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X Diverses calamités subies au Yucatán au cours du siècle qui précéda la conquête : ouragans, pestes, guerres, etc. Ces gens connurent vingt ans d’abondance et de santé, et ils se multiplièrent tant que tout le pays ne semblait plus qu’un VHXO YLOODJH F·HVW j FHWWH pSRTXH TX·LOV pGLÀqUHQW XQH WHOOH profusion de temples que l’on voit aujourd’hui partout, dans les bois ainsi qu’aux emplacements des maisons lorsqu’on WUDYHUVH OHV PRQWDJQHV FH VRQW GHV pGLÀFHV PHUYHLOOHXVH- ment bien construits. Après cette période heureuse, une nuit, en hiver, un vent se leva, vers six heures du soir, et sa force se mit à croître. Il se transforma en un terrible ouragan et renversa tous les grands arbres, ce qui provoqua la mort de toutes sortes de gibiers et détruisit les maisons les plus hautes. Comme celles-ci étaient de paille et qu’on y faisait du feu à l’intérieur à cause du froid, elles prirent feu et brûlèrent une grande partie des gens ; certains, qui parvinrent à fuir, furent écrasés par la chute des arbres. Cet ouragan dura jusqu’au lendemain midi, où l’on

Diego de Landa - Relation des choses du Yucatan - Extrait: calamités

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Chapitre X. Diverses calamités subies au Yucatán au cours du siècle qui précéda la conquête : ouragans, pestes, guerres, etc. Pages 69-71 de l'ouvrage Relation des choses du Yucatan de Diego de Landa, Les Belles Lettres, 2014. Tous droits réservés.

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Diverses calamités subies au Yucatán au cours du siècle qui précéda la conquête :

ouragans, pestes, guerres, etc.

Ces gens connurent vingt ans d’abondance et de santé, et ils se multiplièrent tant que tout le pays ne semblait plus qu’un

profusion de temples que l’on voit aujourd’hui partout, dans les bois ainsi qu’aux emplacements des maisons lorsqu’on

-ment bien construits.

Après cette période heureuse, une nuit, en hiver, un vent se leva, vers six heures du soir, et sa force se mit à croître. Il se transforma en un terrible ouragan et renversa tous les grands arbres, ce qui provoqua la mort de toutes sortes de gibiers et détruisit les maisons les plus hautes. Comme celles-ci étaient de paille et qu’on y faisait du feu à l’intérieur à cause du froid, elles prirent feu et brûlèrent une grande partie des gens ; certains, qui parvinrent à fuir, furent écrasés par la chute des arbres. Cet ouragan dura jusqu’au lendemain midi, où l’on

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constata que ceux qui en avaient réchappé étaient ceux qui vivaient dans les maisons les plus petites, au nombre desquels les jeunes mariés dont la coutume voulait qu’ils construi-sissent, pour y vivre les premières années, de petites maisons en face de celles de leurs parents ou de leurs beaux-parents.

« des dindons et des cerfs », et qu’il resta ainsi, dépourvu d’arbres. Ceux que l’on voit aujourd’hui paraissent avoir été plantés les uns à côté des autres parce qu’ils ont tous repoussé à la même époque, si bien qu’il semble, quand on regarde cette contrée depuis un lieu élevé, que tout a été coupé avec des ciseaux.

Ceux qui en réchappèrent s’empressèrent de cultiver la

seize années de beau temps et de santé – la dernière étant la plus abondante de toutes. Mais alors qu’ils se préparaient à

vingt-quatre heures s’abattirent sur le pays. Lorsqu’elles

mouraient, le corps dévoré par une multitude de vers. À cause de cette pestilence, beaucoup de gens moururent et les fruits ne furent pas cueillis.

Quand cette peste fut passée, seize autres années s’écou-lèrent au cours desquelles les passions et les factions se rani-mèrent, si bien que cent cinquante mille hommes moururent en diverses batailles. Après cette tuerie, ils se calmèrent et

terme desquelles une peste survint, caractérisée par de gros boutons qui leur pourrissaient le corps dans une grande puan-teur, si bien que leurs membres se décomposaient en trois ou quatre jours. Cette dernière calamité eut lieu il y a plus de cinquante ans (1), la guerre avec tous ses morts vingt ans

les guerres, et l’ouragan encore seize ans avant, qui survint vingt-deux ou vingt-trois ans après la destruction de la ville de Mayapán. Il en résulte, selon ce décompte, que cette cité

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fut détruite il y a cent vingt-cinq ans, au cours desquels ce pays a connu les misères dont j’ai parlé et beaucoup d’autres qui commencèrent avec la venue des Espagnols, les guerres et d’autres châtiments envoyés par Dieu ; si bien que c’est véritablement extraordinaire qu’il y ait encore les gens qu’on y trouve, bien qu’ils ne soient pas nombreux.