1
antibiothérapie | actualités 5 OptionBio | Lundi 24 novembre 2008 | n° 409 U n homme âgé de 55 ans est admis à l’hôpital Bichat (Paris) en unité de soins intensifs dans le service de maladies infectieuses. Ce patient a comme antécédent médical un remplacement de la valve aortique ; il se plaint d’une très forte douleur pelvienne. Il a été traité par antibiotiques ces quatre dernières semaines pour une infec- tion présumée du tractus urinaire inférieur avec de la fièvre, mais le traitement n’a pas été efficace. Les cultures bactériennes réalisées sur les urines et le sang montrent une infection urinaire et une bactériémie à Enterobacter cloacae. La radiogra- phie abdominale permet de mettre en évidence une lignée fine conte- nant de l’air au niveau du plancher de la vessie et suivant l’ensemble de son contour. Une infection rare Une cystite emphysémateuse bac- tériémique compliquée d’une endo- cardite de la prothèse valvulaire est diagnostiquée. Après un trai- tement antibiotique efficace, l’état du patient s’améliore rapidement. La cystite emphysémateuse peut mettre en danger le pronostic vital : elle est causée par la production de gaz par des agents pathogènes (en général anaérobies) par fermenta- tion du glucose. Ce gaz diffuse au sein de la paroi et dans les lumières des cavités vésicales. Cette forme rare d’infection du tractus urinaire touche typiquement la femme dia- bétique d’âge moyen et le sujet immunodéprimé. À compléter par un scanner Contrairement aux images radio- logiques, les signes cliniques ne sont pas spécifiques et englobent une irritation vésicale, une pyurie, une hématurie et plus rarement une pneumaturie. La radiographie abdo- minale, l’urographie intraveineuse et l’échographie peuvent aider au diagnostic, mais l’examen complé- mentaire de choix reste le scanner, qui permet de mettre en évidence ou d’écarter la présence d’une fistule vésicocolique. Dès le diagnostic établi, il faut instau- rer rapidement une antibiothérapie, réaliser un drainage de la vessie et pratiquer (beaucoup plus rarement) un geste chirurgical. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Source Lakhal K, Paubelle E. Emphyse- matous cystitis. Lancet. 2008 ; 372 : 1 184. L a présence de tuberculoses à résistance étendue a été rap- portée dans 45 pays depuis le début de leur notification en 2006. Elles se définissent comme des tuberculoses multirésistantes pour lesquelles il existe une résistance aux deux antituberculeux majeurs (isoniazide, rifampicine) associée à une résistance à au moins 3 des 6 grandes classes d’antituberculeux de seconde ligne. Ces résistances étendues ont été démontrées pour 10 % des souches multirésistantes collectées sur les six continents. Les traitements dis- ponibles pour ces tuber- culoses à résis- tance éten- due se basent sur des molécules de seconde ligne comme les fluoroquinolones et les molécules injectables (amikacine, capréomycine et kanamycine). Une extension mondiale Une étude réalisée aux États-Unis a permis de mieux décrire la prise en charge de ces tuberculoses dans une population péruvienne particu- lièrement touchée. Au total, plus de 800 patients ont été traités, soit par un traitement médicamenteux, soit par une chirurgie de résection. Les mycobactéries isolées chez 650 de ces patients ont été testées afin de rechercher la présence éventuelle d’une résistance étendue aux antitu- berculeux. L’ensemble des patients a été traité par un antituberculeux auquel les bactéries n’étaient pas résistantes. Les résultats montrent que, sur l’ensemble des 650 patients étudiés, 7 % présentent une résis- tance étendue aux antituberculeux. Un traitement comprenant une molécule supplémentaire Ces patients ont alors bénéficié d’un traitement plus intensif, avec en moyenne une molécule supplé- mentaire (4,2 versus 3,2), incluant entre autres une fluoroquinolone, un antibiotique injectable et la cyclosé- rine. Les isolats sont résistants à un nombre plus important de molécules antituberculeuses : 8,4 en moyenne contre 5,3. Aucun de ces patients n’était co-infecté par le virus VIH. Grâce à un traitement adapté, le pourcentage de guérison des tuber- culoses à résistance étendue est similaire à celui des tuberculoses non résistantes. | OPHÉLIE MARAIS Source Mitnick CD, Shin SS, Seung KJ et al. Compre- hensive treatment of extensively drug-resistant tuberculosis. NEJM. 2008 ; 359 : 563-74. À propos d’un cas de cystite emphysémateuse Des tuberculoses à résistance étendue Un dosage urinaire pour l’évaluation du risque de cancer du sein ? Les métabolites urinaires des estrogènes ont été comparés chez des femmes à haut risque de cancer du sein (n = 65), chez des patientes ayant un cancer du sein (n = 30) et chez des témoins (n = 41). Il en ressort que lorsque le métabolisme des estrogènes se fait plutôt par la voie de la 16 alpha-hydroxylation (16OHE), les femmes appartiennent plus souvent au groupe à haut risque qu’en cas de métabolisation des estrogènes par la voie de la 2-OH hydroxylation (2 OHE). Le ratio 2OHE/16OHE différait significativement entre les 3 groupes (p = 0,0001) et une valeur faible de ce rapport était plus souvent retrouvée chez les femmes ayant un cancer du sein (valeur médiane = 1,09) et chez celles étiquetées comme à haut risque (1,15) comparativement au groupe contrôle (2,22). Les auteurs précisent que cette association pourrait en fait être due à l’interaction d’autres facteurs de risque connus, comme l’obésité ou la consommation d’alcool. ROSELINE PÉLUCHON, © www.jim.fr Im A et al. Urinary estrogen metabolites in patients at high risk for breast cancer. 2008 Breast Cancer Symposium (Washington), 5-7 septembre 2008. © BSIP/CMSP RAKOSY

Des tuberculoses à résistance étendue

Embed Size (px)

Citation preview

antibiothérapie | actualités

5OptionBio | Lundi 24 novembre 2008 | n° 409

Un homme âgé de 55 ans est admis à l’hôpital Bichat (Paris)

en unité de soins intensifs dans le service de maladies infectieuses. Ce patient a comme antécédent médical un remplacement de la valve aortique ; il se plaint d’une très forte douleur pelvienne. Il a été traité par antibiotiques ces quatre dernières semaines pour une infec-tion présumée du tractus urinaire inférieur avec de la fièvre, mais le traitement n’a pas été efficace. Les cultures bactériennes réalisées sur les urines et le sang montrent une infection urinaire et une bactériémie à Enterobacter cloacae. La radiogra-phie abdominale permet de mettre en évidence une lignée fine conte-nant de l’air au niveau du plancher de la vessie et suivant l’ensemble de son contour.

Une infection rareUne cystite emphysémateuse bac-tériémique compliquée d’une endo-cardite de la prothèse valvulaire est diagnostiquée. Après un trai-tement antibiotique efficace, l’état du patient s’améliore rapidement. La cystite emphysémateuse peut mettre en danger le pronostic vital : elle est causée par la production de gaz par des agents pathogènes (en général anaérobies) par fermenta-tion du glucose. Ce gaz diffuse au sein de la paroi et dans les lumières des cavités vésicales. Cette forme rare d’infection du tractus urinaire touche typiquement la femme dia-bétique d’âge moyen et le sujet immunodéprimé.

À compléter par un scannerContrairement aux images radio-logiques, les signes cliniques ne sont pas spécifiques et englobent une irritation vésicale, une pyurie, une hématurie et plus rarement une pneumaturie. La radiographie abdo-

minale, l’urographie intraveineuse et l’échographie peuvent aider au diagnostic, mais l’examen complé-mentaire de choix reste le scanner, qui permet de mettre en évidence ou d’écarter la présence d’une fistule vésicocolique. Dès le diagnostic établi, il faut instau-rer rapidement une antibiothérapie, réaliser un drainage de la vessie et pratiquer (beaucoup plus rarement) un geste chirurgical. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceLakhal K, Paubelle E. Emphyse-

matous cystitis. Lancet. 2008 ;

372 : 1 184.

La présence de tuberculoses à résistance étendue a été rap-

portée dans 45 pays depuis le début de leur notification en 2006. Elles se définissent comme des tuberculoses multirésistantes pour lesquelles il existe une résistance aux deux antituberculeux majeurs (isoniazide, rifampicine) associée à une résistance à au moins 3 des 6 grandes classes d’antituberculeux de seconde ligne. Ces résistances étendues ont été démontrées pour 10 % des souches multirésistantes

collectées sur les six continents. Les traitements dis-

ponibles pour ces t u b e r -culoses à résis-

tance éten-due se basent

sur des molécules de seconde ligne comme les fluoroquinolones et les molécules injectables (amikacine, capréomycine et kanamycine).

Une extension mondialeUne étude réalisée aux États-Unis a permis de mieux décrire la prise en charge de ces tuberculoses dans une population péruvienne particu-lièrement touchée. Au total, plus de 800 patients ont été traités, soit par un traitement médicamenteux, soit par une chirurgie de résection. Les mycobactéries isolées chez 650 de ces patients ont été testées afin de rechercher la présence éventuelle d’une résistance étendue aux antitu-berculeux. L’ensemble des patients a été traité par un antituberculeux auquel les bactéries n’étaient pas résistantes. Les résultats montrent que, sur l’ensemble des 650 patients étudiés, 7 % présentent une résis-tance étendue aux antituberculeux.

Un traitement comprenant une molécule supplémentaireCes patients ont alors bénéficié d’un traitement plus intensif, avec en moyenne une molécule supplé-mentaire (4,2 versus 3,2), incluant entre autres une fluoroquinolone, un antibiotique injectable et la cyclosé-rine. Les isolats sont résistants à un nombre plus important de molécules antituberculeuses : 8,4 en moyenne contre 5,3. Aucun de ces patients n’était co-infecté par le virus VIH. Grâce à un traitement adapté, le pourcentage de guérison des tuber-culoses à résistance étendue est similaire à celui des tuberculoses non résistantes. |

OPHÉLIE MARAIS

SourceMitnick CD, Shin SS, Seung KJ et al. Compre-

hensive treatment of extensively drug-resistant

tuberculosis. NEJM. 2008 ; 359 : 563-74.

À propos d’un cas de cystite emphysémateuse

Des tuberculoses à résistance étendue

Un dosage urinaire pour l’évaluation du risque de cancer du sein ?

Les métabolites urinaires des estrogènes ont été comparés

chez des femmes à haut risque de cancer du sein (n = 65),

chez des patientes ayant un cancer du sein (n = 30) et chez des

témoins (n = 41).

Il en ressort que lorsque le métabolisme des estrogènes se

fait plutôt par la voie de la 16 alpha-hydroxylation (16OHE),

les femmes appartiennent plus souvent au groupe à haut

risque qu’en cas de métabolisation des estrogènes par la

voie de la 2-OH hydroxylation (2 OHE). Le ratio 2OHE/16OHE

différait significativement entre les 3 groupes (p = 0,0001) et

une valeur faible de ce rapport était plus souvent retrouvée

chez les femmes ayant un cancer du sein (valeur médiane =

1,09) et chez celles étiquetées comme à haut risque (1,15)

comparativement au groupe contrôle (2,22).

Les auteurs précisent que cette association pourrait en fait

être due à l’interaction d’autres facteurs de risque connus,

comme l’obésité ou la consommation d’alcool.

ROSELINE PÉLUCHON, © www.jim.frIm A et al. Urinary estrogen metabolites in patients at high risk for

breast cancer. 2008 Breast Cancer Symposium (Washington),

5-7 septembre 2008.

© BSIP/CMSP RAKOSY