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Retour INSUFFISANCE RENALE ET MALADIES PARODONTALES On a un peu trop tendance en pratique bucco-dentaire quotidienne à limiter l’examen clinique à l’état de la denture, à rechercher une cause locale pour expliquer divers troubles qui motivent la consultation. Trop souvent, et cela tient sans aucun doute de la formation universitaire, l’état général est négligé. Par exemple, en cas de traumatisme dentaire chez un enfant, le chirurgien-dentiste s’inquiète à juste titre de dresser le bilan des lésions dentaires ou des tissus mous afin d’envisager la thérapeutique. Alors qu’un médecin se préoccupe en premier lieu de la vaccination antitétanique. Mais il est vrai que le traitement dentaire ne lui revient pas. Il en va de même très souvent dans la prise en charge d’une maladie parodontale. Tout à fait logiquement, le chirurgien-dentiste met en œuvre tous les moyens de diagnostic et d’évaluation des lésions, recherche les causes d’irritation locale qui constituent la première phase du traitement par leur suppression ou par leur correction. Mais trop souvent, le traitement est poursuivi par les techniques parodontales, certes toujours nécessaires. Et pourtant, le Pr Pierre TONNELIER, dans son livre (« Abrégé de médecine au cabinet dentaire » - SNPM 1981), affirme : « Toute altération radiculaire, apicale, périapicale, péri-maxillaire ou cellulaire, d’origine dentaire doit comporter un bilan rénal de laboratoire simple, en raison de l’axe pathologique tripartite dent-parodonte-glomérule ». A l’appui de cette affirmation péremptoire, il cite des observations cliniques portant sur 30 cas de glomérulo-néphrites chroniques, dans lesquels on retrouve : · 11 gangrènes pulpaires · 17 granulomes apicaux · 7 accidents muqueux péricoronaires ou kystes marginaux surinfectés · 6 sinusites maxillaires d’origine dentaire · 1 abcès péri-mandibulaire · 2 traitements radiculaires · 4 parodontopathies Il faut reconnaître que cette liste laisse perplexe et suscite une certaine inquiétude rétrospective, car chaque praticien se trouve confronté tous les jours à de telles pathologies bucco-dentaires et combien de fois a-t-il demandé un bilan rénal ? Sans doute y a-t-il dans tout cela un peu d’exagération, voire une exagération certaine. L’expérience clinique montre le bien

Dent et homéopathie

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Insuffisance renale et maladies parodontales

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INSUFFISANCE RENALEET MALADIES PARODONTALES

On a un peu trop tendance en pratique bucco-dentaire quotidienne à limiter l’examenclinique à l’état de la denture, à rechercher une cause locale pour expliquer divers troubles quimotivent la consultation. Trop souvent, et cela tient sans aucun doute de la formationuniversitaire, l’état général est négligé. Par exemple, en cas de traumatisme dentaire chez unenfant, le chirurgien-dentiste s’inquiète à juste titre de dresser le bilan des lésions dentaires oudes tissus mous afin d’envisager la thérapeutique. Alors qu’un médecin se préoccupe enpremier lieu de la vaccination antitétanique. Mais il est vrai que le traitement dentaire ne luirevient pas.

Il en va de même très souvent dans la prise en charge d’une maladie parodontale. Tout àfait logiquement, le chirurgien-dentiste met en œuvre tous les moyens de diagnostic etd’évaluation des lésions, recherche les causes d’irritation locale qui constituent la premièrephase du traitement par leur suppression ou par leur correction. Mais trop souvent, le traitementest poursuivi par les techniques parodontales, certes toujours nécessaires. Et pourtant, le PrPierre TONNELIER, dans son livre (« Abrégé de médecine au cabinet dentaire » - SNPM 1981),affirme :

« Toute altération radiculaire, apicale, périapicale, péri-maxillaire ou cellulaire,d’origine dentaire doit comporter un bilan rénal de laboratoire simple, en raison de l’axepathologique tripartite dent-parodonte-glomérule ». A l’appui de cette affirmationpéremptoire, il cite des observations cliniques portant sur 30 cas de glomérulo-néphriteschroniques, dans lesquels on retrouve :

· 11 gangrènes pulpaires

· 17 granulomes apicaux

· 7 accidents muqueux péricoronaires ou kystes marginaux surinfectés

· 6 sinusites maxillaires d’origine dentaire

· 1 abcès péri-mandibulaire

· 2 traitements radiculaires

· 4 parodontopathies

Il faut reconnaître que cette liste laisse perplexe et suscite une certaine inquiétuderétrospective, car chaque praticien se trouve confronté tous les jours à de telles pathologiesbucco-dentaires et combien de fois a-t-il demandé un bilan rénal ? Sans doute y a-t-il dans toutcela un peu d’exagération, voire une exagération certaine. L’expérience clinique montre le bien

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fondé de l’attitude de réserve des dentistes. Mais tout cela mérite réflexion.

Si l’on accorde un instant un peu d’intérêt aux recommandations de P. TONNELIER, unebanale constatation argumente en faveur de la thèse de P. TONNELIER, même s’il faut luidonner la place qu’elle mérite = MERCURIUS SOLUBILIS est considéré comme l’un desmédicaments homéopathiques les plus importants de troubles buccaux, notamment de lagingivite ulcéro-nécrotique ou des parodontopathies en raison de pathogénésie de ce toxique.Or le mercure est également un néphrotoxique très puissant et en conséquence l’un desmédicaments homéopathiques les plus importants des atteintes rénales, dont l’insuffisancerénale chronique ! Et cette constatation banale prend un certain relief dans le contextemédiatique actuel à propos du relargage de mercure à partir des obturations à l’amalgame, accusées de provoquer des troubles toxiques, rénaux entre autres. Ce qui suscite despolémiques multiples entre les tenants de cette thèse et les responsables d’organismes officielset médicaux qui affirment que les quantités de mercure libéré sont infinitésimales et ne peuventavoir de conséquences mesurables. Les homéopathes n’ont pas le même avis sur l’action dedilutions infinitésimales. Mais il s’agit là d’un autre problème que nous avons abordé en d’autrestemps.

CLINIQUE SOMMAIRE DE L’INSUFFISANCE RENALE : Nous ne pouvons entreprendre ici une étude exhaustive. Seront seulement rappelésquelques aspects qu’il conviendra à chacun de compléter. Les conséquences de l’insuffisancerénale chronique sont nombreuses, certaines discrètes, d’autres qui le sont beaucoup moins aufur et à mesure de l’évolution vers l’aggravation de l’atteinte rénale. L’apparition des troubles estsouvent insidieuse.

· La fonction rénale assure l’élimination des déchets métaboliques et en particulier dessubstances azotées d’où une tendance progressive à l’hyperuricémie ou àl’hyperazotémie.

· La fonction urinaire est perturbée dans le sens d’une polyurie mais avec perte deconcentration avec des conséquences hydroélectriques = l’excrétion du potassium restenormale assez longtemps puis elle diminue et peut être responsable d’une hyperkaliémienécessitant parfois des traitements d’urgence (fatigabilité musculaire, pseudo-paralysie,troubles de l’électrocardiogramme, œdème pulmonaire, acidose…). Mais la polyurie peutentraîner une fuite du calcium (hypocalcémie), elle-même responsable d’unedéminéralisation osseuse de la trame protéique qui s’exprime en clinique parl’ostéomalacie, l’ostéite fibreuse dont la maladie de Recklinghausen (mandibule). Maissurtout, cette déminéralisation concerne également les tissus osseux alvéolaires etmaxillaires et dans ce contexte, les maladies parodontales n’apparaissent que comme unépiphénomène qui ne doit pas être minimisé = on comprend facilement que lestechniques chirurgicales parodontales sont vouées à l’échec et ne doivent pas êtreentreprises chez ces malades, aussi longtemps que leur fonction rénale n’est pasrétablie.

· L’anémie est un autre trait caractéristique de l’insuffisance rénale. Elle se manifeste parune pâleur, un essoufflement à l’effort, un souffle cardiaque anorganique. Plusieursfacteurs l’expliquent = le déficit en hormone hématopoïétique d’origine rénale quiraccourcit le temps de vie des hématies – le déficit en fer…

· Les insuffisants rénaux présentent aussi des troubles du métabolisme de l’eau dans lesdeux sens = déshydratation extracellulaire (chute du poids, baisse de la pressionartérielle, tachycardie…) ou hyperhydratation avec tendance à la rétention d’eau, obésité,

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syndrome œdémateux, hyponatrémie…Les homéopathes pensent ici à MERCURIUSSOLUBILIS et à d’autres médicaments du mode sycotique dans sa phase hydrogénoïde.

· L’hypertension artérielle est fréquente et elle est aussi la cause de l’aggravation del’insuffisance rénale. Elle pose quelques problèmes en chirurgie dentaire (entre autres) etimpose les précautions d’usage.

· Il faut encore ajouter à cette liste l’asthénie, quelques troubles digestifs assez banals(nausées, vomissements…). A un stade plus avancé, des hémorragies surviennent =épistaxis, hémorragies digestives, stomatorragies…

LES SIGNES BUCCO-DENTAIRES DE L’INSUFFISANCERENALE :

· Il y a des douleurs dentaires mal expliquées lors de la mastication ou de ladéglutition ;

· Le malade se plaint d’une bouche sèche avec déshydratation de la muqueusebuccale.

· La langue donne des sensations de brûlure, comme si elle était « rôtie ».

· Les dents et la muqueuse se recouvrent de dépôts brunâtres et collants.

· La stomatite est fréquente évoluant vers une gingivo-stomatite ulcéreuse, parfoissuppurée, notamment lorsqu’existent quelques causes locales d’irritation.

· L’halitose est très marquée et évoque une odeur ammoniacale qui est due à une forteélimination d’urée dans la salive. Cette urée subit l’action des uréases bactériennesbuccales qui la transforme en ammoniaque nauséabonde.

· A un stade plus avancé, il y a des parotidites et des sous-maxillites suppurées.

La perturbation du métabolisme des minéraux entraîne une décalcification osseuse etalvéolaire, ce qui explique la gravité fréquente des maladies parodontales, d’autant plus quel’hyperuricémie entraîne des troubles de la nutrition des tissus gingivaux par le fait d’uneinflammation capillaire chronique. On mesure ainsi combien la chirurgie parodontale est alorsvouée à l’échec dans ce contexte. Certes, avant d’entreprendre ces traitements spécialisés, unpraticien consciencieux aura procéder à un bilan général complet. Le problème se retrouveégalement en implantologie.

Mais il existe des états intermédiaires, lorsque le patient est à l’orée d’une pathologierénale encore fonctionnelle, qui va s’aggraver progressivement. Heureusement si l’on peut dire,la déminéralisation osseuse alvéolaire se voit facilement sur les clichés radiologiques = osalvéolaire comme lavé, très radio clair, la lamina dura se trouve comme gommée. TONNELIERaffirme que parfois certaines structures comme le canal dentaire inférieur ou le trou mentonnierne sont plus visibles. Et même, on peut voir des lésions de l’ostéite fibreuse de VonRecklinghausen.

PRECAUTIONS A PRENDRE CHEZ L’INSUFFISANT

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RENAL :

Il s’agit là de rappels car le dentiste homéopathe ne peut échapper à ces règles deprécautions. Tout d’abord, il est nécessaire d’éliminer tous les foyers dentaires pouvantentraîner ou aggraver les troubles de la fonction rénale. Cette élimination est d’ailleurs le plussouvent demandée par le médecin traitant ou le service hospitalier, elle est même souvententreprise à l’hôpital même.

Les dents atteintes de foyers apicaux ou de kystes doivent être extraites, ou alors et sipossible, un résection apicale doit être réalisée. La plus grande méfiance est exigée en cas dedents gangrenées, car la stérilisation des canaux n’est jamais garantie.

Schéma montrant une lésion apicale sur uneprémolaire inférieure et les conséquences à distance,

ce que l'on appelle les infections focales.

Cependant, si la chirurgie est impérative, elle ne peut être entreprise que dans certainsconditions car il y a des écueils à éviter :

1. Les malades sous dialyse ont une fragilité des plaquettes et leur thrombopénie estsouvent inférieure à 80 000/mm3.

2. Ils ont en outre un risque supplémentaire d’hémorragie per- ou post-opératoire due àl’héparine résiduelle, injectée au moment de la dialyse. Une prémédication par lemédecin est donc nécessaire.

3. Ils ont une tendance à l’anémie dont il faut tenir compte.

De toute façon, il est nécessaire pour le chirurgien-dentiste de réunir tous les facteurs desécurité pour la patient et donc de prendre systématique l’avis du médecin traitant, même avantla prescription de certains médicaments pouvant menacer le rein.

CONDUITE DU CHIRURGIEN-DENTISTE « HOMEOPATHE »CHEZ L’INSUFFISANT RENAL

Le chirurgien-dentiste « homéopathe » se trouve naturellement chargé de prendre encharge les problèmes bucco-dentaires de son patient. Tout le problème apparaît lorsque les

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troubles bucco-dentaires trouvent leur origine ailleurs que dans la bouche. Ce qui est le cas lorsd’une insuffisance rénale. Deux cas différents peuvent se présenter = le patient est déjà pris encharge par un médecin homéopathe ou bien il ne l’est pas. Dans les deux cas, il ne revient pasau chirurgien-dentiste de traiter l’insuffisance rénale. Seulement, même en répertoriant sur lessignes bucco-dentaires, le médicament ainsi individualisé peut très bien avoir une action sur leplan général. Il faut donc demander l’avis du médecin traitant avant la prescription et là encoreon retrouve un autre problème lorsque le patient n’est pas suivi par un homéopathe. La plusgrande réserve sera donc la ligne de conduite.

Personne ne peut donc être étonné que dans la présente étude les signes bucco-dentaires soient valorisés ou privilégiés, alors que les signes de l’insuffisance rénale ne sontqu’évoqués.

Un dernier point mérite un commentaire = l’insuffisance rénale n’existe pas, en tantqu’entité pathologique, dans le Répertoire de Kent, on ne trouve que des signes rénaux ouurinaires non reliés à une pathologie précise, comme c’est presque toujours le cas enhoméopathie. Il ne faut pas oublier que les Matières médicales ont été élaborées pour la quasi-totalité au siècle dernier, avant que la nosologie contemporaine ne soit établie.

Si l’on répertorie sur les signes buccaux et si l’on ajoute seulement deux signesgénéraux (asthénie et anémie), l’ordinateur « sort » une liste assez longue avec en tête =ARSENICUM ALBUM, MERCURIUS SOLUBILIS, SULFUR, puis CARBO VEGETABILIS,CHINA, LACHESIS, MERCURIUS CORROSIVUS, PHOSPHORUS, SEPIA, PLUMBUMMETALLICUM, CAUSTICUM, KALI BICHROMICUM, etc… On trouve encore un peu en retrait =LYCOPODIUM, CALCAREA CARBONICA, NATRUM SULFURICUM, PULSATILLA, KALICARBONICUM, KALI NITRICUM…

Cependant = il faut se méfier de ces listes et surtout il ne faut pas leur accorder unevaleur absolue car tout dépend des symptômes retenus. Il ne doit pas y avoir d’idéespréconçues. Et surtout, la répertorisation n’a de sens que lorsqu’elle est réalisée àcompter des seuls signes retrouvés d’une manière sûre chez le patient.

L’un des avantages de l’homéopathie, outre son efficacité, est son absenced’effets secondaires. Les médicaments homéopathiques ne présentent aucun risque denéphrotoxicité.

MERCURIUS SOLUBILIS

C’est sans doute le médicament le plus souvent indiqué dans les troubles bucco-dentaires des luétiques. Sa toxicité est bien connue, très souvent incriminée dans desintoxications de toutes sortes, industrielles ou autres, dont l’accusation des amalgamesdentaires. Cette toxicité, quelle que soit son intensité, s’exprime notamment par la gingivo-stomatite si caractéristique au point que trop souvent ce médicament est prescrit sansindividualisation suffisante. Cette toxicité, notamment sur le rein, explique que ce médicamentpeut être prescrit chez des sujets différents, quels que soient leur type morphologique ou lemode réactionnel en cause, dès lors que l’on respecte le principe de similitude.

Les signes bucco-dentaires :

· Haleine fétide, nauséabonde, qui se répand dans la pièce et donc perceptible à distancedu patient.

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· Hypersalivation fétide, visqueuse, qui tache l’oreiller car elle est très nettement augmentéela nuit (modalité d’aggravation du remède et du mode tuberculinique).

· Gencive enflammée, œdématiée, ulcérée, sanguinolente au moindre contact.Gingivite d’aspect scorbutique. Maladie parodontale avec poches suppurées.

· Langue étalée, flasque et enflée, gardant l’empreinte des dents, sale ou saburrale (enduitjaunâtre nauséabond). Langue parfois fissurée.

· Tremblement de la langue lors de sa protrusion (tremblement mercuriel).

· Tendance aux caries dentaires (3°d) dont celles des collets.

· Douleurs dentaires, pires la nuit, aggravées par les boissons chaudes ou froides(températures extrêmes)

· Aphtes (degré fort), n’importe où dans la bouche mais aussi au niveau de la langue (2°d).

· Douleurs brûlantes dans toute la bouche ou au niveau de la langue.

· Nombreuses dysgueusies : goût amer (3°d), sucré (3°d), insipide (3°d), mauvais goût(3°d), goût métallique (3°d), goût salé (3°d), goût acide (2°d), goût vaseux (3°d).

· Mucosités.

· Sécheresse de la bouche et de la langue (3°d) ou du palais (2°).

· Sensation d’agacement des dents ou qu’elles sont trop longues.

Comme on peut le voir, les signes bucco-dentaires sont très nombreux et souvent audegré fort. Et cependant, ils ne suffisent pas à justifier, à eux seuls, la prescription de cemédicament. D’abord et paradoxalement, du moins en apparence, parce qu’ils sont communs àde nombreux médicaments. Ensuite parce que les signes locaux doivent être insérés dans leurcontexte général, qui les valorise et permet l’individualisation du médicament indiqué.

Voici une synthèse de la Matière médicale de MERCURIUS SOLUBILIS.

· Suites de troubles exprimant les caractéristiques du mode luétique que des causesoccasionnelles révèlent = infections saisonnières déclenchées par le froid humide, qui deplus les aggrave - mais et cela exprime la complexité des grands polychrestes, d’autrescauses évoquent les modes psorique et sycotique = suppression d’un écoulement, d’uncoryza, de condylomes, d’éruption cutanée, de l transpiration ou encore suite devaccinations, de traumatisme crânien, enfin de troubles provoqués par la dentition. Maisà l’occasion de l’action de l’une de ces causes, les troubles qui s’en suivent présententles caractéristiques du mode luétique.

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· Le comportement psychique reflète l’action diphasique habituelle des toxiques : d’abordexcitation avec = irritabilité, mauvaise humeur, inquiétude et angoisses, agitationanxieuse, comportement hâtif et précipité, colères (avec impulsions à tuer ou à se tuer) -puis dépression = paresse intellectuelle avec faiblesse de la mémoire, découragement,perte de volonté, prostration, réponses lentes aux questions, et dans des cas extrêmesévolution vers l’imbécillité ou l’idiotie (comme dans la syphilis !).

· Tendance aux inflammations aiguës et chroniques caractérisées par la suppuration etl’ulcération à tous les niveaux. Toutes les muqueuses peuvent être concernées = bouche(gingivo-stomatite ulcéro-nécrotique), pharynx, nez, gorge, yeux, intestins, appareilgénito-urinaire, etc... Ces inflammations sont accompagnées de sécrétions ou excrétionsabondantes, purulentes, corrosives, nauséabondes.

· Troubles cutanés = éruptions diverses surtout vésiculeuses et pustuleuses, prurigineuses(aggravation la nuit à la chaleur du lit) toujours caractérisées par une tendance à lasurinfection, à la suppuration, à l’ulcération superficielle phagédénique. Transpirationabondante, notamment la nuit qui rend le sujet mal à l’aise, sueurs visqueuses et demauvaise odeur.

· Troubles neurologiques = tremblements des extrémités aggravés à l’émotion et à lafatigue - nombreuses douleurs = céphalées, douleurs périostées à localisations crânienneet prétibiale, nettement aggravées la nuit.

· Atteintes des glandes et des ganglions avec tendance aux adénites suppurées.

· Troubles osseux = alvéolyse dans un contexte inflammatoire (maladie parodontale avecpoches suppurées), ostéite (dont l’alvéolite), périostites, etc...

· Modalités :

* Aggravation = LA NUIT, par le froid humide, par les changements de temps, par lestempératures extrêmes, par la transpiration, par la chaleur du lit.

* Amélioration = par une température modérée, par le repos.

Voilà donc les grands signes sur lesquels repose l’indication de MERCURIUSSOLUBILIS. Il faut souligner que ce médicament de fond se trouve très souvent indiqué pourdes troubles inflammatoires aiguës ou chroniques. Et pour ces derniers, il faut rappeler laposologie = les basses dilutions favorisent le sens centrifuge (mais ne pas donner en dessousde la 5 CH du fait de la toxicité) en pensant aux risques de suppuration en cavité close - leshautes dilutions (15 ou 30 CH) favorisent le sens centripète - enfin les dilutions moyennes sontambivalentes. Comme tous les toxiques puissants, MERCURIUS SOL. ne doit pas êtrerenouvelé trop souvent = une à deux fois par jour au maximum dans un cas aigu, une à trois foispar semaine en pathologie chronique.

MERCURIUS est un remède possible de néphrite aiguë, qui concerne le médecin etjamais le dentiste. Mais même dans ce cas les signes buccaux conditionnent le choix duremède (hypersalivation, langue flasque, étalée, chargée, gardant l’empreinte des dents,stomatite ou gingivite ulcéreuse), ils accompagnent toujours l’aggravation nocturne et dessueurs nocturnes huileuses qui laissent le patient mal à l’aise.

Ensuite, après une ou plusieurs crises aiguës, le patient évolue vers une néphritechronique avec insuffisance rénale. Les signes évoluent avec plus de discrétion, peuvent même

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être discrets au point que le dentiste de ne rende même pas compte de l’insuffisance rénale,qu’il n’a certes pas l’habitude d’appréhender. La diurèse est diminuée avec des urines foncées,sanguinolentes, albumineuses. On retrouve encore une fois les sueurs abondantes, visqueuses,de mauvaise odeur, pires la nuit, mettant mal à l’aise. Surtout, l’atteinte générale apparaît avecun amaigrissement progressif, une asthénie non expliquée par le mode de vie, une anémie.Bien entendu avant l’urémie terminale il se passe du temps et surtout le patient est le plussouvent pris en charge. Paradoxalement, une tendance à la sclérose se développe et peutralentir la dégradation du parodonte. Dans toute cette période d’atteinte nutritionnelle, il estnormal de voir quelques signes buccaux et généraux de remèdes comme PLUMBUMMETALLICUM (plus de sclérose, moins d’inflammations), ARSENICUM ALBUM (cachexie,agitation, anxiété, troubles lésionnels plus graves) ou PHOSPHORUS (remède dedégénérescence graisseuse du foie ou ici du rein, avec sa tendance aux congestions locales etaux hémorragies).

Avant de poursuivre sur d’autres médicaments, il convient de donner à MERCURIUS laplace qui lui revient et de rappeler ses grandes indications, aussi bien chez l’enfant que chezl’adulte, en débordant largement le cadre étroit de la seule insuffisance rénale.

Mercurius solubilis chez l’enfant :

Le mercure est un toxique et surtout une substance étrangère à l’organisme. Pourquoirappeler ces évidences ? Tout simplement pour rappeler que l’action toxique se manifeste chezn’importe quel sujet, quelle que soit sa morphologie. Et qu’il n’y a pas de type morphologiqueparticulier. Ce n’est pas ce qui se passe par exemple pour PHOSPHORUS. Le phosphore étantl’un des plus importants minéraux indispensables à l’ostéogenèse, il module un typemorphologique qui porte son nom, le type « phosphorique » grand et maigre, longiligne. Cetteaction métabolique explique tout un ensemble de signes et symptômes, que l’on retrouve chezle tuberculinique à la phase oxygénoïde. Mais le phosphore est aussi un toxique puissant quipeut atteindre n’importe qui, ce qui explique d’autres signes et symptômes, comme par exemplel’action sur le sang et la coagulation, quel que soit le biotype.

Rien de tel avec le mercure, qui n’a aucune action métabolique. Cependant, il y a deuxtypes d’enfants répondant à MERCURIUS SOLUBILIS : un type gras et un type maigre.

Le type gras est le plus fréquent et il offre de nombreuses similitudes avec CALCAREACARBONICA : sensibilité au froid humide qui joue un rôle déterminant dans le déclenchementd’une pathologie O.R.L. fréquente et surtout itérative chez l’enfant durant la saison hivernale -atteinte des formations lympho-ganglionnaires avec hypertrophie - lymphatisme et lenteur,phobies et apathie après une phase d’excitation. Il est intéressant de noter que chez cet enfantqui se défend mal, les modes réactionnels sont imbriqués. L’enfant CALCAREA CARBONICAuse avant tout du mode psorique notamment parce que c’est celui de ses parents ou de l’un desdeux. Ensuite, il met rapidement en œuvre le mode sycotique parce que son systèmeimmunitaire est trop sollicité et surtout déprimé par la sensibilité au froid, par le ralentissementmétabolique et par les médicaments trop abondamment prescrits. Certains de ces enfantsCALCAREA CARBONICA évoluent vers MERCURIUS SOLUBILIS pour différentes raisons etsans doute encore une fois du fait d’un facteur héréditaire. Le mode luétique influence alorsl’aspect de la pathologie, notamment dans le sens d’une tendance à la suppuration et àl’ulcération. Or dans cette occurrence, on retrouve un autre médicament assez complexe =HEPAR SULFUR, autre remède important de suppuration aiguë, mais aussi chronique (mais ilest aggravé par le froid et amélioré par la chaleur, comme Arsenicum album). Et curieusement,HEPAR SULFUR est le plus important remède antidote du mercure. Déjà le nourrisson du typeMercurius exprime ses difficultés défensives qui offrent encore une fois des similitudes avecCALCAREA CARBONICA = grosse tête avec fontanelles larges, peau malsaine sujette à uneczéma humide qui suppure facilement, érythème fessier (Medorrhinum). Puis rapidement

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peuvent apparaître des otites suppurées avec la note luétique représentée par une tendance àl’ulcération du tympan. Aussi bien chez CALCAREA CARBONICA que chez MERCURIUSSOLUBILIS, la dentition peut être retardée et difficile (convulsions).

Autres faits = MERCURIUS SOLUBILIS comme CALCAREA CARBONICA sont indiquésdans les suites de suppression d’élimination. MERCURIUS SOL. est l’un des remèdes de suitesde traumatisme crânien, notamment chez l’enfant. Comme d’ailleurs NATRUM SULFURICUM,le plus important remède du mode sycotique dans sa phase hydrogénoïde, complémentaire deCALCAREA CARBONICA (entre autres) dans l’imbibition hydrique et dans la sensibilité au froidhumide ou encore dans les conséquences iatrogènes de certains médicaments déprimant lesystème immunitaire comme les antibiotiques ou les vaccins. Voilà donc une situation cliniquecomplexe du fait de l’expression simultanée de plusieurs modes réactionnels, ce qui estl’expression d’une insuffisance immunitaire. Heureusement, il y a des différences qui permettentde comprendre telle ou telle situation. Chez un enfant CALCAREA CARBONICA, l’indication deMERCURIUS n’est que transitoire, momentanée, expliquée par des facteurs circonstanciels etPSORINUM est le complémentaire diathésique de fond lorsque l’enfant ne réagit plus très bien.Chez l’enfant luétique, MERCURIUS SOL. est LE remède de fond, avec le renfort dubiothérapique luétique qu’est LUESINUM.

L’enfant Mercurius sol. consulte son dentiste pour = des aphtes parfois graves, toujoursrécidivants, douloureux, accompagnés d’adénopathies satellites, d’une hypersalivationnauséabonde surtout nocturne, ou pour une gingivite, parfois d’origine herpétique, mais surtoutpour des abcès d’origine dentaire notamment lorsqu’existe une note dystrophique dans lamorphologie avec des caries des dents de lait plus ou moins importantes. Enfin cet enfantgrince souvent des dents la nuit, son sommeil est troublé par des rêves anxiogènes. L’enfantMERCURIUS peut consulter également pour des caries dentaires. MERCURIUS SOL. est citéau degré fort dans le Répertoire de KENT à la rubrique « Caries » mais est oublié pour lescaries du collet, alors qu’on en trouve mention dans certaines Matières médicales oupublications. Dans cette localisation, sur 14 médicaments il y en a 8 que l’on peut classer parmiles remèdes indiqués dans les troubles du mode luétique = ARGENTUM NITRICUM, AURUMMETALLICUM, CALCAREA FLUORICA, FLUORIC ACID., IODUM, MERCURIUS SOL.,LUESINUM, MEZEREUM, les autres sont AMMONIUM CARBONICUM, ARSENICUM ALBUM,CALCAREA CARBONICA, SILICEA, THUYA et TUBERCULINUM.

C’est sans doute dans le type maigre de MERCURIUS que l’on rencontre plusvolontiers la tendance aux caries dentaires. Ce type maigre correspond à un enfant rachitiquechez lequel sont mis en œuvre les modes tuberculinique et luétique, conjonction trèsdéfavorable à la minéralisation dentaire. D’où les caries importantes, notamment des dents delait avec les habituelles complications apicales comme les abcès, la gingivite, etc...

Mercurius solubilis chez l’adulte :

Une fois encore, une situation complexe sur le plan diathésique se retrouve chez l’adulteMercurius. Le mercure, il faut le rappeler, est un toxique puissant et surtout une substanceétrangère à l’organisme, il peut donc intoxiquer n’importe qui. Il y a adéquation entre les troublesqu’il produit et ceux de la syphilis et d’une manière plus générale ceux du mode luétique, chezn’importe quel sujet.

Le patient Mercurius consulte son dentiste le plus souvent pour une gingivite ulcéro-nécrotique avec les signes décrits plus haut, ou encore pour une aphtose buccale aiguë ouchronique. Ces troubles buccaux peuvent être plus ou moins isolés, mais ils se produisent leplus souvent dans un contexte digestif = foie gros et douloureux au toucher ou couché sur lecôté droit, digestion lente avec des renvois, des régurgitations (liquide rance), des nausées, desbrûlures (pyrosis), de la flatulence abdominale (ventre dur, sensible au toucher) et de temps en

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temps des périodes de diarrhée, souvent hémorragique, presque toujours suivie de ténesme. Lacolite ulcéreuse est fréquente, ou la recto-colite, souvent par suite d’amibiase. Rappelons qu’en1972, notre confrère Jean LEGER a soutenu la thèse de rapports de cause à effet entrel’amibiase sous sa forme neuro-végétative, donc la moins connue, et la maladie parodontale. Ilexpliquait que cette maladie souvent oubliée pouvait concerner une grande partie de lapopulation de la région parisienne (plus du tiers !). Dans ce contexte digestif, le remède le plusvoisin est NATRUM SULFURICUM, car ils ont plusieurs troubles en commun, comme lasensibilité au froid humide.

MERCURIUS SOL. peut également avoir une insuffisance rénale, ce qui expliquel’atteinte parodontale. Ainsi, par action sur la fonction hépatique dont on connaît lesconséquences bucco-dentaires ou par action sur la fonction rénale, les facteurs généraux de lamaladie parodontale sont réunis pour en expliquer sa fréquence, son évolution et sa gravité.D’où deux évidences =la chirurgie parodontale sera déconseillée sous peine de récidive rapideet ce aussi longtemps que les deux fonctions hépatique et rénale ne seront pas rétablies - etcomme le traitement des troubles buccaux passe d’abord par celui des causes générales, celaexige la prise en charge par le médecin. Mais il existe des formes encore discrètes quis’expriment par une hypersalivation nauséabonde, par le goût métallique prononcé et par dessueurs surtout nocturnes laissant le patient mal à l’aise, alors que l’état gingival et surtoutparodontal n’est pas encore trop dégradé. Dans ces cas encore frustres sur le plan buccal, uneaction précoce de MERCURIUS SOL. donne de bons résultats. On peut voir encore cespatients pour une aphtose buccale, sans retrouver le contexte gingival ou parodontal. Il estalors parfois difficile de mettre en évidence ce médicament sur des signes encore peu nuancéset l’on hésite souvent entre plusieurs médicaments. C’est toute la difficulté de l’homéopathie,mais c’est aussi son avantage d’une action précoce et préventive sur les menaces connuesparce que bien décrites dans la matière médicale.

Soulignons en passant que dans ces cas encore peu marqués, l’ordinateur rend degrands services. Dans le programme AIDE-HOMEO, la sélection des 5 symptômes banalssuivants : goût métallique + salivation intense + haleine fétide + transpiration ne soulageant pas+ transpiration nocturne donne 9 médicaments = CALCAREA CARBONICA, CHELIDONIUM,LYCOPODIUM, MERCURIUS SOL., NUX VOMICA, PHOSPHORUS et SULFUR. Mais si l’onajoute les 4 signes généraux suivants : Adénopathies + agitation + comportement précipité ettendance aux ulcérations, un seul médicament sort â MERCURIUS SOL.

Il est donc possible de mettre en évidence l’indication de MERCURIUS sur des signesencore banals, certainement réversibles à ce stade. Ensuite se pose le problème diathésique,après le choix du médicament semblable, c’est-à-dire le problème de la compréhension duproblème buccal dans une histoire personnelle évolutive. Car une gingivite a toujours plusieurssignifications et la prévention de la récidive doit tenir compte de chaque mode réactionnel misen œuvre par chaque patient. MERCURIUS SOLUBILIS se trouve ainsi souvent indiqué du faitde la polarité buccale de son action toxique. Il est intéressant de noter qu’il se trouve plussouvent indiqué pour une pathologie aiguë que chronique. La pathologie aiguë peut êtreinterprétée comme une tentative d’élimination chez un sujet psorique qui ne parvient plus àmaintenir son équilibre par le seul mode psorique et qui met en œuvre le mode luétique jusque-là en réserve, mode sollicité par son mode de vie, qui réunit plusieurs facteurs d’atteinte desfonctions hépatiques et rénales.

SULFUR

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(Photo J. JOUANNY)

Pour n'importe quel homéopathe, SULFUR évoque à juste titrele mode réactionnel psorique. Mais il est évident que son indicationdans l’insuffisance rénale explique que l’on n’ait plus affaire à dessujets sthéniques, réagissant avec violence aux divers acteursd’agression par des éliminations centrifuges, alternantes etpériodiques au niveau des émonctoires cutanés, muqueux puisséreux, suivies d’une amélioration de l’état général.

C’est justement parce que les éliminations ne sont plus assurées avec la mêmeefficacité que les grandes fonctions de l’organisme sont atteintes par des pathologiesfonctionnelles d’abord, puis organiques et enfin lésionnelles. Dont l’insuffisance rénale n’estsouvent q’un élément. Autrement dit, le SULFUR insuffisant rénal a perdu de sa superbe et laprescription de ce médicament pose de gros problèmes = bien choisir le moment, le faireprécéder de remèdes complémentaires, souvent à visée émonctoriale, bien choisir la répétitionet la dilution, etc…

On ne peut ici décrire à nouveau les différentes étapes de la décompensation.Rappelons seulement les signes bucco-dentaires principaux:

· Eruptions diverses (dont l’herpès) autour de la bouche, sur les lèvres et dans labouche…

· Aphtes ou vésicules brûlantes. Ulcérations à tendance phagédénique.

· Sécheresse buccale et sensations de brûlure…

· Gingivite banale au début avec des gingivorragies fréquentes, puis évolution vers lagingivite ulcéreuse, puis parodontopathies de plus en plus graves, au fur et à mesureque la décompensation s’accentue.

· Hahnemann écrivait : « Les dents se gâtent, elles se déchaussent, les gencivesse rétractent et découvrent les dents.. . ».

Il est bien évident qu’entre la gingivite érythémateuse du tout début et la maladieparodontale plus ou moins grave qui motive la consultation, il s’est passé beaucoup de temps. Ilest fort probable que le patient ait été suivi ou est suivi depuis cette époque lointaine pour diverstroubles bucco-dentaires banales. Il est aussi certain que ce patient soit déjà traité pour destroubles nutritionnels plus ou moins graves, ou pour une hypertension artérielle avérée etparfois sévère ou enfin pour une insuffisance hépatique plus ou moins avancée.

L’abstention chirurgicale chez ces malades est la règle. Tout au plus le chirurgien-dentiste se limitera à compenser les lésions parodontales, à prescrire tel ou tel médicament àaction locale. Mais tout cela ne doit pas empêcher le praticien de se pencher sur les signesprésents qui confirment SULFUR :

· L’appétit reste souvent conservé malgré les troubles et le régime strict qui est imposé= besoins fréquents de manger, désirs d’alcools, de café, de bière, de sucreries,souvent dégoût de la viande… Appétit souvent vite rassasié.

· Abdomen rapidement ballonné après le repas avec sensation de plénitude postprandiale somnolence (mais on est loin de NUX VOMICA coléreux, irascible et actif –GRAPHITES et LYCOPODIUM s’annoncent).

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· Diarrhées périodiques qui soulagent la céphalée ou améliorent l’état général (il s’agittoujours d’une élimination !). Présence fréquente d’une pathologie veineuse paraggravation de la stase portale et cave = varices, plaies variqueuses, risquesd’ulcères variqueux.. .), hémorroïdes brûlantes et saignantes (mais attention à leursuppression !).

· Céphalées congestives ou/et migraines périodiques.

· Perturbations des constantes biologiques = lithiase, cholestérol, oxalurie,urémie…

Ce patient qui autrefois se moquait des facteurs climatiques est devenu frileux, tout encraignant la chaleur, surtout confinée, en raison de nombreuses irrégularités vasculairesapparues progressivement :

· Sensations de brûlure et de chaleur (aux pieds notamment = besoin de les sortir du lit)

· Parties congestionnées et chaudes alors que d’autres sont froides.

· Aggravation par la chaleur sous toutes ses formes car elle accentue la congestion…

· Hypertension artérielle avec tendance à la sclérose vasculaire.

· Crampes musculaires (les mollets la nuit ou la plante des pieds en marchant)…

· Douleurs rhumatismales, voire goutteuses qui annoncent les rhumatismes.

· Troubles de la fonction rénale (entre autres) = congestion rénale, pollakiurie surtoutnocturne (il y a souvent un diabète gras), brûlures du méat pendant la miction,persistant après…

Bref, nous avons ici affaire à un sujet qui s’est décompensé par un mode de vie trèsdéfavorable et qui paye les conséquences dont il a été prévenu de longue date. Ce sujetn’élimine plus et pourtant il en a besoin plus qu’un autre = ses émonctoires se sont fermés parsurcharge (peau, intestin, reins, séreuses articulaires). Ses troubles pathologiques autrefoissthéniques et vite surmontés laissent place à une pathologie de plus en plus chronique, lente,difficile à guérir.

Dans ce contexte, il est évident que les troubles parodontaux ne sont qu’unépiphénomène. Toute thérapeutique chirurgicale est vouée à l’échec et même pire = chez cespatients qui n’arrivent plus à éliminer, il est nécessaire de tenter de réactiver les émonctoires.Ce qui est le travail du médecin. Mais il est impératif de na pas aggraver les éliminations quisont encore tentées par un organisme débordé. Tous les auteurs soulignent les effets néfastesdes solutions trop souvent opposées aux divers troubles = sclérose des varices ou deshémorroïdes, ablation des hémorroïdes, recours trop systématique aux anti-inflammatoires ouaux corticoïdes, etc.. Le dentiste ne doit pas ajouter à cette litanie car le curetage parodontalpeut être parfois considéré lui aussi comme un blocage éliminatoire.

CARBO VEGETABILIS

Le charbon végétal est cité au degré fort dans la présente étude et pourtant le

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chirurgien-dentiste n’a que très rarement l’occasion de le prescrire, à moins de bien connaîtreles modes réactionnels qui permettent de comprendre et de deviner une évolution fâcheuse.Pourtant les signes d’une maladie parodontale grave sont très nettement présents et tous lesauteurs sont unanimes :

· « Les gencives sont rétractées, spongieuses, saignant facilement en lestouchant ou même par simple succion ; elles sont très sensibles et même trèsdouloureuses pendant la mastication ou en serrant simplement les dents.Suintement de sang aux gencives par le brossage des dents" (Phosphorus)(Lathoud).

· « Gingivite avec déchaussement et saignement, surtout au niveau des incisivesinférieures ; ébranlement des dents. Ulcérations bleuâtres brûlantes, saignant.Gingivite, pyorrhée, scorbut ; stomatite ulcéreuse, aphtes, parotidites… » (HenriDUPRAT).

Lorsque ces signes buccaux sont réalisés dans toute leur splendeur, le patient se trouveen général dans un état général très atteint et le plus souvent les solutions prothétiquess’imposent. Mais heureusement, tous les patients ne viennent pas consulter à un stade aussitardif sur le plan buccal et il ne faut pas alors manquer la prescription, pour « sauver » ce quipeut l’être encore.

Selon Henri VOISIN, les sujets Carbo veg. sont des anciens (très anciens ?) NUX VOMICAqui ont continué d’abuser largement des excès de table. Ce sont donc des « psoriques » trèsdécompensés et il y a une certaine logique à ce que dominent largement les troubles digestifs.Mais ce qui frappe lorsque le patient entre dans le cabinet dentaire, c’est la pâleur quasimortelle avec des sueurs froides sur le visage. Tout semble froid = l’haleine, le corps, la face,les pieds, mais ce patient qui aime être couvert du fait de sa frilosité ne supporte pas pourautant la chaleur confinée, il y a besoin d’air frais, il veut être éventé parce qu’il est en étatd’hyposphyxie. Par ailleurs, il a de gros problèmes circulatoires = stases veineuses (colorationbleue des ongles ou des lèvres, ecchymoses cutanées et hémorragies capillaires au moindrechoc).

Autrefois utilisé dans les états d’agonie, les sujets Carbo veg. ont de gros problèmesrespiratoires = cyanose, oppression, dyspnée, râles muqueux, bronches envahies de mucositésqu’il ne peut expectorer qu’avec de grandes difficultés. De son Calcarea carbonica d’origine, il agardé, outre la frilosité et la lenteur, une tendance aux peurs = anxiété en fermant les yeux,rêves de fantômes, de revenants, peur du noir…).

Malgré son état de faiblesse, ce sujet a gardé de Nux vomica un gros appétit avec désirs decafé, d’aliments sucrés ou salés, aversion pour les graisses, la viande et le lait. Le moindrealcool provoque une brusque et intense rougeur du visage. Après les repas, il a des éructationspresque constantes, rances, graisseuses ou putrides, avec une sensation d'acidité dans labouche et à l'estomac. Et puis peu après le repas, parfois au cours de celui-ci, le patientéprouve une flatulence fétides, brûlantes avec une distension abdominale intense, le toutamélioré par des gaz. Le foie est douloureux, hypertrophié, paresseux, la stase portale aprovoqué des hémorroïdes qui saignent facilement et la stase cave a suscité des varicesdouloureuses améliorées jambes allongées horizontalement. On pourrait continuer ainsi enpassant en revue tous les organes et appareils, dont le rein et la fonction rénale qui ne vont pasbien évidemment.

Bien entendu, si par hasard, un patient répondant à ce tableau venait consulter pour sesproblèmes dentaires, il est bien évident qu’aucune praticien, même ne connaissant rien àl’homéopathie, n’entreprendrait une intervention chirurgicale parodontale, d’autant moins que le

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simple examen dentaire ou parodontal déclenche un abondant saignement gingival =hémorragie passive et continue de sang noirâtre, décomposé, non coagulable.

Quelle peut être la conduite à tenir ? Il faut bien entendu entreprendre tout ce qui peutl’être pour supprimer ou corriger les épines irritatives locales (extraction des débris dentairesfréquents, détartrage, etc…) avec les précautions habituelles. ARNICA pour le traumatisme etCHINA pour la tendance hémorragique avec asthénie et anémie sont ici très indiqués. Mais il nefaut pas hésiter à donner CARBO VEGETABILIS 7 CH une à trois fois par semaine, avecéventuellement l’avis du médecin homéopathe s’il en consulte un.

ARSENICUM ALBUM

On nous a habitué à considérer ARSENICUM ALBUM comme un remède d’évolutionvers une aggravation locale lors d’un processus inflammatoire ou générale au cours d’unemaladie générale. Et il est bien vrai que ce médicament fait souvent des miracles ! Mais cesindications ponctuelles font parfois oublier qu’ARSENICUM ALBUM peut être un remède defond, le plus souvent chez un sujet longiligne ayant longtemps réagi sur le mode tuberculinique,épuisé par des séries de troubles de plus en plus graves.

Lorsque l’on pense à ARSENICUM ALBUM, on pense presqu’exclusivement à satoxicité qui domine sa pathogénésie et l’on oublie que l’arsenic est naturellement présent dansquelques tissus = peau, sang, cellules, glandes dont la thyroïde. Sa présence dans la peau etses nombreuses indications en dermatologie laisse supposer son rôle dans les éliminations parla voie cutanée et évoquent des rapprochements avec SULFUR à sa phase asthénique (ousthénique en cas de dermatose grave) et surtout avec PSORINUM dont il partage de nombreuxsignes (manque de réaction, frilosité, anxiété…). Roland ZISSU rappelle qu’ARSENICUMALBUM est un dys-thyroïdien et un hypo-surrénalien (type maigre).

La toxicité de l’arsenic s’exprime en premier lieu au niveau de l’appareil digestif = gastro-entérite avec des vomissements et de la diarrhée qui peut prendre une forme cholériforme avecles risques habituels de la déshydratation consécutive. Cela explique son indication et sonefficacité dans toutes les maladies infectieuses ou toxiques qui s’accompagnent d’un syndromecholériforme. C’est un médicament qu’il est prudent d’emporter avec soi lors de vacances dansdes pays à risques.

Après les signes digestifs viennent les signes urinaires puis nerveux. On note d’abordune oligurie puis une anurie avec albumine. L’atteinte nerveuse s’exprime par des paralysiesflasques, l’abolition des réflexes (membres), puis par des troubles de la sensibilité nerveuse.

L’intoxication chronique permet à l’arsenic de développer une action bien plus profonde,plus insidieuse certes mais menaçante. = troubles digestifs – troubles cutanés – troublesrespiratoires – troubles nerveux et in fine une atteinte profonde de la nutrition.

Voici les principaux signes de ARSENICUM ALBUM que l’on doit retrouver peu ou prouavant de la prescrire en pathologie générale et en odonto-stomatologie.

· Le sujet ARSENICUM ALBUM (chronique) a une nette tendance à la cachexie d’oùles traits creusés, la face maladive, les petits sacs remplis d’eau sous les paupières…

· La peau est froide, sèche, ratatinée, finement squameuse.

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· Frilosité importante mais avec besoin d’air frais, recherche et besoin de chaleur maiscrainte de la chaleur confinée (il dort bien couvert dans son lit avec la fenêtreentrouverte.

· Ce qui ne peut échapper au dentiste = caractère impatient, irritable, critique,susceptible, anxieux et agité. Ses nombreuses peurs se manifestent surtout lorsqu’ilest seul, il a peur de l’obscurité, des voleurs, de la mort, de la solitude. Il se croitincurable et redoute l’inutilité des soins, ce qui aggrave son anxiété et son agitation,mais celle-ci alterne avec des périodes de prostration.

· C’est un sujet économe, voire avare (surtout avec l’âge par peur des vieux jours),minutieux et méticuleux jusqu’à la maniaquerie agressive.

Il est impossible de décrire ici tous les signes de ce polychreste et le recours à lamatière médicale s’impose. Rappelons seulement quelques troubles que l’on peutobserver au cabinet dentaire :

Au niveau de la bouche :

· Sécheresse, lèvres fendillées, parcheminées, langue sèche et brûlante,papilles surélevées et douloureuses. Dans les affections aiguës = grandesoif pour de petites quantités d’eau froide souvent répétées.

· Gingivite ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique = œdème, brûlures intensesaméliorées temporairement par une boisson chaude et aggravées par del’eau froide, saignement facile…

· Gingivite qui peut avoir l’aspect du scorbut.

· Tendance aux ulcérations, aux aphtes, tendance phagédénique.

· Les dents paraissent trop longues…

· Herpès, lupus, éruptions autour de la bouche…

Ces signes bucco-dentaires sont retrouvés quelle que soit par ailleurs l’état de santé dece patient. Les troubles rénaux qui nous intéressent ici sont présents = néphrite, urines peuabondantes, tendance à l’albumine, mictions douloureuses avec brûlures de l’urètre pendant lamiction, faiblesse consécutive ressentie dans l’abdomen. Il peut exister des œdèmes.

De même, il est très fréquent que le sujet Arsenicum album soit atteint d’une dermatose =peau sèche, rugueuse, écailleuse, desquamation fine comme de la farine. Toutes les éruptionsprovoquent des douleurs brûlantes et pruriantes, < par le froid, > par la chaleur, exacerbationentre minuit et 3 heures du matin ou en se déshabillant.

Ce patient peut avoir aussi des troubles cardiaques ou /et respiratoires (en particulier unasthme dont la crise survient souvent entre minuit et 3 heures du matin. Tous les troubless’accompagnent toujours d’anxiété et d’agitation. Un patient calme et serein ne correspond pasà ARSENICUM ALBUM.

PHOSPHORUS

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Ce médicament, éminemment important du fait de sa double action métabolique ettoxicologique, présente deux aspects opposés : son rôle métabolique explique son indicationdans des troubles typiquement oxygénoïdes du sujet jeune longiligne réagissant sur le modetuberculinique. Son action toxicologique concerne en fait une pathologie lourde ou gravechez n’importe quel sujet, quel que soit le biotype et diverses manifestations scléreusesdu sujet âgé.

Ses circonstances étiologiques sont les suivantes : le surmenage intellectuel, lesconvalescences de maladies graves, les pertes de liquides organiques, les poussées decroissance trop rapide, les atteintes toxiques ou infectieuses du foie (hépatite virale parexemple). Toutes ces circonstances devraient entraîner des indications fréquentes, voirequotidiennes. C’est peut-être le cas en médecine générale, mais personnellement nous netrouvons qu’exceptionnellement son indication chez l’enfant tuberculinique, peut-être un peuplus fréquemment chez l’adolescent. Il faut sans doute s’en réjouir. Avant les antibiotiques,PHOSPHORUS était utilisé avec succès dans la tuberculose ostéo-articulaire, mais avecbeaucoup de risque d’aggravation dans la tuberculose pulmonaire, qui reste aujourd’hui encoreune contre-indication.

Est-il utile de rappeler son type sensible ? Il est à l’évidence le même queCALCAREA PHOSPHORICA, car le phosphore a donné son nom à la constitution longiligne,longtemps appelée « phosphorique ». L’image de la flamme de phosphore qui s’embrase trèsvite mais s’éteint aussi vite illustre bien les troubles oxygénoïdes de l’enfant tuberculinique :sujet hypersensible, hyper-émotif, vite exalté et passionné, mais instable, aussi vite déprimé ouépuisé. C’est un hyper-thyroïdien, un hypersympathicotonique, un « cérébral » (de SIGAUD).La cyclothymie est encore plus manifeste que dans les autres médicaments de la série. A laphase sthénique, l’enfant peut être actif, brillant sur le plan scolaire, dominateur, charmeur, puisla phase dépressive apparaît avec apathie, aversion pour tout effort physique et surtout mental.Il devient alors susceptible, indifférent, pleure facilement. Ce sujet a toujours besoin derécupérer après un effort, il a besoin de dormir longtemps et beaucoup, il mange beaucoup etsouvent, même la nuit, avec désir d’aliments salés et froids, sensation de vide et de défaillances’il ne mange pas. Bref, on trouve des signes qui évoquent soit NATRUM MURIATICUM, soitIODUM, ou d’autres comme PHOSPHORIC ACID. son complémentaire aigu.

Les troubles bucco-dentaires de PHOSPHORUS ne sont pas spécifiques :

· Lèvres sèches et parcheminées, saignement facile.

· Gencive enflammée, œdématiée, ulcérée, suppurante et surtout gingivorragies trèsabondantes.

· Aphtes sur la face interne des joues et des lèvres.

· « Les dents se gâtent rapidement. Les gencives saignent et découvrent lesdents » (Kent).

· « Enflure, hypertrophie de la mandibule, nécrose et ostéite. Déchaussement desdents avec gingivorragies faciles »

Ce qui domine c’est la tendance hémorragique. En pratique courante, PHOSPHORUSest donné chaque fois que la pathologie locale évolue vers l’aggravation, malgré la prescriptiondu remède correspondant qui semble pourtant bien indiqué, PHOSPHORIC ACID. par exemplelors d’une gingivite ulcéreuse aiguë. Ou encore lorsque NATRUM MURIATICUM sembleinefficace.

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Alors que le phosphore est un néphrotoxique important, les matières médicalesn’insistent pas trop sur les signes rénaux = tendance à la dégénérescence graisseuse du foie,du cœur, du pancréas et des reins (urines peu abondantes, troubles, blanchâtres et à sédimentrougeâtre…).

Dans PHOSPHORUS, il y a une nette tendance aux troubles osseux = ostéites,tendance à la nécrose et à la suppuration, en autres au niveau des maxillaires. S’il y aconjonction de l’insuffisance rénale, de la détérioration de l’état général et d’une maladieparodontale et si l’on trouve les signes de PHOSPHORUS, nous conseillons personnellementde confier le traitement à un médecin homéopathe. PHOSPHORUS n’est pas un médicamentfacile à prescrire. Il faut se méfier des dilutions basses, en dessous de 5 CH ; des prisesrépétées, sans oublier la contre-indication absolue chez le tuberculeux.

NATRUM MURIATICUM

Le chlorure de sodium joue un rôle métabolique essentiel dans la régulation deséchanges ioniques entre les cellules et le milieu intérieur. Aussi les fuites minérales dont lesodium, le chlore et le potassium entraînent-elles des troubles de la nutrition (amaigrissementprédominant à la moitié supérieure du corps et infiltration cellulitique de la moitié inférieure), uneatteinte des muqueuses (avec alternance de sécheresse et d’un état catarrhal), des troublescutanés (face huileuse, peau sèche ailleurs, eczéma « solaire », acné, urticaire, verrues, etc...),enfin des perturbations psychiques (déprime, asthénie psychique et physique, repliement sursoi avec besoin de solitude, aggravation par la consolation, etc...).

Il est classique de présenter les sujets répondant à NATRUM MURIATICUM comme deslongilignes, maigres ou amaigris, réagissant électivement sur le mode tuberculinique. C’est lepremier médicament de la déminéralisation cellulaire, conséquence de la déshydratation, elle-même consécutive aux fuites minérales. Mais il ne faut pas perdre de vue que le sodium esthydratant, et de plus déprimant et irritant. Autrement dit, avec le chlorure de sodium, il existedes perturbations du métabolisme de l’eau par conséquent de la fonction rénale. Aussi, existe-t-il des sujets dont le remède est NATRUM MUR. et qui ont tendance à la rétention d’eau, auxœdèmes, qui n’ont certes rien à voir avec ce que l’on retrouve dans NATRUM SULFURICUM.

NATRUM MURIATICUM est l’un des médicaments de l’insuffisance rénale, de lanéphrite chronique avec rétention chlorurée, proche dans ce cas de ARSENICUM ALBUM dufait de la tendance à la cachexie, à l’amaigrissement avec asthénie et anémie. On constate uneaugmentation des urines qui sont colorées, chargées en sels, contenant un sédiment rougecomme de la brique pilée. Les envies sont fréquentes, il y a parfois une incontinence enmarchant, ou même en éternuant.

Malgré quelques œdèmes plus ou moins discrets, il s’agit plutôt de bouffissures ici ou là,le sujet insuffisant rénal du type Natrum muriaticum est amaigri, visiblement déprimé, aucomportement réservé, voire secret, qui répond par monosyllabes et avec une mauvaise volontéévidente. Il supporte mal les tentatives de compréhension, devient alors irritable. Enl’interrogeant, on apprend qu’il souffre de céphalées battantes, de palpitations cardiaques àl’effort ou aux émotions. Il a parfois des crises d’asthme aggravées dans une pièce chaude etfermée, améliorées au grand air.

Sur le plan digestif, malgré la maigreur, l’appétit est souvent conservé, mais vite

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rassasié. On ne retrouve pas systématiquement le désir d’aliments salés et la soif vive qui nes’expriment que durant des périodes de déshydratation. En mangeant, des sueurs huileusesapparaissent au visage. Quelquefois, la déglutition est difficile par manque de salive. Enfin, il y asouvent une tendance à la constipation atonique par sécheresse avec de temps en temps unediarrhée aqueuse.

Voici donc le cadre général à grands traits dessinés dans lequel apparaissent lestroubles bucco-dentaires. Le patient vient consulter pour :

· Une gingivite souvent importante, parfois d’aspect scorbutique avec un œdèmegingival et des gingivorragies importantes.

· Le patient se plaint d’une sensation de sécheresse buccale alors que l’on constate leplus souvent une salive importante.

· Les aphtes sont fréquents.

· La langue est rarement intacte. Il y a des vésicules brûlantes, des ulcérations, deszones dépapillées, des sensations de brûlure (NATRUM MURIATICUM est un remèdeimportant de glossodynies).

· Enfin, il existe de nombreuses douleurs dentaires, pouvant aller jusqu’à de vraiesnévralgies faciales (suivant la courbe solaire).

PULSATILLA La variabilité des symptômes, avec parfois un côté paradoxal laissant perplexe,caractérise la première phase du mode tuberculinique. Il se passe quelque chose, mais lesprémisses ne suffisent pas à préciser quoi exactement. Il y a augmentation des oxydations, puisdestruction cellulaire et l’ensemble des déchets de cellules détruites provoque unencombrement de la circulation veineuse. C’est le stade de PULSATILLA. En quelques motsvoici les signes les plus caractéristiques de ce grand médicament : variabilité des signespsychiques (humeur changeante, pleurs faciles, consolation rapide et recherchée, « enfant dusoleil et des giboulées ») et physiques (douleurs erratiques, selles variables) - congestion etstase veineuse - écoulements épais et doux, non irritants, de toutes les muqueuses - absencede soif même au cours de la fièvre - plus mal le matin que le soir - aggravation par la chaleuret amélioration par le frais ou les applications froides.

La congestion veineuse est le trait dominant de PULSATILLA. Or celle-ci se produit dansdeux cas :

1. La congestion veineuse peut se voir en cas d’atteinte de la fonction hépato-digestivesurchargée par un mode vie défavorable = sédentarité, excès alimentaires,caractéristique du mode réactionnel psorique. Les éliminations se font mal, la congestionartérielle s’établit, de même que la congestion cave et porte. PULSATILLA est ici uncomplémentaire éventuel d’un sujet chez lequel SULFUR se trouve dépassé.

2. La congestion veineuse peut être expliquée par l’encombrement de la circulationveineuse par suite des destructions cellulaires par déminéralisation. C’est le modetuberculinique, le sujet ayant besoin de minéraux pour accélérer ses oxydations, seulemoyen de défense dont il dispose.

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Pour ces raisons, on peut dire que PULSATILLA est un remède « carrefour » impliqué dansdeux modes réactionnels = psorique ou tuberculinique. Dans le premier cas, il se trouve prochede GRAPHITES par la tendance aux ralentissements, aux difficultés éliminatoires, mais cedernier est un frileux très sensible au froid, alors que PULSATILLA est certes un peu frileux,mais il craint surtout la chaleur sous toutes ses formes qui provoquent et aggravent denombreux troubles, dont des douleurs dentaires en rentrant par exemple dans une piècesurchauffée en venant du froid. Dans le second cas, PULSATILLA se trouve proche de SEPIA,qui est son remède d’aggravation, lorsque la congestion veineuse se concentre sur un organe etnotamment au niveau du petit bassin. Mais heureusement, de nombreux signes les différencientmême s’ils sont reliés par la physiopathologie = le comportement psychique est opposé.

Même s’il ne s’agit de notre part que d’hypothèses, il semble que l’insuffisance rénale dePULSATILLA résulte de la tendance à la congestion veineuse. Les signes urinaires ne sont passpécifiques, ni caractéristiques. Il en va de même pour les signes bucco-dentaires, banals eneux-mêmes = sécheresse buccale, sans soif, gingivite banale avec tendance auxparodontopathies, dysgueusies, douleurs dentaires.

L’indication repose donc avant tout sur le comportement psychique fait de dépendanceaffective, de recherche éperdue de la sympathie ou de l’amour, d’émotivité larmoyante, sujetpassant facilement des larmes aux rires, facilement vexé, irrésolu et résigné, souvent triste,mais adorant être consolé (tout le contraire de NATRUM MURIATICUM et de SEPIA.

Ensuite, la congestion veineuse périphérique est la critère essentiel de la prescription avecnotamment l’intolérance à la chaleur sous toutes ses formes, la très grande variabilité dessymptômes qui laisse perplexe le praticien.

LYCOPODIUM

LYCOPODIUM (« pied de loup », plante herbacée dont on utilise les spores) a uneaction élective sur le foie et sur l’appareil digestif (métabolisme de l’acide urique, de l’urée, ducholestérol, etc...), sur l’appareil rénal (lithiases) et génito-urinaire, sur la peau et les muqueuseset enfin sur le système nerveux (asthénie physique et mentale).

En fait tout découle de l’atteinte hépatique et tous les troubles se manifestentprogressivement et s’aggravent vers une dénutrition générale. Il se passe donc du temps entreles premières atteintes facilement réversibles et les troubles graves. C’est ce que l’on constateégalement au niveau des dents et de leurs tissus de soutien.

Au début, les signes bucco-dentaires évoquent un autre médicament, notamment NUXVOMICA = gingivite banale, gingivorragies abondantes (le foie joue un rôle capital dans lesmécanismes de la coagulation), ou encore aphtose buccale périodique. Les signesconcomitants restent très banals: sécheresse buccale avec absence de soif (signe inconstant,en tout cas pas aussi caractéristique que dans PULSATILLA), dysgueusies (goût amer, defromage, de moisi). Les troubles digestifs qui précèdent ou accompagnent les troubles bucco-dentaires évoquent également NUX VOMICA: dyspepsie flatulente, pyrosis, distensionabdominale (même s’il mange peu), sensation de plénitude, constipation avec besoinsinefficaces, défécation souvent douloureuse par constriction spasmodique de l’anus ouprésence d’hémorroïdes procidentes et douloureuses (< au toucher, assis et > par un bainchaud), on ne retrouve pas l’antipéristaltisme, ou du moins aussi prononcé que dans NUXVOMICA. Mais LYCOPODIUM a une faim vorace vite rassasiée que n’a pas NUX VOMICA, demême qu’une faim nocturne (qui annonce sans doute PSORINUM et que l’on retrouve aussidans PHOSPHORUS, autre « grand » remède du foie). Au début, il n’est pas facile de distinguer

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ces deux remèdes car les signes ne sont pas très différenciés. Progressivement, les différencesapparaissent: NUX VOMICA est aggravé juste après le repas, avec besoin de desserrer saceinture, besoin de faire une sieste qui améliore. LYCOPODIUM est aggravé deux ou troisheures après le repas, entre 16h et 20H, période de la digestion qui fait participer le foie.

Dans une deuxième période, l’état général se trouve atteint, comme d’ailleurs lestroubles digestifs et bucco-dentaires: éructations et brûlures intenses, ulcère gastro-duodénal,dyskinésie biliaire pouvant aller jusqu’à la lithiase ou à la colique hépatique, gingivite ulcéreuseavec parodontopathies, herpès croûteux et pruriant des commissures labiales, éruptionsvésiculeuses dans la bouche.

Enfin, dans un troisième tableau, l’aggravation est manifeste aussi bien sur le plangénéral qu’au niveau des différents appareils. Le sujet tend à maigrir mais garde un gros ventre,l’asthénie physique apparaît et contraste durant une période plus ou moins longue avec unintellect conservé. Les constantes biologiques sont perturbées: acide urique, urée, cholestérol,acides gras, triglycérides, etc... L’appareil rénal et génital n’échappe pas: lithiase urinaire,coliques néphrétiques, urines avec dépôt de sable rouge non adhérent, acétonémie avecvomissements, prostatisme, impuissance avec désirs conservés, etc... Sur le plan bucco-dentaire, la maladie parodontale domine et surtout s’aggrave.

LYCOPODIUM correspond progressivement à un mode psoriquedevenant de moins en moins efficace, ce que l’on peut résumer enquelques termes: LYCOPODIUM élimine mal car ses émonctoires sontdevenus insuffisants. De ce fait, LYCOPODIUM assimile mal et ladénutrition le guette. La peau reflète les difficultés éliminatoires: urticairechronique du fait du rôle du foie dans la fonction anti-toxique, eczéma quisaigne au moindre contact, dermatoses séborrhéiques et lésions fissuraireset hyperkératosiques.

L’intellect se trouve ensuite atteint (difficulté de concentration, perte de lamémoire, erreurs en parlant ou en écrivant...), de même que lecomportement. On a souvent dit, et à juste titre, que LYCOPODIUMprésente deux tendances opposées: une hypersensibilité avec émotivitémarquée, besoin avide de tendresse et d’affection, manque de confiance ensoi, anxiété chronique avec peurs diverses.

Le patient en est conscient et ressent sa sensibilité comme une faiblesse qu’il cache parun comportement orgueilleux, autoritaire, susceptible, irritable avec des colères relativementrares mais violentes, intolérance à la contradiction. De nombreux signes évoquent encore unefois NUX VOMICA, mais ce dernier semble plus instinctif = il réagit d’abord et réfléchit ensuite,tout le contraire de LYCOPODIUM. Tous deux ont un réveil difficile avec mauvaise humeur.

La posologie ne pose pas de problème au début du fait du fonctionnement encoresatisfaisant des émonctoires. Une 7 CH deux à trois par semaine donne de bons résultats. Avecla décompensation, ce médicament devient difficile à prescrire. Il faut souvent nécessaire de lefaire précéder par des complémentaires d’action ponctuelle, traitement qui revient au médecin.

SEPIA L’indication de ce médicament d’origine animale signifie que les conséquences des

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facteurs étiologiques psoriques ont fini par susciter une congestion veineuse importante,notamment au niveau du petit bassin. L’originalité anatomique féminine explique sans doute quece médicament soit plus fréquent chez les femmes. Mais, comme cela a été dit plusieurs fois,lorsqu’un seul mode réactionnel ne suffit plus à maintenir l’équilibre de santé, d’autres modessont alors utilisés, c’est le cas pour SEPIA, médicament de troubles du mode psorique, maiségalement ici du mode sycotique (productions tumorales = polypes, papillomes - torpidité decertaines manifestations comme les dermatoses comme le psoriasis ou les mycoses...). Lemode psorique est tout de même dominant et précède le mode sycotique = alternances etsuccessions d’affections cutanées et muqueuses, dont pour ces dernières la muqueusebuccale.

Par ailleurs, la congestion veineuse qui prédomine dans SEPIA explique son indicationfréquente dans le traitement de troubles typiquement tuberculinique. Et les élastopathies et lesptôses qui s’en suivent donnent à SEPIA un rôle dans le traitement de certains troublesluétiques. C’est donc un médicament poly-diathésique.

Les troubles de la fonction hépatique résultent selon notre hypothèse, comme ceux dePULSATILLA, de la congestion veineuse.

La gingivorragie est sans doute la sonnette d’alarme de la congestion veineuse portaleou cave. La gingivite apparaît également, HAHNEMANN avait déjà remarqué que « la gencivegonfle et devient douloureuse, ulcération de la gencive, saignement de la gencive, lesdents se gâtent rapidement, branlement des incisives inférieures, toutes les dentsdeviennent branlantes et douloureuse... ». Kent ajoute « Les gencives se rétractent etdécouvrent les dents ». VANNIER et POIRIER parlent de « pyorrhée ».

Mais, et c’est encore un leitmotiv, tous ces troubles apparaissent progressivement, cequi permet dans certains cas une action préventive. Les troubles bucco-dentaires ne sontpratiquement jamais isolés et font partie de l’atteinte de l’appareil digestif et des conséquencessur la circulation veineuse, portale d’abord, puis cave, enfin général.

Comme LYCOPODIUM, SEPIA représente une étape d’aggravation du mode psorique =d’abord du fait du blocage des émonctoires (peau surtout, muqueuses ensuite dont laconstipation). LYCOPODIUM se caractérise par une atteinte directe du lobule hépatique, SEPIApar une atteinte préférentielle du système porte. On se reportera à la Matière médicale pourrafraîchir ses souvenirs sur l’ensemble des troubles de ce médicament, notamment sur lecomportement psychique largement décrit.

CONCLUSION

L’insuffisance rénale n’est pas du ressort thérapeutique du chirurgien-dentiste, c’est uneévidence. Comme c’est autre évidence que les insuffisants rénaux ont très souvent de grosproblèmes bucco-dentaires, dont les parodontopathies ne sont qu’un élément.

Tout le problème est celui de la prescription par le dentiste de médicamentshoméopathiques, certes indiqués par le contexte local qui lui revient, mais qui ontobligatoirement une action générale. En fait tout est une question de choix, de réflexion, afin dene pas nuite au patient. Chaque fois que possible, nous conseillons la collaboration avec unmédecin homéopathe.

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