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Le trotskisme, une doctrine anti-marxiste ? Par Johnny Coopmans sur base du livre de Harpal Brar, Trotskisme ou léninisme ? (EPO/Etudes marxistes, 2003) (retravaillé après l’université marxiste d’été août 2003) O. Objectifs et moyens pédagogiques du cours Objectifs de la formation : répondre aux questions suivantes : 1) A partir des faits historiques, montrer que Trotski n’est pas un bolchevik. 2) Argumenter à partir de la vie politique de Trotski a) comment Trotski s’oppose à la construction d’un parti révolutionnaire b) quelle est sa conception d’organisation d’un parti Pour cela, donner le contexte, ensuite la position de Trotski et enfin la réponse des bolcheviks. 3) Qu’est-ce la théorie de la révolution permanente de Trotski en opposition à celle de la révolution ininterrompue. 4) La révolution mondiale est-elle un préalable à l’avènement du socialisme dans un pays ? 5) Quels sont les moments où le trotskisme refait surface ? Moyens pédagogiques Une vidéo : Trotski de Patrick Le Gall et Alain Dugrand, FR 3, 1988 Une vidéo : le film de Ken Loach Land and freedom. Deux textes à analyser, écrits par des trotskistes sur la situation actuelle de Cuba. Une présentation Powerpoint « La théorie de la Révolution Permanente », Université marxiste d’été 2003, de Johnny Coopmans Un examen à charger à partir d’Internet I. Introduction Voir la vidéo Trotski de Patrick Le Gall et Alain Dugrand, partie I, durée 1h. (il s’agit d’un documentaire en deux parties sur la vie de Trotski : I. Révolutions ; II Exils), 1988 FR 3 (a obtenu le prix SCAM). Pour savoir comment obtenir cette vidéo on peut contacter Docu-Marx, 68, rue de la Caserne, 1000 Bruxelles, [email protected]. Tél. 32 2 50 40 156. 1. Résumé de la vidéo C’est Gorbatchev qui a commencé à reparler de Trotski qui était tabou en URSS. Histoire de l’enfance de Trotski. Le professeur Pierre Broué de Grenoble, spécialiste de Trotski déclare que Trotski se place au-dessus des bolcheviks et des mencheviks dès 1903 pour garder sa liberté de mouvement, et qu’en 1917 il renonce à ses divergences avec le léninisme. Les simples gens pensaient néanmoins que Lénine et Trotski étaient une seule personne. Trotski développa sa théorie de la révolution permanente qui niait la possibilité du socialisme dans un pays. Personne parmi les révolutionnaires ne croyait en une autre solution. C’est Staline qui a inventé la théorie de la révolution dans un seul pays. Trotski était le créateur de l’Armée Rouge, refusa de signer la paix honteuse de Brest Litovsk (1918) qui a fait perdre un quart du territoire à la jeune République soviétique. A cause de la guerre le parti se militarisait au fur et à mesure, la hiérarchie s’installa et Staline fut l’organisateur de cette bureaucratisation. Le testament de Lénine favorisait Trotski contre Staline, mais il avait les rênes du pouvoir et Trotski était seulement en mesure de faire un coup d’État avec l’armée, ce qu’il a refusé de faire. Il s’est opposé à Staline et a crée l’opposition, il y a eu une grande résistance contre son expulsion en 1927. La révolution antibureaucratique n’aura pas lieu. L’opposition vaincue, c’est le parti qui meurt. 2. But de cette représentation Pourquoi débuter un cours sur le Trotskisme par cette vidéo qui lui est fort favorable et qui n’est, le cours le démontrera, pas du tout conforme à la vérité historique ? Parce que c’est justement notre 1

DeroulementTrotskismeouleninisme

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DeroulementTrotskisme

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  • Le trotskisme, une doctrine anti-marxiste ? Par Johnny Coopmans sur base du livre de Harpal Brar, Trotskisme ou lninisme ? (EPO/Etudes marxistes, 2003) (retravaill aprs luniversit marxiste dt aot 2003)

    O. Objectifs et moyens pdagogiques du cours Objectifs de la formation : rpondre aux questions suivantes :

    1) A partir des faits historiques, montrer que Trotski nest pas un bolchevik. 2) Argumenter partir de la vie politique de Trotski a) comment Trotski soppose la construction dun parti rvolutionnaire

    b) quelle est sa conception dorganisation dun parti Pour cela, donner le contexte, ensuite la position de Trotski et enfin la rponse des bolcheviks.

    3) Quest-ce la thorie de la rvolution permanente de Trotski en opposition celle de la rvolution ininterrompue.

    4) La rvolution mondiale est-elle un pralable lavnement du socialisme dans un pays ? 5) Quels sont les moments o le trotskisme refait surface ?

    Moyens pdagogiques Une vido : Trotski de Patrick Le Gall et Alain Dugrand, FR 3, 1988 Une vido : le film de Ken Loach Land and freedom. Deux textes analyser, crits par des trotskistes sur la situation actuelle de Cuba. Une prsentation Powerpoint La thorie de la Rvolution Permanente , Universit marxiste dt 2003, de Johnny Coopmans Un examen charger partir dInternet

    I. Introduction Voir la vido Trotski de Patrick Le Gall et Alain Dugrand, partie I, dure 1h. (il sagit dun documentaire en deux parties sur la vie de Trotski : I. Rvolutions ; II Exils), 1988 FR 3 (a obtenu le prix SCAM). Pour savoir comment obtenir cette vido on peut contacter Docu-Marx, 68, rue de la Caserne, 1000 Bruxelles, [email protected]. Tl. 32 2 50 40 156. 1. Rsum de la vido Cest Gorbatchev qui a commenc reparler de Trotski qui tait tabou en URSS. Histoire de lenfance de Trotski. Le professeur Pierre Brou de Grenoble, spcialiste de Trotski dclare que Trotski se place au-dessus des bolcheviks et des mencheviks ds 1903 pour garder sa libert de mouvement, et quen 1917 il renonce ses divergences avec le lninisme. Les simples gens pensaient nanmoins que Lnine et Trotski taient une seule personne. Trotski dveloppa sa thorie de la rvolution permanente qui niait la possibilit du socialisme dans un pays. Personne parmi les rvolutionnaires ne croyait en une autre solution. Cest Staline qui a invent la thorie de la rvolution dans un seul pays. Trotski tait le crateur de lArme Rouge, refusa de signer la paix honteuse de Brest Litovsk (1918) qui a fait perdre un quart du territoire la jeune Rpublique sovitique. A cause de la guerre le parti se militarisait au fur et mesure, la hirarchie sinstalla et Staline fut lorganisateur de cette bureaucratisation. Le testament de Lnine favorisait Trotski contre Staline, mais il avait les rnes du pouvoir et Trotski tait seulement en mesure de faire un coup dtat avec larme, ce quil a refus de faire. Il sest oppos Staline et a cre lopposition, il y a eu une grande rsistance contre son expulsion en 1927. La rvolution antibureaucratique naura pas lieu. Lopposition vaincue, cest le parti qui meurt. 2. But de cette reprsentation Pourquoi dbuter un cours sur le Trotskisme par cette vido qui lui est fort favorable et qui nest, le cours le dmontrera, pas du tout conforme la vrit historique ? Parce que cest justement notre

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  • ducation qui a fait croire que Trotski et Lnine taient la mme personne . Trotski et Lnine ont dirig la grande rvolution doctobre et Staline aprs la mort de Lnine a liquid la gnration de la Rvolution, dont Trotski. Cen tait fini de la rvolution et la dictature du parti et dune personne commena. Voil un message bien ancr dans notre subconscient. Il est inutile de commencer une discussion sur le Trotskisme sans rtablir les vrits historiques le concernant. Le fait quil existe nombre de documents, livres, films etc. en Occident qui prsentent Trotski comme un des dirigeants majeurs de lURSS et de la rvolution doctobre devrait nous alarmer. Jamais vous ne trouverez un tel matriel audiovisuel positif sur la vie et luvre de Staline, qui est invariablement prsent comme le monstre de la Rvolution russe.

    II. Trotski a combattu le lninisme de toutes ses forces de 1903 1917 1. Le congrs de fondation de 1903 et les statuts Trotski a commenc sa carrire politique par combattre le marxisme, lui-mme tant au dpart populiste (voir la vido Trotski), mais au IIe congrs du parti en 1903, qui fut en fait le vritable congrs de fondation du Parti social-dmocrate de Russie, Trotski tait dj converti au marxisme. Cette position sera de bien courte dure car lors du congrs, au moment de la discussion sur les statuts, Trotski choisit le camp de Martov contre Lnine. Voici lenjeu de ce dbat.

    Selon la formule de Lnine, on ne pouvait devenir membre du Parti quen satisfaisant aux trois conditions suivantes :

    (a) en acceptant le programme du Parti, (b) en soutenant financirement le Parti, et (c) en appartenant lune des organisations du Parti, cest--dire en participant activement lorganisation. Mais, selon la formule de Martov, soutenue par Trotski et dautres opportunistes, seules les deux premires conditions devaient tre remplies afin de postuler son affiliation au Parti. leurs yeux, la troisime condition tait absolument inutile. Lnine, par contre, considrait le Parti comme un dtachement organis de la classe ouvrire et tait davis, par consquent, que ses membres ne pouvaient simplement sengager dans le Parti. Au contraire, ils devaient tre admis au sein du Parti par lune de ses organisations et, partant, ils devaient se soumettre la discipline du Parti. Mais, selon la formule de Martov, on pouvait sengager soi-mme dans le Parti et, dans la mesure o lon nappartenait pas une organisation, on ne devait pas se soumettre la discipline du Parti. La formule de Martov, donc, au contraire de celle de Lnine, contenait toutes les conditions pralables pour ouvrir la porte du Parti toutes sortes dopportunistes, dlments instables et non proltariens, et pour transformer de la sorte le Parti, dune organisation discipline, monolithique et militante de la classe ouvrire quil tait, en une organisation htrogne, amorphe et relche de type bourgeois, cest--dire de le transformer de dtachement davant-garde de la classe ouvrire en dtachement darrire-garde de la classe ouvrire. Ce fut tellement le cas que Martov et dautres opportunistes demandrent que tout grviste reoive automatiquement le droit de rejoindre les rangs du Parti. De mme, on proclama que tout intellectuel qui sympathisait avec le Parti, tout professeur sympathique, tout tudiant universitaire ainsi que tout participant une manifestation avaient le droit de se dclarer membres du Parti. p. 89-90

    Quelle tait la signification politique de cette position concernant les statuts ?

    Leur position (Martov et Trotski ndlr) ntait autre que lexpression concentre de lesprit de cercle et de lindividualisme petit-bourgeois qui se considre comme tant au-dessus de la discipline et qui se renfrogne lide de la minorit devant se soumettre aux dcisions de la majorit. En effet, lapplication du principe de la minorit se soumettant la majorit et du principe des corps dirigeants infrieurs lis aux dcisions des corps dirigeants suprieurs, ainsi que du principe de diriger le travail du parti partir dun centre, dboucha sur des accusations de bureaucratisme , de formalisme , de rouages et engrenages , etc. lances par messieurs

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  • Trotski, Martov et dautres opportunistes. Voici comment Lnine dcrit ces anarchistes dans son ouvrage Un pas en avant, deux pas en arrire : Cet anarchisme de grand seigneur est particulirement propre au nihiliste russe. Lorganisation du parti lui semble une monstrueuse fabrique ; la soumission de la partie au tout et de la minorit la majorit lui apparat comme un asservissement [] ; la division du travail sous la direction dun organisme central lui fait pousser des clameurs tragi-comiques contre la transformation des hommes en rouages et ressorts [] ; le seul rappel des statuts dorganisation du Parti provoque chez lui une grimace de mpris et la remarque ddaigneuse [] que lon pourrait trs bien se passer entirement des statuts. (Lnine 5-1904, p. 410.) Il semble vident que les lamentations sur le fameux bureaucratisme tendent simplement dissimuler le mcontentement contre leffectif des organismes centraux ; que cest l une feuille de vigne [] Tu es un bureaucrate, parce que tu as t dsign par le congrs lencontre de ma volont ; tu es un formaliste, parce que tu tappuies sur les dcisions formelles du congrs, et non sur mon accord ; tu agis dune faon grossirement mcanique, car tu te rclames de la majorit mcanique du congrs du Parti et ne tiens pas compte de mon dsir dtre coopt ; tu es un autocrate parce que tu ne veux pas remettre le pouvoir entre les mains de la vieille et bonne compagnie [] (Lnine 5-1904, p. 380.) Nous remarquerons que ceci allait constituer le thme rcurrent de Trotski et de ses collaborateurs dans leurs attaques contre le Parti bolchevik sous la direction du camarade Staline. Mais nous allons prouver que ces lamentations sur le fameux bureaucratisme ne tendaient rien dautre qu dissimuler le mcontentement issu de la dfaite de sa thorie faillie prtendant quil tait impossible de construire le socialisme en U.R.S.S. Trotski et Martov furent incapables de comprendre la signification de la discipline dune organisation proltarienne et de sy soumettre. Pour eux, la discipline tait pour la masse nombreuse et non pour les mes dlite . Et, naturellement, ils se comptaient parmi ces dernires. Quand les dlgus, lors du 2e congrs, dsignrent le Comit central et le Comit de rdaction de lIskra le congrs avait refus davaliser lancien Comit de rdaction comme lexigeaient ces messieurs, ce qui explique les quolibets de Lnine concernant la cooptation dans le passage cit plus haut ils sinsurgeaient parce que la composition des effectifs de ces deux corps ne les agrait pas. Ils refusrent daccepter les dcisions du congrs, se justifiant en recourant des expressions du genre nous ne sommes pas des serfs , sapant ainsi la base mme de lunit des rangs du Parti. Aucun parti ne peut maintenir lunit dans ses rangs sans imposer une discipline proltarienne (quant la nature de cette discipline, voir un peu plus haut) galement contraignante vis--vis de tous les membres du Parti, tant les leaders que les membres ordinaires ; contraignante galement vis--vis des mes dlite aussi bien que du grand nombre . Sans cela, le parti ne pourra jamais maintenir son intgrit ni lunit dans ses rangs. p. 91-92

    Il est ncessaire de replacer les choses dans leur contexte historique. Le Parti russe faisait partie de la IIe Internationale fonde par Marx et Engels. Aprs leur mort, lopportunisme gagnait du terrain dans cette organisation internationale.

    La plupart des partis de la IIe Internationale furent trs rapidement contamine par le rvisionnisme. Les rvisionnistes gagnaient de plus en plus de positions cls; ils s'organisaient dans des fractions et recevaient le soutien total de la bourgeoisie librale. Se basant sur les conceptions de Marx et Engels, Lnine put raliser rapidement l'aspect nfaste de cette situation. Pour faire la rvolution, le proltariat a besoin d'un vritable Parti Communiste, libre de courants bourgeois. Lnine et les bolcheviks taient pratiquement les seuls qui, dans les conditions concrtes de la IIe Internationale, laboraient une tactique rvolutionnaire. Les bolcheviks construisaient une ligne politique rvolutionnaire et, se basant sur cette ligne, ils formrent une fraction unie et discipline au sein du parti plus large et au sein de l'Internationale. Ils se souciaient avec la plus grande considration de l'unit et de l'autonomie de leur fraction afin de pouvoir faire entendre, partout dans le Parti russe et dans l'Internationale, la voix de la social-dmocratie rvolutionnaire. Lnine et les bolcheviks se tenaient lunit du parti russe et de l'Internationale, pour dissoudre les positions opportunistes dans les rangs ouvriers. Ils avaient une confiance ferme dans les possibilits rvolutionnaires de la classe ouvrire et taient convaincus que les masses ouvrires qui suivaient encore les opportunistes, se tourneraient tt ou tard vers les rvolutionnaires. La

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  • plupart des partis de la IIe Internationale formaient un salmigondis de rvolutionnaires et d'ennemis de la rvolution. p. 13 dans Critiquons fond la thorie menchevique et Trotskiste de lunit de lUCMLB, Tout le pouvoir aux ouvriers, fvrier 1975.

    Lenjeu de la lutte lintrieur de lInternationale tait de former un nouveau type de parti, prt tenir le coup dans une priode rvolutionnaire. Pour une meilleure comprhension de la priode et dailleurs pour comprendre le pourquoi de la lutte contre le trotskisme il faut se rfrer lHistoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971.

    Dans leur lutte contre les bolcheviks, tous les mencheviks sans distinction et nuances, depuis Axelrod et Martynov jusqu Martov et Trotski, se servaient invariablement d'une arme emprunte larsenal des social-dmocrates dEurope Occidentale. Ils voulaient avoir en Russie un Parti, comme, par exemple, le Parti social-dmocrate allemand ou franais. Sils combattaient les bolcheviks, c'est justement parce qu'ils devinaient en eux quelque chose de nouveau, dinsolite, qui les distinguait des social-dmocrates dOccident. Qutaient donc les partis social-dmocrates d'Occident ? Un alliage, un mlange dlments marxistes et opportunistes, d'amis et d'adversaires de la rvolution, de partisans et d'adversaires de l'esprit de Parti, - o les premiers se rconciliaient progressivement, sur le terrain idologique, avec les derniers ; o en fait les premiers se soumettaient progressivement aux derniers. Rconci-liation avec les opportunistes, avec les tratres de la rvolution au nom de quoi ? demandaient les bolcheviks au social-dmocrates d'Europe Occidentale. Au nom de la "paix dans le Parti", au nom de 1"'unit", rpondait-on aux bolcheviks. L'unit avec qui, avec les opportunistes ? Et de rpondre : Oui, avec les opportunistes. Il tait vident que de semblables partis ne pouvaient tre des partis rvolutionnaires. Les bolcheviks ne pouvaient pas ne pas voir qu'aprs la mort dEngels les Partis social-dmocrates d'Europe occidentale avaient commenc dgnrer, de partis de rvolution sociale qu'ils taient en partis de "rformes sociales", et que chacun de ces partis, en tant quorganisation, s'tait dj transform de force dirigeante en appendice de son propre groupe parlementaire. Les bolcheviks ne pouvaient ignorer qu'un tel Parti causerait un trs grave prjudice au proltariat et quil tait incapable de mener la classe ouvrire la rvolution. Les bolcheviks ne pouvaient ignorer que le proltariat avait besoin d'un autre Parti, d'un parti nouveau, d'un vritable parti marxiste, qui se montre irrconciliable 1'gard des opportunistes et rvolutionnaire lgard de la bourgeoisie; qui soit fortement soud et monolithique; qui soit le parti de la rvolution sociale, le parti de la dictature du proltariat. C'est ce nouveau parti que les bolcheviks entendaient avoir chez eux. Et ils prparaient, ils construisaient ce Parti. Toute 1'histoire de la lutte contre les conomistes, les mencheviks, les Trotskistes, les otzovistes et les idalistes de toutes nuances jusques et y compris les empiriocriticistes, nest rien d'autre que 1'histoire de la formation d'un parti tel que celui-l. Les bolcheviks entendaient crer un parti nouveau, bolchevik, qui soit un modle pour tous ceux qui dsiraient avoir un vritable parti marxiste rvolutionnaire. A sa formation, ils avaient travaill ds 1'poque de la vieille Iskra. Ils le prparaient opinitrement, avec tnacit envers et contre tout. Un rle essentiel et dcisif dans ce travail prparatoire revient justement, aux ouvrages de Lnine comme Que faire? Deux tactiques de la social-dmocratie etc. Le livre de Lnine Que faire ? servit . la prparation idologique de ce parti. Le livre de Lnine Un pas en avant, deux pas en arrire servit la prparation de ce parti dans le domaine de lorganisation. L'ouvrage de Lnine Deux tactiques de la social-dmocratie dans la rvolution d6mocratique servit. la prparation politique de ce parti. Enfin le livre de Lnine Matrialisme et empiriocriticisme, servit la prparation thorique de ce Parti. On peut dire en toute certitude que jamais encore dans lhistoire, un groupe politique navait t aussi bien prpar pour se constituer en Parti, que ctait le cas du groupe bolchevique. p. 20 dans Critiquons fond la thorie menchevique et Trotskiste de lunit de lUCMLB, Tout le pouvoir aux ouvriers, fvrier 1975. p. 156 lHistoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971

    Il est trs important de comprendre que les bolcheviks se sont organiss comme fraction indpendante en restant en mme temps dans la capsule vide du parti social dmocrate de Russie. Ctait une

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  • tactique pour gagner les ouvriers rvolutionnaires encore sous influence du menchevisme. Aprs la Premire Guerre mondiale la trahison des opportunistes de la Deuxime internationale tait claire pour tous. A ce moment et ds ce moment rester dans la Deuxime internationale aurait t une trahison la cause du communisme. Mais les Trotskistes de tout poil dfendent lunit avec les tratres social dmocrates.

    Le bolchevisme existe comme courant de la pense politique et comme parti politique depuis 1903. Seul lhistoire du bolchevisme, tout le long de son existence, peut expliquer de faon satisfaisante pourquoi il a pu laborer et maintenir, dans les conditions les plus difficiles, la discipline de fer, indispensable la victoire du proltariat ( Lnine, XXXI, p. 18 dans Critiquons fond la thorie menchevique et Trotskiste de lunit de lUCMLB, Tout le pouvoir aux ouvriers, fvrier 1975.

    Autres rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 44-50 le IIe congrs en 1903, Trotski et les mencheviks dclenchent le soulvement contre le lninisme. Trotski, Ludo Martens, ditions PTB 1978 Chapitre II, Trotski et la thorie de Lnine sur le parti. Etude de luvre de Trotski Nos tches politiques, 1904 2. La thorie de la Rvolution permanente formule en 1905

    La thse de Trotski : Cest prcisment dans lintervalle du 9 janvier la grve doctobre 1905 que se sont formes chez lauteur les conceptions sur le caractre du dveloppement rvolutionnaire de la Russie qui furent dsignes sous le nom de thorie de la rvolution permanente . Cette dsignation abstruse exprimait lide que la rvolution russe, devant laquelle se dressent immdiatement des fins bourgeoises, ne pouvait toutefois en rester l. La rvolution ne pourrait rsoudre ces objectifs bourgeois immdiats quen portant au pouvoir le proltariat. Or, lorsque celui-ci aurait pris en main le pouvoir, il ne pourrait se limiter au cadre bourgeois de la rvolution. Au contraire, prcisment pour assurer sa victoire, lavant-garde proltarienne devrait, ds les tout premiers jours de sa domination, oprer les incursions les plus profondes non seulement dans la proprit fodale, mais aussi bourgeoise. Ce faisant, elle entrerait en collisions hostiles non seulement avec tous les groupements de la bourgeoisie qui lauraient soutenue au dbut de sa lutte rvolutionnaire, mais aussi avec les grandes masses de la paysannerie dont le concours laurait pousse au pouvoir. Dans la prface de Trotski, crite en 1922, son livre de 1909 intitul 1905.

    Regardez le premier chapitre (neuf premires diapositives) Caractre, forces et alliances de la rvolution dans la prsentation Powerpoint sur La thorie de la Rvolution Permanente de lauteur du cours. Autres rfrences Trotski, Ludo Martens, ditions PTB 1978 Chapitre III La rvolution permanente de Trotski : une thorie de sabotage permanent de la rvolution ? tude des livres de Trotski 1905 et La rvolution permanente (1928-1931). Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, EPO, 1994, p. 42-45, relance de la thorie de la rvolution permanente en 1922. Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : pp. 82-84 La rvolution ininterrompue de Lnine contre Plekhanov (et Trotski) et p. 88, sabotage de linsurrection de Saint-Ptersbourg en octobre 1905 par Parvus et Trotski 3. En 1912, lors du Bloc daot, Trotski essaie de rassembler tous les opportunistes contre le parti bolchevique.

    Alors que Lnine menait un combat de vie ou de mort en vue de purger le Parti des liquidateurs et des otzovistes, Trotski, endossant un rle de conciliateur, essayait par tous les

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  • moyens de rconcilier le Parti avec ces deux tendances bourgeoises. Ceci amena Lnine dnoncer Trotski en ces termes Ds les premires lignes de sa rsolution, Trotski a manifest un esprit de conciliation des plus critiquables, un esprit de conciliation entre guillemets, un esprit de conciliation du groupuscule, du petit bourgeois, celui qui tient compte de personnes dtermines , et non dune ligne, dun esprit, dun contenu idologique et politique dtermins du travail du parti. Cest justement labme qui spare l esprit de conciliation de Trotski et Cie, qui, en fait, rend un fier service aux liquidateurs et otzovistes et, pour cette raison, constitue pour le Parti un mal dautant plus pernicieux quil se cache, avec ruse, avec de belles phrases, derrire des dclarations prtendument pro-parti et antifractionnistes [] (Lnine 19-3-1910, pp. 220-221, cest moi qui souligne H. B.) p. 11

    Dans son article La violation de lunit aux cris de : Vive lunit ! , crit en mai 1914, Lnine dnonce Trotski pour son fractionnisme et son liquidationnisme et dnonce galement labsence totale de fondement dans laccusation de scissionnisme adresse par Trotski et les liquidateurs aux bolcheviks. crivant dans son journal prtendument non factieux, Borba, Trotski, non content davoir accus les bolcheviks de scissionnisme pour la seule raison quils avaient dnonc et combattu le liquidationnisme, poursuit en admettant que la scission [opre par les bolcheviks] fait lune aprs lautre des conqutes qui sont autant de suicides (n1, p. 6, cit dans Lnine 5-1914a, p. 348). Cela dit, Trotski ajoute : De nombreux ouvriers avancs, dans un tat de dsarroi politique complet, deviennent bien souvent eux-mmes des agents actifs de la scission (ibid., p. 349) Voici la rponse de Lnine cette accusation se voulant en mme temps une explication : Certes, cette explication est extrmement flatteuse pour Trotski [] et pour les liquidateurs. Trotski aime beaucoup donner, avec lair savantissime dun connaisseur et en usant de phrases pompeuses et sonores, une explication des phnomnes historiques qui soit flatteuse pour sa propre personne. Si de nombreux ouvriers avancs deviennent des agents actifs dune ligne politique, de parti, qui ne concorde pas avec celle de Trotski, ce dernier rsout la question sans le moindre embarras, allant demble droit au but : ces ouvriers avancs se trouvent dans un tat de dsarroi politique complet , alors que lui, Trotski, est sans doute dans un tat de fermet politique, caractris par une ligne claire et juste ! Et cest ce mme Trotski qui, se frappant la poitrine, fulmine contre le fractionnisme, contre lesprit de coterie, contre la tendance quont les intellectuels vouloir imposer leur volont aux ouvriers !Vraiment, en lisant cela, on se demande involontairement si ces paroles ne viennent pas dune maison de fous (ibid., p. 350). p. 13-14

    Le Trotskiste Bauget du Spartacus critique le menchvisme de Trotski dans cette priode de la faon suivante :

    Le centre traditionnel et laile droite de la social-dmocratie ont t extrmement contents dutiliser le nom et le grand talent journalistique de Trotski comme couverture de gauche leurs propres positions et comme arme contre Lnine. Brou, de son ct, rapporte que Trotski sentendit bien avec Kautsky et avec le centre de la social-dmocratie allemande jusquen 1912 au moins []. Durant cette priode, ce fut Kautsky qui, la grande colre de Lnine, ouvrit Trotski les pages de Die Neue Zeit et Vorwrts . Brou dcrit galement les relations cordiales entre Trotski et les austro-marxistes de Vienne, faisant remarquer quil tait rapidement devenu la tte inconteste de la colonie social-dmocrate de Vienne , et ce de 1909 1912. Il ne sattarde gure sur le fait quau cours de la mme priode, Rosa Luxemburg considrait Trotski avec une suspicion systmatique et le tenait pour un individu douteux , sans aucun doute en raison des liens quil entretenait avec ses opposants de droite [ elle] au sein de la social-dmocratie allemande. Lattitude de Brou lgard de Trotski durant ces annes se retrouve dans la faon dont il aborde linfme Bloc daot. La Pravda viennoise, dite par Trotski, tenta de concilier les factions bolchevique et menchevique avec approbation, Brou cite les louanges adresses par Leonard Shapiro, un anticommuniste professionnel, lgard de la Pravda viennoise parce que celle-ci ne se montre pas aussi polmique que la presse

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  • bolchevique. En 1910, un accord entre les factions assura le soutien financier bolchevique cette mme Pravda de Vienne, et ce fut Kamnev (proche de Lnine et beau-frre de Trotski) qui fut responsable de la gestion des fonds bolcheviques. Laccord stipulait que les mencheviks mettraient leur aile droite sur la touche et que les bolcheviks feraient de mme avec leur aile gauche. Mais si les bolcheviks respectrent laccord, ce ne fut pas le cas des mencheviks et, au cours des polmiques qui sensuivirent, Trotski prit le parti des mencheviks et vina Kamnev. Les articles de Trotski, destins des militants de Russie qui ntaient gure au fait des dtails de la querelle, reprochaient aux bolcheviks davoir foment une conspiration de la clique migre . Kautsky commanda et publia plusieurs articles de Trotski contre les bolcheviks, articles qui sattirrent de svres ripostes, pas seulement de Lnine, mais aussi de Plkhanov et de Rosa Luxemburg. Lorsque, en 1912, le congrs bolchevique de Prague proclama quil reprsentait le Parti dans son ensemble, Trotski organisa une contre-confrence de l unit Vienne, en aot de la mme anne.

    Dans lesprit de Trotski, toujours selon Brou, [la confrence] aurait d dboucher sur lunification gnrale, la runification du Parti. En fait, le refus de cette runification par les bolcheviks rduisit les participants constituer un bloc contre les bolcheviks mmes, le Bloc daot . Les sociaux-dmocrates polonais et Plkhanov sabstinrent galement de faire acte de prsence En fait, le retour de Trotski dans larne factieuse savra particulirement malheureux. Indpendamment de ses intentions, et mme de ses prcautions, les positions quil adopta aprs la confrence de Prague et son rle dans la constitution du Bloc daot le firent apparatre, bien malgr lui, comme lme dune coalition gnrale contre les bolcheviks et comme un partisan indirect des liquidateurs . (Brou 1988.)

    Toute explication dans la description par Brou du rle de Trotski dans le Bloc daot est errone et trompeuse. Comme la chose apparat clairement dans la dnonciation par Trotski des bolcheviks en tant que clique dmigrs , il tait bien conscient que ce que Brou appelle avec dlicatesse une unification gnrale constituait un matraquage polmique destin attaquer Lnine. Trotski nest pas seulement apparu comme tant lme de la coalition antibolchevique, il fut en fait cette me en ce sens quil tait la force la plus gauche, la plus respecte en dehors des bolcheviks. Les actions de Trotski nont pas t interprtes comme errones malgr lui , elles reprsentaient un exact reflet du rle quil joua vis--vis des bolcheviks durant toute la priode allant de 1903 1915 au moins. p. 17-18

    Lnine pera le fond de la tactique Trotskiste dans cette priode semblable celle de tout mouvement rvolutionnaire dans des moments difficiles.

    En mai 1914, Lnine rdigea un article intitul La violation de lunit aux cris de : Vive lunit ! . Dans cet article, Lnine nous livre un brillant expos des expressions grandiloquentes et vides de Trotski, de son fractionnisme, de son liquidationnisme et de la faillite de son Bloc daot. Lnine termine son article par une description inoubliable de Trotski. Cette description, me semble-t-il, est trs importante pour la comprhension de lopportunisme de Trotski. Par consquent, je la livre dans sa totalit et jespre que nos camarades ne la considreront pas comme une digression inutile. Voici comment Lnine dcrivait Trotski en mai 1914 :

    Les vieux participants au mouvement marxiste russe connaissent bien Trotski et il nest pas ncessaire de leur en parler. Mais la jeune gnration ouvrire ne le connat pas, et il faut lui en parler, car cest un personnage typique pour les cinq petits groupes de ltranger qui, en fait, oscillent aussi entre les liquidateurs et le Parti. Au temps de la vieille Iskra (1901-1903), ces hsitants et transfuges qui passaient du camp des conomistes dans celui des iskristes et vice versa avaient reu un surnom : les transfuges de Touchino (cest ainsi quaux temps troubles, dans la vieille Russie, on appelait les combattants qui passaient dun camp lautre). Lorsque nous parlons du courant liquidateur, nous dsignons un certain courant idologique form pendant des annes et dont les racines se rattachent au menchevisme

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  • et l conomisme tels quils se sont manifests durant les vingt annes dhistoire du marxisme, et qui est li la politique et lidologie dune classe dtermine, la bourgeoisie librale. Les transfuges de Touchino se dclarent au-dessus des fractions pour la seule raison quils empruntent leurs ides aujourdhui une fraction, demain une autre. Trotski fut un farouche iskriste en 1901-1903, et Riazanov a dit de lui quil avait jou au congrs de 1903 le rle de matraque de Lnine . la fin de 1903, Trotski est un farouche menchevik, cest--dire quil est pass des iskristes aux conomistes ; il proclame qu il y a un abme entre la vieille et la nouvelle Iskra . En 1904-1905, il quitte les mencheviks et occupe une position indcise : tantt il collabore avec Martynov (un conomiste ), tantt il proclame labsurde thorie gauchiste de la rvolution permanente . En 1906-1907, il se rapproche des bolcheviks et, au printemps 1907, il se dclare solidaire de Rosa Luxembourg. lpoque de la dsagrgation, aprs de longs flottements non-fractionnistes , il oblique de nouveau vers la droite et fait bloc, en aot 1912, avec les liquidateurs. Maintenant, il sen carte nouveau, mais au fond il reprend leurs misrables petites ides. p. 97

    Autres rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971, p. 151 4. La position de Trotski sur la Premire Guerre mondiale Certains Trotskistes prsentent une identit de vue entre Lnine et Trotski sur la Premire Guerre mondiale, or cest faux. Voici ce quen dit le mme Trotskiste Baugnet :

    Le dclenchement de la Premire Guerre mondiale et la trahison des partis de la Deuxime Internationale, dont la plupart des dirigeants soutinrent leurs propres gouvernements respectifs dans cette sanglante guerre entre imprialistes, dplaa les terrains de discussion au sein du mouvement socialiste mondial, imposant des ralignements et des regroupements. Lnine et Trotski combattirent tous deux la guerre imprialiste et tous deux assistrent la runion des socialistes opposs la guerre qui se tint Zimmerwald, en Suisse, en septembre 1915. (Bauget 1990-91, pp. 33-34.)

    Notons en passant que la dernire phrase est entache soit de malhonntet soit de simple ignorance mais apparemment, il sagit de malhonntet car toute personne, un tant soit peu au fait de cette question, sait que le mot dordre bolchevique prconisant de travailler la dfaite de son propre gouvernement au cours de la guerre imprialiste qui faisait rage lpoque, fut violemment contr par Trotski et son slogan exigeant Ni victoire ni dfaite . p. 18

    Autre rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 62 Trotski pour la dfense de la Russie contre le Japon en 1903. p. 183 Trotski et la guerre inter- imprialiste. 5. Les Trotskistes louent Trotski pour sa position hostile au bolchevisme en le prsentant comme esprit indpendant.

    Bauget critique un autre Trotskiste franais, professeur de Grenoble de son tat et lambertiste, Brou, qui glorifie Trotski pour sa position indpendante :

    La faon dont Brou traite lactivit politique de Trotski entre la scission dcisive de 1903 entre bolcheviks et mencheviks et la rvolution dOctobre occupe le centre de son

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  • interprtation, parce que cest l, prcisment, quil traite des dbats, au sein de la social-dmocratie russe, sur la nature, la forme et la structure quun parti rvolutionnaire doit adopter sil veut semparer du pouvoir de ltat. Cest l aussi quil traite du rle du dbat politique et du dbat concernant le programme dans la constitution dun tel parti. Aprs la scission de 1903 entre les bolcheviks et les mencheviks, Trotski est devenu une sorte desprit indpendant au sein du Parti . Pour cela, Brou loue Trotski, y voyant la cause du rle dirigeant jou par Trotski dans la rvolution de 1905 en tant que prsident du soviet de Saint-Ptersbourg et de son savoir-faire brillant de propagandiste, lorsquil se sert de son procs suite la dfaite de 1905 : En fait, effectivement libr de toute obligation factieuse, bonne distance des alas des conflits entre les deux principales factions, satisfait de sa position unitaire dont la victoire lui semblait acquise lavenir, Trotski avait les mains totalement libres pour consacrer son attention et ses activits aux vnements qui se droulaient en Russie (Brou 1988.) p.16

    III. Trotski dans le parti bolchevique 1917-1927 En aot 1917, quand il est facile dtre rvolutionnaire puisque les masses sont en plein mouvement, Trotski dcide de ne pas rejoindre le gouvernement provisoire de Kerenski mais les bolcheviks. Froid calcul, vision perspicace sur le vainqueur probable de cet affrontement ? Lhabit communiste que met Trotski lors des journes rvolutionnaires nest quune robe de marie que lon ne met quune fois. Dj au printemps 1918, lors de la paix de Brest-Litovsk, il refuse dappliquer les dcisions du parti. En 1921, il se fait publiquement condamner pour fractionnisme. Une session spciale du Xe congrs y est consacre. La descente aux enfers de Trotski a commenc. 1. Son arrive dans le parti en aot 1917

    En arrivant Petrograd en 1917, Trotski saffilia aux mejraontsy (interarrondissements), un groupe qui hsitait entre les bolcheviks et les mencheviks. En aot 1917, dclarant quils ne diffraient en rien des bolcheviks, les mejraontsy rallirent le Parti ouvrier social-dmocrate de Russie (les bolcheviks). Trotski rejoignit les bolcheviks en leur compagnie. En ralliant le Parti bolchevik, un nombre important de mejraontsy rompirent avec lopportunisme. Mais, comme les vnements qui allaient suivre le rvlrent, pour Trotski et certains de ses disciples, le fait de rallier les bolcheviks ntait quune ruse. Il continurent proposer leurs points de vue nocifs et ractionnaires, se moquer de la discipline et saper lunit organisationnelle et idologique du Parti. p.22

    Quelle analyse le parti fait-il aprs coup de cette rentre par la porte de derrire ?

    Comment se fait-il que Trotski, avec un palmars aussi irrprochablement antibolchevique et antilniniste, a fini par se retrouver dans les rangs bolcheviques lpoque de la Rvolution doctobre ? Lors dun discours, prononc le 19 novembre 1924, Staline avait soulev la question et y rpondait de la faon suivante : Mais comment Trotski, qui assumait un fardeau aussi dsagrable, a-t-il pu malgr tout se trouver dans les rangs des bolcheviks lpoque du mouvement dOctobre ? Cela sest produit parce que Trotski lpoque sest dbarrass de ce fardeau (il sen tait effectivement dbarrass) et lavait cach dans une armoire. Sans cette opration , toute collaboration srieuse avec Trotski aurait t impossible. La thorie du Bloc daot, cest--dire la thorie de lunit avec les mencheviks avait t crase et jete par-dessus bord par la rvolution, car de quelle unit pouvait-il tre question alors que les luttes armes entre bolcheviks et mencheviks faisaient rage ? Il ne restait Trotski qu admettre le fait que cette thorie tait inadquate.

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  • La thorie de la rvolution permanente a connu la mme msaventure, car personne parmi les bolcheviks navait pens la prise immdiate du pouvoir au lendemain de la rvolution de fvrier, aussi Trotski ne pouvait-il ignorer que les bolcheviks ne lui permettraient pas, si lon reprend les termes de Lnine, de jouer la prise du pouvoir . Il ne restait Trotski qu accepter la politique des bolcheviks sur la lutte mener pour rallier soi la paysannerie afin dacqurir de linfluence dans les Soviets. Quant au troisime trait distinctif du Trotskisme (la dfiance lencontre des chefs bolcheviques), elle devait naturellement tre relgue au dernier plan, en raison de lchec manifeste des deux premiers traits. Trotski pouvait-il, dans un tel tat de choses, ne pas cacher son fardeau dans larmoire et ne pas suivre les bolcheviks, lui qui navait pas derrire lui un groupe quelque peu srieux et qui tait venu aux bolcheviks comme un politicien isole, abandonne par son arme. Assurment non ! Mais quelle est la leon tirer de cela ? Une seule : une longue collaboration des lninistes avec Trotski nest possible que si ce dernier abandonne totalement son vieux fardeau et se rallie totalement au lninisme. Trotski crit sur les enseignements dOctobre, mais il oublie qu part tous les autres, il est un enseignement dOctobre, dont je viens de parler, et qui revt une importance primordiale pour le Trotskisme. Le Trotskisme devrait faire aussi son profit de cet enseignement dOctobre. (Staline 19-11-1924, III.) p.21

    Trotski avait d faire son autocritique sur son comportement davant 1917.

    Les profondes divergences qui mont spar du bolchevisme pendant des annes entires et qui, dans certains cas, mont plac dans une opposition vive et hostile au bolchevisme, se sont exprimes le plus nettement en ce qui concerne la faction menchevique. Jai commenc par adopter la perspective radicalement fausse selon laquelle le cours de la rvolution et la pression des masses proltariennes forceraient en fin de compte les deux factions suivre la mme voie. Par consquent, je considrais quune scission constituerait une rupture inutile des forces rvolutionnaires. Mais du fait que, dans la scission, le rle actif se situait du ct des bolcheviks puisque, daprs lopinion de Lnine, assurer le caractre rvolutionnaire du parti proltarien ne pouvait se faire que par une dmarcation impitoyable, non seulement idologique mais galement organisationnelle (et toute lhistoire ultrieure a pleinement confirm le bien-fond de ces lignes politiques) mon conciliationnisme ma amen, dans nombre de tournants dcisifs de la route, des heurts hostiles avec le bolchevisme. (Trotski 11-1924.) p.17

    Du vivant de Lnine jusquau dbut 1924, le Trotskisme reste par contre prudent.

    Le nouveau Trotskisme nest pas une simple rptition de lancien ; on lui a enlev ses plumes et il est plutt crott ; il est incomparablement plus doux desprit et plus modr dans sa forme que lancien Trotskisme ; mais, en essence, il garde sans aucun doute toutes les caractristiques de lancien Trotskisme. Le nouveau Trotskisme nose pas saffirmer comme une force militante contre le lninisme ; il prfre oprer sous le drapeau commun du lninisme, sous le mot dordre de linterprtation et de lamlioration du lninisme. Ceci, cest parce quil est faible. On ne peut imputer au hasard le fait que lapparence du nouveau Trotskisme a concid avec le dpart de Lnine. Du vivant de Lnine, il naurait pas os franchir ce pas risqu. (Staline, Les questions du lninisme.) p. 80

    Autres rfrences

    Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 220, Trotski entre au parti

    2. Brest-Litovsk

    Cest un moment capital de la Premire Guerre mondiale sur le front Est. Dun ct lArme rouge est encore inexistante et le kaiser allemand est prt ngocier une paix son avantage sur

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  • ce front. Tenant compte du rapport de force, le comit central du PCUS dcide daccepter cette proposition darmistice, mme si elle comporte une perte de territoire, ceci pour avoir un rpit.

    En 1918, la jeune Rpublique sovitique, prive de toute arme dote de la volont et de la capacit de combattre, se battait pour sa propre survie en signant le trait de paix de Brest-Litovsk avec limprialisme allemand, gagnant ainsi un rpit bien ncessaire pour sa population puise. un moment trs important de ces ngociations, Trotski, en tant que chef de la dlgation sovitique dans les pourparlers de paix, violant les consignes du Comit central du Parti et du gouvernement sovitique, pronona le retrait unilatral de la rpublique sovitique de la guerre, la dmobilisation de larme russe et il quitta ensuite Brest-Litovsk sur le fallacieux prtexte que nous ne pourrons tre sauvs, au sens propre du terme, que par une rvolution europenne . (Septime congrs extraordinaire du P.C.(b)R.) Ceci fournit au commandement allemand le prtexte dont il avait besoin pour mettre un terme larmistice, passer loffensive et obliger le gouvernement sovitique signer une paix beaucoup plus humiliante, par la faute de ceux qui navaient pas voulu laccepter. (Lnine 7-3-1918, p. 99.) propos de lincapacit de la rvolution europenne darriver maturit, laissant ainsi la rvolution bolchevique rsoudre ses problmes toute seule et forant les bolcheviks affronter la ralit telle quelle tait et non telle quils auraient souhait quelle ft, Lnine apostropha Trotski et ses semblables au sein du Parti dans les termes que voici :

    Si lon ne sait pas sadapter, si lon nest pas dispos ramper sur le ventre, dans la boue, on nest pas un rvolutionnaire, mais un bavard. Et si je propose de marcher ainsi, ce nest point parce que cela me plat, mais parce quil nest pas dautre voie, parce que lhistoire ne nous offre pas lagrment de faire mrir la rvolution simultanment en tous lieux (ibid., p. 98).

    Ainsi, la jeune Rpublique sovitique paya un prix trs lourd laventurisme et le dfaitisme bavard de Trotski, caractristiques principal de son infecte thorie de la rvolution permanente, selon laquelle rien de bon ne peut advenir de quelque rvolution si elle ne saccompagne pas dune rvolution mondiale. p. 22-23

    Autres rfrences Un autre regard sur Staline, Ludo Martens : p. 30 Brest-Litovsk, dc 1917-jan 1918 Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 239 Brest-Litovsk 3. Limpossibilit du socialisme dans un seul pays La thse de Trotski :

    Sans laide directe dtat de la part du proltariat europen, la classe ouvrire de Russie ne pourra se maintenir au pouvoir et transformer sa domination temporaire en une dictature socialiste durable. On ne saurait en douter un instant. Trotski, Notre rvolution, 1906,)

    Regardons pour cela la deuxime (Construction du Socialisme dans un pays arrire) et la troisime partie (Collectivisation la campagne) de la prsentation Powerpoint sur La thorie de la Rvolution Permanente de lauteur du cours. Autres rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 ; p. 301 la victoire du socialisme dans un pays ; p. 396 Bilan de lhistoire du PCUS et de la thorie du socialisme dans un pays.

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  • 4. Dbat sur lattitude envers les syndicats lors de la construction du socialisme

    Avec la conclusion victorieuse de la guerre civile de 1918-1920, la Rpublique sovitique, guide par Lnine, passa du communisme de guerre la Nouvelle Politique conomique (NEP) et sengagea dans un programme de renouveau et de rajeunissement conomique un programme de restauration de lindustrie via une reprise de lagriculture, et limplication des ouvriers et des syndicats dans lactive construction du socialisme via une organisation planifie et la persuasion (et non la coercition). Cest alors que Trotski et ses partisans imposrent au Parti un dbat sur la question des syndicats (ctait le dtourner du travail de construction conomique et du combat contre la famine et la dislocation conomique, ce qui constituait un luxe que le Parti pouvait difficilement se permettre lpoque). Trotski, le patriarche des bureaucrates, comme Staline lavait surnomm juste titre, insistait sur le fait quil fallait resserrer les boulons et secouer les syndicats, transformer ceux-ci en agences de ltat et remplacer la persuasion par la coercition. Le dbat du Parti sur les syndicats se solda par une totale droute pour Trotski et ses partisans. Lorsque le Comit central du Parti rejeta la proposition de Trotski, digne dun sergent prussien, Trotski sortit et runit un groupe de ses partisans dans le but de combattre le Comit central. Lnine fut si effray par le fractionnisme de Trotski et par son mpris de la discipline de parti quil fit en sorte que le 10e congrs du Parti (en mars 1921) passe une rsolution interdisant la formation de factions et dissolvant dornavant les factions existantes. Il fut en outre dcid que la non-excution de cette dcision du congrs doit entraner sans faute lexclusion immdiate du parti . (Lnine 16-3-1921, p. 255.) p. 23

    Autres rfrences Un autre regard sur Staline, Ludo Martens : p. 32 Trotski et la militarisation des syndicats Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 279 dbat sur les syndicats au Xe congrs 5. Lattitude de Trotski devant une dfaite politique et les mesures du parti contre le fractionnisme. Le Xe congrs du PCUS prend des mesures spciales contre le fractionnisme.

    Trotski nabandonna pas sa position menchevique propos des questions organisationnelles, autrement dit, propos du Parti, mme aprs avoir ralli le Parti bolchevik. En 1921, lorsque la proposition de Trotski de secouer un peu les syndicats et den faire des organes dtat fut rejete par le Comit Central du Parti, Trotski sortit de la pice o se runissait le CC et tenta de rassembler quelques partisans afin daller se battre avec le CC. Cet incident montre la haine et le mpris profond quprouvent les intellectuels bourgeois lgard du Parti et de sa discipline. Que pensait Lnine des gens qui, linstar de Trotski, faisaient fi de la discipline du Parti ? Voici ce quil disait : Celui qui affaiblit tant soit peu la discipline de fer dans le parti du proltariat (surtout pendant sa dictature), aide en ralit la bourgeoisie contre le proltariat. (Lnine 5-1920, p. 39.) Oui, camarades, Trotski affaiblissait la discipline de fer du Parti et pas tant soit peu , mais un degr extrme, tant avant quaprs la rvolution dOctobre.

    Lincident propos des syndicats et le comportement de Trotski firent dire Lnine : Voyez un peu : aprs deux runions plnires du Comit central (les 9 novembre et 7 dcembre), consacres une discussion extraordinairement dtaille, longue et passionne, de lavant-projet des thses du camarade Trotski et de toute la politique du parti dans les syndicats quil prconise, un membre du Comit central [Trotski] reste seul contre dix-neuf ; il constitue autour de lui un groupe en dehors du Comit central, et prsente un ouvrage collectif de ce groupe en guise de programme , en proposant au congrs d opter entre deux tendances . (Lnine 25-1-1921, p. 69.) Lnine poursuit : Peut-on nier que, mme si les tches et mthodes nouvelles taient dcrites par Trotski dune faon aussi totalement juste

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  • quelles le sont, en fait, dune faon totalement fausse (ce que je montrerai plus loin), par sa seule attitude, Trotski porterait prjudice la fois lui-mme, au Parti, au mouvement syndical, lducation des millions de membres des syndicats, et la Rpublique ?? (Lnine 25-1-1921, p. 72.) Cet incident inquita tellement Lnine quil fit en sorte que le 10e congrs du P.C.U.S.(B) passe une rsolution spciale contre la formation de blocs, groupes et factions spars au sein du parti. Lnine estimait que les membres du Parti avaient le droit de ne pas tre daccord entre eux et de rsoudre leurs divergences par la discussion. Mais une fois quon avait obtenu une dcision aprs toute une discussion approfondie et que la critique avait t compltement passe en revue, lunit et la volont daction des membres du Parti tait ncessaire, car sans cette unit, un parti proltarien et une discipline proltarienne sont inconcevables. Trotski nallait jamais pouvoir comprendre cela. Chaque fois quil se retrouvait en minorit, il fonait tte baisse pour constituer une faction au sein du Parti mettant de la sorte le Parti et la Rpublique sovitique en danger. En rsum, camarades, sur la question du Parti, le Trotskisme ne choisit pas la position du lninisme. Il adopte une position anti lniniste. Sans une organisation davant-garde (le Parti), le proltariat ne peut jamais conqurir le pouvoir. Lorganisation est larme la plus puissante dont dispose le proltariat pour sa propre libration. Sans organisation, sans le Parti, il ne peut y avoir de rvolution proltarienne. Sur cette question importante du parti davant-garde du proltariat, la position de Trotski est similaire celle des hommes politiques radicaux bourgeois et travaillistes libraux. Sur les questions organisationnelles, le Trotskisme est partisan du libralisme cest--dire que la cration dorganisations de type labour Parti tait cense fabriquer des machines lectorales au sein du capitalisme et de la destruction de partis du type bolchevique les vritables partis communistes rvolutionnaires au sein desquels rgne une discipline de fer. p. 98-100

    6. La nouvelle opposition La nouvelle opposition est un remake du bloc daot 1912

    Trotski battit quelques temps en retraite, guettant sa chance. Celle-ci vint lorsque Zinoviev et Kamnev, deux vieux bolcheviks, effrays par les difficults et en proie au dfaitisme, passrent dans lopposition aprs que la Quatorzime confrence du Parti (avril 1925) et affirm la possibilit de construire le socialisme en U.R.S.S. Dfaitistes et sceptiques invtrs, Zinoviev et Kamnev rejetaient la possibilit de construire le socialisme en Union sovitique et, de la sorte, trouvaient un terrain dentente avec le pessimisme, le scepticisme et le dfaitisme personnifis, savoir Trotski, lauteur de la thorie de la rvolution permanente , lincarnation mme de labsence totale despoir. La Nouvelle Opposition (comme on lappela), conduite par Zinoviev et Kamnev, lana des attaques perfides contre la ligne lniniste du Parti ( propos de la possibilit de construire le socialisme) lors du 14e congrs du Parti, qui souvrit en dcembre 1925. Aprs avoir encaiss une cinglante dfaite lors de ce congrs, la Nouvelle Opposition, dirige par Zinoviev et Kamnev (qui, trs peu de temps auparavant encore, avaient tent dcarter Trotski de la direction du Parti et que Trotski, son tour, avait tent dliminer de celle-ci), adopta ouvertement le Trotskisme. On assista donc lmergence dun bloc dopposition au Parti, vers lequel convergrent les restes des divers groupes dopposition prcdemment expulss du Parti tous tant motivs par leur haine et leur hostilit vis--vis de la politique du Parti voulant renforcer la dictature du proltariat et construire le socialisme en U.R.S.S. Les dirigeants de cette opposition, Trotski, Zinoviev et Kamnev, saccordant mutuellement leur pardon , comme le dit Staline, et usant de loccasion et du prtexte de leffondrement de la grve gnrale britannique ( propos de laquelle ils blmrent les instances suprieures du Parti bolchevik pour avoir prtendument t incapables de donner une direction et une ligne de conduite aux travailleurs britanniques), prsentrent leur plate-forme, rdige par Trotski, laquelle plate-forme fut prsente, partiellement, au Plnum du Comit central du 6 au 9 avril 1926 et, compltement, la runion qui se tint du 14 au 23 juillet 1926. En rupture flagrante avec la discipline du Parti, lopposition organisa des manifestations dans les usines, exigeant une discussion complte de leur plate-forme. Les travailleurs communistes

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  • dnoncrent avec vhmence les dirigeants de lopposition et leur firent quitter ces runions. Confronts cette humiliante dfaite, les dirigeants de lopposition battirent en retraite et envoyrent une dclaration, le 16 octobre 1926, dans laquelle ils confessaient leurs erreurs et promettaient de renoncer lavenir leurs activits factieuses contre le Parti. Comme lexplique Ian Grey :

    Consterns par leur propre tmrit et leur propre imprudence, les six dirigeants Trotski, Zinoviev, Kamnev, Piatakov, Sokolnikov et Evdokimov admirent leur faute dans une dclaration publique et jurrent de ne plus poursuivre dactivits factieuses lavenir. Ils dnoncrent galement leurs propres partisans de gauche du Comintern et du groupe dOpposition ouvrire. (Grey 1979, pp. 213-214.) p. 30-31

    Autres rfrences Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, ditions EPO, 1994 : p. 145 lopposition unifie Zinoviev-Kamenev-Trotski Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p. 313 en t 1926 bloc Zinoviev-Trotski avant la XVe confrence 7. La lamentable fin de Trotski dans le parti

    Les thses Trotskistes furent soumises au vote dans tout le parti lors de la prparation du XVe congrs. Elles ne rencontrrent aucun succs. Face aux volte-face continuelles de Trotski, il fut exclu du comit central. Mais lorganisation de manifestations antiparti et antirgime en novembre 1927 causera son exclusion du Parti.

    Comme on tait en pleine prparation du 15e congrs du Parti, en septembre 1927, lopposition tablit une troisime dclaration concernant ses objectifs et sa politique. Il fallait mettre fin au fractionnisme de lopposition, ses activits dsorganisatrices et aux mascarades des violations rptes de sa dclaration hypocrite daveu de culpabilit et de promesses de cesser toute activit factieuse. Ainsi, fin octobre 1927, au cours dune runion commune avec la Commission centrale de Contrle, le Comit central expulsa Trotski et Zinoviev du Comit central, dcidant en outre de soumettre au 15e congrs, afin quil les examine, tous les documents relatant les activits factieuses de lopposition Trotskiste. Il faut rappeler que, durant la discussion au sein du Parti qui prcda le 15e congrs, 724 000 membres votrent en faveur de la politique lniniste du Comit central, alors quun nombre drisoire de 4 000 votes sexprimrent en faveur de la plate-forme du bloc dopposition Trotskiste-zinoviviste, cest--dire un demi pour-cent des membres qui participrent ce dbat. p.33 Le 7 novembre 1927, au dixime anniversaire de la rvolution dOctobre, Trotski et Zinoviev organisrent des manifestations contre le Parti Moscou et Leningrad. Peu suivies, ces manifestations contre-rvolutionnaires furent aisment disperses par les manifestants de la classe ouvrire sous la direction du P.C.U.S. Par ses actions du 7 novembre, lopposition avait fourni la preuve de sa conversion en une force contre-rvolutionnaire ouvertement hostile la dictature du proltariat en U.R.S.S. Aprs avoir enfreint toutes les normes et rgles de la vie du Parti, les Trotskistes sengageaient dsormais dans un parcours de violation des lois de ltat qui allait les conduire au meurtre, au sabotage, la destruction et, finalement, une alliance avec le fascisme. Le 24 novembre 1927, le Comit central expulsa Trotski et Zinoviev du Parti, alors que dautres membres de leur groupe taient vincs du Comit central et de la Commission centrale de Contrle. Relevant que lopposition avait rompu idologiquement avec le lninisme, quelle avait dgnr en menchevisme, quelle avait adopt la voie de la capitulation face limprialisme international et la bourgeoisie interne et quelle tait devenue un instrument de lutte contre la dictature du proltariat, le 15e congrs du Parti (dcembre 1927) approuva ces expulsions avec enthousiasme. En outre, il expulsa galement septante-cinq membres du bloc Trotskiste-zinoviviste, de mme que quinze centralistes dmocratiques. De plus, le congrs notifia aux organisations du Parti de purger leurs rangs des Trotskistes incorrigibles et de prendre des mesures en vue de rduquer les simples affilis de lopposition dans lesprit du lninisme.

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  • Aprs le congrs, de nombreux membres ordinaires de lopposition reconnurent leurs erreurs, rompirent avec le Trotskisme et furent r affilis au Parti. En janvier 1928, Trotski fut exil Alma-Ata, en Asie centrale (Kazakhstan). Mme l, il continua clandestinement se livrer ses activits hostiles au Parti et lUnion sovitique. Par consquent, en janvier 1929, il fut chass de lUnion sovitique. p. 34

    Autres rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 ; p. 314 manifestation interdite en novembre 1927 et exclusion de Trotski et Zinoviev, p. 320 le XVe congrs sur les Trotskistes et leur ventuelle radmission au parti 8. Tout cela ntait-il quune querelle dhommes ? Trotski avait combattu pendant 20 ans le noyau bolchevique et ce, avant larrive de Staline la tte du parti. Celui-ci ne devint secrtaire gnral quen 1923. Plkhanov, Boukharine et Trotski taient des hommes populaires qui se sont tous trois dtourns du marxisme. Le parti bolchevique sest permis une lutte de sept ans aprs lavertissement que Trotski devait arrter ces menes fractionnistes, avant de lexclure1.

    Lopposition pense que sa dfaite peut sexpliquer par des facteurs personnels, ou en raison de la duret de Staline []. Voil vraiment une explication trs bon march ! Cest une incantation, pas une explication. Trotski combat le lninisme depuis 1904. Depuis 1904 jusqu la rvolution de fvrier, en 1917, il a tranaill autour des mencheviks combattre dsesprment et en permanence le Parti de Lnine. Durant cette priode, Trotski a encaiss un nombre de dfaites de la main du Parti de Lnine. Pourquoi ? Peut-tre la duret de Staline tait-elle blmer ? Mais Staline ntait pas encore secrtaire du Comit central, lpoque ; il ntait pas ltranger, mais en Russie, combattant clandestinement le tsarisme, tandis que la lutte entre Trotski et Lnine faisait rage ltranger. Ainsi donc, quest-ce que la duret de Staline a voir l-dedans ? Durant la priode stendant de la rvolution dOctobre 1922, Trotski, dj membre du Parti bolchevik, sarrangea pour faire deux importantes sorties contre Lnine et son Parti : en 1918, sur la question de la paix de Brest ; et en 1921, sur la question des syndicats. Ces deux sorties se terminrent par la dfaite de Trotski. Pourquoi ? Peut-tre doit-on blmer ici la duret de Staline ? Mais lpoque, Staline ntait pas encore secrtaire du Comit central. Les postes de secrtaires taient alors occups par des Trotskistes notoires. Ainsi donc, quest-ce que la duret de Staline a voir l-dedans ? Plus tard, Trotski fit un nombre de sorties virulentes contre le Parti (en 1923, 1924, 1926, 1927) et chacune delles se termina par une svre dfaite pour lui. Ne ressort-il pas manifestement de tout ceci que les tentatives des Trotskistes en vue de remplacer le lninisme par le Trotskisme sont la principale cause de lchec et de la faillite de la ligne entire de lopposition ? Notre Parti est n et a grandi dans la tempte des batailles rvolutionnaires. Ce nest pas un parti qui a grandi durant une priode de dveloppement paisible. Pour cette raison mme, il est riche en traditions rvolutionnaires et ne transforme pas ses dirigeants en ftiches. une certaine poque, Plkhanov tait lhomme le plus populaire du Parti. Plus encore, il tait le fondateur du Parti et sa popularit tait incomparablement plus grande que celle de Trotski ou de Zinoviev. Malgr cela, le Parti se dtourna de Plkhanov ds quil commena scarter du marxisme et passer lopportunisme. Est-il surprenant, dans ce cas, que des personnes qui ne sont pas si en vue , des personnes comme Trotski

    1 Toute cette lutte est retrace dans On the opposition 1921-1927 J. Stalin, Foreign Languages press, Pekin, 1978.

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  • et Zinoviev, se soient retrouves la queue du Parti aprs quelles eussent tent de se dmarquer du lninisme ? (Staline 23-10-1927, pp. 199-201.) p.35

    IV. Trotski en exil, fervent combattant du parti bolchevique. En 1929 le Daily Express (e.a. 27, 28 fvrier) donnait une srie dinterviews de Trotski en premire page. Trotski ny faisait que fulminer contre le socialisme en URSS. Aprs coup, il dclara quil navait t aucunement censur. Il navait donc mme pas profit de cette occasion pour attaquer limprialisme anglais Le Daily Express profitait de laura de Trotski ltranger o les gens taient beaucoup moins au courant des luttes internes dans le PCUS pour laisser descendre la rvolution russe par un de ses artisans (annexe 2, p. 507-8) 1. Trotski dfend la continuation de la N.E.P. En 1922, le parti avait lanc la NEP (la nouvelle conomie politique) pour revitaliser lconomie dtruite par les guerres dintervention. Elle comportait un dveloppement capitaliste dans la campagne et dans le commerce sous strict contrle de la dictature du proltariat. Elle tolra lexistence et un certain renforcement des koulaks, les paysans riches. Seulement, vers 1927, le secteur tatique et coopratif tait devenu assez fort la campagne pour commencer vincer la classe koulak ce qui fut chose quasiment faite en 1932.

    En 1933, Trotski publia son pamphlet Lconomie socialiste en danger, dans lequel il se rvla en opposition vis--vis de sa seconde attaque contre le capitalisme, cest--dire son attaque lance au travers de lindustrialisation et la collectivisation socialistes, deux mesures dune importance historique rvolutionnaire de porte mondiale. Il dclara quune collectivisation correcte et conomiquement solide, un stade donn, ne devrait pas aboutir a llimination de la NEP, mais la rorganisation progressive de ses mthodes . (Trotski 1933a) En dautres termes, on ne devait pas tenter dliminer le capitalisme en gnral ni le capitalisme dans les campagnes en particulier. Dans le style de Gorbatchev, prtendant prner lune ou lautre forme de contrle du march, la mthode de Trotski pour contrler le march revient, ni plus ni moins, permettre au march quil se contrle lui-mme ! Le contrle du march, dit-il, doit lui-mme dpendre des tendances qui apparaissent par le biais de ce mme march (ibid.). p 39

    Autres rfrences Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p.286 Trotski propose daller plus loin que la NEP en 1922 ; p. 291 Trotski voulait exploiter lconomie paysanne au profit de lindustrie ; p.324 le groupe Boukharine-Rykov contre les mesures dexception contre les spculateurs koulaks, sous phrases de gauche comme les Trotskistes Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, EPO, 1994 : p. 94 Trotski contre la collectivisation en 1930 utopique et ractionnaire 2. Reconnaissance des ralisations sovitiques pour rester entendu. Pour garder audience dans un public en Occident qui, confront lui-mme avec lnorme crise conomique conscutive au krach de Wall Street, voyait progresser lURSS avec des taux de croissance de 16%, Trostki changea une fois de plus son fusil dpaule mais dbitait encore une fois des phrases de gauche pour couvrir une politique de droite.

    Dans La Rvolution trahie de 1933, il crit : Les immenses rsultats obtenus par lindustrie, le dbut plein de promesses dun essor de lagriculture. la croissance extraordinaire des vieilles villes industrielles, la cration de nouvelles, la rapide augmentation du nombre des ouvriers, llvation du niveau culturel et des besoins, tels sont les rsultats incontestables de la rvolution dOctobre [] le socialisme a dmontr son droit la victoire, non dans les

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  • pages du Capital, mais dans une arne conomique qui couvre le sixime de la surface du globe ; non dans le langage de la dialectique, mais dans celui du fer, du ciment et de llectricit. [] la rvolution proltarienne a permis un pays arrir dobtenir en moins de vingt ans des rsultats sans prcdent dans lhistoire. Ainsi se clt le dbat avec les rformistes dans le mouvement ouvrier. Peut-on, ne serait-ce quun moment, comparer leur agitation de souris luvre titanesque dun peuple appel par la rvolution une vie nouvelle ? (Trotski 1936, p. 13.)

    Donc, de faon tout fait mystrieuse et sans la moindre explication, sans une correction ou une prcaution de Trotski, nous trouvons que lappareil bureaucratique plein de suffisance, ngatif, ddaigneux, cliquesque caractris, dune part, par l inertie et, dautre part, par une violence antagoniste lgard de la critique , au sein duquel on ne trouve que des carriristes et des parasites politiques , tellement loigns de la ralit quils risquent de perdre le soutien des masses et de se faire ravir la domination de ltat par les tendances contre-rvolutionnaires que lon trouve parmi les dtaillants, les intermdiaires [] et les koulaks cet appareil bureaucratique , cest--dire la direction du Parti bolchevik et de ltat sovitique, a, dune manire ou dune autre, profit de loccasion et a organis dix annes de succs sans prcdent dans lhistoire ! p. 42-43

    3. Prdire le dsastre sovitique la grande joie des fascistes

    Les diatribes de Trotski contre le rgime sovitique ont t promptement reprises par les fascistes allemands et italiens : Voyez, mes amis, dit Goebbels aux socialistes et communistes allemands, ce que Trotski dit de ltat sovitique. Ce nest plus un tat socialiste, mais un tat domin par une bureaucratie parasitaire, vivant sur le dos du peuple russe. (Voir Annexe 2.) Ce genre darguments, et dautres du mme ordre, diffuss par les fascistes aussi bien que par les autres tats imprialistes, taient destins affaiblir en mme temps la foi que les masses auraient pu nourrir lgard de lU.R.S.S. et la leur propre dans leur capacit se construire une nouvelle existence. Ces arguments Trotskistes taient et continuent dtre utiliss par les opposants au communisme dans le mouvement travailliste aussi bien que par lintelligentsia petite-bourgeoise radicale. Le Trotskisme avait donc pour fonction (et a toujours) de semer la confusion et de dsarmer le mouvement ouvrier tant politiquement quidologiquement. Dfiant toute ralit, ignorant les dveloppements de la construction du socialisme en U.R.S.S., Trotski continuait prdire le dsastre et prner le renversement de la bureaucratie stalinienne un euphmisme pour la direction lniniste du Parti bolchevik et de ltat sovitique , en dautres termes, le renversement de la dictature du proltariat. Dans un article crit en octobre 1933, Trotski prdisait la restauration du capitalisme si la bureaucratie stalinienne continuait maintenir sa domination :

    [] un dveloppement ultrieur sans obstacle du bureaucratisme devrait invitablement mener un arrt de la croissance conomique et culturelle, une crise sociale terrible et un recul de toute la socit. Mais cela signifierait non seulement leffondrement de la dictature du proltariat, mais aussi en mme temps la fin de la domination bureaucratique. Pour remplacer ltat ouvrier, viendraient des rapports non pas social-bureaucratiques , mais capitalistes. (Trotski 1-10-1933, p. 259.)

    En fvrier 1935, Trotski annona leffondrement invitable du rgime politique stalinien et son remplacement par la contre-rvolution fasciste-capitaliste , moins que nintervienne la suppression du rgime sovitique en tant qu acte conscient de lavant-garde proltarienne , savoir ces mmes contre-rvolutionnaires Trotskistes qui rfutaient la possibilit de construire le socialisme en premier lieu, qui essayaient de mettre nimporte quel obstacle (bien que sans succs) dans la voie de la construction du socialisme, qui, main dans la main avec la bourgeoisie imprialiste, calomniaient ltat sovitique et la direction du Parti bolchevik, qui minimisaient et dnigraient la moindre ralisation de lindustrie, de

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  • lagriculture, de la science, de la technologie socialiste et qui finirent par devenir les allis et les outils du fascisme allemand et japonais ! p.40-41

    Autres rfrences Trotski, Ludo Martens, ditions PTB 1978 Chapitre V, Une alliance Hitler Trotski, tude du programme de transition Lagonie du capitalisme et les tches de la IVe Internationale (1938) Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, EPO, 1994 : p. 220-224 appels linsurrection contre lURSS ; p. 226 Trotski contre la politique de scurit collective URSS-France en 1935 ; p. 294-5 Tito devient boukharinien et Djilas affirme que Staline gale Hitler en citant Trotski 1951. 4. Le communisme est le fascisme selon Trotski. Trotski fut le vrai pre de la thorie du totalitarisme, qui met sur le mme pied communisme et fascisme.

    Pouss par sa haine intense et absurde de ltat sovitique, son subjectivisme stupide et sa rancur sans limite contre le rgime bolchevique pour la simple raison que ce dernier avait dcid de lexpulser pour son fractionnisme incorrigible, Trotski pousse la bassesse jusqu dire, dans le chapitre onze de son ouvrage La rvolution trahie, que le stalinisme et le fascisme sont des phnomnes symtriques. Par bien des traits, ils montrent une similitude accablante. (Trotski 1936, p. 185.)

    Autres rfrences Un autre regard sur Staline, Ludo Martens : p. 213-217 Les thories de Trotski sur bolchevisme = nazisme plus ses propos dfaitistes. p. 150-51 1934 pour en finir avec Hitler il faut renverser le komintern p. 153-54 appels la terreur et une 4e rvolution antibureaucratique 1934 5. Et de prdire la dfaite de lArme rouge face au nazisme. Les dernires prdictions de Trotski avant quil ne soit assassin non pas par le KGB, cest dire la main invisible de Staline, mais par un coreligionnaire Trotskiste (Frank Jacson) pour une banale affaire de femmes ont t des plus grotesques. Mais lhistoire relle a une fois de plus mis Trotski en tort. Les peuples de lUnion sovitique nont pas accueilli les nazis en librateurs de leur joug bureaucratique . Une demi anne aprs un dferlement de 5 millions de soldats, ils ramassrent une premire dfaite sanglante lors de la contre-offensive de Moscou. Au lieu de fuir comme la fait par exemple le gouvernement belge larrive des nazis, Staline organisa personnellement la rsistance. Et contrairement Napolon, Hitler na mme pas assist lincendie de Moscou.

    Dans ces dclarations, Trotski prdit, avec une jubilation malveillante, la dfaite militaire de lU.R.S.S. au cours de la guerre venir. En fait, il va mme plus loin encore, en affirmant quune guerre de longue dure sans dfaite militaire devrait dboucher sur une rvolution bonapartiste bourgeoise . Voici les propos mmes de Trotski : Peut-on esprer que lU.R.S.S. sortira de la prochaine guerre sans dfaite ? Rpondons nettement cette question pose en toute nettet : si la guerre ntait quune guerre, la dfaite de lU.R.S.S. serait invitable. Sur les rapports de la technique, de lconomie et de lart militaire, limprialisme est infiniment plus puissant que lU.R.S.S. Sil nest pas paralys par la rvolution en Occident, il dtruira le rgime n de la rvolution dOctobre. (Trotski 1936, p. 153.) Que se passerait-il si lUnion sovitique parvenait survivre au sort que lui assigne Trotski. lhistoire comme nous le voulons dfaite militaire ou pas lUnion sovitique ne pourrait pas survivre la guerre : 47. Mais, prcisment, la longueur de la guerre, crit Trotski, rvlera invitablement les contradictions entre lconomie de transition de lU.R.S.S. et sa

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  • planification bureaucratique [] En dautres termes, dans le cas dune guerre longue, le proltariat mondial restant passif, les contradictions sociales internes en lU.R.S.S. non seulement peuvent conduire, mais galement conduiraient une contre-rvolution bourgeoise-bonapartiste. (Trotski 10-6-1934, p. 69.) En 1940, approchant de la fin de sa vie une vie dhostilit irrconciliable envers le lninisme Trotski, avec un zle digne des meilleures causes, prdit nouveau la dfaite de lU.R.S.S. et le triomphe de lAllemagne hitlrienne : Nous sommes toujours partis du fait que la politique internationale du Kremlin tait dtermine les intrts de la nouvelle aristocratie [] par son incapacit mener une guerre. (Trotski 2-9-1939, p. 384.) [] la caste dirigeante nest plus dsormais capable de penser au lendemain. Sa devise est celle de tous les rgimes condamns : Aprs nous le dluge ! (Ibid., p. 387.) La guerre va dmolir bien des choses et bien des individus. Artifices, tricheries, impostures et trahisons ne permettront pas dchapper la svrit de son jugement. (Ibid., p. 387.) Staline ne peut pas faire la guerre avec des ouvriers et des paysans mcontents et une Arme Rouge dcapite. (Trotski 4-9-1939, p. 390.) Le niveau de ses forces productrices [de lU.R.S.S.] lui interdit une grande guerre. (Trotski 4-12-1939, p. 176.) Mais lentre de lU.R.S.S. dans une guerre majeure, avant que ce moment ait t atteint, signifierait de toutes faons un combat armes ingales. Le facteur subjectif, qui nest pas moins important que le facteur matriel, a profondment empir au cours des dernires annes. (Ibid., p. 176.) Il [Staline] ne peut entreprendre une guerre offensive avec quelque espoir de remporter la victoire. Au cas o lU.R.S.S. entrerait en guerre, avec les innombrables victimes et privations que cela implique, tout le caractre frauduleux du rgime au pouvoir, ses outrages et sa violence provoqueraient invitablement une violente raction de la part dun peuple qui a dj men bien trois rvolutions au cours de ce sicle. (Ibid., p. 177.) La guerre actuelle peut jeter bas la bureaucratie du Kremlin bien avant le dclenchement de la rvolution dans les pays capitalistes. (Ibid., p. 183.) p. 45-46

    6. Deux mythes anticommunistes : le testament de Lnine et les prouesses militaires de Trotski. Dans ce cours nous ne traitons pas de ces deux mythes, mais pour les intresss voici Quelques rfrences sur le testament de Lnine Dans Trotskisme ou lninisme de Harpal Brar : annexe 1 : p. 497-506, p. 25-29 la mort de Lnine. Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, EPO, 1994 : p. 34 p. 39 le testament de Lnine, les jugements sur Staline et Trotski Quelques rfrences sur la carrire militaire de Trotski Un autre regard sur Staline, Ludo Martens, EPO, 1994 : p. 32 comparaison militaire Trotski-Staline lors des guerres dintervention 1918-1920 ; p. 218 Trotski dfend Toukhatchevski en 1938 ou le bonapartisme dans larme. Histoire du Parti communiste (bolchevik) de lU.R.S.S., ditions Norman Bethune, 1971 : p.262-3 Trotski combat Koltchak avec mesure et donne sa dmission contre la position divergente du parti ce sujet, il est retir du commandement de la rgion Sud. p. 260 au VIIIe congrs lopposition de dlgus communistes dans larme contre la direction de Trotski larme.

    V. Quelques considrations gnrales sur lvolution de Trotski et les caractristiques de sa ligne politique. Personne nest labri derreurs quand on tente de faire une politique rvolutionnaire. La question est : pouvons-nous accepter les leons donnes par les vnements et par la lutte populaire ? Transformer sa conception du monde est une tche de toute une vie pour un militant rvolutionnaire. Il faut continuellement adapter le subjectif lobjectif. Lvolution ngative de Trotski est un prcieux enseignement. Cela montre que mme quelques excellentes qualits se noient dans un ocan de crimes

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  • et deviennent ainsi insignifiantes et tout au plus au service de la politique et des intrts des adversaires acharns de la Rvolution. 1 .Trotski rassemble toujours les opposants la ligne bolchevique que ce soit au IIime congrs en 1903, lors du Bloc daot en 1912 ou au moment de la nouvelle opposition en 1925. Ds le dpart, le centralisme dmocratique dun parti rvolutionnaire est pour lui le bureaucratisme :

    Lapplication du principe de la minorit se soumettant la majorit et du principe des corps dirigeants infrieurs lis aux dcisions des corps dirigeants suprieurs, ainsi que du principe de diriger le travail du parti partir dun centre, dboucha sur des accusations de bureaucratisme , de formalisme , de rouages et engrenages , etc. lances par messieurs Trotski, Martov et dautres opportunistes. p.91

    2. Individualisme. La petite divergence de Trotski avec Lnine au IIe congrs concerne notamment la composition de la rdaction du journal lIskra. Trotski nest pas daccord quon en modifie la composition. Ctait pourtant une dcision du congrs. Trotski, mis en minorit, fulmine. Tu es un bureaucrate, parce que tu as t dsign par le congrs lencontre de ma volont ; tu es un formaliste, parce que tu tappuies sur les dcisions formelles du congrs, et non sur mon accord ; tu agis dune faon grossirement mcanique, car tu te rclames de la majorit mcanique du congrs du Parti et ne tiens pas compte de mon dsir dtre coopt ; tu es un autocrate parce que tu ne veux pas remettre le pouvoir entre les mains de la vieille et bonne compagnie p. 92 3. Phrases de gauche pour politique de droite et alliance avec la droite

    Staline, dans son rapport au 17e congrs du Parti (26 janvier 1934) fait lobservation suivante propos du programme Trotskiste : Nous avons toujours dit que les gauches taient ces mmes droitiers qui masquaient leur politique de droite par des phrases gauchistes. Aujourdhui, les gauches eux-mmes confirment nos dires. Prenez le Bulletin Trotskiste de lan dernier. Quexigent messieurs les Trotskistes ? Qucrivent-ils ? En quoi consiste leur programme de gauche ? Ils demandent : la dissolution des sovkhozes, parce que de mauvais rapport ; la dissolution de la plus grande partie des kolkhoz, parce que fictifs ; labandon de la politique de liquidation des koulaks ; le retour la politique concessionnaire et la remise en concession de toute une srie de nos entreprises industrielles, parce que de mauvais rapport. Tel est le programme des mprisables poltrons et capitulards, le programme contre-rvolutionnaire de restauration du capitalisme en U.R.S.S. ! En quoi diffre-t-il du programme des lments dextrme droite ? En rien, videmment. Les gauches se sont donc rallis ouvertement au programme contre-rvolutionnaire des droitiers, afin de faire bloc avec eux et dengager en commun la lutte contre le Parti. (Staline 26-1-1934, p. 462.) p. 40

    4. Cette haine contre le parti et sa politique amne lalliance avec le fascisme.

    La haine de Trotski pour la discipline lui fit adopter un point de vue opportuniste sur les principes organisationnels au point de sopposer Lnine lors du 2e congrs. Le mme individualisme petit-bourgeois, que lon peut qualifier d anarchisme aristocratique , avec sa haine extrme de la discipline, allait pousser Trotski sopposer encore et toujours au Parti bolchevik et ses mthodes et formes dorganisation et, en fin de compte, constituer une alliance avec les fascistes dans le but de renverser ltat sovitique. p.93 Les diatribes de Trotski contre le rgime sovitique ont t promptement reprises par les fascistes allemands et italiens : Voyez, mes amis, dit Goebbels aux socialistes et communistes allemands, ce que Trotski dit de ltat sovitique. Ce nest plus un tat socialiste, mais un tat domin par une bureaucratie parasitaire, vivant sur le dos du peuple

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  • russe. (Voir Annexe 2.) Ce genre darguments, et dautres du mme ordre, diffuss par les fascistes aussi bien que par les autres tats imprialistes, taient destins affaiblir en mme temps la foi que les masses auraient pu nourrir lgard de lU.R.S.S. et la leur propre dans leur capacit se construire une nouvelle existence p. 40-1

    5. Persvrer dans lidalisme mne au dsastre politique

    Lhistoire a montr que la thorie Trotskiste de la rvolution permanente tait assez inutile et errone. Trotski aurait pu prendre la seule attitude correcte pour quiconque se prtend marxiste, cest--dire renoncer la thorie qui stait rvle fausse dans la pratique et admettre franchement quelle tait fausse. Trotski ne le fit pas. Larrogance intellectualiste de lindividu petit-bourgeois (et, dans le cas de Trotski, cette arrogance se trouvait son plus haut degr) rendait impossible pour Trotski de digrer ce qui, aux yeux de lintellectuel petit-bourgeois, nest rien dautre quune humiliation. Trotski prit donc le parti que sa thorie tait correcte et lhistoire fausse. Ctait une position idaliste typique qui revenait dire : si la ralit nest pas conforme ma conception, alors il y a quelque chose de faux dans la ralit, car la ralit doit correspondre ma conception. Cette position idaliste, digne de lvque Berkeley, mena Trotski de plus en plus loin dans la dgnrescence. Ce qui aurait pu tre une erreur fortuite devint une monstruosit lorsquelle fut justifie, rpte et leve au niveau dun systme, dune thorie. Une thorie fausse mne une pratique fausse et, sans rectification la lumire de la pratique, chaque erreur suivante devient encore plus grave. La quantit se transforme delle-mme en qualit. Les erreurs se transforment en crimes. Ce processus explique pourquoi Trotski a dgnr au point de devenir un alli et un agent du fascisme, dtermin renverser ltat sovitique nimporte quel prix. Les gens qui suivent Trotski glissent sur la mme pente de dgnrescence que Trotski lui-mme. Nous appelons tous les travailleurs qui ont t sduits par la phrasologie la mode et attirante des Trotskistes rflchir srieusement ce que nous avons dit, rejeter le Trotskisme, accepter le marxisme-lninisme et offrir leur contribution au combat pour le renversement rvolutionnaire de la bourgeoisie et la construction du socialisme. p. 140

    VI. Lvolution du Trotskisme et son rle aprs la mort de Trotski 1. A la fin de la Seconde Guerre mondiale Le comportement du parti et des peuples sovitiques lors de la Seconde Guerre mondiale donnent le dmenti le plus formel aux allgations de Trotski et amnent au discrdit total de ce courant qui restait soit passif soit aidait le fascisme lors de cette priode2.

    Voici comment Isaac Deutscher3 dcrit le dfil de la victoire sur la Place Rouge, la fin de la guerre : Le 24 juin 1945, Staline tait debout sur le sommet du mausole de Lnine et vit passer une grande parade de lArme Bouge, loccasion du quatrime anniversaire de lattaque de Hitler. ct de Staline se trouvait le marchal Joukov, son adjoint, le vainqueur de Moscou, de Stalingrad et de Berlin. Les troupes qui dfilaient devant lui taient commandes par le marchal Rokossovski. En avanant, raides, et en galopant travers la place Bouge, les rgiments dinfanterie, de cavalerie et de tanks salissaient le trottoir de boue ctait un jour de pluie torrentielle et exhibaient les innombrables drapeaux et bannires de larme de Hitler. Devant le mausole, ils jetrent les drapeaux aux pieds de Staline. Cette scne symbolique dnotait une imagination trange, [] Le lendemain, Staline reut lhommage de Moscou pour la dfense de la cit en 1941. Le surlendemain, il tait nomm hros de lUnion Sovitique et promu au rang de gnralissime. Ce furent des jours dun triomphe et dune gloire quon naurait oser rver. [] Staline se trouvait dans la lumire clatante de la reconnaissance et de la gratitude populaires. Ces sentiments taient spontans,

    2 En Belgique le Trotskiste Dhauge estimait utile dcrire dans le journal rexiste Le pays rel lors de la deuxime guerre mondiale. Il estima quil fallait utiliser la tribune que lui tait offerte. Il fut excut par la rsistance ndla. 3 crivain de tendance Trotskiste.

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  • sincres et non provoqus par ses propagandistes officiels. Les slogans uss d achvement de lre stalinienne taient maintenant porteurs dun sens nouveau, non seulement pour les jeunes, mais encore pour les sceptiques et les mcontents de lancienne gnration. [] (Ibid., pp. 548-549.) Ainsi donc, la fin de la guerre, le Trotskisme avait perdu compltement tout crdit, il tait en pleine faillite et considr comme rien de plus quune agence de renseignements et un alli anticommuniste de limprialisme en particulier durant la guerre dagression, dirige par les tats-Unis, contre le peuple coren, au cours de laquelle les Trotskistes, rongs par leur haine gntique de lUnion sovitique, prirent effectivement parti pour limprialisme amricain contre les forces de libration nationale et du socialisme. p.51

    2. Au XXe congrs, Khrouchtchev rhabilite le Trotskisme par ces attaques virulentes sur Staline.

    Lattaque de Khrouchtchev contre Staline apporta, aprs coup, quelque crdibilit aux emportements contre-rvolutionnaires des Trotskistes contre lU.R.S.S. qui avaient dbut au milieu des annes vingt et nallaient plus cesser par la suite. Du fait que, sous la tutelle de Khrouchtchev et de ses successeurs, le P.C.U.S. lui-mme, ainsi que les partis rvisionnistes dEurope et dailleurs, se mit rellement dgnrer, les sempiternelles jrmiades Trotskistes propos du prtendu Thermidor et de la dgnrescence qui staient empars du P.C.U.S. ds 1923, finirent par acqurir un semblant de plausibilit. p.53

    3. La chute du mur est acclame comme la russite de la rvolution antibureaucratique 3.1. Tchcoslovaquie 1968-1989.

    Dubcek, dans une lettre adresse la direction du Parti, demanda celle-ci de ne pas condamner les rformes en Pologne et en Hongrie. Son collgue Jiri Pelikan fit de mme en appelant le mouvement dmocratique dEurope occidentale [] dvelopper le dialogue avec Solidarnosc [] en Pologne, avec le Forum dmocratique [] en Hongrie, avec la Charte 77 [] en Tchcoslovaquie (Forum dissidences n1, mai 1989, Genve, pp. 26-27, cit dans Martens 1991, p. 45), cest--dire avec les forces de la restauration capitaliste. Cest ainsi quen 1968, et plus tard, la fin des annes 80 et au dbut des annes 90, lon trouva les Trotskistes, fidles eux-mmes, aux cts de la contre-rvolution. Le Trotskiste Petr Uhl fut lun des membres les plus actifs de la Charte 77 hostile au communisme. Le 15 octobre 1988, les sommits de la Charte 77 et des autres groupes de lopposition signrent un Manifeste du Mouvement pour la Libert civique qui, entre autres choses, rclamait le pluralisme conomique et politique , la libration des affaires du joug de la bureaucratie centralise , le plein rtablissement de lentreprise prive dans le domaine du commerce, de lartisanat, des petites et moyennes entreprises et lintgration de faon naturelle [de lconomie tchque] lconomie mondiale, base sur la division internationale du travail (Imprecor n 283, 1989, p. 24, cit dans Martens 1991, p. 62). Il sagissait donc, en dautres termes, dun Manifeste en faveur de la restauration du capitalisme et de la dmocratie bourgeoise. Tout en avouant sa sympathie lgard de ce Manifeste de la contre-rvolution de velours, Uhl ne jugea pas opportun dy apposer sa signature, se permettant mme de le critiquer comme plate-forme librale dmocratique et totalitaire . La conclusion ? Au lieu de le dnoncer et de sen dissocier, il accueillit favorablement le Manifeste parce quon y avait inclus la revendication de lautogestion dans les grandes entreprises (Imprecor n 283, 1989, pp. 26-30, cit dans Martens 1991, p. 62), cest--dire le genre de bla-bla qui abonde dans les pays imprialistes et qui vante la dmocratie du management participatif. Aprs le succs de la contre-rvolution et la mise en application du Manifeste ci-dessus, Uhl dclara : On pourrait discuter dans quelle mesure la thorie de Trotski sur la rvolution politique a t justifie. Je pense que cest en Tchcoslovaquie que la ralit est la plus proche de cette thorie. (Imprecor n 304, 1990, p. 26, cit dans Martens 1991, p. 63.) p .54-55

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  • 3.2 Mandel et la DDR.

    propos du mouvement contre-rvolutionnaire en Rpublique dmocratique allemande, Mandel dclara : Je suis rellement excit par tout ce qui se passe Berlin [] la tendance antisocialiste y est particulirement faible. Saluant cette rvolution , il poursuivait en sexclamant : Tout ce que Trotski a toujours espr peut maintenant tre ralis. (Humo, 21 dcembre 1989, cit dans Martens 1991, p. 142.) Dans les cercles Trotskistes, de mme videmment que dans les milieux imprialistes, alors que des gens comme Gorbatchev, Eltsine et Trotski sont des rvolutionnaires, Staline et le Parti bolchevique quil dirigeait sont contre-rvolutionnaires !!! p.58

    4. Le lien indissoluble entre Trotskisme et rvisionnisme

    Les vnements de ces quelques dernires annes, qui ont submerg lEurope de lEst et lU.R.S.S., nont pas seulement prouv la faillite extrme du rvisionnisme khrouchtchvien, mais ont galement dnonc, pour autant quune telle dnonciation ait jamais t requise, la nature absolument contre-rvolutionnaire du Trotskisme. Ces vnements ont prouv, au-del du moindre doute, laffinit intrieure, malgr les diffrences dans la forme et lessence, entre le rvisionnisme et le Trotskisme. Le rvisionnisme khrouchtchvien, droite par sa forme et son essence, visait, par le biais du Parti communiste, le mme objectif de restauration du capitalisme en U.R.S.S. et dans les autres pays de lEurope de lEst que le Trotskisme, gauche dans sa forme et son essence, avait tent dimposer depuis les annes 1920 dj par le biais dune prtendue rvolution antibureaucratique . Cette affinit, et sa preuve dans la pratique de la forme la plus vivace de lessence