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Journées de l’Association Française de Science Economique « Economie : aide à la décision publique » UniversitØ de Rennes 1, 18-19 mai 2004 Décision publique et recherche procédurale : illustration d’une démarche multicritère à la localisation participative d’un parc éolien en région corse Pascal OBERTI, Université de Corse, IE-IDIM-CAPPEDDEM Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, C3ED, UMR IRD-UVSQ N°063 RØsumØ : De nos jours, face aux impØratifs de gouvernance, laide la dØcision publique se doit dintØgrer rØellement la demande sociale de participation aux dØcisions de projets et politiques concernant la collectivitØ. Face cette nØcessitØ de gouvernance participative, particuliLrement ancrØe lØchelon local, lØconomiste moderne peut trouver, proposer et mettre en uvre une recherche procØdurale opØratoire et rigoureuse basØe sur laide multicritLre la dØcision participative (Froger, Oberti, 2002a et b). Nous prØsenterons le cadre analytique de cette dØmarche et lillustrerons la localisation participative de parcs Øoliens ; Øtude pilote commanditØe par le Conseil EnergØtique de Corse pour guider les choix rØgionaux et les rendre plus acceptables aux yeux des acteurs sociaux locaux. Mots clØs : DØcision participative, dØcision locale, choix ØnergØtiques, recherche procØdurale, acceptabilitØ sociale, modØlisation multicritLre, analyse multi-acteurs. Summary : Nowadays, public decision aiding has to integrate the new imperatives of governance; notably the social demand of participation in decisions of projects and policies. In front of this necessity of participative governance, particularly anchored at local level, modern economist can find, propose and operate a rigorous procedural research based on multicriteria aiding for participative decision (Froger, Oberti, 2002a and b). We shall present the analytical frame of this approach and shall illustrate it about participative localization of a windy park; experimental study ordered by the Energy Council of Corsica to guide regional choices and make them more acceptable by the local social actors. Keywords : Participative decision, local decision, energy choices, procedural research, social acceptability, multicriteria modeling, multi-actor’s analysis.

décision publique et approche participative

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Journées de l’Association Française de Science Economique

« Economie : aide à la décision publique »

Université de Rennes 1, 18-19 mai 2004

Décision publique et recherche procédurale : illustrationd’une démarche multicritère à la localisation participative

d’un parc éolien en région corse

Pascal OBERTI,Université de Corse, IE-IDIM-CAPPEDDEM

Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, C3ED, UMR IRD-UVSQ N°063

Résumé :

De nos jours, face aux impératifs de gouvernance, l�aide à la décision publique se doitd�intégrer réellement la demande sociale de participation aux décisions de projets etpolitiques concernant la collectivité. Face à cette nécessité de gouvernance participative,particulièrement ancrée à l�échelon local, l�économiste moderne peut trouver, proposer etmettre en �uvre une recherche procédurale opératoire et rigoureuse basée sur l�aidemulticritère à la décision participative (Froger, Oberti, 2002a et b). Nous présenterons lecadre analytique de cette démarche et l�illustrerons à la localisation participative de parcséoliens ; étude pilote commanditée par le Conseil Energétique de Corse pour guider leschoix régionaux et les rendre plus acceptables aux yeux des acteurs sociaux locaux.

Mots clés : Décision participative, décision locale, choix énergétiques, rechercheprocédurale, acceptabilité sociale, modélisation multicritère, analyse multi-acteurs.

Summary :

Nowadays, public decision aiding has to integrate the new imperatives of governance;notably the social demand of participation in decisions of projects and policies. In front ofthis necessity of participative governance, particularly anchored at local level, moderneconomist can find, propose and operate a rigorous procedural research based onmulticriteria aiding for participative decision (Froger, Oberti, 2002a and b). We shallpresent the analytical frame of this approach and shall illustrate it about participativelocalization of a windy park; experimental study ordered by the Energy Council of Corsicato guide regional choices and make them more acceptable by the local social actors.

Keywords : Participative decision, local decision, energy choices, procedural research,social acceptability, multicriteria modeling, multi-actor's analysis.

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1 INTRODUCTION

Cet article traitera de l�aide à la décision publique, sur la base de considérationsméthodologiques inhérentes à l�analyse multicritère utilisée dans un contexte participatif.Trois temps étayeront notre propos.

Tout d�abord sera présenté, de façon générale, le cadre analytique qui sous-tend ladémarche ; notamment : - l�objet de cette science carrefour - les grandes problématiquesdécisionnelles qu�elle étudie - les principales modélisations proposées - sa quête desolutions de compromis, à savoir de décisions satisfaisantes plutôt qu�optimales - lareconnaissance du contexte multi-acteurs dans les problèmes décisionnels ou évaluatifs - lepositionnement d�économistes positivistes et la perception parfois confuse de l�outil .

Dans un second temps, nous présenterons la trame de l�étude pilote actuellement menée enCorse, sur la localisation participative d�un parc éolien. Une telle recherche procéduralesera présentée selon un processus non linéaire en étapes. Au sein de ce dernier, noussoulignerons comment, et en quoi, chaque acteur privé ou public participe à l�élaborationprogressive de recommandations finales portant sur les projets et politiques.

Finalement, sera posée la question de l�ouverture des sciences économiques, vis-à-visd�autres disciplines concourant à étudier l�aide à la décision.

2 L’ESPRIT GÉNÉRAL DU CADRE ANALYTIQUE DE L’ANALYSEMULTICRITÈRE

L�Aide multicritère à la décision (AMCD) constitue de nos jours une discipline à partentière, branche reconnue de la recherche opérationnelle moderne, ainsi qu�un courant depensée européen1. Elle naquit il y a une trentaine d�année, suite aux travaux de Roy(1968a), présentant la première méthode multicritère ELECTRE ainsi qu�un article dontl�intitulé était annonciateur : « Il faut désoptimiser la recherche opérationnelle » (Roy,1968b). L�AMCD ne prétend pas être une science de la décision, mais se veut être unescience d’aide à la décision (Roy, 1992). Elle se définie comme l’activité de l’hommed’étude (HE) visant à éclairer la décision par une recommandation formulée auprès desdécideurs; mais aussi à améliorer la cohérence entre l’évolution du processus décisionnel,les objectifs et le système de valeurs des acteurs qui s’y insèrent. La notion derecommandation conserve l�entière liberté de choix aux décideurs, la décision finale leurappartenant.

Depuis ses origines, l�AMCD s�est développée au carrefour de plusieurs disciplines(mathématique, gestion, économie, écologie, sociologie, informatique, etc.) et uneméthodologie multicritère a été édifiée (Roy, 1985) pour faciliter sa mise en �uvre par unou plusieurs homme d�étude (HE) selon la complexité du problème décisionnel ou évaluatifà traiter. Cette méthodologie offre diverses possibilités de structuration d�un processusdécisionnel en niveaux (Roy, Bouyssou, 1993, pp. 24-25), suscitant de nombreusesinterrogations que l�HE doit considérer pour mettre en place une démarche rigoureuse. Ellepropose une typologie sur les résultats recherchés, à savoir les quatre problématiques2 deréférences suivantes (Roy, 1985, p.74).

1 un groupe de travail européen (http://www.inescc.pt/~ewgmcda), totalisant près de 400 chercheurs situés aux

quatre coins du monde, se réunit de façon ordinaire tous les semestres.

2 La problématique est la « façon dont l’aide à la décision est envisagée, autrement dit manière de formuler unproblème en vue d’aboutir à des résultats jugés appropriés pour éclairer la décision » (Roy, 2000a, pp. 5-6).

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Tableau 1 - Problématiques de référence

Problématiques Objectifs Résultats Procédures

α

Choix d�un sous-ensemble aussi restreintque possible, comportant les« meilleurs » actions ou, à défaut, desactions « satisfaisantes ».

Choix Sélection

β Tri par affectation des actions à descatégories prédéfinies. Tri Affectation

γ Rangement total ou partiel de classesd�équivalence composés d�actions. Rangement Classement

δ Description, dans un langage approprié,des actions et de leurs conséquences. Description Cognition

Pour chacune d�entre elles, plusieurs modélisations multicritères sontdisponibles, appartenant à la famille des méthodes ELECTRE (ELimination Et ChoixTraduisant la RÉalité)3, des méthodes PROMETHEE (Preference Ranking OrganizationMETHod for Enrichment Evaluations) et GAIA (Geometrical Analysis for InteractiveAssistance)4, des méthodes Satisfaction-Regret5, NAIADE (Novel Approach to ImpreciseAssessment and Decision Environments)6, UTA PLUS (UTilité Additive)7 ou encoreOMEGA8. L�informatisation de certains desdits modèles multicritères, de même qued�autres outils annexes (pondération des critères, codage numérique d�échelles verbales,etc.), permettent d�alléger l�ouvrage de l�HE, mais aussi, grâce à l�accroissement dupotentiel de calcul, de mieux tenir compte des avis propres à chaque acteur du processusdécisionnel (analyse multi-acteurs) sans procéder à leur synthèse systématique.

Par ailleurs, comme nous l�avons évoqué au tout début de ce point, l’AMCD rejette leparadigme de la décision optimale (Roy, 2000b). Même si certaines modélisationsmulticritères mettre en �uvre des procédés d�optimisation sous contraintes, bien que laplupart de ces premières visent à construire des relations de surclassement nonoptimisantes ; la quête de l�optimum n�est pas une finalité.

Contrairement au calcul économique des choix et à la recherche opérationnelle classique,les modélisations multicritères permettent de proposer des recommandations basées sur larecherche de solutions de compromis9, satisfaisantes plutôt qu’optimales. En matière deDD par exemple, les décisions optimales sont l�exception et non la règle. Certainesperformances environnementales se font au détriment des performances économiques, cequi illustre une situation conflictuelle entre les critères. Aussi, les parties prenantes duprocessus décisionnel, tout comme les agis qui perçoivent les conséquences des décisionssans avoir d�emprise directe sur celles-ci, sont rarement satisfaites de façon unanime par leschoix finalement arrêtés. Par ailleurs, l�information disponible s�avère souvent limitée, ce

3 ELECTRE I (Roy, 1968a), ELECTRE II (Roy, Bertier, 1971, 1973), ELECTRE III (Roy, 1978), ELECTRE IV

(Roy, Hugonnard, 1982) (Roy, Bouyssou, 1993), ELECTRE IS (Roy, Skalka, 1985), ELECTRE TRI (Roy,Bouyssou, 1991) (Yu, 1992a et b). Ces méthodes sont reprises par Maystre et al. (1994).

4 (Brans, Mareschal, 2002) (Kunsch et al., 1999).

5 (Oberti, 2001a, 1998) (Oberti, André, 2002) (Oberti, Oberti, 2001).

6 (Munda, 1995) (Froger, Munda, 1998).

7 (Jacquet-Lagrèze, Siskos, 1982) (Siskos, Yannacopoulos, 1983) (Slowinski, 1991).

8 (Oberti, 2002).

9 eu égard à la multiplicité des avis d�acteurs et les multiples critères de choix à appréhender, en situations souventconflictuelles, mais aussi compte tenu des limites informationnelles.

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qui vient restreindre le champs des options envisageables pour répondre au problèmeétudié, tout comme la fiabilité des évaluations qui sont entachées d�imprécision,d�incertitude, d�indétermination.

Aussi, l�AMCD permet la considération de critères économiques et non-économiques,hétérogènes et multiples voire qualitatifs, facilitant la mise en �uvre d�une approcheparticipative, concertative. Elle évite de monétariser les évaluations pour tout ramener à laseule échelle économique, langage des uniques initiés du domaine. Plus largement, diversesunités d�expressions rattachées aux critères sont alors permises, respectant ainsi le moded�expression de chacun des acteurs du processus de décision. Il découle alors lareconnaissance du contexte multi-acteurs et la volonté de mener une démarche departicipation-concertation, laissant s�exprimer les systèmes de valeurs propres à chacun.Dès lors, les parties prenantes du processus de décision pourront participer à la formulationde la politique de DD. Ils interviendront, tout comme les experts du domaine étudié. Cetaspect est fondamental pour retenir les signaux faibles (Faucheux, O�Connor, 2000),portant les risques de non acceptation sociale d�une politique publique.

L�AMCD propose des modélisations revêtant une logique non-compensatoire oufaiblement compensatoire, propriété importante en matière de DD. En effet, les critèreséconomique, environnementaux et sociaux, pour ne citer que ces catégories, ne doivent êtretotalement substitués les uns aux autres, ou se compenser mutuellement sans limitationaucune. Ils ont tous un rôle à jouer, voire un veto à imposer, dans la prise de décision. Lesprocédures d�agrégation multicritère offre cette possibilité.

La légitimation d�une analyse des projets et politiques fondée sur l�AMCD n�est pas qued�ordre intellectuel. De nombreux travaux appliqués ont déjà fait leurs preuves enmatière de DD. Divers ouvrages, documents et articles de références sont à souligner.Parmi ceux où figurent des économistes, on citera : (Beinat, Nijkamp, 1998) (De MarchiB. et al., 2000) (Faucheux, Froger, Munda, 1998) (Faucheux, Nicolaï, 2001) (Faucheux,Noël, 1995) (Faucheux, O�Connor, 1998) (Froger, 1998) (Froger, Munda, 1998) (Froger,Oberti, 2002a et b) (Munda, 1995, 2003) (Munda et al., 1994) (Oberti, 1998, 2001, 2002,2003) (Oberti, André, 2002) (Oberti, Faucheux 2001) (Oberti, Froger, 2003) (Oberti S.,Oberti P., 2001) (Oberti, Rombaldi, 2003) (O�Connor, 2000) (O�Connor, Amorsi, 2002).D�autres contributions sont à noter : (Chevallier, 1999) (Greco et al., 1999) (Joliveau,Molines, Caquard, 2000) (Kunsch et al., 1999) (Maystre, Bollinger, 1999) (Maystre et al.1994) (Molines, 2003) (Pictet, 1999) (Rousseau, Martel, 1996).

Finalement, il est important de constater que la référence au cadre analytique del�AMCD est souvent confuse chez les économistes ; en raison de sa diffusion encorerelativement faible au sein de la discipline. Deux précisions méritent dès lors d�êtresouligner.

L’AMCD se distingue de l’analyse des données fondée sur la statistiquemultidimensionnelle. En effet, la notion de critère désire tenir compte, le plus fidèlementpossible, des attentes et préoccupations formulées (objectifs, conséquences et effets, etc.)par les décideurs et autres acteurs du processus. En revanche, le concept de dimensionutilisé en analyse statistique des données est d�ordre théorique : il se rattache à celled�espace vectoriel, emprunté à l�algèbre, et nécessite la combinaison linéaire de vecteurs.L�AMCD ne se fonde pas sur de tels principes, considérant que l�agrégation additive (totaleet transitive) et l�optimisation systématiques ne sont pas réalistes pour étudier les décisionsconcrètes. Dès lors, l�analyse en composantes principales et l�analyse factorielle descorrespondances, notamment, ne relèvent pas de l�AMCD. Celle-ci dispose des méthodestout aussi rigoureuses qui lui sont spécifiques, ayant donc d�autres finalités ; comme nousl�avons déjà souligné plus haut.

Ensuite, l’AMCD se distingue de la décision multicritère. En effet, les cas concrets dedécision montrent que celle-ci est par essence multicritère. C�est le cas en matière de DD,où les critères économiques, environnementaux et éthiques, pour ne parler que d�eux,président logiquement à la prise de décision. Dans ce contexte, dire que la décision estmulticritère est presque un pléonasme. En revanche, l�aide apportée par un HE« classique » est généralement unicritère : noyer les coûts et les avantages monétaires, dans

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un rapport ou un bilan par exemple, relève d�une procédure agrégation totale et transitive.Les choix opérés par un tel paradigme se feront selon l�unique critère synthétique durapport coût-avantage, ou du bilan social net, laissant libre cours à la compensation entreles pertes et les gains. Autrement-dit, il ne s’agit pas seulement de considérer plusieurscritères, c’est aussi la manière de les agréger qui importe. L�AMCD met en �uvre desprocédures d�agrégation multicritère qui sont partielles, généralement fondées sur laconstruction de relations de surclassement ; laissant place aux conflits inter-critères, à lanon compensation ou la faible compensation entre ces derniers, et même au veto imposépar un critère pris isolément parmi les autres quel que soit son poids.

Sur la base d�un tel cadre analytique offert par l�AMCD, présentons comment nousmettons en �uvre actuellement, en région corse, une recherche procédurale visant à éclairerles décideurs locaux sur leurs choix énergétiques dans un contexte participatif.

3 L’AIDE MULTICRITÈRE À LA DÉCISION PARTICIPATIVE : UNERECHERCHE PROCÉDURALE ORIGINALE POUR LA GOUVERANCELOCALE

3.1 Précisions terminologiques préalables

Il s�agit tout d�abord d�opérer un distinguo entre l�AMCD et l�aide multicritère à ladécision participative (AMCDP) (Froger, Oberti, 2002a et b), prend source dans la manièrede conduire une telle activité scientifique de conseil. Bien que les fondementsméthodologiques soient identiques (Roy, 1985) et que la décision finale incombe au(x)seul(s) décideur(s) officiels, l’outil peut servir la gouvernance d’autorité10 (Froger,2001) ou la gouvernance participative, selon la recherche procédurale menée parl’HE.

Dans ce premier cas de figure, l�activité d�aide à la décision est entendue ici dans sonacception classique : - les multiples critères retenus pour guider la prise de décisiontraduisent exclusivement les préoccupations du ou des décideurs demandant un éclairagesur le problème soulevé - les paramètres économiques, tels les poids relatifs des critères,reflètent les seuls priorités du / des décideurs - l�évaluation des réponses potentielles auproblème sur chacun des critères est menée par une expertise technico-scientifique diteindépendante ou réalisée en interne. Autrement-dit, même si l�AMCD offre un cadreanalytique permettant de faire intervenir les acteurs socio-économiques privés, au mêmetitre que les acteurs publics et experts dans le processus d�aide à la décision ; l�HEorchestrant ce dernier peut cependant lui conférer un caractère non participatif et ne pascontribuer à ouvrir la recherche procédurale à la société civile locale.

En revanche, lorsque nous employons le concept d�AMCDP, nous nous référons à unevolonté de sortir du tandem décideur(s)-expert(s) pour y introduire une place aux acteurssocio-économiques privés, donc à d�autres systèmes de valeurs. Autrement dit, au seind�une AMCDP : - la famille des critères retenue vise à traduire des préoccupations variéeset communes entre plusieurs acteurs publics ou non - les jeux de paramètreséconomiques (poids des critères, seuils de discrimination sur les critères) sont propres àchacun de ces acteurs - l’évaluation citoyenne des options sur chaque critère se mêle àl’évaluation experte. Une telle conception de l�activité d�aide à la décision s�avère, selonnous, plus en phase avec l�optique d�une gouvernance participative.

Ces précisions terminologiques étant apportées, il est à présent loisible de présenter larecherche procédurale proprement-dite qui sera illustrée au choix énergétiques en régioncorse.

10 ancien modèle de décision des politiques et projets publics, également qualifié de « régime de la planification »

(Fourniau, 1997), ou de « modèle de l�instruction publique » (Callon, 1998).

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3.2 Considérations méthodologiques et illustration à la localisationd’éoliennes

Les considérations méthodologiques présentées ici constituent la trame principale d�uneétude pilote en cours de réalisation, et dont l�objet est de proposer au Conseil Energétiquede Corse une méthode d�aide à la décision en vue, d�une part, d�éclairer ses choix de projetsd�implantation de parcs éoliens11, et d�autre part, d�accroître leur acceptabilité sociale(Oberti, 2003, 2004). Si le cas d�étude exposé n�est autre qu�une simulation étayant notrepropos, soulignons qu�une telle recherche procédurale a déjà fait ses preuves dans cetterégion par diverses applications à grandeur réelle (Oberti, 2001, 2002) (Oberti , Andre,2002) (Oberti, Froger, 2003).

En matière d�AMCD, « … le concept de décision est difficilement séparable de celui deprocessus de décision dans la mesure où c’est l’ensemble des temps forts dans ledéroulement de ce processus qui détermine la décision globale. » (Roy et Bouyssou, 1993,p. 20). Plus particulièrement, la structure générale du processus décisionnel participatifque nous proposons comporte dix étapes principales12 :

• Phase I : Clarification de la situation et du problème d�étude

• Phase II : Constitution d�un groupe de travail

• Phase III : Explicitation des actions

• Phase IV : Révélation des critères d�évaluation

• Phase V : Evaluation des actions sur chaque critère

• Phase VI : Importance relative des critères

• Phase VII : Choix des méthodes multicritères appropriées au problème d�étude

• Phase VIII : Obtention des paramètres liés aux méthodes multicritères retenues

• Phase IX : Application des méthodes multicritères retenues

• Phase X : Validation des conclusions scientifiques par les acteurs etrecommandations finales.

Un tel processus d�AMCDP ne se réduit donc pas aux seules recommandations finalesdestinées aux décideurs/acteurs (Phase X), ni à élaborer des modélisations multicritèrespour déterminer ces premières. Par ailleurs, la présentation successive en phases d�étudevise à structurer la démarche et à la rendre transparente. La mise en �uvre du processus nesuit pas nécessairement une séquence linéaire de I à X : le contenu de certaines phases peutse redéfinir même si l�étude est à un stade plus avancé13. Notons aussi que, selon lesproblèmes décisionnels à étudier, une partie du processus peut être renseignée grâce autravail déjà effectué sous l�initiative d�acteurs socioéconomiques (Phases I à III en général).Cependant, une rétroaction sur ces étapes sera nécessaire, afin de revenir sur des basesméthodologiques communes, de satisfaire à leurs objectifs et d�apporter les éventuels

11 l�article 29 de la loi n°2002-92 du 22 janvier 2002 implique la consultation de l�Assemblée de Corse

préalablement à tout projet d�implantation d�un ouvrage de production utilisant les ressources énergétiqueslocales.

12 Un tel processus est dit « déca phasé ».

13 Telle la constitution d�un collège d�évaluateurs, réellement concrétisée après avoir exprimé les objectifs etcritères (phase IV). De même cette dernière est liée à la phase III : l�apparition de nouvelles actions, affichantdes particularismes inattendus, peut remettre en question la formulation des critères. Ces possibilités derétroaction laissent le dialogue ouvert le plus longtemps possible afin de mieux tenir compte de l�avis desacteurs du processus ; elles facilitent l�acceptation progressive et le partage de la méthodologie. Cettesouplesse n�est pas permise dans tout le processus : la phase VI ne débutera qu�une fois les phases IV et Vvalidées.

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renseignements complémentaires utiles à la mise en oeuvre de ces premières. Soulignonsd’emblée que le choix et l’application des méthodes multicritères14 (phases VII et IX)relèvent de l’activité technique, et donc non participative, des seuls HE. Cependant, cecoté « boîte noire » est bien accepté par les autres acteurs du processus, considérablementimpliqués en amont et aval de ces étapes.

Présentons maintenant le contenu de chaque phase, ainsi que leur caractère participatifet illustré à l�éolien.

3.2.1 Clarification de la situation et du problème d’étude (Phase I)

33..22..11..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Cette phase d�amorce est jalonnée par trois temps forts, correspondant a autant deréunions de travail.

Tout d�abord l�HE principal, le(s) décideur(s) voire le(s) commanditaire(s), seréunissent pour : 1) exposer le problème rencontré, en raison de la situation actuelle ou/etfuture dans un domaine particulier, pour lequel ils désirent recevoir un éclairagescientifique (aide à la décision ou à l�évaluation)15 ; 2) révéler l�objectif général, voire desobjectifs particuliers16, que se fixent les décideur(s) et commanditaire(s) dans la recherched�une éventuelle réponse ou avancée face au problème ; 3) procéder à une identificationpréliminaire des principaux acteurs sociaux économiques concernés par le problèmesoulevé17, afin d�en dresser une liste qui soit la plus exhaustive possible. Suite à la premièreréunion, l�HE procédera à une consultation de ces derniers, afin de leur livrer le compterendu du travail effectué, mais surtout, en vue d�identifier leurs intérêts etpréoccupations. A cet effet, la réalisation d�une enquête peut s�avérer un moyen utile. Lesrésultats de la consultation doivent permettre, dans la mesure du possible, de fournir unepremière identification des groupes d�intérêts possibles par regroupement des enjeuxsimilaires d�acteurs face au problème soulevé.

Une seconde réunion de travail, entre l�HE et le bloc décideur(s)-commanditaire(s),dressera le compte rendu de la consultation et préparera une assemblée publique visant àmobiliser les acteurs sur le problème rencontré.

Le déroulement de cette première réunion plénière, pouvant être annoncée par la presselocale, est prévu comme suit : 1) l�exposé, par le(s) décideur(s) et commanditaire(s), duproblème rencontré et de la volonté de mettre en �uvre une démarche participative detraitement, fondée sur une réelle implication des acteurs ; 2) l�HE précisera les diversespréoccupations et objectifs rattachés au problème, le processus d�étude (Phases I à X) et lerôle de chacun, la constitution des groupes d�intérêts proposée ; 3) les acteurs en présenceauront la parole pour confirmer, infirmer ou amender les enjeux (objectifs, préoccupations)et la composition des groupes d�intérêts (restructuration, constitutions nouvelles) ; 4)chaque groupe d�intérêts finalement auto-constitué18 est ensuite invité à se réunir en atelier,à en dresser un compte-rendu écrit remis à l�HE sur : - la nomination démocratique d�unreprésentant (et du suppléant) qui siégera au sein du futur groupe de travail - la révélationdes objectifs qu�ils y défendront.

14 Il est judicieux de les déterminer en fonction de la nature du problème et de l�évaluation à traiter, plutôt que de

procéder à des adaptions risquées mais nécessaires à l�usage de modèles retenus a priori.

15 Les limites géographiques et impératifs temporels d�étude seront également précisés.

16 S�il est impossible de déterminer ces derniers, à ce stade du processus (par exemple en raison d�un contexteinstitutionnel changeant, ou encore lorsque le problème rencontré est nouveau), ils seront révélés lors de laphase IV.

17 Que nous désignerons plus tardive sous l�appellation de « parties intéressées ».

18 selon un regroupement d�acteurs effectué cette fois-ci par eux-mêmes.

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Ainsi, cette première phase revêt un caractère participatif du fait qu�elle associe lesacteurs concernés dès le début du processus décisionnel, tant dans la communication d�unepolitique projetée, des enjeux rattachés, que dans la définition des objectifs recherchés.Cela permet d�instaurer d�emblée un certain climat de confiance, notamment en laissant laliberté d�élire des représentants19, en limitant l�éviction de certains acteurs et les effetssubséquents.

33..22..11..22 IIlllluussttrraattiioonn àà ll��ééoolliieenn

Le Conseil énergétique de Corse (CEC), organe consultatif en matière d�implantationsd�éoliennes, à récemment émis le souhait, auprès de l�Université de Corse, de recevoir unéclairage scientifique en matière d�aide à la localisation de parcs éoliens dans une optiqueparticipative, d�acceptabilité sociale et d�harmonie vis-à-vis de l�aménagement du territoirerégional. Les recommandations qui en découlerait pourraient servir aux décideurs finaux,que sont la Collectivité territoriale de Corse (CTC) et la Préfecture de région20. L�étudeporterait sur un territoire infra-régional digne d�intérêt, et s�étalerait sur une durée de dixhuit mois. Les soumissions de projets éolien seront centralisées par le CEC, et l�activitéd�aide à la décision confiée au groupe de travail éolien élargi sous la coordinationscientifique d�un enseignant-chercheur de l�Université de Corse.

Ce besoin d�aide à la décision émerge en raison de la situation énergétique actuelle, etdes engagements régionaux et nationaux relatifs au développement à venir des énergiesrenouvelables pour contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2001, laCorse a adopté le Plan énergétique21 à moyen terme (CTC, 2001). Actuellement, lapuissance installée du parc éolien en Corse atteint 18 MW, soit 3.47% du total toutessources énergétiques confondues. Elle permet d�économiser approximativement 10500tonnes de fuel par an, soit 33000 tonnes d�émissions de CO2. A l�échelon national, laFrance reste en retard sur les autres pays de l�Union Européenne, en occupant la dixièmeplace avec moins de 1% de son électricité issue de l�éolien. Cependant, elle s�est fixél�objectif ambitieux d�atteindre, d�ici 2010, les 21% à partir d�énergie renouvelable, enmisant beaucoup sur l�énergie éolienne pour y parvenir. Face à une telle visée quantitative,on peut dès lors s�interroger sur le rôle que joueront prochainement les régions disposantd�un important gisement éolien, plus particulièrement la Corse visant 100MW installés en2010. Un tel désir de montée en puissance, s�il est légitime en termes de lutte contre l�effetde serre et de sécurité accrue en matière de fourniture énergétique, doit cependant être misen �uvre avec prudence. Il s�agit d�éviter un développement anarchique d’installations,sans réelle cohérence territoriale, risquant de dénaturer le paysage voire d’engendrerde vives contestations de la société civile locale, et de priver la Corse d’une partie decette énergie propre. Notons aussi que, la non acceptation sociale des projets éoliens peutavoir des incidences financières lourdes auprès des investisseurs, notamment des dépensesirrécupérables inhérentes à l�ingénierie et aux expertises commanditées. De plus, le tarif derachat du kWh produit à partir d�énergies renouvelables est supérieur en Corsecomparativement au continent : respectivement 9.15 centimes d�euros contre 8.38. Celapeut constituer un facteur d�attractivité régionale pour les industriels, tout comme servir desintérêts politico-financiers dominants.

Ainsi, le commanditaire de l�étude (CEC) a émis le besoin de disposer d�une méthoded�analyse des projets éoliens, pouvant éclairer les décideurs publics du département et de larégion, répondant aux objectifs suivants : - intégrer l�ensemble des critères et contraintes dechoix - adopter une vision spatiale à l�échelle du territoire, même si au final les décisionsporteront sur chaque projets pris individuellement - être en phase avec la chartre de

19 contrairement aux méthodes de constitution de groupes fondées en amont sur des critères de représentativité, ou

des relations technocratiques / bureaucratiques déjà établies.

20 Notamment à propos des avis émis dans l�instruction des permis de construire.

21 Articulé autour de trois options : l�exploitation des centrales thermiques jusqu�aux environs de 2012, lapromotion des énergies renouvelables et l�amélioration de la qualité de fourniture électrique.

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9

concertation éolienne (CTC, 2003)22. Aussi, avons nous été chargé de mettre en �uvreladite méthode.

L�identification préliminaire des principaux acteurs socioéconomiques concernés(tableau 2) se base en partie sur la composition du CEC23, de son groupe de travail éolien,et d�après certaines adjonctions personnelles.

3.2.2 La constitution du groupe de travail (Phase II)

33..22..22..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Cette seconde phase vise à mettre en place un comité de pilotage, amorçant l�étude duproblème décisionnel ou évaluatif, puis à constituer progressivement un réel groupe detravail24 composé d�acteurs s�insérant dans trois blocs principaux : les PI, le collège desévaluateurs, et le groupe des HE ; ces deux derniers étant composés d�acteurs particuliersinfluençant le processus sans être pour autant des porteurs d�enjeux.

a Les parties intéressées

En matière d�AMCD, le terme général d�acteur est souvent précisé par les vocables departies prenantes25 ou encore de parties intéressées26 (PI) par le problème soulevé. Nouspréférerons ce dernier concept, impliquant de considérer aussi la catégorie d�acteursconstituée des agis : il s�agit de tous ceux qui subissent les conséquences de la décision, demanière normalement passive (Sfez, 1973), et qui interviennent indirectement dans leprocessus par l�image que d�autres acteurs se font de leurs valeurs et systèmes depréférences (Jacquet-Lagrèze, 1981).

Parmi les PI, on distinguera les décideurs, commanditaires d�étude, les représentants dumonde économique, public ou privé, et ceux de la société civile. Soulignons quel�intervention de ces derniers au sein du groupe de travail est nécessaire, notamment pourfaciliter l�acceptation sociale d�une politique de DD : de par leur participation et la mise enplace d�une concertation, il est possible de prendre en compte la demande sociale quiémane des ONG, groupes verts et associations locales notamment. Les signaux faibles decontestation, voire d�opposition locale, peuvent ainsi être révélés : la maîtrise ex ante durisque de non acceptation sociale est alors permise. Cependant, l�influence des PI doit êtrecontrôlée par l�HE, afin que le processus de décision ne soit monopolisé, biaisé ou avorté :

22 autrement-dit mettre en place une concertation dépassant le simple cadre des communes d�implantation, pour

associer celles situées dans le périmètre de visibilité du projet (CEC, 2002).

23 43 membres sont regroupées en 3 catégories : membres de droit, membres associés, et membres consultatifsnommées par arrêté délibéré en conseil exécutif.

24 Il doit être constitué dans l�esprit suivant : désignation démocratique des représentants, vouloir faire avancer leprocessus de façon concertée, dégager une communauté d�intérêts et d�objectifs, partager la responsabilitédes recommandations, voire des décisions subséquentes, être aussi représentatif que possible. D�autresappellations sont également utilisées selon les démarches multicritères : comité de concertation (Bertand,2000) (Rousseau, Martel, 1996) ou encore groupe de négociation (Maystre, Bollinger, 1999).

25 « Tout individu, corps constitué ou collectivité susceptible de prendre part effectivement (éventuellement parl’intermédiaire d’un mandataire) dans le déroulement du processus de décision avec l’intention del’influencer en fonction des objectifs dont il est porteur ou de ses propres enjeux. » (Roy, 2000a, p. 5).Notons que le terme anglais équivalent stakeholder, ou porteur d�enjeux, est d�une acception encore pluslarge : il désigne tout individu ou groupe d�individus ayant un intérêt conscient ou non dans le contextedécisionnel. Dans ce cas, les générations futures peuvent être parties prenantes.

26 Personnes, groupes de personnes ou organisations pouvant être affectées par l�action du ou des décideurs, ou quipeuvent affecter ou influencer le processus de décision (Banville et al., 1998).

Page 10: décision publique et approche participative

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il s�agit de permettre la représentation du grand public, plutôt que celle des intérêtsparticuliers.

b Le collège des évaluateurs

Un évaluateur a pour rôle de porter un jugement de valeurs sur les actions eu égard à unou plusieurs critères qu�il accepte d�analyser. Il doit revêtir trois qualités principales27 :- neutralité par rapport au problème étudié : un évaluateur ne doit pas être juge et partiedans l�étude - indépendance par rapport aux actions potentielles retenues : il ne peutêtre porteur d�une solution et prétendre en même temps à évaluer les autres de façonéquitable - compétence dans le domaine rattaché aux évaluations dont il a la charge(travaux de qualité déjà réalisés en la matière, travaux en cours ...). Généralement, lesévaluateurs sont des experts (universitaires, ingénieurs, consultants, techniciens,spécialistes, etc.) dans un domaine bien précis (Maystre, Bollinger, 1999), mais lorsque cesderniers font défaut ou que l�expertise n�est pas de mise, la tache d�évaluation sera confiéeà des citoyens répondant aux exigences précitées. En effet, les membres de la société civilepeuvent apporter des connaissances localisées dans le temps et l�espace, parfoisindispensables pour générer l�évaluation : - signaux faibles de contestation, voired�opposition - faits actuels méconnus ou sous-estimés - mémoire populaire, etc. Soulignonsaussi la présence recommandée d�évaluateurs extérieurs à l�espace géographiqued�application des actions, pour apporter des visions complémentaires et plus neutres.

c Le groupe des hommes d�étude

Il se compose de spécialistes des démarches multicritères. Ce groupe ne pourra êtreconstitué dans sa totalité qu�après avoir validé les phases V et VII. En effet, ladétermination des méthodes multicritères les plus appropriées à la nature du problèmeétudié peut nécessiter des compétences scientifiques et techniques particulières, ce quiprécisera les HE en charge de les mettre en �uvre. La place d’un HE est centrale dans leprocessus décisionnel : - il contribue activement à son initialisation ainsi qu�à son bondéroulement, conformément aux impératifs méthodologiques - c�est un « chef d�orchestre »coordonnant les acteurs du début à la fin, et parfois même un médiateur lorsqu�il s�agit deprévenir, limiter, voire résoudre des conflits d�intérêt - il a pour charge de faciliter laproduction des évaluations, en proposant divers critères, échelles et conseils d�élaboration -il doit conduire à l�élaboration de recommandations collectives claires et robustes. Comptetenu de l�ampleur de la tache, des HE adjoints assistent généralement l�HE principal.

Finalement, l�esprit dans lequel le groupe de travail est constitué, de même que lamanière de le composer attestent du caractère participatif de cette phase II : partage etdémocratie en sont la trame. Les décideurs acceptent d�y perdre une part de leursouveraineté. Cette variété d�acteurs va dans le sens de la complémentarité descompétences et attentes. Aussi, l�implication des membres du groupe de travail n�est pasuniforme28 : - les évaluateurs participent aux phases II, IV, V, VIII et X - les PI ont un droitde regard sur l�ensemble du processus, se voient confier une activité au sein des phases I àIV, VI, VIII et X, peuvent intervenir indirectement sur la phase V. Ainsi, chaque membrepeut largement s�investir dans ses missions.

33..22..22..22 IIlllluussttrraattiioonn àà ll��ééoolliieenn

Le groupe de travail éolien élargi du CEC pourrait fortement ressembler à celui proposéau tableau 2 qui suit.

27 Ces contraintes guideront particulièrement les HE dans le choix des évaluateurs pouvant siéger au sein du

groupe de travail.

28 Excepté pour les HE pilotant l�ensemble du processus.

Page 11: décision publique et approche participative

11

Tableau 2 - Composition possible du futur groupe de travail éolien élargi

BLOCS MEMBRES CODESUn représentant des producteurs privées d�électricitéd�origine éolienne29 P11

Un représentant de chaque syndicat30 représentatif dansla région Corse P12

Un représentant des associations déclarées de protectionde l�environnement de Haute-Corse P13

Un représentant des associations déclarées de protectionde l�environnement de Corse-du-Sud P14

Un représentant des résidents par commune située dansle périmètre de visibilité P15

Acteursprivés

Un représentant des résidents situés dans le prochevoisinage des lieux d�implantation P16

Le Président du Conseil Exécutif de Corse P21Le Conseiller exécutif en charge de l�énergie P22Le Président du Conseil Economique, Social et Culturelde la Corse ou son représentant P23

Le Préfet de Corse ou son représentant P24Le Directeur de la DDE compétente ou son représentant P25Le Directeur régional d�EDF ou son représentant P26Le Directeur de l�OEC ou son représentant P27Le Directeur de l�ADEC ou son représentant P28Le Directeur de l�ODARC ou son représentant P29Le Délégué régional de l�ADEME ou son représentant P30

PAR

TIE

S IN

RE

SSÉ

ES

Acteurspublics

Le Conseiller général du Canton concerné parl�implantation ou l�élu local compétent de chaquecommune d�implantation

P31

Le DIREN ou son représentant E11Le DRIRE ou son représentant E12Un physicien ENR de l�Université de Corse E13

Expertslocaux

Un économiste de l�Université de Corse E14Expert

extérieur Un consultant enquêteur E21

Un représentant des associations déclarées de protectionde l�environnement du département d�implantation. E31

CO

LLÈ

GE

D’É

VA

LU

AT

EU

RS

CitoyensUn représentant des commerçants locaux E32

Généraliste Un HE principal de l�Université de Corse

Un HE adjoint spécialisé dans les applications à l�énergie éolienne

HO

MM

ES

D’É

TU

DE

S

Spécialistes Un HE adjoint spécialisé dans la conduite de démarchesparticipatives

Les principes méthodologiques de constitution seront certes mis en �uvre, mais lesacteurs clefs du territoire insulaire, limité par nature, sont bien connus en raison de leurferme engagement à participer aux décisions de projets d�implantation divers. Ainsi, sur labase du groupe de travail éolien restreint déjà existant, une souplesse supplémentaire estintroduite : l�implication aux cas par cas d�acteurs concernés localement par chaque projetpris isolément. Aussi, une place plus grande est conférée aux acteurs sociaux économiques

29 Association France Energie Eolienne.

30 STC, CGT, CFDT, FO, CFE � CGC, Union Professionnelle Artisanale, Union régionale des PME, MEDEF.

Page 12: décision publique et approche participative

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privés, de même qu�à l�expertise quasi-bénévole offerte par le monde universitaire31. Parailleurs, le souci d�insérer des membres ayant un rôle d�information, afin qu�ils renseignentles acteurs faibles et agis, externes au processus décisionnel, notamment sur son étatd�avancement en espérant obtenir leurs sentiments et propositions.

3.2.3 L’explicitation des actions (Phase III)

33..22..33..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Le terme générique d�action est surtout utilisé dans la théorie, pour désigner « � ce quiconstitue l’objet de la décision ou ce sur quoi porte l’aide à la décision. En pratique, ceterme peut être remplacé, selon les cas, par scénario, plan, programme, projet,proposition, variante, dossier, opération, investissement, solution, … Le concept d’actionn’incorpore, a priori, aucune idée de faisabilité, autrement dit de possibilité de mise àexécution de ce que recouvre l’action. Une action est qualifiée de potentielle lorsqu’elle estregardée comme pouvant être mise à exécution ou simplement digne d’intérêt en vue del’aide à la décision. Une action potentielle peut donc être fictive. » (Roy, 2000a, p. 2).

Le qualificatif de potentielle nécessite notamment de définir des conditions d�acceptationou d�éligibilité, généralement appelées contraintes dans la théorie de la décision, que lesactions doivent impérativement remplir pour être candidates à la décision et / ou à l�étudemulticritère.

Notons par ailleurs, que la démarche multicritère peut s�inscrire dans une optique plus larged�aide à l�évaluation, n�ayant pas systématiquement de finalité décisionnelle. Les pratiquesévaluatives relatives aux politiques publiques (Perret, 2001) et autres réflexions (Oberti,2001b), nous enseignent que l�évaluation, et par conséquent la notion d�action, sontintiment liées au contexte temporel dans lequel elles s�insèrent. Une évaluation ex ante, oua priori, vise à émettre des recommandations sur des actions futures, qu�il s�agit ou non demettre en �uvre, pour répondre au problème décisionnel. Ces dernières peuvent êtrequalifiées d�actions potentielles sans ambiguïté. Cependant, une nuance intervient lorsqu�ils�agit de pratiquer une évaluation concomitante, ou « chemin faisant », visant à piloter desdécisions déjà prises dans le passé mais dont la mise à exécution n�est pas achevée32. Dèslors, le terme d�actions en cours33 est mieux accepté par les acteurs du processus. Aussi,l�évaluation ex post, ou a posteriori, se fonde sur l�observation des effets réels d�actionsprécédemment décidées et complètement mises en �uvre. Le terme d�actions achevées34

est apparu comme mieux adapté. Dès lors, aux yeux des acteurs du processus d�étude, cesqualificatifs supplémentaires du terme d�action sont nécessaires pour clarifier davantagel’objet de l’évaluation. Ils rappellent également la contribution possible d�une évaluationmulticritère des politiques publiques.

Définir l�ensemble des actions, en concertation avec les PI, témoigne du caractèreparticipatif de cette troisième phase. En effet, ces dernières peuvent à cette occasionsoumettre des propositions d�actions et participer ainsi à la formulation et l�orientationmême de la politique. Celle-ci n�est pas prédéterminée par les seuls décideurs, selon uncatalogue de mesures définies a priori, et les conditions éventuelles d�éligibilité oud�acceptation sont aussi établies de manière concertée avec les PI. Tous ensemble, ilspeuvent imaginer des scénarios, des avenirs souhaitables, préciser s�ils ont perçul�existence de certaines actions en cours ou achevées, etc. Ceci va dans le sens du partage,de l�action concertée, et renforce la transparence.

31 plutôt que de recourir systématiquement aux bureaux consultants, certes compétents mais souvent très onéreux.

32 eu égard par exemple à la plus ou moins grande réalisation d�indicateurs physiques, entendus comme butsquantifiés ou normes de parcours à atteindre.

33 Par exemple, les mesures constitutives d�un programme.

34 Telles les divers programmes d�un document unique de programmation, à titre d�illustration.

Page 13: décision publique et approche participative

13

33..22..33..22 IIlllluussttrraattiioonn àà ll��ééoolliieenn

La présente simulation s�insérant dans une optique d�aide à la décision, il s�agitd�exprimer des actions potentielles. Elles correspondent ici à des projets d’implantationd’éoliennes recouvrant plusieurs localisations candidates, portés par une ou plusieurscommunes en rapport ou non avec des investisseurs privés, et satisfaisant aux contraintessuivantes :

• exigence d’efficacité énergétique territoriale (C1) : les projets devront s�implanterdans les communes situées au sein des zones à potentiel éolien satisfaisant35 ets�intégrer au schéma régional éolien36.

• exigence de connexion facilitée au réseau électrique (C2) : les projets d�implantationdevront porter dans les zones de raccordement définies par EDF37.

• exigence de concertation dans le périmètre de visibilité (C3): les projets devrontrespecter les règles fixées par la charte de la concertation éolienne (CTC, 2003).

Parallèlement, des contraintes supplémentaires pourraient être exigées sur un autre typede projets candidats à une aide financière : ceux portés par les petites communes au budgetrestreint, envisageant des parcs éoliens de taille réduite contribuant à limiter l�impact visuelsur le paysage. A cet effet, le Fond Corse pour la Maîtrise de l�Energie de la CTC, sedestine à soutenir les porteurs de projets dans la réalisation d�études préalables (potentieléolien, diagnostics environnementaux, faisabilité), pour le montage de dossier pluspertinents intégrant une ingénierie. Ainsi, les contraintes additionnelles envisageablespourraient être les suivantes : le projet s�implanterait dans un ou plusieurs communes detype rurales38 (C4) ayant une faible capacité d’autofinancement (C5).

3.2.4 La révélation des critères (Phase IV)

33..22..44..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Selon Roy (2000a, p. 2), un critère est un « outil construit pour évaluer et comparerdes actions potentielles selon un point de vue … L’évaluation d’une action selon un critèrepeut faire intervenir des règles de calcul plus ou moins complexes, une enquête plus oumoins lourde ou encore l’opinion d’un ou plusieurs experts. Quelle de soit la procédureutilisée, il s’agit de prendre en compte les effets et attributs pertinents selon le point de vueconsidéré. ». Cette définition, riche dans son contenu, nécessite d�être comprise sansambiguïté au sein du groupe de travail. En effet, rien ne sert de mettre en �uvre destechniques d�agrégation de critères si ces derniers ne s�avèrent pas probants (Bouyssou,1989). A cet effet, il convient de souligner l�interprétation des concepts de point de vue,d�échelle et de sens de la préférence, de types et nature de critère.

En matière d�AMCD, la notion de point de vue entendue au sens usuel du terme (angled�analyse), est traduite de façon opératoire par celle d�axe de signification (ou depréoccupation) d�un critère : dans la plupart des processus de décision, aussi complexes etconflictuels soient-ils, il est souvent possible de mettre à jour un certain nombre d�axes designification concrets, communs aux différents acteurs, autour desquels ils justifient,transforment et argumentent leurs préférences (Roy, Bouyssou, 1993). Concernantl�illustration à l�éolien, les PI pourraient retenir des axes de signification/préoccupation tels

35 Eu égard à la cartographie livrée par l�atlas éolien de la corse, réalisée par l�ADEME-GERMA-EQUATORIAL.

36 proposé à la réalisation par le CEC (2003), dans le moyen terme, et susceptible d�être intégré au Pland�aménagement et de développement durable en région corse (PADDUC).

37 D�après la carte des équipements de production et de distribution électrique de la Corse.

38 Comptant moins de 2000 habitants, au sens de l�INSEE.

Page 14: décision publique et approche participative

14

l�impact sur l�environnement naturel, le coût pour la collectivité, l�acceptation sociale, lesincidences sur la fréquentation touristique39.

Aussi, selon Roy et Bouyssou (1993, pp. 66-67) : « Une échelle de préférence E est unensemble d’états qui sont rangés selon un préordre complet jouissant de la propriétésuivante : raisonnant sur deux actions idéales a, a’ dont la comparaison correspond trèsexactement à celle de deux états e et e’ de E, tout acteur Z admet : - la situationd’indifférence a I a’ lorsque e et e’ sont ex æquo dans le préordre … - la situation depréférence a a’ lorsque e précède e’ dans le préordre … ». Autrement dit, une échelle depréférence est un ensemble d�échelons totalement ordonné qui est associée à un critère,employée afin d�évaluer les actions sur ce dernier. Le rôle de l�homme d�étude est deprésenter aux évaluateurs diverses échelles types, de même qu�ils peuvent en proposer eux-mêmes, afin de retenir celle qui leur apparaît être la plus appropriée à la démarcheévaluative. Afin apprécier la dégradation visuelle du paysage suite à l�implantationd�éoliennes, diverses échelles pourraient être retenues selon les accords trouvés entre lesévaluateurs :

- une échelle quantitative, ou numérique, composée par exemple de notes : {1, 2, 3, 4,5} ou [0 , 10]

- une échelle qualitative, à savoir verbale et ordinale : {Très faible, Faible, Modéré,Fort, Très fort}

- une conventionnelle, à savoir ni numérique ni verbale, mais constituée d�échelonsconvenus (symboles, icônes, codes, couleurs, etc.) : {--, -, =, +, ++}.

Notons d�ailleurs que la nature d’un critère est celle de l�évaluation à laquelle il conduit,et par conséquent, correspond à la nature de l�échelle de préférence rattachée.

Le sens de la préférence sur un critère est dit croissant (↑), ou encore que ce dernier est àmaximiser, lorsque entre deux actions distinctes on préférera celle qui obtient l�évaluationla plus élevée sur l�échelle de préférence associée au critère considéré40. De manièresymétrique, le sens de la préférence sur un critère est décroissant (↓), ou ce dernier est àminimiser, du moment qu�entre deux actions différentes on préfère celle qui obtientl�évaluation la plus faible sur l�échelle de préférence associée au critère considéré41.

Par ailleurs, nous distinguons deux types de critères : - le critère construit, qui est unoutil clairement explicité permettant de guider l�évaluation : une fonction mathématique(somme pondérée, produit pondéré�), une série de conditions à remplir, un barème denotation, une règle de calcul � ou tout autre procédé rigoureusement établit - le critèreinformel, en tant que procédé implicite ne permettant pas la construction d�un guidesystématisant l�expression de l�évaluations de n�importe quelle action, mais faisant appel àl�opinion argumentée liée à la subjectivité, les systèmes d�informations, de valeurs,l�expérience et la compétence. Notons que les critères informels sont à considérer avec lemême égard que ceux qui peuvent être construits. Face à des impératifs temporels oufinanciers d�étude, voire en raison de l�impossibilité de bâtir un procédé explicite deproduction des évaluations, un évaluateur a ainsi la possibilité de s�orienter vers l�usage descritères informels. Des méthodes multicritères spécifiquement élaborées à cet effet sontutilisables (Oberti, 1998, 2001) (Oberti, Oberti, 2001) (Oberti, André, 2002). Par ailleurs,les critères rattachés à des échelles non quantitatives peuvent également faire l’objetd’une construction rigoureuse (cf. tableau 5). Effectivement, en arrêtant une signification

39 Par exemple, lorsque les éoliennes sont situées à proximité des chemins de randonnées et relativement proches

des villages, même si la sécurité est garantie, les résidents peuvent s�inquiéter d�une éventuelle désaffectiondes randonneurs- consommateurs.

40 Illustrons : le critère rattaché à la préoccupation d�acceptation sociale des éoliennes est à maximiser : entre deuxlocalisations potentielles, celle obtenant le plus grand pourcentage d�avis favorables est préférée à l�autre.

41 A titre d�illustration, si la dégradation écologique relative à une localisation d�éolienne est jugée faible alorsqu�une autre implantation est considérée comme forte, on préférera la première.

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aux échelons d�un critère qualitatif ou conventionnel, chacun des évaluateurs : - propose àses co-évaluateurs42, ou défini avec eux, le contenu des jugements de valeurs adoptéscomme langage commun d’évaluation (caractère concertatif) - dispose de plus de clartésur les motivations d�un évaluateur à assigner tel ou tel autre échelon à une localisationcandidate, transparence également accessible à l�ensemble des membres du groupe detravail (circulation de l�information contribuant au caractère participatif). Ainsi, un droit deregard des acteurs du processus d�évaluation/décision sur les jugements de valeurs estalors permis, et la mise en oeuvre d�une activité évaluative de nature qualitative ouconventionnelle revêt un caractère plus rigoureux, moins abstrait et moins arbitraireque la simple production d�évaluations sans garde-fou.

Finalement, du fait qu�il n�existe pas de méthode prédéfinie et systématique deconstruction des critères, ceci implique que les acteurs du processus de décisioncomprennent et admettent (Bouyssou, 1989) : - les axes de signification, autour desquelssont construits les critères - le procédé permettant de définir l�évaluation de chaque actionsur chaque critère. Dès lors, le caractère participatif de cette quatrième phase est trèsmarqué. En effet, la recherche d�un procédé simple et transparent doit être unepréoccupation importante des évaluateurs, afin que lesdits acteurs reconnaissent le bien-fondé des comparaisons des actions qui découlent d�un tel procédé. L�homme d�étude seraattentif à cet égard. La construction d�un critère est donc très variable. Aussi, « bâtirdifférents critères autour d’axes de signification, c’est tenter de modéliser ce qui peutapparaître comme la partie stable de la perception du problème qu’ont les acteurs. » (Royet Bouyssou, 1993, p. 49). Ainsi, la construction des critères entraîne l�introduction d�unepart non négligeable d�arbitraire obligeant l�articulation de points de vue conflictuels qui nepeut être obtenu que dans le cadre d�une démarche participative.

33..22..44..22 IIlllluussttrraattiioonn àà ll��ééoolliieenn

L�ensemble des éléments constitutifs de cette phase IV est livré aux tableaux 3, 4 et 5suivants.

Tableau 3 - Illustration de la notion de critère d’évaluation

Axe

s de

préo

ccup

atio

nsC

ritè

res

d’év

alua

tion

Intitulés descritères

Sens

des

préf

éren

ces

Principe deconstruction des

critères

Echelles43 depréférence des

critères

Uni

tés d

’éch

elle

Expo

sitio

nau

x ve

nts

g1Vitesse moyenne duvent ↑

Campagne de mesurespar mats in situ (9mois)

[6, 11] m/s

42 Ce terme désigne les évaluateurs qui oeuvrent sur les mêmes critères.

43 Dont les échelons sont rangés par ordre croissant, du plus petit au plus grand.

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16

Axe

s de

préo

ccup

atio

nsC

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res

d’év

alua

tion

Intitulés descritères

Sens

des

préf

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ces

Principe deconstruction des

critères

Echelles43 depréférence des

critères

Uni

tés d

’éch

elle

Acc

epta

tion

soci

ale44

g2

Proportions d�avisfavorables derésidants descommunesd�implantation et derésidants externes45

Somme pondérée desrésultats de l�enquêtepublique et d�unsondagecomplémentaire

[0 ; 100] %

g3Dégradationécologique Avis d�expert

{Insignifiante,Faible, Modérée,Forte, Très forte}

Avis d�expert46

g4Dégradation visuelledu paysage Avis citoyen

argumenté

{Minime, Limitée,Modérée,Considérable,Insupportable}

sém

antiq

ue

Impa

ct su

r l�e

nviro

nnem

ent

g5Nuisancesacoustiquessupplémentaires47

Mesures du niveausonore résiduel,relevésmétéorologiques,modélisation 3D

[0.5 ; 15]

déci

bels

dB

A

Influ

ence

sur l

eto

uris

me

g6

Tendance de lafréquentationtouristique locale parles randonneurs

↑ Avis citoyenargumenté {---, --, -, =, +}

sym

bole

sg7

Coûtsd�investissement etde fonctionnement

↓ Devis estimatifs48 etfrais de maintenance [2 ; 4]

mill

ions

d�Eu

ros M€

Inci

denc

es fi

nanc

ière

s

g8Surplus anticipé debudget communal ↑

Taxesprofessionnelles,

foncières, loyers desterrains

[150 ; 300] %

44 Les citoyens pourraient exprimer s�ils sont favorables ou non à l�implantation d�éoliennes, après avoir pris

connaissance des résultats de l�étude d�impact sur l�environnement (critères g3 à g5), du rapport éventueld�enquête publique, et des incidences financières (g7 et g8).

45 Aux communes d�implantation, mais habitant dans le périmètre de visibilité.

46 L�expert paysagiste présentera ses évaluations motivées aux évaluateurs citoyens (simulations photographiquesà l�appui), qui sur la base de ces informations additionnelles exprimeront à leur tour leurs propres jugementsde valeur.

47 du proche environnement géographique.

48 Frais d�études, travaux de génie civil (piste d�accès et de desserte, fondations des éoliennes, bâtimentd�exploitation), installation du champ d�éoliennes (fourniture, pose et mise en service), évacuation du courant(ligne, équipement de gestion du parc, comptage), , maîtrise d��uvre et d�ouvrage, contrôle, assurances.

Page 17: décision publique et approche participative

17

Tableau 4 - Répartition des évaluateurs sur les critères

CRITÈRES DE LOCALISATIONVEN SOC ENV TOU FIN

g1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8E11 ● ●E12 ●E13 ●EXPERTS LOCAUX

E14 ● ●EXPERT EXTÉRIEUR E21 ●

E31 ●EVA

LU

AT

EU

RS

CITOYENS E32 ●Effectifs par critère 1 1 1 2 1 1 1 1

Nombre de matrices d’évaluation 2

Tableau 5 - Construction participative des échelles de préférences rattachées auxcritères non quantitatifs

Critères :Intitulés

Echelles(croissantes)

Codagesnumériques Significations des échelons

Insignifiante 1 Pas de destruction d�habitats et / oud�espèces animales / végétales.

Faible 2 Destruction d�habitats et / ou d�espècesanimales / végétales ordinaires.

Modérée 4 Destruction d�habitats et / ou d�espècesanimales / végétales fréquents.

Forte 7Destruction d�habitats et / ou d�espècesanimales / végétales fréquents mais présentantun caractère patrimonial.

g3 :Dégradationécologique

Très forte 11 Destruction d�habitats et / ou d�espècesanimales / végétales rares ou protégés.

Minime 1 Modification non significative du paysage nechangeant pas le cliché initial.

Limitée 2 Modification réduite du paysage restantharmonieux.

Modérée 4 Altération du paysage à caractère partielle.

Considérable 7 Destruction du paysage conduisant à sadénaturation.

g4 :Dégradationvisuelle du

paysage

Insupportable 11 Destruction du paysage conduisant à unedéfiguration importante.

--- -3

Baisse considérable concernant lesrandonneurs fidélisés, liée à la proximité dezones touristiques concurrentes non dégradéespouvant recevoir un report de demandetouristique.

-- -2 Baisse envisageable concernant lesrandonneurs occasionnels.

- -1 Baisse probable concernant les randonneursoccasionnels.

= 0 Maintien de la tendance actuelle (randonneursindifférents).

g6 :Tendance

de lafréquentation

touristique

+ 1Augmentation probable en raison de lacuriosité des randonneurs occasionnels ou / etécocitoyens.

Page 18: décision publique et approche participative

18

3.2.5 L’évaluation des actions sur chaque critère (Phase V)

33..22..55..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Cette phase nécessite que la répartition49 des critères auprès des évaluateurs ait étéeffectuée50 (cf. tableau 4). Par évaluation nous entendons ici un jugement de valeurargumenté, portant sur une action considérée au regard d’un critère particulier,exprimé par un ou plusieurs évaluateurs à l’aide d’une échelle même de préférenceadoptée comme langage commun. Voir par ailleurs Munda (2003).

La nature d�une évaluation, tout comme celle d�un critère, correspond à la nature del�échelle rattachée. L�évaluation est de nature quantitative du moment qu�elle est chiffrée.On distingue le cas de l�évaluation cardinale51 de l�évaluation ordinale52. En revanche,l�évaluation sera de nature qualitative lorsque l�appréciation des actions est verbale etordinale. Ainsi, ce sont des mots et non plus des chiffres qui sont employés pour évaluer53,l�ensemble de ces mots devant être totalement ordonné. Finalement, l�évaluation est denature conventionnelle, du moment qu�elle n�est ni quantitative ni qualitative, mais baséesur un langage plus approprié54. Notons que la mise en �uvre de la plupart des procéduresd�agrégation multicritères nécessite de pratiquer un codage numérique55 des évaluationsnon quantitatives. Même si les évaluateurs s�exprimeront dans le langage qu�ils ont eux-même adopté, l�HE aura généralement besoin d�attribuer un équivalent numérique à chaqueéchelon qualitatif ou conventionnel.

Le résultat attendu de cette phase est la construction d’un ou plusieurs tableaux(matrices) d’évaluation, par le collège des évaluateurs, dont l�intersection de chaqueligne et colonne revêt l�évaluation d�une action considérée selon un critère donné (cf.tableaux 6 et 7). Soulignons qu�en aucun cas l�homme d�étude ne demandera une opinionmulticritère sur chaque action : cette activité de synthèse reste de son seul ressort. Laconstruction matricielle peut être directe, lorsqu�il n�existe pas de co-évaluateur,autrement-dit quand chaque critère est étudié par un seul évaluateur : un unique tableaud�évaluation est exprimé. En revanche, si sur un critère au moins, l�exercice évaluatif estmis en �uvre par plusieurs évaluateurs experts ou citoyens et qu�il en résulte des jugementsd�actions différents, la construction de tableau(x) d�évaluation devient indirecte :l�intervention de l�HE est nécessaire pour déterminer une matrice de synthèse56 (médiane,moyenne, majoritaire, etc.) ou plusieurs matrices possibles57 (minimaliste, maximaliste, parcombinaisons de colonnes, etc.).

49 Généralement non uniforme, afin de réduire la charge d�évaluation de chaque évaluateur.

50 Il est parfois recommandé d�affecter plus d�un évaluateur par critère, en vue de confronter les évaluationsd�actions.

51 c�est-à-dire quantifiable et mesurable : les opérateurs arithmétiques (+, -, ×, ÷) sont alors utilisables pour traiterles jugements de valeur.

52 quantifiable et non mesurable : seules les relations d�ordre peuvent être employées pour comparer les jugementsde valeur.

53 L�évaluation qualitative est préférable à l�évaluation quantitative ordinale, du moment que les mots ont plus desens que ses chiffres qui ne traduisent qu�un simple classement des actions hors de tout jugement de valeursémantique.

54 en raison notamment d�une expérience acquise par un évaluateur dans un domaine de compétence : symboles,icônes, codes, couleurs, etc., ou tout autre ensemble d�échelons convenus, totalement ordonné.

55 Le logiciel MACBETH [Bana e Costa et al., 1999] [Bana e Costa, Vansnick, 1997] s�atèle à ce type de procédé.

56 Nécessaire lorsque le nombre de co-évaluateurs est jugé suffisamment important pour alourdir considérablementles analyses de sensibilité-robustesse.

57 Ceci reste techniquement exploitable lorsque le nombre de co-évaluateurs est réduit, et rend les analyses desensibilité-robustesse plus fidèles.

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L�évaluation, telle qu�elle est entendue ici, s�avère multiforme58. Elle contribue àrespecter les divers systèmes de valeurs des évaluateurs : révérer les modes d�expressionqui leur sont propres, ne pas imposer d�échelles de préférences, favorise la participation à ladémarche multicritère tout en améliorant la compréhension de celle-ci59. Aussi, selon leprincipe d’évaluation justifiée, les évaluateurs ont le devoir60 de communiquer auprès desautres acteurs du processus, les fondements qui sous-tendent la production des jugementsde valeurs portés sur les actions61. Ces derniers doivent être compris et admis par lesditsacteurs qui ont donc un droit de regard pouvant conduire à la révision, généralementmarginale, des évaluations62. Soulignons qu�il ne s’agit pas d’aboutir absolument à uneévaluation consensuelle. Si aucun accord n�est trouvé entre les évaluateurs analysant lesactions selon le(s) même(s) critère(s), l�HE retiendra les jugements de valeurs propres àchacun et procédera ultérieurement à des analyses de sensibilité-robustesse pour émettredes conclusions stables (phase IX). Egalement, dans le cadre d�une évaluationconcomitante ou ex post, les PI peuvent exprimer le niveau d�atteinte des objectifs deparcours ou de réalisation, sur la base des effets qu�ils ont eux-même ressentis. Cettepossibilité d�impliquer ces acteurs à une telle démarche évaluative va dans le sens d�unetransparence accrue sur l�efficacité des actions en cours ou achevées. Finalement, uneévaluation citoyenne ex ante peut être mise en �uvre comme c�est le cas dans notresimulation. Par ailleurs, la construction d�échelles numériques par codage des évaluationsnon quantitatives, s�avère plus pertinente et mieux acceptée par les évaluateurs en charge,lorsqu�elle résulte d�une discussion avec eux menée par l�HE, qui tente de prendre encompte leurs perceptions mentales des nombres plutôt que d�imposer ces premières(Maystre, Bollinger, 1999, pp. 17-21).

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Le processus d�évaluation pourrait aboutir au résultat présenté aux tableaux 6 et 7 quisuivent63.

Tableau 6 - Sous-matrice d’évaluation des localisations d’un projet, sur les critèresindividuellement appréhendés par un unique évaluateur

Critèresg1 g2 g3 g5 g6 g7 g8

a 11 92 Faible 5 = 2.5 150b 9 95 Modérée 0.5 -- 2 180Localisations

potentielles c 6 80 Insignifiante 15 - 4 270

58 compte tenu de ses diverses formes partiellement combinables : quantitative, qualitative, conventionnelle,

cardinale, ordinale, discrète, continue, précise, imprécise.

59 contrairement l�analyse coûts-avantages qui n�admet qu�une simple échelle monétaire (langage unique etunilatéral).

60 Pour des raisons de transparence, de cohérence et d�exhaustivité.

61 Voir également les travaux de Azibi et Vanderpooten [2001].

62 La charge d�évaluer incombant prioritairement aux évaluateurs.

63 Les jugements de valeur figurant en bleu correspondent aux meilleurs performances unicritères, alors que ceuxinscrits en rouge renvoient aux pires évaluations obtenues.

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Tableaux 7.a et 7.b - Sous-matrices d’évaluation des localisations d’un projet, sur lescritères dont la responsabilité incombe à des co-évaluateurs

Compte tenu du fait qu�il n�existe que deux matrices d�évaluation différentes parcombinaison de colonnes, il n�est pas absolument nécessaire d�agréger ces premières enune seule pour alléger l�activité de l�HE64. Dès lors, en plus des évaluations communes dutableau 6, les jugements de valeurs formulés aux tableaux 7 par les co-évaluateurs E11 etE31 seront insérés isolément dans l�analyse multicritère. Ainsi, chacun des avis citoyens ouexperts exprimés sera pris en compte, de la manière la plus fidèle possible en raison descodages numériques éventuels. A cet égard, notons que (cf. tableau 5) :

• les échelles initiales rattachées aux critères g3 et g4 sont numériquement codées pardifférence linéairement croissante : ceci traduit que les évaluateurs en chargeperçoivent une distance psychologique de plus en plus grande entre deux échelonsconsécutifs, lorsqu�ils procèdent à une lecture de bas en haut des échelles.65.

• l�échelle rattachée à g6 est codée de manière arithmétique, car l�évaluateur E32considère que, tout au long de cette première, la distance psychologique entre deuxéchelons consécutifs est invariante 66.

A la lecture du tableau 6, on peut constater l�existence de conflits entre les critères,notamment g1, g2 et g3 : il n�existe pas de localisation optimale, préférée à toutes les autressur chacun des critères. Dans les modélisations multicritères, de telles situationsconflictuelles peuvent engendrer des relations d’incomparabilité entre certainesactions : l�homme d�étude ne prendra pas position en faveur d�une de ces dernières oumême des deux.

3.2.6 Importance relative des critères (Phase VI)

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L�importance relative des critères est « … une notion complexe qui concerne ladifférentiation des rôles qu’une partie prenante souhaite voir jouer aux différents critèresdans l’élaboration et l’argumentation des préférences globales. » (Roy, 2000a, p. 4).Soulignons que cette notion est souvent mal cernée, en raison du recours fréquent à lamétaphore du poids qui est généralement trompeuse : plus le poids d�un critère est élevéet plus ce critère jouerait un rôle important dans la formation des préférences globales. Or,« la façon dont les poids opèrent dépend de la logique qui est à l’œuvre dans la procédure

64 L�agrégation peut être parfois nécessaire quand à un nombre réduit de co-évaluateurs se combinent plusieurs

paramètres économiques propres aux PI (Phases VI et VIII), venant alourdir les analyses de sensibilité-robustesse.

65 Par exemple, à propos de la dégradation visuelle du paysage (g4), les évaluateurs E11 et E31 considèrent que la

distance psychologique séparant les échelons « Minime » et « Limitée » est plus faible qu�entre « Limitée »et « Modérée » ; et qu�il en est de même entre les couples « Modérée »-« Considérable » et « Considérable »-« Insupportable ». Une telle perception est traduite par une différence linéairement croissante entre lescodages numériques ; les écarts ici obtenus étant : 2 - 1 = 1, 4 - 2 = 2, 7 - 4 = 3, 11 - 7 = 4.

66 Ceci est traduit ici par le fait que les écarts entre les échelons numériques consécutifs sont tous égaux à 1 ; ouencore que le codage se fait par différence linéaire constante.

CritèresE11 g4

a Limitéeb MinimeLocalisation

potentielles c Considérable

CritèresE31 g4

a Modéréeb LimitéeLocalisations

potentielles c Considérable

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d’agrégation multicritère » (Roy, 2000a, p. 4). En effet, la plupart des modélisationsmulticritères bien établies laissent la possibilité à chaque critère, quantitatifs et cardinaux,de mettre son veto envers la préférence d�une action « a » par rapport à une autre action« b ». Cela ce vérifie quand « a » est significativement moins bien évaluée que « b » surledit critère, même si son poids est relativement faible, et cela quelles que soit l�évaluationde ces deux actions sur les critères restants.

L�expression de l�importance relative des critères, lorsqu�elle est possible67, peut êtreobtenue par l�HE selon divers procédés s�appliquant en relation directe avec chaque PI :une technique rigoureuse de pondération est livrée par la méthode SRF (Roy, Figueira,1998), ou Simos révisée, permettant de traduire scientifiquement l�importance que revêtchaque critère par un chiffre (le poids)68. Notons par ailleurs que l�importance relative descritères peut parfois s�avérer également utile pour choisir la ou les méthodes multicritèresappropriées au problème d�étude69.

Pour ce qui est du caractère participatif de cette sixième phase, notons qu�elle permet àchaque PI de conférer des rôles particuliers aux critères retenus, en fonction du système devaleurs qui la caractérise. Concrètement, l�HE peut théoriquement déterminer un jeu depoids des critères spécifique à chacune des PI. Aucune exclusivité quant à l�expression del�importance relative des critères n�est accordée au(x) décideur(s) et commanditaire(s). LesPI n�ont pas l�impression que le problème est déjà pré-décidé, ou qu�ils n�ont pas lesfacultés de s�exprimer sur la priorité des critères ; leurs avis étant pris en compte dansl�élaboration et l�argumentation des préférences globales. Ceci maintien un climat deconfiance dans le processus, en évitant l�éviction des PI de cette phase.

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Le tableau suivant retrace le résultat type que l�on peut obtenir par la mise en �uvre decette phase.

Tableau 8 - Jeux de poids normés des critères et priorités par partie intéresséerépondante

CRITÈRESg1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8

P13(4) 0.09 0.12 0.2 0.2 0.2 0.05 0.07 0.07Acteursprivés P15 0.05 0.2 0.07 0.2 0.2 0.08 0.1 0.1

P22 0.21 0.21 0.1 0.21 0.07 0.03 0.07 0.1P27 0.13 0.16 0.16 0.16 0.16 0.05 0.08 0.1

PARTIESINTÉRESSÉES Acteurs

publics P30 0.28 0.28 0.08 0.06 0.06 0.04 0.1 0.1% 1ère position 40 80 40 80 60 0 0 0Rangs des

classements % dernière pos. 20 0 0 0 0 80 0 0Plus grands écarts de poids 0.23 0.16 0.13 0.15 0.14 0.05 0.03 0.03

Une première lecture partielle permet de dégager, par exemple, un large consensus. Pour80% des PI ayant participé à l�exercice de pondération : - les critères d�acceptation sociale

67 Lorsque la pondération n�est pas réalisable, la méthode ELECTRE IV peut être employée, si le décideur admet

toutefois l�hypothèse de disparité limitée : « Aucun critère n’a, à lui tout seul, une importance supérieure ouégale à celle d’une coalition rassemblant au moins la moitié des critères. » [Roy, Bouyssou, 1993, p. 275].

68 Normé, compris dans l�intervalle ]0; 1[ : plus le poids tend vers 1, plus l�importance relative du critère estconsidérable. Par ailleurs une approche qualitative de questionnement, moins lourde mais plus limitée dansl�exploration, peut positionner chaque critère sur une échelle d�importance du type {Moyennementimportant, Important, Très important, Extrêmement important}.

69 Notre méthodologie considère que la phase VII puisse, sous certaines conditions, être partiellement déterminéepar la phase VI ; en vue d�adapter l�outil à la nature de l�évaluation et du problème à traiter, et non l�inverse.

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(g2) et de dégradation visuelle du paysage (g4) sont jugés comme prioritaires70 - le critèred�influence sur le tourisme (g6) est le moins important, comparativement aux autres. Aussi,les critères relatifs aux incidences financières (g7 et g8) occupent des places intermédiairesdans l�ordre d�importance71, sans pour autant traduire des conflits de valeurs probants :toutes PI confondues, les plus grands écarts de poids restent faibles (3%). Ainsi, sur les huitcritères, seul l’exposition aux vents (g1) partage vivement les avis (23% d’écartpondéral maximum, d’après les poids propres aux acteurs P30 et P15).

3.2.7 Choix des méthodes multicritères appropriées au problème d’étude(Phase VII)

Cette phase ne revêt pas de caractère participatif, dans le sens où elle est du seul ressortdes HE. Le théoricien de la décision et de l�évaluation se réjouira de constater la diversitédes procédures d�agrégation multicritères (Roy, Bouyssou, 1993) , qui peuvent êtreregroupées en approches opérationnelles (critère unique de synthèse, surclassement desynthèse, jugement local interactif avec itérations essais-erreurs) , ou encore en familles (cf.point 2). En revanche face à ce foisonnement, l�HE praticien sera confronté à la relativedifficulté de choisir une, sinon plusieurs, méthodes multicritères adaptées au problème àtraiter72. S�il n�est pas envisageable d�établir un guide exhaustif et objectif systématisant laretenue de tel ou / et tel autre modèle, certains éléments peuvent néanmoins être pris encompte ; notamment : - les délais d�étude, ressources humaines et financières utilisables -la problématique décisionnelle considérée (cf. tableau 1) - la possibilité de pondérer ou nonles critères - l�éventuel caractère imprécis, incertain, voire indéterminé, des évaluationsd�actions - la lourdeur codage numérique des évaluations qualitatives ou conventionnellesdes actions - le poids des critères qualitatifs, pris collectivement - la disponibilité ou non dumodèle sous la forme de logiciel, sinon la difficulté de l�informatiser.

Bien évidemment, les HE ne sont donc pas neutres73 dans le choix des modélisationsmulticritères, tout comme dans l�ensemble du processus. Concernant l�illustration àl�éolien, nous avons retenu la méthode ELECTRE III (Roy, 1978)74 répondant à laproblématique γ de rangement des localisations potentielles.

3.2.8 Obtention des paramètres liés aux méthodes multicritères retenues(Phase VIII)

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Dans cette phase, les HE vont révéler divers jeux de paramètres : - économiques,propres aux PI, à savoir principalement les seuils de discrimination, de veto et niveauxd�aspiration - techniques, plus spécifiques à chaque méthode multicritère. Leurs modesd�obtention doivent être précisés.

Les seuils de discrimination sur les critères servent à modéliser le fait que l�écart entre lesévaluations propres à deux actions sur un même critère, peut être : - compatible avec une

70 au premier rang, pour 80 % des parties intéressées ayant participé à la phase.

71 Puisque aucune des PI ne les situent en 1ère ou dernière position.

72 A ce propos, voir Maystre, Pictet et Simos [1994].

73 L�homme d�étude n�est pas entendu comme un analyste, terme généralement plus usité accréditant l�idée que cepremier est « totalement extérieur au problème et au processus de décision qu’il analyse sans les influenceren quoi que ce soit » [Roy, 1985, p. 17].

74 Diverses mises en �uvre détaillées de cette modélisation, en matière de gestion environnementale, sont livréespar Maystre, Pictet et Simos [1994].

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situation d�indifférence entre ces actions (seuil d’indifférence qj) - probant d�une nettepréférence en faveur de l�une d�entre elles (seuil de préférence pj). Ainsi, il est possible demodéliser les préférences d�un acteur par des pseudo-critères (Roy, Bouyssou, 1993) quitiennent compte du caractère imprécis, incertain, voire indéterminé des évaluations. Aussi,sur un même critère, une action « a » peut obtenir une évaluation tellement insuffisante parrapport à une autre action « b », que cette situation rend inacceptable, aux yeux d�une PIconsidérée, la préférence de « a » comparativement a « b » tous critères confondus. Dans cecas, il s�agit d�appréhender pour chacun des critères concernés un seuil de veto (vj),particulièrement utile aux problèmes d�évaluation et de décision en matière dedéveloppement durable75. Certaines méthodes multicritères n�intègrent pas cette possibilitéd�exploiter l�information issue des jeux de seuils de veto, et semblent plutôt s�inscrire dansune optique de soutenabilité faible (Faucheux, O�Connor, 2002) ; les compensations del�altération de l�environnement n�ayant aucune borne. Aussi : vj > pj ≥ qj ≥ 0.

Cette phase VIII peut s�appliquer aux évaluateurs, décideurs et autres PI désirants�exprimer. Ainsi, contrairement au modèle du vrai critère, généralement utilisé dansl�analyse économique de la décision, où tout écart d�évaluation aussi infime soit-il entredeux actions est ressentit par un agent et traduit une nette préférence envers l�une d�entreelles (pouvoir discriminant absolu) ; le modèle du pseudo-critère laisse la place à uneperception moins mécanique (pouvoir discriminant nuancé). A travers les seuils dediscrimination, un HE peut retenir comment chaque acteur ressent les préférencesunicritères. Par exemple, si aux yeux des décideurs publiques un écart de 0,1 milliond�Euros sur le coût total de deux projets d�implantation d�éoliennes reste compatible avecune situation d�indifférence ; les contribuables peuvent l�interpréter comme un surcoût tropélevé et préféreront le projet moins coûteux : le seuil d�indifférence de ces derniers est doncplus faible que celui des décideurs. Les HE devront révéler les divers jeux de paramètrespropres aux acteurs du processus, ce qui accrédite le caractère participatif de cette phase.

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Tableau 9 - Jeux de seuils d’acteurs sur les critères de localisation

ACTEURS DU PROCESSUSE21 E12 P16 P31 E14

qj 5%pj 10%g2vj 50%qj 5 dB Apj 9 dB Ag5vj 13 dB Aqj 0.05 M€ 0.1 M€pj 0.4 M€ 0.7 M€g7vj 1 M€ 1 M€qj 6%pj 35%

CR

ITÈ

RE

S

g8vj 150%

75 Les critères économiques, environnementaux et sociaux, généralement rattachés à l�objectif de développement

durable et spécifiés selon les problèmes étudiés, doivent tous jouer un rôle réel dans l�analyse évaluative etdécisionnelle. Par exemple, il n�est pas soutenable que des faiblesses environnementales significativespuissent être compensées, sans limite, par des atouts d�ordre économique ou social.

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Les critères qualitatifs ou conventionnels sont exclus du paramétrage76, tout comme lavitesse moyenne du vent mesurée en mètres par seconde, au lieu des kilomètres par heure,pour obtenir une grande précision. Dès lors, on retiendrait les critères rattachés àl�acceptation sociale, aux incidences financières, et les nuisances acoustiquessupplémentaires ; en vue d�exprimer les seuils de discriminations et de veto.

3.2.9 Application des méthodes multicritères retenues (Phase IX)

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Cette phase, largement renseignée par l�activité des HE, doit être particulièrementsoignée dans l�optique d�une aide à la décision participative. En effet, l�ensemble des avispropres à chacun des acteurs du processus doit être pris en compte de la manière la pluscomplète possible. Plus particulièrement, il s�agira de procéder à :

• une analyse multi-acteurs, visant à appliquer les modélisations multicritères retenues(phase VII) autant de fois que l�on peut y insérer les différentes combinaisons de jeuxde données propres aux acteurs du processus (évaluations d�action sur les critères,poids relatifs et seuils sur ces derniers, etc.) ; afin de dégager les diverses solutionslivrées par les modèles face au problème étudié.

• Des analyses de sensibilité, faisant varier les données empreintes d�une partd�arbitraire, pour révéler celles qui conditionnent le plus étroitement les solutionsdégagées77.

• Des analyses de robustesse des conclusions (Roy, 2002) (Vincke, 1999a et b)(Durand, Trentesaux, 2000), informant notamment les acteurs du processus sur lacapacité des solutions à résister aux variations de données d�entrée78.

• L�intelligibilité des résultats scientifiques pour tous les acteurs du processus, par laproduction de représentations claires79 (graphes, tableaux, etc.).

L�étude de la robustesse, se légitime notamment par la réponse qu�elle apporte aux acteurs :« Celles et ceux qui sont responsables d’arrêter une décision ou, plus largement,d’influencer un processus de décision n’attendent pas, en général, de l’aide à la décisionqu’elle leur dicte leur conduite mais, plus simplement, qu’elle leur apporte desinformations utiles pour baliser leur champ de réflexions et d’actions. Que cesinformations se présentent en termes de solutions, de méthodes ou de recommandationsassises sur des conclusions, elles ne leur seront véritablement utiles que si la façon dontelles sont dépendantes ou encore conditionnées par la contingence, l’arbitraire etl’ignorance … est prise en compte dans un cadre suffisamment large et explicité. Pour qu’ilen soit ainsi, il importe donc que ces informations exploitent non pas un résultat privilégiémais tous ceux envisagés … » (Roy, 2002, p.3-4).

Aussi, pour compléter l�analyse multi-acteurs par des analyses de sensibilité-robustesses, l�usage de logiciels s�avère dès lors indispensable pour les HE ; compte tenude la masse considérable de calculs à effectuer au sein des modélisations multicritèresappliquées de manière répétitive.

76 Les écarts d�évaluation n�ayant pas de sens intelligible pour les acteurs du processus évaluatif.

77 c�est à dire quand une variation marginale de données suffit à changer la ou les solutions proposées.

78 Par exemple en cherchant à déterminer le domaine de variation des données dans lequel une recommandationreste stable, c�est à dire inchangée.

79 A cet égard, l�outil graphique SURMESURE [Pictet J. et al., 1994], spécifiquement élaboré pour les méthodesmulticritères fondées sur le surclassement, de même que AGATHA [Maystre, Bollinger, 1999], peuvents�avérer utiles.

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Les premiers résultats que pourraient formuler les HE aux membres du groupe de travailsont présentés au tableau suivant. L�insertion successive des divers jeux de données,propres à chacun des acteurs du processus dans la mise en �uvre de la modélisationmulticritère, souligne bien la volonté de prendre en compte l�ensemble des avis obtenus.Dans l�illustration considérée, nous n�agrégeons pas les évaluations des localisations livréespar les acteurs E11 et E31 en un unique jeu synthétique de jugements (minimaux,maximaux, majoritaires, médians, moyens, etc.). De manière analogue, les poids relatifs descritères et les seuils sur ces derniers sont considérés individuellement, c�est à dire enintroduisant directement dans le modèle les résultats issus de la discussion avec chaqueacteur du processus. Ainsi, 20 cas possibles sont exploités80, permettant de mieux soulignerles consensus et divergences potentiels sur les recommandations brutes d�implantationd�éoliennes. A cet égard, les colonnes « graphes finaux et distillations » nous livrent lesdivers préordres81 obtenus sur l�ensemble des localisations candidates.

Tableau 10 - Analyse multi-acteurs et conclusions scientifiques brutes obtenues parl’application de la modélisation multicritère ELECTRE III

Cas Jeux dedonnées82

Graphes finauxet distillations Cas Jeux de données Graphes finaux

et distillations1 (E11, P13, P16) 11 (E11, P13, P31)2 (E31, P13, P16) a I b S c 12 (E31, P13, P31) a I b S c

3 (E11, P15, P16) 13 (E11, P15, P31)4 (E31, P15, P16)

b S a S c14 (E31, P15, P31)

a I b S c

5 (E11, P22, P16) 15 (E11, P22, P31)6 (E31, P22, P16) a I b S c 16 (E31, P22, P31) a I b S c

7 (E11, P27, P16) 17 (E11, P27, P31)8 (E31, P27, P16) a I b S c 18 (E31, P27, P31) a I b S c

9 (E11, P30, P16) 19 (E11, P30, P31)10 (E31, P30, P16) a I b S c 20 (E31, P30, P31) a S b S c

A la lecture des précédentes conclusions scientifiques, ou recommandations brutes delocalisation, on peut dresser plusieurs constats :

1) aucune relation d’incomparabilité des localisations, prises deux à deux, n’estrévélée : les préordres étant totaux, les localisations peuvent toutes être rangées parpréférences globales décroissantes.

2) D�une manière générale, les résultats bruts sont robustes (inscrits en bleu) : - lalocalisation « c » est toujours surclassées par les deux autres - dans une large

80 Deux co-évaluateurs ont la charge de juger les localisations sur le quatrième critère (cf. tableau 7), 5 parties

intéressées ont participé à l�exercice de pondération des critères (cf. tableau 8) et 2 acteurs ont livré les seuilssur le septième critère (cf. tableau 9) ; d�où 2 × 5 × 2 = 20 cas différents.

81 I étant la relation d�indifférence entre les localisations (jugées équivalentes), S étant la relation de surclassement(préférence) d�une localisation par une autre. Le cas n°1 révèle que « a » et « b » sont équivalentes etsurclassent « c » ; d�après le cas n°4 «b » surclasse « a » qui à son tour surclasse « c » (par transitivité « b »surclasse « c »).

82 Présentés chacun par un triplet du type (X, Y, Z), retenant : - les évaluations des actions fournies par le co-évaluateur « X » - le vecteur de pondération des critères propre à l�acteur « Y » - les seuils (de discriminationsur les critères et de veto) relatifs à l�acteur « Z ». Par exemple, le jeu de données (E11, P13, P16) traduitque : - la sous matrice d�évaluation (cf. tableau 6) est complétée par les jugements de valeur exprimés parl�expert E11 (cf. tableau 7.a) - que la pondération des critères retenue est celle obtenue par le questionnementde l�acteur privé P13 (cf. tableau 8) - que les seuils d�indifférence, de préférence stricte et veto sont propres àl�acteur privé P16 (cf. tableau 9).

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majorité de cas, les localisations « a » et « b » peuvent être considérées commeéquivalentes pour l’implantation d’un parc éolien.

3) Concernant l�influence des co-évaluations, la considération des jugements experts(E11) ou citoyens (E31) ne change en rien les rangements des localisations qui sonttotalement stables.

4) A propos de l�incidence des poids relatifs des critères, les priorités propres à l’acteurP15 (cas 3 et 4) et celles de P30 (cas 19 et 20) viennent considérablement perturberles rangements de localisations, comparativement à ceux obtenus dans tous les autrescas. Les HE pourront engager, dans la mesure du possible83, une discussion tentant deréviser les avis inhérents aux acteurs évoqués pour lever ces résultats atypiques. Ceciillustre à nouveau le caractère non linéaire du processus décisionnel ici proposé,puisque l�obtention des résultats de la présente phase est conditionnée par unerétroaction sur la phase VI et une nouvelle application des méthodes multicritèresretenues (Phase IX).

5) L�analyse des effets relatifs aux divers jeux de seuils sur les critères, souligne lespositions particulièrement contrastées entre l’acteur privé P16 (cas 3 et 4) etl’acteur public P31 (cas 13 et 14), eu égard aux coûts d’investissement et defonctionnement à supporter localement. Ces discordances d�avis perturbent la têtedu rangement des localisations. Une discussion s�impose à nouveau entre les HE et cesdeux acteurs, à interroger individuellement ou collectivement84. Dès lors, pour tenterde résoudre les divergences de rangements obtenus dans cette phase IX, il faudra aupréalable réactiver la phase XIII avec P16 et P31.

Ainsi, même si les résultats scientifiques sont très largement concordants, les HE peuventtenter de résoudre85 les cas atypiques et contradictoires, tels que ceux (n°3 et 4) où « b »surclasserait « a » d�une part, et ceux (n°19 et 20) pour lesquels « a » surclasse « b » d�autrepart. En effet, il est techniquement possible, dans l�illustration considérée, de les exclurepar le biais d�analyses de sensibilité-robustesse faisant varier, dans un intervalleraisonnable, les poids des critères et les seuils exprimés sur ces derniers. En effet, les HEpeuvent soumettre : - à l�acteur P15, d�augmenter le poids du critère « vitesse moyenne duvent » de 1% (de 0.05 à 0.06) - à P30, de diminuer le poids dudit critère de 2% (passage de0.28 à 0.26) - à P16, d�accroître son seuil de préférence sur le critère « Coûtsd�investissement et de fonctionnement » de 0,12 M€ (passage de 0.4 à 0.52) ; soit + 30% - àP31, de réduire ce même seuil de 0.07 M€ (passage de 0.7 à 0.63) ; soit - 10%.

3.2.10 Validation des conclusions scientifiques par les acteurs etrecommandations finales (Phase X)

33..22..1100..11 CCoonntteennuu ddee llaa pphhaassee eett ccaarraaccttèèrree ppaarrttiicciippaattiiff

Les recommandations brutes d�actions, ou conclusions scientifiques, obtenues dans laprécédente phase par les HE, vont être soumises à l�avis de membres du groupe de travail86

pour faire l�objet d�une validation, que l�on pourrait également nommer délibération. Cettedernière est conçue ici comme un ensemble d’approbations ou amendements

83 selon les contraintes de temps, de moyens financiers et humains, de disponibilité des acteurs, etc.

84 en fonction notamment des contraintes temporelles d�étude, du climat socio-politique du moment, des relationsplus ou moins conflictuelles qu�ils entretiennent.

85 on entend par là de faire converger les rangements atypiques (4 cas sur 20) vers le préordre total obtenu dans lalarge majorité de cas (16 cas sur 20), à savoir : a I b S c.

86 Notons qu�il est préférable d�exclure les évaluateurs de cette délibération, ou qu�ils soient simplementspectateurs, pour des raisons d�indépendance vis à vis des recommandations finales exprimées sur lesactions.

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argumentés lors d’un débat (pour, contre, neutre, à exclure), menant à l’élaborationdes recommandations finales du groupe de travail. La recherche d�un compromiss�avère parfois nécessaire.

Les conclusions scientifiques sont généralement reprises sous la forme de propositions dutype : - l�action « d » est toujours sélectionnée - les actions « e » et « f » sontsystématiquement éliminées - l�action « g » est généralement bien classée - l�action « f » esttoujours classée dernière - l�action « g » obtient une évaluation globalement satisfaisante -les actions « d » et « g » sont incomparables - etc.

La validation peut, quant à elle, se présenter sous une forme tabulaire, consistant à dresserla compilation d’une conclusion (Maystre, Bollinger, 1999, pp. 78-79) en croisant lesprécédentes propositions types avec les avis d�acteurs. Ce tableau a l�intérêt principal defaire apparaître leurs positions vis-à-vis des recommandations finales87; de faciliterl�élaboration d�un rapport d�étude clair et accepté. Les actions recommandées apparaîtrontalors, la décision finale incombant aux seuls décideurs.

Par la démarche adoptée dans cette phase, les PI et les évaluateurs n�ont pas lesentiment d�abandon avant la fin du processus. Ceci permet d�une part de prévenir, tant quepossible, des rejets d�une recommandation brute, et d�autre part, d�élaborer conjointementun rapport final dans des termes non seulement techniques mais intelligibles par l�ensembledes membres du groupe de travail. Le développement durable passe également par uneinformation sur les décisions préconisées qui soit intelligible, tant pour les acteurs qui ontpris part aux processus que pour ceux qui en ont une vision extérieure. Aussi, le rôle d�HEest-il moins perçu comme celui d�un alibi scientifique auprès des décideurs oucommanditaires : jusqu�au bout du processus, il s�efforcera de valoriser l�apport des diversacteurs dans l�élaboration des recommandations finales.

33..22..1100..22 IIlllluussttrraattiioonn àà ll��ééoolliieenn

Les divers rangements des localisations obtenus et les interprétations associées serontsoumis à l�avis (pour, neutre, contre, à exclure) des PI (17 votants), avant de formuler lesrecommandations finales d�implantation destinées aux décideurs officiels. Cette conclusiondu groupe de travail peut être présentée comme suit.

Tableau 11 - Compilation d’une conclusion de groupe et recommandations finales delocalisation du parc éolien

Avis des membres du groupe de travailRecommandations finales Pour

%Contre

%Neutre

%A exclure

%

R1 La localisation « c » n�estpas retenue

Tous100 - - -

R2Les localisations « a » ou« b » peuvent êtreretenues indifféremment

Autres PI76.47

P15, P16, P30, P3123.53 - -

R3La localisation « a » estpréférable à lalocalisation « b »

P30, P3111.76 - - Autres PI

88.24

R4La localisation « b » estpréférable à lalocalisation « a »

P15, P1611.76 - - Autres PI

88.24

Notons que cette compilation suppose que les acteurs P15, P16, P30 et P31 n�ont pasaccepté de réviser leurs positions (variations du poids relatif du critère g1, du seuil depréférence p7), suite aux analyses de sensibilité-robustesse évoquées dans la phaseprécédente.

87 Un degré de (non)consensus entre les acteurs peut être exprimé avec l�outil SURMESURE [Pictet et al., 1994].

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En effet, même s�il est techniquement possible d�obtenir un unique préordre total surl�ensemble des localisations potentielles (a I b S c), faut-il encore que les conditionsd�obtention d�un tel résultat ne soient pas jugées contraignantes par les acteurs concernés.En cas de refus , il s�avèrerait impossible d�obtenir un consensus unanime à propos durangement. En revanche, si les révisions de positions sont toutes acceptées, lesrecommandations brutes R3 et R4 seraient exclues de la compilation d’une conclusionde groupe; retenant dès lors R1 et R2 qui pourraient constituer un plus large consensus88,éventuellement unanimitaire en terme de validation.

Après avoir exposé le type de démarche participative que nous proposions dans cedernier chapitre, il est à présent possible de porter un regard d�ensemble sur ce type derecherche procédurale.

4 CONCLUSION

Depuis longtemps les sciences économiques empruntent des outils analytiquesrigoureux aux mathématiques, plus particulièrement à la recherche opérationnelle,pour modéliser les problèmes de décision. La théorie de jeux, les procédés d�optimisationd�une fonction objectif sous contraintes, etc. sont des exemples classiques, qui alimententl�analyse économique des comportements d�agents. Dans un souci d�allier modélisation etapplication à grandeur réelle, le calcul économique des choix publics à connu un regaind�intérêt avec l�analyse économique de projets (Greffe, 1999). A cet effet, les techniquescoûts-avantages, leurs critères de synthèse (rapport coûts-avantages actualisés, bilan socialactualisé, taux de rendement interne, etc.) et règles de décision (MaxiMax, MaxiMin,MiniMax regret, espérance mathématique, approche Bayesienne, etc.) ; tout comme lesanalyses coûts-efficacité ont fait et font toujours l�objet d�études appliquées nombreuses etvariées.

Cependant, l’impérialisme économique n’est plus le seul paradigme possible dèsqu’il s’agit d’appréhender des problèmes décisionnels complexes, impliquant demultiples acteurs aux systèmes d’informations et de valeurs hétérogènes, voireconflictuels. Plus particulièrement, l�ouverture des sciences économiques sur l�étude del�environnement et du développement durable, nécessite de considérer concomitammentdes préoccupations d�ordres écologique, économique, sociale et éthique, notamment, en destermes non exclusivement monétaires ou utilitaristes afin de faciliter le dialogue et ladémarche participative89. L�économiste moderne, s�attelant à étudier la décision collective,l�évaluation des politiques et projets publics, la gestion publique ; se doit de ne plusseulement penser à la place des autres acteurs à l�aide d�un système de valeurs propre àl�homo-�conomicus. Sa nouvelle mission s�inscrit aussi dans la confrontation des outilsqu�il défend avec la réalité économique et sociétale. C�est également son devoir d�impulserde nouvelles formes de gouvernance par des méthodologies, modélisations et applicationsutiles apportant des réponses à la demande sociale de participation aux décisions.

Ainsi, afin de ne pas sombrer dans l�unique voie de l�économisme, et dans un souci denouvelles avancées pour étudier l�aide à la décision publique, les sciences économiques ontbesoin de poursuivre leur quête originelle visant à emprunter des modélisations dansdiverses autres sciences. A cet égard, l�analyse multicritère, branche de la rechercheopérationnelle moderne, est selon nous un des outils supplémentaires, parmi d�autres(Froger, 2001), pouvant contribuer à mieux positionner l�économiste dans la positivité dudiscours scientifiques relatifs à la gouvernance participative des projets et politiquespublics.

88 Les 20 cas de figure convergeraient vers une même préférence globale sur les localisations : a I b S c.

89 avec des experts rattachés à d�autres disciplines (telles que les sciences de l�environnement, par exemple), ouencore avec les acteurs socioéconomiques privés, etc.

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En effet, l�AMCDP que nous avons présenté ici, repose sur des hypothèses analytiquesfaibles90, pouvant être confrontées à l�activité réelle et non seulement théorique ounormative d�aide à la décision et l�évaluation, et propose un cadre méthodologiquesuffisamment souple91 permettant des adaptations aux problèmes étudiés. Plusparticulièrement, une telle recherche procédurale offre des possibilités pour la prise encompte : - de systèmes de valeurs multiples plus ou moins conflictuels - des limitesd�information - des évaluations citoyennes ou / et expertes - de la légitimité, l�ouverture etla réversibilité relative des processus décisionnels ou / et évaluatif - la nécessairestructuration desdits processus pour clarifier le rôle affecté à chacun des acteurs associés -d�avis propres à ces derniers, grâce à l�informatisation des principales modélisationsmulticritères offrant un potentiel de calcul considérable. L’AMCDP, que nous avonssoumise à l�étude de cas, revêt des atouts nous permettant de la situer parmi lesrecherches procédurales pouvant favoriser l’émergence d’une gouvernanceparticipative des projets et politiques, et dès lors, une relative « maîtrise » ex ante durejet social des décisions publiques / groupales.

Notons qu�un tel « calcul multicritère » ne désire aucunement être l�antonyme du calculéconomique issu de la recherche opérationnelle traditionnelle ; mais une approchecomplémentaire voire syncrétique de ce dernier (Roy, Damart, 2002). En tant que supportméthodologique d�évaluation, l�AMCDP peut contribuer à renforcer de manière factuellela démocratie participative par l�implication d�acteurs, non officiellement au pouvoir,dans la formulation, la décision, l�évaluation, le pilotage des politiques et projets publics92 :« participer pour construire autrement le renseignement qui sécurisera davantage l’actionpublique » (Baslé, 2000). La conduite de démarches participatives doit néanmoins resterprudente, afin qu�elles ne soient pas vecteurs d�implications déguisées d�acteurs, ous�avérer dénuées de tout contrôle sur les rapports de forces qui peuvent s�y établir (Donzel,1996). La course à la participation n’est pas une fin en soi.

Il y a encore une dizaine d�années, l�analyse multicritère était confiné au statut detechnique originale, voire utilisée par de rares économistes hétérodoxes. De nos jours, elle àfait son entrée dans le dictionnaire des sciences économiques (Roy, 2001) et diversespublications apparaissent (cf. point 2). Espérons que ce type de recherche procéduralecontinue à gagner la confiance des économistes positivistes.

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90 Par exemple : - outrepasser la quête de l�optimum pour rechercher des solutions satisfaisantes de compromis,

tout en laissant la possibilité technique de retrouver des solutions optimales lorsqu�elles existent - admettreles limites informationnelles, et modéliser dès lors l�imprécision, l�incertitude, l�indétermination quientachent les évaluations d�actions - ne pas forcer les préférences, en voulant comparer l�incomparable -construire et appréhender des critères de choix reflétant les préoccupations variées d�acteurs, nonexclusivement monétaires - etc.

91 Notamment : - ne pas prédéterminer une modélisation pour éclairer le problème, mais choisir ou adapter cheminfaisant le modèle en fonction du cas d�étude pouvant d�ailleurs évoluer durant la période d�analyse - offrir,dans les limites permises, la possibilité aux acteurs du processus de réviser leurs avis durant celui-ci -soumettre les recommandations brutes d�actions, purement scientifiques, à l�avis des acteurs du processus -etc.

92 ce qui peut être parfois perçu par les décideurs comme une perte de souveraineté, mais générer aussi desrapports de force inattendus.

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