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KILIA ET LICOSTOMO OU KILIA = LICOSTOMO? DIACONU Dans un exposé, datant 1318-1323, sur les possessions du Patriarcat do Constantinople dans la zone du Pont occidental il est fait mention un moment donné de la localitéde (Kilia, c'est-N-dire Licostorao). suivant cet acte ecclésiastique, Kilia - la vine située aux Bouches du Danube - portait aussi, au début le nom de Licostomo. Ce fait a été enregistré et accepté par presque tous les historiens .des derniers 200 ou 300 ans Il est vrai la fin du siécle dernier Heyd, dans une note margi- estimait quo Kilia est une localité et Licostomo une .dans la cinquième décennie de ce sicle soutenait la opinion 4. Mais ni l'un ni l'autre n'ont présenté d'arguments ce sujet plus tard, Geo Pistarino Gabriela Airaldi et 8 ont adopté môme point de vue. Celui-ci avait, de fait, été exposé par Octavian dans une communication faite antérieurement9 mais publiée seulement en 1973 La position O. Iliescu était fondée sur l'analyse d'un acte rédigé Kilia par le notaire génois Antonio di le 7 mai 1361. Le registre renfermant cet acte, ainsi que 98 F. Miklosich - J. Acta et diplomata graeca medii aevi sacra et profana, I, Wien 95. 2 Voir cet égard la bibliographie d'Octavian Iliescu, Localizarea vechiului Licostomo, Revista de Istorie 25, 1972, 3, p. 435- 462. W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Age, éd. francaise par fRaynaud, Leipzig, 1885, p. 533, n. 2. Robert-Henri Notes sur les sources de l'histoire lconomique médiévale dans les Archives italiennes, Mélanges d'Archéologie et d'Histoire publiés par l'Ecole de Rome 1, 1948, p. 187-188. se pourrait que W. Heyd été induit en erreur par certaines cartes des sur lesquelles les Bouches du Danube apparaissent la fois Kilia et tomo (voir ci-dessous, p. 302), alors que R.-H. Bautier s'est peut-étre appuyé (comme le croit juste titre O. Iliescu, op. cit., p. 441) sur un acte rédigé Kilia par le notaire Antonio di Ponzb (voir ci-dessous, p. 312). e Geo Pistarino, Notai genovesi in Oltremare. rogati a Chilia da Antonio di Ponzò 41360- 1361), Genova, 1971, p. XXXIV storica di fonte e studi diretta da Geo 12). Gabriella I Genovesi a Licostomo nel sec. XIV, dans Studi série, tome XIII, Spoleto, 1972, p. 967- 981. Silvana Atti rogati a Licostomo da Domenico da Carignano (1373) e Grassi da Voltri (1383- 1384), Giovana Balbi et Silvana Notai genovesi in Oltremare. Atti a Caffa e a Licostomo (sec. XIV), Genova, 1973. La communication a été remise en vue de sa publication en 1967 (voir O. Iliescu, op. p. 459). le Voir ci-dessus, note 2. ¡Rev. Roum. XXV, 4, p. 301-317 Bucarest, 1986 www.dacoromanica.ro

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KILIA ET LICOSTOMO OU KILIA = LICOSTOMO?

DIACONU

Dans un exposé, datant 1318-1323, sur les possessions duPatriarcat do Constantinople dans la zone du Pont occidental il est faitmention un moment donné de la localitéde(Kilia, c'est-N-dire Licostorao). suivant cet acte ecclésiastique,Kilia - la vine située aux Bouches du Danube - portait aussi, au début

le nom de Licostomo.Ce fait a été enregistré et accepté par presque tous les historiens

.des derniers 200 ou 300 ansIl est vrai la fin du siécle dernier Heyd, dans une note margi-estimait quo Kilia est une localité et Licostomo une

.dans la cinquième décennie de ce sicle soutenait la opinion 4.Mais ni l'un ni l'autre n'ont présenté d'arguments ce sujet

plus tard, Geo Pistarino Gabriela Airaldi et8 ont adopté môme point de vue. Celui-ci avait, de fait, été

exposé par Octavian dans une communication faite antérieurement9mais publiée seulement en 1973 La position O. Iliescu était fondéesur l'analyse d'un acte rédigé Kilia par le notaire génois Antonio di

le 7 mai 1361. Le registre renfermant cet acte, ainsi que 98

F. Miklosich - J. Acta et diplomata graeca medii aevi sacra et profana, I, Wien95.

2 Voir cet égard la bibliographie d'Octavian Iliescu, Localizarea vechiuluiLicostomo, Revista de Istorie 25, 1972, 3, p. 435- 462.

W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Age, éd. francaise parfRaynaud, Leipzig, 1885, p. 533, n. 2.

Robert-Henri Notes sur les sources de l'histoire lconomique médiévale dans lesArchives italiennes, Mélanges d'Archéologie et d'Histoire publiés par l'Ecole de Rome 1,

1948, p. 187-188.se pourrait que W. Heyd été induit en erreur par certaines cartes des

sur lesquelles les Bouches du Danube apparaissent la fois Kilia ettomo (voir ci-dessous, p. 302), alors que R.-H. Bautier s'est peut-étre appuyé (comme le croit

juste titre O. Iliescu, op. cit., p. 441) sur un acte rédigé Kilia par le notaire Antonio diPonzb (voir ci-dessous, p. 312).

e Geo Pistarino, Notai genovesi in Oltremare. rogati a Chilia da Antonio di Ponzò41360- 1361), Genova, 1971, p. XXXIV storica di fonte e studi diretta da Geo

12).Gabriella I Genovesi a Licostomo nel sec. XIV, dans Studi série,

tome XIII, Spoleto, 1972, p. 967- 981.Silvana Atti rogati a Licostomo da Domenico da Carignano (1373) e Grassi

da Voltri (1383- 1384), Giovana Balbi et Silvana Notai genovesi in Oltremare. Attia Caffa e a Licostomo (sec. XIV), Genova, 1973.

La communication a été remise en vue de sa publication en 1967 (voir O. Iliescu, op.p. 459).

le Voir ci-dessus, note 2.

¡Rev. Roum. XXV, 4, p. 301-317 Bucarest, 1986

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actes conclus par le môme notaire durant la période 27 novembre1360 - 19 juin 1361, a été publié entre-temps par l'historien italien GeoPistarino

Le rédacteur de l'acte en question, Antonio di écrit unmoment donné, propos d'une transaction financière, que le bateau SanctaCatharina se trouve in sire flumine ; mais avant d'avoirachevé d'écrire ce dernier nom, il l'a effacé pour le remplacer par Licos-tomo, la phrase devanant in sumaria sive flumine Licostomo, énoncéqu'il précise par les mots scilicet ad Bocham eiusdem sumaria Licostomi.

Cette mention constituait pour O. Iliescu la preuve évidente quele bateau Sancta Catharina n'était pas maischure du bras de Licostomo, ce qui est tout autre chose que la villele contrat était conclu

Certes, O. Iliescu était parfaitement justifié, par la phrase susmen-tionnée d'Antonio di Pon* d'établir une différence entre bock« sumarieLicostomi et la ville de Kilia. Sauf qu'il ne s'est pas cela, mais aessayé de convaincre le lecteur que ladite phrase permet de parler dedeux localités : Kilia et Licostomo. Et, pour appuyer cette il aproduit des cartes des Kilia est passée conjointe-ment avec Licostomo.

Ainsi, sur une carte anonyme de 1534, une autre carte anonymedu sur la carte nautique de Georgio Calapodo (1552), surcarte de Gerardus Mercator (1569), sur celle de Hulsius Levinius (1630),sur celle de T. Danckert (env. 1670), sur celle de Nicolaus (1685)et sur celle de John Lenex (1710) apparaissent la fois les noms deKilia et de Licostomo, fait qui pour Pauteur roumain constitue une preuveirréfutable de l'existence le bras de Kilia de deux localités : Kilia etLicostomo.

Or, il convient de noter que les cartes en question sont toutes pos-térieures l'époque dont il s'agit et que, en outre, elles renferment denombreuses erreurs, y compris des erreurs grossières. Ainsi, sur les cartesde Mercator, de T. Danckert, de N. Vischer et sur quelques-unes encoredatant des sur l'emplacement de Kilia (la Nouvelle)ou côté de celui-ci est passée aussi la ville de Bialgorod (CetateaAM), située en fait aux Bouches du Dniestr.

O. Iliescu fait crédit la carte anonyme de 1534 en considérationdu fait que, dans une région correspondant l'Anatolie, on y trouvemention Hic Bayezetis a Tamburlane captus et metus est, ce qui représenteune allusion directe la bataille d'Ankara, de 1402. Selon lui, cette men-tion est une preuve certaine que la carte de 1534 est la copie d'un modéleplus ancien, exécuté peu de temps la bataille Bayezid fut faitprisonnier par Tamerlan

Que la carte anonyme de 1534 copie un antérieur, c'est unfait certain. Mais pourquoi ne pas admettre qu'elle reproduit deux ou

11 Geo Pistarino, op. acte 74. Du reste Raiteri et Airaldi se sont fon-dés sur le m6me acte pour soutenir que Licostorno et Kilia sont des localités différentes.

12 0. op. cit., p. 441.Voir la bibliographie de toutes cartes chez O. op. cit., p. 445- 451.

14 Iliescu, op. cit., p. 447-

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plusieurs modéles de cartes anciennes : par exemple, d'une part, unecarte dans le genre de celle de G. Soleri, du sur laquellela ville située aux Bouches du Danube porte le nom de Licostomo et,d'autre part, la carte de Martello de 1480-1482, sur laquelle laville ne s'appelle pas Licostomo, mais On s'expliquerait ainsipourquoi, sur la carte en question, sont mentionnées deux localités auxBouches du Danube : Kilia et Licostomo.

De toute façon, au début du Jean de Sultanieh nesait dans son traité de géographie, sur le bras de Kilia et vers son em-bouchure, qu'une seule localité Licostomo

Ajoutons en passant que la carte anonyme de 1534 renfermerentes erreurs, dont l'une concernant justement le Delta du Danube,savoir que le bras d'Aspera représenté au sud du bras deGheorghe, et non pas au nord comme l'aurait fallu.

Lorsque l'on prend en considération les cartes du moyen pourla question qui nous occupe, on devrait s'appuyer sur les exemplaires lesplus anciens, ceux du début du sicle, car celles-ci nous donnentune image plus exacte de la géographie de nos régions, du Delta du Da-nube en l'espce. Or, sur les cartes de Giovanni da Carignano (fin du-

sicle - début du de Pietro Vesconti (1318) MarinoSanudo (1320) et d'Angelino Dulcert (1339) une seule ville est passée,Licostomo. Cette vine est consignée sous le nom de Chilia pour la pre-miére fois sur une carte - autant que nous sachions - par Enrico Ger-mano Martello, en 1480-1482

Au XV° siécle commence la « folie » de la multiplication des cartes.Celles-ci sont désormais confectionnées en masse. Comment procédait-on?En général, le cartographe concentrait sur carte les données four-

par plusieurs cartes antérieures. C'est pourquoi sur de nombreusescartes, en particulier sur celles des sicles, apparaissentsimultanément Kilia et Licostomo, Dristra et Silistra, Isaccea et Oblout-chitsa Plus d'une fois sont consignées des données et des observationsrecueillies dans des sources antiques : par exemple, Tomis, Callatis, Duros-torum, Noviodunum, etc. apparaissent souvent sur les cartes du moyenAge. Le phénomène s'est poursuivi môme au sicle En unmot, les cartes du moyen sont pleines d'informations fantaisistes.

C'est pourquoi les données fournies par les cartes dessiécles n'ont aucune valeur quant l'identification aux Bouches du Da-

15 Sur une telle carte pouvait figurer également une mention de Li capture de Bayezidpar Tamerlan.

16 Chez Papacostea, Un .Romdne secolului XIV,Studii », 18, 1965, 1, 173.

Marin Popescu-Spinenl, Románia la vol. Bucarest,-carte 26.

A. E. Nordensköld, Periplus. An Essay the Early History of Charts ans SailingDirection, Translation by Francis A. Bather, Stockholm, 1897, reprinted by Burt Franklin,New York, 1962, pl. VI, 9. Cf. Marin Popescu-Spineni, vol. p. 73-74.

E. Nordensköld, op. fig. 13, p. 33.20 M. Popescu-Spineni, op. cit., p. 77.21 0. Iliescu, op. 451.22 Voir M. Popescu-Spincni, op. II, cartes 12, 54 57.23 V. Bdevliev, Geographie Nord-Ost Bulgariens in der Spdtantike und im

ter, Sofia, 1962, p. 80, fig. 10.

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nube, de deux localités Kilia et Licostomo. Ajoutons que s'il avait exist&Kilia différente de Licostomo, serait pratiquement impossible que

ce fait n'ait pas été consigné par un seul chroniqueur ou voyageur dutemps. Bien au contraire, Dimitrie Cantemir précise que Kilia, ville prade laquelle le Danube se jette dans la Mer Noire, est le Lycostomo deaanciens » et que « Kilia, autrefois Lycostomon, est l'embouchurenord du Danube

Octavian Iliescu, Kilia se serait trouvée est situ&jourd'hui Kilia Veche (l'Ancienne Kilia) et Licostomo en aval, o lebras septentrional se jette dans la mer, peu prés au endroit quel'actuelle Periprava 26

Cette localisation était, en fin de compte, fond& sur un rapport(inédit) de l'auteur des présentes pages, o était dit que les recherchesarchéologiques...ont réussi repérer, le 22 juin 1966, les vestiges d'unétablissement caractère urbain des sur la rive droitedu bras de Kilia, 1 km en aval de Periprava et environ 2 km en amontde Outre le céramique (vases émaillés), on y a mis au

grand nombre de briques provenant de constructionstéristiques des établissements de type urbain. La découverte au mémedroit de vestiges d'habitat datant du au permet de suppo-ser que l'établissement en question a eu une durée appréciable »

Or, l'argument archéologique auquel a recours O. Iliescu est dépourvude toute valeur, car il est conséquence d'une grave erreur de &termina-tion chronologique dont nous-méme sommes responsable.

En effet, une vérification sur les lieux Periprava)faite par Silvia Baraschi l'été 1983 a démontré que ce que nous avionapris, le 22 1966, les vestiges établissement urbain du moyen

n'était, en fait, que les restes de constructions plus récentes,du

Enfin, encore un argument en de la localisation de LicostomoPeriprava, c'est l'existence, aujourd'hui encore, de la localité dele Loup », ou du Loup », dans les langues slaves) sur la rive gauche du

bras de dont le nom &rive probablement de celui de Licos-est vrai que c'est qui a hérité de ce nom, ceci prés que

nom dont il a hérité n'est pas celui de ville de Licostomo, mais celuidu bras homonyme (« os lupi », selon l'expression de Jean de Sultanieh 29).

Et pourtant, l'opinion de O. suivant laquelle Kilia et Licos-tomo sont deux localités différentes s'est imposée rapidement une oudeux exceptions prés 30, elle a été acceptée sans réserves par les.

24 Dimitrie Cantemir, Descrierea (trad. par Gheorghe Adamescu), Ed. CartesBucarest, s.d., p. 5.

p. 21.0. Iliescu, op. cit., p. 452.

27 p. 452.Information verbale de Silvia Baraschi.Voir ci-dessus, note 16.Petre Diaconu, SCIVA, 33, 1982, 4, p. 442-444.

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spécialistes de l'histoire du Bas-Danube au moyen âge et cela toutparticuliérement aprés la publication d'une autre série d'actes rédigéspar Antonio di Kilia.

De l'analyse du registre d'Antonio di Ponzö, Georessort que le notaire génois a rédigé des actes Kilia avant

le 27 novembre 1360 32 Du reste, le prestigieux historien français Michel

Radu Ciobanu, Genovezii in Dobrogea in secolul al XIV-lea, Pon-tica 2, 1969, p. 401- 412 ; idem, ale civilizafiei pontice din Dobrogea la secolu-lui al al Pontica », 3 ; 1970, p. 297- 329 ; sur la dontl'auteur s'est cc point de vue, voir O. op. p. 459 ; Barnea, dans IonBarnea et Din Istoria Dobrogei, III, Bucarest, 1971, p. 379 ; ByzantinischeForschungen, IV, Amsterdam, 1972, p. 234 : M.M. Alexandrescu-Dersca, La Seigneurie de Do-

fief de Byzance, dans Actes du XIV° Congrès international des byzantines, II,Bucarest, 1975, p. 19 ; Ion Localizarea Chiliei bizantine Imprejurdrile care s-a

Mitropolia Glasul Bisericii XXXVII, 9-12, septembre-décem-bre 1978, p. 1057 ; Silvia Baraschi, Die Donauufersiedlungen aus der Dobrudscha in den

Quellen des bis XIV Jahrhunderts, Dacoromania, Jahrbuch östliche Latinität4, Freiburg, 1977-1978, p. 61 lzvoare privind de malulsecolele XIV, a Revista de istorie 34, 1981, n° 2, p. 337- ; Victor Eskenasy, Din

litoralului Dobrotici si relatiile sale cu genovezii, Revista de istorie t. 34,1981, 11, p. 2057- 2063 ; Anca Ghiatä, Condifiite dominatiei otomane in Dobrogea,

Sludii istorice sud-est europene, I, Bucarest, 1974, p. 52- ; idem, alepolitice in Dobrogea (secolele XIII- XV), de istorie o, 34, 1981, 10, p. 1874 ;

Ghiuzelev, Les relations bulgaro-vénitienees durant la moitié XIV° dansEtudes historigues, IX, Sofia, 1979, p. ; Elisabeta Todorova, u

u no yuae u I, Varna, 1981, p.235 - ; Gabriella Airaldi, op. cit., p. 967 - 981, estimant que Licostorno et Kiliasont deux localités distinctes, soutient que ce fait s'est reflété sur l'organisation ad-ministrative des deux villes ; elle, aurait été un simple burgus, sans camp.et, pour cette raison, a eu une administration civile ayant sa un consul et une curia quidéployait son activité dans domus Ianuensis et dans loggia lanuensium; en échange,

situation aurait été un peu plus complexe Licostomo, qui aurait bénéficié d'une doubleadministration : l'une civile, représentée par un consul, et l'autre militaire, représentée par des

; le consul de Licostomo est parfois mentionné comme consul insule Licostomi ou.consul insule et Licostomi ; G. Airaldi fournit encore d'autres apreuves du ordreen ce qui concerne la difference entre l'administration de Kilia et celle de Licostomo. Poursr, personne ne nier l'existence de telles dissimilitudes, ceci prés que l'auteur nepare pas la situation de deux villes différentes, mais la situation d'une ville deux mo-ments différents de son passé : elle compare, du point de vue juridique et administratif, la situa-tion existant Kilia (Licostomo) en 1360-1361, telle qu'elle se refléte dans les actes d'Antoniodi Ponzó, la situation Kilia (Licostomo) en 1373- 1384, telle qu'elle se dans lesactes de Domenico da Carignano et d'Oberto Grassi da Voltri ; procédant ainsi, Gabriella Ai-

a déconvert des differences, parfois sensibles. Ce fait n'a rien d'étonnant. Bien que Kiliapourvue d'une forteresse l'époque des Byzantins, celle-ci devait étre en ruine en 1360 -

1361. Du reste, cette date Kilia n'avait pas spécialement besoin d'une fortification cetteles Kilia se trouvaient en bonnes relations avec tons leurs voisins, y compris

Dobrotitza. Les bonnes relations de Kilia avec Dobrotitza sont suggérées par l'acte 100-Ba-lard, dont il ressort que, le 20 octobre 1360, on avait conclu un traité fictif aux termes duqueltout pouvait arriver sain et sauf sans dommage la part des Turcs ou deshommes de Dobrotitza, condition de naviguer sous Mais autour 1370, ouplus précisément aprés cette date, les relations entre les Génois et Dobrotitza se dégradent brus-quement, la suite de quoi certaines mesures de sont prises Kilia (Licostomo), y.compris celle d'armer certains vaisseaux. C'est alors, notre avis, qu'a été restauree etde l'ancienne forteresse byzantine (bien entendu; l'existence d'une forteresse entrainaitl'existence d'une administration militaire, avec tout son de mesures d'organisation).

pourquoi nous croyons partir des années 1370 la situation administrativo-juridique<le s'est modifiée.

Voir Pistarino, Notai genovesi..., XIII et acte 23.

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Balard a eu le bonheur de trouver le registre méme renfermant cesqu'il a publié en 1980. registre contient 119 actes, rédigés par Antoniodi Ponzö Kilia entre le 11 et le 23 octobre 1360 Au début duregistre se trouvent deux actes rédigés Naples avril 1360 et neufactes rédigés du 11 au 18 juin 1360

Dans quatre des actes rédigés Kilia le nom de Licostomo estet par celui de Kilia ; dans un autre acte, c'est le nom dequi est et par celui de Licostomo. Ces rectifications ont

M. Balard souscrire encore une fois la de O. Iliescu, savoirque Kilia et Licostomo sont deux villes différentes La méme posi-tion a été adoptée par Elisabeta Todorova

Mais convient de souligner que dans 7 des premiers 11 actes duregistre il est qu'ils ont été rédigés « Kilia Licostomo ». Les adeptesde la O. ont essayé d'expliquer cette formule de deux manié-

soit par le fait que le notaire génois, peine aux Bouches duDanube, n'était pas certain dans laquelle des deux il se trouvaitsoit que par la formule Kilia Licostomo » Antonio di a voulurencier la Kilia danubienne d'une autre Kilia, par exemple de la KiliaBithynie

Or, la explication ne saurait, notre avis, retenue,.car aussi distrait » qu'ait pu Antonio di (ainsi qu'il ressortde différentes confusions présentes dans ses actes"), il est difficiled'admettre que durant une bonne période aprés son arrivée sur les lieuxn'ait pas su au juste dans laquelle des deux villes (supposées) il se trou-vait. La seconde explication ne saurait étre retenue elle non plus, car Anto-nio di n'avait aucune raison de souligner difference entre ladanubienne et celle bithynique, lors que dans cette n'ajamais été conclu d'actes

Mithel et l'Outre-mer, II, Actes de Kilia du notaire Antonio diParis, La Haye, New York, 1980.

M. Balard, Actes de Kilia..., n° 1 et 2.Ibidem, actes nos 3-11. M. Balard, Notes sur les ports du Bas-Danube au

Südost-Forschungen Band XXXVII München-Oldenburg, 1979, p. 3 (tirage part), four-nit quelques données sur le tracé parcouru par Antonio di au printemps 1360, de Génes

Michel Balard, sur les ports..., p. 5.Elisabeta Todorova, Sur une nouvelle source dans l'histoire du Delta danubien au

Etudes balkaniques, 1983, 1, p. 123.p. 123. Mais l'auteur attribue tort cette explication M. Balard.

M. Balard, op. cit., p. moins que nous ne comprenions qu'en utilisant legénitif veuille préciser qu'il s'agit comme par exemple celle de Bythinie sur laasiatique de la Mer Noire Mais Antonio di ne met Licostomo au génitif que deux fois ;autrement, dans les actes 18, 19, 20, 21, Balard, il utilise la forme Chili Licostomo

A cause de sa distraction, Antonio commettait de nombreuses erreurs. Par exemple,dans l'acte 43- Balard, écrit Anthonius au lieu de Nicolaus ; dans l'acte n° 13- Balard,écrit sommi ad sagium au lieu ad pondus Chili ; dans les actes 38 et 39- Balardécrit perperi ad pondus Chili au lieu de perperi ad sagium (cf. M. Balard,Ades de p. 15) ; dans l'acte n° Balard, bateau de Georgius Gingembo est nomméSanctus Georgius, alors que le bateau, dans l'acte n° Balard, s'appelle Sanctushannes (cf. Elisabeta Todorova, op. cit., p. 117) dans l'acte n° Balard, il est spécifié quele vaisseau est ad bocham sumarie Chili, tandis qu'il l'était de fait ad sporzorias sumarieeiusdem loci Chili.

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En ce qui nous concerne, la lecture du volume de documents publiépar Michel Balard nous a fourni des arguments valables dans le queKilia et Licostomo étaient deux noms d'une ville situ& sur le brashomonyme du Danube, lui aussi tantôt par de ces noms,

par l'autre. Le fait qu'Antonio di dans les premiersactes du registre que ceux-ci ont Kilia Licostomo est une preuvecertaine du fait que la ville de Kilia portait aussi le nom de Licostomo.Aucune autre explication n'est valable en ce qui concerne cette formule.

Mais il est d'autres preuves encore dans ce sens -et tout aussi péremp-toires - offertes par le registre d'Antonio di Ponzö. Voici de quois'agit.

Dans la partie finale d'un nombre d'actes, le notaire génois a soinde préciser que ceux-ci sont valables juridiquement dans telle ou telle ville,ainsi que dans tous les lieux et (sous-entendu : existe des

génois). Parmi les localités figure obligatoirement lenom de la l'acte respectif a été conclu 41 Ainsi, pour un acte

Naples (comme le sont les actes et 2 du registre Balard), il estqu'il est valable Péra, Caffa, Famagousta, parmi les

mentionnées se trouve également Naples.S'il s'agit d'un acte(l'acte du registre Balard), des localités il est

qu'il est valable - Trébizonde, Licostomo se trouve aussi,nécessairement, Enfin, si l'acte a conclu Kilia, étant valablepour Péra, Vicina, Trébizonde, Caffa, Zembari etc., parmi les localités

il est valable figure aussi, obligatoirement, Kilia. Mieux encore, le nomde la ville o l'acte a élaboré figure, en parmi les autres locali-

il est valable, comme de liste Nous avons tenu préciser cepoint, car en lui la clef de Pidentité de Kilia et de Licostomo, selonles actes conclus par Antonio di

Ainsi, dans le premier acte rédigé Kilia Licostomo, le 11(n°12-Balard), Antonio di que celui-ci est valable juridique-ment Licostorno, Péra, Constantinople, Pise, etc. L'acte n°15 -Balard, le 12 1360 Kilia, est valable Licostomo, Caffa,Péra, Vicina, Zembari, etc. L'acte n°16-Balard, rédigé de Kiliale 13 1360, est valable Licostomo, Caffa, Péra, etc. L'acten°18 - Balard, rédigé Kilia-Licostomo le 14 1360, est valableLicostomo Péra, Caffa, Constantinople, etc. L'acte n°19 - Balard,rédigé Licostomo la date, est valable Licostomo,Caffa, Pise, Constantinople, etc. Comme on peut voir, dansdes premiers actes Kilia ne figure le nom de celle-ci parmi les

les documents en question sont valables. En revanche, le nom deLicostomo n'y fait jamais défaut et occupe d'ailleurs la placeparmi les villes citées. Comment s'explique cette situation, sinon par lefait que, pour Antonio di Licostomo représentait la localitéque Kilia? Autrement, le nom de Kilia aurait non seulement figurerdans Pénumération des villes, mais y occuper la place.

Cependant, partir du 25 1360, parmi les pour lavalidité des actes conclus Kilia -et elles sont assez nombreuses (n°22-Balard, n° 8, 16, 18, 20, 22, 56, 58, 59, 66, 67, 71, 80, 83, 86, 88, 91,

A l'exception 28 (Pistarino).42 A l'exception l'acte n° 2-Balard.

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94 -Pistarino) - le nom de Kilia est présent et invariablement entôte de alors que le nom de Licostomo disparait .

Comment interpréter ce phénomène, sinon en admettant que Kilia ettomo sont deux noms d'une ville Autrement, siet Licostomo avaient été deux villes différentes, on ne s'explique pas l'ab-sence de toute mention de Licostomo parmi les villes énumérées, alors quedes localités plus éloignées et moins importantes, comme Vicina parple, sont mentionnées.

ressort des actes rédigés Kilia par Antonio di Ponzö que danscette ville venaient commercer et faire différentes affaires des marchands

des navigateurs de plusieurs autres centres urbains. C'est pourquoiy rencontre des habitants de Caffa, Péra, Moneastro, Trébizonde, Cons-

tantinople, Sozopol, Andrinople, Vicina, etc. Si Licostomo était une villeautre que Kilia, serait normal que parmi les « étrangers » de cette derniérelocalité figurent aussi des citoyens de Licostomo. Or, les actes d'Antoniodi ne font aucune mention de personnes originaires de Licostomo.Ce fait ne peut s'expliquer, lui non plus, que par l'identité de Kilia et deLicostomo ce qui met un point final, croyons-nous, notre démonstra-ton.

Mais avant d'aller plus loin, qu'il nous soit permis de fournir quel-ques précisions au sujet de certaines formulations d'Antonio di Ponzö.Ainsi, l'on rencontre souvent dans ses actes les expressions in sumaria

flumine Licostomi, ou in sumaria sive flumine Chili. Il est évident,ainsi que l'a montré d'ailleurs M. Balard que dans les expressionsmentionnées sumaria est synonyme de flumen et que ces deux termes ontl'aceeption de bras, en l'espéce le bras de Kilia.

Non moins fréquentes sont les expressions : in sumaria sive flumineLicostomi ad sporzorias, ad sumariam Licostomi ad sporzorias, ad

sumarie sive fluminis Licostomi, in Chili ad sporzorias, insive flumine Chili ad sporzorias, ad sporzorias sumarie Chili, ad

sporzorias Chili.Dans toutes ces citations il s'agit des quais ou des pontons du bras

de en fait du de Kilia (Licostomo). C'est toujours

Voir ci-dessus, note 41.Les actes d'Antonio di fournissent d'autres preuves l'identité de Kilia et

Licostomo. En janvier 1361 arrive le lignum de Gasparo Pino avec un charge-ment de 3248 mines de blé de Licostomo (M. Balard, La Romanie des Génois du

du xve siele, I, Paris, 1972, p. 753). On apprend par les actes 94, 95 et 97-Balardque Gasparo de Pino faisait en octobre 1360 des transactions financires et commercialesKilia. L'acte n° Pistarino nous apprend que Bernabo de Carpino concluait des actesKilia en décembre 1359. Les actes n°8 18, 19, 20, 25, 42, 43, 45, 51, 95, Balard et 1,5, 9, 13, 21, 31, 40, 53, 54, Pistarino montrent que le méme notaire a déployé unevité intense, d'abord comme notaire et ensuite en tant que consul Kilia 1360 et 1361.11 ressort de l'inventaire de ses biens, établi en 1383 Licostomo, qu'il est mort un an

En se fondant sur cet inventaire, M. Balard, La Romanie des Génois, p. 146, estconclusion que Bernabo de Carpino a d'abord travaillé Kilia, puis Licostomo o

est mort. Selon nous, ledit notaire est resté sur place et est mort Kilia, sauf que la personnequi a établi l'inventaire de ses biens a désigné la localité du nom de Licostomo au lieu de celui

Kilia. Il se pourrait que Bernabo de Carpino ait employé dans ses actes le nomLicostomo.

46 M. Balard, sur les p. 5, note 28.

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Michel Balard qui, s'appuyant sur l'acte n°30 de son ouvrage a établil'équivalence sporzoria - ponton ou quai d'un port. Mais cela ressortaussi de quelques autres actes, dont le plus significatif est l'acte n°81(Balard), Antonio di : in Chili, scilicet ad sporzoria sumarieeiusdem Lorsqu'un acte fait mention de tel ou tel bateau comme étant

ad sporzorias, ou ad sporzorias sumarie Chili, etc. c'est queledit bateau est accosté aux pontons ou aux quais du port de Kilia (Licos-tomo).

Un autre expression qui fréquemment dans les actesdi Ponzö concerne l'embouchure du bras de Kilia (Licostomo) : ad

bocham sumarie Chili, ad bocham sumarie Licostomi, ad bochamfluminis Licostomi (une seule fois). s'agit ici, sans aucun doute, debouchure du fleuve, ou plus précisément de celle du bras de Kiliatomo).

Antonio di sumaria flumen Licostomi et sumaria siveflumen Chili étaient deux expressions équivalentes. Cela est confirmé parl'acte n°37 -Balard, au début duquel il est spécifié que le bateauNicolaus est mouillé in sumaria Licostomi, tandis que dans la secondetie du môme acte s'agit de in sumaria Chili. De môme, sumarieLicostomi et sumarie Chili étaient pour Antonio di des ex-pressions synonymes. Ce fait ressort clairement de l'acte n°119-Balard,au début duquel il est dit que le bateau de Johanes de Nigro est

bocham Chili, que par la suite - et deux reprises -cemôme bateau soit mentionné comme ancré in dicta sumarie Licos-

. lors, n'est plus permis de parler d'un bras et embou-chure de Kilia autres que le bras et Pembouchure de Licostomo, comme lefait pourtant Elisabeta Todorova

D'ailleurs, une analyse, môme sommaire, de la situation hydro-morphographique du bras de Kilia nous interdit de croire l'existence,

environ 600 ans, de deux bras et de deux embouchures différents,Kilia et

Mais il se pose la question suivante : si pour Antonio di Licos-tomo et Kilia sont deux noms môme ville, ainsi que du môme brasde Danube et de la môme embouchure, comment s'expliquent les correc-tions qu'il a faites dans le texte de certains actes, rempinant tantôt lenom de Licostomo par Kilia, tantôt le nom de par LicostomoVoyons comment cela pourrait s'expliquer.

Avant son départ de Péra pour les Bouches du Danube, diPonzö savait que la ville de s'appelle Licostomo. Ce fait ressortde l'acte -Balard, rédigé Péra, dans lequel c'est Licostomo -et nonpas Kilia ou Licostomo - qui figure parmi les villes cet acteest juridiquement valable. Mais, arrivé destination, notre notaire serend compte qu'autant la ville que le bras lequel elle est située sontnommés Kilia par les autochtones. En conséquence, au moment de noterdans ses actes le nom de la localité était arrivé et du bras respectif

40 Ibidem.En fait, la seconde fois, a dicta bocha LicostomoElisabeta Todorova, op. p. 123.Voir cet égard C. BrAtescu, Dunârii. Genera evolufia morfologica cronologia

(1922), dans Opere alese, re partie, 1967, p. -111.

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310 PETRE 9

du Danube trois solutions étaient possibles : 1) d'utiliser les deux noms ;2) de que le nom de Kilia ; 3) de n'utiliser que le nom detomo

Au début, entre le 11 et la 25 1360, a choisi le premier moyen,savoir de noter les deux noms, Kilia et Licostomo En conséquence,

le lieu de rédaction des actes tantôt comme Kilia Licostomo (actes14, 18, 19, 20, 21, -Balard), tantôt comme Kilia seulement

(actes n°13, 15, 16, -Balard). Au cours de cette brve période, le portde la ville est nommé exclusivement ainsi qu'il résulte de l'ex-pression ad sporzorias sumarie sive fluminis Licostomi (actes 13,14 -Balard). monétaire est désigné tantôt sous la forme adpondus Licostomi (acte n°18 -Balard), tantôt sous la forme ad pondus Chili(acte n°14 -Balard). Si le contenu de l'acte exige l'indication de la villeproprement dite celle-ci est passée comme Kilia Licostomo (acte n°19-Balard) ou Licostomo (acte n°20 -Balard) 52 y a un seuldomaine dans lequel Antonio di Ponzö est absolument conséquent,savoir l'appelation de Licostomo -et non pas Kilia - dans l'énuméra-

des villes offrant une garantie juridique pour les actes conclus (actes15, 16, 18, -Balard). En conclusion, on dire qu'entre le

11 et le 25 1360 Antonio di Ponzö a recours aux deux dénominations -Kilia et avec une certaine préférence pour cette dernire ;alors que le nom de est cité 17 fois, celui de Licostomo l'est 21 fois.

Assurément, l'utilisation dans des actes juridiques, pour la mômeville, le môme bras du Danube avec son embouchure et le mômepondéral de deux noms différents était susceptible de créer des confusionsjuridiques, administratives et môme financiéres. C'est pourquoi, unmoment donné, vers le septembre 1360 di Ponzö a renoncéplötement la premiére solution et a eu recours deuxiöme,de n'utiliser que le nom de Kilia, autant pour la localité que le brasdu Danube. Ainsi, partir du septembre 1360, la ville étaientrédigés les actes n'apparait que sous forme de Kilia - et non pas KiliaLicostomo - autant dans le contenu proprement dit des actes que dansla liste des localités comportant garantie juridique de ceux-ci. La for-mule ad pondus Chili se généralise de môme, ainsi que le nom de Chilipour le bras du fleuve et pour son embouchure Chili ).

C'est troisieme possibilité qu'ont eu recours les notaires Dominico da Carignanoet Oberti Grassi da Voltri (voir G. Balbi et S. Raiteri, Notai genooesi, p. 197-223).

51 Ainsi, de que pour Cetatea Antonio di a les deux noms :Moncastro et Castrum (acte n° 41-Balard).

Dans l'acte, Locostomo.Antonio di Ponzö avait commence, de temps en temps, renoncer au nom de

tomo avant septembre 1361 : voir l'acte n° 19 du 14 1360, au lieu de ad pondusLicostomi ad pondus Chili; ou l'acte n° 22- Balard du 25 1360, o le mot Licos-

l'expression ad pondus Licostomi est et remplacé par celui de Chili. Toujours le25 1360 (acte n° 24-Balard), le nom de Kilia rempla çait définitivement detomo dans l'énumération des localités offrant une garantie juridique pour les actes conclus

Durant cette période de tAtonnements, di Ponzó une fois (acte n° 19-Balard du14 1360) in Vicine au lieu de in Licostomi ou in Chili; enfait, ce n'était point une faute, puisque le Danube, avec ses bras, était plus souventVicina que Danubio.

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LICOSTOMO ?

Cependant, notre notaire est parfois étourdi et se trompe, utilisantnom Licostomo ; mais lorsqu'll s'apervit de son erreur, il la corrige

aussitôt. Ainsi, dans l'acte 24-Balard, qui du septembre1360 di avoir écrit au premier moment

Licostomi, efface aussitôt le mot licostomi pour le remplacerChili. Dans commet erreur initiale et

corrige nouveau. Dans Pacte n°37- Balard, du 7 septembre 1360,sumaria Licostomi lieu de Chili, mais fois-ci

ne fait plus aucune correction, soit qu'il n'ait pas remarqué l'erreur, soitqu'il l'ait comme sans importance pour la question dont ils'agit ; du reste, dans ce môme ante, un peu plus loin, sumaria Licostomi

sous la plume du notaire génois, sumaria Chili, ce qui en faitavait môme signification.

confusion plus curieuse dans les actes n°847 et -Balard, respectivement 10 septembre et du 12 septembre 1360.Dans le premier acte, il est spécifié que Raffael Gabernis doit recevoir deNicolaus Campus, Licostomo, 200 de : dans le second,Gaillielmus Pinardas doit recevoir du môme Nicolaus Campus 800 modiade blé, toujours Licostomo. Or, les deux actes sont conclusD'évidence, ces deux actes prouvent, une fois de plus, que Licostomo et

sont deux noms d'une méme ville, car autrement - dansqu'il s'agirait villes différentes faudrait admettre quedeux affaires aient été conclues Kilia pour des livraisons deLicostomo, contrairement les usages. La seule explication possibleserait qu'il n'y avait pas de notaire ce qui nous semble bien

probable, sachant qu'en 1360-1361 des relative-ment importantes de grains ont été expédiées de LieostomoSi Licostomo était une ville autre que Kilia, elle nécessairementavoir ses propres notaires.

Mais alors comment expliquer le fait qu'Antonio di n'aitpas remplacé dans les actes n°°47 et 53-Balard, le nom de Licostomo parcelui de Kilia Nous avons pourtant montré un plus haut que letaire génois avait depuis un certain temps de ne plus employer lenom Licostomo. A notre avis, existe trois explications possibles1)Antonio di pas l'erreur commise, de môme qu'iln'en a pas remarqué plusieurs autres 2) il l'a remarquée, mais ne l'a

rectifiée parce que Licostomo et Kilia étant la ville, cela étaitimportance ; 3) Eaffael Gaberna et Guillielmus Pinardus ont

ce que le nom de la localité soit sous la forme Licostomo - et nonpas Kilia parce qu'ils étaient possesseurs de procurations rédigéesPéra par la notaire du lieu, Durante Durantis, dans lesquelles le nom de

ville des Bouches du Danube figurait certainement sous la forme Licos-tomo, puisque le nom de Kilia n'était pas en usage dans les officiels

Péra

Voir ci-dessus, p. 309.ci-dessous, 60.

Voir ci-dessus, note 40. Aux inadvertances signalées dans cette étude viennent s'ajon-ter de fautes latin (voir Balard, Ades de p. 14).

ci-dessous, note 63.

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312 PETRE 12

De toute le nom de Licostomo n'apparait plus dans les autres55 actes rédigés par Antonio di du au 23 septembre 1360. -

cependant que, juste quand s'était accoutumé la versionunique lia, notre inconséquent notaire trouve bon, le 23 septembre,de revenir la des trois solutions possibles plus

de nouveau les deux noms, Kilia et Licostomo,

mais avecce distinguo : le nom de Licostomo ne sera appliqué dorénavantbouchure du bras de Kilia. C'est d'ailleurs, strictement parler, le

cette appellation. Alors que jusqu'ici - c'est-h-dire23 septembre 1360 - l'embouchure de Kilia est désignée par l'expressiön

sumarie Chili (actes 29, 54, 67, -Balard), partir de cette dateet jusqu'au 12 mai 1361, c'est-h-dire la fin de son activitéKilia di Ponzö ne mentionnera le bras de Kilia que sous la boehasumaria (voir ce sujet les actes n°8 84, 85, 89, -Balard du23 septembre 1360 ; 104, 105 -Balard, du 23 octobre 1360 ;Pistarino, du 19 avril 1361 ; n° -Pistarino, du 7 mai 1361 ; 91 et -Pistarino, du 12 mai 1361).

Fait surprenant, durant la 23 septembre - 12 mai1361 di ne commet que de rares ce sujet. DansPacte n° -Balard, écrit pourtant ad sumarie sive fluminisChili, au lieu de ad bocham sive flaminis Licostomi, mais s'aper-

de son erreur et efface le mot Chili le remplacer par Licostomi.répôte erreur l'acte n° -Balard bocham

Chili au lieu de ad bocham sumarie Licostomi).Mais cette fois-ci lapas, sans doute parce qu'il ne s'en est pas ; c'est pourtant

la forme bocha Licostomi qu'il avait certainement dans son esprit,darts la partie du môme acte il est stipulé deux reprises quele bateau Sanctus Nicolaus était ancré bocham sumarie cequi équivaut en fait la correction de l'erreur commise au début de

Dans l'acte -Pistarino, du 10 mai 1361, Antonio ducommettait une erreur plus grave écrivait ad bocham Chili, non pasau lieu de ad bocham mais au lieu de Pexpression ad sporzoriassumarie Chili. En effet, le bateau dont il s'agit se trouvait non pasl'embouchure de (Licostomo), mais au quai de c'est-à-dire

le port de (Licostomo). Le tete de l'acte ne laisse aucun douteégard.

nous arrivés d'Antonio du qui aminé O. Iliescu, Geo Pistarino, S. Raiteri, S. et peut-êtreBautier considérer que Licostomo est une localité autre que Kilia.Dans l'acte n° -Pistarino, Antonio di écrit d'abord in sumaria

flumine au lieu de ad sumarie Licostomi, maismôme pas d'écrire le nom de Chili - ainsi que nous

montré au début de la présente étude - lorsque, se rendant compte deson erreur, barre le mot et Licostomi, la phrase devenantin sumaria sive flumine Licostomo. Mais cette expression ne le satisfaitpas entièrement, car on se trouve dans période par Pappellatiftomo entendait seulement Pembouchure du bras de Kilia, et non le bras

58 Le dernier acte rédigé Kilia date du 9 juin 1301 (acte 2-Pistarino).Voir ci-dessus, p. 302.

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ia KILIA

lui-môme.+Or, le bateau Catharina trouvait non pas sur le brasde sive flumine Chili ), mais l'embouchure de celui-ci ;aussi pour éviter toute confusion, il aussitôt la phrase par l'ex-pression ad sumarie Licostomi, revenant par la formula-tion laquelle il a le 23 septembre chaque fois

désigner l'embouchure du bras de Kilia (actes 84, 85, 89, 90, 109,117.-Balard et 45, 84, 98-Pistarino). De toute manire, dans l'acte-n°74-Pistarino ne s'agit pas de la ville de mais dedu bras de Kilia et, par conséquent, n'y avait pas lieu de déduire de cetexte que Lieostomo est une ville autre que Kilia.

Au terme analyse des actes rédigés par Antonio diKilia, soulignons encore ce fait : le notaire lorsqu'il se

r au nom de la localité Bouches du Danube, ne biffele de le remplacer par Licostomo, vice-versa.

Cependant, existe d'autres sources encore dont ressort quetomo et étaient la môme ville.

Dans Magistrorum rationalium et dans Gabella grani il est spécifiéque le blé parvenu de Licostomo en 1360 représente 15.901 mines(environ 8 tonnes) et parvenu en 1361, 2.500 mines seulementOr, s'il avait une localité Licostomo autre que comment se

que dans ces registres ne soit fait aucune mention de cetteville, alors que l'on sait par les d'Antonio di qu'unequantité grains était exportée de Kilia, dont une bonne partie, sansaucun doute, vers Gônes ? 61 A notre avis, autant dans Magistrorumnalium que dans Gabella grani on a choisi de désigner la ville des Bouchesdu Danube sous la forme Licostomo et non la forme Kilia.

convient de préciser que si dans les sources littéraires roumainesla, localité qui nous occupe est connue seulement sous le nom de Kilia,et jamais sous celui de Licostomo 62, en échange, autant que nous lechions, les Génois de Péra, et fa ne la désignent jamais autre-ment que sous le nom de Licostomo. C'est ainsi, par exemple, que lesregistres de la Massaria de Péra « ne eonnaissent que Licostomo » 6 etque les personnes venues en 1360 de Péra sont considérées commearrivées de Licostomo C'est ainsi, de môme, que le bléGônes Kilia était considéré comme provenant de Licostomo 65

ASG.AC., rationalium, 10r, 164; San Georgio, 37/26.Gabella grani f. apud Vasil Ghiuzclev,

Sofia, 1981. Voir également M. Balard, La des Génois, p.749 : . en 1357 et 1361 les livres de l'Officium victualium enregistrent Parrivéede 3120 muids de grains de Licostomo e, quoique, du moins en ce qui concerne 1361, Antoniodi de d'une quantité de blé de Kilia *, dont une partie pour lemoins sera certainement Génes.

M. Balard, L'activité économigue des ports du Bas-Danube au dansvaux el Mémoires, 8, Hommage M. Paul Lemerle, Paris, 1981 (tirage part) p. 43.

62 Bien plus tard, chez Dimitrie Cantemir ci-dessus, notes 24, 25).M. Balard, La Romanie Génois, p. 147, note 16.Ibidem, p. 288.Idem, Les Génois el les Bulgares Byzantino-bulgarica s, VII, 1981,

. 94, note 37, oil est spécifiée l'équivaledce poids d'un de

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314 PETRE

La dénomination Kilia (« Chili » était tenementGénois que l'achiviste de la fin du et du début duqui a enregistré le eahier des actes d'Antonio di Ponzópar G. Pistarino) a cru que ceux-ci avaient été rédigés Chios et, en con-séquence, a écrit sur couverture du dossier : « Ant(onio> di Podenzolo.Fatti »

Cependant, les preuves de Pidentité Kilia-Licostomo nepas ici. Le nom de Kilia était étranger aussi aux Vénitiens. suffit,s'en convaincre, de lire le dernier passage de la chronique vénitienneStefano Magno concernant la de Kilia par les en 1484 :

In annali dise, a Moncastro, dove rebattudt ; poi andô versoValachia, et fo alle ; hebbe la et Constantinopoli ; Perfedo dir Licostmno Autrement dit, Stefano Magno savait queKilia était la méme Licostoino et pour lui, en tant que Vénitien,ce nom était plus familier lorsqu'il s'agissait de désigner Kilia, la vinebien connue des Bouches du Danube.

En 1424, Jean VIII Paléologue, qui se trouvait Bude, envoyaitsecrétement une lettre Constantinople demandant qu'on lui envoieKilia, Bouches du Danube, des bateaux qui lepatrie. Le fait est mentionné dans la chronique de Sphrantzs

La variante athonite de la chronique 29 du Corpus deques byzantines, publié par Peter Schreiner, nous apprend que PempereurJean VIII est parti olov ; cependant quedans la variante vaticane de la môme chronique on lit que

Par conséquent, la Kilia de la ehroniquede Sphrantzs est la que le Licostomo de la chronique 29de Schreiner.

Nous voici l'époque par faut entendre Kilia(la Nouvelle Kilia). A la fin du Ficle, aprés 1392-1393,

une date qui ne peut étre précisée, mais en relation avec la pénétrationdes Turcs dans la Dobroudja, est née Kilia la rive gauche dubras de Kilia. Cette Kilia, sera nommée aussi Licostomo Nou,dis que l'autre situ& sur la rive droite de ce bras du Danube seraappelée Kilia (l'Ancienne Kilia) ou Licostomo Vechi Toutes lesfonctions de Veche sont maintenant assumées par Kiliaces conditions, les Génois se sont transportés eux aussi dans Kilia(ou Licostomo Nou) et ils y sont restés jusque vers 1402-1403, lorsquecette ville fut conquise par le prince de Valachie Mircea le Grand 71Désormais, c'est-h-dire partir des premières duévénements concernant auront trait en premier lieu Kilia

G. Pistarino, op. p. XIV.67 N. fragmente eu privire la isloria III, Bucuresti, 1897, p.

Georgios Sphrautzes, Illemorii (1401- 1477 ), critique par Vasile Grecu, Burest, 1966, p. 17, 19, 529.

Peter Schreiner, Die Teil, Wien, 1977, p. 215, note8/1. Nous ici information fournie par une autre chronique

33/12- Schreiner), dont deux vaisseaux envoyés Constantinoplel'empereur Asprocastron fai t est d'ailleurs sans pour le prableme qui nous

Voir ci-dessous, p. 315.P,P. p. 297-298.

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Qest un fait qu'en 1462 les ont attaquéqui se trouvait la domination l'Empaleur prince

soi que Préparatifs pour la eonquéte de villecertain temps. Autrement, la phrase

des éprouvée par» serait dépourvue ressort de passage qu'autant

que Licostomo Nou représentaient vine.du chroniqueur byzantin ne saurait s'agir Kilia Veche

d'un autre situé sur la rive droite du brashomonyme du Danube, puisque cette date les Roumains ne pouvaientavoir en une telle Dobroudja -yle Delta -se trouvant entre depuis un certain temps.

. chroniques nous apprennent encore qu'Etienne le Grand a prispart Pattaque de en mais dans la lettre expédiée

par le vénitien de il que le princeMoldavie Licostomo mssort de deux informations

que ville des Bouches du Danube portait, au milieu du sicle, deux: Kilia et. Licostomo.Les ehroniques internes nous informent qu'en 1484 les ont

Kilia aux Moldoves les chroniques étrangres parlent de lade Licostomo. Ainsi, dans la Vénitienne de Domenicó

Malepiero (parvenue chez nous par l'intermédiaire de Longo),propos de la conqute de Kilia par 1484 on : « Poi

et dia tutti a refer situa

seogio Cette information deux: d'une.part, elle permet une de plus d'identifier Kilia

et, l'exis d'unpeut étre PAncienne Kilia.,(ainsi montrait

en opposition un Lieostomo Nouveau, qui ne peut étreque Nouvelle (Kilia

De dans la initialement pourSanudoe Jeune, Kilia conquise par le en 1484 est

Lieostomo Du reste, Marino Sanudo donne, le 3 avrilcertain» sur un anparavant, de Kilia par le sultan :

poi et 5 refar

427.V. 1968, p. 426-

piseful

extent,p. 44- 45.

N. op. p. Stogjo ion terrain; le 200

p. 4, N.p.

a deide V.A. Xl, 13).

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Certains, historjens, adeptes thse selon laquelle Kilia etLicostomo étaient cette dernire étant situéel'embouchure mme de . invoquent, faveur d'une telleopinion les informations fournies par de Sultanieh au début du

Précisons que auteur, de la zone des BouchesDanube, une seule localité : Nicostomus (=Licostomo)S'il en avait existé Kilia et l'espece, et géo-graphe aurait mentionner aussi Kilia, attestée cette époque pard'autres sources. Il est que Sultanieh,dit Licostomg se'.trouve lupi, mais par ailleurs que le fleuve se verse dans laMer Noire circa Licostomo) ce qui est tout autre

pas au juste si Jean Sultanieh est allé ou non dansdu Danube, mais est certain Walerand de s'y: il a navigué, avec ses barques en 1444 sur le de Kilia nons

a laissé la relation suivante : ledemain, nos seigneurs chretienspartis de (de et ont voguélongtemps lace qu'ils sont arrivés l'embouchure du Danube, une rivire extrémementgrande qui se jette dans la Mer et s'y engageant, ils ont navigué

ce qu'ils sont arrivés ville--de Licostomo » dit,Walerand de Wavrin, pour premier but de son voyage

s'est pas l'embouchure du Danube, mais sur leet l'a remonté un certain temps d'arriver Licostomo, ressortde la relation de ce témoin oculairel'embouchure môme du bras de en amont ;urr argument enpour l'identification de Licostomo Kilia.

Enfin, mentionnons le de Dlugosz, qui pr6cise que« est nommée par les anciens ClitoMaste » infonnatiou seraplus tard par Dimitrie Cantemir

De tout ce qui ressort - estimons-nous - quetomo était , au Moyen Age, la môme que Kilia. Cette circonstance n'ad'ailleurs rien s'agit d'une région et d'une

les doubles matire de toponymie étaient choseDans le cas se trouvaient, ainsi, Isiaccea, dénommée aussichitsa et Maurocastron, qui pour doublet Asprocastron 86

Iliescu, op. p. 444 ; Papacostea, dans une faitel'Institut d'histoire Bucarest, le 1984.

81 Voir ci-dessus, note 16.82 despre paru par les de Maria Holban),

Bucarest, 1968, p. 82. L'information de Walerand de Wavrin confirme unesure la relation du dernier portulan publié par Armand Les grccs, II,Bruxelles, 1958, Académie Royale de Classe des Lettres et des Sciences moraleset politiques. MémOires, tome LIII; 1, 44 , 1. 16-20. Dans porlulan, quiune situation sur la bouche Licostomon'y a point de ville, mais village avec des huttes' de

Dlugosz, Historia Poloniae, II, Leipzig, 1872, col. 344- 345.84 Voir 'ci-dessus; 'notes 24 et 25.85 Voir Petre Diaconu Revista Istorie 34, 1981, 12, 2312, note 13.86 Bnescu, Muurocastron -

Bulletin de la Section historique, 3, XXII, p.'

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17 KILIA = LICOSTOMO ? 317

Au terme notre exposé, les conclusions suivantes s'imposent1. Loin d'indiquer l'existence deux localités différentes - Kilia

et Licostomo - dans la région du Bas-Danube, les actes du notaire génoisAntonio di Ponzö prouvent façon certaine que sur l'actuel bras deKilia, non loin de son embouchure, se trouvait seule ville , Kilia,qui était dénommée aussi Licostomo.

2. L'apparition sur les cartes des de deuxlocalités - Kilia et Licostomo - est le at d'une erreurcartographique qui résulte de la représentation sur une carte detoponymes provenant de différentes cartes ant érieures ; bien plus dignes

foi cet égard sont les cartes des n'apparaitqu'une seule ville, dénommée le plus souvent orno et plusKilia.

3. Alors que dans les sources littéraires occidentales (vénitiennes,génoises, françaises, etc.) la ville question est passéesous la, forme de Licostomo, dans celles orientales (valaques, moldaves,polonaises, etc.) elle figure sous la de Kilia.

4. existe série de sources (ronmaines, vénitiennes, polo-naises et surtout byzantines) o la ville de Kilia est homologuée sous lenom de Licostomo, mais n'y a aucune Kilia et Licostomo appa-raissent comme deux localités différentes.

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