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80Épreuve 1
MERMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANINDIEN
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANOCÉANOCÉANATLANTIQUE
OCÉANOCÉANATLANTIQUE
OCÉANOCÉANOCÉANATLANTIQUE
OCÉANATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUE
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANOCÉANATLANTIQUE
OCÉANOCÉANATLANTIQUEATLANTIQUE
Angleterre
FranceSuisse
États-Unis
DES LUMIÈRES AU BULLETIN DE VOTE
80
6
81
Des Lumières au bulletin de vote
Épreuve 1
MERMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANINDIEN
Des Lumières au bulletin de vote
OCÉANPACIFIQUE
Des Lumières au bulletin de voteDes Lumières au bulletin de vote
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANPACIFIQUE
Des Lumières au bulletin de vote
OCÉANPACIFIQUE
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– décrire les apports des idées des Lumières à propos des droitsde chaque être humain ;
– décrire les causes du mécontentement populaire et ses demandesde changement ;
– expliquer les circonstances ayant permis d’inscrire des principesde droit dans la loi de plusieurs pays ;
– décrire les conséquences de l’introduction du suffrage masculin ;
– identifier et analyser les combats menés pour que le suffrage soit vraiment universel.
AU TRAVERS DU THÈME, TU APPRENDRAS AUSSIPROGRESSIVEMENT À :
– analyser l’évolution des idées et des attentes de divers acteurssociaux ;
– comparer des sources parfois contradictoires et en identifierles arguments respectifs ;
– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;
– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;
– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.
APPRENTISSAGES VISÉS
OCÉANINDIENOCÉANINDIENOCÉANINDIENOCÉANINDIEN
– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;– comparer et analyser des représentations d’un événement semblable ;
– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;– analyser différents moyens pour s’exprimer et revendiquer des droits ;
– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.– argumenter et débattre sur les droits fondamentaux.
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82
Des Lumières au bulletin de vote
1776Déclaration d’indépendance des États-Unis
Mort de Voltaire1778
1762Publication deDu contrat socialde J.-J. Rousseau
1750
1850
1800
1848Révolutions
en Europe :le Printempsdes peuples
1830Révolutions
en Europe
1789Déclaration des
droits de l’hommeet du citoyen
1752Début de l’édition de l’Encyclopédie
de Diderot et d’Alembert
Publication de Défense du droit
des femmes deMary Wollstonecraft
1792
Congrès de Vienne menant
à la Restauration monarchique
1814 - 1815
Sacre de l’empereur Napoléon1804
1770 - 1780Révoltes populaires
en Europe
1715 -1789Siècle des Lumières
1815 -1830Restauration monarchique dansplusieurs pays européens
1799-1815Conquêteset guerres
napoléoniennes
En Europe, aux XVIIe et XVIIIe siècles, des mouvements sociaux (émeutes urbaines et révoltes paysannes) contestent les formes arbitraires du pouvoirZ du roi et des élites. Des penseurs poli-tiquesZ diffusent un nouvel idéal de sociétéZ où les pouvoirs du roi seraient limités par les loisZ et dont l’élaboration serait soumise au consentement de la population. Mais les souverainsZ ne sont pas prêts à admettre une quelconque participation poli-tique de leurs sujetsZ. En France, l’absolutisme se heurte à l’op-position des villes et des provinces qui résistent aux demandes continuelles de ressources financières. Ailleurs en Europe, les monarquesZ essayent de réformer leur ÉtatZ dans un sens cen-tralisateur, tout en s’ouvrant timidement aux idées de réforme et de tolérance inspirées de la philosophie des Lumières.
En 1789, la Révolution française marque la fin de la monarchieZ absolue en France. La société de privilègesZ est abolie. La Décla-ration des droits de l’homme et du citoyen introduit de nouveaux droits et les déclare universels. Le modèle se diffuse en Europe et inquiète les aristocratesZ qui comptent bien le combattre. Ils par-viennent à restaurer la monarchie un peu partout, sans tenir compte des aspirations libérales avec lesquelles ils doivent pourtant com-poser. Les exclus du système font entendre leur voix, descendent dans la rue pour revendiquer leurs droits, veulent pouvoir participer au gouvernementZ de leur pays.
La lutte sera longue pour que les principes de la Révolution fran-çaise, « liberté, égalité, fraternité », s’imposent en Europe. Elle continue aujourd’hui encore.
6
OCÉAN ATLANTIQUE
MER DU NORD
MERMÉDITERRANÉE
500 km
1848
1849
1864
1871
1869
1875
1878
1893
1896
18981906
1909
1912
1917
1917
1918
19181918
1919 1984
Introduction du suffrage universel masculin
1789 -1799 Révolutionfrançaise
Révolution helvétique1798
1789G. Washington devient président des États-Unis
1689Bill of right
Des Lumières au bulletin de vote
Épreuve 2
500 km
ROYAUME DE GRANDE-BRETAGNE
ROYAUME DE
SUÈDE
ROYAUME DE
POLOGNE
EMPIRE OTTOMAN
ROYAUME DE NAPLESROYAUME
D’ESPAGNE
ROYAUME DU
PORTUGAL
ROYAUME DE FRANCE
ÉTATS DUSAINT-EMPIRE ROMAIN
GERMANIQUE
EMPIRE DE RUSSIE
SAVOIE
CANTONSSUISSES
ET ALLIÉS
PROVINCES-UNIES
RÉPUBLIQUE DE GÊNES
RÉPUBLIQUE DE VENISE
EMPIRE DES HABSBOURG
AUTRICHE HONGRIE
BOHÊME
ROYAUME DE PRUSSE
Madrid
Londres
Paris
StockholmSaint-Pétersbourg
Riga
Amsterdam
Rome
Genève
Berlin
Lübeck
Nuremberg
UlmStrasbourg
HambourgBrême
OCÉANATLANTIQUE
MERMÉDITERRANÉE
MERDU NORD
MERNOIRE
L’Europe des Lumières
Klaus, Barricade sur l’Alexanderplatz du 18 au19 mars 1848 (détail), lithographie, 1848.
Landsgemeinde à Glaris, 2014.
Jean Huber, Un dîner de philosophes (détail), huile sur toile, 1773.
L’Œil de la police, « Suffragettes et Policemen », hebdomadaire illustré, 1914.
83
Monarchie absolue
Monarchie parlementaire
République
Les régimes politiques
Limites du Saint Empire romain germanique
Z
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6
OCÉAN ATLANTIQUE
MER DU NORD
MERMÉDITERRANÉE
MERNOIRE
500 km
Madrid Rome
Genève
Londres
Paris
Berlin
Stockholm
Saint-Pétersbourg
Riga
Cantons suisseset alliés
Amsterdam
Uppsala
La HayeLeipzig
Ferney
FlorenceBologne
Venise
GöttingenHalle
Cambridge
Édimbourg
Glasgow
Le mouvement des Lumières se développe en Europe au XVIIIe siècle. Les philosophes qui s’y rattachent sou-haitent « éclairer » le monde par la raison, en faisant usage d’un esprit critique. Ils recommandent une stricte séparation du religieux et du profane. Ils développent la méthode scientifique, questionnent la politiqueZ, l’économieZ et la vie en société.
Penser une société nouvelle
ESPRIT CRITIQUE : désigne une capacité à s’interroger sur la réalité ou la probabilité de faits prétendus, ainsi que sur leurs interprétations.
PROFANE : qui n’a pas de caractère sacré ou religieux.
ENTENDEMENT : faculté intellectuelle de comprendre sans faire appel à l’intuition, l’imagination ou aux sensations.
Ose savoir ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. [...] Pour répandre ces Lumières, il n’est rien requis d’autre que la liberté ; et [...] faire usage public de sa raison dans tous les domaines.
Emmanuel Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, 1784.
1
Circulation des Lumières en Europe3
Limites des États du Saint Empire romain germanique
La diffusion des Lumières Les voyages de...Les grands centres académiques européensLes université dynamiquesÉditions de journaux scientifiques et philosophiques
Voltaire (1694-1778)Rousseau (1712-1778)Diderot (1713-1784)
Foyers secondaires
Grands foyers des Lumières
CITOYENPersonne qui a
des droits politiques,en particulier le droit
de voter et d’êtreélue.
[les prétentions des prêtres] se sont établies en raison de l’ignorance des peuples, de la faiblesse des souverains, et de l’adresse des prêtres ; ces der-niers sont souvent parvenus à se maintenir dans leurs droits usurpés […] Il n’en est point ainsi des contrées éclairées par les lumières de la raison et de la philosophie, le prêtre n’y oublie jamais qu’il est homme, sujet et CITOYEN.
« Prêtres », in Encyclopédie, 1751-1772.
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85
Des Lumières au bulletin de vote
Le pacte fondamental substitue [..] une égalité morale et légi-time à ce que la nature avait pu mettre d’inégalité physique entre les hommes […] pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par conventionZ et de droit.
J.- J. Rousseau, Du Contrat social, livre I, 1762.
4
Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que [...] le pouvoir arrête le pouvoir [...]. Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps […] des noblesZ, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers.
Ch. L. de Montesquieu, De l’esprit des Lois, livre XI, 1748.
5
Tout individu a des droits naturelsLes penseurs des Lumières affirment que tout homme a des droits naturels : il les reçoit à la naissance et ne peut les perdre. Parmi les plus importants se trouvent la liberté de penser par soi-même, la liberté de croyance, l’égalité devant la loi, le droit de se réunir, le droit d’exprimer ses opinions.
Les cantons suisses sont également concernés par le mouvement des lumières. Des penseurs s’intéressent au concept de droit naturel. Selon eux, toute personne privée de ses DROITS FONDAMENTAUX est légitimée à se révolter contre la tyrannie. Parmi d’autres, cette manière de voir a influencé le mouvement d’indépendance des États-Unis d’Amérique contre la couronne britannique. Les échanges culturelsZ avec Genève sont notamment fréquents.
Protéger le peuple contre l’absolutismeDans le domaine politique, les penseurs critiquent les privilèges et l’iné-galité fondamentale de la société des trois ordres. Ils combattent l’abso-lutisme et imaginent de limiter les pouvoirs du monarque. La plupart des philosophes des Lumières ne condamnent pas la monarchie. Ils pensent que ce système peut fonctionner à condition que le souverain soit au service de son peuple et qu’il gouverne selon les principes de la raison et de la morale.
Pour imaginer un système politique susceptible de remplacer la monarchie absolue, les philosophes français observent d’autres régions d’Europe. L’Angleterre est un de leurs modèles privilégiés. En 1689, avec la signature de la Déclaration des droits (Bill of rights), le roi a accepté de voir son pouvoir limité au profit de celui des représentants du peuple, le ParlementZ.
MORALE : règles de conduite visant à la recherche du bien.
DROITSFONDAMENTAUX
Ensemble des libertés (indi-viduelles et collectives) et des
pouvoirs liés à une personne. Les droits fondamentaux de l’Homme
sont attachés à tout individu en raison de sa qualité d’être
humain. Les droits politiquessont liés à la fonction
de citoyen.
86
6
Des nouveaux espaces de débatsLes Lumières touchent toute l’Europe, mais aussi l’Amérique du Nord. Les idées circulent au gré des voyages des philosophes, par les livres et grâce à la presse qui est en pleine expan-sion. Le XVIIIe siècle est marqué par une vie en société intense qui favorise les discussions intellectuelles. Des espaces de débat et de nouveaux lieux de réunion apparaissent.
Les réactions des monarquesCertains monarques, que l’on appelle des « despotes éclairés », choisissent de s’ouvrir à ces idées nouvelles et accueillent les pen-seurs des Lumières à la courZ. Ils continuent toutefois à gouver-nerZ avec autorité et fermeté. Les plus connus sont Catherine II de Russie et Frédéric II de Prusse.
En France, la monarchie craint la diffusion des idées nouvelles. Sans être des appels à la rébellion, elles sont suffisamment audacieuses pour être poursuivies en justice. Leur publication est interdite, les philosophes risquent l’emprisonnement. Certains choisissent l’exil.
Anicet Charles Lemonnier, Lecture de « L’Orphelin de la Chine » de Voltaire dans le salon de Mme Geoffrin en 1755, huile sur toile, 1812.
Des « nouvellistes » dans un jardin public écoutent la lecture d’une gazette, caricature, XVIIIe siècle.
Contourner la censureZ
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8
Ch. L. De Montesquieu, De l’Esprit des loix, 2e édition, Amsterdam, 1749.
Diderot et Alembert, Encyclopédie, tome 8,
Neuchâtel, 1765.
86
87
Des Lumières au bulletin de vote
1786
Lyon
ZurichFribourg
Neuchâtel
Genève AUTRICHE
POLOGNE
EMPIREOTTOMAN
PRUSSE
SAXE
BAVIÈRE
1768-82
1785 Paris
Londres
Birmingham
Newcastle
Manchester
SheffieldNottingham
LiverpoolDublin
Toulon
BeauvaisDouai
Lille
ESPAGNE
ROY. DENAPLES
PORTUGAL
1775
MERMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
MERDU NORD
1781-82
1775
Exeter
Bristol
Grenoble
Aix
Rennes
CambraiValenciennes
FRANCE
ROYAUME-UNI
PROVINCES-UNIES
DANEMARKRUSSIE
1787
Glasgow
Nancy
SUÈDE
Révoltes paysannes
Troubles urbains
1775
1784
1780
1782
Les élites intellectuelles ne sont pas les seules à souhaiter un changement dans la manière de gouverner.L’ensemble de la population subit une situation économique toujours plus difficile et développe un fort sen-timent d’injustice, notamment en matière d’impôtsZ. Dès les années 1770, dans toute l’Europe, la tension monte. Des révoltes populaires éclatent.
Revendiquer un changement
Révoltes populaires en Europe entre 1768 et 17879
« Par le nombre des émeutes urbaines et des révoltes paysannes, la Suisse apparaît comme la région la plus conflictuelle du Saint EmpireZ germanique ! Si l’on admet une quarantaine de conflits pour la période 1700-1784 […] on constate que la moitié d’entre eux sont dirigés contre l’arbitraire des aristocratiesZ urbaines et qu’un bon tiers est constitué de révoltes paysannes. Cette culture du conflit et de la résistance ouverte révèle à quel point la sensibilité aux inégalités économiques, sociales et politiques est vive. »
François Walter, Histoire de la Suisse, 2010.
10
En France, le mouvement de contestation aboutit à la RÉVOLUTION française qui met fin à la monarchie absolue. Le roi doit accepter une constitutionZ. Dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sont inscrits les principes de liberté, d’égalité, de fraternité.
Mais les monarchies ne se laissent pas faire. Elles parviennent à restaurer leur pouvoir au cours du XIXe siècle. À plusieurs reprises, le peuple fait entendre son mécontentement, prend les armes et construit des barricades pour se défendre et faire face à la répression.
Partout en Europe, les acteurs politiques mettent en œuvre divers moyens pour renfor-cer leur pouvoir, affirmer leurs droits et acquérir plus d’égalité. Pour faire accepter les revendications, plusieurs solutions s’offrent à eux, allant de la simple formulation de leurs souhaits à la révolte armée.
ARBITRAIRE : pouvoir ou autorité d'une personne ou d'un groupe qui n'est pas limitée par des règles.
RÉVOLUTIONChangement brusque et violent du régime
politique d’un Etat, qui entraîne une transforma-
tion profonde dela société.
RÉVOLUTION française qui met fin
88
6
ÉTATS GÉNÉRAUX : en France, assemblée extraordinaire réunissant des représentants des trois ordres de la société : la noblesseZ, le clergé et le tiers état.
TIERS ÉTAT : partie de la population française qui n’appartientni à la noblesse ni au clergé.
TAILLE : impôt payé seulement par le tiers état.
PLACARD : document que l’on diffuse par affichage ou en le faisant circuler.
PAMPHLET : brochure ou court écrit, souvent au ton violent, rédigé dans le but de défendre une cause ou critiquer quelqu’un ou quelque chose.
Il serait souhaitable que les droits des seigneurs fussent abolis. Ils regardent ceux qui font valoir leurs biens comme de vrais valets, le laboureur qui les nourrit comme un esclaveZ.
Extrait du Cahier de doléances de Gastines, France, 1789.
13
Faire part de ses REVENDICATIONSConfrontée à l’opposition des parlements provinciaux, la monarchie fran-çaise n’arrive plus à trouver les ressources financières nécessaires à la conduite de l’État. En 1788, l’impasse est telle que le roi Louis XVI est contraint d’accepter la convocation des États généraux du royaume. Il ne pouvait pas imaginer qu’au lieu de simplement trouver de nouvelles ressources, cette assembléeZ donnerait la parole à la NationZ. En effet, des cahiers de doléances sont alors rédigés, recueillant les témoignages des trois ordres. Le tiers état fait part des difficultés qu’il rencontre. Dans d’autres pays aussi (notamment à Fribourg en 1781 déjà), les autorités demandent aux communautés leurs « représentations », soit le catalogue de leurs récriminations.
Faire part de ses REVENDICATIONSEn 1789, en France, le roi craint qu’une révolte générale gagne le pays. Pour faire face au mécontentement général, le roi décide de convoquer les états généraux du royaume. Des cahiers de doléances sont alors rédigés, qui recueillent les témoignages des trois ordres. Le tiers état fait part des difficultés qu’il rencontre. Dans d’autres pays aussi (notamment à Fribourg en 1781 déjà), les autorités demandent aux communautés leurs « repré-sentations », soit le catalogue de leurs récriminations.
Cahier de doléances, paroisse de Maubecq, France, 1789.
Sire, nous sommes accablés d’impôts de toutes sortes ; nous vous avons donné jusqu’à présent une partie de notre pain, et il va bien-tôt nous manquer si cela continue. […] Nous payons la taille, et le clergéZ et la noblesse rien de tout cela. Pourquoi donc est-ce que ce sont les riches qui paient le moins et les pauvres qui paient le plus ? Est-ce que chacun ne doit pas payer selon son pouvoir ? Sire, nous vous demandons que cela soit ainsi, parce que cela est juste.
Extrait du Cahier de doléances de Culmont, France, 1789.
12
Diffuser ses idées par l’écritL’imprimerieZ permet de diffuser ses idées. Elle offre un outil pri-vilégié pour débattre et argumenter. Dès le XVIIIe siècle, et surtout au cours du XIXe siècle, le nombre de journaux, de placards, de pamphlets à connotation politique se multiplient. C’est l’époque des caricatures et des articles engagés, souvent virulents.
« À faut espérer qu’eu s jeu la finira ben tôt », caricature, France, 1789.
14
11
REVENDICATIONAction de réclamer
ce que l’on considèrecomme indispensable
et étant un droit.
89
Des Lumières au bulletin de vote
15
Quelle est cette voix qui s’élève au sein des Alpes […] ? C’est celle d’une nation qui, long-temps frustrée de ses droits et victime d’institutionsZ défectueuses, imposées par une aristocratie ignorante […], se réveille et se régénère […].Le moyen qui peut contribuer le plus puissamment à son développement est celui de la publicité [la presse], c’est elle qui, faisant connaître au citoyen ses droits, ses maux et ses ressources, lui dévoile les fautes du passé, celles du présent et fait naître en lui le désir d’un meilleur avenir.
Extrait du premier numéro de l’Écho des Alpes, Journal du Valais, 4 mai 1839.
Prendre les armesFace aux démonstrations de force du pouvoir, qui n’entend pas les revendications émises, la population prend les armes pour combattre au nom de sa cause. Ce sont des événe-ments qui marquent les esprits et, même s’ils ne sont pas toujours les raisons premières du changement, ils deviennent les symboles de la lutte révolutionnaire.
Faire inscrire de nouveaux principes dans la loiPour qu’un changement de système politique soit réel, il est indispensable de l’inscrire dans le droit. Des représentants de la population, réunis en assemblée, déterminent les lois fondamentales en vue d’une nouvelle organisation de la société.
À la fin du XVIIIe siècle, la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique, puis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen lors de la Révolution française, marquent un tournant vers des systèmes politiques assurant une égalité des citoyens devant la loi et leurs droits fondamentaux.
16 17
Il ne suffit pas qu’ils [les droits naturels] soient écrits dans les livres des philosophes et dans le cœur des hommes vertueux, il faut que l’homme ignorant ou faible puisse les lire dans l’exemple d’un grand peuple.L’Amérique nous a donné cet exemple. L’acte qui a déclaré son indépendance est une exposition simple et sublime de ces droits si sacrés et si longtemps oubliés.
N. de Condorcet, De l’influence de la révolution de l’Amérique sur l’Europe, 1786.
18
La Prise de la Bastille le 14 juillet 1798, huile sur toile, 1789.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, huile sur toile, 1830.
90
6
John Trumbull, La Présentation du texte final de la déclaration d’indépendance au Congrès américain, huile sur toile, 1819.
20
Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés.
Préambule de la Déclaration d’indépen-dance des États-Unis, 12 juin 1776.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyenLes États généraux réunis par le roi pour étudier les cahiers de doléances ne donnent pas satisfaction aux représentants du tiers état. Ils montrent leur désapprobation et procla-
ment que ce sont eux, réunis en assemblée, qui peuvent décider des lois fondamentales à donner à leur pays. Contre l’autorité du roi, ils décident de se réunir dans une salle séparée (la salle du Jeu de Paume) et entre-prennent la rédaction d’une constitution. Des membres du clergéZ et de la noblesseZse joignent à eux. L’Assemblée nationale constituante rédige alors les principes for-mulés dans la Déclaration des droits del’homme et du citoyen.
INALIÉNABLE : qui ne peut pas être enlevé.
Jacques Louis David, Le serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789, dessin au lavis, 1791.
19
NOBLESSECLERGÉTIERS ÉTAT
578députés
291députés
270députés
Assemblée des États généraux, mai 178922
ASSEMBLÉEdu TIERS ÉTAT
ASSEMBLÉEdu CLERGÉ
ASSEMBLÉEde la NOBLESSE
LE TIERS ÉTAT LE CLERGÉ LA NOBLESSE
environ 27 millions de personnes
environ 170 000 personnes
environ 300 000 personnes
21
91
Des Lumières au bulletin de vote
« Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme. »
Le suffrage universel suppose deux conditions ; d’abord que la masse des citoyens aura la volonté du bien général, plutôt que ses intérêts particuliers ; puisqu’elle aura une connaissance suf-fisante pour imprimer à la politique une bonne direction [...] or c’est à l’éducation qu’il appartient de les réaliser.
Alfred Fouillée, La Philosophie du suffrage universel, IV, 1884.
25
Art. 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.
Art. 4 La liberté consiste à pou-voir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Art. 1er Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Extraits de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 178923
Le droit de vote pour tous ?Le droit de vote accordé aux citoyens est l’un des principaux acquis de la période révolutionnaire. Il permet de participer pleinement au fonctionnement de l’État.
Le système longtemps en vigueur est celui du SUFFRAGE censitaire. Pour attribuer le droit de vote, on se base sur la fortune, calculée à partir d’un impôt, le cens. Le droit de vote est donc réservé à la population aisée. D’autres critères sont établis, notamment un âge minimum.
En 1848, la France est le premier pays à instituer le « suffrage uni-versel ». Malheureusement, il sera rapidement restreint à nouveau, avant de s’établir définitivement en 1875 dans ce pays.
SUFFRAGE censitaire.
Louis Marie Bosredon,Suffrage universel « le voteou le fusil », gravure, 1848.
24Ça c’est pour l’ennemi du dehors, pour le dedans,voici comment l’on combat loyalement les adversaires ...
SUFFRAGECe mot désigne le vote
mais aussi la manière dontil est organisé. Le su�rage dit « universel » est tout d’abord
exclusivement masculin,avant d’être étendu
au droit de votedes femmes.
92
6
Bien des catégories sont encore exclues du droit de vote en Europe dans la deuxième par-tie du XIXe siècle. Même lorsque le suffrage universel est adopté : les femmes, les membres du clergé, certaines confessions religieuses selon les pays, les militaires, les criminels, les colonisésZ, etc. La lutte pour les droits civiques continue. Elle mènera notamment à l’abolition de l’esclavageZ.
La longue lutte des femmes pour la citoyennetéPas plus que les révolutionnaires américains, les députésZ français ne songent à inclure les femmes. En 1791, Olympe de Gouges, écrivaine aux idées libérales et féministes, rédige un pastiche de la Déclaration des droits de l’homme afin de réclamer la reconnaissance de droits civiques aux femmes.
Un débat masculin
Hector Denis (socialiste)Au point de vue intellectuel, à en juger par les faits, il n’y a personne qui osera soutenir un seul instant que la capacité de la femme soit insuffisante pour justifier son intervention dans l’administrationZ locale. A un autre point de vue, a-t-elle des intérêts à défendre ? [...] Voyez dans quelle mesure les femmes participent à l’industrie, au commerce et aux pro-fessions libérales (comme médecins ou avocates par exemple), et vous apprécierez l’importance de la place qu’elles occupent dans la vie économique et intellectuelle de la nation […]
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Charles Woeste (catholique) :En principe, je ne suis pas sympathique au droit de suffrage des femmes. J’estime que, de même que le gouvernement de la maison appartient, en règle générale et surtout, à la femme, de même le gouver-nement de la cité appartient à l’homme. Les mœurs, les traditions, les nécessités de la famille retiennent la femme au foyer domestique et l’écartent du forum (espace destiné aux assemblées publiques, aux débats politiques) [...]
Extraits de : « Chambre des Représentants », Annalesparlementaires (Belgique). Séance du 4 avril 1895.
MŒURS : ensemble des habitudes de vie.
Le matin de l'élection, tous les électeurs, c'est-à-dire toute la population mâle au-dessus de vingt ans, se réunirent devant l'église. Tous ces hommes se mirent à la file deux par deux, suivant l'ordre alphabétique. […] Nous ne laissions derrière nous que les enfants et les femmes ; nous étions en tout cent soixante-dix. Arrivés au haut de la colline qui domine Tocqueville, on s'arrêta un moment […] Je rappelai à ces braves gens la gravité et l'impor-tance de l'acte qu'ils allaient faire ; je leur recom-mandai de ne point se laisser accoster ni détourner par les gens, qui, à notre arrivée au bourg, pour-raient chercher à les tromper ; mais de marcher sans se désunir […] jusqu'à ce qu'on eût voté.
Alexis de Tocqueville, Souvenirs, 1848.
Gabriel Gostiaux, Le Vote au village, lithographie, fin du XIXe siècle.
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Des Lumières au bulletin de vote
En Angleterre, à la même période, une institutrice, Mary Wolls-tonecraft, dénonce également la place laissée à la femme dans la société.
Je souhaite persuader les femmes d'essayer d'acquérir la force physique et morale ; je souhaite les convaincre que les mots doux, un cœur sensible, des sentiments délicats et un goût raffiné sont à peu de chose près synonymes de faiblesse et que ces êtres qui ne sont que des objets de pitié et, de la sorte, d'amour, deviendront bientôt des objets de mépris.
Mary Wollstonecraft, Défense du droit des femmes, 1792.
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Les mouvements féministesLes États-Unis et l’Angleterre sont les pionniers du mouvement féministe, qui revendique l’égalité des femmes et des hommes et dénonce l’oppression faite aux femmes. Dès 1865, des femmes se regroupent et descendent dans la rue pour obtenir le droit de vote. On nommera plus tard ce mouvement, le mouvement des suffragettes. C’est la première étape d’un très long processus qui aboutira seulement au milieu du XXe siècle.
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Émilie Gourd (1879-1946)
Née à Genève en 1879, Émilie Gourd est l’une des figures les plus mar-quantes du féminisme suisse. Elle s’investit dans différents domaines en lien avec la condition des femmes : assurance maladie, assurance mater-nité, formation des filles, égalité des salaires, accès des femmes à toutes les fonctions, et surtout l’obtention du droit de vote des femmes en Suisse.
Suffragettes françaises, photographie, vers 1920.
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Introduction du suffrage féminin