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Des nouvelles d’ATTAC 16 Association pour une Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens Novembre 2018 Comité local de Charente n°108 En Mai 2019 l'Europe changera. A vous de décider dans quel sens. De qui nous vient une si démocratique invite ? Mon petit doigt ne m'avait pas trompé. La Macronie, craignant une forte désaffection de l'électorat, pour les prochaines élections européennes ne pouvait manquer de fourbir ses ar- mes. C'est fait : le clip électoral "ouijevote.fr"* est lancé. Conscient que les premiers de cordée sont des gens généralement bien instruits et forts courtois, et rompus à la pédago- gie des bonnes causes (qu'ils jugent d'avance consensuelles), je me suis dit que ce serait forcément une belle cho- se et je me suis précipité sur le dit clip qui sentait plutôt -à ma grande surpri- se- les gros sabots. Sur un fond de musique choc tonitruante ( métissage de tonnerre jupitérien et de musiques d'aujour- d'hui), les images défilent à une vites- se grand (tg)V, se bousculent sans ré- pit. Montage cut. Quatre morceaux de bravoure s'y suc- cédent. - Premier tableau : images de migrants humainement accueillis, po- lice des frontières. Thè- me :IMMIGRATION.Alternative. MAITRISER ou SUBIR . - Deuxième cas de conscience : glaciers qui s'effritent, s'effondrent ; rues envahies par les eaux .Problème CLIMAT. Suggestion : AGIR ou IGNORER. - Troisième morceau de bravou- re : avions qui décollent, édifices qui jaillissent de la terre, bâtiments en construction. Thème EMPLOI. Propo- sition. PARTENAIRES ou CONCUR- RENTS. Dernier tableau : discours de Salvini de Orban, manifestations po- pulaires, drapeaux anglais et euro- péens. Slogan. EUROPE Suggestion. UNION ou DIVISION. Êtes-vous pour l'extinction des espèces, pour l'augmentation du chô- mage, pour la guerre de tous contre tous ? Pas de problèmes pour cocher les cases. En quelques secondes, on glisse du premier au quatrième faux dilem- me. On fait l’amalgame entre ceux qui voudraient subir une immigration ou un réchauffement incontrôlés , ceux qui s' opposent sur le chômage (coopérer avec qui, concurrencer qui ?), sans oublier les diviseurs popu- listes. En fait, cette invitation est une injonction. Elle suggère insidieuse- ment la séparation des progressistes et des nationalistes, et trahit l'arrogance d'une élite économique pragmatique seule à savoir ce qui convient au bon peuple. Les marcheurs sont d'aimables plaisantins ; quand ils nous disent "ouijevote " ils pensent en palindrome il faut lire, ”jevoteoui". Ou pour le dire en langage olympien il nous décoche la flèche du Parthe. Marcher est une chose ; nous faire marcher en est une autre. A vos choix, messieurs-dames Michel Baudouin * https://www.youtube.com/watch? v=2ZY27-DjzOE Sommaire p 2 : PPP EHPAD Beaulieu : Mieux vaut tard que jamais ! p 3 et 4 : Retraite par points : plus équitable vraiment ? p 4 : Inéluctablement, le numérique nous envahit. Conseil de lecture p 5 et 6 : Notre Dame des Landes : Zone toujours à défendre p 6 : Retour sur les élections au Mali p 7 : Et si le monde n’était qu’un cri ? Un nouveau livre d’Attac : L’abécédaire engagé p 8 : Contacts - Adhésion 2018 - Festival des solidarités 2018 Des nouvelles d’ATTAC 16 - n° 108 Novembre 2018

Des nouvelles d’ATTAC 16

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Page 1: Des nouvelles d’ATTAC 16

Des nouvelles

d’ATTAC 16 Association pour une Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens

Novembre 2018 Comité local de Charente n°108

En Mai 2019 l'Europe changera. A vous de décider dans quel sens. De qui nous vient une si démocratique invite ? Mon petit doigt ne m'avait pas trompé. La Macronie, craignant une forte désaffection de l'électorat, pour les prochaines élections européennes ne pouvait manquer de fourbir ses ar-mes. C'est fait : le clip électoral "ouijevote.fr"* est lancé. Conscient que les premiers de cordée sont des gens généralement bien instruits et forts courtois, et rompus à la pédago-gie des bonnes causes (qu'ils jugent d'avance consensuelles), je me suis dit que ce serait forcément une belle cho-se et je me suis précipité sur le dit clip qui sentait plutôt -à ma grande surpri-se- les gros sabots. Sur un fond de musique choc tonitruante ( métissage de tonnerre jupitérien et de musiques d'aujour-d'hui), les images défilent à une vites-se grand (tg)V, se bousculent sans ré-pit. Montage cut.

Quatre morceaux de bravoure s'y suc-cédent. - Premier tableau : images de migrants humainement accueillis, po-l i c e d e s f r o n t i è r e s . T h è -me :IMMIGRATION.Alternative. MAITRISER ou SUBIR . - Deuxième cas de conscience : glaciers qui s'effritent, s'effondrent ; rues envahies par les eaux .Problème CLIMAT. Suggestion : AGIR ou IGNORER. - Troisième morceau de bravou-re : avions qui décollent, édifices qui jaillissent de la terre, bâtiments en construction. Thème EMPLOI. Propo-sition. PARTENAIRES ou CONCUR-RENTS. Dernier tableau : discours de Salvini de Orban, manifestations po-pulaires, drapeaux anglais et euro-péens. Slogan. EUROPE Suggestion. UNION ou DIVISION. Êtes-vous pour l'extinction des espèces, pour l'augmentation du chô-mage, pour la guerre de tous contre tous ? Pas de problèmes pour cocher les cases.

En quelques secondes, on glisse du premier au quatrième faux dilem-me. On fait l’amalgame entre ceux qui voudraient subir une immigration ou un réchauffement incontrôlés , ceux qui s' opposent sur le chômage (coopérer avec qui, concurrencer qui ?), sans oublier les diviseurs popu-listes. En fait, cette invitation est une injonction. Elle suggère insidieuse-ment la séparation des progressistes et des nationalistes, et trahit l'arrogance d'une élite économique pragmatique seule à savoir ce qui convient au bon peuple. Les marcheurs sont d'aimables plaisantins ; quand ils nous disent "ouijevote " ils pensent en palindrome il faut lire, ”jevoteoui". Ou pour le dire en langage olympien il nous décoche la flèche du Parthe. Marcher est une chose ; nous faire marcher en est une autre. A vos choix, messieurs-dames

Michel Baudouin * https://www.youtube.com/watch?v=2ZY27-DjzOE

Sommaire p 2 : PPP EHPAD Beaulieu : Mieux vaut tard que jamais !

p 3 et 4 : Retraite par points : plus équitable vraiment ?

p 4 : Inéluctablement, le numérique nous envahit.

Conseil de lecture

p 5 et 6 : Notre Dame des Landes : Zone toujours à défendre

p 6 : Retour sur les élections au Mali

p 7 : Et si le monde n’était qu’un cri ?

Un nouveau livre d’Attac : L’abécédaire engagé

p 8 : Contacts - Adhésion 2018 - Festival des solidarités 2018

Des nouvelles d’ATTAC 16 - n° 108 Novembre 2018

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Partenariat Public Privé EHPAD de Beaulieu : Mieux vaut tard que jamais !

Des nouvelles d’ATTAC 16 n°108 page 2

La Charente Libre après nous avoir refusé l’accès à ses colonnes daigne enfin critiquer le recours au PPP ( Parte-nariat public Privé) pour la construction de l’EHPAD de Beaulieu à Angoulême. Nous voilà agréablement surpris de découvrir le 12/12/2018, un article intitulé « Beaulieu : la note trop salée de l’EHPAD dans le viseur » qui consacre une pleine page au récent rapport de la Chambre régionale des comptes, très cri-tique sur le contrat de partenariat signé en décembre 2012 entre le centre Hospitalier d’Angoulême et Vinci. CL va même jusqu’à publier le lendemain ( 13/10/2018) la réaction du député Jérôme Lambert à l’article : «Saisi par l’association ATTAC, j’avais relayé ses craintes : elle estimait qu’il y avait anguille sous roche. A juste titre , se sou-vient Jérôme Lambert. Je n’ai obtenu aucune réponse. Si ce n’est une copie du contrat où toutes les phrases clefs étaient noircies pour qu’on ne puisse pas lire les détails du document » En effet, le député avait reçu le même document caviardé qu’ATTAC 16, c’est à dire une copie du contrat où toutes les données juridico-financières étaient biffées. La Commission d’accès aux docu-ments administratifs (CADA) que nous avions saisi et le gouvernement en répon-se à la question écrite du député, avaient justifié cette opacité par le nécessaire respect du secret industriel et commer-cial ! (voir article sur le site d’ATTAC 16). Et à l’époque, CL que nous avions alerté, avait refusé de publier quoique ce soit sur le sujet, seul Sud Ouest avait ac-cepté notre dossier. A ATTAC 16, nous voilà donc satisfaits qu’enfin opacité et surcoût du PPP soient dénoncés dans la presse loca-le, même si cette remise en cause arrive 6 ans trop tard ! Oui, 6 ans trop tard car comme l’annonce tranquillement CL « ceux qui vont surtout faire les frais de cette mau-vaise affaire, ce sont les personnes héber-gées à L’EHPAD et leurs familles. Parce que pour faire face à la somme colossale versée à Vinci ( 42 771 815 €), le conseil départemental n’aura pas le choix : il devra, à moment donné, augmenter le forfait journalier des résidents ». Prix de journée qui, depuis août 2017, s’élève tout de même à 63,21€, nous apprend le rapport de la Chambre régionale des comptes et ce malgré « un artifice comp-

table et budgétaire qui ne peut constituer une solution durable. Une augmentation du reste à charge des résidents est donc à craindre » ²Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes pointe un autre élément qui nous avait alerté : la valorisation foncière que Vinci n’a pas fait. En effet Vinci devait aménager les anciens bâtiments en hôtel de luxe, loge-ments haut de gamme en accession à la propriété et logements sociaux. La possi-bilité de faire cette valorisation foncière était un argument de plus pour choisir la formule PPP. Mais Vinci n’a pas réalisé cette valorisation et l’hôpital a fini par vendre en février 2017 les anciens bâti-ments à Norbert Fradin, un investisseur par ailleurs propriétaire du château de Villebois Lavalette. Si Vinci ne valorise pas les anciens bâtiments, il devra payer des pénalités nous avait-on expliqué en 2012. En réalité, point de pénalités mais Vinci au contraire encaisse sur la vente 200 000 € sans avoir rien fait ! Négligea-ble bien sûr, comparé aux 42,77 millions € que l’hôpital doit lui payer en loyer ! Mais le principe nous avait révol-té. Nous avions donc demandé dès mars 2017 un rendez vous au directeur de l’hô-pital pour obtenir des éclaircissements. Après d’innombrables relances téléphoni-ques auprès des secrétariats du directeur de l’hôpital et de la directrice de l’EH-PAD pour obtenir ce rendez-vous, nous avons reçu un mail le 20/10/2017 : « Vous avez cherché à me joindre à différentes reprises ainsi que le directeur Général du CH d’Angoulême pour avoir des préci-sions sur le projet de Beaulieu. Je vous précise qu’en dehors des informations que vous avez déjà nous n’avons pas plus de renseignements à porter à votre connaissance. Je vous prie d’agréer , Madame, l’expression de mes salutations distinguées- Laurence Ducouret - Direc-trice adjointe, chargée de la politique gérontologique Pôle personnes âgées. » Une fois de plus, donc : circulez, y’a rien à voir . Laissez nous gérer en paix avec le partenaire privé et ne venez surtout pas y mettre votre nez ! C’est pourquoi, bien que nous ne demandons qu’à nous réjouir de l’annon-ce de la Chambre régionale des comptes : « Le directeur du Centre Hospitalier a fait savoir, dans sa réponse, que l’établis-sement a diligenté une expertise du contrat afin d’apprécier les possibilités de renégociation de certains éléments des loyers initialement prévus » nous restons

méfiants ! Y croit-il vraiment ? Il annonce à CL « Je n’attends pas de miracle. Mais je signale que nous aussi nous avons des avocats rompus aux PPP » Alors pour-quoi avoir attendu aussi longtemps pour les consulter et se faire ainsi plumer?? Il va falloir surveiller ça de près ! Une autre question nous taraude : La Cour des comptes, les chambres régio-nales des comptes sont de plus en plus critiques sur les PPP et pointent les déri-ves de coûts mais toujours après coup, une fois le mal fait. Cependant Les PPP finissent donc par avoir mauvaise presse et il devient de plus en plus difficile d’y recourir en France . Mais alors, pourquoi laisser fleurir tous ces nouveaux monta-ges basés sur le partenariat public – pri-vé : SEMOP, Contrats à Impact Social, etc., bref des PPP qui ne disent pas leur nom. Pire encore, ils nous sont à nouveau présentés comme des contrats gagnants-gagnants innovants qui permettraient de « sauver le service public en période de nécessaire austérité budgétaire ». Quand cessera-t-on d’interdire aux citoyens de s’intéresser à la chose publi-que ? Quand donnera-ton aux citoyens la formation et les informations qui leur permettront de comprendre les choix bud-gétaires ? Les rapports de la Cour des comptes et des Chambres régionales se-raient-ils un moyen pour nos gouverne-ments de se dédouaner aux yeux des ci-toyens tout en laissant les grandes firmes privées siphonner l’argent public ?

Annie Frouard

Pour aller plus loin : - Rapport de la Chambre régionale des comp-tes https://www.ccomptes.fr/fr/publications/centre-hospitalier-dangouleme-charente-1 - Article du site d’ATTAC 16 sur le PPP EH-PAD de Beaulieu : Partenariat Public-Privé, circulez y’a rien à voir https://local.attac.org/attac16/spip.php?article8

Extrait du contrat reçu par Attac 16 et Jérôme Lambert

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Retraite par points : plus équitable, vraiment ? (Christiane Marty, 12 octobre 2018 )

Des nouvelles d’ATTAC 16 - n° 108 page 3

Dérogeant à la règle qui privilégie dans notre journal les articles transmis par les adhérent·e·s d’Attac 16, la commis-sion communication, vu l’importance du problème des retraites et la clarté de l’a-nalyse de Christiane Marty, a décidé d’en publier de très larges extraits dans ce nu-méro 108. Christiane Marty est membre du Conseil scientifique d'Attac et de la Fon-dation Copernic. Depuis 1993, les réformes successi-ves des retraites ont été menées au nom de l’équilibre financier des régimes. Aujourd-’hui que le déficit des caisses est en voie de résorption - au prix de la baisse du ni-veau des pensions et du départ plus tardif en retraite -, c’est la recherche de l’équité qui est invoquée pour justifier une nouvel-le réforme. Le projet est de transformer le système actuel par annuités en un régime par points, à vocation universel, qui rem-placera les 42 régimes actuels (base et complémentaires). L’objectif annoncé est qu’« à carrière identique, revenu identi-que, la retraite doit être identique ». Donc, à carrière incomplète et faibles revenus, faible retraite, mais ce sera la même chose pour tout le monde ! Est-ce cela l’équité visée ? Jean-Paul Delevoye, haut commissaire à la ré-forme des retraites, interviewé sur France Inter le 11 octobre 2018, précisait : « la retraite est le reflet de la carrière, ça, c’est quelque chose qui est juste. Si vous avez une belle carrière, vous avez une belle retraite, si vous avez une moins belle car-rière, vous avez une moins belle retraite ». En outre, il est clairement indiqué que le montant actuel des retraites, qui représente 14 % du PIB, doit être un pla-fond. Tout d’abord, déclarer que la part des retraites dans la richesse produite ne doit pas croître alors que la part des retrai-té·es dans la population va augmenter re-vient à décider de leur appauvrissement. Est-ce là « bâtir un système de retraite fondé sur une solidarité renforcée » ? Le fonctionnement d’un régime par points permet d’éviter le débat pu-blic. Dans un régime par points, on ac-cumule des points en cotisant tout au long de sa vie active, les cotisations achetant des points. Au moment de la retraite, les points sont convertis en pension. Il n’y pas de taux de remplacement (rapport entre la pension et le salaire) fixé à l’avance, à la différence du régime de base par annuités qui définit un taux plein que l’on obtient moyennant une certaine durée de cotisa-tion. Un régime par annuités est « à presta-

tions définies », un régime par points est « à cotisations définies » : on connaît le ni-veau de ses cotisations, mais comme il n’y a aucune notion de taux plein, on n’a pas de visibilité sur sa future pension. La valeur du point à l’achat, celle du point lors de la conversion en pension ainsi que d’autres paramètres sont réglés chaque année de manière à équilibrer les finances des caisses de retraite. Ce sont des mesures techniques d’ajustement qui sont décidées au niveau des gestionnaires de caisse, ce qui escamote ainsi tout débat public sur l’évolution des retraites et le partage de la richesse produite, d’une part au sein de la masse salariale entre sala-rié·es et retraité·es, d’autre part en amont, entre masse salariale et profits. L’exemple des régimes complé-mentaires Agirc et Arrco qui fonctionnent par points est loin d’être enviable : entre 1990 et 2009, le taux de remplacement a baissé de plus de 30 % dans chacun d’eux, ce qui est une baisse beaucoup plus sévère que dans le régime de base. À l’Agirc, par exemple, la pension des nouveaux liqui-dants est très inférieure à celle des person-nes déjà retraitées, en raison notamment de la baisse du rendement des cotisations au cours des dernières années. En 10 ans, de 2006 à 2016, la pension moyenne de droit direct des retraité·es a baissé de 16,4 %. Un régime par points ne peut que pénaliser plus encore les femmes, et plus généralement toutes les carrières heur-tées. Un régime par points est basé sur une logique purement « contributive », c’est-à-dire qu’il vise à ce que les pensions perçues par une personne pendant sa retrai-te soient proportionnelles à la somme ac-tualisée de l’ensemble des cotisations ver-sées au cours de sa carrière. La pension reflète ainsi l’ensemble des salaires perçus, et non plus les 25 meilleures années de salaires comme dans le régime général, ou les six derniers mois comme dans la fonc-tion publique. Tant pis alors pour les per-sonnes aux carrières courtes ou avec de b a s salaires, e l l e s a u r o n t peu de points. On le sait, la mesure de 1993 qui a modifié le calcul de la pension en prenant en compte comme salaire de référence la

moyenne des 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures auparavant a abouti à une baisse conséquente des pensions des personnes liquidant leur retraite. Dans la situation actuelle, caractérisée par des car-rières de femmes en moyenne plus courtes, assorties de salaires plus faibles et de pé-riodes de temps partiel, les inégalités de pension entre les sexes, alors qu’elles sont déjà importantes et doivent diminuer, ne pourraient qu’en être encore accentuées par rapport au système actuel. Dès le premier enfant ? Selon le dossier de presse publié le 10 octobre, « des points seront accordés pour chaque enfant, dès le premier enfant, afin de compenser les impacts sur la car-rière des parents de l’arrivée ou de l’édu-cation de l’enfant ». L’information « dès le premier enfant » a été commentée par les médias et même par la CFTC comme un nouvel avantage du projet car actuellement ce ne serait qu’à partir du troisième enfant. Mais il y a confusion. Il existe des majora-tions de durée d’assurance (MDA) qui attribue des trimestres pour chaque enfant, dès le premier. Rien de nouveau donc. On sait que les droits familiaux liés aux enfants permettent de compenser, un peu, les pensions des femmes et ainsi de réduire les inégalités de pension entre les sexes. Il ne peut évidemment pas être question de les réduire lorsqu’on annonce une réforme au nom de l’équité (mais les augmenter n’est pas non plus la bonne solution pour améliorer les pensions des femmes ). L’indication « dès le pre-mier enfant » vise en réalité un dispositif existant qui attribue une majoration de pension de 10 % à chacun des parents ayant trois enfants : les hommes ayant en moyenne des pensions plus élevées, ce dispositif leur bénéficie beaucoup plus qu’aux femmes, alors que ce sont elles qui subissent l’impact des enfants sur leur carrière et leur pension ! Ce dispositif, injuste, représente la somme importante de 9 milliards d’euros, et de l’avis à peu près unanime, ce montant doit être utilisé de manière plus juste. Réparer cette injustice est donc le minimum que l’on attend de toute réforme ! Le libre choix de sa retraite ? JP Delevoye et les partisans d’un régime par points insistent sur le fait que celui-ci offre « la faculté de choisir le mo-ment de partir en retraite ». On pourrait ainsi arbitrer soi-même le montant de sa pension : si on n’a pas assez de points, on continue de travailler. Quelle illusion… ou quelle hypocrisie ! Lorsqu’on sait que les transitions directes d’une situation d’em-

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que les employeurs continuent de se débar-rasser des seniors, ou encore que de nom-breuses personnes qui ont des métiers péni-bles et souvent de faibles salaires (par exemple des métiers comme aide-soignante) ont déjà du mal à attendre l’âge légal de départ, de quelle liberté de choix parle-t-on ? Une perte de crédibilité du système sciemment organisée Les arguments mobilisés pour légi-timer la nouvelle réforme pointent la perte de confiance des Français·es dans notre système de retraite. Les jeunes notamment sont nombreux à penser qu’ils n’auront pas de retraite. En effet, les réformes passées ont organisé une baisse continuelle du ni-veau des pensions en refusant d’augmenter les ressources des caisses de retraite, tout en durcissant les conditions pour une pen-sion à taux plein. L’objectif de fond est d’inciter celles et ceux qui le pourront à se constituer un complément de retraite par une épargne individuelle, et de faire ainsi la place aux assurances privées et aux pro-duits financiers. Avec la crise de 2008, qui a entraîné de très sévères baisses de pension pour de nombreuses personnes dans les pays où les

fonds de pension sont développés, la pro-motion de la capitalisation n’était plus à l’ordre du jour. Aujourd’hui, la voilà de retour. Il est prévu dans le projet présenté que les revenus d’activité ne cotiseront plus dans le système commun de retraite sur la partie supérieure à 10 000 euros bruts par mois… et pour ces personnes, il y aura des incitations financières pour l’épargne indi-viduelle. L’étage de capitalisation étant instauré, il suffira ensuite d’abaisser ce seuil de revenus pour élargir le volume offert au secteur privé. En conclusion JP Delevoye, questionné sur les raisons d’une nouvelle réforme, mention-nait que ses amis européens l’interrogeaient de même, en lui faisant remarquer que le niveau des retraites en France était le meil-leur des pays européens et que le système est proche de l’équilibre. Alors pourquoi changer ? Oui, bonne question. La réponse donnée par JP Delevoye fut que le système actuel n’est pas adapté au 21ème siècle car les métiers évoluent et les régimes professionnels qui voient la baisse des effectifs connaîtront des diffi-cultés (médecins libéraux, agriculteurs, …),

ce qui risquerait de créer des conflits entre régimes. Piètre argument ! Comme si les métiers n’avaient pas déjà évolué au 20 ème siècle : par exem-ple, les métiers de mineurs ont disparu, c’est la solidarité qui a naturellement joué son rôle pour assurer leurs retraites. Il exis-te une solidarité horizontale entre les diffé-rents régimes, qui prend en compte et com-pense l’évolution différenciée de la démo-graphie selon les secteurs professionnels. Nul besoin d’un régime par points. Le sys-tème actuel n’est certes pas satisfaisant, avec la baisse programmée des pensions, des inégalités qui doivent être corrigées, et notamment les conditions de pénibilité qui doivent être prises en compte. Mais il est tout à fait possible d’améliorer le système actuel par annuités, en visant à harmoniser par le haut les différents régimes et en aug-mentant leurs ressources (voir Retraites, l ’a l-

Inéluctablement, le numérique nous envahit : Réaction d’une adhérente d’Attac

A ATTAC comme ailleurs : commerces, administrations, écoles, services publics (sic!) le numérique a tout absorbé et tant pis pour les exclus qui ne peuvent même plus s'exprimer faute d'avoir un canal de relais. Attac combat la finance : il a raison mais à quoi bon puisque toute expression négative est maintenant bâillonnée et que toute une frange de population est laissée pour compte. Je comprends mal qu'ATTAC soucieux de justice sociale se montre si réservé devant la seule et unique forme accessible à tous (ou presque car il existe au moins des aides pour l'écriture quand les tenants du numérique dépassent les bornes). On dit qu'en rural on ne peut pas vivre sans voiture : c'est hélas vrai ; mais en ville comme en rural on ne pourra bientôt plus vivre sans écran , et ce dans l'indifférence de ceux dont on attendrait le secours. Les géants du numérique sont les maîtres du monde sans même à avoir eu besoin de beaucoup combattre! Dommage ! Henriette Trimoulinard

Conseil de lecture Véronique Rongieras, adhérente d’Attac 16 a relu « Ravage » de René Barjavel paru en 1943. Ce « vieux » roman d’anti-cipation prend bien du sens aujourd’hui. Elle nous en conseille la lecture de ce « vieux » roman d’anticipation qui prend bien du sens aujourd’hui.

« Une coupure géante d'électricité et c'est la société toute entière qui plonge dans le chaos. Dans une France futuriste (2052), Barjavel plonge son lecteur au cœur d’une catastrophe technologique, provoquant l’effondrement d’une civilisation construite sur tout un univers basé sur les loisirs et la robotique. Un petit groupe de survivants va prendre la route vers la Provence et poser les bases d’une nouvelle société idéale. » « Ravage », un roman apocalyptique mais visionnaire à plus d'un titre et qui traite de vrais sujets d'actualité : Que deviendrons-nous sans énergie? Pourrions survivre sans la mécanisation? Des questions qui prennent un sens aujourd'hui à l'heure du tout-tout de suite et de la surconsommation.

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Notre Dame des Landes Zone toujours à défendre !

Des nouvelles d’ATTAC 16 - n° 108 page 5

Quoi de neuf depuis le dernier bulletin (22 08 2018) ? Entre le week-end Terres commu-nes, le COPIL (Comité de pilotage)du 12 octobre et la mobilisation à venir du 15 novembre il y a la vie exubérante d’un territoire sauvé mais toujours menacé. Les 29 et 30 septembre avait lieu la mobilisation Terres communes sur la zad. Il était important avant le prochain Copil de rassembler les différentes com-posantes du mouvement, de faire le point sur sa force et sa capacité à défendre le bocage et ses mondes, si possible en en faisant aussi un moment joyeux. Il le fut et le week-end fut une belle réussite. Une fois encore on a vu des nouveaux, jeunes ou moins jeunes venant pour la première fois. Chacun.e a pu trouver sa place au cours de ce week-end très actif. Le same-di matin vous aviez le choix entre divers chantiers autour de Bellevue, battages, atelier bois, construction/peinture du han-gar du grand troupeau communal, ou bien une découverte des activités du collectif Abrakadabois dans la forêt de Rohanne. Auparavant ceux et celles qui le souhai-taient étaient allés déposer des livres pour enrichir les rayonnages Forêt de la biblio-thèque du Taslu. La balade en forêt pou-vait éventuellement être complétée dans la soirée par une table ronde : Démarche sensible et pratiques collectives, circuit court « de l’arbre à la poutre », enjeux et perspectives. Penser la forêt à long terme, la penser comme commun dans une pers-pective de soin du vivant, de diversité avec des critères autres que productivis-tes, des critères éthiques, esthétiques, sanitaires… plus de 200 personnes ont ainsi débattu avec le collectif Abrakada-bois. Suivait une autre table ronde non moins intéressante avec le groupe Défen-dre habiter autour des habitats autocons-truits et leur défense ainsi que la Contri-bution au PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) pour l’avenir de la ZAD (1). Sur le thème de l’habitat il faut noter le travail d’un professeur d’architecture ayant emmené ses étudiants sur la zad pour s’intéresser aux cabanes et à cette architecture à Haute Qualité Humaine, travail ayant donné lieu à un livre : Notre Dame des Landes ou le métier de vivre (2) Le lendemain au Limimbout ceux des Cent noms invitaient à une réflexion passionnante sur le foncier et comment le

protéger de l’accaparement. Table ronde qui s’est achevée par l’évocation d’un rêve, celui du déploiement d’une agri-culture paysanne pour nourrir le monde. Durant tout le week-end beaucoup d’occasions de marcher étaient également offertes. Samedi on pouvait accompagner la transhumance des brebis du Rosier vers des prairies dans l’est de la zad ou bien rejoindre la ferme de Saint Jean du Tertre et les vaches laitières de Wilhem. Sans oublier une balade théâtrale nocturne En-tre Phare et Forêt dans la forêt de Rohan-ne. Dimanche également, opération portes ouvertes sur de nombreux lieux de vie, randonnée à travers la zad avec le groupe des Sentiers de Camille, balade naturalis-te en fin d’après-midi avec Jean-Marie. Pendant ce temps-là l’association NDDL Poursuivre ensemble ne cessait d’engranger de nouvelles adhésions. Le 12 octobre rassemble-ment à la préfecture pour le 3ième COPIL chargé d’arbitrer la gestion des terres. Le résultat aurait pu être pire mais c’est tou-jours loin d’être satisfaisant, trop d’incer-titudes demeurent, trop d’opacité. Certes il est écrit dans le Commu-niqué de presse de la préfecture que les 15 projets d’installation agricole qui avaient fait l’objet d’une Convention d’Occupation Précaire en juin dernier seraient renouvelés (3). Mais pourquoi l’État ne signe-t-il pas les baux dès main-tenant alors que les conditions sont rem-plies, laissant ainsi cette décision au Conseil départemental qui en principe devient propriétaire au premier trimestre 2019 ? Et pourquoi le département ne donne-t-il pas suite aux demandes de ren-dez-vous ?

Autre sujet d’inquiétude, les exi-gences de l’Amelaza (association pour le maintien des exploitations légales sur l’ancienne zone aéroportuaire) (4). Ses

membres se disent "légaux" pour réinté-grer leurs anciennes terres. Pourtant il n’existe pas de jurisprudence applicable à leurs revendications de retour à l’état an-térieur après abrogation de la déclaration d’utilité du fait de l’abandon du projet par l’État. Du point de vue de ceux qui ont défendu ces terres de la bétonisation ils sont illégitimes et «les terres libérées par l’abandon du projet d’aéroport doivent bien aller en priorité à de nouvelles instal-lations de jeunes paysans. Cela va d’ail-leurs dans le sens des critères officiels d’attribution théoriquement portés par la Commission Départementale d’Orienta-tion de l’Agriculture (CDOA). Ces terres ne doivent pas être englouties par l’agran-dissement d’exploitations existantes com-pensées par ailleurs. D’autant plus lors-que certaines d’entre elles pratiquent une agriculture incompatible avec le soin du bocage. » (5) Même s’il ne fait pas l’una-nimité, un outil a été créé le 18 septembre dernier, un fonds de dotation nommé la terre en commun, outil financier dédié à l’achat collectif de foncier agricole. L’as-semblée des usages en a validé les statuts le 19 septembre 2018. Il vise la protection et le développement des territoires ruraux et périurbains des régions de Bretagne et des Pays de la Loire en tant que zones vivantes et habitées. L’objectif du fonds est de favoriser l’émergence, le dévelop-pement et le maintien des projets allant dans le sens d’une protection de la biodi-versité, du maintien et de la promotion de l’agriculture paysanne et du soutien aux projets défendant les valeurs d’utilité so-ciale et de solidarité dans l’ensemble des domaines de l’activité humaine (6). Le prochain Copil est pro-grammé mi-février 2019 mais avant cette date, devant le maintien par l’État de la précarité des installations paysannes, de-vant l’opacité du diagnostic foncier, l’ab-sence de garantie sur le plan écologique un appel à mobilisation a été lancé : « nous, paysan-ne-s de COPAIN 44, oc-cupant-e-s, Naturalistes en luttes, mem-bres de "Poursuivre ensemble", ne bais-sons pas la garde et resterons mobilisés tant qu’il le faudra. Jeudi 15 novembre prochain, à 10H, nous appelons à un ras-semblement devant la Direction Départe-mentale des Territoires et de la Mer afin d’exiger des baux pour les projets, la transparence du diagnostic foncier et une plateforme de répartition équitable des terres. » …,...

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Comment sauvegarder la richesse de ce territoire, la diversité des activités qui y sont menées, les liens qui ont été noués ? Il va falloir encore inven-ter « Ce n'est pas notre volonté de rentrer dans des cadres administratifs promus par les mêmes institutions qui ont permis le projet d'aéroport. Puisque nous avons arraché des négociations, elles doivent [...] permettre de trouver des moyens de tordre le droit pour qu'il s'adapte à nos pratiques à défaut de trouver un cadre existant. A situation exceptionnelle, cadre exceptionnel. » (7) Résilience, solidarité, partage, entraide doivent continuer, y compris la participation à la cagette des terres !

Un jour lors d’un débat, Armand a raconté « moi je suis venu ici en 2012 et je suis resté pour la réalité de ce qui se vit ici, pour le concret. L’utopie on la vit quotidiennement… »

Catherine Camaret 4 novembre 2018

1. Tiens voilà le PLUi ! Contribution au Plan Local d’Urbanisme Intercommunal pour l’avenir de la ZAD. 11 octobre 2018 : https://zad.nadir.org/spip.php?article6156 2. Notre-Dame-des-Landes, un appel à une autre façon de vivre : http://w41k.com/147149 3. https://reporterre.net/IMG/pdf/communique_de_la_pre_fecture_de_loire

atlantique-12_octobre_2018.pdf 4. Association regroupant les exploitants qui, ayant cédé leurs terres en 2008 pour la construction de l’aéroport, donc indem-nisés, souhaitent les réintégrer. 5. Communiqué du 12 octobre 2018 : Répartition des terres de la zad : pour sortir de l’opacité, il faut un vrai diagnos-tic foncier ! https://zad.nadir.org/spip.php?article6158 6. Fonds de dotation la terre en commun : https://encommun.eco/ 7. Abrakadabois vous parle ! Lettre d’in-fos n°2 – octobre 2018 8. Mise en partage de nourriture produite sur la zad. La cagette des terres est un réseau de ravitaillement des luttes, des squats de migrants, etc.

Retour sur les élections au Mali Le Dimanche 12 août, les maliens étaient appelés à voter pour le deuxième tour de l'élection présidentielle qui opposait Ibra-him Boubacar Keita ( dit IBK) et Soumaila Cisse. Le premier tour qui avait eu lieu le 29 juillet s'était déroulé dans des conditions souvent très discutables à tel point que le journal le Monde pouvait titrer :« Mali : des irrégularités constatées lors du premier tour de la présidentielle » (07/08/2018) L'article cite pêle mêle : la vente des cartes d'électeurs, l'abus des votes par procuration, des taux de participation irréalistes... L'achat des voix est aussi mentionné et le désenchantement des électeurs ( pourtant peu nombreux car au deuxième tour 2 élec-teurs sur 3 ne se sont pas déplacés) qui bra-dent leur voix est ainsi évoqué : « La ques-tion de l’achat de voix au Mali est un problè-me sérieux et concerne la majorité des grands partis. Selon mes estimations entre 30% et 40% des votes qui seront exprimés le dimanche 29 juillet seront achetés ou contrô-lés. L’achat concerne principalement les jeunes et les femmes (maliactu.net du 27 juillet 2018;Sega Diarrah) » Le prix d'achat cité est de 5000 fcfa soit un peu moins de 10€ mais l'équivalent de 30 kilos de mil ou environ 10% du salaire moyen. Après le premier tour 23 requêtes ont été déposées auprès de la cour constitution-nelle qui les a toutes rejetées et validé les résultats du premier tour. Ainsi le deuxième tour s'annonce délicat. Du moins pour la démocratie . Sur les 8 462 000 inscrits seuls 2 763339 participeront au vote : IBK est le grand vainqueur avec 1 798 632 voix soit 67,17% . Et « le Monde » annonce sobrement cette victoire alors que Emmanuel Macron s'empresse de féliciter le vainqueur auquel il a "réitéré l'engagement de la France à se tenir aux côtés des autorités et du peuple

malien pour surmonter le défi de la lutte contre le terrorisme et favoriser l'investisse-ment et le développement économique". Pourtant le candidat perdant Soumaila Cissé refuse le verdict des urnes et appelle le pays à se lever contre ce qu'il appelle « la dictature des fraudes » (AFP 14/08/2018) Selon la Cocem ( commission pour l'observation citoyenne des élections du Mali) dans 393 bureaux de vote 100% des votes allaient à 1 seul candidat … dans plus de 8000 bureaux un seul candidat réalisait plus de 80% et dans la plupart des cas il s'agissait d'IBK. Étonnamment c'est souvent dans le nord du pays dans des zones relativement insécures que ce phénomène est le plus sou-vent observé. On note aussi de façon officielle que le vote n'a pu se tenir dans un grand nombre de bureaux de vote dans les régions de Sé-gou, Mopti et Tombouctou, soit pour des raisons de sécurité ( un président de bureau de vote a été abattu dans la région de Tom-bouctou au deuxième tour), soit en raisons des pluies qui rendent l'accès difficile ( en août c'est la saison des pluies) : or ce sont les régions où le vote est généralement bien plus favorable à Cissé. Et les observateurs étrangers ?? qu'en disent ils ? « Selon le rapport préliminaire de la mission d’observation électorale de l’UE (MOE), le second tour de l’élection présiden-tielle du 12 août dernier s’est déroulé dans de bonnes conditions tant dans l’organisation que dans la transparence et ce malgré le contexte sécuritaire qui prévaut dans le pays. Pour l’Union Européenne, il n’y a pas eu de fraude observée pendant le scrutin du 12 août ; ladite mission d’observation salue la qualité de l’organisation et la transparence des élections. Sur les 440 bureaux de votes couverts par la mission, elle souligne juste quelques irrégularités de procédures électora-les signalées dans certains bureaux et qui ne constituent aucunement de réel désagrément pouvant entacher le processus d’où sa satis-

faction du bon déroulement du scrutin en somme dans ce premier rapport présenté au public. ».( maliweb 14/08/2018 Khadydiatou Sanogo) On a l'impression d'assister à des discours de langue de bois généralisée. En vérité le véritable perdant de cette élection c'est la démocratie malienne comme le souli-gne un article de Ahmed M. Thiam. « le ci-toyen lambda se sent trahi par une élite … beaucoup plus préoccupée par la conquête et l'exercice du pouvoir à son seul profit que par les réelles préoccupations du pays ». Et de questionner les sommes faramineuses utilisées pendant la campagne notamment pour acheter des votes, sommes qui nous dit l'auteur proviennent des caisses de l'État . L'émergence d’une classe politique non corrompue semble bien éloignée pour le citoyen lambda qui se dit que finalement il vaut mieux récupérer quelques billets en échange d'un bulletin qui ne lui sert à rien ! Et face à cela, les observateurs inter-nationaux disent que tout va bien, tout se passe bien. Depuis la ré -élection d'IBK, les grè-ves se multiplient , et au nord la situation ne s'améliore pas, l'insécurité continue à ré-gner… Eugénie Ormsby

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Et si le Monde n'était qu'un cri ?

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On peut remarquer que les manifestations de colère qui sont des post-événements prennent la première place dans les infor-mations fournies au public, au détriment des raisons qui sont à l'origine de ces colères.

De ce fait les causes du mécontentement paraissent secondaires ou même disparaissent du décor et des débats, lentement mais sûrement, dans nombre de situations. Est-ce que ce n'était pas déjà le cas depuis le début du XXème siècle avec les grèves des mineurs dans le Nord ? -les mineurs déjà si maltraités n'obtiendront presque rien... -les grèves des ouvriers en 1914 où la voix forte de Jaurès n'a pas pu contrecarrer la main de fer de Clémenceau ? -les ouvriers sont jugés non-patriotes, fauteurs de troubles... Et de nos jours, la liste est toujours longue, interminable ! Quelques cas seulement : - les Goodyear qui manifestent en force contre des fermetures, et sont renvoyés à « leur place » par un journaliste qui demande à leur leader s'il va les maîtriser, pourquoi pas s'excuser auprès des patrons ! - les licenciés d'Air France coupables de chemise déchirée, punis comme délinquants. (on a voulu nous faire croire que le scandale, c'était « eux », et non pas « les 1000 licenciements ») - les manifestations anti-loi travail pourtant multi-syndicats, non entendues - les cheminots grévistes si persévérants, traités au bout du compte comme inexistants - les perquisitionnés du groupe FI (façon assaut militaire à grande échelle), non pas plaints mais accusés du bruit et du manque de retenue dont a été « si coupable » leur premier dirigeant. On peut rajouter les colères : - des Grecs écrasés sous les diktats européens alors qu'on les dit sauvés - des Gazaouis, honteusement invisibilisés, comme les Yéménites , sous les bombes des plus puissants - et des Argentins dans les rues, et des Honduriens en exode, et des Chiliens sur les places - et des journalistes mexicains qui comptent leurs assassinés par dizaines en 15 ans.. - et des leaders paysans colombiens qui sont plus menacés qu'avant les accords de paix et le dépôt des armes des FARC... Ils ont crié ils crient ils n'ont plus de voix ils sont coupables de bruit, de colère, de violence verbale. Ils sont des victimes, qui pourraient être soutenues, mais qui se retrouvent seules et disparaissent en tant que porte-parole d'une multitude. Gâchis. Si le Monde n'était qu'un cri, si chaque groupe de crieurs était enrichi d'un groupe nouveau ayant peut-être un terrain de lutte différent mais qui comprend et accompagne le premier qui s'est soulevé, ajoutant un maillon à la chaîne... Et quelle force aurait la rencontre des idées ! Si on ne s'arrêtait pas à ça : ne souffrir que pour soi... Si, enfin, de la Solidarité, on se faisait un devoir puis un enthousiasme… on ne parlerait plus de l'oligarchie écrasante. Elle céderait sûrement. Il y aurait enfin, peut-être, une démocratie effective! Marie Tallut 27-10-2018 Addenda : Attac n'est-il pas le mouvement qui va, de plus en plus, regrouper ces demandes, ces fraternités ? Je recopie la phrase de Bernard Cassen, si importante : « Pour le mouvement social accepter la présence des partis à son côté constitue un virage prometteur pour les luttes à venir . »

Un nouveau livre d’Attac : L’abécédaire engagé De Naomi Klein à Susan George, en passant par Tadzio Mueller, Éric Toussaint, Chico Whitaker, Monique Pinçon-Charlot, Antoine Deltour, Christian Laval et Pierre Dardot, Mariana Otero, José Bové, Jérôme Baschet…, une soixantaine d’au-teurs ont façonné les mots de cet abécédaire engagé. Publié à l’occasion des vingt ans d’Attac, ce beau livre se lit comme l’histoire (en train de se faire) des résistances et des alternatives en faveur d’un monde juste, écologique, démocratique et solidaire. Au détour des pages, des images superbes don-nent vie aux événements, aux mobilisations et aux actions menées par Attac et ses partenaires au long de ces vingt dernières an-nées. Il s’agit ici de se réapproprier les mots et le désir d’agir qui fondent la possibilité d’un autre monde.

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Contacts ATTAC 16 Téléphone : 05 45 61 10 16 Sites internet : http://local.attac.org/attac16/ https://france.attac.org

Liste de discussion attac16-adhérents : [email protected] Sièges et adresse postale : MPP, 50 rue Hergé, 16000 Angoulême Les groupes thématiques Commisssion Communication : Michel Soulat 05 17 50 91 50 Groupe AGCS : Jean Luc Fontaine 05 45 36 65 26 Groupe Culture : Michel Baudouin 05 45 61 10 16 Groupe Partenariat-Public-Privé Annie Frouard 05 45 71 31 71 Collectif Vigilance OGM Charente André Puygrenier 05 45 31 07 65 Hélène Rioux 05 45 21 09 53 Les groupes de proximité Barbezieux : Jacky Lacouture 05 45 78 27 47 Cognac : Jean-Luc Fontaine 05 45 36 65 26 Charente Limousine : Annie Frouard 05 45 71 31 71 Hélène Quillet, 05 45 84 20 33 Chalais : Jean-Luc Marchal 05 45 98 03 43

Bulletin d’adhésion 2018 Pour adhérer à Attac 16, vous devez : 1° Adhérer à ATTAC France en cochant la case ci-contre selon vos revenus mensuels. Vous pouvez choisir une tranche supérieure ou inférieure en cas de nécessité. 2° Ajouter la cotisation locale à 9 € minimum ( facultative pour les chômeurs, étudiants, précaires ) 3° Renvoyer ce bulletin accompagné d’un chèque global libellé à ATTAC 16 à Annie Frouard Rue Albert Moreau 16450 Saint-Claud Nom : ………………………………………………………………... Prénom : ……………………………………………………………. Adresse : ……………………………………………………………. ……………………………………………………………………….. Tel : …………………... Courriel : ………………………………… Année de naissance : …………….Profession : ……………………..

Cotisation nationale Revenus mensuels 13€ de 0 à 450 € 21€ de 450 à 900 € 35 € de 900 à 1200 € 48 € de 1200 à 1600 € 65 € de 1600 à 2300 € 84 € de 2300 à 3000 € 120€ de 3000 à 4000€ 160 € au-delà de 4000 € 55 € Associations Syndicats locaux Cotisation couple: - 12€ pour la seconde cotisation ( Lignes d’Attac)

Cotisation ATTAC 16 : ……… €

Total : .……... €

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Le festival a commencé le 16 novembre. Au moment où ce journal vous par-viendra, des manifestations auront eu lieu mais vous trouverez ci-dessous quelques uns des rendez-vous à ne pas manquer. Mercredi 21 novembre : Café citoyen : L’eau une ressource à partager Salle du Temps libre au Gond-Pontouvre 18h30 gratuit Jeudi 22 novembre : Ciné-débat : L’empire de l’or rouge

Cinéma Vox à Chasseneuil 20h30 gratuit Samedi 24 novembre : Conférence-débat : Regard sur la Nakba L’exode forcé des Palestiniens 1947/1953 MPP Angoulême 20h gratuit Lundi 26 novembre : Ciné-débat : Accaparement des terres Affectation des sols Proposé par Amnesty International et Attac 16: EESI Angoulême (1) 20h gratuit Mardi 27 novembre : Ciné-débat : Fire in the blood Documentaire de Dylan Mohan Gray Cinéma de la Cité Angoulême 3,50 € Mercredi 28 novembre : Café des sciences : Publicité et discriminations Centre social CAJ Grand Font Angoulême 19h gratuit Jeudi 29 novembre : Ciné-débat : Le champ des possibles Intervenant : Terre de Liens Théâtre de Ruelle sur Touvre 20h30 gratuit Mercredi 30 novembre : Concert : Ajeona France Togo Conservatoire d’Angoulême 20h30 gratuit

Festival des solidarités Charente 2018

(1) École européenne supérieure de l’image 134 rue de Bordeaux Angoulême