Upload
dominh
View
220
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Rapport de stage
*
LOUBRIEU ManonStage de 3ème année
LUPAJOTE05/06/2017 – 02/09/2017
2
Sommaire
LUPAJOTE : Lutte pour la paix et la joie sur terre...........................................................6
Environnement général : le Togo...............................................................................6
Un pays marqué par la disparité...................................................................6
Lomé et Togoville..........................................................................................7
Le système éducatif togolais.........................................................................8
Ecole Privée Laïque La Lumière...................................................................11
L’association : une petite structure locale...............................................................13
Analyse stratégique diagnostique...............................................................14
Analyse de la mission...................................................................................................16
Gestion de projet éducatif.......................................................................................16
Actions effectuées.......................................................................................18
Projet parrainage.....................................................................................20
La vie à l’école..........................................................................................21
Projets en cours.......................................................................................................22
Contraintes particulières.........................................................................................22
Analyse personnelle.....................................................................................................24
Phase d’analyse critique..........................................................................................24
Un cadre de travail aux contours flous........................................................24
La gestion de projet dans un pays en développement................................25
Bilan personnel........................................................................................................25
« A l’Africaine »...........................................................................................25
Etre blanc au Togo......................................................................................26
Le pouvoir de l’adaptation..........................................................................26
Impact sur mon orientation future..........................................................................27
3
Table des sigles
- LUPAJOTE : Lutte pour la Paix et la Joie sur Terre- BEPC : Brevet d’Etudes du Premier cycle- CEPD : Certificat de fin d’Etudes du Premier degré- EDIL : Ecole d’Initiative Locale- QUIBB : Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base de bien-être
4
Introduction
Actuellement étudiante au sein de l’ESCD 3A, je dois effectuer, dans la continuité de ma 3ème année, un stage d’une durée minimum de 3 mois. Ayant choisi la spécialisation « humanitaire » au cours de mon cursus, il m’a semblé tout naturel de chercher mon stage dans ce domaine.
Ayant eu l’opportunité de faire un échange dans une école au Sénégal au cours de mon premier semestre, j’ai commencé par orienter mes recherches sur ce pays. Cela ayant été peu fructueux, j’ai finalement décidé d’élargir mes recherches. C’est alors que j’ai remarqué l’offre de stage de LUPAJOTE, petite association togolaise. La mission n’était pas clairement définie mais proposait une activité de gestion de projet et rentrait totalement dans mes critères. Les raisons qui m’ont amenée à choisir ce stage sont les suivantes.
Tout d’abord je voulais avoir une première expérience dans la gestion de projet afin de gagner plus d’expérience professionnelle dans le domaine. Ensuite, je pense que je voulais voir une autre des facettes de l’Afrique. Je voulais chercher le dépaysement, expérimenter quelque chose de culturellement différent. Je n’ai pas été déçue …
C’est ainsi que je me suis retrouvée, pour une durée de 3 mois (de juin à septembre), au sein de l’association LUPAJOTE pour effectuer une mission de gestion de projet éducatif.
5
LUPAJOTE : Lutte pour la paix et la joie sur terre
Environnement général : le Togo
Un pays marqué par la disparité
Pays marqué par une histoire coloniale mouvementée (succession des allemands, des anglais puis des français), le Togo est l’un des plus petits d’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 56 785 km2. Entouré par le Ghana à l’Ouest, le Bénin à l’Est et le Burkina Faso, il possède multiples facettes. Riche de sa diversité naturelle, on y retrouve des paysages très variés : plages, nature verdoyante, paysages arides, cascades, montagnes, réserves, plaines, massifs volcaniques… Composé d’une multitude d’ethnies (près de 50) le pays possède de nombreuses cultures et traditions.1 Revers de la médaille, cette grande diversité lui vaut aussi de fortes inégalités entre les différentes zones.
Mais ce qui nous intéresse le plus ici et qui va venir jouer sur beaucoup de points, notamment l’avancée de ce stage, est la situation économique togolaise.
Autrefois surnommé « La Suisse de l’Afrique », de nombreux capitaux étrangers venaient investir au Togo. Toutefois, dans les années 70, avec la crise pétrolière, la baisse des cours internationaux des matières première et la hausse des taux d’intérêt sur les marchés extérieurs, le pays a peu à peu sombré dans les difficultés économiques. Malgré une légère relance de la croissance due à des réformes mises en place dans les années 1980, le Togo a subi d’importants troubles sociopolitiques dans les années 1990 qui n’ont pas arrangé son économie.2
Bien qu’il ait, au cours de ces dernières années, présenté des résultats solides avec un taux de croissance du PIB qui s’élève en moyenne à hauteur de 5% (soit un meilleur 1 Petit futé, Togo country guide 2017-20182 Ibid
6
1 Carte du Togo. Source : Routard.com
3 Emplacement de Togoville par rapport à Lomé. Source : Carte Michelin / 27 avril.com
niveau que certains de ses voisins africains), celui-ci s’est fortement endetté et présente en 2015-2016 un déficit budgétaire de plus de 9% du PIB. La dette publique est estimée à 77,4% du PIB, soit un des taux les plus élevés d’Afrique de l’Ouest.3
Une enquête menée en 2011, dénommée Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base de bien-être, a révélé un taux de pauvreté de 58,7%. Portant sur différents critères dans les 4 grands domaines que sont la santé, l’emploi, l’habitat et l’éducation et ayant été soumis à un grand nombre de ménages dans les cinq régions économiques du Togo, les résultats de ce questionnaire sont bien représentatifs de la situation du pays [voir annexe 1]. Ainsi l’analyse des différents indicateurs de croissance montre bien qu’il reste d’énormes progrès à faire au Togo pour se sortir de la pauvreté.4
Lomé et Togoville
Mon stage s’est organisé en deux lieux différents : Togoville et Lomé. Le premier où j’ai effectué mon travail à l’école et le second où j’ai travaillé avec le directeur de l’association sur différents points concernant directement celle-ci. A Togoville, j’étais logée dans une chambre chez un professeur du lycée qui accueillait plusieurs étudiants et à Lomé je vivais avec les autres stagiaires dans les locaux de l’association qui se sont aussi avérés être la maison du directeur et de sa famille.
J’ai pu ainsi noté une forte disparité entre ces deux lieux, s’expliquant tout d’abord par le fait que l’un est un simple village et que le second n’est autre que la capitale du
3 Banquemondiale.org, La banque mondiale au Togo, www.banquemondiale.org/fr/country/togo/overview , consulté le 20/08/174 IciLome, Pauvreté au Togo : 58,7% de la population touchée <http://www.icilome.com/nouvelles/news.asp?id=11&idnews=29311>, consulté le 20/08/2017
7
2 Drapeau Togolais. Source : Pixabay
pays. Cette différence est bien à l’image de l’écart qui existe entre les zones rurales, souvent très pauvres, et les zones urbaines. Pour se rendre à Togoville, il faut traverser le lac Togo en pirogue car le chemin est trop long et beaucoup plus cher par voie terrestre. Les allées et venues des pirogue sont assez fréquents mais cela rajoute une forme d’exclusion du village. En effet, bien que celui-ci soit à l’origine du nom du Togo (grâce à son importance historique pour le pays), Togoville reste très marginalisé. Ensuite, on note aussi un rapport avec les gens très différent : dans le village tout le monde se connait et il est plus simple de lancer des projets. Toutefois, la pauvreté étant davantage présente il n’est pas rare de voir les projets tomber à l’eau pour cause de manque d’argent.
4 Traversé du Lac Togo entre Agbodrafo et Togoville. Source : Flickr
Le système éducatif togolais5
La majeure partie de mon stage ayant eu lieu au sein d’une école, il me paraît ici intéressant d’évoquer le système éducatif togolais afin de mieux comprendre le contexte et la situation dans lesquels j’ai effectué ma mission. De plus, nous utiliserons ici surtout des données concernant l’école primaire, celle-ci étant la plus représentative de la situation.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de faire un bref rappel sur l’histoire de l’école au Togo.
5 Paragraphe et Frise chronologique réalisés à l’aide de :- Banque Mondiale, Le système éducatif Togolais : Elément d’analyse pour une revitalisation, Mai 2003,
Série Développement Humain de la Région Afrique Document de travail, p.99- DK Ewe, Les disparités du système éducatif togolais,
<http://dekaewescpobx.wixsite.com/dekaewe/education-celi> - TOGO République Togolaise, Taux de scolarisation de 83%, <www.republicoftogo.com/Toutes-les-
rubriques/Societe/Taux-de-scolarisation-de-83>- LANGE Marie-France, Inégalités de genre et éducation au Togo, Education for all global monitoring
report 2003/4- Togo Education, Histoire, <http://togo-education.com/index.php/historique>
8
1842 : 1ère école ouverte à Aného
Arrivé de marchands et de missionaires qui va renforcer le processus de scolarisationInstauration de disparités régionales entre les écoles avec enseignement en éwé et les écoles
des missionnaires
1884 - 1914 : Colonisation allemande
Naissance d'une organisation de l'école Togolaise et d'un système éducatif
1920 - 1960 : Colonisation française
Le français devient la seule langue admise à l'écoleStructuration de l’école en école de village, école rurale ou régionale
Introduction des diplômes d’État dont le CEP (Certificat d’Études primaires).
1975 : Réforme de l'éducation
Augmentation du taux de scolarisation (71% en 1980)Principes et objectifs fondamentaux : démocratisation / obligation scolaire / neutralité /
gratuité / mixité / rentabilité / revalorisation [voir annexe 2]
1983 - 1991: Programme d'ajustement structurel
Dégradation du niveau de vie et de la capacité d'intervention de l'Etat dans le domaine de l'éducation
Déscolarisation importante
2008 : Suppression des frais de scolarité en périscolaire et primaire
Remonté du taux de scolarisation (87% au primaire)
On distingue aujourd’hui différents types d’écoles : les écoles publiques créées et gérées par l’Etat, les écoles privées confessionnelles créées et gérées par une Eglise ou une communauté religieuse, les écoles privées laïques créées et gérées par une personne ou un organisme privé non confessionnel. On trouve aussi, depuis 1997, des Ecoles d’initiative locale (EDIL) se trouvant surtout en milieux rural là où l’offre scolaire classique (publique et privée) ne répond pas à la demande locale.
Dans ces dernières, on retrouve des enseignants volontaires sans réelle qualification (généralement sortant du bac). Leur rémunération est très faible car ils sont payés par les parents d’élèves ou avec le budget de l’établissement. Le système éducatif togolais emploie aussi des enseignants qualifiés d’auxiliaires, sans formation initiale eux aussi, qui seront rémunérés à 90% du salaire des fonctionnaires. Ces volontaires et auxiliaires représentent aujourd’hui environ 7/10 des professeurs du primaire. Dans l’ensemble, pour les écoles publiques, on compte 50 élèves par enseignants (la moyenne nationale étant à 53) mais on retrouve encore une fois une différence entre les écoles urbaines et rurales où le nombre peut s’élever jusqu’à 75 voire 100 élèves par professeur. Enfin, on retrouve très peu de femmes dans le corps enseignant (11,5% en 2015).
Le cursus scolaire se divise donc dans ces écoles entre le jardin d’enfant, le 1er degré en 6 ans se terminant par le CEPD), le 2nd degré (4 ans s’achevant avec le BPC), le 3ème
degrés (en 3 année d’études qui se clôturent par le baccalauréat), le technologique et professionnel et les études supérieures (généralement de 3 à 7 ans d’études).
Concernant le taux net de fréquentation scolaire, 83% d’enfants sont scolarisés dans le primaire et 51% dans le secondaire selon l’INSEED6. A l’échelle nationale, le taux net de scolarisation est toutefois beaucoup plus bas, atteignant les 41%. Toutefois ces chiffres cachent une très forte disparité interne au niveau des régions. En général, les filles ont moins accès à l’éducation que les garçons même si la différence sur le pourcentage de scolarisation reste relativement faible pour le Togo7.
Au Togo, le taux d’alphabétisation8 est estimé à 67%, soit encore environ 977.000 personnes qui ne savent ni lire ni écrire, la majeure partie étant des femmes. Bien que ce chiffre soit en amélioration constante d’années en années, il est incontournable d’éradiquer l’analphabétisme si le Togo veut pouvoir réussir à émerger d’ici 2030.9
6 Les derniers chiffres trouvés datant de 20157IciLome, Pauvreté au Togo ;: 58,7% de la population touchée <http://www.icilome.com/nouvelles/news.asp?id=11&idnews=29311>, consulté le 20/08/20178 En % des personnes agées de 15 ans et +9 PA-LUNION, Journée internationale de l’alphabétisation au Togo : Lire le passé, écrire le futur, <http://www.pa-lunion.com/Lire-le-passe-ecrire-le-futur.html>
9
En 1960, le Togo faisait partie des pays les plus scolarisés d’Afrique francophone mais la situation s’est aujourd’hui fortement dégradée. Ainsi, malgré plusieurs réformes, l’éducation togolaise a souffert du difficile contexte des finances publiques et il reste encore beaucoup à faire dans ce secteur de nos jours.
On note toujours une forte disparité socio-économique en fonction du sexe, de la zone d’habitat ou encore du revenu familial. De plus, la situation économique difficile du pays va grandement jouer sur le niveau du système éducatif alors que l’éducation devrait justement jouer un rôle dans l’élaboration d’une stratégie de réduction de la pauvreté. Le besoin d’améliorer les conditions d’enseignement en est d’autant plus renforcé. Ainsi on peut dire que malgré une évolution notable, le bilan reste négatif : le taux de redoublement et d’abandon est trop élevé, le contenu du programme scolaire n’est souvent pas acquis, il y a trop peu de moyens matériels10, les locaux sont souvent inappropriés, les classes surchargées et le niveau des professeurs est insuffisant11 par rapport au nombre d’élèves scolarisés.
Ecole Privée Laïque La Lumière
C’est dans ce contexte qu’a été créée l’Ecole Privée Laïque La Lumière où j’ai effectué une partie de mon stage. Perdue dans les champs de maïs, à une dizaine de kilomètres de Togoville, cette EDIL a été créée par le directeur pour permettre aux enfants de cette zone relativement éloignée du village de recevoir une éducation.
L’école se divise en 3 classes de cours jumelés, c’est-à-dire regroupant plusieurs niveaux. On a ainsi la classe CP1/CP2, la classe CE1/CE2 et la classe CM1/CM2. Chacun des niveaux comporte environ une vingtaine voire une trentaine d’élèves pour les plus petites classes de CP, soit une cinquantaine d’élèves par professeur. A mon arrivée, il n’y avait que deux professeurs pour les 3 classes, le 3ème enseignant étant parti suite à un manque de rémunération.
En effet, comme nous l’avons expliqué ci-dessus pour les EDIL, le salaire des professeurs dépend ici de l’écolage des parents d’élèves. Toutefois, ceux-ci étant pour la plupart très pauvres, ils n’ont pas les moyens de payer et cela va venir jouer sur le salaire des enseignants qui sont parfois payés moitié moins voire pas du tout. Ceux-là n’ont d’autre choix que de « faire avec » car ils n’ont pas les qualifications nécessaires pour enseigner dans une école publique.
10 En moyenne, seule la moitié des élèves possède un livre de lecture11 En 2008, le gouvernement togolais a intégré un millier d'instituteurs auxiliaires au sein de la fonction publique et plus de 3 000 en 2009. Parmi les enseignants du premier cycle, 26% ont un niveau inférieur au baccalauréat, 28% ont le bac, 36% la licence, et 10% la maîtrise.
10
5 Epreuve de composition des CE1. Photo prise par l'auteur
Comme on peut le voir ci-dessus, il n’y a pas de réelle infrastructure, les salles de classes sont ouvertes et se composent de simples poteaux de bois soutenant un toit de taule. Celles-ci sont trop étroites et il n’y a pas assez de bancs donc les élèves doivent parfois se serrer à 4 sur un banc destiné à l’origine à 2 élèves. De plus les élèves mais aussi les enseignants ne disposent pas de beaucoup de fournitures scolaires. Des livres de lecture et de calcul ont été distribués pour la classe de CP1 mais les autres classes doivent se débrouiller avec le vieux matériel. En cours ou même lors des examens les enfants doivent se faire circuler les stylos ou les crayons de couleur.
L’EPL La Lumière rencontre ainsi de nombreuses difficultés et tente de survivre tant bien que mal.
L’association : une petite structure locale
LUPAJOTE (Lutte pour la Paix et la Joie sur Terre) est une association humanitaire qui a comme objectif principal la promotion de la paix et de la non-violence au sein des communautés togolaises les plus défavorisées. Elle a été créée en 2010 par Nestor KAGBENU et, à cause de difficultés budgétaire, elle compte aujourd’hui son fondateur comme seul membre actif. L’association accueille toutefois chaque année des stagiaires qui participent à des missions dans leur domaine de prédilection dans un contexte humanitaire ou au sein d’entreprises togolaises.
L’association travaille surtout avec les plus jeunes pour les sensibiliser aux valeurs du respect et de la tolérance ainsi qu’avec les villages les plus démunis du pays pour les aider à se développer. Elle touche ainsi à un large panel d’actions dans différents domaines tels que la santé, l’éducation, les activités sociales, la gestion des déchets, le management de conflit, le management de projet, la communication, l’eau et l’assainissement.
11
En parallèle au côté humanitaire, LUPAJOTE propose son aide aux PME togolaises afin qu’elles puissent se développer dans les meilleures conditions et ainsi relancer ou renforcer leur économie. Elle intervient ainsi via ces stagiaires dans des domaines tels que le commerce (transport et logistique, ventes, achats, comptabilité,…), la communication et le management mais aussi de la gestion de projet.
Malheureusement, LUPAJOTE ne dispose pas de beaucoup de moyens financiers. Elle ne reçoit aucun financement extérieur et son fonctionnement repose donc uniquement sur les fonds du directeur et sur les cotisations des stagiaires [voir annexe 3]
Elle rencontre ainsi de nombreuses contraintes que nous développerons ci-dessous au travers de l’analyse stratégique de l’association et de son marché.
12
Analyse stratégique diagnostique
Forces Faiblesses Bon rapport qualité/prix Bon accueil – convivialité Confiance dans le stagiaire
o Autonomie totale et liberté d’action
o Auto-discipline Location logement capitale
Manque de financement (déficit) Pb de rentabilité : pas de bénéfices Pb de RH : manque de personnel
spécialisé Manque d’organisation Pas de délégation Pb de communication extérieure Manque de
compétences/formations Finalité et but de l’association
restent flous Incohérence des 2 activités
(humanitaire/entreprise) Manque de contenu sérieux pour
les stages
Opportunités Menaces
13
Nombreux projets à réaliser en Afrique
Demande mondiale et locale Volontaires à recruter localement « Mode » de l’humanitaire Popularité et Réputation des ONG
Grande concurrence locale/nationale des ONG
Difficultés à recevoir des aides de l’Etat
Aspect culturel et conception du travail en Afrique (manque de dynamisme, créativité, d’approfondissement…)
Côté « volontaire » Difficultés à trouver des moyens
de communication Infrastructures
défectueuses (électricité, route, réseau…) -> perte de temps
Revenu minimum très faible (manque de motivation)
Difficultés à obtenir de réelles compétences
Dépendance envers les donateurs
On peut ainsi voir ici que la majeure partie des problèmes de l’ONG viennent d’un réel manque de fonds et donc directement de la conjoncture économique du pays. Tout se paye cher : employer du personnel, faire une formation, avoir la connexion internet, avoir un site web, et même les demandes de financement représentent au final un certain coût. La concurrence est grande et les petites ONG locales telles que LUPAJOTE ne font pas le poids face aux plus grosses associations qui agissent à l’international et ont donc la chance de se voir attribuer des fonds plus facilement dans leurs pays d’origine.
Suite à cette analyse, nous avons élaboré, avec une autre stagiaire de l’association, diverses recommandations qui pourrait venir palier aux faiblesses de LUPAJOTE. Celles-ci sont les suivantes :
1. Trouver des sponsors/partenariats : grandes ONG – Etat/ambassade – Entreprises
2. Créer une association LUPAJOTE en France o Recrutement des stagiaireso Recherches de sponsorso Organisations évènements (ventes, salons, foires, …)
14
3. Faire une formation ou un stage concernant la gestion d’entreprise, l’entreprenariat
o Voir auprès des incubateurs, cours du soir à l’université
4. Recruter des personnes qualifiées + des stagiaires togolais volontaires (pas d’apport de gain mais d’expérience)
o Gestion de projet / marketing / communication / commercial / informatique
5. Avoir une personne de confiance, un conseiller avec qui partager
6. Créer des événements à Lomé (foires, salons)
7. Revoir le site web + présence sur les réseaux sociauxo Ajout de page, page d’actualités, page parrainage, virement en ligne o Mettre en avant le côté humanitaire
8. Recruter (seulement ?) des stagiaires en humanitaire pour clarifier le but de l’association
o Recruter un coordinateur de projet expérimenté pour guider les stagiaires durant leur stage (avancement, apport méthodologique, apport culturel)
9. Créer un blog annexe (activités quotidiennes de l’asso) en lien avec la page FB
10.Trouver un complément de revenuso Vente de produits des projets humanitaire (ex : savons)
11.Créer un réseau avec d’autres ONG au Togo
Analyse de la mission
Ma mission principale qui a occupé la majeure partie de mon stage s’est déroulée à Togoville ; je m’y rendais le lundi matin et rentrais le vendredi soir à Lomé pour
15
passer le week-end avec les autres stagiaires qui effectuaient chacun leur stage dans des domaine différents. La seconde partie de mon stage n’étant pas totalement achevée à l’heure où j’écris ce rapport mais surtout d’une moins grande importance, je parlerai ainsi majoritairement de ma première mission à Togoville.
Gestion de projet éducatifMa mission de gestion de projet éducatif s’est effectuée en collaboration avec l’école primaire « La Lumière » située à Togoville. Les principales tâches consistant à :
1- Assister le Directeur de l’école primaire « LA LUMIERE » dans le but de le seconder dans ses tâches pour l’avancement de l’école.
2- Participer à l’élaboration des épreuves des compositions trimestrielles.
3- Etablir un système de paiement flexible des frais scolaires pour éviter les problèmes de non paiement avant la fin de l’année scolaire.
4- Emettre des observations et constatations sur le système d’enseignement dans les différentes classes dans le but de proposer une méthode plus adéquate au profit des élèves
5- Organiser des animations socioculturelles et éducatives (jeux, chants, ateliers dessins etc.…).
6- Proposer un micro projet visant l’amélioration des conditions de vies et de travail des enfants et des enseignants de l’école primaire « LA LUMIERE ».
7- Participer à la vie quotidienne des enfants et enseignants pour se rendre compte des réalités afin de mieux défendre le projet en question.
16
8- Réaliser un programme de parrainage d’enfants au profit des élèves de l’établissement scolaire.
Cette mission à Togoville m’a tout d’abord été attribuée par le fondateur de l’association Nestor KUAGBENU, qui oriente son choix de mission en fonction des compétences et de la formation de ses stagiaires. Celui-ci devient ainsi le coordinateur de projet de ceux qui sont dans la voie humanitaire comme moi. Voulant effectuer mon stage dans le domaine de la gestion de projet, il a ainsi décidé de me donner cette mission au sein de l’EPL la Lumière, école avec laquelle il avait déjà travaillé l’année précédente dans le domaine du développement durable. Restant basé au siège, à Lomé, il m’a laissé bénéficier d’une totale autonomie sur place et je lui faisais mon rapport le week-end lorsque je rentrais en ville.
A l’école, j’étais en présence des professeurs et du directeur (ce dernier venait lorsqu’il était question de mettre en route des projets ou d’organiser des réunions). Ainsi il n’y avait pas de réelle hiérarchie sur place, j’étais le propre chef de mon projet.
Notre relation de travail s’assimilait donc plutôt à une relation d’équipe. Le directeur réfléchissait avec moi sur les différents problèmes et était le porte-parole ainsi que le lien avec les familles. Les professeurs quant à eux m’aidaient à mettre en place mes projets auprès des enfants comme j’ai aussi pu les assister dans les différentes tâches relatives à l’école.
17
6 A gauche et à droite les deux anciens professeurs et au milieu le nouveau. Photo réalisée par l’auteur
Actions effectuées
Tout d’abord, il a fallu adopter un plan stratégique destiné à l’exécution efficace de la mission. C’est ainsi que, suite à une première rencontre avec le directeur, j’ai pu faire un bilan de la situation actuelle et comprendre d’où venaient les problèmes rencontrés par l’école. J’exposerai ici la situation sous forme d’un arbre à problème pour avoir une vision plus claire et plus large.
18
Problem tree
19
Problème central
Causes
EffetsEffets
Le problème majeur étant le manque de moyens j’ai d’abord essayé, au cours de plusieurs réunions, de sensibiliser les parents à l’importance de l’éducation et donc de payer les frais scolaires. Malheureusement cela n’eut pas grand effet et j’ai donc décidé de me focaliser sur un projet qui permettrait à l’école de subvenir à ses besoins et de payer les enseignants sans pour autant dépendre de l’écolage des parents.
Projet parrainage
C’est ainsi que je me suis lancée dans le « projet parrainage ». Celui-ci consiste à trouver des parrains ou marraines (nationaux ou internationaux) aux élèves dans le but de donner une chance aux enfants de réussir leurs vies scolaires. Le concept est en soit assez simple. Le parrain remplit un bulletin de parrainage [voir annexe 4] qu’il retourne à l’ONG pour se faire « attribuer » un des enfants de l’école dont il recevra la photo et une fiche descriptive. Il devra ensuite verser une somme annuelle de 50€ qui servira à payer les frais de scolarité de l’enfant, son matériel scolaire, d’éventuels médicaments en cas de maladie ainsi que quelques vivres (sachets de riz) pour la famille. Il aura ensuite la possibilité d’avoir une correspondance avec l’enfant et
20
8 Exemple de fiche descriptive d'une des élèves
7 Réunion avec les parents d'élèves. Photo réalisée par l'auteur
recevra les informations importantes de sa vie quotidienne. Ce parrainage durera jusqu’au 18 ans de l’enfant, moment à partir duquel le parrain pourra choisir d’arrêter ou de poursuivre son parrainage avec un autre enfant.
Pendant une partie de mon temps à l’école je me suis donc occupée à sélectionner les enfants, prendre les photos et réaliser leurs fiches descriptives.
La vie à l’école
A côté de cela, j’ai pu participer à la vie quotidienne de l’école. A mon arrivée, les enfants étant en pleine semaine de composition finale [voir annexe 5], j’ai pu assister les professeurs dans leurs taches (surveillance, dictée, …). Les cours n’étant plus assurés mais les enfants devant faire acte de présence à l’école jusqu’au 4 août, j’ai réalisé avec eux quelques activités telles que l’apprentissage de jeux, de chansons, la réalisation de dessins … J’aidais aussi le directeur et les professeurs dans les tâches administratives telles que la réalisation des bulletins scolaires et du bilan des examens. A la fin de l’année scolaire, donc le 4 août, nous avons organisé une fête où nous avons distribué les bulletins.
9 Remise des bulletins. Photo réalisée par l'auteur
Ainsi, on peut dire que j’ai dans l’ensemble rempli la majeure partie des objectifs annoncés en début de stage. Malheureusement je ne peux pas pour le moment mesurer l’impact qu’aura mon activité sur l’école. En effet, il va falloir du temps avant
21
10 Les "routes" de Togoville après l'averse. Photo réalisée par l'auteur
de trouver un nombre assez élevé de parrains pour réussir à aider réellement l’école. Et, une fois rentrée en France, cette tache reviendra au directeur de l’association ou à d’éventuels futurs stagiaires.
Projets en coursAu moment même où j’écris ce rapport, mon stage n’est pas encore terminé. Ainsi il me reste quelques derniers points à finaliser.
Concernant le projet parrainage il me reste à terminer la brochure d’explication et mettre les informations sur le site web.
D’un point de vue de l’association, je dois réaliser une page Facebook au nom de celle-ci car aucune n’a été vraiment mise en place jusqu’à maintenant et l ‘association n’est pas du tout présente sur les réseaux sociaux, ce qui est pourtant primordial de nos jours. Je dois ensuite mettre à jour le site web afin d’y rajouter les informations sur le parrainage mais aussi lui redonner un petit « coup de jeune ». J’aimerai aussi, si le temps me le permet, dresser une liste des différents sponsors et partenariats que l’association pourrait essayer de démarcher.
Enfin, la semaine prochaine, je retournerai à Togoville pour participer à la formation des deux nouveaux professeurs qui enseigneront l’année prochaine au sein de l’EPL La Lumière.
Contraintes particulièresLes contraintes furent nombreuses au cours de cette mission. Tout d’abord le manque de moyens, aussi bien financiers que matériels, fut un réel frein. Je regrette de n’avoir pu monter de projets d’une plus grande ampleur, ce qui aurait pu grandement aider au bon fonctionnement de l’école. De plus, comme nous avons pu le voir ci-dessus, il est très difficile de recevoir des aides de l’Etat, et d’autant plus pour une EDIL.
Ensuite les aléas du temps sont venus mettre un frein à l’avancement de mes projets. Etant arrivée au Togo durant la saison des pluies, il a été relativement fréquent que je ne puisse me rendre à l’école à cause de l’état de la route (le trajet s’effectuant à moto sur des petits
22
sentiers de terres) mais aussi tout simplement car les enfants et les professeurs ne venaient pas à l’école dans ce cas-là.
Il était aussi souvent difficile de réunir les parents pour les réunions d’information ou de sensibilisation, nous obligeant à reprogrammer à chaque fois de semaine en semaine. En effet, ceux-ci étaient souvent occupés aux champs ou alors l’information de la réunion ne parvenait pas jusqu’à eux ce qui faisait que nos rassemblements ne s’effectuaient que très rarement en grand comité. Finalement, on se rend vite compte que les parents n’ont pas vraiment un grand intérêt pour la scolarité de leurs enfants.
Le problème s’est aussi posé avec les enfants au moment de réaliser les fiches. Le taux d’absentéisme est en effet très élevé au sein de l’école, les parents préférant envoyer leurs enfants travailler aux champs. Cela a aussi un impact sur leur scolarisation car ils peuvent manquer certains cours très importants et accumulent des lacunes.
Enfin, la dernière contrainte que j’ai pu relever est la différence de langue. Bien que les Togolais parlent pour la majeure partie le français (reconnue comme langue officielle), leur langue nationale reste toutefois l’éwé12 qu’ils préfèrent parler au quotidien. De plus, une grande partie des adultes vivant en zone rurale n’ont pas eu l’opportunité d’aller à l’école et ne maitrise donc pas notre langue. Ainsi, lors des réunions faites avec les parents, les discussions s’effectuaient en éwé et ne recevant qu’une traduction partielle d’un des professeurs il m’était difficile de comprendre toutes les subtilités de la conversation. Les enfants, quant à eux, ont souvent des difficultés à parler le français ou alors ils ont même parfois « honte ». Sans la présence d’un professeur à mes côtés, il m’était impossible d’obtenir des réponses à mes questions pour les fiches de parrainage ou de faire comprendre les règles d’un jeu. Bien que j’ai toujours réussi à me faire comprendre et que cette contrainte reste minime dans ma situation, elle peut être un réel frein dans la scolarisation des enfants. J’entends par là que, tous les examens officiels étant en français, une maitrise partielle du français va les gêner dans le bon déroulement de leurs études.
12 Pour la partie Sud du Togo. Au Nord la population parle (en plus des différents dialectes) le Kabyé.
23
Analyse personnelle
Phase d’analyse critique
Un cadre de travail aux contours flous
Bien qu’on m’ait donné, avant mon départ pour Togoville, des objectifs de mission je ne savais pas en quoi allait réellement consister mon rôle au sein de l’école. Certes je ne m’attendais pas à des conditions de travail « à l’occidentale », j’entends par là avec des objectifs, des horaires fixes, des moyens définis… J’ai toutefois été choquée par le manque de cadre rigide pour l’accomplissement de ma mission.
De plus, je n’avais pas de coordinateur de mission sur place pour vérifier l’avancement de la mission. Je n’avais de compte à rendre à personne ce qui m’a donné la triste impression que ma mission ne comptait pas vraiment aux yeux du directeur de l’association. Je me suis ainsi retrouvée livrée à moi-même en essayant d’agir par mes propres moyens sans règles et sans limites.
Quand je me rendais à l’école le matin, je ne savais jamais réellement comment allait se dérouler ma journée. Les enfants seraient-il tous présents ? Les professeurs aussi ? Pourrait-on commencer les activités le jour même ou devrait-on attendre la semaine prochaine ?
Bien que cela aura été très difficile pour moi au début, cela m’aura permis de développer ma capacité d’adaptation afin de répondre à l’incertitude quotidienne et aux paramètres aléatoires de mon stage.
La gestion de projet dans un pays en développement
Ce stage au Togo m’aura permis de me rendre compte d’un point très important dans le domaine au sein duquel je veux évoluer plus tard : il est beaucoup plus difficile de mettre en œuvre une mission de gestion de projet dans un pays en développement.
En effet, dans la majeure partie des pays du Sud, on ne retrouve pas la même rigueur que dans les pays du Nord. Cela s’explique avant tout par le fait que, dans les pays où la pauvreté est d’avantage présente, la valeur accordée aux choses, aux actions n’est pas du tout la même que chez nous. La différence de mœurs est ainsi réellement saisissante. Les contextes social, politique, économique, culturel et administratif ont eux aussi un rôle à jouer dans ce fossé qui existe entre le Nord et le Sud.
24
Au Togo, alors que le processus démocratique est censé être acquis depuis un certain temps déjà, on se rend vite compte que, sur le terrain, la réalité est bien différente ce qui va limiter la mise en place de nouvelles initiatives. Celles-ci resteront toujours fortement encadrées par le gouvernement qui va même parfois leur mettre des « bâtons dans les roues ». Ainsi, les actions d’aide au développement se voient accorder une marge de manœuvre et seront tolérées tant qu’elles ne viendront pas perturber l’exercice de l’Etat.
De plus, on fait vite face à un certain manque d’organisation et de structuration dans la gestion de projet. J’ai pu remarquer que ce manque de rigueur, visible à tous les niveaux d’organisation, apparait sous différentes formes :
Des lenteurs au niveau de l’administration qui vont ralentir l’efficacité des projets de développement
Le statut et le rôle des différents acteurs impliqués qui reste flou Le manque d’anticipation L’absence de deadline et de cadre concret
Toutefois, il me semble important de préciser que cette vision est personnelle, s’appliquant surtout à la structure au sein de laquelle j’ai pu évoluer, et ne concerne ainsi surement pas toute les structures présentes au Togo.
Bilan personnel
« A l’Africaine »
Bien qu’ayant déjà vécue 3 mois en Afrique avant ce stage et connaissant bien la façon d’être « A l’africaine ! », je n’avais jamais été confrontée à cette situation dans un cadre de travail. Il m’a été au début assez difficile de m’adapter : les réunions qui commencent avec une heure de retard, les choses qui ne sont pas dites, les « on espère » mais on n’agit pas. La mentalité est très différente et cela peut être assez fatiguant au début lorsque l’on n’est pas habitué. Par exemple, un Togolais dira très rarement non lorsqu’on lui demande quelque chose mais il ne fera pas pour autant. A l’école, lorsque j’essayais d’expliquer une chanson ou un jeu aux enfants, je leur demandais fréquemment s’ils avaient compris. J’avais tout le temps droit à un cœur de « Oui ! » alors qu’en réalité je me rendais vite compte que personne n’avait rien compris.
25
Etre blanc au Togo
J’avais déjà remarqué que dans beaucoup de pays d’Afrique, peu importe la langue, il y a toujours « le blanc ». Au Sénégal, c’était « Toubab », au Togo « Yovo ».
Au Togo, cette différence entre blanc et noir est extrêmement marquée et m’a particulièrement surprise. Pour eux le blanc est riche (ou du moins a beaucoup d’argent), ainsi il n’est pas anormal de se voir donner le double du prix d’un trajet en moto, d’un objet, etc. Dès tout petit les enfants apprennent à dire « Yovo, yovo bonsoir » ou encore « Donne-moi l’argent » avant même d’apprendre à parler le français. Quand cela vient d’un enfant, cela a encore un côté un peu attendrissant, mais quand un adulte emploi les termes de « Yovo » ou même « Le blanc » pour t’appeler, cela a souvent un côté moqueur ou intéressé.
Certes, il existe une énorme différence entre le salaire d’un blanc et celui d’un Togolais mais le fait de marquer cette différence à chaque fois érige une sorte de barrière entre les blancs et les noirs. On n’a pas l’impression d’évoluer d’égal à égal et cela m’a souvent attristée.
Le pouvoir de l’adaptation
Toutefois, lorsque l’on arrive à dépasser tout cela, le Togo est un pays très accueillant. Au final, tout est une question d’adaptation. Il faut soit même adopter la culture togolaise, leurs habitudes voire leur langue.
Par exemple, à Togoville, petit village ou tout le monde se connait, il est courant de se faire appeler par son prénom Togolais attribué selon le jour de la semaine où la personne est née. Mon nom à moi est « Afi », car je suis née un vendredi. Ainsi, lorsque je me rendais sur le grand marché du village le mercredi, il était courant que les vendeuses cherchent à savoir ce prénom. Toutefois, elles prenaient d’abord plaisir à me tester en me faisant dire les salutations togolaises13. Si je réussissais, elle rigolait et acceptait de m’appeler Afi. J’ai ainsi appris quelques mot d’Ewe, je me suis adaptée aux horaires togolais, j’ai commencé à m’habiller avec des vêtements locaux, etc…
C’est ainsi que pour Togoville, je suis devenue « Afi » et j’ai petit à petit perdu ma place de Yovo. Un jour même, alors que je venais de me faire tresser les cheveux à l’Africaine, j’ai eu le droit à un
13 Au Togo, les salutations sont très importantes même si, en soit, cela est juste une forme de politesse et les réponses sont toujours les mêmes.
26
« bonsoir ma sœur » d’un inconnu croisé dans la rue. L’étranger devient ainsi en quelque sorte un membre de la famille, on appelle les femme « Tata », tout le monde est frère ou sœur…
Dès lors, lorsque j’entendais les gens qui me disaient « Bonne arrivée » lorsque je revenais à Togoville le lundi, je savais que j’étais la bienvenue ici et que j’avais trouvé ma place dans ce village.
Impact sur mon orientation futureBien que je ne pense pas avoir appris énormément sur le point de vue technique durant ce stage, j’ai pu confirmer mon choix d’orientation professionnelle durant ces trois mois au Togo.
J’aime l’Afrique et sa culture totalement différente, et j’aimerai bien par la suite effectuer des missions de développement sur ce continent. Toutefois, je ne suis pas encore prête à y travailler sur le long terme. Je pense ainsi m’orienter, au moins pour le début de ma carrière, non pas vers des petites structures locales telles que LUPAJOTE, mais vers de plus grosses ONG présentes à l’internationale.
Ce stage a aussi confirmé mon intérêt pour la gestion de projet. Toutefois, j’aimerai par la suite expérimenter d’autres domaines de l’humanitaire afin de me rendre compte de ce qui me correspond le mieux.
Conclusion
Même si ce stage ne m’aura pas apporté les connaissances techniques que j’espérais, j’aurai une fois de plus, beaucoup appris sur le côté humain. Les conditions auront au début été difficiles mais cela m’aura permis d’apprendre à m’adapter. Ce stage aura été une expérience très enrichissante car il m’aura permis de faire face et de travailler en étant confrontée aux réalités complexes des pays en développement. Le seul regret que je pourrais formuler concerne le caractère éphémère de mon action et je me pose des questions sur l’impact qu’elle aura dans le futur.
Je me suis rendue compte, durant mes 3 années au sein de l’ESCD 3A où j’ai effectué mes 3 stages à l’étranger, que la dimension interculturelle est primordiale dans notre monde actuel. En effet, de nos jours, tout est lié comme si une toile d’araignée géante était tissée au-dessus de nos têtes. Nous ne pouvons plus aujourd’hui rester dans notre bulle sans capter des signaux qui viennent de tous les côtés de cette toile.
27
11 Dessin réalisé par la petite vendeuse de haricot. Photo réalisée par l'auteur
Sauf que pour les comprendre il faut apprendre à vivre autrement, à découvrir d’autres cultures. Beaucoup de conflits sont d’ailleurs nés d’incompréhension et de différents culturels.
J’ai lu récemment dans un livre une phrase qui illustre plus ou moins mes propos. « Trois heures ! Au XIIème siècle, il fallait trois jours pour traverser la Manche en bateau. Trois jours pour faire Paris-Avignon à bride abattue sans s’arrêter […] sinon il fallait compter 10 jours. Tout va si vite aujourd’hui »14. L’idée est ici apportée via la notion du temps mais si on regarde sous un autre angle on retrouve cette idée de connexion dont je parle, le tissage est renforcé par ce monde qui va de plus en plus vite, par les tunnels sous la Manche, par les TGV, les avions…
On m’a appris un jour un proverbe congolais qui est le suivant : « L’intelligence est un fruit que l’on ramasse dans le jardin de son voisin. ». Je n’écris pas ici une simple conclusion pour ce rapport de stage mais aussi pour mes stages précédents, pour ma scolarité durant ces 3 ans à 3A. Je terminerai ainsi sur ce proverbe qui nous explique tout simplement que, pour se développer soi-même, il est indispensable d’aller chez son voisin, de traverser la toile et de chercher à le comprendre.
14 Katherine Pancol, La valse lente des tortues, 2009
28
Annexe 1 : Résultats du QUIBB réalisé par la Direction générale de la statistique et de la comptabilité nationale
29
Annexe 2 : Principes et objectifs de l’école togolaise
30
(suite annexe 2)
31
Annexe 3 : Participation financière des stagiaires
32
Annexe 4 : Bulletin de parrainage LUPAJOTE
33
Annexe 5 : Planning et exemple de sujets de la composition des primaires
34