Upload
trinhtram
View
221
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1
L’Institut Dauphine d’Ostéopathie
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
Promotion 2013
MEMOIRE n°90 Présenté et soutenu publiquement le ……………………… à Paris par
M/Mlle Clara Vuitteney, né(e) le 21 Avril 1987 à Paris
Pour l’obtention du
DIPLÔME d’OSTÉOPATHE (D.O.) Titre Lombalgie cataméniale et Ostéopathie
Membres du jury : Président : Assesseurs : Directeur du mémoire : Victoire de Berny
2
3
Sommaire I. Introduction p. 6
II. Rappels anatomiques
1. L’utérus et le petit bassin généralités p. 8
a) Le petit bassin p. 8
b) L’utérus p. 9
2. Péritonisation de l’utérus p. 10
3. Moyens d’union p. 10
4. Rapports de l’utérus p. 11
5. Vascularisation et innervation p. 12
a) Les artères et veines
b) Innervation p. 13
6. Orientation de l’utérus p. 14
7. Rachis lombaire p. 16
III. Physiologie du cycle menstruel
1. Les différentes phases du cycle p. 17
a) Phase folliculaire
b) Phase ovulatoire p. 18
c) Phase lutéale p. 18
2. Contrôle hypothalamo-hypophysaire p. 19
IV. La lombalgie cataméniale
1. Définition p. 20
2. Physiopathologie de la lombalgie cataméniale p. 22
3. Etiologies p. 23
4. Diagnostics différentiels p. 24
a) Endométriose
b) Discopathie lombaire p. 25
V. Thérapeutique
1. Traitement allopathique p. 26
2. Approche ostéopathique p. 27
VI. Protocole expérimental
1. Matériel p. 29
4
a) Population d’étude
b) Anamnèse
3. Méthode p. 30
a) But de l’expérimentation
b) Protocole de tests
c) Traitement
VII. Résultats p. 38
VIII. Discussion p. 42
IX. Conclusion p. 48
X. Bibliographie p. 50
Table des illustrations
Schéma 1 : Coupe sagittale du petit bassin p. 8
Schéma 2 : Orientation utérine p. 14
Tableau 1 : Dysfonctions utérines p. 38
Tableau 2 : Dysfonctions des ligaments et des les lames SRGVP p. 38
Tableau 3 : Dysfonctions viscérales p. 39
Tableau 4 : Dysfonction musculaires p. 39
Tableau 5 : Dysfonctions articulaires p. 39
Tableau 6 : Signes associés p. 40
Tableau 7 : Scores de l’échelle EVA p. 40
Tableau 8 : Modifications éventuelles p. 41
5
Remerciements Je souhaite remercier Mademoiselle De Berny, mon maître de mémoire, pour son aide précieuse et ses conseils quant à la réalisation de mon mémoire de fin d’étude. Je remercie également Messieurs Frédéric Pariaud et Chi-Hien Phuong pour leurs conseils tout au long de l’année au cours des différents rendez-vous pour le mémoire.
6
I. Introduction
La lombalgie cataméniale se définit comme une douleur ou une sensation de
tension dans le bas du rachis lombaire ou au niveau sacro iliaque qui peut être
centrale ou latéralisée uni ou bilatérale et qui s'accompagne le plus souvent d'une
douleur abdominale dans la région hypogastrique. C'est une pathologie très répandue
au sein de la population, environ une femme sur cinq en souffre, et c'est l'un des
motifs de consultation les plus fréquents en ostéopathie gynécologique.
La lombalgie cataméniale appartient aux multiples symptômes incommodants du
syndrome prémenstruel qui touche 75% des femmes1, au même titre que la migraine,
la douleur abdominale, la fatigue, la tension mammaire et cetera. Il existe de
nombreuses étiologies à cette douleur, qui diffèrent selon les femmes, d'où la
difficulté de mettre en place un traitement efficace pour répondre à la demande des
patientes.
L'origine du syndrome prémenstruel est peu expliquée dans la littérature
médicale, il existe différentes théories sur ces manifestations aussi bien physiques que
psychologiques. Cependant, plusieurs études ont démontrés l'influence du facteur
hormonal notamment un excès en oestrogènes et une carence en progestérone
plasmatique. Le facteur vasculaire joue également un rôle dans la mise en place de ce
type de douleur par une manifestation congestive, ainsi que le système musculo
ligamentaire (lames Sacro Recto Génito Vésico Pubiennes ou SRGVP,
muscles).Enfin il faut aussi prendre en compte les viscères du petit bassin et leur
relation directe aussi bien fasciale que métamérique avec la colonne lombaire.
Il est important de différencier plusieurs types de lombalgies en lien avec le cycle
menstruel:
- les lombalgies cataméniales "simples", à distinguer de l'accentuation de syndrome
d'une autre nature présent à posteriori et re-déclanché par l'arrivée du cycle.
1 Turkish Neurosurgery 2010 Vol : 20, N° ‘,437-441 « Low back pain and sciatica related with the
prémenstral period in patients with lumbar disc herniation. (PubMed)
7
- les lombalgies cataméniales qui trouvent leur origine dans une pathologie telle que
l'endométriose
- les lombalgies cataméniales qui dépendent en grande partie d'une position utérine
plus retro-versée.
La médecine allopathique propose des traitements visant à améliorer le
syndrome prémenstruel notamment la pilule contraceptive qui agit sur la libération
hormonale, les anti inflammatoires non stéroïdiens tels que l'ibuprofène ou l'Antadys
ou enfin l'homéopathie. Cependant, peu d'entre eux ont un effet antalgique sur les
douleurs lombaires de manière significative et à long terme. Face à ces douleurs
cycliques invalidantes, il parait donc intéressant de proposer un traitement alternatif à
la médecine allopathique.
Le sujet de ce mémoire sera de tenter d'expliquer la mise en place des différents
phénomènes mécaniques et physiologiques conduisant au tableau clinique de la
lombalgie cataméniale et de proposer une alternative non médicamenteuse.
L'ostéopathie peut elle proposer par le biais de différentes techniques une solution
aux femmes présentant ce type de lombalgie chronique ?
8
II. Rappels anatomiques
1. L’utérus et le petit bassin généralités
Schéma 1 : Coupe sagittale du petit bassin
a) Le petit bassin
Le petit bassin est décrit comme un cadre osseux composé par : d'arrière en
avant le coccyx, le sacrum, et les os iliaques. C'est une structure osseuse faite pour
accueillir les organes du petit bassin et assurer leur protection. On y trouve la vessie,
le rectum, la prostate chez l'homme et l'utérus, le vagin et les annexes (ovaires et
trompes utérines) chez la femme.
Il est fermé caudalement par le plancher pelvien composé de différentes couches
musculaires. En forme de hamac, il va venir soutenir les organes du petit bassin et
assurer la continence urinaire et fécale. Le périnée peut être divisé en deux: en avant
le périnée antérieur ou région uro-génitale et en arrière le périnée postérieur ou
région anale. Ces deux régions forment un angle dièdre ouvert crânialement. Le
périnée est aussi divisé en plusieurs plans: un plan superficiel, un plan moyen et un
plan profond (diaphragme pelvien).
Le plan superficiel est composé des muscles ischio-caverneux, bulbo-
spongieux, transverse superficiel, constricteur de la vulve et le sphincter externe de
l'anus. Le plan moyen lui, est composé des muscles transverse profond et sphincter
externe de l'urètre. Enfin le plan profond qui constitue le diaphragme pelvien
9
constitué du muscle élévateur de l'anus et du muscle coccygien. Le plancher pelvien
est sensible aux modifications qui touchent les organes du petit bassin, sa qualité de
soutien est très fragile et peut rapidement être altérée pas les nombreuses contraintes
que subit la région.
Le bassin est souvent décrit comme le carrefour du corps, c'est en effet par lui
que se font les transitions de forces entre les membres inférieurs et le rachis. Il est
donc soumis à de multiples contraintes et forcé de s'adapter, avec les structures
tissulaires qui l'accompagnent, à toutes les modifications que subit le corps,
notamment lors de la grossesse ou lors du cycle menstruel.2
b) L’utérus
L'utérus occupe la partie centrale du petit bassin chez la femme, c'est l'organe de
la gestation.
Il est formé par un muscle lisse: le myomètre, qui présente une cavité centrale
tapissée par l'endomètre, une muqueuse richement vascularisée qui va se modifier au
cours du cycle menstruel. Il est situé au centre de la cavité du petit bassin dans la loge
génitale pelvienne qui repose sur le plancher pelvien, échancré sur la ligne médiane,
par le passage du vagin et de l'urètre. En avant, on trouve la loge vésicale et en arrière
la loge rectale. Il est fixé dans la cavité pelvienne par des attaches le reliant à ces deux
loges.
L'utérus est de forme triangulaire à sommet inférieur, il est composé de trois
parties: le fundus qui représente le bord supérieur du corps, le corps et le col utérin.
Le corps utérin est aplati d'avant en arrière et présente au niveau de ses deux angles
supérieurs les cornes utérines où vont s'attacher les trompes utérines menant à
l'ovaire. L'isthme fait la liaison entre corps et col utérin. Le col quant à lui est
cylindrique et reçoit l'insertion sur son pourtour de la partie supérieure du vagin. Il
est percé en son milieu par le canal endo-cervical qui le relie à la cavité vaginale par
son orifice externe et à la cavité utérine par son orifice interne.
2 Anatomie clinique. Pierre Kamina. Edition Maloine (2008) 2ème édition TOME 4. (p 82, p 83 et p 85)
10
Les trompes de Fallope font partie, avec les ovaires, des annexes de l'utérus; elles
sont le lien direct entre le fundus utérin et les ovaires et sont le lieu de la fécondation.
Elles présentent quatre parties : l'infundibulum, l'isthme, l'ampoule et le segment
utérin, et soutiennent l'ovaire via le pavillon. Les ovaires sont les gonades femelles et
sont au nombre de deux, ils produisent et vont libérer l'ovocyte lors de l'ovulation
sous le contrôle d'hormones hypophysaires. Les ovaires font également partie du
système endocrinien par leur synthèse d'hormones sexuelles tels que les oestrogènes,
la progestérone et la testostérone tout cela également sous le contrôle d'hormones
hypophysaires : FSH et LH.3
2. Péritonisation de l’utérus
La plus grande partie de l'utérus est recouverte de péritoine. Il recouvre le corps
de l'utérus, l'isthme et la face dorsale de la portion supra vaginale du col. Le péritoine
pelvien tapisse tout le fond utérin et descend sur la face postérieure du corps pour
former en arrière le cul de sac postérieur du vagin et le cul de sac de Douglas en
avant du rectum. En avant il recouvre également le corps utérin et forme sur la base
de la vessie le cul de sac vésico-utérin. Enfin, latéralement il est formé par la réunion
des deux feuillets antérieur et postérieur et s'étend sur le dessus des annexes pour
former le ligament large.4
3. Moyens d’union
L'utérus est à la fois fixe et mobile, fixé au niveau de l'isthme principalement il
présente des mouvements assez importants autour de ce point. Il est soutenu avant
tout par ses rapports anatomiques : Le corps utérin repose sur la vessie soutenue par
le canal vaginal; et le col s'appuie sur la face postérieure du vagin et via celui ci sur le
noyau fibreux du périnée, le diaphragme pelvien et la face antérieure du rectum.
3 Anatomie IRM du pelvis féminin. Principales applications en pathologie gynécologique. J.P Rouanet, M. Filhastre, P. Marès, A. Maubon. Edition Sauramps Médical (2005) 4 Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles. Rencontre en médecine manuelle et ostéopathie. D. Bonneau, P. Marès, P. Vautravers et C. Hérisson. Edition Sauramps médical (p 1171)
11
L'utérus est fixé à la paroi pelvienne par différents ligaments : le ligament large ou
mésomère cité précédemment qui unit le bord latéral du corps à la paroi latérale du
petit bassin, le ligament rond qui unit le bord latéral de l'utérus aux grandes lèvres de
la vulve en longeant le canal inguinal, le ligament utero ovarien, le ligament utero
sacré et le ligament utero vésical. Le ligament large et les ligaments ronds constituent
le système d'orientation de l'utérus, ils jouent donc un rôle dans son positionnement
dans la cavité utérine: antéversion et inclinaison. Il existe également un système de
suspension à disposition cruciforme qui amarre l'isthme et le col aux parois
pelviennes. Ce système est constitué par le paramètre, où se croisent l'artère utérine
et l'uretère, et les lames SRGVP (Sacro Recto Génito Vésico Pubiennes).
Les lames SRGVP sont des structures conjonctives denses correspondant à la
partie latérale du fascia pelvien viscéral. En effet, elles recouvrent les faces latérales
des viscères du petit bassin en joignent le pubis et le sacrum. Les lames ont pour
particularité de distribuer à chaque élément qu'elles recouvrent des informations
neurovégétatives orthosympathique et parasympathique. Leur structure livre
également passage au plexus hypogastrique inférieur.
Ce sont donc des éléments qui nous semblent important à aller tester et à travailler
dans le cadre de ce mémoire consacré à la lombalgie cataméniale. Il serait intéressant
d'établir un lien entre un travail sur ces structures, en se concentrant non pas
seulement sur leur importance évidente de par leur position anatomique et leurs
rapports, mais également sur leurs liens avec les métaméries viscérales via le système
neuro végétatif, et l'établissement d'une proposition de traitement quant à la
lombalgie qui nous intéresse ici.
4. Rapports de l’utérus
De part sa position centrale dans la cavité du petit bassin, l'utérus est en rapport
avec quasiment tous les organes qui composent celui-ci. Il peut donc influencer par
sa position et ses modifications de taille cycliques la qualité de mouvement et de
fonctionnement des structures qui l'entourent. Comme vu précédemment on pourra
donc mettre en relation le cycle menstruel et des troubles touchant les autres organes
12
voisins. Parmi eux : la vessie, le côlon sigmoïde, l'intestin grêle, le rectum mais aussi
le rachis lombaire par le biais des attaches du péritoine et d'autres structures de
soutien.
-La face antérieure de l'utérus qui regarde en bas et en avant répond au dôme vésical
par l'intermédiaire du cul de sac vésico-utérin pour le col et via le fascia vésico-
cervical et les ligaments vésico utérins pour l'isthme.
-La face postérieure répond à la face antérieure du rectum via le cul de sac de
Douglas
- Le fond utérin répond aux anses grêles et au sigmoïde
- Enfin, les bords latéraux répondent aux ligaments larges, aux annexes et au
paramètre où cheminent l'uretère, l'artère utérine, les veines utérines, des vaisseaux
lymphatiques et surtout la partie inférieure du plexus hypogastrique.5
5. Vascularisation et innervation
a) Les artères et veines
La vascularisation du petit bassin et des viscères pelviens est assurée par l'artère
iliaque interne et la veine du même nom.
L'utérus et ses annexes concentrent tous leurs vaisseaux dans le ligament large, on y
trouve l'artère utérine, une collatérale de l'artère iliaque interne, qui assure la
vascularisation de l'utérus, des trompes utérines, des ovaires (également vascularisés
par l'artère ovarique qui provient elle de l'artère abdominale), des 2/3 supérieurs du
vagin, de l'uretère et d'une partie de la vessie. Enfin l'artère du ligament rond qui est
une branche de l'artère épigastrique et qui va rejoindre l'artère utérine au niveau des
cornes de l'utérus. Le drainage veineux forme un plexus à la surface de l'utérus et est
assuré par:
5 Traité de gynécologie. Médecine-science. Hervé Fernandez. Edition Flammarion
13
-les veines utérines qui se jettent dans la veine iliaque interne
-les veines ovariques vers la veine cave inférieure à droite et vers la veine rénale
gauche à gauche
-la veine du ligament rond6
b) Innervation
L'innervation sensitive motrice du pelvis est assurée par quatre plexus :
-le plexus lombaire
-le plexus sacral formé par les rameaux de L4 à S3, qui donnera les nerfs ischiatique,
obturateur et piriforme
-le plexus pudendal formé par des rameaux de S2 à S4 qui donne les nerfs coccygien,
releveur de l'anus, pudendal et anal
-le plexus coccygien purement sensitif qui forme les nerfs cutanés de la marge anale.
L'innervation autonome est quant à elle, assurée par le plexus hypogastrique
inférieur pour le système orthosympathique et parasympathique. Ce plexus traverse
les lames SRGVP, d'où l'importance de celles-ci dans la prise en charge de douleurs
projetées au niveau sacro-iliaque et lombaire bas.
L'innervation orthosympathique provient du plexus hypogastrique situé en avant
du promontoire sacré, il est vasoconstricteur des organes du pelvis mais est viscéro-
inhibiteur de l'utérus, il permet donc son relâchement. Le plexus hypogastrique
inférieur va se différencier en plexus utéro vaginal dont les ganglions se terminent
dans le myomètre et dans l'endomètre. Ce plexus perçoit les sensations douloureuses
qui concernent uniquement le corps de l'utérus.
6 Anatomie clinique. P. Kamina 2ème édition TOME 4 (2008)
14
Le système parasympathique est lui, assuré par les deuxième, troisième et
quatrième racines sacrées qui traversent le fascia pré sacral. Les racines sensitives de
l'utérus se trouvent au niveau de la 10 ème à la 12 ème racine thoracique et de la 1ère
racine lombaire. Les fibres motrices quant à elles, partent des 7 ème et 8 ème
vertèbres thoraciques.
Grâce aux relations anatomiques et métamériques de l'utérus avec le rachis dorso-
lombo-sacré, on peut entrevoir l'utilité d'une manipulation articulaire au niveau
rachidien dans le cadre d'un traitement de la lombalgie cataméniale.7
6. Orientation de l’utérus
Schéma 2 : Orientation utérine8
7 Anatomie clinique. P. Kamina. 2ème édition TOME 4 (2008) (p 135, 140 et 145) 8 Schéma de l’orientation utérine source internet Google image
15
L'orientation de l'utérus nous intéresse ici tout particulièrement ; en effet, comme
cité précédemment, il pourrait exister un lien entre l'orientation de l'utérus et
l'apparition de la lombalgie pendant le cycle.
L'orientation de l'utérus peut être décrite selon trois axes qui vont former deux
angles. L'axe du corps : qui va traverser le corps verticalement sur toute sa longueur,
l'axe du col : qui est perpendiculaire au plan de la face postérieure du vagin, et l'axe
d'excavation pelvienne : qui correspond à un axe ombilico-coccygien. La rencontre
de l'axe du corps et de l'axe du col correspond au centre de l'utérus et à son point le
plus fixe. L'ensemble de ces axes, va mettre en évidence deux angles qui vont nous
permettrent de connaitre l'orientation plus ou moins précise de l'utérus dans la cavité
pelvienne.
On décrit la flexion antérieure, déterminée par l'angle formé entre l'axe de la
cavité utérine et l'axe du col utérin, et la version antérieure déterminée par l'angle
formé par l'axe du col utérin et l'axe du vagin. Chez la plupart des femmes l'utérus est
donc ante-fléchi et antéversé avec un angle de version normal de 60 à 70° et un angle
de flexion normal de 100 à 120°.
Cependant il existe chez 20 à 25 % des femmes une différence d'orientation, elles
présentent ainsi un utérus rétro-versé et/ou rétrofléchi. C'est à dire, dont les angles
sont ouverts dorsalement vers le coccyx. La plupart du temps cette modification
n'entraîne aucun symptôme et est découverte fortuitement. Dans d'autres cas en
revanche, la rétroflexion et rétroversion utérine peut se manifester par différents
symptômes et notamment des douleurs chroniques pelviennes et lombo-sacrées lors
du gonflement de l'utérus, soit donc en période de menstruations ou chez la femme
enceinte.
On peut aussi retrouver, chez certaines patientes, des signes de compression
pelvienne aussi bien dans la loge rectale (constipation) que dans la loge vésicale
(dysurie, pollakiurie). Il peut parfois exister une latéro déviation du corps utérin, plus
fréquemment vers la droite qui est le plus souvent non pathologique.9
9 Anatomie IRM du pelvis féminin. Principales applications en pathologie gynécologique. J.P Rouanet, M. Filhastre, P. Marès, A. Maubon. Edition Sauramps Médical (2005)
16
7. Rachis lombaire
Le rachis lombaire est composé de cinq vertèbres de L1 à L5. Ces cinq éléments
s'organisent en une courbure secondaire à concavité postérieure: la lordose.
Situé entre le socle pelvien et la colonne thoracique il participe à la marche et
principalement aux mouvements de flexion/extension du rachis. Il est le siège de
beaucoup de douleurs projetées et d'adaptations.
En effet, le rachis lombaire est en rapport direct avec les organes pelviens et
abdominaux par l'intermédiaire du péritoine pariétal. La colonne lombaire est le lieu
de prédilection de douleurs d'origine posturale et viscérale, c'est un haut lieu de
croisement des chaines d'adaptation, et la zone la plus touchée par la dégénérescence
discale. L'arrivée d'un cycle peut créer au niveau du rachis lombaire des tensions
notamment dans la partie basse lombo-sacrée.
17
III. Physiologie du cycle menstruel
Le cycle menstruel dure 28 jours au cours desquels beaucoup de changements
vont s'opérer aussi bien sur le plan hormonal que sur le plan anatomique. Ces
changements peuvent être accompagnés de symptômes psychologiques et physiques
très variables selon les femmes.
Le cycle menstruel prépare l'endomètre à l'éventuelle nidation d'un embryon et le
dégrade si il n'y a pas eu de fécondation. Il présente différentes phases influencées
par des variations hormonales, hormones libérées de manière cyclique sous
l'influence du système nerveux central. Un cycle commence le premier jour des
règles. Les règles ou menstruations correspondent à la destruction de la muqueuse
utérine. Cet évènement est alors pour certaines femmes, le seul notable au cours de
leur cycle.
Pour d'autres, on note parfois l'apparition de différents troubles qui rendent cette
période particulièrement inconfortable voir handicapante dans leur vie de tous les
jours. Ces troubles ou symptômes sont réunis dans ce qu'on appelle le syndrome
prémenstruel. Nous allons tenter, par la description des différents changements
apparaissant au cours d'un cycle, de mettre en lumière une hypothèse quant à la cause
ou à l'influence de la mise en place du syndrome prémenstruel; et plus
particulièrement de la lombalgie cataméniale.
Le cycle menstruel est divisé en deux phases de 14 jours. On distingue la phase
folliculaire, qui précède l'ovulation qui a lieu au 14 ème jour du cycle, de la phase
lutéale qui la suit.10
1. Les différentes phases du cycle
a) Phase folliculaire
La phase folliculaire suit la période des menstruations qui marque l'absence d'une
fécondation et la dégradation de la muqueuse utérine riche en vaisseaux sanguins qui
constitue l'endomètre. Les menstruations se traduisent par un écoulement de sang
10 Gynécologie endocrinienne du praticien. J.C Emperaire. Frison-Roche 6 ème édition.
18
dans les voies génitales. Elles durent en moyenne de 3 à 5 jours selon les femmes, et
sont plus ou moins abondantes. La muqueuse utérine est ainsi reformée puis
dégradée de manière cyclique.
Au cours de la phase folliculaire, la muqueuse utérine est en train de se
reconstituer, elle va s'épaissir progressivement grâce à une sécrétion d'oestrogènes.
La phase folliculaire est avant tout la période qui correspond au développement du
follicule qui contient l'ovocyte au sein de l'ovaire, il grandit et se différencie jusqu'à sa
maturation. Un seul follicule subit cette croissance, c'est le follicule dominant. Il
inhibe la croissance de tout autre follicule dans les deux ovaires.
Tous ces phénomènes sont sous le contrôle de l'axe hypothalamo-hypophysaire et de
sa libération hormonale.
b) Phase ovulatoire
L'ovulation survient au 13 ème ou 14 ème jour du cycle et correspond à la
libération d'un ovule dans la trompe utérine; ovule issue du follicule devenu mature
dans la phase précédente.
La libération massive d'oestrogènes pour permettre la maturation et la reconstitution
de l'endomètre déclenche un rétrocontrôle de l'hypothalamus et de l'hypophyse. On
assiste alors à l'apparition d'un pic hormonal qui déclenche l'ovulation.
c) Phase lutéale
La phase lutéale correspond à la phase post-ovulatoire. Le terme lutéal provient
de la transformation du follicule qui a libéré l'ovule, en corps jaune. En l'absence
d'ovulation, ce corps jaune va libérer des hormones, oestrogènes et surtout
progestérone pendant un cycle de 14 jours maximum. Ensuite le corps jaune
dégénère et cesse brusquement toute activité ce qui va déclencher l'arrivée des
menstruations et marquer le début d'un nouveau cycle. Juste avant le début de la
phase menstruelle, l'endomètre est le lieu de contractions rythmiques, au niveau des
artérioles superficielles. Ce phénomène explique en partie que les symptômes du
syndrome prémenstruel apparaissent souvent avant le début des règles ou durant les
deux premiers jours du cycle
19
2. Contrôle hypothalamo-hypophysaire
L'hypothalamus gère un grand nombre d'activités endocriniennes et est en
connexion étroite avec le lobe antérieur de l'hypophyse à qui il envoie des réponses
suite à une stimulation hormonale ou nerveuse. Il est impliqué dans la régulation
hormonale du cycle menstruel qu'il gère grâce à un rétrocontrôle.
En effet, l'hypothalamus sécrète la GnRh (Gonadotropin Releasing Hormone) qui
va déclencher la libération par l'hypophyse des gonadostimulines FSH (Follicle
Stimulating Hormone) et LH (Follicle Stimulating Hormone). Les variations du taux
plasmatique de ces hormones au cours du cycle définissent le cycle hormonal
hypophysaire. La FSH permet le développement et la maturation du follicule. La LH
permet elle la formation du corps jaune et est responsable de la transformation des
cellules qui vont produire la progestérone. Comme leur nom l'indique, les
gonadostimulines agissent sur la libération hormonale des gonades, donc des ovaires
chez la femme. La décharge plasmatique d'un important dosage en LH surtout et en
FSH va déclencher l'ovulation qui aura lieu peut après ce pic hormonal. FSH et LH
vont moduler la libération des oestrogènes et de la progestérone par les ovaires.
Pendant la phase folliculaire, la diminution de la concentration en oestrogènes
engendre une augmentation de la FSH. Le taux en progestérone lui, n'augmente pas
avant que survienne le pic de LH, juste avant l'ovulation. Après l'ovulation, survient
la phase lutéale durant laquelle on observe la formation du corps jaune qui est à
l'origine de sécrétions en progestérone et en oestrogènes en quantité presque égale.
Cette phase dépend de la LH.
Le système hormonal menstruel présente donc de nombreuses variations au cours
du cycle et pourrait, d'après la plupart des études, être en cause dans la mise en place
des symptômes incommodants qui peuvent apparaitre durant cette période. La
plupart des traitements du syndrome prémenstruel s'appuient d'ailleurs sur la théorie
hormonale.11
11 Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles. Rencontre en médecine manuelle et ostéopathie. D. Bonneau, P. Marès, P. Vautravers et C. Hérisson. Edition Sauramps médical (p 1178)
20
IV La lombalgie Cataméniale
1. Définition
La lombalgie cataméniale fait partie de la myriade de symptômes du syndrome
prémenstruel. Le syndrome prémenstruel est la gêne fonctionnelle la plus fréquente
chez la femme, il correspond à un ensemble de manifestations bénignes pouvant
toucher de nombreuses zones et dont le seul point commun est le caractère cyclique
de leur apparition. Il est très variable et très subjectif d'où la difficulté d'en
comprendre la cause et de mettre en oeuvre un traitement efficace. L'idéal serait
d'adapter le traitement à chaque femme. C'est pourquoi, en tant que praticien en
ostéopathie, il nous paraissait intéressant d'adapter les principes de ce métier à un
possible traitement non médicamenteux.
L'arrivé du début d'un cycle menstruel constitue un moment particulier dans la
vie féminine, elle peut être la cause de stress, de gêne, d'exacerbation
comportementale et peut même venir perturber la vie personnelle et professionnelle
des femmes. Aussi fréquent soit-il, l'authenticité du syndrome prémenstruel a
longtemps été discutée. Aujourd'hui elle ne fait plus de doute même si ce syndrome
est mal compris et source de nombreux questionnements. La physiopathologie du
syndrome prémenstruel reste un mystère, de nombreuses hypothèses se sont
succédées depuis Hippocrate qui parlait de "sang agité cherchant sa voie hors de
l'utérus".12Ce n'est qu'en 1931, qu'un endocrinologue new-yorkais, Robert FRANCK
décrit ce syndrome sous le nom de tension prémenstruelle, suggérant déjà l'existence
de plusieurs syndromes et séparant deux groupes principaux de symptômes : les
troubles physiques et les troubles psycho comportementaux.13
L'élément capital à la base de la mise en place des différents troubles du
syndrome prémenstruel, semble bien constitué par l'augmentation de la perméabilité
capillaire avec constitution d'un oedème tissulaire interstitiel notamment mammaire
(mastodynie), cérébral (neuropsychologique) et péritonéocolique (troubles
abdomino-pelviens)*. Il nous parait donc important de se pencher sur cette plainte
12 *Le syndrome prémenstruel. Gynécologie endocrinienne du praticien. D’après un article de J.C Emperaire 13 Revue de littérature sur le traitement du syndrome prémenstruel. C. Quereux, A. Tamborini
21
pour pouvoir, dans le meilleur des cas, proposer aux femmes une alternative de soin
afin d'en réduire l'intensité douloureuse.
Dans ce mémoire, nous nous intéresserons à la lombalgie cataméniale. Ce type de
lombalgie se manifeste par une survenue chronique en lien avec le cycle menstruel et
est localisée le plus souvent dans la région lombaire basse ou sacro iliaque. Elle est
souvent ressentie comme une tension ou un enraidissement de la zone plus qu'une
véritable douleur, et est associée chez la plupart des femmes à une douleur
abdominale ou dysménorrhée. La lombalgie cataméniale fait partie des lombalgies
organiques. Il est important dans ce cas précis de différencier une étiologie
fonctionnelle réversible ou irréversible, d'un dysfonctionnement mécanique afin
d'établir une stratégie thérapeutique efficace. L'anamnèse tient donc une place
importante dans l'élaboration d'un diagnostic précis. Dans le cas de la lombalgie
cataméniale, l'apparition des symptômes en lien avec l'arrivée du cycle est à prendre
en compte, de même que la chronicité de la survenue. Cependant, la gêne ressentie
pendant la période précédant un cycle peut provenir d'un dysfonctionnement
préexistant qui serait ravivé par les modifications que subit la région pelvienne au
moment du cycle.14
La lombalgie cataméniale ne peut en général être dissociée de la dysménorrhée.
Les dysménorrhées ou règles douloureuses touchent environ la moitié des jeunes
filles et plus de la moitié des femmes ; c'est donc une atteinte très fréquente et
cependant, une étude faite en Corée affirme que sur les 100 femmes interrogées qui
présentent des douleurs pendant leur cycle, seulement 47% ont connaissance du
syndrome prémenstruel.15C'est tout le paradoxe de cette atteinte, à la fois très
fréquente mais peu connue. Le monde médical s'est interrogé sur la place des
changements hormonaux lors du cycle quant à l'étiologie de la lombalgie. En effet,
d'après une étude sur l'influence du cycle ovarien sur le système nerveux central, on
14 Turkish Neurosurgery 2010 Vol : 20, N° ‘,437-441 « Low back pain and sciatica related with the
prémenstral period in patients with lumbar disc herniation. (PubMed)
15 Etude sur la menstruation des adolescentes coréennes à Séoul. Lee JC, Yu BK, Byeon JH, Lee KH, Min JH, Park SH. Source : Département de pédiatrie, Université de Corée School of Medicine, Seoul, Korea. (PubMed)
22
pourrait poser l'hypothèse que les douleurs ressenties avant ou au début du cycle sont
probablement dues à un abaissement du seuil de la douleur qui serait le résultat d'une
diminution du taux de Béta-endorphine dans le système nerveux central. Ces béta-
endorphines sont sous l'influence de la progestérone qui a un effet inhibiteur sur les
activités neuronales.16
2. Physiopathologie de la lombalgie cataméniale
La lombalgie d'origine viscérale fonctionne sur le système des douleurs référées.
Celle-ci peut être d’autant plus trompeuse qu’elle s’associe parfois à une hyperalgésie
locale et à une contracture musculaire. Il est donc important de mettre en évidence
l'étiologie de ce type de lombalgie.
En règle générale, la douleur somatique référée est en relation métamérique avec
le viscère concerné tant et si bien qu’une douleur référée du tractus génital féminin se
localise en région lombaire basse médiane, qu’une douleur référée du tractus urinaire
se localise en région lombaire basse latéralisée au flanc homolatéral, ou qu’une
douleur référée d’origine artérielle a des irradiations dorsales ou pseudo-radiculaires
(inguino- pubiennes). La région lombaire est donc influencée par le système viscéral
et de manière réciproque le rachis peut mettre en jeu le bon fonctionnement viscéral.
Ainsi, une douleur provenant du dysfonctionnement d'un viscère peut provoquer
une douleur qui sera soit ressentie dans un premier temps au niveau viscéral puis au
niveau rachidien ; soit directement au niveau rachidien sans qu'il ait eu de
manifestation viscérale. En ce qui concerne la lombalgie cataméniale les deux cas
sont possibles bien que pour la majorité des femmes la lombalgie soit très souvent
accompagnée d'une dysménorrhée. Les deux douleurs sont donc souvent de
survenue simultanée.
Ce phénomène de douleur projetées ou référées s'explique par les liens
péritonéaux, fasciaux, métamériques mais aussi anatomiques qui existent entre les
viscères du petit bassin et la colonne lombaire. Certains des organes, du fait de la
lordose, sont moulés sur le rachis et les attaches fasciales et tissulaires se font souvent
16 Influence du cycle ovarien sur le système nerveux central. H.Kuhl (texte allemand. PubMed)
23
sur la colonne lombaire ce qui peut engendrer des restrictions articulaires à ce niveau.
Selon Jean-Pierre Barral, « les chaines ostéopathiques suivent souvent les structures
fasciales ou s'expliquent par des mécanismes réflexes dus à l'innervation sympathique
de l'organe. Du fait de l'organisation des fascias, unis les uns aux autres en un
continuum tissulaire, des symptômes pariétaux ou fonctionnels peuvent apparaître en
un site éloigné de leur cause originelle. »17
« On attribue de nombreuses causes au syndrome prémenstruel, il s'agit souvent
de troubles fonctionnels banals dus à des modifications hormonales rapides. »18Cela
pourrait correspondre à la mise en place de la lombalgie cataméniale, cependant les
hypothèses étiologiques sont nombreuses ce qui la rend difficile à solutionner.
3. Etiologies
L'étiologie de la lombalgie cataméniale tout comme celle du syndrome
prémenstruel est mal connue et donc peu expliquée dans la littérature médicale.
L'hypothèse qui rassemble le plus d'auteurs est le facteur hormonal ; En effet les
différents changements hormonaux qui surviennent tout au long du cycle seraient à
l'origine de l'apparition des différents symptômes aussi bien psychiques que
physiques chez la femme. Le facteur vasculaire est également à prendre en compte
ainsi que le lien entre le facteur psychologique et la survenue des différents
symptômes. En effet pour certaines femmes l'arrivée du cycle est source de stress,
d'appréhension ou de fatigue. Il peut donc être plus ou moins bien vécu, ce qui peut
jouer un rôle dans l'apparition d'une douleur à un moment de la vie gynécologique
d'une femme. Cependant le mystère reste entier et suscite beaucoup d'interrogations
dans le monde médical.
Il pourrait exister différents facteurs, parfois même couplés, pour expliquer ce
phénomène. La position de l'utérus par exemple peut jouer un rôle dans la mise en
17 Ostéopathie viscérale principe et techniques. E.Hebgen. Edition Maloine (p41)
18 Manipulation vasculaire viscérale. Jean-Pierre Barral, Alain Croibier (p 375)
24
place de la douleur. La plupart du temps, l'utérus est antéversé et ante fléchi, mais,
chez certaine femmes il peut être rétroversé et rétrofléchi ce qui entraîne des rapports
différents avec les autres organes du petit bassin. Cette variation anatomique n'est
pas pathologique et est souvent découverte fortuitement mais elle peut entrainer des
douleurs chroniques pelviennes ou le plus souvent sacro-lombaires et des
dysménorrhées chez les patientes.
On parle également d'un phénomène de stase veineuse qui engendrerait un
oedème local et un mauvais drainage du petit bassin ce qui provoquerait une
pesanteur pelvienne et à long terme une douleur. Enfin, il peut exister une altération
du mouvement propre de l'utérus ou un changement de son axe de mobilité. Ces
altérations peuvent être à l'origine de douleurs locales ou projetées par le biais de
chaines ostéopathiques topographiques, vasculaires, nerveuses ou fasciales. Il faut
aussi prendre en compte les viscéro-spasmes qui touchent les moyens d'union de
l'utérus et qui peuvent altérer sa bonne mobilité et donc créer des tensions au niveau
du petit bassin.
4. Diagnostics différentiels
a) Endométriose
L'endométriose est souvent découverte lors d'une grossesse extra-utérine ou lors
de douleurs menstruelles ou prémenstruelles violentes. Elle se caractérise par la
croissance de tissu endométrial à l'extérieur de l'utérus.19 Ce tissu pénètre dans la
cavité pelvienne par les trompes utérines ouvertes et peut se loger à plusieurs
endroits : ovaires, cul de sac recto utérin, côlon sigmoïde, noeuds lymphatiques
pelviens et abdominaux, reins, vessie paroi abdominale...Qu'il soit situé à l'intérieur
ou à l'extérieur de l'utérus, le tissu endométrial réagit aux fluctuations hormonales et
subit les modifications commandées par le cycle. Ce tissu prolifère et se dégrade
donc comme si il se trouvait dans l'utérus. Quand le processus de dégradation se
produit en dehors de l'utérus il cause douleur et inflammation. Il se forme alors un
19 Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles. Rencontre en médecine manuelle et ostéopathie. D. Bonneau, P. Marès, P. Vautravers et C. Hérisson. Edition Sauramps médical (p 1190)
25
tissu cicatriciel qui risque de boucher les trompes utérines et de causer l'infertilité.
« Les symptômes de l'endométriose sont des douleurs prémenstruelles ou des
douleurs menstruelles anormalement intenses.» Ainsi donc l'endométriose peut
constituer un diagnostic différentiel et expliquer les douleurs survenues lors du cycle.
b) Discopathie lombaire
Il arrive parfois que les patientes souffrant d'une pathologie préexistante, voient
leur douleur augmenter avec le cycle. Une hernie discale au niveau des étages
lombaires pourrait constituer un diagnostic différentiel.
En effet, une étude a démontré l'influence du syndrome prémenstruel chez des
patientes souffrant d'une hernie discale au niveau L5-S1. Les résultats de cette étude
ont montré une augmentation de la douleur lombo-sciatique et une augmentation de
la prise d'antalgiques lors de la période de menstruations.20Ceci s'explique par
plusieurs phénomènes et notamment une inflammation de la zone due à l'arrivée du
cycle et les changements hormonaux oestro-progestatifs qui vont influencer la
perméabilité capillaire et provoquer des oedèmes. On peut supposer que des
phénomènes semblables jouent un rôle dans la mise en place de la lombalgie chez
des patientes ne présentant pas d'atteinte discale.
20 Turkish Neurosurgery 2010 Vol : 20, N° ‘,437-441 « Low back pain and sciatica related with the prémenstral period in patients with lumbar disc herniation. (PubMed)
26
V. Thérapeutique
1. Traitement allopathique
La médecine allopathique a tenté de répondre à la plainte des patientes quant au
syndrome prémenstruel par le biais de plusieurs traitements. La dysménorrhée est
souvent indissociable de la lombalgie cataméniale. « La physiopathologie exacte de ce
syndrome douloureux étant inconnue et probablement non univoque, la pluralité des
hypothèses pathogéniques détermine autant de possibilités thérapeutiques. »21Comme
souligné dans cet extrait, la médication est diversifiée et différente selon les femmes.
Chez certaines patientes, l'utilisation d'un anti-inflammatoire non stéroïdien ou
d'un antalgique simple antispasmodique est suffisante pour soulager les différentes
gênes. Les agents anti-prostaglandine ou anti-inflammatoire non stéroïdien sont
beaucoup utilisés par les femmes, soit seuls, soit en complément d'une pilule
contraceptive. Synthétisées au niveau de l'endomètre, les prostaglandines jouent un
rôle important dans la contraction utérine. Un déséquilibre dans la production des
différentes prostaglandines pourrait augmenter la force de la contraction utérine,
source de douleur soit directement soit par ischémie secondaire. La progestérone
joue un rôle dans la synthèse des prostaglandines ainsi que dans leur liaison aux
récepteurs du myomètre. C'est pourquoi la plupart du temps seuls les cycles
ovulatoires s'accompagnent de dysménorrhées. La population la moins touchée par
ce type de douleur serait donc les femmes sous pilule contraceptive bloquant
l'ovulation. Il est ainsi souvent nécessaire d'avoir recours à un autre type de
traitement plus spécifique, notamment hormonal. En effet, l'étiologie la plus retenue
par les médecins quant aux différents symptômes accompagnant l'arrivée du cycle est
l'activité hormonale ovarienne. Le but des traitements est donc dans ce cas là de
bloquer l'ovulation le plus souvent par la prise d'un contraceptif oral.
L'hormonothérapie fonctionne par étape : dans un premier temps on donnera
des progestatifs seuls qui ne bloquent pas l'ovulation. Puis si il n'y a pas de résultats,
on utilisera des oestro-progestatifs qui vont bloquer l'ovulation. « Le blocage
ovulatoire représentant la médication souveraine de la dysménorrhée fonctionnelle 21 Le syndrome prémenstruel. Gynécologie endocrinienne du praticien. D’après un article de J.C Emperaire
27
(...) ». On peut aussi utiliser des progestatifs de manière continue qui vont entraîner
une aménorrhée qui s'avère efficace en cas d'endométriose par exemple. Mais aussi
un agoniste de la GnRH comme le Danazol, le plus habituel pour le traitement de
l'endométriose, qui va bloquer le cycle. Ce type de traitement nécessite néanmoins
une prise d'hormones oestro-progestatives substitutive.
Une médication veinotrope peut être envisagée si la douleur est due à un excès
de congestion pelvienne menstruelle. Ce type d'atteinte touche souvent les femmes
dont le terrain veineux est fragile. L'homéopathie peut aussi être utilisée, dans ce cas
il existe différents traitements spécifiques à chaque gêne.
Les traitements sont multiples et leur efficacité dépend des patientes. La difficulté
est donc de trouver celui qui convient le mieux selon les cas. Ces différents
traitements sont plus ou moins contraignants et ont une action antalgique plus ou
moins longue sur la lombalgie cataméniale. Il serait donc intéressant de proposer aux
femmes une alternative de soin ou un complément à la médecine allopathique dans le
but de faire perdurer l'efficacité antalgique sur le long terme, ou de prévenir la
survenue de la douleur.
2. Approche ostéopathique et autre
La lombalgie cataméniale et le syndrome prémenstruel touchent une grande
partie de la population féminine, « La dysménorrhée essentielle ou primaire touche
environ la moitié des jeunes femmes, (...) La douleur débute avec le premier jour des
règles et dure un à trois jours. Elle est de siège pelvien avec des irradiations
fréquentes vers le dos, le sacrum, le périnée »22 .
Il nous paraît donc intéressant de pouvoir proposer aux patientes une alternative
ou un complément au traitement allopathique pour soulager des douleurs qui
touchent parfois toute la région du petit bassin et du rachis lombaire bas. Différentes
approches thérapeutiques sont envisageables : tissulaire, viscéral, articulaire, le choix
des techniques dépend du praticien.
22 Traité de gynécologie. Médecine-science. Hervé Fernandez. Edition Flammarion
28
Une étude faite en Australie a cherché à prouver l'efficacité d'une manipulation
vertébrale dans la prise en charge des signes du syndrome prémenstruel. La
manipulation articulaire étant accompagnée de techniques de tissus mous. Les
résultats statistiques ont prouvé une nette amélioration quant à la douleur ressentie à
l'arrivée du cycle. On agit ici sur l'innervation sympathique afin de relâcher la zone et
de la même façon redonner leur mobilité propre aux tissus environnants.23Jean-Pierre
Barral propose lui un traitement tissulaire et viscéral avec une approche spécifique
des éléments qui entourent l'utérus et le compose. Les techniques se concentrent
alors sur les tissus mous : ligaments du petit bassin, organes en rapports avec l'utérus
et utérus lui même. L'efficacité de son approche n'en est plus au stade de l'étude
expérimentale et a fait ses preuves.24
Il nous paraissait donc intéressant dans notre expérimentation de coupler ses
deux approches afin d'en évaluer la complémentarité et l'efficacité à long terme.
D'autres approches pourraient être à envisager, notamment le facteur psychologique
qui peut avoir un rôle important dans la mise en place de la douleur lors de ce
moment redouté chez certaines femmes à savoir l'arrivée des menstruations. Certains
auteurs parlent aussi d'un suivi hygiéno-diététique afin de réduire les douleurs liées au
cycle comme un régime pauvre en sel, riche en fer, ou encore l'éviction des excitants
type alcool, café, tabac. Cette dernière partie peut servir de conseils à donner aux
patientes en fin de séance afin d'optimiser l'efficacité du traitement.
23 Une approche chiropratique pour le traitement de la dysménorrhée. Liebl NA, Butler LM.
J Physiol Ther manipulatrice. 1990 Feb; 13 (2) :101-6. 24 Ostéopathie viscérale principe et techniques. E. Hebgen (p 212)
29
VI. Protocole expérimental
1. Matériel
a) Population d’étude
La population d’étude est composée d'un groupe de 10 femmes, âgées de 18 à 30
ans. Nous avons choisi de déterminer cette fourchette d'âge en fonction des critères
d'exclusion qui seront moins fréquents entre 18 et 30 ans. L'expérimentation s'est
effectuée sous la forme de trois séances séparées par un intervalle d’un mois les unes
des autres. Nous avons ici opté pour une étude de cas et avons utilisé des critères
subjectifs afin d'observer l'évolution des signes dans le temps.
Critères d'inclusion
• femmes en période d'activité menstruelle
• femmes nullipares
• absence de pathologies gynécologiques telles que: endométriose, fibrome,
kyste ovarien, salpingite, infections gynécologiques diverses.
• prise d'un contraceptif oral (pilule contraceptive oestro-progestative)
• lombalgie depuis plusieurs cycles
• lombalgie apparaissant durant les premiers jours du cycle ou durant les deux
jours qui le précèdent.
• Lors des tests ostéopathiques, présence de dysfonctions ou d'hypomobilités
au niveau du petit bassin, des viscères pelviens et/ou du rachis lombaire.
• Absence d'un traitement allopathique pendant l'expérimentation
Critères d'exclusion
• femmes de plus de 30 ans
• femmes ne présentant pas de lombalgie cataméniale
• femmes ménopausées ou en pré-ménopause
• femmes multipares
• femmes enceintes
30
• présence d'intervention chirurgicales: hystérectomie, ovariectomie etc..
• port d'un stérilet
• Absence d'un contraceptif oral
• femme présentant une douleur lombaire qui ne relève pas d'un traitement
ostéopathique.
Les patientes ont accepté par écrit de participer à l'expérimentation après avoir lu les
modalités du déroulement de l'étude. Nous avons demandé aux patientes traitées de
ne pas avoir recours à un traitement antalgique durant la période de l'expérimentation
afin d'observer la véritable efficacité du traitement proposé.
b) Anamnèse
Au cours de l'anamnèse chaque patiente a du répondre à un interrogatoire précis
quant à:
• l'âge des premières règles
• les antécédents de pathologies et de chirurgies gynécologiques
• déroulement des menstruations à savoir la durée, le flux, les douleurs
associées à la lombalgie (douleur abdominale, migraine, troubles du transit,
troubles urinaires, asthénie, trouble de l’humeur)
• description de la lombalgie: apparition avant les règles ou au début des règles,
localisation de la douleur, intensité, durée
• traitement allopathique éventuel et efficacité.
2. Méthode
Nous avons étalé l'expérimentation sur trois cycles menstruels c'est à dire sur
trois mois. L'expérimentation s'est déroulée ou sein de la clinique ostéopathique des
halles de l'Institut Dauphine d'Ostéopathique (IDO) et lors de consultations à
domicile avec la participation d'élève de l'IDO et d'autre patientes externes.
31
La première séance s'est déroulée à la fin de la phase de menstruation du cycle,
afin de déterminer une séance référence pour les patientes et pour nous. Lors de cette
première consultation, nous avons proposé aux patientes de réponde à
l'interrogatoire établi précédemment. Ainsi qu'une évaluation quantifiée de leur
douleur grâce à l'échelle visuelle analogique ou EVA (avec un score de 0: pas de
douleur à 10: douleur maximale) dans le but de faciliter la lecture des résultats et
d'objectiver l'efficacité du traitement.
Nous avons effectué différents tests de la sphère pelvienne sur le plan osseux et
viscéral, mais aussi des tests musculaires et articulaires de toute la région du petit
basin et du rachis lombaire. Nous avons ensuite essayé de déterminer quelles étaient
les dysfonctions le plus souvent retrouvées afin d'établir un protocole de traitement
efficace et correspondant au plus grand nombre de femmes. La difficulté étant de
rester dans une prise en charge ostéopathique globale en fonction des patientes.
Pour la première consultation, nous avons choisi de mettre en place un traitement
musculaire et ostéo-articulaire dans le but d'objectiver l'efficacité d'une manipulation
vertébrale et la libération articulaire du bassin. Au cours de la deuxième séance, nous
avons recueilli d'éventuels changements dans la chronologie de la douleur. Les
mêmes tests que lors de la première séance ont été effectués. Nous avons ainsi pu
noter les différences dans les résultats des tests après le traitement de la première
consultation et en tirer de ce fait des conclusions sur le choix de mise en place du
traitement. Le traitement de la deuxième consultation a consisté, après avoir levé les
restrictions articulaires restantes, à une prise en charge plus myo-fasciale. On a donc
travaillé grâce à des techniques sur l'utérus, les lames SRGVP, le périnée, les
ligaments et les muscles du bassin. Enfin la troisième consultation s'est déroulée de la
même manière que la deuxième. Elle a donc consisté à une vérification de la bonne
mobilité des zones traitées précédemment et au même type de traitement.
Les trois séances ont duré entre 30 et 40 min et se sont déroulées de la même
manière pour chaque patiente en respectant leur individualité.
32
a) But de l’expérimentation
Le but de cette expérimentation était d'évaluer l'efficacité et l'intérêt d'un
traitement ostéopathique face à la lombalgie cataméniale. Nous avons ainsi pu
comparer les différents résultats afin de mettre en évidence une quelconque
modification ou amélioration des symptômes après la prise en charge ostéopathique.
La difficulté de l'objectivation des ces résultats était la prise en compte de
l'irrégularité de l'apparition des symptômes d'un cycle à l'autre chez les différentes
patientes.
b) Protocole de tests
Nous avons testé différentes zones en lien avec ce qui nous paraissait impliquées
dans la mise en place de la lombalgie cataméniale.
Nous avons ainsi testé :
- la position de l'utérus : latéro-déviation, antéversion et anté-flexion
- la mobilité de l'utérus via les ligaments larges, les ligaments utéro-sacrés et les lames
Sacro-recto-génito-vésico pubiennes
- la mobilité des viscères en rapport direct avec l'utérus à savoir, le côlon sigmoïde, le
caecum, la vessie et l'intestin grêle
- les muscles psoas et piriforme
- la mobilité du cadre osseux du bassin : le pubis, les articulations sacro-iliaque et le
sacrum
- les vertèbres thoraco -lombaires de T10 à L2 et l'articulation L5-S1
- enfin les deux diaphragmes thoracique et pelvien.
c) Traitement
Afin de rester dans une démarche ostéopathique, le protocole de traitement a été
adapté aux résultats trouvés lors des tests pour chaque patiente. Les restrictions
33
articulaires rachidiennes ont par exemple été levées uniquement chez les patientes qui
en présentait lors des tests. Ainsi le traitement ostéopathique était adapté à chaque
patiente en fonction du diagnostic ostéopathique. Cependant le protocole de
traitement était relativement identique chez les différentes patientes.
Technique de mobilité de l'utérus
Cette technique a pour but de redonner sa mobilité au col utérin, selon Jean-Pierre
Barral.
La patiente est allongée sur le dos, le praticien est debout à hauteur du bassin. Il place
une main à plat sur l'abdomen en projection de l'utérus en sus-pubien et fait un
déroulement tissulaire jusqu'à une sensation de bonne mobilité utérine.
Technique sur les ligaments utéro-sacrés
Les ligaments utéro-sacrés sont souvent très sensibles et fibrosés chez les femmes
souffrant de lombalgie cataméniale, particulièrement le gauche selon J.P Barral. Cette
technique a pour but de les étirer pour redonner sa mobilité au sacrum souvent fixé
par ses ligaments.
La patiente est allongée en décubitus dorsal. Le praticien est debout à hauteur du
bassin de la patiente. Il place le talon de sa main céphalique au niveau sus-pubien à
plat en regard de la région utérine. L'autre main se place sous le sacrum de la
patiente. Le but est de libérer les ligaments utéro-sacrés en s'assurant de la bonne
mobilité entre utérus et sacrum. Pour cela le praticien va faire un déroulement fascial
entre ces deux structures, donc entre ses deux mains.
Technique sur les ligaments larges et ligaments ronds
Ces ligaments constituent le système d'orientation de l'utérus, ils vont permettre sa
mobilité. Ils sont indispensables à aller voir une fois la mobilité propre de l'utérus
testé.
34
La patiente est allongée en décubitus dorsal. Le praticien est debout à hauteur du
bassin da la patiente. Il place ses deux pouces de part et d'autre du corps utérin sur
une ligne reliant les EIAS et le bord supérieur de la symphyse pubienne, le long du
bord médial du psoas. Il effectue ensuite de légères vibrations ou un point
d'inhibition sur les ligaments.
Technique sur les lames SRGVP
Les lames SRGVP constituent un des éléments primordiaux à aller investiguer dans
un motif de consultation gynécologique. Elles sont à la fois un élément de soutien et
une structure qui livre passage au plexus hypogastrique inférieur responsable de
l'innervation autonome de l'utérus et du petit bassin.
La patiente est en décubitus dorsal. Le praticien est debout à hauteur du bassin et se
place dans la même position que pour le traitement des ligaments utéro-sacrés à
savoir une main sus-pubienne et l'autre sous le sacrum et effectue un déroulement
entre ses deux mains.
Technique sur le côlon sigmoïde
Le côlon sigmoïde est en rapport avec l'utérus et l'articulation sacro-iliaque gauche. Il
peut jouer « l'intermédiaire » entre utérus et douleur lombaire ou sacro-iliaque. Il est
donc important de lui redonner toute sa mobilité.
La patiente est en décubitus dorsal en appuie sur ses coudes et ses avant-bras. Le
praticien est à la hauteur de la tête de la patiente au niveau de son épaule droite. Avec
la tranche de ses deux mains, le praticien va venir englober le côlon sigmoïde et
effectuer des tractions répétées vers l'épaule droite en s'aidant de la respiration de la
patiente.
35
Technique sur caecum
Le but de cette technique est de libérer les attaches postéro-externe du caecum.
La patiente est en décubitus latéral gauche, le praticien se place derrière elle et
superpose ses pouces dans la fosse iliaque droite en regarde du caecum. Il effectue
ensuite un déroulement tissulaire profond en portant son attention sur la partie
postérieure du caecum.
Technique sur le périnée
Le périnée est l'élément de soutien des organes du petit bassin, c'est une zone clé à
libérer pour permettre la bonne mobilité de l'utérus et de ses attaches ainsi que les
organes avoisinant.
La patiente est en décubitus latéral, le praticien est placé derrière elle. La main
céphalique du praticien se positionne sur la crête iliaque du coté opposé au décubitus
et la main caudale vient crocheter l'ischion. Le praticien effectue une pression
céphalique avec sa main caudale tandis que la main céphalique sert de contre appui.
Technique sur le diaphragme thoracique
Le diaphragme thoracique fonctionne en synergie avec le diaphragme pelvien. Un
travail sur celui-ci permet de synchroniser le mouvement des deux diaphragmes qui
encadrent la région abdominale, et d'améliorer l'appui du diaphragme thoraco-
abdominal sur les viscères.
La patiente est en décubitus dorsal, le praticien est debout face à elle. Le praticien
place ses mains sous les coupoles diaphragmatiques et effectue une technique de lift
ou de recoil selon le sens de restriction. Le but étant de redonner une bonne mobilité
au diaphragme.
36
Technique sur piriforme
Le travail du muscle piriforme est important dans la prise en charge du petit bassin et
du rachis lombaire bas. Rotateur externe de hanche il peut, si il est spasmé maintenir
le sacrum encastré entre les iliaques et provoquer des sacro-lombalgies. Nous avons
choisi ici de le traiter grâce à une technique de Trigger & Jones.
La patiente est en décubitus latérale du côté opposé au piriforme à traiter. Le
praticien repère une zone spasmée et vient à l'aide de son pouce effectuer un
ponçage de la zone.
Technique sur le psoas
Le muscle psoas s'insère sur toutes les lombaires de L1 à L4. Il peut, si il est spasmé,
irriter par action mécanique une partie ou toutes les racines de la région.
Nous avons choisi de le traiter grâce à une technique de Mitchell en contracté-
relâché.
La patiente est allongée sur le dos avec une jambe en dehors de la table. L'autre
jambe est maintenue par le praticien en triple flexion. Le praticien résiste à la
remontée de la jambe qui se trouve en dehors de table, puis étire le muscle psoas en
amenant la jambe vers le bas en respectant la barrière articulaire et musculaire de la
patiente.
Technique sur le pubis
La libération du pubis se fait grâce à une « Gun technique »
Technique sur les sacro-iliaques
Les sacro-iliaques sont libérées par des mouvements rotatoires articulaires en
décubitus ventral
37
Technique sur le sacrum
Les dysfonctions de sacrum sont corrigées en énergie musculaire par le biais du
piriforme (Technique Mitchell)
Technique sur T10 -L1 -L2
Les dysfonctions articulaires rachidiennes sont elles corrigées par une technique de
trust en HvBa.
Technique sur L5- S1
Technique de trust de la charnière L5 – S1 en lombaroll.
38
VII. Résultats
Les résultats de cette expérimentation s’appuient sur des critères essentiellement
subjectifs. N'ayant que 10 patientes, nous avons choisi de représenter ces résultats
sous forme de tableau, ce qui nous paraissait plus représentatif.
Après nos tests, on a pu répertorier les dysfonctions le plus souvent trouvées chez les
patientes; Ce qui nous a permis de mettre en place un diagnostic ostéopathique.
Dysfonctions utérines
Latéroversion droite : 45 %
Latéroversion gauche : 20 %
Tableau 1 : Dysfonctions utérines.
Dysfonctions ligamentaires et des lames SRGVP
Lames droites : 30 %
Lames gauches : 20 %
Ligaments utéro-sacrés droit : 50 %
Ligaments utéro-sacrés gauche : 30 %
Tableau 2 : Dysfonctions ligamentaires et des lames SRGVP
39
Dysfonctions musculaires Diaphragme thoracique: 40 %
Diaphragme pelvien: 40%
Muscle Psoas: 40 %
Muscle Piriforme: 60 %
Tableau 3 : Dysfonctions musculaires
Dysfonctions viscérales
Sigmoïde: 20 %
Caecum : 40 %
Tableau 4 : Dysfonctions viscérales
Dysfonctions articulaires
Sacro-iliaques : 50 %
Pubis : 40 %
Thoraciques de T10 à L1: 40%
Charnière L5 - S1 : 60 %
Tableau 5 : Dysfonctions articulaires
Nous avons également noté les différents signes associés à la lombalgie lors du
cycle. La douleur abdominale est le signe le plus souvent retrouvé associé à la
lombalgie, dans 85 % des cas.
40
Signes associés
Douleurs abdominales : 85 %
Migraine cataméniale : 20 %
Asthénie : 60 %
Pesanteur pelvienne : 30 %
Tableau 6 : Les signes associés
Nous avons pu évaluer l'éventuelle diminution de l'intensité douloureuse grâce à
une échelle EVA avec un score allant de 0 pour aucune douleur, à 10 pour une
douleur insoutenable.
Nous avons pris comme référence la première séance pour objectiver l'évolution
de la douleur et demandé aux patientes d'attribuer un score à leur douleur après
chaque séance. Les quatre notes, la première correspondant à celle avant le premier
traitement et la dernière à celle après la troisième séance ont été classés dans un
tableau avec une ligne par patiente. Nous avons ainsi pu comparer l'intensité de la
douleur ressentit avant la première séance et celle ressentie après la troisième pour
chaque patiente. Chez 70 % des patientes il y a une diminution de l'intensité
douloureuse au cours de l'étude expérimentale. Pour 30 % en revanche on n’observe
aucune amélioration.
SCORE EVA
Patientes Début d'expérience Après la 1ère séance Après la 2ème séance Après la 3ème séance
N°1 5 3 2 2
N°2 7 7 6 4
N°3 3 3 2 2
N°4 6 5 4 2
N°5 2 2 2 2
N°6 3 3 2 1
N°7 4 3 2 2
N°8 3 3 3 3
N°9 3 2 2 1
N°10 4 4 4 4
Tableau 7 : scores de l’échelle EVA
41
Nous avons aussi évalué les caractéristiques de la douleur en répertoriant les
éventuels changements quant à la date de survenue de la lombalgie et la durée du
ressenti douloureux. Nous avons ainsi pu noter que pour 60% des patientes
interrogées la douleur apparaissait plus tardivement et sur une période moins longue.
Mais aussi que pour 40 % d'entre elles il y avait des changements dans la
caractéristique du cycle à savoir le flux. Enfin pour 30% des patientes on a pu
constater une amélioration d'autres symptômes qui accompagnaient la lombalgie à
l'arrivée du cycle.
Patientes Apparition plus tardive Diminution du flux Diminution des douleurs associées N°1 Non
Non Non
N°2 Non
Non Non N°3 Oui
Oui Oui
N°4 Oui
Oui Oui N°5 Oui
Oui Non
N°6 Oui
Non Non N°7 Oui
Non Non
N°8 Non
Non Non N°9 Oui
Oui Oui
N°10 Non
Non Non
Tableau 8 : Modifications éventuelles
Les résultats de cette expérimentation montre que pour 70 % des patientes il y eu une amélioration de la lombalgie cataméniale mais sans disparition complète de celle-ci.
Pour 30 % d'entre elles, il n'y a pas eu d'améliorations pendant l'étude.
42
VIII. Discussion
Le but de cette étude était de montrer l'efficacité d'un traitement ostéopathique
face à la lombalgie cataméniale. L'expérimentation a été effectuée sur 10 patientes
répondant aux critères d'éligibilité dans le cadre d'une étude de cas. Le traitement
s'est déroulé en trois séances correspondant à trois cycles menstruels. La première
séance a servi de référence quant à l'évolution de la douleur et la survenue des
symptômes.
Pour mettre en place le traitement, nous avons effectué différents tests de la
sphère gynécologique et du cadre osseux du petit bassin. Ces tests nous ont permis
de noter les dysfonctions les plus souvent retrouvées dans notre population d'étude
et d'établir un diagnostic ostéopathique afin de soulager au mieux chaque patiente.
Nous avons retrouvé chez 50% d'entre elles des dysfonctions au niveau sacro
iliaque. L'articulation sacro-iliaque même si elle présente une mobilité minime doit
garder une certaine liberté de mouvement pour permettre l'adaptation du bassin et du
rachis lombaire. Une dysfonction de cette zone peut engendrer des fixations
articulaires et tissulaires au niveau rachidien qui peuvent devenir douloureuses lors de
l'arrivée du cycle avec la congestion locale que cela occasionne. Il nous paraissait
donc important de les tester et de les traiter tout comme le muscle piriforme en lien
direct avec l'articulation sacro-iliaque et que l'on a trouvé hypertonique dans 60% des
cas. « Somatic dysfunction of the sacroiliac joint or muscle spasme in that area may
refer pain suggestive of uterine cervical disorders ». Dans cette phrase les auteurs
Michael L. Kuchera et William A. Kuchera, de Osteopathic Considerations in Systemic
Dysfunction mettent en évidence la relation directe qu'il existe entre l'articulation sacro-
iliaque, les muscles de la zone pelvienne et l'utérus.25
Nous avons aussi observé chez 40% de nos patientes des dysfonctions articulaires
aux niveaux T10 à L1. La mise en place de ses dysfonctions peut ne pas avoir de lien
25 Osteopathic Considerations in Systemic Dysfunction. Michael L.Kuchera DO, F.A.A.O Professor and Chairman and William A.Kuchera DO, F.A.A.O Professor. (p 132)
43
avec la lombalgie cataméniale mais elles peuvent contribuer à la faire perdurer. Il
nous paraissait intéressant de manipuler cette zone du rachis afin de jouer sur les
racines sensitives de l'utérus qui peuvent par le biais de douleur projetées provoquer
la lombalgie lors des contractions utérines accompagnant les menstruations. Au
niveau L5-S1, 60% des patientes présentaient une dysfonction. C'est une articulation
importante dans la prise en charge de notre motif de consultation car en avant du
promontoire sacré on trouve le plexus hypogastrique inférieur responsable de
l'innervation autonome de l'utérus et qui est viscéro-inhibiteur. Cela nous semblait
donc être un biais efficace pour relâcher l'utérus et éviter les tensions sur le rachis
lombaire bas.
Enfin il nous fallait aussi tester le muscle psoas qui s'insère sur le rachis lombaire
de L1 à L4. Nous avons retrouvé un muscle psoas hypertonique dans 40% des cas.
Ce n'est pas significatif mais peut expliquer une lombalgie chronique qui serait
augmentée au moment du cycle. En effet, le muscle psoas de part sa position
anatomique et sa proximité avec les différents éléments du système vasculaire,
nerveux et lymphatique, peut être la cause d'un désordre fonctionnel utérin et
engendrer des douleurs projetées.26
Les tests effectués sur l'utérus on mis en évidence des latéroversions droite (45%)
ou gauche (20%) qui peuvent influencer la mobilité de l'utérus et engendrer une
dysfonction des structures environnantes par fixation. Ce qui peut être le cas pour le
caecum ou le sigmoïde par exemple que l'on retrouve en dysfonction dans
respectivement 40 et 20 % des cas. Les liens péritonéaux et métamériques de ces
structures avec le rachis lombaire sont importants, il est donc nécessaire de vérifier la
bonne mobilité des ces éléments dans le cas d'une lombalgie. Nous avons aussi testé
les ligaments utéro-sacrés, le droit était plus souvent spasmé (50%) que le gauche
(30%), ainsi que les lames SRGVP droites (30%) et gauches (20%). Les lames
SRGVP sont les éléments indispensables à aller tester lors de troubles
26 Les lombalgies : du symptôme au diagnostic. Olivier Troisier. Médecine-Sciences (p 199)
44
gynécologiques. Elles livrent passage au plexus hypogastrique inférieur qui est
responsable de l'innervation autonome du petit bassin et participent au soutien des
organes pelviens avec le périnée que l'on a retrouvé en dysfonction dans 40% des
cas. Les ligaments utéro sacrés peuvent eux, maintenir si ils sont fibrosés une
dysfonction du sacrum et de l'utérus.
Il était difficile pour nous de prendre en charge la lombalgie cataméniale sans
tenir compte des autres signes du syndrome prémenstruel. Nous avons donc dans
l'interrogatoire précédent les séances, interrogé nos patientes quant aux signes qui
pouvait accompagner la lombalgie. Pour 85 % d'entre elles, la lombalgie cataméniale
s'accompagnait d'une douleur abdominale, pour 60 % d'une asthénie, pour 20 % une
migraine cataméniale, et pour 30 % d'une pesanteur pelvienne. Ces différents
symptômes accompagnant la lombalgie peuvent influencer la mise en place de la
douleur lombaire voir même la majorer. Il était donc intéressant dans une prise en
charge ostéopathique que l'on veut le plus globale possible d'investiguer les facteurs
pouvant entrer en compte dans une chaine dysfonctionnelle. Nous avons pu évaluer,
après traitement, d'éventuelles améliorations de ces signes associés. Pour 30 % des
patientes, on note une diminution des douleurs associées à la lombalgie. Ces résultats
peuvent être intéressants si l'on cherche à établir un protocole de soin pour soulager
le syndrome prémenstruel dans son ensemble, ou plus largement à rendre plus
confortable de manière globale l'arrivée du cycle menstruel.
La lombalgie cataméniale a été évaluée de manière subjective par le biais de trois
critères. Tout d'abord, on a cherché à évaluer l'intensité de la douleur, pour cela nous
avons utilisé l'échelle EVA. Cette échelle nous paraissait la meilleure façon
d'objectiver l'évolution et l'amélioration de la douleur chez nos patientes.
L'évaluation de l'intensité s'est fait grâce à un score allant de 0 pour aucune douleur à
10 pour une douleur insoutenable. Les patientes ont attribué un score à leur douleur
à quatre reprises la première étant l'intensité de la douleur avant la première séance et
la dernière celle après la troisième séance. Nous avons ensuite présenté les résultats
45
sous la forme d'un tableau afin de mettre en évidence pour chaque patiente les
changements observés.
Pour 70 % des patientes, on note une diminution de l'intensité douloureuse plus
ou moins importante à la fin de l'expérimentation. Pour certaines d'entre elles, il faut
attendre la troisième séance pour voir une amélioration. En utilisant l'échelle EVA on
a pu objectiver l'amélioration de l'intensité douloureuse chez nos patientes et noter
que le traitement s'avérait efficace à court terme chez plus de la moitié d'entre elles.
Cependant l'expérimentation a été faite sur seulement trois cycles et sur uniquement
10 patientes, il serait donc intéressant de prolonger la période de traitement et
d'augmenter le nombre de patientes afin d'observer si l'efficacité peut être améliorée
sur le long terme et chez la plus grande majorité de la population féminine.
Dans notre étude et grâce à un interrogatoire effectué avant chaque séance nous
avons aussi pu analyser les critères de survenue et d'horaire de la lombalgie, à savoir
le jour d'apparition de celle-ci par rapport au début des menstruations et également la
durée de la sensation douloureuse. Chez la plupart des patientes, la douleur
apparaissait au cours du ou des jours précédant le cycle et pouvait se poursuivre
durant les premiers jours de celui-ci. La douleur était principalement localisée au
niveau sacro-iliaque, sans irradiations et parfois avec un caractère transfixiant en lien
avec la région hypogastrique. Chez la majorité des patientes, la lombalgie est décrite
comme une sensation de tension plus qu'une véritable douleur. Après les trois phases
de traitement, chez 60 % des patientes, la lombalgie est apparue plus tardivement et a
donc duré moins longtemps. Ce résultat peut être à lui seul, même si il n'y a pas de
diminution de la douleur, considéré comme un soulagement pour les patientes car
cela réduit le temps de désagrément.
On a aussi noté que 40 % des patientes disent constater une certaine diminution du
flux des menstruations après la prise en charge ostéopathique. Pour expliquer ce
phénomène nous pouvons poser l'hypothèse que le bassin et l'ensemble des organes
pelviens se trouvant libérés de leur tensions, l'expulsion de la dégradation de
l'endomètre se fait plus progressivement avec moins de contractions violentes de
46
l'utérus. En fait, c'est probablement la progressivité et la régularité des saignements
qui donnent aux patientes l'impression d'un flux moins important.
Les patientes de notre expérimentation ont toutes déjà eu recours à des
antalgiques pour soulager leurs douleurs menstruelles et sont sous pilule
contraceptive. Si le traitement allopathique utilisé a eu un effet sur certains signes du
syndrome prémenstruel comme les dysménorrhées ou les migraines, il ne semble pas
soulager à long terme et efficacement la lombalgie cataméniale. Compte tenu des
résultats, il semble que le traitement proposé dans cette expérimentation réponde
positivement à la problématique posée au début de cette étude à savoir:
« l'ostéopathie peut elle constituer une solution face à la lombalgie cataméniale ? »Le
traitement ostéopathique proposé face à la lombalgie cataméniale a également
contribué à améliorer d'autres signes du syndrome prémenstruel ; ce qui nous
renforce dans l'idée que plusieurs de ces survenues douloureuses sont liées dans leur
apparition et leur mise en place.
Chez 30% des patientes il n'y a eu aucune amélioration quant à l'intensité
douloureuse suite au traitement. Dans ce cas, on peut se demander si notre
diagnostic ostéopathique était le bon, si l'étiologie de la lombalgie relevait bien de
l'ostéopathie ou si un autre facteur prédominant que nous n'avons pas prit en compte
dans notre étude est responsable de la mise en place de la douleur tout comme le
suggère E. Hebgen dans son ouvrage Ostéopathie viscérale principe et techniques quand il
écrit : « le praticien se retrouve alors placé devant l'alternative suivante, d'ailleurs
assez rare : ou bien il existe une lésion organique passée inaperçue, ou bien la
composante psychologique joue un rôle majeur ». Une étude expérimentale a
d'ailleurs montré le lien existant entre le stress et la survenue de la lombalgie
cataméniale. Elle met en évidence que le facteur psychologique et notamment un
stress personnel joue un rôle dans l'exacerbation ou le maintien de ce type de
lombalgie.27Il serait donc intéressant d'intégrer à une prochaine étude le facteur du
27 Le syndrome prémenstruel: concomitants psychophysiologiques de stress ressenti et la douleur au bas du dos. Douleur. 1988 Aug; 34 (2) :161-9. Dickson-Parnell B, Zeichner A. Département de psychologie, Université de Clemson, SC 29631)
47
stress et la répercussion qu'il peut avoir sur la survenue de la douleur chez certaines
patientes. On pourrait ainsi observer les différents troubles qui peuvent accompagner
l'arrivée du cycle menstruel aussi bien sur le plan psychique que physique ainsi que les
facteurs qui peuvent influencer ces symptômes.
48
IX. Conclusion
Le but de cette étude était d'objectiver l'efficacité d'un traitement ostéopathique
face à la lombalgie cataméniale. Cette étude expérimentale a été effectuée sur 10
patientes dans le cadre d'une étude de cas. Chaque patiente a subi le même protocole
de tests qui portaient aussi bien sur la sphère génito-pelvienne que sur la mobilité
articulaire du rachis lombaire et sacro-iliaque. Nous avons ainsi pu poser un
diagnostic ostéopathique et de ce fait traiter chaque patiente de manière spécifique en
lien avec les dysfonctions retrouvées lors des tests.
L'efficacité du traitement expérimental a été évaluée selon différents critères
subjectifs. Nous avons utilisé l'échelle EVA pour évaluer l'intensité de la douleur
chez les patientes et objectiver l'évolution de cette intensité. Nous avons également
noté les horaires et les caractéristiques de la douleur en prenant la première séance
comme point de référence quant aux différents changements observés par les
patientes à l'arrivée des cycles suivants. La difficulté était de prendre en compte dans
nos tests et nos résultats le caractère aléatoire de la survenue de la lombalgie
cataméniale d'un cycle à l’autre.
L'efficacité du traitement s'est montrée significative d'un point de vue clinique. Le
traitement des différentes structures effectué lors de l'expérimentation a donc eu un
effet bénéfique sur la lombalgie cataméniale. Cependant, notre traitement ne s'est
déroulé que sur trois mois c'est à dire seulement trois cycles et ne permet donc de
mettre en évidence qu'une efficacité à court terme. Il serait donc utile de réaliser un
protocole sur une durée plus longue pour avoir une action préventive et une
efficacité à long terme. Il serait également pertinent de rechercher quelles techniques
on pourrait ajouter au protocole ici mis en place afin d'en améliorer encore le
résultat. On pourrait aussi faire entrer dans les critères d'éligibilité le facteur
psychologique qui accompagne parfois le cycle et qui peut jouer un rôle dans la
survenue des différentes douleurs. Il serait en effet intéressant d'observer si une prise
en charge ostéopathique préventive permet de réduire l'appréhension de l'arrivée du
cycle et d'améliorer le confort de la patiente durant celui-ci.
49
La lombalgie cataméniale fait partie du syndrome prémenstruel, la mise en place
des différents troubles qui le composent est mal comprise et peu expliquée par le
monde médical. Les différents traitements allopathiques proposés peuvent parfois
s'avérer inefficaces. Proposer une alternative non médicamenteuse ou un
complément au traitement allopathique dans le but de soulager au maximum et à
long terme les patientes fait donc du sens. Les hypothèses étiologiques de la
lombalgie cataméniale sont nombreuses ce qui laisse la porte ouverte à une myriade
d'approches et de prises en charge possibles pour nous ostéopathes. Une citation de
William Garner Sutherland nous paraît ici trouver un sens : « Dig on », « Creuse
encore » pour mettre en évidence la constante évolution et l'importance de continuer
à chercher la meilleure façon de soulager nos patients en ostéopathie.
50
Bibliographie
- Jean-Pierre Barral, Alain Croibier, Manipulation vasculaire viscérale.Edition Elssevier
Masson 2009
- E.Bugeon, Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention du diplôme de
kinésithérapie de l'IFPEK 2011-2012. Lombalgie et sphère viscérale. Revue de littérature et
exercice à l'analyse critique.
- D. Bonneau, P. Marès, P. Vautravers et C. Hérisson, Algies pelvi-périneale et thérapies
manuelles ; Rencontres en médecine manuelle et ostépathie. Edition Sauramps médical
- J.Devaux. Mémoire de fin d'étude C.E.O : L'utérus. Mai 2008 à Montréal
- B. Dickson-Parnell, A. Zeichner. Le syndrome prémenstruel : concomitants psychologiques de
stress ressenti avec la douleur au bas du dos. Douleur Aout 1988 : 34(2) : 161-9. Source :
PubMed. Département de psychologie, Université de Clemson, SC 29631
- Jean-Claude Emperaire, Gynécologie endocrinienne du praticien. Frison-Roche 6 ème
Edition 1993
- Hervé Fernandez, Traité de gynécologie. Médecine-Sciences édition Flammarion
- S.Geller. Pathogénie et Physiopathologie du syndrome prémenstruel. Source PubMed mot
clé : Syndrome prémenstruel
-E.Hebgen, Ostéopathie viscérale principe et techniques. Edition Maloine
- A.M Jensen, B.Bewketu, D.Sanford. Intermittent low back pain referred from a uterine
adenomyosis. Journal of Chiropratic Medecine March 2011 : 10(1) : 64 - 69
-Pierre Kamina, Anatomie clinique. Edition Maloine (2008) TOME 4, 2 ème édition
- M.L. Kuchera DO, F.A.A.O Professor and Chairman, W.A. Kuchera DO, F.A.A.O
Professor. Osteopathic considerations in systemic dysfunction. Greyden press, Columbus
Ohio
51
-H.Kuhl, Influence du cycle ovarien sur le système nerveux central. Source :PubMed JW
Goethe-Université de Francfort.
- Le Lacombe, Précis d'anatomie & de physiologie humaine. Edition Lamarre TOME 1
- JC. Lee, BK. Yu, JH. Byeon, KH. Lee, JH. Min, SH. Park. Etude sur la menstruation
des adolescentes coréennes à Séoul. Source : PubMed Département de pédiatrie, Université
de Corée School of Medecine, Seoul, Korea.
- NA. Liebl, LM Butler. Une approche chiropratique pour le traitement de la dysménorrhée.
J.Physiol ther manipulatrice. Février 1990, 13(2) : 101-6
- G.Pinar, M.Colak, E.Oksuz. Le syndrome prémenstruel chez les étudiantes turcs et ses effets
sur la qualité de vie. Source : PubMed, Université de Baskent en Turquie.
- C.Quereux, A. Tamborini, Revue de littérature sur le traitement du syndrome
prémenstruel;Reproduction humaine et hormones 1995 N° spécial 7, 58-63
- J.P Rouanot, M. Filhastre, P. Marès, A. Maubon, Anatomie IRM du pelvis
féminin ;Principales applications en pathologie gynécologique. Edition Sauramps médical
Octobre 2005
- R.Solère. La lombalgie cataméniale : Incidences articulaires et viscérales sur un syndrome
douloureux mécanique. Source : Traduction du bulletin italien Ref-Italia Décembre 2009
- J.Studd . Le traitement des troubles prémenstruels par suppression de l'ovulation par les
oestrogènes transdermiques. Source : PubMed, Londres Centre PMS et Ménopause.
- O. Troisier. Les lombalgies : du symptôme au diagnostic. Edition Médecine-Sciences
-Turkish Neurosurgery 2010 (b) : 20 N°4,437-441.Low back pain and sciatica related with
the premenstrual period in patient with lumbar disc herniation. Source : PubMed mot clé :
Lombalgie
- Professeur Woodall, Percy H.Auteur . Principes et pratique ostéopathiques en gynécologie.
Traduit de l'anglais. Bruxelles, SBO- RTM 1983.
52
RESUME
Lombalgie cataméniale et ostéopathie.
Introduction : La lombalgie cataméniale fait partie des nombreux signes qui
composent le syndrome prémenstruel. Elle est définie par une tension ou une
douleur au niveau du bas du rachis lombaire. Sa survenue est comme son nom
l'indique, liée à l'apparition du cycle menstruel et rythmé par celui-ci.
L'étiologie de ce type de lombalgie est mal connue et peu expliquée. Les patientes qui
en souffrent trouvent donc peu de solutions thérapeutiques pour soulager leur
douleur. La prise d'un contraceptif est souvent la solution proposée mais n'est pas
toujours efficace sur la douleur lombaire. Il nous paraissait donc intéressant
d'aborder ce sujet dans un mémoire de fin d’étude dans le but de répondre à une
problématique donnée : l'ostéopathie peut-elle par le biais de différentes techniques
soulager la lombalgie cataméniale ?
Matériel et Méthode : La population source était composée de 10 femmes âgées de
18 à 35 ans répondant à des critères d'éligibilité précis. Chaque patiente a du
répondre à une anamnèse centrée sur les caractéristiques de sa douleur et sur son
cycle.
L'arrivée du cycle menstruel n'est pas vécue de la même manière par toutes les
femmes, tout comme la douleur ou la gêne ressentie. Il nous a semblé donc
important d'évaluer ce facteur de manière subjective en utilisant une échelle EVA.
Chaque femme a ainsi pu attribuer un score à l'intensité douloureuse qu'elle
ressentait. Les patientes ont quantifié leur douleur à quatre reprises, une fois après
chaque consultation. Le premier score nous a servi de référence quant à l'évolution
de la douleur dans le temps pour chaque patiente.
Nous avons également mis au point un protocole de tests pour établir un diagnostic
ostéopathique et ainsi mettre en place un traitement spécifique adapté.
Résultats : Les résultats observés lors de cette étude nous permettre de dire qu'un
traitement ostéopathique s'avère efficace pour améliorer la lombalgie cataméniale et
53
peut donc constituer une alternative ou un complément aux traitements allopathiques
pour soulager celle-ci.
Discussion : Le suivi ostéopathique des patientes de cette étude expérimentale s'est
montré efficace, au vu des résultats, on note une diminution de l'intensité
douloureuse chez la majorité des patientes et de manière générale une réduction de la
durée de l'épisode douloureux.
ABSTRACT
Catamenial lumbago and osteopathy.
Introduction: The catamenial lumbago is one of many signs that make up the PMS.
It is defined by a tension or pain in the lower lumbar spine. Its occurrence is, as its
name suggests related to the onset of menstrual cycle and rhythm of it.
The etiology of this type of pain is poorly understood and documented. Patients who
are suffering of this pathologie have therefore very limited thérapeutic solution.
Taking a contraceptive is often proposed but is not always effective for back pain
solution.This is the reason why, it’s seems interesting to address this issue in this
study and explore if osteopathy could through different techniques relieve catamenial
back pain.
Materials and Methods: The source population consisted of 10 women aged 18 to 35
years to meet specific eligibility criteria. Each patient to answer a history of focusing
on the characteristics of the pain and its cycle.
The arrival of the menstrual cycle is not experienced the same way by all women, as
pain or discomfort felt. It seemed important to assess this factor subjectively using a
VAS scale.
Each woman has been given a score for pain intensity she felt. Patients quantified
their pain four times, once after each consultation. The first score was used as a
reference for the development of pain over time for each patient.
54
We also developed a test protocol to establish an osteopathic diagnosis and thus
develop a specific treatment adapted.
Results: The results observed in this study allow us to say that osteopathic treatment
is effective in improving the catamenial back pain and may be an alternative or a
complement to allopathic treatments to relieve it.
Discussion: The osteopathic monitoring patients in this experimental study was
effective, given the results, there was a decrease in pain intensity in the majority of
patients and generally reducing the duration of the painful episode.