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7/23/2019 destins_traumatisme
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Figures et destins du traumatisme
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Table des matières
Préface.............................................................................................3
Avant-propos..................................................................................15
Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire.................18
Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration......35
Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've.......................55
Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme...............................()
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste..........8
Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue
pschanaltiue............................................................................111
2piloue. 4iures et destins du traumatisme..............................1$$
i#lioraphie................................................................................1$)
6 Les traumatismes ont deux sortes d’efets, des efets
positis et des efets négatis. Les premiers constituent des
tentatives pour remettre le traumatis^ en valeur, c’est-à-
dire pour ranimer le souvenir de l’incident oublié ou plus
exactement pour le rendre réel, le aire revivre. (...) Les
réactions négatives tendent vers un but diamétralement
opposé. Les traumatismes oubliés n ’accdent p!"s au
souvenir et rien ne se trouve répété. (...) Les s#mpt$mes de
la névrose proprement dite constituent des compromis
aux%uels contribuent toutes les tendances négatives ou
positives issues des traumatismes. &insi c’est tant$t l’une,
tant$t l'autre des deux composantes %ui prédomine .
7. 4reud, o*se et le onot+éisme 1939, Paris, :allimard 19*8,
p. 11(, ;)<
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Préface
Le trauma est sans doute l"une des notions les plus indécises de la
pschanalse, voire des plus éuivoues, et sans doute des plusénimatiues. Cela tient ! l"am#iu=té de ses con>uences placées !
la rencontre du dedans et du dehors, ! sa dnamiue d"e%c&s, de
rupture et de perte, ! sa fonction d"alarme et de protection comme !
son pouvoir d"e?raction. Aent d"une réalité dont la puissance et la
source demeurent incertaines, le trauma est occasion d"entrevoir ce
ui peut air au-del! du plaisir et de son principe @ il a la #rutalité de
l"évidence comme l"évanes-cence de l"aléatoire c"est dire u"ilfascine depuis u"il est apparu dans le corpus analtiue, avant
m'me d"ailleurs ue celui-ci ne se constitue.
Comme il était d"une rassurante simplicité le temps premier des
tudes sur l’+#stérie Le trauma pschiue su?isait alors !
e%pliuer la névrose, le souvenir aissant ! la mani&re 6 d"un corps
étraner B pour la déclencher et l"entretenir @ temps #éni puisue la
6 catharsis B, en assurant 6 l"a#réaction du trauma B, promettait lauérison l"accident repéré, il su?isait de purer le mal. +ue de
renoncements au% #elles évidences fallut-il pour parvenir ! concevoir
vérita#lement la 6 science pschanaltiue B @ ue de chemins fallut-
il e%plorer et de champs défricher pour 'tre enn en mesure de
compléter l"aression par la protection et a#outir, dans L’+omme aux
loups, ! l"idée ue 6 le rDle important des traumatismes de la petite
enfance serait de fournir ! l"inconscient un matériel ui le
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préserverait de l"usure lors de l"évolution B E La route se fera alors
un peu moins ardue et, apr&s 'tre allé du 6 trauma source de la
névrose B ! la 6 névrose traumatiue B pour lui faire révéler l"en
de/! du plaisir, il devient possi#le, dans n+ibition, s#mpt$me et
angoisse, de concevoir ue le trauma puisse détenir par lui-m'me
une vertu défensive rFce ! la mise en alerte du moi par le 6 sinal
d"anoisse B, voire par 6 l"anoisse automatiue B. Gt c"est enn,
dans o*se et le monot+éisme, l"e%ploitation de l"idée ue 6 les e?ets
du traumatisme sont de deu% sortes positifs et néatifs B. Pourtant,
tout cela n"enl&ve rien ! la Hustesse des premi&res intuitions
freudiennes sur la fonction névro&ne du trauma @ la causalité
traumatiue est simplement devenue 6 inessentielle B, l"intér't se
portant alors sur la dnamiue propre enaée par le processus. Le
trauma la pire et la meilleure des choses... oil! ui ne peut ue lui
conférer une sinuli&re fortune dans le corpus analtiue, et l"on sait
le rDle central u"il tint en tant de discussions, disputes et
dissensions ! commencer par celle entre 4reud et 4erenci telle
u"elle nous est rappelée dans ce livre.
A #ien rearder, cependant, ce destin n"est pas aussi rare u"il
pourrait paraJtre. Il participe de cette idée ue le pschisme est un
6 tout B, unité totalisante #ien ue contradictoire Husue dans ce ui
peut apparaJtre comme disHonction @ pour ne prendre ue cet
e%emple, ainsi s"e%pliue u"en dépit des éventuels clivaes u"un
trauma puisse susciter, ceu%-l! ne se Hustient u"! participer de
cette unité, fut-ce ! leur mani&re maladroite et dommaea#le, fut-ce
en paraissant parfois servir la destruction non seulement le clivae
lui-m'me ne saurait échapper ! la liaison pulsionnelle, mais il n"est
ue fa/on particuli&re d" participer et ne saurait 'tre autre chose.
A ceci, aHoutons ce ui en découle et le compl&te tous les
processus pschiues, comme tous les concepts devant en rendre
compte, sont en eu%-m'mes am#ivalents 6 positifs et néatifs B,
donc. Kout ! la fois e?racteurs et protecteurs, ils contiennent et
*
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portent en eu%-m'mes leur propre contradiction. Le moi, ce produit
de la rencontre du dedans avec le dehors devenu l"articulation de
P;n et de l"autre, en est l"e%emple le plus accompli, lui ui se voit
ainsi contraint de 6 servir plusieurs maJtres ! la fois B mais chacun
de ceu%-ci, de la #rutale réalité au riide surmoi et au /a
#ouillonnant, participe de cette am#ivalence féconde.
ude tFche donc ue de vouloir tracer les 6 ures et destins du
traumatisme B @ tFche pourtant nécessaire et nous devons savoir
ré ! Claude Manin de l"avoir entreprise et d"en avoir heureusement
fait proresser la compréhension. La di?iculté tient sans doute, pour
l"essentiel, ! une notion u"il a d"autant mieu% repérée l"associant
Hustement ! celle d"historisation u"elle pourrait #ien 'tre !
l"oriine m'me de ses ré>e%ions l!-dessus. Il s"ait de la position
6 oriinelle B du trauma @ revenir est d"ailleurs retrouver la
uestion des oriines de la pschanalse elle-m'me telle u"elle s"est
oranisée autour du renoncement ! la 6 croance B en la neurotica,
et donc au traumatisme de la séduction précoce par un adulte. Ce
reHet, comme on le sait, permit ! 4reud de remplacer la réalité de
l"événement par celle du fantasme, s"ouvrant la voie ui menait ! la
découverte de l"Ndipe u"il e?ectua d&s le mois suivant. 7i
l"a#outissement de ce renversement conceptuel fut la création de la
pschanalse, sa survenue n"en fut pas moins un vérita#le
traumatisme u"il commente vint ans plus tard en notant
6 M"essuai alors un rude coup B @ ce fut pourtant vérita#lement
li#ératoire, illustrant ainsi les deu% e?ets possi#les du trauma.
Oais deu% ans plus tDt, mois pour mois, un autre renversement
conceptuel, tout aussi déterminant, avait eu lieu, d"autant plus
important u"il était une condition nécessaire pour ue se produise
celui de 189) @ ! sa fa/on, il fut tout aussi traumatiue. 4reud écrivit
/ s%uisse d’une ps#c+ologie scienti0%ue tout au lon du mois de
septem#re 1895 dans l"enthousiasme, mais tr&s vite le refoulement
s"avéra impossi#le ! intérer dans ce sst&me et, n octo#re, il dut
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reHeter ce proHet ui 6 lui était devenu étraner ...Q et lui
apparaissait dorénavant comme une sorte d"a#erration B. Ce
commentaire a pu surprendre @ il est pourtant fort pertinent. Certes,
on a pu, en apr&s-coup, reconnaJtre les prémisses de ce ui allait
devenir la pschanalse ! vrai dire, on les rencontre #ien plus dans
les lettres ! 4liess< @ mais si, s"éparnant un trauma, 4reud avait
poursuivi dans cette voie, il n"aurait u&re a#outi u"au%
6 neurosciences B ou ! leur éuivalent d"époue<. Ce ne sont pas ses
connaissances et les apports personnels u"il pouvait leur apporter
ui chan&rent, mais la fa/on de les traiter, le sst&me de pensées et
la méthode pour en rendre compte @ pour créer la science nouvelle, il
fallait 'tre capa#le de remplacer un a priori neuro-pscholoiue par
un déterminisme purement pschiue, de su#venir les acuis pour
imainer une nouvelle loiue mieu% ! m'me d"en rendre compte.
C"est cette révolution u"annuleraient ceu% ui voudraient faire
retour ! / s%uisse.
Rr, uelue chose du m'me ordre s"est reproduit avec la
neurotica, mais ! un niveau ue nous dirons plus 6 éla#oré B, c"est-!-
dire plus proche de l"analse proprement dite. S&s les premi&res
paes de son introduction, Claude Manin nous rappelle fort Hustement
ue le reHet nécessaire u"en opéra 4reud ne nous a nullement
dispensé de voir resurir la uestion de la réalité événementielle de
la séduction précoce 6 tout au lon de l"histoire du mouvement
analtiue, principalement autour de la uestion du traumatisme B @
comme il aHoute 6 cette uestion est centrale pour l"épistémoloie
de la pschanalse B. Glle l"est parce ue, l! encore, ce n"est pas le
matériel en soi des patientes font le récit d"une séduction par un
adulte< ui peut servir d"arument, c"est la méthode et les principes
pour en rendre compte ui seront déterminants1. C"est pouruoi
toute tentative de 6 retour B ! la théorie a#andonnée se devrait,
selon une #onne méthodoloie, de tenter de rééla#orer aussi, et
m'me d"a#ord, l"ensem#le théoriue ce ui est #ien rarement le
(
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cas, le principe du pars pro toto, ue dénon/ait déH! 4reud, étant
plutDt la r&le. anT, déH! et ! sa mani&re, voulut réactualiser le
6 trauma précoce B en proposant le 6 traumatisme de la naissance B
sa tentative eut au moins le mérite d"amener 4reud ! reprendre
l"ensem#le du pro#l&me.
Su trauma de la naissance, il reHeta donc nalement l"idée, et elle
tom#a en désuétude @ pour autant, les raisons ui amen&rent !
l"envisaer ne nous en paraissent pas moins, en elles-m'mes et
encore auHourd"hui, mériter attention car elles correspondent ! une
vérita#le di?iculté @ il serait dommae de les nélier. Pour les
resituer ! la lumi&re des apports de Claude Manin et pour reprendre
la #elle imae u"il emprunte ! 7ere iderman, nous devons nous
demander s"il convient de considérer ue cet événement vital
oriinel u"est la naissance doit rester 6 sa#le B sur la plae
#ioloiue du non-sm#olisé pour reprendre sa formule
demeurant ainsi sans destin et sans histoire U épondre ! cette
simple uestion, dont l"apparente #rutalité cache les incertitudes de
notre champ épistémiue, réclame les prudences de l"am#iu=té.
6 Rui, elle est sa#le B, dirons-nous, parce ue ce ui s"est alors passé
ne peut 'tre approprié par un suHet ui n"e%iste pas encore et ne
saurait donc en faire vérita#lement 6 son B histoire. Oais nous
corrierons sitDt 6 Von, elle est perle B, parce ue la 6 naissance B
du moi n"est pas un événement ui tom#e du ciel telle l"Fme,
chrétienne ou autre, descendant sur la t'te de l"innocent< @ ce ui la
devance, ce ui en préc&de l"apparition, et nalement la permet, doit
nécessairement laisser des traces.
La notion de 6 noau traumatiue B u"introduit Claude Manin,
nous fournit une réponse au cWur de la perle serait le rain de
sa#le, comme un noau autour duuel, au l de l"histoire,
s"accumuleraient les 6 concrétions fantasmatiues B, protéeant et
pérennisant le rain. este, #ien sXr, ! éclairer non seulement les
r&les de ces processus d"accumulation, mais aussi les fa/ons dont
)
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ces concrétions vont continuer de travailler et d"a#ord entre elles.
Vous ne faisons d"ailleurs ue retrouver ainsi la pro#lématiue du
Heu des com#inatoires u"e?ectuent les reHetons du refoulé, dont le
destin n"a cessé de préoccuper 4reud.
Pourtant, ue l"acte de la naissance doive susciter ou non une
perle lorieuse dont il serait la semence féconde, ou u"il ne puisse
ue demeurer pauvre parcelle stérile d"une plae, le rain de sa#le,
en son élémentaire et o#tuse minéralité, n"en perdure pas moins en
lui-m'me. Vous sommes l! confrontés ! l"irritant pro#l&me des
6 limites B si proche de celui de l"oriinel< @ il ne saurait nous laisser
indi?érent puisu"il dé#ouche sur les uestions soulevées par la
notion de 6 concepts-limites B, telle u"elle ha#ite le cWur de notre
métapscholoie, venant nous reposer la uestion du destin du
#ioloiue au travers de celui du traumatisme. Oais ce ui nous
apparaJt comme 6 #ioloiue B n"est nalement ue l"une des deu%
formes ue prend la réalité phsiue ! lauelle le pschisme doit
d"autant plus se confronter u"il lui faut l"intérer, dans une
rencontre ui est précisément le lieu et l"occasion de tous les
traumatismes.
Me voudrais alors en dire un peu plus sur les étranes rapports
u"entretiennent les théories pschanaltiues avec la #ioloie
u"elles préf&rent énéralement désiner asse curieusement comme
étant 6 le #ioloiue B @ cesY relations em#arrassent tellement les
analstes ue si certains tendent ! en a#user, les plus nom#reu%
s"e?orcent de l"e?acer, uitte ! le péHorer. C"est ainsi ue certains
pensent s"en dé#arrasser par uelues épith&tes supposés
infamants, tel 6 #ioloisant B ou d"autres @ ils n"ont pour fonction ue
d"escamoter le pro#l&me ui tient simplement au fait ue l"homme
est d’abord un 6 'tre #ioloiue B et ue ce n"est u"ainsi u"il peut
'tre aussi un 6 'tre pschiue B @ uitte ! passer pour cartésien, He
dirai u"il faut vivre pour pouvoir penser. Il est e?ectivement
indispensa#le ue nous soons au clair avec les limites de notre
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champ propre, mais il en va ainsi Hustement parce ue celui-ci est en
communication étroite avec d"autres, voire m'me en continuité
sans doute ne serait-il pas ine%act de dire ue, dans cette pro%imité,
réside la source de tous les traumatismes. Il n"en est ue plus
important de veiller ! éviter les confusions @ or, de dénier les
rapports e%istants entre les champs ne peut u"a#outir ! leur
amalame. 4reud l"avait fort #ien compris lorsue, par e%emple,
traitant de ce u"on appellerait sans doute de nos Hours la
6 transmission interénérationnelle B et ue lui ualiait le
6 phloénétiue B, il se dé#arrassait des critiues 6 #ioloistes B en
remaruant u"il ne saurait s"air 6 de la m'me chose B. C"est ue ce
u"il propose n"a rien ! voir avec ce ue certains voudront
considérer, plus tard et #ien ! tort, comme 6 #ioloisme B et ui
est Hustement ce dont il se démarue @ c"est ue lui connaissait aussi
la #ioloiue, et savait fort #ien la reconnaJtre et la remettre ! sa
place, fut-ce en lui faisant sa place. Oatérialiste convaincu, il
constate donc u"il faut vivre pour penser consciemment et
inconsciemment<, et consid&re l"e%istence de passaes nécessaires
entre ces deu% fonctions ui ne sauraient 'tre indi?érentes l"une !
l"autre passaes ui op&rent d"ailleurs dans les deu% sens de la
psché vers le soma comme du #ioloiue au pschiue. Oais, tenant
! spécier son propre champ de connaissances, il en trace les
limites.
Il n"en est pas moins clair ue le #ioloiue est hors de notre
champ, mais tout aussi certain u"il communiue avec lui @ entend
rendre compte de ces pro#l&mes frontaliers la dénition de la
pulsion comme 6 concept limite entre le pschiue et le somatiue B.
+u"est-ce ! dire U Cela sinie ue, au% 6 limites B, la pulsion se
Hustie de son ancrae dans le #ioloiue mais, poussant depuis
cette source pour atteindre son #ut ce sont l! les caract&res ui la
dénissent<, elle doit nécessairement se fa#riuer une
instrumentation u"elle trouve dans les o#Hets @ ce faisant, elle passe
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du cDté du 6 pschiue B et s" int&re. Oais l"o#Het U Il est ce ui
permet ! la pulsion de se réaliser sous forme d"investissements,
sinalés par des a?ects et siniés par des représentations @ en ce
sens, on peut considérer ue 6 les oppositions entre représentations
ne sont ue l"e%pression des com#ats entre les di?érentes pulsions B
et le trauma uette E
Oais d"en appeler ! l"o#Het a#outit ! nous confronter ! une autre
dimension, ! d"autres traumas et ! une autre limite ui, pour 'tre
moins citée, n"en est pas moins aussi conséuente ue la précédente.
L"o#Het
o#Het d"amour cherché au dehors fut-ce pour une satisfaction
éo=ste ne se peut dénir u"! désiner et représenter
l"environnement du suHet @ c"est l! fa/on de dire, tout #onnement,
u"il représente aussi le socius et tout s"anime dans cet 6 aussi B.
C"est ce u"e%plore Claude Manin en reprenant le terme freudien
6 d"om#re de l"o#Het B pour en faire une notion aussi pertinente
u"oriinale, selon lauelle celle-ci représenterait la 6 part de réel B
portée par 6 tout o#Het inscrit pschiuement B @ cette om#re
renverrait au 6 noau traumatiue B oriinel, rain de sa#le du réel
au cWur de la perle de fantasmes, de vie et d"histoire, elle en serait
la part o#scure témoinant de ce ui fonde la reconnaissance
premi&re de la réalité cette perception d"une a#sence ui ne
pourra, ensuite, ue se urer comme deuil. Cette om#re de l"o#Het
serait donc, me sem#le-t-il, cette e%pression de l"intrication
mouvante du suHet et du monde, comme le témoinae d"un pont
assurant le passae vers
6 l"autre limite B +u"elle soit imprénée de narcissisme ne fait
ue témoiner de l"ine%ora#ilité des intrications entre ces mondes
opposés.
7"il fallait désiner un marueur ! celle-ci, nous pourrions le
trouver dans la su#limation, cet autre 6 concept limite B et, #ien sXr,
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les traumatismes u"il peut susciter sont plutDt ! situer dans le
reistre narcissiue<
mais c"est l! encore une 6 autre B histoire.
Ce ue H"entends plutDt remaruer est ue le pschisme se situecomme un 6 entre-deu% B, situé ! l"intérieur de 6 limites B ui sont
aussi des lieu% de passaes, entre le #ioloiue d"un cDté et la
société de l"autre @ il ne peut u"'tre in>uencé, et m'me déterminé
par l"un comme par l"autre, mais il les in>uence et les détermine tout
autant. Cela, en fait, nous le savons, d"e%périence puisue,
implicitement, nous l"utilisons tous les Hours dans notre pratiue, ue
ce soit lorsue nous prenons en compte certains risues
pschosomatiues, ou lorsue nous devons aménaer le cadre en
raison d"une contrainte e%térieure. Autant le savoir, et savoir en tirer
les conséuences @ l"une d"elles est ue nous devrons considérer le
pschisme comme se situant au recoupement actif du #io- E loiue
et du socius, sinié par leur articulation.
Gn somme, le #ioloiue n"est nalement ue l"une des deu%
formes rnHe prend la réalité phsiue ! lauelle le pschisme doitd"autant plus ZYse confronter u"il lui faut l"intérer @ il le fait dans
une rencontre ui est précisément le lieu et l"occasion de tous les
traumatismes. C"est ! cela B '# ue nous confrontent les
interroations ui conduisirent anT ! imainer un traumatisme de
la naissance, et amen&rent 4reud ! prendre sa proposition tr&s au
sérieu%. Ce n"est u"apr&s en avoir approfondi les tenants et les
a#outissants u"il la récusa nalement @ mais il importe de #ien
consi-0 , dérer ce u"il tint ! écarter vérita#lement il en reHeta le
moment et non -Z[le proc&s, la naissance et non le trauma. Posant
ue celle-l! doit 'tre loiuement considérée selon sa situation
6 #ioloiue B et non comme processus pscholoiue, refusant
u"elle puisse fonctionner comme un déterminant 6 pschiue B, il
estime 6 tr&s invraisem#la#le B l"hpoth&se de 1a naissance
fonctionnant comme trauma pschiue. Gn revanche, il conserve
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l"idée u"un événement initial est nécessaire @ il consid&re surtout
ue cette fonction initiatiue, en raison de sa totale nouveauté, porte
alors un e?et traumatiue.
( v
-H Oais il entend situer ce moment lors d"une tout autre
6 naissance B
\\ ]1 celle du moi @ le trauma Haillit alors de la rencontre du suHet
et de l"o#Het I
ou, pour le citer, de 6 l"a#sence ressentie de l"o#Het B. C"est ! cette
occasion u"il va décrire la sensation de 6 daner B éprouvée par le
nourris- Cson face ! la 6 peur de l"étraner B, moment de la6 premi&re anoisse B et du 6 premier traumatisme B liés !
6 l"insatisfaction, ! l"accroissement de la tension du #esoin en face
de lauelle il est impuissant B moment ui n"est autre ue celui de
l"Ndipe oriinaire<. La seule 6 analoie B alors pensa#le avec la
situation traumatiue de la naissance est #ien #ioloiue, et elle se
manifeste, pour l"essentiel, par une 6 déchare orientée vers les
muscles de la respiration et de la phonation B @ mais cette réactioncorporelle va désormais chaner ses compétences en se tournant
vers un o#Het puisu"elle 6 sert maintenant ! appeler la m&re B elle
prend donc sens tout ! la fois pour elle et pour l"enfant.
Ceci illustre asse #ien le rapport u"entretient 4reud avec le
6 #ioloiue B, comme la place et la fonction u"il lui assine
nalement et u"il lui réservait, de fait, d&s u"il recourait !
l"étaae des pulsions se%uelles sur les pulsions d"auto-conservation< dans cette premi&re anoisse siniant le premier
traumatisme, la #ioloie fournit l"étai nécessaire ! ce ui va se
construire pour dans un saut ualitatif au-del! de la 6 limite B
prendre sens en apr&s-coup, fournissant ainsi le mod&le pour tous les
apr&s-coup ! venir. Vous pensons, l! encore, ! l"imae du rain de
sa#le et de la perle @ nous retrouvons l"interroation de Claude
Manin 6 +u"est-ce ui, dans le développement de 1inans, permet
1$
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l"inscription de ce rain de sa#le ui le conduira ! investir son mode
d"e%istence selon ce rapport su#Hectif si particulier entre le monde
interne et l"e%térieur, puisue cet antaonisme entre ces deu%
mondes serait tellement insolu#le ue seule l"idée du meurtre ou du
crime en rendrait compte U B Cette rencontre antaoniue, insolu#le
et violente, entre un intérieur au départ #ioloiue et un e%térieur
lui prée%istant socialement, nous devons penser u"elle fonde le
pschisme et ce ui le meut elle oriine l"Ndipe, son se%e, son
meurtre et son chFtiment.
Le traumatisme de la naissance devait sinier cet instant o^ le
petit
aiomme #ascule d"un monde dans un autre. G%aminant cette
notion, Jud consid&re ue la vérita#le mutation ualitative
correspond plutDt traumatisme produit par la naissance du moi
aussi #ien d"ailleurs u"il l"oriine<, ! ce moment o^ /a
s"individualise d"avoir ! se situer entre deu% limites @ le trauma
seul trauma possi#le puisue le premier ! pouvoir 'tre trauma de
uelu"un ne peut se fonder ue de cette dou#le transression. Ce
! uoi nous avons alors ! faire est #ien une 6 pertur#ation
économiue consécutive ! l"accroissement des uantités d"e%citation
ui e%ient d"'tre liuidées B @ c"est elle ui représente l"entrée dans
l"histoire car, m'me si celle-ci ne saurait encore 'tre vécue comme
telle, c"est #ien d"histoire u"il s"ait, dut-elle ne prendre sens ue
par les apr&s-coup. Gn somme, celle-ci n"est nalement rien d"autre
ue la confrontation de la réalité pschiue avec la réalité sociale
voir matérielle< @ elle est l"e%pression et la représentation de cette
rencontre, et il est remarua#le de constater u"elle est inauurée
par une révélation traumatiue ui ne pourra u"en orienter le cours.
C"est ainsi ue, ce premier trauma pschiue étant lié ! l"idée de
6 perte B et témoinant d"une 6 anoisse de séparation B, les
traumatismes ultérieurs ! commencer par le plus mémora#le
d"entre eu% l"anoisse de castration< se #orneront nalement !
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répéter, de fa/on plus ou moins violente, la simplicité de ce trauma
initial.
Il s"ait l!, en somme, du premier 6 rain de sa#le B événementiel
suscitant la premi&re 6 perle B historiue @ avec elle, nous avons le
premier trait sm#olisa#le, et donc historisa#le, c"est-!-dire
surdéterminé. Vous touchons l!, e?ectivement, au cWur m'me de la
fonction et du sens du trauma dans son rapport ! l"histoire, dans la
fa/on dont il la suscite, l"entretient et la perpétue ou, au contraire,
l"a#olit ou l"enferme dans la stérilité de la répétition @ ue cela ne se
puisse faire ue par rapport ! un apr&s-coup, voire ! des apr&s-coup
successifs, est évidemment déterminant pour la structuration et le
destin des processus pschiues. Le trauma est ainsi l"e%pression de
la conHonction nécessaire et impara#le de la orce pulsionnelle et du
sens historiue @ elle illustre leur indissocia#le et indispensa#le
collusion.
Il apparaJt essentiel ue ce soit d&s ce temps premier ue devront
se distinuer les deu% versants du trauma, tels ue Claude Manin
nous les [e%plicite. Vous avons ainsi la part 6 néative B
éuivalant ! un 6 trau- ! matisme sans n B ui, dans une esp&ce
de prévalence de la force sur Z le sens, s"av&re e?ractrice parce
u"incapa#le d"échapper au court-circuit _ moteur pour venir
s"intérer dans une siniance permettant le déploie-[Huent de
l"apr&s-coup. Vous avons aussi la fonction 6 [positive B évouant
plutDt, uant ! elle, un 6 traumatisme avec n B ui va protéer
de l"usure les anciens refoulements en leur conférant, en apr&s-coup,
un surcroJt de sens assurant une liaison e?ective de la Ypulsion. 4ait
essentiel, cette positivation se fait en usant de la référence se%uelle
Implicite ! tout trauma uitte ! ce u"elle le surdétermine par
emprunt ! un événement antérieur< @ elle a#outit ! mettre en action
et en fonction le Heu du souvenir et du refoulement par l"attri#ution
au trauma d"un sens se%uel aui en autorise la sm#olisation[
Ysuscitant un e?et défensif résultant deY 2/ appropriation du trauma
1*
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Préface
par le suHet car il a maintenant un suHet i puisu"il est ! m'me
d"introduire l"événement dans son histoire.
Sans tout cela, il s"ait e?ectivement, comme l"indiue l"auteur
des 3igures et destins du traumatisme, de 6 transformer du
traumatiue en
uelue chose de se%uel B, c"est-!-dire de 6 construire du trauma
pour l"histoire B. Oais #ien des choses vont se Houer en fonction du
destin de la li#ido, selon u"elle se tournera plutDt vers l"o#Het ou
plutDt vers le moi ce ui n"ira pas sans impliuer les temps de la
%ation traumatiue et ! leurs éventuelles prévalences, nous
renvoant ! la distinction de 6 noau% froids B et de 6 noau%
chauds B. Me tends ! penser ue les vérita#les patholoies du
traumatisme ne correspondent pas tant au% cas o^ ce sont les
sst&mes de défenses du moi ui se trouvent atteints, mais surtout
au% situations o^ c"est le moi narcissiue lui-m'me ui se trouve
Yattaué. Rn pourrait 'tre ainsi Hustié ! distinuer les traumatismes
proprement dits, récupéra#les et ! l"occasion prota#les, des
#lessures du moi suscepti#les de produire de vérita#les hémorraies
narcissiues mortif&res. Il me sem#le ue l"opposition entre
6 traumatismes avec n B les Ypositifs< et 6 traumatismes sans n B
néatifs, donc< correspond #ien ! cette référence narcissiue et au%
fa/ons de l"aménaer. AHoutons ue ces deu% versants du trauma, en
dépit des diverences de leurs résultats, travaillent malré tout de
conserve. C"est ue, comme dans toutes les oppositions, il s"ait l!
d"une am#ivalence fondamentale et constitutive la vraie
pro#lématiue ne se situe pas entre 6 positif ou néatif B, mais dans
6 positif et néatif B ceci dit, le ou va permettre de penser le et,
tout comme il va servir ! parer l"e?et inévita#lement traumatiue du
et.
C"est l!, #ien sXr, ue va pouvoir Houer l"e?et de reconstruction
par l"interprétation du pschanalste, dont e%ploration fournit !
Claude Manin l"une des approches particuli&rement enrichissantes de
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son travail son étude de ce ue H"appellerai une esp&ce de
6 domestication B`diOranma du patient par la rFce e?ractante de
son re>et traumatiue che l"ana-J[sté. L!-dessus, nous ne saurions
'tre trop attentifs ! l"importance de sa remarue visant le rDle du ieu
dans-lacure lorsue, avec #eaucoup de r pertinence, l"idée
lufY[Kirénséance u"il 6 devrait apprendre ! Houer ! sa patiente B.
Par cette intuition, il ouvre une voie féconde sur les fonctions du
trauma en mettant en évidence ce ui peut l"apprivoiser @ il
entreprend en fait d"e%ploiter dans la cure les vertus du Heu comme
protection contre le trauma. Il a #ien l!, comme il le remarue,
création [O"un espace transitionnel @ mais il a aussi introduction
de la dimension érotiue et se%uelle telle u"elle est propre ! tout
Heu apprendre ! Houer c"est, en prenant du plaisir, apprendre !
dominer et ! posséder son histoire, donc ! pouvoir la parler ! un
autre et, en l"occurrence, d"a#ord ! l"analste< @ c"est ainsi se donner
les moens de dominer le trauma. Le Heu pourrait #ien constituer
l"aent anti-traumatiue par e%cellence, d"autant u"il représente
sans doute la forme d"activité ui en est parado%ale-
ment la plus proche @ de cela peut témoiner la place de la
répétition dans l"un et dans l"autre de ces proc&s. Gn somme, tout Heu
est apprivoisement du trauma, ! commencer par le 6 Heu de la
#o#ine B @ il peut fonctionner comme une défense anti-traumatiue
en raison m'me de sa capacité ! répéter le trauma. Cette pro%imité a
pourtant ses inconvénients, et nous savons avec uelle facilité le Heu
peut soudain #asculer dans l"e?roi @ raison de plus pour le laisser
s"éploer dans le cadre protecteur de la séance, et selon ses r&les.
Oais nous venons de parler de répétition. oil! ui nous conduit !
celle ui travaillerait sur le divan et de si particuli&re fa/on,
comme nous le montre Claude Manin pour répéter 6 l"a#sence
d"inscription ui commémore l"inscription de l"o#Het dans le moi en
ce u"il a d"a#sent B @ l! s"opérerait comme une communication
a#outissant ! une 6 saisie, par l"analste, de l"e%istence de l"étraner
1(
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en lui-m'me, ! la fois lui apparte-nant et n"étant pas ! lui B. Sans ces
moments se mettrait en place, entre autres, ce ue notre auteur
ualie Holiment 6 d"animisme ! deu% B @ le traumatisme deviendrait
communica#le, partaea#le et non plus seulement commémora#le.
;ne e%périence commune dans la cure reproduirait, comme en écho,
des e%périences anciennes, non dici#les e%plicitement, dont la
coloration traumatiue s"apparente ! l"inuiétante étraneté. La
réalité e%térieure de l"un et de l"autre vacille, su#Huuée par la
prénance d"une réalité intérieure dont la préhistoire au%
e%périences primaires nécessairement voisines< tend ! s"actualiser
en une communauté sensi#le @ il a 6 mise en tension de la réalité
matérielle et de la réalité pschiue oranisatrice du développement
de la topiue interne B.
Gn somme, et ce faisant, Claude Manin revient ! ce ui, avec
#eaucoup de Hustesse, fournit l"un des rands a%es de son
arumentation et court tout au lon @ il s"ait de la distinction u"il
éta#lit entre les 6 traumatismes oranisateurs et désoranisateurs B,
reprenant ainsi ce ue 4reud désine comme les 6 e?ets positifs et
néatifs du trauma B mais ce sont tout aussi #ien, comme nous
l"avons vu et ! uelues nuances pr&s, ses 6 noau% froids et noau%
chauds B, ses 6 traumatismes avec n et traumatismes sans n B<,
apportant ainsi un surcroJt d"éclairae ! notre connaissance des
traumatismes. Passant ! la uration du trauma dans l"un et l"autre
des protaonistes de la cure, il remarue ue, l! encore, elle tend !
se faire selon ses deu% versants @ disons, pour schématiser
et en idéalisant un mouvement tellement plus comple%e u"il
se pourrait #ien ue le 6 traumatisme désoranisateur B demeure !
l"Wuvre che le patient, alors ue le 6 traumatisme oranisateur B
ui n"en demeure pas moins traumatiue< opérerait che l"analste,
lui permettant de la sorte d"entendre et de 6 traiter B celui u"il
analse. 7i cette représentation de la cure comme un processus
unitaire totalisant a déH! été annoncée, voire énoncée par d"autres
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moteurs, elle prend ici une pertinence #ien particuli&re et
certainement féconde avec le recours traumatiue u" introduit
Claude Manin.
A celui-ci, He pourrais faire un reproche il tient ! ce désir u"il
me donne de lui poser des uestions, lui faire des remarues,
avancer des suestions @ c"est dire ue son livre est ouvert et o?ert,
invite au dialoue. Certes, cela devrait s"avérer prota#le au
lecteur @ mais le préfacier, pour sa part, en trouve sa tFche
compliuée ! moins de se mettre ! écrire un autre livre, ! cDté de
celui-l!, pour introduire ces dé#ats ui lui #rXlent la plume... +uitte
! paraphraser mais comment l"éviter U<, nous avons déH! dX évouer
#ien des mots, des notions, des concepts et non des moindres, ui
s"imposent tout naturellement lorsu"on en vient ! parler du trauma.
Les plus évidents réalité, histoire, événement, oriine, causalité,
déterminisme, suHet, autrui, e%c&s, carence, deuil, passion, o#Het,
narcissisme, défense, refoulement, sm#ole, se%ualité... M"arr'te car
toute la pschanalse, ou u&re s"en faut, pourrait #ien passer @
aHoutons uand m'me, pour faire #onne mesure et parce ue nous ne
saurions nous en déprendre, ces 6 mthes terri#les B et dominateurs
ue sont la pulsion et l"e%citation, le moi et le /a...
;ne telle énumération ne fait plus sens @ n"en ardons ue l"idée
u"elle impliue le trauma est au cWur m'me de la pschanalse.
Le corollaire en est, #ien sXr, ue tout ouvrae ui en traite ne peut
u"'tre partiel. Vul ne saurait donc et moi moins u"un autre
reprocher ! Claude Manin de s"'tre limité @ l"un de ses mérites est
Hustement d"avoir su choisir des avenues ui permettent d"e%plorer
l"ensem#le, et nous ouvrent des perspectives. A nous maintenant de
nous enaer.
Claude Le :uen
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Avant-propos
Les te%tes ue H"ai choisis de réunir et de présenter dans ce
volume ont été écrits, pour la plupart, entre 1985 et 1995 @ l"apr&s-coup ue représente la réunion d"écrits tous éla#orés en relation
avec mes activités scientiues au sein de la 7ociété Pschanaltiue
de Paris est, comme touHours, ce ui permet de ressaisir l"avant-
coup, le 6 déH! l! B ui a ouverné, sans ue la conscience en fXt
alors claire, les ls entrecroisés de l"éla#oration secondaire @ ! cet
éard, cette re-saisie n"est pas di?érente de ce ui se passe lorsue
nous sommes amenés ! reprendre le matériel d"une cure pourl"éla#orer le choi% de certaines séances, ou périodes d"une cure
plutDt ue d"autres l! @ le choi% de certains travau% ici il s"ait
touHours, en n de compte, de montrer l"unité sinuli&re d"une
démarche, et ce recueil n"échappe pas ! la r&le. Certes, en le
présentant, H"ai en mémoire, pour reprendre l"e%pression de P.
ourdier, 6 un aspect du pessimisme freudien Bb
6 V"ou#lions pas ue les o#servations pschanaltiues écritesprésentent moins d"avantaes u"on ne le croirait. Glles sont, en
somme, entachées de cette précision apparente, dont la pschiatrie
]moderne nous a donné tant d"e%emples frappants B$.
Cependant, nous ne pouvons échapper ! la nécessité de nous
communiuer les écrits ui résultent de notre travail cliniue, et de
l"e%ience d"intellii#ilité ui, plus ou moins silencieusement, est
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Avant-propos
touHours présente. Se ce point de vue, mon proHet est de montrer,
dans cet ouvrae, comment la cure est le vérita#le et premier
apr&s-coup de
ce ue H"appelle 6 une attente de devenir et de sens Wdipiens B.
Ce sens Wdipien ! advenir est étroitement dépendant de la
représentation ue se fait l"analste de ce ui s"est autrefois passé
pour ses patients, et de /in-dice de réalité u"il a?ecte ! cette
représentation. Ce dé#at, ouvert, puis clos par 4reud 6 Me ne crois
plus ! ma neurotica B<0 s"est néanmoins poursuivi de fa/on
smptomatiue tout au lon de l"histoire du mouvement analtiue,
et principalement autour de la uestion du traumatisme. Cette
uestion, centrale pour l"épistémoloie de la pschanalse a donné
lieu ! de multiples développements @ pour ma part, He tente d"
apporter une contri#ution dans l"introduction ! cet ouvrae ! partir
de la cliniue, et de l"épistémoloie des sciences et de la
pschanalse, He tente de cerner cette 6 vérité historiue B évouée
en 193) par 4reud dans 4onstruction en anal#se, et ui est, ! mon
sens la 6 mise en forme d"histoire B donc de représentation,
d"événements ui n"ont pas été représentés. Cette formulation me
paraJt valoir, aussi #ien pour l"épistémoloie pschanaltiue ue
pour la représentation ue He me suis, ! ce Hour, forée, du métier de
pschanalste.
M"ai donc choisi de faire dialouer, chaue fois ue cela était
possi#le o#servations cliniues et considérations théoriues ainsi,
le chapitre 1 Zest parcouru par une dou#le pro#lématiue celle
du traumatisme et Ide la mise en représentation, che des patients
pour lesuels l"o#Het maternel n"a pu se constituer en 6 structure
encadrante B aant un 6 rDle b,de contenant de l"espace
représentatif B, selon les termes pertinents icKA. :reen3 @ celle de
la mise en représentation che l"analste, du traumatiue, du non
représenté, et des 6 actes-smptDmes B Moce Oe Souall< par
lesuels ce traumatiue et ce non-représenté tentent de se
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Avant-propos
manifester, de produire des reHetons, pour lesuels il s"ait, en appui
sur le cadre, de fraer les voies ! la ura#ilité. Cette démarche est
en continuité avec mon travail de 1985 sur Le c+aud et le roid, ui
prend place dans ce chapitre. M"essaai alors de proposer une
compréhension du premier temps du traumatisme ! partir de la
notion de 6 noau froid B et de 6 noau chaud B du traumatisme @ H"ai
insisté sur l"idée ue tr&s souvent, des réponses inadéuates,
6 insu?isamment #onnes B de l"environnement, au% 6 #esoins en tant
u"enfant B de certains patients étaient ! incriminer dans la
traumatoén&se par le #iais de la coe%citation li#idi- H nale, ces
patients tentent de constituer des solutions 6 hstériues B oui
6 dépressives B ! cette défaillance de l"environnement. 5
Parmi les chemins de la ura#ilité, le r've reste #ien sXr la
6 voie roale B l"e%ploration de cette voie, l"écoute de cette voix
ménaent parfois ! l"analste d"étranes rencontres, dans lesuelles
le traumatisme vient parfois menacer l"histoire sinuli&re du suHet,
en train de se construire et de se dire, d"une chape de silence @ le
chapitre $ évoue uelues-uns de ces moments critiues de la
pratiue analtiue. Le chapitre 3 présente, de ce point de vue la
cure analtiue comme 6 l"antitraumatisme B le dispositif m'me de
l"analse permet, au moen de l"activité de liaison à la ois tou6ours
menacée et tou6ours possible, de 6 faire parler les silences de
l"istoire, ces terri#les moments o^ elle ne dit plus rien et ui sont
Hustement ses instants les plus traiues B, selon la tr&s #elle
formule de Mules Oichelet. Le chapitre * montre, uant ! lui,
comment l"analste, au sein m'me de ses activités d"éla#oration
théoriue, de pratiue de la cure, de pratiue de la supervision et
d"échanes avec ses coll&ues, est constamment menacé de cette
perte silencieuse du sens %ui est l’essence m7me de toute situation
traumati%ue.
Les te%tes ui ferment cet ouvrae Le 6 éel, le per/u et
l"halluciné B et 6 4iures et destins du traumatisme B, tous deu% de
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Avant-propos
1995, résument ma conception actuelle de l"R#Het, telle ue He l"ai
éla#orée au l des ans @ cette conception s"appuie, ! travers la notion
de noau traumatiue du Ooi, sur la conception freudienne de
l"R#Het, telle u"elle apparaJt dans 8euil et mélancolie @ ces te%tes
ouvrent, me sem#le-t-il, ! une réévaluation des liens entre trauma
6 réel B et trauma 6 pschiue B, et des moens de transformer des
6 traumatismes sans n B en des 6 traumatismes avec n B.
$$
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et
histoire
L"histoire cliniue de Sorothée illustre, de #ien des fa/ons, les
points de théorie pschanaltiue ue He développerai tout au lon
de cet ouvrae.
Meune femme d"une trentaine d"années, Sorothée est l"aJnée d"une
famille nom#reuse, et sa vie a commencé sous de #ien douloureu%
auspices son p&re tom#e ravement malade deu% ans apr&s sa
naissance, au moment o^ sa femme ! nouveau enceinte est proche
du terme de cette seconde rossesse. Rn peut deviner la détresse de
Sorothée, dans ce sou-venir-écran 6 He suis une toute petite lle, He
ne sais pas encore marcher, He suis assise par terre, tout le monde
s"éloine et He me dis He n" arriverai Hamais B. Oalré cet état
dépressif de #ase, dX en partie ! la dépression de ses deu% parents,
au départ du p&re, et ! la naissance de la petite sWur ui la suit, la
patiente a des r'ves tr&s crus, au% contenus violents, et pleins
d"e%citation ainsi, un traumatisme par carence de soins maternels,
suite ! un désinvestissement par une m&re endeuillée par le départ
et la maladie de son mari et mo#ilisée aussi par les soins ! donner au
nouveau #é#é est vécu par le #iais de la coe%citation li#idinale sur
le mode de l"e%c&s, du trop, de l"e%citation. Pourtant la patiente se vit
comme irrémédia#lement déprimée, avec une sc&ne primitive
irreprésenta#le. 6 Ici, me dit-elle, He me rearde comme dans un
$3
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
miroir #risé @ He vois tantDt une demi-imae, tantDt l"autre. B
G%pression saisissante de ce u"elle vit comme un clivae opéré par
la mise en Wuvre de l! fonction déso#Hectalisante décrite par André
:reen*. ;n des modes d"e%pressJon de ce clivae est l"a#sence
d"investissement pschiue des pensées et des a?ects alors m'me
ue ces derniers sont identiés par Ka patiente comme e%istant en
elle. Ainsi, ! la n de sa premi&re anné0d"!nalse, elle m"apprend en
uelues séances u"elle est enceinte, u"elle a de sérieu% risues de
fausse-couche, et ue c"est mieu% de savoir cela, ue d"imainer des
risues pour ce #é#é ! venir on voit l! l"investissement opératoire
de la pensée. +uelues semaines plus tard, elle fait une fausse
couche, et peut alors e%primer ses a?ects d"anoisse de la fa/on
suivante 6 c"est mieu% d"avoir fait cette fausse-couche @ si 6’avais
donné le 6our à un enant, 6’aurais d9 m’en séparer un 6our . La
patiente conrme ainsi la nature +istori%ue du traumatisme à
construire, autour de la suite d"événements ue H"ai évoués
maladie et départ du p&re, naissance de la petite sWur,
désinvestissement maternel dX, ! la fois, ! un mouvement dépressif,
et au% soins ! donner au nouveau #é#é. Proressivement, au cours
de cette analse, H"ai le sentiment d"un enTstement du travail
pschiue certes, la patiente vient ! ses séances avec une ténacité
remarua#le, et elle reste, malré l"investissement de sa cure, tr&s !
distance de son histoire pschiue les Imaos restent ées,
intoucha#les, et notamment l"Imao paternelle, ée autour d"un
p&re dénitivement sans valeur, ! Hamais parti depuis l"enfance. Ooi-
m'me, dans mon éprouvé contre-transérentiel, He me vis comme un
analste sans valeur, incompétent, aant de plus en plus souvent la
tentation de 6 m"a#senter B pschiuement, tentation contre lauelle
He lutte en tentant de comprendre uelle position imao=ue H"occupe
dans ce mouvement contre-transférentiel @ H"essaie de lui
communiuer l"impression u"elle me met en position d’incarner ce
p&re a#sent, mais ces interventions provouent col&re et reHet @ en
ré>échissant une fois de plus ! cela, He suis un Hour amené ! lui dire,
$*
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
alors m'me ue nous réévouions la maladie de son p&re et le départ
de celui-ci, ue nous n"avions Hamais soné ue le choc provoué par
ce départ avait peut-'tre masué le choc u"avait pu représenter son
retour. Glle est sidérée par cette intervention, et se retrouve #ientDt
enceinte, alors ue, malré une médicalisation intensive, elle n"
arrivait pas @ la rossesse, cette fois, sera menée Husu"! son terme.
+ue l"évocation du retour du p&re ait été suivi de cette rossesse,
montre asse #ien, ! mon sens, com#ien la pro#lématiue
Wdipienne, essentiellement traumati%ue, comme nous l"avons vu,
était de ce ait peu oranisatrice. Vous n"étions pas, pour cette
raison, au #out de nos peines si l"importance du p&re présent, o#Het
de désir, et plus particuli&rement du désir d"enfant était en uelue
sorte admise dans un acte
la rossesse , elle restait en m'me temps déniée
ps#c+i%uement, dans ce clivae si #ien décrit par la patiente !
travers l"évocation du miroir #risé le p&re restait nul et sans intér't.
Glle avait donc décidé de terminer son analse, elle aussi sans
intér't, puisu"elle avait maintenant son enfant, et sans ue H"aie
#eaucoup de mare de manWuvre par rapport ! une telle décision,
compte tenu de ce transfert néatif si intense. Gt puis, deu%
semaines avant la n annoncée, la patiente arrive ! sa séance
#ouleversée 6 H"ai assisté ces Hours-ci ! un proc&s de Cour
d"assises une lle était d"a#ord partie civile au cDté de sa m&re,
contre son p&re, meurtrier de sa rand-m&re... Au cours du proc&s,
elle a chané d"avis, ! témoiné en faveur de son p&re, ne voulant
pas le laisser seul. +uel rapport cela peut-il avoir avec la n de mon
analse U
Peut-'tre est-il aussi uestion de me laisser seul U
Me suis contente ue cette lle soutienne son p&re. Cet
homme ha=ssait sa femme et aurait voulu la tuer @ mais l"idée de
laisser sa lle
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
elle s"interrompt< H"ai perdu le mot orp+eline lui a été
insupporta#le. C"est la pire des choses pour un enfant. 5e vous parle
de mon +istoire, là. Cette lle, en témoinant pour son p&re, elle ne
sera Hamais orpheline, #ien u"ils soient séparés... C"est une idée
nouvelle pour moi. B Apr&s avoir dit ces mots, la patiente se souvient
alors, u"apr&s le retour du p&re, sa m&re est partie ! l"hDpital, et
u"elle a été conée ! sa rand-m&re, 6 H"ai dX me sentir tr&s seule
c"était une am#iance d"orphelinat. L"issue, pour moi, c"est de cesser
d"'tre partie civile et simplement témoin dans l"histoire de mon
p&re. B
Lors de la séance suivante, elle continue 6 Ce couple du proc&s
renvoie au couple de mes parents ue H"ai mille fois évoués comme
ne couchant pas ensem#le. Pour cette lle, c"est une issue d"aimer
son p&re c"est retrouver le couple des parents ui s"occupaient
d"elle petite lle. Ooi aussi H"ai eu un couple de parents @ il a éclaté
au départ de mon p&re, puis s"est reconstitué. Me n"avais ue deu%
solutions ou #ien reconstituer ce couple, comme avant le départ de
mon p&re, ou #ien continuer, comme apr&s son départ, seule avec ma
m&re. Oaintenant, cette idée de parents ui ne couchent pas
ensem#le, c"est une idée ue He ne peu% plus tenir il a eu d"autres
enfants apr&s moi...et He ne peu% nier avoir eu du désir ! son
éard...mais pour moi, /a n"a Hamais été une issue a#le de le trouver
aima#le... B
M"interviens alors 6 7urtout si au moment o^ vous le
découvre comme une personne importante et donc aimable de votre
environnement, il disparaJt... B
elle< c"est un >ash dinue... /a serait donc risué et
danereu% d"aimer...et en plus, ma m&re est enceinte... Alors plus
rien n"est disci#le. L"enfant, ce résultat de leur amour et de leurs
relations se%uelles va accaparer tous les soins. Me n"ai plus rien ! moi
tout d"un coup B...
$(
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
Rn assiste, dans cette séuence, ! la survenue d"une rencontre
entre ps#c+é et réalité @ les choses sont cependant asse su#tiles
cette rencontre n"est pas, comme on pourrait hFtivement le croire,
provouée par la co=ncidence entre le proc&s mené inlassa#lement
de fa/on interne et inconsciente par la patiente contre son p&re et
transférentiellement contre moi
, et le proc&s réel @ en ait, elle est produite par la co*ncidence
entre l’investissement du pre comme mari de la mre, et pre, de
ce ait m7me, de l’enant à venir, et la disparition réelle de l’ob6et.
"n efet d’ébranlement traumati%ue se produit alors, dans le%uel la
rencontre entre mouvement de désir et d’a6ects et événement
entra:nera ultérieurement un mode de pensée opératoire ; < il est
dangereux de désirer , semble-t-elle penser, (par exemple, comme
6e l’évo%uais un peu plus +aut ; plut$t aire une ausse-couc+e, %ue
de penser %u’on peut perdre l’enant).
Le fait d"assister au proc&s permet ! ma patiente une mise en
communication de la sc&ne réelle et de la sc&ne pschiue, l"un et
l"autre étant ! ce moment distincts présent événementiel et passé
ps#c+i%ue ne sont plus traumati%uement conondus, et ce
mouvement permet la ressaisie du monde interne dans toutes ses
composantes, le clivae se trouvant ainsi réduit.
Apr&s ce moment tr&s vivant de construction ! deu% de son
traumatisme infantile, au cours d"une autre séance, ma patiente me
dit 6 H"ai r'vé ue vous étie marié et ue He faisais connaissance de
votre femme @ elle était au% antipodes de ce ue H"imainais, mais He
me disais il doit l"aimer, puisu"il l"a choisie. Oes parents aussi ont
dX se choisir... Gt dans ce r've, He me sens tr&s proche de votre
femme et de vous. B
Rn voit le chemin parcouru, mais on remaruera aussi u"il a pu
en 'tre ainsi rFce ! la rencontre avec un événement @ il s"ait d'une
rencontre éconde entre monde ps#c+i%ue et monde réel @ ces
rencontres fécondes e%istent heureusement pour chacun
$)
7/23/2019 destins_traumatisme
http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 28/187
Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
d"entre nous @ il faut aussi savoir compter avec elles, ce ui, #ien sXr,
doit nous faire considérer la vie et la pschanalse avec une certaine
modestie... celle ue 4reud avait apprise de Charcot, et u"il aimait
! rappeler 6 tout /a n"emp'che pas d"e%ister B.
Cette séuence cliniue pose d"em#lée la uestion de la éalité,
de son statut pschiue et m'me de son e%istence, ui est au cWur
des uestions dé#attues entre 4reud et 4erenci tout au lon de leur
e%istence, et ce de fa/on tr&s directement liée ! celle du
traumatisme. Il s"ait d"une uestion épistémoloiue essentielle,
ue He me propose maintenant de remettre en perspective, tant les
uestions de la réalité, du traumatisme, de la réalité du traumatisme,
+antent le mot n"est pas trop fort , la pschanalse depuis ses
oriines. Pour m"en tenir ! la période 6 historiue B de la naissance
de la pschanalse, c"est en 189) ue 4reud dissocie la réalité
événementielle et la réalité pschiue5, et c"est en 193$ ue
4erenci revient de fa/on étendue et en opposition avec 4reud
sur cette uestion(. Pour rappeler d"un mot l"o#Het de la controverse
entre les deu% hommes, 4reud, dans cette cél&#re lettre (9 du $1
septem#re 189), écrit ! 4liess 6 Me ne crois plus ! ma ]neurotica. B
4reud sinie ainsi le tournant épistémoloiue maHeur de
l"éla#oration de la Heune science pschanaltiue Les événements
ue 4reud avait tout d"a#ord identié comme des sc&nes réelles de
séduction, s"av&rent en fait 'tre des créations fantasmatiues 6 il
n"e%iste dans l"inconscient, écrit-il, aucun ]indice de réalité B). Oais
plutDt ue de dire ue les fantaisies des névrosés sont de pures
créations fantasmatiues, il serait plus e%act de dire ue la
pschanalse ne peut pas décider du caract&re de 6 réalité B des
sc&nes de séduction, ue ces derniers rapportent. C"est contre cette
position de refus de se prononcer sur la réalité de telles sc&nes ue
4erenci se dressera 35 ans plus tard, puis inlassa#lement Husu"! sa
mort. Les aruments de 4erenci méritent d"'tre repris dans
l"article 6 Confusion de lanues B, 4erenci traite de l"oriine
$8
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
e%térieure traumatiue< de la névrose. 6 L"o#Hection, ! savoir u"il
s"aissait de fantasmes de l"enfant lui-m'me, c"est-!-dire de
mensones hstériues, perd malheureusement de sa force, par suite
du nom#re considéra#le de patients, en analse, ui avouent eu%-
m'mes des voies de faits sur des enfants. B Ainsi, la #ase du
désaccord entre 4reud et 4erenci est clairement dénie, et ses
conséuences sur l"histoire de la pschanalse ont été considéra#les.
Comme le note alint, 6 le fait historiue représenté par le
désaccord entre 4reud et 4erenci t sur le monde analtiue l"e?et
d"un traumatisme. ...< Le choc était e%tr'mement profond et
douloureu% B*,5.
7i l"on reprend en détail les conceptions des deu% hommes sur
cette uestion du traumatisme8, on verra mieu% l"étendue de leur
désaccord, et les conséuences de ce désaccord sur le mouvement
pschanaltiue contemporain.
Sans les années 1895, le traumatisme est avant tout un
traumatisme se%uel, et impliue deu% temps le premier est celui de
la sc&ne de séduction 6 se%uelle B de l"enfant par l"adulte, l"enfant
su#issant passivement la sc&ne. Sans le deu%i&me temps, dans une
sc&ne non se%uelle, des ponts associatifs ravivent les traces
mnésiues du premier temps, ue le refoulement avait tenues !
l"écart. Rn voit ainsi ue c"est seulement dans son caract&re de
souvenir ue l"événement est traumatiue.
Sans les années de uerre, et plus précisément en 1918-1919, !
partir de l"étude des névroses traumatiues, 4reud déploie le point
de vue selon leuel l"anoisse ui deviendra en 19$(0 l"anoisse
sinal d"alarme-prot&e, le Ooi contre l"e?raction traumatiue.
Avec le tournant des années 19$, 4reud a#andonne la conception
du traumatisme lié ! la séduction ou ! ses apr&s-coups. C"est le point
de vue économiue ui est désormais central le traumatisme est
ainsi 6 une e?raction étendue du pare-e%citation B. L"+il=osig>eit
la détresse du nourrisson , est le paradime de l"anoisse par
$9
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
dé#ordement, lorsue le sinal d"anoisse ne permet pas au Ooi de
se protéer de l"e?raction uantitative, u"elle soit d"oriine interne
ou e%terne. Rn voit donc comment 4reud, s"a?ranchit, au cours du
développement de son Wuvre, de toute référence événementielle
dans la conception du traumatisme d"a#ord sc&ne réelle, il devient
ensuite constitué essentiellement par son apr&s-coup, ui est encore
un événement, pour n"'tre nalement caractérisé ue par sa
dimension de dé#ordement économiue. Sans les derni&res
éla#orations de cette uestion, 4reud comple%ie sa pensée
dans &nal#se sans 0n et anal#se avec 0n, 4reud a?irme le
poids du facteur uantitatif, de l"économiue, mais revient de fa/on
surprenante sur la uestion de l"événement dans 4onstruction dans
l’anal#se il évoue notamment les morceau% de réalité déniés dans
la période d"une enfance reculée, et ui font retour dans les
smptDmes pschiues9 @
dans L'+omme o*se et la religion monot+éiste, 4reud
apporte le point nal ! sa théorie du traumatisme. Ce sont, comme
l"a rappelé K. oTanosTi des 6 impressions éprouvées de la petite
enfance, puis ou#liées B ui n"acui&rent de caract&re traumatiue
u"! la suite d"un 6 facteur uantitatif B se 6 situant dans la période
de l"amnésie infantile B et pouvant se rattacher aussi #ien ! des
6 impressions de nature se%uelle et aressive B u"! des 6 atteintes
précoces du moi B #lessures narcissiues<. Le développement de la
névrose o#éit ainsi ! la série suivante 6 traumatisme précoce-
défense-latence-éruption de la maladie névrotiue-retour partiel du
refoulé B.
C"est essentiellement dans 4onusion de langues, ue 4erenci
développe sa conception du traumatisme, ainsi ue dans les écrits de
la m'me époue, et notamment dans le 5ournal clini%ue le
traumatisme est le résultat d"une réponse 6 passionnelle B de
l"adulte au% sollicitations tendres de l"enfant. Cette réponse
passionnelle est déniée par l"adulte @ ce déni entraJne che l"enfant
3
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
un clivae du moi l"enfant se sent innocent de l"événement et en
m'me temps introHecte le sentiment de culpa#ilité de l"adulte @ de
plus l"enfant, an de conserver une imae su?isamment #onne de
l"adulte 6 préf&re B penser ue la sc&ne traumatiue est une pure
création fantasmatiue 6 ils préf&rent accepter ue leur esprit
mémoire< n"est pas dine de conance, plutDt ue de croire ue de
telles choses avec cette sorte?@ de personne peuvent réellement\
s"'tre passées autosacrice de l’intégritéA de son propre esprit pour
sauver les parents< B0. Rn voit #ien ici le retour de 4erenci ! la
Veurotica a#andonnée par 4reud 35 ans auparavant.
Ces di?érences fondamentales entre les deu% auteurs ont marué
l"histoire de la pschanalse en 4rance, de fa/on e%tr'mement
importante, et ce par rapport ! l"importante uestion du poids de la
réalité événementielle dans la cure analtiue. Ainsi, en 19), un
livre de 7. iderman$ ouvrit sur ce suHet un e%traordinaire dé#at
d"idées. Ce livre proposait en fait trois th&ses
lre th&se malré son renoncement ! la neurotica, 4reud est
resté, tout au lon de son Wuvre, hanté par 6 les sources du Vil B,
c"est-!-dire par la recherche de l"événement oriinaire, data#le,
refoulé, et ui rendrait compte des smptDmes du patient.
$0 th&se cet événement est ! Hamais inconnaissa#le, compte
tenu du refoulement oriinaire, et toute construction de sa propre
histoire est donc une construction m#t+i%ue.
30 th&se il est donc nécessaire, en analse, d’inventer cette
oriine ! Hamais inconnaissa#le. 7elon iderman ! propos de L’+omme aux loups 6 c"est son analste et non pas ce ui, dans
son analse ressurira de son souvenir< ui $5 ans plus tard lui dira,
non pas ce ui s"est réellement passé, car il est hors de toute
possi#ilité épistémolo-iue, ! ce niveau de profondeur du
refoulement constitutif de l"inconscient, de faire la part entre le
fantasme et l"histoire, et cela n"a pas l"importance ue 4reud lui
accorde lors de la rédaction de sa premi&re o#servation. B
31
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
6 L"analste n"a pas reconstruit une sc&ne historiue, mais une sc&ne
hpothétiue, parfaitement cohérente, o^ les éléments historiues
constituent des points d"aimantation ui donnent une cohésion au%
fantasmes postérieurs, pour se Hoindre dans la structure imainaire
du fantasme oriinaire. B
Cette nécessité d'invention de l’origine, iderman l"e%plicite
formellement ! partir de son commentaire de "n souvenir d’enance
de Léonard de 1inci. Sans son ouvrae, 4reud rapporte le souvenir
de Léonard 6 étant encore au #erceau, un vautour vint ! moi,
m"ouvrit la #ouche avec la ueue, et plusieurs fois me frappa avec la
ueue entre les l&vres. B A partir de ce souvenir 4reud se livre ! une
inénieuse analse, fondée sur des éléments mtholoiues il fait
appel ! une divinité adorée par les anciens 2ptiens, ! t'te de
vautour, nommée Out. Se plus 4reud fait appel ! un autre élément
mtholoiue les :recs et les omains croaient ue l"esp&ce des
vautours ne comportait ue des femelles, et ue c"était le vent ui en
assurait la fécondation.
S&s lors, et hardiment, 4reud lisse de Out !... utter la m&re
, et peut alors interpréter le fantasme de Léonard de inci 'tre le
ls d"une femelle sans mFle, d"une m&re vautour, et 'tre dans son
homose%ualité identié ! cette m&re. L"interprétation, dans son
imaination et sa créativité est éniale, mais il s"av&re en 19$3
u"elle repose sur une erreur de traduction le vautour est, dans le
te%te oriinal, un milan. oici le commentaire u"en fait iderman
6 Le point le plus fai#le de l"arumentation de 4reud, ce n"est pas
une erreur de traduction, mais d"avoir voulu fonder la construction
d"un fantasme sur des éléments de réalité...
6 4reud n"aura vu un vautour, ui était en réalité un milan, u"en
mettant son énie ! r'ver pour Léonard une vérité inconsciente
imainaire... B
6 Peu importe ce u"a vu Léonard r've ou souvenir< @ peu importe
ce u"a dit Léonard vautour ou milan< @ ce ui importe, c"est ue
3$
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
l"analste, sans égard pour la réalité0, aHuste et assem#le ces
matériau% pour construire un tout cohérent ui ne reproduit pas un
fantasme prée%istant dans l"inconscient du suHet, mais le fait e%ister
en le disant. B
La uatri&me th&se découle de cette appréciation, par iderman,
de la réalité puis%ue la réalité événementielle n"a pas d"importance,
puis%u’elle est inconnaissable, il aut l’inventer, comme 4reud avec
Léonard de inci. C"est ! partir de la lecture de L’+omme aux loups,
ue iderman formule cette th&se
6 Gntre la sc&ne primitive, vécue ou fantasmée, conservée dans
l"inconscient, et le r've des loups il n" a aucun point commun sauf
la parole de l"analste , et c"est #ien sur parole u"il faudra le
croire, sinon renoncer. B
Gt ceci encore 6 +ue l"histoire racontée au patient< ne soit pas
vraie nous importe peu @ il su?it u"elle soit vrai<sem#la#le. B
&insi les trois t+ses de 1iderman semblent s’articuler en une
sorte de logi%ue à allure de s#llogisme %ui pourrait s ’énoncer
ainsi ; L"analste est hanté par la recherche de l"oriine @
Rr l"oriine est ! Hamais inaccessi#le @
Sonc il faut l"inventer @
Gt l"énoncer pour la faire e%ister.
Rn notera ! uel point nous sommes ici éloinés des th&ses
développées par 4reud dans 4onstruction en anal#se, et ue He
rappelai plus haut la référence au% morceau% de réalité déniés,
mais aussi l"importance accordée, dans ce m'me te%te, ! la 6 vérité
historiue B. Il me sem#le d"ailleurs ue pr&s de $5 ans apr&s la
parution du livre de iderman, les dé#ats actuels sur l’+istoire et les
ris%ues de sa alsi0cation, o#lient l"analste ! repenser les rapports
con>ictuels u"il entretient avec elle. C"est d"ailleurs autour de cette
uestion u"un dé#at tr&s important s"était enaé au sein de la
33
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
7ociété pschanaltiue de Paris autour du livre de iderman. C"est
ainsi ue 4rancis Pasche11, écrivait 6 L"homme, au dé#ut de sa vie,
rencontre la réalité, il ne l"apporte pas ici ou l!, apr&s l"avoir
inventée, pour la trouver ensuite. Glle l"attire, l"a#reuve, le prive, le
terrorise, non seulement telle u"il la fait, mais telle u"elle est. B
Pour Pasche, d"ailleurs, la compulsion de répétition concerne non
seulement la pulsion, le désir, ou les fantasmes oriinaires @ elle
concerne aussi les premi&res impressions de l"enfance.
Il me sem#le en fait ue iderman, dans son ouvrae avait mal
apprécié les avancées décisives de l"historioraphie moderne, voire
u"il les avait inorées. Les historiens de l"école fran/aise des
Annales, fondée par Oarc loch, ont montré u" 6 un personnae, un
événement, tel aspect du passé humain ne sont ]historiues ue
dans la mesure o^ l"historien les ualie comme tels, les Hueant
dines de mémoire parce u"ils lui apparaissent ! uelue titre
importants, actifs, féconds, intéressants, utiles ! connaJtre Bb. Ainsi,
l"histoire est ! la fois une restitution et une création Oarrou écrit
ainsi ue 6 L"histoire est le résultat de l"e?ort, au sens créateur, ue
fait l"historien pour unir le passé u"il inore au présent ui est le
sien B1$.
Rn peut voir ainsi, me sem#le-t-il, com#ien les conceptions de
l"historien et du pschanalste se rencontrent ici. Pour s"en
convaincre, il su?it de se rappeler les termes dans lesuels 4reud
traite de la uestion du délire dans 4onstruction en anal#se ;
6 Ce ui importe, c"est l"a?irmation ue la folie, non seulement
proc&de avec méthode..., mais u"elle contient un morceau de vérité
+istori%ue... le travail analtiue< consisterait ! dé#arrasser le
morceau de vérité historiue de ses déformations et de ses appuis
sur la réalité actuelle et de le ramener au point du passé auuel il
appartient... Se m'me ue l"e?et de notre construction n"est dX
u"au fait u"elle nous rend un morceau perdu de l"histoire vécue, de
3*
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
m'me le délire doit sa force convaincante ! la part de vérité
historiue u"il met ! la place de la réalité repoussée B13.
iderman, apr&s avoir évalué la Hustesse des critiues ui lui
avaient été adressées apr&s la parution de son livre en écrivit un
second, Le céleste et le sublunaire1*, dans leuel il revint sur la
pro#lématiue de l"histoire, et ce en uoi elle pouvait intéresser le
pschanalste @ ! certains éards les théories contemporaines de
l"histoire avaient de uoi séduire iderman. Ainsi Croce15 avance
ue 6 les faits n"e%istent pas, c"est l"esprit ui pense et construit les
faits B, tandis ue Paul ene1( soutient u" 6 il n"e%iste pas d"o#Hets
naturels en histoire... L"o#Het historiue est ce u"on le fait 'tre et
peut 'tre redécoupé selon mille crit&res ui se valent tous B.
Kout ceci permet ! iderman de développer l"idée selon lauelle
6 c"est l"imaination ui va nous permettre de com#ler les manues,
emplir les vides, Heter les ponts, et faire d"une histoire discontinue un
récit cohérent et suivi, mais c"est l"esprit ui en fait la cohérence. La
révolution copernicienne en épistémoloie historiue, c"est ue
l"imaination est devenue le centre ui oranise la poussi&re des
faits, l"aimante et l"ordonne B.
Ainsi, l"historien comme le pschanalste doivent faire le deuil
d"une illusion positiviste dans lauelle la construction serait une
simple restitution @ au contraire, tout indiue ue c"est par un acte
sub6ecti ue peut se construire la représentation de ce u"a été le
passé. S&s lors une uestion fondamentale doit 'tre posée si la
construction historiue est ! ce point su#Hective, comment choisir les
faits de telle sorte ue ma construction, en temps u"analste, ne soit
pas simplement délirante U iderman par un retournement
spectaculaire, par rapport ! sa position antérieure 6 'tre sans
éard pour la réalité B essae, dans Le céleste et le sublunaire, de
répondre ! cette uestion @ voici ce u"il écrit
6 Il ne m"est pas possi#le d"opter ! mon ré, dans la
reconstruction de l"histoire de mon malade, pour un enchaJnement
35
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
d"événements plutDt ue pour un autre. Il faut ue la séduction par
tel ou tel aent historiue ait eu lieu en un moment historiuement
data#le et repéra#le, par la mémoire si possi#le, par la
reconstruction sinon. Il faut ue la ]castration ou la sc&ne primitive,
dans la mesure o^ nous les tenons pour des événements réels,
au%uels nous attri#uons des e?ets d"é#ranlement pschiue !
lonue portée, aient eu lieu, pour ue, retrouvés, reconstruits,
replacés e%actement ! la place o^ les mailles rompues de la mémoire
avaient été raccommodées avec des smptDmes su#stitués au%
souvenirs, l"ordre su#verti soit réta#li. B Gn somme 6 Le champ
historiue est indéterminé, aléatoire, et pourtant, tout en nous
appuant, nous sommes dans l"o#liation si nous voulons 'tre
e?icaces u"il ait une co=ncidence entre ce ue nous disons ue
l"histoire du patient a été et ce u"elle a été réellement. B Il ne
faudrait pas croire pour autant ue l"analse est une simple
reconstruction de l"histoire événementielle du patient, encore ue
cet aspect ait uelue importance le pschanalste a, en outre, ! se
préoccuper de comprendre comment, autour de l"événement,
viennent se grefer des fantasmes, des mécanismes de défense, des
smptDmes. A ce propos, ideman emploie une métaphore
e%tr'memen4 intéressante, celle de la perle, formée ! partir d"un
rain de sa#le. 7elon lui, le rain de sa#le, en pschanalse, c"est
l"événement ou sa trace , ! partir duuel, et autour duuel, les
fantasmes vont se développer, comme les concrétions perli&res le
font autour du rain de sa#le réel. Me suis asse d"accord avec ce
point de vue, mais c"est ! partir de lui ue les choses se
comple%ient sur le plan du travail et de l"épistémolo-ie
pschanaltiues. Gn e?et chacun sait ue, pour un rain de sa#le, le
6 devenir perle B est un destin pour le moins incertain il a,
dans le monde, plus de plaes ue de colliers au cou des femmes @ on
peut léitimement se demander si cette remarue n"est pas
éalement vala#le pour les événements ue l"'tre humain est amené
3(
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
! traverser au cours de son e%istence com#ien feront l"o#Het d"une
inscription, analoue ! l"introduction du rain de sa#le U Com#ien,
au contraire, seront roulés par les vaues de la vie, voire iront
s"inscrire che uelu"un d"autre U Gn tout cas il faut, du moins si
nous aimons les perles, admettre ue ce rain de sa#le de
l"événement ou de son souvenir n"est pas du tout insiniant, u"il
devienne perle et pour nous cela sinie sm#olisa#le , ou u"il
reste simple rain de sa#le et cela sinie pour nous non
sm#olisé, non-inscrit, ou perdu de toutes les fa/ons, ce rain de
sa#le de l"événement a pour l"analste un rDle capital @ il est ce ue
H"appelle le Bo#au traumati%ue de tout processus pschiue1). 0
7i l"on admet ue cette métaphore de iderman a uelue
pertinence, un certain nom#re de conséuences doivent, en e?et, en
'tre tirées, et parmi celles-ci cette idée du noau traumatiue des
processus pschiues @ cette idée d"ailleurs, est celle e%primée par
4reud lorsu"il dit ue 6 l"o#Het naJt dans la haine B. Cela sinie
ue la constitution du premier o#Het interne ne peut se faire ue
parce ue l"o#Het réel est a#sent et donc frustrant @ inversement, et il
s"ait l! des th&ses de 4reud, ue Mean Laplanche a reprises dans ses
Bouveaux ondements pour la ps#c+anal#se, lorsu"une m&re
s"occupe 6 normalement B de son #é#é, elle adresse ! celui-ci des
messaes charés de sens se%uel dont il inore le sens. Il s"ait l! de
la séduction oriinaire, par lauelle le se%uel est, en somme,
6 implanté B dans le pschisme humain. L! encore, c"est #ien ! partir
du réel, puisue nous sommes dans le domaine du #esoin vital
élémentaire, ue cet implant, ce 6 corps pschiue étraner B, #ref,
ce traumatisme oriinaire, ui est icl 6 #on traumatisme va se
développer. Ces deu% formes de noau traumatiue du Ooi sont
placées sous le sine de l"e%c&s, du trop trop d"a#sence de l"o#Het @
! l"inverse trop de présence du m'me o#Het ont en fait la m'me
conséuence un agu% d"e%citation interne ue le suHet va lier ou
tenter de lier au moen de concrétions fantasmatiues, pour
3)
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
parler dansl&s Ytermes de la métaphore de iderman. C"est ! partir
de cette o#servation ue H"ai développé, il a uelues années l"idée
des loiues du traumatisme, autour de ce ue H"avais alors appelé
6 Le chaud et le froid B voir chapitre 1<. Me su&re, dans ce
chapitre, une métaphore pschophsioloiue ui rend compte
). Me reprends cette notion dans mon chapitre de conclusion.
de la comple%ité de situations traumatiues di?érentes puisue
la métaphore du pare-e%citation dont l"e?raction est caractéristiue
de la situation traumatiue est celle de la couche protectrice de la
vésicule vivante, ou, comme l"a suéré S. Anieu, de la peau,
rappelons une e%périence élémentaire notre épiderme contient des
récepteurs périphériues ui discriminent les sensations de chaud et
de froid @ on sait ue si l"on #ande les eu% d"un suHet et u"on le
soumet en un point de la surface cutanée ! un chaud ou ! un froid
intense, celui-ci ne pourra ualier la nature de l"e%citation su#ie @
en d"autres termes et He reprends l! une métaphore
pschanaltiue le 6 trop d"e%citation B ou le 6 pas asse
d"e%citation B sont vécus de la m'me manief[jks Ke rrio==e de
l’excs cCexc*tatio6 KlK Ycepen dan t de soi ue ce ui, in 0ne se
traduit de-f meme fa/on, est survenu dans des conte%tes historiues
radicalement di?érents @ c"est pouruoi il me sem#le tout ! fait
essentiel de reconstruire tr&s soineusement ce %ui c’est passé
+istori%uement pour nos patients, et %ue l’excs d'excitation a rendu
inintelligible et inintégrable par le oi, du moins Husu"! ce ue la
cure permette de l"éla#orer @ en ce sens He pense ue l"analste, en
reconstruisant de telles sc&nes fait Wuvre d"historien, en permettant
de ualier, ! partir des indices ui lui restent accessi#les, ce ui
sans cet acte de construction demeurerait incompréhensi#le.
7i l"une des formes principales du traumatisme pschiue est la
non-. . %uali0cation des vécus ps#c+i%ues internes, il e%iste ! cDté de
cette premi&re forme, une autre ure du traumatisme.
38
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
Pour introduire cette deu%i&me ure du traumatisme, il faut faire
un détour rapide par innicott dans Db6ets transitionnels et
p+énomnes transitionnels', innicott écrit ceci 6 Rn peut dire, !
propos de l"o#Het transitionnel, u"il a un accord entre nous et le
#é#é comme uoi nous ne poserons Hamais la uestion ]cette chose,
l"as-tu con/ue ou t"a-t-elle été présentée du dehors U L"important est
u"aucune prise de décision n"est attendue sur ce point. La uestion
elle-m'me n"a pas ! 'tre formulée. B Ce ue innicott dénit ainsi
pour un o#Het particulier l"o#Het transitionnel , He pense ue
nous, analstes, avons des enseinements ! en tirer en ce ui
concerne notre théorie de la éalité m'me si nous sommes touHours
en train d"attri#uer, ! ce ui nous est dit, un indice de réalité, m'me
si nous sommes touHours en train de distinuer fantasme et
événement, il me sem#le u"en m'me temps, nous considérons ue
la réalité évouée par le patient est de nature transitionnelle la
uestion de
la topi%ue de la réalité évouée en analse ne se pose
ha#ituellement pas @ il va de soi u"elle est ! la limite de l"intérieur et
de l"e%térieur. Gntre l"Analste et son patient, il a un pacte tacite
selon leuel l"o#Het dont on parle est touHours un 6 entre-deu% B,
c"est-!-dire u"il est ! la fois
un o#Het réel, modié par les 6 opérateurs B du travail
pschiue ue sont introHection, proHection, mise en représentation
par le #iais des r'ves et des fantasmes @
un o#Het pschiue construit en étaae sur les
caractéristiues 6 réelles B de l"o#Het et de l"environnement1.
Votre rapport au réel est enti&rement construit ! partir de cette
dou#le caractéristiue de la réalité, ue He désinerai sous le terme
de 6 transi-tionnalité de la réalité , et %ui est au ond asseE proc+e
du caractre composite suggéré par la métap+ore des concrétions
perlires et du grain de sable de 1iderman. Il me sem#le u"une des
ures maHeure du traumatisme se constitue danrla
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
6 détransitionnalisatiorKde la réalité B par e%emple, lorsu"un suHet
se trouve confronté ! un événement ui vient redupliuer un
fantasme @ ainsi l"enfant confronté ! une séduction réelle,
réduplication, dans la realité du fantasme oriinaire de séduction @
ou #ien encore l"enfant ui voit, avec la disparition d"un proche, la
réalisation de certains fantasmes aressifs inconscients Sans ces
6 malheureuses rencontres B A. :reen<18, entre fantasmes et
événement, l"espace pschiue et l"espace e%terne communiuent de
telle sorte ue l"appareil pschiue ne peut plus remplir son rDle de
contenant du monde interne @ c"est ce ue H"ai appelé le cottapsus
delà Copi%ue interne. Sans de0te==&s circonstances, le suHet ne sait
plus uelle est la source de son e%citation, si elle est d"oriHHineHnterne
ou e%terne. =vidmmenK, c0est le propre e toute e%périence
traumatikKselon la dénition de 4reud 6 le traumatisme est une
e%périence d"a#sence de secours la fameuse +il=osig>eit) dans les
parties du Ooi devant l"e%citation, ue cette derni&re soit d"oriine
e%terne ou interne B. Lorsue surviennent ces situations de collapsus
topiue, le suHet n"a alors plus la possi#ilité de constituer uelue
chose d"e%tr'mement important sur le plan pschiue, ! savoir
6 l"épreuve de ralité- B ue 4reud dénit dans un te%te de 191)19,
et ce touHours en référence ! la détresse
6 L"oranisme en détresse a la capacité de se procurer, rFce !
ses perceptions, une premi&re orientation dans le monde en
di?érenciant ]! l"intérieur et ]! l"e%térieur selon la relation ! une
action musculaire. ;ne perception dont une action entraJne la
disparition est reconnue comme une perception e%térieure, comme
réalité @ l! o^ une telle action ne chane rien, la perception vient de
l"intérieur du corps propre, elle n"est pas réelle. Il est précieu% pour
l"individu de posséder un tel sine caractéristiue de la réalité, ui
en m'me temps sinie un recours contre elle. B
Ainsi, ces situations de collapsus sont énératrices d"une perte du
sens de la réalité @ elles peuvent 'tre d"ailleurs, pour cette raison,
*
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
rapprochées de ce ue 4reud a admira#lement décrit autour des
phénom&nes d"6 inuiétante étraneté B.
Il écrit ue 6 d"apr&s ses< o#servations, il est indu#ita#le ue le
facteur de répétition du m'me..., ! certaines conditions, et com#iné
avec des circonstances précises est une des< sources du sentiment
d"inuiétante étraneté B.
Il met ce facteur de répétition en relation avec le 6 mod&le du
motif du dou#le B, et aHoute
6 Il s"ait... d"une réression ! des époues o^ le Ooi ne s"était
pas nettement déterminé par rapport au monde e%térieur et !
autrui B. Ces états de collapsus topiue sont ainsi, cliniuementrattacha#les au% phénom&nes de dépersonnalisation. Vous avons
a?aire, dans ces situations décrites par 4reud ! un collapsus topiue
normal, de courte durée, produit par la rencontre entre fantasme et
événement, mais dont l"e?et d"é#ranlement et #ien percepti#le @ ces
situations sont souvent vécues comme de #refs moments de
dépersonnalisation, ce ui souline #ien une des défenses les plus
e?icaces contre l"e?et dévastateur du collapsus topiue tenter deséparer[de cliver, l"une des facettes de la réalité #rus-uement
6 détransJfDnnFlisée B @ en3"autres termes, il s"ait de séparer, de
6 décolla#er B, l"événement et le fantasme 6 colla#és. B dans leur
rencontre. 7i l"on tient ce point de vue pour vrFK, nous devons donc
admettre ue le clivae peuK'tre, comme l"a proposé :érard ale1,
6 fonctionnel B, et se rencontrer ainsi dans des oranisations
pschiues ui ne sont pas structurellement clivées @ il s"ait alors
pour le suHet d"une tentative de econstituer Z"enveloppe de son
ps#c+isme, en se mettant 6 ! l"a#ri B de ce ue Ka réalité e%térieure
peut avoir de déstructurant. Votre capacité [dormip et ! r'ver,
notre capacit! desinvesH<le Oonde momentanément
l.F3G. n(, 1988.
au prot de notre Ooi, n"est pas sans rapport avec ces
phénom&nes. Certains patients et He ne parle pas uniuement ici
*1
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
de patients d"analse ui se présentent ! nous comme s"ils étaient
en retrait du monde, comme s"ils avaient désinvesti ce dernier, sont
en train, en réalité de tenter de reconstituer l"enveloppe de leur
pschisme e?ractée un collapsus [topiue @ c"est peut-'tre dé cette
4a/on kKYDrKpeutc#mpKen3Kr, 0 par e%emple, les descriptions
faites par ettelheim des comportements de retrait autistiue de
certains prisonniers des camps de concentration @ inversement
certains patients ui nous paraissent 'tre constamment prise B sur la
éalité, répondant touHours de fa/on adaptée, sont on fait en plein
collapsus topiue, et leur fonctionnement Hueatel alors réduit ! ce
ue les pscliusuiiidti;CKis ont appelé[Ka pensée opérat%66>'', He
veu% ainsi souliner ue la pensée opératoire peursHCé+c$ntrer,
gomme le @ clivage, sans pré6uger d’organisations sructurales, en
onction de circonstances événementielles plus ou moins
dramati%ues,\ et énératrices éventuelles de collapsus topiue.
Gnn, on peut essaer de comprendre ce ueKon désine
ha#ituellement sous le terme de traumatophilie en référence ! cette
cliniue du collapsus topiue n6-épé*it:nn, Hour tenter de lier l"e%-
citation du premier traumatisme est en e?et un destin classiue des
situa-tions traumatiues @ cependant, l"appétence pour le
traumatisme me parait, dans certains cas, aller au-del! de cette
tentative de liaison @ He dirai ue la visée en est plus radicale il
s"ait pour le suHet, au moen d"un traumatisme, de tenter de
reconstituer l"enveloppe e?ractée ainsi, dans une situation
ha#ituelle, ui nous paraJt en m'me temps pschiuement
incroa#le, une réaction #anale est de dire ! l"interlocuteur 6 pince-
moi, He r've B @ He propose l"idée u"il s"ait l! d"un te%te manifeste,
paradimatiue d"une situation de collapsus topiue et dont le sens
latent est 6 pince-moi pour ue He r've B @ il s"airait alors de
provouer une e%citation traumatiue de la #arri&re de contact
suscepti#le de mo#iliser les contre-investissements, de referme%Hiinsi
la #éance ui fait communiuer l"intérieur et l"e%térieur, et
dereconstituer, sous couvert de ce traumatisme demande I 1autre,
*$
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
une enveloppe ps#c+i%ue la visée poursuivie par la rec+erc+e du
traumatisme serait amsL.Jxti6raumati%ue. Ces uelues #r&ves
remarues ont pour #ut d"insister sur la valeur siniante, histori-
cisa#le, des formations traumatiues rencontrées che les patients,
et donc de la nécessité de les intérer dans la rencontre analtiue,
en les tissant avec l’+istoire du suHet.
Il me paraJt toutefois nécessaire de préciser davantae cette
uestion de l"historicisation @ certes, He pense l"avoir montré, la
plupart des historiens et la plupart des pschanalstes travaillent
avec un m'me présupposé épistémoloiue, ui est ue leurs
constructions construction d"un passé individuel pour les uns,
construction d"un passé collectif pour les autres sont des
représentations du Féel et non le Féel lui-m7me @ les uns et les
autres travaillant ! partir d"indices @ mais ceu% sur lesuels travaille
l"historien sont le plus souvent des indices matériels ; m'me si
l"indice en uestion est un te%te, m'me si celui-ci est apocrphe, cet
indice a une matérialité dont ne dispose pas le pschanalste le seul
te%te auuel il a a?aire est la parole du patient, et cela n"est pas sans
conséuences @ la conséuence la plus importante, c"est l"emprise de
l"idéoloie historiciste sur la pschanalse, celle-l! m'me ui animait
4reud lorsu"il recherchait, che L’+omme aux loups, les indices de la
réalité de la sc&ne primitive, en étant soucieu% de fonder la
scienticité de sa Heune science, et ui lui faisaient écrire 6 ou #ien
l"analse #asée sur sa névrose infantile n"est u"un tissus
d"a#surdités, ou #ien tout s"est passé e%actement comme He l"ai
décrit plus haut B @ c"est ! cette idéoloie historiciste u"échappe, me
sem#le-t-il, innicott, avec la transitionnalité de la réalité, mais c"est
aussi ce ! uoi échappent aussi, ! mon sens les analstes ui se sont
penchés sur la théorie de l"interprétation @ ainsi Christian Savid note
ue le travail de l"analse ne se propose 6 pas seulement de
déchi?rer les sédimentations déposées par la mémoire, de
recomposer l"ordonnance rompue des traces historiues... mais
*3
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
d’interpréter, pour faire surir dans le proc&s de la cure et dans
l"espace ui le spécie, des vérités ui n"étaient nulle part ailleurs
avant u"elles ne fussent découvertes dans la situation analtiue
par le travail ui les constitue, et u"ainsi 6 l"oreille de l"analste
n"est pas un orane d"audition mais de transformation B.
Cette distinction faite par Christian Savid entre 6 audition B et
6 transformation B, pour évidente u"elle puisse paraJtre, s"oppose
cependant ! certaines théories analtiues selon lesuelles sont
présents d"em#lée, et dans le pschisme humain, et dans la cure,
pulsions, fantasmes, o#Hets, #ons ou mauvais, tous ceu%-ci se
manifestant alors de fa/on e%temporanée, uasiment réelle. Rr il est
intéressant de constater ue nous avons ainsi évoué trois
conceptions de la réalité pschiue
une réalité perdue, ou cachée, et construite ! partir d"indices
retrouvés, ou d"hpoth&ses nouvelles @
une réalité crééeZtrouvée @
une réalité présente d"em#lée, et ui se donne
immédiatement defa/on intellii#le.
Les deu% premi&res conceptions de la réalité pschiue recoupent
asse e%actement les conceptions de la réalité ue se forent les
scientiues auHourd"hui. La troisi&me conception, asse positiviste,
connaJt me sem#le-t-il, un reain de faveur de nos Hours @ il faut aussi
aHouter ue si cette derni&re conception réit nos rapports ordinaires
au réel, elle est #ien entendu du domaine de l"illusion, et u"en cesens, elle peut-'tre rattachée ! la seconde la réalité creéeZtrouvée<.
L"écoute analtiue fait appel, implicitement, ! ces di?érentes
conceptions de la réalité, ce ui permet de soutenir
u"ha#ituellement, la uestion de la topiue de la réalité ne se pose
pas ha#ituellement ! l"analste, sauf dans une opération
métacliniue ui est l"écoute de son tpe d"écoute0, o^ dans certains
**
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Introduction. La réalité, entre traumatisme et histoire
moments d"6 inuiétante étraneté B dont les paes de cet ouvrae
apportent de nom#reu% e%emples.
*5
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Chapitre 1. Le trauma : de la commémoration à
l’élaoration
6 4ace ! sa douleur pschiue, ! ses divisions internes, au%
traumatismes universels et personnels ue lui a apportés la vie,
l"homme est capa#le de créer une névrose, une pschose, un #ouclier
caractériel, une perversion se%uelle, des r'ves, des Wuvres d"art, et
des maladies pschosomatiues B @ c"est ainsi ue Moce Oe Souall
décrit les destins possi#les de cet 6 artiste de lui-m'me B0 u"est
l"'tre humain, lorsue la sou?rance sollicite ou dé#orde ses
capacités d"éla#oration. Les histoires de cas ui suivent envisaentuelues unes des modalités de ces destins.
istoire d"Ivan
Ivan a 1 ans lorsu"Anna, sa m&re, me demande de les recevoir
l"un et l"autre. +uelues semaines apr&s, He vois Anna. 7eule au
moment de lever Ivan, ce mercredi matin, pour venir ! leur rende-
vous, elle s"est aper/ue ue son ls avait une forte &vre. 6 C"est une
anine B, a-t-elle pensé, et elle est venue me raconter son histoire
Ivan est le second de trois ar/ons. L"aJné a ( ans de plus ue lui,
le puJné 11 mois 1Z$ de moins. Oalré la pro%imité de ces deu%
enfants, Ivan a été, sem#le-t-il, tr&s investi par sa m&re 6 Se mes
trois enfants, poursuit-elle, H"ai touHours pensé u"Ivan serait le plus
facile, celui ui poserait le moins de pro#l&mes @ il était rieur, Houeur,
cFlin, dodu He le prenais touHours contre moi et l"em#rassais B.
*(
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
Comme Anna travaille, elle a, ! domicile, depuis la naissance d"Ivan,
une Heune femme ui s"occupe des enfants, et ui elle aussi
aime #eaucoup Ivan. Anna e%erce une profession ui lui permet de
#énécier des vacances scolaires, aussi, pour ces vacances de
printemps ui commencent Ivan a alors deu% ans et demi la
nourrice demande, comme ! l"accoutumée, si elle doit revenir tel
Hour c"est-!-dire tel Hour apr&s les vacances.
6 Me lui ai répondu de fa/on am#iu, poursuit Anna @ H"ai dit ]/a
ne sera pas nécessaire, la Heune femme a entendu cela comme si
elle était conédiée et n"est Hamais revenue B. Anna n"a rien fait pour
la détromper. Glle n"avait sans doute pas envie u"elle revienne @ de
toutes fa/ons, la dame était fFchée. Fien de tout cela ne sera dit à
van.
Anna me raconte tout cela avec précision et retenue, compris les
crises d"épilepsie ui surviennent 18 mois plus tard pendant les
vacances scolaires de Vol, et ui sont d"em#lée ravissimes on
hospitalise Ivan, on craint pour sa vie, on le sauve, enn. Ce sera
Anna désormais ui s"occupera seule de lui. Gt depuis, chaue
année, ! l"approche des vacances de Vol, les crises aumentent en
fréuence et en intensité. Se ce départ de la dame et du dé#ut de la
maladie d"Ivan, H"aurai aucun autre récit. Se ces 18 mois ui
séparent les deu% périodes de vacances, He ne saurai u"une chose
l"été précédent, Ivan se #ainait avec ses fr&res et a tout d"un coup
disparu dans l"eau @ on l"en a sorti tout #leu.
L"enfant randit, tant #ien ue mal, va ! l"école, suit ! peu pr&s.
La scolarité est souvent interrompue par des hospitalisations pour
#ilans.
6 L"an dernier, poursuit Anna, 6uste avant une +ospitalisation, He
l"emm&ne ! la piscine, comme souvent. Il se #aine et sort de l"eau @
le temps de me retourner pour prendre sa serviette, il était au fond.
Il a fallu le réanimer B.
*)
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
Le temps de l"entretien se termine et He donne un rende-vous !
uinaine pour rencontrer Ivan ue H"ai, ! ce moment déH!, décidé de
prendre en pschothérapie, notamment parce ue le récit d"Anna
m"avait He reviendrai sur ce point #ouleversé de fa/on tr&s
particuli&re.
5e ne verrai van %ue trois mois plus tard. Krois mois pendant
lesuels il est resté ! l"hDpital entre la vie et la mort. oici ce ui
s"est passé le lendemain de cette rencontre, He re/ois un nouvel
appel d"Anna 6 Ce n"était pas une anine, mais le dé#ut d"une
réaction alleriue violente ! son traitement il a des #rXlures au
deu%i&me deré sur tout le corps et est dans le coma. Il était déH!
tr&s mal uand He suis revenue de che vous, He n"ai eu ue le temps
de le faire transporter ! l"hDpital B.
S&s le dé#ut de la pschothérapie, He vois Ivan deu% fois par
semaine. A la premi&re séparation des vacances de Vol, il me
demande de lui faire un dessin, ! emporter pour penser ! moi, et
pour ue He pense ! lui.
6 7inon, a-t-il dit, He vais me mettre ! trem#loter B. Ce dessindemandé m"a évoué ce u"un autre enfant me rappelait en récitant
Le Getit Grince 6 Apprivoiser, c"est une chose trop ou#liée /a
sinie créer des liens B. Ces liens ui ont manué ! Ivan, ou ui ont
été #risés, nous avons donc patiemment essaé de les tisser
ensem#le.
M"ai déH! dit avoir vécu le récit d"Anna de fa/on toute particuli&re
pendant u"elle parlait, He me suis laissé aller ! une réressiontopiue particuli&rement intense H"avais un agu% d"imaes, liées
au% mots u"elle emploait, mais sur un mode étrane et inuiétant @
H"ai souvent repensé, pour décrire ce vécu, ! ce u"évoue pour moi
la peinture de althus un lieu, des personnaes ue le métier de
peintre permet de voir avec netteté, mais dans la toile, l"action est
suspendue un drame glacé, terrible, sans mot, ou en tout cas sans
afect. Comme suspendu, donc sans cesse renouvela#le, et Hamais
*8
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
achevé @ un monde au del! de l"anoisse le monde de l"e?roi. Oais il
m"a fallu lontemps pour mettre ces mots-l! sur les imaes induites
par les mots d"Anna, ui eu% n"évouaient rien du drame, alors u"ils
disaient clairement la cause du mal d"Ivan la perte de la dame et sa
répétition.
Me pourrais dire, en uelue sorte, ue la précision du récit
d"Anna a provoué en moi une certaine sidération, dont He me dis, en
m"identiant ! Ivan, u"elle peut tout ! fait 0gurer l"e?raction du
pare-e%citation u"il a pu vivre autrefois dans un traumatisme
précoce à deux-temps. M"imaine, en e?et, ue les premi&res
représentations pschiues inconscientes d"Ivan ont été modelées de
fa/on tout ! fait particuli&re par la présence
et son corrolaire l"a#sence de ces deu% femmes, la m&re et la
nourrice, dans la constitution d"une imao maternelle dont la
proHection a été 6 #i-partitionnée B sur les deu% femmes.
C"est ce ue sem#le indiuer un Heu répétitif des premi&res
semaines de la pschothérapie
6 Vous nous occupons l"un et l"autre d"un #é#é prénommé Aline,pour ui nous préparons un repas @ mais ce repas est tantDt trop
chaud, tantDt trop froid, touHours insatisfaisant. Gt Aline n"est pas
contente, elle veut, dans sa col&re, prendre un couteau. Me dois alors
lui donner un #i#eron et elle se calme. Pendant ce temps, Ivan
prépare un nouveau repas mais se #rXle, se coupe, et menace Aline
de se mettre en pétard. Puis nous Houons avec deu% vaches en
plastiue. Ces deu% vaches ont les cornes coupées parce u"elles sedisputent pour savoir ui aura le veau B.
Me pense ue dans cette séance, Ivan s"identie ! Aline, et devant
ces deu% m&res ui se disputent les soins ! lui donner soins
calmants le #i#eron< ou e%citants la nourriture trop chaude ou trop
froide< il se met en pétard et H"entends l! l"e%plosion de la crise,
avec la composante anale survenue dans l"apr&s-coup<.
*9
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
Ainsi les e%citations corporelles intenses, au%uelles Anna a fait
allusion et survenues au cours de la premi&re année de la vie d"Ivan,
ont constitué une premi&re rupture du pare-e%citation ui l"ont
conduit ! l"éta#lissement d"une imae maternelle mena/ante contre
lauelle il s"est défendu par clivae, et proHection sur chacune des
deu% 6 m&res B des aspects 6 #ons B et 6 mauvais B.
Le départ de la nourrice a fait voler cette défense en éclats, et
comme rien n"a été ver#alisé de ce départ, Ivan n"a rien pu éla#orer
de la perte o#Hectale su#ie alors. 7"il s"est permis de donner un sens
! son smptDme, He dirai volontiers ue les a#sences survenues !
l"Fe de uatre ans constituent, étaées sur l"érotisme anal, comme
un éuivalent du Heu de la #o#ine dans leuel, en 6 s"a#sentant B et
en 6 revenant ! lui B il est lui-m7me la bobine, et par lesuelles il
tente de lier l"e%citation traumatiue.
M"illustrerai cette hpoth&se en décrivant la fa/on dont
survenaient les crises c"est le p&re ui o#serve, comme 4reud avait
o#servé l"enfant ! la #o#ine<
6 Ivan est dans un coin, et suce son pouce, il parait r'ver, on nesait pas trop ! uoi, puis il 6 a son a#sence B. +uand il revient ! lui,
il s’est mordu le pouce B.
Gt le p&re aHoute, s"adressant ! moi 6 ous ave vu, il a une
rande #ouche, u"il déforme en su/ant son pouce B.
Avidité, donc, et tout ! la fois retrouvailles et attaue de l"o#Het
perdu, et halluciné sans doute uand il paraJt r'ver.
Me me demande, puisue H"ai comparé les crises d"Ivan au Heu de la#o#ine, s"il n" a pas une correspondance ! éta#lir entre le
mércisme du nourrisson et l"épilepsie d"Ivan$, le premier référant
! l"oranisation orale, la seconde étant fortement teintée d"analité,
ainsi ue l"indiue, ! mon sens, la séuence suivante
6 Sepuis uelues mois, Ivan me propose de Houer au loto, la r&le
du Heu est la suivante He dois commencer le Heu en inscrivant un
5
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
chi?re sur une feuille de papier, lui en inscrit un autre sur sa feuille
et ainsi de suite Husu"! si% chi?res. Puis on fait la somme des
chi?res et celui ui a le plus rand nom#re a ané. ien entendu, si
He commence, Ivan peut aner tout ! loisir, en inscrivant un chi?re
plus élevé ue le mien. C"est ce u"il fait énéralement, ponctuant
ses victoires d"un 6 vachement sadiue, hein U B. Me lui montre u"il
peut aner - ou perdre uand il le choisit. Il arr'te alors le Heu et me
dessine une main dont le pouce est mordu B.
Gnn, dans la perspective d"un rapprochement entre l"épilepsie
d"Ivan et le mércisme, le passae ! l"acte u"elle représente
indiue, par rapport au Heu de la #o#ine, un déaut de s#mbolisation.
Sans cette hpoth&se, H"ai été amené ! penser ue le sndrome
alleriue présenté par Ivan le Hour o^ il devait me rencontrer pour
la premi&re fois est en continuité, dans la linée du désordre
pschosomatiue, avec l"épilepsie ce serait une reviviscence
mortire de la rupture du pare-e%citation dans le deu%i&me temps
du traumatisme. Gt puisue H"ai souvent été, dans le transfert,
6 l"autre femme B, H"ai souvent pensé, ! ce propos, ! la tuniue du
Centaure Vessos, ui #rXlait ! l"en faire mourir, la peau d"éraTl&s,
coupa#le d"avoir délaissé SéHanire, sa femme, pour aimer Iol&0.
LG CA;S GK LG 4RIS
ien, apparemment, ne devait conduire ose ! demander une
analse moderne amaone de 35 ans, elle présente au% eu% de tous
une réussite personnelle et professionnelle apparemment
e%ceptionnelle, du moins si l"on s"en tient au% crit&res du Kemps
#elle, intelliente, indépendante, de l"arent, des talents, un métier
prestiieu% elle est anesthésiste , ose est mariée depuis di% ans
mais n"a pas eu d"enfants 6 par choi% personnel B, a-t-elle précisé.
+uelue chose, cependant, la tracasse et depuis peu elle ne peut
s"emp'cher de vérier, et c"est pour elle, dit-elle encore en riant, un
6eu d’enant, le pouvoir u"elle a de séduire, dans une consommation
inlassa#le, et pour tout dire to%icomaniaue, d"amants u"elle ne
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
arde Hamais lontemps @ le moment de la conu'te est tout
d"e%altation et de triomphe @ vient alors la dépression, le déoXt de
soi, la rupture. Puis une période de calme, d" 6 anest+ésie des
sentiments B précise-t-elle en souriant, Husu"! ce ue 6 /a
recommence B.
Glle m"a encore parlé de ses parents 6 Oon p&re était un homme
#rillant mais lointain, tout ! ses a?aires @ lorsue He le voais, He
sentais #ien u"il ne me supportait pas, ue He le décevais, ue ma
féminité le contrariait @ il n"aimait ue mon fr&re @ maman était
e?acée, déprimée, mais avec elle, H"ai touHours pu parler, elle était ma
condente B. L"analse a mis en évidence dans les premi&res années
un fonctionnement mental tpiuement névrotiue, et ose se
présentait comme une patiente hstériue. Vous aurions pu 'tre l"un
et l"autre satisfaits de notre travail sentiment danereu%, parfois,
dans le métier ui est le nDtre , si un uelconue chanement était
intervenu dans la vie de ose @ certes elle avait éla#oré, dans leurs
comple%ités, sa pro#lématiue Wdipienne, ses théories se%uelles et
sa se%ualité infantile, ses imaos mais rien ne chaneait. Il avait
cependant, disait-elle, des choses dont elle avait +onte, mettant ainsi
l"accent sur une pro#lématiue narcissiue importante, ue
l"hperactivité se%uelle maruait et masuait. Il fallait donc attendre
u"elle pXt m"en parler... ;n Hour enn, un événement e%térieur l"
aida elle arriva ! sa séance, #ouleversée elle venait de voir le lm
de erman Konate d’automne, et ce u"elle avait per/u des rapports
entre cette m&re #rillante et distante et cette lle déprimée le
néatif donc, de ce u"elle présentait de sa m&re et d"elle-m'me
avait été l"occasion d"un ouraan d"a?ects de tristesse puis de
désespoir @ une phrase surtout, d"une des deu% héro=nes, lui revenait
sans cesse en mémoire 6 Oa m&re ne m"a Hamais touchée B @ elle
pronon/ait ces mots, puis, intermina#lement, pleurait. C"est alors
u"apr&s plusieurs séances sur ce reistre, ose, enn, parle de ce
ui est cause de sa honte, et u"elle ne pouvait me dire lorsu"elle
5$
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
faisait son internat, il a uelues années, elle avait été tr&s émue
par une Heune malade de son Fe, uadripléiue ! la suite d"un
accident de moto, et dont, dit-elle, 6 on devinait la détresse
immense B @ elle s"était #eaucoup occupée d"elle, et ce Husue dans
des soins de toilette uotidiens dont son statut professionnel
pourtant la dispensait @ elle avait ressenti, ce faisant précise-t-elle,
un 6 trou#le se%uel B et ! la suite, un vif sentiment de honte.
La vision du lm de erman, le 6 Oa m&re ne m"a Hamais
touchée B et la sc&ne de l"hDpital, ui est évidemment traumatiue
le 6 trou#le se%uel B, la honte, le silence fait sur cette sc&ne< nous
ont permis une construction ! deu% d"une autre scne inantile, dans
lauelle la m&re, déprimée et pho#iue, réduisait au minimum les
soins corporels, et notamment la toilette des oranes énitau% la
Heune uadripléiue, c"était ose elle-m'me #é#é, en pleine
détresse interne. Rn voit donc comment, par le Heu de la coexcitation
li#idinale$1, le smptDme s"était construit
?er temps Kraumatisme précoce lié a la carence de soins
maternels provouant ! la fois e%citation interne et #lessure
narcissiue.
e temps Kraumatisme tardif o^ la sc&ne premi&re est reHouée
dans un mécanisme d"identication ! la malade dont elle s"occupe,
avec la prise en compte de la coe%citation, le 6 trou#le se%uel B étant
l"apr&s-coup de l"e%citation interne provouée par la carence de
soins.
Oarie, elle aussi, collectionne les hommes. Glle a vint ans et estdésespérée issue d"un milieu tr&s aisé, elle a passé son
#accalauréat, apr&s de #onnes études, mais depuis, rien ne va elle
échoue ! tous ses e%amens et concours, alors ue sa sWur aJnée,
dont elle dit u"elle était moins #rillante u"elle au départ, réussit
maintenant tout ce u"elle entreprend. Assise en face de moi, Oarie
paraJt triste, terne, ha#illée sans recherche, néliée m'me.
Pourtant, elle s"est décrite comme #rillante, a mis en avant son
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
pouvoir de séduction. Avec Oarie, il n" a pas de secret, comme avec
ose le 6 #rillant au départ B, c"est pour elle un sentiment précoce
de triomphe elle a eu, ! l"Fe de ( ans, une relation amoureuse
suivie et poussée avec le fr&re de sa m&re, et au cours de lauelle
elle a pu mesurer l"empire et l"emprise u"elle a e%ercés sur cet
oncle et sur les adultes en énéral, puisu"on l"a laissé faire. Glle a
pu, Husu"! la pu#erté, transférer la situation d"emprise triomphale
sur d"autres domaines, notamment le savoir, mais la remise enHeu,
apr&s une latence, imparfaite, des con>its infantiles et des avatars
d"identications dont on devine le caract&re pro#lématiue, l"ont
précipitée dans un vécu dépressif rave, ui lui a fait demander une
analse. Me n"entrerai pas dans les détails de cette analse, si ce n"est
pour mentionner deu% choses ui me paraissent capitales
Oarie ne sait pas u"elle a vécu le premier temps
traumatiue la relation avec l"oncle en partie comme un
triomphe, une réussite phalliue a#solue. ien au contraire, elle
présente ce premier temps comme étant la cause de sa dépression
actuelle, ce ui ne peut 'tre considéré ue comme partiellement
vrai.
Glle ne sait pas davantae ue sa dépression actuelle est liée
en partie ! l"impossi#le deuil de ce triomphe premier, ui lui fait dire
en uelue sorte 6 Me ne veu% pas d"autre réussite ue celle-l!. B
C"est ce reistre-l! ui est mo#ilisé, lorsu"elle collectionne les
hommes. Gn somme, la dépression de Oarie est une dépression
mania%ue et il lui faudra des années pour le découvrir.
L"éuili#re insta#le de l"oranisation pschiue de Oarie se rompt
apr&s le #accalauréat, e%amen dont, on peut le rappeler, l"une des
dénominations en allemand est FeiprMung l"e%amen de maturité,
pour
Oarie, l"apr&s-coup pu#ertaire ne peut prendre sens de maturité,
puisue le caract&re particulier de la se%ualité infantile Dte, dans
l"avant-coup, tout sens ! l"apr&s-coup de la se%ualité postpu#ertaire.
5*
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
Rn comprend #ien, d&s lors pouruoi Oarie, comme ose, est
dans la recherche et la réalisation compulsive de succ&s
érotiues masculins elle rép&te et vérie l"illusion de son pouvoir
phalliue oriinel dans la séduction, faute de pouvoir étaer sa
se%ualité adulte sur une sexualité inantile aut+enti%ue en attente de
devenir et de sens Ndipiens.
ose, Oarie ont été en analse avec moi pendant la m'me
période, et H"ai eu souvent ! ré>échir ! leurs histoires sinuli&res,
autour de deu% points
Le traumatisme et l ’aprs-coup
a) Pour l"une et l"autre, la notion de traumatisme précoce etpour reprendre la terminoloie de M. ereret 6 désoranisateur Bb
me paraJt devoir 'tre retenue comme centrale pour ose le
traumatisme intervient par déaut d"e%citation e%terne et est vécu de
fa/on interne sur le mode de l'excs d"e%citation, tandis ue pour
Oarie l"e%c&s d"e%citation e%terne conduit ! la dépression actuelle
vécue su#Hectivement sur le mode du manue d"e%citation interne.
b) L"apr&s-coup est donc vécu, par l"une et par l"autre, de fa/onparticuli&rement paradoxale
pour ose, le manue d"e%citation oriinaire est vécu comme
un e%c&s, du fait de la coe%citation et conduit secondairement ! des
airs dans lesuels l"e%c&s d"e%citation est suivi d"un mouvement
dépressif intense vécu comme secondaire, alors u"il est premier @
pour Oarie, l"e%c&s d"e%citation oriinaire et le vécu de
triomphe maniaue ui s"en est suivi ont été secondairement aumoment de la 6 maturité B< interprétés comme un manue manue
de latence, de se%ualité infantile, authentiue, c"est-!-dire en attente
de réa?ectation de sens<.
Il a eu, pour l"une et pour l"autre patientes, un temps
traumatiue premier o^ le non-respect de leurs besoins en tant %u
’enant a été cause d"une #lessure narcissiue importante, et un
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
apr&s-coup dans leuel le premier temps a été réinterprété, du fait
des activités de liaison comme un temps de plaisir li#idinal, et
assimilé par le Ooi. Il a enn un troisi&me temps pro#a#lement
postpu#ertaire dans leuel le premier et le deu%i&me temps ne sont
plus distinués l"un de l"autre c"est l"éclosion du traumatisme
paradoxal dans leuel la situation traumatiue est vécue à la ois sur
le registre de la blessure narcissi%ue et de l’excitation libidinale @ ce
traumatisme parado%al conduit le patient, le plus souvent dans le
m7me temps, et parfois m'me au cours d"une m'me séance, ! un
dou#le mouvement, dépressif et maniaue, di?érent dans ses
manifestations et dans sa en&se de la défense maniaue des auteurs
Tleiniens.
Le traitement
Pour l"une et l"autre patientes, la cure a nécessité l"éla#oration
lente et prudente de la dialecti%ue du sexuel et du non-sexuel, du
point de vue de leur histoire personnelle il s"est ai de réa?ecter !
chacune de ces deu% dimensions ce ui lui revenait en propre. ;n tel
énoncé impliue une conception de la prise en compte dans le
maniement de la tec+ni%ue, de ce ui est de l"ordre du 6 se%uel B et
du 6 non-se%uel B. Me me propose maintenant de revenir en détail sur
ces deu% a%es de ré>e%ion traumatisme et apr&s-coup @ traitement<.
Le traumatisme et l"apr&s-coup
;ne clarication s"impose avant tout autour de la notion de
traumatisme actuellement, en pschanalse, deu% lines de
références peuvent 'tre déaées l"une dénie par 4reud dans &u-delà du principe de plaisir, selon lauelle le traumatisme est 6 une
e%périence d"a#sence de secours dans les parties du Ooi ui doivent
faire face ! une accumulation d"e%citations, u"elle soit d"oriine
externe ou interne... B L"autre, acceptée par de nom#reu% auteurs, et
actuellement tr&s en voue, est issue des conceptions de 4erenci,
telles u"elles apparaissent, par e%emple dans cette note du *
novem#re 193$ déH! citée$$ ui met l"accent sur la réalité du
5(
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
traumatisme plutDt ue d"admettre la défaillance réelle de
l"environnement, le suHet, pour préserver, sauver l"imae de parents,
6 idéalement #ons B, interpr&te le traumatisme réel comme une
création de son pschisme, et disualie ainsi la réalité de ses
perceptions, et donc son pschisme. Rn voit ! uel point la line de
tension e%istant entre La Beurotica O et &u-delà du principe de
plaisir est ici encore vivace et féconde il faut aHouter ue la notion
de 6 névrose traumatiue B entretient l"am#iu=té autour de la
uestion de la réalité du traumatisme ainsi ue l"ont remarué
Laplanche et Pontalis dans leur 1ocabulaire de la ps#c+anal#se.
Par rapport ! cette uestion, une position non e%clusive me paraJt
pouvoir 'tre adoptée il me sem#le ue la dichotomie entre
l"événement traumatiue 6 réel B enfance particuli&rement
6 maruée par des événements B tels ue déc&s d"un des parents,
séduction par un adulte, etc.< et l"événement traumatiue
strictement déni d"un point de vue économiue ne tient pas, du
point de vue de la théorie pschanaltiue et de la théorie de la
pratiue. Kout événement réel, uel u"il soit, est cause d"une
e%citation pschiue ui, du fait de la coe%citation, est vécue sur le
mode li#idinal, ! condition ue cet événement #ouleverse de fa/on
su?isamment importante l"homéostasie de l"appareil pschiue. Cela
est #ien sXr évident pour ma seconde patiente, Oarie, mais cette
constatation me paraJt plus intéressante en ce ui concerne ose
pour elle, [événement traumatiue est un non-événement, un
%uel%ue c+ose %ui ne se produit pas, du fait de la pho#ie maternelle
une e%citation 6 insu?isante 6 Y==Ka surface cutanée. Gn d"autres
termes le pas asse de stimulation réelle< est cause du trop
die%citation pschiue.
Su point de vue de la théorie de la pratiue, H"ai essaé, dans
l"introduction de cet ouvrae d"apporter une contri#ution au dé#at
ui s"était enaé autour du livre de 7. iderman La construction de
l’espace anal#ti%ue autour du pro#l&me de l"historicité H"ai suéré
5)
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
ue nous avons souvent en tant ue pschanalstes, confondu ce ui
est du reistre de l"événement réel, passé, et ce ui est de l"ordre de
l"histoire @ l"histoire n"est pas un en-soi, mais le résultat d"un travail
de liaison entre d"une part des événements passés, tels ue
l"historien peut les saisir a partir d"indices u"il peut assem#ler !
l"aide de di?érentes méthodes par e%emple l"archéoloie, la
siilloraphie ou la diplomatiue<, et d"autre part le présent ui est
le sien. 7i l"on admet cette conception de l"histoire uant ! ce ui est
reconstruit en analse, il n"est plus possi#le d"opposer une
construction 6 mthiue B, et une construction 6 réelle B historiue.
ien au contraire, He pense ue si l"activité de l"historien est une
activité de liaison et d"éla#oration de représentations sur ce ui s"est
autrefois passé, alors nous faisons un travail d"historien, et nos
patients avec nous.
Cela étant posé, il me parait intéressant de ré>échir ! nouveau
sur les pro#lématiues di?érentes de ose et de Oarie on a vu ue,
pour l"une, un manue d"apport de simulations venant de l"e%térieur
avait été cause d"un agu% d"e%citation interne non liée, tandis ue
pour l"autre, l"e%c&s d"e%citation avait, pour la part assimilable pour
le oi, conduit ! un vécu de triomphe narcissiue, mais aussi
li#idinal, tandis ue pour la part non assimilable par le oi, il avait
provoué une #lessure narcissiue considéra#le. Ainsi, puisue la
métaphore du pare-e%citation dont l"e?raction est caractéristiue de
la situation traumatiue est celle de la couche protectrice de la
vésicule vivante, ou mieu%, comme l"a suéré S. Anieu, de la peau,
il me sem#le u"une métaphore complémentaire pourrait nous aider
! mieu% comprendre ce u"il en est de ces di?érents traumatismes,
et comment les érer du point de vue de la cure. Vous avons ! la
surface de la peau des récepteurs périphériues ui nous permettent
de discriminer le chaud corpuscules de Oeisner< et le froid
corpuscules de rause< @ une e%périence élémentaire de
pschophsioloie nous enseine u"un suHet soumis, les #eux
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
bandés, en un point de la surface cutanée, ! un chaud ou ! un froid
intenses, ne peut discriminer l"un et l"autre @ le suHet traumatisé me
paraJt e%actement dans cette situation en l"a#sence de
représentation ui lui permette de lier l"e%citation interne produite
par la situation traumatiue, celle-ci n"est pas %uali0ée, uelle u"en
soit la source e%terne carence ou sur-stimulation< et est vécue
su#Hectivement dans l’aprs-coup sur le reistre du trop d"e%citation.
Sans les termes de cette métaphore, un traumatisme 6 froid B, tel
celui vécu par ose, est décrit par la patiente comme 6 chaud B pour
la part de l"e%citatipr[assimila#le par le Ooi du fait des activités de
liaison, et comme < 0froid 6Zdu fait de la #lessure narcissiue
constituée par l"inadéuation ae\ia0réponse maternelle ! ses #esoins
d"enfant, tandis u"un traumatisme 6 chaud B, tel celui vécu par
Oarie et ualié de la m7me aPon par la patiente chaud et froid.
Gn somme
le premier temps du traumatisme est pour l"une et l"autre
patientes
caractérisé par le non-respect de leurs #esoins en tant u"enfantset cause l"atteinte narcissiue c"est le no#au roid du traumatisme
non assimilé par le Ooi @
le deuxime temps est un temps de se%ualisation du premier
temps traumatiue, et c"est fait di?éremment pour chacune des deu%
patientes. La m&re de ose, en évitant le contact avec les oranes
énitau% de sa lle, les lui a désignés ps#c+i%uement comme Eone
érogne, et comme support d"un con>it interne de tpe e%iencespulsionnelles Z interdit surmo=ue<, tandis ue dans la relation
incestueuse avec son oncle, Oarie a pu aussi vivre uelue chose de
l"ordre d"un investissement o#Hectai, mais il s"ait dans les deu% cas
d"une se%ualisation ratée de la pulsion. Ce deu%i&me temps constitue
no#au c+aud du traumatisme @
le troisime temps. ui me sem#le intervenir apr&s la pu#erté,
constitue le tfaumatisme paradoxal constitué de ces deux no#auxsans
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
u"il soit alors possi#le de les distinuer l"un de l"autre le 6 séduc-
tion-Heu d"enfant B et 6 l"anesthésie des sentiments B de ose en est
un e%emple asse éclairant<.
Gn fait, en reprenant, dans la perspective de ce travail, divers
écrits et e%posés cliniues ue H"avais entrepris ces derni&res années
! propos de patients 6 traumatisés B, He me suis aper/u ue le
mod&le du traumatisme ! trois temps, avec deu% premiers temps
précoces, s"était imposé ! moi pour chacun de ces cas. Ces deu%
temps précoces, ! propos desuels H"ai évoué le non-respect des
besoins du patient pour le premier, et la se%ualisation de ce premier
temps pour le second me paraissent présenter une homoloie
structurale avec ce ue nous savons de l"étaae de la pulsion
se%uelle. ien ue He ne puisse actuellement soutenir une
démonstration serrée de ce point de vue, H"avancerai l"idée ue ces
mouvements dans lesuels inlassa#lement, et de fa/on répétitive,
certains patients tentent de transformer du traumati%ue (du non-
sexuel) en %uel%ue c+ose de sexuel, témoine d"un échec primaire
des processus d"étaae des pulsions se%uelles sur les pulsions
d"autoconservation, et notamment d"une faillite du 6 dou#le-
retournement B pulsionnel. Sans cette perspective ce serait la mise
en échec, dans la situation traumatiue, de la pulsion d"emprise, ui
interdirait la mise en route du processus d"étaae normal. Peut-'tre
pourrait-on d"ailleurs avancer ue l"essence m'me du traumatiue
c"est la mise en échec de l"emprise$*. Ce point de vue me paraJt en
tout cas devoir 'tre repris et appliué ! un certain nom#re de
situations pschopatholoiues il m"apparaJt ainsi ue les
6 #ricolaes B des scénarios pervers retracent dans leur diversité cet
essai de transformation de 6 non se%uel B en 6 se%uel B, en une sorte
de simulacre d'éta#age de la pulsion sexuelle che des suHets aant
vécu des e%périences traumatiues relativement précoces.
Rn pourrait m"o#Hecter ue l"étaae est, d"un point de vue
énétiue, situé relativement tDt dans le développement de l"'tre
(
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
humain @ cela ne me paraJt ue partiellement vrai. 7i 4reud prend
pour mod&le de l"étaae l"e%emple de la faim et la constitution de
l"auto-érotisme oral, il n"en demeure pas moins vrai ue d"autres
pulsions vont venir s"étaer sur des #esoins d"autoconservation plus
tardifs. S"autre part, le développement par 4reud de la notion de
c+oix d’ob6et par éta#age indiue ! mon sens ue l"idée de rapport
d"étaae entre les pulsions d"auto-conservation précoces et des
mises en Heu pulsionnelles plus tardives n"est pas étran&re ! la
pensée de 4reud. Gnn, il me sem#le ue la cliniue permet de
constater ue les étaaes pulsionnels sont dnamiues et
suscepti#les de désétaaes ou de réétaaes au cours de l"e%istence
d"un suHet et des avatars de ses choi% ou relation d"o#Hets @ cela est
notamment tr&s percepti#le ! l"adolescence et peut se rencontrer
aussi ultérieurement.
Su point de vue du traitement, il me sem#le ue la métaphore
pschophsioloiue ue H"ai emploée nous indiue uelues voies
techniues ue He voudrais maintenant esuisser
La non-ualication du traumatisme par le suHet traumatisé rend
nécessaire dans le travail analtiue une ualication de ce ui s"est
autrefois passé @ ce point de vue au fond es=" asse0pr#che de ce ue
4reud a écrit dans 4onstruction dans l’anal#se 193)<1 6 Ce travail
consisterait ! dé#arrasser le morceau de vérité historiue de ses
déformations et de ses appuis sur la réalité actuelle et ! le ramener
au point du passé auuel il appartient B.
l s’agirait donc d’efectuer unQtravail de construction du
traumatisme, de aPon à permettre son < +istorictKation par le
patient. Oais compte tenu de l"aspect +étérogne du noau
traumatiue, des di?icultés -techniues importantes se posent !
l"analste ! méconnaJtre le no#au roid du traumatisme, l"analste
peut 'tre entraJné ! priviléier la dimension li#idinale mise en avant
par le patient, et ! précipiter ainsi la création d"une pseudo-+#stérie
dont la sta#ilité serait d"ailleurs #ien pro#lématiue$5. Se fa/on
(1
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
smétriue, il me sem#le ue la centration, par l"analste, de son
travail sur le noau froid du traumatisme, donc sur ce ui n"a pas pu
faire l"o#Het de la moindre liaison par le Ooi, ne peut u"accroJtre le
vécu d" Ril=ogis>eit du patient.
a enn une troisi&me di?iculté. M"ai personnellement constaté
u"un des 6 rocs B de l"analse de patients traumatisés résidait en
ceci ! supposer u"évitant l"écueil ue constitue l"analse hFtive du
6 se%uel B et prenant en compte le non-se%uel, l"analste puisse
patiemment réa?ecter ! chacune des deu% dimensions ce ui la
concerne$(, permettant ainsi ! son patient de %uali0er le noau
6 chaud B et le noau 6 froid B de la situation traumatiue, une
di?iculté nouvelle se fait alors Hour. Le patient met en avant l"aspect
traumatiue 6 chaud B d&s ue l"analste intervient sur l"aspect
6 froid B et met au premier plan l"aspect 6 froid B, d&s lors ue
l"analste souline la dimension 6 chaude B du traumatisme.
Avec Oarie, apr&s un lon temps d"analse, nous avions pu
convenir u"elle avait vécu dans la situation incestueuse une
e%citation et un plaisir intenses, et une #lessure narcissiue
éalement intense tant ses #esoins de petite lle n"avaient pas été
respectés le noau froid<. 7ans entrer dans le détail des moments et
des mouvements de cette éla#oration, He dirai ue lorsu"elle put
'tre enn compl&te et reprise en une construction, un mouvement
transférentiel se t Hour uelues semaines plus tard, dans leuel
H"étais tantDt l"analste attentif ! ses #esoins, certainement tr&s
compétent, respectueu% de ses patients, etc., u"elle aimait
#eaucoup, pour leuel elle ferait de la pu#licité, tantDt l"analste
e%citant et ui cherchait ! la séduire. ;n tel mouvement
transférentiel évidemment surdéterminé, était notamment mo#ilisé
par uelue chose de l"ordre d"un clivae imao=ue. Se plus dans
cette situation, H"étais frappé par l"e%tr'me la#ilité de ces deu%
positions transférentielles elles se succédaient, sans ue la patiente
s"en aper/Xt, d"une séance ! l"autre et sans u"il me fXt possi#le de
($
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
les lier, Husu"! ce ue He remarue enn ue H"étais l"analste
compétent et respectueu% de ses #esoins alors m'me ue mes
interventions portaient sur des aspects li#idinau% et o#Hectau%,
tandis ue H"étais séducteur alors m'me ue He savais mon attention
mo#ilisée par sa pro#lématiue narcissiue. Il est #ien entendu
possi#le ue cet aspect du transfert réponde ! une position contre-
trans-férentielle ui l"aurait précédée ou ! une erreur techniue @
mais cela n"e%pliuerait pas la succession e%tr'mement rapide des
deu% positions ue H"avais laissées se dérouler dans une e%pectative
prudente, en attente de compréhension. ;n Hour enn, He risuai
cette intervention 6 ous me dites maintenant ue He suis un #on
analste, m"occupant #ien de vous, alors u"hier H"étais, disie-vous,
un a?reu% analste ne pensant u"! vous séduire @ au fond, uand
vous pense ! moi comme ! un #on analste, l"aspect mauvais
analste n’existe plus pour vous, et de la m'me fa/on uand vous
pense ! moi comme ! un mauvais analste, le bon anal#ste n’existe
plus pour vous S l’un et l’autre ne peuvent exister en m7me temps.
Cette intervention se révéla plus tard mutative. Centrée sur le
clivae de l"imao, elle put 'tre reprise par rapport ! l"oncle et au
p&re , mais aussi et surtout par rapport ! l"événement traumatiue
! l"aide d"une nouvelle construction, et l"analse prit alors un tour
nouveau.
Kelle me paraJt 'tre en e?et dans ces cas de patients traumatisés
une des ressources de l"analste ue de reconstruire patiemment le
6 noau chaud B et le 6 noau froid B de la situation traumatiue
avec de tels patients, nous sommes touHours sur la line de cr'te des
clivaes de l"imao, de l"o#Het, du Ooi<, et c"est ce en uoi nous
sommes fondés ! parler du traumatisme comme étant, dans son
essence, paradoxal @ énoncer le parado%e, interpréter le clivae,
ualier les vécus su#Hectifs du traumatisme, me paraissent 'tre des
lines directrices de la techniue analtiue dans les situations
cliniues ue H"ai évouées.
(3
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
istoire d"Glvire
Lorsu"elle vient demander une analse, Glvire rép&te les
ruptures ruptures de ses études, malré des capacités
indiscuta#les, ruptures sentimentales, ruptures internes du
fonctionnement mental dans de lons passaes dépressifs. Kr&s vite,
dans le décours de sa cure, He remarue l"usae tr&s particulier
u"elle fait du cadre les séances sont occupées par de lons
préam#ules o^ elle parle d"éléments perceptifs concernant la pi&ce
o^ elle se trouve, les variations de l"ordonnancement de ma ta#le de
travail, les #ruits u"elle entend. Puis, sans transition, un r've,
u"elle analse toute seule, le plus souvent avec pertinence, et dont
le sens se%uel est touHours évident. Glle vit d"ailleurs, dans cette
période de l"analse, mais He ne l"apprendrai ue #ien plus tard, le
cadre matériel de celle-ci comme ! ce point intouc+able, u"elle doit,
uels u"en soient les inconvénients, repasser che elle avant de
venir, pour poser tout o#Het un peu trop personnel livres, écrits,
courses u"elle vient de faire. Glle ne sait pas 6ouer, en somme, !
l"analse. M"o#serve, #ien entendu, pendant cette période uelues
éléments #ioraphiues ou transférentiels importants sa m&re, ui
autrefois intervenait intrusivement pour la dé#arrasser de ses
constipations, le r've o^ son analste une femme la menace
d"un sérum de vérité. Kout ceci m"am&ne ! penser ! un traumatisme
dont 6e n 'ai pas alors de représentation précise, si ce n"est autour de
la pensée u"Glvire est 6 intoucha#le B. ;n Hour, alors ue la pensée
ue He devrais lui apprendre ! Houer revient de fa/on insistante,
Glvire arrive ! la séance et me dit 6 en entrant, H"ai remarué ue
vous avie chané de lunettes et ue les lames du store de la fen'tre
n"avaient pas leur orientation ha#ituelle.
moi pour les lunettes, c"est vrai,
elle ce ui veut dire ue c"est fau% pour le store U
moi sur le ton de l"évidence< voil! E B
(*
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
Glvire, sidérée, puis en col&re me fait remaruer, et elle a en un
sens raison, ue 6 ce n"est pas de l"analse B. Puis elle apporte, en
pleine confusion, un matériel essentiel 6 le mot anlais Vihtmare
cauchemar - Viht mare la m&re de la nuit, la reine de la nuit B. ;n
autre opéra de Ooart, Oithridate, ce ui lui évoue la
désensibilisation aux pi%9res d’insectes ui se fait doucement et
prudemment. Puis, enn les cauchemars ue sa m&re lui racontait,
lorsu"elle était enfant, et o^ elle apparaissait br9lée vive.
Cette séance permettra ultérieurement un travail de uration de
multiples traumatismes et de leurs apr&s-coup. 7i H"ai évoué,
#ri&vement, Glvire, c"est pour distinuer, dans la cliniue des
patients 6 traumatisés B d"une part la représentation par le
traumatisme, et d"autre part, la représentation du traumatisme.
La représentation par le traumatisme appartient, le plus souvent,
! l"analste lorsu"un patient manie dans sa cure un matériel dans
leuel des métaphores économiues ou perceptives, ou des indices
perceptifs dominent, nous sommes en e?et amenés ! penser, et
souvent dans l"apr&s-coup d"un air ver#al repéra#le pour nous
comme inha#ituel, donc comme contre-transférentiel, un point
d"e?raction traumatiue autour duuel les contre-investissements du
patients se sont mo#ilisés.
La représentation du traumatisme est le second temps du travail
analtiue dans leuel la fa/on m'me dont les indices perceptifs sont
convoués par le patient, indiue uelles représentations sont
contre-investies ainsi, pour ma patiente, la représentation du cadre
intani#le, décrit par elle comme une chFsse immua#le, contre-
investissait un ensem#le de représentations se%uelles aant trait !
une pénétration anale aressive et destructrice, u"elle masuait
d"ailleurs par le récit et l"auto-interprétation complaisante de ses
r'ves ui donnaient souvent ! voir un contenu anal trop évident.
Vous retrouvons, sur ce point, la tr&s #elle idée de Macueline
7chae?er selon lauelle 6 le ru#is a horreur du roue B
(5
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
6 C"est une pierre ui a#sor#e toutes les autres couleurs du
prisme et
les arde pour elle @ elle reHette le roue, et c"est #ien ce
u"elle nous
donne ! voir B0.
Pour Macueline 7chae?er, le se%uel ue donne ! voir
l"hstériue est
ce ui lui fait horreur dans l"apr&s-coup de la pu#erté,
l"hstériue
refuse, He cite 6 Le sens se%uel suri dans la surprise, menace
venue de l"intérieur, corps étranger interne, désorganisant la ps#c+épar l’impuissance à le contenir, à le déc+arger et à la représenter .
Ainsi, l"hstérie reste l"inde% principal de la uestion du
traumatisme. Cela est vrai pour les histoires cliniues rapportées par
M. 7chae?er @ cela est vrai aussi pour 4a#ienne, une patiente dont
nous parle M. Coumut dans L’ordinaire de la passionCela est vrai aussi
pour Glvire.
Il me sem#le important de revenir sur ce ui apparaJt dans les
travau% de Macueline 7chae?er et de Mean Coumut cette réérence
insistante du percepti, le champ perceptif s"opposant dans les
métaphores ue les uns ou les autres ont emploées, au champ
représentatif.
Cette idée de corps étraner, incontena#le et irreprésenta#le est,
! mon sens, tout ! fait fondamentale et la diversité des travau% ui
ont été consacrés le montre.
4reud d"a#ord dans 8euil et mélancolie He cite 6 Le comple%e
mélancoliue se comporte comme une #lessure ouverte, attirant de
toutes parts vers lui des éneries d"investissement celles ue nous
avons nommées, dans les névroses de transfert, ]contre-
investissements< et vidant le moi, Husu"! l"appauvrir
((
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
compl&tement B$). Il faut rapprocher cette considération du
fameu% 6 L"om#re de l"o#Het est tom#ée sur le moi B.
Il a ainsi, dans 8euil et mélancolie, l"idée d"une ouverture, d"un
vide dans le moi, ui tient lieu, réellement, au sens plein du terme,
d"o#Het et ui, selon les mécanismes décrits dans &u-delà du principe
de plaisir, mo#ilise les contre-investissements
6 Gt ! uelle réaction contre cette irruption pouvons-nous nous
attendre de la part de la vie pschiue U Glle fait appel ! toutes les
chares d"énerie e%istant dans l"oranisme, an de constituer dans
le voisinae de la réion o^ s"est produite l"irruption une chare
énerétiue d"une intensité correspondante. Il se forme ainsi une
formida#le ]contre-chare au pri% de l’appauvrissement de tous les
autres sst&mes pschiues B$8.
Pierre Luuet$9 a développé le concept 6 d"inclusion imao=ue B
en 19($. Le terme est asse parlant et fait référence ! un vide dans
le moi, avatar de la constitution de l"o#Het, paré des caractéristiues
de celui-ci, mais non assimilé par lui, comme c"est le cas dans
l"identication. Luuet rattache la en&se de cette inclusionimao=ue au% états de ten-
sion e%tr'me provoués par les carences de l"environnement dans
les premiers temps du développement du #é#é.
Paul Senis a décrit les caractéristiues de l"o#Het dépressif, o#Het
érié dans le moi, prenant comme dans l"état amoureu% la place de
l"idéal, et incorporé dans le moi en ce %u’il a d’absent ; un peu
comme ces étoiles dont la masse est si intense u"elles attirenttoutes les particules, compris les photons, et ue l"on nomme
6 trous noirs B, l"o#Het dépressif mo#ilise toutes les éneries, tous les
contre-investissements, Le soleil noir de la mélancolie de Verval
prenant alors tout son sens.
André :reen enn nous indiue, dans La mre morteT une
sem#la#le énéaloie 6 Il a eu enTstement de l"o#Het et
e?acement de sa trace par désinvestissement, il a eu identication
()
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
primaire ! la m&re morte et transformation de l"identication
positive en identication néative, c"est-!-dire, identication au trou
laissé par le désinvestissement et non ! l"o#Het B.
Oais #ien entendu, les contre-investissements ne sont pas a#sents
d"un tel ta#leau
6 maintenant le Ooi en vie par la haine de l"o#Het, par la
recherche d"un plaisir e%citant, par la u'te du sens @
ranimer la m&re morte, l"intéresser, la distraire, lui rendre
oXt ! la vie, la faire rire et sourire @
rivaliser avec l"o#Het du deuil dans la trianulation
précoce B3.La mélancolie et la dépression sont ainsi, face ! l"hstérie, l"autre
inde% du traumatisme, et sinent, comme cette derni&re, une
carence représentative :reen est l! proche des analses de
Luuet 0Y6 L"e?acement de l"o#Het maternel transformé en structure
encadrante est acuis lorsue l"amour de l"o#Het est su?isamment
sXr pour Houer ce rDle de contenant de l"espace représentatif B...
6 L’espace ainsi encadré, constituant le réceptacle du Ooi, cerne,pour ainsi dire un champ vide ! occuper par les investissements
érotiues et aressifs sous la forme de représentation d’ob6et. Ce
vide n"est Hamais per/u par le suHet, car la li#ido a investi l"espace
pschiue. Il Houe alors le rDle d"une matrice primordiale des
investissements ! venir. Cependant, si un traumatisme tel ue le
deuil #lanc survient avant ue l"enfant n"ait pu constituer ce cadre
de fa/on su?isamment solide, ce n"est pas un lieu ps#-i c+i%uedisponible ui s"est constitué pour le Ooi B31.
Les auteurs dont H"évoue les conceptions insistent tous sur une
déaillance de la structure encadrante, ou des représentations ui
peuvent s" développer en l0utilisant comme écran représentatif.
C"est aussi vrai pour l"hstérie ue pour la mélancolie et la
dépression, et cela e%pliue ! mon sens le recours des patients ou
des analstes ui parlent d"eu% au% métaphores perceptives la
(8
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
référence au 6 roue B M. 7chae?er< ou au 6 #rillant B ou ! 1"
6 étincelle B M. Coumut< ou au 6 froid B, au 6 vide B, indiue comme
une collusion des caractéristiues phsiues du monde e%térieur et
des caractéristiues des é#auches représentatives che de tels
patients, comme si la #lessure traumatiue faisait communiuer
l"e%teme et l"inteme sur le mode de la réduplication, et comme si la
mo#ilisation du contre-investissement appauvrissait tout le
fonctionnement mental, et en particulier le pré-conscient. Ce défaut
de mise en représentation, aussi #ien che le déprimé ue che
l"hstériue, nous conduit, #ien entendu, ! nous poser la uestion de
l"étioloie commune de cette carence.
Sans son rapport de 19)* au conr&s des pschanalstes de
lanue fran/aise, A. Meanneau a montré ue cette parenté entre
l"hstérie et la dépression était compréhensi#le si l"on admettait ue
la m&re de l"hstériue manuait ! se constituer comme o#Het
d"étaae dans la mesure o^ elle utilisait le corps de son #é#é
comme o#Het auto-érotiue, reHoinant l! le point de vue de Oasud
han1 selon leuel la m&re de l"hstériue est tr&s tDt défaillante par
rapport au% #esoins narcissiues de son enfant. Ce point de vue a été
éalement repris et tr&s nement développé et enrichi par 4.
rette$ @ ces trois auteurs montrent tr&s pertinemment ue la
fonction encadrante de la m&re fait défaut che l"hstériue.
eprenant ces divers développements, Oichel Rd, a, dans son
intervention sur R#stérie et dépression au Colloue de Seauville de
19853, livré de tr&s intéressantes ré>e%ions ! ce suHet. 7ans
reprendre la totalité de son arumentation, He voudrais souliner ue
l"auteur montre ue l"identication hstériue précoce décrite par S.
raunschei et Oichel 4ain*, et dans U lauelle la m&re de
l"enfant redevient amante, lorsu"elle lie les émois
éprouvés au contact de son #é#é ! son désir pour le pénis du p&re
de celui-ci, et est ainsi conduite ! endormir son enfant, est le
(9
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
meilleur arant contre la constitution d"une hstérie ultérieure @ en
e?et, comme le
, 1. Oasud han, La rancune de l"hstériue, in 3igures de la
perversion, :allimard.
$. Su traumatisme... et de l"hstérie 6 pour s"en remettre B, in
VuinEe études ps#c+anal#ti%ues sur le temps, PrivFt, 198$.
3. F3G, tome LI, n 1, Hanvier-février 1985.
*. La nuit le 6our, puf,19)5.
remarue Oichel Rd, ! la suite de S. raunschei et O. 4ain,
6 cette identication hstériue précoce ui se produit che le #é#é
devient le prototpe d"une trace mnésiue inconsciente B.
S&s lors, les conditions sont réunies pour ue soit oranisé un
fonctionnement mental complet, avec des inscriptions ! di?érents
niveau%, sur le mod&le du #loc-note maiue c"est la voie de la
névrose infantile. Che le déprimé comme che l"hstériue, cette
inscription oriinaire manue ! s"oraniser, selon des modalités
di?érentes pour la compréhension desuelles He renvoie au% auteurs
cités. Me veu% simplement souliner ue lorsue cette trace mnésiueinconsciente ne s"inscrit pas oriinairement avec l"identication
hstériue primaire, les répétitions ultérieures ae-setoni-pas.liées !
une trace, mais ! un vide c"est ainsi ue l"on peut, ! mon sens,
di?érencier la fepefJtioiK\de tpe 6 Heu de la #o#ine B, répétition %ue
6e %uali0erai de représentative et ui suppose au fondYla
r'mémorationOu départ de la m&re, d’une répétition diférente, %ue
6’appellerai commémorative3$ c"est cette derni&re ui, dans maconception, serait seule F lier ! l’instinct de mort et ui serait une
sorte de tenant lieu d’identi0cation +#stéri%ue primaire. Me pense
reHoindre ainsi ce ue H"ai évoué plus haut, au suHet du dou#le
aspect du traumatisme
traumatisme oranisateur celui de l"identication hstériue
primaire et ui a#outit ! la répétition représentative<,
)
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Chapitre 1. Le trauma de la commémoration ! l"éla#oration
traumatisme désoranisateur celui ui m&ne ! la répétition
commémorative, dont l"histoire d"Ivan est un e%emple saisissant.<
Cette dou#le distinction recouvre aussi, me sem#le-t-il, ce ue H"ai
évoué de la di?érence entre représentation par le traumatisme et
représentation du traumatisme la premi&re a trait ! la
représentation c+eE l’anal#ste d"une rupture, d"une non-
représentation dans le pschisme de son patient, tandis ue la
seconde a trait ! la représentation d"une discontinuité dans le
fonctionnement mental et souvent par le patient lui-m'me. Cette
deu%i&me représentation est dans le meilleur des cas oriinairement
celle de l"analsant c"est celle ui est ! l"Wuvre dans les 6 théories
traumatiues B des patients, c"est-!-dire les théories de l"oriine de
leur histoire de patient-amené-!-demander-une-analse. Cette
représentation du traumatisme est la seule ui rel&ve du
traumatisme déH! oranisé mod&le 1915< avec un apr&s-coup ui
donne sens ! l"avant-coup et le fait ainsi e%ister comme annonciateur
de l"apr&s-coup. C"est donc #ien évidemment de l"oranisation des
fantasmes oriinaires ue ce traumatisme l! est le arant. La
représentation par le traumatisme est celle ui nous conduit !
penser le traumatisme comme sans apr&s-coup encore advenu, donc
irreprésenté, si ce n"est sur le mod&le de l"e?raction uantitative, de
l"économiue pur mod&le 19$<. La tFche de l"analste n"est-elle pas
alors d"aider les patients, ceu% u"il voit le plus souvent venir
auHourd"hui, ! passer d"un 6 traumatisme deu%i&me topiue ! un
traumatisme premi&re topiue B par le #iais d"un 6 néo-étaae B,
pour reprendre l"e%pression de Macueline Cosnier, et d"une néo-
hstérie primaire ue le cadre de la cure et la référence interne u"il
porte ! son roupe d"appartenance permettent de constituer U
)1
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Chapitre !. Le traumatisme au" fronti#res du r$ve
Il a uelues années, He re/ois l"appel puis la visite de 4rance.
Cette #elle Heune femme d"une trentaine d"années a fait, il auelues années, une analse avec un coll&ue e%périmenté et, dans
son adolescence, une pschothérapie. Glle veut maintenant
reprendre un traitement, mais pas immédiatement une analse.
Assise en face de moi, silencieuse, le reard %é, accroché au mien,
4rance m"e%pliue u"elle a connu dans sa vie des événements
terri#les ui sem#lent avoir réalisé asse e%actement les désirs ui
peuvent ha#ituellement 'tre articulés au sein des fantasmesoriinaires.
7idérée, n"osant plus penser ni désirer, tant la réalité paraJt
réaliser ses vWu% inconscients, 4rance entreprend une analse ui
s"interrompt #rutalement, parce ue son analste, me dit-elle,
6 n"adh&re pas ! la réalité de ce ue H"ai vécu B. Glle a le proHet de
reprendre avec moi mais paraJt disposer d"un espace interne
e%tr'mement réduit elle présente en e?et un état pschiue decollapsus topi%ue33 la rencontre entre réalité ps#c+i%ue et réalité
matérielle, entre antasme et événement, abolit la distinction entre
l’interne et l’externe. C"est la situation traumatiue par e%cellence.
Me réalise ! ce moment pouruoi 4rance ne veut pas, pour l"instant,
s"étendre sur le divan elle a #esoin de arder l"o#Het sous son
reard an de vérier u"il n"est pas atteint par son activité
fantasmatiue. Glle me dira d"ailleurs, lors de l"entretien suivant,
)$
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
u"elle a vu plusieurs coll&ues et u"elle me choisit, moi, pour mon
aptitude ! 6 soutenir son reard B. Me remarue pour moi-m'me le
dou#le-sens de l"e%pression apporter un soutien Z a?ronter la
patiente ne m"annonce-t-elle pas ainsi u"un des enHeu% du travail
commun ue H"accepte d"entreprendre avec elle sera pour moi de lui
montrer une capacité ! survivre pschiuement ! ses mouvements
destructeurs et d"ainsi la soutenir dans l"e%ploration d"un monde
interne dans leuel les dits mouvements ont produit des e?ets
cataclsmiues. Rn comprend, par e%emple, ue dans un tel
conte%te, le r've réalisation hallucinatoire de désir soit tr&s
a#sent du matériel apporté par la patiente. Sans ces conditions, He
propose ! 4rance un travail en face ! face, ! trois séances par
semaine, avec l"idée lorsue ce travail de 6 déto%ication B de la
relation sera avancé, de lui proposer une analse ! uatre séances
par semaine. 4rance est d"accord pour ce protocole. Se tels
aménaements du cadre me paraissent possi#les He ne pense pas
u"on puisse radicalement distinuer dans certains cas travail de
pschothérapie et travail analtiue @ H"a?irme au contraire ue
certains patients ne peuvent 'tre traités d"a#ord u"en
pschothérapie de face ! face, pour éviter les risues d"une perte de
contact dévastatrice, et ue de telles pschothérapies ne peuvent
'tre conduites ue par des analstes @ nous le savons depuis
lontemps ! propos des patients somatiues, mais cela me paraJt
véria#le pour d"autres tpes de patients pour lesuels des risues
de repli autistiue ou de réaction thérapeutiue néative
catastrophiue peuvent 'tre craints. M"ai, pour ces patients,
fréuemment en mémoire, une remarue de M.-L. Sonnet 6 7"il reste
cramponné au postulat de l"étaae naturel du ]traitement sur la
méthode, le pschanalste risue fort de voir son désir d"analse
s"e%aspérer passionnellement au point de lui faire ]préférer la
pschanalse ! son patient et ]reprocher ! celui-ci de ne pas
]proter de celle-l!. innicott a attiré notre attention sur le
)3
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
parado%e du 6 comment cesser pschanaltiuement d"'tre
pschanalste B.
Me me propose donc, dans le présent te%te, d"e%poser uelues
ré>e%ions autour du travail préparatoire ! la cure pschanaltiue
envisaée avec 4rance et, plus particuli&rement, autour de la
uestion du r've con/u comme marueur au sens #ioloiue du
terme du fonctionnement mental.
Les premiers r'ves sont tr&s #refs, marués par des éléments de
réalité dont l"intensité dépasse la conception des restes diurnes
ha#ituels il s"ait de r'ves m'lant les éléments traumatiues au
sens o^ He les ai dénis et des éléments transférentiels l"espace
fantasmatiue ouvert par le r've est aussitDt refermé par la uestion
ui rép&te la situation traumatiue 6 et si le r've était vrai U B.
Il ne s"ait pourtant pas de r'ves analoues ! ceu% u"on peut
rencontrer che des patients fonctionnant en pensée opératoire, au
contraire @ si manue au% r'ves de 4rance une certaine 6 profondeur
de champ B, les personnaes de son histoire s" déploient dans un
conte%te dramaturiue minimal dans leuel il m"arrive parfois de
urer.
Ainsi, d&s les premiers mois de notre travail, 4rance rapporte un
r've dans leuel H"apparais avec tous les déuisements ha#ituels du
r've, comme un personnae séducteur, cruel et danereu%, au
reard vide. Ce détail le reard vide lui évoue le patronme
d"un analste dont les Hournau% ont rapporté récemment la
disparition, en mentionnant u"il mettait en doute, lui, la réalité des
scénarios ha#ituellement rapportés par les patients en analse
iderman. Les associations de 4rance montrent u"autour du
personnae uniue du r've il a une e%traordinaire condensation de
personnaes, de situations, d"événements relatifs ! sa vie @ mais,
pour l"instant, c"est surtout l"un de ces personnaes ui est présent
pour elle Oa%ime, u"elle soup/onne d"un forfait, mais comme c"est
moi ui suis présent dans le r've, ne suis-He pas alors comme
)*
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
Oa%ime, réellement U Cette interroation la conduit ! me poser la
uestion 6 et si c"était vrai U B, ue He reprends au vol, de fa/on
pschodramatiue 6 et si c"était vrai ue He suis moi, Oa%ime et ue
H"ai fait telle et telle chose U B.
La séance ui suit cette intervention est occupée par le récit d"un
r've 6 H"arrive ! ma séance, tout est désordonné, les o#Hets sont
cassés, a#Jmés, #risés, les cadres de travers il a une rande
violence @ seulement, malré cela, il a un espace intouché,
tranuille votre place et la mienne un temps<. M"ai compris ue mon
r've concernait en fait Oa%ime et il faut, en énéral, ue He fasse
coller la réalité et mes pensées. Sans ce r've auHourd"hui, les o#Hets,
les cadres et les imaes u"ils entourent peuvent 'tre malmenés, /a
ne touche pas la réalité de ce ui se passe entre nous B.
Par rapport ! ces r'ves, deu% positions techniues étaient
possi#les
la premire, tr&s classiue, aurait consisté pour moi !
prendre en compte les contenus du premier r've dont H"ai mentionné
l"e%traordinaire condensation @ l"énumération de ces contenus ue Hene puis faire ici, m"apparaissait porter en elle-m'me un caract&re
6 sauvae B tant l"histoire traumatiue de la patiente était
entirement représentée, dans toutes ses composantes @ c"est
pouruoi He me suis a#stenu de suivre cette voie @
la seconde tenterait de dialectiser un élément du deu%i&me
r've les contenus représentatifs mis ! mal cadres #risés,
imaes a#Jmées< et l"espace analtiue demeuré intact d"une part, etune association du premier r've iderman ui vient de mourir et ne
croait pas ! la réalité des scénarios rapportés dans la cure.
Me suppose ue derri&re le manifeste 6 il est mort et ne croait
pas B, la loiue latente est 6 il est mort car il ne croait pas B. Ce
ue la patiente sous-entend ainsi est 6 vous pourrie mourir en
tant u"analste, c"est-!-dire 'tre uitté par moi ! vouloir désiner
)5
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
mes pensées violentes comme des pensées alors ue pour moi, elles
sont maruées du sceau de l"événement B.
M"évoue cette possi#le dialectisation parce ue, du point de vue
de 4rance, deu% propositions pschiues, représentées au moen du
r've, se font Hour successivement
la premire consiste ! dire ue si He n"adh&re pas ! ce u"elle
me dit du poids de la réalité, He mourrai, en tant u"analste, u"elle
me uittera comme le premier @
la seconde permise, me sem#le-t-il, par mon a#stention
interprétative relative, tient dans le second r've 6 les mouvements
internes violents n"a?ectent pas la réalité de notre travailanaltiue B.
La coe%istence de ces deu% propositions pschiues permet
l"émerence d"une position ambivalente authentiue dont la valeur
permet le déaement du collapsus topiue un con>it interne
s"amorce avoir des mouvements internes violents Z conserver l"o#Het
vivant< enaeant, au-del!, les deuils Hamais é#auchés par 4rance.
M"en resterai l! provisoirement, pour la cliniue, apr&s m"'trerappelé, rFce ! 4rance, ue iderman citait Aristote dans la
construction de l’espace anal#ti%ue iderman, 19)< 6 Interpréter,
c"est dire uelue chose sur uelue chose B @ cette séuence permet
de penser, en contre-point ue le silence permet ue uelue chose
soit interprété. Mamais peut 'tre, ne me suis-He ! ce point senti pris
entre deu% propositions ui #ornent l"espace de mon écoute des
r'ves des patients mais pas seulement des r'ves< A un pDle, l"idéeu" 6 analser, c"est dissoudre B. Ce pDle me paraJt ! l"Wuvre dans la
Craumdeutung 4reud, 19<, pour les raisons de démonstration ui
sont celles de 4reud ! ce moment l! @ l"analse ultérieure, par
d"autres, de r'ves rapportés par 4reud dans son ouvrae accentue
cette dissolution pour le dire d"un mot, le r've de l"inHection faite !
Irma nous est aussi famili&rement accessi#le dans ses composants
)(
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
ue l"est la structure intime de la triméthlamine pour le chimiste il
n" a plus de one d"om#re.
A l"autre pDle, 4reud, encore, d"a#ord en 191 6 La plupart des
r'ves vont plus vite ue l"analse, de telle sorte u"apr&s déduction
de tout ce ui est déH! connu et compris, une indication plus ou
moins claire de ce ui était Husue ! ce moment l!, resté
profondément dissimulé demeure encore B @ puis en 19$3 6 Me
pense u"il est tout ! fait #ien de penser, ! l"occasion, ue les
hommes avaient déH! commencé de r'ver avant u"il n" ait une
pschanalse B. L"aphorisme teinté d"ironie de 4reud rappelle ! tous
ceu% ui se déclarent forcenés du travail analtiue ue la gratuité
%u’impli%ue le 6eu reste à ac%uérir et ue le r've, est ! certains
éards, ratuit. Ainsi, dans ce m'me te%te, 4reud évoue 6 ons
nom#re de r'ves ...< intraduisi#les #ien u"ils ne manifestent pas
précisément les résistances ...<. Ils sont compara#les ! des Wuvres
littéraires #ien réussies et retravaillées avec art B. 4reud aHoute ue
ces idées sont utiles comme introduction au% pensées du r'veur
6 sans ue leur contenu m'me entre en considération B.
Rn voit ainsi u"il e%iste une line de tension vive entre l"analse
chimiue du r've et les 6 r'ves intraduisi#les B dont le contenu
m'me n"est pas pris en considération par l"analste @ on retrouve
trace de cette line de tension dans la note de la Craumdeutung
6 Rn a trop souvent confondu le r've avec son contenu manifeste @ il
faut se arder ! présent de le confondre avec ses pensées latentes B.
4reud, ! mon sens désine l! un écart entre le manifeste et le latent,
mettant ainsi en arde contre la surinterprétation du r've, et
rappelant sans doute le 6 point o#scur B, 6 l"om#ilic B du r've.
7uivons un instant cette hpoth&se dans sa préface au te%te de
191, 6 7ur le r've B, S. Anieu rappelle ue du point de vue
théoriue, 6 ;#er den Kraum B n"apporte u&re u"un concept
nouveau, celui de dramatisation, processus pschiue ui s"aHoute !
))
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
la condensation et au déplacement, pour e%pliciter le travail du r've.
Ce concept est cité deu% fois par 4reud
une premi&re fois 6 A cDté de la transformation d"une
pensée en une situation ]la dramatisation, la condensation constitue
le caract&re le plus important du r've B @
une deu%i&me fois 6 la sm#oliue du r've< fournit au
travail du r've le matériel u"il utilise pour la condensation, le
déplacement et la dramatisation B.
7i pour 4reud, dans la condensation, 6 chaue élément du
contenu du r've est surdéterminé par le matériel des pensées du
r've... l"analse rév&le encore un autre aspect de la relationcomple%e entre contenu du r've et pensées du r've... une pensée du
r7ve est remplacée par plus d’un élément du r7ve @ les ls associatifs
ne converent pas simplement des pensées du r've au contenu du
r've, mais se croisent et s"entre-tissent fréuemment en chemin B.
Kisser une toile @ croiser des touches de pinceau% 4reud nous invite
! penser ici le déploiement de la sc&ne de représentation du r've.
Oais dans / &brégé de ps#c+anal#se 1938<, il en va autrement dans le chapitre 6 A propos de l"interprétation des r'ves B<,
reprenant la uestion de la condensation, 4reud écrit u" 6 il advient
fréuemment u"un élément uniue du r've manifeste représente
une uantité de pensées latentes de ce r've comme s"il faisait
allusion ! toutes ! la fois et le r've manifeste est e%tr'mement
a#réé par rapport au% matériau% si a#ondants dont il est issu B. Kel
était #ien entendu le cas pour le 6 r've de Oa%ime B fait par 4rance.La sc&ne de représentation du r've est réduite par le 6 trop de
condensation B @ elle se déploie au contraire dans le r've suivant la
r'veuse peut faire l"inventaire de représentations 6 mises ! sac B,
tandis ue l"espace de ces représentations est intact dans la pi&ce.
Peut-'tre pouvons-nous alors penser ue l"espace représentatif du
r've est suscepti#le de pulsations (expansion ou rétraction), en
référence ! la conception récemment développée par M. Cournut
)8
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
d"une 6 vie pschiue comme une constante pulsation liante et
déliante dans lauelle le uantitatif est le ]vérita#le maJtre du Heu B.
Me pense ue ce Heu d"e%pansion ou de rétraction de l"espace
du r've est lié ! la condensation ui résulte d"une 6 action
simultanée de toutes les forces ui interviennent dans la formation
du r've B.
Cette uestion de la variation d"intensité dans la condensation,
telle u"on peut la rencontrer dans les récits de r'ves de patients,
peut 'tre comprise en référence au fétichisme @ il s"ait l! d"une idée
ui peut paraJtre surprenante, mais He pense u"un certain nom#re
d"aruments peuvent 'tre avancés, et notamment des travau% de
coll&ues de rande renommée
Mean :uillaumin, dans son intervention au 3*e Conr&s des
Lanues omanes en 19)*, a suéré ue le r've, 6 de par la place
sinuli&re u"il occupe dans le champ de la conscience viile... et de
par< sa structure représentative ! dominante visuelle, ... est<...
éminemment apte au destin fétichiste B @
Mean-ertrand Pontalis 19)3< a développé l"idée ue l"o#Het dur've 6 peut fonctionner comme fétiche mental B.
Me voudrais souliner, pour ma part, ue le caract&re visuel est
une condition nécessaire mais non su?isante de la constitution d"un
fétiche. Rr, en relisant le rapport de A. Lussier au *$e Conr&s des
Lanues omanes 198*<, He me suis aper/u ue l"auteur avait écrit
ue le fétiche
r
triomphe de la castration,
prot&e de l"homose%ualité,
dispense de l"aressivité hostile tout en l"e%pliuant,
#loue l"acc&s au% #lessures du corps,
dénie la désintération fécale,
prot&e contre l"anoisse de séparation,
)9
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
donne le sein et pleine possession de la m&re,
permet l"illusion sur soi.
O'me si une telle énumération pose pro#l&me, elle a le mérite de
montrer ue le fétiche est la résultante d"une e%traordinairecondensation de contenus latents. Oais il a plus. Au cours de ce
m'me conr&s, 7. A. Mosserand, en reprenant des développements
antérieurs de osolato, souline avec #eaucoup de pertinence ue le
patient de 4reud de 19$) celui ui avait érié comme condition du
fétiche un certain #rillant sur le ne glanE au der Base op&re
par le #iais d"une condensation et d"une transformation de
représentation de mot en représentation de chose, 6 hallucinée,
comme dans le r've B on se rappelle en e?et ue, pour ce patient
#ilinue le WlanE #rillant< renvoait au Wlance reard< Mosserand
su&re u"on peut, outre la série Wlance-WlanE-Wlans - :land
soulinée par osolato, distinuer une autre série Vase-nose-son-
sun-sonne-7ohn et u"ainsi 6 il e%iste une identité entre le #rillant et
ce ui #rille, entre celui ui rearde et le ls et éventuellement entre
le ne et le land B ...< 6 le étic+e prend alors valeur de
condensation B.
Le caract&re fétichiue de l"hpercondensation du r've est #ien
entendu, contenu dans le 6 et si c"était vrai U B de la patiente ue
H"évouais tout ! l"heure et ui tentait ainsi de réduire au éel
l"espace interne ouvert par le r've. A l"opposé le second r've de
4rance lui a permis, du moins He le suppose, de penser en reardant
mon #ureau 6 heureusement, ce n"est u"un r've B.
Apr&s avoir r'vé sa position am#ivalente, et ! l"a#ri de son r've,
4rance peut se livrer, au moment des vacances de Vol, donc apr&s
une nouvelle séparation, ! une 6 crise du mauvais o#Het B He ne la
comprends pas, He suis défaillant @ elle se sent tr&s aressive ! mon
éard @ elle se rappelle de tels moments de son analse précédente @
une fois, son analste lui avait dit 6 pouruoi ne pouve-vous rien
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
arder de #on de ce ui se passe ici U B 6 C"était stupide, me dit-elle,
/a ne voulait rien dire... B. M"interviens alors
6 M"aurais dit plutDt ]pouruoi ne pouve-vous arder %ue le
mauvais U Cette formulation, lonuement ré>échie, avec sa forme
conditionnelle, propose la m'me structure sémantiue ue
certains Heu% d"enfants ]alors H"aurais dit, ou H"aurais fait, etc.< @
H"insiste éalement sur les di?icultés de la patiente a introHecter un
#on o#Het @ ma formulation ]ne arder ue le mauvais se réf&re
implicitement au% analses su#tiles de P. Luuet ]lorsue la
frustration apparaJt et lorsue l"introHection se fait, dans une ]crise
de mauvais o#Het, ...< l"anéantissement interne, la douleur, le
sentiment de perte de sécurité, la tension réactivée ...< ont
maintenant envahi l"o#Het-Ooi ! l"intérieur et provouent l"anoisse.
A l"e%térieur, l"aressivité prend une direction centrifue vers l"o#Het
réel sous forme d"une crise de déchare coléreuse B0.
+uelue temps apr&s 4rance apporte un nouveau r've. Sans ce
r've, un voleur s"est introduit che elle et s"intéresse ! plusieurs
o#Hets lui venant de ses parents disparus. 7ans entrer en détail dansle récit de ce r've, He mentionnerai simplement ue 4rance se rend
compte ue ce r've fait référence ! son lien au% o#Hets perdus @ c"est
pouruoi He n"interviens pas. Oa non-intervention prudente lui
permet, la séance suivante, de revenir au r've et de fa/on tr&s
particuli&re, puisu"elle me dit 6 H"avais ou#lié, ! propos de ce r've,
un détail important tout en aant peur ue le voleur me déro#e les
o#Hets au%uels il s"intéressait, H"étais prise d"une peur plus rande
encore u"il ne trouvFt d"autres o#Hets au%uels He tiens #eaucoup
et ui appartenaient ! ma m&re B.
Me n"avais donc rien trouvé, la fois précédente, et elle me
permettait de poursuivre ma visite. L! encore, He ne dis rien 4rance,
en 6 ou#liant B de me raconter la seconde partie de son r've, l"avait
mis en acte dans la séance 6 et si vous étie réellement le voleur B,
sem#lait-elle penser...
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
Au cours de l"échane ! propos de ce r've et sur une remarue de
ma part, 4rance a un #ref moment d"anoisse 6 tout sem#le se
déro#er en moi B.
emaruant pour moi-m'me la polsémie du terme 6 déro#er B$,
H"interviens en Houant
6 Me ne suis pas un voleur E He choisis consciemment la
formulation en dénéation elle me permet une mise en sc&ne
pschodramatiue de l"interprétation selon lauelle le voleur du r've
c"est #ien moi, dans le transfert mais pas moi en réalité meZnot me< @
on notera ici le chemin parcouru depuis ]et si c"était vrai ue He suis
moi, Oa%ime. Le Heu est plus direct, plus en contact, alors ue le
procédé la mise en sc&ne pschodramatiue en est le m'me.
4rance éclate de rire ]He sais #ien, ue vous n"'tes pas le
voleur E B
+ue le r've soit sous le sine de l"Gros ...< n"est pas ! mettre en
doute, mais il faut compter avec les dé#oires, les ratés et les échecs
rencontrés au cours du travail oniriue. ...<.
6 Il a lieu surtout de considérer les r'ves ...< comme lesrésultantes d"un com#at entre une tendance ! la déliaison ...< et une
tendance ! la liaison B. Cette profonde remarue de Christian
Savid3* enae la uestion de la pulsion de mort de fa/on centrale,
en écho avec les termes maistrau% de Mean Laplanche 19)< le
r've et son om#ilic ne seraient-ils pas situés en un point de
croisement, 6 en cet étrane chiasma, dont successeurs de 4reud,
nous commen/ons ! déchi?rer l"énime B$ et o^ en liaison etdéliaison, processus primaire et processus secondaire, Ooi et
se%ualité, Gros et Khanatos, nuitamment, se rencontrent U Il me
sem#le, en tout cas ue l"histoire cliniue suivante en témoine.
:il#erte a 35 ans lorsu"elle commence son analse 6 c"est ma
derni&re chance B, dit-elle. Glle a connu Husue l! un 6 parcours
pschiatriue B classiue dépressions ! répétition, pschothérapies,
traitements médicamenteu%. Glle sou?re depuis son enfance, mais
8$
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
comme d"autres sou?rent en silence, :il#erte sou?re en triomphe
elle a eu, enfant des relations se%uelles avec un oncle paternel. Ce
secret, dont elle retire ! la fois plaisir, e%citation et culpa#ilité,
souhaitant chaue Hour l"avouer ! sa m&re, et en remettant chaue
soir l"aveu au lendemain, elle le partae toute une année avec son
oncle comment ferait-elle autrement U L"oncle lui dit u"elle est elle
seule aimée par lui et ses parents ne voient rien...
+uand ! 19 ans, :il#erte voit mourir son rand-p&re maternel,
elle uitte le domicile de ses parents et va vivre che sa rand-m&re,
couchant ! la place de son rand-p&re. C"est ! ce moment l! u"elle
se déprime.
Petite maJtresse de son oncle, :il#erte n"a Hamais pu éla#orer de
position Wdipienne et ses 6 préludes ! la vie fantasmatiue B
oranisés sous de #ien inuiétants auspices, dont un r've des
premiers temps de l"analse porte témoinae
6 M"ai devant les eu%, une 6 masse de chair informe B, H" mords
sauvaement, comme une canni#ale @ au m'me instant, He sens une
odeur caractéristiue, celle de la lampe erer de mon enfance, et 6eme réveille.
2chec du r've, donc, et comment s"en étonner, devant la non
oranisation fantasmatiue u"il rév&le U 6 masse B, 6 informe B,
6 odeur B nous sommes dans le domaine de la perception, de /
+allucination d’une perception non-organisable en représentation
fantasmatiue1. eureusement :il#erte, et peut-'tre parce u"elle a
été protéée de la pschose par cette relation avec son p&re, disposepour elle d"une représentation fantasmatiue essentielle, celle de la
représentation de l’absence de représentation dans un r've, u"elle
apporte au cours de son premier mois d"analse, elle se voit ha#illée
d"une Hupe ample, la t'te entourée d"un tur#an roue sous le
tur#an, la t'te est vide et sous la Hupe, ni Ham#es ni se%e, mais une
structure métalliue, 6 comme une cae ! oiseau B...
83
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
Ce r've annonce ce dont il va 'tre uestion au cours de uine
premiers mois d"analse la construction et la reconnaissance d"un
fantasme oriinaire, ! travers un autre r've o^ il est uestion
d"oiseau%.
L"avant-coup de ce fantasme est constitué par deu% souvenirs-
écran apportés Huste apr&s le r've du tur#an.
Premier souvenir 6 M"avais * ans, et dans la Hournée, H"étais
ardée par une voisine ui avait d"énormes varices au% Ham#es @ un
Hour, He Houais a l"inrmi&re, et lui piuais sadiuement les Ham#es
avec un craon, elle m"a dit en riant He vais le dire ! ton p&re E... et
elle l"a dit... mon p&re, furieu%, m"a donné une énorme fessée, et H"ai
fait pipi dans l"escalier. Geut 7tre était-ce %uel%ue c+ose de sexuel U
Seu%i&me souvenir 6 Gnfant, mes parents m"avaient emmenée
voir les ?@? 8almatiens de alt Sisne, et H"avais été terrorisée par
cette femme, Cruella, ui voulait prendre la peau des petits chiens...
7ouvent, le soir, seule dans mon lit, et au moment de m"endormir, He
pensais ! ces petits chiens noirs et #lancs, et ! cette femme terri#le,
H"avais tr&s peur... et He pensais aussi ! ma m&re, ! ui He n"osais direce ui se passait avec mon oncle, et He me sentais tr&s coupa#le. B
Le premier souvenir m"avait sem#lé de #on aloi @ :il#erte posait,
! travers ce scénario dans leuel on assiste ! un retournement
pulsionnel actifZpassif< et ! un chanement d"o#Het piuer la
voisineZ'tre #attue par le p&re<, la uestion de ses désirs 6 est-ce
moi ui suis allée chercher les caresses de mon oncle U Gst-ce moi
ui me suis, en enfant toute puissante, arranée pour 'tre#attue... U B +uelues séances plus tard, elle éla#orera ce souvenir
de la fa/on suivante 6 He me suis mise en position d"'tre comme un
homme actif avec ma voisine, utilisant mon craon comme une
serinue. Peut 'tre un pénis U Gn tout cas mon p&re en me #attant,
m"a ramenée ! ma position de lle B... Kout ! coup, donc, et alors ue
ses premiers mots sur le divan avaient été 6 He ne me suis Hamais
8*
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
intéressée u"au% relations a deu%, :il#erte évoue une situation
trianulaire authentiuement Wdipienne.
Le deu%i&me souvenir m"avait évoué #ien sXr les fantasmes
6 cruels B de l"enfant 6 voulant la peau B des #é#és ue les parents
sont en train de faire...
oici maintenant les séances dans lesuelles se situe le r've dont
He souhaite parler, et ui témoinent d"un dé#ut d"éla#oration du
traumatisme
6 Me pense ! deu% choses en m'me temps hier, H"ai pensé ! vous
comme ! une m&re dont H"ai #esoin ]heureusement u"il est l! E
S"autre part, He constate ue mes désirs se%uels se ravivent... et ue He me sens Halouse des autres femmes ue vous écoute... ous alle
partir en vacances... H" pense pour la premi&re fois... H"ai fait un r've
curieu% M"étais avec un pschanalste, et nous allions visiter un
appartement d"un rand chirurien ophtalmoloiste au% eu% #leus.
C"était un appartement super#e, avec une tapisserie de Oodiliani
représentant deu% paons face-!-face un blanc et un noir. Me recule
devant la tapisserie pour la rearder et 6’écrase des Nus de paon. l # a un paon dont la t7te grossit et %ui m’atta%ue, He continue a
piétiner les paons. L"homme ! l"Wil #leu prend une plume de paon
noir, se la passe devant les eu%, et dit ]vous ne trouve pas ue He
ressem#le ! un paon U Glle associe vous aussi vous ave les eu%
#leus... Les paons sont séparés, hein, ils ne se touchent pas, ils sont
immo#iles c"est e%actement, pensais-He comme les loups de L’+omme
aux loups @ il faut entendre le contraire ils ne sont pas séparés, setouchent et #ouentQ... Les paons #lancs et noirs, les chiens #lancs et
noirs, ces Wufs ue H"écrase... les #é#és... He ne vois pas ce ue cela
peut sinier... B
Me me rappelle cependant ue uelues séances auparavant,
:il#erte m"a apporté un r've dans leuel elle fait l"amour avec moi -
pendant u"un cne #lanc merveilleu% accouche de vilains chiens
noirs ue son ami doit enterrer. Me lui montre d&s lors ue cette
85
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
sc&ne ! trois elle, son p&re, la voisine<, s"éla#ore en précurseur
d"une sc&ne primitive authentiue o^ elle serait non pas actrice,
mais spectatrice< ue le cne #lanc renvoie au corps maternel
idéalisé 6 sans taches B, sans se%ualité<, tandis ue les petits chiens
noirs sont une représentation d"un pénis paternel méprisé, et ue ce
clivae #lancZ noir est défensif par rapport ! la représentation des
petits #é#és-chiens dalmatiens noirs et #lancs ue les parents font
ensem#le et vis-!-vis de ui 6 elle pourrait éprouver les sentiments
de Cruella B, de la m'me fa/on u"elle pourrait ressentir de tels
sentiments vis-!-vis des #é#és u"elle imaine ue He pourrais faire
avec ma femme pendant les vacances B...
Apr&s cette séance, elle se sent aressive et malheureuse
6 Me pense ! la patiente ue vous vene de raccompaner. Me vous
ai entendu. ous ave fait ]pfuitt... ous voule sinier ue ce ue
He dis est sans intér't U ous ne réponde pas E H"ai envie de partir et
de vous aresser... L"analse de cette patiente ne doit pas marcher...
Me pense u"elle ne dit pas des choses aussi intéressantes ue moi...
ous me prene vraiment pour une im#écile E Parfois vos eu% sont
vides, parfois He rearde vos eu%, et He suis an%ieuse de voir s"ils
sont cernés... et /a veut dire ue vous 'tes déprimé @ déprimé !
cause de moi... He vous voudrais uniuement préoccupé par moi...
vous me voudrie penché sur vous comme une m&re attentive
au moindre sine, retenant son souge pour écouter la respiration de
son #é#é...
continue E et répondant au doit et ! l"Wil au% sollicitations de ce #é#é
ui uette sur le visae de sa m&re la moindre mimiue ou la
moindre pensée... Cette m&re ui ne s"occuperait de personne
d"autre aussi #ien ue de vous... B
Cette séance est capitale, dans la construction de la sc&ne
oriinaire de :il#erte. Glle s"imaine d"ailleurs dans la séance
suivante, a#ant un enant... Gt elle aHoute 6 M"ai failli ne pas venir,
8(
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Chapitre $. Le traumatisme au% fronti&res du r've
car He suis rippée. 4inalement He suis venue. Se toute fa/on, H"en tire
#énéce ou #ien He ne venais pas, ou #ien He viens en vous montrant
ue /a ne va pas... L"autre fois, H"avais peur de vous détruire, et
auHourd"hui, He me disais si H" vais, He vais lui passer la rippe et il
va la passer ! ses enfants...
! ses petits paons U
en riant< Kiens E M"ai encore r'vé d"oiseau% @ H"ai pensé ils
ne sont pas si vilains, apr&s tout E Il faut s"en occuper. B
Rn voit ainsi ue ce ui était en Heu dans l"histoire de :il#erte
était le man%ue d’un antasme de scne primitive auuel l"avant-
coup du traumatisme avait barré les remaniements pubertaires uiseuls permettent les identications hstériues et le Heu di?érencié
des imaos c’est parois l’en6eu de telles cures %ue de permettre
une 4onstruction au sens reudien de < 4onstruction dans
l’anal#se d’une réalité ps#c+i%ue non encore advenue, la cure
devenant alors anti-traumati%ue.
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Chapitre %. La cure comme anti-traumatisme
L"ou#li et le souvenir sont les deu% catéories de la mémoire
l"ou#li est l"écran sur leuel se ure le souvenir, comme le souvenirest l"écran de l"ou#lié @ l"un et l"autre vont ensem#le,
indissocia#lement liés c"est ainsi ue ecTett a pu écrire, ! propos
de Proust, ue l"homme doué d"une #onne mémoire ne se souvient de
rien car il n"ou#lie rien. C"est un point de vue asse proche ue
4reud développe dans le chapitre I de Gs#c+opat+ologie de la vie
%uotidienne se proposant de comparer l"ou#li des noms et les
souvenirs-écrans, il écrit 6 A premi&re vue, les di?érences entre cesdeu% phénom&nes sem#lent plus évidentes ue les analoies ...<.
Oais ! la suite d"un e%amen uelue peu approfondi, on constate
ue, malré les di?érences ui e%istent entre les deu% phénom&nes
...< ils présentent des analoies ui enl&vent ! ces di?érences toute
importance... B p. 53-5*<. L"analoie principale relevée par 4reud est
celle du aux 6 Sans l"ou#li de noms, nous savons ue les noms de
su#stitution sont aux B. Se m'me en ce ui concerne le souvenir-écran, 4reud parle, touHours dans ce chapitre, des 6 souvenirs
d"enfance B, en mettant cette e%pression entre uillemets ou des
6 soi-disant souvenirs d"enfance B.
Gn ces temps premiers de la pschanalse, les choses étaient donc
simples 6 Au dé#ut, les associations restent supercielles,
concernent les événements uotidiens et les impressions nouvelles
ui préoccupent l"individu @ mais #ientDt, par l"intermédiaire des
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
idées su#ites, surissent des traces mnésiues plus anciennes
souvenirs-écran dont l"interprétation suscite, au rand
étonnement du malade lui-m'me, des souvenirs anciens, essentiels
dans la vie du suHet, ui lui échappaient Husu"alors. Ces souvenirs-l!
sont déH! suscepti#les d"appartenir ! des comple%es refoulés. La
principale fonction de l"analse est d"amener le malade ! prendre
conscience de l"ensem#le de son univers intellectuel et émotionnel,
ainsi ue de la en&se de cet univers, et ! retrouver les mo#iles ui
ont déterminé le refoulement des idées ou des émotions. B oil! ce
u"écrivait 4erenci en 19835. 7i l"on en restait l!, le chemin ui
m&ne des remémorations au% prises de conscience, pourrait 'tre
décrit dans son parcours, uelle ue soit la comple%ité de celui-ci
6 Le médecin découvre les résistances inorées de son patient @ une
fois ue ces derni&res ont été surmontées, l"analsé raconte, souvent
sans aucune di?iculté, les incidents et associations ou#liés Il s"ait
de< com#ler les lacunes de la mémoire du point de vue descriptif<
et< du point de vue dnamiue, de vaincre les résistances du
refoulement B3(. 4reud, pourtant, dans ce m'me te%te, se démarue
de ce point de vue optimiste3) 6 Il ne reste rien ou presue rien,
dans les nouveau% procédés techniues de la facilité et de l"arément
de cette ancienne marche ! suivre. B Certains patients se comportent
di?éremment de ceu% des premiers temps de la thérapeutiue
analtiue. Me cite 4reud38 6 Le patient n"a aucun souvenir de ce
u"il a ou#lié et ne fait ue le traduire en acte ...<, l"on nit par
comprendre ue c"est l! sa mani&re de se souvenir. B
6 Vouveau% procédés techniues B... 6 ancienne méthode B on
peut se demander s"il n" a pas deu% fa/ons d"envisaer le th&me ui
sous-tend ce chapitre 8e la remémoration aux prises de conscience,
ui peut certes, recouvrir les délimitations du processus temporel de
la cure, mais éalement pro#lématiser, mettre en tension des temps
di?érents de la pensée de 4reud concernant la dnamiue
analtiue. Se nom#reu% auteurs, ont, ces derni&res années attiré !
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
nouveau notre attention sur cette deu%i&me conception. 7ans
prétendre les citer tous, He souline u"! la suite des travau% de 7.
iderman en 19)39 et en 19))*, des auteurs comme M. :uillaumin
en 198, avec la notion de transitivité de la mémoire*1, C. et 7.
otella, dans L’+omosexualité inconsciente et la d#nami%ue du
double en séance et Gensée animi%ue, conviction et mémoire*$ ont
particuli&rement étudié cette uestion. Kout récemment, Claude Le
:uen, a?irme avec force dans une étude tr&s serrée des te%tes de
4reud, ue 6 la mémoire individuelle telle u"elle nous fonde dans
notre histoire comme dans notre 'tre, et telle u"elle contri#ue !
dénir et ! poser notre o#Het d"étude ue cette mémoire donc,
comme la réalité u"elle réf&re, est essentiellement >uctuante, leur
vérité résidant dans cette >uctuation puisue c"est elle seule ue
nous o#servons, elle seule ui ait sur le monde<. Il n’# a ni
inscription, ni trace à proprement parler, il a maintien d"un >u% B0.
Rn mesurera l! com#ien, entre les conceptions de Le :uen, asse
proches ici des conceptions de iderman, et les conceptions ue
Pasche avait développées dans le Gassé recomposé, il reste une line
de tension vive dont la résolution me paraJt, auHourd"hui encore,
indécida#le.
Gnn, aHoutons ue cette line de tension est, directement issue
d"une de ces énimes du te%te freudien sur lesuelles nous n"avons
pas ni de travailler. Sans 4onstruction dans l’anal#se, 4reud écrit
6 Le chemin ui part de la construction de l"analste devrait mener
au souvenir che l"analsé @ il ne m&ne pas touHours Husue-l!. Kr&s
souvent on ne réussit pas ! ce ue le patient se rappelle le refoulé.
Gn revanche, une analse correctement menée le convainc
fermement de la vérité de la construction, ce %ui, du point de vue
t+érapeuti%ue, a le m7me efet %u ’un souvenir retrouvé. B
Oais He voudrais sur ce point reprendre l"arumentation de César
et 7ara otella 6 Avec la réression formelle dans la séance,
l"inuiétante étraneté est pr'te ! se manifester che les deu%
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
partenaires @ une pro%imité du monde animiue ui entraJne des
aménaements di?érents che chacun. Gtant donné ue la
remémoration freine la démarche réressive animiue, tout en
assumant l"aspiration hallucinatoire éveillée par la réression et
portant la conviction, l"analsé sortira de fa/on spontanée du risue
réressif en se réugiant dans des représentations souvenirs XO. ;n
rassurant ]déH!-vu du passé, une mani&re particuli&re de
remémorer u"est l"acte du transfert, érié en lieu et place de la
réression animiue, conduira l"analsé sur le versant d"une
réalisation de ses désirs inconscients. Par conséuent, nous aurons
facilement tendance ! croire ue la ]vérité, la conviction ne peuvent
advenir u"! travers la remémoration, au point ue notre
compréhension du processus analtiue risue d"'tre trop in>uencée
par ce phénom&ne. Celle ut, pensons-nous, la méprise de
3reud 6us%u’en ?YOZ, comme l’arbre %ui cac+e la or7t ; la
remémoration lui occultait l’importance de la conviction '.
L"analste, uant ! lui, si il< n"a pas de recours au% solutions
défensives investissement narcissiue de l"analsé en tant ue
dou#le, convictions toutes faites des théories analtiues, 6 pr't-!-
porter B, mémoire, réinvestissement de ses propres traces mnésiues
inconscientes ...<, se trouve confronté ! la réression animiue, !
l"inconnu. Il n"est alors pas loin de l"enfant, face ! l"inconnu
traumatiue ...<. L"analsé transférant et l"analste en réression
formelle seraient ! eu% deu% en mesure d"approcher, voire
d"oraniser ! certains moments priviléiés, le mod&le de la
continuité représentation-perception constitutive du sst&me
inconscient. La conviction, la 6 vérité B peut alors advenir che tous
les deu% et 6 a#outir au m'me résultat thérapeutiue ue la
remémoration B**. Me me sens pleinement en accord avec cette
conception de C. et 7. otella. Cependant, He me séparerai en partie
d"eu%, sur la uestion du recours au% solutions défensives, et He vais
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
tenter d"e%pliciter ce point de vue ! partir d"une premi&re illustration
cliniue.
Aida, Heune femme de trente ans en analse depuis cin ans,
présente une névrose #ien tempérée, avec une histoire Wdipienne
rendue comple%e par des éléments traumatiues survenus, pour
l"essentiel, dans les deu% énérations précédentes, et ui continuent
! 'tre actifs dans son histoire actuelle. 7es rands-parents maternels
sont venus en 4rance apr&s le énocide arménien ils ont traversé
leur pas au pri% de périls immenses et dans l"anoisse u"on devine.
Le p&re de la patiente, lui, est venu seul en 4rance avec sa propre
m&re, son p&re étant resté ! l"étraner cet homme le rand-p&re
paternel a désiré se séparer de sa femme et a alors demandé ! son
ls de lui écrire u"elle était morte. Ce ui fut fait. Le rand-p&re se
remaria et vécut donc #iame. Se tout ceci, ma patiente a souvent
entendu parler, sans avoir l"idée de l"impact tr&s important ue cette
histoire a pu avoir sur sa vie.
M"ai uant ! moi, appris cette histoire petit ! petit, comme si tout
cela n"avait pas d"importance, n"était pas investi. M"ai été alerté, au
cours de la deu%i&me année d"analse, par un r've 6 Me traverse une
cham#re ! coucher, il a l! ma m&re, seule dans un rand lit défait,
en train de maner @ He la rearde avec déoXt, elle me dit 6 Me
mane des huJtres avec une sauce ! la menthe B @ ma patiente, fort
intelliente, a tDt fait d"associer sur la m&re, l"amante et sur le
caract&re littéralement cru de la représentation maternelle ainsi
convouée. Glle m"apprend alors ue la lanue arménienne emploie
comme #eaucoup de lanues du pourtour méditerranéen des
e%pressions tendres u"on emploie pour les petits enfants, fortement
inltrées de contenus se%uels @ elle me donne comme e%emple ce
u"elle a maintes fois entendu che elle, lorsue son p&re admirait
son Heune fr&re #é#é 6 Me te crouerai le se%e B. Premier temps d"un
insiht u"elle reprend uelues Hours apr&s, en se rendant compte
u"elle a #rusuement vers cin ans perdu l"usae de la lanue
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
arménienne u"elle ne voulait plus, comme dégo9tée, emploer. Glle
a pu, ! ce moment de l"analse, et pour uelue temps seulement,
reparler arménien @ puis le smptDme, le déoXt, est réapparu et
nous n"en avons plus parlé.
+uelue temps plus tard, la patiente apporte deu% r'ves ! propos
desuels elle insiste sur le plaisir tr&s vif u"ils lui ont procuré.
Le premier se passe sur un marché oriental, plein de #ruits, de
couleurs, de senteurs e%traordinaires. ;n homme Fé retient son
attention il tape lentement sur une ta#le avec son poin, et la
rearde en répétant 6 Kione, Kione B. Oa patiente associe,
naturellement sur Antione, u"elle vient de relire dans di?érentes
versions. Glle pense ! la lle d"Ndipe, uidant son p&re aveule, ! la
di?iculté u"elle a ! prendre des distances vis-!-vis de son p&re pour
ui elle serait un #Fton de vieillesse.
Puis elle dit 6 Kione B, /a m"évoue aussi, puisu"on est !
Lon 6 Petit one B, l"e%pression locale pour dire 6 petit enfant B.
Le vieil homme enn, lui évoue son rand-p&re maternel, ui Houait
au% cartes avec sa femme, avec le m'me este de va-et-vient du #ras,et ui se disputait tendrement avec elle. KouHours tr&s douée, la
patiente voit l! un souvenir-écran d"une sc&ne primitive
6 su?isamment #onne B, en reard des disputes violentes ue ses
parents avaient souvent, en arménien, dans la cham#re u"elle a
partaée avec eu% Husu"! l"Fe de sept ans. 7i séduisantes ue
soient les interprétations u"elle propose, He suis moi, arr'té par ce
6 Kione B, et H"associe, intérieurement, sur un prénom de ar/on
arménien 6 Kiran B, mais He arde cette association pour moi. C"est
par hasard ue He connais ce prénom.
A la séance suivante, elle apporte un autre r've 6 Glle est la
seule survivante d"un roaume dévasté, elle en est la Heune et fai#le
reine, mais aidée par un Heune et preu% chevalier prénommé
]réon. Puis elle se retrouve en train d"apprendre le fran/ais ! la
reine. Glle va lonuement parler de ce r've la lanue maternelle
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
perdue lorsue ses parents se sont mis ! parler ! tout le monde de
ses e%cellents résultats en fran/ais, avec erté surtout son pre ,
]réon, ui est une francisation d"un prénom arménien, celui de
son rand-p&re paternel. L"homme ui avait pu avoir deu% femmes !
la fois. Me lui dis alors ue Kione m"a fait penser, moi, ! Kiran. Glle
me dit c"est un roi tr&s important pour nous. a se prononce
SiTran. B Glle reste lonuement silencieuse Husu"! la n de la
séance.
& la séance suivante, elle commence
ier, dans mon silence, He me disais 6 Ku as envie de te
rouler par terre, de trépiner, de crier, de dire des ros mots...
Ooi dans uelle lanue U
Gn arménien pour moi, c"est la lanue des ros mots, celle
des disputes de mes parents, la lanue se%uelle E a, on l"avait dit il
a #ien lontemps... Alors, la roue a fait un tour U et on est au m'me
point U l! o^ cette petite lle moi trépine de ne pas voir mon
p&re comme son propre p&re ! lui avec deu% femmes, l! o^ He ne
puis 'tre la reine. Cela est dit d"un ton e%traordinairement charéd"a?ects, et He suis saisi alors par cette imae de la roue, et He me
rappelle ue la veille, pendant son silence, He pensais avec nostalie
! ma propre enfance He revoais Lon sillonné, dans les années
cinuante, par des carrioles tirées par des chevau%, allant livrer les
#oissons dans les cafés @ certaines portaient un panonceau 6 La
reine des Limonades B. Cette activité oniriue ne me revient u"! ce
moment-l!. Gt He m"entends dire ! ma patiente Comment vos rands-parents ont-ils fui d"Arménie U
Gn carriole, me répond-elle
Gt moi, comme en r'vant 6 Alors, pour vous, c"est aussi
douloureu% de parcourir cette route de l"enfance, ue pour vos
rands-parents de uitter, en carriole, le pas de leur enfance U B
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
Glle reste silencieuse Husu"! la n de la séance, pleure et part en
disant 6 Me me sens tout d"un coup calme, rassénérée, heureuse. B
Me consid&re u"il a dans cette séuence un temps au moins ui
mérite d"'tre discuté l"intervention au cours de lauelle He traduis le
6 Kione B fran/ais en 6 Kiran B arménien, apr&s u"elle m"ait dit
ue 6 réon B était une francisation d"un prénom arménien Ve
s"ait-il pas d"un Heu animiue dans leuel la séparation des lanues
s"a#olit, et dans leuel nous nous retrouvons dans un temps d"avant
a#el, dans une lanue commune, ni tout ! fait ! elle, ni tout ! fait !
moi U M"aurais tendance ! le penser, en précisant toutefois ue cette
lanue est ainsi, dans une certaine mesure une lanue étran&re
pour chacun d"entre nous. Peut-'tre sommes-nous dans un moment
o^ nous parlons de ce ue
Senise Colin-oth#er a appelé 6 la lanue analtiue B0. Oais il
faut aussi aHouter u"il a dans mon intervention une séduction
évidente ne serait-ce ue parce u"en montrant ue He parle deu%
lanues, He m"identie au rand-p&re paternel, avec ses deu%
femmes. Ce moment, sans doute tr&s chaud, sur le plan de
l"interaction transféro-contretransféren-tielle, a pour e?et les
retrouvailles auto-érotiues de chacun de nous avec sa lanue et les
souvenirs relatifs ! sa propre enfance avec une uration commune
la carriole. A partir de cette communauté représentative un temps
partaée, chacun peut se réapproprier sa propre histoire infantile
la remémoration s"ouvre ici ! la conviction. Il faut #ien entendu
aHouter ue ma r'verie auto-érotiue est une solution défensive, dans
mon contre-transfert, destinée ! contenir l"air séducteur lié ! mon
intervention. Glle est en m'me temps remémorative Glle a ainsi un
triple aspect défensif, autoérotiue, remémoratif, asse proche donc
de ce ue C. et 7. otella ont si #ien décrit, ! travers la notion
d"auto-érotisme secondaire*5. C"est pouruoi, ! certains éards, la
solution défensive peut parfois ne pas emp'cher la réression
animiue, ce ui, #ien entendu souline l"impérative et constante
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
nécessité de l"analse du contre-trans-fert an de permettre le
déaement de la séductionZconfusion, et de passer de la conviction
de l"autre ! l"intime conviction. Koutes ces considérations et l"histoire
cliniue ue H"ai rapportées permettent me sem#le-t-il de réévaluer,
de remettre en perspective une autre a?irmation de 4reud dans
4onstruction dans l’anal#se ; nous devons nous rappeler ue le
travail analtiue consiste en deux pices entirement distinctes, %ui
se 6ouent sur deux scnes séparées X[. Vous savons ue l"analsé
doit 'tre amené ! se remémorer uelue chose u"il a vécu et refoulé
...<. Se ce dont il s"ait, l"analste n"a rien vécu ni refoulé @ sa tFche
ne peut pas 'tre de se remémorer uelue chose. +uelle est donc sa
tFche U Il faut ue d"apr&s les indices échappés ! l"ou#li, il devine ou
plus e%actement il construise ce ui a été ou#lié. Parfois, ! mon sens,
les deu% sc&nes ne sont pas séparées, les deu% pi&ces ne sont plus
entirement distinctes, et la mémoire se fait alors mémoire
commune, la uration devient alors uration partaée*)
moments de familiarité étranement inuiétante indiuant ue le
vérita#le travail de remémoration Z prise de conscience est actif, et
ui ne sinent pas touHours les clivaes fonctionnels si #ien décrits
par :érard ale0 @ ils sont souvent aussi l"indice du travail en
réression animiue évoué par César et 7ara otella.
Concernant le chemin ui va de la remémoration au% prises de
conscience et le terme m'me de 6 prise B m" invite He
consid&re ue la distinction faite par C. et 7. otella entre les auto-
érotismes primaires et les auto-érotismes secondaires est
e%tr'mement précieuse. Se m'me u"ils ont montré*8 6 comment
l"enfant dont l"o#Het n"a pas eu les ualités adéuates ou ui a su#i
des catastrophes ...< ne pourra utiliser ue des éléments auto-
érotiues épars... sans les rassem#ler B auto-éro-tisme primaire<, de
m'me, me sem#le-t-il, on peut montrer ue la fonction de
remémoration, la 6 mémoire B est sur-investie che certains patients,
davantae dans une visée de déchare, comme avec une one
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
éro&ne autonome, non uniée, ue dans une fonction
d"appropriation et de conservation ui est permise par les auto-
érotismes secondaires. Avec le sur-investissement de la mémoire
l"ou#li ne peut faire son Wuvre et le souvenir, c"est-!-dire selon Isral
oseneld, ! la reconstitution opérée sur le passé*9 ne peut alors
advenir. Se tels patients les 6 patients-#ioraphes B sollicitent
leur analste sur un mode particulier ainsi Ana=s, ui était venue !
l"analse apr&s de nom#reuses tentatives pschothérapiues
diverses, au cours desuelles elle avait cherché en vain un
traumatisme ou#lié ui aurait pu lui e%pliuer son peu de plaisir ! la
vie. Sans son récit, rien n"échappait ni les noms de ses premiers
instituteurs, du #oulaner, de la demoiselle ui faisait le catéchisme
ou de celle ui donnait les le/ons de piano, ni la chroniue
uotidienne de son villae d"enfance @ elle pouvait raconter avec un
e%traordinaire lu%e de détails l"ordonnancement de l"estrade de la
distri#ution des pri%, le menu du repas pris au restaurant le Hour des
résultats du #ac, dresser une liste compl&te de ses amis ou conter
intermina#lement la procession de la 4'te-Sieu de 19(* plus elle
me communiuait les imaes u"elle formait de sa vie, moins He me
représentais ce u"il en était d"elle-m'me dans son histoire #ien au
contraire, surissait en moi, pour échapper au vide, des références
littéraires dont H"inde%ais son récit :eore 7and souvent, 4lau#ert
et Oaupassant fréuemment, parfois le 7tendhal de Lucien LeuJen.
Au fur et ! mesure u"Ana=s peinait son enfance, la toile
s"estompait @ plus elle s" retrouvait dans sa mémoire anamnésiue,
plus elle s" découvrait étran&re.
M"avais, uant ! moi, remarué ue si les références littéraires ui
me venaient renvoaient au si&cle précédent, Ana=s, uant ! elle,
m"avait par petites touches, décrit une m&re perdue dans un autre
passé celui de sa propre m&re la rand-m&re d"Ana=s pour ui
elle célé#rait uotidiennement le culte des morts dans la pénom#re,
une veilleuse allumée, elle pensait ! elle @ c"est ainsi ue ses enfants
9)
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
la trouvaient chaue Hour au retour de l"école. Me savais aussi ue
cette m&re avait tenu, pour chacun de ses enfants, un 6ournal
%uotidien de leur développement d&s le Hour de leur naissance u"elle
leur avait remis plus tard c"était sans doute pour elle, le moen de
maintenir par le #iais de l"écriture, un lien avec ses enfants,
constamment menacé de rupture, tant l"identication ! sa propre
m&re morte était envahissante. Ce Hournal uotidien était en tout cas
un mod&le de l"hpermnésie d"Ana=s, dans lauelle cette derni&re se
conformait au propre fonctionnement de sa m&re, elle-m'me
précocement disparue.
Vous n"en étions pas ! évouer cette construction, vérita#le
lanue étran&re pour ma patiente @ elle m"aidait simplement ! ne
pas trop me perdre moi-m'me. Gt puis un Hour, au cours d"une de ces
séances, o^, comme ! l"accoutumée, He m"éarais avec elle, uelue
chose de ténu, de fraile, surit un souvenir 6 Me me revois, dit-
elle, en train de faire pipi dans le Hardin de mon enfance @ H"o#serve
accroupie, le sol sous moi, et He vois des petits vers sortir de la terre,
et He me revois encore me dire 6 c"est toi ui les a faits @ c"est toi ui
les fait sortir de terre, c"est toi ui les a créés. B La mémoire cédait
la place au souvenir @ Ana=s créait sa vie au lieu de la lire dans le
Hournal de sa m&re, des vers, elle put enn faire des r7ves @ sa
mémoire surinvestie, et se vidant sans cesse comme peut se vider
une mémoire d"ordinateur en un fonctionnement autoérotiue
primaire, laissait la place ! un souvenir dans leuel, rFce ! l"auto-
érotisme secondaire, elle pouvait créer et se créer elle-m'me
ce passae est me sem#le-t-il le sine ue la remémoration ouvre !
la prise de conscience.
Rn peut éalement suivre un tel cheminement che un autre
patient biograp+e cél&#re :eores Pérec. Vous savons, de Pérec
lui-m'me5 u"il a fait une analse entre 19)1 et 19)5. Au cours de
cette période analtiue e%actement entre 19) et 19)* , il écrit
un livre tr&s étrane \ ou le souvenir d'enance51. Il a dans ce
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livre, dit Pérec, deu% te%tes simplement alternés ...<. L"un de ces
te%tes appartient tout entier ! l"imainaire. C"est un roman
d"aventure, la reconstitution ar#itraire mais minutieuse d"un
fantasme enfantin évouant une cité réie par l"idéal olmpiue.
L"autre te%te est une autobiograp+ie le récit framentaire d"une vie
d"enfant pendant la uerre @ un récit pauvre d"e%ploits et de
souvenirs, fait de #ri#es éparses d"a#sences, d"ou#lis, de doutes,
d"hpoth&ses, d"anecdotes maires. 6 Les chapitres sont alternés, de
telle sorte u"on a une uration asse saisissante des deu% sc&nes
séparées évouées par 4reud, #ien ue les procédés ou les
processus ui les relient soient percepti#les au l des deu% récits.
;ne des raisons ui m"a conduit ! évouer ce livre tient au%
premi&res lines de sa partie auto#ioraphiue
6 Me n"ai pas de souvenirs d"enfance. Musu"! ma doui&me année
! peu pr&s, mon histoire tient en uelues lines H"ai perdu mon
p&re ! uatre ans, ma m&re ! si%, H"ai passé la uerre dans diverses
pensions de illard-de-Lans. Gn 19*5, la sWur de mon p&re et son
mari m"adopt&rent ...<. 6 Me n"ai pas de souvenirs d"enfance B @ He
posais cette a?irmation avec assurance, avec presue une sorte de
dé. L"on n"avait pas ! m"interroer sur cette uestion. Glle n"était
pas inscrite ! mon proramme. M"en étais dispensé une autre
histoire, la :rande, l"istoire, avec sa rande hache avait répondu !
ma place la uerre, les camps.
Se son cDté, le héros de , le récit romanesue, a?irme 6 Oon
p&re mourut des suites d"une #lessure comme le p&re de Pérec<
alors ue H"allais avoir si% ans ...<. L"un des deu% voisins de mon p&re
s"o?rit ! m"adopter B et il aHoute 6 Lontemps, H"ai cherché les
traces de mon histoire, consulté des cartes et des annuaires, des
morceau% d"archives. Me n"ai rien trouvé et il me sem#lait parfois ue
H"avais r'vé, u"il n" avait eu u"un inou#lia#le cauchemar... B Pérec
auto#ioraphe, de son cDté aHoute 6 A treie ans, H"inventai, racontai
et dessinai une histoire. Plus tard, He l"ou#liai. Il a sept ans, un soir
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
! enise, He me souvins tout ! coup ue cette histoire s"appelait et
u"elle était d"une certaine fa/on, sinon l"histoire, du moins une
histoire de mon enfance. B
Rn saisira l! le parado%e apparent de l"histoire ou#liée,
manuante, perdue et de l"inou#lia#le cauchemar c"est celui ui
ouverne le livre entier il est vrai ue le héros de a une histoire
sinuli&re déserteur, il a pu échapper au% poursuites et se refaire
une vie ! l"aide d"un 6 vrai-fau% passeport B aant appartenu au ls
d"une rande cantatrice, 4ecilia incTler. Se son cDté, Pérec
#ioraphe nous apprend de sa m&re, Crha 7chulevit, u"on
l"appelait plus communément 4écile et il aHoute 6 Me dois ! ce
prénom d"avoir pour ainsi dire touHours su ue 7ainte-Cécile est la
patronne des musiciennes. B Rn a donc ainsi toutes les raisons de
penser ue :aspard, l"enfant de Cécilia, et :eores, l"enfant de
Cécile sont une seule et m'me personne.
Le narrateur de poursuit 6 :aspard incTler était ! l"époue
un enfant de huit ans. Il était sourd-muet. C"était un ar/on malinre
et rachitiue, ue son inrmité condamnait ! un isolement presue
total. Il passait la plupart de ses Hournées accroupi dans un coin de
sa cham#re, nélieant les fastueu% Houets ue sa m&re ou ses
proches lui o?raient uotidiennement, refusant presue touHours de
se nourrir ...<. Kous les médecins consultés étaient formels sur ce
point, aucune lésion interne, aucun dér&lement anatomiue ou
phsioloiue n"était responsa#le de sa surdi-mutité ui ne pouvait
'tre imputée u"! un traumatisme enfantin dont, malheureusement,
les tenants et les a#outissants étaient encore inconnus, #ien ue
l"enfant eXt été montré ! de nom#reu% pschiatres. B Gérec propose
ainsi, dans \, une t+éorie traumati%ue du silence, de l ’oubli, du
désespoir et du repli autisti%ue, dont on ne sort %ue par le biais
d’une ausse identité. Su p&re de :aspard incTler, l"enfant sourd-
muet, rien n"est dit :aspard n"a u"une m&re, Cécilia @ Pérec écrit
1
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
ue Cécile est la patronne des musiciennes, e%cluant ainsi, dans un
lapsus d"écriture
déli#éré ou non , les musiciens. Sans sa #ioraphie, Pérec
nous indiue d"ailleurs ue c"est ! vint ans u"il vit pour la premi&re
fois la tom#e de son p&re 6 L"étonnement, écrit-il, de voir mon nom
sur une tom#e car l"une des particularités de mon nom a lontemps
été d"'tre uniue dans ma famille personne d"autre ne s"appelait
Pérec ...<, la découverte de ce minuscule espace de terre clDturait
enn cette mort ue He n"avais Hamais apprise, Hamais éprouvée,
Hamais connue ni reconnue, mais u"il m"avait fallu, pendant des
années et des années, déduire hpocritement des chuchotis apitoés
des dames. B Se son cDté, le héros de décide de partir ! la
recherche de :aspard incTler, celui dont il porte le nom. C"est ainsi
ue se termine la premi&re partie du livre, et ue commence la
vérita#le histoire de , et une nouvelle auto#ioraphie ue He
n"évouerai ue tr&s #ri&vement 6 Sésormais, écrit Pérec, les
souvenirs e%istent, fuaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien
ne les rassem#le. Ils sont comme cette écriture non liée, faite de
lettres isolées incapa#les de se souder entre elles pour former un
mot, ui fut la mienne Husu"! l"Fe de di%-sept ans ou di%-huit ans,
ou comme ces dessins dissociés, disloués dont les éléments épars
ne parvenaient Hamais ! se relier les uns au% autres B... 6 les mains
n’assuraient aucune prise .
Ainsi, la construction du livre, avec la séparation du roman et de
l"auto#ioraphie, est comme la représentation de cette 6 écriture
non liée B, faite de 6 lettres isolées B de ces 6 dessins dissociés B...
6 les mains n"assuraient aucune prise B. se présenterait en
%uel%ue sorte comme le r7ve d’un < anti-bloc magi%ue , #ien ue, ce
r've échoue. Cet échec a d"ailleurs, dans le livre, deu% modalités
distinctes.
La premi&re résulte, dans la #ioraphie elle-m'me, du
développement de la néation premi&re 6 Me n"ai pas de souvenirs
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
d"enfance B 6 ;ne photo nous montre, ma m&re et moi, en ros
plan, écrit Pérec. La m&re et l"enfant donnent l"imae d"un #onheur
ue les om#res du photoraphe e%altent. Me suis dans les #ras de ma
m&re. Vos tempes se touchent... M"ai des cheveu% #londs avec un tr&s
Holi cran sur le front. B Gt Pérec aHoute cette e%traordinaire
remarue 6 de tous les souvenirs ui me manuent, celui-l! est
peut 'tre celui ue H"aimerais le plus fortement avoir ma m&re me
coi?ant, me faisant cette ondulation savante. B Rn voit ainsi, in statu
nascendi, un souvenir-écran dont la résonance Wdipienne est
évidente, et ui renvoie ! un autre souvenir, le premier souvenir de
sa vie d’enant ; il a trois ans et on s"e%tasie de ce u"il a identié
cette lettre hé#ra=ue dont le nom aurait été... :ammeth5$. Lettre
ui, #ien entendu n"e%iste pas, mais dont le nom, dans le conte%te
Wdipien évoué, est particuli&rement savoureu%. Cette sc&ne, écrit
Pérec 6 par son th&me, sa douceur, sa lumi&re B, ressem#le pour moi
! un ta#leau, peut-'tre inventé, ui se nommerait 6 Mésus en face
des 8octeurs. Rn peut naturellement rapprocher le titre de ce
ta#leau supposé et ce souvenir désiré et manuant de sa m&re le
coi?ant savamment.
La deu%i&me modalité de cet échec tient au fait ue, de m'me
u"! l"intérieur m'me de la #ioraphie, des liens se font
proressivement entre les souvenirs, de m'me, entre la #ioraphie et
le roman, les liens, au l de l"ouvrae, deviennent de plus en plus
serrés. Ainsi le chapitre I traite de la conception des enfants sur
l"Jle de on apprend ue 6 les femmes auparavant enfermées au
nécée sont poursuivies sur un stade par les athl&tes. Les uns et les
autres sont enti&rement nus B. Koutefois les athl&tes portent des
chaussures 6 dont les pointes sont aiuisées et particuli&rement
acérées et lacérantes B p. 1(9<. Rr le chapitre suivant, ui est, selon
le principe du livre, auto#ioraphiue, rapporte un épisode de
pension ui éclaire et est éclairé par le fantasme de la
conception des enfants sur
1$
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
6 Me n"ai u"un seul souvenir de cette pension un Hour, on trouva
une petite lle enfermée dans un cai#i o^ l"on raneait les #alais.
Glle était restée plusieurs heures. Kout le monde a?irma ue c"était
moi le coupa#le ...<. +uelue temps plus tard mais cet événement
n’est pas un autre souvenir ]O et reste ine%trica#lement lié au
premier nous étions de nouveau dans cette m'me salle de Heu%.
;ne a#eille se posa sur ma cuisse auche. Me me levai #rusuement
et elle me piua. Oa cuisse en>a de fa/on réellement colossale ...<.
Pour tous mes camarades, et surtout pour moi-m'me, cette piXre
fut la preuve ue H"avais enfermé la petite lle B p. 1)$-1)3<. Rn
peut l! aussi rapprocher la petite lle enfermée dans le placard, et
les femmes de enfermées au nécée, les chaussures acérées de
l"athl&te et l"aiuillon de l"a#eille, et saisir ainsi le retournement
masoc+i%ue l"événement condense, ! travers la piXre su#ie et la
cuisse en>ée, les identications #ise%uées au couple de la sc&ne
primitive. Rn ne s"étonnera donc pas de voir Pérec développer
ensuite des fantasmes tr&s #anals sur sa aucherie contrariée, ui lui
a touHours fait confondre le sens de mots opposés comme par
e%emple, dit-il, le concave et le conve%e, etc. Ainsi, l"enfant sourd-
muet, sans identité, l"écrivain sans souvenirs d"enfance,
proressivement se remémore, sans référence ! l"indici#le
traumatisme il a le Pérec du dé#ut de , celui ui écrit 6 Me ne
sais pas si He n"ai rien ! dire, He sais ue He ne dis rien @ He ne sais pas
si ce ue H"aurais ! dire n"est pas dit parce u"il est l"indici#le
l"indici#le n"est pas tapi dans l"écriture, il est ce ui l"a #ien avant
déclenchée< B, et le Pérec ui se remémore proressivement.
Il me sem#le ue ce lon passae ui va de l"identication
défensive ! l"enfant sourd-muet, ! l"identication hstériue est
asse représentatif du mouvement énéral de la remémoration et de
la prise de conscience.
+uant ! ce ui, sur le plan interne, sur le plan de l"analse, est
advenu, c"est dans le te%te de 19)), Les lieux d’une ruse?, dans
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
leuel il évoue son analse, ue Pérec dit peut-'tre l"essentiel sur la
prise de conscience 6 M"ai recommencé peut-'tre cinuante fois les
premi&res lines d"un te%te ui, au #out de uelues phrases
s"enlisait immanua#lement dans des artices rhétoriues de plus en
plus em#rouillés. Me voulais écrire, il fallait ue H"écrive, ue He
retrouve dans l"écriture, par l"écriture, les traces de ce ui s"était dit
et toutes ces paes recommencées, ces #rouillons inachevés, ces
lines laissées en suspens sont comme des souvenirs de ces séances
amorphes o^ H"avais cette sensation innomma#le d"'tre une machine
! moudre des mots sans poids ...<, il fallait a#solument u"il ait des
uestions, comme si sans uestions il ne pouvait avoir de réponses.
ais ce %ue 6e veux dire, ce n’est pas une réponse, c’est une
afirmation, une évidence, %uel%ue c+ose %ui est advenu, %ui a 6ailli
...<q Pendant lontemps, on croit ue parler, cela voudra dire
trouver, découvrir, comprendre, comprendre enn, 'tre illuminé par
la vérité. Oais non uand cela a lieu, on sait seulement ue /a a
lieu ...<. Cela a eu lieu un Hour et He l"ai su. Me voudrais pouvoir dire
He l"ai su aussitDt, cela ne serait pas vrai, il n"e%iste pas de temps
pour dire uand ce fut. Cela a eu lieu, cela avait eu lieu, cela aura
lieu. Rn le savait déH!, on le sait ...<. Se ce lieu souterrain, He n"ai
rien ! dire. Me sais u"il eut lieu, et ue, désormais, la trace en est
écrite en moi et dans les te%tes ue H"écris. Il dura le temps ue mon
histoire se rassem#le elle me fut donnée un Hour, avec surprise,
avec émerveillement, avec violence, comme un souvenir restitué
dans son espace, comme un este, une chaleur retrouvée. Ce Hour-l!
l"analste entendit ce ue H"avais ! lui dire, ce ue, pendant uatre
ans, il avait écouté sans l"entendre, pour cette simple raison ue He
ne le lui disais pas, ue He ne me le disais pas ...<. +uelue chose
s"est déplacé, uelue chose se déplace et se trace... uelue chose
de plein, et de délié. B
Les lettres encore, pleines et déliées, et non plus isolées et
séparées. Oais éalement la parole, dans un traHet caractéristiue,
1*
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Chapitre 3. La cure comme anti-traumatisme
ui va de l"enfant sourd-muet ! l"enfant ui parle et sait u"il peut
'tre entendu parce u"il peut se le dire.
André :reen a, dans une communication personnelle, suéré ue
souvent, un patient vient en analse pour dire l"inaccepta#le de sa
vie @ ce ui fait, dit-il, ue dans l"analse, l"inaccepta#le va devenir
accepta#le, c"est u"il a dans le pschisme un récitant ui va, dans
le chaos des actions, comme dans le chWur du théFtre antiue,
réta#lir une continuité, nommer l"inaccepta#le. Il me paraJt évident
ue ce récitant ui établit la continuité, c"est le se le dire dont parle
Pérec nous revoici donc du cDté des auto-érotismes, par le #iais de
cette voi% moenne ré>échie, au sens littéral du terme, temps dans
leuel le 6 ver#e pulsionnel B A. :reen< se déae @ mais il faut
parfois #eaucoup de temps pour ue le récitant, dans le pschisme
du patient se mette ! parler l"analste, alors, a pour fonction,
lorsue ce récitant est indisponi#le pour la représentation, d"en 'tre,
comme on dit au théFtre, la dou#lure. C"est la continuité de cette
voi%, proposée par le dispositif analtiue, ui est,
constitutionnellement, anti-traumatiue.
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Chapitre &. 'uand le traumatisme survient che(
l’anal)ste
4reud et 4erenci le traumatisme partaé
Le pschanalste a #esoin, comme chacun, de scnes originaires
ui rendent compte des points d"achoppement de son travail
pschiue, dans son activité de théorisation. Le lecteur a, sur ce
point, en mémoire les tr&s #elle paes dans lesuelles Sidier Anieu
montre comment le 6 r've de l"inHection faite ! Irma B est une de ces
sc&nes oriinaires de la découverte freudienne. S"une fa/on
énérale, l"analse des relations de 4reud avec ses coll&ues, depuis
4liess Husu"! Mun, est révélatrice des points de tension et
d"e%aspération passionnelle ui ont présidé ! la naissance de la
pschanalse. Plus particuli&rement, les relations entre 4reud et
4erenci rév&lent la force avec lauelle les développements
théoriues peuvent 'tre mis au service du contre-transfert, lorsue
celui-ci, ! défaut d"'tre silencieu%, reste étraner ! lui-m'me.
2crit entre Hanvier 193$ et octo#re 193$, le 5ournal clini%ue est
l"un des derniers écrits de 4erenci. La fameuse lettre de 4reud !
4erenci sur la techniue du #aiser date de décem#re 1931, on se
souvient u"elle se termine par ces mots 6 ! présent il vous faut aller
de l"avant B, ce ui nous pouvons comprendre comme une sorte
d"encouraement de 4reud ! 4erenci ! e%plorer les voies de
ré>e%ion u"il avait ouvertes @ il ne reste, en 193$, ! 4erenci ue
1(
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
uelues mois ! vivre @ il meurt en mai 1933 d"une anémie de
iermer. Comme on le voit, ce Hournal cliniue est écrit dans des
circonstances particuli&rement dramatiues de sa vie, aussi pourrait-
on 'tre tenté de le lire uniuement ! travers une rille interprétative
pschopatholoiue, du fait des di?icultés relationnelles e%tr'mes de
4erenci avec 4reud, et du fait des trou#les pschiues ui
accompanent l"anémie de iermer @ #ien entendu cela est
intéressant @ #ien entendu aussi, cela est insu?isant. Me pense ue le
5ournal clini%ue est ! la fois un écrit techniue souvent passionnant
et une tentative de 4erenci de mettre au clair ses points d"accord et
de désaccord avec 4reud. Il m"a sem#lé important de commencer ce
chapitre par son évocation, car, comme l"écrit lise arande5*,
6 4erenci, apr&s 4reud et avec A#raham, s"est confondu avec la
chose ]analtiue. Il fait partie d"une histoire o^ nous sommes
entrés B.
Sans le 5ournal clini%ue 4erenci nous incite ! lire ses évolutions
techniues de l"analse classiue ! la thérapie active, puis de la
thérapie active ! la rela%ation, puis de la rela%ation ! l"analse
mutuelle ! travers le ltre de sa relation transférentielle ! 4reud.
Gn e?et dans un lon te%te en date du 1er mai 193$, il commence
par reprocher ! 4reud son peu d"intér't pour la pratiue analtiue
6 He pense, pour ma part, u"! l"oriine 4reud croait vraiment en
l"analse, il a suivi reuer avec enthousiasme, il s"est occupé
passionnément avec dévouement, de la uérison des névrosés... Oais
il a dX 'tre désenchanté par certaines e%périences ...< che 4reud
cela correspond sans doute ! la découverte ue les hstériues
mentent. Sepuis cette découverte, 4reud n"aime plus les malades. Il
est retourné ! l"amour de son surmoi ordonné, cultivé... sa méthode
thérapeutiue, comme sa théorie sont de plus en plus imprénées
par l"intér't pour l"ordre, le caract&re, le remplacement d"un
mauvais surmoi par un meilleur @ il devient pédaoiue... B. Il
poursuit 6 7a méthode thérapeutiue devient< de plus en plus
1)
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
impersonnelle >otter comme une divinité au-dessus du pauvre
patient, ravalé au ran d"enfant @ ne se doutant pas u"une rande
partie de ce ue l"on nomme transfert est articiellement provoué
par ce comportement... dans cette situation conforta#le pour lui, le
médecin< l"arément d"'tre en position de supériorité et d"'tre aimé
sans réciprocité presue une situation de randeur infantile< B.
Gnsuite 4erenci su&re He cite ue sa 6 thérapie active B était
un premier assaut inconscient contre cette situation 6 dans
l"e%aération et la mise en évidence de cette méthodoloie sadiue
éducative B. Puis cette position lui est clairement apparue comme
intena#le il poursuit 6 Gt en uise de théorie nouvelle nouveau
délire<, vint la théorie de la rela%ation, le laisser faire complet !
l"éard du patient... Oais les patients récusent la fausse douceur du
maJtre... Rn en vient nalement ! se demander s"il n"est pas naturel,
et aussi opportun, d"'tre franchement un 'tre humain, doué
d"émotions, tantDt capa#le d"empathie, tantDt irrité... Le patient en
viendra alors< en toute loiue, ! e%primer son soup/on uant !
l"analse imparfaite de l"analste et, s"éveillant de sa timidité, il
osera peu ! peu faire lui-m'me remaruer tel trait parano=de ou
portant ! l"e%aération @ nalement viendra la proposition d"analse
mutuelle B.
Ainsi, asse e%plicitement, 4erenci en vient ! présenter ses
variations tec+ni%ues comme la consé%uence des positions
t+éori%ues et tec+ni%ues de 3reud soit ! travers une identication !
l"aresseur pour la techniue active<, soit par le #iais d"une
formation réactionnelle pour la rela%ation<, posant au passae le
pro#l&me de la création théoriue comme délire. Sans l"analse
mutuelle, 4erenci sem#le décrire une situation techniue
acon>ictuelle 6 le patient surmonte plus facilement la déception de
ne pas 'tre aimé de nous ue la dépendance indénie par rapport !
un parent p&re ou m&re< ui promet tout en apparence, mais ui
intérieurement refuse tout. +uant au médecin, dérisé de son délire
18
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
scientiue, il e%ercera...une action plus féconde @ en uise de
#énéce secondaire, il aura aussi acc&s ! des possi#ilités de Houir de
la vie ui, Husue-l!, lui étaient névrotiuement ou pschotiuement
refusées. B
Il sem#le donc ue dans ce passae du 5ournal clini%ue, 4erenci
met en rapport étroit ses variations techniues et sa relation avec
4reud, ! travers les reproches u"il adresse ! ce dernier il su&re
en somme ue le contre-transfert de l"analste est produit en partie
par uelue chose de non éla#oré dans le transfert lors de sa propre
analse, il nous invite par l! ! interroer ce ue nous savons des
relations comple%es entre 4reud et 4erenci.
Vous connaissons, par une lettre de 4erenci ! :roddecT, en date
du $5 décem#re 19$1 certains détails e%tr'mement importants de la
relation 4reudZ4erenci dans les premi&res années de leur
rencontre55, donc autour de 198-191, et tr&s éclairants sur le
climat ui rénait alors au sein du mouvement pschanaltiue.
6 Par périodes, He m"étais laissé analser par lui ...<, pendant des
années nous avons voaé ensem#le chaue été He ne pouvais pas
m"ouvrir totalement ! lui @ il avait trop de ce ]respect pudiue, il
était trop rand pour moi, il avait trop d"un p&re... B Gt uelues
lines plus loin 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B.
Ce 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B accompané de
ce reret de ne pouvoir 'tre tout ! 4reud, éveille #ien entendu l"écho
de l"analse mutuelle et met d"em#lée l"accent sur l"intensité de
l"amour de transfert de 4erenci envers 4reud. Cette e%ience de
tout se dire ue 4erenci formule ! plusieurs reprises lors de leur
voae commun en Italie, en aoXt-septem#re 191, aace
énormément 4reud, ce u"il fait savoir ! 4erenci dans une lettre du
( octo#re 191 6 He n"éprouve plus le #esoin de révéler
compl&tement ma personnalité, et vous l"ave fort Hustement attri#ué
! une raison traumatiue B, et ! Mun, dans une lettre du $*
septem#re 1919 6 mon companon de voae 4erenci< est un
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
homme ue H"aime #eaucoup, mais un peu maladroitement r'veur et
il a une attitude infantile ! mon éard... B Plus loin 6 il s"est montré
de fa/on trop réceptive et passive, a laissé faire pour lui comme une
femme et mon homose%ualité ne va uand m'me pas Husu"!
l"accepter comme tel. La nostalie d"une vraie femme aumente
considéra#lement dans de tels voaes B. 4reud ne sem#le d"ailleurs
pas dupe de la comple%ité de ce transfert puisu"il précise dans la
m'me lettre 6 il m"admire sans discontinuer, ce ue He n"aime pas,
et me critiue sans doute Fprement dans l"inconscient si He me laisse
aller B. 4reud évoue ici l"aspect caché du transfert néatif, évoué
ici par 4reud en 191, dans un cadre e%tra-analtiue, nous en
retrouvons la trace sur le plan de l"analse de 4erenci, dans une
lettre ! :roddecT du $) février 19$$ 6 Le professeur 4reud a pris
une ou deu% heures pour s"occuper de mes états, il s"en tient ! son
opinion précédemment e%primée, ! savoir ue l"élément principal
che moi serait ma haine ! son éard, lui ui tout comme autrefois
le p&re< a emp'ché mon mariae avec la ancée plus Heune
actuellement #elle-lle<... Me dois avouer ue cela m"a fait du #ien de
pouvoir, pour une fois, parler de ces mouvements de haine face au
p&re tant aimé B0. Me reviendrai plus loin sur l"épisode du mariae de
4erenci et du rDle u" Houa 4reud, ce ue He veu% ici souliner c"est
ue, si l"on en croit 4erenci, 4reud a #ien analsé le transfert
néatif de celui-ci. Rr, la lecture d'&nal#se avec 0n et anal#se sans
0n 193)< donne une tout autre version de l"analse de 4erenci5(.
6 ;n homme ui a pratiué l"analse avec rand succ&s Hue ue
son rapport ! l"homme comme ! la femme au% hommes ui sont
ses concurrents et ! la femme u"il aime n"est pourtant pas li#re
d"entraves névrotiues, et pour cette raison se constitue l"o#Het
analtiue d"un autre u"il tient supérieur ! lui. Cette radioscopie
critiue de sa propre personne lui vaut un plein succ&s. Il épouse la
femme aimée et se transforme en ami et maJtre de ses rivau%
supposés. ien des années se passent ainsi au cours desuelles
11
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
m'me la relation ! l"analste d"autrefois se maintient sans nuaes.
Oais ensuite survient un trou#le, sans cause e%térieure décela#le.
L"analsé entre en opposition avec l"analste, il lui reproche d"avoir
nélié de lui avoir donné une analse compl&te. Il aurait pourtant
dX savoir et prendre en considération u"une relation de transfert ne
peut Hamais 'tre purement positive. Il aurait dX se soucier des
possi#ilités d"un transfert néatif. L"analste se Hustie de ce u"au
temps de l"analse, on ne pouvait rien percevoir d"un transfert
néatif. Oais ! supposer m'me u"il n"ait pas vu les plus léers
indices de celui-ci, ce ui n"était pas e%clu en raison de l"étroitesse
de l"horion en cette au#e de l"analse, il resterait douteu% u"il ait
eu le pouvoir d"activer, par une simple indication de sa part, un
th&me, ou, comme on dit un ]comple%e tant ue celui-ci n"était pas
actuel che le patient lui-m'me. Pour ce faire, il aurait donc certes
fallu recourir ! une action, au sens réel, inamicale ! l"encontre du
patient. Gt d"ailleurs, il ne faut pas estimer comme un transfert toute
#onne relation entre analste et analsé, pendant et apr&s l"analse.
Il a aussi des relations amicales ui sont fondées en réalité et
s"av&rent via#les... B
Ce te%te, ui apparaJt comme un plaidoer pro domo uatre ans
apr&s la mort de 4erenci, est certes d"une rande comple%ité, mais
il me sem#le u"il peut 'tre ainsi résumé
6 A l"époue de l"analse de 4erenci, He ne pouvais rien percevoir
d"un transfert néatif, peut-'tre parce ue la pschanalse en était !
ses dé#uts. +uand #ien m'me l"eussé-He per/u, il n"était pas
analsa#le, sauf ! le provouer par un acte inamical, et puis 4erenci
et moi étions amis, nous étions en #onne relation, et le transfert n"a
rien ! voir dans cette histoire B. Rn voit #ien l! la 'ne de 4reud, et
la fa/on dont il se déae du pro#l&me de l"analse du transfert
néatif par le #iais de l"amitié, Huste apr&s avoir évoué le fantasme
d"un acte inamical de sa part, ui eXt seul le pouvoir d"actualiser ce
transfert néatif.
111
7/23/2019 destins_traumatisme
http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 112/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Rn aura éalement remarué ue dans ce te%te, il a une allusion
de 4reud au mariae de 4erenci. Il s"ait l! d"une histoire
éalement asse étrane, dont nous retrouvons la trace dans les
lettres ! :roddecT déH! citées du $) février 19$$ et du $5 décem#re
19$1 et éalement dans une lettre de 4rédéric ovacs, ami de
4erenci et de :roddecT, ! sa femme ilma, en date de Hanvier 19$).
oons uels sont les reproches ue 4erenci adresse
indirectement ! 4reud
Lettre du $5 décem#re 19$1 6 Me lui ai de nouveau parlé il s"ait
de :iella, son épouse< d"insatisfaction, d"amour refoulé pour sa lle
ui aurait dX 'tre ma ancée<. Glle l"a d"ailleurs été, Husu"! ce
u"une remarue uelue peu désappro#atrice de 4reud m"ait
amené ! lutter avec acharnement contre cet amour, ! repousser
carrément la Heune lle< B.
Lettre du $) février 19$$ passae déH! cité 6 lui Il s"ait de
4reud< ui tout comme autrefois le p&re< a emp'ché mon mariae
avec la ancée plus Heune actuellement #elle-lle<. B
Lettre de ovacs de Hanvier 19$) 6 4erenci aimait tout d"a#ord:iella, puis il s"est ancé ! Glma @ mais les an/ailles ont été
rompues, elle s"est alors mariée en Amériue, et c"est ensuite ue
4erenci a épousé :iella. +ue dites-vous de cela U Se plus, le plus
cher désir de :iella ! présent, et son proHet, c"est ue 7andor
divorce et u"il épouse Glma elle ne renoncerait pas pour une
autre, seulement pour Glma , elle-m'me se contenterait de Houer
un rDle de m&re B, etc. AHoutons u"Glma a été en analse avec 4erenci, analse
interrompue en Hanvier 191$, date ! lauelle elle part ! ienne avec
le proHet de faire une analse avec 4reud, puis revient si% mois plus
tard ! udapest et reprend son analse avec 4erenci.
Rn voit l"im#rolio pschanaltico-sentimental m'lant 4erenci,
:iella son épouse, Glma lle de cette derni&re, ancée, patiente,
puis #elle-lle de 4erenci, ! 4reud lui-m'me. 4reud, en
11$
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http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 113/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
désapprouvant le passae ! l"acte de caract&re évidemment
incestueu% avec la lle de la femme ue 4erenci aimait, ne s"est-il
pas laissé enfermer par ce dernier dans une position parado%ante
puisue, en désapprouvant l"union avec Glma et en encouraeant,
sem#le-t-il, celle avec :iella, plus Fée ue lui, il allait à la ois dans
le sens de l"interdiction du passae ! l"acte incestueu% avec Glma<,
et dans le sens de son encouraement avec :iella<. Rn mesure
dans la lettre de ovacs comment en 19$)
15 ans plus tard cette situation continuait ! se Houer entre
:iella, Glma et 4erenci. Se plus 4erenci en se mettant activement
dans cette situation, et vis-!-vis de :iella et d"Glma, et vis-!-vis de
4reud, rév&le sans doute un aspect important de lui-m'me, sa
traumatophilie @ dans cette hpoth&se d"une répétition traumatiue,
4erenci, pris indéniment dans cette relation oraeuse entre :iella
et Glma, entre la m&re et la lle, a répété uelue chose d"un
événement traumatiue infantile. Cette hpoth&se a d"ailleurs été
faite, dans une perspective un peu di?érente par Macueline
Oiller5) 6 nourrisson savant, dou#lure d"Ndipe acca#lé de la haine
d"une m&re morte B. 4erenci dans ses reproches e%primés ! 4reud
n"aurait-il pas tenté désespérément de sortir d"une dépression
6 infantile B vécue alors ue osa sa m&re était en deuil de sa petite
sWur ilna. V"aurait-il pas renvoé 4reud ! sa propre haine
fortement contre-investie ! l"éard d"AmaliaZm&re chérie, endeuillée
non seulement du petit Mulius, mais éalement d"un fr&re portant le
m'me prénom. Gt Macueline Oiller conclut 6 7andor, cet enfant
terri#le de la pschanalse aurait-il réussi au-del! de toutes ses
espérances les plus secr&tes ! eler en 4reud la m&re u"il ne
pouvait 'tre U B Ce ui est ici implicitement suéré par Macueline
Oiller, c"est l"idée d"une haine de transfert de 4erenci ! lauelle
aurait répondu une haine de contre-transfert de 4reud, l"idée est
intéressante, et #ien des éléments des relations 4reudZ 4erenci ue
H"ai cités vont dans ce sens58. M"en aHouterai un, asse trou#lant.
113
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Sans une lettre de 4erenci ! 4reud, l"auteur se désine lui-m'me
comme 6 l"astroloue de cour de 4reud B $$ décem#re 191<. Rr !
la mort de 4erenci, dans sa notice nécroloiue, 4reud reprend
inconsciemment U cette imae dans un te%te dont on mesurera
l"am#ivalence
6 Vous avons fait l"e%périence ue les vWu% ne coXtent u&re,
aussi nous faisons-nous énéreusement cadeau les uns au% autres
des vWu% les meilleurs et les plus chaleureu% dont le premier est le
vWu d"une lonue vie. ;ne petite histoire orientale #ien connue
dévoile l"am#ivalence de ce vWu, précisément. Le sultan invite deu%
saes ! lui préparer un horoscope. Ku seras heureu%, 7eineur, dit
l"un d"entre eu%, car il est écrit dans les étoiles ue tu verras mourir
avant toi tous tes proches. Ce devin sera e%écuté. Ku seras heureu%
dit aussi l"autre, car He lis dans les étoiles ue tu survivras ! tous tes
proches. Celui-ci sera richement récompensé. Les deu% ont e%primé
accomplissement de désir...
AuHourd"hui... H"ai la douleur de lui il s"ait de 4erenci< avoir
survécu ! lui aussi. B
Kerri#le para#ole ue celle emploée par 4reud ! l"éard de celui
ui se souhaitait son astroloue de cour et u"il avait lui-m'me
nommé son 6 rand iir 7ecret B et ui incline e?ectivement !
imainer entre les deu% hommes une relation dans lauelle l"amour
et la haine ont été décidément tr&s forts, il me sem#le enn ue
4erenci, comme 4reud, ont l"un et l"autre terri#lement sou?ert de
leurs diverences et de leur éloinement croissant ce ue nous
connaissons de leur correspondance en témoine sans doute par
méconnaissance réciproue d"enchev'trements transférentiels et
contre-transférentiels e%traordinairement comple%es u"ils ont mis
en Heu.
Peut-'tre alors pourrions-nous penser u"une des sources de
l"analse mutuelle a été pour 4erenci le désir de se retrouver avec
4reud dans une position pré-con>ictuelle, pré-am#ivalente, asse
11*
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
proche de l"amour primaire, 4reud étant alors fantasmatiuement
mis en position maternelle, position dont on sait, de son propre aveu,
uelle di?iculté il avait ! la tenir1,$.
Le trauma entre patient et analste
Le cadre analtiue, avec l"alternance des Hours de séance et des
Hours de non-séance, avec l"alternance, au sein m'me de la séance,
du silence de l"analste et de sa parole, avec l"e%istence d"un tiers
ce ui est institué, ui se présentie plus ou moins dans la pensée de
l"analste constitue, de fait, un mod&le homomorphe au% soins
maternels, dans leuel la compulsion de répétition permet le
développement trans-férentiel, la constitution de la névrose de
transfert, et l"élucidation de la névrose infantile par la levée de
l"amnésie infantile. Sans ce mod&le idéal, le pasae de l"analse,
c"est le champ de la transitionnalité un patient parle, pense,
s"écoute parler et penser, tandis u"un analste écoute, pense et
parfois parle de ce u"il écoute et pense @ entre les deu%
protaonistes il a un pacte tacite selon leuel on ne posera pas la
uestion du statut de la réalité de l"o#Het auuel on pense, dont on
parle et ui mo#ilise l"écoute ni pur o#Het pschiue créé ex ni+ilo,
ni réel #rut
chose , l"o#Het est ! la limite, entre les deu%. Gntre les deu%,
c"est-!-dire ! la fois
o#Het réel modié par le travail pschiue, o#Het pschiue
modelé ! partir du réel,
et aussi o#Het entre l"analste et le patient.C"est ainsi ue le monde des o#Hets du patient se rév&le dans le
transfert ! l"analste, tel u"il s"est constitué par le Heu des
introHections, des proHections et des identications. Chacun dans ces
conditions, sait ! peu pr&s, ce ui, dans ce ui se dit, lui appartient @
c"est en tout cas l"enHeu de l"analse. Kout ceci suppose, du cDté du
pschisme du patient, une condition basale, ondamentale ; %ue la
répétition %ui s ’actualise dans le transert soit une répétition
115
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
représentative, c’est-à-dire liée à la réactivation de traces
mnési%ues, supposant par exemple, comme dans le 6eu de la bobine,
la remémoration de la présence et du départ de la mre.
Oais parfois aussi le pasae analtiue chane et la familiarité
uotidienne, rassurante, et aussi surprenante, laisse alors la place !
l"inuiétante étraneté Oichel de O";an a, il a uelues années
déH!, décrit avec talent cette mutation du pasae, et les nouvelles
contrées traversées59
6 Kandis u"il écoute son patient avec l"attention ue l"on sait,
l"analste per/oit en lui une activité pschiue di?érente de toutes
celles, a?ect compris, ui lui sont ha#ituelles dans cette situation.
rusuement surissent des représentations étranes, des phrases
inattendues et rammaticalement construites, une imaerie colorée,
des r'veries plus ou moins éla#orées, la liste n"est pas limitative,
mais ce ui compte surtout, c"est l"a#sence de rapport
compréhensi#le avec ce ui se déroule dans la séance. Apr&s coup
lorsue l"analste a le loisir de revenir sur ce u"il a vécu dans un
pareil moment, il constate ue deu% choses s" trouvaient liées une
mise en alerte orientée vers l"o#Het, et une altération du sentiment de
sa propre identité B.
Se O";an, parle ! ce propos d"une aliénation momentanée de
l"analste, et pense, citant Veraut, ue 6 le transfert massif de ces
patients B témoine d"une 6 mainmise ps#c+i%ue sur le thérapeute.
Ses contenus pschiues appartenant ! d"autres su#Hectivités
paraissent inclues dans un m'me espace...
Il faut, dit-il 6 conclure u"au niveau déni de son fonctionnement,
l"appareil pschiue de l"analste est littéralement devenu celui de
l"analse B. L"o#Hectif de ce processus est ue ce ue le patient
éprouve en lui
sans représentation encore accessi#le s"éla#ore et trouve
une pleine uration.
11(
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Me me sens tr&s proche, ! #ien des éards, de cette
phénoménoloie de l"empiétement pschiue décrite par de O";an,
asse voisine de la 6 capacité de r'verie de la m&re B décrite par
ion, et nous sommes He crois, placés l! au cWur des pro#l&mes de
cliniue et de techniue contemporains.
La nécessité de faire sien l"appareil pschiue de l"analste
suppose ! mon sens un mode de répétition particulier dans leuel ce
n"est pas l"inscription de l"o#Het ui est répétée, mais son a#sence
d"inscription la
répétition commémore alors et non pas représente
l"inscription de l’ob6et dans le moi en ce %u’il a d’absent He dirai
volontiers ue cette saisie par l’anal#ste, de l’existence de l’étranger
en lui-m7me, à la ois lui appartenant et n’étant pas lui est pour lui
l"occasion d"éprouver un mode de constitution pschiue de son
patient dans leuel l"o#Het n"est pas assimilé par le oi, mais
l’enerme en lui, dans une sorte d’inclusion. Le mérite de de O";an
est ici d"avoir été un des premiers ! étudier la survenue du
traumatisme che l"analste @ He voudrais ! mon tour essaer
d"apporter une contri#ution ! cette étude ! l"aide de uelues
e%emples cliniues, issus des di?érents tpes d"activités de
l"analste.
Le traumatisme dans la pratiue de la cure
Certaines uestions théoriues sont particuli&rement délicates, en
ce sens u"elles se situent au lieu m'me d"une résistance ! la théorie
pschanaltiue @ le pschanalste, soucieu% de défendre oud"illustrer le corpus théoriue ui est le sien, n"a pas touHours dans
ces conditions la li#erté d"investissements et de pensée ui lui
permettent d"avancer une réponse adéuate @ aussi, ! de telles
uestions, les solutions proposées peuvent parfois 'tre caractérisées
de résistances de la théorie pschanaltiue. S"autre part aussi,
cette résistance de la théorie peut enendrer une résistance à la
théorisation de la pschanalse. Ainsi, chaue fois ue revient, dans
11)
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
le champ de la pensée analtiue, en des termes uasiment
inchanés, une uestion en apparence résolue depuis lontemps,
nous sommes, ! mon sens, confrontés ! un smptDme de cette dou#le
résistance à la théorie @ de la théorie<. La uestion de la 6 réalité de
la séduction B rel&ve, ! l"évidence, de cette conuration si 4reud
est revenu inlassa#lement sur cette uestion et si, ! sa suite, M.
Laplanche
pour ne citer ue lui a proposé des avancées théoriues
décisives, il me sem#le aussi ue des uestionnements répétés, donc
siniants, viennent du sein m'me du mouvement pschanaltiue
témoiner d"un reste actif, smptDme de cette dou#le résistance.
Gn septem#re 193$, 4erenci présente au Conr&s de ies#aden
un rapport tr&s important. Rn sait ue c"est dans un conte%te di?icile
d"opposition ! 4reud ue se situe cet e%posé @ les premi&res lines
du te%te de 4erenci sont ! cet éard sinicatives 6 C"était une
erreur de vouloir aire entrer de orceA dans un rapport au Conr&s,
le th&me trop vaste de l’origine extérieure\ de la formation du
caract&re et de la névrose. B L"enHeu de l"e%posé est donc clair
l"a?irmation du rDle prééminent de la réalité matérielle la
séduction par l"adulte dans la en&se de la patholoie du Ooi. Rn
suppose ue c"est de lui-m'me ue 4erenci théorise ainsi @ on peut
penser u"il en est de m'me lorsu"il écrit un peu plus loin ue
6 l0o#Hection, ! savoir u"il s"aissait de fantasmes de l"enfant lui-
m'me, c"est-!-dire de mensones hstériues, perd
malheureusement de sa force, par suite du nom#re considéra#le de
patients en analse ui avouent eu%-m'mes des voies de faits sur des
enfants B. Ce ue souline ici 4erenci, c"est un aspect particulier de
l"articulation entre la réalité pschiue et la réalité e%térieure, et des
situations particulires dans les%uelles l’une de ces réalités est mise
en position de déni. 7i H"insiste sur le caract&re particulier de ces
situations c"est pour indiuer, d"une part, u"! mon sens la
généralisation de la théorie de la séduction n’en rend pas compte, et
118
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
c"est donc dans ce cas une résistance de la théorie, et ue, d"autre
part, cette restriction au particulier faite par 4erenci est une
résistance à la théorie. 4orce est donc de rée%aminer le pro#l&me en
des termes di?érents.
C"était le premier rende-vous de la Hournée, et c"était une
premi&re consultation, dont l"o#Het m"avait été annoncé par
téléphone une demande de pschothérapie. él&ne était souriante,
et d"em#lée tr&s ! l"aise elle avait déH! entrepris une
pschothérapie u"elle avait rapidement interrompue, mais cela ne
lui posait pas de uestion elle avait, Huste avant cette interruption,
éprouvé la disparition #rutale d"une sWur aJnée dans des
circonstances accidentelles dramatiues @ tandis u"elle évouait
cette disparition et cette interruption, comme une simple
co=ncidence, He me mis ! penser u"entre la netteté roide et
souriante du récit des événements et le maintien ! l"écart d"une
causalité ps#c+i%ue entre ceu%-ci la disparition de la
sWurZl"interruption de la pschothérapie< se situait un espace de
non-représentation %ui est à mon sens l’espace m7me du
traumatisme. Me me dis encore et ce fut ma derni&re pensée claire
lors de cet entretien ue la sou?rance pschiue devait 'tre
particuli&rement rande pour ue cette causalité pschiue n"ait pu
advenir che uelu"un ui par ailleurs montrait un fonctionnement
mental su?isamment #on en apparence. él&ne poursuivait un récit
#ioraphiue ui paraissait aussi #analement névrotiue, touHours
souriante, ordonnée dans son récit, un peu trop peut-'tre @ en tout
cas, moi, He ne l"entendais plus H"étais pris soudain par un a?ect
d"anoisse, avec une pensée a#surde dont He ne pouvais me
déprendre 6 Ku ne pourras pas, en la raccompanant, lui serrer la
main. B Pensée et a?ect surprenants ui résist&rent ! un #rin d"auto-
analse et ! une rapide analse du contre-transfert menées toutes
deu% en urence #ien au contraire l"anoisse aumentait, la pensée
insistait et He me dis, remettant ! plus tard la compréhension de ce
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
ui m"arrivait 6 Ku es compl&tement fou, ce matin... B L"entretien,
pendant ce temps, s"était poursuivi au point d"en 'tre presue ! son
terme. Me dis ! él&ne, ce ui ! ce moment-l! m"apparut clairement
6 ous ne m"ave rien dit de votre p&re B 6 Rh, me dit-elle en un
mot, c"est un mélancoliue ui n"a Hamais supporté d"épouser une
femme endeuillée d"un premier mari. Il a #ien lontemps, il s"est
coupé volontairement une main en travaillant ! son atelier de
menuiserie. B
L"entretien était terminé, nous étions convenus de nous revoir. Me
raccompanai él&ne... et lui serrai la main.
O'me s"il ne s"ait pas ici d"une cliniue #anale et uotidienne, il
serait tentant d"e%pliuer cette vinette d"em#lée c"est-!-dire pas
du tout par un concept sur mesure ici par e%emple on pourrait
parler d"une réaction contre-transférentielle ! un fantasme
d"identication pro-Hective d"él&ne dans leuel ce ui était dénié et
clivé par elle autour de ces événements traumatiues était par elle
aussi fantasmatiuement mis en moi ui me trouvais ainsi mis sous
in>uence. Me tiens cela pour e%act, mais il me sem#le u"! traiter
seulement ainsi cette séuence cliniue on laisserait de cDté uelue
chose ui est ! mon sens essentiel si él&ne, avec ce ue H"ai appelé
sa netteté froide, présente dans un récit #ioraphiue des
événements ui paraissent purement extérieurs à elle-m7me sans
indice apparent de 6 pschisation B lapsus, hésitation, a?ects ou
autre<, He suis, uant ! moi, ha#ité par une réalité pschiue
anoisse, pensée 6 folle B< ui est comme l"autre face, dans le
contenu m'me du fantasme ui est le mien, de la réalité matérielle
convo%uée par ma patiente. Rn pourrait dire, en uelue sorte, u"il
a eu entre él&ne et moi une partition de la pensée de la réalité
pensée de la réalité matérielle pour elle, pensée de la réalité
pschiue pour moi, l"une et l"autre étant tout ! fait séparées @ ce
n"est u"! la n de l"entretien ue H"ai pu avoir l"idée d"une relation
entre mes pensées et les événements racontés par Rélne.
1$
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Sans un article de 198$, Louise de ;rtu#e a présenté une tr&s
intéressante histoire cliniue ui, ! #ien des éards, peut 'tre
comparée ! celle ue He viens de rapporter elle a trait ! une analse
se déroulant dans un pas au conte%te politiuement trou#lé et plein
de daners réels. Le patient, un homme de 35 ans, raconte ! son
analste ue son oncle, mari d"une tante ! peine plus Fée ue lui-
m'me et dont il est l"amant, vient d"'tre arr'té cet homme
l"oncle est pro#a#lement un aent dou#le. La veille de son
arrestation, il a apporté au patient un chou, u"il met dans le
réfriérateur. C"est dans ce conte%te ue le patient apporte un r've
He cite 6 Il faisait nuit, il se trouvait avec sa Heune tante dans le
Hardin de leur enfance, ils Houaient ! uelue chose, ! cache-cache
peut-'tre. Puis la sc&ne chane. Il se trouve dans un marché et
uelu"un lui donne un léume. B Les associations concernant le r've
sont nom#reuses et le patient analse a#ondamment tous les
contenus infantiles ui lui sont liés. Pourtant, l"analste est mal !
l"aise avec une pensée insistante 6 ;n chou dans un réfriérateur
est uelue chose de tr&s danereu%. Ce chou ne cachait pas un
enfant fantasmé, mais uelue chose de ]réel, pas sm#oliue,
uelue chose de compromettant face ! la police ui servirait ! faire
emprisonner le patient. B Pensée inuiétante et a#surde, mais ue le
patient n"a pas, pour sa part, présente ! l"esprit. L"analste est donc
amenée ! intervenir de la fa/on suivante 6 ... et ce chou ue votre
oncle a entreposé che vous... ous sem#le utiliser l"analse pour
inorer la peur ue la réalité pourrait vous inspirer. B Apr&s cette
intervention et apr&s la séance 6 le patient courut che lui,
chercha le chou et constata u"il contenait des microlms, u"il #rXla
sans les lire. A la tom#ée de la nuit, la police vint faire une
peruisition che lui ui commen/a par le réfriérateur. V"aant rien
trouvé, elle repartit B.
Il est asse frappant de constater ue, dans cette séance, le
patient de Louise de ;rtu#e a dénié la réalité de la réalité
1$1
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
matérielle le chou dans le réfriérateur et fait de ce chou réel
un pur ob6et ps#c+i%ue ui est alors pour lui un sein, un #é#é, ou une
théorie se%uelle infantile, tout sauf un o#Het réel. Rn peut penser ue
le déni de la réalité matérielle, ici spectaculairement présent, est un
déni mania%ue dans leuel ce ui est ! la fois rappelé et nié est la
dépendance vis-!-vis de la réalité matérielle, dans ce u"elle a de
nécessaire, au sens de l"AnanTé souvent évouée par 4reud.
Cette histoire cliniue me paraJt 'tre comme le négati de la
précédente ici, c"est le patient ui est tourné enti&rement vers le
fonctionnement mental, vers la pensée de sa réalité pschiue,
tandis ue l"analste est préoccupé par la pensée de la réalité
matérielle dans ce u"elle peut avoir de danereu% pour le patient.
L! encore, se produit entre le patient et l"analste une partition de la
réalité pensée de la réalité pschiue pour le patient, pensée de la
réalité matérielle pour l"analste.
Sans chacune de ces deu% histoires cliniues l"analste est
amené, dans son travail de pensée, ! se poser la uestion de
l"articulation et des
rapports entre la réalité pschiue et la réalité matérielle @ plus
précisément, il est conduit ! se demander ce ui vient séparer, dans
le pschisme du patient, la réalité pschiue et la réalité matérielle.
Rn voit l!, He pense, ! uel point nous sommes ici hors des
conceptions développées par innicott 6 Rn peut dire, ! propos de
l"o#Het transitionnel, u"il a un accord entre nous et le #é#é comme
uoi nous ne poserons Hamais la uestion ]Cette chose, l"as-tu
con/ue ou t"a-t-elle été présentée du dehors U L"important est
u"aucune prise de décision n"est attendue sur ce point. La uestion
elle-m'me n"a pas ! 'tre formulée B0. C"est pouruoi il me sem#le
ue l"on peut caractériser ces deu% moments cliniues ue He
rapporte, comme des moments de rupture d’une transitionnalité le
plus souvent implicite dans la pratiue ha#ituellement la uestion
de la topi%ue de la réalité évo%uée par le patient ne se pose pas ; il
1$$
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
va de soi ue cette réalité est d"em#lée en position d’indécidabilité
nous ne sommes pas amenés ! nous demander si c"est ! la réalité
matérielle ou ! la réalité pschiue ue nous avons a?aire @ nous ne
sommes ha#ituellement pas, en d"autres termes, en position
d"éprouver ce ue He nomme partition de la réalité. Cette partition de
la réalité se fait, pour chacun des patients évoués, selon des
modalités #ien précises
él&ne met en avant la toute-puissance de 1événement, de
l’&nan>é, tandis %ue 6e suis, moi, entirement pris par une réalité
ps#c+i%ue %ui est certes mienne, mais aussi, on l"a vu,
oriinairement sienne, puis-%u ’elle a été déniée @
le patient de Louise de ;rtu#e met en avant la toute-
puissance de sa pensée, tandis ue son analste est, elle, ha#itée par
l"idée de la toute-puissance de la réalité, c"est-!-dire de l"AnanTé.
Rn peut, me sem#le-t-il, reconnaJtre dans ce mouvement de mise
en avant de la toute-puissance de la pensée l"essence m'me de
l"a?irmation animiue. Me crois nécessaire de rappeler ce ue 4reud
écrit sur ce point dans Cotem et Cabou( 6 Ki nous acceptons lemode d"évolution des conceptions humaines du monde, tel u"il a été
décrit plus haut, ! savoir ue la phase animiste a précédé la phase
reliieuse, ui, ! son tour, a précédé la phase scientiue, il nous
sera facile de suivre aussi l"évolution de la toute-puissance des idées
! travers ces phases. Sans la phase animiste, c"est ! lui-m'me ue
l"homme attri#ue la toute-puissance @ dans la phase reliieuse, il l"a
cédée au% dieu%, sans toutefois renoncer sérieusement, car il s"est
réservé le pouvoir d"in>uencer les dieu% de fa/on ! les faire air
conformément ! ses désirs. Sans la conception scientiue du
monde, il n" a plus de place pour la toute-puissance de l"homme ui
a reconnu sa petitesse et s"est résiné ! toutes les autres nécessités
naturelles. ais dans la con0ance en la puissance de l’esprit
+umainA ui compte avec les lois de la réalité, on retrouve encore les
traces de l"ancienne croance ! la toute-puissance. B
1$3
7/23/2019 destins_traumatisme
http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 124/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Ainsi donc, ce u"a?irme ici 4reud, c"est l"unité et la liation de la
toute-puissance de la pensée de la phase animiste et de la toute-
puissance de la réalité de la phase scientiue la seconde est
maruée du sceau de l"animisme ui r&ne en maJtre dans la
premi&re c"est pouruoi H"avancerai ue le temps de la partition de
la réalité dans lauelle l"un est pris par la pensée de la réalité
matérielle toute-puissante, tandis ue l"autre est pris par la toute-
puissance de la pensée est un temps d’animisme à deux, ui surit
dans les moments de détransitionnalisation de la pensée. C"est peut-
'tre autour de cette notion d"animisme ! deu% u"il aurait lieu de
repenser des phénom&nes tels ue l"identication proHective, ces
vécus d"indi?érenciation moiZnon-moi ui peuvent air au décours
d"une relation ou ces moments de télépathie comme avec él&ne
, et ue 4reud a larement a#ordés ! plusieurs reprises,
notamment dans Le r7ve et l’occultisme.
Gn 19(, ! l"occasion de son cinuanti&me anniversaire, ses
disciples o?rirent ! 4reud une médaille en or, ravée, et ue l"on
peut voir auHourd"hui ! ienne au 19 erasse. 7ur l"avers le prol
de 4reud, et au revers Ndipe répondant ! l"énime du 7phin%, avec
ces vers tirés de l"Ndipe-roi de 7ophocle 6 +ui résolut l"énime
fameuse et fut un homme de tr&s rand pouvoir. B Mones, ui raconte
cette histoire, ne vit cette médaille ue plus tard @ comme il n"avait
du rec ue de lointains souvenirs, il demande ! 4reud ui refusa
une traduction de ces vers @ il pense u"il faut voir l! une marue
de modestie de 4reud. Personnellement, He ne le pense pas @ le
silence de 4reud peut 'tre compris comme l"évitement d"un souvenir
péni#le lié ! la cérémonie de remise de cette médaille en e?et,
lorsu"on la lui eut remise, 4reud He cite Mones 6 pFlit, s"aita, et
d"une voi% étranlée demanda ui avait soné. Il se comporta
comme s"il avait rencontré uelue revenant, et c"est #ien ce ui
était arrivé. 4edern dit ! 4reud ue c"était lui ui avait choisi la
citation @ alors ce dernier révéla ue, Heune étudiant ! l";niversité de
1$*
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http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 125/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
ienne, il avait coutume de déam#uler dans la rande cour et de
rearder les #ustes d"anciens professeurs cél&#res. C"est alors ue
non seulement il avait eu le fantasme d" voir son propre #uste futur,
ce ui n"avait rien de surprenant che un étudiant am#itieu%, mais
encore u"il avait imainé ce #uste portant e%actement les mots ui
se trouvaient sur le médaillon B.
Il a dans ce court récit, l"évocation de deu% temps
er temps 4reud, Heune homme, se prom&ne dans la rande
salle de l"université et r've d"un destin sinon randiose, du moins
e%ceptionnel c"est le temps puisu"il s"ait d"un r've d"une
réalisation hallucinatoire de désir.
' temps ; La remise de la médaille présenti0e, dans la
réalité, cet accomplissement de désir. Il faut rappeler ue 4reud
tient 6 le facteur de répétition du m'me... comme source du
sentiment d"inuiétante étraneté B. Cette inuiétante étraneté est
liée aussi, selon ses termes 6 ! la plus #iarre rencontre entre un
désir et sa réalisation B. Il aHoute (id.) ue ce facteur de répétition du
m'me 6 rappelle en outre la détresse de #ien des états du r've B.Vous voil! du cDté de la détresse et donc, comme le soulinent
Laplanche et Pontalis, de la situation ui est l’originaire d"une
topiue du fonctionnement mental. Rn peut donc, me sem#le-t-il,
avancer ue cette rencontre, dans la réalité, d"un événement ui
vient comme un revenant, réaliser le désir antérieur, ue cette
adé%uation exacte entre le monde interne du désir et le monde
e%terne de la réalité matérielle provoue une sorte de collapsus de la
topi%ue interne dans le%uel s’abolit la distinction m7me de l’intérieur
et de l’extérieur @ il s"ait de ce ue 4reud appelle 6 une reprise de
phases isolées de l"histoire de l"évolution du sentiment du moi, d"une
réression ! des époues o^ le moi ne s"était pas encore nettement
délimité par rapport au monde e%térieur et ! autrui B. Me ne
m"autoriserai pas, #ien entendu, ! spéculer sur ce u"il a pu en 'tre
che le patient de Louise de ;rtu#e, de cette rencontre entre le
1$5
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
monde interne du désir et le monde de la réalité matérielle, #ien u"!
l"évidence, la pro#lématiue masochiste soit ici au premier plan.
él&ne, en tout cas, m"a indiué en un mot ue cette rencontre
s"était faite les fantaisies ui étaient les siennes sur l"a#sence de
désir entre ses parents ont pu trouver dans l"automutilation du p&re
une conrmation réelle. S&s lors, mon anoisse caractérisa#le
comme anoisse de castration la crainte d"'tre incapa#le de lui
serrer la main< peut 'tre comprise comme le surissement en moi de
ce dont elle avait #esoin pour 6 décoller B la réalité pschiue de la
réalité matérielle et dont elle ne disposait plus. Il me sem#le, en
somme, ue lorsu"une des deu% faces de la réalité vient se
présenter che celui ui est en situation d"écoute, il a l! l"indice de
cette situation de collapsus de la topiue interne ue H"ai évouée
cette situation me paraJt 'tre un des modes essentiels de ce ue
H"appellerai traumatisme %ualitati. Peut-'tre alors ue toutes les
discussions autour de la uestion de la séduction ouvertes apr&s le
renoncement de 4reud ! sa Beurotica en septem#re 189), depuis
4erenci Husu"! nos Hours, en passant par les repentirs de 4reud
dans 8ora, L’Romme aux loups ou 4onstruction en anal#se ou #ien
encore les discussions autour du rDle de la réalité matérielle dans
l"éducation du président 7chre#er, seraient ! réévaluer par rapport !
l"idée ue c"est la mise en tension de la réalité matérielle et de la
réalité pschiue ui est oranisatrice du développement de la
topiue interne. Cette idée se retrouve d"ailleurs in ne che 4reud
dans l"e%emple de construction u"il donne dans 4onstruction en
anal#se 6 Husu"! votre n-i&me année, vous vous 'tes considéré
comme le possesseur uniue et a#solu de votre m&re, ! ce moment-l!
un deu%i&me enfant est arrivé et avec lui une forte déception. otre
m&re vous a uitté pendant uelue temps et, m'me apr&s, elle ne
s"est plus consacrée ! vous e%clusivement. os sentiments envers
elle sont devenus am#ivalents, votre p&re a acuis une nouvelle
sinication pour vous B. Rn comprend aisément, ! la lecture de cet
e%emple, ue la construction mo#ilise ensem#le, des éléments aant
1$(
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
trait ! la réalité matérielle, de l"événement, de l"AnanTé la naissance
du fr&re< et de la réalité pschiue 6 votre p&re a acuis une
nouvelle sinication pour vous B<. Se sorte ue toute construction
proposée ! un patient vise ! remettre la réalité en position
d"indécida#ilité, ! la retransitionnaliser. C"est dire l! aussi ue d&s
ue la nécessité d"un recours d"une reconstruction plutDt u"! une
interprétation se pose ! l"analste, c"est u"il est en présence d"un
fonctionnement mental o^ il a du traumatiue, du collapsus
topiue.
Me voudrais en conclusion revenir sur la n de l"épisode de la
médaille o?erte a 4reud, elle mérite d"'tre racontée 6 M"ai plus tard,
écrit Mones, e%aucé ce désir de Heunesse de 4reud en remettant !
l";niversité de ienne, pour u"elle l"érie, un #uste du maJtre
sculpté par Dnis#erer en 19$1 et au #as duuel on a depuis ravé
les vers de 7ophocle B Mones, face au retour de l"animisme che
4reud, avait voulu ue le dernier mot restFt ! la réalité, eXt-elle, ! ce
moment, ure de totem une statue, au fond, n"est pas une
construction.
Krauma et pensée animiue
La pensée animiue enlo#e la représentation, la perception et la
motricité, en une continuité ui ne les distinue plus vraiment les
unes des autres @ ! l"Wuvre dans le r've, elle surit aussi dans
certains
moments féconds de l"analse, lorsue patient et analste
acceptent 6 su?isamment B le potentiel de réression formelle uepermet le cadre. Il n"est pas rare de constater alors le surissement
de urations communes au patient et ! l"analste maintes fois
évouées par 4reud et rattachées par lui ! une communication
télépathiue @ une telle e%plication est, #ien entendu, suHette !
discussion, et il me sem#le ue la nature de ce phénom&ne de
6 uration commune B et son statut clinico-théoriue restent
auHourd"hui encore ! penser. Par l"e?et de sidération u"elle
1$)
7/23/2019 destins_traumatisme
http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 128/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
provoue le plus souvent, cette communauté représentative
s"instaurant entre le patient et l"analste est une des conHonctures
di?iciles de l"analse. C"est pouruoi He voudrais, en reprenant un
épisode de l"Wuvre de 4reud et ! travers l"évocation d"une vinette
cliniue, tenter de décrire les phénom&nes pschiues particuliers
u"elle suppose.
Gn 1913, 4reud écrit Le o*se de ic+el-&nge. Ce te%te est
motivé par une énime ue la statue du Oo=se pose ! 4reud
6 Sevant un tel chef-d"Wuvre de l"artiste, chacun dit en énéral autre
chose, et aucun ne dit ce ui serait suscepti#le de résoudre l’énigme
pour le simple admirateur B p. 88<. ;n peu plus loin 6 Oais
pouruoi ai-He ualié cette statue à'énigmati%ue U B p. 9<. Cette
énime, on en devinera la force si l"on se rappelle ue 4reud n"a
cessé depuis 191 d"aller voir la statue le $5 septem#re 191$, il
écrit de ome ! sa femme 6 Me rends visite tous les Hours au Oo=se
de 7an Pietro in incoli... B et plus tard, dans une lettre ! Gduardo
eiss 6 Pendant trois semaines de solitude, en septem#re 1913, He
suis resté tous les Hours dans l"élise, face ! la statue, la mesurant, la
dessinant, Husu"! ce ue s"éveille en moi cette compréhension ue
dans mon essai He n"ai osé présenter ue d"une fa/on ennueuse. B Il
me sem#le ue cette 6 écoute B attentive de l"énime de la statue est
une métaphore asse pertinente du fonctionnement mental de
l"analste en séance. Kout d"a#ord, 4reud est comme l"analste en
séance, mais aussi comme l"enfant dans le cercle familial, confronté
! l"énimatiue, ! l"inconnu, dans un mouvement de réression
formelle. Comme l"analste en séance, et comme l"enfant, 4reud va
essaer d"échapper ! cet inconnu interprétation, secondarisation
menant ! la théorisation pschanaltiue, mais aussi interprétation
et secondarisation menant au% théories se%uelles infantiles en e?et
4reud décrit un premier temps de réression formelle, animiue,
tout ! fait caractéristiue discutant les hpoth&ses des
commentateurs selon lesuels le Oo=se sculpté par Oichel-Ane est
1$8
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
pr't ! #ondir, 4reud écrit 6 Gn vérité, He suis pr't ! me souvenir de
ma déception uand, lors de mes visites antérieures ! 7aint-Pierre-
au%-Liens, He m"asseais devant la statue, m"attendant ! la voir
s"élancer sur son pied dressé, Heter les ta#les et décharer sa col&re.
Fien de tel ne se produisait S au lieu de cela, la pierre se 0geait de
plus en plus, un silence sacré, presue oppressant, émanait d"elle, et
He ne pouvais m"emp'cher de ressentir u"était représenté ici
uelue chose ui pouvait demeurer ainsi, inchané, ue ce Oo=se
resterait ainsi, assis l! éternellement, dans une col&re éternelle B p.
11<. Puis vient un temps o^ la conviction émere de la répétition
éternelle de l"énime 4reud dessine c"est ce u"il écrit ! Gduardo
eiss r've, construit sa propre statue du Oo=se ! partir d"indices
perceptifs et conclut par sa théorie personnelle He cite 6 Votre
Oo=se ne #ondira pas... ce ue nous voons sur sa personne n"est pas
le prélude ! une action violente, mais le reste d"un mouvement ui a
déH! eu lieu. ondir, tirer une veneance, ou#lier les ta#les, tout cela,
il voulait le faire dans un acc&s de col&re @ mais il a surmonté la
tentation, il va désormais rester assis ainsi, en proie ! une fureur
domptée, ! une douleur m'lée de mépris. Il ne Hettera pas non plus
les ta#les, an u"elles se fracassent contre la pierre, car c"est
Hustement ! cause d"elles u"il a étou?é sa col&re, c"est pour les
sauver u"il a maJtrisé sa passion. B +uelues lines plus loin, 4reud
écrit, avec assurance 6 L"interprétation de la statue de Oichel-Ane
peut prendre n ici. B Me ne peu% ici ue souliner la fa/on dont sont
liées ici la perception, la représentation, la mise en mouvement de la
statue la motricité. Cette motricité est d"ailleurs interprétée
comme une motricité suspendue ! peine é#auchée" Oichel-Ane fait
en sorte ue cette col&re... soit in+ibée sur la voie de l’action, écrit
4reud p. 118< on voit donc ue ces uelues lines soulinent deu%
param&tres essentiels de la cure
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
la suspension des actes et la réression animiue, l"une et
l"autre ouvrant sur l"e?et de conviction ue l"interprétation est
pertinente et u"elle peut donc prendre n @
enn dernier point, et non des moindres cette
représentation de mouvements musculaires antaoniues, les a?ects
supposés ui sont liés ne peuvent manuer d"évouer toute
l"e%citation se%uelle mo#ilisée dans un fantasme de sc&ne primitive.
Apr&s cette sorte de 6 séance B d"analse entre 4reud et Oo=se,
on pourrait s"attendre ! ce ue l"ouvrae se termine. Pourtant apr&s
avoir déclaré %ue son travail est ac+evé, 4reud reprend la plume
pour un dernier et tr&s court chapitre de son essai dans leuel il
évoue l"ouvrae u"un auteur anlais atTiss Llod a consacré
! la statue. oil! ce u"il écrit 6 Lorsue H"eus réussi ! mettre la
main sur cet écrit de *( paes, He pris connaissance de son contenu
avec des sentiments m'lés... Me rerettais ue Llod eXt anticipé sur
tant de points ui m"étaient précieu% au titre de résultats de mes
propres e?orts et voici la phrase importante c ’est seulement en
deuxime instance %ue 6e pus me ré6ouir de cette con0rmation
inattendue. B
Me dirais volontiers ue 4reud voit sa perception de la statue
con0rmée par la représentation antérieure de atTiss Llod et u"il
peut ainsi
malré l"atteinte temporaire narcissiue ue suppose
l"achoppement du fonctionnement animiue dans l"épreuve de la
réalité, se réHouir de l"arrivée de cette derni&re. Gn e?et, cettecommunauté de représentation entre les deu% auteurs permet !
4reud, apr&s avoir réduit l’énigme par le sens commun découvert, de
la relancer, de la rouvrir p. 1$1, 1$$, 1$3< 6 Oais u"en serait-il si
nous faisions tous les deu% fausse route U 7i nous avions succom#é
au sort de tant d"interpr&tes ui croient voir clairement uelue
chose ue l"artiste n"a voulu créer ni consciemment, ni
inconsciemment U 5e ne peux en décider... u"il me soit encore
13
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
permis, pour nir, d"aHouter, avec la timidité ui convient, ue
l"artiste s"est mis en position de partaer avec l"interpr&te la
responsabilité de cette incertitude. B
Ainsi, succédant ! la conviction ue conrme l"épreuve de la
réalité, et dont le point de départ a été la réression animiue,
apparaJt l"incertitude du sens trouvé 4reud prend ici clairement
parti le sens est commun, partaé, incertain aussi #ien pour
l"interpr&te ue pour celui ui donne ! interpréter. Vous sommes
ainsi, avec cette lecture du o*se de ic+el-&nge, ramenés ! la
transitionnalité de l"espace analtiue et de l"o#Het en analse 6 7i
un adulte prétendait, écrit en e?et innicott, nous faire accepter
l"o#Hectivité de ses phénom&nes su#Hectifs, nous verrions dans cette
prétention la marue de la folie. Koutefois si l"adulte parvient ! Houir
de son aire personnelle sans rien revendiuer, il n"est pas e%clu ue
nous puissions reconnaJtre nos propres aires intermédiaires
correspondantes. Vous nous plairions ! constater un certain
chevauchement, c"est-!-dire une e%périence commune B. C"est au
fond ce u"e%pliue 4reud en décrivant son traHet pschiue devant
la statue de Oo=se il échappe ! la folie de sa conviction par le
recours ! une pensée mise en tierce position, par le recours ! un
tiers théoriue ainsi, plus le fonctionnement animiue est ! l"Wuvre
dans le travail pschanaltiue, et enae le patient et l"analste
dans les voies de la conviction partaée, plus le recours au tiers
théoriue est nécessaire(1.
Il me sem#le ainsi ue cette alternance de deu% tpes de
fonctionnement pschiue che l"analste l"un dans leuel 6 les
choses s"e?acent derri&re leur représentation B, dans leuel la
distinction Ooi-non Ooi a tendance ! s"a#olir, a#outissant ! la
conviction, et l"autre ui suppose un ressaisissement dans l"épreuve
de la réalité, par le #iais de la pensée secondarisée, est une des
lines de tension fondamentales de l"Wuvre de 4reud, indiuant, par
e%emple dans 4onstruction dans l’anal#se la nécessité d"un
131
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
fonctionnement secondarisé, théorisant, tiers séparant les deu%
sc&nes, et désinant ! chacun sa pi&ce, son rDle, sa partition.
Pourtant, dans un te%te antérieur de uelues années !
4onstruction dans l’anal#se, 4reud su&re, ! propos de la
télépathie, un autre mode de fonctionnement mental il écrit en
e?et, dans Vuel%ues additis à l’ensemble de l’interprétation des
r7ves($ 6 Rn fait certainement #ien de défendre, avec o#stination,
en mati&re de télépathie comme ailleurs, toute position de
scepticisme et de ne céder u"avec réticence ! la force des preuves.
Me crois avoir trouvé un matériel ui échappe ! la plupart des
réserves par ailleurs admissi#les des prophéties non accomplies de
diseurs de #onne aventure professionnels. B Apr&s avoir discuté un
tel matériel, 4reud ne peut 6 mieu% élucider la totalité des faits
précisés sans aucune éuivoue ue par l"hpoth&se u"un fort désir
inconscient de la consultante ...< s"était manifesté par un transfert
direct au diseur de #onne aventure a#sor#é par des manipulations de
diversion B. Gt il poursuit 6 M"ai éalement eu l"impression, au l des
essais pratiués dans le cercle de mes intimes, ue le transfert de
souvenirs ! tonalité fortement a?ective réussit sans di?iculté ...<.
4ort de plus d"une e%périence, He suis enclin ! tirer la conclusion ue
de tels transferts se réalisent particuli&rement #ien au moment o^
une représentation émere de l"inconscient
ou #ien, pour m"e%primer en termes théoriues d&s ue l"on
passe du 6 processus primaire B au 6 processus secondaire B. 7i on
se souvient ue 4reud décrit le monde animiue comme un 6 monde
ui nous renvoait partout en re>et des consciences sem#la#les ! la
nDtre B, on mesurera l! la défense et l"illustration du fonctionnement
animiue.
S&s lors, une des uestions fondamentales ui se posent !
l"analste se résume ainsi 6 7c&nes séparées B, ou 6 pi&ces
communicantes B U Autrement dit peut-on croire ! la communication
d"inconscient ! inconscient U 7i oui, comment U Me voudrais tenter
13$
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
d"apporter uelues éléments de réponse ! cette uestion
l"instauration du cadre analtiue, en suspendant les actes, chau?e !
#lanc les processus de uration malré la r&le fondamentale,
sans doute une partie seulement des processus de uration du
patient arrive ! e%pression, une autre passant dans des actes
inmes, percepti#les par lui-m'me et par l"analste é#auches de
estes, de silences, de sommeil par e%emple<, mais les
représentations ui sont liées sont refoulées et les a?ects réprimés
pour ue l’illusion de la continuité ps#c+i%ue nécessaire au
processus se maintienne sufisamment pendant la séance. Il en est
de m'me, me sem#le-t-il, du cDté de l"analste ui en dépit de
l"attention >ottante et de l"éla#oration de ses positions contre-
transférentielles, est lui aussi pris dans des suites d"actes inmes
6 r'veries B et remémorations personnelles, ou#lis divers, 6 a#sences
pschiues de courte durée B. Ces actes ne sont pas, en principe,
inorés, mais soumis ! l"auto-analse de l"analste. Cependant, la
remo#ilisation de l"écoute >ottante, un temps pertur#ée, se fera en
n de compte sur fond de refoulement temporaire des
représentations liées ! ces actes é#auchés.
Ce ta#leau cliniue transféroZcontre-transférentiel se retrouve
tr&s e%actement dans la 6 séance B d"analse de Oo=se avec 4reud
inhi#ition d"une motricité é#auchée che Oo=se, 6 a#sences B de
4reud, dessinant ou hallucinant uasiment le mouvement de la
statue le rDle central de cette uestion de la motricité dans l"étude
du Oo=se indiue tr&s clairement, comme He le suérais un peu plus
haut avec la référence ! la sc&ne primitive, ue ce ui est
temporairement refoulé, du cDté du patient comme du cDté de
l"analste, pour ue l"illusion d"une continuité su?isante se
maintienne, c"est ce ui a trait au% fantasmes oriinaires, tant il est
vrai ue ce ui réunit les deu% protaonistes de la cure c"est un
intér't pour les énimes de l"oriine, de la se%ualité, de la di?érence
des se%es et de la fa/on dont elles sont pensées et théorisées, ue ce
133
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
soit dans le cadre des théories se%uelles infantiles ou des théories
pschanaltiues. ;ne des descriptions faites du Oo=se conrme
cette hpoth&se p. 9(< 6 Il pourrait rearder en direction du #ruit
en e%primant de sinistres pressentiments, ou #ien ce serait le
spectacle m'me de l"a#omination ui le frappe en l"étourdissant dans
son choc. Séfaillant de déoXt et de douleur, il s"est assis. B Cette
description peut 'tre rapprochée, me sem#le-t-il, de fa/on
saisissante, de la présentation ue fait 4reud du matériel du r've de
/ Romme aux loups 6 ;n événement a?ectif
d"une époue tr&s précoce rearder immo#ilité
pro#l&mes se%uels - castration - le p&re uelue chose
d"e?roa#le B il me paraJt donc ici certain ue le onctionnement
animi%ue de 3reud s ’est constitué sur le reoulement du antasme
de scne primitive par le biais d’une dénégation 6 Von, Oo=se ne
#oue pas B<. Rn sait d"ailleurs ue
Le o*se de ic+el-&nge est écrit pendant le traitement de /
Romme aux loups le o*se est de 1913, le traitement se déroulant
entre 191 et 191*< pour 3reud devant o*se, un autre texte écrit
ailleurs, revient et < in0ltre le premier...
La pratiue de la cure permet parfois de mettre ! Hour de telles
inltrations ainsi, Sorothée, dont H"ai déH! évoué la cure au dé#ut
de cet ouvrae, avait e%primé d&s le dé#ut de son analse la
certitude ue ses parents ne s"aimaient pas, n"avaient Hamais eu de
plaisir ensem#le, et m'me sans doute Hamais de relations se%uelles @
elle se les représentait volontiers ensem#le en 6 isants d"élise B.
Lorsu"elle avait deu% ans, alors m'me ue sa m&re était enceinte et
u"elle avait noué avec son p&re une relation tr&s investie, celui-ci
tom#a malade et dut uitter la maison familiale pour une lonue
période. Confrontée ! un dou#le deuil la perte de son p&re et le
désinvestissement maternel au prot d"un nouveau #é#é<, Sorothée
n"a vérita#lement plus personne vers ui se tourner @ cette cham#re
des parents, si importante se trouve désormais vide @ la fa/on dont
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
cette cham#re sera ! nouveau occupée, au retour du p&re, n"en sera
pas moins traumatiue. 7i He résume ainsi une construction !
lauelle une diaine d"années d"analse ont donné uelue valeur,
c"est pour m"arr'ter un moment sur le dernier acte ui a rendu cette
construction opérante Sorothée avait décidé de terminer son
analse et s"était #ientDt retrouvée enceinte, ce ui #ien entendu
commémorait la situation infantile ue H"ai évouée. Au cours d"une
séance, Sorothée me parle d"un e%amen médical u"elle vient de
su#ir elle attend une lle son deu%i&me enfant et poursuit
6 C"est tout de m'me étonnant ue He ne vous aie pas parlé de cet
e%amen, He vous en ai tenu ! l"écart... Me me dis ue ma lle va naJtre
Huste apr&s la n de mon analse, He ne peu% pas ne pas penser ue He
rép&te l! activement uelue chose lié ! cet épisode du départ de
mon p&re. B Glle s"interrompt mais alors, si He me mets avec vous
dans la situation de ma m&re, de vous He fais... mon p&re U... alors
u"il a peu, He vous imainais p&re de ma lle... Me suis en train de
penser ue... H"ai imainé... ue mon p&re n"était pas mon p&re... ce
ui me permettait de le considérer comme n"importe uel homme, un
homme parmi d"autres lon silence<. Pour moi, ! partir du moment
o^ H"ai pensé ue mon p&re n"était pas mon p&re, tout s"est #rouillé
c"est comme dans un souterrain, on ne distinue plus rien... oil!, il
a une rotte, avec des individus, rattant ! droite et ! auche on ne
sait pas de uel se%e sont les ens, ni ce u"ils font. Avant, He suis
dans un Hardin, avec des >eurs, des ar#res, des oiseau%, H" suis
#ien... et tout d"un coup... silence< l"entrée de la rotte...
Ooi. Alors, c"est moins anoissant avec les >eurs, les ar#res et
les oiseau% u"avec les entrailles de la terre U
Sorothée. Gt pourtant, l"ar#re a ses racines dans les entrailles
de la terre, He n"arrive pas ! faire e%ister /a, pour moi... c"est un
mst&re...
Ooi. Rn pourrait imainer l"histoire d"une petite lle ui en
l"a#sence de son p&re, croit u"elle est seule dans le Hardin de sa
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
m&re, Hardin dans leuel rénent les ar#res, les >eurs, les oiseau%
c"est un Hardin paradisiaue, sans se%ualité, fait pour elle toute
seule @ et puis son p&re revient, les parents sont réunis, et tout d"un
coup elle comprend ue l"ar#re-pénis du p&re plone ses racines
dans les entrailles de la terre-m&re, u"elle est issue de cela @ elle se
sent chassée de ce paradis, et elle n" comprend plus rien.
Cette construction en forme de conte aura pour Sorothée un e?et
de conviction important, conviction en partie liée ! une certaine
orce d’a-ect mise dans le sens, et dont témoigne la transormation
%ue 6’ai opérée de la < grotte en < entrailles de la terre .
Oais le sens de cette vinette cliniue réside ailleurs ue dans la
cure elle-m7me six mois avant cette séance, He m"étais enaé
aupr&s d"un roupe de coll&ues, ! parler de la 0n de la cure @ H"avais
aussitDt écrit les premi&res lines de l"e%posé ue He devais faire @ les
voici
6 Lorsue He ré>échissais ! la fa/on dont H"allais évouer la
uestion de la n de l"analse, un souvenir d"enfance, relatif !
l"espace ui était le mien, s"est représenté a moi plusieurs fois, avecinsistance H"avais, en vacances, l"ha#itude de promenades m'lées
d"errance, dans une for't si mstérieuse, si dense, ue l"idée u"elle
pXt avoir une n m"était impensa#le @ mais aant déH! su?isamment
appris ! compter avec la réalité, He ne pouvais pour autant penser
u"elle était innie cette for't était donc pour moi, en uelue
sorte, indénie. Gt puis un Hour, au cours de ces promenades, He
rencontrai mon p&re, accompané d"un homme en uniforme,
un arde des Gau% et 4or'ts en train de tracer, par des
marues peintes et des entailles faites au% ar#res, une limite, une
fronti&re, une n ! cette for't @ le petit ar/on ue H"étais les
reardait avec la pensée d"une activité inuiétante et aussi
rassurante. Rn aura compris, He pense, sans ue H"aie #esoin d"en
dire plus, ue ce souvenir me soit resté pour moi, l"errance était
terminée. +uel ue fXt, désormais l"éloinement de la maison de mon
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
p&re, l"indéni catéorie de l"étrane et de l"inuiétant avait
cédé la place au ni. Me pouvais parcourir, m"éloiner, me promener,
avec la certitude maintenant ancrée, de pouvoir, comme on dit, m"
retrouver.
Il me plaJt auHourd"hui de penser ue le pschanalste est un
o#scur arpenteur pour leuel s"ouvre, dans l"enfance de toute cure,
un espace
indéni, u"il parcourt de ce pas lent et mesuré u"ont les
montanards @ petit ! petit, une marue peut 'tre faite, une #orne,
dénie, de telle sorte ue se fore la certitude ue cette cure
indénie est maintenant nie, au sens o^ l"on parle d"un ensem#le
ni. B
M"ai été saisi, dans l"apr&s-coup, de la séance avec Sorothée par
des éléments de uration communs entre mon souvenir-écran et
son fantasme. Me dois aHouter u"une reprise auto-analtiue m"a
permis récemment de retrouver un autre souvenir personnel de la
m'me période, et ui concerne le m'me lieu de mon enfance un
couple de Heunes spéléoloues était venu e%plorer un réseau derottes ui se trouvaient ! l"orée de cette for't. Ils m"avaient proposé
de les accompaner @ He me sentais plein d"admiration pour eu% @ et
plein de tristesse aussi uand ils repartirent le lendemain matin...
M"ai, me sem#le-t-il, essaé de 6 réanimer B le pasae vide de
Sorothée, 6 celui o^ on ne distinue plus rien B avec le recours !
mes propres traces mnésiues, réactivées par les mots de ma
patiente. Ceci me conduit ! penser ue cette uration commune,indice d"un moment de fonctionnement animiue, est aussi le point
de rupture de celui-ci témoin de l"infantile, part commune au
patient et ! l"analste, cette uration partaée dévoile en m'me
temps ue, silencieusement, un fantasme oriinaire est mis en
é#auche d"acte est actualisé et ue les processus uratifs sont
menacés. Me pense pouvoir avancer u"il s"ait en fait d"une
séduction aie, car ce ui est en Heu dans ces phénom&nes de
13)
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
uration commune rel&ve littéralement d"une confusion de lanues
et ce, m'me si c"est un autre fantasme oriinaire ui active ce
processus ainsi, dans le cas de l"histoire de Sorothée, mon
souvenir-écran interpréta#le en référence ! un fantasme m'lant
sc&ne primitive et castration, et réactivé par les paroles de ma
patiente, me conduit ! une interprétation en forme de conte ui a
une portée séductrice, puisue He lui parle d"elle avec des siniants
ui sont de aPon inconsciente à ce moment-là miens.
Se m'me, dans la 6 séance B avec Oo=se, on a vu com#ien le
fantasme de sc&ne primitive était présent @ mais comment aussi ne
pas penser ue le 6 for/ae B interprétatif de 4reud pour faire de
Oo=se une ure em#lématiue du cadre n"est pas aussi une
séduction aie... sinon , du lecteur, du moins de Oichel-Ane,
puisue les derni&res lines du te%te nous l"apprennent, l"artiste n"a
peut-'tre 6 pas réussi ! e%primer pleinement B, ce ue 4reud a
interprété... on ne saurait mieu% dénir l"acte de séduction.
Me crois donc avoir ainsi montré com#ien, au cWur m'me des
processus uratifs ue la r&le fondamentale convoue, une
menace de rup-
ture est touHours présente @ mais l"écriture du pschanalste et
4reud nous a l! aussi indiué une voie permet, en tant
u"éla#oration secon-darisée de l"apr&s-coup de la pratiue,
d"essaer de réuler cette di?iculté de la pschanalse, et parfois d"
parvenir1$.
Le traumatisme dans la supervisionParmi les nom#reuses et riches métaphores ue Oichel Veraut a
emploées ! propos du transfert, H"ai été particuli&rement frappé par
celle du 6 feu-follet B le transfert, s"allume en di% endroits ! la fois,
insaisissa#le et pourtant touHours l!. Cette métaphore m"a
associativement rappelé l"histoire d"un mouvement transféroZcontre-
transférentiel dont le destin est d"avoir couvé si% ans apr&s sa
survenue pour s’allumer à nouveau apr&s la terminaison de la cure.
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
7ans entrer dans les détails de cette cure, He mentionnerai
simplement ue, si toute cure est sinuli&re, celle-ci l"était
davantae ue les autres, puisu"il s"aissait d"une cure supervisée.
C"est dans cette conuration particuli&re du travail analtiue
u"un Hour, dans la premi&re année de l"analse, H"interrompis la
derni&re séance de la semaine un uart d"heure trop tDt, et ne m"en
apercevant u"! l"arrivée du patient suivant.
M"étais naturellement tr&s préoccupé par cet actin contre-
transférentiel et par ce ue, pensais-He, H"allais m"en entendre dire
par mon superviseur. M"éla#orai autant ue He le pus, ce ui s"était
passé, en s part lors de ma séance de contrDle, et mon
superviseur(3, dont H"attendais sans doute u"il me tan/Ft, ne le t
point 6 ous ave, me dit-il, en analsant votre contre-transfert, fait
votre travail d"analste. B
M"entendis cette remarue, He le pense auHourd"hui, comme une
a#solution et c"est sans doute ce ui m"interdit d" revenir dans la
cure @ du reste ma patiente n"en parla Hamais.
L"analse, pour le reste, se déroula asse heureusement pendantsi% ans.
Il a uelues années, cette patiente souhaita me revoir, pour me
donner de ses nouvelles, et aussi pour me parler d"un événement
douloureu% de sa vie. Me la re/us, pendant une heure environ,
6 décadrant B comme He le fais ha#ituellement en cette circonstance,
le temps de l"entretien @ sans doute voulais-He aussi, inconsciemment,
lui rendre ce uart d"heure déro#é #ien des années auparavant.Glle souhaita me revoir une seconde fois, et me dit, en arrivant
6 C"est curieu%, H"ai eu l"impression ue la derni&re fois, vous ne
m"ave re/ue u"une demi-heure seulement... B
Vous avons pu alors parler de ce ui s"était passé autrefois, ui
était touHours l!, comme une ] inclusion intoucha#le ] dans notre
relation, et ui était revenue uasi hallucinatoirement, sous la forme
d"une fausse perception.
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
La patiente a pu reprendre sa route @ peut-'tre, apr&s tout, était-
ce surtout de cette séance-l! dont elle souhaitait ue nous parlions.
Le temps du silence
Le silence de l"analste permet, dans la cure, et le développementde la topiue, et la mise en évidence, de ce ui, du point de vue
économiue et dnamiue, s" déploie, pour le patient, comme pour
l"analste c"est ainsi u"on peut parler, d"une métaps#c+ologie de la
séance, pour reprendre la tr&s pertinente e%pression de César et
7ara otella. Il en va, ! mon sens, de m'me de l"écriture techniue
du pschanalste He sais, avec de nom#reu% coll&ues, l"apparente
vanité de la vinette cliniue, ui cache, alors u"elle entend
montrer, le proc&s m'me de l"analse écrire ! propos d"une cure
suppose l"illusion d"une écriture ui pourrait dire la érité on sait
ce u"il peut avoir l! de fallacieu%. C"est pouruoi l"intér't de
l"écriture d"une histoire cliniue commence une fois u"on a posé la
plume et u"on entre dans le temps du silence comme, dans le l
d"une séance, se sinie ce ui est placé dans le creu% du discours
silences, reprises, repentirs, retouches<, de m'me dans ce ue
H"écris, le lecteur devrait s"arr'ter ! ce ue He ne dis pas. Ve dit-on
pas d"ailleurs 6 lire entre les lines B U
Le transert de transert
Ainsi, de cette courte histoire cliniue, uelues mots tracent
comme une autre topi%ue 6 actin contre-transférentiel B,
6 interdit B, 6 a#solution B, 6 'tre tancé B. Il faudrait donc ue H"en
dise un peu plus de ma patiente et de moi. Soris avait une 6 écoutede l"écoute B particuli&rement ne uelues semaines apr&s ue
mon superviseur m"eut laissé continuer seul mon travail avec elle,
elle me dit 6 Sepuis uelue temps vous m"écoute, He ne saurais
dire, ni comment, ni pouruoi, mais di?éremment. B Ce fut la seule
interprétation u"elle me t He comprends maintenant u"elle me
disait, u"! l"évidence, auparavant, %uel%ue c+ose de la situation
anal#ti%ue, et de ce %u’elle m’# disait était transéré ailleurs.
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
Autrement dit la situation de supervision supposait un transert du
transert sur le superviseur, ou sur la situation de supervision.
Kransfert de transfert, donc, dans leuel se présenter fautif,
pouvant 'tre tancé espérant aussi 'tre 6 a#sous B de la 6 faute B
par le superviseur Houait un rDle actif. 7i He reconnais ici une forme
du fantasme 6 on #at un enfant B, il me revient aussi ce ui avait été
souliné par Soris dans l"entretien préliminaire com#ien elle avait
attendu et en vain ue son p&re l"investisse comme lle alors
u"il espérait tant avoir un ar/on. Le Hour o^ H"ai écourté la séance,
elle avait commencé ainsi 6 Cette peur ue H"ai d"'tre mal Huée,
c"est en rapport avec ce ue He pensais 'tre les attentes de mon p&re
ui voulait un ar/on B @ au moment o^ H"arr'te la séance, elle est en
train de me dire ue son p&re, un Hour o^ elle courait vers lui, s"était
détourné d"elle.
S&s lors u"elle évoue l"indi?érence de son p&re, et ue He me
comporte en indi?érent, moi aussi, He peu% penser ue He me suis
laissé convertir ! l"indi?érence et u"alors le Heu de l"identication
hstériue #at son plein. Apparemment, c"est ! son p&re, ue He
m"identie ainsi, et c"est ce ue He dirai d"ailleurs ! mon superviseur.
Oais 6 uid B alors de ce fantasme masochiste ui, tout ! l"heure,
sem#lait se décliner sous la forme actuelle de Dn orme un anal#ste U
Me peu% penser ue me présenter avec un manue, une insu?isance,
par rapport ! l"attente supposée de mon superviseur, c"était
m"identier hstériuement ! Soris dans ce u"elle me disait de sa
relation ! son p&re. L"idée de la supervision comme lieu de transfert
du transfert serait alors vériée. Ceci n"épuise pas d"autres
interprétations, mais ceci est #ien entendu, une autre histoire.
Le transert de contre-transert
Ce 6 vous ave, en analsant votre contre-transfert, fait votre
travail d"analste B, m"interdit, ai-He écrit, 6 d" revenir dans la
cure B. C"est-!-dire d"entendre ma patiente en reparler. M"avancerai
auHourd"hui ue cette parole de mon superviseur fut pour moi, dans
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
ce moment d"identication hstériue ! Soris, comme la répétition
de l’indiférence %ue 6’avais opposée à cette dernire. Gn d"autres
termes, en réponse au transfert de transfert, c"est une réponse
contre-transférentielle ui avait été faite, sur le m'me mode ue ma
réponse contre-transférentielle au transfert de Soris. Cette
comple%ité, ! lauelle He ne m"attendais pas, en écrivant cette
vinette est donc en passe de s"éclairer si H"ai emprunté ! Soris son
transfert, et si mon superviseur m"a emprunté mon contre-transfert,
resterait ! comprendre le pouruoi de ces emprunts successifs
s"articulant en une double méprise. Il me revient maintenant une
circonstance ui avait présidé ! l"enaement de la cure de Soris si
elle était en recherche d"un analste, H"étais en attente d"une cure !
faire superviser, dans les mois ui suivraient @ l"entretien
préliminaire m"avait convaincu ue Soris était une patiente
suscepti#le de faire une cure classiue. Cela s"avéra e%act, par la
suite. Koutefois, dans les toutes premi&res séances ue He rapportai,
mon superviseur me dit avec netteté u"il ne partaeait pas mon
opinion ! ce suHet. Me dois aHouter u"il revint plus tard sur cette
opinion @ He pense toutefois auHourd"hui ue cette situation entre lui
et moi, d"une attente dé/ue de part et d"autre, était comme la
matrice ! l"oriine de cette dou#le méprise, et u"il avait peut-'tre
apr&s tout une précession de son contre-transfert sur le mien.
La supervision
Ceci ouvre #ien entendu ! la énéralisation des uestions
théoriues concernant la supervision la cliniue, lorsue nous en
parlons, est ce ui nous permet d"e%ister comme +orde de
pschanalstes, mais nous en parlons, en référence ! une théorie
dont nous sommes redeva#les ! 4reud, ui nous permet d"e%ister
comme société et ui constitue dans le fond notre totem. Parfois
aussi, et peut-'tre lorsue la uestion de notre appartenance au
roupe totémiue est l"enHeu m'me de notre discours théoriue ce
ui est le cas dans la supervision, sommes-nous en situation de
1*$
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
pratiuer la reliion totémiue, ui comme l"écrit 4reud 6 est
résultée de la conscience de la culpa#ilité u"avaient les ls, comme
une tentative destinée ! étou?er ce sentiment et ! o#tenir la
réconciliation avec le p&re o?ensé, par une o#éissance
rétrospective B0. Il me sem#le au fond u"un des param&tres les plus
prénants de la supervision et sans doute aussi parado%alement
un des moins visi#les se situe du cDté de cet idéal commun !
l"analste en formation et au superviseur, ui est représenté par la
théorie pschanaltiue @ en e?et, et #ien ue les enHeu% personnels
soient de toute évidence di?érents, l"analste a imainairement !
répondre c"est-!-dire c"est de sa responsa#ilité< de ce ue sa
capacité pratico-théoriue personnelle, sa théorie de la techniue se
transmet ne dit-on pas u"un des crit&res de terminaison de
l"analse est la capacité du patient ! continuer le travail analtiue
seul U Rn saisit l!, He pense, ce lien entre le patient de l"analste en
formation, l"analste en formation lui-m'me et le superviseur, lien de
liation marué dans l"appartenance totémiue.
Il me sem#le donc ue la théorie de la pratiue de la supervision
reste ! penser 7. iderman a suéré ue ce n"est pas pour rien
ue dans notre lanae totémiue, nous persistons ! appeler
contr$le la pratiue de la supervision. Peut-'tre apr&s tout, la théorie
de la techniue, si elle est lien et bien communs, ! l"analste en
formation et ! son superviseur, doit 'tre aussi pensée comme
pratiue di?érente pour l"un et pour l"autre, c"est dans cet écart
entre le di?érent et l"identiue, et dans sa pensée ue peut advenir
la pensée de la formation.
Fetour au t+me
Soris était donc revenue me voir, pour, ai-He écrit, 6 me parler
d"un événement douloureu% de sa vie B. Il me sem#le utile de dire
maintenant ue cet événement répétait ce u"elle m"avait dit dans
cette séance initiale au moment o^ elle impliuait dans sa vie, apr&s
la cure, de la fa/on la plus réelle sa féminité, dans une relation avec
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
un homme u"elle aimait, celui-ci s"était détourné d"elle et l"avait
uittée c"est de cela dont elle voulait e%plicitement ue nous
parlions @ derni&re actualité d"une histoire restée en latence,
commencée dans l"enfance, et répétée dans la cure.
Le trauma dans les échanes inter-analtiues
Parmi les activités du pschanalste, celles liées ! la cliniue de la
transmission ne font ue trop rarement l"o#Het de pu#lications dans
les revues scientiues. Sepuis uelues années cependant, la
6 cliniue des échanes inter-analtiues B0 fait l"o#Het de recherches
dans di?érents séminaires de la spp(*. L"o#servation ue He présente
ici a été écrite(5 dans l"apr&s-coup d"un travail somme toute #ien
ha#ituel dans les roupes pschanaltiues la présentation d"une
vinette cliniue par un coll&ue(( et sa discussion par un autre(),
dans le cadre d"un séminaire sur la cliniue du contre-transfert.
Lorsue nous avions entrepris ensem#le ce travail de discussion
cliniue, nous ne nous doutions pas de la mésaventure ui allait nous
arriver, et dont les circonstances valent d"'tre racontées. Le
présentateur propose, au discutant, avant une période de vacances,le te%te de sa vinette cliniue, en lui donnant comme seule
6 directive B de discussion, les références d"articles d"auteurs forts
connus, mais ue le discutant, connaJt alors mal et utilise peu dans
ses propres travau%(8. Le te%te de la vinette est livré sans
commentaires @ seule une séuence de séance est rapportée, asse
particuli&re, puisue elle relate les e?ets dans ladite séance, de
l"irruption d"un tiers dans le ca#inet de l"analste(9. Vous convenons
de nous revoir apr&s l"éla#oration, par le discutant, de son te%te, et
par le présentateur, du sien an d"articuler cette présentation. Lors
de cette rencontre, uelues semaines plus tard, nous nous lisons
mutuellement nos te%tes et sommes saisis de stupéfaction, tant ils
nous sem#lent redondants. Cette stupéfaction, peu ! peu, nous
tentons de la dissiper est-il possi#le d"en atténuer les e?ets en
redécoupant, en présentant autrement nos écrits U Vous en avons un
1**
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
moment l"idée, mais cela nous apparaJt tr&s vite comme un artice,
la alsi0cation d"un événement important auuel nous chercherions !
échapper par cette réécriture, et ui est cette reduplication du
m7me #ien sXr, uelues di?érences apparaissent dans nos
éla#orations, mais pour l"essentiel nous répétons la m'me chose @
certes, nos stles sont di?érents, .mais ne peuvent masuer, au-del!
de cette di?érence, cet e?et de répétition ui nous navre, et ! ce
moment-l!, nous encom#re, alors u"ha#ituellement, nous n"avons ni
les m'mes modes, ni les m'me références de pensées. Vous
choisissons donc de décaler momentanément l"o#Het de notre travail
et de mettre au travail nos interroations sur cette répétition. Il nous
a sem#lé en fait ue l"essentiel de cet e?et de répétition était produit
par une opération mentale comple%e che le discutant en e?et, ! la
lecture des articles ui lui avaient été donnés en référence, il lui
était revenu en mémoire une intervie de ernard Pivot, lue #ien
des années auparavant ce dernier, ui tenait, ! sa mani&re, dans
l"émission télévisée &postrop+es, le rDle de discutant, racontait en
e?et u"apr&s avoir accepté de présenter cette émission, il avait
essaé de orcer son st#le, en prenant pour modles ses a:nés en
mati&re de présentation d"émissions littéraires @ uelues Hours avant
la premi&re de l"émission, il avait renoncé ! ce 6 for/ae B et décidé
de présenter avec son propre stle, son propre mode de
fonctionnement. La survenue insistante, che le discutant, de ce
souvenir fXt reliée par lui ! l’étrangeté %u’il éprouvait à devoir
discuter une présentation clini%ue à partir de réérences t+éori%ues
%ui lui avaient été prescrites. A partir de cette constatation,
di?érents niveau% d"analse du phénom&ne peuvent 'tre déaés
1 Z Rn se rappellera utilement une fois encore les travau% de 7.
iderman), déH! cités dans cet ouvrae, ui a constamment insisté
sur le fait ue le éel c"est-!-dire, pendant la séance, le matériel
cliniue , n"est Hamais donné en soi, mais ! travers la théorie ue
nous en avons, et ! travers nos méthodes d"o#servation. Le éel nous
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Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
est en somme intellii#le d"une certaine fa/on, et pour le dire comme
iderman 6 nous trouvons ce ue nous cherchons B. Ainsi, avec les
m'mes outils d"analse les articles de référence , appliués au
m'me matériel, il n"était u&re étonnant ue nous arrivions ! une
m7me lecture, ! une m7me découpe, ! une m7me intellience dudit
matériel.
$ Z Lors de la premi&re rédaction de son te%te, le discutant,
soucieu% d"évouer les pi&es ue les analstes se tendent ! eu%-
m'mes lorsu"ils discutent de cliniue, avait écrit ceci 6 Il ne me
paraJt pas possi#le d"éviter de parler de cliniue, puisue la cliniue
est ce ui nous permet d"e%ister comme horde de pschanalstes, et
d"en parler d"une certaine fa/on, puisue la théorie analtiue est ce
ui, de fa/on totémiue, nous permet de nous instituer en roupe ou
en société B. Ainsi alors m'me u"un mouvement interne via
l"identication ! ernard Pivot conduisait le discutant ! se
révolter contre le mod&le théoriue proposé, un autre mouvement
interne opposé le conduisait ! s" soumettre via la référence au
totémisme et ! la horde, référence appartenant aussi #ien au p&re de
la pschanalse u"! un des auteurs au%uels il lui avait été prescrit
de se référer)1. Par le #iais de cette opération mentale, le discutant
réalisait son identication fraternelle avec l"auteur de la vinette
cliniue
ui est aussi /anal#ste au travail dans le partae de rDles ,
6 ls B comme lui de la m'me référence théoriue, ériée ainsi en
Kotem.
3 Z Ceci pose évidemment pro#l&me puisue les points 1 et $
sont éla#orés ! partir des références théoriues au%uelles le
discutant souhaitait Hustement échapper. Oais il a malré cela, une
modi0cation %uant à la onction m7me de cette t+éorie cette
identication fraternelle ! 1anal#ste au travail par le #iais de
l"identité de pensée et de référence théoriue nous faisait nous
cacher ! nous-m'mes %uel%ue c+ose de aux la théorie, prise en
1*(
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http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 147/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
référence commune avait évité ! l"un comme ! l"autre de penser
leurs di?érences l"un était l"analste de la patiente, et l"autre pas @
le discutant était en manue de pratiue analtiue, et condamné
ainsi ! fantasmer une sc&ne dont il avait été e%clu, dans lauelle il
n"avait eu aucune place @ on peut d&s lors se demander si la
référence théoriue n"est pas tout ! la fois un moen de maJtrise et
de contrDle, par la pensée, de P 6 autre sc&ne B, et, par le #iais de
son utilisation en position 6 méta B, un moen d"échapper ! l"emprise
de l"infantile mo#ilisé par la situation. Ces remarues constituent, !
notre sens, des éléments d"une théorie de la supervision.
*ZCes moens de maJtrise et de contrDle de l"e%citation provouée
par cette position parado%ale d"e%cluZvoeur sont de nature
pschiue di?érente l"utisation fétichiste d"une référence
théoriue tout d"a#ord, puis l"identication ! l"analste, puis
l"identication au personnae tiers faisant irruption dans le ca#inet
de l"analste, puis en dernier ressort l"identication ! la patiente)$.
C"est ce dernier mouvement ui permet un déaement de la
fascination imainaire par le matériel présenté. Rn notera par
ailleurs ue l"énumération de ces di?érentes 6 solutions B
identicatoires conrme ue le fantasme oriinaire ! l"Wuvre est un
fantasme de sc&ne primitive, dans leuel le discutant, en manue de
pratiue, se réintroduit dans la sc&ne analtiue @ ceci permet de
comprendre l"e%citation ui s"empare des roupes pschanaltiues
lorsue la cliniue est mise en discussion et éalement les
phénom&nes de 6 surinterprétation B)3 au%uels cette mise en
discussion donne énéralement lieu. Ces phénom&nes e%citation
et surinterprétation sont, au sens lare du terme des
manifestations contre-transférentielles, dans lesuelles il a une
dé>e%ion de l"e%citation pschiue sur une utilisation défensive des
processus de théorisation. Rn voit donc ue le contre-transfert est,
comme le transfert, une répétition, ui s"analse, comme lui, lorsu"il
devient résistance ! comprendre @ parmi les formes ue peut prendre
1*)
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http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 148/187
Chapitre *. +uand le traumatisme survient che l"analste
la résistance, celle par la théorie est particuli&rement su#tile puisue
elle est mise au service de la compulsion de répétition dont elle
entend par ailleurs se déprendre. Pour conclure, un #ref retour ! la
cliniue nous paraJt nécessaire il faut souliner ue le point de
départ de cette mésaventure commune avait été la compulsion de
répétition mise en 6eu dans le transert par la patiente, et répétée
ensuite par nous, ! di?érents niveau%, Husu"! ce ue le déaement
en soit possi#le. Rn dispose ainsi, ! notre sens, d"un mod&le
pertinent pour l"étude des di?icultés rencontrées dans la pratiue
des supervisions le transfert du patient sur l"analste supervisé est
transéré dans le champ de la supervision, avec le contre-transfert de
l"analste, et la réponse de l"analste superviseur est suscepti#le
d"'tre aussi contre-transférentielle, au sens élari, selon des
modalités voisines de celles ue nous avons décrites ici)*.
1*8
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Conclusion Le réel, le per*u, l+halluciné et la pratiue
ps)chanal)tiue
Les enfants, les primitifs et les peintres savent ue le monde est
peuplé de chim&res nuaes, mers, montanes s"interpr&tent, et
sans cette activité interprétative, l"éclat impro#a#le d"une
perception ui se donnerait sans possi#ilité de
proHectionZintroHection, serait peut-'tre aveulant puisue H"évoue
les peintres, le courant contemporain de l"hperréalime permet
d"avoir une représentation de ce ue serait une telle perception, et
de son caract&re aveulant @ mais notre modernité a aussiheureusement enendré des peintres ui sont proches, dans leur
capacités animiues, des enfants, des primitifs, et aussi, faut-il
l"aHouter, des pschanalstes. C"est le cas de Paul Céanne écrivant
ue 6 La montane 7ainte-ictoire a des épaules de femme B.... et la
représentant ainsi E Cependant, le 6 pur perceptif B est parfois au
centre de notre pratiue H"ai noté)5, ! propos des métaphores
emploées par les pschanalstes travaillant sur les uestionssoulevées par le concept de 6 traumatisme B, l"insistance avec
lauelle revenaient sous leur plume des métaphores connotant la
prééminence du perceptif 6 le chaud et le froid B)(, le
6 roue B)), le 6 #rillant B)8 , sur le représentatif.. ;ne ré>e%ion
récente de Mean-Luc Vanc, m"incite ! reprendre auHourd"hui cette
uestion
1*9
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
6 Au sens strict, l"interdit de la représentation est l"interdit Huif,
islamiue, et en partie chrétien de représenter Sieu, ainsi ue
l"homme, imae de Sieu. C"est l"interdiction de l"idole, en faveur de
la vraie présence invisi#le du divin. Gn ce sens, et selon toute une
tradition moderne d"interprétation, cet interdit n"est rien d"autre ue
l"interdit du meurtre l’interdit d’arrac+er une présence à son retrait
ou à son secret_ essentiel. La représentation est meurtrire et le
meurtre est représentation ; il 0xe et 0ge la présence anéantie B1,$.
ien u"il s"aisse l! de représentation 6 iconiue B, et non de
représentation pschiue, le pschanalste ne peut u"'tre renvoé,
par ces lines, ! des uestions posées par l"Wuvre de 4reud, et dont
la comple%ité actuelle n"a pas ni de le hanter. Mean-Luc Vanc a le
mérite de focaliser ainsi notre attention sur les rapports u"il a
entre les uestions posées par le traumatisme, ce ue la situation
traumatiue contient d"6 interdit de représentation B et la
pro#lématiue freudienne de 8euil et élancolie, via l"idée de la
représentation comme meurtre, et son corrélat le meurtre %ant et
eant la présence anéantie. Vous n"avons pas ni, en e?et, de
méditer sur le pararaphe relatif ! 6 l"om#re de l"o#Het B3, et dans
leuel 4reud entend 6 reconstruire le processus B de la mélancolie @
dans ce pararaphe, deu% points me paraissent ! souliner
les termes dans lesuels 4reud caractérise l"investissement
d"o#Het comme peu résistant, suppriméX.
le terme m'me d"om#re de l"o#Het.
Gt ces deu% points, naturellement, sont liés @ cet o#Het, et la
lecture m'me du pararaphe nous en convainc, n"a pas de statut
pschiue, interne, #ien éta#li @ il est ! la fois He cite 6 la
personne aimée B, l"o#Het réel auuel le Ooi du mélancoliue est
fortement %é, et l"o#Het pourvu de caractéristiues ps#c+i%ues,
internes, suscepti#le, en tant ue tel, d"un processus pschiue
d"identication. Il a donc un statut limite @ si H"ai plaidé pour la
transitionnalité de l"o#Het de la pschanalse5, il me sem#le u"il est
15
7/23/2019 destins_traumatisme
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
uestion, dans ces lines, d"autre chose la fameuse e%pression
6 l"om#re de l"o#Het est tom#ée sur le Ooi B indiue à la ois le statut
pschiue, interne, de l"o#Het, et sa place particuli&re dans le Ooi
pour ue l"o#Het puisse porter une om#re, il faut u"il soit ! la fois
1. Le onde, mardi $9 mars 199*.
$. C"est moi ui souline.
3. étaps#c+ologie, :allimard, 19(8, p. 15)-
158.
*. C"est moi ui souline.
5. Cf. mon introduction. oir aussi p. 8*.
u dans le Ooi, et non assimilé par lui on peut se le représenter
comme érigé en lui, lui appartenant, mais non confondu avec lui @ la
uestion du 7ur-Ooi est naturellement présente ici, mais aussi plus
énéralement celle de tous ces o#Hets 6 encrptés B 6 inclus B dans le
Ooi, et assurés ainsi de leur pérennité. Cette pérennité est, si l"on
sone un instant, asse sinuli&re puisue seule l"om#re de l"o#Het
témoine de la présence de celui-ci, alors m'me u"il est tenu horsd"atteinte pschiue, tellement ! l"a#ri du meurtre, ue seul le
suicide du mélancoliue peut l"atteindre. Rn voit ainsi, avec les
résonances platoniciennes soulevées par la référence ! l"Rm#re de
l"R#Het, ue ce ui est visé par 4reud dans la fa/on dont il pose la
uestion de la mélancolie, c"est le statut de l"R#Het comme résultant
du meurtre imainaire de la Chose, au sens pschanaltiue de ce
concept repris ! eideer par Lacan. Pour le dire simplement, la
4+ose, c’est le Féel de l’Db6et, c’est-à-dire ce %ui, de lui, résiste à
toute
Lreprésentation'. Pour le dire autrement, l"R#Het est le résultat et
le produit de l"hallucination néative de la Chose$ 3. Le reste, le
résidu de cette opération est peut-'tre ce ui se donnerait parfois
comme pure perception, avec ce u"elle pourrait avoir
d"insupporta#le éclat ainsi, les métaphores perceptives emploées
151
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
par les patients ! propos de leurs e%périences traumatiues
indiueraient la trace laissée par la perception et [son éclat, dans
la tentative d"introHecter cette e%périence traumatiue, tandis ue les
métaphores perceptives des pschanalstes évouant les
I analses de ces m'mes suHets, sont pour ceu%-ci la fa/on de
rendre
I compte des traces ue l"impossi#ilité du meurtre de la Chose
laisse _iusue dans le mode de lanae de ceu%-l!. La perception
viendrait donc signer, à l’intérieur m7me du oi, l’éc+ec de la
constitution ps#c+i%ue de l’expérience, %ui, dans son aspect
< séducteur , < réel resterait enclavée en lui S de ce point de vue,
la < pure perception, ce serait l’+allucination. enons en alors ! la
fa/on dont les pschanalstes voient cette uestion de la réalité du
monde iderman emploie* une métaphore, celle de la perle, formée
! partir d"un rain de sa#le, et ue H"ai déH! lonuement commentée
dans mon introduction. Me rappelle ue selon lui, le rain de sa#le, en
pschanalse, c"est l"événement ou sa trace , ! partir duuel, et
autour duuel les fantasmes vont se dévelop-
per, comme les concrétions perli&res les font autour du rain de
sa#le réel. Me voudrais ici rappeler ce ue H"avance ! ce propos dans
l"introduction de cet ouvrae le 6 devenir perle B est un destin
impro#a#le pour tout rain de sa#le. eaucoup d"événements
s"inscrivent en nous sans ce développement de 6 concrétions
fantasmatiues0 B, constituant ainsi ce ue H"appelle 2le no#au
traumati%ue du oi. Rn aura compris0 ue selon moi, le noau
traumatiue du Ooi c"est le réel de cet o#Het ui est appelé !
s"inscrire pschiuement, apr&s avoir été halluciné néativement @
ceci a une conséuence toute ! fait capitale tout o#Het inscrit
pschiuement contient sa part de éel ui est, ! mon sens, cette
om#re de l"o#Het dont parle 4reud @ dans le trauma pschiue selon
la deu%i&me topiue par dé#ordement uantitatif<, on peut penser
ue c réel s"inscrit plus massivement encore, et son om#re portée
15$
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
est alors iantesue. Mean-Luc Vanc attire en tout cas notre
attention sur les liens con>ictuels, 6us%u’au meurtre, entre le éel de
l"o#Het et sa eprésentation. Seu% histoires nous permettront de
continuer ! e%plorer cette uestion l"histoire de O. ., la premi&re,
a trait ! la tentative de 6 mise ! mort de la représentation B, et vaut
d"'tre contée fortuné, indi?érent, dit-il, a tout, vivant seul, O. . ne
sort u&re de che lui et passe ses Hournées ! faire des pules @ c"est
son uniue activité, rien d"autre ne l"intéresse, ni personne, et l"on
peut ainsi se représenter asse #ien ce ue peut 'tre la
déso#Hectalisation ! l"Wuvre. Pour 'tre plus précis, les pules ue
fait O. ont un th&me particulier, puisu"il s"ait de ta#leau% aant
la mer pour suHet @ ils sont éalement particuliers en ce sens u"il les
a lui-m'me peints, au cours de ses nom#reu% voaes au% uatre
coins du monde @ une de ses relations a ainsi transformé chacune de
ses auarelles en un pule ui, une fois reconstitué su#it un
traitement particulier renvoée au lieu m'me o^ elle a été peinte,
l"auarelle, décollée de son support et reconstituée selon un procédé
mis au point par une autre de ses relations, est lavée ! l"eau de mer
et O. . ne arde alors d"elle ue la feuille de papier viere o^ elle
avait été peinte #ien des années auparavant. Certains avaient essaé
de détourner O. . de la vanité randiose d"un tel proHet, ue l"on
peut ainsi décrire constituer une représentation du éel, lui faire
su#ir, avec un #rin d"omnipotence et de sadisme un traitement
comple%e ui permette de constater u"on peut encore en disposer
aprs l"avoir mise en pi&ces, puis dans un mouvement déterminé en
efacer toute trace @ en vain O. . avait répondu He cite 6 u"il
rel&verait le dé, et ue< les auarelles, comme cela avait touHours
été, continueraient d"'tre transportées sur leur lieu d"oriine pour
retrouver la blanc+eur de leur néant
premier Bb. Se ce rituel compliué, He n"aurais sans doute Hamais
entendu parler, si un rain de sa#le ne s"était lissé dans sa
perfection la derni&re pi&ce du dernier pule ne voulut pas
153
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
co*ncider avec la découpe dans lauelle elle aurait dX entrer cette
pi&ce a la forme d"un 6 B et la découpe d"un 6 B. Le lecteur
attentif aura reconnu une des histoires de La vie ; mode d’emploi de
:eores Perec, et reconnu éalement dans cette pi&ce en forme de
6 B un autre livre de Perec dans leuel il a?irme 6 He n"ai pas de
souvenirs d"enfance B. Perec, dans l"histoire de Oonsieur ., fait
mourir ce dernier au moment o^ il constate cette non-co=ncidence
entre la pi&ce et sa découpe.
Cette histoire parle d"elle-m'me elle est comme l"archétpe des
di?icultés si #ien décrites par André :reen, et ue l"analste
rencontre lorsu"il a#orde les cures de patients dans lesuelles la
néativité est ! l"Wuvre @ dans ces cures, le désinvestissement, le
#lanc sont les di?icultés maHeures pour le pschanalste
ha#ituellement plus familiarisé avec le con>it lié ! l"investissement,
et avec le refoulement. Le #lanc, l"e?) cernent de la trace
nécessitent un travail de retissae, de re-création d"un espace
pschiue collabé par le désinvestissement. André :reen souline
d"ailleurs 6 ue la uestion e%istentielle du suHet tel ue le con/oit la
pschanalse, c"est le con>it fondamental entre l"omnipotence de la
satisfaction a#solue dans le sadisme ou le masochisme, par
e%emple<, ou le renoncement dans la su#limation avec le risue du
désinvestissement 6 supposé a?ranchir de toute dépendance... en
paant le pri% du meurtre de l’autre B1,$.
L"histoire imainée par Pérec montre #ien, de ce point de vue,
comment l"activité représentative est en uelue sorte subvertie au
#énéce de la pulsion de mort.
La deu%i&me histoire se situe, elle aussi au% limites de la
pschanalse, et He n"en puis livrer ue les traits principau% c"était il
a #ien des années, au dé#ut de ma pratiue professionnelle, ue
H"ai re/u Rctave @ cet homme d"une trentaine d"années, asse
étrane, ne connaissait rien de ses oriines @ il était allé consulter
une rapholoue parce u"il avait entendu dire ue 6 tout était dans
15*
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
l"écriture B @ il avait entendu cette remarue littéralement, et non
comme une métaphore @ il avait donc espéré, disait-il, ue la
rapholoue 6 aurait pu lui révéler les choses inorées de lui, et dont
son écriture aurait ardé les traces B. La rapholoue me l"avait
adressé, inuiétée par cet homme ui venait l"interroer au% limites
m'mes de son art, puisu"il avait l"idée ue tout son monde interne
était condensé dans une trace matérielle, motrice, Hetée sur le
papier @ H"étais, moi, un peu perple%e devant cet homme, touchant
dans sa u'te de lui-m'me, accroché ! mon reard, et ue H"acceptai,
non sans réticences intérieures, de recevoir en face-!-face.
Prudemment d"a#ord, puis de plus en plus précisément, il me t
savoir u"il venait touHours me voir armé d"un revolver, parce u"il
avait souvent l"idée de commettre un crime parfait @ un Hour o^ il
développait une fois encore cette idée, He lui répondis 6 un crime
parfait, /a n"e%iste pas il a touHours des traces B. Cela me rassura
#eaucoup, et lui aussi, puisu"il trouva une solution di?érente,
socialement accepta#le, ! ce ui le hantait, et ui était l"e%istence et
l"inaccessi#ilité d"un insupportable écart entre l"inconnaissa#le de
ses oriines, et la liation imainaire u"il s"était constituée @ pour
lui, cette suppression de l"écart n"était pas, comme pour le
personnae de Pérec, du cDté de l"e?acement, de la représentation,
mais du cDté de l’efacement du éel, au moen du crime parfait, de
ce %ui, dans le Féel, pouvait représenter la potentialité de la
représentation.
La uestion ui vaut alors d"'tre posée est la suivante u"est-ce
ui, dans le développement de 1" 6 infans B permet l"inscription de ce
6 rain B de sa#le ue H"évouais plus haut, inscription ui le
conduira ! investir son mode d"e%istence selon ce rapport su#Hectif si
particulier entre le monde interne et l"e%térieur, puisue cet
antaonisme entre ces deu% mondes serait tellement insolu#le ue
seule l"idée du meurtre ou du crime en rendrait compte @ cette idée
asse héélienne d"ailleurs, peut paraJtre-surprenante ! premi&re
155
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
vue, mais elle est en fait présente dans le champ pschanaltiue
depuis son oriine depuis 4reud, ui postule ue 6 l"R#Het naJt dans
la haine B, Husu"! André :reen ui a mis en évidence le rDle
oranisateur, fondateur m'me, de l"hallucination néative de la
m&re, permettant ! cette derni&re d"'tre constituée en 6 structure
encadrante B aant un 6 rDle de contenant de l"espace
représentatif Bb. Se son cDté, ené oussillon, en commentant les
points de vue de innicott sur l"o#Het transitionnel a apporté un
éclairae tout ! fait convaincant
6 La réalité de l"o#Het, pour pouvoir 'tre ]trouvée découverte,
investie<, doit pouvoir 'tre détruiteZtrouvée. G%plicitons ce
]parado%e. L"o#Het est trouvé comme o#Het e%terne s"il est détruit
dans le fantasme< mais survit ! cette destructivité, c"est-!-dire ue,
s"il est atteint par celle-ci, il reste néanmoins permanent et sta#le, ce
ui se manifeste par le fait u"il n"e%erce pas de représailles sur le
suHet, ni du cDté de la rétorsion,
ni du cDté du retrait. L"o#Het doit donc 'tre ! la fois atteint
détruit< et non détruit atteint, pour donner valeur et réalité ! la
destructivité la reconnaJtre , et non détruit pour la localiser dans
le domaine de la vie pschiue. C"est l! le sens de survivre B". Cette
con>ictualité est présente dans le mthe d"Ndipe, au moment o^
celui-ci se cr&ve les eu%
6 Il va au hasard, il nous demande de lui donner un laive, de lui
dire o^ il trouverait sa femme, non pas sa femme, mais celle dont le
sein maternel l"avait ! la fois mis au monde, lui et ses enfants. Gt
dans sa fureur, un dieu, He ne sais leuel, la lui indiua, car ce ne fut
aucun de nous pr&s de lui. Alors, poussant un cri e?raant, comme si
uelu"un l"eXt uidé, il s"élan/a sur la dou#le porte... L!, pendue,
nous aper/Xmes son épouse @ le lacet tressé l"étranlait encore. A
cette vue, le malheureu% pousse des ruissements horri#les, il
dénoue le lien ui la tenait en l"air @ elle tom#e ! terre, la pauvre
femme. Alors nous vJmes des choses atroces Ndipe arrache de ses
15(
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
v'tements les arafes d"or dont elle était parée, il les prend, il s"en
frappe lui-m'me les or#ites des eu%, il criait u"ils ne seraient plus
témoins ni de ses malheurs, ni de ses crimes ]dans l"om#re
désormais, disait-il, vous verreE ceux %ue vous n’aurieE 6amais d9
voir ... B\.
La représentation étemelle du corps de Mocaste, ériée dans le
Ooi d"Ndipe, se constitue ainsi avec le meurtre de la perception, du
trop de perception ue sa m&re lui avait imposé cf. 6 ien des
hommes ont partaé en r've la couche de leur m&re B<. Il est
intéressant de mettre en rapport cet épisode du mthe tuer se
crever les eu% @ se représenter , et cette assertion de 4reud selon
lauelle 6 l"o#Het naJt dans la haine B c"est ici la mise en a#sence de
l"o#Het réel, ui lui permet d"acuérir son statut pschiue Ndipe se
crevant les eu% réalise un vérita#le analoon de l"hallucination
néative.
Cette mise en a#sence du éel, comme condition de création du
Pschiue, et son échec m'me, puisue, selon moi le éel s"inscrit en
nous, sous la forme d"6 om#re de l"o#Het B, comme 6 rain de sa#le B
oriinaire et nécessaire au déploiement de la topiue interne, est
sans doute un des éléments ui nous permet auHourd"hui de penser le
phénom&ne récent de l"essor des technoloies liées au transport et !
la conservation des imaes comme résidu des traces ue laisse en
nous ce moment fondateur de l"a#sence de l"o#Het. C"est ce point de
vue ue souline Mean audrillard dans un article récent)9
6 Vous ne sommes< plus capa#les d"a?ronter la maJtrise
sm#oliue de l"a#sence, c"est pour cela ue nous sommes
auHourd"hui plonés dans l"illusion inverse, celle désenchantée de la
profusion, l"illusion moderne de la prolifération des écrans et des
imaes.
Partout la rage de aire %u’une image ne soit plus une image',
c"est-!-dire Hustement ce ui Dte une dimension au monde réel et
inauure la puissance de l"illusion. AuHourd"hui, avec toutes les
15)
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
formes de realit#-s+oJ et de réalité virtuelle, on8 veut nous faire
rentrer dans l"imae, dans l"écran, dans un artefact ! trois
dimensions le vécu clés en main, détruisant ainsi toute illusion
énériue de l"imae. L"éuivalent dans le temps, c"est le temps réel,
ui prétend, ! la vitesse de la lumi&re, ui est celle de l"information,
nous installer dans une actualité totale, a#olissant toute illusion du
passé comme du futur... L"imae ne peut plus imainer le réel
puisu"elle est le réel. Glle ne peut plus le r'ver puisu"elle en est la
réalité virtuelle. S"écran en écran, il n"est plus de destin ! l"imae
ue l"imae. C"est comme si les choses avaient avalé leur miroir, et
étaient devenues transparentes ! elles-m'mes, tout enti&res
présentes ! elles-m'mes, en pleine lumi&re, en temps réel, dans une
transcription impitoa#le. Au lieu d"'tre a#sentes d"elles-m'mes
dans l"illusion et le secret, elles ne s"inscrivent plus ue sur les
milliers d"écrans ! l"horion desuels le réel, mais aussi l"imae !
proprement parler, ont disparu. La réalité a été chassée de la réalité,
et nous a laissé dans une hperréalité vide de sens... Oais o^ est
passée la constellation du sens U B
6 Le seul suspense ui reste, c"est de savoir Husu"o^ le monde
peut se déréaliser avant de succom#er ! son trop peu de réalité, ou
#ien Husu"o^ il peut s"hperréaliser, avant de succom#er ! son trop
de réalité c"est-!-dire lorsue le monde, devenu plus vrai ue le vrai,
tom#era sous le coup de la simulation totale<. B
Rn pourrait penser ue He me situe au% antipodes de la
pschanalse en interroeant ainsi, avec audrillard, cette sorte d"
6 ontoloie de l"imae B, dans lauelle la uestion de la déréalisation
du Oonde paraJt lancinante @ pourtant, dans cette interroation,
innicott, comme souvent, nous a précédé dans un article de 195*-
195581, il développe l"idée ue fantasmatiuement, le #é#é a
l"impression ue son appropriation pschiue du sein maternel laisse
dans celui-ci un vide, un trou u"il convient de réparer1. Ve sommes-
nous pas alors, touHours pris entre le désir de tenter de réparer
158
7/23/2019 destins_traumatisme
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
l"environnement, du crime ue nous supposons avoir commis dans
notre tentative pour nous l"approprier, o^ d"essaer d"e?acer les
traces de ce forfait oriinaire U C"est ! mon sens, la possi#ilité de
su#Hectivation de cette uestion, ui, dans le suspens permis par la
cure, dénit les pouvoirs du pschanalste @ c"est son impossi#ilité
ui en trace les limites cette uestion, on l"aura compris, est tr&s
e%actement la uestion du deuil. Se cette su#Hectivation, possi#le ou
impossi#le dépendent éalement les conditions d"installation de la
cure pschanaltiue, conditions ui ne sont pas indéniment
e%tensi#les @ on se souvient en e?et du reproche adressé par
4erenci ! 4reud 6 d"avoir nélié de lui donner une analse
compl&te B$. Cette formulation l"analse complte , ne cesse de
m"étonner, en ce sens u"elle témoine de notre dénitive nostalie
d"une complétude perdue, et ue l"analse devrait restituer @ mais
lorsu"on sait u" 6 analser, c"est dissoudre B, comment se
représenter une analse sans reste, sans uelue chose
d"indissolva#le, ui résiste et remet en travail, par le 6eu des contre-
investissements le no#au traumati%ue de la Gs#c+é U
La comple%ité des 6 nouvelles donnes B de la cliniue
contemporaine est telle ue les analstes sont le plus souvent
d"accord pour convenir ue le settin classiue ne arantit pas le
processus, et u"a contrario, ce processus peut se rencontrer dans
d"autres conurations de cadre ue celle de la cure-tpe @ il ne me
sem#le pas pour autant souhaita#le de postuler une continuité à tout
prix entre pschanalse et pschothérapie He pense u"il est plus
fécond de laisser travailler les contradictions plutDt ue de les
résoudre en en gommant les aspérités @ c"est en suspendant pour un
temps la résolution des oppositions ue nous pourrons répondre !
l"accusation portée par certains épistémoloues contre la
pschanalse celle d"'tre une 6 science molle B @ c"est pouruoi il
me sem#le indispensa#le de souliner u"il e%iste, che nom#re de
pschanalstes, une position selon lauelle les indications de la cure
159
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
analtiue peuvent 'tre sans cesse étendues @ cette position est
historiuement inscrite dans l"évolution du mouvement
pschanaltiue depuis sa création c"est la passion de 4erenci
pour l"analse des cas les plus di?iciles, avec les aménaements
techniues selon lui nécessaires, ui reste pour moi le mod&le de
cette position. Koutefois il me paraJt nécessaire de souliner
Lld. p. 158.
$. L'anal#se avec 0n et l’anal#se sans 0n, p. $3(.
ue l"e%tension de ce courant de pensée, d"une part, et
l"importance actuelle de l"interroation sur la pratiue
pschothérapiue d"autre part délimitent un c+amp de tensionproblémati%ue %ui témoigne d’un < malaise dans le c+amp t+éorico-
clini%ue , comme si peut-7tre, la t+éorie ne tenait pas, dans le
c+amp de la tec+ni%ue, ses promesses... Cela étant posé, la uestion
de la suspension de la représentation-#ut de la guérison ui viendrait
distinuer voire opposer l"opposition pschothérapieZpschanalse
me paraJt sinuli&rement problémati%ue d&s lors ue lorsue
l"analste a a?aire ! des patients ui subvertissent, au béné0ce deleur pulsion de mort, le processus analtiue @ c"est m'me ! ce
moment l! ue la uestion du caract&re antit+érapeuti%ue de la cure
doit se poser de fa/on vitale ! l"analste anna 7eal a ainsi e%posé
le cas d"une patiente ui 6 ! l"intérieur de l"analse trouvait un o#Het
u"elle pouvait indéniment e%ploiter et maltraiter sans 'tre
a#andonnée. Gt le sentiment de sécurité et de satisfaction sadiue
u"elle en retirait lui procurait une sorte de havre u"elle était #ien
décidée ! arder pour touHours B. Il va de soi ue cette uestion de la
thérapeutiue doit 'tre posée dans d"autres conurations cliniues
dans lesuelles la uestion de la déliaison se pose @ c"est dire ue la
uestion du caract&re thérapeutiue de la pschanalse n’a rien
d’inactuel Oais par ailleurs, A. :reen note ue 6 la recherche de
voies nouvelles conduit trop souvent soit ! e%clure des< cas de
l"e%périence analtiue leur réservant l"application d"une
1(
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
pschothérapie de plus en plus éloinée de la ]cure-tpe, soit !
conduire ! des variations techniues ui invitent, ! mots plus ou
moins couverts, ! renoncer au nerf de l"analse de transfert
l"interprétation. Ceci pour lui su#stituer des attitudes contre-
transférentielles ui souvent sinient un a#andon de l"acte
d"analser B8$. Rn voit #ien l!, entre la position d"anna 7eal et
celle d"André :reen, com#ien la uestion de la line de démarcation
entre cure-tpe et cure atpiue est délicate. Cependant, le
développement de prises en chare, par des pschanalstes, selon
des méthodes spéciues, de patients ui ne rel&vent pas de la cure-
tpe, paraJt 'tre un des a%es d"a#ord de la uestion de la
pschothérapie les plus prometteurs sur le plan épistémoloiue @ en
e?et, si, ! un patient, est proposé un cadre di?érent de celui de la
cure-tpe, c"est ue l"analste pense ue le patient n 'a pas la
possibilité, m7me de aPon trs transitoire, de béné0cier du cadre
anal#ti%ue %ui reste implicitement pour lui une organisation
optimale du traitement. C"est ainsi u"il faut comprendre la citation
de innicott ue H"évouais plus haut.
Il me sem#le ue c"est autour de ce parado%e ue se Houe ! la fois
la uestion de la pratiue de la pschothérapie, ainsi ue la uestion
épisté-moloiue des liens entre pschothérapie et cure
pschanaltiue. Gn e?et il permet d"éviter, par e%emple ue, par un
souci de continuité épis-témoloiue, on puisse parler d"analse en
face-!-face ! une fois par semaine E ;ne telle position %ui démontre
à %uel point le paradoxe Jin-nicottien cesser ps#c+anal#ti%uement
d’7tre ps#c+anal#ste est dificile à < endosser , est pour le moins
pro#lématiue, parce ue ce ui est mis ainsi hors-circuit, c"est la
uestion de l"épreuve de réalité spéciue de la cure
pschanaltiue, puisu"elle est... suspendue E appelons ! ce suHet
ce ue 4reud écrit en 1913 dans 6 le dé#ut du traitement B 6 Me
tiens ! ce ue le malade s"étende sur un divan et ue le médecin soit
assis derri&re lui, de fa/on ! ne pouvoir 'tre reardé B. Cette
1(1
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
inhi#ition de la motricité a, selon 4reud, pour e?et l"apparition du
transfert et son isolation, et donc sa caractérisation comme
résistance 6 Analser, c"est favoriser l"éclosion d"une... névrose... de
transfert... et donc emp'cher ue le patient ne se comporte comme
un de ces primitifs dont les< idées se transforment immédiatement
en actes B0. Sans la pschothérapie en face-!-face, comme le note
4reud et c"est m'me cette raison ui lui a fait 6 inventer B le divan
, ceci n"est pas possi#le 6 comme He me laisse aller, écrit-il, au
cours des séances, ! mes pensées inconscientes, He ne veu% pas ue
l"e%pression de mon visae puisse fournir au patient certaines
indications B. Gn d"autres termes, le ace à ace permet au patient
d’expérimenter ce %ue sa mise en langage comporte comme
virtualité de modi0cation de l’Db6et. Me précise ue H"emploie ce
terme de 6 virtualité B, pour indiuer u"il est impossi#le de se
prononcer sur la 6 réalité o#Hective B de cette modication, car elle
n"est conceva#le ue dans le transfert @ cette virtualité a un rand
intér't avec certains patients pour lesuels une telle e%périence
vient modier un indépassa#le vécu d’Ril=osig>eit, et permet
d"instaurer les préconditions voire la suite
d"une cure 6 analtiue B ui serait autrement incompl&te83. Me
pense, pour ma part, ue cette potentialité d"e%périmentation des
virtualités de modication de l"R#Het est 6 la line de partae des
eau% B entre cure pschothérapiue et cure pschanaltiue. Me
voudrais rappeler ici l"intéressant point de vue développé par .
russet 6 La uestion est de savoir si le mode de communication
avec l’autre, %ui acilite la communication avec soi-m7me et
l’inconnu en soi-m7me, passe ou non par la perception de
l’interlocuteur en ace-à-ace, la fonction sur soi de la perception de
l"autre et son reard sur soi, et pas seulement de ses oreilles Bb. Kout
ceci nous ram&ne ! innicott et au #on usae du champ
transitionnel, dans leuel, avec le reard comme instrument corporel
moteur, et donc actif, l"o#Het-analste est 6 saisi B et 6 touché B par le
1($
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Conclusion Le réel, le per/u, l0halluciné et la pratiue pschanaltiue
patient @ par la suite, dans un dou#le-retournement @ le patient peut
éprouver ce ue son analste peut 6 toucher B et 6 saisir B en lui, de
lui en d"autre termes il a l"occasion de faire pour la premi&re fois
l"e%périence d"un holdin ui lui a fait oriinairement défaut. Ces
#uts assinés au face-!-face montrent #ien, me sem#le-t-il, ue
l"analste paie de toute sa personne le renoncement %u ’il a opéré
par rapport à la cure-t#pe plus précisément, ce renoncement réside
dans le fait ue l"analste ne peut plus s"appuer de fa/on
indéectible sur la capacité asse irrempla/a#le, u"a le cadre de la
cure-tpe à prendre en gérence le silence, l"a#stinence, le
6 refusement B @ on mesure les risues inhérents ! cette situation
inconforta#le airs, 6 endossement B des imao transférentielles
comme on endosse un ch&ue...<, suestion, etc. Kout ceci e%plicite
en fait la profonde remarue de P. 4edida selon lauelle 6 ce u"on
appelle énéralement pschothérapie... n"est rien d"autre u"une
cure pschanaltiue compliuée, du fait m'me ue l"analste doit
intérer des 6 param&tres B ui ne sont pas impliués dans le
paradime de la névrose B$. Avec d"autres références, O. de O";an
développe un point de vue asse voisin3 selon lui, le patient ne peut
assimiler une interprétation ue lorsu"elle est proférée comme par
un autre lui-m'me @ ainsi l"analste doit s"e%primer sur un mode ui
correspond au mode de constitution au < st#le du patient et
de O";an aHoute 6 plus ue tout autre techniue, la pschanalse
permet l"installation de cette situation @ c"est pouruoi la cure-
t#pe_, c+a%ue ois %u’elle est possible, constitue la meilleure
ps#c+ot+érapie B*. C"est ce 6 chaue fois u"elle est possi#le B ui
fait pro#l&me pour l"analste acceptant un autre cadre ue le
dispositif traditionnel, car ce 6 possi#le B n"est pas invariant dans le
temps, ni pour l"analste, ni, #ien entendu, pour le patient, m'me si,
selon 4reud, 4 6 étioloie traumatiue est la plus favora#le B ! la
cure pschanaltiue.
1(3
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piloue. /iures et destins du traumatisme
2crire un livre, c"est touHours s"acuitter d"une dette. La mienne
tient en partie dans la #i#lioraphie de cet ouvrae @ ! ces auteurs, !ces coll&ues, ue He connais, pour la plupart personnellement, et
avec ui le dialoue, réel, ou interne, a nourri, depuis uine ans
mes propres ré>e%ions, He dédie ce livre. ;n ouvrae, dans la
#i#lioraphie, tient pour moi une place ! part il a accompané ma
ré>e%ion et mon apprentissae #ien avant ue H"ai fait l"e%périence
de la pschanalse, et He le sollicite encore auHourd"hui, au moment
de terminer ce parcours il s"ait de La modi0cation, de Oichelutor. A son auteur, He souhaite prononcer ici une adresse
particuli&re
6 Cher Oichel utor,
Les plaintes ue nous portons chaue Hour contre les
traumatismes et les vicissitudes de l"e%istence nous seraient
insupporta#les, si la lecture ne nous permettait, par moments, de
nous en distraire, et surtout de nous aider ! comprendre ce u"elles
sont au-del! des apparences. Ainsi, il a pr&s de trente ans, He suivis
cet homme vous-moi dans un voae en train, métaphore,
depuis 4reud, de l"e%ploration du monde pschiue. M"avais vint ans.
M"appris avec vous ue se plaindre et demander si l"on vous entend,
sont deu% formulations d"une m'me u'te. M"en tirai, pour plus tard,
pour moi, les conséuences.
1(*
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
Me ne connaissais pas ome, alors, mais il était pour moi tout ! fait
mstérieu%, voir incompréhensi#le ue cet homme, votre
personnae, c"est-!-dire vous, moi, le lecteur, décide de renoncer !
ome, ! cette séduisante italienne, Cécile Sarcella, au loement
u"elle occupait au cinuante-si% via Oonte délia 4arina, pour choisir
Paris, enriette, ces enfants déH! si lointains et le 15 place du
Panthéon @ ue cet homme donc, vous, moi, le lecteur, préf&re un
mur de silence ! a#attre par l"écriture, au% murs ensoleillés o^
#ainés d"om#re de ome ui attendaient, comme Cécile Sarcella,
les caresses du reard et des doits. Sans ma lecture fouueuse
d"alors, He me révoltais de ce u"! Cécile si vivante, si aie, si
sensuelle cet homme renon/Ft @ He me révoltais de cette tristesse la
vDtre, la mienne, de cette plainte les cheveu% ui se clairs&ment, les
articulations ui se font douloureuses<, alors m'me ue chaue
heure passée nous rapprochait de ome. Me m révoltais enn de cet
a#andon de vous-m'me ]Gt maintenant dans votre t'te résonne cet
bAdieu Cécile", les larmes vous montent au% eu% de déception, vous
disant comment pourrai-He Hamais lui faire comprendre et me
pardonner le mensone ue fut cet amour, sinon, peut-'tre par ce
livre... Gt puis la vie m"apprit... vous comprendre sans ue H"ai
#esoin d"en dire plus ue dans l"apr&s-coup de mes vint ans, cette
]modication relue e%actement trente ans plus tard, m"aide a
comprendre ue l"incomplétude n"est pas seulement celle de
l"oriine @ elle est aussi celle de la prise en compte d"une n !
advenir on ne peut comprendre la plainte u"en reard de la
nitude du temps humain, entre ses deu% #ornes. otre livre,
désormais est indissocia#le de la derni&re phrase d"un te%te de
4reud
Le moti du c+oix des cofrets`X ; ]Oais c"est en vain ue le
vieil homme cherche ! ressaisir l"amour de la femme, tel u"il l"a
re/u d"a#ord de la m&re @ c"est seulement la troisi&me des femmes du
destin, la silencieuse déesse de la mort, ui le prendra dans ses
1(5
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
#ras. eureusement vous vous dites aussi< K’il n’# avait pas eu
ces gens, s’il n’# avait pas eu ces ob6ets et ces images aux%uels se
sont accroc+ées mes pensées de telle sorte %u’une mac+ine mentale
s’est constituée, aisant glisser l’une sur l’autre les régions de mon
existence au cours de ce vo#age diférent des autres, détac+é de la
sé%uence +abituelle de mes 6ournées et de mes actes, me
déc+i%uetant. K’il n’# avait pas eu cet ensemble de circonstances,
cette donne du 6eu, peut-7tre cette 0ssure béante en ma personne ne
se serait-elle pas produite cette nuit, mes illusions auraient-elles pu
tenir encore %uel%ue temps.
ais maintenant %u’elle s’est déclarée, il ne m’est plus possible
d’espérer %u’elle se cicatrise ou %ue 6e l’oublie, car elle donne sur
cette caverne %ui est sa raison, présente à l’intérieur de moi depuis
longtemps et %ue 6e ne puis prétendre bouc+er, parce %u ’elle est la
communication avec une immense 0ssure +istori%ue.
5e ne puis espérer me sauver seul. Cout le sang, tout le sable de
mes 6ours s ’épuiseraient en vain dans cet efort pour me consolider.
8onc, préparer, permettre par exemple au mo#en d’un livre cetteliberté uture +ors de notre portée, lui permettre, dans une mesure
si in0me soit-elle, de se constituer, de s’établir.
4’est la seule possibilité pour moi de 6ouir au moins de son re=et
tellement admirable et poignant, sans %u’il puisse 7tre %uestion
d’apporter une réponse à cette énigme %ue désigne dans notre
conscience ou notre inconscience le nom de Fome, de rendre compte
m7me grossirement de ce o#er d’émerveillements etd’obscurités B0.
Cette pae si #elle, est pour moi dénitivement sWur des
derni&res paes de la Fec+erc+e du Cemps perdu`], c"est-!-dire du
temps retrouvé l"écriture, sans doute, est un des rem&des au
traumatisme et ! la plainte pour le dire, pour peu u"elle rencontre
un lecteur. 4ar tel est bien l’en6eu de < La modi0cation ; décrire le
double mouvement %ue constitue, pour le Ku6et, à divers moments de
1((
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
son +istoire, et plus précisément à l’origine de sa ps#c+é, et sa saisie
par la passion pulsionnelle, et la déprise de cette passion par les
voies de la secondarisation et de la sublimation. t c’est ce double
mouvement %ui, dans le ps#c+isme, se métap+orise autour de la
0gure du traumatisme.
Le lecteur aura remarué ue H"ai constamment fait cheminer
ensem#le, au lon de cet ouvrae, Kraumatisme, R#Het, et Seuil @
c"est ainsi u"! l"horion du traumatisme, se prole la uestion de la
pulsion de mort @ H"ai cependant insisté sur le caract&re 6 anti-
traumatiue B du traumatisme @ on peut donc ainsi entrevoir la
coe%istence, au sein de la psché, d"un 6 traumatisme sans n B et
d"un 6 traumatisme avec n B, di?érenciés au sein du travail
pschiue par les capacités du suHet ! mo#iliser une coe%citation
li#idinale 6 su?isamment B #onne c"est ainsi, u"! mon sens, peut
'tre comprise la remarue de 4reud sur les e?ets positifs et néatifs
du traumatisme 6 Les traumatismes ont deu% sortes d"e?ets, des
e?ets positifs et des e?ets néatifs. Les premiers constituent des
tentatives pour remettre le traumatisme en valeur, c"est-!-dire pour
ranimer le souvenir de l"incident ou#lié ou plus e%actement pour le
rendre réel, le faire revivre. ...< Les réactions néatives tendent vers
un #ut diamétralement opposé. Les traumatismes ou#liés n"acc&dent
plus au souvenir et rien ne se trouve répété. ...< Les smptDmes de
la névrose proprement dite constituent des compromis au%uels
contri#uent toutes les tendances néatives ou positives issues des
traumatismes. Ainsi c"est tantDt l"une, tantDt l"autre des deu%
composantes ui prédomine B0.
Me voudrais donc, pour conclure, envisaer uelues-unes de ces
conurations pschiues, telles ue la plainte ui accompane le
trauma pschiue permet de les entendre.
7i tout ou presue a été dit, en e?et, des randes plaintes
ue l"analste rencontre au l des discours du traumatisme, force est
de constater ue la plainte survit plus ue la névrose U ! la
1()
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
théorie ue l"on fait d"elle. 7e plaindre de..., se plaindre à..., porter
plainte contre ces locutions su&rent ! la fois un tra6et et une
butée, ui ne sont pas sans rapport avec les destins de la pulsion.
Comme cette derni&re, la plainte a une orce et c"est peut-'tre ce ui
e%pliue u"elle soit, de tout discours, ce ui se transmet le mieu%.
Rn sait, par e%emple ue le succ&s du Lamento d’&riane de Oonte
verdi permit ue l"air, transcrit par les éditeurs de musiue, arrive
Husu"a nous, alors ue le reste de l"opéra fut perdu. Le chroniueur
4ollino su&re m'me ue la plainte séduit ; 6 L"air d"Ariane fut
chanté avec tant de sentiment ue les eu% de toutes les dames se
trouv&rent em#ués de larme ! cette plainte B. A#andonnée par
Khésée sur l"Jle de Va%os, Ariane se plaint 6 etourne-toi mon
Khésée retourne-toi Khésée, D Sieu retourne-toi et contemple celle
ui a a#andonné pour toi sa patrie et son roaume, et ui sur ces
rivaes, sera la proie des #'tes sauvaes impitoa#les et ne laissera
ue ses ossements nus. B
La haine, ui est le néatif de la plainte apparaJt un peu plus
avant 6 Accoure orues et #aleines et de ses mem#res immondes,
emplisse les a#Jmes. B Gt Ariane conclut 6 C"est ma sou?rance ui
a parlé, c"est ma douleur ui a parlé, mais non mon cWur. B
Oonteverdi donne ainsi ! percevoir une déclinaison passionnelle
de la plainte dans la%uelle, plainte contre l’ob6et perdu, +aine de
celui-ci, puis dénégation de la +aine se succdent. Ce destin de la
plainte nous est connu, et 4reud et 4erenci l"ont illustré ! l"envi
L"amour 6 ce ue He voulais, c"était 'tre aimé de 4reud B 19$1,
4erenci<.
La haine 6 He dois avouer ue cela m"a fait du #ien de pouvoir,
pour une fois, parler de ces mouvements de haine face au p&re tant
aimé B 19$$, 4erenci<.
La dénéation 6 Il me< reproche d"avoir nélié de lui avoir
donné une analse compl&te du transfert néatif<... Gt d"ailleurs il
ne faut pas estimer comme un transfert toute #onne relation etc.<
1(8
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
4reud, 193)<. 4erenci a cherché, dans sa plainte ! 4reud, ! sortir
d"une dépression de transfert, répétition d"une dépression infantile
éprouvée alors ue sa m&re était en deuil de sa petite sWur ilma, et
rencontrant che 4reud la m'me conuration deuil maternel de
Mulius< B0. Cette mise en relation de la plainte et des vicissitudes de
l"e%istence perte d"amour, perte d"o#Het, deuil< souline l"importance
de la référence ! l"analse complte, di?érente, dans sa perspective
de l"analse avec n serait-elle une analse sans reste, sans
manue, sans trauma U peut-'tre, mais ! condition d"admettre alors
u"elle se pose en idéal défensif par rapport ! l"incomplé-tude
humaine. M"ai ainsi l"idée ue toute plainte est une plainte contre
l’incomplétude et plus particuli&rement lorsue le déro#ement de
l"o#Het vient sinier cette incomplétude au porteur de plainte.
appellera-t-on asse ue l"o#Het de la mélancolie, dont l"om#re
tom#e sur le Ooi, est ha= parce u"il s"est déro#é dans sa fonction de
arant de la complétude du suHet. La plainte est ainsi le négati de la
passion, et c"est sans doute avec raison ue Christian Savid a situé
6 l"amoureu%, pour ainsi dire comme un mélancoliue en
puissance B8( plainte, haine et passion sont ainsi les #ornes ui
délimitent le champ du traumatisme He pense ue les e%emples
cliniues ue H"ai donné dans cet ouvrae sont, ! cet éard,
éclairants.
Cette mise en relation de la plainte avec le chant d"Ariane<
comme avec la passion de 4erenci pour 4reud< souline asse, me
sem#le-t-il les rapports ue la plainte entretient avec la parole c’est
le dit %ui soutient la plainte, et cette plainte est essentiellement
plainte d’incomplétude ; c’est la con0guration spéci0%ue du
traumatisme en deuxime topi%ue`Z.
C"est au sein de la 6 réaction thérapeutiue néative B, enn, ue
se dévoile un des destins, 6 démoniaue B celui-l!, de cette
conuration spéciue, avec des patients ui mettent le processus
analtiue 6 au service B de la pulsion de mort. Cette réaction
1(9
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2piloue. 4iures et destins du traumatisme
thérapeutiue néative est un e?et de résistance massive au
processus de chanement, potentiellement contenu dans la situation
analtiue. M"adopterai volontiers ici le point de vue de M. .
Pontalis88 selon leuel 6 ce ui est du ressort de la réaction
thérapeutiue néative, c’est une olle passion pour c+anger, pour
guérir la mre olle à l’intérieur de soi B\.
+uelle est donc cette folie maternelle dont la plainte d"Ariane
nous donne une idée U +uelues indices permettent de la décrire
d"a#ord le constat ue ces patients sont comme +antés par un corps
étraner interne e%er/ant son emprise sur le suHet, de sorte ue,
pour ! leur tour maJtriser cet o#Het interne ui les hante, ils le
placent ! l"e%térieur, le proHettent sur l"analste. La pulsion
d"emprise89, tellement ! l"Wuvre che de tels suHets se manifeste
alors dans toute sa démesure, et notamment dans leur désir de
garder leur soufrance intacte ; ne pas vouloir se uérir, c"est ne pas
perdre l"o#Het, ne pas perdre dans le com#at contre l"o#Het, cet o#Het
6 in>e%i#le B Pontalis< cette m&re ui sem#le touHours dire 6 non B.
La métaphorisation, sous la forme du traumatisme, du dou#le
mouvement d"emprise et de déprise de la passion pulsionnelle9
sem#le alors impossi#le.
Sevant un tel ta#leau, la mare de l’anal#se est étroite, mais elle
e%iste. Ainsi, lorsue le destin est favora#le, lorsue la force
pulsionnelle le permet, la rencontre avec l"R#Het, avec son potentiel
traumatiue et anti-traumatiue est enn possi#le la promesse d"un
au-del! de cette #utée, ue ome, de 4reud ! Oichel utor, a un Hour
urée, et ui n"est rien d"autre ue la représentation d"une m&re !
la fois e%citante, endeuillée, et interdite91, s"o?re alors dans sa
plénitude.
1)
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0ilioraphie
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1)1
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1)$
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4erenciZ:roddecT, 4orrespondance (?Y?-?YOO), Paris, Paot,
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4erenci 7., La répétition en analse pire ue le traumatisme
oriinal, in Gs#c+anal#se X, Paris, Paot, 198$.
Confusion de lanue entre les adultes et l"enfant, in 7andor
4erenci, Gs#c+anal#se X, Paris, Paot, 198$.
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1913<, Le motif des trois co?rets, in L’in%uiétante étrangeté
et autres essais, Paris, :allimard, 1985.
191*<, A partir de l"histoire d"une névrose infantile, in
uvres compltes, t. III, Paris, puf, 1988.
1915<, Cotem et tabou, Paot, 19)3.
191)<, Seuil et mélancolie, in étaps#c+ologie, nrf, 19(8.
1919<, L"inuiétante étraneté, in 7imund 4reud,
L’in%uiétante étrangeté et autres essais, Paris, :allimard, 1985.
19$<, Au-del! du principe de plaisir, in ssais de
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19$*<, Le pro#l&me économiue du masochisme, in
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1)3
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19$5<, +uelues additifs ! l"ensem#le de l"interprétation des
r'ves, in Fésultats, idées, problmes, t. II, Paris, puf, 1985.
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193$<, Le r've et l"occultisme, in Bouvelles conérences
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193)<, L"analse sans n et l"analse avec n, in Fésultats,
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Manin C., Le chaud et le froid les loiues du traumatisme et leur
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198(<, A propos du 5ournal clini%ue de 4erenci
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l"analse mutuelle, in ulletin du Wroupe l#onnais de ps#c+anal#se,
n 11, mars-avril 1988.
Le traumatisme entre hstérie et dépression, in ulletin de
la KGG, n 1$, 198).
1)*
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Kransfert, contre-transfert, supervision. ;n th&me et uatre
variations, in F3G, n *, 1988.
Les séductions de la réalité. 2léments pour une topiue du
traumatisme, in F3G, n (,
1988.
L"empiétement pschiue in La ps#c+anal#se, %uestions pour
demain, Paris, puf, 1989.
Analser, arpenter, écrire, in F3G, n $, 199.
Les souvenirs appropriés, in F3G, n X, 199.
Le pschanalste un voleur de r'ves, in F3G, n 1, 1993.
Kout analser uel cadre U, in F3G , n *, 199*.
La réalité entre trauma et histoire, in F3G, n 1, 1995.
Le réel, le per/u et l"halluciné, in F3G, n $, 1995.
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structuration et la restructuration du oi, apport au conr&s des
pschanalstes des lanues romanes, numéro spécial F3G , t. $(.
Lussier A., Les déviations du désir, in F3G, n 1, 1983.
Oac Souall. M., Glaido#er pour une certaine anormalité, Paris,
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Oarrou L., Le métier d"historien, in L’+istoire et ses mét+odes, La
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4raments de l"histoire de l"épilepsie pour la pschanalse de
l"omme au% liens, in F3G, n 3, tome 5$, 19)8, p. *39-*)8.Rd O., stérie et dépression, in F3G, n 1, 1985.
Pasche 4., Le passé recomposé, in F3G, n $-3, tome 38, 19)*.
Perec :., \ ou le souvenir d’enance, Paris, Senol, 19)5.
La vie ; mode d’emploi, achette, 19)8.
Les lieu% d"une ruse, in Genser, classer, achette, 1988.
Pontalis M.-., ntre le r7ve et la douleur, Paris, :allimard, 19)).
oseneld I., L’invention de la mémoire. Le cerveau ; nouvelles
donnes, Paris, Gshel, 1989. oussillon ., Garadoxes et situations
limites de l’anal#se, Paris, puf, 1991.
2preuve de réalité et épreuve d"actualité dans le face a face
pschanaltiue, in F3G, n 3, 1991.
La métaps#c+ologie des processus de transitionnalité,
apport au 550 Conr&s des pschanalstes de lanue fran/aise despas romans, F3G, 1995, numéro spécial conr&s.
7chae?er M., Le ru#is a horreur du roue, in F3G, n 3, 198(.
KoroT O., Oaladie du deuil et fantasme du cadavre e%uis, in F3G,
n *, 19(8. de ;rtu#e L., +uand une inuiétante étraneté envahit
le travail du pschanalste, in F3G, n $, 198$.
1)(
7/23/2019 destins_traumatisme
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i#lioraphie
iderman 7., La construction de l'espace anal#ti%ue, Paris,
Senol, 19).
Le céleste et le sublunaire, puf, 19)).
innicott S. . 195*-1955<, La position dépressive dans ledéveloppement a?ectif normal, in 8e la pédiatrie à la ps#c+anal#se,
Paris, Paot, 19)(.
19)1<, R#Hets transitionnels et phénom&nes transitionnels, in
S. . innicott, 5eu et réalité, Paris, :allimard, 1983.
Femar%ue bibliograp+i%ue
Certains te%tes, remaniés pour ce livre, ont paru sous forme
d"articles @ ce sont
Manin C., Le chaud et le froid les loiues du traumatisme et leur
estion dans la cure pschanaltiue, in F3G, n $, 1985.
198(<, A propos du 5ournal clini%ue de 4erenci
considérations sur les relations 4reud-4erenci et la uestion de
l"analse mutuelle, in ulletin du Wroupe l#onnais de ps#c+anal#se,
n 11, mars-avril 1988.
Le traumatisme entre hstérie et dépression, in ulletin de
la KGG, n 1$, 198).
Kransfert, contre-transfert, supervision. ;n th&me et uatre
variations, in F3G, n *, 1988.
Les séductions de la réalité. Gléments pour une topiue du
traumatisme, in F3G, n (,
1988. L"empiétement pschiue, in La ps#c+anal#se, %uestions pour
demain, Paris, puf,
1989.
Analser, arpenter, écrire, in F3G, n $, 199.
Les souvenirs appropriés, in F3G, n *, 199.
Le pschanalste un voleur de r'ves, in F3G, n 1, 1993.
1))
7/23/2019 destins_traumatisme
http://slidepdf.com/reader/full/destinstraumatisme 178/187
i#lioraphie
Kout analser uel cadre U, in F3G, n *, 199*.
La réalité entre trauma et histoire, in F3G, n 1, 1995.
Le réel, le per/u et l"halluciné, in F3G, n $, 1995.
Manin C. et Mosserand 7. A., La théorie comme machine !in>uencer, in F3G, n , 199*.
Imprimé en 4rance Imprimerie des Presses ;niversitaires de
4rance )3, avenue onsard, *11 endDme Sécem#re 199( V
*3 59
1
Il est asse plaisant de constater ue les virulentes critiues
au%uelles se livrent ces temps-ci particuli&rement au% Gtats-;nis<
uelues philosophes historiens, proc&dent tr&s e%actement selon le
mécanisme névrotiue reconnu par 4reud ils en appellent ! la lettre
supposée voire imainée< d"une réalité événementielle pour
contester l"interprétation ui permet de les comprendre, s"évitant
ainsi d"en a#order vérita#lement la théorie, écartée a priori.
$
7. 4reud, 19*, Se la techniue pschanaltiue, puf, 1953.
3
A. :reen, 198$, Barcissisme de vie, narcissisme de mort, Gd. de
Oinuit, 198$, p. $*(-$*).
*
André :reen, Pulsion de mort, narcissisme néatif, fonction
déso#Hectalisante, in Le travail du négati, Paris, Gd. de Oinuit, 1993.5
Cf. La naissance de la ps#c+anal#se, Lettre (9, p. 19, puf,
19)3.
(
La confusion de lanues entre l"adulte et l0enfant, in
Gs#c+anal#se X, Paot, 198$, p. 1$5-135.
1)8
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i#lioraphie
)
La naissance de la ps#c+anal#se, Lettre (9, p. 19$, puf, 19)3.
8
oir l"e%cellent travail de 4. rette, Le traumatisme et sesthéories, in F3G , n (-1988.
9
7. 4reud, Construction dans l"analse, in Fésultats, idées,
problmes, tome $, puf, 1985.
1
7ouliné par l"auteur.
1. 7. 4erenci, La répétition pire ue le traumatisme oriinal, in
Gs#c+anal#se, *, p. 3), Paot, 198$.
$. 7. iderman, La construction de l’espace anal#ti%ue, Senol,
Paris, 19).
11
C"est moi ui souline.
1$
Oarrou, &pologie pour l'+istoire ou métier d’+istorien.
13
4onstruction.... p. 381-38$.
1*
7. iderman, Le céleste et le sublunaire, puf, 19)).
15 Cité par iderman.
1(
dem.
1)
In 5eu et réalité, :allimard, 1983.
18
1)9
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i#lioraphie
In Le 8iscours vivant, puf, 19)3.
19
6 Complément métapscholoiue ! la doctrine du r've B.
$Oichel 4ain m"a suéré un rapprochement e%tr'mement
intéressant entre l"o#servation d"Ivan et celle d"un nourrisson atteint
d"asthme précoce 2in reisler, 4ain et 7oulé, L’enant et son corps,
puf, p. *5 ! *1<. Ce ar/on fut coné lui aussi a une nourrice par
une m&re étudiante, ! l"Fe d"un mois, car celle-ci voulait poursuivre
ses études. Comme dans mon o#servation, le cas présenté par L.
reisler mentionne peu le p&re. ic+el 3ain pense %ue la mretend à efacer dans le ps#c+isme de l’enant les traces mnési%ues
laissées par la nourrice, pour %ue cette dernire ne puisse exister
pour l’enant, ce %ui erait en %uel%ue sorte le lit de la relation
+omosexuelle entre les deux emmes.
$1
Cette o#servation conrme, par #ien des points les travau%
remarua#les de O. K. Veraut-7utterman sur répilepsie. Cf. entreautres, F3G , tome 5$, n 3, 19)8, p. *39-*)8.
$$
oir introduction, p. 1).
$3
Cf. mon introduction.
$*Cf. le remarua#le rapport de Paul Senis sur cette uestion
mprise et t+éorie des pulsions, 5$e Conr&s des pschanalstes de
lanue fran/aise, ome, 199$.
In Fésultats, idées, problmes, tome $, puf, 1985.
$5
18
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i#lioraphie
Cf. le remarua#le travail de 4. rette, 6 Su traumatisme... et de
l"hstérie B pour s"en remettre, in VuinEe études ps#c+anal#ti%ues
sur le Cemps, sous la direction de M. :uillaumin, 2d. PrivFt 198$<.
$(
Votamment en étant particuli&rement viilant sur les besoins du
patient, donc attentif au cadre et ! ses aménaements éventuels.
Sans cette perspective, la cure représente alors une vérita#le
possi#ilité d"un néo-étaae des pulsions se%uelles, la prise en
compte de ces #esoins passe entre autre par la stlistiue de
l"interprétation pour ose, par e%emple, dont l"e%citation motrice
était considéra#le, des interventions relativement lonues,
décondensantes, vérita#les bains verbaux ont eu un e?et pare-
e%citant spectaculaire.
$)
7. 4reud, Seuil et mélancolie, in étaps#c+ologie, nrf, 19(8.
$8
7. 4reud, Au-del! du principe de plaisir, in ssais de
ps#c+anal#se, Paot, 19((, p. 3).
$9
P. Luuet, Les identi0cations précoces, rapport au Conr&s des
pschanalstes des lanues romanes, 19($.
3
bicL-------
31 l'd. p. $*(-$*).
3$
Gn référence au 6 monument commémoratif B de O. KoroT, in
aladie du deuil et antasme du cadavre ex%uis, in F3G, 199(, III,
n *.
33
181
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i#lioraphie
oir le chapitre consacré au 6 trauma che l"analste B.
3*
C. Savid, Pluralisme du r've, in F3G, n 5-(, 19)*, p. 99)-1.
Me reviendrai sur cette uestion dans la conclusion 6 Le réel, leper/u, l"halluciné et la pratiue pschanaltiue B.
35
Les névroses ! la lumi&re de l"enseinement de 4reud et la
pschanalse, in Gs#c+anal#se, I, p. $9.
3(
Femémoration, répétition et élaboration.
3)
bid.
38
bid.
39
La construction de l’espace anal#ti%ue.
*
Le céleste et le sublunaire.
*1
?. F3G, 198, **, p. )1(-)$3.
*$
F3G, 3, 198*, p. (8)-)( @ F3G, 3, 1985, p. 91-9$.
*3
Pensée animiue, conviction et mémoire, F3G , *, *9, 991-11.
**
bid.
*5
C. et 7. otella, 7ur la carence auto-érotiue du parano=aue,
F3G, 1, 198$, p. (*-)9.
18$
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i#lioraphie
*(
C"est moi ui souline.
*)
Gn ce ui concerne la cliniue et la théorie de ces moments deuration commune, voir p. 99 et s.
*8
La carence auto-érotiue du parano=aue, in F3G , 1, 198$.
*9
L’invention de la mémoire. Le cerveau ; nouvelles données,
Gshel, 1989.
5
:eores Pérec, Les lieu% d"une ruse, in Genser, classer ,
achette, 1988.
51
:. Perec, \ ou le souvenir d'enance, Paris, 19)5, Senol.
5$
:ammeth et... :am&te E
53
C"est moi ui souline formule tpiue d"une dénéation.
5*
I. arande, Kandor 3erencEi, Petite #i#lioth&ue Paot, 19)$.
55
4erenciZ:roddecT, 4orrespondance, Paot.5(
Rn sait ue dans ce te%te, 4reud parle de 4erenci @ cf. Khierr
oTanovsTi, Présence de 4erenci dans analse terminée, analse
intermina#le, in tudes reudiennes, 19)9, n 15. Cet e%trait est p.
$31-$3), in Fésultats, idées, problmes, II
5)
183
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i#lioraphie
Macueline Oiller, 1983, F3G, n 5. 4erenci 6 enfant terri#le de la
pschanalse B. ;n aspect du 4erenci néatif.
58
Rn consultera éalement le remarua#le travail de K. oTanosTi,La dépression de transfert, in tudes reudiennes, n 33.
59
Rn pourra se reporter ! la 4orrespondance 3reud!3erencEi,
Calmann-Lév, ainsi u"! K. oTanosTi et C. Manin, Le concept de
nourrisson savant che 7. 4erenci un échane épistolaire<, F3G, 3-
199*.
Contre-transfert et sst&me parado%al, F3G, n 3, mai-Huin 19)(.
(
7. 4reud, 1915, Cotem et tabou, Paot, 19)3.
(1
Cf. 7ur ce point les remarua#les analses de Oichel 4ain, ui, le
premier, ! souliné l"importance de la pensée animiue dans la cure.
oir notamment Le désir de l’interprte, 198$, Au#ier-Oontaine.
($
In Fésultats, idées, problmes, t. II, puf, 1985.
(3
IJ s"ait du docteur Pierre ourdier, ! ui H"e%prime ici ma
ratitude pour la part capitale u"il a prise dans mes années
d"apprentissae.
(*
Votamment le séminaire de S. Colin, C. Manin, :. urlou% !
l"Institut de pschanalse de Lon.
(5
Gn colla#oration avec 7. A. Mosserand.
((
7. A. Mosserand
18*
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i#lioraphie
()
Ooi-m'me.
(8
Ceci se passait en 198((9
Vous ne pouvons, pour des raisons de discrétion rapporter la
séuence en uestion.
)
Votamment, Le 4éleste et le Kublunaire. oir éalement mon
introduction.
)1
Cf. p. 15.
)$
Cette derni&re, en e?et ne pouvait uitter la pensée de son
analste. Gn ne pouvant penser di?éremment de lui, le discutant
s"identiait ! elle.
)3
L"e%pression est de Mean-Luc Sonnet.
)*
Cf. le traumatisme dans la supervision évoué dans ce m'me
chapitre.
)5
Cf. chapitre 1, p. *1.)(
C. Manin, F3G, $Z1985, p. (()-()).
))
M. 7chae?er, Le ru#is a horreur du roue, in F3G, 3Z198(, p. 9$3-
9**.
)8
185
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i#lioraphie
*.1. Coumut, L"ordinaire de la passion, Le 0l rouge, 1991.
)9
Le crime Parfait, in Copi%ue, 199*, n 53.
\ 7ouliné par moi.8
6 Oais ui est ce ]on, si ce n"est nous m'me, dans la haine de
l"écart entre l"inconnaissa#le du réel et l"illusion, et dans le désir,
animé par cette m'me haine, d"accomplir ce crime parfait U B note
de M. audrillard<.
81
La position dépressive dans le développement a?ectif normal B.
in 8e la pédiatrie à la ps#c+anal#seT Paot.
8$
Cotem et tabou.
83
Cf. sur ces points ené oussillon, 2preuve de réalité et
épreuve d"actualité dans le face-!-face pschanaltiue, F3G, n 3-1991.
8*
7. 4reud, Le motif des trois co?rets 1913<, in L'in%uiétante
étrangeté et autres essais, Paris, :allimard, 1985.
85
7. 4reud, o*se et le monot+éisme, op. cit.
8(
C. Savid, L’état amoureux, 19)9, Paot.
8)
Cf. mon introduction.
88
Von, deu% fois non, in Gerdre de vue, op. cit.
18(
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i#lioraphie
\ 7ouliné par moi.
89
Cf. Paul Senis, op. cit.
9, $. oir p. 1$5.
91
amond Cahn m"a suéré l"éuation suivante Fome - mre
mort.