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Figures et destins du traumatisme

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Table des matières

Préface.............................................................................................3

 Avant-propos..................................................................................15

Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire.................18

Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration......35

Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've.......................55

Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme...............................()

Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste..........8

Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue

pschanaltiue............................................................................111

2piloue. 4iures et destins du traumatisme..............................1$$

i#lioraphie................................................................................1$)

6 Les traumatismes ont deux sortes d’efets, des efets

positis et des efets négatis. Les premiers constituent des

tentatives pour remettre le traumatis^ en valeur, c’est-à-

dire pour ranimer le souvenir de l’incident oublié ou plus

exactement pour le rendre réel, le aire revivre. (...) Les

réactions négatives tendent vers un but diamétralement

opposé. Les traumatismes oubliés n ’accdent p!"s au

souvenir et rien ne se trouve répété. (...) Les s#mpt$mes de

la névrose proprement dite constituent des compromis

aux%uels contribuent toutes les tendances négatives ou

positives issues des traumatismes. &insi c’est tant$t l’une,

tant$t l'autre des deux composantes %ui prédomine .

7. 4reud, o*se et le onot+éisme 1939, Paris, :allimard 19*8,

p. 11(, ;)<

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Préface

Le trauma est sans doute l"une des notions les plus indécises de la

pschanalse, voire des plus éuivoues, et sans doute des plusénimatiues. Cela tient ! l"am#iu=té de ses con>uences placées !

la rencontre du dedans et du dehors, ! sa dnamiue d"e%c&s, de

rupture et de perte, ! sa fonction d"alarme et de protection comme !

son pouvoir d"e?raction. Aent d"une réalité dont la puissance et la

source demeurent incertaines, le trauma est occasion d"entrevoir ce

ui peut air au-del! du plaisir et de son principe @ il a la #rutalité de

l"évidence comme l"évanes-cence de l"aléatoire c"est dire u"ilfascine depuis u"il est apparu dans le corpus analtiue, avant

m'me d"ailleurs ue celui-ci ne se constitue.

Comme il était d"une rassurante simplicité le temps premier des

 tudes sur l’+#stérie   Le trauma pschiue su?isait alors !

e%pliuer la névrose, le souvenir aissant ! la mani&re 6 d"un corps

étraner B pour la déclencher et l"entretenir @ temps #éni puisue la

6 catharsis B, en assurant 6 l"a#réaction du trauma B, promettait lauérison l"accident repéré, il su?isait de purer le mal. +ue de

renoncements au% #elles évidences fallut-il pour parvenir ! concevoir

 vérita#lement la 6 science pschanaltiue B @ ue de chemins fallut-

il e%plorer et de champs défricher pour 'tre enn en mesure de

compléter l"aression par la protection et a#outir, dans L’+omme aux

loups, ! l"idée ue 6 le rDle important des traumatismes de la petite

enfance serait de fournir ! l"inconscient un matériel ui le

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Préface

préserverait de l"usure lors de l"évolution B E La route se fera alors

un peu moins ardue et, apr&s 'tre allé du 6 trauma source de la

névrose B ! la 6 névrose traumatiue B pour lui faire révéler l"en

de/! du plaisir, il devient possi#le, dans  n+ibition, s#mpt$me et

angoisse, de concevoir ue le trauma puisse détenir par lui-m'me

une vertu défensive rFce ! la mise en alerte du moi par le 6 sinal

d"anoisse B, voire par 6 l"anoisse automatiue B. Gt c"est enn,

dans o*se et le monot+éisme, l"e%ploitation de l"idée ue 6 les e?ets

du traumatisme sont de deu% sortes positifs et néatifs B. Pourtant,

tout cela n"enl&ve rien ! la Hustesse des premi&res intuitions

freudiennes sur la fonction névro&ne du trauma @ la causalité

traumatiue est simplement devenue 6 inessentielle B, l"intér't se

portant alors sur la dnamiue propre enaée par le processus. Le

trauma la pire et la meilleure des choses... oil! ui ne peut ue lui

conférer une sinuli&re fortune dans le corpus analtiue, et l"on sait

le rDle central u"il tint en tant de discussions, disputes et

dissensions ! commencer par celle entre 4reud et 4erenci telle

u"elle nous est rappelée dans ce livre.

 A #ien rearder, cependant, ce destin n"est pas aussi rare u"il

pourrait paraJtre. Il participe de cette idée ue le pschisme est un

6 tout B, unité totalisante #ien ue contradictoire Husue dans ce ui

peut apparaJtre comme disHonction @ pour ne prendre ue cet

e%emple, ainsi s"e%pliue u"en dépit des éventuels clivaes u"un

trauma puisse susciter, ceu%-l! ne se Hustient u"! participer de

cette unité, fut-ce ! leur mani&re maladroite et dommaea#le, fut-ce

en paraissant parfois servir la destruction non seulement le clivae

lui-m'me ne saurait échapper ! la liaison pulsionnelle, mais il n"est

ue fa/on particuli&re d" participer et ne saurait 'tre autre chose.

 A ceci, aHoutons ce ui en découle et le compl&te tous les

processus pschiues, comme tous les concepts devant en rendre

compte, sont en eu%-m'mes am#ivalents 6 positifs et néatifs B,

donc. Kout ! la fois e?racteurs et protecteurs, ils contiennent et

*

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portent en eu%-m'mes leur propre contradiction. Le moi, ce produit

de la rencontre du dedans avec le dehors devenu l"articulation de

P;n et de l"autre, en est l"e%emple le plus accompli, lui ui se voit

ainsi contraint de 6 servir plusieurs maJtres ! la fois B mais chacun

de ceu%-ci, de la #rutale réalité au riide surmoi et au /a

#ouillonnant, participe de cette am#ivalence féconde.

ude tFche donc ue de vouloir tracer les 6 ures et destins du

traumatisme B @ tFche pourtant nécessaire et nous devons savoir

ré ! Claude Manin de l"avoir entreprise et d"en avoir heureusement

fait proresser la compréhension. La di?iculté tient sans doute, pour

l"essentiel, ! une notion u"il a d"autant mieu% repérée l"associant

 Hustement ! celle d"historisation u"elle pourrait #ien 'tre !

l"oriine m'me de ses ré>e%ions l!-dessus. Il s"ait de la position

6 oriinelle B du trauma @ revenir est d"ailleurs retrouver la

uestion des oriines de la pschanalse elle-m'me telle u"elle s"est

oranisée autour du renoncement ! la 6 croance B en la neurotica,

et donc au traumatisme de la séduction précoce par un adulte. Ce

reHet, comme on le sait, permit ! 4reud de remplacer la réalité de

l"événement par celle du fantasme, s"ouvrant la voie ui menait ! la

découverte de l"Ndipe u"il e?ectua d&s le mois suivant. 7i

l"a#outissement de ce renversement conceptuel fut la création de la

pschanalse, sa survenue n"en fut pas moins un vérita#le

traumatisme u"il commente vint ans plus tard en notant

6 M"essuai alors un rude coup B @ ce fut pourtant vérita#lement

li#ératoire, illustrant ainsi les deu% e?ets possi#les du trauma.

Oais deu% ans plus tDt, mois pour mois, un autre renversement

conceptuel, tout aussi déterminant, avait eu lieu, d"autant plus

important u"il était une condition nécessaire pour ue se produise

celui de 189) @ ! sa fa/on, il fut tout aussi traumatiue. 4reud écrivit

/ s%uisse d’une ps#c+ologie scienti0%ue tout au lon du mois de

septem#re 1895 dans l"enthousiasme, mais tr&s vite le refoulement

s"avéra impossi#le ! intérer dans ce sst&me et, n octo#re, il dut

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Préface

reHeter ce proHet ui 6 lui était devenu étraner ...Q et lui

apparaissait dorénavant comme une sorte d"a#erration B. Ce

commentaire a pu surprendre @ il est pourtant fort pertinent. Certes,

on a pu, en apr&s-coup, reconnaJtre les prémisses de ce ui allait

devenir la pschanalse ! vrai dire, on les rencontre #ien plus dans

les lettres ! 4liess< @ mais si, s"éparnant un trauma, 4reud avait

poursuivi dans cette voie, il n"aurait u&re a#outi u"au%

6 neurosciences B ou ! leur éuivalent d"époue<. Ce ne sont pas ses

connaissances et les apports personnels u"il pouvait leur apporter

ui chan&rent, mais la fa/on de les traiter, le sst&me de pensées et

la méthode pour en rendre compte @ pour créer la science nouvelle, il

fallait 'tre capa#le de remplacer un a priori neuro-pscholoiue par

un déterminisme purement pschiue, de su#venir les acuis pour

imainer une nouvelle loiue mieu% ! m'me d"en rendre compte.

C"est cette révolution u"annuleraient ceu% ui voudraient faire

retour ! / s%uisse.

Rr, uelue chose du m'me ordre s"est reproduit avec la

neurotica, mais ! un niveau ue nous dirons plus 6 éla#oré B, c"est-!-

dire plus proche de l"analse proprement dite. S&s les premi&res

paes de son introduction, Claude Manin nous rappelle fort Hustement

ue le reHet nécessaire u"en opéra 4reud ne nous a nullement

dispensé de voir resurir la uestion de la réalité événementielle de

la séduction précoce 6 tout au lon de l"histoire du mouvement

analtiue, principalement autour de la uestion du traumatisme B @

comme il aHoute 6 cette uestion est centrale pour l"épistémoloie

de la pschanalse B. Glle l"est parce ue, l! encore, ce n"est pas le

matériel en soi des patientes font le récit d"une séduction par un

adulte< ui peut servir d"arument, c"est la méthode et les principes

pour en rendre compte ui seront déterminants1. C"est pouruoi

toute tentative de 6 retour B ! la théorie a#andonnée se devrait,

selon une #onne méthodoloie, de tenter de rééla#orer aussi, et

m'me d"a#ord, l"ensem#le théoriue ce ui est #ien rarement le

(

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Préface

cas, le principe du pars pro toto, ue dénon/ait déH! 4reud, étant

plutDt la r&le. anT, déH! et ! sa mani&re, voulut réactualiser le

6 trauma précoce B en proposant le 6 traumatisme de la naissance B

sa tentative eut au moins le mérite d"amener 4reud ! reprendre

l"ensem#le du pro#l&me.

Su trauma de la naissance, il reHeta donc nalement l"idée, et elle

tom#a en désuétude @ pour autant, les raisons ui amen&rent !

l"envisaer ne nous en paraissent pas moins, en elles-m'mes et

encore auHourd"hui, mériter attention car elles correspondent ! une

 vérita#le di?iculté @ il serait dommae de les nélier. Pour les

resituer ! la lumi&re des apports de Claude Manin et pour reprendre

la #elle imae u"il emprunte ! 7ere iderman, nous devons nous

demander s"il convient de considérer ue cet événement vital

oriinel u"est la naissance doit rester 6 sa#le B sur la plae

#ioloiue du non-sm#olisé pour reprendre sa formule

demeurant ainsi sans destin et sans histoire U épondre ! cette

simple uestion, dont l"apparente #rutalité cache les incertitudes de

notre champ épistémiue, réclame les prudences de l"am#iu=té.

6 Rui, elle est sa#le B, dirons-nous, parce ue ce ui s"est alors passé

ne peut 'tre approprié par un suHet ui n"e%iste pas encore et ne

saurait donc en faire vérita#lement 6 son B histoire. Oais nous

corrierons sitDt 6 Von, elle est perle B, parce ue la 6 naissance B

du moi n"est pas un événement ui tom#e du ciel telle l"Fme,

chrétienne ou autre, descendant sur la t'te de l"innocent< @ ce ui la

devance, ce ui en préc&de l"apparition, et nalement la permet, doit

nécessairement laisser des traces.

La notion de 6 noau traumatiue B u"introduit Claude Manin,

nous fournit une réponse au cWur de la perle serait le rain de

sa#le, comme un noau autour duuel, au l de l"histoire,

s"accumuleraient les 6 concrétions fantasmatiues B, protéeant et

pérennisant le rain. este, #ien sXr, ! éclairer non seulement les

r&les de ces processus d"accumulation, mais aussi les fa/ons dont

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Préface

ces concrétions vont continuer de travailler et d"a#ord entre elles.

Vous ne faisons d"ailleurs ue retrouver ainsi la pro#lématiue du

 Heu des com#inatoires u"e?ectuent les reHetons du refoulé, dont le

destin n"a cessé de préoccuper 4reud.

Pourtant, ue l"acte de la naissance doive susciter ou non une

perle lorieuse dont il serait la semence féconde, ou u"il ne puisse

ue demeurer pauvre parcelle stérile d"une plae, le rain de sa#le,

en son élémentaire et o#tuse minéralité, n"en perdure pas moins en

lui-m'me. Vous sommes l! confrontés ! l"irritant pro#l&me des

6 limites B si proche de celui de l"oriinel< @ il ne saurait nous laisser

indi?érent puisu"il dé#ouche sur les uestions soulevées par la

notion de 6 concepts-limites B, telle u"elle ha#ite le cWur de notre

métapscholoie, venant nous reposer la uestion du destin du

#ioloiue au travers de celui du traumatisme. Oais ce ui nous

apparaJt comme 6 #ioloiue B n"est nalement ue l"une des deu%

formes ue prend la réalité phsiue ! lauelle le pschisme doit

d"autant plus se confronter u"il lui faut l"intérer, dans une

rencontre ui est précisément le lieu et l"occasion de tous les

traumatismes.

 Me voudrais alors en dire un peu plus sur les étranes rapports

u"entretiennent les théories pschanaltiues avec la #ioloie

u"elles préf&rent énéralement désiner asse curieusement comme

étant 6 le #ioloiue B @ cesY relations em#arrassent tellement les

analstes ue si certains tendent ! en a#user, les plus nom#reu%

s"e?orcent de l"e?acer, uitte ! le péHorer. C"est ainsi ue certains

pensent s"en dé#arrasser par uelues épith&tes supposés

infamants, tel 6 #ioloisant B ou d"autres @ ils n"ont pour fonction ue

d"escamoter le pro#l&me ui tient simplement au fait ue l"homme

est d’abord un 6 'tre #ioloiue B et ue ce n"est u"ainsi u"il peut

'tre aussi un 6 'tre pschiue B @ uitte ! passer pour cartésien, He

dirai u"il faut vivre pour pouvoir penser. Il est e?ectivement

indispensa#le ue nous soons au clair avec les limites de notre

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Préface

champ propre, mais il en va ainsi Hustement parce ue celui-ci est en

communication étroite avec d"autres, voire m'me en continuité

sans doute ne serait-il pas ine%act de dire ue, dans cette pro%imité,

réside la source de tous les traumatismes. Il n"en est ue plus

important de veiller ! éviter les confusions @ or, de dénier les

rapports e%istants entre les champs ne peut u"a#outir ! leur

amalame. 4reud l"avait fort #ien compris lorsue, par e%emple,

traitant de ce u"on appellerait sans doute de nos Hours la

6 transmission interénérationnelle B et ue lui ualiait le

6 phloénétiue B, il se dé#arrassait des critiues 6 #ioloistes B en

remaruant u"il ne saurait s"air 6 de la m'me chose B. C"est ue ce

u"il propose n"a rien ! voir avec ce ue certains voudront

considérer, plus tard et #ien ! tort, comme 6 #ioloisme B et ui

est Hustement ce dont il se démarue @ c"est ue lui connaissait aussi

la #ioloiue, et savait fort #ien la reconnaJtre et la remettre ! sa

place, fut-ce en lui faisant sa place. Oatérialiste convaincu, il

constate donc u"il faut vivre pour penser consciemment et

inconsciemment<, et consid&re l"e%istence de passaes nécessaires

entre ces deu% fonctions ui ne sauraient 'tre indi?érentes l"une !

l"autre passaes ui op&rent d"ailleurs dans les deu% sens de la

psché vers le soma comme du #ioloiue au pschiue. Oais, tenant

! spécier son propre champ de connaissances, il en trace les

limites.

Il n"en est pas moins clair ue le #ioloiue est hors de notre

champ, mais tout aussi certain u"il communiue avec lui @ entend

rendre compte de ces pro#l&mes frontaliers la dénition de la

pulsion comme 6 concept limite entre le pschiue et le somatiue B.

+u"est-ce ! dire U Cela sinie ue, au% 6 limites B, la pulsion se

 Hustie de son ancrae dans le #ioloiue mais, poussant depuis

cette source pour atteindre son #ut ce sont l! les caract&res ui la

dénissent<, elle doit nécessairement se fa#riuer une

instrumentation u"elle trouve dans les o#Hets @ ce faisant, elle passe

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du cDté du 6 pschiue B et s" int&re. Oais l"o#Het U Il est ce ui

permet ! la pulsion de se réaliser sous forme d"investissements,

sinalés par des a?ects et siniés par des représentations @ en ce

sens, on peut considérer ue 6 les oppositions entre représentations

ne sont ue l"e%pression des com#ats entre les di?érentes pulsions B

et le trauma uette E

Oais d"en appeler ! l"o#Het a#outit ! nous confronter ! une autre

dimension, ! d"autres traumas et ! une autre limite ui, pour 'tre

moins citée, n"en est pas moins aussi conséuente ue la précédente.

L"o#Het

o#Het d"amour cherché au dehors fut-ce pour une satisfaction

éo=ste ne se peut dénir u"! désiner et représenter

l"environnement du suHet @ c"est l! fa/on de dire, tout #onnement,

u"il représente aussi le socius et tout s"anime dans cet 6 aussi B.

C"est ce u"e%plore Claude Manin en reprenant le terme freudien

6 d"om#re de l"o#Het B pour en faire une notion aussi pertinente

u"oriinale, selon lauelle celle-ci représenterait la 6 part de réel B

portée par 6 tout o#Het inscrit pschiuement B @ cette om#re

renverrait au 6 noau traumatiue B oriinel, rain de sa#le du réel

au cWur de la perle de fantasmes, de vie et d"histoire, elle en serait

la part o#scure témoinant de ce ui fonde la reconnaissance

premi&re de la réalité cette perception d"une a#sence ui ne

pourra, ensuite, ue se urer comme deuil. Cette om#re de l"o#Het

serait donc, me sem#le-t-il, cette e%pression de l"intrication

mouvante du suHet et du monde, comme le témoinae d"un pont

assurant le passae vers

6 l"autre limite B +u"elle soit imprénée de narcissisme ne fait

ue témoiner de l"ine%ora#ilité des intrications entre ces mondes

opposés.

7"il fallait désiner un marueur ! celle-ci, nous pourrions le

trouver dans la su#limation, cet autre 6 concept limite B et, #ien sXr,

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Préface

les traumatismes u"il peut susciter sont plutDt ! situer dans le

reistre narcissiue<

mais c"est l! encore une 6 autre B histoire.

Ce ue H"entends plutDt remaruer est ue le pschisme se situecomme un 6 entre-deu% B, situé ! l"intérieur de 6 limites B ui sont

aussi des lieu% de passaes, entre le #ioloiue d"un cDté et la

société de l"autre @ il ne peut u"'tre in>uencé, et m'me déterminé

par l"un comme par l"autre, mais il les in>uence et les détermine tout

autant. Cela, en fait, nous le savons, d"e%périence puisue,

implicitement, nous l"utilisons tous les Hours dans notre pratiue, ue

ce soit lorsue nous prenons en compte certains risues

pschosomatiues, ou lorsue nous devons aménaer le cadre en

raison d"une contrainte e%térieure. Autant le savoir, et savoir en tirer

les conséuences @ l"une d"elles est ue nous devrons considérer le

pschisme comme se situant au recoupement actif du #io- E loiue

et du socius, sinié par leur articulation.

Gn somme, le #ioloiue n"est nalement ue l"une des deu%

formes rnHe prend la réalité phsiue ! lauelle le pschisme doitd"autant plus ZYse confronter u"il lui faut l"intérer @ il le fait dans

une rencontre ui est précisément le lieu et l"occasion de tous les

traumatismes. C"est ! cela B '#   ue nous confrontent les

interroations ui conduisirent anT ! imainer un traumatisme de

la naissance, et amen&rent 4reud ! prendre sa proposition tr&s au

sérieu%. Ce n"est u"apr&s en avoir approfondi les tenants et les

a#outissants u"il la récusa nalement @ mais il importe de #ien

consi-0 , dérer ce u"il tint ! écarter vérita#lement il en reHeta le

moment et non -Z[le proc&s, la naissance et non le trauma. Posant

ue celle-l! doit 'tre loiuement considérée selon sa situation

6 #ioloiue B et non comme processus pscholoiue, refusant

u"elle puisse fonctionner comme un déterminant 6 pschiue B, il

estime 6 tr&s invraisem#la#le B l"hpoth&se de 1a naissance

fonctionnant comme trauma pschiue. Gn revanche, il conserve

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Préface

l"idée u"un événement initial est nécessaire @ il consid&re surtout

ue cette fonction initiatiue, en raison de sa totale nouveauté, porte

alors un e?et traumatiue.

(  v

-H Oais il entend situer ce moment lors d"une tout autre

6 naissance B

\\ ]1 celle du moi @ le trauma Haillit alors de la rencontre du suHet

et de l"o#Het I

ou, pour le citer, de 6 l"a#sence ressentie de l"o#Het B. C"est ! cette

occasion u"il va décrire la sensation de 6 daner B éprouvée par le

nourris- Cson face ! la 6 peur de l"étraner B, moment de la6 premi&re anoisse B et du 6 premier traumatisme B liés !

6 l"insatisfaction, ! l"accroissement de la tension du #esoin en face

de lauelle il est impuissant B moment ui n"est autre ue celui de

l"Ndipe oriinaire<. La seule 6 analoie B alors pensa#le avec la

situation traumatiue de la naissance est #ien #ioloiue, et elle se

manifeste, pour l"essentiel, par une 6 déchare orientée vers les

muscles de la respiration et de la phonation B @ mais cette réactioncorporelle va désormais chaner ses compétences en se tournant

 vers un o#Het puisu"elle 6 sert maintenant ! appeler la m&re B elle

prend donc sens tout ! la fois pour elle et pour l"enfant.

Ceci illustre asse #ien le rapport u"entretient 4reud avec le

6 #ioloiue B, comme la place et la fonction u"il lui assine

nalement et u"il lui réservait, de fait, d&s u"il recourait !

l"étaae des pulsions se%uelles sur les pulsions d"auto-conservation< dans cette premi&re anoisse siniant le premier

traumatisme, la #ioloie fournit l"étai nécessaire ! ce ui va se

construire pour dans un saut ualitatif au-del! de la 6 limite B

prendre sens en apr&s-coup, fournissant ainsi le mod&le pour tous les

apr&s-coup ! venir. Vous pensons, l! encore, ! l"imae du rain de

sa#le et de la perle @ nous retrouvons l"interroation de Claude

 Manin 6 +u"est-ce ui, dans le développement de 1inans, permet

1$

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l"inscription de ce rain de sa#le ui le conduira ! investir son mode

d"e%istence selon ce rapport su#Hectif si particulier entre le monde

interne et l"e%térieur, puisue cet antaonisme entre ces deu%

mondes serait tellement insolu#le ue seule l"idée du meurtre ou du

crime en rendrait compte U B Cette rencontre antaoniue, insolu#le

et violente, entre un intérieur au départ #ioloiue et un e%térieur

lui prée%istant socialement, nous devons penser u"elle fonde le

pschisme et ce ui le meut elle oriine l"Ndipe, son se%e, son

meurtre et son chFtiment.

Le traumatisme de la naissance devait sinier cet instant o^ le

petit

aiomme #ascule d"un monde dans un autre. G%aminant cette

notion, Jud consid&re ue la vérita#le mutation ualitative

correspond plutDt traumatisme produit par la naissance du moi

aussi #ien d"ailleurs u"il l"oriine<, ! ce moment o^ /a

s"individualise d"avoir ! se situer entre deu% limites @ le trauma

seul trauma possi#le puisue le premier ! pouvoir 'tre trauma de

uelu"un ne peut se fonder ue de cette dou#le transression. Ce

! uoi nous avons alors ! faire est #ien une 6 pertur#ation

économiue consécutive ! l"accroissement des uantités d"e%citation

ui e%ient d"'tre liuidées B @ c"est elle ui représente l"entrée dans

l"histoire car, m'me si celle-ci ne saurait encore 'tre vécue comme

telle, c"est #ien d"histoire u"il s"ait, dut-elle ne prendre sens ue

par les apr&s-coup. Gn somme, celle-ci n"est nalement rien d"autre

ue la confrontation de la réalité pschiue avec la réalité sociale

voir matérielle< @ elle est l"e%pression et la représentation de cette

rencontre, et il est remarua#le de constater u"elle est inauurée

par une révélation traumatiue ui ne pourra u"en orienter le cours.

C"est ainsi ue, ce premier trauma pschiue étant lié ! l"idée de

6 perte B et témoinant d"une 6 anoisse de séparation B, les

traumatismes ultérieurs ! commencer par le plus mémora#le

d"entre eu% l"anoisse de castration< se #orneront nalement !

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Préface

répéter, de fa/on plus ou moins violente, la simplicité de ce trauma

initial.

Il s"ait l!, en somme, du premier 6 rain de sa#le B événementiel

suscitant la premi&re 6 perle B historiue @ avec elle, nous avons le

premier trait sm#olisa#le, et donc historisa#le, c"est-!-dire

surdéterminé. Vous touchons l!, e?ectivement, au cWur m'me de la

fonction et du sens du trauma dans son rapport ! l"histoire, dans la

fa/on dont il la suscite, l"entretient et la perpétue ou, au contraire,

l"a#olit ou l"enferme dans la stérilité de la répétition @ ue cela ne se

puisse faire ue par rapport ! un apr&s-coup, voire ! des apr&s-coup

successifs, est évidemment déterminant pour la structuration et le

destin des processus pschiues. Le trauma est ainsi l"e%pression de

la conHonction nécessaire et impara#le de la orce pulsionnelle et du

sens  historiue @ elle illustre leur indissocia#le et indispensa#le

collusion.

Il apparaJt essentiel ue ce soit d&s ce temps premier ue devront

se distinuer les deu% versants du trauma, tels ue Claude Manin

nous les [e%plicite. Vous avons ainsi la part 6 néative B

éuivalant ! un 6 trau- !  matisme sans n B ui, dans une esp&ce

de prévalence de la force sur Z le sens, s"av&re e?ractrice parce

u"incapa#le d"échapper au court-circuit _ moteur pour venir

s"intérer dans une siniance permettant le déploie-[Huent de

l"apr&s-coup. Vous avons aussi la fonction 6 [positive B évouant

plutDt, uant ! elle, un 6 traumatisme avec n B ui va protéer

de l"usure les anciens refoulements en leur conférant, en apr&s-coup,

un surcroJt de sens assurant une liaison e?ective de la Ypulsion. 4ait

essentiel, cette positivation se fait en usant de la référence se%uelle

Implicite ! tout trauma uitte ! ce u"elle le surdétermine par

emprunt ! un événement antérieur< @ elle a#outit ! mettre en action

et en fonction le Heu du souvenir et du refoulement par l"attri#ution

au trauma d"un sens se%uel aui en autorise la sm#olisation[

Ysuscitant un e?et défensif résultant deY 2/  appropriation du trauma

1*

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Préface

par le suHet car il a maintenant un suHet i puisu"il est ! m'me

d"introduire l"événement dans son histoire.

Sans tout cela, il s"ait e?ectivement, comme l"indiue l"auteur

des  3igures et destins du traumatisme,  de 6 transformer du

traumatiue en

uelue chose de se%uel B, c"est-!-dire de 6 construire du trauma

pour l"histoire B. Oais #ien des choses vont se Houer en fonction du

destin de la li#ido, selon u"elle se tournera plutDt vers l"o#Het ou

plutDt vers le moi ce ui n"ira pas sans impliuer les temps de la

%ation traumatiue et ! leurs éventuelles prévalences, nous

renvoant ! la distinction de 6 noau% froids B et de 6 noau%

chauds B. Me tends ! penser ue les vérita#les patholoies du

traumatisme ne correspondent pas tant au% cas o^ ce sont les

sst&mes de défenses du moi ui se trouvent atteints, mais surtout

au% situations o^ c"est le moi narcissiue lui-m'me ui se trouve

Yattaué. Rn pourrait 'tre ainsi Hustié ! distinuer les traumatismes

proprement dits, récupéra#les et ! l"occasion prota#les, des

#lessures du moi suscepti#les de produire de vérita#les hémorraies

narcissiues mortif&res. Il me sem#le ue l"opposition entre

6 traumatismes avec n B les Ypositifs< et 6 traumatismes sans n B

néatifs, donc< correspond #ien ! cette référence narcissiue et au%

fa/ons de l"aménaer. AHoutons ue ces deu% versants du trauma, en

dépit des diverences de leurs résultats, travaillent malré tout de

conserve. C"est ue, comme dans toutes les oppositions, il s"ait l!

d"une am#ivalence fondamentale et constitutive la vraie

pro#lématiue ne se situe pas entre 6 positif ou néatif B, mais dans

6 positif et néatif B ceci dit, le ou va permettre de penser le et,

tout comme il va servir ! parer l"e?et inévita#lement traumatiue du

et.

C"est l!, #ien sXr, ue va pouvoir Houer l"e?et de reconstruction

par l"interprétation du pschanalste, dont e%ploration fournit !

Claude Manin l"une des approches particuli&rement enrichissantes de

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Préface

son travail son étude de ce ue H"appellerai une esp&ce de

6 domestication B`diOranma du patient par la rFce e?ractante de

son re>et traumatiue che l"ana-J[sté. L!-dessus, nous ne saurions

'tre trop attentifs ! l"importance de sa remarue visant le rDle du ieu

dans-lacure lorsue, avec #eaucoup de r   pertinence, l"idée

lufY[Kirénséance u"il 6 devrait apprendre ! Houer ! sa patiente B.

Par cette intuition, il ouvre une voie féconde sur les fonctions du

trauma en mettant en évidence ce ui peut l"apprivoiser @ il

entreprend en fait d"e%ploiter dans la cure les vertus du Heu comme

protection contre le trauma. Il a #ien l!, comme il le remarue,

création [O"un espace transitionnel @ mais il a aussi introduction

de la dimension érotiue et se%uelle telle u"elle est propre ! tout

 Heu apprendre ! Houer c"est, en prenant du plaisir, apprendre !

dominer et ! posséder son histoire, donc ! pouvoir la parler ! un

autre et, en l"occurrence, d"a#ord ! l"analste< @ c"est ainsi se donner

les moens de dominer le trauma. Le Heu pourrait #ien constituer

l"aent anti-traumatiue par e%cellence, d"autant u"il représente

sans doute la forme d"activité ui en est parado%ale-

ment la plus proche @ de cela peut témoiner la place de la

répétition dans l"un et dans l"autre de ces proc&s. Gn somme, tout Heu

est apprivoisement du trauma, ! commencer par le 6 Heu de la

#o#ine B @ il peut fonctionner comme une défense anti-traumatiue

en raison m'me de sa capacité ! répéter le trauma. Cette pro%imité a

pourtant ses inconvénients, et nous savons avec uelle facilité le Heu

peut soudain #asculer dans l"e?roi @ raison de plus pour le laisser

s"éploer dans le cadre protecteur de la séance, et selon ses r&les.

Oais nous venons de parler de répétition. oil! ui nous conduit !

celle ui travaillerait sur le divan et de si particuli&re fa/on,

comme nous le montre Claude Manin pour répéter 6 l"a#sence

d"inscription ui commémore l"inscription de l"o#Het dans le moi en

ce u"il a d"a#sent B @ l! s"opérerait comme une communication

a#outissant ! une 6 saisie, par l"analste, de l"e%istence de l"étraner

1(

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Préface

en lui-m'me, ! la fois lui apparte-nant et n"étant pas ! lui B. Sans ces

moments se mettrait en place, entre autres, ce ue notre auteur

ualie Holiment 6 d"animisme ! deu% B @ le traumatisme deviendrait

communica#le, partaea#le et non plus seulement commémora#le.

;ne e%périence commune dans la cure reproduirait, comme en écho,

des e%périences anciennes, non dici#les e%plicitement, dont la

coloration traumatiue s"apparente ! l"inuiétante étraneté. La

réalité e%térieure de l"un et de l"autre vacille, su#Huuée par la

prénance d"une réalité intérieure dont la préhistoire au%

e%périences primaires nécessairement voisines< tend ! s"actualiser

en une communauté sensi#le @ il a 6 mise en tension de la réalité

matérielle et de la réalité pschiue oranisatrice du développement

de la topiue interne B.

Gn somme, et ce faisant, Claude Manin revient ! ce ui, avec

#eaucoup de Hustesse, fournit l"un des rands a%es de son

arumentation et court tout au lon @ il s"ait de la distinction u"il

éta#lit entre les 6 traumatismes oranisateurs et désoranisateurs B,

reprenant ainsi ce ue 4reud désine comme les 6 e?ets positifs et

néatifs du trauma B mais ce sont tout aussi #ien, comme nous

l"avons vu et ! uelues nuances pr&s, ses 6 noau% froids et noau%

chauds B, ses 6 traumatismes avec n et traumatismes sans n B<,

apportant ainsi un surcroJt d"éclairae ! notre connaissance des

traumatismes. Passant ! la uration du trauma dans l"un et l"autre

des protaonistes de la cure, il remarue ue, l! encore, elle tend !

se faire selon ses deu% versants @ disons, pour schématiser

et en idéalisant un mouvement tellement plus comple%e u"il

se pourrait #ien ue le 6 traumatisme désoranisateur B demeure !

l"Wuvre che le patient, alors ue le 6 traumatisme oranisateur B

ui n"en demeure pas moins traumatiue< opérerait che l"analste,

lui permettant de la sorte d"entendre et de 6 traiter B celui u"il

analse. 7i cette représentation de la cure comme un processus

unitaire totalisant a déH! été annoncée, voire énoncée par d"autres

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Préface

moteurs, elle prend ici une pertinence #ien particuli&re et

certainement féconde avec le recours traumatiue u" introduit

Claude Manin.

 A celui-ci, He pourrais faire un reproche il tient ! ce désir u"il

me donne de lui poser des uestions, lui faire des remarues,

avancer des suestions @ c"est dire ue son livre est ouvert et o?ert,

invite au dialoue. Certes, cela devrait s"avérer prota#le au

lecteur @ mais le préfacier, pour sa part, en trouve sa tFche

compliuée ! moins de se mettre ! écrire un autre livre, ! cDté de

celui-l!, pour introduire ces dé#ats ui lui #rXlent la plume... +uitte

! paraphraser mais comment l"éviter U<, nous avons déH! dX évouer

#ien des mots, des notions, des concepts et non des moindres, ui

s"imposent tout naturellement lorsu"on en vient ! parler du trauma.

Les plus évidents réalité, histoire, événement, oriine, causalité,

déterminisme, suHet, autrui, e%c&s, carence, deuil, passion, o#Het,

narcissisme, défense, refoulement, sm#ole, se%ualité... M"arr'te car

toute la pschanalse, ou u&re s"en faut, pourrait #ien passer @

aHoutons uand m'me, pour faire #onne mesure et parce ue nous ne

saurions nous en déprendre, ces 6 mthes terri#les B et dominateurs

ue sont la pulsion et l"e%citation, le moi et le /a...

;ne telle énumération ne fait plus sens @ n"en ardons ue l"idée

u"elle impliue le trauma est au cWur m'me de la pschanalse.

Le corollaire en est, #ien sXr, ue tout ouvrae ui en traite ne peut

u"'tre partiel. Vul ne saurait donc et moi moins u"un autre

reprocher ! Claude Manin de s"'tre limité @ l"un de ses mérites est

 Hustement d"avoir su choisir des avenues ui permettent d"e%plorer

l"ensem#le, et nous ouvrent des perspectives. A nous maintenant de

nous enaer.

Claude Le :uen

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 Avant-propos

Les te%tes ue H"ai choisis de réunir et de présenter dans ce

 volume ont été écrits, pour la plupart, entre 1985 et 1995 @ l"apr&s-coup ue représente la réunion d"écrits tous éla#orés en relation

avec mes activités scientiues au sein de la 7ociété Pschanaltiue

de Paris est, comme touHours, ce ui permet de ressaisir l"avant-

coup, le 6 déH! l! B ui a ouverné, sans ue la conscience en fXt

alors claire, les ls entrecroisés de l"éla#oration secondaire @ ! cet

éard, cette re-saisie n"est pas di?érente de ce ui se passe lorsue

nous sommes amenés ! reprendre le matériel d"une cure pourl"éla#orer le choi% de certaines séances, ou périodes d"une cure

plutDt ue d"autres l! @ le choi% de certains travau% ici il s"ait

touHours, en n de compte, de montrer l"unité sinuli&re d"une

démarche, et ce recueil n"échappe pas ! la r&le. Certes, en le

présentant, H"ai en mémoire, pour reprendre l"e%pression de P.

ourdier, 6 un aspect du pessimisme freudien Bb

6 V"ou#lions pas ue les o#servations pschanaltiues écritesprésentent moins d"avantaes u"on ne le croirait. Glles sont, en

somme, entachées de cette précision apparente, dont la pschiatrie

]moderne nous a donné tant d"e%emples frappants B$.

Cependant, nous ne pouvons échapper ! la nécessité de nous

communiuer les écrits ui résultent de notre travail cliniue, et de

l"e%ience d"intellii#ilité ui, plus ou moins silencieusement, est

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 Avant-propos

touHours présente. Se ce point de vue, mon proHet est de montrer,

dans cet ouvrae, comment la cure est le vérita#le et premier

apr&s-coup de

ce ue H"appelle 6 une attente de devenir et de sens Wdipiens B.

Ce sens Wdipien ! advenir est étroitement dépendant de la

représentation ue se fait l"analste de ce ui s"est autrefois passé

pour ses patients, et de /in-dice de réalité  u"il a?ecte ! cette

représentation. Ce dé#at, ouvert, puis clos par 4reud 6 Me ne crois

plus ! ma neurotica B<0 s"est néanmoins poursuivi de fa/on

smptomatiue tout au lon de l"histoire du mouvement analtiue,

et principalement autour de la uestion du traumatisme. Cette

uestion, centrale pour l"épistémoloie de la pschanalse a donné

lieu ! de multiples développements @ pour ma part, He tente d"

apporter une contri#ution dans l"introduction ! cet ouvrae ! partir

de la cliniue, et de l"épistémoloie des sciences et de la

pschanalse, He tente de cerner cette 6 vérité historiue B évouée

en 193) par 4reud dans 4onstruction en anal#se, et ui est, ! mon

sens la 6 mise en forme d"histoire B donc de représentation,

d"événements ui n"ont pas été représentés. Cette formulation me

paraJt valoir, aussi #ien pour l"épistémoloie pschanaltiue ue

pour la représentation ue He me suis, ! ce Hour, forée, du métier de

pschanalste.

 M"ai donc choisi de faire dialouer, chaue fois ue cela était

possi#le o#servations cliniues et considérations théoriues ainsi,

le chapitre 1 Zest parcouru par une dou#le pro#lématiue celle

du traumatisme et Ide la mise en représentation, che des patients

pour lesuels l"o#Het maternel n"a pu se constituer en 6 structure

encadrante B aant un 6 rDle b,de contenant de l"espace

représentatif B, selon les termes pertinents icKA. :reen3 @ celle de

la mise en représentation che l"analste, du traumatiue, du non

représenté, et des 6 actes-smptDmes B Moce Oe Souall< par

lesuels ce traumatiue et ce non-représenté tentent de se

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 Avant-propos

manifester, de produire des reHetons, pour lesuels il s"ait, en appui

sur le cadre, de fraer les voies ! la ura#ilité. Cette démarche est

en continuité avec mon travail de 1985 sur Le c+aud et le roid, ui

prend place dans ce chapitre. M"essaai alors de proposer une

compréhension du premier temps du traumatisme ! partir de la

notion de 6 noau froid B et de 6 noau chaud B du traumatisme @ H"ai

insisté sur l"idée ue tr&s souvent, des réponses inadéuates,

6 insu?isamment #onnes B de l"environnement, au% 6 #esoins en tant

u"enfant B de certains patients étaient ! incriminer dans la

traumatoén&se par le #iais de la coe%citation li#idi- H nale, ces

patients tentent de constituer des solutions 6 hstériues B oui

6 dépressives B ! cette défaillance de l"environnement.  5 

Parmi les chemins de la ura#ilité, le r've reste #ien sXr la

6 voie roale B l"e%ploration de cette voie,  l"écoute de cette voix

ménaent parfois ! l"analste d"étranes rencontres, dans lesuelles

le traumatisme vient parfois menacer l"histoire sinuli&re du suHet,

en train de se construire et de se dire, d"une chape de silence @ le

chapitre $ évoue uelues-uns de ces moments critiues de la

pratiue analtiue. Le chapitre 3 présente, de ce point de vue la

cure analtiue comme 6 l"antitraumatisme B le dispositif m'me de

l"analse permet, au moen de l"activité de liaison à la ois tou6ours

menacée et tou6ours possible,  de 6 faire parler les silences de

l"istoire, ces terri#les moments o^ elle ne dit plus rien et ui sont

 Hustement ses instants les plus traiues B, selon la tr&s #elle

formule de Mules Oichelet. Le chapitre * montre, uant ! lui,

comment l"analste, au sein m'me de ses activités d"éla#oration

théoriue, de pratiue de la cure, de pratiue de la supervision et

d"échanes avec ses coll&ues, est constamment menacé de cette

perte silencieuse du sens %ui est l’essence m7me de toute situation

traumati%ue.

Les te%tes ui ferment cet ouvrae Le 6 éel, le per/u et

l"halluciné B et 6 4iures et destins du traumatisme B, tous deu% de

$1

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 Avant-propos

1995, résument ma conception actuelle de l"R#Het, telle ue He l"ai

éla#orée au l des ans @ cette conception s"appuie, ! travers la notion

de noau traumatiue du Ooi, sur la conception freudienne de

l"R#Het, telle u"elle apparaJt dans  8euil et mélancolie @ ces te%tes

ouvrent, me sem#le-t-il, ! une réévaluation des liens entre trauma

6 réel B et trauma 6 pschiue B, et des moens de transformer des

6 traumatismes sans n B en des 6 traumatismes avec n B.

$$

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et

histoire

L"histoire cliniue de Sorothée illustre, de #ien des fa/ons, les

points de théorie pschanaltiue ue He développerai tout au lon

de cet ouvrae.

 Meune femme d"une trentaine d"années, Sorothée est l"aJnée d"une

famille nom#reuse, et sa vie a commencé sous de #ien douloureu%

auspices son p&re tom#e ravement malade deu% ans apr&s sa

naissance, au moment o^ sa femme ! nouveau enceinte est proche

du terme de cette seconde rossesse. Rn peut deviner la détresse de

Sorothée, dans ce sou-venir-écran 6 He suis une toute petite lle, He

ne sais pas encore marcher, He suis assise par terre, tout le monde

s"éloine et He me dis He n" arriverai Hamais B. Oalré cet état

dépressif de #ase, dX en partie ! la dépression de ses deu% parents,

au départ du p&re, et ! la naissance de la petite sWur ui la suit, la

patiente a des r'ves tr&s crus, au% contenus violents, et pleins

d"e%citation ainsi, un traumatisme par carence de soins maternels,

suite ! un désinvestissement par une m&re endeuillée par le départ

et la maladie de son mari et mo#ilisée aussi par les soins ! donner au

nouveau #é#é est vécu par le #iais de la coe%citation li#idinale sur

le mode de l"e%c&s, du trop, de l"e%citation. Pourtant la patiente se vit

comme irrémédia#lement déprimée, avec une sc&ne primitive

irreprésenta#le. 6 Ici, me dit-elle, He me rearde comme dans un

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

miroir #risé @ He vois tantDt une demi-imae, tantDt l"autre. B

G%pression saisissante de ce u"elle vit comme un clivae opéré par

la mise en Wuvre de l! fonction déso#Hectalisante décrite par André

:reen*. ;n des modes d"e%pressJon de ce clivae est l"a#sence

d"investissement pschiue des pensées et des a?ects alors m'me

ue ces derniers sont identiés par Ka patiente comme e%istant en

elle. Ainsi, ! la n de sa premi&re anné0d"!nalse, elle m"apprend en

uelues séances u"elle est enceinte, u"elle a de sérieu% risues de

fausse-couche, et ue c"est mieu% de savoir cela, ue d"imainer des

risues pour ce #é#é ! venir on voit l! l"investissement opératoire

de la pensée. +uelues semaines plus tard, elle fait une fausse

couche, et peut alors e%primer ses a?ects d"anoisse de la fa/on

suivante 6 c"est mieu% d"avoir fait cette fausse-couche @ si 6’avais

donné le 6our à un enant, 6’aurais d9 m’en séparer un 6our .  La

patiente conrme ainsi la nature +istori%ue du traumatisme à

construire,  autour de la suite d"événements ue H"ai évoués

maladie et départ du p&re, naissance de la petite sWur,

désinvestissement maternel dX, ! la fois, ! un mouvement dépressif,

et au% soins ! donner au nouveau #é#é. Proressivement, au cours

de cette analse, H"ai le sentiment d"un enTstement du travail

pschiue certes, la patiente vient ! ses séances avec une ténacité

remarua#le, et elle reste, malré l"investissement de sa cure, tr&s !

distance de son histoire pschiue les Imaos restent ées,

intoucha#les, et notamment l"Imao paternelle, ée autour d"un

p&re dénitivement sans valeur, ! Hamais parti depuis l"enfance. Ooi-

m'me, dans mon éprouvé contre-transérentiel, He me vis comme un

analste sans valeur, incompétent, aant de plus en plus souvent la

tentation de 6 m"a#senter B pschiuement, tentation contre lauelle

 He lutte en tentant de comprendre uelle position imao=ue H"occupe

dans ce mouvement contre-transférentiel @ H"essaie de lui

communiuer l"impression u"elle me met en position d’incarner   ce

p&re a#sent, mais ces interventions provouent col&re et reHet @ en

ré>échissant une fois de plus ! cela, He suis un Hour amené ! lui dire,

$*

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

alors m'me ue nous réévouions la maladie de son p&re et le départ

de celui-ci, ue nous n"avions Hamais soné ue le choc provoué par

ce départ avait peut-'tre masué le choc u"avait pu représenter son

retour. Glle est sidérée par cette intervention, et se retrouve #ientDt

enceinte, alors ue, malré une médicalisation intensive, elle n"

arrivait pas @ la rossesse, cette fois, sera menée Husu"! son terme.

+ue l"évocation du retour du p&re ait été suivi de cette rossesse,

montre asse #ien, ! mon sens, com#ien la pro#lématiue

Wdipienne, essentiellement traumati%ue,  comme nous l"avons vu,

était de ce ait  peu oranisatrice. Vous n"étions pas, pour cette

raison, au #out de nos peines si l"importance du p&re présent, o#Het

de désir, et plus particuli&rement du désir d"enfant était en uelue

sorte admise dans un acte

la rossesse , elle restait en m'me temps déniée

ps#c+i%uement, dans ce clivae si #ien décrit par la patiente !

travers l"évocation du miroir #risé le p&re restait nul et sans intér't.

Glle avait donc décidé de terminer son analse, elle aussi sans

intér't, puisu"elle avait maintenant son enfant, et sans ue H"aie

#eaucoup de mare de manWuvre par rapport ! une telle décision,

compte tenu de ce transfert néatif si intense. Gt puis, deu%

semaines avant la n annoncée, la patiente arrive ! sa séance

#ouleversée 6 H"ai assisté ces Hours-ci ! un proc&s de Cour

d"assises une lle était d"a#ord partie civile au cDté de sa m&re,

contre son p&re, meurtrier de sa rand-m&re... Au cours du proc&s,

elle a chané d"avis, ! témoiné en faveur de son p&re, ne voulant

pas le laisser seul. +uel rapport cela peut-il avoir avec la n de mon

analse U

Peut-'tre est-il aussi uestion de me laisser seul U

Me suis contente ue cette lle soutienne son p&re. Cet

homme ha=ssait sa femme et aurait voulu la tuer @ mais l"idée de

laisser sa lle

$5

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

elle s"interrompt< H"ai perdu le mot orp+eline  lui a été

insupporta#le. C"est la pire des choses pour un enfant.  5e vous parle

de mon +istoire, là. Cette lle, en témoinant pour son p&re, elle ne

sera Hamais orpheline, #ien u"ils soient séparés... C"est une idée

nouvelle pour moi. B Apr&s avoir dit ces mots, la patiente se souvient

alors, u"apr&s le retour du p&re, sa m&re est partie ! l"hDpital, et

u"elle a été conée ! sa rand-m&re, 6 H"ai dX me sentir tr&s seule

c"était une am#iance d"orphelinat. L"issue, pour moi, c"est de cesser

d"'tre partie civile et simplement témoin dans l"histoire de mon

p&re. B

Lors de la séance suivante, elle continue 6 Ce couple du proc&s

renvoie au couple de mes parents ue H"ai mille fois évoués comme

ne couchant pas ensem#le. Pour cette lle, c"est une issue d"aimer

son p&re c"est retrouver le couple des parents ui s"occupaient

d"elle petite lle. Ooi aussi H"ai eu un couple de parents @ il a éclaté

au départ de mon p&re, puis s"est reconstitué. Me n"avais ue deu%

solutions ou #ien reconstituer ce couple, comme avant le départ de

mon p&re, ou #ien continuer, comme apr&s son départ, seule avec ma

m&re. Oaintenant, cette idée de parents ui ne couchent pas

ensem#le, c"est une idée ue He ne peu% plus tenir il a eu d"autres

enfants apr&s moi...et He ne peu% nier avoir eu du désir ! son

éard...mais pour moi, /a n"a Hamais été une issue a#le de le trouver

aima#le... B

M"interviens alors 6 7urtout si au moment o^ vous le

découvre comme une personne importante et donc aimable de votre

environnement, il disparaJt... B

elle< c"est un >ash dinue... /a serait donc risué et

danereu% d"aimer...et en plus, ma m&re est enceinte... Alors plus

rien n"est disci#le. L"enfant, ce résultat de leur amour et de leurs

relations se%uelles va accaparer tous les soins. Me n"ai plus rien ! moi

tout d"un coup B...

$(

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

Rn assiste, dans cette séuence, ! la survenue d"une rencontre

entre ps#c+é et réalité @ les choses sont cependant asse su#tiles

cette rencontre n"est pas, comme on pourrait hFtivement le croire,

provouée par la co=ncidence entre le proc&s mené inlassa#lement

de fa/on interne et inconsciente par la patiente contre son p&re et

transférentiellement contre moi

, et le proc&s réel @ en ait, elle est produite par la co*ncidence

entre l’investissement du pre comme mari de la mre, et pre, de

ce ait m7me, de l’enant à venir, et la disparition réelle de l’ob6et.

"n efet d’ébranlement traumati%ue se produit alors, dans le%uel la

rencontre entre mouvement de désir et d’a6ects et événement

entra:nera ultérieurement un mode de pensée opératoire ; < il est

dangereux de désirer , semble-t-elle penser, (par exemple, comme

 6e l’évo%uais un peu plus +aut ; plut$t aire une ausse-couc+e, %ue

de penser %u’on peut perdre l’enant).

Le fait d"assister au proc&s permet ! ma patiente une mise en

communication de la sc&ne réelle et de la sc&ne pschiue, l"un et

l"autre étant ! ce moment distincts présent événementiel et passé

ps#c+i%ue ne sont plus traumati%uement conondus,  et ce

mouvement permet la ressaisie du monde interne dans toutes ses

composantes, le clivae se trouvant ainsi réduit.

 Apr&s ce moment tr&s vivant de construction ! deu% de son

traumatisme infantile, au cours d"une autre séance, ma patiente me

dit 6 H"ai r'vé ue vous étie marié et ue He faisais connaissance de

 votre femme @ elle était au% antipodes de ce ue H"imainais, mais He

me disais il doit l"aimer, puisu"il l"a choisie. Oes parents aussi ont

dX se choisir... Gt dans ce r've, He me sens tr&s proche de votre

femme et de vous. B

Rn voit le chemin parcouru, mais on remaruera aussi u"il a pu

en 'tre ainsi rFce ! la rencontre avec un événement @ il s"ait d'une

rencontre éconde entre monde ps#c+i%ue et monde réel @ ces

rencontres fécondes e%istent heureusement pour chacun

$)

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

d"entre nous @ il faut aussi savoir compter avec elles, ce ui, #ien sXr,

doit nous faire considérer la vie et la pschanalse avec une certaine

modestie... celle ue 4reud avait apprise de Charcot, et u"il aimait

! rappeler 6 tout /a n"emp'che pas d"e%ister B.

Cette séuence cliniue pose d"em#lée la uestion de la éalité,

de son statut pschiue et m'me de son e%istence, ui est au cWur

des uestions dé#attues entre 4reud et 4erenci tout au lon de leur

e%istence, et ce de fa/on tr&s directement liée ! celle du

traumatisme. Il s"ait d"une uestion épistémoloiue essentielle,

ue He me propose maintenant de remettre en perspective, tant les

uestions de la réalité, du traumatisme, de la réalité du traumatisme,

+antent  le mot n"est pas trop fort , la pschanalse depuis ses

oriines. Pour m"en tenir ! la période 6 historiue B de la naissance

de la pschanalse, c"est en 189) ue 4reud dissocie la réalité

événementielle et la réalité pschiue5, et c"est en 193$ ue

4erenci revient de fa/on étendue et en opposition avec 4reud

sur cette uestion(. Pour rappeler d"un mot l"o#Het de la controverse

entre les deu% hommes, 4reud, dans cette cél&#re lettre (9 du $1

septem#re 189), écrit ! 4liess 6 Me ne crois plus ! ma ]neurotica. B

4reud sinie ainsi le tournant épistémoloiue maHeur de

l"éla#oration de la Heune science pschanaltiue Les événements

ue 4reud avait tout d"a#ord identié comme des sc&nes réelles de

séduction, s"av&rent en fait 'tre des créations fantasmatiues 6 il

n"e%iste dans l"inconscient, écrit-il, aucun ]indice de réalité B). Oais

plutDt ue de dire ue les fantaisies des névrosés sont de pures

créations fantasmatiues, il serait plus e%act de dire ue la

pschanalse ne peut pas décider du caract&re de 6 réalité B des

sc&nes de séduction, ue ces derniers rapportent. C"est contre cette

position de refus de se prononcer sur la réalité de telles sc&nes ue

4erenci se dressera 35 ans plus tard, puis inlassa#lement Husu"! sa

mort. Les aruments de 4erenci méritent d"'tre repris dans

l"article 6 Confusion de lanues B, 4erenci traite de l"oriine

$8

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

e%térieure traumatiue< de la névrose. 6 L"o#Hection, ! savoir u"il

s"aissait de fantasmes de l"enfant lui-m'me, c"est-!-dire de

mensones hstériues, perd malheureusement de sa force, par suite

du nom#re considéra#le de patients, en analse, ui avouent eu%-

m'mes des voies de faits sur des enfants. B Ainsi, la #ase du

désaccord entre 4reud et 4erenci est clairement dénie, et ses

conséuences sur l"histoire de la pschanalse ont été considéra#les.

Comme le note alint, 6 le fait historiue représenté par le

désaccord entre 4reud et 4erenci t sur le monde analtiue l"e?et

d"un traumatisme. ...< Le choc était e%tr'mement profond et

douloureu% B*,5.

7i l"on reprend en détail les conceptions des deu% hommes sur

cette uestion du traumatisme8, on verra mieu% l"étendue de leur

désaccord, et les conséuences de ce désaccord sur le mouvement

pschanaltiue contemporain.

Sans les années 1895, le traumatisme est avant tout un

traumatisme se%uel, et impliue deu% temps le premier est celui de

la sc&ne de séduction 6 se%uelle B de l"enfant par l"adulte, l"enfant

su#issant passivement la sc&ne. Sans le deu%i&me temps, dans une

sc&ne non se%uelle, des ponts associatifs ravivent les traces

mnésiues du premier temps, ue le refoulement avait tenues !

l"écart. Rn voit ainsi ue c"est seulement dans son caract&re de

souvenir ue l"événement est traumatiue.

Sans les années de uerre, et plus précisément en 1918-1919, !

partir de l"étude des névroses traumatiues, 4reud déploie le point

de vue selon leuel l"anoisse ui deviendra en 19$(0 l"anoisse

sinal d"alarme-prot&e, le Ooi contre l"e?raction traumatiue.

 Avec le tournant des années 19$, 4reud a#andonne la conception

du traumatisme lié ! la séduction ou ! ses apr&s-coups. C"est le point

de vue économiue ui est désormais central le traumatisme est

ainsi 6 une e?raction étendue du pare-e%citation B. L"+il=osig>eit 

la détresse du nourrisson , est le paradime de l"anoisse par

$9

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

dé#ordement, lorsue le sinal d"anoisse ne permet pas au Ooi de

se protéer de l"e?raction uantitative, u"elle soit d"oriine interne

ou e%terne. Rn voit donc comment 4reud, s"a?ranchit, au cours du

développement de son Wuvre, de toute référence événementielle

dans la conception du traumatisme d"a#ord sc&ne réelle, il devient

ensuite constitué essentiellement par son apr&s-coup, ui est encore

un événement, pour n"'tre nalement caractérisé ue par sa

dimension de dé#ordement économiue. Sans les derni&res

éla#orations de cette uestion, 4reud comple%ie sa pensée

dans &nal#se sans 0n et anal#se avec 0n, 4reud a?irme le

poids du facteur uantitatif, de l"économiue, mais revient de fa/on

surprenante sur la uestion de l"événement dans 4onstruction dans

l’anal#se  il évoue notamment les morceau% de réalité déniés dans

la période d"une enfance reculée, et ui font retour dans les

smptDmes pschiues9 @

dans  L'+omme o*se et la religion monot+éiste,  4reud

apporte le point nal ! sa théorie du traumatisme. Ce sont, comme

l"a rappelé K. oTanosTi des 6 impressions éprouvées de la petite

enfance, puis ou#liées B ui n"acui&rent de caract&re traumatiue

u"! la suite d"un 6 facteur uantitatif B se 6 situant dans la période

de l"amnésie infantile B et pouvant se rattacher aussi #ien ! des

6 impressions de nature se%uelle et aressive B u"! des 6 atteintes

précoces du moi B #lessures narcissiues<. Le développement de la

névrose o#éit ainsi ! la série suivante 6 traumatisme précoce-

défense-latence-éruption de la maladie névrotiue-retour partiel du

refoulé B.

C"est essentiellement dans 4onusion de langues, ue 4erenci

développe sa conception du traumatisme, ainsi ue dans les écrits de

la m'me époue, et notamment dans le  5ournal clini%ue  le

traumatisme est le résultat d"une réponse 6 passionnelle B de

l"adulte au% sollicitations tendres de l"enfant. Cette réponse

passionnelle est déniée par l"adulte @ ce déni entraJne che l"enfant

3

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

un clivae du moi l"enfant se sent innocent de l"événement et en

m'me temps introHecte le sentiment de culpa#ilité de l"adulte @ de

plus l"enfant, an de conserver une imae su?isamment #onne de

l"adulte 6 préf&re B penser ue la sc&ne traumatiue est une pure

création fantasmatiue 6 ils préf&rent accepter ue leur esprit

mémoire< n"est pas dine de conance, plutDt ue de croire ue de

telles choses avec cette sorte?@  de personne peuvent réellement\

s"'tre passées autosacrice de l’intégritéA de son propre esprit pour

sauver les parents< B0. Rn voit #ien ici le retour de 4erenci ! la

Veurotica a#andonnée par 4reud 35 ans auparavant.

Ces di?érences fondamentales entre les deu% auteurs ont marué

l"histoire de la pschanalse en 4rance, de fa/on e%tr'mement

importante, et ce par rapport ! l"importante uestion du poids de la

réalité événementielle dans la cure analtiue. Ainsi, en 19), un

livre de 7. iderman$ ouvrit sur ce suHet un e%traordinaire dé#at

d"idées. Ce livre proposait en fait trois th&ses

lre th&se malré son renoncement ! la neurotica, 4reud est

resté, tout au lon de son Wuvre, hanté par 6 les sources du Vil B,

c"est-!-dire par la recherche de l"événement oriinaire, data#le,

refoulé, et ui rendrait compte des smptDmes du patient.

$0 th&se cet événement est ! Hamais inconnaissa#le, compte

tenu du refoulement oriinaire, et toute construction de sa propre

histoire est donc une construction m#t+i%ue.

30 th&se il est donc nécessaire, en analse, d’inventer  cette

oriine ! Hamais inconnaissa#le. 7elon iderman ! propos de L’+omme aux loups  6 c"est son analste et non pas ce ui, dans

son analse ressurira de son souvenir< ui $5 ans plus tard lui dira,

non pas ce ui s"est réellement passé, car il est hors de toute

possi#ilité épistémolo-iue, ! ce niveau de profondeur du

refoulement constitutif de l"inconscient, de faire la part entre le

fantasme et l"histoire, et cela n"a pas l"importance ue 4reud lui

accorde lors de la rédaction de sa premi&re o#servation. B

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

6 L"analste n"a pas reconstruit une sc&ne historiue, mais une sc&ne

hpothétiue, parfaitement cohérente, o^ les éléments historiues

constituent des points d"aimantation ui donnent une cohésion au%

fantasmes postérieurs, pour se Hoindre dans la structure imainaire

du fantasme oriinaire. B

Cette nécessité d'invention de l’origine,  iderman l"e%plicite

formellement ! partir de son commentaire de "n souvenir d’enance

de Léonard de 1inci. Sans son ouvrae, 4reud rapporte le souvenir

de Léonard 6 étant encore au #erceau, un vautour vint ! moi,

m"ouvrit la #ouche avec la ueue, et plusieurs fois me frappa avec la

ueue entre les l&vres. B A partir de ce souvenir 4reud se livre ! une

inénieuse analse, fondée sur des éléments mtholoiues il fait

appel ! une divinité adorée par les anciens 2ptiens, ! t'te de

 vautour, nommée Out. Se plus 4reud fait appel ! un autre élément

mtholoiue les :recs et les omains croaient ue l"esp&ce des

 vautours ne comportait ue des femelles, et ue c"était le vent ui en

assurait la fécondation.

S&s lors, et hardiment, 4reud lisse de Out !...  utter   la m&re

, et peut alors interpréter le fantasme de Léonard de inci 'tre le

ls d"une femelle sans mFle, d"une m&re vautour, et 'tre dans son

homose%ualité identié ! cette m&re. L"interprétation, dans son

imaination et sa créativité est éniale, mais il s"av&re en 19$3

u"elle repose sur une erreur de traduction le vautour est, dans le

te%te oriinal, un milan. oici le commentaire u"en fait iderman

6 Le point le plus fai#le de l"arumentation de 4reud, ce n"est pas

une erreur de traduction, mais d"avoir voulu fonder la construction

d"un fantasme sur des éléments de réalité...

6 4reud n"aura vu un vautour, ui était en réalité un milan, u"en

mettant son énie ! r'ver pour Léonard une vérité inconsciente

imainaire... B

6 Peu importe ce u"a vu Léonard r've ou souvenir< @ peu importe

ce u"a dit Léonard vautour ou milan< @ ce ui importe, c"est ue

3$

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

l"analste, sans égard pour la réalité0, aHuste et assem#le ces

matériau% pour construire un tout cohérent ui ne reproduit pas un

fantasme prée%istant dans l"inconscient du suHet, mais le fait e%ister

en le disant. B

La uatri&me th&se découle de cette appréciation, par iderman,

de la réalité puis%ue la réalité événementielle n"a pas d"importance,

puis%u’elle est inconnaissable, il aut l’inventer, comme 4reud avec

Léonard de inci. C"est ! partir de la lecture de  L’+omme aux loups,

ue iderman formule cette th&se

6 Gntre la sc&ne primitive, vécue ou fantasmée, conservée dans

l"inconscient, et le r've des loups il n" a aucun point commun sauf 

la parole de l"analste , et c"est #ien sur parole u"il faudra le

croire, sinon renoncer. B

Gt ceci encore 6 +ue l"histoire racontée au patient< ne soit pas

 vraie nous importe peu @ il su?it u"elle soit vrai<sem#la#le. B

 &insi les trois t+ses de 1iderman semblent s’articuler en une

sorte de logi%ue  à allure de s#llogisme  %ui pourrait s ’énoncer 

ainsi ; L"analste est hanté par la recherche de l"oriine @

Rr l"oriine est ! Hamais inaccessi#le @

Sonc il faut l"inventer @

Gt l"énoncer pour la faire e%ister.

Rn notera ! uel point nous sommes ici éloinés des th&ses

développées par 4reud dans 4onstruction en anal#se,  et ue He

rappelai plus haut la référence au% morceau% de réalité déniés,

mais aussi l"importance accordée, dans ce m'me te%te, ! la 6 vérité

historiue B. Il me sem#le d"ailleurs ue pr&s de $5 ans apr&s la

parution du livre de iderman, les dé#ats actuels sur l’+istoire et les

ris%ues de sa alsi0cation, o#lient l"analste ! repenser les rapports

con>ictuels u"il entretient avec elle. C"est d"ailleurs autour de cette

uestion u"un dé#at tr&s important s"était enaé au sein de la

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

7ociété pschanaltiue de Paris autour du livre de iderman. C"est

ainsi ue 4rancis Pasche11, écrivait 6 L"homme, au dé#ut de sa vie,

rencontre la réalité, il ne l"apporte pas ici ou l!, apr&s l"avoir

inventée, pour la trouver ensuite. Glle l"attire, l"a#reuve, le prive, le

terrorise, non seulement telle u"il la fait, mais telle u"elle est. B

Pour Pasche, d"ailleurs, la compulsion de répétition concerne non

seulement la pulsion, le désir, ou les fantasmes oriinaires @ elle

concerne aussi les premi&res impressions de l"enfance.

Il me sem#le en fait ue iderman, dans son ouvrae avait mal

apprécié les avancées décisives de l"historioraphie moderne, voire

u"il les avait inorées. Les historiens de l"école fran/aise des

 Annales, fondée par Oarc loch, ont montré u" 6 un personnae, un

événement, tel aspect du passé humain ne sont ]historiues ue

dans la mesure o^ l"historien les ualie comme tels, les Hueant

dines de mémoire parce u"ils lui apparaissent ! uelue titre

importants, actifs, féconds, intéressants, utiles ! connaJtre Bb. Ainsi,

l"histoire est ! la fois une restitution et une création Oarrou écrit

ainsi ue 6 L"histoire est le résultat de l"e?ort, au sens créateur, ue

fait l"historien pour unir le passé u"il inore au présent ui est le

sien B1$.

Rn peut voir ainsi, me sem#le-t-il, com#ien les conceptions de

l"historien et du pschanalste se rencontrent ici. Pour s"en

convaincre, il su?it de se rappeler les termes dans lesuels 4reud

traite de la uestion du délire dans 4onstruction en anal#se ;

6 Ce ui importe, c"est l"a?irmation ue la folie, non seulement

proc&de avec méthode..., mais u"elle contient un morceau de vérité

+istori%ue...  le travail analtiue< consisterait ! dé#arrasser le

morceau de vérité historiue de ses déformations et de ses appuis

sur la réalité actuelle et de le ramener au point du passé auuel il

appartient... Se m'me ue l"e?et de notre construction n"est dX

u"au fait u"elle nous rend un morceau perdu de l"histoire vécue, de

3*

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

m'me le délire doit sa force convaincante ! la part de vérité

historiue u"il met ! la place de la réalité repoussée B13.

 iderman, apr&s avoir évalué la Hustesse des critiues ui lui

avaient été adressées apr&s la parution de son livre en écrivit un

second,  Le céleste et le sublunaire1*, dans leuel il revint sur la

pro#lématiue de l"histoire, et ce en uoi elle pouvait intéresser le

pschanalste @ ! certains éards les théories contemporaines de

l"histoire avaient de uoi séduire iderman. Ainsi Croce15  avance

ue 6 les faits n"e%istent pas, c"est l"esprit ui pense et construit les

faits B, tandis ue Paul ene1( soutient u" 6 il n"e%iste pas d"o#Hets

naturels en histoire... L"o#Het historiue est ce u"on le fait 'tre et

peut 'tre redécoupé selon mille crit&res ui se valent tous B.

Kout ceci permet ! iderman de développer l"idée selon lauelle

6 c"est l"imaination ui va nous permettre de com#ler les manues,

emplir les vides, Heter les ponts, et faire d"une histoire discontinue un

récit cohérent et suivi, mais c"est l"esprit ui en fait la cohérence. La

révolution copernicienne en épistémoloie historiue, c"est ue

l"imaination est devenue le centre ui oranise la poussi&re des

faits, l"aimante et l"ordonne B.

 Ainsi, l"historien comme le pschanalste doivent faire le deuil

d"une illusion positiviste dans lauelle la construction serait une

simple restitution @ au contraire, tout indiue ue c"est par un acte

sub6ecti  ue peut se construire la représentation de ce u"a été le

passé. S&s lors une uestion fondamentale doit 'tre posée si la

construction historiue est ! ce point su#Hective, comment choisir les

faits de telle sorte ue ma construction, en temps u"analste, ne soit

pas simplement délirante U iderman par un retournement

spectaculaire, par rapport ! sa position antérieure 6 'tre sans

éard pour la réalité B essae, dans Le céleste et le sublunaire, de

répondre ! cette uestion @ voici ce u"il écrit

6 Il ne m"est pas possi#le d"opter ! mon ré, dans la

reconstruction de l"histoire de mon malade, pour un enchaJnement

35

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

d"événements plutDt ue pour un autre. Il faut ue la séduction par

tel ou tel aent historiue ait eu lieu en un moment historiuement

data#le et repéra#le, par la mémoire si possi#le, par la

reconstruction sinon. Il faut ue la ]castration ou la sc&ne primitive,

dans la mesure o^ nous les tenons pour des événements réels,

au%uels nous attri#uons des e?ets d"é#ranlement pschiue !

lonue portée, aient eu lieu, pour ue, retrouvés, reconstruits,

replacés e%actement ! la place o^ les mailles rompues de la mémoire

avaient été raccommodées avec des smptDmes su#stitués au%

souvenirs, l"ordre su#verti soit réta#li. B Gn somme 6 Le champ

historiue est indéterminé, aléatoire, et pourtant, tout en nous

appuant, nous sommes dans l"o#liation si nous voulons 'tre

e?icaces u"il ait une co=ncidence entre ce ue nous disons ue

l"histoire du patient a été et ce u"elle a été réellement. B Il ne

faudrait pas croire pour autant ue l"analse est une simple

reconstruction de l"histoire événementielle du patient, encore ue

cet aspect ait uelue importance le pschanalste a, en outre, ! se

préoccuper de comprendre comment, autour de l"événement,

 viennent se grefer  des fantasmes, des mécanismes de défense, des

smptDmes. A ce propos, ideman emploie une métaphore

e%tr'memen4 intéressante, celle de la perle, formée ! partir d"un

rain de sa#le. 7elon lui, le rain de sa#le, en pschanalse, c"est

l"événement ou sa trace , ! partir duuel, et autour duuel, les

fantasmes vont se développer, comme les concrétions perli&res le

font autour du rain de sa#le réel. Me suis asse d"accord avec ce

point de vue, mais c"est ! partir de lui ue les choses se

comple%ient sur le plan du travail et de l"épistémolo-ie

pschanaltiues. Gn e?et chacun sait ue, pour un rain de sa#le, le

6 devenir perle B est un destin pour le moins incertain il a,

dans le monde, plus de plaes ue de colliers au cou des femmes @ on

peut léitimement se demander si cette remarue n"est pas

éalement vala#le pour les événements ue l"'tre humain est amené

3(

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

! traverser au cours de son e%istence com#ien feront l"o#Het d"une

inscription, analoue ! l"introduction du rain de sa#le U Com#ien,

au contraire, seront roulés par les vaues de la vie, voire iront

s"inscrire che uelu"un d"autre U Gn tout cas il faut, du moins si

nous aimons les perles, admettre ue ce rain de sa#le de

l"événement ou de son souvenir n"est pas du tout insiniant, u"il

devienne perle et pour nous cela sinie sm#olisa#le , ou u"il

reste simple rain de sa#le et cela sinie pour nous non

sm#olisé, non-inscrit, ou perdu de toutes les fa/ons, ce rain de

sa#le de l"événement a pour l"analste un rDle capital @ il est ce ue

 H"appelle le Bo#au traumati%ue de tout processus pschiue1). 0

7i l"on admet ue cette métaphore de iderman a uelue

pertinence, un certain nom#re de conséuences doivent, en e?et, en

'tre tirées, et parmi celles-ci cette idée du noau traumatiue des

processus pschiues @ cette idée d"ailleurs, est celle e%primée par

4reud lorsu"il dit ue 6 l"o#Het naJt dans la haine B. Cela sinie

ue la constitution du premier o#Het interne ne peut se faire ue

parce ue l"o#Het réel est a#sent et donc frustrant @ inversement, et il

s"ait l! des th&ses de 4reud, ue Mean Laplanche a reprises dans ses

 Bouveaux ondements pour la ps#c+anal#se,  lorsu"une m&re

s"occupe 6 normalement B de son #é#é, elle adresse ! celui-ci des

messaes charés de sens se%uel dont il inore le sens. Il s"ait l! de

la séduction oriinaire, par lauelle le se%uel est, en somme,

6 implanté B dans le pschisme humain. L! encore, c"est #ien ! partir

du réel, puisue nous sommes dans le domaine du #esoin vital

élémentaire, ue cet implant, ce 6 corps pschiue étraner B, #ref,

ce traumatisme oriinaire, ui est icl 6 #on traumatisme va se

développer. Ces deu% formes de noau traumatiue du Ooi sont

placées sous le sine de l"e%c&s, du trop trop d"a#sence de l"o#Het @

! l"inverse trop de présence du m'me o#Het ont en fait la m'me

conséuence un agu% d"e%citation interne ue le suHet va lier ou

tenter de lier au moen de concrétions fantasmatiues, pour

3)

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

parler dansl&s Ytermes de la métaphore de iderman. C"est ! partir

de cette o#servation ue H"ai développé, il a uelues années l"idée

des loiues du traumatisme, autour de ce ue H"avais alors appelé

6 Le chaud et le froid B voir chapitre 1<. Me su&re, dans ce

chapitre, une métaphore pschophsioloiue ui rend compte

 ). Me reprends cette notion dans mon chapitre de conclusion.

de la comple%ité de situations traumatiues di?érentes puisue

la métaphore du pare-e%citation dont l"e?raction est caractéristiue

de la situation traumatiue est celle de la couche protectrice de la

 vésicule vivante, ou, comme l"a suéré S. Anieu, de la peau,

rappelons une e%périence élémentaire notre épiderme contient des

récepteurs périphériues ui discriminent les sensations de chaud et

de froid @ on sait ue si l"on #ande les eu% d"un suHet et u"on le

soumet en un point de la surface cutanée ! un chaud ou ! un froid

intense, celui-ci ne pourra ualier la nature de l"e%citation su#ie @

en d"autres termes et He reprends l! une métaphore

pschanaltiue le 6 trop d"e%citation B ou le 6 pas asse

d"e%citation B sont vécus de la m'me manief[jks Ke rrio==e de

l’excs cCexc*tatio6 KlK Ycepen dan t de soi ue ce ui, in 0ne  se

traduit de-f meme fa/on, est survenu dans des conte%tes historiues

radicalement di?érents @ c"est pouruoi il me sem#le tout ! fait

essentiel de reconstruire tr&s soineusement ce %ui c’est passé

+istori%uement pour nos patients, et %ue l’excs d'excitation a rendu

inintelligible et inintégrable par le oi, du moins Husu"! ce ue la

cure permette de l"éla#orer @ en ce sens He pense ue l"analste, en

reconstruisant de telles sc&nes fait Wuvre d"historien, en permettant

de ualier, ! partir des indices ui lui restent accessi#les, ce ui

sans cet acte de construction demeurerait incompréhensi#le.

7i l"une des formes principales du traumatisme pschiue est la

non-. . %uali0cation des vécus ps#c+i%ues internes, il e%iste ! cDté de

cette premi&re forme, une autre ure du traumatisme.

38

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

Pour introduire cette deu%i&me ure du traumatisme, il faut faire

un détour rapide par innicott dans Db6ets transitionnels et

p+énomnes transitionnels', innicott écrit ceci 6 Rn peut dire, !

propos de l"o#Het transitionnel, u"il a un accord entre nous et le

#é#é comme uoi nous ne poserons Hamais la uestion ]cette chose,

l"as-tu con/ue ou t"a-t-elle été présentée du dehors U L"important est

u"aucune prise de décision n"est attendue sur ce point. La uestion

elle-m'me n"a pas ! 'tre formulée. B Ce ue innicott dénit ainsi

pour un o#Het particulier l"o#Het transitionnel , He pense ue

nous, analstes, avons des enseinements ! en tirer en ce ui

concerne notre théorie de la éalité m'me si nous sommes touHours

en train d"attri#uer, ! ce ui nous est dit, un indice de réalité, m'me

si nous sommes touHours en train de distinuer fantasme et

événement, il me sem#le u"en m'me temps, nous considérons ue

la réalité évouée par le patient est de nature transitionnelle la

uestion de

la topi%ue de la réalité  évouée en analse ne se pose

ha#ituellement pas @ il va de soi u"elle est ! la limite de l"intérieur et

de l"e%térieur. Gntre l"Analste et son patient, il a un pacte tacite

selon leuel l"o#Het dont on parle est touHours un 6 entre-deu% B,

c"est-!-dire u"il est ! la fois

un o#Het réel, modié par les 6 opérateurs B du travail

pschiue ue sont introHection, proHection, mise en représentation

par le #iais des r'ves et des fantasmes @

un o#Het pschiue construit en étaae sur les

caractéristiues 6 réelles B de l"o#Het et de l"environnement1.

Votre rapport au réel est enti&rement construit ! partir de cette

dou#le caractéristiue de la réalité, ue He désinerai sous le terme

de 6 transi-tionnalité de la réalité , et %ui est au ond asseE proc+e

du caractre composite suggéré par la métap+ore des concrétions

perlires et du grain de sable de 1iderman. Il me sem#le u"une des

ures maHeure du traumatisme se constitue danrla

39

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

6 détransitionnalisatiorKde la réalité B par e%emple, lorsu"un suHet

se trouve confronté ! un événement ui vient redupliuer un

fantasme @ ainsi l"enfant confronté ! une séduction réelle,

réduplication, dans la realité du fantasme oriinaire de séduction @

ou #ien encore l"enfant ui voit, avec la disparition d"un proche, la

réalisation de certains fantasmes aressifs inconscients Sans ces

6 malheureuses rencontres B A. :reen<18, entre fantasmes et

événement, l"espace pschiue et l"espace e%terne communiuent de

telle sorte ue l"appareil pschiue ne peut plus remplir son rDle de

contenant du monde interne @ c"est ce ue H"ai appelé le cottapsus

delà Copi%ue interne. Sans de0te==&s circonstances, le suHet ne sait

plus uelle est la source de son e%citation, si elle est d"oriHHineHnterne

ou e%terne. =vidmmenK, c0est le propre e toute e%périence

traumatikKselon la dénition de 4reud 6 le traumatisme est une

e%périence d"a#sence de secours la fameuse +il=osig>eit) dans les

parties du Ooi devant l"e%citation, ue cette derni&re soit d"oriine

e%terne ou interne B. Lorsue surviennent ces situations de collapsus

topiue, le suHet n"a alors plus la possi#ilité de constituer uelue

chose d"e%tr'mement important sur le plan pschiue, ! savoir

6 l"épreuve de ralité- B ue 4reud dénit dans un te%te de 191)19,

et ce touHours en référence ! la détresse

6 L"oranisme en détresse a la capacité de se procurer, rFce !

ses perceptions, une premi&re orientation dans le monde en

di?érenciant ]! l"intérieur et ]! l"e%térieur selon la relation ! une

action musculaire. ;ne perception dont une action entraJne la

disparition est reconnue comme une perception e%térieure, comme

réalité @ l! o^ une telle action ne chane rien, la perception vient de

l"intérieur du corps propre, elle n"est pas réelle. Il est précieu% pour

l"individu de posséder un tel sine caractéristiue de la réalité, ui

en m'me temps sinie un recours contre elle. B

 Ainsi, ces situations de collapsus sont énératrices d"une perte du

sens de la réalité @ elles peuvent 'tre d"ailleurs, pour cette raison,

*

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

rapprochées de ce ue 4reud a admira#lement décrit autour des

phénom&nes d"6 inuiétante étraneté B.

Il écrit ue 6 d"apr&s ses< o#servations, il est indu#ita#le ue le

facteur de répétition du m'me..., ! certaines conditions, et com#iné

avec des circonstances précises est une des< sources du sentiment

d"inuiétante étraneté B.

Il met ce facteur de répétition en relation avec le 6 mod&le du

motif du dou#le B, et aHoute

6 Il s"ait... d"une réression ! des époues o^ le Ooi ne s"était

pas nettement déterminé par rapport au monde e%térieur et !

autrui B. Ces états de collapsus topiue sont ainsi, cliniuementrattacha#les au% phénom&nes de dépersonnalisation. Vous avons

a?aire, dans ces situations décrites par 4reud ! un collapsus topiue

normal, de courte durée, produit par la rencontre entre fantasme et

événement, mais dont l"e?et d"é#ranlement et #ien percepti#le @ ces

situations sont souvent vécues comme de #refs moments de

dépersonnalisation, ce ui souline #ien une des défenses les plus

e?icaces contre l"e?et dévastateur du collapsus topiue tenter deséparer[de cliver, l"une des facettes de la réalité #rus-uement

6 détransJfDnnFlisée B @ en3"autres termes, il s"ait de séparer, de

6 décolla#er B, l"événement et le fantasme 6 colla#és. B dans leur

rencontre. 7i l"on tient ce point de vue pour vrFK, nous devons donc

admettre ue le clivae peuK'tre, comme l"a proposé :érard ale1,

6 fonctionnel B, et se rencontrer ainsi dans des oranisations

pschiues ui ne sont pas structurellement clivées @ il s"ait alors

pour le suHet d"une tentative de econstituer Z"enveloppe de son

ps#c+isme, en se mettant 6 ! l"a#ri B de ce ue Ka réalité e%térieure

peut avoir de déstructurant. Votre capacité [dormip et ! r'ver,

notre capacit! desinvesH<le Oonde momentanément

l.F3G. n(, 1988.

au prot de notre Ooi, n"est pas sans rapport avec ces

phénom&nes. Certains patients et He ne parle pas uniuement ici

*1

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

de patients d"analse ui se présentent ! nous comme s"ils étaient

en retrait du monde, comme s"ils avaient désinvesti ce dernier, sont

en train, en réalité de tenter de reconstituer l"enveloppe de leur

pschisme e?ractée un collapsus [topiue @ c"est peut-'tre dé cette

4a/on kKYDrKpeutc#mpKen3Kr, 0 par e%emple, les descriptions

faites par ettelheim des comportements de retrait autistiue de

certains prisonniers des camps de concentration @ inversement

certains patients ui nous paraissent 'tre constamment prise B sur la

éalité, répondant touHours de fa/on adaptée, sont on fait en plein

collapsus topiue, et leur fonctionnement Hueatel alors réduit ! ce

ue les pscliusuiiidti;CKis ont appelé[Ka pensée opérat%66>'',  He

 veu% ainsi souliner ue la pensée  opératoire peursHCé+c$ntrer,

gomme le @ clivage, sans pré6uger d’organisations sructurales, en

 onction de circonstances événementielles plus ou moins

dramati%ues,\ et énératrices éventuelles de collapsus topiue.

Gnn, on peut essaer de comprendre ce ueKon désine

ha#ituellement sous le terme de traumatophilie en référence ! cette

cliniue du collapsus topiue  n6-épé*it:nn, Hour tenter de lier l"e%-

citation du premier traumatisme est en e?et un destin classiue des

situa-tions traumatiues @ cependant, l"appétence pour le

traumatisme me parait, dans certains cas, aller au-del! de cette

tentative de liaison @ He dirai ue la visée en est plus radicale il

s"ait pour le suHet, au moen d"un traumatisme, de tenter de

reconstituer l"enveloppe e?ractée ainsi, dans une situation

ha#ituelle, ui nous paraJt en m'me temps pschiuement

incroa#le, une réaction #anale est de dire ! l"interlocuteur 6 pince-

moi, He r've B @ He propose l"idée u"il s"ait l! d"un te%te manifeste,

paradimatiue d"une situation de collapsus topiue et dont le sens

latent est 6 pince-moi pour   ue He r've B @ il s"airait alors de

provouer une e%citation traumatiue de la #arri&re de contact

suscepti#le de mo#iliser les contre-investissements, de referme%Hiinsi

la #éance ui fait communiuer l"intérieur et l"e%térieur, et

dereconstituer, sous couvert de ce traumatisme demande I 1autre,

*$

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

une enveloppe ps#c+i%ue  la visée poursuivie par la rec+erc+e du

traumatisme serait amsL.Jxti6raumati%ue.  Ces uelues #r&ves

remarues ont pour #ut d"insister sur la valeur siniante, histori-

cisa#le, des formations traumatiues rencontrées che les patients,

et donc de la nécessité de les intérer dans la rencontre analtiue,

en les tissant avec l’+istoire du suHet.

Il me paraJt toutefois nécessaire de préciser davantae cette

uestion de l"historicisation @ certes, He pense l"avoir montré, la

plupart des historiens et la plupart des pschanalstes travaillent

avec un m'me présupposé épistémoloiue, ui est ue leurs

constructions construction d"un passé individuel pour les uns,

construction d"un passé collectif pour les autres sont des

représentations du Féel et non le Féel lui-m7me  @ les uns et les

autres travaillant ! partir d"indices @ mais ceu% sur lesuels travaille

l"historien sont le plus souvent des indices matériels ;  m'me si

l"indice en uestion est un te%te, m'me si celui-ci est apocrphe, cet

indice a une matérialité dont ne dispose pas le pschanalste le seul

te%te auuel il a a?aire est la parole du patient, et cela n"est pas sans

conséuences @ la conséuence la plus importante, c"est l"emprise de

l"idéoloie historiciste sur la pschanalse, celle-l! m'me ui animait

4reud lorsu"il recherchait, che L’+omme aux loups, les indices de la

réalité de la sc&ne primitive, en étant soucieu% de fonder la

scienticité de sa Heune science, et ui lui faisaient écrire 6 ou #ien

l"analse #asée sur sa névrose infantile n"est u"un tissus

d"a#surdités, ou #ien tout s"est passé e%actement comme He l"ai

décrit plus haut B @ c"est ! cette idéoloie historiciste u"échappe, me

sem#le-t-il, innicott, avec la transitionnalité de la réalité, mais c"est

aussi ce ! uoi échappent aussi, ! mon sens les analstes ui se sont

penchés sur la théorie de l"interprétation @ ainsi Christian Savid note

ue le travail de l"analse ne se propose 6 pas seulement de

déchi?rer les sédimentations déposées par la mémoire, de

recomposer l"ordonnance rompue des traces historiues... mais

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

d’interpréter, pour faire surir dans le proc&s de la cure et dans

l"espace ui le spécie, des vérités ui n"étaient nulle part ailleurs

avant u"elles ne fussent découvertes dans la situation analtiue

par le travail ui les constitue, et u"ainsi 6 l"oreille de l"analste

n"est pas un orane d"audition mais de transformation B.

Cette distinction faite par Christian Savid entre 6 audition B et

6 transformation B, pour évidente u"elle puisse paraJtre, s"oppose

cependant ! certaines théories analtiues selon lesuelles sont

présents d"em#lée, et dans le pschisme humain, et dans la cure,

pulsions, fantasmes, o#Hets, #ons ou mauvais, tous ceu%-ci se

manifestant alors de fa/on e%temporanée, uasiment réelle. Rr il est

intéressant de constater ue nous avons ainsi évoué trois

conceptions de la réalité pschiue

une réalité perdue, ou cachée, et construite ! partir d"indices

retrouvés, ou d"hpoth&ses nouvelles @

une réalité crééeZtrouvée @

une réalité présente d"em#lée, et ui se donne

immédiatement defa/on intellii#le.

Les deu% premi&res conceptions de la réalité pschiue recoupent

asse e%actement les conceptions de la réalité ue se forent les

scientiues auHourd"hui. La troisi&me conception, asse positiviste,

connaJt me sem#le-t-il, un reain de faveur de nos Hours @ il faut aussi

aHouter ue si cette derni&re conception réit nos rapports ordinaires

au réel, elle est #ien entendu du domaine de l"illusion, et u"en cesens, elle peut-'tre rattachée ! la seconde la réalité creéeZtrouvée<.

L"écoute analtiue fait appel, implicitement, ! ces di?érentes

conceptions de la réalité, ce ui permet de soutenir

u"ha#ituellement, la uestion de la topiue de la réalité ne se pose

pas ha#ituellement ! l"analste, sauf dans une opération

métacliniue ui est l"écoute de son tpe d"écoute0, o^ dans certains

**

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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire

moments d"6 inuiétante étraneté B dont les paes de cet ouvrae

apportent de nom#reu% e%emples.

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Chapitre 1. Le trauma : de la commémoration à

l’élaoration

6 4ace ! sa douleur pschiue, ! ses divisions internes, au%

traumatismes universels et personnels ue lui a apportés la vie,

l"homme est capa#le de créer une névrose, une pschose, un #ouclier

caractériel, une perversion se%uelle, des r'ves, des Wuvres d"art, et

des maladies pschosomatiues B @ c"est ainsi ue Moce Oe Souall

décrit les destins possi#les de cet 6 artiste de lui-m'me B0 u"est

l"'tre humain, lorsue la sou?rance sollicite ou dé#orde ses

capacités d"éla#oration. Les histoires de cas ui suivent envisaentuelues unes des modalités de ces destins.

istoire d"Ivan

Ivan a 1 ans lorsu"Anna, sa m&re, me demande de les recevoir

l"un et l"autre. +uelues semaines apr&s, He vois Anna. 7eule au

moment de lever Ivan, ce mercredi matin, pour venir ! leur rende-

 vous, elle s"est aper/ue ue son ls avait une forte &vre. 6 C"est une

anine B, a-t-elle pensé, et elle est venue me raconter son histoire

Ivan est le second de trois ar/ons. L"aJné a ( ans de plus ue lui,

le puJné 11 mois 1Z$ de moins. Oalré la pro%imité de ces deu%

enfants, Ivan a été, sem#le-t-il, tr&s investi par sa m&re 6 Se mes

trois enfants, poursuit-elle, H"ai touHours pensé u"Ivan serait le plus

facile, celui ui poserait le moins de pro#l&mes @ il était rieur, Houeur,

cFlin, dodu He le prenais touHours contre moi et l"em#rassais B.

*(

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

Comme Anna travaille, elle a, ! domicile, depuis la naissance d"Ivan,

une Heune femme ui s"occupe des enfants, et ui elle aussi

aime #eaucoup Ivan. Anna e%erce une profession ui lui permet de

#énécier des vacances scolaires, aussi, pour ces vacances de

printemps ui commencent Ivan a alors deu% ans et demi la

nourrice demande, comme ! l"accoutumée, si elle doit revenir tel

 Hour c"est-!-dire tel Hour apr&s les vacances.

6 Me lui ai répondu de fa/on am#iu, poursuit Anna @ H"ai dit ]/a

ne sera pas nécessaire, la Heune femme a entendu cela comme si

elle était conédiée et n"est Hamais revenue B. Anna n"a rien fait pour

la détromper. Glle n"avait sans doute pas envie u"elle revienne @ de

toutes fa/ons, la dame était fFchée. Fien de tout cela ne sera dit à

 van.

 Anna me raconte tout cela avec précision et retenue, compris les

crises d"épilepsie ui surviennent 18 mois plus tard pendant les

 vacances scolaires de Vol, et ui sont d"em#lée ravissimes on

hospitalise Ivan, on craint pour sa vie, on le sauve, enn. Ce sera

 Anna désormais ui s"occupera seule de lui. Gt depuis, chaue

année, ! l"approche des vacances de Vol, les crises aumentent en

fréuence et en intensité. Se ce départ de la dame et du dé#ut de la

maladie d"Ivan, H"aurai aucun autre récit. Se ces 18 mois ui

séparent les deu% périodes de vacances, He ne saurai u"une chose

l"été précédent, Ivan se #ainait avec ses fr&res et a tout d"un coup

disparu dans l"eau @ on l"en a sorti tout #leu.

L"enfant randit, tant #ien ue mal, va ! l"école, suit ! peu pr&s.

La scolarité est souvent interrompue par des hospitalisations pour

#ilans.

6 L"an dernier, poursuit Anna,  6uste avant une +ospitalisation, He

l"emm&ne ! la piscine, comme souvent. Il se #aine et sort de l"eau @

le temps de me retourner pour prendre sa serviette, il était au fond.

Il a fallu le réanimer B.

*)

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

Le temps de l"entretien se termine et He donne un rende-vous !

uinaine pour rencontrer Ivan ue H"ai, ! ce moment déH!, décidé de

prendre en pschothérapie, notamment parce ue le récit d"Anna

m"avait He reviendrai sur ce point #ouleversé de fa/on tr&s

particuli&re.

 5e ne verrai van %ue trois mois plus tard.  Krois mois pendant

lesuels il est resté ! l"hDpital entre la vie et la mort. oici ce ui

s"est passé le lendemain de cette rencontre, He re/ois un nouvel

appel d"Anna 6 Ce n"était pas une anine, mais le dé#ut d"une

réaction alleriue violente ! son traitement il a des #rXlures au

deu%i&me deré sur tout le corps et est dans le coma. Il était déH!

tr&s mal uand He suis revenue de che vous, He n"ai eu ue le temps

de le faire transporter ! l"hDpital B.

S&s le dé#ut de la pschothérapie, He vois Ivan deu% fois par

semaine. A la premi&re séparation des vacances de Vol, il me

demande de lui faire un dessin, ! emporter pour penser ! moi, et

pour ue He pense ! lui.

6 7inon, a-t-il dit, He vais me mettre ! trem#loter B. Ce dessindemandé m"a évoué ce u"un autre enfant me rappelait en récitant

 Le Getit Grince  6 Apprivoiser, c"est une chose trop ou#liée /a

sinie créer des liens B. Ces liens ui ont manué ! Ivan, ou ui ont

été #risés, nous avons donc patiemment essaé de les tisser

ensem#le.

 M"ai déH! dit avoir vécu le récit d"Anna de fa/on toute particuli&re

pendant u"elle parlait, He me suis laissé aller ! une réressiontopiue particuli&rement intense H"avais un agu% d"imaes, liées

au% mots u"elle emploait, mais sur un mode étrane et inuiétant @

 H"ai souvent repensé, pour décrire ce vécu, ! ce u"évoue pour moi

la peinture de althus un lieu, des personnaes ue le métier de

peintre permet de voir avec netteté, mais dans la toile, l"action est

suspendue un drame glacé, terrible, sans mot, ou en tout cas sans

afect. Comme suspendu, donc sans cesse renouvela#le, et Hamais

*8

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

achevé @ un monde au del! de l"anoisse le monde de l"e?roi. Oais il

m"a fallu lontemps pour mettre ces mots-l! sur les imaes induites

par les mots d"Anna, ui eu% n"évouaient rien du drame, alors u"ils

disaient clairement la cause du mal d"Ivan la perte de la dame et sa

répétition.

 Me pourrais dire, en uelue sorte, ue la précision du récit

d"Anna a provoué en moi une certaine sidération, dont He me dis, en

m"identiant ! Ivan, u"elle peut tout ! fait  0gurer   l"e?raction du

pare-e%citation u"il a pu vivre autrefois dans un traumatisme

précoce à deux-temps.  M"imaine, en e?et, ue les premi&res

représentations pschiues inconscientes d"Ivan ont été modelées de

fa/on tout ! fait particuli&re par la présence

et son corrolaire l"a#sence de ces deu% femmes, la m&re et la

nourrice, dans la constitution d"une imao maternelle dont la

proHection a été 6 #i-partitionnée B sur les deu% femmes.

C"est ce ue sem#le indiuer un Heu répétitif des premi&res

semaines de la pschothérapie

6 Vous nous occupons l"un et l"autre d"un #é#é prénommé Aline,pour ui nous préparons un repas @ mais ce repas est tantDt trop

chaud, tantDt trop froid, touHours insatisfaisant. Gt Aline n"est pas

contente, elle veut, dans sa col&re, prendre un couteau. Me dois alors

lui donner un #i#eron et elle se calme. Pendant ce temps, Ivan

prépare un nouveau repas mais se #rXle, se coupe, et menace Aline

de se mettre en pétard. Puis nous Houons avec deu% vaches en

plastiue. Ces deu% vaches ont les cornes coupées parce u"elles sedisputent pour savoir ui aura le veau B.

 Me pense ue dans cette séance, Ivan s"identie ! Aline, et devant

ces deu% m&res ui se disputent les soins ! lui donner soins

calmants le #i#eron< ou e%citants la nourriture trop chaude ou trop

froide< il se met en pétard et H"entends l! l"e%plosion de la crise,

avec la composante anale survenue dans l"apr&s-coup<.

*9

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

 Ainsi les e%citations corporelles intenses, au%uelles Anna a fait

allusion et survenues au cours de la premi&re année de la vie d"Ivan,

ont constitué une premi&re rupture du pare-e%citation ui l"ont

conduit ! l"éta#lissement d"une imae maternelle mena/ante contre

lauelle il s"est défendu par clivae, et proHection sur chacune des

deu% 6 m&res B des aspects 6 #ons B et 6 mauvais B.

Le départ de la nourrice a fait voler cette défense en éclats, et

comme rien n"a été ver#alisé de ce départ, Ivan n"a rien pu éla#orer

de la perte o#Hectale su#ie alors. 7"il s"est permis de donner un sens

! son smptDme, He dirai volontiers ue les a#sences survenues !

l"Fe de uatre ans constituent, étaées sur l"érotisme anal, comme

un éuivalent du Heu de la #o#ine dans leuel, en 6 s"a#sentant B et

en 6 revenant ! lui B il est lui-m7me la bobine, et par lesuelles il

tente de lier l"e%citation traumatiue.

 M"illustrerai cette hpoth&se en décrivant la fa/on dont

survenaient les crises c"est le p&re ui o#serve, comme 4reud avait

o#servé l"enfant ! la #o#ine<

6 Ivan est dans un coin, et suce son pouce, il parait r'ver, on nesait pas trop ! uoi, puis il 6 a son a#sence B. +uand il revient ! lui,

il s’est mordu le pouce B.

Gt le p&re aHoute, s"adressant ! moi 6 ous ave vu, il a une

rande #ouche, u"il déforme en su/ant son pouce B.

 Avidité, donc, et tout ! la fois retrouvailles et attaue de l"o#Het

perdu, et halluciné sans doute uand il paraJt r'ver.

 Me me demande, puisue H"ai comparé les crises d"Ivan au Heu de la#o#ine, s"il n" a pas une correspondance ! éta#lir entre le

mércisme du nourrisson et l"épilepsie d"Ivan$, le premier référant

! l"oranisation orale, la seconde étant fortement teintée d"analité,

ainsi ue l"indiue, ! mon sens, la séuence suivante

6 Sepuis uelues mois, Ivan me propose de Houer au loto, la r&le

du Heu est la suivante He dois commencer le Heu en inscrivant un

5

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

chi?re sur une feuille de papier, lui en inscrit un autre sur sa feuille

et ainsi de suite Husu"! si% chi?res. Puis on fait la somme des

chi?res et celui ui a le plus rand nom#re a ané. ien entendu, si

 He commence, Ivan peut aner tout ! loisir, en inscrivant un chi?re

plus élevé ue le mien. C"est ce u"il fait énéralement, ponctuant

ses victoires d"un 6 vachement sadiue, hein U B. Me lui montre u"il

peut aner - ou perdre uand il le choisit. Il arr'te alors le Heu et me

dessine une main dont le pouce est mordu B.

Gnn, dans la perspective d"un rapprochement entre l"épilepsie

d"Ivan et le mércisme, le passae ! l"acte u"elle représente

indiue, par rapport au Heu de la #o#ine, un déaut de s#mbolisation.

Sans cette hpoth&se, H"ai été amené ! penser ue le sndrome

alleriue présenté par Ivan le Hour o^ il devait me rencontrer pour

la premi&re fois est en continuité, dans la linée du désordre

pschosomatiue, avec l"épilepsie ce serait une reviviscence

mortire de la rupture du pare-e%citation dans le deu%i&me temps

du traumatisme. Gt puisue H"ai souvent été, dans le transfert,

6 l"autre femme B, H"ai souvent pensé, ! ce propos, ! la tuniue du

Centaure Vessos, ui #rXlait ! l"en faire mourir, la peau d"éraTl&s,

coupa#le d"avoir délaissé SéHanire, sa femme, pour aimer Iol&0.

LG CA;S GK LG 4RIS

ien, apparemment, ne devait conduire ose ! demander une

analse moderne amaone de 35 ans, elle présente au% eu% de tous

une réussite personnelle et professionnelle apparemment

e%ceptionnelle, du moins si l"on s"en tient au% crit&res du Kemps

#elle, intelliente, indépendante, de l"arent, des talents, un métier

prestiieu% elle est anesthésiste , ose est mariée depuis di% ans

mais n"a pas eu d"enfants 6 par choi% personnel B, a-t-elle précisé.

+uelue chose, cependant, la tracasse et depuis peu elle ne peut

s"emp'cher de vérier, et c"est pour elle, dit-elle encore en riant, un

 6eu d’enant, le pouvoir u"elle a de séduire, dans une consommation

inlassa#le, et pour tout dire to%icomaniaue, d"amants u"elle ne

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

arde Hamais lontemps @ le moment de la conu'te est tout

d"e%altation et de triomphe @ vient alors la dépression, le déoXt de

soi, la rupture. Puis une période de calme, d" 6 anest+ésie  des

sentiments B précise-t-elle en souriant, Husu"! ce ue 6 /a

recommence B.

Glle m"a encore parlé de ses parents 6 Oon p&re était un homme

#rillant mais lointain, tout ! ses a?aires @ lorsue He le voais, He

sentais #ien u"il ne me supportait pas, ue He le décevais, ue ma

féminité le contrariait @ il n"aimait ue mon fr&re @ maman était

e?acée, déprimée, mais avec elle, H"ai touHours pu parler, elle était ma

condente B. L"analse a mis en évidence dans les premi&res années

un fonctionnement mental tpiuement névrotiue, et ose se

présentait comme une patiente hstériue. Vous aurions pu 'tre l"un

et l"autre satisfaits de notre travail sentiment danereu%, parfois,

dans le métier ui est le nDtre , si un uelconue chanement était

intervenu dans la vie de ose @ certes elle avait éla#oré, dans leurs

comple%ités, sa pro#lématiue Wdipienne, ses théories se%uelles et

sa se%ualité infantile, ses imaos mais rien ne chaneait. Il avait

cependant, disait-elle, des choses dont elle avait +onte, mettant ainsi

l"accent sur une pro#lématiue narcissiue importante, ue

l"hperactivité se%uelle maruait et masuait. Il fallait donc attendre

u"elle pXt m"en parler... ;n Hour enn, un événement e%térieur l"

aida elle arriva ! sa séance, #ouleversée elle venait de voir le lm

de erman Konate d’automne, et ce u"elle avait per/u des rapports

entre cette m&re #rillante et distante et cette lle déprimée le

néatif donc, de ce u"elle présentait de sa m&re et d"elle-m'me

avait été l"occasion d"un ouraan d"a?ects de tristesse puis de

désespoir @ une phrase surtout, d"une des deu% héro=nes, lui revenait

sans cesse en mémoire 6 Oa m&re ne m"a Hamais touchée B @ elle

pronon/ait ces mots, puis, intermina#lement, pleurait. C"est alors

u"apr&s plusieurs séances sur ce reistre, ose, enn, parle de ce

ui est cause de sa honte, et u"elle ne pouvait me dire lorsu"elle

5$

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

faisait son internat, il a uelues années, elle avait été tr&s émue

par une Heune malade de son Fe, uadripléiue ! la suite d"un

accident de moto, et dont, dit-elle, 6 on devinait la détresse

immense B @ elle s"était #eaucoup occupée d"elle, et ce Husue dans

des soins de toilette uotidiens dont son statut professionnel

pourtant la dispensait @ elle avait ressenti, ce faisant précise-t-elle,

un 6 trou#le se%uel B et ! la suite, un vif sentiment de honte.

La vision du lm de erman, le 6 Oa m&re ne m"a Hamais

touchée B et la sc&ne de l"hDpital, ui est évidemment traumatiue

le 6 trou#le se%uel B, la honte, le silence fait sur cette sc&ne< nous

ont permis une construction ! deu% d"une autre scne inantile, dans

lauelle la m&re, déprimée et pho#iue, réduisait au minimum les

soins corporels, et notamment la toilette des oranes énitau% la

 Heune uadripléiue, c"était ose elle-m'me #é#é, en pleine

détresse interne. Rn voit donc comment, par le Heu de la coexcitation

li#idinale$1, le smptDme s"était construit

?er temps  Kraumatisme précoce lié a la carence de soins

maternels provouant ! la fois e%citation interne et #lessure

narcissiue.

 e temps  Kraumatisme tardif o^ la sc&ne premi&re est reHouée

dans un mécanisme d"identication ! la malade dont elle s"occupe,

avec la prise en compte de la coe%citation, le 6 trou#le se%uel B étant

l"apr&s-coup de l"e%citation interne provouée par la carence de

soins.

Oarie, elle aussi, collectionne les hommes. Glle a vint ans et estdésespérée issue d"un milieu tr&s aisé, elle a passé son

#accalauréat, apr&s de #onnes études, mais depuis, rien ne va elle

échoue ! tous ses e%amens et concours, alors ue sa sWur aJnée,

dont elle dit u"elle était moins #rillante u"elle au départ, réussit

maintenant tout ce u"elle entreprend. Assise en face de moi, Oarie

paraJt triste, terne, ha#illée sans recherche, néliée m'me.

Pourtant, elle s"est décrite comme #rillante, a mis en avant son

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

pouvoir de séduction. Avec Oarie, il n" a pas de secret, comme avec

ose le 6 #rillant au départ B, c"est pour elle un sentiment précoce

de triomphe elle a eu, ! l"Fe de ( ans, une relation amoureuse

suivie et poussée avec le fr&re de sa m&re, et au cours de lauelle

elle a pu mesurer l"empire et l"emprise u"elle a e%ercés sur cet

oncle et sur les adultes en énéral, puisu"on l"a laissé faire. Glle a

pu, Husu"! la pu#erté, transférer la situation d"emprise triomphale

sur d"autres domaines, notamment le savoir, mais la remise enHeu,

apr&s une latence, imparfaite, des con>its infantiles et des avatars

d"identications dont on devine le caract&re pro#lématiue, l"ont

précipitée dans un vécu dépressif rave, ui lui a fait demander une

analse. Me n"entrerai pas dans les détails de cette analse, si ce n"est

pour mentionner deu% choses ui me paraissent capitales

Oarie ne sait pas  u"elle a vécu le premier temps

traumatiue la relation avec l"oncle en partie comme un

triomphe, une réussite phalliue a#solue. ien au contraire, elle

présente ce premier temps comme étant la cause de sa dépression

actuelle, ce ui ne peut 'tre considéré ue comme partiellement

 vrai.

Glle ne sait pas davantae ue sa dépression actuelle est liée

en partie ! l"impossi#le deuil de ce triomphe premier, ui lui fait dire

en uelue sorte 6 Me ne veu% pas d"autre réussite ue celle-l!. B

C"est ce reistre-l! ui est mo#ilisé, lorsu"elle collectionne les

hommes. Gn somme, la dépression de Oarie est une dépression

mania%ue et il lui faudra des années pour le découvrir.

L"éuili#re insta#le de l"oranisation pschiue de Oarie se rompt

apr&s le #accalauréat, e%amen dont, on peut le rappeler, l"une des

dénominations en allemand est FeiprMung  l"e%amen de maturité,

pour

Oarie, l"apr&s-coup pu#ertaire ne peut prendre sens de maturité,

puisue le caract&re particulier de la se%ualité infantile Dte, dans

l"avant-coup, tout sens ! l"apr&s-coup de la se%ualité postpu#ertaire.

5*

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

Rn comprend #ien, d&s lors pouruoi Oarie, comme ose, est

dans la recherche et la réalisation compulsive de succ&s

érotiues masculins elle rép&te et vérie l"illusion de son pouvoir

phalliue oriinel dans la séduction, faute de pouvoir étaer sa

se%ualité adulte sur une sexualité inantile aut+enti%ue en attente de

devenir et de sens Ndipiens.

ose, Oarie ont été en analse avec moi pendant la m'me

période, et H"ai eu souvent ! ré>échir ! leurs histoires sinuli&res,

autour de deu% points

 Le traumatisme et l ’aprs-coup

a)  Pour l"une et l"autre, la notion de traumatisme précoce  etpour reprendre la terminoloie de M. ereret 6 désoranisateur Bb

me paraJt devoir 'tre retenue comme centrale pour ose le

traumatisme intervient par déaut d"e%citation e%terne et est vécu de

fa/on interne sur le mode de l'excs d"e%citation, tandis ue pour

Oarie l"e%c&s d"e%citation e%terne conduit ! la dépression actuelle

 vécue su#Hectivement sur le mode du manue d"e%citation interne.

b)  L"apr&s-coup est donc vécu, par l"une et par l"autre, de fa/onparticuli&rement paradoxale 

pour ose, le manue d"e%citation oriinaire est vécu comme

un e%c&s, du fait de la coe%citation et conduit secondairement ! des

airs dans lesuels l"e%c&s d"e%citation est suivi d"un mouvement

dépressif intense vécu comme secondaire, alors u"il est premier @

pour Oarie, l"e%c&s d"e%citation oriinaire et le vécu de

triomphe maniaue ui s"en est suivi ont été secondairement aumoment de la 6 maturité B< interprétés comme un manue manue

de latence, de se%ualité infantile, authentiue, c"est-!-dire en attente

de réa?ectation de sens<.

Il a eu, pour l"une et pour l"autre patientes, un temps

traumatiue premier o^ le non-respect de leurs besoins en tant %u

’enant  a été cause d"une #lessure narcissiue importante, et un

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

apr&s-coup dans leuel le premier temps a été réinterprété, du fait

des activités de liaison comme un temps de plaisir li#idinal, et

assimilé par le Ooi. Il a enn un troisi&me temps pro#a#lement

postpu#ertaire dans leuel le premier et le deu%i&me temps ne sont

plus distinués l"un de l"autre c"est l"éclosion du traumatisme

paradoxal dans leuel la situation traumatiue est vécue à la ois sur 

le registre de la blessure narcissi%ue et de l’excitation libidinale @ ce

traumatisme parado%al conduit le patient, le plus souvent dans le

m7me temps, et parfois m'me au cours d"une m'me séance, ! un

dou#le mouvement, dépressif et maniaue, di?érent dans ses

manifestations et dans sa en&se de la défense maniaue des auteurs

Tleiniens.

 Le traitement

Pour l"une et l"autre patientes, la cure a nécessité l"éla#oration

lente et prudente de la dialecti%ue du sexuel et du non-sexuel,  du

point de vue de leur histoire personnelle il s"est ai de réa?ecter !

chacune de ces deu% dimensions ce ui lui revenait en propre. ;n tel

énoncé impliue une conception de la prise en compte dans le

maniement de la tec+ni%ue, de ce ui est de l"ordre du 6 se%uel B et

du 6 non-se%uel B. Me me propose maintenant de revenir en détail sur

ces deu% a%es de ré>e%ion traumatisme et apr&s-coup @ traitement<.

Le traumatisme et l"apr&s-coup

;ne clarication s"impose avant tout autour de la notion de

traumatisme actuellement, en pschanalse, deu% lines de

références peuvent 'tre déaées l"une dénie par 4reud dans &u-delà du principe de plaisir, selon lauelle le traumatisme est 6 une

e%périence d"a#sence de secours dans les parties du Ooi ui doivent

faire face ! une accumulation d"e%citations, u"elle soit d"oriine

externe ou interne... B L"autre, acceptée par de nom#reu% auteurs, et

actuellement tr&s en voue, est issue des conceptions de 4erenci,

telles u"elles apparaissent, par e%emple dans cette note du *

novem#re 193$ déH! citée$$  ui met l"accent sur la réalité du

5(

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

traumatisme plutDt ue d"admettre la défaillance réelle de

l"environnement, le suHet, pour préserver, sauver l"imae de parents,

6 idéalement #ons B, interpr&te le traumatisme réel comme une

création de son pschisme, et disualie ainsi la réalité de ses

perceptions, et donc son pschisme. Rn voit ! uel point la line de

tension e%istant entre  La Beurotica O  et  &u-delà du principe de

plaisir  est ici encore vivace et féconde il faut aHouter ue la notion

de 6 névrose traumatiue B entretient l"am#iu=té autour de la

uestion de la réalité du traumatisme ainsi ue l"ont remarué

Laplanche et Pontalis dans leur 1ocabulaire de la ps#c+anal#se.

Par rapport ! cette uestion, une position non e%clusive me paraJt

pouvoir 'tre adoptée il me sem#le ue la dichotomie entre

l"événement traumatiue 6 réel B enfance particuli&rement

6 maruée par des événements B tels ue déc&s d"un des parents,

séduction par un adulte, etc.< et l"événement traumatiue

strictement déni d"un point de vue économiue ne tient pas, du

point de vue de la théorie pschanaltiue et de la théorie de la

pratiue. Kout événement réel, uel u"il soit, est cause d"une

e%citation pschiue ui, du fait de la coe%citation, est vécue sur le

mode li#idinal, ! condition ue cet événement #ouleverse de fa/on

su?isamment importante l"homéostasie de l"appareil pschiue. Cela

est #ien sXr évident pour ma seconde patiente, Oarie, mais cette

constatation me paraJt plus intéressante en ce ui concerne ose

pour elle, [événement traumatiue est un non-événement, un

%uel%ue c+ose %ui ne se produit pas, du fait de la pho#ie maternelle

une e%citation 6 insu?isante 6 Y==Ka surface cutanée. Gn d"autres

termes le pas asse de stimulation réelle< est cause du trop

die%citation pschiue.

Su point de vue de la théorie de la pratiue, H"ai essaé, dans

l"introduction de cet ouvrae d"apporter une contri#ution au dé#at

ui s"était enaé autour du livre de 7. iderman La construction de

l’espace anal#ti%ue autour du pro#l&me de l"historicité H"ai suéré

5)

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

ue nous avons souvent en tant ue pschanalstes, confondu ce ui

est du reistre de l"événement réel, passé, et ce ui est de l"ordre de

l"histoire @ l"histoire n"est pas un en-soi, mais le résultat d"un travail

de liaison entre d"une part des événements passés, tels ue

l"historien peut les saisir a partir d"indices u"il peut assem#ler !

l"aide de di?érentes méthodes par e%emple l"archéoloie, la

siilloraphie ou la diplomatiue<, et d"autre part le présent ui est

le sien. 7i l"on admet cette conception de l"histoire uant ! ce ui est

reconstruit en analse, il n"est plus possi#le d"opposer une

construction 6 mthiue B, et une construction 6 réelle B historiue.

ien au contraire, He pense ue si l"activité de l"historien est une

activité de liaison et d"éla#oration de représentations sur ce ui s"est

autrefois passé, alors nous faisons un travail d"historien, et nos

patients avec nous.

Cela étant posé, il me parait intéressant de ré>échir ! nouveau

sur les pro#lématiues di?érentes de ose et de Oarie on a vu ue,

pour l"une, un manue d"apport de simulations venant de l"e%térieur

avait été cause d"un agu% d"e%citation interne non liée, tandis ue

pour l"autre, l"e%c&s d"e%citation avait, pour la part assimilable pour 

le oi,  conduit ! un vécu de triomphe narcissiue, mais aussi

li#idinal, tandis ue pour la part non assimilable par le oi, il avait

provoué une #lessure narcissiue considéra#le. Ainsi, puisue la

métaphore du pare-e%citation dont l"e?raction est caractéristiue de

la situation traumatiue est celle de la couche protectrice de la

 vésicule vivante, ou mieu%, comme l"a suéré S. Anieu, de la peau,

il me sem#le u"une métaphore complémentaire pourrait nous aider

! mieu% comprendre ce u"il en est de ces di?érents traumatismes,

et comment les érer du point de vue de la cure. Vous avons ! la

surface de la peau des récepteurs périphériues ui nous permettent

de discriminer le chaud corpuscules de Oeisner< et le froid

corpuscules de rause< @ une e%périence élémentaire de

pschophsioloie nous enseine u"un suHet soumis, les  #eux

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

bandés, en un point de la surface cutanée, ! un chaud ou ! un froid

intenses, ne peut discriminer l"un et l"autre @ le suHet traumatisé me

paraJt e%actement dans cette situation en l"a#sence de

représentation ui lui permette de lier  l"e%citation interne produite

par la situation traumatiue, celle-ci n"est pas %uali0ée, uelle u"en

soit la source e%terne carence ou sur-stimulation< et est vécue

su#Hectivement dans l’aprs-coup sur le reistre du trop d"e%citation.

Sans les termes de cette métaphore, un traumatisme 6 froid B, tel

celui vécu par ose, est décrit par la patiente comme 6 chaud B pour

la part de l"e%citatipr[assimila#le par le Ooi du fait des activités de

liaison, et comme < 0froid 6Zdu fait de la #lessure narcissiue

constituée par l"inadéuation ae\ia0réponse maternelle ! ses #esoins

d"enfant, tandis u"un traumatisme 6 chaud B, tel celui vécu par

Oarie et ualié de la m7me aPon par la patiente chaud et froid.

Gn somme

le premier temps du traumatisme est pour l"une et l"autre

patientes

caractérisé par le non-respect de leurs #esoins en tant u"enfantset cause l"atteinte narcissiue c"est le no#au roid du traumatisme

non assimilé par le Ooi @

le deuxime temps est un temps de se%ualisation du premier

temps traumatiue, et c"est fait di?éremment pour chacune des deu%

patientes. La m&re de ose, en évitant le contact avec les oranes

énitau% de sa lle, les lui a désignés ps#c+i%uement comme Eone

érogne, et comme support d"un con>it interne de tpe e%iencespulsionnelles Z interdit surmo=ue<, tandis ue dans la relation

incestueuse avec son oncle, Oarie a pu aussi vivre uelue chose de

l"ordre d"un investissement o#Hectai, mais il s"ait dans les deu% cas

d"une se%ualisation ratée de la pulsion. Ce deu%i&me temps constitue

no#au c+aud du traumatisme @

le troisime temps. ui me sem#le intervenir apr&s la pu#erté,

constitue le tfaumatisme paradoxal constitué de ces deux no#auxsans

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

u"il soit alors possi#le de les distinuer l"un de l"autre le 6 séduc-

tion-Heu d"enfant B et 6 l"anesthésie des sentiments B de ose en est

un e%emple asse éclairant<.

Gn fait, en reprenant, dans la perspective de ce travail, divers

écrits et e%posés cliniues ue H"avais entrepris ces derni&res années

! propos de patients 6 traumatisés B, He me suis aper/u ue le

mod&le du traumatisme ! trois temps, avec deu% premiers temps

précoces, s"était imposé ! moi pour chacun de ces cas. Ces deu%

temps précoces, ! propos desuels H"ai évoué le non-respect des

besoins du patient pour le premier, et la se%ualisation de ce premier

temps pour le second me paraissent présenter une homoloie

structurale avec ce ue nous savons de l"étaae de la pulsion

se%uelle. ien ue He ne puisse actuellement soutenir une

démonstration serrée de ce point de vue, H"avancerai l"idée ue ces

mouvements dans lesuels inlassa#lement, et de fa/on répétitive,

certains patients tentent de transformer du traumati%ue (du non-

sexuel) en %uel%ue c+ose de sexuel,  témoine d"un échec primaire

des processus d"étaae des pulsions se%uelles sur les pulsions

d"autoconservation, et notamment d"une faillite du 6 dou#le-

retournement B pulsionnel. Sans cette perspective ce serait la mise

en échec, dans la situation traumatiue, de la pulsion d"emprise, ui

interdirait la mise en route du processus d"étaae normal. Peut-'tre

pourrait-on d"ailleurs avancer ue l"essence m'me du traumatiue

c"est la mise en échec de l"emprise$*. Ce point de vue me paraJt en

tout cas devoir 'tre repris et appliué ! un certain nom#re de

situations pschopatholoiues il m"apparaJt ainsi ue les

6 #ricolaes B des scénarios pervers retracent dans leur diversité cet

essai de transformation de 6 non se%uel B en 6 se%uel B, en une sorte

de simulacre d'éta#age de la pulsion sexuelle che des suHets aant

 vécu des e%périences traumatiues relativement précoces.

Rn pourrait m"o#Hecter ue l"étaae est, d"un point de vue

énétiue, situé relativement tDt dans le développement de l"'tre

(

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

humain @ cela ne me paraJt ue partiellement vrai. 7i 4reud prend

pour mod&le de l"étaae l"e%emple de la faim et la constitution de

l"auto-érotisme oral, il n"en demeure pas moins vrai ue d"autres

pulsions vont venir s"étaer sur des #esoins d"autoconservation plus

tardifs. S"autre part, le développement par 4reud de la notion de

c+oix d’ob6et par éta#age indiue ! mon sens ue l"idée de rapport

d"étaae entre les pulsions d"auto-conservation précoces et des

mises en Heu pulsionnelles plus tardives n"est pas étran&re ! la

pensée de 4reud. Gnn, il me sem#le ue la cliniue permet de

constater ue les étaaes pulsionnels sont dnamiues et

suscepti#les de désétaaes ou de réétaaes au cours de l"e%istence

d"un suHet et des avatars de ses choi% ou relation d"o#Hets @ cela est

notamment tr&s percepti#le ! l"adolescence et peut se rencontrer

aussi ultérieurement.

Su point de vue du traitement, il me sem#le ue la métaphore

pschophsioloiue ue H"ai emploée nous indiue uelues voies

techniues ue He voudrais maintenant esuisser

La non-ualication du traumatisme par le suHet traumatisé rend

nécessaire dans le travail analtiue une ualication de ce ui s"est

autrefois passé @ ce point de vue au fond es=" asse0pr#che de ce ue

4reud a écrit dans 4onstruction dans l’anal#se 193)<1 6 Ce travail

consisterait ! dé#arrasser le morceau de vérité historiue de ses

déformations et de ses appuis sur la réalité actuelle et ! le ramener

au point du passé auuel il appartient B.

 l s’agirait donc d’efectuer unQtravail de construction du

traumatisme, de aPon à permettre son < +istorictKation par le

patient.  Oais compte tenu de l"aspect +étérogne  du noau

traumatiue, des di?icultés -techniues importantes se posent !

l"analste ! méconnaJtre le no#au roid du traumatisme, l"analste

peut 'tre entraJné ! priviléier la dimension li#idinale mise en avant

par le patient, et ! précipiter ainsi la création d"une pseudo-+#stérie

dont la sta#ilité serait d"ailleurs #ien pro#lématiue$5. Se fa/on

(1

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

smétriue, il me sem#le ue la centration, par l"analste, de son

travail sur le noau froid du traumatisme, donc sur ce ui n"a pas pu

faire l"o#Het de la moindre liaison par le Ooi, ne peut u"accroJtre le

 vécu d" Ril=ogis>eit du patient.

a enn une troisi&me di?iculté. M"ai personnellement constaté

u"un des 6 rocs B de l"analse de patients traumatisés résidait en

ceci ! supposer u"évitant l"écueil ue constitue l"analse hFtive du

6 se%uel B et prenant en compte le non-se%uel, l"analste puisse

patiemment réa?ecter ! chacune des deu% dimensions ce ui la

concerne$(, permettant ainsi ! son patient de %uali0er   le noau

6 chaud B et le noau 6 froid B de la situation traumatiue, une

di?iculté nouvelle se fait alors Hour. Le patient met en avant l"aspect

traumatiue 6 chaud B d&s ue l"analste intervient sur l"aspect

6 froid B et met au premier plan l"aspect 6 froid B, d&s lors ue

l"analste souline la dimension 6 chaude B du traumatisme.

 Avec Oarie, apr&s un lon temps d"analse, nous avions pu

convenir u"elle avait vécu dans la situation incestueuse une

e%citation et un plaisir intenses, et une #lessure narcissiue

éalement intense tant ses #esoins de petite lle n"avaient pas été

respectés le noau froid<. 7ans entrer dans le détail des moments et

des mouvements de cette éla#oration, He dirai ue lorsu"elle put

'tre enn compl&te et reprise en une construction, un mouvement

transférentiel se t Hour uelues semaines plus tard, dans leuel

 H"étais tantDt l"analste attentif ! ses #esoins, certainement tr&s

compétent, respectueu% de ses patients, etc., u"elle aimait

#eaucoup, pour leuel elle ferait de la pu#licité, tantDt l"analste

e%citant et ui cherchait ! la séduire. ;n tel mouvement

transférentiel évidemment surdéterminé, était notamment mo#ilisé

par uelue chose de l"ordre d"un clivae imao=ue. Se plus dans

cette situation, H"étais frappé par l"e%tr'me la#ilité de ces deu%

positions transférentielles elles se succédaient, sans ue la patiente

s"en aper/Xt, d"une séance ! l"autre et sans u"il me fXt possi#le de

($

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

les lier, Husu"! ce ue He remarue enn ue H"étais l"analste

compétent et respectueu% de ses #esoins alors m'me ue mes

interventions portaient sur des aspects li#idinau% et o#Hectau%,

tandis ue H"étais séducteur alors m'me ue He savais mon attention

mo#ilisée par sa pro#lématiue narcissiue. Il est #ien entendu

possi#le ue cet aspect du transfert réponde ! une position contre-

trans-férentielle ui l"aurait précédée ou ! une erreur techniue @

mais cela n"e%pliuerait pas la succession e%tr'mement rapide des

deu% positions ue H"avais laissées se dérouler dans une e%pectative

prudente, en attente de compréhension. ;n Hour enn, He risuai

cette intervention 6 ous me dites maintenant ue He suis un #on

analste, m"occupant #ien de vous, alors u"hier H"étais, disie-vous,

un a?reu% analste ne pensant u"! vous séduire @ au fond, uand

 vous pense ! moi comme ! un #on analste, l"aspect mauvais

analste n’existe plus pour vous, et de la m'me fa/on uand vous

pense ! moi comme ! un mauvais analste, le bon anal#ste n’existe

plus pour vous S l’un et l’autre ne peuvent exister en m7me temps.

Cette intervention se révéla plus tard mutative. Centrée sur le

clivae de l"imao, elle put 'tre reprise par rapport ! l"oncle et au

p&re , mais aussi et surtout par rapport ! l"événement traumatiue

! l"aide d"une nouvelle construction, et l"analse prit alors un tour

nouveau.

Kelle me paraJt 'tre en e?et dans ces cas de patients traumatisés

une des ressources de l"analste ue de reconstruire patiemment le

6 noau chaud B et le 6 noau froid B de la situation traumatiue

avec de tels patients, nous sommes touHours sur la line de cr'te des

clivaes de l"imao, de l"o#Het, du Ooi<, et c"est ce en uoi nous

sommes fondés ! parler du traumatisme comme étant, dans son

essence, paradoxal @ énoncer le parado%e, interpréter le clivae,

ualier les vécus su#Hectifs du traumatisme, me paraissent 'tre des

lines directrices de la techniue analtiue dans les situations

cliniues ue H"ai évouées.

(3

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

istoire d"Glvire

Lorsu"elle vient demander une analse, Glvire rép&te les

ruptures ruptures de ses études, malré des capacités

indiscuta#les, ruptures sentimentales, ruptures internes du

fonctionnement mental dans de lons passaes dépressifs. Kr&s vite,

dans le décours de sa cure, He remarue l"usae tr&s particulier

u"elle fait du cadre les séances sont occupées par de lons

préam#ules o^ elle parle d"éléments perceptifs concernant la pi&ce

o^ elle se trouve, les variations de l"ordonnancement de ma ta#le de

travail, les #ruits u"elle entend. Puis, sans transition, un r've,

u"elle analse toute seule, le plus souvent avec pertinence, et dont

le sens se%uel est touHours évident. Glle vit d"ailleurs, dans cette

période de l"analse, mais He ne l"apprendrai ue #ien plus tard, le

cadre matériel de celle-ci comme ! ce point intouc+able, u"elle doit,

uels u"en soient les inconvénients, repasser che elle avant de

 venir, pour poser tout o#Het un peu trop personnel livres, écrits,

courses u"elle vient de faire. Glle ne sait pas  6ouer, en somme, !

l"analse. M"o#serve, #ien entendu, pendant cette période uelues

éléments #ioraphiues ou transférentiels importants sa m&re, ui

autrefois intervenait intrusivement pour la dé#arrasser de ses

constipations, le r've o^ son analste une femme la menace

d"un sérum de vérité. Kout ceci m"am&ne ! penser ! un traumatisme

dont 6e n 'ai pas alors de représentation précise,  si ce n"est autour de

la pensée u"Glvire est 6 intoucha#le B. ;n Hour, alors ue la pensée

ue He devrais lui apprendre ! Houer revient de fa/on insistante,

Glvire arrive ! la séance et me dit 6 en entrant, H"ai remarué ue

 vous avie chané de lunettes et ue les lames du store de la fen'tre

n"avaient pas leur orientation ha#ituelle.

moi pour les lunettes, c"est vrai,

elle ce ui veut dire ue c"est fau% pour le store U

moi sur le ton de l"évidence< voil! E B

(*

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

Glvire, sidérée, puis en col&re me fait remaruer, et elle a en un

sens raison, ue 6 ce n"est pas de l"analse B. Puis elle apporte, en

pleine confusion, un matériel essentiel 6 le mot anlais Vihtmare

cauchemar - Viht mare la m&re de la nuit, la reine de la nuit B. ;n

autre opéra de Ooart, Oithridate, ce ui lui évoue la

désensibilisation aux pi%9res d’insectes  ui se fait doucement et

prudemment. Puis, enn les cauchemars ue sa m&re lui racontait,

lorsu"elle était enfant, et o^ elle apparaissait br9lée vive.

Cette séance permettra ultérieurement un travail de uration de

multiples traumatismes et de leurs apr&s-coup. 7i H"ai évoué,

#ri&vement, Glvire, c"est pour distinuer, dans la cliniue des

patients 6 traumatisés B d"une part la représentation par   le

traumatisme, et d"autre part, la représentation du traumatisme.

 La représentation par le traumatisme appartient, le plus souvent,

! l"analste lorsu"un patient manie dans sa cure un matériel dans

leuel des métaphores économiues ou perceptives, ou des indices

perceptifs dominent, nous sommes en e?et amenés ! penser, et

souvent dans l"apr&s-coup d"un air ver#al repéra#le pour nous

comme inha#ituel, donc comme contre-transférentiel, un point

d"e?raction traumatiue autour duuel les contre-investissements du

patients se sont mo#ilisés.

 La représentation du traumatisme est le second temps du travail

analtiue dans leuel la fa/on m'me dont les indices perceptifs sont

convoués par le patient, indiue uelles représentations sont

contre-investies ainsi, pour ma patiente, la représentation du cadre

intani#le, décrit par elle comme une chFsse immua#le, contre-

investissait un ensem#le de représentations se%uelles aant trait !

une pénétration anale aressive et destructrice, u"elle masuait

d"ailleurs par le récit et l"auto-interprétation complaisante de ses

r'ves ui donnaient souvent ! voir un contenu anal trop évident.

Vous retrouvons, sur ce point, la tr&s #elle idée de Macueline

7chae?er selon lauelle 6 le ru#is a horreur du roue B

(5

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

6 C"est une pierre ui a#sor#e toutes les autres couleurs du

prisme et

les arde pour elle @ elle reHette le roue, et c"est #ien ce

  u"elle nous

donne ! voir B0.

Pour Macueline 7chae?er, le se%uel ue donne ! voir

l"hstériue est

ce ui lui fait horreur dans l"apr&s-coup de la pu#erté,

  l"hstériue

refuse, He cite 6 Le sens se%uel suri dans la surprise, menace

 venue de l"intérieur, corps étranger interne, désorganisant la ps#c+épar l’impuissance à le contenir, à le déc+arger et à la représenter .

 Ainsi, l"hstérie reste l"inde% principal de la uestion du

traumatisme. Cela est vrai pour les histoires cliniues rapportées par

 M. 7chae?er @ cela est vrai aussi pour 4a#ienne, une patiente dont

nous parle M. Coumut dans L’ordinaire de la passionCela est vrai aussi

pour Glvire.

Il me sem#le important de revenir sur ce ui apparaJt dans les

travau% de Macueline 7chae?er et de Mean Coumut cette réérence

insistante du percepti,  le champ perceptif s"opposant dans les

métaphores ue les uns ou les autres ont emploées, au champ

représentatif.

Cette idée de corps étraner, incontena#le et irreprésenta#le est,

! mon sens, tout ! fait fondamentale et la diversité des travau% ui

ont été consacrés le montre.

4reud d"a#ord dans 8euil et mélancolie  He cite 6 Le comple%e

mélancoliue se comporte comme une #lessure ouverte, attirant de

toutes parts vers lui des éneries d"investissement celles ue nous

avons nommées, dans les névroses de transfert, ]contre-

investissements< et vidant le moi, Husu"! l"appauvrir

((

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

compl&tement B$). Il faut rapprocher cette considération du

fameu% 6 L"om#re de l"o#Het est tom#ée sur le moi B.

Il a ainsi, dans 8euil et mélancolie, l"idée d"une ouverture, d"un

 vide dans le moi, ui tient lieu, réellement, au sens plein du terme,

d"o#Het et ui, selon les mécanismes décrits dans  &u-delà du principe

de plaisir, mo#ilise les contre-investissements

6 Gt ! uelle réaction contre cette irruption pouvons-nous nous

attendre de la part de la vie pschiue U Glle fait appel ! toutes les

chares d"énerie e%istant dans l"oranisme, an de constituer dans

le voisinae de la réion o^ s"est produite l"irruption une chare

énerétiue d"une intensité correspondante. Il se forme ainsi une

formida#le ]contre-chare au pri% de l’appauvrissement de tous les

autres sst&mes pschiues B$8.

Pierre Luuet$9 a développé le concept 6 d"inclusion imao=ue B

en 19($. Le terme est asse parlant et fait référence ! un vide dans

le moi, avatar de la constitution de l"o#Het, paré des caractéristiues

de celui-ci, mais non assimilé par lui, comme c"est le cas dans

l"identication. Luuet rattache la en&se de cette inclusionimao=ue au% états de ten-

sion e%tr'me provoués par les carences de l"environnement dans

les premiers temps du développement du #é#é.

Paul Senis a décrit les caractéristiues de l"o#Het dépressif, o#Het

érié dans le moi, prenant comme dans l"état amoureu% la place de

l"idéal, et incorporé dans le moi en ce %u’il a d’absent ;  un peu

comme ces étoiles dont la masse est si intense u"elles attirenttoutes les particules, compris les photons, et ue l"on nomme

6 trous noirs B, l"o#Het dépressif mo#ilise toutes les éneries, tous les

contre-investissements,  Le soleil noir de la mélancolie  de Verval

prenant alors tout son sens.

 André :reen enn nous indiue, dans  La mre morteT  une

sem#la#le énéaloie 6 Il a eu enTstement de l"o#Het et

e?acement de sa trace par désinvestissement, il a eu identication

()

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

primaire ! la m&re morte et transformation de l"identication

positive en identication néative, c"est-!-dire, identication au trou

laissé par le désinvestissement et non ! l"o#Het B.

Oais #ien entendu, les contre-investissements ne sont pas a#sents

d"un tel ta#leau

6 maintenant le Ooi en vie par la haine de l"o#Het, par la

recherche d"un plaisir e%citant, par la u'te du sens @

ranimer la m&re morte, l"intéresser, la distraire, lui rendre

oXt ! la vie, la faire rire et sourire @

rivaliser avec l"o#Het du deuil dans la trianulation

précoce B3.La mélancolie et la dépression sont ainsi, face ! l"hstérie, l"autre

inde% du traumatisme, et sinent, comme cette derni&re, une

carence représentative :reen est l! proche des analses de

Luuet 0Y6 L"e?acement de l"o#Het maternel transformé en structure

encadrante est acuis lorsue l"amour de l"o#Het est su?isamment

sXr pour Houer ce rDle de contenant de l"espace représentatif B...

6 L’espace ainsi encadré, constituant le réceptacle du Ooi, cerne,pour ainsi dire un champ vide ! occuper par les investissements

érotiues et aressifs sous la forme de représentation d’ob6et.  Ce

 vide n"est Hamais per/u par le suHet, car la li#ido a investi l"espace

pschiue. Il Houe alors le rDle d"une matrice primordiale des

investissements ! venir. Cependant, si un traumatisme tel ue le

deuil #lanc survient avant ue l"enfant n"ait pu constituer ce cadre

de fa/on su?isamment solide, ce n"est pas un lieu ps#-i c+i%uedisponible ui s"est constitué pour le Ooi B31.

Les auteurs dont H"évoue les conceptions insistent tous sur une

déaillance de la structure encadrante,  ou des représentations ui

peuvent s" développer en l0utilisant comme écran représentatif.

C"est aussi vrai pour l"hstérie ue pour la mélancolie et la

dépression, et cela e%pliue ! mon sens le recours des patients ou

des analstes ui parlent d"eu% au% métaphores perceptives la

(8

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

référence au 6 roue B M. 7chae?er< ou au 6 #rillant B ou ! 1"

6 étincelle B M. Coumut< ou au 6 froid B, au 6 vide B, indiue comme

une collusion des caractéristiues phsiues du monde e%térieur et

des caractéristiues des é#auches représentatives che de tels

patients, comme si la #lessure traumatiue faisait communiuer

l"e%teme et l"inteme sur le mode de la réduplication, et comme si la

mo#ilisation du contre-investissement appauvrissait tout le

fonctionnement mental, et en particulier le pré-conscient. Ce défaut

de mise en représentation, aussi #ien che le déprimé ue che

l"hstériue, nous conduit, #ien entendu, ! nous poser la uestion de

l"étioloie commune de cette carence.

Sans son rapport de 19)* au conr&s des pschanalstes de

lanue fran/aise, A. Meanneau a montré ue cette parenté entre

l"hstérie et la dépression était compréhensi#le si l"on admettait ue

la m&re de l"hstériue manuait ! se constituer comme o#Het

d"étaae dans la mesure o^ elle utilisait le corps de son #é#é

comme o#Het auto-érotiue, reHoinant l! le point de vue de Oasud

han1 selon leuel la m&re de l"hstériue est tr&s tDt défaillante par

rapport au% #esoins narcissiues de son enfant. Ce point de vue a été

éalement repris et tr&s nement développé et enrichi par 4.

rette$ @ ces trois auteurs montrent tr&s pertinemment ue la

fonction encadrante de la m&re fait défaut che l"hstériue.

eprenant ces divers développements, Oichel Rd, a, dans son

intervention sur R#stérie et dépression au Colloue de Seauville de

19853, livré de tr&s intéressantes ré>e%ions ! ce suHet. 7ans

reprendre la totalité de son arumentation, He voudrais souliner ue

l"auteur montre ue l"identication hstériue précoce décrite par S.

raunschei et Oichel 4ain*, et dans U  lauelle la m&re de

l"enfant redevient amante, lorsu"elle lie les émois

éprouvés au contact de son #é#é ! son désir pour le pénis du p&re

de celui-ci, et est ainsi conduite ! endormir son enfant, est le

(9

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

meilleur arant contre la constitution d"une hstérie ultérieure @ en

e?et, comme le

, 1. Oasud han, La rancune de l"hstériue, in  3igures de la

perversion, :allimard.

$. Su traumatisme... et de l"hstérie 6 pour s"en remettre B, in

VuinEe études ps#c+anal#ti%ues sur le temps, PrivFt, 198$.

3.  F3G, tome LI, n 1, Hanvier-février 1985.

*.  La nuit le 6our, puf,19)5.

remarue Oichel Rd, ! la suite de S. raunschei et O. 4ain,

6 cette identication hstériue précoce ui se produit che le #é#é

devient le prototpe d"une trace mnésiue inconsciente B.

S&s lors, les conditions sont réunies pour ue soit oranisé un

fonctionnement mental complet, avec des inscriptions ! di?érents

niveau%, sur le mod&le du #loc-note maiue c"est la voie de la

névrose infantile. Che le déprimé comme che l"hstériue, cette

inscription oriinaire manue ! s"oraniser, selon des modalités

di?érentes pour la compréhension desuelles He renvoie au% auteurs

cités. Me veu% simplement souliner ue lorsue cette trace mnésiueinconsciente ne s"inscrit pas oriinairement avec l"identication

hstériue primaire, les répétitions ultérieures ae-setoni-pas.liées !

une trace, mais ! un vide  c"est ainsi ue l"on peut, ! mon sens,

di?érencier la fepefJtioiK\de tpe 6 Heu de la #o#ine B, répétition %ue

 6e %uali0erai de représentative  et ui suppose au fondYla

r'mémorationOu départ de la m&re, d’une répétition diférente, %ue

 6’appellerai commémorative3$  c"est cette derni&re ui, dans maconception, serait seule F lier ! l’instinct de mort et ui serait une

sorte de tenant lieu d’identi0cation +#stéri%ue primaire.  Me pense

reHoindre ainsi ce ue H"ai évoué plus haut, au suHet du dou#le

aspect du traumatisme

traumatisme oranisateur celui de l"identication hstériue

primaire et ui a#outit ! la répétition représentative<,

)

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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration

traumatisme désoranisateur celui ui m&ne ! la répétition

commémorative, dont l"histoire d"Ivan est un e%emple saisissant.<

Cette dou#le distinction recouvre aussi, me sem#le-t-il, ce ue H"ai

évoué de la di?érence entre représentation par   le traumatisme et

représentation du  traumatisme la premi&re a trait ! la

représentation c+eE l’anal#ste  d"une rupture, d"une non-

représentation dans le pschisme de son patient, tandis ue la

seconde a trait ! la représentation d"une discontinuité dans le

fonctionnement mental et souvent par le patient lui-m'me. Cette

deu%i&me représentation est dans le meilleur des cas oriinairement

celle de l"analsant c"est celle ui est ! l"Wuvre dans les 6 théories

traumatiues B des patients, c"est-!-dire les théories de l"oriine de

leur histoire de patient-amené-!-demander-une-analse. Cette

représentation du traumatisme est la seule ui rel&ve du

traumatisme déH! oranisé mod&le 1915< avec un apr&s-coup ui

donne sens ! l"avant-coup et le fait ainsi e%ister comme annonciateur

de l"apr&s-coup. C"est donc #ien évidemment de l"oranisation des

fantasmes oriinaires ue ce traumatisme l! est le arant. La

représentation par le traumatisme est celle ui nous conduit !

penser le traumatisme comme sans apr&s-coup encore advenu, donc

irreprésenté, si ce n"est sur le mod&le de l"e?raction uantitative, de

l"économiue pur mod&le 19$<. La tFche de l"analste n"est-elle pas

alors d"aider les patients, ceu% u"il voit le plus souvent venir

auHourd"hui, ! passer d"un 6 traumatisme deu%i&me topiue ! un

traumatisme premi&re topiue B par le #iais d"un 6 néo-étaae B,

pour reprendre l"e%pression de Macueline Cosnier, et d"une néo-

hstérie primaire ue le cadre de la cure et la référence interne u"il

porte ! son roupe d"appartenance permettent de constituer U

)1

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Chapitre !. Le traumatisme au" fronti#res du r$ve

Il a uelues années, He re/ois l"appel puis la visite de 4rance.

Cette #elle Heune femme d"une trentaine d"années a fait, il auelues années, une analse avec un coll&ue e%périmenté et, dans

son adolescence, une pschothérapie. Glle veut maintenant

reprendre un traitement, mais pas immédiatement une analse.

 Assise en face de moi, silencieuse, le reard %é, accroché au mien,

4rance m"e%pliue u"elle a connu dans sa vie des événements

terri#les ui sem#lent avoir réalisé asse e%actement les désirs ui

peuvent ha#ituellement 'tre articulés au sein des fantasmesoriinaires.

7idérée, n"osant plus penser ni désirer, tant la réalité paraJt

réaliser ses vWu% inconscients, 4rance entreprend une analse ui

s"interrompt #rutalement, parce ue son analste, me dit-elle,

6 n"adh&re pas ! la réalité de ce ue H"ai vécu B. Glle a le proHet de

reprendre avec moi mais paraJt disposer d"un espace interne

e%tr'mement réduit elle présente en e?et un état pschiue decollapsus topi%ue33  la rencontre entre réalité ps#c+i%ue et réalité

matérielle, entre antasme et événement, abolit la distinction entre

l’interne et l’externe. C"est la situation traumatiue par e%cellence.

 Me réalise ! ce moment pouruoi 4rance ne veut pas, pour l"instant,

s"étendre sur le divan elle a #esoin de arder l"o#Het sous son

reard an de vérier u"il n"est pas atteint par son activité

fantasmatiue. Glle me dira d"ailleurs, lors de l"entretien suivant,

)$

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

u"elle a vu plusieurs coll&ues et u"elle me choisit, moi, pour mon

aptitude ! 6 soutenir son reard B. Me remarue pour moi-m'me le

dou#le-sens de l"e%pression apporter un soutien Z a?ronter la

patiente ne m"annonce-t-elle pas ainsi u"un des enHeu% du travail

commun ue H"accepte d"entreprendre avec elle sera pour moi de lui

montrer une capacité ! survivre pschiuement ! ses mouvements

destructeurs et d"ainsi la soutenir   dans l"e%ploration d"un monde

interne dans leuel les dits mouvements ont produit des e?ets

cataclsmiues. Rn comprend, par e%emple, ue dans un tel

conte%te, le r've réalisation hallucinatoire de désir soit tr&s

a#sent du matériel apporté par la patiente. Sans ces conditions, He

propose ! 4rance un travail en face ! face, ! trois séances par

semaine, avec l"idée lorsue ce travail de 6 déto%ication B de la

relation sera avancé, de lui proposer une analse ! uatre séances

par semaine. 4rance est d"accord pour ce protocole. Se tels

aménaements du cadre me paraissent possi#les He ne pense pas

u"on puisse radicalement distinuer dans certains cas travail de

pschothérapie et travail analtiue @ H"a?irme au contraire ue

certains patients ne peuvent 'tre traités d"a#ord u"en

pschothérapie de face ! face, pour éviter les risues d"une perte de

contact dévastatrice, et ue de telles pschothérapies ne peuvent

'tre conduites ue par des analstes @ nous le savons depuis

lontemps ! propos des patients somatiues, mais cela me paraJt

 véria#le pour d"autres tpes de patients pour lesuels des risues

de repli autistiue ou de réaction thérapeutiue néative

catastrophiue peuvent 'tre craints. M"ai, pour ces patients,

fréuemment en mémoire, une remarue de M.-L. Sonnet 6 7"il reste

cramponné au postulat de l"étaae naturel du ]traitement sur la

méthode, le pschanalste risue fort de voir son désir d"analse

s"e%aspérer passionnellement au point de lui faire ]préférer la

pschanalse ! son patient et ]reprocher ! celui-ci de ne pas

]proter de celle-l!. innicott a attiré notre attention sur le

)3

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

parado%e du 6 comment cesser pschanaltiuement d"'tre

pschanalste B.

 Me me propose donc, dans le présent te%te, d"e%poser uelues

ré>e%ions autour du travail préparatoire ! la cure pschanaltiue

envisaée avec 4rance et, plus particuli&rement, autour de la

uestion du r've con/u comme marueur au sens #ioloiue du

terme du fonctionnement mental.

Les premiers r'ves sont tr&s #refs, marués par des éléments de

réalité dont l"intensité dépasse la conception des restes diurnes

ha#ituels il s"ait de r'ves m'lant les éléments traumatiues au

sens o^ He les ai dénis et des éléments transférentiels l"espace

fantasmatiue ouvert par le r've est aussitDt refermé par la uestion

ui rép&te la situation traumatiue 6 et si le r've était vrai U B.

Il ne s"ait pourtant pas de r'ves analoues ! ceu% u"on peut

rencontrer che des patients fonctionnant en pensée opératoire, au

contraire @ si manue au% r'ves de 4rance une certaine 6 profondeur

de champ B, les personnaes de son histoire s" déploient dans un

conte%te dramaturiue minimal dans leuel il m"arrive parfois de

urer.

 Ainsi, d&s les premiers mois de notre travail, 4rance rapporte un

r've dans leuel H"apparais avec tous les déuisements ha#ituels du

r've, comme un personnae séducteur, cruel et danereu%, au

reard vide. Ce détail le reard vide lui évoue le patronme

d"un analste dont les Hournau% ont rapporté récemment la

disparition, en mentionnant u"il mettait en doute, lui, la réalité des

scénarios ha#ituellement rapportés par les patients en analse

 iderman. Les associations de 4rance montrent u"autour du

personnae uniue du r've il a une e%traordinaire condensation de

personnaes, de situations, d"événements relatifs ! sa vie @ mais,

pour l"instant, c"est surtout l"un de ces personnaes ui est présent

pour elle Oa%ime, u"elle soup/onne d"un forfait, mais comme c"est

moi ui suis présent dans le r've, ne suis-He pas alors comme

)*

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

Oa%ime, réellement U Cette interroation la conduit ! me poser la

uestion 6 et si c"était vrai U B, ue He reprends au vol, de fa/on

pschodramatiue 6 et si c"était vrai ue He suis moi, Oa%ime et ue

 H"ai fait telle et telle chose U B.

La séance ui suit cette intervention est occupée par le récit d"un

r've 6 H"arrive ! ma séance, tout est désordonné, les o#Hets sont

cassés, a#Jmés, #risés, les cadres de travers il a une rande

 violence @ seulement, malré cela, il a un espace intouché,

tranuille votre place et la mienne un temps<. M"ai compris ue mon

r've concernait en fait Oa%ime et il faut, en énéral, ue He fasse

coller la réalité et mes pensées. Sans ce r've auHourd"hui, les o#Hets,

les cadres et les imaes u"ils entourent peuvent 'tre malmenés, /a

ne touche pas la réalité de ce ui se passe entre nous B.

Par rapport ! ces r'ves, deu% positions techniues étaient

possi#les

la premire,  tr&s classiue, aurait consisté pour moi !

prendre en compte les contenus du premier r've dont H"ai mentionné

l"e%traordinaire condensation @ l"énumération de ces contenus ue Hene puis faire ici, m"apparaissait porter en elle-m'me un caract&re

6 sauvae B tant l"histoire traumatiue de la patiente était

entirement  représentée, dans toutes ses composantes @ c"est

pouruoi He me suis a#stenu de suivre cette voie @

la seconde tenterait de dialectiser un élément du deu%i&me

r've les contenus représentatifs mis ! mal cadres #risés,

imaes a#Jmées< et l"espace analtiue demeuré intact d"une part, etune association du premier r've iderman ui vient de mourir et ne

croait pas ! la réalité des scénarios rapportés dans la cure.

 Me suppose ue derri&re le manifeste 6 il est mort et ne croait

pas B, la loiue latente est 6 il est mort car  il ne croait pas B. Ce

ue la patiente sous-entend ainsi est 6 vous pourrie mourir en

tant u"analste, c"est-!-dire 'tre uitté par moi ! vouloir désiner

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

mes pensées violentes comme des pensées alors ue pour moi, elles

sont maruées du sceau de l"événement B.

 M"évoue cette possi#le dialectisation parce ue, du point de vue

de 4rance, deu% propositions pschiues, représentées au moen du

r've, se font Hour successivement

la premire consiste ! dire ue si He n"adh&re pas ! ce u"elle

me dit du poids de la réalité, He mourrai, en tant u"analste, u"elle

me uittera comme le premier @

la seconde permise, me sem#le-t-il, par mon a#stention

interprétative relative, tient dans le second r've 6 les mouvements

internes violents n"a?ectent pas la réalité de notre travailanaltiue B.

La coe%istence de ces deu% propositions pschiues permet

l"émerence d"une position ambivalente authentiue dont la valeur

permet le déaement du collapsus topiue un con>it interne

s"amorce avoir des mouvements internes violents Z conserver l"o#Het

 vivant< enaeant, au-del!, les deuils Hamais é#auchés par 4rance.

 M"en resterai l! provisoirement, pour la cliniue, apr&s m"'trerappelé, rFce ! 4rance, ue iderman citait Aristote dans la

construction de l’espace anal#ti%ue iderman, 19)< 6 Interpréter,

c"est dire uelue chose sur uelue chose B @ cette séuence permet

de penser, en contre-point ue le silence permet ue uelue chose

soit interprété. Mamais peut 'tre, ne me suis-He ! ce point senti pris

entre deu% propositions ui #ornent l"espace de mon écoute des

r'ves des patients mais pas seulement des r'ves< A un pDle, l"idéeu" 6 analser, c"est dissoudre B. Ce pDle me paraJt ! l"Wuvre dans la

Craumdeutung 4reud, 19<, pour les raisons de démonstration ui

sont celles de 4reud ! ce moment l! @ l"analse ultérieure, par

d"autres, de r'ves rapportés par 4reud dans son ouvrae accentue

cette dissolution pour le dire d"un mot, le r've de l"inHection faite !

Irma nous est aussi famili&rement accessi#le dans ses composants

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

ue l"est la structure intime de la triméthlamine pour le chimiste il

n" a plus de one d"om#re.

 A l"autre pDle, 4reud, encore, d"a#ord en 191 6 La plupart des

r'ves vont plus vite ue l"analse, de telle sorte u"apr&s déduction

de tout ce ui est déH! connu et compris, une indication plus ou

moins claire de ce ui était Husue ! ce moment l!, resté

profondément dissimulé demeure encore B @ puis en 19$3 6 Me

pense u"il est tout ! fait #ien de penser, ! l"occasion, ue les

hommes avaient déH! commencé de r'ver avant u"il n" ait une

pschanalse B. L"aphorisme teinté d"ironie de 4reud rappelle ! tous

ceu% ui se déclarent forcenés du travail analtiue ue la gratuité

%u’impli%ue le 6eu reste à ac%uérir   et ue le r've, est ! certains

éards, ratuit. Ainsi, dans ce m'me te%te, 4reud évoue 6 ons

nom#re de r'ves ...< intraduisi#les #ien u"ils ne manifestent pas

précisément les résistances ...<. Ils sont compara#les ! des Wuvres

littéraires #ien réussies et retravaillées avec art B. 4reud aHoute ue

ces idées sont utiles comme introduction au% pensées du r'veur

6 sans ue leur contenu m'me entre en considération B.

Rn voit ainsi u"il e%iste une line de tension vive entre l"analse

chimiue du r've et les 6 r'ves intraduisi#les B dont le contenu

m'me n"est pas pris en considération par l"analste @ on retrouve

trace de cette line de tension dans la note de la Craumdeutung 

6 Rn a trop souvent confondu le r've avec son contenu manifeste @ il

faut se arder ! présent de le confondre avec ses pensées latentes B.

4reud, ! mon sens désine l! un écart entre le manifeste et le latent,

mettant ainsi en arde contre la surinterprétation du r've, et

rappelant sans doute le 6 point o#scur B, 6 l"om#ilic B du r've.

7uivons un instant cette hpoth&se dans sa préface au te%te de

191, 6 7ur le r've B, S. Anieu rappelle ue du point de vue

théoriue, 6 ;#er den Kraum B n"apporte u&re u"un concept

nouveau, celui de dramatisation, processus pschiue ui s"aHoute !

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

la condensation et au déplacement, pour e%pliciter le travail du r've.

Ce concept est cité deu% fois par 4reud

une premi&re fois 6 A cDté de la transformation d"une

pensée en une situation ]la dramatisation, la condensation constitue

le caract&re le plus important du r've B @

une deu%i&me fois 6 la sm#oliue du r've< fournit au

travail du r've le matériel u"il utilise pour la condensation, le

déplacement et la dramatisation B.

7i pour 4reud, dans la condensation, 6 chaue élément du

contenu du r've est surdéterminé par le matériel des pensées du

r've... l"analse rév&le encore un autre aspect de la relationcomple%e entre contenu du r've et pensées du r've... une pensée du

r7ve est remplacée par plus d’un élément du r7ve @ les ls associatifs

ne converent pas simplement des pensées du r've au contenu du

r've, mais se croisent et s"entre-tissent fréuemment en chemin B.

Kisser une toile @ croiser des touches de pinceau% 4reud nous invite

! penser ici le déploiement de la sc&ne de représentation du r've.

Oais dans / &brégé de ps#c+anal#se 1938<, il en va autrement dans le chapitre 6 A propos de l"interprétation des r'ves B<,

reprenant la uestion de la condensation, 4reud écrit u" 6 il advient

fréuemment u"un élément uniue du r've manifeste représente

une uantité de pensées latentes de ce r've comme s"il faisait

allusion ! toutes ! la fois et le r've manifeste est e%tr'mement

a#réé par rapport au% matériau% si a#ondants dont il est issu B. Kel

était #ien entendu le cas pour le 6 r've de Oa%ime B fait par 4rance.La sc&ne de représentation du r've est réduite par le 6 trop de

condensation B @ elle se déploie au contraire dans le r've suivant la

r'veuse peut faire l"inventaire de représentations 6 mises ! sac B,

tandis ue l"espace de ces représentations est intact dans la pi&ce.

Peut-'tre pouvons-nous alors penser ue l"espace représentatif du

r've est suscepti#le de pulsations (expansion ou rétraction),  en

référence ! la conception récemment développée par M. Cournut

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

d"une 6 vie pschiue comme une constante pulsation liante et

déliante dans lauelle le uantitatif est le ]vérita#le maJtre du Heu B.

 Me pense ue ce Heu d"e%pansion ou de rétraction de l"espace

du r've est lié ! la condensation  ui résulte d"une 6 action

simultanée de toutes les forces ui interviennent dans la formation

du r've B.

Cette uestion de la variation d"intensité dans la condensation,

telle u"on peut la rencontrer dans les récits de r'ves de patients,

peut 'tre comprise en référence au fétichisme @ il s"ait l! d"une idée

ui peut paraJtre surprenante, mais He pense u"un certain nom#re

d"aruments peuvent 'tre avancés, et notamment des travau% de

coll&ues de rande renommée

Mean :uillaumin, dans son intervention au 3*e Conr&s des

Lanues omanes en 19)*, a suéré ue le r've, 6 de par la place

sinuli&re u"il occupe dans le champ de la conscience viile... et de

par< sa structure représentative ! dominante visuelle, ... est<...

éminemment apte au destin fétichiste B @

 Mean-ertrand Pontalis 19)3< a développé l"idée ue l"o#Het dur've 6 peut fonctionner comme fétiche mental B.

 Me voudrais souliner, pour ma part, ue le caract&re visuel est

une condition nécessaire mais non su?isante de la constitution d"un

fétiche. Rr, en relisant le rapport de A. Lussier au *$e Conr&s des

Lanues omanes 198*<, He me suis aper/u ue l"auteur avait écrit

ue le fétiche

triomphe de la castration,

prot&e de l"homose%ualité,

dispense de l"aressivité hostile tout en l"e%pliuant,

#loue l"acc&s au% #lessures du corps,

dénie la désintération fécale,

prot&e contre l"anoisse de séparation,

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

donne le sein et pleine possession de la m&re,

permet l"illusion sur soi.

O'me si une telle énumération pose pro#l&me, elle a le mérite de

montrer ue le fétiche est la résultante d"une e%traordinairecondensation de contenus latents. Oais il a plus. Au cours de ce

m'me conr&s, 7. A. Mosserand, en reprenant des développements

antérieurs de osolato, souline avec #eaucoup de pertinence ue le

patient de 4reud de 19$) celui ui avait érié comme condition du

fétiche un certain #rillant sur le ne glanE au der Base  op&re

par le #iais d"une condensation et d"une transformation de

représentation de mot en représentation de chose, 6 hallucinée,

comme dans le r've B on se rappelle en e?et ue, pour ce patient

#ilinue le WlanE #rillant< renvoait au Wlance reard< Mosserand

su&re u"on peut, outre la série Wlance-WlanE-Wlans -  :land

soulinée par osolato, distinuer une autre série Vase-nose-son-

sun-sonne-7ohn et u"ainsi 6 il e%iste une identité entre le #rillant et

ce ui #rille, entre celui ui rearde et le ls et éventuellement entre

le ne et le land B ...< 6 le étic+e prend alors valeur de

condensation B.

Le caract&re fétichiue de l"hpercondensation du r've est #ien

entendu, contenu dans le 6 et si c"était vrai U B de la patiente ue

 H"évouais tout ! l"heure et ui tentait ainsi de réduire au éel

l"espace interne ouvert par le r've. A l"opposé le second r've de

4rance lui a permis, du moins He le suppose, de penser en reardant

mon #ureau 6 heureusement, ce n"est u"un r've B.

 Apr&s avoir r'vé sa position am#ivalente, et ! l"a#ri de son r've,

4rance peut se livrer, au moment des vacances de Vol, donc apr&s

une nouvelle séparation, ! une 6 crise du mauvais o#Het B He ne la

comprends pas, He suis défaillant @ elle se sent tr&s aressive ! mon

éard @ elle se rappelle de tels moments de son analse précédente @

une fois, son analste lui avait dit 6 pouruoi ne pouve-vous rien

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

arder de #on de ce ui se passe ici U B 6 C"était stupide, me dit-elle,

/a ne voulait rien dire... B. M"interviens alors

6 M"aurais dit plutDt ]pouruoi ne pouve-vous arder %ue  le

mauvais U Cette formulation, lonuement ré>échie, avec sa forme

conditionnelle, propose la m'me structure sémantiue ue

certains Heu% d"enfants ]alors H"aurais dit, ou H"aurais fait, etc.< @

 H"insiste éalement sur les di?icultés de la patiente a introHecter un

#on o#Het @ ma formulation ]ne arder ue le mauvais se réf&re

implicitement au% analses su#tiles de P. Luuet ]lorsue la

frustration apparaJt et lorsue l"introHection se fait, dans une ]crise

de mauvais o#Het, ...< l"anéantissement interne, la douleur, le

sentiment de perte de sécurité, la tension réactivée ...< ont

maintenant envahi l"o#Het-Ooi ! l"intérieur et provouent l"anoisse.

 A l"e%térieur, l"aressivité prend une direction centrifue vers l"o#Het

réel sous forme d"une crise de déchare coléreuse B0.

+uelue temps apr&s 4rance apporte un nouveau r've. Sans ce

r've, un voleur s"est introduit che elle et s"intéresse ! plusieurs

o#Hets lui venant de ses parents disparus. 7ans entrer en détail dansle récit de ce r've, He mentionnerai simplement ue 4rance se rend

compte ue ce r've fait référence ! son lien au% o#Hets perdus @ c"est

pouruoi He n"interviens pas. Oa non-intervention prudente lui

permet, la séance suivante, de revenir au r've et de fa/on tr&s

particuli&re, puisu"elle me dit 6 H"avais ou#lié, ! propos de ce r've,

un détail important tout en aant peur ue le voleur me déro#e les

o#Hets au%uels il s"intéressait, H"étais prise d"une peur plus rande

encore u"il ne trouvFt d"autres o#Hets au%uels He tiens #eaucoup

et ui appartenaient ! ma m&re B.

 Me n"avais donc rien trouvé, la fois précédente, et elle me

permettait de poursuivre ma visite. L! encore, He ne dis rien 4rance,

en 6 ou#liant B de me raconter la seconde partie de son r've, l"avait

mis en acte dans la séance 6 et si vous étie réellement le voleur B,

sem#lait-elle penser...

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

 Au cours de l"échane ! propos de ce r've et sur une remarue de

ma part, 4rance a un #ref moment d"anoisse 6 tout sem#le se

déro#er en moi B.

emaruant pour moi-m'me la polsémie du terme 6 déro#er B$,

 H"interviens en Houant

6 Me ne suis pas un voleur E He choisis consciemment la

formulation en dénéation elle me permet une mise en sc&ne

pschodramatiue de l"interprétation selon lauelle le voleur du r've

c"est #ien moi, dans le transfert mais pas moi en réalité meZnot me< @

on notera ici le chemin parcouru depuis ]et si c"était vrai ue He suis

moi, Oa%ime. Le Heu est plus direct, plus en contact, alors ue le

procédé la mise en sc&ne pschodramatiue en est le m'me.

4rance éclate de rire ]He sais #ien, ue vous n"'tes pas le

 voleur E B

+ue le r've soit sous le sine de l"Gros ...< n"est pas ! mettre en

doute, mais il faut compter avec les dé#oires, les ratés et les échecs

rencontrés au cours du travail oniriue. ...<.

6 Il a lieu surtout de considérer les r'ves ...< comme lesrésultantes d"un com#at entre une tendance ! la déliaison ...< et une

tendance ! la liaison B. Cette profonde remarue de Christian

Savid3* enae la uestion de la pulsion de mort de fa/on centrale,

en écho avec les termes maistrau% de Mean Laplanche 19)< le

r've et son om#ilic ne seraient-ils pas situés en un point de

croisement, 6 en cet étrane chiasma, dont successeurs de 4reud,

nous commen/ons ! déchi?rer l"énime B$ et o^ en liaison etdéliaison, processus primaire et processus secondaire, Ooi et

se%ualité, Gros et Khanatos, nuitamment, se rencontrent U Il me

sem#le, en tout cas ue l"histoire cliniue suivante en témoine.

:il#erte a 35 ans lorsu"elle commence son analse 6 c"est ma

derni&re chance B, dit-elle. Glle a connu Husue l! un 6 parcours

pschiatriue B classiue dépressions ! répétition, pschothérapies,

traitements médicamenteu%. Glle sou?re depuis son enfance, mais

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

comme d"autres sou?rent en silence, :il#erte sou?re en triomphe

elle a eu, enfant des relations se%uelles avec un oncle paternel. Ce

secret, dont elle retire ! la fois plaisir, e%citation et culpa#ilité,

souhaitant chaue Hour l"avouer ! sa m&re, et en remettant chaue

soir l"aveu au lendemain, elle le partae toute une année avec son

oncle comment ferait-elle autrement U L"oncle lui dit u"elle est elle

seule aimée par lui et ses parents ne voient rien...

+uand ! 19 ans, :il#erte voit mourir son rand-p&re maternel,

elle uitte le domicile de ses parents et va vivre che sa rand-m&re,

couchant ! la place de son rand-p&re. C"est ! ce moment l! u"elle

se déprime.

Petite maJtresse de son oncle, :il#erte n"a Hamais pu éla#orer de

position Wdipienne et ses 6 préludes ! la vie fantasmatiue B

oranisés sous de #ien inuiétants auspices, dont un r've des

premiers temps de l"analse porte témoinae

6 M"ai devant les eu%, une 6 masse de chair informe B, H" mords

sauvaement, comme une canni#ale @ au m'me instant, He sens une

odeur caractéristiue, celle de la lampe erer de mon enfance, et 6eme réveille.

2chec du r've, donc, et comment s"en étonner, devant la non

oranisation fantasmatiue u"il rév&le U 6 masse B, 6 informe B,

6 odeur B nous sommes dans le domaine de la perception,  de / 

+allucination d’une perception non-organisable en représentation

fantasmatiue1. eureusement :il#erte, et peut-'tre parce u"elle a

été protéée de la pschose par cette relation avec son p&re, disposepour elle d"une représentation fantasmatiue essentielle, celle de la

représentation de l’absence de représentation  dans un r've, u"elle

apporte au cours de son premier mois d"analse, elle se voit ha#illée

d"une Hupe ample, la t'te entourée d"un tur#an roue sous le

tur#an, la t'te est vide et sous la Hupe, ni Ham#es ni se%e, mais une

structure métalliue, 6 comme une cae ! oiseau B...

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

Ce r've annonce ce dont il va 'tre uestion au cours de uine

premiers mois d"analse la construction et la reconnaissance d"un

fantasme oriinaire, ! travers un autre r've o^ il est uestion

d"oiseau%.

L"avant-coup de ce fantasme est constitué par deu% souvenirs-

écran apportés Huste apr&s le r've du tur#an.

Premier souvenir 6 M"avais * ans, et dans la Hournée, H"étais

ardée par une voisine ui avait d"énormes varices au% Ham#es @ un

 Hour, He Houais a l"inrmi&re, et lui piuais sadiuement les Ham#es

avec un craon, elle m"a dit en riant He vais le dire ! ton p&re E... et

elle l"a dit... mon p&re, furieu%, m"a donné une énorme fessée, et H"ai

fait pipi dans l"escalier. Geut 7tre était-ce %uel%ue c+ose de sexuel U

Seu%i&me souvenir 6 Gnfant, mes parents m"avaient emmenée

 voir les ?@? 8almatiens de alt Sisne, et H"avais été terrorisée par

cette femme, Cruella, ui voulait prendre la peau des petits chiens...

7ouvent, le soir, seule dans mon lit, et au moment de m"endormir, He

pensais ! ces petits chiens noirs et #lancs, et ! cette femme terri#le,

 H"avais tr&s peur... et He pensais aussi ! ma m&re, ! ui He n"osais direce ui se passait avec mon oncle, et He me sentais tr&s coupa#le. B

Le premier souvenir m"avait sem#lé de #on aloi @ :il#erte posait,

! travers ce scénario dans leuel on assiste ! un retournement

pulsionnel actifZpassif< et ! un chanement d"o#Het piuer la

 voisineZ'tre #attue par le p&re<, la uestion de ses désirs 6 est-ce

moi ui suis allée chercher les caresses de mon oncle U Gst-ce moi

ui me suis, en enfant toute puissante, arranée pour 'tre#attue... U B +uelues séances plus tard, elle éla#orera ce souvenir

de la fa/on suivante 6 He me suis mise en position d"'tre comme un

homme actif avec ma voisine, utilisant mon craon comme une

serinue. Peut 'tre un pénis U Gn tout cas mon p&re en me #attant,

m"a ramenée ! ma position de lle B... Kout ! coup, donc, et alors ue

ses premiers mots sur le divan avaient été 6 He ne me suis Hamais

8*

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

intéressée u"au% relations a deu%, :il#erte évoue une situation

trianulaire authentiuement Wdipienne.

Le deu%i&me souvenir m"avait évoué #ien sXr les fantasmes

6 cruels B de l"enfant 6 voulant la peau B des #é#és ue les parents

sont en train de faire...

 oici maintenant les séances dans lesuelles se situe le r've dont

 He souhaite parler, et ui témoinent d"un dé#ut d"éla#oration du

traumatisme

6 Me pense ! deu% choses en m'me temps hier, H"ai pensé ! vous

comme ! une m&re dont H"ai #esoin ]heureusement u"il est l! E

S"autre part, He constate ue mes désirs se%uels se ravivent... et ue He me sens Halouse des autres femmes ue vous écoute... ous alle

partir en vacances... H" pense pour la premi&re fois... H"ai fait un r've

curieu% M"étais avec un pschanalste, et nous allions visiter un

appartement d"un rand chirurien ophtalmoloiste au% eu% #leus.

C"était un appartement super#e, avec une tapisserie de Oodiliani

représentant deu% paons face-!-face un blanc et un noir.  Me recule

devant la tapisserie pour la rearder et 6’écrase des Nus de paon. l # a un paon dont la t7te grossit et %ui m’atta%ue, He continue a

piétiner les paons. L"homme ! l"Wil #leu prend une plume de paon

noir, se la passe devant les eu%, et dit ]vous ne trouve pas ue He

ressem#le ! un paon U Glle associe vous aussi vous ave les eu%

#leus... Les paons sont séparés, hein, ils ne se touchent pas, ils sont

immo#iles c"est e%actement, pensais-He comme les loups de L’+omme

aux loups @ il faut entendre le contraire ils ne sont pas séparés, setouchent et #ouentQ... Les paons #lancs et noirs, les chiens #lancs et

noirs, ces Wufs ue H"écrase... les #é#és... He ne vois pas ce ue cela

peut sinier... B

 Me me rappelle cependant ue uelues séances auparavant,

:il#erte m"a apporté un r've dans leuel elle fait l"amour avec moi -

pendant u"un cne #lanc merveilleu% accouche de vilains chiens

noirs ue son ami doit enterrer. Me lui montre d&s lors ue cette

85

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

sc&ne ! trois elle, son p&re, la voisine<, s"éla#ore en précurseur 

d"une sc&ne primitive authentiue o^ elle serait non pas actrice,

mais spectatrice< ue le cne #lanc renvoie au corps maternel

idéalisé 6 sans taches B, sans se%ualité<, tandis ue les petits chiens

noirs sont une représentation d"un pénis paternel méprisé, et ue ce

clivae #lancZ noir est défensif par rapport ! la représentation des

petits #é#és-chiens dalmatiens noirs et #lancs ue les parents font

ensem#le et vis-!-vis de ui 6 elle pourrait éprouver les sentiments

de Cruella B, de la m'me fa/on u"elle pourrait ressentir de tels

sentiments vis-!-vis des #é#és u"elle imaine ue He pourrais faire

avec ma femme pendant les vacances B...

 Apr&s cette séance, elle se sent aressive et malheureuse

6 Me pense ! la patiente ue vous vene de raccompaner. Me vous

ai entendu. ous ave fait ]pfuitt... ous voule sinier ue ce ue

 He dis est sans intér't U ous ne réponde pas E H"ai envie de partir et

de vous aresser... L"analse de cette patiente ne doit pas marcher...

 Me pense u"elle ne dit pas des choses aussi intéressantes ue moi...

 ous me prene vraiment pour une im#écile E Parfois vos eu% sont

 vides, parfois He rearde vos eu%, et He suis an%ieuse de voir s"ils

sont cernés... et /a veut dire ue vous 'tes déprimé @ déprimé !

cause de moi... He vous voudrais uniuement préoccupé par moi...

vous me voudrie penché sur vous comme une m&re attentive

au moindre sine, retenant son souge pour écouter la respiration de

son #é#é...

continue E et répondant au doit et ! l"Wil au% sollicitations de ce #é#é

ui uette sur le visae de sa m&re la moindre mimiue ou la

moindre pensée... Cette m&re ui ne s"occuperait de personne

d"autre aussi #ien ue de vous... B

Cette séance est capitale, dans la construction de la sc&ne

oriinaire de :il#erte. Glle s"imaine d"ailleurs dans la séance

suivante, a#ant un enant... Gt elle aHoute 6 M"ai failli ne pas venir,

8(

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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've

car He suis rippée. 4inalement He suis venue. Se toute fa/on, H"en tire

#énéce ou #ien He ne venais pas, ou #ien He viens en vous montrant

ue /a ne va pas... L"autre fois, H"avais peur de vous détruire, et

auHourd"hui, He me disais si H" vais, He vais lui passer la rippe et il

 va la passer ! ses enfants...

! ses petits paons U

en riant< Kiens E M"ai encore r'vé d"oiseau% @ H"ai pensé ils

ne sont pas si vilains, apr&s tout E Il faut s"en occuper. B

Rn voit ainsi ue ce ui était en Heu dans l"histoire de :il#erte

était le man%ue d’un antasme de scne primitive  auuel l"avant-

coup du traumatisme avait barré les remaniements pubertaires  uiseuls permettent les identications hstériues et le Heu di?érencié

des imaos c’est parois l’en6eu de telles cures %ue de permettre

une 4onstruction  au sens reudien de < 4onstruction dans

l’anal#se   d’une réalité ps#c+i%ue non encore advenue, la cure

devenant alors anti-traumati%ue.

8)

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Chapitre %. La cure comme anti-traumatisme

L"ou#li et le souvenir sont les deu% catéories de la mémoire

l"ou#li est l"écran sur leuel se ure le souvenir, comme le souvenirest l"écran de l"ou#lié @ l"un et l"autre vont ensem#le,

indissocia#lement liés c"est ainsi ue ecTett a pu écrire, ! propos

de Proust, ue l"homme doué d"une #onne mémoire ne se souvient de

rien car il n"ou#lie rien. C"est un point de vue asse proche ue

4reud développe dans le chapitre I de  Gs#c+opat+ologie de la vie

%uotidienne  se proposant de comparer l"ou#li des noms et les

souvenirs-écrans, il écrit 6 A premi&re vue, les di?érences entre cesdeu% phénom&nes sem#lent plus évidentes ue les analoies ...<.

Oais ! la suite d"un e%amen uelue peu approfondi, on constate

ue, malré les di?érences ui e%istent entre les deu% phénom&nes

...< ils présentent des analoies ui enl&vent ! ces di?érences toute

importance... B p. 53-5*<. L"analoie principale relevée par 4reud est

celle du aux  6 Sans l"ou#li de noms, nous savons ue les noms de

su#stitution sont  aux B. Se m'me en ce ui concerne le souvenir-écran, 4reud parle, touHours dans ce chapitre, des 6 souvenirs

d"enfance B, en mettant cette e%pression entre uillemets ou des

6 soi-disant souvenirs d"enfance B.

Gn ces temps premiers de la pschanalse, les choses étaient donc

simples 6 Au dé#ut, les associations restent supercielles,

concernent les événements uotidiens et les impressions nouvelles

ui préoccupent l"individu @ mais #ientDt, par l"intermédiaire des

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

idées su#ites, surissent des traces mnésiues plus anciennes

souvenirs-écran dont l"interprétation suscite, au rand

étonnement du malade lui-m'me, des souvenirs anciens, essentiels

dans la vie du suHet, ui lui échappaient Husu"alors. Ces souvenirs-l!

sont déH! suscepti#les d"appartenir ! des comple%es refoulés. La

principale fonction de l"analse est d"amener le malade ! prendre

conscience de l"ensem#le de son univers intellectuel et émotionnel,

ainsi ue de la en&se de cet univers, et ! retrouver les mo#iles ui

ont déterminé le refoulement des idées ou des émotions. B oil! ce

u"écrivait 4erenci en 19835. 7i l"on en restait l!, le chemin ui

m&ne des remémorations au% prises de conscience, pourrait 'tre

décrit dans son parcours, uelle ue soit la comple%ité de celui-ci

6 Le médecin découvre les résistances inorées de son patient @ une

fois ue ces derni&res ont été surmontées, l"analsé raconte, souvent

sans aucune di?iculté, les incidents et associations ou#liés Il s"ait

de< com#ler les lacunes de la mémoire du point de vue descriptif<

et< du point de vue dnamiue, de vaincre les résistances du

refoulement B3(. 4reud, pourtant, dans ce m'me te%te, se démarue

de ce point de vue optimiste3)  6 Il ne reste rien ou presue rien,

dans les nouveau% procédés techniues de la facilité et de l"arément

de cette ancienne marche ! suivre. B Certains patients se comportent

di?éremment de ceu% des premiers temps de la thérapeutiue

analtiue. Me cite 4reud38  6 Le patient n"a aucun souvenir de ce

u"il a ou#lié et ne fait ue le traduire en acte ...<, l"on nit par

comprendre ue c"est l! sa mani&re de se souvenir. B

6 Vouveau% procédés techniues B... 6 ancienne méthode B on

peut se demander s"il n" a pas deu% fa/ons d"envisaer le th&me ui

sous-tend ce chapitre  8e la remémoration aux prises de conscience,

ui peut certes, recouvrir les délimitations du processus temporel de

la cure, mais éalement pro#lématiser, mettre en tension des temps

di?érents de la pensée de 4reud concernant la dnamiue

analtiue. Se nom#reu% auteurs, ont, ces derni&res années attiré !

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

nouveau notre attention sur cette deu%i&me conception. 7ans

prétendre les citer tous, He souline u"! la suite des travau% de 7.

 iderman en 19)39 et en 19))*, des auteurs comme M. :uillaumin

en 198, avec la notion de transitivité de la mémoire*1, C. et 7.

otella, dans  L’+omosexualité inconsciente et la d#nami%ue du

double en séance et  Gensée animi%ue, conviction et mémoire*$ ont

particuli&rement étudié cette uestion. Kout récemment, Claude Le

:uen, a?irme avec force dans une étude tr&s serrée des te%tes de

4reud, ue 6 la mémoire individuelle telle u"elle nous fonde dans

notre histoire comme dans notre 'tre, et telle u"elle contri#ue !

dénir et ! poser notre o#Het d"étude ue cette mémoire donc,

comme la réalité u"elle réf&re, est essentiellement >uctuante, leur

 vérité résidant dans cette >uctuation puisue c"est elle seule ue

nous o#servons, elle seule ui ait sur le monde<. Il n’# a ni

inscription, ni trace à proprement parler, il a maintien d"un >u% B0.

Rn mesurera l! com#ien, entre les conceptions de Le :uen, asse

proches ici des conceptions de iderman, et les conceptions ue

Pasche avait développées dans le Gassé recomposé, il reste une line

de tension vive dont la résolution me paraJt, auHourd"hui encore,

indécida#le.

Gnn, aHoutons ue cette line de tension est, directement issue

d"une de ces énimes du te%te freudien sur lesuelles nous n"avons

pas ni de travailler. Sans 4onstruction dans l’anal#se, 4reud écrit

6 Le chemin ui part de la construction de l"analste devrait mener

au souvenir che l"analsé @ il ne m&ne pas touHours Husue-l!. Kr&s

souvent on ne réussit pas ! ce ue le patient se rappelle le refoulé.

Gn revanche, une analse correctement menée le convainc

fermement de la vérité de la construction, ce %ui, du point de vue

t+érapeuti%ue, a le m7me efet %u ’un souvenir retrouvé. B

Oais He voudrais sur ce point reprendre l"arumentation de César

et 7ara otella 6 Avec la réression formelle dans la séance,

l"inuiétante étraneté est pr'te ! se manifester che les deu%

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

partenaires @ une pro%imité du monde animiue ui entraJne des

aménaements di?érents che chacun. Gtant donné ue la

remémoration freine la démarche réressive animiue, tout en

assumant l"aspiration hallucinatoire éveillée par la réression et

portant la conviction, l"analsé sortira de fa/on spontanée du risue

réressif en se réugiant dans des représentations souvenirs XO. ;n

rassurant ]déH!-vu du passé, une mani&re particuli&re de

remémorer u"est l"acte du transfert, érié en lieu et place de la

réression animiue, conduira l"analsé sur le versant d"une

réalisation de ses désirs inconscients. Par conséuent, nous aurons

facilement tendance ! croire ue la ]vérité, la conviction ne peuvent

advenir u"! travers la remémoration, au point ue notre

compréhension du processus analtiue risue d"'tre trop in>uencée

par ce phénom&ne. Celle ut, pensons-nous, la méprise de

 3reud 6us%u’en ?YOZ, comme l’arbre %ui cac+e la or7t ; la

remémoration lui occultait l’importance de la conviction '.

L"analste, uant ! lui, si il< n"a pas de recours au% solutions

défensives investissement narcissiue de l"analsé en tant ue

dou#le, convictions toutes faites des théories analtiues, 6 pr't-!-

porter B, mémoire, réinvestissement de ses propres traces mnésiues

inconscientes ...<, se trouve confronté ! la réression animiue, !

l"inconnu. Il n"est alors pas loin de l"enfant, face ! l"inconnu

traumatiue ...<. L"analsé transférant et l"analste en réression

formelle seraient ! eu% deu% en mesure d"approcher, voire

d"oraniser ! certains moments priviléiés, le mod&le de la

continuité représentation-perception constitutive du sst&me

inconscient. La conviction, la 6 vérité B peut alors advenir che tous

les deu% et 6 a#outir au m'me résultat thérapeutiue ue la

remémoration B**. Me me sens pleinement en accord avec cette

conception de C. et 7. otella. Cependant, He me séparerai en partie

d"eu%, sur la uestion du recours au% solutions défensives, et He vais

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

tenter d"e%pliciter ce point de vue ! partir d"une premi&re illustration

cliniue.

 Aida, Heune femme de trente ans en analse depuis cin ans,

présente une névrose #ien tempérée, avec une histoire Wdipienne

rendue comple%e par des éléments traumatiues survenus, pour

l"essentiel, dans les deu% énérations précédentes, et ui continuent

! 'tre actifs dans son histoire actuelle. 7es rands-parents maternels

sont venus en 4rance apr&s le énocide arménien ils ont traversé

leur pas au pri% de périls immenses et dans l"anoisse u"on devine.

Le p&re de la patiente, lui, est venu seul en 4rance avec sa propre

m&re, son p&re étant resté ! l"étraner cet homme le rand-p&re

paternel a désiré se séparer de sa femme et a alors demandé ! son

ls de lui écrire u"elle était morte. Ce ui fut fait. Le rand-p&re se

remaria et vécut donc #iame. Se tout ceci, ma patiente a souvent

entendu parler, sans avoir l"idée de l"impact tr&s important ue cette

histoire a pu avoir sur sa vie.

 M"ai uant ! moi, appris cette histoire petit ! petit, comme si tout

cela n"avait pas d"importance, n"était pas investi. M"ai été alerté, au

cours de la deu%i&me année d"analse, par un r've 6 Me traverse une

cham#re ! coucher, il a l! ma m&re, seule dans un rand lit défait,

en train de maner @ He la rearde avec déoXt, elle me dit 6 Me

mane des huJtres avec une sauce ! la menthe B @ ma patiente, fort

intelliente, a tDt fait d"associer sur la m&re, l"amante et sur le

caract&re littéralement cru  de la représentation maternelle ainsi

convouée. Glle m"apprend alors ue la lanue arménienne emploie

comme #eaucoup de lanues du pourtour méditerranéen des

e%pressions tendres u"on emploie pour les petits enfants, fortement

inltrées de contenus se%uels @ elle me donne comme e%emple ce

u"elle a maintes fois entendu che elle, lorsue son p&re admirait

son Heune fr&re #é#é 6 Me te crouerai le se%e B. Premier temps d"un

insiht u"elle reprend uelues Hours apr&s, en se rendant compte

u"elle a #rusuement vers cin ans perdu l"usae de la lanue

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

arménienne u"elle ne voulait plus, comme dégo9tée, emploer. Glle

a pu, ! ce moment de l"analse, et pour uelue temps seulement,

reparler arménien @ puis le smptDme, le déoXt, est réapparu et

nous n"en avons plus parlé.

+uelue temps plus tard, la patiente apporte deu% r'ves ! propos

desuels elle insiste sur le plaisir tr&s vif u"ils lui ont procuré.

Le premier se passe sur un marché oriental, plein de #ruits, de

couleurs, de senteurs e%traordinaires. ;n homme Fé retient son

attention il tape lentement sur une ta#le avec son poin, et la

rearde en répétant 6 Kione, Kione B. Oa patiente associe,

naturellement sur Antione, u"elle vient de relire dans di?érentes

 versions. Glle pense ! la lle d"Ndipe, uidant son p&re aveule, ! la

di?iculté u"elle a ! prendre des distances vis-!-vis de son p&re pour

ui elle serait un #Fton de vieillesse.

Puis elle dit 6 Kione B, /a m"évoue aussi, puisu"on est !

Lon 6 Petit one B, l"e%pression locale pour dire 6 petit enfant B.

Le vieil homme enn, lui évoue son rand-p&re maternel, ui Houait

au% cartes avec sa femme, avec le m'me este de va-et-vient du #ras,et ui se disputait tendrement avec elle. KouHours tr&s douée, la

patiente voit l! un souvenir-écran d"une sc&ne primitive

6 su?isamment #onne B, en reard des disputes violentes ue ses

parents avaient souvent, en arménien,  dans la cham#re u"elle a

partaée avec eu% Husu"! l"Fe de sept ans. 7i séduisantes ue

soient les interprétations u"elle propose, He suis moi, arr'té par ce

6 Kione B, et H"associe, intérieurement, sur un prénom de ar/on

arménien 6 Kiran B, mais He arde cette association pour moi. C"est

par hasard ue He connais ce prénom.

 A la séance suivante, elle apporte un autre r've 6 Glle est la

seule survivante d"un roaume dévasté, elle en est la Heune et fai#le

reine, mais aidée par un Heune et preu% chevalier prénommé

]réon. Puis elle se retrouve en train d"apprendre le fran/ais ! la

reine. Glle va lonuement parler de ce r've la lanue maternelle

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

perdue lorsue ses parents se sont mis ! parler ! tout le monde de

ses e%cellents résultats en fran/ais, avec erté surtout son pre ,

]réon, ui est une francisation d"un prénom arménien, celui de

son rand-p&re paternel. L"homme ui avait pu avoir deu% femmes !

la fois. Me lui dis alors ue Kione m"a fait penser, moi, ! Kiran. Glle

me dit c"est un roi tr&s important pour nous. a se prononce

SiTran. B Glle reste lonuement silencieuse Husu"! la n de la

séance.

 & la séance suivante, elle commence

ier, dans mon silence, He me disais 6 Ku as envie de te

rouler par terre, de trépiner, de crier, de dire des ros mots...

Ooi dans uelle lanue U

Gn arménien pour moi, c"est la lanue des ros mots, celle

des disputes de mes parents, la lanue se%uelle E a, on l"avait dit il

a #ien lontemps... Alors, la roue a fait un tour U et on est au m'me

point U l! o^ cette petite lle moi trépine de ne pas voir mon

p&re comme son propre p&re ! lui avec deu% femmes, l! o^ He ne

puis 'tre la reine. Cela est dit d"un ton e%traordinairement charéd"a?ects, et He suis saisi alors par cette imae de la roue, et He me

rappelle ue la veille, pendant son silence, He pensais avec nostalie

! ma propre enfance He revoais Lon sillonné, dans les années

cinuante, par des carrioles tirées par des chevau%, allant livrer les

#oissons dans les cafés @ certaines portaient un panonceau 6 La

reine des Limonades B. Cette activité oniriue ne me revient u"! ce

moment-l!. Gt He m"entends dire ! ma patiente Comment vos rands-parents ont-ils fui d"Arménie U

Gn carriole, me répond-elle

Gt moi, comme en r'vant 6 Alors, pour vous, c"est aussi

douloureu% de parcourir cette route de l"enfance, ue pour vos

rands-parents de uitter, en carriole, le pas de leur enfance U B

9*

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

Glle reste silencieuse Husu"! la n de la séance, pleure et part en

disant 6 Me me sens tout d"un coup calme, rassénérée, heureuse. B

 Me consid&re u"il a dans cette séuence un temps au moins ui

mérite d"'tre discuté l"intervention au cours de lauelle He traduis le

6 Kione B fran/ais en 6 Kiran B arménien, apr&s u"elle m"ait dit

ue 6 réon B était une francisation d"un prénom arménien Ve

s"ait-il pas d"un Heu animiue dans leuel la séparation des lanues

s"a#olit, et dans leuel nous nous retrouvons dans un temps d"avant

a#el, dans une lanue commune, ni tout ! fait ! elle, ni tout ! fait !

moi U M"aurais tendance ! le penser, en précisant toutefois ue cette

lanue est ainsi, dans une certaine mesure une lanue étran&re

pour chacun d"entre nous. Peut-'tre sommes-nous dans un moment

o^ nous parlons de ce ue

Senise Colin-oth#er a appelé 6 la lanue analtiue B0. Oais il

faut aussi aHouter u"il a dans mon intervention une séduction

évidente ne serait-ce ue parce u"en montrant ue He parle deu%

lanues, He m"identie au rand-p&re paternel, avec ses deu%

femmes. Ce moment, sans doute tr&s chaud, sur le plan de

l"interaction transféro-contretransféren-tielle, a pour e?et les

retrouvailles auto-érotiues de chacun de nous avec sa lanue et les

souvenirs relatifs ! sa propre enfance avec une uration commune 

la carriole. A partir de cette communauté représentative un temps

partaée, chacun peut se réapproprier sa propre histoire infantile

la remémoration s"ouvre ici ! la conviction. Il faut #ien entendu

aHouter ue ma r'verie auto-érotiue est une solution défensive, dans

mon contre-transfert, destinée ! contenir l"air séducteur lié ! mon

intervention. Glle est en m'me temps remémorative Glle a ainsi un

triple aspect défensif, autoérotiue, remémoratif, asse proche donc

de ce ue C. et 7. otella ont si #ien décrit, ! travers la notion

d"auto-érotisme secondaire*5. C"est pouruoi, ! certains éards, la

solution défensive peut parfois ne pas emp'cher la réression

animiue, ce ui, #ien entendu souline l"impérative et constante

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

nécessité de l"analse du contre-trans-fert an de permettre le

déaement de la séductionZconfusion, et de passer de la conviction

de l"autre ! l"intime conviction. Koutes ces considérations et l"histoire

cliniue ue H"ai rapportées permettent me sem#le-t-il de réévaluer,

de remettre en perspective une autre a?irmation de 4reud dans

4onstruction dans l’anal#se ;  nous devons nous rappeler ue le

travail analtiue consiste en deux pices entirement distinctes, %ui

se 6ouent sur deux scnes séparées X[.  Vous savons ue l"analsé

doit 'tre amené ! se remémorer uelue chose u"il a vécu et refoulé

...<. Se ce dont il s"ait, l"analste n"a rien vécu ni refoulé @ sa tFche

ne peut pas 'tre de se remémorer uelue chose. +uelle est donc sa

tFche U Il faut ue d"apr&s les indices échappés ! l"ou#li, il devine ou

plus e%actement il construise ce ui a été ou#lié. Parfois, ! mon sens,

les deu% sc&nes ne sont pas séparées, les deu% pi&ces ne sont plus

entirement  distinctes, et la mémoire se fait alors mémoire

commune, la uration devient alors uration partaée*) 

moments de familiarité étranement inuiétante indiuant ue le

 vérita#le travail de remémoration Z prise de conscience est actif, et

ui ne sinent pas touHours les clivaes fonctionnels si #ien décrits

par :érard ale0 @ ils sont souvent aussi l"indice du travail en

réression animiue évoué par César et 7ara otella.

Concernant le chemin ui va de la remémoration au% prises de

conscience et le terme m'me de 6 prise B m" invite He

consid&re ue la distinction faite par C. et 7. otella entre les auto-

érotismes primaires et les auto-érotismes secondaires est

e%tr'mement précieuse. Se m'me u"ils ont montré*8 6 comment

l"enfant dont l"o#Het n"a pas eu les ualités adéuates ou ui a su#i

des catastrophes ...< ne pourra utiliser ue des éléments auto-

érotiues épars... sans les rassem#ler B auto-éro-tisme primaire<, de

m'me, me sem#le-t-il, on peut montrer ue la fonction de

remémoration, la 6 mémoire B est sur-investie che certains patients,

davantae dans une visée de déchare, comme avec une one

9(

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

éro&ne autonome, non uniée, ue dans une fonction

d"appropriation et de conservation ui est permise par les auto-

érotismes secondaires. Avec le sur-investissement de la mémoire

l"ou#li ne peut faire son Wuvre et le souvenir, c"est-!-dire selon Isral

oseneld, ! la reconstitution opérée sur le passé*9 ne peut alors

advenir. Se tels patients les 6 patients-#ioraphes B sollicitent

leur analste sur un mode particulier ainsi Ana=s, ui était venue !

l"analse apr&s de nom#reuses tentatives pschothérapiues

diverses, au cours desuelles elle avait cherché en vain un

traumatisme ou#lié ui aurait pu lui e%pliuer son peu de plaisir ! la

 vie. Sans son récit, rien n"échappait ni les noms de ses premiers

instituteurs, du #oulaner, de la demoiselle ui faisait le catéchisme

ou de celle ui donnait les le/ons de piano, ni la chroniue

uotidienne de son villae d"enfance @ elle pouvait raconter avec un

e%traordinaire lu%e de détails l"ordonnancement de l"estrade de la

distri#ution des pri%, le menu du repas pris au restaurant le Hour des

résultats du #ac, dresser une liste compl&te de ses amis ou conter

intermina#lement la procession de la 4'te-Sieu de 19(* plus elle

me communiuait les imaes u"elle formait de sa vie, moins He me

représentais ce u"il en était d"elle-m'me dans son histoire #ien au

contraire, surissait en moi, pour échapper au vide, des références

littéraires dont H"inde%ais son récit :eore 7and souvent, 4lau#ert

et Oaupassant fréuemment, parfois le 7tendhal de  Lucien LeuJen.

 Au fur et ! mesure u"Ana=s peinait son enfance, la toile

s"estompait @ plus elle s" retrouvait dans sa mémoire anamnésiue,

plus elle s" découvrait étran&re.

 M"avais, uant ! moi, remarué ue si les références littéraires ui

me venaient renvoaient au si&cle précédent, Ana=s, uant ! elle,

m"avait par petites touches, décrit une m&re perdue dans un autre

passé celui de sa propre m&re la rand-m&re d"Ana=s pour ui

elle célé#rait uotidiennement le culte des morts dans la pénom#re,

une veilleuse allumée, elle pensait ! elle @ c"est ainsi ue ses enfants

9)

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

la trouvaient chaue Hour au retour de l"école. Me savais aussi ue

cette m&re avait tenu, pour chacun de ses enfants, un  6ournal

%uotidien de leur développement d&s le Hour de leur naissance u"elle

leur avait remis plus tard c"était sans doute pour elle, le moen de

maintenir par le #iais de l"écriture, un lien avec ses enfants,

constamment menacé de rupture, tant l"identication ! sa propre

m&re morte était envahissante. Ce Hournal uotidien était en tout cas

un mod&le de l"hpermnésie d"Ana=s, dans lauelle cette derni&re se

conformait au propre fonctionnement de sa m&re, elle-m'me

précocement disparue.

Vous n"en étions pas ! évouer cette construction, vérita#le

lanue étran&re pour ma patiente @ elle m"aidait simplement ! ne

pas trop me perdre moi-m'me. Gt puis un Hour, au cours d"une de ces

séances, o^, comme ! l"accoutumée, He m"éarais avec elle, uelue

chose de ténu, de fraile, surit un souvenir 6 Me me revois, dit-

elle, en train de faire pipi dans le Hardin de mon enfance @ H"o#serve

accroupie, le sol sous moi, et He vois des petits vers sortir de la terre,

et He me revois encore me dire 6 c"est toi ui les a faits @ c"est toi ui

les fait sortir de terre, c"est toi ui les a créés. B La mémoire cédait

la place au souvenir @ Ana=s créait sa vie au lieu de la lire dans le

 Hournal de sa m&re, des vers,  elle put enn faire des r7ves @ sa

mémoire surinvestie, et se vidant sans cesse comme peut se vider

une mémoire d"ordinateur en un fonctionnement autoérotiue

primaire, laissait la place ! un souvenir dans leuel, rFce ! l"auto-

érotisme secondaire, elle pouvait créer et se créer elle-m'me

ce passae est me sem#le-t-il le sine ue la remémoration ouvre !

la prise de conscience.

Rn peut éalement suivre un tel cheminement che un autre

patient biograp+e  cél&#re :eores Pérec. Vous savons, de Pérec

lui-m'me5 u"il a fait une analse entre 19)1 et 19)5. Au cours de

cette période analtiue e%actement entre 19) et 19)* , il écrit

un livre tr&s étrane \ ou le souvenir d'enance51. Il a dans ce

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

livre, dit Pérec, deu% te%tes simplement alternés ...<. L"un de ces

te%tes appartient tout entier ! l"imainaire. C"est un roman

d"aventure, la reconstitution ar#itraire mais minutieuse d"un

fantasme enfantin évouant une cité réie par l"idéal olmpiue.

L"autre te%te est une autobiograp+ie  le récit framentaire d"une vie

d"enfant pendant la uerre @ un récit pauvre d"e%ploits et de

souvenirs, fait de #ri#es éparses d"a#sences, d"ou#lis, de doutes,

d"hpoth&ses, d"anecdotes maires. 6 Les chapitres sont alternés, de

telle sorte u"on a une uration asse saisissante des deu% sc&nes

séparées évouées par 4reud, #ien ue les procédés ou les

processus ui les relient soient percepti#les au l des deu% récits.

;ne des raisons ui m"a conduit ! évouer ce livre tient au%

premi&res lines de sa partie auto#ioraphiue

6 Me n"ai pas de souvenirs d"enfance. Musu"! ma doui&me année

! peu pr&s, mon histoire tient en uelues lines H"ai perdu mon

p&re ! uatre ans, ma m&re ! si%, H"ai passé la uerre dans diverses

pensions de illard-de-Lans. Gn 19*5, la sWur de mon p&re et son

mari m"adopt&rent ...<. 6 Me n"ai pas de souvenirs d"enfance B @ He

posais cette a?irmation avec assurance, avec presue une sorte de

dé. L"on n"avait pas ! m"interroer sur cette uestion. Glle n"était

pas inscrite ! mon proramme. M"en étais dispensé une autre

histoire, la :rande, l"istoire, avec sa rande hache avait répondu !

ma place la uerre, les camps.

Se son cDté, le héros de , le récit romanesue, a?irme 6 Oon

p&re mourut des suites d"une #lessure comme le p&re de Pérec<

alors ue H"allais avoir si% ans ...<. L"un des deu% voisins de mon p&re

s"o?rit ! m"adopter B et il aHoute 6 Lontemps, H"ai cherché les

traces de mon histoire, consulté des cartes et des annuaires, des

morceau% d"archives. Me n"ai rien trouvé et il me sem#lait parfois ue

 H"avais r'vé, u"il n" avait eu u"un inou#lia#le cauchemar... B Pérec

auto#ioraphe, de son cDté aHoute 6 A treie ans, H"inventai, racontai

et dessinai une histoire. Plus tard, He l"ou#liai. Il a sept ans, un soir

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

! enise, He me souvins tout ! coup ue cette histoire s"appelait et

u"elle était d"une certaine fa/on, sinon l"histoire, du moins une

histoire de mon enfance. B

Rn saisira l! le parado%e apparent de l"histoire ou#liée,

manuante, perdue et de l"inou#lia#le cauchemar c"est celui ui

ouverne le livre entier il est vrai ue le héros de a une histoire

sinuli&re déserteur, il a pu échapper au% poursuites et se refaire

une vie ! l"aide d"un 6 vrai-fau% passeport B aant appartenu au ls

d"une rande cantatrice, 4ecilia incTler. Se son cDté, Pérec

#ioraphe nous apprend de sa m&re, Crha 7chulevit, u"on

l"appelait plus communément 4écile  et il aHoute 6 Me dois ! ce

prénom d"avoir pour ainsi dire touHours su ue 7ainte-Cécile est la

patronne des musiciennes. B Rn a donc ainsi toutes les raisons de

penser ue :aspard, l"enfant de Cécilia, et :eores, l"enfant de

Cécile sont une seule et m'me personne.

Le narrateur de poursuit 6 :aspard incTler était ! l"époue

un enfant de huit ans. Il était sourd-muet. C"était un ar/on malinre

et rachitiue, ue son inrmité condamnait ! un isolement presue

total. Il passait la plupart de ses Hournées accroupi dans un coin de

sa cham#re, nélieant les fastueu% Houets ue sa m&re ou ses

proches lui o?raient uotidiennement, refusant presue touHours de

se nourrir ...<. Kous les médecins consultés étaient formels sur ce

point, aucune lésion interne, aucun dér&lement anatomiue ou

phsioloiue n"était responsa#le de sa surdi-mutité ui ne pouvait

'tre imputée u"! un traumatisme enfantin dont, malheureusement,

les tenants et les a#outissants étaient encore inconnus, #ien ue

l"enfant eXt été montré ! de nom#reu% pschiatres. B Gérec propose

ainsi, dans \, une t+éorie traumati%ue du silence, de l ’oubli, du

désespoir et du repli autisti%ue, dont on ne sort %ue par le biais

d’une ausse identité. Su p&re de :aspard incTler, l"enfant sourd-

muet, rien n"est dit :aspard n"a u"une m&re, Cécilia @ Pérec écrit

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

ue Cécile est la patronne des musiciennes, e%cluant ainsi, dans un

lapsus d"écriture

déli#éré ou non , les musiciens. Sans sa #ioraphie, Pérec

nous indiue d"ailleurs ue c"est ! vint ans u"il vit pour la premi&re

fois la tom#e de son p&re 6 L"étonnement, écrit-il, de voir mon nom

sur une tom#e car l"une des particularités de mon nom a lontemps

été d"'tre uniue dans ma famille personne d"autre ne s"appelait

Pérec ...<, la découverte de ce minuscule espace de terre clDturait

enn cette mort ue He n"avais Hamais apprise, Hamais éprouvée,

 Hamais connue ni reconnue, mais u"il m"avait fallu, pendant des

années et des années, déduire hpocritement des chuchotis apitoés

des dames. B Se son cDté, le héros de décide de partir ! la

recherche de :aspard incTler, celui dont il porte le nom. C"est ainsi

ue se termine la premi&re partie du livre, et ue commence la

 vérita#le histoire de , et une nouvelle auto#ioraphie ue He

n"évouerai ue tr&s #ri&vement 6 Sésormais, écrit Pérec, les

souvenirs e%istent, fuaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien

ne les rassem#le. Ils sont comme cette écriture non liée, faite de

lettres isolées incapa#les de se souder entre elles pour former un

mot, ui fut la mienne Husu"! l"Fe de di%-sept ans ou di%-huit ans,

ou comme ces dessins dissociés, disloués dont les éléments épars

ne parvenaient Hamais ! se relier les uns au% autres B... 6 les mains

n’assuraient aucune prise .

 Ainsi, la construction du livre, avec la séparation du roman et de

l"auto#ioraphie, est comme la représentation de cette 6 écriture

non liée B, faite de 6 lettres isolées B de ces 6 dessins dissociés B...

6 les mains n"assuraient aucune prise B. se présenterait en

%uel%ue sorte comme le r7ve d’un < anti-bloc magi%ue , #ien ue, ce

r've échoue. Cet échec a d"ailleurs, dans le livre, deu% modalités

distinctes.

La premi&re résulte, dans la #ioraphie elle-m'me, du

développement de la néation premi&re 6 Me n"ai pas de souvenirs

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

d"enfance B 6 ;ne photo nous montre, ma m&re et moi, en ros

plan, écrit Pérec. La m&re et l"enfant donnent l"imae d"un #onheur

ue les om#res du photoraphe e%altent. Me suis dans les #ras de ma

m&re. Vos tempes se touchent... M"ai des cheveu% #londs avec un tr&s

 Holi cran sur le front. B Gt Pérec aHoute cette e%traordinaire

remarue 6 de tous les souvenirs ui me manuent, celui-l! est

peut 'tre celui ue H"aimerais le plus fortement avoir ma m&re me

coi?ant, me faisant cette ondulation savante. B Rn voit ainsi, in statu

nascendi,  un souvenir-écran  dont la résonance Wdipienne est

évidente, et ui renvoie ! un autre souvenir, le premier souvenir de

sa vie d’enant ; il a trois ans et on s"e%tasie de ce u"il a identié

cette lettre hé#ra=ue dont le nom aurait été... :ammeth5$. Lettre

ui, #ien entendu n"e%iste pas, mais dont le nom, dans le conte%te

Wdipien évoué, est particuli&rement savoureu%. Cette sc&ne, écrit

Pérec 6 par son th&me, sa douceur, sa lumi&re B, ressem#le pour moi

! un ta#leau, peut-'tre inventé, ui se nommerait 6 Mésus en face

des  8octeurs.  Rn peut naturellement rapprocher le titre de ce

ta#leau supposé et ce souvenir désiré et manuant de sa m&re le

coi?ant savamment.

La deu%i&me modalité de cet échec tient au fait ue, de m'me

u"! l"intérieur m'me de la #ioraphie, des liens se font

proressivement entre les souvenirs, de m'me, entre la #ioraphie et

le roman, les liens, au l de l"ouvrae, deviennent de plus en plus

serrés. Ainsi le chapitre I traite de la conception des enfants sur

l"Jle de on apprend ue 6 les femmes auparavant enfermées au

nécée sont poursuivies sur un stade par les athl&tes. Les uns et les

autres sont enti&rement nus B. Koutefois les athl&tes portent des

chaussures 6 dont les pointes sont aiuisées et particuli&rement

acérées et lacérantes B p. 1(9<. Rr le chapitre suivant, ui est, selon

le principe du livre, auto#ioraphiue, rapporte un épisode de

pension ui éclaire et est éclairé par le fantasme de la

conception des enfants sur

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

6 Me n"ai u"un seul souvenir de cette pension un Hour, on trouva

une petite lle enfermée dans un cai#i o^ l"on raneait les #alais.

Glle était restée plusieurs heures. Kout le monde a?irma ue c"était

moi le coupa#le ...<. +uelue temps plus tard mais cet événement

n’est pas un autre souvenir ]O  et reste ine%trica#lement lié au

premier nous étions de nouveau dans cette m'me salle de Heu%.

;ne a#eille se posa sur ma cuisse auche. Me me levai #rusuement

et elle me piua. Oa cuisse en>a de fa/on réellement colossale ...<.

Pour tous mes camarades, et surtout pour moi-m'me, cette piXre

fut la preuve ue H"avais enfermé la petite lle B p. 1)$-1)3<. Rn

peut l! aussi rapprocher la petite lle enfermée dans le placard, et

les femmes de enfermées au nécée, les chaussures acérées de

l"athl&te et l"aiuillon de l"a#eille, et saisir ainsi le retournement

masoc+i%ue  l"événement condense, ! travers la piXre su#ie et la

cuisse en>ée, les identications #ise%uées au couple de la sc&ne

primitive. Rn ne s"étonnera donc pas de voir Pérec développer

ensuite des fantasmes tr&s #anals sur sa aucherie contrariée, ui lui

a touHours fait confondre le sens de mots opposés comme par

e%emple, dit-il, le concave et le conve%e, etc. Ainsi, l"enfant sourd-

muet, sans identité, l"écrivain sans souvenirs d"enfance,

proressivement se remémore, sans référence ! l"indici#le

traumatisme il a le Pérec du dé#ut de , celui ui écrit 6 Me ne

sais pas si He n"ai rien ! dire, He sais ue He ne dis rien @ He ne sais pas

si ce ue H"aurais ! dire n"est pas dit parce u"il est l"indici#le

l"indici#le n"est pas tapi dans l"écriture, il est ce ui l"a #ien avant

déclenchée< B, et le Pérec ui se remémore proressivement.

Il me sem#le ue ce lon passae ui va de l"identication

défensive ! l"enfant sourd-muet, ! l"identication hstériue est

asse représentatif du mouvement énéral de la remémoration et de

la prise de conscience.

+uant ! ce ui, sur le plan interne, sur le plan de l"analse, est

advenu, c"est dans le te%te de 19)),  Les lieux d’une ruse?,  dans

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

leuel il évoue son analse, ue Pérec dit peut-'tre l"essentiel sur la

prise de conscience 6 M"ai recommencé peut-'tre cinuante fois les

premi&res lines d"un te%te ui, au #out de uelues phrases

s"enlisait immanua#lement dans des artices rhétoriues de plus en

plus em#rouillés. Me voulais écrire, il fallait ue H"écrive, ue He

retrouve dans l"écriture, par l"écriture, les traces de ce ui s"était dit

et toutes ces paes recommencées, ces #rouillons inachevés, ces

lines laissées en suspens sont comme des souvenirs de ces séances

amorphes o^ H"avais cette sensation innomma#le d"'tre une machine

! moudre des mots sans poids ...<, il fallait a#solument u"il ait des

uestions, comme si sans uestions il ne pouvait avoir de réponses.

 ais ce %ue 6e veux dire, ce n’est pas une réponse, c’est une

afirmation, une évidence, %uel%ue c+ose %ui est advenu, %ui a 6ailli

...<q Pendant lontemps, on croit ue parler, cela voudra dire

trouver, découvrir, comprendre, comprendre enn, 'tre illuminé par

la vérité. Oais non uand cela a lieu, on sait seulement ue /a a

lieu ...<. Cela a eu lieu un Hour et He l"ai su. Me voudrais pouvoir dire

 He l"ai su aussitDt, cela ne serait pas vrai, il n"e%iste pas de temps

pour dire uand ce fut. Cela a eu lieu, cela avait eu lieu, cela aura

lieu. Rn le savait déH!, on le sait ...<. Se ce lieu souterrain, He n"ai

rien ! dire. Me sais u"il eut lieu, et ue, désormais, la trace en est

écrite en moi et dans les te%tes ue H"écris. Il dura le temps ue mon

histoire se rassem#le elle me fut donnée un Hour, avec surprise,

avec émerveillement, avec violence, comme un souvenir restitué

dans son espace, comme un este, une chaleur retrouvée. Ce Hour-l!

l"analste entendit ce ue H"avais ! lui dire, ce ue, pendant uatre

ans, il avait écouté sans l"entendre, pour cette simple raison ue He

ne le lui disais pas, ue He ne me  le disais pas ...<. +uelue chose

s"est déplacé, uelue chose se déplace et se trace... uelue chose

de plein, et de délié. B

Les lettres encore, pleines et déliées, et non plus isolées et

séparées. Oais éalement la parole, dans un traHet caractéristiue,

1*

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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme

ui va de l"enfant sourd-muet ! l"enfant ui parle et sait u"il peut

'tre entendu parce u"il peut se le dire.

 André :reen a, dans une communication personnelle, suéré ue

souvent, un patient vient en analse pour dire l"inaccepta#le de sa

 vie @ ce ui fait, dit-il, ue dans l"analse, l"inaccepta#le va devenir

accepta#le, c"est u"il a dans le pschisme un récitant ui va, dans

le chaos des actions, comme dans le chWur du théFtre antiue,

réta#lir une continuité, nommer l"inaccepta#le. Il me paraJt évident

ue ce récitant ui établit la continuité, c"est le se le dire dont parle

Pérec nous revoici donc du cDté des auto-érotismes, par le #iais de

cette voi% moenne ré>échie, au sens littéral du terme, temps dans

leuel le 6 ver#e pulsionnel B A. :reen< se déae @ mais il faut

parfois #eaucoup de temps pour ue le récitant, dans le pschisme

du patient se mette ! parler l"analste, alors, a pour fonction,

lorsue ce récitant est indisponi#le pour la représentation, d"en 'tre,

comme on dit au théFtre, la dou#lure. C"est la continuité de cette

 voi%, proposée par le dispositif analtiue, ui est,

constitutionnellement, anti-traumatiue.

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Chapitre &. 'uand le traumatisme survient che(

l’anal)ste

4reud et 4erenci le traumatisme partaé

Le pschanalste a #esoin, comme chacun, de scnes originaires

ui rendent compte des points d"achoppement de son travail

pschiue, dans son activité de théorisation. Le lecteur a, sur ce

point, en mémoire les tr&s #elle paes dans lesuelles Sidier Anieu

montre comment le 6 r've de l"inHection faite ! Irma B est une de ces

sc&nes oriinaires de la découverte freudienne. S"une fa/on

énérale, l"analse des relations de 4reud avec ses coll&ues, depuis

4liess Husu"! Mun, est révélatrice des points de tension et

d"e%aspération passionnelle ui ont présidé ! la naissance de la

pschanalse. Plus particuli&rement, les relations entre 4reud et

4erenci rév&lent la force avec lauelle les développements

théoriues peuvent 'tre mis au service du contre-transfert, lorsue

celui-ci, ! défaut d"'tre silencieu%, reste étraner ! lui-m'me.

2crit entre Hanvier 193$ et octo#re 193$, le  5ournal clini%ue  est

l"un des derniers écrits de 4erenci. La fameuse lettre de 4reud !

4erenci sur la techniue du #aiser date de décem#re 1931, on se

souvient u"elle se termine par ces mots 6 ! présent il vous faut aller

de l"avant B, ce ui nous pouvons comprendre comme une sorte

d"encouraement de 4reud ! 4erenci ! e%plorer les voies de

ré>e%ion u"il avait ouvertes @ il ne reste, en 193$, ! 4erenci ue

1(

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

uelues mois ! vivre @ il meurt en mai 1933 d"une anémie de

iermer. Comme on le voit, ce Hournal cliniue est écrit dans des

circonstances particuli&rement dramatiues de sa vie, aussi pourrait-

on 'tre tenté de le lire uniuement ! travers une rille interprétative

pschopatholoiue, du fait des di?icultés relationnelles e%tr'mes de

4erenci avec 4reud, et du fait des trou#les pschiues ui

accompanent l"anémie de iermer @ #ien entendu cela est

intéressant @ #ien entendu aussi, cela est insu?isant. Me pense ue le

 5ournal clini%ue est ! la fois un écrit techniue souvent passionnant

et une tentative de 4erenci de mettre au clair ses points d"accord et

de désaccord avec 4reud. Il m"a sem#lé important de commencer ce

chapitre par son évocation, car, comme l"écrit lise arande5*,

6 4erenci, apr&s 4reud et avec A#raham, s"est confondu avec la

chose ]analtiue. Il fait partie d"une histoire o^ nous sommes

entrés B.

Sans le 5ournal clini%ue 4erenci nous incite ! lire ses évolutions

techniues de l"analse classiue ! la thérapie active, puis de la

thérapie active ! la rela%ation, puis de la rela%ation ! l"analse

mutuelle ! travers le ltre de sa relation transférentielle ! 4reud.

Gn e?et dans un lon te%te en date du 1er mai 193$, il commence

par reprocher ! 4reud son peu d"intér't pour la pratiue analtiue

6 He pense, pour ma part, u"! l"oriine 4reud croait vraiment en

l"analse, il a suivi reuer avec enthousiasme, il s"est occupé

passionnément avec dévouement, de la uérison des névrosés... Oais

il a dX 'tre désenchanté par certaines e%périences ...< che 4reud

cela correspond sans doute ! la découverte ue les hstériues

mentent. Sepuis cette découverte, 4reud n"aime plus les malades. Il

est retourné ! l"amour de son surmoi ordonné, cultivé... sa méthode

thérapeutiue, comme sa théorie sont de plus en plus imprénées

par l"intér't pour l"ordre, le caract&re, le remplacement d"un

mauvais surmoi par un meilleur @ il devient pédaoiue... B. Il

poursuit 6 7a méthode thérapeutiue devient< de plus en plus

1)

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

impersonnelle >otter comme une divinité au-dessus du pauvre

patient, ravalé au ran d"enfant @ ne se doutant pas u"une rande

partie de ce ue l"on nomme transfert est articiellement provoué

par ce comportement... dans cette situation conforta#le pour lui, le

médecin< l"arément d"'tre en position de supériorité et d"'tre aimé

sans réciprocité presue une situation de randeur infantile< B.

Gnsuite 4erenci su&re He cite ue sa 6 thérapie active B était

un premier assaut inconscient contre cette situation 6 dans

l"e%aération et la mise en évidence de cette méthodoloie sadiue

éducative B. Puis cette position lui est clairement apparue comme

intena#le il poursuit 6 Gt en uise de théorie nouvelle nouveau

délire<, vint la théorie de la rela%ation, le laisser faire complet !

l"éard du patient... Oais les patients récusent la fausse douceur du

maJtre... Rn en vient nalement ! se demander s"il n"est pas naturel,

et aussi opportun, d"'tre franchement un 'tre humain, doué

d"émotions, tantDt capa#le d"empathie, tantDt irrité... Le patient en

 viendra alors< en toute loiue, ! e%primer son soup/on uant !

l"analse imparfaite de l"analste et, s"éveillant de sa timidité, il

osera peu ! peu faire lui-m'me remaruer tel trait parano=de ou

portant ! l"e%aération @ nalement viendra la proposition d"analse

mutuelle B.

 Ainsi, asse e%plicitement, 4erenci en vient ! présenter ses

variations tec+ni%ues comme la consé%uence des positions

t+éori%ues et tec+ni%ues de 3reud soit ! travers une identication !

l"aresseur pour la techniue active<, soit par le #iais d"une

formation réactionnelle pour la rela%ation<, posant au passae le

pro#l&me de la création théoriue comme délire. Sans l"analse

mutuelle, 4erenci sem#le décrire une situation techniue

acon>ictuelle 6 le patient surmonte plus facilement la déception de

ne pas 'tre aimé de nous ue la dépendance indénie par rapport !

un parent p&re ou m&re< ui promet tout en apparence, mais ui

intérieurement refuse tout. +uant au médecin, dérisé de son délire

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

scientiue, il e%ercera...une action plus féconde @ en uise de

#énéce secondaire, il aura aussi acc&s ! des possi#ilités de Houir de

la vie ui, Husue-l!, lui étaient névrotiuement ou pschotiuement

refusées. B

Il sem#le donc ue dans ce passae du 5ournal clini%ue, 4erenci

met en rapport étroit ses variations techniues et sa relation avec

4reud, ! travers les reproches u"il adresse ! ce dernier il su&re

en somme ue le contre-transfert de l"analste est produit en partie

par uelue chose de non éla#oré dans le transfert lors de sa propre

analse, il nous invite par l! ! interroer ce ue nous savons des

relations comple%es entre 4reud et 4erenci.

Vous connaissons, par une lettre de 4erenci ! :roddecT, en date

du $5 décem#re 19$1 certains détails e%tr'mement importants de la

relation 4reudZ4erenci dans les premi&res années de leur

rencontre55, donc autour de 198-191, et tr&s éclairants sur le

climat ui rénait alors au sein du mouvement pschanaltiue.

6 Par périodes, He m"étais laissé analser par lui ...<, pendant des

années nous avons voaé ensem#le chaue été He ne pouvais pas

m"ouvrir totalement ! lui @ il avait trop de ce ]respect pudiue, il

était trop rand pour moi, il avait trop d"un p&re... B Gt uelues

lines plus loin 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B.

Ce 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B accompané de

ce reret de ne pouvoir 'tre tout ! 4reud, éveille #ien entendu l"écho

de l"analse mutuelle et met d"em#lée l"accent sur l"intensité de

l"amour de transfert de 4erenci envers 4reud. Cette e%ience de

tout se dire ue 4erenci formule ! plusieurs reprises lors de leur

 voae commun en Italie, en aoXt-septem#re 191, aace

énormément 4reud, ce u"il fait savoir ! 4erenci dans une lettre du

( octo#re 191 6 He n"éprouve plus le #esoin de révéler

compl&tement ma personnalité, et vous l"ave fort Hustement attri#ué

! une raison traumatiue B, et ! Mun, dans une lettre du $*

septem#re 1919 6 mon companon de voae 4erenci< est un

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

homme ue H"aime #eaucoup, mais un peu maladroitement r'veur et

il a une attitude infantile ! mon éard... B Plus loin 6 il s"est montré

de fa/on trop réceptive et passive, a laissé faire pour lui comme une

femme et mon homose%ualité ne va uand m'me pas Husu"!

l"accepter comme tel. La nostalie d"une vraie femme aumente

considéra#lement dans de tels voaes B. 4reud ne sem#le d"ailleurs

pas dupe de la comple%ité de ce transfert puisu"il précise dans la

m'me lettre 6 il m"admire sans discontinuer, ce ue He n"aime pas,

et me critiue sans doute Fprement dans l"inconscient si He me laisse

aller B. 4reud évoue ici l"aspect caché du transfert néatif, évoué

ici par 4reud en 191, dans un cadre e%tra-analtiue, nous en

retrouvons la trace sur le plan de l"analse de 4erenci, dans une

lettre ! :roddecT du $) février 19$$ 6 Le professeur 4reud a pris

une ou deu% heures pour s"occuper de mes états, il s"en tient ! son

opinion précédemment e%primée, ! savoir ue l"élément principal

che moi serait ma haine ! son éard, lui ui tout comme autrefois

le p&re< a emp'ché mon mariae avec la ancée plus Heune

actuellement #elle-lle<... Me dois avouer ue cela m"a fait du #ien de

pouvoir, pour une fois, parler de ces mouvements de haine face au

p&re tant aimé B0. Me reviendrai plus loin sur l"épisode du mariae de

4erenci et du rDle u" Houa 4reud, ce ue He veu% ici souliner c"est

ue, si l"on en croit 4erenci, 4reud a #ien analsé le transfert

néatif de celui-ci. Rr, la lecture d'&nal#se avec 0n et anal#se sans

 0n 193)< donne une tout autre version de l"analse de 4erenci5(.

6 ;n homme ui a pratiué l"analse avec rand succ&s Hue ue

son rapport ! l"homme comme ! la femme au% hommes ui sont

ses concurrents et ! la femme u"il aime n"est pourtant pas li#re

d"entraves névrotiues, et pour cette raison se constitue l"o#Het

analtiue d"un autre u"il tient supérieur ! lui. Cette radioscopie

critiue de sa propre personne lui vaut un plein succ&s. Il épouse la

femme aimée et se transforme en ami et maJtre de ses rivau%

supposés. ien des années se passent ainsi au cours desuelles

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

m'me la relation ! l"analste d"autrefois se maintient sans nuaes.

Oais ensuite survient un trou#le, sans cause e%térieure décela#le.

L"analsé entre en opposition avec l"analste, il lui reproche d"avoir

nélié de lui avoir donné une analse compl&te. Il aurait pourtant

dX savoir et prendre en considération u"une relation de transfert ne

peut Hamais 'tre purement positive. Il aurait dX se soucier des

possi#ilités d"un transfert néatif. L"analste se Hustie de ce u"au

temps de l"analse, on ne pouvait rien percevoir d"un transfert

néatif. Oais ! supposer m'me u"il n"ait pas vu les plus léers

indices de celui-ci, ce ui n"était pas e%clu en raison de l"étroitesse

de l"horion en cette au#e de l"analse, il resterait douteu% u"il ait

eu le pouvoir d"activer, par une simple indication de sa part, un

th&me, ou, comme on dit un ]comple%e tant ue celui-ci n"était pas

actuel che le patient lui-m'me. Pour ce faire, il aurait donc certes

fallu recourir ! une action, au sens réel, inamicale ! l"encontre du

patient. Gt d"ailleurs, il ne faut pas estimer comme un transfert toute

#onne relation entre analste et analsé, pendant et apr&s l"analse.

Il a aussi des relations amicales ui sont fondées en réalité et

s"av&rent via#les... B

Ce te%te, ui apparaJt comme un plaidoer pro domo uatre ans

apr&s la mort de 4erenci, est certes d"une rande comple%ité, mais

il me sem#le u"il peut 'tre ainsi résumé

6 A l"époue de l"analse de 4erenci, He ne pouvais rien percevoir

d"un transfert néatif, peut-'tre parce ue la pschanalse en était !

ses dé#uts. +uand #ien m'me l"eussé-He per/u, il n"était pas

analsa#le, sauf ! le provouer par un acte inamical, et puis 4erenci

et moi étions amis, nous étions en #onne relation, et le transfert n"a

rien ! voir dans cette histoire B. Rn voit #ien l! la 'ne de 4reud, et

la fa/on dont il se déae du pro#l&me de l"analse du transfert

néatif par le #iais de l"amitié, Huste apr&s avoir évoué le fantasme

d"un acte inamical de sa part, ui eXt seul le pouvoir d"actualiser ce

transfert néatif.

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

Rn aura éalement remarué ue dans ce te%te, il a une allusion

de 4reud au mariae de 4erenci. Il s"ait l! d"une histoire

éalement asse étrane, dont nous retrouvons la trace dans les

lettres ! :roddecT déH! citées du $) février 19$$ et du $5 décem#re

19$1 et éalement dans une lettre de 4rédéric ovacs, ami de

4erenci et de :roddecT, ! sa femme ilma, en date de Hanvier 19$).

 oons uels sont les reproches ue 4erenci adresse

indirectement ! 4reud

Lettre du $5 décem#re 19$1 6 Me lui ai de nouveau parlé il s"ait

de :iella, son épouse< d"insatisfaction, d"amour refoulé pour sa lle

ui aurait dX 'tre ma ancée<. Glle l"a d"ailleurs été, Husu"! ce

u"une remarue uelue peu désappro#atrice de 4reud m"ait

amené ! lutter avec acharnement contre cet amour, ! repousser

carrément la Heune lle< B.

Lettre du $) février 19$$ passae déH! cité 6 lui Il s"ait de

4reud< ui tout comme autrefois le p&re< a emp'ché mon mariae

avec la ancée plus Heune actuellement #elle-lle<. B

Lettre de ovacs de Hanvier 19$) 6 4erenci aimait tout d"a#ord:iella, puis il s"est ancé ! Glma @ mais les an/ailles ont été

rompues, elle s"est alors mariée en Amériue, et c"est ensuite ue

4erenci a épousé :iella. +ue dites-vous de cela U Se plus, le plus

cher désir de :iella ! présent, et son proHet, c"est ue 7andor

divorce et u"il épouse Glma elle ne renoncerait pas pour une

autre, seulement pour Glma , elle-m'me se contenterait de Houer

un rDle de m&re B, etc. AHoutons u"Glma a été en analse avec 4erenci, analse

interrompue en Hanvier 191$, date ! lauelle elle part ! ienne avec

le proHet de faire une analse avec 4reud, puis revient si% mois plus

tard ! udapest et reprend son analse avec 4erenci.

Rn voit l"im#rolio pschanaltico-sentimental m'lant 4erenci,

:iella son épouse, Glma lle de cette derni&re, ancée, patiente,

puis #elle-lle de 4erenci, ! 4reud lui-m'me. 4reud, en

11$

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

désapprouvant le passae ! l"acte de caract&re évidemment

incestueu% avec la lle de la femme ue 4erenci aimait, ne s"est-il

pas laissé enfermer par ce dernier dans une position parado%ante

puisue, en désapprouvant l"union avec Glma et en encouraeant,

sem#le-t-il, celle avec :iella, plus Fée ue lui, il allait à la ois dans

le sens de l"interdiction du passae ! l"acte incestueu% avec Glma<,

et dans le sens de son encouraement avec :iella<. Rn mesure

dans la lettre de ovacs comment en 19$)

15 ans plus tard cette situation continuait ! se Houer entre

:iella, Glma et 4erenci. Se plus 4erenci en se mettant activement

dans cette situation, et vis-!-vis de :iella et d"Glma, et vis-!-vis de

4reud, rév&le sans doute un aspect important de lui-m'me, sa

traumatophilie @ dans cette hpoth&se d"une répétition traumatiue,

4erenci, pris indéniment dans cette relation oraeuse entre :iella

et Glma, entre la m&re et la lle, a répété uelue chose d"un

événement traumatiue infantile. Cette hpoth&se a d"ailleurs été

faite, dans une perspective un peu di?érente par Macueline

Oiller5)  6 nourrisson savant, dou#lure d"Ndipe acca#lé de la haine

d"une m&re morte B. 4erenci dans ses reproches e%primés ! 4reud

n"aurait-il pas tenté désespérément de sortir d"une dépression

6 infantile B vécue alors ue osa sa m&re était en deuil de sa petite

sWur ilna. V"aurait-il pas renvoé 4reud ! sa propre haine

fortement contre-investie ! l"éard d"AmaliaZm&re chérie, endeuillée

non seulement du petit Mulius, mais éalement d"un fr&re portant le

m'me prénom. Gt Macueline Oiller conclut 6 7andor, cet enfant

terri#le de la pschanalse aurait-il réussi au-del! de toutes ses

espérances les plus secr&tes ! eler en 4reud la m&re u"il ne

pouvait 'tre U B Ce ui est ici implicitement suéré par Macueline

Oiller, c"est l"idée d"une haine de transfert de 4erenci ! lauelle

aurait répondu une haine de contre-transfert de 4reud, l"idée est

intéressante, et #ien des éléments des relations 4reudZ 4erenci ue

 H"ai cités vont dans ce sens58. M"en aHouterai un, asse trou#lant.

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

Sans une lettre de 4erenci ! 4reud, l"auteur se désine lui-m'me

comme 6 l"astroloue de cour de 4reud B $$ décem#re 191<. Rr !

la mort de 4erenci, dans sa notice nécroloiue, 4reud reprend

inconsciemment U cette imae dans un te%te dont on mesurera

l"am#ivalence

6 Vous avons fait l"e%périence ue les vWu% ne coXtent u&re,

aussi nous faisons-nous énéreusement cadeau les uns au% autres

des vWu% les meilleurs et les plus chaleureu% dont le premier est le

 vWu d"une lonue vie. ;ne petite histoire orientale #ien connue

dévoile l"am#ivalence de ce vWu, précisément. Le sultan invite deu%

saes ! lui préparer un horoscope. Ku seras heureu%, 7eineur, dit

l"un d"entre eu%, car il est écrit dans les étoiles ue tu verras mourir

avant toi tous tes proches. Ce devin sera e%écuté. Ku seras heureu%

dit aussi l"autre, car He lis dans les étoiles ue tu survivras ! tous tes

proches. Celui-ci sera richement récompensé. Les deu% ont e%primé

accomplissement de désir...

 AuHourd"hui... H"ai la douleur de lui il s"ait de 4erenci< avoir

survécu ! lui aussi. B

Kerri#le para#ole ue celle emploée par 4reud ! l"éard de celui

ui se souhaitait son astroloue de cour et u"il avait lui-m'me

nommé son 6 rand iir 7ecret B et ui incline e?ectivement !

imainer entre les deu% hommes une relation dans lauelle l"amour

et la haine ont été décidément tr&s forts, il me sem#le enn ue

4erenci, comme 4reud, ont l"un et l"autre terri#lement sou?ert de

leurs diverences et de leur éloinement croissant ce ue nous

connaissons de leur correspondance en témoine sans doute par

méconnaissance réciproue d"enchev'trements transférentiels et

contre-transférentiels e%traordinairement comple%es u"ils ont mis

en Heu.

Peut-'tre alors pourrions-nous penser u"une des sources de

l"analse mutuelle a été pour 4erenci le désir de se retrouver avec

4reud dans une position pré-con>ictuelle, pré-am#ivalente, asse

11*

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

proche de l"amour primaire, 4reud étant alors fantasmatiuement

mis en position maternelle, position dont on sait, de son propre aveu,

uelle di?iculté il avait ! la tenir1,$.

Le trauma entre patient et analste

Le cadre analtiue, avec l"alternance des Hours de séance et des

 Hours de non-séance, avec l"alternance, au sein m'me de la séance,

du silence de l"analste et de sa parole, avec l"e%istence d"un tiers

ce ui est institué, ui se présentie plus ou moins dans la pensée de

l"analste constitue, de fait, un mod&le homomorphe au% soins

maternels, dans leuel la compulsion de répétition permet le

développement trans-férentiel, la constitution de la névrose de

transfert, et l"élucidation de la névrose infantile par la levée de

l"amnésie infantile. Sans ce mod&le idéal, le pasae de l"analse,

c"est le champ de la transitionnalité un patient parle, pense,

s"écoute parler et penser, tandis u"un analste écoute, pense et

parfois parle de ce u"il écoute et pense @ entre les deu%

protaonistes il a un pacte tacite selon leuel on ne posera pas la

uestion du statut de la réalité de l"o#Het auuel on pense, dont on

parle et ui mo#ilise l"écoute ni pur o#Het pschiue créé ex ni+ilo,

ni réel #rut

chose , l"o#Het est ! la limite, entre les deu%. Gntre les deu%,

c"est-!-dire ! la fois

o#Het réel modié par le travail pschiue, o#Het pschiue

modelé ! partir du réel,

et aussi o#Het entre l"analste et le patient.C"est ainsi ue le monde des o#Hets du patient se rév&le dans le

transfert ! l"analste, tel u"il s"est constitué par le Heu des

introHections, des proHections et des identications. Chacun dans ces

conditions, sait ! peu pr&s, ce ui, dans ce ui se dit, lui appartient @

c"est en tout cas l"enHeu de l"analse. Kout ceci suppose, du cDté du

pschisme du patient, une condition basale, ondamentale ; %ue la

répétition %ui s ’actualise dans le transert soit une répétition

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

représentative, c’est-à-dire liée à la réactivation de traces

mnési%ues, supposant par exemple, comme dans le 6eu de la bobine,

la remémoration de la présence et du départ de la mre.

Oais parfois aussi le pasae analtiue chane et la familiarité

uotidienne, rassurante, et aussi surprenante, laisse alors la place !

l"inuiétante étraneté Oichel de O";an a, il a uelues années

déH!, décrit avec talent cette mutation du pasae, et les nouvelles

contrées traversées59 

6 Kandis u"il écoute son patient avec l"attention ue l"on sait,

l"analste per/oit en lui une activité pschiue di?érente de toutes

celles, a?ect compris, ui lui sont ha#ituelles dans cette situation.

rusuement surissent des représentations étranes, des phrases

inattendues et rammaticalement construites, une imaerie colorée,

des r'veries plus ou moins éla#orées, la liste n"est pas limitative,

mais ce ui compte surtout, c"est l"a#sence de rapport

compréhensi#le avec ce ui se déroule dans la séance. Apr&s coup

lorsue l"analste a le loisir de revenir sur ce u"il a vécu dans un

pareil moment, il constate ue deu% choses s" trouvaient liées une

mise en alerte orientée vers l"o#Het, et une altération du sentiment de

sa propre identité B.

Se O";an, parle ! ce propos d"une aliénation momentanée de

l"analste, et pense, citant Veraut, ue 6 le transfert massif de ces

patients B témoine d"une 6 mainmise ps#c+i%ue  sur le thérapeute.

Ses contenus pschiues appartenant ! d"autres su#Hectivités

paraissent inclues dans un m'me espace...

Il faut, dit-il 6 conclure u"au niveau déni de son fonctionnement,

l"appareil pschiue de l"analste est littéralement devenu celui de

l"analse B. L"o#Hectif de ce processus est ue ce ue le patient

éprouve en lui

sans représentation encore accessi#le s"éla#ore et trouve

une pleine uration.

11(

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

 Me me sens tr&s proche, ! #ien des éards, de cette

phénoménoloie de l"empiétement pschiue décrite par de O";an,

asse voisine de la 6 capacité de r'verie de la m&re B décrite par

ion, et nous sommes He crois, placés l! au cWur des pro#l&mes de

cliniue et de techniue contemporains.

La nécessité de faire sien l"appareil pschiue de l"analste

suppose ! mon sens un mode de répétition particulier dans leuel ce

n"est pas l"inscription de l"o#Het ui est répétée, mais son a#sence

d"inscription la

répétition commémore  alors et non pas représente 

l"inscription de l’ob6et dans le moi  en ce %u’il a d’absent  He dirai

 volontiers ue cette saisie par l’anal#ste, de l’existence de l’étranger 

en lui-m7me, à la ois lui appartenant et n’étant pas lui  est pour lui

l"occasion d"éprouver un mode de constitution pschiue de son

patient dans leuel l"o#Het n"est pas assimilé par le oi, mais

l’enerme en lui, dans une sorte d’inclusion. Le mérite de de O";an

est ici d"avoir été un des premiers ! étudier la survenue du

traumatisme che l"analste @ He voudrais ! mon tour essaer

d"apporter une contri#ution ! cette étude ! l"aide de uelues

e%emples cliniues, issus des di?érents tpes d"activités de

l"analste.

Le traumatisme dans la pratiue de la cure

Certaines uestions théoriues sont particuli&rement délicates, en

ce sens u"elles se situent au lieu m'me d"une résistance ! la théorie

pschanaltiue @ le pschanalste, soucieu% de défendre oud"illustrer le corpus théoriue ui est le sien, n"a pas touHours dans

ces conditions la li#erté d"investissements et de pensée ui lui

permettent d"avancer une réponse adéuate @ aussi, ! de telles

uestions, les solutions proposées peuvent parfois 'tre caractérisées

de résistances de  la théorie pschanaltiue. S"autre part aussi,

cette résistance de  la théorie peut enendrer une résistance à  la

théorisation de la pschanalse. Ainsi, chaue fois ue revient, dans

11)

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

le champ de la pensée analtiue, en des termes uasiment

inchanés, une uestion en apparence résolue depuis lontemps,

nous sommes, ! mon sens, confrontés ! un smptDme de cette dou#le

résistance à la théorie @ de la théorie<. La uestion de la 6 réalité de

la séduction B rel&ve, ! l"évidence, de cette conuration si 4reud

est revenu inlassa#lement sur cette uestion et si, ! sa suite, M.

Laplanche

pour ne citer ue lui a proposé des avancées théoriues

décisives, il me sem#le aussi ue des uestionnements répétés, donc

siniants, viennent du sein m'me du mouvement pschanaltiue

témoiner d"un reste actif, smptDme de cette dou#le résistance.

Gn septem#re 193$, 4erenci présente au Conr&s de ies#aden

un rapport tr&s important. Rn sait ue c"est dans un conte%te di?icile

d"opposition ! 4reud ue se situe cet e%posé @ les premi&res lines

du te%te de 4erenci sont ! cet éard sinicatives 6 C"était une

erreur de vouloir aire entrer de orceA dans un rapport au Conr&s,

le th&me trop vaste de l’origine extérieure\ de la formation du

caract&re et de la névrose. B L"enHeu de l"e%posé est donc clair

l"a?irmation du rDle prééminent de la réalité matérielle la

séduction par l"adulte dans la en&se de la patholoie du Ooi. Rn

suppose ue c"est de lui-m'me ue 4erenci théorise ainsi @ on peut

penser u"il en est de m'me lorsu"il écrit un peu plus loin ue

6 l0o#Hection, ! savoir u"il s"aissait de fantasmes de l"enfant lui-

m'me, c"est-!-dire de mensones hstériues, perd

malheureusement de sa force, par suite du nom#re considéra#le de

patients en analse ui avouent eu%-m'mes des voies de faits sur des

enfants B. Ce ue souline ici 4erenci, c"est un aspect particulier de

l"articulation entre la réalité pschiue et la réalité e%térieure, et des

situations particulires dans les%uelles l’une de ces réalités est mise

en position de déni. 7i H"insiste sur le caract&re particulier de ces

situations c"est pour indiuer, d"une part, u"! mon sens la

généralisation de la théorie de la séduction n’en rend pas compte, et

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

c"est donc dans ce cas une résistance de la théorie, et ue, d"autre

part, cette restriction au particulier faite par 4erenci est une

résistance à la théorie. 4orce est donc de rée%aminer le pro#l&me en

des termes di?érents.

C"était le premier rende-vous de la Hournée, et c"était une

premi&re consultation, dont l"o#Het m"avait été annoncé par

téléphone une demande de pschothérapie. él&ne était souriante,

et d"em#lée tr&s ! l"aise elle avait déH! entrepris une

pschothérapie u"elle avait rapidement interrompue, mais cela ne

lui posait pas de uestion elle avait, Huste avant cette interruption,

éprouvé la disparition #rutale d"une sWur aJnée dans des

circonstances accidentelles dramatiues @ tandis u"elle évouait

cette disparition et cette interruption, comme une simple

co=ncidence, He me mis ! penser u"entre la netteté roide et

souriante du récit des événements  et le maintien ! l"écart d"une

causalité ps#c+i%ue  entre ceu%-ci la disparition de la

sWurZl"interruption de la pschothérapie< se situait un espace de

non-représentation %ui est à mon sens l’espace m7me du

traumatisme. Me me dis encore et ce fut ma derni&re pensée claire

lors de cet entretien ue la sou?rance pschiue devait 'tre

particuli&rement rande pour ue cette causalité pschiue n"ait pu

advenir che uelu"un ui par ailleurs montrait un fonctionnement

mental su?isamment #on en apparence. él&ne poursuivait un récit

#ioraphiue ui paraissait aussi #analement névrotiue, touHours

souriante, ordonnée dans son récit, un peu trop peut-'tre @ en tout

cas, moi, He ne l"entendais plus H"étais pris soudain par un a?ect

d"anoisse, avec une pensée a#surde dont He ne pouvais me

déprendre 6 Ku ne pourras pas, en la raccompanant, lui serrer la

main. B Pensée et a?ect surprenants ui résist&rent ! un #rin d"auto-

analse et ! une rapide analse du contre-transfert menées toutes

deu% en urence #ien au contraire l"anoisse aumentait, la pensée

insistait et He me dis, remettant ! plus tard la compréhension de ce

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

ui m"arrivait 6 Ku es compl&tement fou, ce matin... B L"entretien,

pendant ce temps, s"était poursuivi au point d"en 'tre presue ! son

terme. Me dis ! él&ne, ce ui ! ce moment-l! m"apparut clairement

6 ous ne m"ave rien dit de votre p&re B 6 Rh, me dit-elle en un

mot,  c"est un mélancoliue ui n"a Hamais supporté d"épouser une

femme endeuillée d"un premier mari. Il a #ien lontemps, il s"est

coupé volontairement une main en travaillant ! son atelier de

menuiserie. B

L"entretien était terminé, nous étions convenus de nous revoir. Me

raccompanai él&ne... et lui serrai la main.

O'me s"il ne s"ait pas ici d"une cliniue #anale et uotidienne, il

serait tentant d"e%pliuer cette vinette d"em#lée c"est-!-dire pas

du tout par un concept sur mesure ici par e%emple on pourrait

parler d"une réaction contre-transférentielle ! un fantasme

d"identication pro-Hective d"él&ne dans leuel ce ui était dénié et

clivé par elle autour de ces événements traumatiues était par elle

aussi fantasmatiuement mis en moi ui me trouvais ainsi mis sous

in>uence. Me tiens cela pour e%act, mais il me sem#le u"! traiter

seulement ainsi cette séuence cliniue on laisserait de cDté uelue

chose ui est ! mon sens essentiel si él&ne, avec ce ue H"ai appelé

sa netteté froide, présente dans un récit #ioraphiue des

événements ui paraissent purement extérieurs à elle-m7me sans

indice apparent de 6 pschisation B lapsus, hésitation, a?ects ou

autre<, He suis, uant ! moi, ha#ité par une réalité pschiue

anoisse, pensée 6 folle B< ui est comme l"autre face, dans le

contenu m'me du fantasme ui est le mien, de la réalité matérielle

convo%uée par ma patiente. Rn pourrait dire, en uelue sorte, u"il

  a eu entre él&ne et moi une partition de la pensée de la réalité 

pensée de la réalité matérielle pour elle, pensée de la réalité

pschiue pour moi, l"une et l"autre étant tout ! fait séparées @ ce

n"est u"! la n de l"entretien ue H"ai pu avoir l"idée d"une relation

entre mes pensées et les événements racontés par Rélne.

1$

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

Sans un article de 198$, Louise de ;rtu#e a présenté une tr&s

intéressante histoire cliniue ui, ! #ien des éards, peut 'tre

comparée ! celle ue He viens de rapporter elle a trait ! une analse

se déroulant dans un pas au conte%te politiuement trou#lé et plein

de daners réels. Le patient, un homme de 35 ans, raconte ! son

analste ue son oncle, mari d"une tante ! peine plus Fée ue lui-

m'me et dont il est l"amant, vient d"'tre arr'té cet homme

l"oncle est pro#a#lement un aent dou#le. La veille de son

arrestation, il a apporté au patient un chou, u"il met dans le

réfriérateur. C"est dans ce conte%te ue le patient apporte un r've

He cite 6 Il faisait nuit, il se trouvait avec sa Heune tante dans le

 Hardin de leur enfance, ils Houaient ! uelue chose, ! cache-cache

peut-'tre. Puis la sc&ne chane. Il se trouve dans un marché et

uelu"un lui donne un léume. B Les associations concernant le r've

sont nom#reuses et le patient analse a#ondamment tous les

contenus infantiles ui lui sont liés. Pourtant, l"analste est mal !

l"aise avec une pensée insistante 6 ;n chou dans un réfriérateur

est uelue chose de tr&s danereu%. Ce chou ne cachait pas un

enfant fantasmé, mais uelue chose de ]réel, pas sm#oliue,

uelue chose de compromettant face ! la police ui servirait ! faire

emprisonner le patient. B Pensée inuiétante et a#surde, mais ue le

patient n"a pas, pour sa part, présente ! l"esprit. L"analste est donc

amenée ! intervenir de la fa/on suivante 6 ... et ce chou ue votre

oncle a entreposé che vous... ous sem#le utiliser l"analse pour

inorer la peur ue la réalité pourrait vous inspirer. B Apr&s cette

intervention et apr&s la séance 6 le patient courut che lui,

chercha le chou et constata u"il contenait des microlms, u"il #rXla

sans les lire. A la tom#ée de la nuit, la police vint faire une

peruisition che lui ui commen/a par le réfriérateur. V"aant rien

trouvé, elle repartit B.

Il est asse frappant de constater ue, dans cette séance, le

patient de Louise de ;rtu#e a dénié la réalité de la réalité

1$1

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

matérielle le chou dans le réfriérateur et fait de ce chou réel

un pur ob6et ps#c+i%ue ui est alors pour lui un sein, un #é#é, ou une

théorie se%uelle infantile, tout sauf un o#Het réel. Rn peut penser ue

le déni de la réalité matérielle, ici spectaculairement présent, est un

déni mania%ue dans leuel ce ui est ! la fois rappelé et nié est la

dépendance vis-!-vis de la réalité matérielle, dans ce u"elle a de

nécessaire, au sens de l"AnanTé souvent évouée par 4reud.

Cette histoire cliniue me paraJt 'tre comme le négati   de la

précédente ici, c"est le patient ui est tourné enti&rement vers le

fonctionnement mental, vers la pensée de sa réalité pschiue,

tandis ue l"analste est préoccupé par la pensée de la réalité

matérielle dans ce u"elle peut avoir de danereu% pour le patient.

L! encore, se produit entre le patient et l"analste une partition de la

réalité  pensée de la réalité pschiue pour le patient, pensée de la

réalité matérielle pour l"analste.

Sans chacune de ces deu% histoires cliniues l"analste est

amené, dans son travail de pensée, ! se poser la uestion de

l"articulation et des

rapports entre la réalité pschiue et la réalité matérielle @ plus

précisément, il est conduit ! se demander ce ui vient séparer, dans

le pschisme du patient, la réalité pschiue et la réalité matérielle.

Rn voit l!, He pense, ! uel point nous sommes ici hors des

conceptions développées par innicott 6 Rn peut dire, ! propos de

l"o#Het transitionnel, u"il a un accord entre nous et le #é#é comme

uoi nous ne poserons Hamais la uestion ]Cette chose, l"as-tu

con/ue ou t"a-t-elle été présentée du dehors U L"important est

u"aucune prise de décision n"est attendue sur ce point. La uestion

elle-m'me n"a pas ! 'tre formulée B0. C"est pouruoi il me sem#le

ue l"on peut caractériser ces deu% moments cliniues ue He

rapporte, comme des moments de rupture d’une transitionnalité  le

plus souvent implicite dans la pratiue ha#ituellement la uestion

de la topi%ue de la réalité évo%uée par le patient ne se pose pas ;   il

1$$

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

 va de soi ue cette réalité est d"em#lée en position d’indécidabilité 

nous ne sommes pas amenés ! nous demander si c"est ! la réalité

matérielle ou ! la réalité pschiue ue nous avons a?aire @ nous ne

sommes ha#ituellement pas, en d"autres termes, en position

d"éprouver ce ue He nomme partition de la réalité. Cette partition de

la réalité se fait, pour chacun des patients évoués, selon des

modalités #ien précises

él&ne met en avant la toute-puissance de 1événement, de

l’&nan>é, tandis %ue 6e suis, moi, entirement pris par une réalité

ps#c+i%ue %ui est certes mienne,  mais aussi, on l"a vu,

oriinairement sienne, puis-%u ’elle a été déniée @

le patient de Louise de ;rtu#e met en avant la toute-

puissance de sa pensée, tandis ue son analste est, elle, ha#itée par

l"idée de la toute-puissance de la réalité, c"est-!-dire de l"AnanTé.

Rn peut, me sem#le-t-il, reconnaJtre dans ce mouvement de mise

en avant de la toute-puissance de la pensée l"essence m'me de

l"a?irmation animiue. Me crois nécessaire de rappeler ce ue 4reud

écrit sur ce point dans Cotem et Cabou(  6 Ki nous acceptons lemode d"évolution des conceptions humaines du monde, tel u"il a été

décrit plus haut, ! savoir ue la phase animiste a précédé la phase

reliieuse, ui, ! son tour, a précédé la phase scientiue, il nous

sera facile de suivre aussi l"évolution de la toute-puissance des idées

! travers ces phases. Sans la phase animiste, c"est ! lui-m'me ue

l"homme attri#ue la toute-puissance @ dans la phase reliieuse, il l"a

cédée au% dieu%, sans toutefois renoncer sérieusement, car il s"est

réservé le pouvoir d"in>uencer les dieu% de fa/on ! les faire air

conformément ! ses désirs. Sans la conception scientiue du

monde, il n" a plus de place pour la toute-puissance de l"homme ui

a reconnu sa petitesse et s"est résiné ! toutes les autres nécessités

naturelles.  ais dans la con0ance en la puissance de l’esprit

+umainA ui compte avec les lois de la réalité, on retrouve encore les

traces de l"ancienne croance ! la toute-puissance. B

1$3

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

 Ainsi donc, ce u"a?irme ici 4reud, c"est l"unité et la liation de la

toute-puissance de la pensée de la phase animiste et de la toute-

puissance de la réalité de la phase scientiue la seconde est

maruée du sceau de l"animisme ui r&ne en maJtre dans la

premi&re c"est pouruoi H"avancerai ue le temps de la partition de

la réalité dans lauelle l"un est pris par la pensée de la réalité

matérielle toute-puissante, tandis ue l"autre est pris par la toute-

puissance de la pensée est un temps d’animisme à deux, ui surit

dans les moments de détransitionnalisation de la pensée. C"est peut-

'tre autour de cette notion d"animisme ! deu% u"il aurait lieu de

repenser des phénom&nes tels ue l"identication proHective, ces

 vécus d"indi?érenciation moiZnon-moi ui peuvent air au décours

d"une relation ou ces moments de télépathie comme avec él&ne

, et ue 4reud a larement a#ordés ! plusieurs reprises,

notamment dans Le r7ve et l’occultisme.

Gn 19(, ! l"occasion de son cinuanti&me anniversaire, ses

disciples o?rirent ! 4reud une médaille en or, ravée, et ue l"on

peut voir auHourd"hui ! ienne au 19 erasse. 7ur l"avers le prol

de 4reud, et au revers Ndipe répondant ! l"énime du 7phin%, avec

ces vers tirés de l"Ndipe-roi de 7ophocle 6 +ui résolut l"énime

fameuse et fut un homme de tr&s rand pouvoir. B Mones, ui raconte

cette histoire, ne vit cette médaille ue plus tard @ comme il n"avait

du rec ue de lointains souvenirs, il demande ! 4reud ui refusa

une traduction de ces vers @ il pense u"il faut voir l! une marue

de modestie de 4reud. Personnellement, He ne le pense pas @ le

silence de 4reud peut 'tre compris comme l"évitement d"un souvenir

péni#le lié ! la cérémonie de remise de cette médaille en e?et,

lorsu"on la lui eut remise, 4reud He cite Mones 6 pFlit, s"aita, et

d"une voi% étranlée demanda ui avait soné. Il se comporta

comme s"il avait rencontré uelue revenant, et c"est #ien ce ui

était arrivé. 4edern dit ! 4reud ue c"était lui ui avait choisi la

citation @ alors ce dernier révéla ue, Heune étudiant ! l";niversité de

1$*

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

 ienne, il avait coutume de déam#uler dans la rande cour et de

rearder les #ustes d"anciens professeurs cél&#res. C"est alors ue

non seulement il avait eu le fantasme d" voir son propre #uste futur,

ce ui n"avait rien de surprenant che un étudiant am#itieu%, mais

encore u"il avait imainé ce #uste portant e%actement les mots ui

se trouvaient sur le médaillon B.

Il a dans ce court récit, l"évocation de deu% temps

 er temps  4reud, Heune homme, se prom&ne dans la rande

salle de l"université et r've d"un destin sinon randiose, du moins

e%ceptionnel c"est le temps puisu"il s"ait d"un r've d"une

réalisation hallucinatoire de désir.

 ' temps ;  La remise de la médaille présenti0e, dans la

réalité,  cet accomplissement de désir.  Il faut rappeler ue 4reud

tient 6 le facteur de répétition du m'me... comme source du

sentiment d"inuiétante étraneté B. Cette inuiétante étraneté est

liée aussi, selon ses termes 6 ! la plus #iarre rencontre entre un

désir et sa réalisation B. Il aHoute (id.) ue ce facteur de répétition du

m'me 6 rappelle en outre la détresse de #ien des états du r've B.Vous voil! du cDté de la détresse et donc, comme le soulinent

Laplanche et Pontalis, de la situation ui est l’originaire d"une

topiue du fonctionnement mental. Rn peut donc, me sem#le-t-il,

avancer ue cette rencontre, dans la réalité, d"un événement ui

 vient comme un revenant, réaliser le désir antérieur, ue cette

adé%uation exacte  entre le monde interne du désir et le monde

e%terne de la réalité matérielle provoue une sorte de collapsus de la

topi%ue interne dans le%uel s’abolit la distinction m7me de l’intérieur 

et de l’extérieur  @ il s"ait de ce ue 4reud appelle 6 une reprise de

phases isolées de l"histoire de l"évolution du sentiment du moi, d"une

réression ! des époues o^ le moi ne s"était pas encore nettement

délimité par rapport au monde e%térieur et ! autrui B. Me ne

m"autoriserai pas, #ien entendu, ! spéculer sur ce u"il a pu en 'tre

che le patient de Louise de ;rtu#e, de cette rencontre entre le

1$5

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

monde interne du désir et le monde de la réalité matérielle, #ien u"!

l"évidence, la pro#lématiue masochiste soit ici au premier plan.

él&ne, en tout cas, m"a indiué en un mot  ue cette rencontre

s"était faite les fantaisies ui étaient les siennes sur l"a#sence de

désir entre ses parents ont pu trouver dans l"automutilation du p&re

une conrmation réelle. S&s lors, mon anoisse caractérisa#le

comme anoisse de castration la crainte d"'tre incapa#le de lui

serrer la main< peut 'tre comprise comme le surissement en moi de

ce dont elle avait #esoin pour 6 décoller B la réalité pschiue de la

réalité matérielle et dont elle ne disposait plus. Il me sem#le, en

somme, ue lorsu"une des deu% faces de la réalité vient se

présenter  che celui ui est en situation d"écoute, il a l! l"indice de

cette situation de collapsus de la topiue interne ue H"ai évouée

cette situation me paraJt 'tre un des modes essentiels de ce ue

 H"appellerai traumatisme %ualitati.  Peut-'tre alors ue toutes les

discussions autour de la uestion de la séduction ouvertes apr&s le

renoncement de 4reud ! sa  Beurotica  en septem#re 189), depuis

4erenci Husu"! nos Hours, en passant par les repentirs de 4reud

dans 8ora, L’Romme aux loups  ou 4onstruction en anal#se ou #ien

encore les discussions autour du rDle de la réalité matérielle dans

l"éducation du président 7chre#er, seraient ! réévaluer par rapport !

l"idée ue c"est la mise en tension de la réalité matérielle et de la

réalité pschiue ui est oranisatrice du développement de la

topiue interne. Cette idée se retrouve d"ailleurs in ne che 4reud

dans l"e%emple de construction u"il donne dans 4onstruction en

anal#se 6 Husu"! votre n-i&me année, vous vous 'tes considéré

comme le possesseur uniue et a#solu de votre m&re, ! ce moment-l!

un deu%i&me enfant est arrivé et avec lui une forte déception. otre

m&re vous a uitté pendant uelue temps et, m'me apr&s, elle ne

s"est plus consacrée ! vous e%clusivement. os sentiments envers

elle sont devenus am#ivalents, votre p&re a acuis une nouvelle

sinication pour vous B. Rn comprend aisément, ! la lecture de cet

e%emple, ue la construction mo#ilise ensem#le, des éléments aant

1$(

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

trait ! la réalité matérielle, de l"événement, de l"AnanTé la naissance

du fr&re< et de la réalité pschiue 6 votre p&re a acuis une

nouvelle sinication pour vous B<. Se sorte ue toute construction

proposée ! un patient vise ! remettre la réalité en position

d"indécida#ilité, ! la retransitionnaliser. C"est dire l! aussi ue d&s

ue la nécessité d"un recours d"une reconstruction plutDt u"! une

interprétation se pose ! l"analste, c"est u"il est en présence d"un

fonctionnement mental o^ il a du traumatiue, du collapsus

topiue.

 Me voudrais en conclusion revenir sur la n de l"épisode de la

médaille o?erte a 4reud, elle mérite d"'tre racontée 6 M"ai plus tard,

écrit Mones, e%aucé ce désir de Heunesse de 4reud en remettant !

l";niversité de ienne, pour u"elle l"érie, un #uste du maJtre

sculpté par Dnis#erer en 19$1 et au #as duuel on a depuis ravé

les vers de 7ophocle B Mones, face au retour de l"animisme che

4reud, avait voulu ue le dernier mot restFt ! la réalité, eXt-elle, ! ce

moment, ure de totem une statue, au fond, n"est pas une

construction.

Krauma et pensée animiue

La pensée animiue enlo#e la représentation, la perception et la

motricité, en une continuité ui ne les distinue plus vraiment les

unes des autres @ ! l"Wuvre dans le r've, elle surit aussi dans

certains

moments féconds de l"analse, lorsue patient et analste

acceptent 6 su?isamment B le potentiel de réression formelle uepermet le cadre. Il n"est pas rare de constater alors le surissement

de urations communes au patient et ! l"analste maintes fois

évouées par 4reud et rattachées par lui ! une communication

télépathiue @ une telle e%plication est, #ien entendu, suHette !

discussion, et il me sem#le ue la nature de ce phénom&ne de

6 uration commune B et son statut clinico-théoriue restent

auHourd"hui encore ! penser. Par l"e?et de sidération u"elle

1$)

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

provoue le plus souvent, cette communauté représentative

s"instaurant entre le patient et l"analste est une des conHonctures

di?iciles de l"analse. C"est pouruoi He voudrais, en reprenant un

épisode de l"Wuvre de 4reud et ! travers l"évocation d"une vinette

cliniue, tenter de décrire les phénom&nes pschiues particuliers

u"elle suppose.

Gn 1913, 4reud écrit  Le o*se de ic+el-&nge.  Ce te%te est

motivé par une énime ue la statue du Oo=se pose ! 4reud

6 Sevant un tel chef-d"Wuvre de l"artiste, chacun dit en énéral autre

chose, et aucun ne dit ce ui serait suscepti#le de résoudre l’énigme

pour le simple admirateur B p. 88<. ;n peu plus loin 6 Oais

pouruoi ai-He ualié cette statue à'énigmati%ue U B p. 9<. Cette

énime, on en devinera la force si l"on se rappelle ue 4reud n"a

cessé depuis 191 d"aller voir la statue le $5 septem#re 191$, il

écrit de ome ! sa femme 6 Me rends visite tous les Hours au Oo=se

de 7an Pietro in incoli... B et plus tard, dans une lettre ! Gduardo

eiss 6 Pendant trois semaines de solitude, en septem#re 1913, He

suis resté tous les Hours dans l"élise, face ! la statue, la mesurant, la

dessinant, Husu"! ce ue s"éveille en moi cette compréhension ue

dans mon essai He n"ai osé présenter ue d"une fa/on ennueuse. B Il

me sem#le ue cette 6 écoute B attentive de l"énime de la statue est

une métaphore asse pertinente du fonctionnement mental de

l"analste en séance. Kout d"a#ord, 4reud est comme l"analste en

séance, mais aussi comme l"enfant dans le cercle familial, confronté

! l"énimatiue, ! l"inconnu, dans un mouvement de réression

formelle. Comme l"analste en séance, et comme l"enfant, 4reud va

essaer d"échapper ! cet inconnu interprétation, secondarisation

menant ! la théorisation pschanaltiue, mais aussi interprétation

et secondarisation menant au% théories se%uelles infantiles en e?et

4reud décrit un premier temps de réression formelle, animiue,

tout ! fait caractéristiue discutant les hpoth&ses des

commentateurs selon lesuels le Oo=se sculpté par Oichel-Ane est

1$8

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

pr't ! #ondir, 4reud écrit 6 Gn vérité, He suis pr't ! me souvenir de

ma déception uand, lors de mes visites antérieures ! 7aint-Pierre-

au%-Liens, He m"asseais devant la statue, m"attendant ! la voir

s"élancer sur son pied dressé, Heter les ta#les et décharer sa col&re.

 Fien de tel ne se produisait S au lieu de cela, la pierre se 0geait de

plus en plus, un silence sacré, presue oppressant, émanait d"elle, et

 He ne pouvais m"emp'cher de ressentir u"était représenté ici

uelue chose ui pouvait demeurer ainsi, inchané, ue ce Oo=se

resterait ainsi, assis l! éternellement, dans une col&re éternelle B p.

11<. Puis vient un temps o^ la conviction émere de la répétition

éternelle de l"énime 4reud dessine c"est ce u"il écrit ! Gduardo

eiss r've, construit sa propre statue du Oo=se ! partir d"indices

perceptifs et conclut par sa théorie personnelle He cite 6 Votre

Oo=se ne #ondira pas... ce ue nous voons sur sa personne n"est pas

le prélude ! une action violente, mais le reste d"un mouvement ui a

déH! eu lieu. ondir, tirer une veneance, ou#lier les ta#les, tout cela,

il voulait le faire dans un acc&s de col&re @ mais il a surmonté la

tentation, il va désormais rester assis ainsi, en proie ! une fureur

domptée, ! une douleur m'lée de mépris. Il ne Hettera pas non plus

les ta#les, an u"elles se fracassent contre la pierre, car c"est

 Hustement ! cause d"elles u"il a étou?é sa col&re, c"est pour les

sauver u"il a maJtrisé sa passion. B +uelues lines plus loin, 4reud

écrit, avec assurance 6 L"interprétation de la statue de Oichel-Ane

peut prendre n ici. B Me ne peu% ici ue souliner la fa/on dont sont

liées ici la perception, la représentation, la mise en mouvement de la

statue la motricité. Cette motricité est d"ailleurs interprétée

comme une motricité suspendue ! peine é#auchée" Oichel-Ane fait

en sorte ue cette col&re... soit in+ibée sur la voie de l’action, écrit

4reud p. 118< on voit donc ue ces uelues lines soulinent deu%

param&tres essentiels de la cure

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

la suspension des actes et la réression animiue, l"une et

l"autre ouvrant sur l"e?et de conviction ue l"interprétation est

pertinente et u"elle peut donc prendre n @

enn dernier point, et non des moindres cette

représentation de mouvements musculaires antaoniues, les a?ects

supposés ui sont liés ne peuvent manuer d"évouer toute

l"e%citation se%uelle mo#ilisée dans un fantasme de sc&ne primitive.

 Apr&s cette sorte de 6 séance B d"analse entre 4reud et Oo=se,

on pourrait s"attendre ! ce ue l"ouvrae se termine. Pourtant apr&s

avoir déclaré %ue son travail est ac+evé, 4reud reprend la plume

pour un dernier et tr&s court chapitre de son essai dans leuel il

évoue l"ouvrae u"un auteur anlais atTiss Llod a consacré

! la statue. oil! ce u"il écrit 6 Lorsue H"eus réussi ! mettre la

main sur cet écrit de *( paes, He pris connaissance de son contenu

avec des sentiments m'lés... Me rerettais ue Llod eXt anticipé sur

tant de points ui m"étaient précieu% au titre de résultats de mes

propres e?orts et voici la phrase importante c ’est seulement en

deuxime instance %ue 6e pus me ré6ouir de cette con0rmation

inattendue. B

 Me dirais volontiers ue 4reud voit sa perception  de la statue

con0rmée par la représentation antérieure de atTiss Llod et u"il

peut ainsi

malré l"atteinte temporaire narcissiue ue suppose

l"achoppement du fonctionnement animiue dans l"épreuve de la

réalité, se réHouir de l"arrivée de cette derni&re. Gn e?et, cettecommunauté de représentation entre les deu% auteurs permet !

4reud, apr&s avoir réduit l’énigme par le sens commun découvert, de

la relancer, de la rouvrir p. 1$1, 1$$, 1$3< 6 Oais u"en serait-il si

nous faisions tous les deu% fausse route U 7i nous avions succom#é

au sort de tant d"interpr&tes ui croient voir clairement uelue

chose ue l"artiste n"a voulu créer ni consciemment, ni

inconsciemment U  5e ne peux en décider...  u"il me soit encore

13

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

permis, pour nir, d"aHouter, avec la timidité ui convient, ue

l"artiste s"est mis en position de partaer avec l"interpr&te la

responsabilité de cette incertitude. B

 Ainsi, succédant ! la conviction ue conrme l"épreuve de la

réalité, et dont le point de départ a été la réression animiue,

apparaJt l"incertitude du sens trouvé 4reud prend ici clairement

parti le sens est commun, partaé, incertain aussi #ien pour

l"interpr&te ue pour celui ui donne ! interpréter. Vous sommes

ainsi, avec cette lecture du  o*se de ic+el-&nge,  ramenés ! la

transitionnalité de l"espace analtiue et de l"o#Het en analse 6 7i

un adulte prétendait, écrit en e?et innicott, nous faire accepter

l"o#Hectivité de ses phénom&nes su#Hectifs, nous verrions dans cette

prétention la marue de la folie. Koutefois si l"adulte parvient ! Houir

de son aire personnelle sans rien revendiuer, il n"est pas e%clu ue

nous puissions reconnaJtre nos propres aires intermédiaires

correspondantes. Vous nous plairions ! constater un certain

chevauchement, c"est-!-dire une e%périence commune B. C"est au

fond ce u"e%pliue 4reud en décrivant son traHet pschiue devant

la statue de Oo=se il échappe ! la folie de sa conviction par le

recours ! une pensée mise en tierce position, par le recours ! un

tiers théoriue ainsi, plus le fonctionnement animiue est ! l"Wuvre

dans le travail pschanaltiue, et enae le patient et l"analste

dans les voies de la conviction partaée, plus le recours au tiers

théoriue est nécessaire(1.

Il me sem#le ainsi ue cette alternance de deu% tpes de

fonctionnement pschiue che l"analste l"un dans leuel 6 les

choses s"e?acent derri&re leur représentation B, dans leuel la

distinction Ooi-non Ooi a tendance ! s"a#olir, a#outissant ! la

conviction, et l"autre ui suppose un ressaisissement dans l"épreuve

de la réalité, par le #iais de la pensée secondarisée, est une des

lines de tension fondamentales de l"Wuvre de 4reud, indiuant, par

e%emple dans 4onstruction dans l’anal#se  la nécessité d"un

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

fonctionnement secondarisé, théorisant, tiers séparant les deu%

sc&nes, et désinant ! chacun sa pi&ce, son rDle, sa partition.

Pourtant, dans un te%te antérieur de uelues années !

4onstruction dans l’anal#se,  4reud su&re, ! propos de la

télépathie, un autre mode de fonctionnement mental il écrit en

e?et, dans Vuel%ues additis à l’ensemble de l’interprétation des

r7ves($  6 Rn fait certainement #ien de défendre, avec o#stination,

en mati&re de télépathie comme ailleurs, toute position de

scepticisme et de ne céder u"avec réticence ! la force des preuves.

 Me crois avoir trouvé un matériel ui échappe ! la plupart des

réserves par ailleurs admissi#les des prophéties non accomplies de

diseurs de #onne aventure professionnels. B Apr&s avoir discuté un

tel matériel, 4reud ne peut 6 mieu% élucider la totalité des faits

précisés sans aucune éuivoue ue par l"hpoth&se u"un fort désir

inconscient de la consultante ...< s"était manifesté par un transfert

direct au diseur de #onne aventure a#sor#é par des manipulations de

diversion B. Gt il poursuit 6 M"ai éalement eu l"impression, au l des

essais pratiués dans le cercle de mes intimes, ue le transfert de

souvenirs ! tonalité fortement a?ective réussit sans di?iculté ...<.

4ort de plus d"une e%périence, He suis enclin ! tirer la conclusion ue

de tels transferts se réalisent particuli&rement #ien au moment o^

une représentation émere de l"inconscient

ou #ien, pour m"e%primer en termes théoriues d&s ue l"on

passe du 6 processus primaire B au 6 processus secondaire B. 7i on

se souvient ue 4reud décrit le monde animiue comme un 6 monde

ui nous renvoait partout en re>et des consciences sem#la#les ! la

nDtre B, on mesurera l! la défense et l"illustration du fonctionnement

animiue.

S&s lors, une des uestions fondamentales ui se posent !

l"analste se résume ainsi 6 7c&nes séparées B, ou 6 pi&ces

communicantes B U Autrement dit peut-on croire ! la communication

d"inconscient ! inconscient U 7i oui, comment U Me voudrais tenter

13$

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

d"apporter uelues éléments de réponse ! cette uestion

l"instauration du cadre analtiue, en suspendant les actes, chau?e !

#lanc les processus de uration malré la r&le fondamentale,

sans doute une partie seulement des processus de uration du

patient arrive ! e%pression, une autre passant dans des actes

inmes, percepti#les par lui-m'me et par l"analste é#auches de

estes, de silences, de sommeil par e%emple<, mais les

représentations ui sont liées sont refoulées et les a?ects réprimés

pour ue l’illusion de la continuité ps#c+i%ue nécessaire au

processus se maintienne sufisamment pendant la séance. Il en est

de m'me, me sem#le-t-il, du cDté de l"analste ui en dépit de

l"attention >ottante et de l"éla#oration de ses positions contre-

transférentielles, est lui aussi pris dans des suites d"actes inmes

6 r'veries B et remémorations personnelles, ou#lis divers, 6 a#sences

pschiues de courte durée B. Ces actes ne sont pas, en principe,

inorés, mais soumis ! l"auto-analse de l"analste. Cependant, la

remo#ilisation de l"écoute >ottante, un temps pertur#ée, se fera en

n de compte sur fond de refoulement temporaire des

représentations liées ! ces actes é#auchés.

Ce ta#leau cliniue transféroZcontre-transférentiel se retrouve

tr&s e%actement dans la 6 séance B d"analse de Oo=se avec 4reud

inhi#ition d"une motricité é#auchée che Oo=se, 6 a#sences B de

4reud, dessinant ou hallucinant uasiment le mouvement de la

statue le rDle central de cette uestion de la motricité dans l"étude

du Oo=se indiue tr&s clairement, comme He le suérais un peu plus

haut avec la référence ! la sc&ne primitive, ue ce ui est

temporairement refoulé, du cDté du patient comme du cDté de

l"analste, pour ue l"illusion d"une continuité su?isante se

maintienne, c"est ce ui a trait au% fantasmes oriinaires, tant il est

 vrai ue ce ui réunit les deu% protaonistes de la cure c"est un

intér't pour les énimes de l"oriine, de la se%ualité, de la di?érence

des se%es et de la fa/on dont elles sont pensées et théorisées, ue ce

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

soit dans le cadre des théories se%uelles infantiles ou des théories

pschanaltiues. ;ne des descriptions faites du Oo=se conrme

cette hpoth&se p. 9(< 6 Il pourrait rearder en direction du #ruit

en e%primant de sinistres pressentiments, ou #ien ce serait le

spectacle m'me de l"a#omination ui le frappe en l"étourdissant dans

son choc. Séfaillant de déoXt et de douleur, il s"est assis. B Cette

description peut 'tre rapprochée, me sem#le-t-il, de fa/on

saisissante, de la présentation ue fait 4reud du matériel du r've de

/ Romme aux loups  6 ;n événement a?ectif 

d"une époue tr&s précoce rearder immo#ilité

pro#l&mes se%uels - castration - le p&re uelue chose

d"e?roa#le B il me paraJt donc ici certain ue le  onctionnement

animi%ue de 3reud s ’est constitué sur le reoulement du antasme

de scne primitive par le biais d’une dénégation 6 Von, Oo=se ne

#oue pas B<. Rn sait d"ailleurs ue

 Le o*se de ic+el-&nge  est écrit pendant le traitement de / 

 Romme aux loups  le o*se est de 1913, le traitement se déroulant

entre 191 et 191*< pour 3reud devant o*se, un autre texte écrit

ailleurs, revient et < in0ltre le premier...

La pratiue de la cure permet parfois de mettre ! Hour de telles

inltrations ainsi, Sorothée, dont H"ai déH! évoué la cure au dé#ut

de cet ouvrae, avait e%primé d&s le dé#ut de son analse la

certitude ue ses parents ne s"aimaient pas, n"avaient Hamais eu de

plaisir ensem#le, et m'me sans doute Hamais de relations se%uelles @

elle se les représentait volontiers ensem#le en 6 isants d"élise B.

Lorsu"elle avait deu% ans, alors m'me ue sa m&re était enceinte et

u"elle avait noué avec son p&re une relation tr&s investie, celui-ci

tom#a malade et dut uitter la maison familiale pour une lonue

période. Confrontée ! un dou#le deuil la perte de son p&re et le

désinvestissement maternel au prot d"un nouveau #é#é<, Sorothée

n"a vérita#lement plus personne vers ui se tourner @ cette cham#re

des parents, si importante se trouve désormais vide @ la fa/on dont

13*

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

cette cham#re sera ! nouveau occupée, au retour du p&re, n"en sera

pas moins traumatiue. 7i He résume ainsi une construction !

lauelle une diaine d"années d"analse ont donné uelue valeur,

c"est pour m"arr'ter un moment sur le dernier acte ui a rendu cette

construction opérante Sorothée avait décidé de terminer son

analse et s"était #ientDt retrouvée enceinte, ce ui #ien entendu

commémorait la situation infantile ue H"ai évouée. Au cours d"une

séance, Sorothée me parle d"un e%amen médical u"elle vient de

su#ir elle attend une lle son deu%i&me enfant et poursuit

6 C"est tout de m'me étonnant ue He ne vous aie pas parlé de cet

e%amen, He vous en ai tenu ! l"écart... Me me dis ue ma lle va naJtre

 Huste apr&s la n de mon analse, He ne peu% pas ne pas penser ue He

rép&te l! activement uelue chose lié ! cet épisode du départ de

mon p&re. B Glle s"interrompt mais alors, si He me mets avec vous

dans la situation de ma m&re, de vous He fais... mon p&re U... alors

u"il a peu, He vous imainais p&re de ma lle... Me suis en train de

penser ue... H"ai imainé... ue mon p&re n"était pas mon p&re... ce

ui me permettait de le considérer comme n"importe uel homme, un

homme parmi d"autres lon silence<. Pour moi, ! partir du moment

o^ H"ai pensé ue mon p&re n"était pas mon p&re, tout s"est #rouillé

c"est comme dans un souterrain, on ne distinue plus rien... oil!, il

a une rotte, avec des individus, rattant ! droite et ! auche on ne

sait pas de uel se%e sont les ens, ni ce u"ils font. Avant, He suis

dans un Hardin, avec des >eurs, des ar#res, des oiseau%, H" suis

#ien... et tout d"un coup... silence< l"entrée de la rotte...

Ooi. Alors, c"est moins anoissant avec les >eurs, les ar#res et

les oiseau% u"avec les entrailles de la terre U

Sorothée. Gt pourtant, l"ar#re a ses racines dans les entrailles

de la terre, He n"arrive pas ! faire e%ister /a, pour moi... c"est un

mst&re...

Ooi. Rn pourrait imainer l"histoire d"une petite lle ui en

l"a#sence de son p&re, croit u"elle est seule dans le Hardin de sa

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

m&re, Hardin dans leuel rénent les ar#res, les >eurs, les oiseau%

c"est un Hardin paradisiaue, sans se%ualité, fait pour elle toute

seule @ et puis son p&re revient, les parents sont réunis, et tout d"un

coup elle comprend ue l"ar#re-pénis du p&re plone ses racines

dans les entrailles de la terre-m&re, u"elle est issue de cela @ elle se

sent chassée de ce paradis, et elle n" comprend plus rien.

Cette construction en forme de conte aura pour Sorothée un e?et

de conviction important, conviction en partie liée ! une certaine

 orce d’a-ect mise dans le sens, et dont témoigne la transormation

%ue 6’ai opérée de la < grotte en < entrailles de la terre .

Oais le sens de cette vinette cliniue réside ailleurs ue dans la

cure elle-m7me  six  mois avant cette séance, He m"étais enaé

aupr&s d"un roupe de coll&ues, ! parler de la 0n de la cure @ H"avais

aussitDt écrit les premi&res lines de l"e%posé ue He devais faire @ les

 voici

6 Lorsue He ré>échissais ! la fa/on dont H"allais évouer la

uestion de la n de l"analse, un souvenir d"enfance, relatif !

l"espace ui était le mien, s"est représenté a moi plusieurs fois, avecinsistance H"avais, en vacances, l"ha#itude de promenades m'lées

d"errance, dans une for't si mstérieuse, si dense, ue l"idée u"elle

pXt avoir une n m"était impensa#le @ mais aant déH! su?isamment

appris ! compter avec la réalité, He ne pouvais pour autant penser

u"elle était innie cette for't était donc pour moi, en uelue

sorte, indénie. Gt puis un Hour, au cours de ces promenades, He

rencontrai mon p&re, accompané d"un homme en uniforme,

un arde des Gau% et 4or'ts en train de tracer, par des

marues peintes et des entailles faites au% ar#res, une limite, une

fronti&re, une n ! cette for't @ le petit ar/on ue H"étais les

reardait avec la pensée d"une activité inuiétante et aussi

rassurante. Rn aura compris, He pense, sans ue H"aie #esoin d"en

dire plus, ue ce souvenir me soit resté pour moi, l"errance était

terminée. +uel ue fXt, désormais l"éloinement de la maison de mon

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

p&re, l"indéni catéorie de l"étrane et de l"inuiétant avait

cédé la place au ni. Me pouvais parcourir, m"éloiner, me promener,

avec la certitude maintenant ancrée, de pouvoir, comme on dit, m"

retrouver.

Il me plaJt auHourd"hui de penser ue le pschanalste est un

o#scur arpenteur pour leuel s"ouvre, dans l"enfance de toute cure,

un espace

indéni, u"il parcourt de ce pas lent et mesuré u"ont les

montanards @ petit ! petit, une marue peut 'tre faite, une #orne,

dénie, de telle sorte ue se fore la certitude ue cette cure

indénie est maintenant nie, au sens o^ l"on parle d"un ensem#le

ni. B

 M"ai été saisi, dans l"apr&s-coup, de la séance avec Sorothée par

des éléments de uration communs entre mon  souvenir-écran et

son  fantasme. Me dois aHouter u"une reprise auto-analtiue m"a

permis récemment de retrouver un autre souvenir personnel de la

m'me période, et ui concerne le m'me lieu de mon enfance un

couple de Heunes spéléoloues était venu e%plorer un réseau derottes ui se trouvaient ! l"orée de cette for't. Ils m"avaient proposé

de les accompaner @ He me sentais plein d"admiration pour eu% @ et

plein de tristesse aussi uand ils repartirent le lendemain matin...

 M"ai, me sem#le-t-il, essaé de 6 réanimer B le pasae vide de

Sorothée, 6 celui o^ on ne distinue plus rien B avec le recours !

mes propres traces mnésiues, réactivées par les mots de ma

patiente. Ceci me conduit ! penser ue cette uration commune,indice d"un moment de fonctionnement animiue, est aussi le point

de rupture de celui-ci  témoin de l"infantile, part commune  au

patient et ! l"analste, cette uration partaée dévoile en m'me

temps ue, silencieusement, un fantasme oriinaire est mis en

é#auche d"acte est actualisé et ue les processus uratifs sont

menacés. Me pense pouvoir avancer u"il s"ait en fait d"une

séduction aie, car ce ui est en Heu dans ces phénom&nes de

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

uration commune rel&ve littéralement d"une confusion de lanues

et ce, m'me si c"est un autre fantasme oriinaire ui active ce

processus ainsi, dans le cas de l"histoire de Sorothée, mon

souvenir-écran interpréta#le en référence ! un fantasme m'lant

sc&ne primitive et castration, et réactivé par les paroles de ma

patiente, me conduit ! une interprétation en forme de conte ui a

une portée séductrice, puisue He lui parle d"elle avec des siniants

ui sont de aPon inconsciente à ce moment-là  miens.

Se m'me, dans la 6 séance B avec Oo=se, on a vu com#ien le

fantasme de sc&ne primitive était présent @ mais comment aussi ne

pas penser ue le 6 for/ae B interprétatif de 4reud pour faire de

Oo=se une ure em#lématiue du cadre n"est pas aussi une

séduction aie... sinon , du lecteur, du moins de Oichel-Ane,

puisue les derni&res lines du te%te nous l"apprennent, l"artiste n"a

peut-'tre 6 pas réussi ! e%primer pleinement B, ce ue 4reud a

interprété... on ne saurait mieu% dénir l"acte de séduction.

 Me crois donc avoir ainsi montré com#ien, au cWur m'me des

processus uratifs ue la r&le fondamentale convoue, une

menace de rup-

ture est touHours présente @ mais l"écriture du pschanalste et

4reud nous a l! aussi indiué une voie permet, en tant

u"éla#oration secon-darisée de l"apr&s-coup de la pratiue,

d"essaer de réuler cette di?iculté de la pschanalse, et parfois d"

parvenir1$.

Le traumatisme dans la supervisionParmi les nom#reuses et riches métaphores ue Oichel Veraut a

emploées ! propos du transfert, H"ai été particuli&rement frappé par

celle du 6 feu-follet B le transfert, s"allume en di% endroits ! la fois,

insaisissa#le et pourtant touHours l!. Cette métaphore m"a

associativement rappelé l"histoire d"un mouvement transféroZcontre-

transférentiel dont le destin est d"avoir couvé  si% ans apr&s sa

survenue pour s’allumer à nouveau apr&s la terminaison de la cure.

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

7ans entrer dans les détails de cette cure, He mentionnerai

simplement ue, si toute cure est sinuli&re, celle-ci l"était

davantae ue les autres, puisu"il s"aissait d"une cure supervisée.

C"est dans cette conuration particuli&re du travail analtiue

u"un Hour, dans la premi&re année de l"analse, H"interrompis la

derni&re séance de la semaine un uart d"heure trop tDt, et ne m"en

apercevant u"! l"arrivée du patient suivant.

 M"étais naturellement tr&s préoccupé par cet actin contre-

transférentiel et par ce ue, pensais-He, H"allais m"en entendre dire

par mon superviseur. M"éla#orai autant ue He le pus, ce ui s"était

passé, en s part lors de ma séance de contrDle, et mon

superviseur(3, dont H"attendais sans doute u"il me tan/Ft, ne le t

point 6 ous ave, me dit-il, en analsant votre contre-transfert, fait

 votre travail d"analste. B

 M"entendis cette remarue, He le pense auHourd"hui, comme une

a#solution et c"est sans doute ce ui m"interdit d" revenir dans la

cure @ du reste ma patiente n"en parla Hamais.

L"analse, pour le reste, se déroula asse heureusement pendantsi% ans.

Il a uelues années, cette patiente souhaita me revoir, pour me

donner de ses nouvelles, et aussi pour me parler d"un événement

douloureu% de sa vie. Me la re/us, pendant une heure environ,

6 décadrant B comme He le fais ha#ituellement en cette circonstance,

le temps de l"entretien @ sans doute voulais-He aussi, inconsciemment,

lui rendre ce uart d"heure déro#é #ien des années auparavant.Glle souhaita me revoir une seconde fois, et me dit, en arrivant

6 C"est curieu%, H"ai eu l"impression ue la derni&re fois, vous ne

m"ave re/ue u"une demi-heure seulement... B

Vous avons pu alors parler de ce ui s"était passé autrefois, ui

était touHours l!, comme une ] inclusion intoucha#le ] dans notre

relation, et ui était revenue uasi hallucinatoirement, sous la forme

d"une fausse perception.

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

La patiente a pu reprendre sa route @ peut-'tre, apr&s tout, était-

ce surtout de cette séance-l! dont elle souhaitait ue nous parlions.

 Le temps du silence

Le silence de l"analste permet, dans la cure, et le développementde la topiue, et la mise en évidence, de ce ui, du point de vue

économiue et dnamiue, s" déploie, pour le patient, comme pour

l"analste c"est ainsi u"on peut parler, d"une métaps#c+ologie de la

séance, pour reprendre la tr&s pertinente e%pression de César et

7ara otella. Il en va, ! mon sens, de m'me de l"écriture techniue

du pschanalste He sais, avec de nom#reu% coll&ues, l"apparente

 vanité de la vinette cliniue, ui cache, alors u"elle entend

montrer, le proc&s m'me de l"analse écrire ! propos d"une cure

suppose l"illusion d"une écriture ui pourrait dire la érité on sait

ce u"il peut avoir l! de fallacieu%. C"est pouruoi l"intér't de

l"écriture d"une histoire cliniue commence une fois u"on a posé la

plume et u"on entre dans le temps du silence comme, dans le l

d"une séance, se sinie ce ui est placé dans le creu% du discours

silences, reprises, repentirs, retouches<, de m'me dans ce ue

 H"écris, le lecteur devrait s"arr'ter ! ce ue He ne dis pas. Ve dit-on

pas d"ailleurs 6 lire entre les lines B U

 Le transert de transert

 Ainsi, de cette courte histoire cliniue, uelues mots tracent

comme une autre topi%ue  6 actin contre-transférentiel B,

6 interdit B, 6 a#solution B, 6 'tre tancé B. Il faudrait donc ue H"en

dise un peu plus de ma patiente et de moi. Soris avait une 6 écoutede l"écoute B particuli&rement ne uelues semaines apr&s ue

mon superviseur m"eut laissé continuer seul mon travail avec elle,

elle me dit 6 Sepuis uelue temps vous m"écoute, He ne saurais

dire, ni comment, ni pouruoi, mais di?éremment. B Ce fut la seule

interprétation u"elle me t He comprends maintenant u"elle me

disait, u"! l"évidence, auparavant, %uel%ue c+ose de la situation

anal#ti%ue, et de ce %u’elle m’# disait était transéré ailleurs.

1*

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

 Autrement dit la situation de supervision supposait un transert du

transert sur le superviseur, ou sur la situation de supervision.

Kransfert de transfert, donc, dans leuel se présenter fautif,

pouvant 'tre tancé espérant aussi 'tre 6 a#sous B de la 6 faute B

par le superviseur Houait un rDle actif. 7i He reconnais ici une forme

du fantasme 6 on #at un enfant B, il me revient aussi ce ui avait été

souliné par Soris dans l"entretien préliminaire com#ien elle avait

attendu et en vain ue son p&re l"investisse comme lle alors

u"il espérait tant avoir un ar/on. Le Hour o^ H"ai écourté la séance,

elle avait commencé ainsi 6 Cette peur ue H"ai d"'tre mal Huée,

c"est en rapport avec ce ue He pensais 'tre les attentes de mon p&re

ui voulait un ar/on B @ au moment o^ H"arr'te la séance, elle est en

train de me dire ue son p&re, un Hour o^ elle courait vers lui, s"était

détourné d"elle.

S&s lors u"elle évoue l"indi?érence de son p&re, et ue He me

comporte en indi?érent, moi aussi, He peu% penser ue He me suis

laissé convertir ! l"indi?érence et u"alors le Heu de l"identication

hstériue #at son plein. Apparemment, c"est ! son p&re, ue He

m"identie ainsi, et c"est ce ue He dirai d"ailleurs ! mon superviseur.

Oais 6 uid B alors de ce fantasme masochiste ui, tout ! l"heure,

sem#lait se décliner sous la forme actuelle de Dn orme un anal#ste U

 Me peu% penser ue me présenter avec un manue, une insu?isance,

par rapport ! l"attente supposée de mon superviseur, c"était

m"identier hstériuement ! Soris dans ce u"elle me disait de sa

relation ! son p&re. L"idée de la supervision comme lieu de transfert

du transfert serait alors vériée. Ceci n"épuise pas d"autres

interprétations, mais ceci est #ien entendu, une autre histoire.

 Le transert de contre-transert

Ce 6 vous ave, en analsant votre contre-transfert, fait votre

travail d"analste B, m"interdit, ai-He écrit, 6 d" revenir dans la

cure B. C"est-!-dire d"entendre ma patiente en reparler. M"avancerai

auHourd"hui ue cette parole de mon superviseur fut pour moi, dans

1*1

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

ce moment d"identication hstériue ! Soris, comme la répétition

de l’indiférence %ue 6’avais opposée à cette dernire.   Gn d"autres

termes, en réponse au transfert de transfert, c"est une réponse

contre-transférentielle ui avait été faite, sur le m'me mode ue ma

réponse contre-transférentielle au transfert de Soris. Cette

comple%ité, ! lauelle He ne m"attendais pas, en écrivant cette

 vinette est donc en passe de s"éclairer si H"ai emprunté ! Soris son

transfert, et si mon superviseur m"a emprunté mon contre-transfert,

resterait ! comprendre le pouruoi de ces emprunts successifs

s"articulant en une double méprise.  Il me revient maintenant une

circonstance ui avait présidé ! l"enaement de la cure de Soris si

elle était en recherche d"un analste, H"étais en attente d"une cure !

faire superviser, dans les mois ui suivraient @ l"entretien

préliminaire m"avait convaincu ue Soris était une patiente

suscepti#le de faire une cure classiue. Cela s"avéra e%act, par la

suite. Koutefois, dans les toutes premi&res séances ue He rapportai,

mon superviseur me dit avec netteté u"il ne partaeait pas mon

opinion ! ce suHet. Me dois aHouter u"il revint plus tard sur cette

opinion @ He pense toutefois auHourd"hui ue cette situation entre lui

et moi, d"une attente dé/ue de part et d"autre, était comme la

matrice ! l"oriine de cette dou#le méprise, et u"il avait peut-'tre

apr&s tout une précession de son contre-transfert sur le mien.

 La supervision

Ceci ouvre #ien entendu ! la énéralisation des uestions

théoriues concernant la supervision la cliniue, lorsue nous en

parlons, est ce ui nous permet d"e%ister comme +orde  de

pschanalstes, mais nous en parlons, en référence ! une théorie

dont nous sommes redeva#les ! 4reud, ui nous permet d"e%ister

comme société  et ui constitue dans le fond notre totem.  Parfois

aussi, et peut-'tre lorsue la uestion de notre appartenance au

roupe totémiue est l"enHeu m'me de notre discours théoriue ce

ui est le cas dans la supervision, sommes-nous en situation de

1*$

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

pratiuer la reliion totémiue, ui comme l"écrit 4reud 6 est

résultée de la conscience de la culpa#ilité u"avaient les ls, comme

une tentative destinée ! étou?er ce sentiment et ! o#tenir la

réconciliation avec le p&re o?ensé, par une o#éissance

rétrospective B0. Il me sem#le au fond u"un des param&tres les plus

prénants de la supervision et sans doute aussi parado%alement

un des moins visi#les se situe du cDté de cet idéal commun !

l"analste en formation et au superviseur, ui est représenté par la

théorie pschanaltiue @ en e?et, et #ien ue les enHeu% personnels

soient de toute évidence di?érents, l"analste a imainairement !

répondre c"est-!-dire c"est de sa responsa#ilité< de ce ue sa

capacité pratico-théoriue personnelle, sa théorie de la techniue se

transmet ne dit-on pas u"un des crit&res de terminaison de

l"analse est la capacité du patient ! continuer le travail analtiue

seul U Rn saisit l!, He pense, ce lien entre le patient de l"analste en

formation, l"analste en formation lui-m'me et le superviseur, lien de

liation marué dans l"appartenance totémiue.

Il me sem#le donc ue la théorie de la pratiue de la supervision

reste ! penser 7. iderman a suéré ue ce n"est pas pour rien

ue dans notre lanae totémiue, nous persistons ! appeler

contr$le la pratiue de la supervision. Peut-'tre apr&s tout, la théorie

de la techniue, si elle est lien  et bien communs,  ! l"analste en

formation et ! son superviseur, doit 'tre aussi pensée comme

pratiue di?érente pour l"un et pour l"autre, c"est dans cet écart

entre le di?érent et l"identiue, et dans sa pensée ue peut advenir

la pensée de la formation.

 Fetour au t+me

Soris était donc revenue me voir, pour, ai-He écrit, 6 me parler

d"un événement douloureu% de sa vie B. Il me sem#le utile de dire

maintenant ue cet événement répétait ce u"elle m"avait dit dans

cette séance initiale au moment o^ elle impliuait dans sa vie, apr&s

la cure, de la fa/on la plus réelle sa féminité, dans une relation avec

1*3

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

un homme u"elle aimait, celui-ci s"était détourné d"elle et l"avait

uittée c"est de cela dont elle voulait e%plicitement ue nous

parlions @ derni&re actualité d"une histoire restée en latence,

commencée dans l"enfance, et répétée dans la cure.

Le trauma dans les échanes inter-analtiues

Parmi les activités du pschanalste, celles liées ! la cliniue de la

transmission ne font ue trop rarement l"o#Het de pu#lications dans

les revues scientiues. Sepuis uelues années cependant, la

6 cliniue des échanes inter-analtiues B0 fait l"o#Het de recherches

dans di?érents séminaires de la spp(*. L"o#servation ue He présente

ici a été écrite(5 dans l"apr&s-coup d"un travail somme toute #ien

ha#ituel dans les roupes pschanaltiues la présentation d"une

 vinette cliniue par un coll&ue(( et sa discussion par un autre(),

dans le cadre d"un séminaire sur la cliniue du contre-transfert.

Lorsue nous avions entrepris ensem#le ce travail de discussion

cliniue, nous ne nous doutions pas de la mésaventure ui allait nous

arriver, et dont les circonstances valent d"'tre racontées. Le

présentateur propose, au discutant, avant une période de vacances,le te%te de sa vinette cliniue, en lui donnant comme seule

6 directive B de discussion, les références d"articles d"auteurs forts

connus, mais ue le discutant, connaJt alors mal et utilise peu dans

ses propres travau%(8. Le te%te de la vinette est livré sans

commentaires @ seule une séuence de séance est rapportée, asse

particuli&re, puisue elle relate les e?ets dans ladite séance, de

l"irruption d"un tiers dans le ca#inet de l"analste(9. Vous convenons

de nous revoir apr&s l"éla#oration, par le discutant, de son te%te, et

par le présentateur, du sien an d"articuler cette présentation. Lors

de cette rencontre, uelues semaines plus tard, nous nous lisons

mutuellement nos te%tes et sommes saisis de stupéfaction, tant ils

nous sem#lent redondants.  Cette stupéfaction, peu ! peu, nous

tentons de la dissiper est-il possi#le d"en atténuer les e?ets en

redécoupant, en présentant autrement nos écrits U Vous en avons un

1**

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

moment l"idée, mais cela nous apparaJt tr&s vite comme un artice,

la alsi0cation d"un événement important auuel nous chercherions !

échapper par cette réécriture, et ui est cette reduplication du

m7me  #ien sXr, uelues di?érences apparaissent dans nos

éla#orations, mais pour l"essentiel nous répétons  la m'me chose @

certes, nos stles sont di?érents, .mais ne peuvent masuer, au-del!

de cette di?érence, cet e?et de répétition ui nous navre, et ! ce

moment-l!, nous encom#re, alors u"ha#ituellement, nous n"avons ni

les m'mes modes, ni les m'me références de pensées. Vous

choisissons donc de décaler  momentanément l"o#Het de notre travail

et de mettre au travail nos interroations sur cette répétition. Il nous

a sem#lé en fait ue l"essentiel de cet e?et de répétition était produit

par une opération mentale comple%e che le discutant en e?et, ! la

lecture des articles ui lui avaient été donnés en référence, il lui

était revenu en mémoire une intervie de ernard Pivot, lue #ien

des années auparavant ce dernier, ui tenait, ! sa mani&re, dans

l"émission télévisée  &postrop+es, le rDle de discutant, racontait en

e?et u"apr&s avoir accepté de présenter cette émission, il avait

essaé de  orcer son st#le,  en prenant pour modles ses a:nés  en

mati&re de présentation d"émissions littéraires @ uelues Hours avant

la premi&re de l"émission, il avait renoncé ! ce 6 for/ae B et décidé

de présenter avec son propre stle, son propre mode de

fonctionnement. La survenue insistante, che le discutant, de ce

souvenir fXt reliée par lui ! l’étrangeté %u’il éprouvait à devoir 

discuter une présentation clini%ue à partir de réérences t+éori%ues

%ui lui avaient été prescrites.  A partir de cette constatation,

di?érents niveau% d"analse du phénom&ne peuvent 'tre déaés

1 Z Rn se rappellera utilement une fois encore les travau% de 7.

 iderman), déH! cités dans cet ouvrae, ui a constamment insisté

sur le fait ue le éel c"est-!-dire, pendant la séance, le matériel

cliniue , n"est Hamais donné en soi, mais ! travers la théorie ue

nous en avons, et ! travers nos méthodes d"o#servation. Le éel nous

1*5

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

est en somme intellii#le d"une certaine fa/on, et pour le dire comme

 iderman 6 nous trouvons ce ue nous cherchons B. Ainsi, avec les

m'mes outils d"analse les articles de référence , appliués au

m'me matériel, il n"était u&re étonnant ue nous arrivions ! une

m7me lecture, ! une m7me découpe, ! une m7me intellience dudit

matériel.

$ Z Lors de la premi&re rédaction de son te%te, le discutant,

soucieu% d"évouer les pi&es ue les analstes se tendent ! eu%-

m'mes lorsu"ils discutent de cliniue, avait écrit ceci 6 Il ne me

paraJt pas possi#le d"éviter de parler de cliniue, puisue la cliniue

est ce ui nous permet d"e%ister comme horde de pschanalstes, et

d"en parler d"une certaine fa/on, puisue la théorie analtiue est ce

ui, de fa/on totémiue, nous permet de nous instituer en roupe ou

en société B. Ainsi alors m'me u"un mouvement interne via

l"identication ! ernard Pivot conduisait le discutant ! se

révolter   contre le mod&le théoriue proposé, un autre mouvement

interne opposé le conduisait ! s" soumettre  via la référence au

totémisme et ! la horde, référence appartenant aussi #ien au p&re de

la pschanalse u"! un des auteurs au%uels il lui avait été prescrit

de se référer)1. Par le #iais de cette opération mentale, le discutant

réalisait son identication fraternelle avec l"auteur de la vinette

cliniue

ui est aussi /anal#ste au travail dans le partae de rDles ,

6 ls B comme lui de la m'me référence théoriue, ériée ainsi en

Kotem.

3 Z Ceci pose évidemment pro#l&me puisue les points 1 et $

sont éla#orés ! partir des références théoriues au%uelles le

discutant souhaitait Hustement échapper. Oais il a malré cela, une

modi0cation %uant à la onction m7me de cette t+éorie  cette

identication fraternelle ! 1anal#ste au travail  par le #iais de

l"identité de pensée et de référence théoriue nous faisait nous

cacher ! nous-m'mes %uel%ue c+ose de aux  la théorie, prise en

1*(

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

référence commune avait évité ! l"un comme ! l"autre de penser

leurs di?érences l"un était l"analste de la patiente, et l"autre pas @

le discutant était en manue de pratiue analtiue, et condamné

ainsi ! fantasmer une sc&ne dont il avait été e%clu, dans lauelle il

n"avait eu aucune place @ on peut d&s lors se demander si la

référence théoriue n"est pas tout ! la fois un moen de maJtrise et

de contrDle, par la pensée, de P 6 autre sc&ne B, et, par le #iais de

son utilisation en position 6 méta B, un moen d"échapper ! l"emprise

de l"infantile mo#ilisé par la situation. Ces remarues constituent, !

notre sens, des éléments d"une théorie de la supervision.

*ZCes moens de maJtrise et de contrDle de l"e%citation provouée

par cette position parado%ale d"e%cluZvoeur sont de nature

pschiue di?érente l"utisation fétichiste d"une référence

théoriue tout d"a#ord, puis l"identication ! l"analste, puis

l"identication au personnae tiers faisant irruption dans le ca#inet

de l"analste, puis en dernier ressort l"identication ! la patiente)$.

C"est ce dernier mouvement ui permet un déaement de la

fascination imainaire par le matériel présenté. Rn notera par

ailleurs ue l"énumération de ces di?érentes 6 solutions B

identicatoires conrme ue le fantasme oriinaire ! l"Wuvre est un

fantasme de sc&ne primitive, dans leuel le discutant, en manue de

pratiue, se réintroduit dans la sc&ne analtiue @ ceci permet de

comprendre l"e%citation ui s"empare des roupes pschanaltiues

lorsue la cliniue est mise en discussion et éalement les

phénom&nes de 6 surinterprétation B)3  au%uels cette mise en

discussion donne énéralement lieu. Ces phénom&nes e%citation

et surinterprétation sont, au sens lare du terme des

manifestations contre-transférentielles, dans lesuelles il a une

dé>e%ion de l"e%citation pschiue sur une utilisation défensive des

processus de théorisation. Rn voit donc ue le contre-transfert est,

comme le transfert, une répétition, ui s"analse, comme lui, lorsu"il

devient résistance ! comprendre @ parmi les formes ue peut prendre

1*)

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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste

la résistance, celle par  la théorie est particuli&rement su#tile puisue

elle est mise au service de la compulsion de répétition dont elle

entend par ailleurs se déprendre. Pour conclure, un #ref retour ! la

cliniue nous paraJt nécessaire il faut souliner ue le point de

départ de cette mésaventure commune avait été la compulsion de

répétition mise en 6eu dans le transert par la patiente, et répétée

ensuite par nous, ! di?érents niveau%, Husu"! ce ue le déaement

en soit possi#le. Rn dispose ainsi, ! notre sens, d"un mod&le

pertinent pour l"étude des di?icultés rencontrées dans la pratiue

des supervisions le transfert du patient sur l"analste supervisé est

transéré dans le champ de la supervision, avec le contre-transfert de

l"analste, et la réponse de l"analste superviseur est suscepti#le

d"'tre aussi  contre-transférentielle, au sens élari, selon des

modalités voisines de celles ue nous avons décrites ici)*.

1*8

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Conclusion Le réel, le per*u, l+halluciné et la pratiue

 ps)chanal)tiue

Les enfants, les primitifs et les peintres savent ue le monde est

peuplé de chim&res nuaes, mers, montanes s"interpr&tent, et

sans cette activité interprétative, l"éclat impro#a#le d"une

perception ui se donnerait sans possi#ilité de

proHectionZintroHection, serait peut-'tre aveulant puisue H"évoue

les peintres, le courant contemporain de l"hperréalime permet

d"avoir une représentation de ce ue serait une telle perception, et

de son caract&re aveulant @ mais notre modernité a aussiheureusement enendré des peintres ui sont proches, dans leur

capacités animiues, des enfants, des primitifs, et aussi, faut-il

l"aHouter, des pschanalstes. C"est le cas de Paul Céanne écrivant

ue 6 La montane 7ainte-ictoire a des épaules de femme B.... et la

représentant ainsi E Cependant, le 6 pur perceptif B est parfois au

centre de notre pratiue H"ai noté)5, ! propos des métaphores

emploées par les pschanalstes travaillant sur les uestionssoulevées par le concept de 6 traumatisme B, l"insistance avec

lauelle revenaient sous leur plume des métaphores connotant la

prééminence du perceptif 6 le chaud et le froid B)(, le

6 roue B)), le 6 #rillant B)8 , sur le représentatif.. ;ne ré>e%ion

récente de Mean-Luc Vanc, m"incite ! reprendre auHourd"hui cette

uestion

1*9

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

6 Au sens strict, l"interdit de la représentation est l"interdit Huif,

islamiue, et en partie chrétien de représenter Sieu, ainsi ue

l"homme, imae de Sieu. C"est l"interdiction de l"idole, en faveur de

la vraie présence invisi#le du divin. Gn ce sens, et selon toute une

tradition moderne d"interprétation, cet interdit n"est rien d"autre ue

l"interdit du meurtre l’interdit d’arrac+er une présence à son retrait

ou à son secret_ essentiel. La représentation est meurtrire et le

meurtre est représentation ; il 0xe et 0ge la présence anéantie B1,$.

ien u"il s"aisse l! de représentation 6 iconiue B, et non de

représentation pschiue, le pschanalste ne peut u"'tre renvoé,

par ces lines, ! des uestions posées par l"Wuvre de 4reud, et dont

la comple%ité actuelle n"a pas ni de le hanter. Mean-Luc Vanc a le

mérite de focaliser ainsi notre attention sur les rapports u"il a

entre les uestions posées par le traumatisme, ce ue la situation

traumatiue contient d"6 interdit de représentation B et la

pro#lématiue freudienne de  8euil et élancolie, via  l"idée de la

représentation comme meurtre, et son corrélat le meurtre %ant et

eant la présence anéantie. Vous n"avons pas ni, en e?et, de

méditer sur le pararaphe relatif ! 6 l"om#re de l"o#Het B3, et dans

leuel 4reud entend 6 reconstruire le processus B de la mélancolie @

dans ce pararaphe, deu% points me paraissent ! souliner

les termes dans lesuels 4reud caractérise l"investissement

d"o#Het comme peu résistant, suppriméX.

le terme m'me d"om#re de l"o#Het.

Gt ces deu% points, naturellement, sont liés @ cet o#Het, et la

lecture m'me du pararaphe nous en convainc, n"a pas de statut

pschiue, interne, #ien éta#li @ il est ! la fois He cite 6 la

personne aimée B, l"o#Het réel auuel le Ooi du mélancoliue est

fortement %é, et l"o#Het pourvu de caractéristiues ps#c+i%ues,

internes,  suscepti#le, en tant ue tel, d"un processus pschiue

d"identication. Il a donc un statut limite  @ si H"ai plaidé pour la

transitionnalité de l"o#Het de la pschanalse5, il me sem#le u"il est

15

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

uestion, dans ces lines, d"autre chose la fameuse e%pression

6 l"om#re de l"o#Het est tom#ée sur le Ooi B indiue à la ois le statut

pschiue, interne, de l"o#Het, et sa place particuli&re dans le Ooi

pour ue l"o#Het puisse porter une om#re, il faut u"il soit ! la fois

1.  Le onde, mardi $9 mars 199*.

$. C"est moi ui souline.

3.  étaps#c+ologie,  :allimard, 19(8, p. 15)-

158.

*. C"est moi ui souline.

5. Cf. mon introduction. oir aussi p. 8*.

u dans  le Ooi, et non assimilé par lui on peut se le représenter

comme érigé en lui, lui appartenant, mais non confondu avec lui @ la

uestion du 7ur-Ooi est naturellement présente ici, mais aussi plus

énéralement celle de tous ces o#Hets 6 encrptés B 6 inclus B dans le

Ooi, et assurés ainsi de leur pérennité. Cette pérennité est, si l"on

sone un instant, asse sinuli&re puisue seule l"om#re de l"o#Het

témoine de la présence de celui-ci, alors m'me u"il est tenu horsd"atteinte pschiue, tellement ! l"a#ri du meurtre, ue seul le

suicide du mélancoliue peut l"atteindre. Rn voit ainsi, avec les

résonances platoniciennes soulevées par la référence ! l"Rm#re de

l"R#Het, ue ce ui est visé par 4reud dans la fa/on dont il pose la

uestion de la mélancolie, c"est le statut de l"R#Het comme résultant

du meurtre imainaire de la Chose, au sens pschanaltiue de    ce

concept repris ! eideer par Lacan. Pour le dire simplement, la

4+ose, c’est le Féel de l’Db6et, c’est-à-dire ce %ui, de lui, résiste à

toute

 Lreprésentation'. Pour le dire autrement, l"R#Het est le résultat et

le produit de l"hallucination néative de la Chose$ 3. Le reste, le

résidu de cette opération est peut-'tre ce ui se donnerait parfois

comme pure perception, avec ce u"elle pourrait avoir

d"insupporta#le éclat ainsi, les métaphores perceptives emploées

151

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

par les patients ! propos de leurs e%périences traumatiues

indiueraient la trace laissée par la perception et [son éclat, dans

la tentative d"introHecter cette e%périence traumatiue, tandis ue les

métaphores perceptives des pschanalstes évouant les

I analses de ces m'mes suHets, sont pour ceu%-ci la fa/on de

rendre

I compte des traces ue l"impossi#ilité du meurtre de la Chose

laisse _iusue dans le mode de lanae de ceu%-l!.  La perception

viendrait donc signer, à l’intérieur m7me du oi, l’éc+ec de la

constitution ps#c+i%ue de l’expérience, %ui, dans son aspect

< séducteur , < réel resterait enclavée en lui S de ce point de vue,

la < pure perception, ce serait l’+allucination. enons en alors ! la

fa/on dont les pschanalstes voient cette uestion de la réalité du

monde iderman emploie* une métaphore, celle de la perle, formée

! partir d"un rain de sa#le, et ue H"ai déH! lonuement commentée

dans mon introduction. Me rappelle ue selon lui, le rain de sa#le, en

pschanalse, c"est l"événement ou sa trace , ! partir duuel, et

autour duuel les fantasmes vont se dévelop-

per, comme les concrétions perli&res les font autour du rain de

sa#le réel. Me voudrais ici rappeler ce ue H"avance ! ce propos dans

l"introduction de cet ouvrae le 6 devenir perle B est un destin

impro#a#le pour tout rain de sa#le. eaucoup d"événements

s"inscrivent en nous sans ce développement de 6 concrétions

fantasmatiues0 B, constituant ainsi ce ue H"appelle 2le no#au

traumati%ue du oi.  Rn aura compris0 ue selon moi, le noau

traumatiue du Ooi c"est le réel de cet o#Het ui est appelé !

s"inscrire pschiuement, apr&s avoir été halluciné néativement @

ceci a une conséuence toute ! fait capitale tout o#Het inscrit

pschiuement contient sa part de éel ui est, ! mon sens, cette

om#re de l"o#Het dont parle 4reud @ dans le trauma pschiue selon

la deu%i&me topiue par dé#ordement uantitatif<, on peut penser

ue c réel s"inscrit plus massivement encore, et son om#re portée

15$

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

est alors iantesue. Mean-Luc Vanc attire en tout cas notre

attention sur les liens con>ictuels, 6us%u’au meurtre, entre le éel de

l"o#Het et sa eprésentation. Seu% histoires nous permettront de

continuer ! e%plorer cette uestion l"histoire de O. ., la premi&re,

a trait ! la tentative de 6 mise ! mort de la représentation B, et vaut

d"'tre contée fortuné, indi?érent, dit-il, a tout, vivant seul, O. . ne

sort u&re de che lui et passe ses Hournées ! faire des pules @ c"est

son uniue activité, rien d"autre ne l"intéresse, ni personne, et l"on

peut ainsi se représenter asse #ien ce ue peut 'tre la

déso#Hectalisation ! l"Wuvre. Pour 'tre plus précis, les pules ue

fait O. ont un th&me particulier, puisu"il s"ait de ta#leau% aant

la mer pour suHet @ ils sont éalement particuliers en ce sens u"il les

a lui-m'me peints, au cours de ses nom#reu% voaes au% uatre

coins du monde @ une de ses relations a ainsi transformé chacune de

ses auarelles en un pule ui, une fois reconstitué su#it un

traitement particulier renvoée au lieu m'me o^ elle a été peinte,

l"auarelle, décollée de son support et reconstituée selon un procédé

mis au point par une autre de ses relations, est lavée ! l"eau de mer

et O. . ne arde alors d"elle ue la feuille de papier viere o^ elle

avait été peinte #ien des années auparavant. Certains avaient essaé

de détourner O. . de la vanité randiose d"un tel proHet, ue l"on

peut ainsi décrire constituer une représentation du éel, lui faire

su#ir, avec un #rin d"omnipotence et de sadisme un traitement

comple%e ui permette de constater u"on peut encore en disposer

aprs l"avoir mise en pi&ces, puis dans un mouvement déterminé en

efacer toute trace @ en vain O. . avait répondu He cite 6 u"il

rel&verait le dé, et ue< les auarelles, comme cela avait touHours

été, continueraient d"'tre transportées sur leur lieu d"oriine pour

retrouver la blanc+eur de leur néant

premier  Bb. Se ce rituel compliué, He n"aurais sans doute Hamais

entendu parler, si un rain de sa#le ne s"était lissé dans sa

perfection la derni&re pi&ce du dernier pule ne voulut pas

153

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

co*ncider  avec la découpe dans lauelle elle aurait dX entrer cette

pi&ce a la forme d"un 6 B et la découpe d"un 6 B. Le lecteur

attentif aura reconnu une des histoires de La vie ; mode d’emploi de

:eores Perec, et reconnu éalement dans cette pi&ce en forme de

6 B un autre livre de Perec dans leuel il a?irme 6 He n"ai pas de

souvenirs d"enfance B. Perec, dans l"histoire de Oonsieur ., fait

mourir ce dernier au moment o^ il constate cette non-co=ncidence

entre la pi&ce et sa découpe.

Cette histoire parle d"elle-m'me elle est comme l"archétpe des

di?icultés si #ien décrites par André :reen, et ue l"analste

rencontre lorsu"il a#orde les cures de patients dans lesuelles la

néativité est ! l"Wuvre @ dans ces cures, le désinvestissement, le

#lanc sont les di?icultés maHeures pour le pschanalste

ha#ituellement plus familiarisé avec le con>it lié ! l"investissement,

et avec le refoulement. Le #lanc, l"e?) cernent de la trace

nécessitent un travail de retissae, de re-création d"un espace

pschiue collabé  par le désinvestissement. André :reen souline

d"ailleurs 6 ue la uestion e%istentielle du suHet tel ue le con/oit la

pschanalse, c"est le con>it fondamental entre l"omnipotence de la

satisfaction a#solue dans le sadisme ou le masochisme, par

e%emple<, ou le renoncement dans la su#limation avec le risue du

désinvestissement 6 supposé a?ranchir de toute dépendance... en

paant le pri% du meurtre de l’autre B1,$.

L"histoire imainée par Pérec montre #ien, de ce point de vue,

comment l"activité représentative est en uelue sorte subvertie au

#énéce de la pulsion de mort.

La deu%i&me histoire se situe, elle aussi au% limites de la

pschanalse, et He n"en puis livrer ue les traits principau% c"était il

  a #ien des années, au dé#ut de ma pratiue professionnelle, ue

 H"ai re/u Rctave @ cet homme d"une trentaine d"années, asse

étrane, ne connaissait rien de ses oriines @ il était allé consulter

une rapholoue parce u"il avait entendu dire ue 6 tout était dans

15*

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

l"écriture B @ il avait entendu cette remarue littéralement, et non

comme une métaphore @ il avait donc espéré, disait-il, ue la

rapholoue 6 aurait pu lui révéler les choses inorées de lui, et dont

son écriture aurait ardé les traces B. La rapholoue me l"avait

adressé, inuiétée par cet homme ui venait l"interroer au% limites

m'mes de son art, puisu"il avait l"idée ue tout son monde interne

était condensé dans une trace matérielle, motrice, Hetée sur le

papier @ H"étais, moi, un peu perple%e devant cet homme, touchant

dans sa u'te de lui-m'me, accroché ! mon reard, et ue H"acceptai,

non sans réticences intérieures, de recevoir en face-!-face.

Prudemment d"a#ord, puis de plus en plus précisément, il me t

savoir u"il venait touHours me voir armé d"un revolver, parce u"il

avait souvent l"idée de commettre un crime parfait @ un Hour o^ il

développait une fois encore cette idée, He lui répondis 6 un crime

parfait, /a n"e%iste pas il a touHours des traces B. Cela me rassura

#eaucoup, et lui aussi, puisu"il trouva une solution di?érente,

socialement accepta#le, ! ce ui le hantait, et ui était l"e%istence et

l"inaccessi#ilité d"un insupportable écart  entre l"inconnaissa#le de

ses oriines, et la liation imainaire u"il s"était constituée @ pour

lui, cette suppression de l"écart n"était pas, comme pour le

personnae de Pérec, du cDté de l"e?acement, de la représentation,

mais du cDté de l’efacement du éel, au moen du crime parfait, de

ce %ui, dans le Féel, pouvait représenter la potentialité de la

représentation.

La uestion ui vaut alors d"'tre posée est la suivante u"est-ce

ui, dans le développement de 1" 6 infans B permet l"inscription de ce

6 rain B de sa#le ue H"évouais plus haut, inscription ui le

conduira ! investir son mode d"e%istence selon ce rapport su#Hectif si

particulier entre le monde interne et l"e%térieur, puisue cet

antaonisme entre ces deu% mondes serait tellement insolu#le ue

seule l"idée du meurtre ou du crime en rendrait compte @ cette idée

asse héélienne d"ailleurs, peut paraJtre-surprenante ! premi&re

155

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

 vue, mais elle est en fait présente dans le champ pschanaltiue

depuis son oriine depuis 4reud, ui postule ue 6 l"R#Het naJt dans

la haine B, Husu"! André :reen ui a mis en évidence le rDle

oranisateur, fondateur m'me, de l"hallucination néative de la

m&re, permettant ! cette derni&re d"'tre constituée en 6 structure

encadrante B aant un 6 rDle de contenant de l"espace

représentatif Bb. Se son cDté, ené oussillon, en commentant les

points de vue de innicott sur l"o#Het transitionnel a apporté un

éclairae tout ! fait convaincant

6 La réalité de l"o#Het, pour pouvoir 'tre ]trouvée découverte,

investie<, doit pouvoir 'tre détruiteZtrouvée. G%plicitons ce

]parado%e. L"o#Het est trouvé comme o#Het e%terne s"il est détruit

dans le fantasme< mais survit ! cette destructivité, c"est-!-dire ue,

s"il est atteint par celle-ci, il reste néanmoins permanent et sta#le, ce

ui se manifeste par le fait u"il n"e%erce pas de représailles sur le

suHet, ni du cDté de la rétorsion,

ni du cDté du retrait. L"o#Het doit donc 'tre ! la fois atteint

détruit< et non détruit atteint, pour donner valeur et réalité ! la

destructivité la reconnaJtre , et non détruit pour la localiser dans

le domaine de la vie pschiue. C"est l! le sens de survivre B". Cette

con>ictualité est présente dans le mthe d"Ndipe, au moment o^

celui-ci se cr&ve les eu%

6 Il va au hasard, il nous demande de lui donner un laive, de lui

dire o^ il trouverait sa femme, non pas sa femme, mais celle dont le

sein maternel l"avait ! la fois mis au monde, lui et ses enfants. Gt

dans sa fureur, un dieu, He ne sais leuel, la lui indiua, car ce ne fut

aucun de nous pr&s de lui. Alors, poussant un cri e?raant, comme si

uelu"un l"eXt uidé, il s"élan/a sur la dou#le porte... L!, pendue,

nous aper/Xmes son épouse @ le lacet tressé l"étranlait encore. A 

cette vue, le malheureu% pousse des ruissements horri#les, il

dénoue le lien ui la tenait en l"air @ elle tom#e ! terre, la pauvre

femme. Alors nous vJmes des choses atroces Ndipe arrache de ses

15(

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

 v'tements les arafes d"or dont elle était parée, il les prend, il s"en

frappe lui-m'me les or#ites des eu%, il criait u"ils ne seraient plus

témoins ni de ses malheurs, ni de ses crimes ]dans l"om#re

désormais, disait-il, vous verreE ceux %ue vous n’aurieE 6amais d9

voir ... B\.

La représentation étemelle du corps de Mocaste, ériée dans le

Ooi d"Ndipe, se constitue ainsi avec le meurtre de la perception, du

trop  de perception ue sa m&re lui avait imposé cf. 6 ien des

hommes ont partaé en r've la couche de leur m&re B<. Il est

intéressant de mettre en rapport cet épisode du mthe tuer se

crever les eu% @ se représenter , et cette assertion de 4reud selon

lauelle 6 l"o#Het naJt dans la haine B c"est ici la mise en a#sence de

l"o#Het réel, ui lui permet d"acuérir son statut pschiue Ndipe se

crevant les eu% réalise un vérita#le analoon de l"hallucination

néative.

Cette mise en a#sence du éel, comme condition de création du

Pschiue, et son échec m'me, puisue, selon moi le éel s"inscrit en

nous, sous la forme d"6 om#re de l"o#Het B, comme 6 rain de sa#le B

oriinaire et nécessaire au déploiement de la topiue interne, est

sans doute un des éléments ui nous permet auHourd"hui de penser le

phénom&ne récent de l"essor des technoloies liées au transport et !

la conservation des imaes comme résidu des traces ue laisse en

nous ce moment fondateur de l"a#sence de l"o#Het. C"est ce point de

 vue ue souline Mean audrillard dans un article récent)9 

6 Vous ne sommes< plus capa#les d"a?ronter la maJtrise

sm#oliue de l"a#sence, c"est pour cela ue nous sommes

auHourd"hui plonés dans l"illusion inverse, celle désenchantée de la

profusion, l"illusion moderne de la prolifération des écrans et des

imaes.

Partout la rage de aire %u’une image ne soit plus une image',

c"est-!-dire Hustement ce ui Dte une dimension au monde réel et

inauure la puissance de l"illusion. AuHourd"hui, avec toutes les

15)

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

formes de realit#-s+oJ et de réalité virtuelle, on8 veut nous faire

rentrer dans l"imae, dans l"écran, dans un artefact ! trois

dimensions le vécu clés en main, détruisant ainsi toute illusion

énériue de l"imae. L"éuivalent dans le temps, c"est le temps réel,

ui prétend, ! la vitesse de la lumi&re, ui est celle de l"information,

nous installer dans une actualité totale, a#olissant toute illusion du

passé comme du futur... L"imae ne peut plus imainer le réel

puisu"elle est le réel. Glle ne peut plus le r'ver puisu"elle en est la

réalité virtuelle. S"écran en écran, il n"est plus de destin ! l"imae

ue l"imae. C"est comme si les choses avaient avalé leur miroir, et

étaient devenues transparentes ! elles-m'mes, tout enti&res

présentes ! elles-m'mes, en pleine lumi&re, en temps réel, dans une

transcription impitoa#le. Au lieu d"'tre a#sentes d"elles-m'mes

dans l"illusion et le secret, elles ne s"inscrivent plus ue sur les

milliers d"écrans ! l"horion desuels le réel, mais aussi l"imae !

proprement parler, ont disparu. La réalité a été chassée de la réalité,

et nous a laissé dans une hperréalité vide de sens... Oais o^ est

passée la constellation du sens U B

6 Le seul suspense ui reste, c"est de savoir Husu"o^ le monde

peut se déréaliser avant de succom#er ! son trop peu de réalité, ou

#ien Husu"o^ il peut s"hperréaliser, avant de succom#er ! son trop

de réalité c"est-!-dire lorsue le monde, devenu plus vrai ue le vrai,

tom#era sous le coup de la simulation totale<. B

Rn pourrait penser ue He me situe au% antipodes de la

pschanalse en interroeant ainsi, avec audrillard, cette sorte d"

6 ontoloie de l"imae B, dans lauelle la uestion de la déréalisation

du Oonde paraJt lancinante @ pourtant, dans cette interroation,

innicott, comme souvent, nous a précédé dans un article de 195*-

195581, il développe l"idée ue fantasmatiuement, le #é#é a

l"impression ue son appropriation pschiue du sein maternel laisse

dans celui-ci un vide, un trou u"il convient de réparer1. Ve sommes-

nous pas alors, touHours pris entre le désir de tenter de réparer

158

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

l"environnement, du crime ue nous supposons avoir commis dans

notre tentative pour nous l"approprier, o^ d"essaer d"e?acer les

traces de ce forfait oriinaire U C"est ! mon sens, la possi#ilité de

su#Hectivation de cette uestion, ui, dans le suspens permis par la

cure, dénit les pouvoirs du pschanalste @ c"est son impossi#ilité

ui en trace les limites cette uestion, on l"aura compris, est tr&s

e%actement la uestion du deuil. Se cette su#Hectivation, possi#le ou

impossi#le dépendent éalement les conditions d"installation de la

cure pschanaltiue, conditions ui ne sont pas indéniment

e%tensi#les @ on se souvient en e?et du reproche adressé par

4erenci ! 4reud 6 d"avoir nélié de lui donner une analse

compl&te B$. Cette formulation l"analse complte , ne cesse de

m"étonner, en ce sens u"elle témoine de notre dénitive nostalie

d"une complétude perdue, et ue l"analse devrait restituer  @ mais

lorsu"on sait u" 6 analser, c"est dissoudre B, comment se

représenter une analse sans reste, sans uelue chose

d"indissolva#le, ui résiste et remet en travail, par le 6eu des contre-

investissements le no#au traumati%ue de la Gs#c+é U

La comple%ité des 6 nouvelles donnes B de la cliniue

contemporaine est telle ue les analstes sont le plus souvent

d"accord pour convenir ue le settin classiue ne arantit pas le

processus, et u"a contrario, ce processus peut se rencontrer dans

d"autres conurations de cadre ue celle de la cure-tpe @ il ne me

sem#le pas pour autant souhaita#le de postuler une continuité à tout

prix entre pschanalse et pschothérapie He pense u"il est plus

fécond de laisser travailler   les contradictions plutDt ue de les

résoudre en en gommant les aspérités @ c"est en suspendant pour un

temps  la résolution des oppositions ue nous pourrons répondre !

l"accusation portée par certains épistémoloues contre la

pschanalse celle d"'tre une 6 science molle B @ c"est pouruoi il

me sem#le indispensa#le de souliner u"il e%iste, che nom#re de

pschanalstes, une position selon lauelle les indications de la cure

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

analtiue peuvent 'tre sans cesse étendues @ cette position est

historiuement inscrite dans l"évolution du mouvement

pschanaltiue depuis sa création c"est la passion de 4erenci

pour l"analse des cas les plus di?iciles, avec les aménaements

techniues selon lui nécessaires, ui reste pour moi le mod&le de

cette position. Koutefois il me paraJt nécessaire de souliner

 Lld. p. 158.

$. L'anal#se avec 0n et l’anal#se sans 0n, p. $3(.

ue l"e%tension de ce courant de pensée, d"une part, et

l"importance actuelle de l"interroation sur la pratiue

pschothérapiue d"autre part délimitent un c+amp de tensionproblémati%ue %ui témoigne d’un < malaise dans le c+amp t+éorico-

clini%ue , comme si peut-7tre, la t+éorie ne tenait pas, dans le

c+amp de la tec+ni%ue, ses promesses... Cela étant posé, la uestion

de la suspension de la représentation-#ut de la guérison ui viendrait

distinuer voire opposer l"opposition pschothérapieZpschanalse

me paraJt sinuli&rement problémati%ue  d&s lors ue lorsue

l"analste a a?aire ! des patients ui subvertissent, au béné0ce deleur pulsion de mort,  le processus analtiue @ c"est m'me ! ce

moment l! ue la uestion du caract&re antit+érapeuti%ue de la cure

doit se poser de fa/on vitale ! l"analste anna 7eal a ainsi e%posé

le cas d"une patiente ui 6 ! l"intérieur de l"analse trouvait un o#Het

u"elle pouvait indéniment e%ploiter et maltraiter sans 'tre

a#andonnée. Gt le sentiment de sécurité et de satisfaction sadiue

u"elle en retirait lui procurait une sorte de havre u"elle était #ien

décidée ! arder pour touHours B. Il va de soi ue cette uestion de la

thérapeutiue doit 'tre posée dans d"autres conurations cliniues

dans lesuelles la uestion de la déliaison se pose @ c"est dire ue la

uestion du caract&re thérapeutiue de la pschanalse n’a rien

d’inactuel  Oais par ailleurs, A. :reen note ue 6 la recherche de

 voies nouvelles conduit trop souvent soit ! e%clure des< cas de

l"e%périence analtiue leur réservant l"application d"une

1(

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

pschothérapie de plus en plus éloinée de la ]cure-tpe, soit !

conduire ! des variations techniues ui invitent, ! mots plus ou

moins couverts, ! renoncer au nerf de l"analse de transfert

l"interprétation. Ceci pour lui su#stituer des attitudes contre-

transférentielles ui souvent sinient un a#andon de l"acte

d"analser B8$. Rn voit #ien l!, entre la position d"anna 7eal et

celle d"André :reen, com#ien la uestion de la line de démarcation

entre cure-tpe et cure atpiue est délicate. Cependant, le

développement de prises en chare, par des pschanalstes, selon

des méthodes spéciues, de patients ui ne rel&vent pas de la cure-

tpe, paraJt 'tre un des a%es d"a#ord de la uestion de la

pschothérapie les plus prometteurs sur le plan épistémoloiue @ en

e?et, si, ! un patient, est proposé un cadre di?érent de celui de la

cure-tpe, c"est ue l"analste pense ue le patient n 'a pas la

possibilité, m7me de aPon trs transitoire, de béné0cier du cadre

anal#ti%ue %ui reste implicitement pour lui une organisation

optimale du traitement. C"est ainsi u"il faut comprendre la citation

de innicott ue H"évouais plus haut.

Il me sem#le ue c"est autour de ce parado%e ue se Houe ! la fois

la uestion de la pratiue de la pschothérapie, ainsi ue la uestion

épisté-moloiue des liens entre pschothérapie et cure

pschanaltiue. Gn e?et il permet d"éviter, par e%emple ue, par un

souci de continuité épis-témoloiue, on puisse parler d"analse en

face-!-face ! une fois par semaine E ;ne telle position %ui démontre

à %uel point le paradoxe Jin-nicottien  cesser ps#c+anal#ti%uement

d’7tre ps#c+anal#ste  est dificile à < endosser , est pour le moins

pro#lématiue, parce ue ce ui est mis ainsi hors-circuit, c"est la

uestion de l"épreuve de réalité spéciue de la cure

pschanaltiue, puisu"elle est... suspendue E appelons ! ce suHet

ce ue 4reud écrit en 1913 dans 6 le dé#ut du traitement B 6 Me

tiens ! ce ue le malade s"étende sur un divan et ue le médecin soit

assis derri&re lui, de fa/on ! ne pouvoir 'tre reardé B. Cette

1(1

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

inhi#ition de la motricité a, selon 4reud, pour e?et l"apparition du

transfert et son isolation, et donc sa caractérisation comme

résistance 6 Analser, c"est favoriser l"éclosion d"une... névrose... de

transfert... et donc emp'cher ue le patient ne se comporte comme

un de ces primitifs dont les< idées se transforment immédiatement

en actes B0. Sans la pschothérapie en face-!-face, comme le note

4reud et c"est m'me cette raison ui lui a fait 6 inventer B le divan

, ceci n"est pas possi#le 6 comme He me laisse aller, écrit-il, au

cours des séances, ! mes pensées inconscientes, He ne veu% pas ue

l"e%pression de mon visae puisse fournir au patient certaines

indications B. Gn d"autres termes, le ace à ace permet au patient

d’expérimenter ce %ue sa mise en langage comporte comme

virtualité de modi0cation de l’Db6et.  Me précise ue H"emploie ce

terme de 6 virtualité B, pour indiuer u"il est impossi#le de se

prononcer sur la 6 réalité o#Hective B de cette modication, car elle

n"est conceva#le ue dans le transfert @ cette virtualité a un rand

intér't avec certains patients pour lesuels une telle e%périence

 vient modier un indépassa#le vécu d’Ril=osig>eit,  et permet

d"instaurer les préconditions voire la suite

d"une cure 6 analtiue B ui serait autrement incompl&te83. Me

pense, pour ma part, ue cette potentialité d"e%périmentation des

 virtualités de modication de l"R#Het est 6 la line de partae des

eau% B entre cure pschothérapiue et cure pschanaltiue. Me

 voudrais rappeler ici l"intéressant point de vue développé par .

russet 6 La uestion est de savoir si le mode de communication

avec l’autre, %ui acilite la communication avec soi-m7me et

l’inconnu en soi-m7me, passe ou non par la perception de

l’interlocuteur en ace-à-ace, la fonction sur soi de la perception de

l"autre et son reard sur soi, et pas seulement de ses oreilles Bb. Kout

ceci nous ram&ne ! innicott et au #on usae du champ

transitionnel, dans leuel, avec le reard comme instrument corporel

moteur, et donc actif, l"o#Het-analste est 6 saisi B et 6 touché B par le

1($

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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue

patient @ par la suite, dans un dou#le-retournement @ le patient peut

éprouver ce ue son analste peut 6 toucher B et 6 saisir B en lui, de

lui en d"autre termes il a l"occasion de faire pour la premi&re fois

l"e%périence d"un holdin ui lui a fait oriinairement défaut. Ces

#uts assinés au face-!-face montrent #ien, me sem#le-t-il, ue

l"analste paie de toute sa personne le renoncement %u ’il a opéré

par rapport à la cure-t#pe  plus précisément, ce renoncement réside

dans le fait ue l"analste ne peut plus s"appuer de fa/on

indéectible sur la capacité asse irrempla/a#le, u"a le cadre de la

cure-tpe à prendre en gérence  le silence, l"a#stinence, le

6 refusement B @ on mesure les risues inhérents ! cette situation

inconforta#le airs, 6 endossement B des imao transférentielles

comme on endosse un ch&ue...<, suestion, etc. Kout ceci e%plicite

en fait la profonde remarue de P. 4edida selon lauelle 6 ce u"on

appelle énéralement pschothérapie... n"est rien d"autre u"une

cure pschanaltiue compliuée, du fait m'me ue l"analste doit

intérer des 6 param&tres B ui ne sont pas impliués dans le

paradime de la névrose B$. Avec d"autres références, O. de O";an

développe un point de vue asse voisin3 selon lui, le patient ne peut

assimiler une interprétation ue lorsu"elle est proférée comme par

un autre lui-m'me @ ainsi l"analste doit s"e%primer sur un mode ui

correspond au mode de constitution au < st#le   du patient et

de O";an aHoute 6 plus ue tout autre techniue, la pschanalse

permet l"installation de cette situation @ c"est pouruoi la cure-

t#pe_, c+a%ue ois %u’elle est possible, constitue la meilleure

ps#c+ot+érapie B*. C"est ce 6 chaue fois u"elle est possi#le B ui

fait pro#l&me pour l"analste acceptant un autre cadre ue le

dispositif traditionnel, car ce 6 possi#le B n"est pas invariant dans le

temps, ni pour l"analste, ni, #ien entendu, pour le patient, m'me si,

selon 4reud, 4 6 étioloie traumatiue est la plus favora#le B ! la

cure pschanaltiue.

1(3

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piloue. /iures et destins du traumatisme

2crire un livre, c"est touHours s"acuitter d"une dette. La mienne

tient en partie dans la #i#lioraphie de cet ouvrae @ ! ces auteurs, !ces coll&ues, ue He connais, pour la plupart personnellement, et

avec ui le dialoue, réel, ou interne, a nourri, depuis uine ans

mes propres ré>e%ions, He dédie ce livre. ;n ouvrae, dans la

#i#lioraphie, tient pour moi une place ! part il a accompané ma

ré>e%ion et mon apprentissae #ien avant ue H"ai fait l"e%périence

de la pschanalse, et He le sollicite encore auHourd"hui, au moment

de terminer ce parcours il s"ait de  La modi0cation,  de Oichelutor. A son auteur, He souhaite prononcer ici une adresse

particuli&re

6 Cher Oichel utor,

Les plaintes ue nous portons chaue Hour contre les

traumatismes et les vicissitudes de l"e%istence nous seraient

insupporta#les, si la lecture ne nous permettait, par moments, de

nous en distraire, et surtout de nous aider ! comprendre ce u"elles

sont au-del! des apparences. Ainsi, il a pr&s de trente ans, He suivis

cet homme vous-moi dans un voae en train, métaphore,

depuis 4reud, de l"e%ploration du monde pschiue. M"avais vint ans.

 M"appris avec vous ue se plaindre et demander si l"on vous entend,

sont deu% formulations d"une m'me u'te. M"en tirai, pour plus tard,

pour moi, les conséuences.

1(*

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2piloue. 4iures et destins du traumatisme

 Me ne connaissais pas ome, alors, mais il était pour moi tout ! fait

mstérieu%, voir incompréhensi#le ue cet homme, votre

personnae, c"est-!-dire vous, moi, le lecteur, décide de renoncer !

ome, ! cette séduisante italienne, Cécile Sarcella, au loement

u"elle occupait au cinuante-si% via Oonte délia 4arina, pour choisir

Paris, enriette, ces enfants déH! si lointains et le 15 place du

Panthéon @ ue cet homme donc, vous, moi, le lecteur, préf&re un

mur de silence ! a#attre par l"écriture, au% murs ensoleillés o^

#ainés d"om#re de ome ui attendaient, comme Cécile Sarcella,

les caresses du reard et des doits. Sans ma lecture fouueuse

d"alors, He me révoltais de ce u"! Cécile si vivante, si aie, si

sensuelle cet homme renon/Ft @ He me révoltais de cette tristesse la

 vDtre, la mienne, de cette plainte les cheveu% ui se clairs&ment, les

articulations ui se font douloureuses<, alors m'me ue chaue

heure passée nous rapprochait de ome. Me m révoltais enn de cet

a#andon de vous-m'me ]Gt maintenant dans votre t'te résonne cet

bAdieu Cécile", les larmes vous montent au% eu% de déception, vous

disant comment pourrai-He Hamais lui faire comprendre et me

pardonner le mensone ue fut cet amour, sinon, peut-'tre par ce

livre... Gt puis la vie m"apprit... vous comprendre sans ue H"ai

#esoin d"en dire plus ue dans l"apr&s-coup de mes vint ans, cette

]modication relue e%actement trente ans plus tard, m"aide a

comprendre ue l"incomplétude n"est pas seulement celle de

l"oriine @ elle est aussi celle de la prise en compte d"une n !

advenir on ne peut comprendre la plainte u"en reard de la

nitude du temps humain, entre ses deu% #ornes. otre livre,

désormais est indissocia#le de la derni&re phrase d"un te%te de

4reud

 Le moti du c+oix des cofrets`X ; ]Oais c"est en vain ue le

 vieil homme cherche ! ressaisir l"amour de la femme, tel u"il l"a

re/u d"a#ord de la m&re @ c"est seulement la troisi&me des femmes du

destin, la silencieuse déesse de la mort, ui le prendra dans ses

1(5

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2piloue. 4iures et destins du traumatisme

#ras. eureusement vous vous dites aussi< K’il n’# avait pas eu

ces gens, s’il n’# avait pas eu ces ob6ets et ces images aux%uels se

sont accroc+ées mes pensées de telle sorte %u’une mac+ine mentale

s’est constituée, aisant glisser l’une sur l’autre les régions de mon

existence au cours de ce vo#age diférent des autres, détac+é de la

sé%uence +abituelle de mes 6ournées et de mes actes, me

déc+i%uetant. K’il n’# avait pas eu cet ensemble de circonstances,

cette donne du 6eu, peut-7tre cette 0ssure béante en ma personne ne

se serait-elle pas produite cette nuit, mes illusions auraient-elles pu

tenir encore %uel%ue temps.

 ais maintenant %u’elle s’est déclarée, il ne m’est plus possible

d’espérer %u’elle se cicatrise ou %ue 6e l’oublie, car elle donne sur 

cette caverne %ui est sa raison, présente à l’intérieur de moi depuis

longtemps et %ue 6e ne puis prétendre bouc+er, parce %u ’elle est la

communication avec une immense 0ssure +istori%ue.

 5e ne puis espérer me sauver seul. Cout le sang, tout le sable de

mes 6ours s ’épuiseraient en vain dans cet efort pour me consolider.

 8onc, préparer, permettre par exemple au mo#en d’un livre cetteliberté uture +ors de notre portée, lui permettre, dans une mesure

si in0me soit-elle, de se constituer, de s’établir.

4’est la seule possibilité pour moi de 6ouir au moins de son re=et

tellement admirable et poignant, sans %u’il puisse 7tre %uestion

d’apporter une réponse à cette énigme %ue désigne dans notre

conscience ou notre inconscience le nom de Fome, de rendre compte

m7me grossirement de ce o#er d’émerveillements etd’obscurités B0.

Cette pae si #elle, est pour moi dénitivement sWur des

derni&res paes de la  Fec+erc+e du Cemps perdu`], c"est-!-dire du

temps retrouvé l"écriture, sans doute, est un des rem&des au

traumatisme et ! la plainte pour le dire, pour peu u"elle rencontre

un lecteur. 4ar tel est bien l’en6eu de < La modi0cation ; décrire le

double mouvement %ue constitue, pour le Ku6et, à divers moments de

1((

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son +istoire, et plus précisément à l’origine de sa ps#c+é, et sa saisie

par la passion pulsionnelle, et la déprise de cette passion par les

voies de la secondarisation et de la sublimation. t c’est ce double

mouvement %ui, dans le ps#c+isme, se métap+orise autour de la

 0gure du traumatisme.

Le lecteur aura remarué ue H"ai constamment fait cheminer

ensem#le, au lon de cet ouvrae, Kraumatisme, R#Het, et Seuil @

c"est ainsi u"! l"horion du traumatisme, se prole la uestion de la

pulsion de mort @ H"ai cependant insisté sur le caract&re 6 anti-

traumatiue B du traumatisme @ on peut donc ainsi entrevoir la

coe%istence, au sein de la psché, d"un 6 traumatisme sans n B et

d"un 6 traumatisme avec n B, di?érenciés au sein du travail

pschiue par les capacités du suHet ! mo#iliser une coe%citation

li#idinale 6 su?isamment B #onne c"est ainsi, u"! mon sens, peut

'tre comprise la remarue de 4reud sur les e?ets positifs et néatifs

du traumatisme 6 Les traumatismes ont deu% sortes d"e?ets, des

e?ets positifs et des e?ets néatifs. Les premiers constituent des

tentatives pour remettre le traumatisme en valeur, c"est-!-dire pour

ranimer le souvenir de l"incident ou#lié ou plus e%actement pour le

rendre réel, le faire revivre. ...< Les réactions néatives tendent vers

un #ut diamétralement opposé. Les traumatismes ou#liés n"acc&dent

plus au souvenir et rien ne se trouve répété. ...< Les smptDmes de

la névrose proprement dite constituent des compromis au%uels

contri#uent toutes les tendances néatives ou positives issues des

traumatismes. Ainsi c"est tantDt l"une, tantDt l"autre des deu%

composantes ui prédomine B0.

 Me voudrais donc, pour conclure, envisaer uelues-unes de ces

conurations pschiues, telles ue la plainte ui accompane le

trauma pschiue permet de les entendre.

7i tout ou presue a été dit, en e?et, des randes plaintes

ue l"analste rencontre au l des discours du traumatisme, force est

de constater ue la plainte survit plus ue la névrose U ! la

1()

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théorie ue l"on fait d"elle. 7e plaindre de..., se plaindre à..., porter

plainte contre  ces locutions su&rent ! la fois un tra6et  et une

butée, ui ne sont pas sans rapport avec les destins de la pulsion.

Comme cette derni&re, la plainte a une orce et c"est peut-'tre ce ui

e%pliue u"elle soit, de tout discours, ce ui se transmet le mieu%.

Rn sait, par e%emple ue le succ&s du Lamento d’&riane de Oonte

 verdi permit ue l"air, transcrit par les éditeurs de musiue, arrive

 Husu"a nous, alors ue le reste de l"opéra fut perdu. Le chroniueur

4ollino su&re m'me ue la plainte séduit ;  6 L"air d"Ariane fut

chanté avec tant de sentiment ue les eu% de toutes les dames se

trouv&rent em#ués de larme ! cette plainte B. A#andonnée par

Khésée sur l"Jle de Va%os, Ariane se plaint 6 etourne-toi mon

Khésée retourne-toi Khésée, D Sieu retourne-toi et contemple celle

ui a a#andonné pour toi sa patrie et son roaume, et ui sur ces

rivaes, sera la proie des #'tes sauvaes impitoa#les et ne laissera

ue ses ossements nus. B

La haine, ui est le néatif de la plainte apparaJt un peu plus

avant 6 Accoure orues et #aleines et de ses mem#res immondes,

emplisse les a#Jmes. B Gt Ariane conclut 6 C"est ma sou?rance ui

a parlé, c"est ma douleur ui a parlé, mais non mon cWur. B

Oonteverdi donne ainsi ! percevoir une déclinaison passionnelle

de la plainte dans la%uelle, plainte contre l’ob6et perdu, +aine de

celui-ci, puis dénégation de la +aine se succdent. Ce destin de la

plainte nous est connu, et 4reud et 4erenci l"ont illustré ! l"envi

L"amour 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B 19$1,

4erenci<.

La haine 6 He dois avouer ue cela m"a fait du #ien de pouvoir,

pour une fois, parler de ces mouvements de haine face au p&re tant

aimé B 19$$, 4erenci<.

La dénéation 6 Il me< reproche d"avoir nélié de lui avoir

donné une analse compl&te du transfert néatif<... Gt d"ailleurs il

ne faut pas estimer comme un transfert toute #onne relation etc.<

1(8

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2piloue. 4iures et destins du traumatisme

4reud, 193)<. 4erenci a cherché, dans sa plainte ! 4reud, ! sortir

d"une dépression de transfert, répétition d"une dépression infantile

éprouvée alors ue sa m&re était en deuil de sa petite sWur ilma, et

rencontrant che 4reud la m'me conuration deuil maternel de

 Mulius< B0. Cette mise en relation de la plainte et des vicissitudes de

l"e%istence perte d"amour, perte d"o#Het, deuil< souline l"importance

de la référence ! l"analse complte, di?érente, dans sa perspective

de l"analse avec n serait-elle une analse sans reste, sans

manue, sans trauma U peut-'tre, mais ! condition d"admettre alors

u"elle se pose en idéal défensif par rapport ! l"incomplé-tude

humaine. M"ai ainsi l"idée ue toute plainte est une plainte contre

l’incomplétude et plus particuli&rement lorsue le déro#ement de

l"o#Het vient sinier cette incomplétude au porteur de plainte.

appellera-t-on asse ue l"o#Het de la mélancolie, dont l"om#re

tom#e sur le Ooi, est ha= parce u"il s"est déro#é dans sa fonction de

arant de la complétude du suHet. La plainte est ainsi le négati de la

passion, et c"est sans doute avec raison ue Christian Savid a situé

6 l"amoureu%, pour ainsi dire comme un mélancoliue en

puissance B8(  plainte, haine et passion sont ainsi les #ornes ui

délimitent le champ du traumatisme He pense ue les e%emples

cliniues ue H"ai donné dans cet ouvrae sont, ! cet éard,

éclairants.

Cette mise en relation de la plainte avec le chant d"Ariane<

comme avec la passion de 4erenci pour 4reud< souline asse, me

sem#le-t-il les rapports ue la plainte entretient avec la parole c’est

le dit %ui soutient la plainte, et cette plainte est essentiellement

plainte d’incomplétude ; c’est la con0guration spéci0%ue du

traumatisme en deuxime topi%ue`Z.

C"est au sein de la 6 réaction thérapeutiue néative B, enn, ue

se dévoile un des destins, 6 démoniaue B celui-l!, de cette

conuration spéciue, avec des patients ui mettent le processus

analtiue 6 au service B de la pulsion de mort. Cette réaction

1(9

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2piloue. 4iures et destins du traumatisme

thérapeutiue néative est un e?et de résistance massive  au

processus de chanement, potentiellement contenu dans la situation

analtiue. M"adopterai volontiers ici le point de vue de M. .

Pontalis88  selon leuel 6 ce ui est du ressort de la réaction

thérapeutiue néative, c’est une olle passion pour c+anger, pour 

guérir la mre olle à l’intérieur de soi B\.

+uelle est donc cette folie maternelle dont la plainte d"Ariane

nous donne une idée U +uelues indices permettent de la décrire

d"a#ord le constat ue ces patients sont comme +antés par un corps

étraner interne e%er/ant son emprise sur le suHet, de sorte ue,

pour ! leur tour maJtriser cet o#Het interne ui les hante, ils le

placent ! l"e%térieur, le proHettent sur l"analste. La pulsion

d"emprise89, tellement ! l"Wuvre che de tels suHets se manifeste

alors dans toute sa démesure, et notamment dans leur désir de

garder leur soufrance intacte ; ne pas vouloir se uérir, c"est ne pas

perdre l"o#Het, ne pas perdre dans le com#at contre l"o#Het, cet o#Het

6 in>e%i#le B Pontalis< cette m&re ui sem#le touHours dire 6 non B.

La métaphorisation, sous la forme du traumatisme, du dou#le

mouvement d"emprise et de déprise de la passion pulsionnelle9

sem#le alors impossi#le.

Sevant un tel ta#leau, la mare de l’anal#se est étroite, mais elle

e%iste. Ainsi, lorsue le destin est favora#le, lorsue la force

pulsionnelle le permet, la rencontre avec l"R#Het, avec son potentiel

traumatiue et anti-traumatiue est enn possi#le la promesse d"un

au-del! de cette #utée, ue ome, de 4reud ! Oichel utor, a un Hour

urée, et ui n"est rien d"autre ue la représentation d"une m&re !

la fois e%citante, endeuillée, et interdite91, s"o?re alors dans sa

plénitude.

1)

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Senol, 19).

 Le céleste et le sublunaire, puf, 19)).

innicott S. . 195*-1955<, La position dépressive dans ledéveloppement a?ectif normal, in  8e la pédiatrie à la ps#c+anal#se,

Paris, Paot, 19)(.

19)1<, R#Hets transitionnels et phénom&nes transitionnels, in

S. . innicott, 5eu et réalité, Paris, :allimard, 1983.

 Femar%ue bibliograp+i%ue

Certains te%tes, remaniés pour ce livre, ont paru sous forme

d"articles @ ce sont

 Manin C., Le chaud et le froid les loiues du traumatisme et leur

estion dans la cure pschanaltiue, in F3G, n $, 1985.

198(<, A propos du  5ournal clini%ue  de 4erenci

considérations sur les relations 4reud-4erenci et la uestion de

l"analse mutuelle, in ulletin du Wroupe l#onnais de ps#c+anal#se,

n 11, mars-avril 1988.

Le traumatisme entre hstérie et dépression, in  ulletin de

la KGG, n 1$, 198).

Kransfert, contre-transfert, supervision. ;n th&me et uatre

 variations, in F3G, n *, 1988.

Les séductions de la réalité. Gléments pour une topiue du

traumatisme, in F3G, n (,

1988. L"empiétement pschiue, in La ps#c+anal#se, %uestions pour 

demain, Paris, puf,

1989.

Analser, arpenter, écrire, in F3G, n $, 199.

Les souvenirs appropriés, in F3G, n *, 199.

Le pschanalste un voleur de r'ves, in F3G, n 1, 1993.

1))

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7/23/2019 destins_traumatisme

http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 178/187

i#lioraphie

Kout analser uel cadre U, in F3G, n *, 199*.

La réalité entre trauma et histoire, in F3G, n 1, 1995.

Le réel, le per/u et l"halluciné, in F3G, n $, 1995.

 Manin C. et Mosserand 7. A., La théorie comme machine !in>uencer, in F3G, n , 199*.

Imprimé en 4rance Imprimerie des Presses ;niversitaires de

4rance )3, avenue onsard, *11 endDme Sécem#re 199( V

*3 59

1

Il est asse plaisant de constater ue les virulentes critiues

au%uelles se livrent ces temps-ci particuli&rement au% Gtats-;nis<

uelues philosophes historiens, proc&dent tr&s e%actement selon le

mécanisme névrotiue reconnu par 4reud ils en appellent ! la lettre

supposée voire imainée< d"une réalité événementielle pour

contester l"interprétation ui permet de les comprendre, s"évitant

ainsi d"en a#order vérita#lement la théorie, écartée a priori.

$

  7. 4reud, 19*, Se la techniue pschanaltiue, puf, 1953.

3

  A. :reen, 198$, Barcissisme de vie, narcissisme de mort, Gd. de

Oinuit, 198$, p. $*(-$*).

*

 André :reen, Pulsion de mort, narcissisme néatif, fonction

déso#Hectalisante, in Le travail du négati, Paris, Gd. de Oinuit, 1993.5

  Cf. La naissance de la ps#c+anal#se, Lettre (9, p. 19, puf,

19)3.

(

  La confusion de lanues entre l"adulte et l0enfant, in

 Gs#c+anal#se X, Paot, 198$, p. 1$5-135.

1)8

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i#lioraphie

)

   La naissance de la ps#c+anal#se, Lettre (9, p. 19$, puf, 19)3.

8

  oir l"e%cellent travail de 4. rette, Le traumatisme et sesthéories, in F3G , n (-1988.

9

  7. 4reud, Construction dans l"analse, in  Fésultats, idées,

problmes, tome $, puf, 1985.

1

7ouliné par l"auteur.

1. 7. 4erenci, La répétition pire ue le traumatisme oriinal, in

 Gs#c+anal#se, *, p. 3), Paot, 198$.

$. 7. iderman, La construction de l’espace anal#ti%ue, Senol,

Paris, 19).

11

C"est moi ui souline.

1$

  Oarrou, &pologie pour l'+istoire ou métier d’+istorien.

13

  4onstruction.... p. 381-38$.

1*

  7. iderman, Le céleste et le sublunaire, puf, 19)).

15  Cité par iderman.

1(

   dem.

1)

In 5eu et réalité, :allimard, 1983.

18

1)9

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i#lioraphie

  In Le 8iscours vivant, puf, 19)3.

19

  6 Complément métapscholoiue ! la doctrine du r've B.

$Oichel 4ain m"a suéré un rapprochement e%tr'mement

intéressant entre l"o#servation d"Ivan et celle d"un nourrisson atteint

d"asthme précoce 2in reisler, 4ain et 7oulé,  L’enant et son corps,

puf, p. *5 ! *1<. Ce ar/on fut coné lui aussi a une nourrice par

une m&re étudiante, ! l"Fe d"un mois, car celle-ci voulait poursuivre

ses études. Comme dans mon o#servation, le cas présenté par L.

reisler mentionne peu le p&re.  ic+el 3ain pense %ue la mretend à efacer dans le ps#c+isme de l’enant les traces mnési%ues

laissées par la nourrice, pour %ue cette dernire ne puisse exister 

pour l’enant, ce %ui erait en %uel%ue sorte le lit de la relation

+omosexuelle entre les deux emmes.

$1

Cette o#servation conrme, par #ien des points les travau%

remarua#les de O. K. Veraut-7utterman sur répilepsie. Cf. entreautres, F3G , tome 5$, n 3, 19)8, p. *39-*)8.

$$

  oir introduction, p. 1).

$3

  Cf. mon introduction.

$*Cf. le remarua#le rapport de Paul Senis sur cette uestion

 mprise et t+éorie des pulsions, 5$e Conr&s des pschanalstes de

lanue fran/aise, ome, 199$.

  In Fésultats, idées, problmes, tome $, puf, 1985.

$5

18

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i#lioraphie

  Cf. le remarua#le travail de 4. rette, 6 Su traumatisme... et de

l"hstérie B pour s"en remettre, in VuinEe études ps#c+anal#ti%ues

sur le Cemps, sous la direction de M. :uillaumin, 2d. PrivFt 198$<.

$(

  Votamment en étant particuli&rement viilant sur les besoins du

patient, donc attentif au cadre et ! ses aménaements éventuels.

Sans cette perspective, la cure représente alors une vérita#le

possi#ilité d"un néo-étaae des pulsions se%uelles, la prise en

compte de ces #esoins passe entre autre par la stlistiue de

l"interprétation pour ose, par e%emple, dont l"e%citation motrice

était considéra#le, des interventions relativement lonues,

décondensantes, vérita#les bains verbaux  ont eu un e?et pare-

e%citant spectaculaire.

$)

  7. 4reud, Seuil et mélancolie, in étaps#c+ologie, nrf, 19(8.

$8

  7. 4reud, Au-del! du principe de plaisir, in  ssais de

ps#c+anal#se, Paot, 19((, p. 3).

$9

  P. Luuet,  Les identi0cations précoces, rapport au Conr&s des

pschanalstes des lanues romanes, 19($.

3

   bicL-------

31  l'd. p. $*(-$*).

3$

Gn référence au 6 monument commémoratif B de O. KoroT, in

 aladie du deuil et antasme du cadavre ex%uis, in F3G, 199(, III,

n *.

33

181

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i#lioraphie

 oir le chapitre consacré au 6 trauma che l"analste B.

3*

  C. Savid, Pluralisme du r've, in F3G, n 5-(, 19)*, p. 99)-1.

 Me reviendrai sur cette uestion dans la conclusion 6 Le réel, leper/u, l"halluciné et la pratiue pschanaltiue B.

35

  Les névroses ! la lumi&re de l"enseinement de 4reud et la

pschanalse, in Gs#c+anal#se, I, p. $9.

3(

   Femémoration, répétition et élaboration.

3)

   bid.

38

   bid.

39

   La construction de l’espace anal#ti%ue.

*

   Le céleste et le sublunaire.

*1

?. F3G, 198, **, p. )1(-)$3.

*$

 F3G, 3, 198*, p. (8)-)( @ F3G, 3, 1985, p. 91-9$.

*3

  Pensée animiue, conviction et mémoire, F3G , *, *9, 991-11.

**

   bid.

*5

  C. et 7. otella, 7ur la carence auto-érotiue du parano=aue,

 F3G, 1, 198$, p. (*-)9.

18$

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i#lioraphie

*(

  C"est moi ui souline.

*)

  Gn ce ui concerne la cliniue et la théorie de ces moments deuration commune, voir p. 99 et s.

*8

  La carence auto-érotiue du parano=aue, in F3G , 1, 198$.

*9

   L’invention de la mémoire. Le cerveau ; nouvelles données,

Gshel, 1989.

5

  :eores Pérec, Les lieu% d"une ruse, in  Genser, classer ,

achette, 1988.

51

  :. Perec, \ ou le souvenir d'enance, Paris, 19)5, Senol.

5$

:ammeth et... :am&te E

53

  C"est moi ui souline formule tpiue d"une dénéation.

5*

I. arande, Kandor 3erencEi, Petite #i#lioth&ue Paot, 19)$.

55

4erenciZ:roddecT, 4orrespondance, Paot.5(

  Rn sait ue dans ce te%te, 4reud parle de 4erenci @ cf. Khierr

oTanovsTi, Présence de 4erenci dans analse terminée, analse

intermina#le, in tudes reudiennes, 19)9, n 15. Cet e%trait est p.

$31-$3), in Fésultats, idées, problmes, II

5)

183

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i#lioraphie

 Macueline Oiller, 1983,  F3G, n 5. 4erenci 6 enfant terri#le de la

pschanalse B. ;n aspect du 4erenci néatif.

58

Rn consultera éalement le remarua#le travail de K. oTanosTi,La dépression de transfert, in tudes reudiennes, n 33.

59

  Rn pourra se reporter ! la 4orrespondance 3reud!3erencEi,

Calmann-Lév, ainsi u"! K. oTanosTi et C. Manin, Le concept de

nourrisson savant che 7. 4erenci un échane épistolaire<,  F3G, 3-

199*.

Contre-transfert et sst&me parado%al, F3G, n 3, mai-Huin 19)(.

(

  7. 4reud, 1915, Cotem et tabou, Paot, 19)3.

(1

Cf. 7ur ce point les remarua#les analses de Oichel 4ain, ui, le

premier, ! souliné l"importance de la pensée animiue dans la cure.

 oir notamment  Le désir de l’interprte, 198$, Au#ier-Oontaine.

($

In Fésultats, idées, problmes, t. II, puf, 1985.

(3

  IJ s"ait du docteur Pierre ourdier, ! ui H"e%prime ici ma

ratitude pour la part capitale u"il a prise dans mes années

d"apprentissae.

(*

  Votamment le séminaire de S. Colin, C. Manin, :. urlou% !

l"Institut de pschanalse de Lon.

(5

  Gn colla#oration avec 7. A. Mosserand.

((

  7. A. Mosserand

18*

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i#lioraphie

()

  Ooi-m'me.

(8

  Ceci se passait en 198((9

  Vous ne pouvons, pour des raisons de discrétion rapporter la

séuence en uestion.

)

  Votamment,  Le 4éleste et le Kublunaire. oir éalement mon

introduction.

)1

  Cf. p. 15.

)$

  Cette derni&re, en e?et ne pouvait uitter la pensée de son

analste. Gn ne pouvant penser di?éremment de lui, le discutant

s"identiait ! elle.

)3

  L"e%pression est de Mean-Luc Sonnet.

)*

Cf. le traumatisme dans la supervision évoué dans ce m'me

chapitre.

)5

  Cf. chapitre 1, p. *1.)(

  C. Manin, F3G, $Z1985, p. (()-()).

))

  M. 7chae?er, Le ru#is a horreur du roue, in F3G, 3Z198(, p. 9$3-

9**.

)8

185

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i#lioraphie

*.1. Coumut, L"ordinaire de la passion, Le 0l rouge, 1991.

)9

  Le crime Parfait, in Copi%ue, 199*, n 53.

\ 7ouliné par moi.8

  6 Oais ui est ce ]on, si ce n"est nous m'me, dans la haine de

l"écart entre l"inconnaissa#le du réel et l"illusion, et dans le désir,

animé par cette m'me haine, d"accomplir ce crime parfait U B note

de M. audrillard<.

81

  La position dépressive dans le développement a?ectif normal B.

in 8e la pédiatrie à la ps#c+anal#seT Paot.

8$

  Cotem et tabou.

83

  Cf. sur ces points ené oussillon, 2preuve de réalité et

épreuve d"actualité dans le face-!-face pschanaltiue,  F3G, n 3-1991.

8*

7. 4reud, Le motif des trois co?rets 1913<, in  L'in%uiétante

étrangeté et autres essais, Paris, :allimard, 1985.

85

7. 4reud, o*se et le monot+éisme, op. cit.

8(

  C. Savid, L’état amoureux, 19)9, Paot.

8)

  Cf. mon introduction.

88

  Von, deu% fois non, in Gerdre de vue, op. cit.

18(