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Lycée Léonard de Vinci – Levallois-Perret – H.-F. Fournier 1 ÉPREUVES ORALES DE FRANÇAIS ANTICIPÉES Session 2018 DESCRIPTIF DES ACTIVITÉS ET LECTURES Lycée Léonard de Vinci – Levallois Perret ' 01 41 05 12 12 Classe de 1 ère STMG1 NOM DU CANDIDAT : __________________________________________ Ce descriptif contient 4 séquences Manuel utilisé : Français 1 ère Terres Littéraires - Hatier Le Professeur Mme La Proviseure H. - F. Fournier M. - P. Dalbin

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Lycée Léonard de Vinci – Levallois-Perret – H.-F. Fournier 1

ÉPREUVES ORALES DE FRANÇAIS ANTICIPÉES

Session 2018

DESCRIPTIF DES ACTIVITÉS ET LECTURES

Lycée Léonard de Vinci – Levallois Perret ' 01 41 05 12 12

Classe de 1ère STMG1

NOM DU CANDIDAT : __________________________________________

Ce descriptif contient 4 séquences

Manuel utilisé : Français 1ère Terres Littéraires - Hatier

Le Professeur Mme La Proviseure H. - F. Fournier M. - P. Dalbin

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LE TEXTE THEÂTRAL ET SA REPRÉSENTATION

Séquence1:LaDamedechezMaximdeGeorgesFeydeauObjetd’étudeLetextethéâtraletsareprésentation,duXVIIesiècleànosjours.ProblématiqueDéfinirungenrenouveau:levaudeville.ŒuvreintégraleLaDamedechezMaximdeGeorgesFeydeau(1899).

Lecturesanalytiques

1. Didascalieinitiale.2. ActeI,scène1(dudébutà«jelaprends»).3. ActeI,scène7(de«Quandtutemoquaisdemoi,hier»à«MadamePetyponàgauchedela

table»).4. ActeII,scène3(de«Momentdeconversationgénérale»à«Ben,là,voyons,c’tefarce!»).

Activitéscomplémentaires Lecturescursives:groupementdetextessurlevaudeville:

- EugèneLabiche,Unchapeaudepailled’Italie,acteI,scène1(1851).- GeorgesFeydeau,Unfilàlapatte,Actel,scène14(extrait),1894.- GeorgesFeydeau,LeDindon,ActeI,scène4,1896.- GeorgesFeydeau,Onpurgebébé,1910.

Autourdel’œuvreintégrale:

- LecontextedelaBelleépoque.- Lescaractéristiquesduvaudeville.- Analysed’image:affichedelapièceTailleurpourdamesdeG.Feydeau.- Lastructuredelapièce.- Lesenjeuxdelapièce:comiqueetsatiresociale.

Autourdelareprésentation:

- LesélèvesontassistéàlareprésentationdeLaDamedechezMaximmiseenscèneparJohannaBoyéauThéâtre13.

- Analysedelamiseenscène:conformitéetmodernitédelareprésentation.

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ÉCRITURE POÉTIQUE ET QUÊTE DU SENS

Séquence2:LapoésieduvoyageObjetsd’étude

§ Écriturepoétiqueetquêtedusens.§ Elémentsd’histoirelittéraireetculturelle(symbolismeetmodernitépoétique).

ProblématiqueLesensetlesenjeuxduvoyageenpoésie.Groupementdetextes

Lecturesanalytiques

1. CharlesBaudelaire,LesFleursdumal,«Parfumexotique»(1857).2. StéphaneMallarmé,VersetProse,«Brisemarine»(1893).3. ValéryLarbaud,PoésiesdeA.O.Barnabooth,«Ode»(1908).

Activitéscomplémentaires Lectures cursives: groupement de sonnets sur le rôle de la muse (in manuel Français 1ère, Terreslittéraires,Hatier,p.85-86):

- JoachimDuBellay,LesRegrets,sonnetVI,1558.- FrançoisdeMalherbe,LesDélicesdelapoésiefrançaise,«SonnetàCaliste»,1620.- CharlesBaudelaire,LesFleursdumal,«Lamusemalade»,1861.- GuillaumeApollinaire,Ilya,«Pertepraesentitaruspex»,1925.

Lecturescursives:groupementdeblasons:

- ClémentMarot,Epigrammes,«Blasondubeautétin»,1535.- CharlesBaudelaire,LesFleursdumal,«Lachevelure»,1857.- AndréBreton,Clairdeterre,«L’unionlibre»,1931.

Lecturescursives:groupementsurlapoésiedu20esiècle:

- ValéryLarbaud,PoésiesdeA.O.Barnabooth,«Ode»(1908)- BlaiseCendrars,LaProseduTransisibérienetdelapetiteJehannedeFrance,1913.- GuillaumeApollinaire,Calligrammes,«Voyage»,1918.- FrancisPonge,Pièces,«Lavalise»,1961.

Autourdugenrepoétique:

- Définitiondutextepoétique.- LesensduvoyageauXIXesiècle.- LesprincipesdelamodernitépoétiqueauXIXesiècle.- Lescaractéristiquesdusymbolisme.

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LA QUESTION DE L’HOMME DANS LES GENRES DE L’ARGUMENTATION DU XVIe SIÈCLE À NOS JOURS

Séquence3:Audelàdesfrontièresdel’humain:lemonstreetl’animal

Objetd’étudeLaquestiondel’Hommedanslesgenresdel’argumentation,duXVIesiècleànosjours.ProblématiqueEnquoilemonstreetl’animalpermettent-ilsdedéfinirl’Homme? Groupementdetextes

Lecturesanalytiques

1. MicheldeMontaigne,Essais,«Ausujetd’unenfantmonstrueux»(1595).2. J.-MLeprincedeBeaumont,LaBelleetlaBête(1757).3. VictorHugo,Notre-Dame-de-Paris(1831).

Activitéscomplémentaires Lecturescursives:groupementdetextessurlagrandeuretlamisèredel’Homme:

- Aristote,Politique,«L’Hommeestunanimalpolitique»,IIIes.av.J.–C.- PicdelaMirandole,Deladignitédel’Homme(extrait),XVes.- Pascal,Pensées(extrait),1670.- Voltaire,Micromégas(extrait),1752.

Lecturescursives:groupementdetextessurl’efficacitédelafable:

- JeandeLaFontaine,«LeLoupetl’Agneau»,Fables,1668.- Florian,«LeCrocodileetl’Esturgeon»,Fables,1792.- VictorHugo,«L’OgreetlaFée»,Toutelalyre,1861.- Jean-JacquesRousseau,ÉmileouDel’Éducation,1762.

Autourdel’argumentation:

- «CommeRousseau,pensez-vousquelesfablesnesontpasécritespourlesenfants?»- «Pourquoilamonstruositéest-elleunthèmeprivilégiéenlittérature?»

Lecturecursiveintégrale

Kafka,LaMétamorphose(1915).

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LE PERSONNAGE DE ROMAN DU XVIIe SIÈCLE À NOS JOURS

Séquence 4 : Le héros du roman moderne

Objetsd’étudeLepersonnagederoman,duXVIIesiècleànosjours.ProblématiqueQuellessontlescaractéristiquesduhérosdansunromanmoderneoucontemporain?

Lectured’uneœuvreintégrale:

MargueriteDuras,UnbarragecontrelePacifique,1950

Lecturesanalytiques

1. Incipitduroman(«Illeuravaitsembléàtouslestroisquec’étaitunebonneidée[…]sionavaitcommencéparpenserquelesidéesqu'onavaitétaientdemauvaisesidées»).

2. Lafiguredelamère(«Ç’avaitéclatélorsqueSuzanneétaitsortiedetable[…]Etsijeveuxlatuer?siçameplaîtdelatuer?»)

3. Suzanneaucinéma(«EllenetrouvapasJoseph,maistoutàcoupuneentréedecinéma[…]Onvoudraitbienêtreàleurplace.Ah!commeonlevoudrait»).

Activitéscomplémentaires

Lecturescursives:groupementdetextessurletoposdelarencontreamoureuse:

- GustaveFlaubert,L’Éducationsentimentale(1869),premièrepartie,chapitre1(extrait).- LouisAragon,Aurélien(1944),chapitre1(extrait).- MargueriteDuras,UnbarragecontrelePacifique(1950),larencontredeMonsieurJo.- MargueriteDuras,L’Amant(1984),larencontredel’amantsurlebac.

Autourduromanetdesespersonnages:

- Unromand’inspirationautobiographique.- Lafiguredelamère.- Ladimensiontragiquedespersonnages.- Lamodernitéd’uneécriture.

Lecturescursivesintégrales

PrixlittérairedeslycéensenIle-de-France

Parallèlement au tavail mené en classe autour des deuxpremièresséquences, laclassede1èreSTMG1participéaudispositif duPrix littéraire de lycéens en Ile-de-France. Àce titre, lesélèvesont lu les cinqœuvres contemporainesde la sélection départementale soumise à un vote àbulletinsecretenfévrier.Différentesactivitésontdécoulédecetravaildelecture.

- LoïcDemey,D’uncœurléger,CarnetretrouvéduDormeurduval,Cheyne(2017).

- ValentineGoby,Unpaquebotdanslesarbres,ActesSud(2016).

- Pierre-HenryGomont,Pereiraprétend,Sarbacane

(2016).- ElitzaGueorguieva,Lescosmonautesnefontque

passer,Verticales(2016).- GuillaumeSiaudeau,Pastropsaignant,Alma

(2016).Autourdesœuvres:

- Débats interprétatifs autour du sens de cesœuvres.

- Rencontre des auteurs organisée en décembredernierauthéâtredeGennevilliers.

- Rédaction de critiques sur les œuvres de lasélection, publiées sur le blog de lamédiathèquedeLevallois.

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- Les élèves ont construit un parcours de lecteurdansleurcahierdelecture.

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LECTURESANALYTIQUESDELASÉQUENCE1

Lectureanalytique1–GeorgesFeydeau,LaDamedechezMaxim

ACTEPREMIER

LecabinetdudocteurPetypon

Grande pièce confortablement mais sévèrement meublée. A droite premier plan, unefenêtreavecbrise-biseetrideaux.Audeuxièmeplan,enpancoupé(ouad libitum,fonddroit,faceaupublic),portedonnantsurlevestibule.Agauchedeuxièmeplan(plandroitoupancoupéadlibitum)portedonnantchezmadamePetypon.Aufond,légèrementensifflet,grandebaieferméeparunedoubletapisserieglissantsurtringle et actionnée par des cordons de tiragemanœuvrant de la coulisse, côté jardin.CettebaieouvresurlachambreàcoucherdePetypon.Lemurdedroitedecettechambre,contrelequels’adosseunlitdemilieu,formeaveclemurdu côtédroitde labaieunangle légèrementaigu,de telle sorteque lepieddu litaffleure le ras des rideaux, alors que la tête s’en éloigne suffisamment pour laisser laplaced’unechaiseentrelelitetlabaie.Celle-cidoitêtreassezgrandepourquelelitsoitenvuedupublicetqu’ilyaitencoreunespacede75centimètresentrelepieddulitetlecôtégauchedelabaie.Del’autrecôtédelatêtedulit,unetabledenuitsurmontéed’unelampe électrique avec son abat-jour. Reste des meubles de la chambre ad libitum. Enscène,milieugauche,unvasteetprofondcanapéanglais,encuircapitonné,audossierdroitetneformantqu’unaveclesbras;àdroiteducanapé,unechaisevolante.Adroitedelascène,unetable-bureauplacéeperpendiculairementàlarampe.Adroitedelatableet faceàelle,un fauteuildebureau.Agauchede la tableunpouf tendu "enblanc"etrecouvertprovisoirementd’untapisdetable;au-dessousdelatable,unechaisevolante.Aufond,contrelemur,entrelabaieetlaportedonnantsurlevestibule,unechaise.Au-dessus de cette chaise, un cordonde sonnette. Sur la table-bureau, unbuvard, encrier,deuxgros livresdemédecine.Unfilélectrique,partantdelacoulisseenpassantsous lafenêtre, longe le tapis, grimpe le long du pied droit (du lointain) de la table-bureau etvientaboutir sur ladite table.Auboutdu fil qui est en scène,une fichedestinéeàêtreintroduite,aucourantdel’acte,danslamâchoirepratiquéedanslapilequiaccompagnele "fauteuil extatique" afin d’actionner celle-ci. A l’autre bout, en coulisse, un cadran àcourant intermittent posé sur un tabouret. (Placer, en scène, les deux gros livres demédecinesur lefilafind’empêcherqu’ilnetombe,enattendantl’apparitiondufauteuilextatique.)

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Lectureanalytique2–GeorgesFeydeau,LaDamedechezMaxim

ACTE I, scène 1

MONGICOURT, ETIENNE. PUIS PETYPON

Au lever du rideau, la scène est plongée dans l’obscurité ; les rideaux de la fenêtre ainsi que ceux de la baie sont fermés. Le plus grand désordre règne dans la pièce ; le canapé est renversé, la tête en bas, les pieds en l’air ; renversée de même à côté, la chaise volante, à un des pieds de laquelle est accroché le reste de ce qui fut un chapeau haut de forme. Sur la table-bureau, un parapluie ouvert ; par terre le pouf a roulé ; un peu plus loin gît le tapis de table destiné à le recouvrir. La scène est vide, on entend sonner midi ; puis, à la cantonade, venant du vestibule, un bruit de voix se rapprochant à mesure jusqu’au moment où on distingue ce qui suit : VOIX DE MONGICOURT Comment ! Comment ! Qu’est-ce que vous chantez ! VOIX D’ETIENNE C’est comme je vous le dis, monsieur le docteur ! MONGICOURT pénétrant en scène et à pleine voix à Etienne qui le suit. C’est pas possible ! Il dort encore ! ETIENNE. Chut ! Plus bas, monsieur ! MONGICOURT répétant sa phrase à voix basse. Il dort encore ! ETIENNE. Oui, monsieur, je n’y comprends rien ! Monsieur le docteur qui est toujours debout à huit heures ; voici qu’il est midi… ! MONGICOURT. Eh bien ! en voilà un noceur de carton ! Il remonte légèrement vers le fond. ETIENNE. Monsieur a dit ? MONGICOURT. Rien, rien ! C’est une réflexion que je me fais. ETIENNE. Ah ! c’est que j’avais entendu : "noceur" ! MONGICOURT redescendant même place. Pardon ! j’ai ajouté "de carton". ETIENNE. Mais, ni de carton, ni autrement ! Ah ! ben, on voit que monsieur ne connaît pas monsieur ! Mais je lui confierais ma femme, monsieur ! MONGICOURT. Aha ! Vous êtes marié ! ETIENNE. Moi ? Ah ! non alors !… Mais c’est une façon de parler !… pour dire que s’il n’y a pas plus noceur que monsieur !… MONGICOURT coupant court. Oui, eh bien ! en attendant, si vous donniez un peu de jour ici ? Il fait noir comme dans une taupe. ETIENNE. Oui, monsieur. Il va à la fenêtre de droite dont il tire les rideaux : il fait grand jour.

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ETIENNE ET MONGICOURT ne pouvant réprimer un cri de stupéfaction en voyant le désordre qui règne dans la pièce. Ah ! ETIENNE entre la fenêtre et la table-bureau. Mais, qu’est-ce qu’il y a eu donc ? MONGICOURT au milieu de la scène. Eh bien ! pour du désordre !… ETIENNE gagnant le milieu de la scène en passant devant la table. Mais, qu’est-ce que monsieur a bien pu faire pour mettre tout ça dans cet état ! MONGICOURT. Le fait est !… ETIENNE. A moins d’être saoul comme trente-six bourriques ! MONGICOURT sur un ton de remontrance blagueuse. Eh ! ben, dites donc, Etienne ! ETIENNE vivement. Oh ! ce n’est pas le cas de monsieur ! Un homme qui ne boit que de l’eau de Vichy !… et encore il l’allonge !… avec du lait ! MONGICOURT indiquant le pouf en blanc renversé par terre. Ah ! là là ! Qu’est-ce que c’est que ce pouf ! Pas élégant ! ETIENNE relevant le pouf et le couvrant du tapis de table qui gît près de là. Oh ! c’est provisoire ! Madame est en train de faire une tapisserie pour. Alors, en attendant, on met ce tapis dessus. (D’un geste circulaire, indiquant tous les meubles en désordre.) Non, mais, regardez-moi tout ça ! MONGICOURT retirant le restant de chapeau du pied de la chaise. Ah !… et ça ! ETIENNE prenant le chapeau des mains de Mongicourt. Oh !… Un chapeau neuf, monsieur ! MONGICOURT. On ne le dirait pas ! ETIENNE remettant la chaise sur ses pieds. Vraiment, moi qui ai la mise-bas de monsieur ! si c’est comme ça qu’il arrange mes futures affaires !… Tout en parlant, il est allé déposer le chapeau sur la table-bureau. MONGICOURT. C’est pas tout ça ! Je voudrais bien voir votre maître ; il me semble que ce ne serait pas du luxe de le réveiller à cette heure-ci. ETIENNE tout en refermant le parapluie qui est grand ouvert sur la table. Dame, si monsieur en prend la responsabilité ! MONGICOURT, il remonte dans la direction de la baie. Je la prends.

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Lectureanalytique3–GeorgesFeydeau,LaDamedechezMaxim

Acte I, scène 7

PETYPON, MONGICOURT, LA MÔME CREVETTE, MADAME PETYPON 1 5 10 15 20 25 30 35 40

MADAME PETYPON. Quand tu te moquais de moi, hier, à propos du miracle de Houilles, je t’ai dit : "Tu as tort de ne pas avoir la foi ! Ca te portera malheur ! " PETYPON, haussant les épaules en riant. Ah ! ouat ! MONGICOURT, se rapprochant de Madame Petypon et affectant un grand intérêt. Le miracle de Houilles ? Qu’est-ce c’est que ça ? MADAME PETYPON. Vous ne lisez donc pas les journaux ? Sainte Catherine est apparue dernièrement, à Houilles, à une famille de charbonniers ! MONGICOURT. C’était de circonstance… à Houilles. Il se tord. PETYPON. Evidemment… Il se tord également. MADAME PETYPON. Oh ! ne faites donc pas les esprits forts !… Et depuis, tous les soirs, la sainte réapparaît. C’est un fait, ça!… Il n’y a pas à dire que cela n’est pas !… Et la preuve, c’est que je l’ai vue ! MONGICOURT, bien appuyé. Vous ? MADAME PETYPON. Moi !… Elle m’a parlé ! MONGICOURT. Non ? MADAME PETYPON. Elle m’a dit : "Ma fille ! le Ciel vous a choisie pour de grandes choses ! Bientôt vous recevrez la visite d’un séraphin qui vous éclairera sur la mission que vous aurez à accomplir !… (D’un geste large, les deux mains, la paume en l’air.) Allez ! " PETYPON, profitant de la main en l’air de sa femme pour y déposer sa tasse. C’est ça ! va, ma grosse ! et débarrasse-moi de ma tasse. MONGICOURT, à Madame Petypon qui se dirige vers la table pour y déposer la tasse. Et il est venu, le séraphin ? MADAME PETYPON, simplement. Je l’attends ! PETYPON, gouailleur1. Eh bien ! tu as le temps d’attendre ! VOIX DE LA MÔME, dans la pièce du fond, comme une personne qui en a assez. Oh ! la, la ! la, la ! PETYPON, bondissant, à part. Nom d’un chien, la Môme ! Il remonte vivement, à toute éventualité2, près de la baie. Mongicourt prend le n° 1. VOIX DE LA MÔME.

1Gouailleur:quiauneattitudemoqueuseetinsolente.2Atouteéventualité(vieux):àtouthasard.

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Oh ! ben, zut, quoi ?… Ca va durer longtemps ? PETYPON, voyant sa femme qui prête l’oreille, donnant beaucoup de voix pour couvrir celle de la Môme. Ah !… Ha-ha !… Alors, tu crois aux apparitions, toi ?… Mongicourt ! elle croit aux apparitions ! … Aha ! ah! (Bas et vivement.) Mais, dis donc quelque chose, toi ! MONGICOURT, même jeu. Ah !… Ha-ha ! Madame croit aux apparitions ! TOUS DEUX. Aha ! elle croit aux apparitions ! Aha ! MADAME PETYPON, d’une voix impérative. Taisez-vous donc ! On a parlé par là ! PETYPON, se démenant et faisant beaucoup de bruit. Où donc ? J’ai pas entendu !… Tu as entendu, Mongicourt. ? MONGICOURT, même jeu que Petypon. Pas du tout ; j’ai rien entendu ! J’ai rien entendu ! PETYPON, même jeu. Nous n’avons rien entendu ! Il n’a rien entendu ! MADAME PETYPON. Mais je suis sûre, moi !… C’est dans ta chambre ! PETYPON ET MONGICOURT. Non ! Non ! VOIX DE LA MÔME, d’une voix céleste et lointaine. Gabrielle !… Gabrielle ! PETYPON, bondissant en arrière. Elle est folle d’appeler ma femme ! MADAME PETYPON. C’est moi qu’on appelle ! Nous allons bien voir. PETYPON, s’interposant en voyant sa femme remonter vers la baie. Non ! Non ! MADAME PETYPON, le repoussant. Mais si, quoi ? (Elle tire les rideaux de la baie et fait aussitôt un bond en arrière.) Ah ! mon Dieu ! MONGICOURT, riant sous cape3. Nom d’un chien ! On aperçoit sur le pied du lit, dans la pénombre, une grande forme blanche, transparente et lumineuse. C’est la Môme, qui a fait la farce de se transformer en apparition. Pour cela, elle s’est couverte d’un drap de lit qui lui ceint le front et qu’elle ramène de ses deux mains sur la poitrine, de façon à laisser le visage visible. Sous le drap, elle tient un réflecteur électrique qui projette sa lumière sur sa figure. Toute la pièce du fond est dans l’obscurité, de façon à rendre plus intense la vision. MADAME PETYPON. Qu’est-ce que c’est que ça ? PETYPON ET MONGICOURT, faisant ceux qui ne voient pas. Quoi ? Quoi ? MADAME PETYPON, indiquant la Môme. Là ! Là ! Vous ne voyez pas ? PETYPON ET MONGICOURT. Non ! Non ! MADAME PETYPON. Voyons, ce n’est pas possible ! Je ne rêve pas ! Attends, j’en aurai le cœur net ! Elle fait mine de se diriger vers le fonds.

3Souscape:entâchantden’êtrepasaperçu,encachette.

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LA MÔME, voix céleste jusqu’à la fin de la scène. Arrête ! (Cet ordre coupe l’élan de Madame Petypon qui, le corps à demi prosterné, les bras tendus, décrit une conversion4 qui l’amène face au public, à gauche de la table. Arrivée là, elle reste dans son attitude à demi-prosternée et écoute ainsi les paroles de la Môme.) C’est pour toi que je viens, Gabrielle! MADAME PETYPON, les bras tendus, la tête courbée. Hein ! LA MÔME. Ces profanes ne peuvent me voir ! Pour toi seule je suis visible ! MADAME PETYPON. Est-il possible !… LA MÔME. Ma fille, prosterne-toi !… Je suis le séraphin dont tu attends la venue. MADAME PETYPON, d’une voix radieuse. Le séraphin ! (Se mettant à genoux, et à Petypon et à Mongicourt. ) A genoux ! A genoux, vous autres ! PETYPON ET MONGICOURT, ayant peine à retenir leur rire, et entrant dans le jeu de la Môme. Pourquoi ? Pourquoi ça ? MADAME PETYPON, comme illuminée. Le séraphin est là ! Vous ne pouvez le voir ! Mais je l’entends ! je le vois ; il me parle ! LA MÔME, à part, sur le ton faubourien5. Eh ! bien, elle en a une santé ! MADAME PETYPON. A genoux !… A genoux ! Les deux hommes obéissent en riant sous cape. Mongicourt à genoux devant le canapé, Petypon entre le canapé et le pied du lit, Madame Petypon à gauche de la table.

4Conversion:actiondesesoumettreàlavolontédeDieu,derépondreàl’appeldesagrâce.5Faubourien:relatifauxhabitantsdesfaubourgspopulairesdeParis.

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Lectureanalytique4–GeorgesFeydeau,LaDamedechezMaxim

Acte II, scène 3 1 5

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LE GÉNÉRAL, LA MÔME, PETYPON, CLÉMENTINE, L’ABBÉ, MADAME PONANT, LA DUCHESSE, LA BARONNE, MADAME HAUTIGNOL , MADAME VIRETTE , MADAME CLAUX , GUÉRISSAC, CHAMEROT, EMILE, OFFICIERS, INVITÉS, VALETS DE PIED, LES ENFANTS, M. ET MADAME VIDAUBAN, MADAME SAUVAREL, PETYPON PUIS LE DUC. Moment de conversation générale. Les dames qui étaient au buffet redescendent devant le piano pour s’asseoir. Madame Claux va au-dessus du piano causer avec Chamerot, Guérissac a pris une des chaises au-dessus du piano et la descend face à madame Virette, assise près du piano. Il s’assied et bavarde avec les dames. Brusque éclat de rire dans le groupe Duchesse, Vidauban, madame Vidauban. LA DUCHESSE, riant. Non, vraiment, le percepteur a répondu ça au capitaine de gendarmerie ? MADAME VIDAUBAN. Comme je vous le dis, duchesse. LA DUCHESSE. Oh ! c’est à envoyer à un journal de Paris. MADAME VIDAUBAN. Il n’y a vraiment que chez nous qu’on a de l’esprit. LA DUCHESSE. C’est positif ! (Appelant.) Guy ! La Môme qui était au buffet avec des invités, redescendant vivement et très empressée vers la duchesse. Vous désirez quelque chose, duchesse ? LA DUCHESSE. Oh ! rien !… Je voudrais que mon fils m’apporte un verre d’eau. LA MÔME, au-dessus de la chaise qui fait face à la duchesse. Hein ? Mais, pas du tout !… (Appelant en voix de tyrolienne, l’"E" dans le grave, "mile" dans l’aigu :) Emile !… (A la duchesse.) Mais, comment donc, duchesse !… (Même appel.) Emile ! (S’asseyant en face de la duchesse.) Nos gens sont là pour ça !… (Même appel.) Emile ! EMILE, venant du buffet et descendant à gauche de la Môme. Madame ? LA MÔME, sur le ton gouape6. Eh ! ben, mon vieux ! pour quand ?… (Femme du monde.) Un verre d’eau pour madame la duchesse ! (Emile s’incline et remonte. A la duchesse.) Ah ! duchesse, je suis vraiment confuse !… ces larbins sont d’un lent ! LA DUCHESSE, riant sous cape. Oh ! oh ! oh ! oh ! LA MÔME. Qu’est-ce qui vous fait rire ? LA DUCHESSE. C’est cette expression de "larbin", dans votre bouche !… LA MÔME, le rire à fleur des lèvres. Quoi ? Vous ne connaissez pas ce mot de larbin ? LA DUCHESSE. Je le connais… sans le connaître ! LA MÔME, pouffant de rire, avec des rejets du corps en arrière, accompagnés de claques sur la cuisse et de lancement de jambe en l’air à chaque phrase. Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! Elle ne connaît pas ce mot de "larbin", la duchesse !… (A madame Vidauban, qui considère sa tenue avec une attention un peu étonnée.) Vous entendez, ma chère ?… (Se tapant sur la cuisse.) La duchesse qui ne connaît pas le mot "larbin" ! Même jeu. MADAME VIDAUBAN, se tapant sur la cuisse, à l’instar de la Môme.

6Gouape:mauvaissujet,voyou.

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Ah ! ah ! ah ! elle est bien bonne, ma chère !… (Même jeu.) Elle est bien bonne ! LA MÔME, se tapant sur la cuisse. Mais, "larbin", nous n’employons que ce mot-là ! MADAME VIDAUBAN, même jeu. Mais il n’y en a pas d’autres !… "Larbin", (Même jeu.) nous ne disons que ça aujourd’hui ! (Même jeu.) N’est-ce pas, Roy ? Toutes deux rient en se tapant la cuisse. VIDAUBAN, se tapant également sur la cuisse. Oui, ma bonne amie ! LA DUCHESSE, tandis qu’Emile descend du buffet avec un verre d’eau sur son plateau et vient à elle par le milieu de la scène, passant devant la Môme. Eh bien ! oui, qu’est-ce que vous voulez ? (Considérant avec son face à main Emile qui lui présente son plateau.) Alors… c’est un larbin, ça ? (Prenant le verre d’eau.) C’est drôle ! EMILE, vexé, à part, tout en rebroussant chemin avec son plateau. Eh ! bien, elle est polie ! Il remonte au buffet. LA DUCHESSE. Voilà ce que c’est de n’être plus Parisienne ! Mais, qui sait ! je vais peut-être être obligée de le redevenir. Voici mon fils majeur… (Appelant.) Guy ! D’un groupe, dans la baie du milieu, se détache un gros et jeune garçon, bien costaud, bien râblé, qui, dos au public, bavardait avec les autres. GUY, (smoking), descendant avec empressement. Maman ? LA MÔME, regardant le duc, debout entre elle et madame Vidauban, mais légèrement au-dessus. Non, c’est vrai ? C’est à vous, ce grand fils ? LE DUC. Oui, madame. LA DUCHESSE. Mais, oui ! LA MÔME. Oh ! le Jésus ! LA DUCHESSE. Ah ! ça grandit !… Et ce qui m’inquiète c’est l’idée de l’envoyer à Paris ! Le duc lance un clin d’œil malicieux au public et descend à gauche de la Môme, milieu de la scène. MADAME VIDAUBAN. Mais quel besoin ?… LA DUCHESSE. Que voulez-vous ? Il faut qu’il travaille (Moue du duc.) Malheureusement… il ne sait rien ! Nouvelle moue vexée du duc. LA MÔME, un œil de côté sur le duc, et entre ses dents. C’ t’un crétin ! LA DUCHESSE, comme de la chose la plus simple du monde. Alors, n’est-ce pas ?… il va faire de la littérature. MADAME VIDAUBAN. Ah ! oui. LA MÔME, se retournant vers la duchesse. C’est évident ! LA DUCHESSE, sur un ton détaché. Tout le monde sait plus ou moins écrire. LA MÔME. Ben, là, voyons, c’te farce !

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LECTURESANALYTIQUESDELASÉQUENCE2

Lectureanalytique1–CharlesBaudelaire,«Parfumexotique»

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne, Je respire l’odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux ; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers1, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers2

1Tamariniers : grands arbres poussant dans les régions tropicales et portant des grappes de fleurs jaunes ou rouges et des fruits en forme de gousse.

2Mariniers : hommes de mer, marins (terme vieilli, usité au XIXe s.).

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Lectureanalytique2–StéphaneMallarmé,«Brisemarine»

Lachairesttriste,hélas!etj’ailutousleslivres.Fuir!là-basfuir!JesensquedesoiseauxsontivresD’êtreparmil’écumeinconnueetlescieux!Rien,nilesvieuxjardinsreflétésparlesyeuxNeretiendracecœurquidanslamersetrempeÔnuits!nilaclartédésertedemalampeSurlevidepapierquelablancheurdéfendEtnilajeunefemmeallaitantsonenfant.Jepartirai!Steamer1balançanttamâture,Lèvel’ancrepouruneexotiquenature!

UnEnnui,désoléparlescruelsespoirs,Croitencoreàl’adieusuprêmedesmouchoirs!Et,peut-être,lesmâts,invitantlesorages,Sont-ilsdeceuxqu’unventpenchesurlesnaufragesPerdus,sansmâts,sansmâts,nifertilesîlots…Mais,ômoncœur,entendslechantdesmatelots!

1En anglais : navire à vapeur.

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Lectureanalytique3–ValéryLarbaud,«Ode»

7«Zug»ou«Bahn»:«train»enallemand.8Psow:villedeBiélorussie,ancienneprincipautéindépendante,rivaledeNovgorod.9Samnium:régionmontagneused’Italiecentrale,entreRomeetNaples.

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Prête-moitongrandbruit,tagrandealluresidouce,Tonglissementnocturneàtraversl'Europeilluminée,Ôtraindeluxe!etl'angoissantemusiqueQuibruitlelongdetescouloirsdecuirdoré,Tandisquederrièrelesporteslaquées,auxloquetsdecuivrelourd,Dormentlesmillionnaires.JeparcoursenchantonnanttescouloirsEtjesuistacourseversVienneetBudapesth,Mêlantmavoixàtescentmillevoix,ÔHarmonika-Zug7!J'aisentipourlapremièrefoistouteladouceurdevivre,DansunecabineduNord-Express,entreWirballenetPskow8.Onglissaitàtraversdesprairiesoùdesbergers,Aupieddegroupesdegrandsarbrespareilsàdescollines,Etaientvêtusdepeauxdemoutonscruesetsales…(Huitheuresdumatinenautomne,etlabellecantatriceAuxyeuxvioletschantaitdanslacabineàcôté.)Etvous,grandesplacesàtraverslesquellesj'aivupasserlaSibérieetlesmontsduSamnium9,LaCastilleâpreetsansfleurs,etlamerdeMarmarasousunepluietiède!Prêtez-moi,ôOrient-Express,Sud-Brenner-Bahn,prêtez-moiVosmiraculeuxbruitssourdsetVosvibrantesvoixdechanterelle;Prêtez-moilarespirationlégèreetfacileDeslocomotiveshautesetminces,auxmouvementsSiaisés,leslocomotivesdesrapides,Précédantsanseffortquatrewagonsjaunesàlettresd'orDanslessolitudesmontagnardesdelaSerbie,Et,plusloin,àtraverslaBulgariepleinederoses…Ah!ilfautquecesbruitsetquecemouvementEntrentdansmespoèmesetdisentPourmoimavieindicible,mavieD’enfantquineveutriensavoir,sinonEspéreréternellementdeschosesvagues.

ValéryLarbaud,«Ode»,LesPoésiesdeA.O.Barnabooth,1908.

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LECTURESANALYTIQUESDELASÉQUENCE3

Lectureanalytique1

MichelDeMontaigne,LesEssais,LivreII,chap.30,«Ausujetd'unenfantmonstrueux»(1595),trad.d'AndréLanly

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Montaigne consacre un court chapitre de ses Essais au phénomène desmonstres et apporteainsiunecontributionimportanteàundébatenvogueauXVIesiècle.

Jevisavant-hierunenfantquedeuxhommesetunenourrice,quidisaientêtrelepère,

l'oncleetlatante,conduisaientpourlemontreràcausedesonétrangetéetpourtirerdecelaquelquesou. Ilétaitpour tout le rested'une formeordinaireet il se soutenait sur sespieds,marchait et gazouillait à peu près comme les autres enfants de même âge […] ; ses crissemblaientbienavoirquelquechosedeparticulier:ilétaitâgédequatorzemoistoutjuste.Au-dessousdesestétins,ilétaitattachéetcolléàunautreenfantsanstêteetquiavaitlecanaldudosbouché, lereste intact,cars'ilavaitunbraspluscourtque l'autre,c'estqu'il luiavaitétécasséaccidentellementàleurnaissance;ilsétaientjointsfaceàfaceetcommesiunpluspetitenfantvoulaitenembrasserunsecond[…].

Les [êtres] que nous appelons monstres ne le sont pas pour Dieu, qui voit dansl'immensitédesonouvragel'infinitédesformesqu'ilyaenglobées;etilestàcroirequecetteforme,quinousfrapped'étonnement,serapporteetserattacheàquelqueautreformed'unmême genre, inconnu de l'homme. De sa parfaite sagesse il ne vient rien que de bon etd'ordinaireetderégulier;maisnousn'envoyonspasl'arrangementetlesrapports.

«Quod crebro videt, nonmiratur, etiam si cur fiat nescit.Quod ante non vidit, id, sievenerit, ostentum esse censet." » [Ce que (l'homme) voit fréquemment ne l'étonne pas,mêmes'ilenignorelacause.Maissicequ'iln'ajamaisvuarrive,ilpensequec'estunprodige.]

Nousappelons«contrenature»cequiarrivecontrairementàl'habitude: iln'yarien,quoiquecepuisseêtre,quinesoitpasselonlanature.Quecetteraisonuniverselleetnaturellechassedenousl'erreuretl'étonnementquelanouveauténousapporte.

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Lectureanalytique2J.-M.LeprincedeBeaumont,LaBelleetlaBête(1757)

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Après avoir découvert le visagemonstrueux de la Bête, la Belle engage la discussion avec cet êtrerepoussant.

Le soir, comme elle allait se mettre à table, elle entendit le bruit que faisait la Bête, et ne puts'empêcherdefrémir.«LaBelle,luiditcemonstre,voulez-vousbienquejevousvoiesouper?-Vousêteslemaître,réponditlaBelle,entremblant.-Non,réponditlaBête,iln'yaicidemaîtressequevous.Vousn'avezqu'àmediredem'enaller,sijevousennuie;jesortiraitoutdesuite.Dites-moi,n'est-cepasquevousmetrouvezbienlaid?-Celaestvrai,ditlaBelle,carjenesaispasmentir,maisjecroisquevousêtesfortbon.-Vousavezraison,ditlemonstre,mais,outrequejesuislaid,jen'aipointd'esprit:jesaisbienquejenesuisqu'unebête.-Onn'estpasbête,repritlaBelle,quandoncroitn'avoirpointd'esprit:unsotn'ajamaissucela.-Mangezdonc,laBelle,luiditlemonstre,ettâchezdenevouspointennuyerdansvotremaison;cartoutceciestàvous;etj'auraisduchagrin,sivousn'étiezpascontente.- Vous avezbiende la bonté, dit laBelle. Je vous avoueque je suis bien contentede votre cœur ;quandj'ypense,vousnemeparaissezplussilaid.-Ohdame,oui,réponditlaBête,j'ailecœurbon,maisjesuisunmonstre.- Il y abiendeshommesqui sontplusmonstresquevous,dit laBelle, et je vousaimemieuxavecvotrefigure,queceuxquiaveclafigured'hommes,cachentuncœurfaux,corrompu,ingrat.-Sij'avaisdel'esprit,repritlaBête,jevousferaisungrandcomplimentpourvousremercier,maisjesuisunstupide;ettoutcequejepuisvousdire,c'estquejevoussuisbienobligé.»LaBellesoupadebonappétit.Ellen'avaitpresquepluspeurdumonstre;maisellemanquamourirdefrayeur,lorsqu'illuidit:«LaBelle,voulez-vousêtremafemme?»Ellefutquelquetempssansrépondre;elleavaitpeurd'exciterlacolèredumonstreenlerefusantelleluiditpourtantentremblant:«Non,laBête.»Danslemoment,cepauvremonstrevoulutsoupirer,etilfitunsifflementsiépouvantable,quetoutlepalaisenretentit:maisBellefutbientôtrassurée;carlaBêteluiayantdittristement,«adieulaBelle»,sortitdelachambre,enseretournantdetempsentempspourlaregarderencore.Bellesevoyantseule,sentitunegrandecompassionpourcettepauvreBête:«Hélas,disait-elle,c'estbiendommagequ'ellesoitsilaide,elleestsibonne!»

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Lectureanalytique3

VictorHugo,Notre-Dame-de-Paris(1831)

Paris, 6 janvier 1482, jour des Rois et fête des Fous. Le public, initialement rassemblé pour assister à la représentation de la pièce de Gringoire, se découvre plus d'entrain pour un théâtre de grimaces avec élection du pape des fous. Les candidats se succèdent sous les rires, vient le tour de Quasimodo.

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IlfallutqueGringoiresecontentâtdecetéloge:caruntonnerred'applaudissements,mêléàuneprodigieuseacclamation,vintcoupercourtàleurconversation.Lepapedesfousétaitélu.–Noël!Noël!Noël!criaitlepeupledetoutesparts.C'étaitunemerveilleuse1grimace,eneffet,que celle qui rayonnait en ce moment au trou de la rosace2. Après toutes les figurespentagones3,hexagones4ethétéroclitesqui s'étaient succédéà cette lucarne sans réaliser cetidéaldugrotesquequis'étaitconstruitdanslesimaginationsexaltéesparl'orgie,ilnefallaitrienmoins, pour enlever les suffrages, que la grimace sublime qui venait d'éblouir l'assemblée.Maître Coppenole lui-même applaudit; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru (et Dieu saitquelleintensitédelaideursonvisagepouvaitatteindre),s'avouavaincu.Nousferonsdemême.Nousn'essaieronspasdedonneraulecteuruneidéedeceneztétraèdre5,decetteboucheenfer à cheval, de ce petitœil gaucheobstruéd'un sourcil roux enbroussailles, tandis que l'œildroitdisparaissaitentièrementsousuneénormeverrue;decesdentsdésordonnées,ébréchéesçàetlà,commelescréneauxd'uneforteresse;decettelèvrecalleuse6,surlaquelleunedecesdents empiétait comme la défense d'un éléphant; de ce menton fourchu; et surtout de laphysionomie répandue sur tout cela; de cemélangedemalice, d'étonnement et de tristesse.Qu'onrêve,sil'onpeut,cetensemble.L'acclamation fut unanime; on se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe lebienheureuxpapedesfous.Maisc'estalorsquelasurpriseetl'admirationfurentàleurcomble;lagrimaceétaitsonvisage.Ouplutôttoutesapersonneétaitunegrimace.Unegrossetêtehérisséedecheveuxroux,entrelesdeuxépaulesunebosseénormedontlecontre-coupsefaisaitsentirpar-devant;unsystèmedecuissesetdejambessiétrangementfourvoyéesqu'ellesnepouvaientsetoucherqueparlesgenoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent par lapoignée; de larges pieds, desmainsmonstrueuses; et, avec toute cette difformité, je ne saisquelle allure redoutable de vigueur, d'agilité et de courage; étrange exception à la règleéternellequiveutquelaforce,commelabeauté,résultedel'harmonie.Telétaitlepapequelesfousvenaientdesedonner.Oneûtditungéantbriséetmalressoudé.Quandcetteespècedecyclopeparutsurleseuildelachapelle,immobile,trapu,etpresqueaussilargequehaut;carréparlabase,commeditungrandhomme7;àsonsurtout8mi-partirougeetviolet, semé de campanules d'argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la populace lereconnutsur-le-champ,ets'écriad'unevoix:–C'est Quasimodo, le sonneur de cloches! c'est Quasimodo, le bossu de Notre-Dame!Quasimodoleborgne!Quasimodolebancal!Noël!Noël!Onvoitquelepauvrediableavaitdessurnomsàchoisir.

1Merveille : du latin miribila « chose étonnante ». 2Rosace : grand vitrail de forme arrondie. 3Pentagone : polygone à cinq côtés. 4Hexagone : polygone à six côtés. 5Tétraède : pyramidal. 6Calleux : durci et épaix. 7La première rédaction porte : « comme eût dit Napoléon ». 8Surtout : vêtement de dessus, cape ou grand manteau ample.

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LECTURESANALYTIQUESDELASÉQUENCE4

Lectureanalytique1–UnbarragecontrelePacifique 1

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Illeuravaitsembléàtouslestroisquec'étaitunebonneidéed'achetercecheval.Mêmesiçane

devait servir qu'à payer les cigarettes de Joseph. D'abord, c'était une idée, ça prouvait qu'ils

pouvaientencoreavoirdesidées.Puisilssesentaientmoinsseuls,reliésparcechevalaumonde

extérieur,toutdemêmecapablesd'enextrairequelquechose,decemonde,mêmesicen'était

pasgrand-chose,mêmesic'étaitmisérable,d'enextrairequelquechosequin'avaitpasétéàeux

jusque-là,etdel'amenerjusqu'àleurcoindeplainesaturédesel,jusqu'àeuxtroissaturésd'ennui

etd'amertume.C'étaitçalestransports:mêmed'undésert,oùriennepousse,onpouvaitencore

faire sortir quelque chose, en le faisant traverser à ceuxqui vivent ailleurs, à ceuxqui sont du

monde.

Celadurahuit jours. Lechevalétait tropvieux,bienplusvieuxque lamèrepouruncheval,un

vieillardcentenaire.Ilessayahonnêtementdefaireletravailqu'onluidemandaitetquiétaitbien

audessusdesesforcesdepuislongtemps,puisilcreva.

Ilsenfurentdégoûtés,sidégoûtés,enseretrouvantsanschevalsur leurcoindeplaine,dansla

solitude et la stérilité de toujours, qu'ils décidèrent le soirmêmequ'ils iraient tous les trois le

lendemainàRam,pouressayerdeseconsolerenvoyantdumonde.

Etc'estlelendemainàRamqu'ilsdevaientfairelarencontrequiallaitchangerleurvieàtous.

Commequoiuneidéeesttoujoursunebonneidée,dumomentqu'ellefaitfairequelquechose,

même si tout est entrepris de travers, par exemple avecdes chevauxmoribonds. Commequoi

uneidéedecegenreesttoujoursunebonneidée,mêmesitoutéchouelamentablement,parce

qu'alors il arrive au moins qu'on finisse par devenir impatient, comme on ne le serait jamais

devenusionavaitcommencéparpenserquelesidéesqu'onavaitétaientdemauvaisesidées.

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Liste d’activités des 1STMG1 – Lycée Léonard de Vinci – Levallois – H.-F. Fournier 22

Lectureanalytique2–UnbarragecontrelePacifique 1

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Ç’avaitéclatélorsqueSuzanneétaitsortiedetable.Elles’étaitenfinlevée.Elles’étaitjetéesur

elleetellel’avaitfrappéeaveclespoingsdetoutcequiluirestaitdeforce.Detoutelaforcede

sondroit,detoutecelle,égale,desondoute.Enlabattant,elleavaitparlédesbarrages,dela

banque,de samaladie,de la toiture,des leçonsdepiano,ducadastre,de savieillesse,de sa

fatigue,desamort.Josephn’avaitpasprotestéetl’avaitlaissébattreSuzanne.

Il y avait bien deux heures que ça durait. Elle se levait, se jetait sur Suzanne et ensuite elle

s’affalait dans son fauteuil hébétée de fatigue, calmée. Puis elle se levait encore et se jetait

encoresurSuzanne.

-Dis-le-moietjetelelaisserai.

- J’ai pas couché avec lui, ilme l’a donnée comme ça, je lui aimêmepasdemandé, ilme l’a

montréeetilmel’adonnéecommeça,pourrien.

Ellefrappaitencore,commesouslapousséed’unenécessitéquinelalâchaitpas.Suzanneàses

pieds, à demi nue dans sa robe déchirée, pleurait. Lorsqu’elle tentait de se lever, lamère la

renversaitdupiedetellecriait:

-Dis-le-moidonc,bonDieu,etjetelelaisserai.

Cequ’ellenepouvaitpassupporter, semblait-il, c’étaitde lavoirse relever.DèsqueSuzanne

faisaitungeste,ellefrappait.Alors,latêteenfouiedanssesbras,Suzannenefaisaitplusquese

protégerpatiemment.Elleenoubliaitquecetteforcevenaitdesamèreetalsubissaitcomme

elle aurait subi celle du vent, des vagues, une force impersonnelle. C’était lorsque la mère

retombaitdanssonfauteuilqu’elleluifaisaitpeurànouveau,àcausedesonvisagehébétépar

l’effort.

-Dis-le-moi,répétait-elle,etquelquefoisd’unevoixpresquetranquille.

Suzannenerépondaitplus.Lamèreselassait,oubliait.Parfoisellebâillaitetd’unseulcoupses

paupières se fermaient, sa tête chavirait. Mais au moindre mouvement de Suzanne ou

simplement lorsqu’elle ouvrait les yeux, réveillée par el chavirement de sa tête et qu’elle

l’apercevaitàsespieds,elleselevaitetfrappaitencore.JosephfeuilletaitHollywood-Cinéma,le

seullivre,vieuxdesixansqu’ilyaiteudanslafamilleetdontilnes’étaitjamaislassé.Quandla

mèrefrappait,ils’arrêtaitdefeuilleterl’album.Aunmomentdonné,toutd’uncoup,ildit:

-Merde,tulesaisbienqu’elleapascouchéaveclui,jecomprendspaspourquoituinsistes.

-Etsijeveuxlatuer?siçameplaîtdelatuer?

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Lectureanalytique3–UnbarragecontrelePacifique 1

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EllenetrouvapasJoseph,maistoutàcoupuneentréedecinéma,uncinémapours’ycacher.La

séancen’étaitpascommencée.Josephn’étaitpasaucinéma.Personnen’yétait,mêmepasM.Jo.

Le piano commença à jouer. La lumière s’éteignit. Suzanne se sentit désormais invisible,

invincibleetsemitàpleurerdebonheur.C’étaitl’oasis,lasallenoiredel’après-midi,lanuitdes

solitaires,lanuitartificielleetdémocratique,lagrandenuitégalitaireducinéma,plusvraiequela

vraienuit,plus ravissante,plusconsolantequetoutes lesvraiesnuits, lanuitchoisie,ouverteà

tous,offerteàtous,plusgénéreuse,plusdispensatricedebienfaitsquetouteslesinstitutionsde

charitéetquetoutesleséglises,lanuitoùseconsolenttoutesleshontes,oùvontseperdretous

lesdésespoirs,etoùselavetoutelajeunessedel’affreusecrassed’adolescence.

C’estunefemmejeuneetbelle.Elleestencostumedecour.Onnesaurait luien imaginerun

autre,onnesauraitrienluiimaginerd’autrequecequ’elleadéjà,quecequ’onvoit.Leshommes

seperdentpourelle,ilstombentsursonsillagecommedesquillesetelleavanceaumilieudeses

victimes,lesquellesluimatérialisentsonsillage,aupremierplan,tandisqu’elleestdéjàloin,libre

comme un navire, et de plus en plus indifférente, et toujours plus accablée par l’appareil

immaculédesabeauté.Ellevoyage.C’estaucarnavaldeVenisequel’amourl’attend.Ilesttrès

beau l’autre. Il a des yeux sombres, des cheveux noirs, une perruqueblonde, il est très noble.

Avantmêmequ’ils sesoient faitquoiquecesoitonsaitqueçayest, c’est lui.C’estçaquiest

formidable, on le sait avant elle, on a envie de la prévenir. Il arrive tel l’orage et tout le ciel

s’assombrit.Aprèsbiendesretards,entredeuxcolonnesdemarbre,leursombresreflétéesparle

canalqu’ilfaut,àlalueurd’unelanternequia,évidemment,d’éclairerceschoses-là,unecertaine

habitude, ils s’enlacent. Il dit je vous aime. Elle dit je vous aimemoi aussi. Le ciel sombre de

l’attente s’éclaire d’un coup. Foudre d’un tel baiser. Gigantesque communion de la salle et de

l’écran.Onvoudraitbienêtreàleurplace.Ah!commeonlevoudrait.