Autour de Mulhouse DIMANCHE 25 MARS 2012 32

Vendredi soir, le Hangarà Kingersheim a faitle plein pour la venuede Pierre Rabhi et Jean-Baptiste de Foucauld.Un public fervent quiaspire à une sociétéplus juste, respectueusede l’hommeet de l’environnement.

Vers 20 h, ils sont 600 à l’inté-rieur, encore 150 à faire la queue dehors pour prendre leur billet.Non, ce n’est pas un concert derock ou un meeting politique dé-versant sur le parking ses cars demilitants disciplinés ramassés àdes kilomètres à la ronde.Ils sont là pour écouter un autrediscours. Celui de Pierre Rabhidont la parole optimiste et exi-geante, utopique et constructive,permet d’entrevoir qu’une autrevie est possible. Comme le colibride la légende amérindienne qui,aussi petit soit-il, contribue àéteindre l’incendie « en faisant sapart », chaque être humain peutparticiper au grand changement.Cette rencontre orchestrée par lesSheds et la Ville dans le cadre dulancement du Pacte civique àKingersheim, accueillait égale-ment Jean-Baptiste de Foucauld,énarque, qui a travaillé dans lahaute fonction publique et paral-lèlement, a toujours œuvré pourlutter contre le chômage et réflé-chi sur le sens de l’engagementen politique. Il est l’auteur, entreautres ouvrages, de l’essai L’abon-dance frugale où il prône le déve-loppement de l’économie socialeet solidaire.Dominique Collin, président desSheds, n’a pas caché sa joie devoir que tant de monde avait ré-pondu à la proposition d’une as-

sociation qui construit, pierre àpierre, un projet citoyen et soli-daire à Kingersheim. Même bon-heur affiché chez Jo Spiegel.« Votre présence est impressionnan-te », lance-t-il à la foule avant derappeler son credo en matière dedémocratie.Inviter Pierre Rabhi et Jean-Bap-tiste de Foucauld au cours de lamêmesoiréeenconstitue toute larichesse. Si le premier ne cachepas ses choix radicaux – « Il y atrès longtemps que je pense que lapolitique n’est pas en phase avec laréalité du monde, même ceux quisont dans une vertu importante »,dit-il – le second prône un chan-gement par capillarité, de l’inté-rieur. À travers notamment lePacte civique (www.pacte-civi-que.org) qu’il a initié et qui invitechaque composante de la société,individus, organisations (associa-tions, syndicats, partis, entrepri-ses…) et politiques à s’engager.Chacun avec ses ambitions et sespropres moyens. « Le Pacte civi-

que est une œuvre ouverte qui peutapporter sa voix dans le débat ac-tuel. On a besoin d’un nouveaulogiciel de changementpar rapportàl’État, aux politiques publiques, parrapport aux marchés financiers… Ily a quelque chose à trouver mais cen’est pas évident. »

« Essayons de générerdu bonheur »Jean-Baptiste de Foucauld penseque la société est mûre pour cechangement, en raison de cinqfacteurs. « Il y a l’inquiétude méta-physique, chercher à faire de sa viequelque chose de beau ; dans l’édu-cation, chercher le perfectionnementde soi, développer toutes les formesd’éducation qui aident à se construi-re ; il y a les chocs de la vie, chômage,rupture, qui font qu’on doit combat-tre le mal à sa racine ; il y a aussi unfort sentiment d’injustice et un senti-ment d’urgence collective ».

J.-B. de Foucauld souligne aussiles spécificités franco-françaisesqui ne rendent pas la tâche facile,un mauvais rapport entre l’éco-nomie et le social (une économiequi redistribue insuffisammentles richesses), des relations diffi-ciles entre individus et État et unmauvais dialogue social, des va-leurs fortes mais des comporte-ments pas toujours conformes àces valeurs, une société créatricemais dispersée… « Il faut réparertout ça. » Cela suppose de renon-cer à l’abondance illimitée, depasser du superflu à l’essentiel.« Plus nombreux seront ceux quis’engageront sur cette voie, plus vitese construira ce changement. »

Le mouvement Colibris, inspiréde la philosophie de Pierre Rabhiet sa campagne « Tous candidatsen 2012 », sont très proches de ladémarche du Pacte civique, con-viant chaque citoyen à prendrepart au débat (voir encadré ci-des-sous). Après l’exposé tout aussilucide que porteur d’espoir deJean-Baptiste de Foucauld, la poé-sie et l’humour de Pierre Rabhiont joliment complété le propos.Avec ses « 52 kg tout mouillé » et lasimplicité de ses pieds nus sortisde ses sandales, il a fait appel àl’intelligence de chacun. Rien nese construit dans le conflit, l’arro-gance des certitudes, la dictaturedes idées. « La réconciliation avecla vie nécessite une réconciliation desêtres humains entre eux. On ne peutpas rester le poing levé contre ceci oucela et attendre que les choses sepassent. Le premier chantier que jedois aborder, c’est moi-même.Qu’est-ce que je peux faire là où jesuis ? Nous sommes tous égaux de-vant la vie, tous responsables. Es-sayons de générer du bonheur et dela joie, de soulager la souffrance,d’embellir notre comportement… »

FrédériqueMeichler

Kingersheim 750 « colibris »pour Rabhi et de Foucauld

Pierre Rabhi et Jean-Baptiste de Foucauld, vendredi, sur la scène du Hangar. Photo Darek Szuster

Une foule compacte a suivi avec beaucoup d’intérêt les échanges.

Forum le 31Prolongement de la conférencede vendredi : un forum ouvert àtous aura lieu le 31 mars de 9 hà 18 h au Hangar, àKingersheim, dans le cadre duPacte civique et de la campagne« Tous candidats en 2012 »,initiés par le mouvementColibris, tél. 06.54.15.45.24;www.touscandidats2012.fr

RichwillerLes Orphelins de guerre et pu-pilles de la Nation du Haut-Rhinpeuvent s’informer sur le droit àréparation promis par le présidentNicolas Sarkozy. La permanencesera assurée le mardi 27 mars àpartir de 15 h dans la salle des artset cérémonies, place du Général-de-Gaulle à Richwiller, en face dela mairie (entrée libre).Renseigne-

ments au 03.89.53.53.10 ou03.89.54.31.86.

WittenheimLa prochaine séance de Baby-bou-quin aura lieu ce lundi 26 marsà 15 h à la médiathèque Paul-Zwingelstein, à Wittenheim. En-trée libre. Renseignements aucentre social et familial de Witten-heim, secteur petite enfance, tél.03.89.50.46.08.

Le marathon de danse de MSDanse à Illzach c’est une fête oùtoutes les générations et toutesles cultures se côtoient, sans dis-tinction aucune. Tout en s’amu-sant, c’est l’occasion aussi desoutenir une noble cause, en l’oc-currence l’association Vision' ère.

Pour Laurence, « c’est un réel plai-sir de venir chaque année au mara-thon » de MS Danse à Illzach.Quant à Anne, elle vient soutenirsa petite-fille Léa qui danse pourla première fois en public. De-puis 13 h 30 hier après-midi, denombreux groupes se sont déjàsuccédé et le bonheur de tous seressent à chaque fois. « Waouh,elles sont belles. J’aimerais bienavoir une robe comme ça », susur-re Fatou à sa copine Zahina. Pen-dant ce temps, des danseusesorientales font tournoyer avecgrâce leurs robes légères puiss’enrubannent au son de la musi-que.

Autre genre, autre style. Les BlackPanthères de Mulhouse enchaî-nent des pas plus saccadés sur unrythme qui colle à leur façond’être, c’est-à-dire vif et rapide.C’est maintenant au tour des

plus jeunes de relever le mêmedéfi que leurs aînés, qui quelquesminutes plus tôt ont esquisséquelques pas de salsa.

Jupettes à volants ou petits hautsornés d’une tête de chat, les jeu-nes fillesont labougeottedans lesjambes et les bras, tandis que lesourire en dit long sur leur plaisirqu’elles ont à reproduire des cho-régraphies patiemment apprises.

Entre ces différentes démonstra-tions, la piste est à tous ceux quiont envie de s’essayer à l’un de cescours ou simplement de se dé-fouler et cela coûte seulement 1 €.

Associées au bénéfice des ventesdu bar, toutes les pièces récoltéesseront généreusement offertes àVision' ère, une association cons-tituée par des parents quiœuvrent dans le but d’apporterdu bien-être à leurs enfants défi-cients visuels. Ces 24 heures dedanse en continu s’achèverontaujourd’hui à 14 h 30, heured’été.

Justine Nalouei

FY ALLERMarathon de danseMSDanse, 5 avenue de Hollande àIllzach, aujourd’hui jusqu’à 14 h 30.Tél 03.89.31.78.74 ;www.studiomsdanse.fr

Illzach Danser pour une noble cause

Des sons d’Orient qui font tourner les jupes et… les têtes. Photo J.N.