus d’être communiqués surla scène scientifique interna-tionale.Responsable : Ginette Truchon,IRSST

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R e c h e r c h e à l’IRSST

cohortes de travailleurs. Les secteurs ciblés sont ceux où l’on trouve des farines, des ani-maux de laboratoire et du latex, lesquels comptent parmi les principaux agents causals descas d’asthme professionnel auQuébec. Cette étude permet-tra de connaître l’incidence de la sensibilisation immunolo-gique spécifique, de symptômesrespiratoires ou de rhinocon-jonctivites, de l’hyperréactivitébronchique et de l’asthme chezces groupes à risque. Ses résul-tats favoriseront une meilleureprévention de l’asthme profes-sionnel et de ses séquelles à longterme, tout en enrichissant laconnaissance scientifique deson histoire naturelle. Responsables : Denyse Gautrinet Jean-Luc Malo, Université de Montréal ; Claire Infante-Rivard, Université McGill

Étude des facteurs environ-nementaux et physiolo-giques contribuant à la variabilité biologique :impact de la charge detravail sur les indicateursbiologiques d’exposition(099-170)Ce projet constitue le troisièmevolet d’un programme d’étudedes facteurs environnementauxet physiologiques qui sont à l’origine de la variabilité bio-logique, lequel a déjà fait res-sortir que la charge de travailpouvait avoir une grande in-fluence sur la valeur des indica-teurs biologiques d’exposition(IBE) aux solvants industriels.Cette fois, en mettant des vo-lontaires humains à contribu-tion, les chercheurs veulentapprendre comment tenir comptede l’effet du niveau d’activitéphysique dans l’élaboration etl’application de modèles toxi-cocinétiques à base physiolo-gique (TCBP), pour proposer et mieux interpréter les IBE.Pour ce faire, ils évaluerontl’influence de la charge de travail sur la cinétique de cinqsolvants. Cette recherche pro-duira des données essentielleset originales permettant de caractériser cette action sur lesindicateurs d’exposition auxcontaminants trouvés en milieu

Troubles musculo-squelettiquesLes déterminants de l’inca-pacité chronique : étudeprospective longitudinalede travailleurs lombal-giques en arrêt de travail(099-129)L’incapaci té chronique netouche qu’une faible proportionde travailleurs lombalgiques.Pourtant, ses conséquencess’avèrent dommageables au-tant pour la société dans son ensemble que pour le travailleuret ses proches (absence prolon-gée du travail, perte de produc-tivité, douleur incapacitante,perte de qualité de vie, diffi-cultés conjugales et familiales,coûts d’indemnisation élevés,frais médicaux substantiels,etc.). La prévention de l’inca-pacité chronique demeure doncune préoccupation majeure.Cependant, prévenir ce phéno-mène complexe suppose unebonne compréhension de l’en-semble des facteurs qui entrenten jeu dans l’évolution vers cetétat. À cet égard, les chercheursintégreront les facteurs médi-caux et psychosociaux reconnusscientifiquement dans un cadreconceptuel cohérent. Ils expé-rimenteront ensuite le modèleainsi créé au moyen d’une étudeprospective longitudinale auprèsd’un échantillon de travailleursen arrêt de travail pour cause delombalgie. Finalement, ils ten-teront de documenter d’autresfacteurs potentiellement impli-qués dans l’incapacité chro-nique mais encore peu étudiés,tels que les aspects liés au mi-lieu de travail ou au systèmed’indemnisation. Les connais-sances découlant de cette étudesoutiendront les cliniciens dansleurs efforts pour améliorer lesinterventions auprès des tra-vailleurs lombalgiques et ali-menteront d’autres travaux del’Institut dans le domaine de laréadaptation.Responsables : Manon Truchonet Ginette Truchon, IRSST ; LiseFilion et Clermont Dionne,Université Laval ; BertrandArsenault et Claude Viau,Université de Montréal O

Claire Thivierge

AccidentsDéveloppement d’unedémarche stratégique deprévention des problèmesde santé mentale autravail(099-240)La multiplication des lésionsliées au stress, à l’épuisementprofessionnel ou à d’autres fac-teurs psychologiques témoignede la forte croissance des pro-blèmes de santé mentale au travail depuis quelques années.Or, pour les organisations, l’absence d’une démarchestratégique de prévention desrisques constitue un obstacle de taille face à cet enjeu ma-jeur. Le chercheur et son équipe ont élaboré une telle démarche, comportant trois phases : diag-nostic, intervention et évalua-tion. Ayant achevé la premièrephase, ils collaboreront main-tenant avec des organisationspour établir un programmestructuré visant trois objec-tifs : créer un outil de diagnos-tic qu’elles pourront utiliser directement ; documenter etaméliorer les approches deprévention des problèmes desanté mentale au travail ; éla-borer une démarche straté-gique de prévention à cet égard. Cette deuxième phasepermettra de simplifier des outils de recherche nécessairesaux organisations, de valider unmodèle psychosocio-organisa-tionnel du procédé, d’établirdes indicateurs d’efficacité desinterventions, de documenterleurs processus d’implantationet de mettre au point une dé-marche stratégique en matièrede santé mentale au travail. Lesorganisations disposeront ainsid’outils de prévention qu’ellespourront utiliser de façon au-tonome.Responsable : Jean-Pierre Brun,Université Laval

Portrait lésionnel des accidents routiers au travail au Québec,1996-2000(099-310)Les accidents de la route ontcausé plus de 21 % des décès au travail entre 1995 et 1999.Quant aux lésions profession-nelles qui découlent de tels accidents, elles constituent unepart importante des cas indem-nisés par la CSST, mais sontpeu documentées. Les cher-cheurs dresseront le portraitstatistique de ces lésions sur-venues de 1996 à 2000. Ils documenteront également la faisabilité et l’intérêt de ju-meler les données de la Com-mission à celles de la Sociétéde l’assurance automobile duQuébec (SAAQ). Grâce aux informations ainsi produites, la CSST pourra évaluer l’am-pleur, les conséquences et lescaractéristiques de ces lésions.Elle pourra aussi juger du bien-fondé d’un jumelage de sesdonnées à celles de la SAAQ,notamment pour pouvoir ana-lyser des éléments spécifiquesaux cas liés à la fatigue auvolant. Ces connaissances luiseront par ailleurs utiles dans saparticipation à un programmenord-américain d’élaborationd’une approche intégrée de lagestion de la fatigue au volantdans l’industrie du transportroutier.Responsables : Patrice Duguayet Paul Massicotte, IRSST

Bruit et vibrationsÉvaluation de l’expositionaux vibrations globales du corps des opérateurs du métro de Montréal et étude du comportementdynamique des motrices et de leur système desuspension(099-206)Ce projet s’inscrit dans uneprogrammation de recherchevisant à effectuer une analyseergonomique et vibratoire du

travail des opérateurs du métro.Les nombreuses plaintes de ces travailleurs concernent l’exiguïté des lieux, l’inconfortdes sièges et les vibrationssubies, ce qui laisse supposerque les contraintes ergono-miques et les vibrations posentdes risques d’atteintes à leursanté, notamment des troublesmusculo-squelettiques (TMS).Accompagnant une étude ergo-nomique en cours, cette activitédécrira les contraintes vibra-toires subies par les opéra-teurs du métro ; caractériseral’environnement vibratoire desmotrices ; cernera les facteursopérationnels susceptibles d’in-fluencer les niveaux d’expo-sition aux vibrations globales du corps ; déterminera le pro-fil de la surface de roulement et élaborera des critères de conception pour atténuer les vibrations de la suspension etdes sièges. Ses résultats per-mettront de juger de l’impor-tance des doses vibratoires,d’évaluer l’efficacité des siègeset de la suspension actuelle desmotrices, ainsi que d’établir uncahier des charges indiquant lescaractéristiques de conceptionoptimales et enfin, de recom-mander des pistes de solutionspour le réaménagement desloges des motrices existantes.Ces données favorisant unediminution des risques de TMSseront utiles aux exploitants dumétro et aux fabricants. Responsables : Paul-ÉmileBoileau, Jérôme Boutin et Marc Richard, IRSST ; SubhashRakheja, Université Concordia

Sécurité des outils,des machines et desprocédés industrielsTransfert de compétencesen formation sur la gestionde la sécurité des machineset sur les moyens deprotection(099-216)Les inspecteurs de la CSSTayant reçu une formation surl’évaluation des risques desmachines dangereuses et sur lesdispositifs de protection adé-quats peuvent depuis lors faire

des interventions plus efficacesdans les usines qui utilisent de tels équipements. Pourrépondre maintenant à la de-mande de représentants d’asso-ciations sectorielles paritaires et de personnel d’ingénierie etde maintenance en usine, ainsique d’une faculté d’ingénierie,les chercheurs aideront six par-tenaires à élaborer des activitésde formation pour ces clien-tèles, en se servant du matérielet des méthodes pédagogiquesutilisés pour former les inspec-teurs. Leur projet consiste àdéfinir des objectifs pédago-giques spécifiques à chacun des partenaires, à préparer lematériel requis et à présenterles formations ainsi produites.Ce transfert de compétences surl’identification des risques desmachines dangereuses et sur les moyens de sécurité appro-priés permettra aux personnesqui auront reçu cet enseigne-ment de le donner à leur tour.La formule utilisée dans ce cas particulier pourra servir ànouveau pour transmettre descompétences dans d’autres do-maines.Responsables : Joseph-JeanPaques, IRSST ; Patrick Doucet,Université de Sherbrooke

Substances chimiques et agentsbiologiquesSurveillance de l’asthmeprofessionnel chez destravailleurs dans dessecteurs à risque(099-164)L’asthme professionnel est la maladie respiratoire la plusfréquemment reconnue par laCSST. Soixante nouveaux cassont indemnisés annuellement,dont la moitié chez de jeunestravailleurs. Dans certains sec-teurs industriels, il s’écoulemoins de cinq ans entre le dé-but de l’exposition et l’appa-rition des premiers symptômes.Afin de mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs évalueront des instruments de mesure de paramètres im-munologiques et fonctionnels pour la surveillance de l’asthme professionnel auprès de trois

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de travail et, du coup, de mieuxla décrire et même de la pré-dire, grâce à la modélisationTCBP. Il en découlera une utilisation plus judicieuse de la surveillance biologique de l’exposition dans des condi-tions réelles. Ces retombées auront des échos auprès desclientèles de l’Institut, demême que sur le plan interna-tional.Responsables : Robert Tardif,Phillip Gardiner et MartinBrochu, Université de Montréal ;Ginette Truchon, IRSST

Impact des techniques et de la méthodologie des prélèvements sur lesrésultats d’échantillonnage(099-256)Pour obtenir la concentrationambiante exacte d’un conta-minant, il est essentiel de pou-voir déterminer précisément levolume échantillonné. Cepen-dant, parvenir à un tel résul-tat reste encore problématiquepour les intervenants en hy-giène du travail, en raison deplusieurs facteurs. Cette acti-vité visera à documenter les effets des conditions environ-nementales sur les techniquesde prélèvement et de mesure dudébit, ainsi que leurs incidencessur le calcul des concentrationsde contaminants prélevés. Lechercheur évaluera l’erreurdans les résultats qui peut seproduire lorsque ces effets oules conditions de prélèvementou d’étalonnage sont inconnuspour différentes situations detravail, incluant le cas particu-lier des mines du Québec. Cetteétude comprend également unvolet sur les différences entreles réglementations des orga-nismes américains OccupationalSafety and Health Administra-tion (OSHA) et National Insti-tute for Occupational Safetyand Health (NIOSH), baséessur l’approche des doses per-missibles, et celle du Québec,qui est basée sur l’approche desconcentrations permissibles.Responsable : Yves Cloutier,IRSST

Portée et limites desdonnées de surveillancebiologique pour l’évalua-tion de l’exposition destravailleurs œuvrant dansl’industrie de l’électrodé-position – Mise à jour des connaissances(099-307)De par la nature des procédés etdes produits qu’elle utilise, dontle zinc, le nickel et le chrome,l’industrie de l’électrodépositionconstitue un milieu de travailcomplexe. Ainsi, la surveillancede la santé de ses travailleurspose un problème aux médecinspuisqu’il n’existe pas d’indicesbiologiques d’exposition pources métaux. La chercheuse feradonc une revue de la littératureet une compilation des résultatsd’analyses des laboratoires del’IRSST pour documenter lesrelations « exposition – effet surla santé » et « concentrationdans l’air – concentration biolo-gique » des principaux métauxutilisés dans l’électrodéposition.Elle procédera à une analyse cri-tique des données recueillies,lesquelles seront utilisées par lesmédecins du réseau de santé autravail pour l’élaboration d’unguide de surveillance médicaledes travailleurs de cette indus-trie. Les médecins pourrontainsi mieux juger de la portée etdes limites de la surveillance biologique des métaux dans cesecteur d’activité. Les résultatsde ce travail seront égalementintégrés dans le Guide de sur-veillance biologique de l’IRSST,en plus d’être communiqués surla scène scientifique interna-tionale.Responsable : Ginette Truchon,IRSST

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R e c h e r c h e à l’IRSST

cohortes de travailleurs. Les secteurs ciblés sont ceux où l’on trouve des farines, des ani-maux de laboratoire et du latex, lesquels comptent parmi les principaux agents causals descas d’asthme professionnel auQuébec. Cette étude permet-tra de connaître l’incidence de la sensibilisation immunolo-gique spécifique, de symptômesrespiratoires ou de rhinocon-jonctivites, de l’hyperréactivitébronchique et de l’asthme chezces groupes à risque. Ses résul-tats favoriseront une meilleureprévention de l’asthme profes-sionnel et de ses séquelles à longterme, tout en enrichissant laconnaissance scientifique deson histoire naturelle. Responsables : Denyse Gautrinet Jean-Luc Malo, Université de Montréal ; Claire Infante-Rivard, Université McGill

Étude des facteurs environ-nementaux et physiolo-giques contribuant à la variabilité biologique :impact de la charge detravail sur les indicateursbiologiques d’exposition(099-170)Ce projet constitue le troisièmevolet d’un programme d’étudedes facteurs environnementauxet physiologiques qui sont à l’origine de la variabilité bio-logique, lequel a déjà fait res-sortir que la charge de travailpouvait avoir une grande in-fluence sur la valeur des indica-teurs biologiques d’exposition(IBE) aux solvants industriels.Cette fois, en mettant des vo-lontaires humains à contribu-tion, les chercheurs veulentapprendre comment tenir comptede l’effet du niveau d’activitéphysique dans l’élaboration etl’application de modèles toxi-cocinétiques à base physiolo-gique (TCBP), pour proposer et mieux interpréter les IBE.Pour ce faire, ils évaluerontl’influence de la charge de travail sur la cinétique de cinqsolvants. Cette recherche pro-duira des données essentielleset originales permettant de caractériser cette action sur lesindicateurs d’exposition auxcontaminants trouvés en milieu

Troubles musculo-squelettiquesLes déterminants de l’inca-pacité chronique : étudeprospective longitudinalede travailleurs lombal-giques en arrêt de travail(099-129)L’incapaci té chronique netouche qu’une faible proportionde travailleurs lombalgiques.Pourtant, ses conséquencess’avèrent dommageables au-tant pour la société dans son ensemble que pour le travailleuret ses proches (absence prolon-gée du travail, perte de produc-tivité, douleur incapacitante,perte de qualité de vie, diffi-cultés conjugales et familiales,coûts d’indemnisation élevés,frais médicaux substantiels,etc.). La prévention de l’inca-pacité chronique demeure doncune préoccupation majeure.Cependant, prévenir ce phéno-mène complexe suppose unebonne compréhension de l’en-semble des facteurs qui entrenten jeu dans l’évolution vers cetétat. À cet égard, les chercheursintégreront les facteurs médi-caux et psychosociaux reconnusscientifiquement dans un cadreconceptuel cohérent. Ils expé-rimenteront ensuite le modèleainsi créé au moyen d’une étudeprospective longitudinale auprèsd’un échantillon de travailleursen arrêt de travail pour cause delombalgie. Finalement, ils ten-teront de documenter d’autresfacteurs potentiellement impli-qués dans l’incapacité chro-nique mais encore peu étudiés,tels que les aspects liés au mi-lieu de travail ou au systèmed’indemnisation. Les connais-sances découlant de cette étudesoutiendront les cliniciens dansleurs efforts pour améliorer lesinterventions auprès des tra-vailleurs lombalgiques et ali-menteront d’autres travaux del’Institut dans le domaine de laréadaptation.Responsables : Manon Truchonet Ginette Truchon, IRSST ; LiseFilion et Clermont Dionne,Université Laval ; BertrandArsenault et Claude Viau,Université de Montréal O

Claire Thivierge

AccidentsDéveloppement d’unedémarche stratégique deprévention des problèmesde santé mentale autravail(099-240)La multiplication des lésionsliées au stress, à l’épuisementprofessionnel ou à d’autres fac-teurs psychologiques témoignede la forte croissance des pro-blèmes de santé mentale au travail depuis quelques années.Or, pour les organisations, l’absence d’une démarchestratégique de prévention desrisques constitue un obstacle de taille face à cet enjeu ma-jeur. Le chercheur et son équipe ont élaboré une telle démarche, comportant trois phases : diag-nostic, intervention et évalua-tion. Ayant achevé la premièrephase, ils collaboreront main-tenant avec des organisationspour établir un programmestructuré visant trois objec-tifs : créer un outil de diagnos-tic qu’elles pourront utiliser directement ; documenter etaméliorer les approches deprévention des problèmes desanté mentale au travail ; éla-borer une démarche straté-gique de prévention à cet égard. Cette deuxième phasepermettra de simplifier des outils de recherche nécessairesaux organisations, de valider unmodèle psychosocio-organisa-tionnel du procédé, d’établirdes indicateurs d’efficacité desinterventions, de documenterleurs processus d’implantationet de mettre au point une dé-marche stratégique en matièrede santé mentale au travail. Lesorganisations disposeront ainsid’outils de prévention qu’ellespourront utiliser de façon au-tonome.Responsable : Jean-Pierre Brun,Université Laval

Portrait lésionnel des accidents routiers au travail au Québec,1996-2000(099-310)Les accidents de la route ontcausé plus de 21 % des décès au travail entre 1995 et 1999.Quant aux lésions profession-nelles qui découlent de tels accidents, elles constituent unepart importante des cas indem-nisés par la CSST, mais sontpeu documentées. Les cher-cheurs dresseront le portraitstatistique de ces lésions sur-venues de 1996 à 2000. Ils documenteront également la faisabilité et l’intérêt de ju-meler les données de la Com-mission à celles de la Sociétéde l’assurance automobile duQuébec (SAAQ). Grâce aux informations ainsi produites, la CSST pourra évaluer l’am-pleur, les conséquences et lescaractéristiques de ces lésions.Elle pourra aussi juger du bien-fondé d’un jumelage de sesdonnées à celles de la SAAQ,notamment pour pouvoir ana-lyser des éléments spécifiquesaux cas liés à la fatigue auvolant. Ces connaissances luiseront par ailleurs utiles dans saparticipation à un programmenord-américain d’élaborationd’une approche intégrée de lagestion de la fatigue au volantdans l’industrie du transportroutier.Responsables : Patrice Duguayet Paul Massicotte, IRSST

Bruit et vibrationsÉvaluation de l’expositionaux vibrations globales du corps des opérateurs du métro de Montréal et étude du comportementdynamique des motrices et de leur système desuspension(099-206)Ce projet s’inscrit dans uneprogrammation de recherchevisant à effectuer une analyseergonomique et vibratoire du

travail des opérateurs du métro.Les nombreuses plaintes de ces travailleurs concernent l’exiguïté des lieux, l’inconfortdes sièges et les vibrationssubies, ce qui laisse supposerque les contraintes ergono-miques et les vibrations posentdes risques d’atteintes à leursanté, notamment des troublesmusculo-squelettiques (TMS).Accompagnant une étude ergo-nomique en cours, cette activitédécrira les contraintes vibra-toires subies par les opéra-teurs du métro ; caractériseral’environnement vibratoire desmotrices ; cernera les facteursopérationnels susceptibles d’in-fluencer les niveaux d’expo-sition aux vibrations globales du corps ; déterminera le pro-fil de la surface de roulement et élaborera des critères de conception pour atténuer les vibrations de la suspension etdes sièges. Ses résultats per-mettront de juger de l’impor-tance des doses vibratoires,d’évaluer l’efficacité des siègeset de la suspension actuelle desmotrices, ainsi que d’établir uncahier des charges indiquant lescaractéristiques de conceptionoptimales et enfin, de recom-mander des pistes de solutionspour le réaménagement desloges des motrices existantes.Ces données favorisant unediminution des risques de TMSseront utiles aux exploitants dumétro et aux fabricants. Responsables : Paul-ÉmileBoileau, Jérôme Boutin et Marc Richard, IRSST ; SubhashRakheja, Université Concordia

Sécurité des outils,des machines et desprocédés industrielsTransfert de compétencesen formation sur la gestionde la sécurité des machineset sur les moyens deprotection(099-216)Les inspecteurs de la CSSTayant reçu une formation surl’évaluation des risques desmachines dangereuses et sur lesdispositifs de protection adé-quats peuvent depuis lors faire

des interventions plus efficacesdans les usines qui utilisent de tels équipements. Pourrépondre maintenant à la de-mande de représentants d’asso-ciations sectorielles paritaires et de personnel d’ingénierie etde maintenance en usine, ainsique d’une faculté d’ingénierie,les chercheurs aideront six par-tenaires à élaborer des activitésde formation pour ces clien-tèles, en se servant du matérielet des méthodes pédagogiquesutilisés pour former les inspec-teurs. Leur projet consiste àdéfinir des objectifs pédago-giques spécifiques à chacun des partenaires, à préparer lematériel requis et à présenterles formations ainsi produites.Ce transfert de compétences surl’identification des risques desmachines dangereuses et sur les moyens de sécurité appro-priés permettra aux personnesqui auront reçu cet enseigne-ment de le donner à leur tour.La formule utilisée dans ce cas particulier pourra servir ànouveau pour transmettre descompétences dans d’autres do-maines.Responsables : Joseph-JeanPaques, IRSST ; Patrick Doucet,Université de Sherbrooke

Substances chimiques et agentsbiologiquesSurveillance de l’asthmeprofessionnel chez destravailleurs dans dessecteurs à risque(099-164)L’asthme professionnel est la maladie respiratoire la plusfréquemment reconnue par laCSST. Soixante nouveaux cassont indemnisés annuellement,dont la moitié chez de jeunestravailleurs. Dans certains sec-teurs industriels, il s’écoulemoins de cinq ans entre le dé-but de l’exposition et l’appa-rition des premiers symptômes.Afin de mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs évalueront des instruments de mesure de paramètres im-munologiques et fonctionnels pour la surveillance de l’asthme professionnel auprès de trois

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Juillet 2001.Un livreur de 37 ans

meurt électrocuté

en déchargeant

une commande

chez un client.

l imitant sa portée. Une distance d’approche minimale doit donc être observée. Pour les lignes de moins de 125000 volts, elle doit être d’au moinstrois mètres.

Tous les livreurs doivent recevoirune formation complète, comprenantune évaluation par une personne com-pétente. La formation doit porter sur le fonctionnement de l’équipement descamions et le déplacement des charges.On doit accorder une attention parti-culière aux règles de sécurité et aux distances d’approche minimales deslignes électriques. Les livreurs doiventêtre en mesure d’évaluer le danger. O

Julie Mélançon

Illu

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uR

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Les accidents nous parlent

La dernière livraison

Pour en savoir plusDépliant Danger : travaux près des lignesélectriques aériennes, ASP Construction.Disponible sur le site de l’ASP :www.asp-construction.org.

Nos personnes ressources : Yvon Papin, conseil-ler, André Turcot, ingénieur, tous deux de la Direction de la prévention-inspection de la CSST.

Que s’est-il passé ?Il pleut ce jour-là. Il est 9 h 30. Unlivreur travaillant pour un magasin de matériaux de rénovation s’apprête à faire sa quatrième livraison de lajournée : cent planches de bois traitépesant 250 kg. Il est à bord d’un camionéquipé d’une flèche articulée et télesco-pique. Le travailleur se rend dans unquartier résidentiel. La ligne de distri-bution d’électricité de 25000 volts estparallèle à la rue, à la limite avant duterrain. Le client indique au livreurl’endroit où déposer le chargement :dans l’entrée asphaltée, devant l’abrid’auto. Le livreur recule le camion dansl’entrée du client. Il déploie les vérinsstabilisateurs. Il porte sur sa poitrineune télécommande à fil reliée à la boîte de commande principale fixée àl’arrière du camion. Il se rend sur le terrain voisin pour surveiller la prise de la pile de bois. Le client souligne au livreur qu’il est trop près des fils et, craintif, rentre dans la maison. Laflèche entre en contact avec la ligne de distribution. Le camion et la télé-commande du livreur sont mis sous tension. Le livreur fait alors partie ducircuit de retour du courant au sol. Le client entend quelques explosions à

intervalles rapprochés. Il appelle dessecours. Lorsque ces derniers arriventsur les lieux, le travailleur gît sur legazon, électrocuté. Il porte toujours latélécommande de contrôle sur la poi-trine. C’était la dernière livraison de cepère de famille.

Qu’aurait-il fallu faire ?La planification des livraisons doit tenir compte des conditions du terrainet non seulement de la capacité du ca-mion. Un certain nombre de livraisonspeuvent comporter des problèmes. Laplanification doit se faire avant le dé-part du livreur. Sur place, le chauffeurdoit évaluer la situation de nouveau. Il doit ensuite choisir l’emplacement du camion pour décharger en sécu-rité. Ce n’est pas au client de le faire.La politique de l’entreprise doit donc être claire en cas d’insatisfaction de cedernier et connue de tous.

L’appareil de levage utilisé a unrayon d’action qui permet à la flèched’entrer en contact avec la ligne élec-trique. La flèche n’a pas de dispositif

Les accidents nous parlent

Page 33: De rêve en rêve…

| Prévention au travail | Été 2003 | 33

● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide

d’accompagnement

▲ La prévention sous toutes ses couturesCote VC-001501 – Durée 5 minutes

Ce film d’animation s’adresse aux travailleuses et aux employeurs du secteur de la bonneterie et de l’habillement,dont bon nombre appartiennent à une communauté ethno-culturelle. Muet, il peut être compris de tous, peu importela langue d’origine. On y présente plusieurs situations à risque : voies de circulation encombrées, nettoyage à l’air comprimé, éclairage inapproprié, etc. Et on y montre des solutions toutes simples pour éliminer le danger. Les machines à coudre doivent être munies d’un chasse-doigts et d’un écran protecteur. La surfacede travail doit être assez grande pour que les pièces à coudre et celles cousues soient à portée de main. Les voies de circulation doivent être dégagées. L’éclairage, adapté. Finalement, les travailleusesdoivent porter des chaussures fermées et utiliser une brosse de nettoyage pour se débarrasser de lapoussière.

Ce film est le fruit d’une collaboration entrel’Association sectorielle paritaire de l’habillement,Préventex et la CSST.

Santé et sécurité en images

● La sécurité dans l’entretien des espaces vertsCote VC-001296 – Durée 18 minutes

Travailler au grand air pour entretenirles espaces verts, c’est la santé? Oui, àla condition de prendre quelques pré-cautions. Car les risques pour la santé et la sécurité sont réels. Des dessins animés illustrent bien le propos : orteilssectionnés par les lames d’une tondeuse,luxation de l’épaule lors de la mise enmarche de l’appareil, éclats dans lesyeux lors de l’utilisation d’une débrous-sailleuse, etc. Plusieurs mesures peuventêtre prises pour éliminer les dangers.Des acteurs montrent la marche à suivre.Débrancher la source d’énergie pour nettoyer les machines. Porter des équi-pements de protection individuelle.Adopter la bonne posture pour porter etmanutentionner des charges. Attacher leséchelles lorsqu’on les utilise. Le docu-ment a été conçu et réalisé par l’A.G.E.

● L’utilisation des produits dangereuxCote VC-001495 – Durée 17 minutes

Comment reconnaître un produit chi-mique dangereux ? Voilà la question à laquelle répond cette vidéocassette.Elle présente les symboles (tête demort, flamme, croix, etc.) qui figurentobligatoirement sur les produits

chimiques. Les caractéristiques qui ysont associées. Les protections à porterselon les dangers liés à l’utilisation duproduit. Et les erreurs à éviter. Vidéo-cassette réalisée par l’A.G.E.

▲ Utiliser l’air comprimé en sécuritéCote VC-001477 – Durée 18 minutesCote VC-001468 (version anglaise)

L’air comprimé fait fonctionner ungrand nombre d’outils. Pourtant, lesrisques reliés à son utilisation sont trèssouvent méconnus. Nettoyer son aire detravail avec un tuyau d’air comprimépeut projeter des substances et provo-quer des blessures ou engendrer unematière explosive propice au feu. Uti-liser l’air comprimé pour débarrasserses vêtements et ses cheveux de la pous-sière est aussi à proscrire en tout temps.La pression est suffisante pour délogerun œil de son orbite, causer une rupturede l’œsophage, rendre sourd ou, lorsqueprojeté sous la peau, déclencher une em-bolie gazeuse pouvant entraîner la mort.Des témoignages percutants viennentétoffer le propos. On présente égalementdes façons adaptées et sûres de travailleravec de l’air comprimé. Produite parERI Safety Videos. O

Julie Mélançon

Modalités d’emprunt à l’audiovidéothèque de la CSSTLes documents vidéo sont prêtés gratui-tement. Il suffit de remplir et de signerune demande d’emprunt. Toute personnepeut venir chercher et rapporter les vidéo-cassettes, pendant les heures de bureau— 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi au ven-dredi. Le visionnement peut se faire surplace, moyennant réservation de la salle(capacité de quatre personnes). L’au-diovidéothèque peut aussi expédier lesdocuments à l’emprunteur ; la CSST paieles frais d’expédition mais les frais de retour sont à la charge de l’emprunteur.

Pour obtenir un formulaire de de-mande, pour réserver la salle de visionne-ment ou emprunter une vidéocassette :

Téléc. (514) 906-3024Tél. (514) 906-3085 ou 1 888 873-3160Courriel : [email protected], rue De Bleury, 4e étage Montréal (Québec) H3B 3J1

Page 34: De rêve en rêve…

Claude Lavoie, scaphan-

drier professionnel,

connaît bien les risques

du métier.

et de discussions, le sous-comité s’estrendu compte que cette norme ne suf-fisait pas à leurs exigences. « Quand on est arrivés à la conclusion qu’on ne pouvait pas adopter directement la norme canadienne, il nous a fallu encore trois ans de travail », raconte Lorraine Harvey. On devait donc rebâ-tir à neuf, une tâche d’une toute autreampleur et exigeant un plein consen-sus. « Les milieux de la construction ethors construction avaient chacun leurperception, relate Claude Rochon. Ledéfi consistait à les asseoir ensemble et à fixer des objectifs communs. »

Ainsi, les corps policierstenaient énormément à leurs façons de faire. Pourrésoudre le dilemme etrépondre à l’objectif d’unrèglement universel, le co-mité a convenu d’introduirela notion de plongée poli-cière, qui a fait l’objet decertaines particularités.

La présence à la mêmetable de syndicats, de repré-sentants patronaux, d’en-treprises comme SECAL(Alcan), l’entreprise de construction EBC (Hydrotec Marine), la Ville de Montréal

aurait pu, elle aussi, créer des frictions,mais elle a mis plus d’huile que de sabledans les engrenages. « Tout le mondeavait des objectifs communs et une com-munauté d’intérêts », résume AndréeBouchard, de la CSN, qui représen-tait les plongeurs travaillant dans des entreprises non liées au secteur de la construction. « Il y avait une volonté des milieux tant patronaux que syndi-caux de faire bouger les choses, ce quicréait un contexte assez dynamique pour la discussion. » Un membre patro-nal, Pierre Larivière, scaphandrier de23 ans d’expérience devenu directeur deHydrotech Marine, partage son avis :« Il n’y a pas eu de bataille ni de styloslancés de bord en bord des tables. Si onne profitait pas de cette occasion, si onne parvenait pas à s’entendre en recon-naissant que tous ces gens pouvaientnous aider dans notre milieu, une tellechance ne se représenterait peut-être pas avant longtemps. » Aux yeux desentrepreneurs, des équipes de travaild’au moins trois plongeurs et les com-pétences de ceux-ci étaient des points particulièrement importants. Paradoxa-lement, des règles claires et imposées àtous facilitent la tâche : « Les travauxsont mieux faits et tout le monde pré-pare ses soumissions sur les mêmesbases », fait observer Pierre Larivière.« C’est ce qui a fait la particularité dusous-comité, ajoute-t-il : les entrepre-neurs se sont entendus avec les syndi-cats. » Comme des poissons dans l’eau.

Un document impressionnantPour comprendre l’ampleur de la tâcheabattue par le sous-comité, il faut sou-peser le résultat. Le projet de Règle-ment modifiant le Règlement sur lasanté et la sécurité du travail et le Codede sécurité pour les travaux de cons-truction est un document de 30 pages,de papier grand format (8 1/2 sur 14),contenant 16 sections, 94 articles ettrois annexes. Chaque article a été décortiqué, longuement discuté etadopté seulement après que tous lesmembres l’eurent approuvé. Certainsmots ont donné lieu à une demi-journéede discussions !

Un exemple? L’article 312.38, portantsur la plongée en eau froide, un sujet qui n’était pas abordé dans la normecanadienne. « Il y a eu de nombreuxéchanges sur la température de l’eau, les durées de plongée et les types decombinaisons, rappelle Claude Rochon.

| Prévention au travail | Été 2003 | 35

La visibilité était nulle. ClaudeLavoie savait qu’une palette de sacs de ciment descendait lentement verslui, convoyée par un grutier avec lequelil était en communication radio. Lebras tendu au-dessus de sa tête, il asenti le contact de la palette et il a commandé au grutier l’arrêt immédiat.La palette a pourtant continué sa des-cente au ralenti. Lorsqu’un coin de lapalette a heurté un rocher, les sacs debéton se sont écroulés sur lui. Il s’estretrouvé couché, couvert de sacs jus-qu’à la ceinture. À plusieurs dizaines

de pieds dans l’eau glauque du Saint-Laurent, la situation était pour le moinsinconfortable. « J’ai paniqué comme un enfant », confie-t-il. Finalement, ila réussi à retirer les sacs, un par un.Puis il a continué son travail — lequelconsistait à étancher le quai des traver-siers du côté de Québec.

Claude Lavoie est scaphandrier pro-fessionnel. Des histoires comme celle-là, il en a des dizaines à raconter. Auxrisques de noyade et d’accident de dé-compression, ajoutez, pour faire bonnemesure, les périls que connaissent tousles ouvriers : électrisation, manipula-tion d’explosifs, d’outils pneumatiquesou électriques. « C’est la vie de tous les

jours, qu’on ne raconte pas aux en-fants pendant le souper », conclut-ilstoïquement.

En effet, il vaut mieux que leursenfants ne sachent pas : toute pro-portion gardée, la mortalité des plon-geurs professionnels est 20 fois plusélevée que dans le secteur du bâti-ment et des travaux publics et 65 foisplus élevée que dans l’ensemble dessecteurs d’activité économique. Alorsque l’on compte seulement quelquescentaines de professionnels, sept décèssont survenus à l’occasion de travauxen plongée depuis 1993. Pourquoi cettehécatombe ? Outre les dangers inhé-rents à l’activité, on a relevé la formationdisparate ou insuffisante des plongeurs,l’absence de plan d’urgence en casd’accident et des règles de sécurité im-précises, de toute façon mal suivies.Seules les activités de plongée du sec-teur de la construction faisaient l’objetd’une réglementation — désuète —dans le Code de sécurité pour les tra-vaux de construction. Dans les autresdomaines, néant.

| Prévention au travail | Été 2003 |34

Plus il y a de personnes d’horizons différents autour

d’une table, plus on multiplie les risques de mésententes,

de conflits, voire de crises. Vrai ? Pas nécessairement.

Voici l’histoire exemplaire d’un sous-comité composé de

33 personnes. Toutes ont accepté, en dépit de fortes vagues

parfois, de nager dans la même direction… jusqu’au port.

Pour relever ce défi, le comité derévision du Code de sécurité pour lestravaux de construction de la CSST aformé en 1997 un sous-comité. Son but ? Revoir les articles relatifs à laplongée sous-marine. Et tant qu’à semouiller, aussi bien plonger à fond, lestravaux du sous-comité s’étendraient à l’ensemble des activités de plongéeprofessionnelle. Autour de la table sepressaient donc des représentants detous les milieux : associations patro-nales et syndicales du secteur de la construction et hors construction, ser-vices de police, grandes entreprises,plus deux spécialistes de la plongée. Au total, 33 personnes, toutes dans le même bateau, ramant souvent dans la même direction… et quelquefois àcontre-courant. Pour mener la barque,deux représentants de la CSST : ClaudeRochon, ingénieur et conseiller en pré-vention à la Direction de la prévention-inspection, et Lorraine Harvey, de laDirection des relations avec les parte-naires, coordonnatrice et secrétaire dusous-comité.

De l’huile dans les engrenagesDonnant suite à la recommandation ducoroner Denis Boudrias, qui avait en-quêté sur la mort de plus de 20 plon-geurs sportifs ou professionnels entre1990 et 1996, le sous-comité devaits’appuyer sur la norme canadienne relative aux règles de sécurité pour letravail exécuté en plongée. Mais aprèsplusieurs mois d’études approfondies

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Claude Rochon, ingénieur

et conseiller en prévention

à la Direction de la prévention-

inspection de la CSST.

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Une grande bouffée d’air frais

Par Marc TisonP

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Nouvelle réglementation sur la plongée professionnelle

Nouvelle réglementation sur la plongée professionnelle

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drier professionnel,

connaît bien les risques

du métier.

et de discussions, le sous-comité s’estrendu compte que cette norme ne suf-fisait pas à leurs exigences. « Quand on est arrivés à la conclusion qu’on ne pouvait pas adopter directement la norme canadienne, il nous a fallu encore trois ans de travail », raconte Lorraine Harvey. On devait donc rebâ-tir à neuf, une tâche d’une toute autreampleur et exigeant un plein consen-sus. « Les milieux de la construction ethors construction avaient chacun leurperception, relate Claude Rochon. Ledéfi consistait à les asseoir ensemble et à fixer des objectifs communs. »

Ainsi, les corps policierstenaient énormément à leurs façons de faire. Pourrésoudre le dilemme etrépondre à l’objectif d’unrèglement universel, le co-mité a convenu d’introduirela notion de plongée poli-cière, qui a fait l’objet decertaines particularités.

La présence à la mêmetable de syndicats, de repré-sentants patronaux, d’en-treprises comme SECAL(Alcan), l’entreprise de construction EBC (Hydrotec Marine), la Ville de Montréal

aurait pu, elle aussi, créer des frictions,mais elle a mis plus d’huile que de sabledans les engrenages. « Tout le mondeavait des objectifs communs et une com-munauté d’intérêts », résume AndréeBouchard, de la CSN, qui représen-tait les plongeurs travaillant dans des entreprises non liées au secteur de la construction. « Il y avait une volonté des milieux tant patronaux que syndi-caux de faire bouger les choses, ce quicréait un contexte assez dynamique pour la discussion. » Un membre patro-nal, Pierre Larivière, scaphandrier de23 ans d’expérience devenu directeur deHydrotech Marine, partage son avis :« Il n’y a pas eu de bataille ni de styloslancés de bord en bord des tables. Si onne profitait pas de cette occasion, si onne parvenait pas à s’entendre en recon-naissant que tous ces gens pouvaientnous aider dans notre milieu, une tellechance ne se représenterait peut-être pas avant longtemps. » Aux yeux desentrepreneurs, des équipes de travaild’au moins trois plongeurs et les com-pétences de ceux-ci étaient des points particulièrement importants. Paradoxa-lement, des règles claires et imposées àtous facilitent la tâche : « Les travauxsont mieux faits et tout le monde pré-pare ses soumissions sur les mêmesbases », fait observer Pierre Larivière.« C’est ce qui a fait la particularité dusous-comité, ajoute-t-il : les entrepre-neurs se sont entendus avec les syndi-cats. » Comme des poissons dans l’eau.

Un document impressionnantPour comprendre l’ampleur de la tâcheabattue par le sous-comité, il faut sou-peser le résultat. Le projet de Règle-ment modifiant le Règlement sur lasanté et la sécurité du travail et le Codede sécurité pour les travaux de cons-truction est un document de 30 pages,de papier grand format (8 1/2 sur 14),contenant 16 sections, 94 articles ettrois annexes. Chaque article a été décortiqué, longuement discuté etadopté seulement après que tous lesmembres l’eurent approuvé. Certainsmots ont donné lieu à une demi-journéede discussions !

Un exemple? L’article 312.38, portantsur la plongée en eau froide, un sujet qui n’était pas abordé dans la normecanadienne. « Il y a eu de nombreuxéchanges sur la température de l’eau, les durées de plongée et les types decombinaisons, rappelle Claude Rochon.

| Prévention au travail | Été 2003 | 35

La visibilité était nulle. ClaudeLavoie savait qu’une palette de sacs de ciment descendait lentement verslui, convoyée par un grutier avec lequelil était en communication radio. Lebras tendu au-dessus de sa tête, il asenti le contact de la palette et il a commandé au grutier l’arrêt immédiat.La palette a pourtant continué sa des-cente au ralenti. Lorsqu’un coin de lapalette a heurté un rocher, les sacs debéton se sont écroulés sur lui. Il s’estretrouvé couché, couvert de sacs jus-qu’à la ceinture. À plusieurs dizaines

de pieds dans l’eau glauque du Saint-Laurent, la situation était pour le moinsinconfortable. « J’ai paniqué comme un enfant », confie-t-il. Finalement, ila réussi à retirer les sacs, un par un.Puis il a continué son travail — lequelconsistait à étancher le quai des traver-siers du côté de Québec.

Claude Lavoie est scaphandrier pro-fessionnel. Des histoires comme celle-là, il en a des dizaines à raconter. Auxrisques de noyade et d’accident de dé-compression, ajoutez, pour faire bonnemesure, les périls que connaissent tousles ouvriers : électrisation, manipula-tion d’explosifs, d’outils pneumatiquesou électriques. « C’est la vie de tous les

jours, qu’on ne raconte pas aux en-fants pendant le souper », conclut-ilstoïquement.

En effet, il vaut mieux que leursenfants ne sachent pas : toute pro-portion gardée, la mortalité des plon-geurs professionnels est 20 fois plusélevée que dans le secteur du bâti-ment et des travaux publics et 65 foisplus élevée que dans l’ensemble dessecteurs d’activité économique. Alorsque l’on compte seulement quelquescentaines de professionnels, sept décèssont survenus à l’occasion de travauxen plongée depuis 1993. Pourquoi cettehécatombe ? Outre les dangers inhé-rents à l’activité, on a relevé la formationdisparate ou insuffisante des plongeurs,l’absence de plan d’urgence en casd’accident et des règles de sécurité im-précises, de toute façon mal suivies.Seules les activités de plongée du sec-teur de la construction faisaient l’objetd’une réglementation — désuète —dans le Code de sécurité pour les tra-vaux de construction. Dans les autresdomaines, néant.

| Prévention au travail | Été 2003 |34

Plus il y a de personnes d’horizons différents autour

d’une table, plus on multiplie les risques de mésententes,

de conflits, voire de crises. Vrai ? Pas nécessairement.

Voici l’histoire exemplaire d’un sous-comité composé de

33 personnes. Toutes ont accepté, en dépit de fortes vagues

parfois, de nager dans la même direction… jusqu’au port.

Pour relever ce défi, le comité derévision du Code de sécurité pour lestravaux de construction de la CSST aformé en 1997 un sous-comité. Son but ? Revoir les articles relatifs à laplongée sous-marine. Et tant qu’à semouiller, aussi bien plonger à fond, lestravaux du sous-comité s’étendraient à l’ensemble des activités de plongéeprofessionnelle. Autour de la table sepressaient donc des représentants detous les milieux : associations patro-nales et syndicales du secteur de la construction et hors construction, ser-vices de police, grandes entreprises,plus deux spécialistes de la plongée. Au total, 33 personnes, toutes dans le même bateau, ramant souvent dans la même direction… et quelquefois àcontre-courant. Pour mener la barque,deux représentants de la CSST : ClaudeRochon, ingénieur et conseiller en pré-vention à la Direction de la prévention-inspection, et Lorraine Harvey, de laDirection des relations avec les parte-naires, coordonnatrice et secrétaire dusous-comité.

De l’huile dans les engrenagesDonnant suite à la recommandation ducoroner Denis Boudrias, qui avait en-quêté sur la mort de plus de 20 plon-geurs sportifs ou professionnels entre1990 et 1996, le sous-comité devaits’appuyer sur la norme canadienne relative aux règles de sécurité pour letravail exécuté en plongée. Mais aprèsplusieurs mois d’études approfondies

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Par Marc Tison

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Nouvelle réglementation sur la plongée professionnelle

Nouvelle réglementation sur la plongée professionnelle

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Pierre Larivière,

scaphandrier

professionnel

et directeur de

Hydrotech Marine.

leur mission. « La mort de cette jeunefemme a fait peser un lourd poids moralsur le sous-comité, d’autant plus qu’elletravaillait dans un milieu bien orga-nisé, se remémore Pierre Larivière. Toutle monde a été touché. À la réunion suivante, on s’est tous regardés et ons’est dit qu’il fallait s’entendre et régle-menter ce milieu. »

Autre coup du sort, l’avocat de laCSST chargé de la rédaction du règle-ment est décédé subitement au milieudes travaux. « Pour nous, ç’a été unautre coup dur, relate Lorraine Harvey.Il était vraiment engagé et l’univers dela construction lui était très familier.C’était un grand juriste et un grand ré-dacteur. Heureusement, souligne-t-elle,la relève juridique a été brillamment assurée par Me Hélène Savard, entréedans les eaux du dossier courageuse-ment et allègrement. »

Preuve que le sous-comité formaitdésormais une équipe soudée, tenduevers l’objectif, ces deux drames ont

encore renforcé la détermination de sesmembres. « Le processus a été long etc’est surprenant que tout le monde aitparticipé jusqu’à la fin », estime l’entre-preneur Pierre Larivière. « On nous a dit que nous étions un comité disci-pliné, un bon comité. Mais nous vou-lions tellement obtenir un résultat ! »

D’instinct — et d’expérience —, lesdeux membres de la permanence,Claude Rochon et Lorraine Harvey, ont su tenir discrètement la barre, en appliquant certains des principes de la psychodynamique du travail. La consultation : « Il n’y a pas d’autori-tarisme face au groupe. On écoute, onécoute vraiment, et on réfléchit aveceux. C’est comme un dessin, un coup decrayon après l’autre, on finit par avoirune vision claire et consensuelle, maischaque article doit être façonné mot par mot. » Le soutien : « Notre optique,c’est que la solution se trouve dans le milieu. Nous sommes spécialistes en santé et sécurité, pas en plongée. Ce

On a réussi à déterminer des plages de temps et de température où le portd’une combinaison donnée — étancheou à température contrôlée — devenaitobligatoire. »

Tous les aspects de la plongée pro-fessionnelle ont été abordés : les tâcheset les responsabilités des différents équi-piers, l’équipement obligatoire pourchaque type de plongée, les nombreuxdocuments qui doivent être tenus à jour.Outre les règles générales de sécurité, le règlement contient une descriptiondétaillée des mesures à prendre dans des situations à risque élevé : plongéeen milieu contaminé, plongée profondeou sous la glace, dans une conduite im-mergée, en amont d’un ouvrage hydrau-lique, etc. Le sous-comité a égalementétudié les mesures d’urgence, particu-lièrement celles relatives aux accidentsde décompression. Ces travaux ont menéà de surprenants développements, quidébordent largement les seules instancesde la plongée.

La ligne de vieAu milieu des années 90, un accident de décompression s’est produit dans leport de Montréal. Entouré d’équipiersconscients du risque encouru et de l’ur-gence de réagir, le plongeur a été trans-porté, en quelques minutes à peine, dansun hôpital qui disposait d’un caisson hyperbare. Sur place, il a fallu plusd’une heure avant qu’il ne soit traité.Pourquoi ce retard? À cause du manquede formation des médecins dans le domaine des accidents de plongée. C’estune des lacunes auxquelles le comités’est attaqué, notamment sous l’impul-sion du Dr Mario Côté, urgentologue et chef du Service de médecine hyper-bare de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Ancienofficier médical de plongée avec lesplongeurs de combat de la base mili-taire de Valcartier, le Dr Côté est un des deux spécialistes de la plongée ausein du sous-comité, avec Serge Lavoie,responsable de la formation en plongéeprofessionnelle à l’Institut maritime duQuébec à Rimouski.

Les accidents de décompression seproduisent lorsqu’un plongeur remontetrop rapidement à la surface. Le chan-gement subit de pression provoque laformation de bulles d’azote dans lesang. Il peut s’ensuivre une commo-tion cérébrale, des troubles neurolo-giques permanents et ultimement lamort. « Si un plongeur a un accident de

décompression dans un lieu éloigné, il faut le traiter immédiatement dans uncaisson hyperbare, préalablement amenésur le chantier, explique le Dr Côté. Letechnicien de caisson, c’est l’ambulan-cier du plongeur. » Comment s’assurerque ce traitement est approprié et cor-rectement appliqué ? D’une part, endonnant aux techniciens de caisson une formation appropriée et uniforme,que l’Institut maritime du Québec à Rimouski prendra en charge, sous lagouverne de Serge Lavoie. D’autre part,en accordant aux techniciens une déléga-tion d’acte médical, ces actes étant exé-cutés sous la supervision téléphoniquede médecins spécialisés en médecine de plongée. Pour que la communica-tion puisse s’établir en tout temps, on veut créer une ligne d’urgence perma-nente. « Le technicien de caisson doit

obtenir un soutien en ligne en moins de 15 minutes », indique le Dr Côté. Ce service 1 800 serait une première auCanada. Une demande de délégationd’acte a été présentée au Collège desmédecins, où le dossier progresse bien.

On ne sait pas encore où sera basé le service d’assistance médicale à dis-tance, mais le Service de médecine hyperbare de l’Hôtel-Dieu de Lévis esten bonne place : huit des 11 médecinsdu Québec ayant une formation deniveau avancé en plongée y travaillent.Chacun s’est rendu à Seattle, sur la côteouest des États-Unis, pour suivre cetteformation — quatre d’entre eux y ontétudié aux frais de la CSST. « Nousnous sommes préparés pour cette tâche,assure le Dr Côté. Nous sommes finprêts. Nous avons désormais le savoir-faire médical, nous avons le projet de règlement pour le mettre en œuvre. Il ne restera qu’à l’appliquer pour donnerle soutien à nos plongeurs. »

Un projet mené à bon portLe sous-comité a convoqué onze réu-nions, dont certaines ont duré plu-sieurs jours, entre décembre 1997 etavril 2002. Cinq ans de persévérance,pour des gens qui avaient chacun leursactivités professionnelles, et qui n’yconnaissaient rien en réglementation.« J’étais comme un whip de parti, quientretient l’intérêt des troupes, com-mente Lorraine Harvey. Ces gensn’avaient jamais vécu le processus ré-glementaire. C’était un pentathlon…non, à la réflexion, un décathlon ! »

Il y eut plusieurs épreuves, en effet.Deux événements ont particulièrementsecoué les membres du sous-comité.

D’abord, en 2000, ledécès d ’une j eunep longeuse p ro fe s -sionnelle formée àl’Inst i tut mari t ime de R imousk i . Une terrible tragédie aux circonstances pathé-tiques, qui a durementrappelé au groupe, sibesoin était, l’impor-tance et l’urgence de

| Prévention au travail | Été 2003 |36

En avril 2003, une caméra sous-marine photographiait ce

scaphandrier en pleine activité dans des eaux québécoises.

Il effectuait un travail dans le cadre d’un projet de réparation

du quai de Godbout pour la Société des traversiers du Québec.

Le travailleur est à l’emploi d’Hydrotec Marine, division EBC,

qui nous a autorisés à reproduire cette photo. Comme on peut

le constater, le travail sous l’eau n’a strictement rien à voir

avec la plongée de plaisance. Pas de bancs de poissons colorés,

pas de coraux et pas d’eau bleue et limpide…

sont eux qui peuvent trouver la solu-tion. » La place laissée à l’initiative :« On ne s’est pas comportés en fonc-tionnaires qui dictent leur façon de faire. On s’est mis au niveau du comitéet on a évité les barrières du protocole. »Enfin et surtout : l’espace accordé à la parole des membres. « Je revois Claude Lavoie (notre plongeur pré-senté en introduction), un travailleur au départ assez critique, se rappelle Lorraine Harvey. Lors de la premièreréunion, il a amené un point qui a étéretenu. Il s’est aperçu que sa voix étaitécoutée et que sa contribution allait apparaître dans le document. Il était très encouragé. » Elle montre sa copiede travail du règlement, imprimé enplusieurs couleurs. « Le rouge et le bleu, ce sont les corrections qu’ils ontapportées au texte. Les participants peuvent dire : c’est moi qui ai fait mettre cette mention. Ce sont eux quil’ont écrit, ce règlement. C’est une œuvre collective. »

Une œuvre ? Le mot n’est pas tropfort et chaque membre du sous-comitépourrait la signer. « J’aimerais que lesnoms de tous les membres apparaissentdans votre article », s’exclame ClaudeRochon, visiblement fier.

Le projet de règlement a été pré-publié dans la Gazette officielle le18 décembre 2002. Il sera présenté à la communauté de la plongée profes-sionnelle pour avis et commentaires.Plusieurs points restent encore à para-chever, notamment la question de ladélégation d’acte et celle de la forma-tion, qui touchent beaucoup d’orga-nismes et de ministères. Mais onapproche du but et l’« œuvre » desmembres du comité, sans être immor-telle, sera durable. « Quand on fait unrèglement, on ne le fait pas pour deuxans, achève Lorraine Harvey. Il dure20 ans, 30 ans. Il faut de la vision. » Etde la profondeur. En cette matière, lesplongeurs s’y connaissent. O

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avec les partenaires de la CSST.

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Pierre Larivière,

scaphandrier

professionnel

et directeur de

Hydrotech Marine.

leur mission. « La mort de cette jeunefemme a fait peser un lourd poids moralsur le sous-comité, d’autant plus qu’elletravaillait dans un milieu bien orga-nisé, se remémore Pierre Larivière. Toutle monde a été touché. À la réunion suivante, on s’est tous regardés et ons’est dit qu’il fallait s’entendre et régle-menter ce milieu. »

Autre coup du sort, l’avocat de laCSST chargé de la rédaction du règle-ment est décédé subitement au milieudes travaux. « Pour nous, ç’a été unautre coup dur, relate Lorraine Harvey.Il était vraiment engagé et l’univers dela construction lui était très familier.C’était un grand juriste et un grand ré-dacteur. Heureusement, souligne-t-elle,la relève juridique a été brillamment assurée par Me Hélène Savard, entréedans les eaux du dossier courageuse-ment et allègrement. »

Preuve que le sous-comité formaitdésormais une équipe soudée, tenduevers l’objectif, ces deux drames ont

encore renforcé la détermination de sesmembres. « Le processus a été long etc’est surprenant que tout le monde aitparticipé jusqu’à la fin », estime l’entre-preneur Pierre Larivière. « On nous a dit que nous étions un comité disci-pliné, un bon comité. Mais nous vou-lions tellement obtenir un résultat ! »

D’instinct — et d’expérience —, lesdeux membres de la permanence,Claude Rochon et Lorraine Harvey, ont su tenir discrètement la barre, en appliquant certains des principes de la psychodynamique du travail. La consultation : « Il n’y a pas d’autori-tarisme face au groupe. On écoute, onécoute vraiment, et on réfléchit aveceux. C’est comme un dessin, un coup decrayon après l’autre, on finit par avoirune vision claire et consensuelle, maischaque article doit être façonné mot par mot. » Le soutien : « Notre optique,c’est que la solution se trouve dans le milieu. Nous sommes spécialistes en santé et sécurité, pas en plongée. Ce

On a réussi à déterminer des plages de temps et de température où le portd’une combinaison donnée — étancheou à température contrôlée — devenaitobligatoire. »

Tous les aspects de la plongée pro-fessionnelle ont été abordés : les tâcheset les responsabilités des différents équi-piers, l’équipement obligatoire pourchaque type de plongée, les nombreuxdocuments qui doivent être tenus à jour.Outre les règles générales de sécurité, le règlement contient une descriptiondétaillée des mesures à prendre dans des situations à risque élevé : plongéeen milieu contaminé, plongée profondeou sous la glace, dans une conduite im-mergée, en amont d’un ouvrage hydrau-lique, etc. Le sous-comité a égalementétudié les mesures d’urgence, particu-lièrement celles relatives aux accidentsde décompression. Ces travaux ont menéà de surprenants développements, quidébordent largement les seules instancesde la plongée.

La ligne de vieAu milieu des années 90, un accident de décompression s’est produit dans leport de Montréal. Entouré d’équipiersconscients du risque encouru et de l’ur-gence de réagir, le plongeur a été trans-porté, en quelques minutes à peine, dansun hôpital qui disposait d’un caisson hyperbare. Sur place, il a fallu plusd’une heure avant qu’il ne soit traité.Pourquoi ce retard? À cause du manquede formation des médecins dans le domaine des accidents de plongée. C’estune des lacunes auxquelles le comités’est attaqué, notamment sous l’impul-sion du Dr Mario Côté, urgentologue et chef du Service de médecine hyper-bare de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Ancienofficier médical de plongée avec lesplongeurs de combat de la base mili-taire de Valcartier, le Dr Côté est un des deux spécialistes de la plongée ausein du sous-comité, avec Serge Lavoie,responsable de la formation en plongéeprofessionnelle à l’Institut maritime duQuébec à Rimouski.

Les accidents de décompression seproduisent lorsqu’un plongeur remontetrop rapidement à la surface. Le chan-gement subit de pression provoque laformation de bulles d’azote dans lesang. Il peut s’ensuivre une commo-tion cérébrale, des troubles neurolo-giques permanents et ultimement lamort. « Si un plongeur a un accident de

décompression dans un lieu éloigné, il faut le traiter immédiatement dans uncaisson hyperbare, préalablement amenésur le chantier, explique le Dr Côté. Letechnicien de caisson, c’est l’ambulan-cier du plongeur. » Comment s’assurerque ce traitement est approprié et cor-rectement appliqué ? D’une part, endonnant aux techniciens de caisson une formation appropriée et uniforme,que l’Institut maritime du Québec à Rimouski prendra en charge, sous lagouverne de Serge Lavoie. D’autre part,en accordant aux techniciens une déléga-tion d’acte médical, ces actes étant exé-cutés sous la supervision téléphoniquede médecins spécialisés en médecine de plongée. Pour que la communica-tion puisse s’établir en tout temps, on veut créer une ligne d’urgence perma-nente. « Le technicien de caisson doit

obtenir un soutien en ligne en moins de 15 minutes », indique le Dr Côté. Ce service 1 800 serait une première auCanada. Une demande de délégationd’acte a été présentée au Collège desmédecins, où le dossier progresse bien.

On ne sait pas encore où sera basé le service d’assistance médicale à dis-tance, mais le Service de médecine hyperbare de l’Hôtel-Dieu de Lévis esten bonne place : huit des 11 médecinsdu Québec ayant une formation deniveau avancé en plongée y travaillent.Chacun s’est rendu à Seattle, sur la côteouest des États-Unis, pour suivre cetteformation — quatre d’entre eux y ontétudié aux frais de la CSST. « Nousnous sommes préparés pour cette tâche,assure le Dr Côté. Nous sommes finprêts. Nous avons désormais le savoir-faire médical, nous avons le projet de règlement pour le mettre en œuvre. Il ne restera qu’à l’appliquer pour donnerle soutien à nos plongeurs. »

Un projet mené à bon portLe sous-comité a convoqué onze réu-nions, dont certaines ont duré plu-sieurs jours, entre décembre 1997 etavril 2002. Cinq ans de persévérance,pour des gens qui avaient chacun leursactivités professionnelles, et qui n’yconnaissaient rien en réglementation.« J’étais comme un whip de parti, quientretient l’intérêt des troupes, com-mente Lorraine Harvey. Ces gensn’avaient jamais vécu le processus ré-glementaire. C’était un pentathlon…non, à la réflexion, un décathlon ! »

Il y eut plusieurs épreuves, en effet.Deux événements ont particulièrementsecoué les membres du sous-comité.

D’abord, en 2000, ledécès d ’une j eunep longeuse p ro fe s -sionnelle formée àl’Inst i tut mari t ime de R imousk i . Une terrible tragédie aux circonstances pathé-tiques, qui a durementrappelé au groupe, sibesoin était, l’impor-tance et l’urgence de

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En avril 2003, une caméra sous-marine photographiait ce

scaphandrier en pleine activité dans des eaux québécoises.

Il effectuait un travail dans le cadre d’un projet de réparation

du quai de Godbout pour la Société des traversiers du Québec.

Le travailleur est à l’emploi d’Hydrotec Marine, division EBC,

qui nous a autorisés à reproduire cette photo. Comme on peut

le constater, le travail sous l’eau n’a strictement rien à voir

avec la plongée de plaisance. Pas de bancs de poissons colorés,

pas de coraux et pas d’eau bleue et limpide…

sont eux qui peuvent trouver la solu-tion. » La place laissée à l’initiative :« On ne s’est pas comportés en fonc-tionnaires qui dictent leur façon de faire. On s’est mis au niveau du comitéet on a évité les barrières du protocole. »Enfin et surtout : l’espace accordé à la parole des membres. « Je revois Claude Lavoie (notre plongeur pré-senté en introduction), un travailleur au départ assez critique, se rappelle Lorraine Harvey. Lors de la premièreréunion, il a amené un point qui a étéretenu. Il s’est aperçu que sa voix étaitécoutée et que sa contribution allait apparaître dans le document. Il était très encouragé. » Elle montre sa copiede travail du règlement, imprimé enplusieurs couleurs. « Le rouge et le bleu, ce sont les corrections qu’ils ontapportées au texte. Les participants peuvent dire : c’est moi qui ai fait mettre cette mention. Ce sont eux quil’ont écrit, ce règlement. C’est une œuvre collective. »

Une œuvre ? Le mot n’est pas tropfort et chaque membre du sous-comitépourrait la signer. « J’aimerais que lesnoms de tous les membres apparaissentdans votre article », s’exclame ClaudeRochon, visiblement fier.

Le projet de règlement a été pré-publié dans la Gazette officielle le18 décembre 2002. Il sera présenté à la communauté de la plongée profes-sionnelle pour avis et commentaires.Plusieurs points restent encore à para-chever, notamment la question de ladélégation d’acte et celle de la forma-tion, qui touchent beaucoup d’orga-nismes et de ministères. Mais onapproche du but et l’« œuvre » desmembres du comité, sans être immor-telle, sera durable. « Quand on fait unrèglement, on ne le fait pas pour deuxans, achève Lorraine Harvey. Il dure20 ans, 30 ans. Il faut de la vision. » Etde la profondeur. En cette matière, lesplongeurs s’y connaissent. O

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Lorraine Harvey, secrétaire,

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avec les partenaires de la CSST.

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Carol Putnam, Anne Fenety etCharlotte Loppie, toutes trois cher-cheuses au Dalhousie University à Halifax, se sont intéressées au sort des personnes qui travaillent dans des centres d’appels téléphoniques, en majorité des femmes. Elles voulaientdécouvrir les aspects positifs et néga-tifs de leur travail. Dans le cadre d’unerecherche qualitative subventionnée par le Maritime Center of Excellencefor Women’s Health, elles ont interrogé25 femmes travaillant dans différentstypes de centres d’appels : servicesmédicaux d’urgence, télémarketing,sondage, vente, campagne de finan-cement, étude de marché. L’âge des participantes variait de 20 à 56 ans. Treize avaient un diplôme univer-sitaire, 15 étaient célibataires, troisavaient un poste de superviseure,15 exerçaient ce métier depuis deux ans et 12 travaillaient à temps plein.

Lors du colloque national Santé desfemmes et diversité1, qui s’est tenu àMontréal, en avril 2001, Mme Putnama tracé un portrait de ces inconnuessans visage.

Portrait robot« La personne qui travaille dans uncentre d’appels est généralement desexe féminin. Elle accomplit sa tâcheen aire ouverte, mais dans un espace restreint de forme cubique. La postureassise est perçue, la plupart du temps,comme contraignante. » Ses outils detravail ? Un ordinateur, un téléphone,une chaise et un casque d’écoute, saufexception. « Elle est branchée et ellesait qu’une ou un superviseur l’écoute,parfois de façon sporadique, parfois de façon continuelle. »

II lui est interdit de personnaliserson petit espace de travail, d’ailleurselle en change tous les jours. Interdit,aussi, de se débrancher, même pour sedétendre les jambes. « En tout temps,la téléphoniste doit garder une par-faite maîtrise d’elle-même. » Même sion rit d’elle ou si on l’insulte, même si on la menace. « Elle doit s’exprimeravec courtoisie, lire les textes qui luisont remis, sans en changer ou omettre un seul mot. » Il existe, bien sûr, des contextes différents et il serait fauxd’affirmer que ce portrait est représen-tatif de la totalité des centres d’appels.

Aïe !Les facteurs perçus comme particulière-ment pénibles et stressants par les télé-phonistes ? Être littéralement attachéeau téléphone, travailler dans le bruit,dans un air de piètre qualité, à des températures inconfortables, et avec des outils parfois inappropriés. N’avoir aucune sécurité d’emploi et être à lamerci du superviseur qui vous écoute,qui vous épie. Georgina2, 24 ans, faitdes sondages pour des entreprises com-merciales : « Là où je travaille, nous devons nous battre pour avoir droit à uncasque d’écoute. J’ai eu comme un nerfpincé dans le cou et mon employeur aexigé que j’aille chercher une attestationchez le médecin. Il voulait une preuve

que ma douleur était bel et bien causéepar mon travail. »

Plusieurs des femmes interrogéesont affirmé ressentir un stress quasi permanent. Cinq d’entre elles, du reste,songeaient sérieusement à quitter leuremploi. Heidi, 30 ans, travaille dans un centre de services bancaires : « Moi, je pars, parce que j’ai atteint le point où je dois choisir entre préserver ma santé ou continuer à travailler. » Jenny,45 ans, travaille elle aussi pour unebanque : « Au bout de deux ans, tu asatteint tes limites. J’ai fait un an etdemi. Je devrais arrêter mais… j’ai be-soin d’argent. » Quelques travailleuses

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Bonjour, bonsoir…Le secteur des centres d’appels télé-phoniques est une activité en pleinessor, à l’échelle de la planète. En Europe, il emploie actuellement plus de 1,3 million de personnes.Toutefois, y travailler demande des nerfs solides. Il faut parfoistraiter 300 appels consécutifs, ce qui entraîne un risque de troubles psychiques. Pauses réglementaireset postes de travail ergonomiquessont donc indispensables. O

Source : Argus, FSP informations et Travail,magazine de l’Organisation internationale du travail (OIT).

ont mis un bémol. Nancy, 56 ans, spécialisée en télémarketing : « Si je travaillais sept ou huit heures par jour,tous les jours, ce serait très stressant,mais à temps partiel, ça me convient. »

Atmosphère, atmosphère…Sur le plan des agents stressants psychosociaux, des travailleuses ont avoué faire face à des situations parfois très délicates qui les émeuvent, qui les font se sentir mal à l’aise, démunies.Exemple : « Vous faites un sondage sur les marques de cigarettes, dites-vous?Vous tombez bien, mon père vient demourir à cause de la maudite cigarette,figurez-vous ! »

À cela, il faut ajouter les lignesclaquées au nez, les insultes, l’absencede reconnaissance du travail accompli,une rémunération jugée insuffisante,des horaires changeants et rigides, desrelations tendues attribuables aux ins-tructions obscures de la direction, etl’emploi de mesures d’intimidation, depunition, d’abus verbal, de restrictionsinutiles pour contrôler les employées.Mary, 20 ans : « Le gros du stress, c’estde devoir être assise sans bouger dumatin au soir, et d’écouter sans bron-cher les gens s’emporter contre toi, à

l’autre bout du fil. » Ann, 24 ans, spé-cialisée en télémarketing : « On estobligée de remercier systématique-ment les personnes avec qui nous par-lons, et quand elles nous engueulent et qu’elles nous entendent les remer-cier, elles croient qu’on rit d’elles etelles sont encore plus en colère ! »

Subir quotidiennement des injures,se faire humilier, n’avoir aucune maî-trise sur le rythme très rapide des appelsn’a rien de très valorisant. Vian, 34 ans,employée par une agence de télémar-keting : « C’est l’ordinateur qui com-pose les numéros. Tu commences àparler à une personne et tu n’as pas letemps de respirer que déjà un nouvelinterlocuteur décroche ! »

Tâche répétitive, laborieuse, mono-tone, avec guère de marge de manœuvre.Ann, 24 ans, travaille elle aussi dansune agence de télémarketing : « Si tuas le malheur de changer ne serait-cequ’un seul mot du texte, tu seras malnotée. »

Des femmes ont fait remarquerqu’elles ne pouvaient exprimer leuropinion, même quand les textes contiennent des incohérences, des

insignif iances. Quant à l ’aspect répétitif et ennuyeux du boulot, il est campé de façon saisissante par Barb, 25 ans, spécialiste en sondage :« Quand je pense à ce que je fais, il me vient une image. Celle d’un mes-sage télévisé. On voit, en gros plan, un singe assis face à une machine àécrire. Il tape, tape, tape sur le clavier.La caméra recule et on aperçoit unecinquantaine de singes faisant face àautant de claviers et tapant, tapant,tapant sans jamais s’arrêter. »

Boulot dodo boboLe corps et l’esprit ont leurs limites.Trop, c’est trop. Les troubles de santédéclarés par les travailleuses sont va-riés : migraines, infections, sentiments dépressifs, irritabilité, sautes d’humeur,digestion laborieuse, insomnie. Plu-sieurs femmes vivent des conflits sur les plans familial et conjugal, à caused’horaires incompatibles avec leurs responsabilités, ce qui les oblige, par exemple, à travailler à l’heure du souperjusque très tard dans la nuit. Certainessoulignent aussi qu’elles ne se sententpas en sécurité lorsqu’elles rentrentaprès 22 heures. Mary, 20 ans, travaille

Les travailleuses des centres d’appelsDix-huit heures trente. Le téléphone sonne. Excédé (vous êtesen train de souper), vous répondez. Une voix féminine débiteun petit laïus : « Bonjour, je vous appelle dans le cadre d’un sondage pour la compagnie TEDDY. Acceptez-vous derépondre à quelques questions ? » Peut-être allez-vous direoui. Ou peut-être ferez-vous sèchement remarquer à la voixqu’elle appelle à une très mauvaise heure et que vous n’avezpas de temps à lui consacrer. Bonsoir ! Question : qui sont ces femmes invisibles au métier en apparence inoffensif sur le plan de la santé et de la sécurité ?

2. Prénom fictif, comme tous les autres men-tionnés dans cet article, dans le but de pro-téger l’identité des femmes interrogées.

1. Organisé par le Centre d’excellence pour la santé des femmes, avec le soutien de Santé Canada, de l’Université de Montréal, du Conseil du statut de la femme, de la Gazettedes femmes, de la Centrale des syndicats du Québec et du Canadian Women’s Health Network.

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Par Monique Legault Faucher

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Carol Putnam, Anne Fenety etCharlotte Loppie, toutes trois cher-cheuses au Dalhousie University à Halifax, se sont intéressées au sort des personnes qui travaillent dans des centres d’appels téléphoniques, en majorité des femmes. Elles voulaientdécouvrir les aspects positifs et néga-tifs de leur travail. Dans le cadre d’unerecherche qualitative subventionnée par le Maritime Center of Excellencefor Women’s Health, elles ont interrogé25 femmes travaillant dans différentstypes de centres d’appels : servicesmédicaux d’urgence, télémarketing,sondage, vente, campagne de finan-cement, étude de marché. L’âge des participantes variait de 20 à 56 ans. Treize avaient un diplôme univer-sitaire, 15 étaient célibataires, troisavaient un poste de superviseure,15 exerçaient ce métier depuis deux ans et 12 travaillaient à temps plein.

Lors du colloque national Santé desfemmes et diversité1, qui s’est tenu àMontréal, en avril 2001, Mme Putnama tracé un portrait de ces inconnuessans visage.

Portrait robot« La personne qui travaille dans uncentre d’appels est généralement desexe féminin. Elle accomplit sa tâcheen aire ouverte, mais dans un espace restreint de forme cubique. La postureassise est perçue, la plupart du temps,comme contraignante. » Ses outils detravail ? Un ordinateur, un téléphone,une chaise et un casque d’écoute, saufexception. « Elle est branchée et ellesait qu’une ou un superviseur l’écoute,parfois de façon sporadique, parfois de façon continuelle. »

II lui est interdit de personnaliserson petit espace de travail, d’ailleurselle en change tous les jours. Interdit,aussi, de se débrancher, même pour sedétendre les jambes. « En tout temps,la téléphoniste doit garder une par-faite maîtrise d’elle-même. » Même sion rit d’elle ou si on l’insulte, même si on la menace. « Elle doit s’exprimeravec courtoisie, lire les textes qui luisont remis, sans en changer ou omettre un seul mot. » Il existe, bien sûr, des contextes différents et il serait fauxd’affirmer que ce portrait est représen-tatif de la totalité des centres d’appels.

Aïe !Les facteurs perçus comme particulière-ment pénibles et stressants par les télé-phonistes ? Être littéralement attachéeau téléphone, travailler dans le bruit,dans un air de piètre qualité, à des températures inconfortables, et avec des outils parfois inappropriés. N’avoir aucune sécurité d’emploi et être à lamerci du superviseur qui vous écoute,qui vous épie. Georgina2, 24 ans, faitdes sondages pour des entreprises com-merciales : « Là où je travaille, nous devons nous battre pour avoir droit à uncasque d’écoute. J’ai eu comme un nerfpincé dans le cou et mon employeur aexigé que j’aille chercher une attestationchez le médecin. Il voulait une preuve

que ma douleur était bel et bien causéepar mon travail. »

Plusieurs des femmes interrogéesont affirmé ressentir un stress quasi permanent. Cinq d’entre elles, du reste,songeaient sérieusement à quitter leuremploi. Heidi, 30 ans, travaille dans un centre de services bancaires : « Moi, je pars, parce que j’ai atteint le point où je dois choisir entre préserver ma santé ou continuer à travailler. » Jenny,45 ans, travaille elle aussi pour unebanque : « Au bout de deux ans, tu asatteint tes limites. J’ai fait un an etdemi. Je devrais arrêter mais… j’ai be-soin d’argent. » Quelques travailleuses

| Prévention au travail | Été 2003 |38

Bonjour, bonsoir…Le secteur des centres d’appels télé-phoniques est une activité en pleinessor, à l’échelle de la planète. En Europe, il emploie actuellement plus de 1,3 million de personnes.Toutefois, y travailler demande des nerfs solides. Il faut parfoistraiter 300 appels consécutifs, ce qui entraîne un risque de troubles psychiques. Pauses réglementaireset postes de travail ergonomiquessont donc indispensables. O

Source : Argus, FSP informations et Travail,magazine de l’Organisation internationale du travail (OIT).

ont mis un bémol. Nancy, 56 ans, spécialisée en télémarketing : « Si je travaillais sept ou huit heures par jour,tous les jours, ce serait très stressant,mais à temps partiel, ça me convient. »

Atmosphère, atmosphère…Sur le plan des agents stressants psychosociaux, des travailleuses ont avoué faire face à des situations parfois très délicates qui les émeuvent, qui les font se sentir mal à l’aise, démunies.Exemple : « Vous faites un sondage sur les marques de cigarettes, dites-vous?Vous tombez bien, mon père vient demourir à cause de la maudite cigarette,figurez-vous ! »

À cela, il faut ajouter les lignesclaquées au nez, les insultes, l’absencede reconnaissance du travail accompli,une rémunération jugée insuffisante,des horaires changeants et rigides, desrelations tendues attribuables aux ins-tructions obscures de la direction, etl’emploi de mesures d’intimidation, depunition, d’abus verbal, de restrictionsinutiles pour contrôler les employées.Mary, 20 ans : « Le gros du stress, c’estde devoir être assise sans bouger dumatin au soir, et d’écouter sans bron-cher les gens s’emporter contre toi, à

l’autre bout du fil. » Ann, 24 ans, spé-cialisée en télémarketing : « On estobligée de remercier systématique-ment les personnes avec qui nous par-lons, et quand elles nous engueulent et qu’elles nous entendent les remer-cier, elles croient qu’on rit d’elles etelles sont encore plus en colère ! »

Subir quotidiennement des injures,se faire humilier, n’avoir aucune maî-trise sur le rythme très rapide des appelsn’a rien de très valorisant. Vian, 34 ans,employée par une agence de télémar-keting : « C’est l’ordinateur qui com-pose les numéros. Tu commences àparler à une personne et tu n’as pas letemps de respirer que déjà un nouvelinterlocuteur décroche ! »

Tâche répétitive, laborieuse, mono-tone, avec guère de marge de manœuvre.Ann, 24 ans, travaille elle aussi dansune agence de télémarketing : « Si tuas le malheur de changer ne serait-cequ’un seul mot du texte, tu seras malnotée. »

Des femmes ont fait remarquerqu’elles ne pouvaient exprimer leuropinion, même quand les textes contiennent des incohérences, des

insignif iances. Quant à l ’aspect répétitif et ennuyeux du boulot, il est campé de façon saisissante par Barb, 25 ans, spécialiste en sondage :« Quand je pense à ce que je fais, il me vient une image. Celle d’un mes-sage télévisé. On voit, en gros plan, un singe assis face à une machine àécrire. Il tape, tape, tape sur le clavier.La caméra recule et on aperçoit unecinquantaine de singes faisant face àautant de claviers et tapant, tapant,tapant sans jamais s’arrêter. »

Boulot dodo boboLe corps et l’esprit ont leurs limites.Trop, c’est trop. Les troubles de santédéclarés par les travailleuses sont va-riés : migraines, infections, sentiments dépressifs, irritabilité, sautes d’humeur,digestion laborieuse, insomnie. Plu-sieurs femmes vivent des conflits sur les plans familial et conjugal, à caused’horaires incompatibles avec leurs responsabilités, ce qui les oblige, par exemple, à travailler à l’heure du souperjusque très tard dans la nuit. Certainessoulignent aussi qu’elles ne se sententpas en sécurité lorsqu’elles rentrentaprès 22 heures. Mary, 20 ans, travaille

Les travailleuses des centres d’appelsDix-huit heures trente. Le téléphone sonne. Excédé (vous êtesen train de souper), vous répondez. Une voix féminine débiteun petit laïus : « Bonjour, je vous appelle dans le cadre d’un sondage pour la compagnie TEDDY. Acceptez-vous derépondre à quelques questions ? » Peut-être allez-vous direoui. Ou peut-être ferez-vous sèchement remarquer à la voixqu’elle appelle à une très mauvaise heure et que vous n’avezpas de temps à lui consacrer. Bonsoir ! Question : qui sont ces femmes invisibles au métier en apparence inoffensif sur le plan de la santé et de la sécurité ?

2. Prénom fictif, comme tous les autres men-tionnés dans cet article, dans le but de pro-téger l’identité des femmes interrogées.

1. Organisé par le Centre d’excellence pour la santé des femmes, avec le soutien de Santé Canada, de l’Université de Montréal, du Conseil du statut de la femme, de la Gazettedes femmes, de la Centrale des syndicats du Québec et du Canadian Women’s Health Network.

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Par Monique Legault Faucher

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en télémarketing : « Les horaires sontdurs sur l’organisme, particulièrementsur le mental. En arrivant chez moi, jen’ai plus aucune énergie, je suis vidée.Je sens le besoin impérieux de faire un petit somme. »

Les changements souhaitésInterrogées sur les changements quipourraient améliorer leur sort, des tra-vailleuses ont répondu qu’elles aime-raient bien avoir un casque d’écoute,histoire de ne plus se sentir enchaînéesà leur poste, d’avoir un peu de liberté demouvement. D’autres souhaiteraientavoir le droit de personnaliser leur postede travail. Uta, 22 ans : « Ça ne meferait rien de ne pas avoir le droit deboire ou de manger à mon poste, sij’avais, par contre celui de mettre justeune petite photo, une touche person-nelle, quoi ! J’aurais moins l’impressiond’être en cage. »

Les chercheuses comptent pour-suivre leurs recherches afin de repérerles risques physiques pouvant entraîner des troubles musculo-squelettiques chezle personnel des centres d’appels. Etd’en apprendre un peu plus sur les douleurs physiques déclarées par les travailleuses. Pour, bien sûr, être enmesure de faire des recommandationsraisonnables visant à améliorer le sortde ces femmes invisibles dont on neconnaîtra jamais que la voix.

Le positifTout n’est jamais que gris ou noir dans un tableau. Les femmes qui ontrépondu aux questions des chercheusesont parlé des aspects de leur travailayant un impact positif. Elles y ontgagné une meilleure confiance en elles, l’occasion de connaître des col-lègues et, pour certaines, le sentimentde rendre service.

La prochaine fois que vous recevrezun coup de fil d’une personne tra-vaillant pour un centre d’appels, dites-vous qu’elle fait son métier, rien queson métier, avec les outils qu’on lui a donnés. Bonjour, tolérance… O

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Quel métier ? ! ! !Quatre autres études sur les téléphonistes de centres d’appels ont étéréalisées par le Dr Laerte Idal Sznelwar de l’École polytechnique del’Université de São Paulo, au Brésil, et Flora Maria Gomide Vezzá, del’Université méthodiste de São Paulo. Les demandes d’études ont étéfaites par des employés d’entreprises se débattant avec des troublesmusculo-squelettiques. Lors du congrès international SELF-ACE1, leDr Sznelwar a présenté le bilan de ces études. Lui et sa collègue ontfait les mêmes constatations que Mme Putnam et ses collègues. Lesvoici, résumées.

Manque de liberté de mouvement en raison de l’exiguïté du postede travail. La position assise sans pouvoir se lever — pour ne pasdonner l’impression de ne pas travailler. En outre, n’ayant pas d’espacepour appuyer les coudes, les téléphonistes travaillent les bras suspendusdans l’air.

Manque de liberté de parole : obligation de respecter le texte remispar l’employeur, de faire vite, de courir dans le temps pour ne pas êtrepénalisé, d’être « enchaîné » au casque et au téléphone et de se savoirécouté, épié, observé.

Sentiment de dépersonnalisation causé en partie par l’obligation derépéter des phrases de façon standard et stéréotypée des centaines defois par jour ; sentiment d’impuissance engendré par le fait de ne paspouvoir satisfaire l’interlocuteur puisque le téléphoniste doit s’en tenirà des réponses prédéterminées. Pourtant, dans bien des cas, il sauraitcomment résoudre les problèmes, il aimerait pouvoir le faire, mais iln’en a pas le droit et, s’il le fait, il sait qu’il transgresse les consignes.

Manque de reconnaissance : le travail des téléphonistes n’est pasperçu comme une plus-value du produit. Ils doivent donner aux inter-locuteurs un service minimal acceptable en un minimum de temps,voilà tout. O

1. « Les transformations du travail, enjeux pour l’ergonomie ».

Pour en savoir plus« Centres d’appels téléphoniques – Lesgalériens du tertiaire », Travail & Sécurité,no 627, mars 2003, page 26.

« Les centres d’appels téléphoniques »,fiche pratique de sécurité, ED 108, INRS.

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Hélas ! sur l’ensemble des chutesqui surviennent dans ces secteurs, unesur quatre est liée à leur utilisation.

Plusieurs catégories de travailleurssont exposés au risque de chute, par-ticulièrement ceux du secteur de la construction. Des moments critiquesparmi d’autres ? L’assemblage et ledésassemblage d’un échafaudage. Ilsexécutent ces opérations eux-mêmes le plus souvent et sans nécessairementavoir été informés des consignes du fa-bricant. En outre, à maintes occasions,même s’ils portent un harnais, ils netrouvent sur l’échafaudage aucun pointd’ancrage assez solide où s’accrochernon plus que sur la structure érigée toutprès. Gros problème !

Comment le résoudre ? Des esprits« pétillants » se sont penchés sur la ques-tion. Résultat ? En l’espace de quelquesmois, ils ont mis au point une nouvelleinvention, cent pour cent québécoise, qui assurera désormais la sécurité desouvriers appelés à assembler des écha-faudages. L’invention consiste en ungarde-corps temporaire qui s’adapte àl’échafaudage et suit le travailleur danssa progression en hauteur. L’Associationdes entrepreneurs en maçonnerie duQuébec, qui a souvent exprimé sa pré-occupation quant au manque de garde-corps de sécurité pour les échafaudages,a demandé à l’ingénieur Sejean Hachemd’en réaliser les plans. Ce dernier s’estdonc mis au travail. Les ÉquipementsMathieu ont participé à certaines étapesde la recherche et de la création du produit.

Comment ça marche ?M. Hachem explique le mode d’emploi :« Le travailleur au sol monte 1,50 m ou1,80 m d’échafaudage, avec madriers,croisillons et tout. Puis toujours au sol,il installe un garde-corps mobile tem-poraire qu’il fixe à même les pattes del’échafaudage. Ensuite, il grimpe sur

cette première galerie et commence l’installation du prochain 1,50 m ou1,80 m d’échafaudage tout en étant protégé par le garde-corps mobile. Etainsi de suite dans sa progression jus-qu’au sommet. »

Le garde-corps comme tel est cons-titué de quatre potelets d’acier, fixéstemporairement sur le côté des montantsde chacun des deux cadres d’une sectiond’échafaudage, et de huit tubes hori-zontaux fixés sur les potelets. Une foisinstallé, le garde-corps assure une pro-tection sur 1,05 m de hauteur par rap-port au plancher de l’échafaudage.

Il faut deux jeux complets de garde-corps temporaires pour assembler unéchafaudage en toute sécurité. On metd’abord les deux en place et, quand onarrive au troisième niveau de l’écha-faudage, on retire celui du bas, qu’on installe plus haut, et ainsi de suite. Lesgarde-corps suivent le travailleur dans sa progression vers les hauteurs. Pourdésassembler l’échafaudage, on procèdeà l’inverse.

« Voilà donc une première solution auproblème que constitue l’assemblage pré-ventif des échafaudages, explique l’in-génieur et conseiller Pierre Bouchard, dela Direction prévention-inspection de la CSST. D’autres suivront. Cette année,en matière d’inspection, nous passons en mode exigence, comme chacun sait,avant d’en arriver à la tolérance zéro »,poursuit-il.

Et de conclure : « Nous souhai-tons vivement que le milieu lui-mêmedéniche d’autres solutions, adaptées àses contraintes et à ses besoins propres.Car lorsqu’une entreprise se met réel-lement à chercher des solutions, c’esttoujours elle qui trouve le plus rapide-ment les meilleures ! » O

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Les échafaudages font partie du quotidien des chantiers et plusieurs corps de métiers y ont recours.

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Ci-contre, Carol Leblond, inspecteur à

la Direction régionale de Montréal–1, au

centre, Normand Turenne, entrepreneur

briqueteur, et Denis Brisebois, président

de l’Association des entrepreneurs en

maçonnerie du Québec.

Par Guy Sabourin

Assemblage d’échafaudagesAssemblage d’échafaudages

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Une invention québécoise anti-chutes

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Ces personnes exerçaient leurs acti-vités professionnelles au sein de l’Unioneuropéenne1. De ce nombre, plus de15 millions (soit un peu plus de 10%)se disent victimes de violence au tra-vail. Chiffre inquiétant, selon Eurogip.Les institutions concernées de tous les États membres ont reçu un question-naire à faire remplir par les salariés. Le document « s’articulait autour d’une demi-douzaine de thèmes. Au-delà deschiffres, quand ils existaient, il concer-nait les problèmes de reconnaissance du risque, de sa prévention et de la prise en charge psychologique des victimes.Il visait également à répertorier lesmesures législatives et réglementaireséventuellement mises en œuvre ou encours d’élaboration ».

L’enquête d’Eurogip distingue quatretypes de violence : « la violence phy-sique, venant soit de l’extérieur de l’entreprise, soit de l’intérieur, et la violence psychologique qui, elle aussi,peut avoir des sources externes ou in-ternes. De l’agression au domicile desalariés à la prise d’otage, en passant parles actes de vandalisme, les attaques à main armée ou les hold-up, toutes les gradations sont possibles dans les violences physiques par des personnes extérieures à l’entreprise. En interne, cetype de violence s’exerce parfois entresalariés, parfois de la part de la hiérar-chie. En ce qui concerne celle d’origineexterne, il suffit, pour se la représenter,de penser au harcèlement, aux insultes,voire aux agressions que peuvent subirles salariés à une caisse de supermarchéou à un guichet d’agence, de banque oude poste. » La violence psychologique,elle, est plus difficile à saisir, estiment

les spécialistes d’Eurogip. « Celle in-terne à l’entreprise constitue un phé-nomène soit récent, soit nouvellementpris en compte, dont les critères objec-tifs sont encore mal définis ».

Il y a quelques années, personne ne parlait de harcèlement moral. Puis des études, des recherches et des livres, entre autres ceux du Dr ChristopheDejours, psychiatre, psychanalyste etéminent spécialiste en psychodyna-mique du travail, ont grandement contri-bué à lever le voile sur le phénomène.

Les Anglo-Saxons emploient deuxtermes, bullying et mobbing pour expri-mer la notion de harcèlement moral. LaHealth and Safety Authority de Dublin(Irlande) définit ainsi le bullying : « Ils’agit d’une agression répétée de formeverbale, psychologique ou physiqueconduite par un individu ou un groupecontre une personne ou plusieurs per-sonnes ». Le mobbing recouvre à peuprès la même définition, mais sans ladimension physique. Le harcèlementpsychologique peut aller de la moquerieà la stigmatisation et la « mise au pla-card » de la victime. Il s’exerce entrecollègues ou est utilisé par la hiérarchie,à des fins coercitives ou comme « outilde gestion » du personnel.

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Violence au travailLe portrait se précise

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1. Eurogip, La violence au travail en Europe –Premier état des lieux, décembre 2000.

Le recensement des actes de violencea été difficile à cause « de l’insuffisancede comptabilité différenciée pour cetype d’accident, compte tenu des dif-férences de sensibilité, entre autres.D’une manière générale, celle-ci estbien supérieure au Nord qu’au Sud del’Europe. Une demi-douzaine de paysseulement, l’Autriche, le Danemark, laFinlande, la France, la Grande-Bretagneet la Suède, les enregistrent sous uncode spécifique. Mais, grâce aux travauxd’Eurostat, organisme de la Commissioneuropéenne, la situation devrait s’amé-liorer. Ce dernier « travaille actuelle-ment à l’harmonisation des codificationsdes accidents du travail en Europe, et ila introduit deux codes spécifiques pourles actes de violence. » De son côté, laconférence européenne organisée parEurogip, en novembre 2000, a permis unéchange de points de vue et d’expé-riences. Les décideurs, privés et publics,ont désormais un meilleur aperçu de lasituation. Des initiatives nationales etlocales devraient suivre… O

Source : « Violence au travail – Une Europe dis-parate », Travail & Sécurité, revue mensuelle publiée par l’Institut national de recherche et desécurité pour la prévention des accidents du tra-vail et des maladies professionnelles, no 608,juin 2001, p. 16.

Par Monique Legault Faucher

L’enquête menée par la Fondation européenne pourl’amélioration des conditions de vie et de travail de Dublin (Eurogip), en 2000, a fait parler plus de 147 millions de travailleurs.

Violence au travail

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Lu pour vous

grèves ou des manifestations politiqueséprouvaient un bien-être psychologiquequi les aidait à surmonter le stress, la douleur, l’anxiété et la dépression.Cette découverte confirme d’autresétudes démontrant que des expériencespositives et le sentiment de faire partieintégrante d’un groupe pouvaient avoirdes effets bénéfiques pour la santé.“ On pourrait tirer une leçon de cetterecherche : les gens devraient s’impli-quer davantage dans des campagnespubliques, des luttes et des mouve-ments sociaux, non seulement pour le motif plus large de susciter des changements sociaux mais égalementpour leur propre bien-être physique ”,a estimé le chercheur de l’Université du Sussex, le Dr John Drury. »

Le Monde ouvrier, journal de la Fédérationdes travailleurs et travailleuses du Québec(FTQ), no 52, mars-avril 2003, p. 9.

Agentes de sécurité« Elle sont une quinzaine d’agentes desécurité (chantiers de construction) auQuébec et Prévenir aussi a eu le plaisirde rencontrer deux d’entre elles. [ … ]Quelles sont les qualités indispensablespour être une bonne agente de sécu-rité ? Connaître la Loi sur la santé et la sécurité du travail, tenter de saisir le tempérament de l’homme, se servirde son gros bon sens et être disposée à répéter inlassablement les mêmes directives. [ … ] Faut-il attribuer à lacroissance fulgurante des mises enchantier la pénurie d’agents de sécuritéet la place qui est maintenant faite aux femmes sur les chantiers ? Fortprobablement, mais c’est aussi le débutd’un temps nouveau. Peu nombreuses,les agentes de sécurité souffrent d’iso-lement. Elles déplorent le fait de ne pas connaître d’agents de sécurité avecqui elles pourraient échanger. »

Prévenir aussi, bulletin publié par l’Associa-tion paritaire pour la santé et la sécurité dutravail du secteur de la construction, vol. 17,no 4, hiver 2002-2003, p. 2.

Jour après jour, mois aprèsmois, le souci de la préventiondes accidents du travail et desmaladies professionnelles se répand au Québec. Dans cettechronique destinée à diffuserl’information, Prévention autravail vous propose de courtsextraits d’articles et de repor-tages, aussi variés que possible,publiés par ses partenaires dans des revues, magazinesou bulletins de liaison.

Comment ça va ?« L’ASSTSAS fait connaître dans laprésente édition d’Objectif préventionles résultats de son plus récent son-dage sur l’état de santé des travailleursdu secteur. Une enquête semblable avait déjà été menée en 1997. Du son-dage 2002 “ Et la santé, comment ça va? ”, nous retiendrons principalementque la perception générale de l’état desanté semble s’être légèrement amélio-rée au cours des cinq dernières années.En effet, plus de la moitié des répon-dants (55,1%) se disent en bonne santécomparativement à 48,1 % en 1997. Les blessures musculo-squelettiques et les problèmes émotionnels sont les deux types de problèmes de santé majeurs les plus fréquemment ren-contrés. Qu’en sera-t-il dans cinq ans? La majorité des répondants (60,9 %)croient que la qualité de leur état desanté va se maintenir. Mais un répon-dant sur trois (39,1%) croit qu’il seraconfronté à un problème de santé im-portant. Fait plus inquiétant encore : un répondant sur deux pense que le fait de poursuivre le même genre detravail risque d’affecter sa santé et sasécurité ! »

Objectif prévention, revue d’information de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affairessociales, vol. 26, no 1, 2003, p. 2.

Engagez-vous !« Participer à des actions de protestationou à des manifestations peut être béné-fique pour votre santé, tant mentale quephysique, révèle une étude britannique.Des psychologues de l’Université duSussex ont découvert que les personnesimpliquées dans des campagnes, des

Au lavage !« Au chapitre de la santé et de la sécu-rité du travail, l’utilisation de lave-pièces automatiques permet d’éliminerles risques que présentent les solvantsemployés dans les bassins de lavageconventionnels : dermatose (maladies dela peau), irritation des yeux et intoxi-cation. Depuis quelques années sont apparus des lave-pièces automatiquesqui utilisent de l’eau et des savons bio-dégradables. Cette nouveauté constitueune avancée importante pour la pro-tection de l’environnement. Le principe de fonctionnement est le même qu’unlave-vaisselle puisque ces appareils uti-lisent de l’eau et un savon. À fréquencerégulière, on placera l’appareil en modeévaporation de l’eau. Une fois ce cyclecomplété, il ne restera qu’un résidusolide, plus simple et moins coûteux àéliminer que des solvants usés. »

Auto Prévention, publié par l’Associationsectorielle Services automobiles, vol. 17,no 1, mars 2003, p. 12.

Chuuuuuut !« Le projet de recherche favorisant laréduction du bruit dans les garderies est une initiative de l’IRSST. La dimi-nution du nombre d’enfants par local,le choix d’activité, des jouets moinsbruyants, l’installation de balles de tennis sous les pattes des chaises et denappes coussinées sur les tables sonttous des moyens utiles mais limités,déjà utilisés par plusieurs services degarde. Les données recueillies et les résultats seront par la suite colligésdans un guide pratique rédigé et dis-tribué par l’ASSTSAS en collaborationavec la CSST. Ce guide fournira auxcentres de la petite enfance et aux gar-deries des recommandations sur lesmoyens de réduire le bruit dans leurslocaux. »

L’INFOAQHSST, bulletin d’information del’Association québécoise pour l’hygiène, la santé et la sécurité du travail, vol. 9, no 2,avril 2003, p. 9. O

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En raccourci

Unis contre le travail des enfantsLa Fédération internationale de football (FIFA) et l’Orga-nisation internationale du travail (OIT) s’unissent dans unecampagne mondiale sans précédent contre le travail desenfants, sous la bannière « Carton rouge au travail des enfants ». Parmi les objectifs visés : éliminer le recoursau travail des enfants dans la production d’articles de sport et dans d’autres industries. Le président de la FIFA,Joseph Blatter, précise : « En nous associant à l’OIT, nouspensons trouver le moyen d’adresser un message conjointpour sensibiliser de larges secteurs de la société, dans lespays donateurs et les pays récipiendaires, sur les nuisancesdu travail des enfants et les encourager à se mobiliser pourle combattre. » O JMSource : Bureau international du travail, communiqué du 13 février 2003.

Vingt ans à s’entendre…Le 18 octobre 1982, l’Association sectorielle services automobilesvoyait le jour. Vingt ans plus tard, cette ASP, devenue Auto Prévention, a le cœur à la fête. On n’a pas tous les jours 20 ans,comme dit une vieille chanson. Lisette Lapointe, directrice géné-rale (jusqu’en juin 2003), est fière à juste titre des pas de géant accomplis en matière de prévention dans le secteur, qui compte 10 000 PME et fournit du travail à plus de 60 000 hommes etfemmes. En 1982, avant la naissance d’Auto Prévention, on dénom-brait 12 600 lésions professionnelles dans le secteur des services automobiles. En 2001, on en comptait 4 100, donc, une réductionimpressionnante. C’est ce qui s’appelle avoir de la suite dans lesidées. Dans son éditorial de décembre 2002 du magazine Auto Prévention, Mme Lapointe remerciait chaleureusement les artisansde cette réussite : les membres du conseil d’administration, lesconseillers en hygiène industrielle toujours sensibles et à l’écoutedes besoins des entreprises et, enfin, les partenaires (autres asso-ciations sectorielles, CSST, IRSST) pour leur fidélité, leur détermina-tion à faire progresser la prévention. L’année 2003 est donc pourcette ASP une année de célébration sous un thème évocateur : Ça fait 20 ans qu’on s’entend. On vous dit 365 fois bonne fête, Auto Prévention ! O MLF

Protection des travailleurs de la merDeux instruments de l’Organisation interna-tionale du travail renforceront très bientôt la protection des gens de mer. « Le Protocolede 1996 relatif à la convention no 147 sur lamarine marchande (norme minima) 1976, est le premier de ces instruments qui autorisera les pays à inspecter des navires pour cause deproblème de durée de travail en se fondant surune convention internationale. Les inspectionsrelatives à la durée du travail et aux autres questions traitées dans les annexes du proto-cole seront légales même à bord des naviresbattant pavillon d’un pays qui n’a pas ratifié la convention ou le protocole ». Le deuxièmeinstrument est la Convention no 180 sur « ladurée du travail des gens de mer et les effec-tifs des navires, qui fixe la durée maximale du travail et le nombre minimal d’heures de reposà bord des navires ». O MLFSource : magazine Travail, publié par le Département de la communication du Bureau international du travail, no 43,juin 2002.

Du concretpour contrer le harcèlementpsychologique !Vous souhaitez prévenir le harcè-lement psychologique au travail dans votre entreprise ou encoura-ger l’instauration d’une politique deprévention, mais vous ne savez paspar quel bout commencer ? Ce quevous voulez, ce sont des guides, despistes, des exemples, des ressources.Bref, des moyens concrets de pré-vention du harcèlement psycholo-gique au travail. Ne cherchez plus.Ils ont été répertoriés par le Centrede documentation de la CSST dans l’Inventaire des outils de préventiondisponibles, régulièrement mis àjour. L’information est regroupée en trois sections : les outils d’aide à l’intervention, les services de for-mation et les autres ressources. Pour orienter votre choix, on résumechaque document, on mentionne lesecteur d’activité concerné et, danscertains cas, les entreprises plus particulièrement visées. Les docu-ments et les vidéos signalés dans cet inventaire peuvent être em-pruntés gratuitement au Centre dedocumentation ou à l’audiovidéo-thèque de la CSST. Ce recensementfait partie du rapport du Comitéinterministériel sur la prévention duharcèlement psychologique et le sou-tien aux victimes. O JM

Le saviez-vous ?Les frais engagés pour des services d’interprétation auxfins de la formation d’une personne malentendante cons-tituent une dépense admissibleau sens de la Loi favorisant le développement de la main-d’œuvre. La formation des travailleuses et travailleurs ma-lentendants s’avère rentableparce que la sécurité est mieuxassurée, le travailleur bienformé est plus qualifié et doncplus productif. Enfin son inté-gration et son adhésion à l’entreprise s’en trouvent accrues. Des firmes spécialiséesdans les services d’interpré-tariat sont prêtes à vousfournir leurs services. Voicileurs coordonnées. Est duQuébec, (418) 622-1037 ;Outaouais, (819) 771-7273 ; Cantons-de-l’Est, (819) 563-4357 ;Abitibi, (819) 762-8116 ;Lanaudière, (450) 759-7966 ;Montréal et banlieue,(514) 285-8877. OSource : Emploi Québec.

Clubs de… fou rireLa première fois que les médias ont annoncé la nouvelle, il y a une quinzaine d’années, on a cru à un canular. Le rireest bon pour la santé. Pour le foie, la rate, l’estomac, lecerveau, le système immunitaire, alouette ! Au fil des ans,des psychologues et des médecins tout ce qu’il y a desérieux ont confirmé la chose et même écrit sur la question.Oui, le rire est excellent pour l’homme et sa fiancée, pourl’employeur et le travailleur…

Voilà maintenant que des praticiens prescrivent le rire àleurs clients. C’est très sérieux. Le Dr Madan Cataria, de larégion de Bombay, en Inde a, pour sa part, fondé plus de150 clubs du rire à travers le pays. Les membres se donnentun lieu de rendez-vous, de préférence le matin, en plein air,histoire de pouvoir s’éclater sans ameuter la population,faire disjoncter les voisins, ou courir le risque qu’une per-sonne bien intentionnée compose le 911.

Le Dr Cataria estime qu’il faut une vingtaine de personnespour permettre au rire de donner sa pleine mesure théra-peutique. Que se passe-t-il très exactement pendant cesséances de défoulement collectif ? On pratique le rire pourrien, mais attention ! pas n’importe comment. « Au pro-gramme, une gamme de 22 rires : sautillant, bouche fermée,bras balancés, abdominal, caqueté, guttural, etc., sans ou-blier les très contagieux gloussements qui, paraît-il, n’ontpas leur pareil pour aider à bien commencer la journée. »

Nous espérons très fort que la lecture de cette bulle a déclenché chez vous ce que l’on pourrait appeler le sourireen coin… Même les petits rires ont un effet bénéfique à nepas dédaigner. O MLFSource : En route, Air Canada, juin 2000.

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Unis contre le travail des enfantsLa Fédération internationale de football (FIFA) et l’Orga-nisation internationale du travail (OIT) s’unissent dans unecampagne mondiale sans précédent contre le travail desenfants, sous la bannière « Carton rouge au travail des enfants ». Parmi les objectifs visés : éliminer le recoursau travail des enfants dans la production d’articles de sport et dans d’autres industries. Le président de la FIFA,Joseph Blatter, précise : « En nous associant à l’OIT, nouspensons trouver le moyen d’adresser un message conjointpour sensibiliser de larges secteurs de la société, dans lespays donateurs et les pays récipiendaires, sur les nuisancesdu travail des enfants et les encourager à se mobiliser pourle combattre. » O JMSource : Bureau international du travail, communiqué du 13 février 2003.

Vingt ans à s’entendre…Le 18 octobre 1982, l’Association sectorielle services automobilesvoyait le jour. Vingt ans plus tard, cette ASP, devenue Auto Prévention, a le cœur à la fête. On n’a pas tous les jours 20 ans,comme dit une vieille chanson. Lisette Lapointe, directrice géné-rale (jusqu’en juin 2003), est fière à juste titre des pas de géant accomplis en matière de prévention dans le secteur, qui compte 10 000 PME et fournit du travail à plus de 60 000 hommes etfemmes. En 1982, avant la naissance d’Auto Prévention, on dénom-brait 12 600 lésions professionnelles dans le secteur des services automobiles. En 2001, on en comptait 4 100, donc, une réductionimpressionnante. C’est ce qui s’appelle avoir de la suite dans lesidées. Dans son éditorial de décembre 2002 du magazine Auto Prévention, Mme Lapointe remerciait chaleureusement les artisansde cette réussite : les membres du conseil d’administration, lesconseillers en hygiène industrielle toujours sensibles et à l’écoutedes besoins des entreprises et, enfin, les partenaires (autres asso-ciations sectorielles, CSST, IRSST) pour leur fidélité, leur détermina-tion à faire progresser la prévention. L’année 2003 est donc pourcette ASP une année de célébration sous un thème évocateur : Ça fait 20 ans qu’on s’entend. On vous dit 365 fois bonne fête, Auto Prévention ! O MLF

Protection des travailleurs de la merDeux instruments de l’Organisation interna-tionale du travail renforceront très bientôt la protection des gens de mer. « Le Protocolede 1996 relatif à la convention no 147 sur lamarine marchande (norme minima) 1976, est le premier de ces instruments qui autorisera les pays à inspecter des navires pour cause deproblème de durée de travail en se fondant surune convention internationale. Les inspectionsrelatives à la durée du travail et aux autres questions traitées dans les annexes du proto-cole seront légales même à bord des naviresbattant pavillon d’un pays qui n’a pas ratifié la convention ou le protocole ». Le deuxièmeinstrument est la Convention no 180 sur « ladurée du travail des gens de mer et les effec-tifs des navires, qui fixe la durée maximale du travail et le nombre minimal d’heures de reposà bord des navires ». O MLFSource : magazine Travail, publié par le Département de la communication du Bureau international du travail, no 43,juin 2002.

Du concretpour contrer le harcèlementpsychologique !Vous souhaitez prévenir le harcè-lement psychologique au travail dans votre entreprise ou encoura-ger l’instauration d’une politique deprévention, mais vous ne savez paspar quel bout commencer ? Ce quevous voulez, ce sont des guides, despistes, des exemples, des ressources.Bref, des moyens concrets de pré-vention du harcèlement psycholo-gique au travail. Ne cherchez plus.Ils ont été répertoriés par le Centrede documentation de la CSST dans l’Inventaire des outils de préventiondisponibles, régulièrement mis àjour. L’information est regroupée en trois sections : les outils d’aide à l’intervention, les services de for-mation et les autres ressources. Pour orienter votre choix, on résumechaque document, on mentionne lesecteur d’activité concerné et, danscertains cas, les entreprises plus particulièrement visées. Les docu-ments et les vidéos signalés dans cet inventaire peuvent être em-pruntés gratuitement au Centre dedocumentation ou à l’audiovidéo-thèque de la CSST. Ce recensementfait partie du rapport du Comitéinterministériel sur la prévention duharcèlement psychologique et le sou-tien aux victimes. O JM

Le saviez-vous ?Les frais engagés pour des services d’interprétation auxfins de la formation d’une personne malentendante cons-tituent une dépense admissibleau sens de la Loi favorisant le développement de la main-d’œuvre. La formation des travailleuses et travailleurs ma-lentendants s’avère rentableparce que la sécurité est mieuxassurée, le travailleur bienformé est plus qualifié et doncplus productif. Enfin son inté-gration et son adhésion à l’entreprise s’en trouvent accrues. Des firmes spécialiséesdans les services d’interpré-tariat sont prêtes à vousfournir leurs services. Voicileurs coordonnées. Est duQuébec, (418) 622-1037 ;Outaouais, (819) 771-7273 ; Cantons-de-l’Est, (819) 563-4357 ;Abitibi, (819) 762-8116 ;Lanaudière, (450) 759-7966 ;Montréal et banlieue,(514) 285-8877. OSource : Emploi Québec.

Clubs de… fou rireLa première fois que les médias ont annoncé la nouvelle, il y a une quinzaine d’années, on a cru à un canular. Le rireest bon pour la santé. Pour le foie, la rate, l’estomac, lecerveau, le système immunitaire, alouette ! Au fil des ans,des psychologues et des médecins tout ce qu’il y a desérieux ont confirmé la chose et même écrit sur la question.Oui, le rire est excellent pour l’homme et sa fiancée, pourl’employeur et le travailleur…

Voilà maintenant que des praticiens prescrivent le rire àleurs clients. C’est très sérieux. Le Dr Madan Cataria, de larégion de Bombay, en Inde a, pour sa part, fondé plus de150 clubs du rire à travers le pays. Les membres se donnentun lieu de rendez-vous, de préférence le matin, en plein air,histoire de pouvoir s’éclater sans ameuter la population,faire disjoncter les voisins, ou courir le risque qu’une per-sonne bien intentionnée compose le 911.

Le Dr Cataria estime qu’il faut une vingtaine de personnespour permettre au rire de donner sa pleine mesure théra-peutique. Que se passe-t-il très exactement pendant cesséances de défoulement collectif ? On pratique le rire pourrien, mais attention ! pas n’importe comment. « Au pro-gramme, une gamme de 22 rires : sautillant, bouche fermée,bras balancés, abdominal, caqueté, guttural, etc., sans ou-blier les très contagieux gloussements qui, paraît-il, n’ontpas leur pareil pour aider à bien commencer la journée. »

Nous espérons très fort que la lecture de cette bulle a déclenché chez vous ce que l’on pourrait appeler le sourireen coin… Même les petits rires ont un effet bénéfique à nepas dédaigner. O MLFSource : En route, Air Canada, juin 2000.

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réglementer la santé et la sécurité dutravail sur leur territoire ; les pays endéveloppement, rarement.

PT O Quels moyens l’OIT utilise-t-elle pour mener à bien sa mission ?

DG O L’OIT établit des conventionsqui précisent les normes minimales detravail à respecter à divers égards, no-tamment en ce qui concerne la libertésyndicale, le droit de négociation col-lective et l’abolition du travail forcé.Ces normes internationales sont défi-nies au cours des conférences inter-nationales du travail qui réunissentchaque année les représentants desÉtats membres. Depuis 1919, date de la formulation des premières conven-tions (durée du travail, travail de nuitpour les femmes, travail des enfants,etc.), l’OIT a élaboré 184 conventions.Les plus importantes en matière desanté et de sécurité du travail sont laConvention 155 sur la sécurité et lasanté des travailleurs et la Conven-tion 161 sur les services de santé dutravail. D’autres conventions portentsur les produits chimiques, la protec-tion contre les radiations et le cancerprofessionnel. Les conventions cons-tituent un étalon international et unmode d’emploi en vue de l’applicationpar les gouvernements des normesqu’elles contiennent. Avant d’établir ces conventions, l’OIT mène des re-cherches auprès de chacun de ses Étatsmembres afin de dresser l’inventairedes lois et des codes de pratique donton s’inspirera pour mettre au point lesconventions. L’Organisation veille en-suite à les faire ratifier par les Étatsmembres, lesquels ne sont toutefois pas

tenus de les signer. Une fois ratifiées,elles constituent une sorte de traité que les pays signataires ont l’obliga-tion de respecter. L’OIT formule éga-lement des recommandations, 194 à ce jour, à caractère non contraignant pour compléter les normes internatio-nales contenues dans les conventions.L’Organisation offre en outre une aidetechnique dans différents secteurs. Elleencourage enfin la création d’organi-sations indépendantes d’employeurs et de travailleurs et facilite leur essor par des activités de formation et desconseils. Enfin, l’OIT parraine de nom-breux projets de coopération techniqueavec des pays en développement.

PT O Quels sont les mécanismesprévus par l’OIT pour encourager laparticipation et la responsabilisationdes entreprises dans la gestion de la santé et de la sécurité du travail ?

D G O Conçues par des spécia-listes, nos conventions, nos normes et recommandations constituent des règlements types qui fournissent desrenseignements sur la façon d’intégrerau quotidien la santé et la sécurité du travail dans les entreprises. Tous ces instruments produits par l’OIT sont applicables en entreprise sans perte de productivité et mis à la dispositiondes employeurs.

PT O À votre avis, quelles sont les grandes questions d’avenir en matière de santé et de sécurité ?

DG O Le terrain vierge, aujourd’hui,est constitué par les facteurs psychoso-ciaux. L’alcool, le stress, les drogues, la

violence, le sida, le tabagisme en-traînent de la détresse et d’impor-tantes pertes de productivité. On sait,entre autres, que les travailleurs qui consomment de l’alcool ou des droguesen quantité excessive ont 3,6 fois plusd’accidents. Ces facteurs sont tout aussipréoccupants pour les pays industria-lisés que pour ceux en développement.La politique portant sur ces facteurs nedoit cependant pas viser uniquement les travailleurs, elle doit de plus cibler l’organisation du travail. Elle doit aussienvisager l’être humain dans tous lesaspects de sa vie et non s’arrêter auxportes de l’usine, comme on le faisaitautrefois. Elle doit enfin mettre davan-tage l’accent sur la prévention. J’ai personnellement vu à la mise sur pieddu programme SOLVE, programme deformation visant à donner aux cadresd’entreprises les moyens d’établir desolides mesures concernant les facteurspsychosociaux. L’équipe affectée à ceprogramme, très restreinte (à toutes finsutiles, j’en suis le seul membre officiel),a obtenu jusqu’à maintenant la col-laboration d’environ 25 universités et instituts partout dans le monde, en Asie, en Amérique du Sud, en Afriquecomme en Amérique du Nord. Heu-reusement, l’OIT possède des bureauxrégionaux partout et nous pouvonscompter, dans de nombreux pays, surdes collègues connaissant des orga-nismes et des membres du gouverne-ment prêts à collaborer à ce genre deprojet. Grâce à des dons provenant depays industrialisés, nous formons desformateurs qui étendront à leur tour la pyramide de diffusion de ce savoir-faire. En parallèle, nous entreprenonsdes démarches pour faire intégrer cesnotions aux programmes d’études uni-versitaires à l’échelle mondiale. O

Suzanne Cohen

| Prévention au travail | Été 2003 | 47

Prévention au travail O Unedéfinition de l’OIT pour commencer ?

David Gold O L’Organisation inter-nationale du travail a pour vocation depromouvoir la justice sociale et de fairerespecter les droits de la personne dansle monde du travail. Créée en 1919 aulendemain de la Première Guerre mon-diale, l’OIT travaillait à l’échelle inter-nationale bien avant que les NationsUnies voient le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En fait,elle est devenue en 1946 le premier organisme spécialisé du grand corps des Nations Unies. Unique en son genre enraison de sa structure tripartite, l’Orga-nisation est aujourd’hui constituée de175 États membres ; le Timor Orientaldevrait bientôt être le prochain pays à sejoindre à notre organisation. Chaquedélégation comprend des représentants à la fois du gouvernement, des em-ployeurs et des travailleurs.

PT O Quelle relation l’OIT entretient-elle avec le Bureau international dutravail (BIT) ?

DG O Le BIT est le secrétariat permanent de l’OIT. Il est chargéd’exécuter les décisions du conseild’administration tripartite de l’Orga-nisation. Lors du dernier décompte au 31 décembre 2001, le BIT comp-tait 2 273 employés originaires de119 pays. Un peu moins de la moi-tié, soit 1 067, travaillent au siège de l’organisation, à Genève, et le reste du personnel se répartit dans l’un denos 58 bureaux régionaux ou dans le cadre de programmes de coopéra-tion technique qui emploient près de600 spécialistes.

PT O Quels sont plus précisémentles objectifs de l’OIT et comment s’articulent-ils par rapport à la santéet à la sécurité du travail ?

DG O L’OIT poursuit quatre grandsobjectifs. Le premier est l’établissementet la promotion de normes, principesfondamentaux et droits du travail.L’Organisation vise également à favo-riser l’accès à des emplois décents.L’OIT cherche aussi à renforcer le tripartisme et le dialogue social. Elle se donne enfin pour but d’améliorer la protection sociale de tous. C’est dans le cadre de ce dernier objectif quel’OIT se préoccupe de questions desanté et de sécurité du travail.

PT O L’OIT a une mission mondialeà l’égard d’États membres présentantde grandes inégalités en matière de santé et de sécurité du travail.Comment sont définies ses prioritésd’action ?

DG O Nous travaillons principalementavec les pays en développement. Lespays industrialisés ont les moyens de

| Prévention au travail | Été 2003 |46

Perspectives

Pour l’universalisation

de conditions de travail décentes

De passage à Montréal,David Gold, qui parcourt le monde pour le compte

de l’Organisation interna-tionale du travail (OIT) à

titre de conseiller principalen matière de répercussions

des facteurs psycho-sociologiques sur la santé

et la sécurité du travail,nous a brossé un tableau

de l’œuvre gigantesqueaccomplie par l’organisme.

Ph

oto

s : Y

ve

s B

ea

uli

eu

Pour en savoir plusSite Web de l’OIT : www.ilo.org.

ILOLEX, base de données contenant, notamment, les conventions et recomman-dations de l’OIT.

NATLEX, base de données contenant plusde 55 000 références à des lois nationalesportant sur le travail, la sécurité sociale etles droits de la personne.

L’Organisation internationale du travail

L’Organisation internationale du travail

Page 47: De rêve en rêve…

réglementer la santé et la sécurité dutravail sur leur territoire ; les pays endéveloppement, rarement.

PT O Quels moyens l’OIT utilise-t-elle pour mener à bien sa mission ?

DG O L’OIT établit des conventionsqui précisent les normes minimales detravail à respecter à divers égards, no-tamment en ce qui concerne la libertésyndicale, le droit de négociation col-lective et l’abolition du travail forcé.Ces normes internationales sont défi-nies au cours des conférences inter-nationales du travail qui réunissentchaque année les représentants desÉtats membres. Depuis 1919, date de la formulation des premières conven-tions (durée du travail, travail de nuitpour les femmes, travail des enfants,etc.), l’OIT a élaboré 184 conventions.Les plus importantes en matière desanté et de sécurité du travail sont laConvention 155 sur la sécurité et lasanté des travailleurs et la Conven-tion 161 sur les services de santé dutravail. D’autres conventions portentsur les produits chimiques, la protec-tion contre les radiations et le cancerprofessionnel. Les conventions cons-tituent un étalon international et unmode d’emploi en vue de l’applicationpar les gouvernements des normesqu’elles contiennent. Avant d’établir ces conventions, l’OIT mène des re-cherches auprès de chacun de ses Étatsmembres afin de dresser l’inventairedes lois et des codes de pratique donton s’inspirera pour mettre au point lesconventions. L’Organisation veille en-suite à les faire ratifier par les Étatsmembres, lesquels ne sont toutefois pas

tenus de les signer. Une fois ratifiées,elles constituent une sorte de traité que les pays signataires ont l’obliga-tion de respecter. L’OIT formule éga-lement des recommandations, 194 à ce jour, à caractère non contraignant pour compléter les normes internatio-nales contenues dans les conventions.L’Organisation offre en outre une aidetechnique dans différents secteurs. Elleencourage enfin la création d’organi-sations indépendantes d’employeurs et de travailleurs et facilite leur essor par des activités de formation et desconseils. Enfin, l’OIT parraine de nom-breux projets de coopération techniqueavec des pays en développement.

PT O Quels sont les mécanismesprévus par l’OIT pour encourager laparticipation et la responsabilisationdes entreprises dans la gestion de la santé et de la sécurité du travail ?

D G O Conçues par des spécia-listes, nos conventions, nos normes et recommandations constituent des règlements types qui fournissent desrenseignements sur la façon d’intégrerau quotidien la santé et la sécurité du travail dans les entreprises. Tous ces instruments produits par l’OIT sont applicables en entreprise sans perte de productivité et mis à la dispositiondes employeurs.

PT O À votre avis, quelles sont les grandes questions d’avenir en matière de santé et de sécurité ?

DG O Le terrain vierge, aujourd’hui,est constitué par les facteurs psychoso-ciaux. L’alcool, le stress, les drogues, la

violence, le sida, le tabagisme en-traînent de la détresse et d’impor-tantes pertes de productivité. On sait,entre autres, que les travailleurs qui consomment de l’alcool ou des droguesen quantité excessive ont 3,6 fois plusd’accidents. Ces facteurs sont tout aussipréoccupants pour les pays industria-lisés que pour ceux en développement.La politique portant sur ces facteurs nedoit cependant pas viser uniquement les travailleurs, elle doit de plus cibler l’organisation du travail. Elle doit aussienvisager l’être humain dans tous lesaspects de sa vie et non s’arrêter auxportes de l’usine, comme on le faisaitautrefois. Elle doit enfin mettre davan-tage l’accent sur la prévention. J’ai personnellement vu à la mise sur pieddu programme SOLVE, programme deformation visant à donner aux cadresd’entreprises les moyens d’établir desolides mesures concernant les facteurspsychosociaux. L’équipe affectée à ceprogramme, très restreinte (à toutes finsutiles, j’en suis le seul membre officiel),a obtenu jusqu’à maintenant la col-laboration d’environ 25 universités et instituts partout dans le monde, en Asie, en Amérique du Sud, en Afriquecomme en Amérique du Nord. Heu-reusement, l’OIT possède des bureauxrégionaux partout et nous pouvonscompter, dans de nombreux pays, surdes collègues connaissant des orga-nismes et des membres du gouverne-ment prêts à collaborer à ce genre deprojet. Grâce à des dons provenant depays industrialisés, nous formons desformateurs qui étendront à leur tour la pyramide de diffusion de ce savoir-faire. En parallèle, nous entreprenonsdes démarches pour faire intégrer cesnotions aux programmes d’études uni-versitaires à l’échelle mondiale. O

Suzanne Cohen

| Prévention au travail | Été 2003 | 47

Prévention au travail O Unedéfinition de l’OIT pour commencer ?

David Gold O L’Organisation inter-nationale du travail a pour vocation depromouvoir la justice sociale et de fairerespecter les droits de la personne dansle monde du travail. Créée en 1919 aulendemain de la Première Guerre mon-diale, l’OIT travaillait à l’échelle inter-nationale bien avant que les NationsUnies voient le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En fait,elle est devenue en 1946 le premier organisme spécialisé du grand corps des Nations Unies. Unique en son genre enraison de sa structure tripartite, l’Orga-nisation est aujourd’hui constituée de175 États membres ; le Timor Orientaldevrait bientôt être le prochain pays à sejoindre à notre organisation. Chaquedélégation comprend des représentants à la fois du gouvernement, des em-ployeurs et des travailleurs.

PT O Quelle relation l’OIT entretient-elle avec le Bureau international dutravail (BIT) ?

DG O Le BIT est le secrétariat permanent de l’OIT. Il est chargéd’exécuter les décisions du conseild’administration tripartite de l’Orga-nisation. Lors du dernier décompte au 31 décembre 2001, le BIT comp-tait 2 273 employés originaires de119 pays. Un peu moins de la moi-tié, soit 1 067, travaillent au siège de l’organisation, à Genève, et le reste du personnel se répartit dans l’un denos 58 bureaux régionaux ou dans le cadre de programmes de coopéra-tion technique qui emploient près de600 spécialistes.

PT O Quels sont plus précisémentles objectifs de l’OIT et comment s’articulent-ils par rapport à la santéet à la sécurité du travail ?

DG O L’OIT poursuit quatre grandsobjectifs. Le premier est l’établissementet la promotion de normes, principesfondamentaux et droits du travail.L’Organisation vise également à favo-riser l’accès à des emplois décents.L’OIT cherche aussi à renforcer le tripartisme et le dialogue social. Elle se donne enfin pour but d’améliorer la protection sociale de tous. C’est dans le cadre de ce dernier objectif quel’OIT se préoccupe de questions desanté et de sécurité du travail.

PT O L’OIT a une mission mondialeà l’égard d’États membres présentantde grandes inégalités en matière de santé et de sécurité du travail.Comment sont définies ses prioritésd’action ?

DG O Nous travaillons principalementavec les pays en développement. Lespays industrialisés ont les moyens de

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Perspectives

Pour l’universalisation

de conditions de travail décentes

De passage à Montréal,David Gold, qui parcourt le monde pour le compte

de l’Organisation interna-tionale du travail (OIT) à

titre de conseiller principalen matière de répercussions

des facteurs psycho-sociologiques sur la santé

et la sécurité du travail,nous a brossé un tableau

de l’œuvre gigantesqueaccomplie par l’organisme.

Ph

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Pour en savoir plusSite Web de l’OIT : www.ilo.org.

ILOLEX, base de données contenant, notamment, les conventions et recomman-dations de l’OIT.

NATLEX, base de données contenant plusde 55 000 références à des lois nationalesportant sur le travail, la sécurité sociale etles droits de la personne.

L’Organisation internationale du travail

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