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S EPTEMBRE 2009 - N° 3, 20 ème ANNÉE COLLÈGE DES ÉCONOMISTES DE LA SANTÉ LE MOT DU PRÉSIDENT A quel point…. Santé à la Une ! Elle n’a sans doute jamais été aussi présente qu’en cette fin de 2009. D’abord bien sûr en raison de la pandémie de grippe A (H1N1) qui jette le trouble : les pouvoirs publics n’en font-ils pas trop ? Qui est responsable ? A qui profite le « crime » ? Quels sont les risques de la vaccination ? Que nous cache-t-on ? On mesure à quel point une large éducation en matière de santé publique reste à faire dans ce pays, à quel point il est difficile de se faire une juste appréciation des risques sanitaires, à quel point il est compliqué de passer du niveau des recommandations popu- lationnelles à celui de la décision individuelle. Deuxième dossier chaud, la réforme Obama aux Etats-Unis. Bien que finalement assez modeste (une régulation plus stricte des assureurs privés et une aide à l’acquisition d’une assurance pour les travailleurs intermédiaires trop « riches » pour bénéficier de Medicare mais trop « pauvres » pour s’assurer dans le privé) elle déchaine des passions qu’on a du mal à comprendre en Europe. Et on mesure à quel point les questions de santé sont profondément culturelles, ancrées dans l’imaginaire collectif, mais aussi à quel point les intérêts matériels des parties concernées sont énormes (incidemment, les difficultés d’Obama ne sont pas sans rappeler les contraintes qui ont présidé à la création de la Sécu en France en 45 quand il a fallu créer une couverture universelle sans remettre en cause certains privilèges existants ni modifier l’organisation des soins autour de la médecine libérale). Troisième point d’actualité, le déficit record de notre Sécu nationale qui se situe au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Plus de 24 Mds d’Euros de déficit pour le Régime général dont la moitié pour la santé, soit le double des déficits « habituels » eux-mêmes déjà « abyssaux ». On mesure à quel point nous avons développé dans ce pays une accoutumance au déficit qui fait considérer ce dernier comme une ressource normale (dés lors qu’il ne dépasse pas la norme de 10 Mds d’Euros) et gratuite, oubliant que chaque Euro dépensé est inéluctablement perçu sous forme directe ou indirecte, sous forme publique ou privé, sous forme immédiate ou différée. Risque, équité et soutenabilité : l’actualité nous rappelle, s’il en était besoin, à quel point notre discipline est au cœur de l’évolution de nos sociétés, à quel point notre message d’efficience et d’équité mérite plus que jamais d’éclairer la décision publique. Claude LE PEN LEDa-LEGOS, Université Paris Dauphine Sus au zapping compulsif et à l’individualisme accru ! Le Collège célèbre cette année ses 20 ans. Antidote à la morosité ambiante, cette lettre pourvue d’une ASMR de niveau I consti- tue une véritable vitrine ; mémoire collective et réjouis- sante des actions et des acteurs du Collège. Elle rend compte des vertus du travail d’équipe de quelques passionnés qui ont su bâtir cette entreprise humaine réunissant aujourd’hui plus de 300 membres. C’est à travers les mots de figures emblématiques du Collège (les Présidents et le Secrétaire général historique) que sont ici retracés les événe- ments fédérateurs et marquants qui ont construit le Collège et son identité. Le Collège constitue comme le rappelle Simone Sandier un « carrefour de réflexions ». La vocation première du Collège d’ailleurs inscrite dans l’article 2 de ses statuts est la « promotion de la recherche et la formation en économie de la santé ». Cette mission a été remplie depuis 20 ans de multiples manières par l’organisation de colloques, l’a- nimation de groupes de travail et plus récemment les forma- tions en économie de la santé dispensées à la CNAMTS et au RSI. Force est de constater qu’aujourd’hui le CES occupe une place importante dans le paysage académique et institu- tionnel et qu’il dispose, pour reprendre les termes de Philippe Ulmann, « d’une reconnais- sance nationale mais plus encore internationale ». Partant de ce constat flatteur, les auteurs, loin de nier les défis actuels, posent fondamentale- ment deux questions : Le CES est-il arrivé à bon port et surtout a-t-il les moyens de se maintenir à cette place ? Sur le premier point, Emile Lévy rappelle que dès 1994, il s’inter- rogeait sur la mise à l’écart des économistes de la santé souli- gnant que d’autres en adoptant le langage et les concepts de notre discipline semblaient véhiculer le message. Le fai- saient-ils… le font-ils à la place des économistes de la santé ? C’est en tout cas la position de Gérard de Pouvourville qui regrette que les économistes de la santé, en dépit d’une pré- sence accrue dans la sphère publique, n’osent pas au nom du CES s’autosaisir de certaines questions sensibles. La seconde question renvoie inéluctablement à la contrainte budgétaire désormais plus forte compte tenu du tarissement des ressources publiques dans le cadre du contrat européen. Claude Le Pen souligne com- bien le modèle économique du Collège, en restant fidèle à ses missions primitives, commence à évoluer et trace quelques per- spectives. Comment concilier quête de nouvelles ressources et respect de l’identité du Collège et de ses membres ? Au fil de l’eau, l’émergence d’un nou- veau rôle de coordinateur d’ac- tivités de formation en écono- mie de la santé ou de projets scientifiques semble en partie répondre à cette question. Il s’agit donc d’une nouvelle opportunité pour le Collège de fédérer les nombreuses compé- tences des membres, de mieux assurer encore, conformément à ses statuts, la présence des éco- nomistes de la santé dans le débat public et de repartir d’un bon pied pour 20 ans de bons et loyaux services en faveur de notre discipline. Thomas BARNAY ERUDITE-TEPP, Université Paris 12 ÉDITORIAL : 20 ANS DEJA !

ÉDITORIAL :20 ANS DEJA ! LE MOT PRÉSIDENT · sociétés, à quel point notre message d’efficience et d’équité mérite plus que jamais d’éclairer la décision publique

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SEPTEMBRE 2009 - N° 3, 20ème ANNÉE

C O L L È G E D E S É C O N O M I S T E S D E L A S A N T É

LE MOTDU PRÉSIDENT

A quel point…. Santé à la Une ! Elle n’a sans doutejamais été aussi présente qu’en cette fin de 2009.

D’abord bien sûr en raison de la pandémie degrippe A (H1N1) qui jette le trouble : les pouvoirspublics n’en font-ils pas trop ? Qui est responsable ?A qui profite le « crime » ? Quels sont les risques dela vaccination ? Que nous cache-t-on ? On mesureà quel point une large éducation en matière de santépublique reste à faire dans ce pays, à quel point il estdifficile de se faire une juste appréciation desrisques sanitaires, à quel point il est compliqué depasser du niveau des recommandations popu -lationnelles à celui de la décision individuelle.

Deuxième dossier chaud, la réforme Obama auxEtats-Unis. Bien que finalement assez modeste (unerégulation plus stricte des assureurs privés et uneaide à l’acquisition d’une assurance pour lestravailleurs intermédiaires trop « riches » pourbénéficier de Medicare mais trop « pauvres » pours’assurer dans le privé) elle déchaine des passionsqu’on a du mal à comprendre en Europe. Et onmesure à quel point les questions de santé sontprofondément culturelles, ancrées dans l’imaginairecollectif, mais aussi à quel point les intérêtsmatériels des parties concernées sont énormes(incidemment, les difficultés d’Obama ne sont passans rappeler les contraintes qui ont présidé à lacréation de la Sécu en France en 45 quand il a fallucréer une couverture universelle sans remettre encause certains privilèges existants ni modifierl’organisation des soins autour de la médecinelibérale).

Troisième point d’actualité, le déficit record de notreSécu nationale qui se situe au-delà de ce qu’onpouvait imaginer. Plus de 24 Mds d’Euros de déficitpour le Régime général dont la moitié pour la santé,soit le double des déficits « habituels » eux-mêmesdéjà « abyssaux ». On mesure à quel point nousavons développé dans ce pays une accoutumanceau déficit qui fait considérer ce dernier comme uneressource normale (dés lors qu’il ne dépasse pas lanorme de 10 Mds d’Euros) et gratuite, oubliant quechaque Euro dépensé est inéluctablement perçusous forme directe ou indirecte, sous forme publiqueou privé, sous forme immédiate ou différée.

Risque, équité et soutenabilité : l’actualité nousrappelle, s’il en était besoin, à quel point notrediscipline est au cœur de l’évolution de nossociétés, à quel point notre message d’efficience etd’équité mérite plus que jamais d’éclairer ladécision publique.

Claude LE PENLEDa-LEGOS, Université Paris Dauphine

Sus au zapping compulsif et àl’individualisme accru ! LeCollège célèbre cette année ses20 ans. Antidote à la morositéambiante, cette lettre pourvued’une ASMR de niveau I consti-tue une véritable vitrine ;mémoire collective et réjouis-sante des actions et des acteursdu Collège. Elle rend comptedes vertus du travail d’équipe dequelques passionnés qui ont subâtir cette entreprise humaineréunissant aujourd’hui plus de300 membres. C’est à travers lesmots de figures emblématiquesdu Collège (les Présidents et leSecrétaire général historique)que sont ici retracés les événe-ments fédérateurs et marquantsqui ont construit le Collège etson identité.

Le Collège constitue comme lerappelle Simone Sandier un« carrefour de réflexions ». Lavocation première du Collèged’ailleurs inscrite dans l’article 2de ses statuts est la « promotionde la recherche et la formationen économie de la santé ». Cettemission a été remplie depuis 20ans de multiples manières parl’organisation de colloques, l’a-nimation de groupes de travailet plus récemment les forma-tions en économie de la santédispensées à la CNAMTS et auRSI. Force est de constaterqu’aujourd’hui le CES occupeune place importante dans lepaysage académique et institu-tionnel et qu’il dispose, pourreprendre les termes de PhilippeUlmann, « d’une reconnais-sance nationale mais plusencore internationale ».

Partant de ce constat flatteur, lesauteurs, loin de nier les défisactuels, posent fondamentale-ment deux questions : Le CESest-il arrivé à bon port et surtouta-t-il les moyens de se maintenirà cette place ?

Sur le premier point, Emile Lévyrappelle que dès 1994, il s’inter-rogeait sur la mise à l’écart deséconomistes de la santé souli-gnant que d’autres en adoptantle langage et les concepts denotre discipline semblaientvéhiculer le message. Le fai-saient-ils… le font-ils à la placedes économistes de la santé ?C’est en tout cas la position deGérard de Pouvourville quiregrette que les économistes dela santé, en dépit d’une pré-sence accrue dans la sphèrepublique, n’osent pas au nomdu CES s’autosaisir de certainesquestions sensibles.

La seconde question renvoieinéluctablement à la contraintebudgétaire désormais plus fortecompte tenu du tarissement desressources publiques dans lecadre du contrat européen.Claude Le Pen souligne com-bien le modèle économique duCollège, en restant fidèle à sesmissions primitives, commenceà évoluer et trace quelques per-spectives. Comment concilierquête de nouvelles ressources etrespect de l’identité du Collègeet de ses membres ? Au fil del’eau, l’émergence d’un nou-veau rôle de coordinateur d’ac-tivités de formation en écono-mie de la santé ou de projetsscientifiques semble en partierépondre à cette question.

Il s’agit donc d’une nouvelleopportunité pour le Collège defédérer les nombreuses compé-tences des membres, de mieuxassurer encore, conformément àses statuts, la présence des éco-nomistes de la santé dans ledébat public et de repartir d’unbon pied pour 20 ans de bons etloyaux services en faveur denotre discipline.

Thomas BARNAYERUDITE-TEPP, Université Paris 12

ÉDITORIAL : 20 ANS DEJA !

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COLLÈGE DES ÉCONOMISTES DE LA SANTÉ 2Septembre 2009

LES PREMIERS PAS DU COLLEGE

Le Collège des Economistes de la Santé (CES) aété créé en 1990. Pour célébrer ses vingt ans, ilfaut, pour commencer, remercier encore ceuxqui en sont à l’origine : Robert Fonteneau,Béatrice Majnoni d’Intignano et Emile Levy. Cesont eux qui ont eu l’idée d’un lieu de rencontreet de réflexion ouvert aux économistes dévelop-pant leur activité dans le domaine de la santé. Cesont eux qui ont mis en œuvre cette idée en obte-nant l’adhésion d’autres économistes au projet eten cherchant un appui logistique. Arié Mizrahi,alors directeur du CREDES, a été rapidementconvaincu de l’intérêt du projet et a mis à ladisposition du futur CES un secrétariat et deslocaux. Par la suite, d’autres collègues ont adhéréau projet et ont accepté d’être membres fonda-teurs : Gérard Duru, Michèle Fardeau, RobertLaunois, Jean-Claude Sailly, Monique Vennin etmoi-même.

Notre ambition commune était d’animer uncarrefour de réflexions et d’échanges, de faireconnaitre les capacités d’expertise françaises et depromouvoir la présence d’économistes de la santéau sein des manifestations internationales commedes instances de décision ou de consultationtouchant à la politique de santé. Les débuts duCES ont été marqués par des réunions restreintes,amicales, enthousiastes et animées sur larédaction de statuts et sur la mise en placed’activités. Bien sûr, il n’existait pas toujoursd’accord au départ sur les critères d’adhésion desmembres, diplômes, nature des recherches, fallait-il ouvrir le collège aux étudiants, aux entreprises ?Voulions-nous d’un collège relativement élitisteou plus large ? Quel montant pour les cotisations ?Finalement il a été décidé que le Collège seraitouvert à titre individuel aux économistes de lasanté comme membres réguliers avec droit devote, et aussi aux personnes morales témoignantun intérêt pour les recherches et leurs applicationsdans le domaine de la santé.

La première brochure, diffusée assez largement,annonçait la création du CES, dans le but defavoriser la coopération des économistes de lasanté entre eux et avec les autres acteurs dusystème de santé, de développer la recherche, laformation et la diffusion de l’information enéconomie de la santé, de promouvoir le rôle deséconomistes de la santé dans la définition despolitiques de santé. Les premières adhésions sontarrivées rapidement.

Deux activités principales ont marqué la premièreannée du Collège : la rédaction et la diffusiond’une « lettre » et l’organisation de séminaires. Lalettre, numéro 0 en Octobre 1990, devait rendre

compte sur une base trimestrielle de l’activité ducollège et informer sur les publications, lescolloques, ou conférences dans le champ del’économie de la santé. Les collègues ont éténombreux à participer aux séminaires organisésdans les locaux du CREDES où les chercheursexposaient leurs travaux en cours ou aboutisautour d’un thème d’actualité. Vingt années plustard, certains sujets abordés sont encore au centredes débats sur l’organisation et le financement dusystème de santé ; citons, par exemple, lesséminaires sur « la protection sociale complé -mentaire », ou « le point sur les mécanismes de lamédecine libérale ».

Le grand événement des premières années du CESfut indiscutablement l’organisation et la tenue duColloque Européen « De l’analyse économiqueaux politiques de santé ». Sa préparation a été uneoccasion sans précédent de collaboration entreles économistes de la santé en France et enEurope ; son déroulement a permis de montrer lefoisonnement de leurs recherches en cours et laplus large diffusion de leurs résultats.

C’est à l’origine Joan Rovira, qui nous avaitproposé de donner une suite à la « premièreconférence européenne d’économie de la santé »qui s’était tenue à Barcelone. La perspectived’offrir un lieu d’échanges à nos collèguesfrançais et européens nous a d’embléeenthousiasmé, inconscients que nous étions de lalourde charge que représentait la mise en placed’un grand colloque international tant au planscientifique qu’au plan matériel, mais nousn’avons pas hésité à nous engager. Avec nos amisdu CREDES nous nous sommes mis à l’œuvre.Quelle aventure !

Quels thèmes, qui inviter ? Où ? Quand ? Lesdébats, contradictoires, ont finalement abouti : leColloque Européen d’Economie de la Santé auraitlieu à l’Université Paris Dauphine du 16 au 18décembre 1992 sur le thème : « De l’analyseéconomique aux politiques de santé » ; ilregrouperait deux autres manifestations, le 3ème

Health services Researchers meeting et le 4ème

congrès des géographes de la santé. Un comitéd’organisation, sous la houlette de Pierre-JeanLancry et un comité scientifique international ontété constitués, de nombreuses associationsd’Economie de la santé en Europe et d’éminentespersonnalités ont manifesté leur soutien, lesdemandes de participation et les propositionsd’intervention ont afflué. Les démarches ontdémarré pour s’assurer de patronages officiels etpour trouver des financements…

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En fait, bien qu’européen dans son titre, lecolloque a été plus large, attirant des économistesdu Canada, des Etats-Unis et d’Afrique du Nord.Ce sont au total 22 pays qui ont été représentés.Devant plus de 800 participants de disciplinesdiverses c’est Uwe Reinhardt, professeur àPrinceton qui a introduit les débats autour des 223communications retenues par le comitéscientifique. Les participants nous ont fait part del’intérêt de la rencontre au plan scientifique, biensûr, mais sans oublier les conditions d’accueilexceptionnelles et surtout la très belle réceptionorganisée à la Conciergerie.

Un des résultats intéressants du colloque, à monsens, a été de montrer à quel point les problèmesposés aux planificateurs étaient partagés parbeaucoup de pays : croissance des coûts, rôle desinnovations, recours à l’évaluation économique,inégalités d’accès aux soins, planification spatiale.Même si la convergence des systèmes a étéévoquée, les interventions des participants ontpermis de prendre conscience d’une diversité desapproches qui méritait d’être prise en compte parles décideurs nationaux.

Le recul permet de dire que le colloque alargement contribué à la reconnaissance au planinternational des travaux des économistes de lasanté européens, quelquefois méconnus de leurshomologues américains ; les contacts noués alorsont favorisés les échanges et la constitutiond’équipes internationales, souvent sous l’égide dela Communauté Européenne ou de l’OMS.

Il semblerait aussi que le colloque ait été uneoccasion pour les pouvoirs publics en France demieux connaître la communauté des chercheurs

et de se familiariser avec leurs approches.Aujourd’hui, des économistes de la santé sontprésents dans la plupart des organismes ou descommissions mises en place pour éclairer lapolitique de santé, et des termes autrefoisspécialisés (évaluation, coût-efficacité, allocationde ressources...) font désormais partie duvocabulaire des décideurs et planificateurs.

La mise en forme des Actes, édités par Emile Levyet Arié Mizrahi a encore mobilisé nos énergiespour quelques temps. Sous la forme de quatrefascicules ils ont été publiés et mis à la dispositiondes participants et d’un public plus large dans desdélais raisonnables, en juillet 1993. A cetteoccasion, le CES et le CREDES ont innové enjoignant aux documents imprimés une disquetteindexant les noms des auteurs et des organismesainsi que les mots figurant dans les textes pourpermettre de retrouver rapidement les documentscorrespondants. Ce n’était pas Internet, maisquand même…

Après le Colloque, nous avons ressenti qu’uneétape avait été franchie. Le Collège avait une plusgrande visibilité, ses membres étaient plusnombreux, les demandes d’adhésion aussi. LeCollège devait-il prendre un nouveau départ ?Revoir les critères de participation ? Avoir deslocaux plus grands ? Entamer d’autres activités ? Ilm’a alors semblé qu’un nouveau président seraitmieux à même d’accompagner les changements.Emile Levy a accepté cette responsabilité ; il vousen dira plus.

Simone SANDIERDirectrice de recherches ARgSES

Présidente du CES de 1990 à 1994

COLLÈGE DES ÉCONOMISTES DE LA SANTÉ 3 Septembre 2009

LE CES DE 1994 A L’AN 2000

Cette période féconde pour le Collège, est celleque j’ai eu la chance de présider, à la suite deSimone Sandier qui avait donné le coup d’envoi ànotre association. Elle succède à la tenue du 2ème

Colloque Européen déjà évoqué, organisé enFrance par le CES et le Credes en décembre 1992.Exceptionnel par la contribution d’orateurs dequalité, au-delà même des Européens, et par lenombre de ses auditeurs, il le fût aussi par sonfinancement privé et public, qui apportera desressources au Collège et à son organisateur. Pourrésumer l’activité du CES au cours de ces sixannées, on peut évoquer les thèmes suivants :

1. Le redémarrage de la lettre trimestrielle

Dès janvier 1994, la tradition inaugurée à lafondation du Collège va être reprise en faisant

appel à la contribution de chacun des membres.Outre le Message du Président et plusieursarticles, elle contiendra des informations sur lesséminaires et colloques en Economie de la Santéet sur les formations existantes ainsi que sur lesoffres d’emploi etc.

La lettre sera dès lors publiée chaque trimestrejusqu’à nos jours, autour de tous les thèmesimportants de notre discipline ou des débatsd’actualité. Elle constituera ainsi un vecteur decommunication essentiel entre les membres denotre Association.

2. La publication d’un annuaire

La publication d’un annuaire des membres du CESse fera alternativement sous deux formes :exhaustive (incluant les thèmes de recherches) ou

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résumée aux coordonnées principales de chacun.Cet annuaire sera réalisé pour la première fois en1997, puis actualisé chaque année.

3. Le débat autour du rôle des économistes surles décisions publiques.

En avril 1994, mon éditorial dans la Lettre du CESposait la question : « Les économistes de la santésont-ils tenus à l’écart ? » Nous y répondions ennotant déjà l’influence prise par notre langage etpar les prises de position sur la maîtrise desdépenses de santé ou sur les accords demodération signés par différents acteurs dans cedomaine.

Ce débat se reproduira souvent par la suite, àl’occasion de séminaires ou colloques (L’Etat de laRéforme par exemple, en février 2000). Il donneralieu à la contribution humoristique de J.-C. Saillydans la lettre de décembre 1999, intitulée « Dixbonnes raisons de s’opposer à l’intervention desEconomistes de la Santé ». Mais quand on relit unRapport Officiel tel que le « Livre blanc sur leSystème de Santé et d’Assurance Maladie » (1994)on se rend compte que, outre nos participationsà diverses commissions, c’est surtout par« capillarité » que notre influence se développe.Nos concepts, notre langage ont été peu à peu,sinon adoptés du moins utilisés par des hommespolitiques, des administrateurs, syndicalistesmédicaux ou cadres de l’industrie pharma -ceutique.

4. L’évaluation économique des stratégiesmédicales et des produits de santé

Dès 1994, les bases théoriques en étaientexposées dans la Lettre du Collège ainsi que lanécessité d’une harmonisation des méthodes ducalcul coût/efficacité entre les différents pays quiavaient émis des recommandations à ce sujet.Mais c’est surtout en 1996 que le CES organisera,d’abord une Table ronde sur ces méthodes decalcul économique, ainsi que des séminairesanimés par A. Gafni, Professeur invité, sur lemode des préférences et les mesures de la qualitéde vie dans les études d’évaluation des stratégiesmédicales. La même année et grâce à unesubvention spécifique du syndicat de l’industriepharmaceutique, nous avons pu réunir uneCommission tripartite de 18 membres (experts,administrateurs, industriels) afin d’élaborer desrecommandations aux auteurs d’études françaisesde pharmaco-économie. Celles-ci, au nombre de34 étaient explicitées par les principes directeurset les analyses qui en sont les justifications.Publiées en français et en anglais dans notre Lettred’avril 1997, elles firent l’objet d’un exposédevant le Comité Economique du Médicament auMinistère de la Santé.

5. La création d’un Secrétariat Général duCollège (novembre 1998)

C’est ici que se situe un véritable tournant pour lesCES ! En effet, à ma demande, le ConseilAdministratif du Collège a accepté d’utiliser unmodeste « trésor de guerre » résultant du ColloqueEuropéen de 1992-93, pour proposer à PhilippeUlmann d’incarner la permanence du Collège entant que Secrétaire Général et, un peu plus tard del’installer dans nos locaux d’aujourd’hui.

En effet, Philippe, au cours des mois et desannées qui ont suivi, a déployé un dynamismeet une compétence remarquables qui ont« professionnalisés » notre organisation. C’est àlui qu’on doit la révision de nos anciens statuts etl’adoption d’un règlement intérieur pour unemeilleure efficacité ; un rapprochement avec les« Journées des Economistes de la Santé » souhaitépar J.-C. Sailly ; le développement très notable denos connexions internationales et des initiativespropres à augmenter nos ressources financières. Ila doté le Collège d’une plus grande visibilité avecun site internet et a lancé la base de données diteCODECS (Connaissance et Décision en Economiede la Santé).

6. La base CODECS

En avril 1999, a été lancée une base de donnéesdocumentaires sur les études d’évaluationéconomique menées en France dans le domainede la Santé. L’objectif était de mettre à dispositionà la fois de la communauté scientifique et desdécideurs les résultats des études publiées depuisle début des années 90. Cette base devaitpermettre, dans un domaine donné de lapathologie, d’identifier les études déjà réalisées etleurs auteurs, de connaître les méthodologiesutilisées et de trouver des informations sur lescoûts et sur les résultats d’actions ou de produitsde santé.

Le projet a été soutenu par des subventionsprivées et publiques, de sorte que sa mise en routea pu être assez rapide. Déjà en juin 2000, 326publications avaient été recensées et 44 fichesanalytiques rédigées sur les seules études ditescomplètes, c.à.d. mettant en relation des coûts etdes résultats. Les autres études comportant unseul volet de l’évaluation, ou strictementméthodologiques, ou encore consistant en revuesde la littérature sont l’objet d’une fiche résumée.Rédigées par les économistes du CES, les fichesanalytiques (études complètes) seront validées pardes experts puis par le Comité de Pilotage de labase. Mais les unes et les autres seront d’un accèsgratuit sur le site internet du CES.

CODECS, base uniquement française à ses débutsa pu, par la suite, se fondre dans une nouvelle

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base européenne dite EURONHEED (EuropeanNetwork of Health Economics EvaluationDatabse) tout en y conservant son autonomie.

7. Le Collège et l’Etat de la Réforme

Les réformes des Systèmes de Santé étantd’actualité non seulement en France, mais aussien Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Allemagne,des sessions plénières y ont été consacrées. Puis,de très nombreuses sessions parallèles ont traitéde questions ou de secteurs particuliers :incitations, réseaux de soins, évaluation despratiques en ambulatoire, évaluation desmédicaments, outils des réformes (PMSI,tarificateur…) et questions méthodologiques. Autotal 38 communications ont été présentées et uneTable ronde a traité des aspects politiques etinstitutionnels des Réformes. Une enquête auprèsdes participants a révélé des indices desatisfaction élevés ; la note moyenne obtenueétant 7,23/10.

Un excellent bilan de ces six années a été dressédans la Lettre du Collège de décembre 1999 parGérard de Pouvourville à qui j’ai eu le plaisir depasser le témoin en tant que Président du CES enmai 2000. Son article « Un 3e Millénaire quis’annonce bien… » a marqué très positivement

l’anniversaire des dix ans du Collège desEconomistes de la Santé.

Il reste que trois questions apparues dans cettepériode sont toujours ouvertes :

- Le problème des ressources : n’ayant pas definancement assuré, le Collège doit le trouverdans des initiatives toujours renouvelées.

- Le problème de la juste périphérie des membresdu CES ; partie d’une conception étroite de laqualité des adhérents (docteurs en scienceséconomiques) le statut des membres s’est peu àpeu élargi à des praticiens et à des gestionnairesdes institutions de santé.

- Le problème des débouchés pour les éco -nomistes de la santé : l’étude dite Leonardo surla base de 1458 questionnaires envoyés danstous les secteurs de la santé s’est révélée difficileà interpréter : certes les débouchés seraient rares(0,1% à 1% des emplois) mais les diversesfilières de formation étaient et restent largementméconnues des employeurs potentiels.

Emile LEVYProfesseur émérite

LEDa-LEGOS, Université Paris DauphinePrésident du CES de 1994 à 2000

DE 2000 A 2005

J’ai eu l’honneur et la redoutable responsabilité deprendre la succession d’Emile Lévy à laprésidence du CES en 2000, lors de mon arrivéeau Centre de Recherche en Economie et GestionAppliquées à la Santé. En tant que membre duConseil d’Administration, j’avais déjà été associéau choix stratégique visant à donner uneimpulsion nouvelle aux activités du Collège, cequi s’est traduit par le recrutement d’un secrétairegénéral oh combien dynamique, PhilippeUlmann. Pour rester sur ce registre et parler de lamandature actuelle, je ne peux que nous féliciterd’avoir trouvé en Thomas Barnay un secrétairegénéral qui, avec une personnalité aussi forte maisun style différent, continue à animer notrecommunauté. Enfin, il est hors de question pourmoi de faire un bilan nécessairement partial dema mandature, sauf à dire que le travail accomplia été un véritable travail d’équipe.

Je propose plutôt de mettre en contextel’évolution des activités du Collège et de notrecommunauté avec la place de l’économie de lasanté en France : les réflexions qui suiventn’engagent que moi. A première vue, on pourraitdépeindre un tableau plutôt flatteur de la place del’économie de la santé, tant en termes de qualité

des travaux de recherche menés par nos collèguesen France et de visibilité internationale, qu’entermes de place de l’économie de la santé dansles débats publics et la décision politique.

Je ne suis pas capable d’étayer la premièreobservation par une approche bibliométriquerigoureuse (que le CES pourrait faire, d’ailleurs).Mais je peux faire état des articles que je lis, desmanifestations scientifiques nationales etinternationales (dont pour les premières « nos »JESF, pour les secondes les congrès de l’IHEA etle Health Economics Working Group), laparticipation à des jurys de thèse et d’habilitation,d’octroi de bourse, à des conseils scientifiquesd’équipes de recherche et à des comités d’appeld’offre ou à des groupes d’experts sollicités par lesautorités publiques. Le réseau se renouvelle et sedensifie également grâce à l’arrivée de doctorants.

Le deuxième indice de ce dynamisme scientifiqueest aussi la diversification des questions derecherche abordées. Cette diversification n’est pasindépendante des débats publics autour del’efficience des services de santé : l’économie dela santé, ce n’est plus uniquement le calculéconomique appliqué aux programmes et actionsde soins. Ce serait faire injure aux anciens que de

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dire qu’ils ne s’intéressaient pas à la micro-économie, à la théorie de l’assurance, àl’économie du développement ou aux liens entresanté et croissance. Mais le rôle central donné aucalcul économique dans l’analyse socio-historique de l’économie de la santé par DanielBenamouzig 1, légitime dans son approche dutemps long, doit être relativisé aujourd’hui. Sur cepoint, on doit reconnaître que le CES a joué unrôle actif en accompagnant une réflexioncollective sur l’assurance et l’économie dudéveloppement et maintenant sur le vieil -lissement.

En ce qui concerne la place des économistes de lasanté français dans le débat public, d’aucunsjugeront que cette place est encore sinoninexistante, du moins très fragile. Je serais plusoptimiste : il me semble qu’il n’y a jamais euautant de demandes adressées à notrecommunauté. Certains regretteront que cetteplace soit encore bien insuffisante, par exempledans les processus d’accès au marché pour lesinnovations thérapeutiques. A quand le NICE à lafrançaise ? A contrario, doit-on rappeler que deuxmembres éminents du Conseil d’Administration,et parmi eux un fondateur du CES, un anciensecrétaire général, occupent des postes clés dansl’état-major des trois grands régimes d’assurance-maladie ? Que le Collège de la HAS comporte unéconomiste sur ses huit membres ? Que cetéconomiste est d’ailleurs un des piliers historiquesdu CES ? On peut toujours se plaindre de ne pasêtre écouté, mais au-delà de ces trajectoiresindividuelles, il y a des effets de systèmeimportants. Au plan des réformes entreprises : tantau niveau hospitalier qu’au niveau de la médecinede ville, les pouvoirs publics ont opté pour desréformes (la T2A, le CAPI) utilisant comme levierprincipal l’incitation économique. La présencedes économistes à des postes de responsabilités’est traduit par des embauches de nos étudiants(sans doute encore pas assez) dans les servicesd’études de l’Etat et de l’Assurance Maladie. Lesnotes rédigées par l’Inspection Générale desAffaires Sociales, les rapports de la Cour desComptes, sont inspirées par les concepts et lestravaux publiés en économie de la santé.

J’entends déjà toutes les objections que l’on peutfaire à cette présentation « rose » de la place del’économie de la santé en France. Elles sontévidemment valides, mais l’anniversaire du CESm’autorise à mettre l’accent sur le verre pleinplutôt que sur le verre vide.

Quel rôle le CES a-t-il joué dans ces évolutions ?Là encore, ma prétention à traiter cette questiondépasse les bornes. Mes prédécesseurs donnerontsur ce point un éclairage bien mieux informé. On

peut tout d’abord s’attacher aux fonctionstraditionnelles d’une société savante. Unefonction explicite, la principale, est d’organiser unespace de débat dans une communauté derecherche, espace qui ouvre les possibilitésd’interaction et de partage de connaissance au-delà des appartenances liées au milieu quotidiende travail. Une modalité importante d’interactionest bien entendu l’organisation de réunionsscientifiques, du séminaire au colloque. Laparticipation aux travaux du groupe relève alorsd’une motivation intrinsèque, consubstantielle autravail de recherche. Dans cet espace, circulentnon seulement la connaissance, mais aussil’échange d’informations, d’opportunités derecherche. Une société savante a aussi unefonction sociale : elle vise à devenir un grouped’intérêt au sens large du terme. L’adhésion augroupe relève alors à la fois d’une recherched’identité professionnelle mais aussi de lacroyance que l’action collective peut être plusefficace que l’action individuelle pour mener àbien ses propres projets.

Mais qu’en est-il des bénéfices de l’actioncollective ? L’adhésion au CES et le degréd’investissement dans les activités qu’il proposesont le résultat d’une décision individuelle donttout bon économiste dira qu’elle compare le coûtde la participation aux retombées individuelles. Anouveau, ce n’est pas mon objet de faire un bilande l’action du CES, encore moins un bilan de mamandature en tant que Président. Objectivement,le nombre d’adhérents stables n’a cesséd’augmenter, ce que l’on peut interpréter commeun nombre croissant de collègues qui ont jugéque la balance coût-bénéfice était favorable. Ilserait d’ailleurs intéressant de sonder nosadhérents sur ce point.

Je peux parler en mon nom : mon bilan estglobalement positif. J’ai la chance de participer auconseil d’administration depuis un certain temps,grâce à la confiance des adhérents et le plaisird’être ensemble pèse lourd dans la balance. Pourautant, je voudrais exprimer ici un regret quipourrait prendre la forme d’une proposition. Dansles faits, le CES a toujours adopté une positionprudente dès lors qu’il s’agissait de prendreposition dans le débat public sur la régulation dusystème de santé et les réformes. Chaque membreest en effet libre de s’exprimer en son nom, maisil est convenu, explicitement ou implicitement,que personne ne s’exprime au nom du CES. Ceciest respectable, mais repose en partie sur une idéefausse : celle que toute expression collective doiveêtre consensuelle, ce qui peut être d’expériencedifficile au CES et dangereux dans unecommunauté scientifique. Attention à la penséeunique ! Or, il existe d’autres modes de prise deposition collective qui respecte les avisargumentés des uns et des autres.

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1 Daniel Benamouzig. La santé au miroir de l’Economie. 2005,PUF, Paris.

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Observateur privilégié, s’il en est, de la vie ducollège depuis plus de 10 ans, dont 8 en tant queSecrétaire Général, il me revient la difficile maisréjouissante tâche de faire un bilan de ces deuxdécennies d’existence du CES. Le Président et leSecrétaire Général m’ont en effet sollicité pourévoquer les évolutions du CES et c’est avec plai-sir, avec une petite pointe de nostalgie, que je melivre bien volontiers à cet exercice. J’évoqueraidonc tour à tour le développement de notre com-munauté scientifique qui a accompagné celle duCES et qui a permis la mise en œuvre de projetstrès variés, souvent ambitieux, partant, la péren-nisation de ses structures et sa reconnaissancenationale et internationale parmi les économistesde la santé, et au-delà, des acteurs de la santé.

La constitution d’une communauté scientifique

C’est à partir du début des années 1980, sousl’impulsion de quelques personnes (universitaires,chercheurs…) que s’ébauchait en France unecommunauté scientifique des économistes de lasanté s’inspirant pour partie de l’exemple de noscollègues britanniques qui s’étaient organisés dès1972 sous l’impulsion de figures emblématiquesau sein du Health Economists Study Group. C’estainsi que naissaient au milieu de la décennie1980 les Journées des Economistes de la SantéFrançais directement inspirées du modèlebritannique des workshops de l’HESG. CesJournées, bien que ne s’adossant pas sur unestructure formelle, portaient bien en elles l’actefondateur de la communauté française des

économistes de la santé, initié par quelques-uns àLille, Paris, Dijon, Lyon, qui allaient constituer lacolonne vertébrale de l’économie de la santé enFrance.

Il fallu attendre 1989 (novembre exactement pourla déclaration officielle en Préfecture), la créationdu Collège des Economistes de la Santé,association des économistes de la santé en France,au moment où d’autres faisaient de même enEurope (Espagne, Portugal…). Notre communautése structurait alors en ce début des années 1990avec quelques dizaines de membres et quelquessoutiens d’entreprise ou d’institutions, mais demanière un peu éclatée, voire tiraillée entre desoppositions « Paris-Province », « Anciens-Modernes ». Celles-ci me sont rapidementapparues, après mon arrivée au Collège, commetrès exagérées, dénuées de fondement et reposantsurtout sur un malentendu

La priorité, pour le nouveau Secrétaire Généralque j’étais, fut bien de fédérer notre petitecommunauté en croissance. Sans cela le Collègevoyait ses perspectives de développement et dereconnaissance limitées.

Le développement du Collège

Ainsi, en 1998, à mon arrivée, le Conseild’Administration et surtout le Président del’époque, Emile Lévy, avait souhaité redynamiserl’association. En effet, après quelques faitsmarquants lors de sa première décennied’existence, comme le grand colloque de 1992,évoqué par Simone Sandier dans son article, ou

LES 20 ANS DU COLLEGE

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On peut en effet adopter une autre politique.Dans une discussion récente avec un collègue,nous avons évoqué le fonctionnement du Conseild’Analyse Economique, qui, bien qu’ayant unmandat public officiel, semble fonctionner avecune grande liberté de paroles. Si j’ai bien comprisle modus operandi du CAE, il reçoit certes descommandes de l’exécutif, mais il est libre des’organiser pour y répondre. La règle est deconfier l’écriture d’un rapport à quelquesmembres, qui vont faire un travail approfondi derevue de la littérature et réflexion ; le rapport estalors soumis à d’autres membres du groupe, quien font une lecture critique (au bon sens du terme)et peuvent exprimer leur désaccord. Lescontroverses ne sont pas gommées, le produitfinal comporte à la fois le travail initial et lescommentaires des collègues. Certes, le CES n’aaucun mandat « officiel », ne reçoit aucune

commandite, mais de ce fait a aussi la liberté des’auto-saisir. Il me semble qu’adopter un mode defonctionnement semblable (en fonction des goûtset de la disponibilité des uns et des autres) nouspermettrait à la fois - et c’est là que réside mafrustration - de mener en interne jusqu’au bout desdiscussions qui ne sont qu’amorcées dans la Lettredu Collège, parfois au cours des colloques,séminaires et assemblées générales et égalementd’être mieux présent (le mieux pour insister sur laqualité des productions plutôt que sur la quantitéde participation à des instances décisionnelles)dans le débat public. Car l’économie est unescience politique.

Gérard DE POUVOURVILLEESSEC

Président du CES de 2000 à 2005

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les « guidelines » de 1997, les administrateursétaient arrivés à la conclusion que seule uneactivité régulière et le développement de projetspouvaient asseoir véritablement le collège et luipermettre de répondre à ses objectifs tels que sesstatuts les explicitent.

Il fallait donc s’appuyer sur une communautérassemblée et favoriser son développement. Ils’agissait là d’un objectif primordial et il acertainement été atteint, peut-être au-delà desattentes des fondateurs de l’association.

Ainsi, le Collège compte aujourd’hui plus de 300membres, alors qu’il n’en comptait qu’unesoixantaine lors de ses 10 ans et un nombreencore plus limité lors de sa création ! Deseffectifs triplant tous les dix ans, quel signe dedynamisme et de vigueur ! Malheureusement, cerythme risque d’être difficile à tenir dans lesprochaines années…

Une autre source de satisfaction provientégalement dans la diversité des membres du CESqui n’a cessé de s’affirmer au cours des années.Essentiellement composée de membresindividuels et de quelques membres entreprises,l’association s’est dans un premier temps assuréele développement de l’adhésion de cettecatégorie de membres. Puis progressivement, lesefforts ont porté sur l’ouverture à d’autres enouvrant les statuts du CES : création des statuts demembres institutionnels puis de membres centresde recherches au cours de sa première décennied’existence puis aux membres étudiants et enfinplus récemment aux membres professionnels.Cette évolution, si elle témoigne de la diversité denotre communauté, répondait également à lanécessité de s’adapter aux attentes des membres,à l’évolution de notre environnement scientifiqueet institutionnel et surtout de s’enrichir desapports de chacun.

Parallèlement à cette ouverture, le Collègebénéficiait du renforcement des équipes derecherche autour de l’axe traditionnel Lille-Paris-Dijon-Lyon, avec au fil des 2 décennies,l’émergence et l’affirmation d’autres centrescomme Aix-Marseille, Montpellier, Clermont-Ferrand. On peut toutefois s’étonner que malgréquelques éminents collègues à Nantes, Rennes,Toulouse ou Bordeaux, l’économie de la santésemble avoir du mal à se développer dans l’ouestde la France !

Mais au-delà du développement de la discipline,du nombre et de la diversité de ses membres,l’affirmation et la pérennisation du CES tiennentsurtout au renforcement de ses structures depuis

20 ans et notamment à l’investissement desadministrateurs qui se sont succédés pour fairevivre l’association en gardant toujours commeligne directrice les objectifs fondateurs del’association. Il est difficile de les citer tous et deles remercier individuellement (près d’unequarantaine de membres se sont succédés à cesfonctions) mais ils ont tous œuvré à leur manièreet dans leur domaine au développement du CESet à son rayonnement… Je ne saurais toutefoisévoquer les administrateurs sans une penséeparticulière pour Yves-Antoine Flori, disparu troptôt.

Cependant, le dynamisme et l’utilité d’uneassociation telle que la nôtre ne se jugent pas aunombre de ses membres ou à leur valeur maisbien aux projets qu’ils ont mis en œuvre. C’estbien à cela que l’on peut mesurer le cheminparcouru depuis 20 ans et juger de la place quele CES occupe aujourd’hui.

Les nombreuses réalisations du Collège

Parmi les principaux objectifs d’une associationtelle que le CES, l’animation scientifique figurebien évidemment en toute première place. Dèsson origine, les fondateurs du Collège ontorganisé des séminaires de travail et descolloques mais également créé une Lettre,vecteur de communication entre les membres,mais également lieu d’expression oud’information sur les principales thématiquesd’actualité de la recherche ou du système desanté. Au cours de la première décennie, cesactivités ont permis d’animer la communautémais également de l’ouvrir aux autres acteurs dusystème de santé, mais de manière tropirrégulière pour permettre au CES d’avoir unevéritable assise scientifique et institutionnellepérenne. Partant de ce constat, les admini -strateurs ont donc décidé, à l’occasion des 10 ansdu Collège, de se doter de structures et des’investir plus encore dans la vie de l’associationen développant l’animation de notre milieu.Premières traductions de cette volonté, laparution trimestrielle de la Lettre du Collège,avec une régularité jamais démentie depuis 1999,et la publication tous les ans de l’annuaire desmembres. Au delà de ces échanges écrits,l’association s’est massivement investie dansl’outil internet, favorisant le lien permanent avecses membres et une diffusion très fréquente del’information.

Autre incontournable de la vie scientifique : lescolloques. Ainsi, en 1999 puis en 2000, deuxcolloques nationaux d’importance ont été

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organisés. Le CES s’est au même moment de plusen plus investi dans les Journées des économistesde la santé français. L’association a égalementorganisé des cycles de conférences surl’assurance ou plus récemment sur levieillissement.

En 2002, le CES organisait le 4ème colloqueeuropéen d’économie de la santé ayant réuni plusde 700 participants et relançant ces rencontreseuropéennes qui depuis se déroulent tous lesdeux ans en Europe en alternance avec lescolloques mondiaux de l’iHEA. A peine 18 moisplus tard, le Collège initiait un nouveau type derencontres, le workshop franco-britanniquefavorisant ainsi les échanges entre les deux côtésde la Manche, à nouveau organisé en 2006, cettemanifestation particulièrement appréciée par les2 communautés est appelée à se rééditer dans lesprochaines années. Les succès et la notoriétéacquise à ces occasions du Collège et deséconomistes de la santé français ont permis deplacer notre association au cœur des décisions etde la structuration de la communautéinternationale et européenne.

Fort de ces succès et de cette reconnaissance enFrance et à l’étranger acquise par les colloquesmais également par les publications de sesmembres, le CES a mis en place au cours de cetteseconde décennie plusieurs projets d’ampleur,certains reposant sur des collaborationsinternationales.

Je me contenterais ici de revenir sur lesprincipales réalisations internationales, EmileLévy, Gérard de Pouvourville et Claude Le Penrevenant dans leurs contributions respectives surtous les projets nationaux : CODECS, guidelineset les différents travaux menés ou en cours pourle compte de partenaires institutionnels tels quel’HAS, le DREES, le LEEM… ou encore les cyclesde formation en économie de la santé organiséspour les caisses de sécurité sociale (CNAMTS,RSI…)

Deux grands axes de coopération internationalesont ainsi été développés par le Collège au coursdes dix dernières années, outre les colloquescités précédemment : l’évaluation économiquedes stratégies de santé d’une part avec leprojet EURONHEED (EUROpean Network onHealth Economics Evaluation Databases) etl’organisation et le financement des systèmes desanté d’autre part avec notamment les initiativesà destination des pays en développement dont leprojet ESPAD (Economie de la Santé dans lesPAys en Développement).

Dans ce domaine, la principale réalisation restebien évidemment le projet EURONHEED, financépar la Commission Européenne pendant 3 ans etdont le Collège était le coordinateur. Ainsi 7 desprincipaux centres de recherches en économie dela santé en Europe se sont associés pour réaliserla première base de données analytique auniveau international dans le domaine del’économie de la santé, à partir des modèlesexistants au Royaume-Uni (NHS EED) et enFrance (CODECS). Ce projet, structurant pour leCES, a permis de faire évoluer la connaissancedans ce domaine, contribuer à des travauxcommuns sur la méthodologie de l’évaluation, latransposition des études et donner lieu à plusieurspublications. EURONHEED a par ailleurs pucontribuer à la décision publique en santé, ce quiconstituait l’un de ses principaux objectifs.Malheureusement, le projet a été suspendu aubout de 5 ans dans la plupart des centres, faute desubventions au delà des trois premières années.Cependant, la base continue à être alimentée parquelques partenaires qui poursuivent le travail etil demeure toujours une volonté commune derelancer le projet en obtenant à nouveau desfinancements européens. Malgré cette situation,le bilan que l’on peut tirer de ce projet estindiscutablement positif pour le CES et plusgénéralement la diffusion au niveau internationaldes concepts et des résultats de l’évaluationéconomique en santé avec une véritable rigueurscientifique harmonisée.

L’autre volet de ces projets internationaux s’estorienté au début des années 2000 vers les pays endéveloppement à l’initiative de plusieurscollègues de Clermont-Ferrand, Marseille, Parisou d’autres encore, notamment au seind’institutions nationales et internationales.

En effet, dans un contexte de préoccupationcroissante des organisations internationales,notamment non gouvernementales (OMS,Banque Mondiale, PNUD, BIT…), pour la santédans les pays en développement, le Collège asouhaité développer ce nouvel axe decoopération internationale. Un groupe de travails’est donc constitué, sous l’appellation ESPAD, eta initié différents projets. Il s’est agit tout d’abordde recenser tous les chercheurs travaillanten France et plus généralement dans laFrancophonie sur les problématiques d’orga -nisation et de financement des dépenses de santédans les pays en développement. Le groupeESPAD a bénéficié d’un espace dédié sur le sitedu Collège, une Lettre a été lancée, un nombrecroissant de spécialistes ont intégré le groupe et

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LE CES DE 2005 A NOS JOURS

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J’ai eu le plaisir et l’honneur d’être élu à laPrésidence du CA du CES en 2005, à la suite deGérard de Pouvourville. Mon deuxième mandats’achèvera en 2011 et l’heure n’est donc pasvenue des bilans ni de la contribution à l’histoiredu CES pour l’édification des générationsfutures ! Je me contenterai donc ici d’évoquer lesaxes stratégiques d’une présidence qui a débutédans un contexte matériel difficile en raison del’arrivée à échéance des subventions nationaleset européennes dont le Collège avait bénéficiédans la période précédente au titre des projets debases de données bibliographiques CODECS etEURONHEED qu’ont évoqué mes prédécesseurs.

Ces financements avaient profondément modifiéle mode d’organisation et de fonctionnement duCES, comme le rappelle Emile Lévy, et leur arrêtnous a imposé à moi-même et à Thomas Barnayqui a succédé à Philippe Ullmann au secrétariatgénéral un an après mon arrivée, des contraintessur lesquelles je reviendrai. Mais bien entendu, ma priorité a été de mainteniret de développer l’activité « scientifique » duCES, à travers plusieurs initiatives nouvellescomme le cycle de six conférences surl’« économie du vieillissement » conçu encollaboration avec la Fondation caisse d’épargnepour la solidarité et la CNSA, les conférences pré-

des manifestations internationales ont étéorganisées en partenariat avec le CES (colloqueinternational de Clermont-Ferrand, conférence etsessions de formation avec la banque Mondialepour les pays d’Afrique francophone, publicationdes actes dans un ouvrage commun BanqueMondiale-CES…). Le Collège, via le groupeESPAD, a également contribué à structurer lacommunauté francophone des économistes de lasanté et plus généralement des spécialistes dufinancement de la santé dans les pays du Sud.

Cette nouvelle direction donnée au Collège aucours des dernières années a enfin contribué àfavoriser les recherches dans ce domaine, commeen témoignent les sessions des JESF quiconsacrent désormais chaque année desinterventions sur ces thématiques.

D’autres initiatives internationales pourraient êtrecitées, comme le projet Léonardo évoqué parEmile Lévy, ou encore l’expertise et la sessionde travail organisées pour le compte duGouvernement canadien sur l’offre de soins…Elles sont toutes révélatrices de la placedésormais occupée par le Collège dans le concertinternational de l’économie de la santé.

Conclusion

Grâce à tous ses projets, ses publications, sonimplication dans les débats théoriques etpratiques, la vitalité de notre communautéregroupée, le CES a pu acquérir une réellereconnaissance en France et à l’étranger, tantd’un point de vue institutionnel que scientifique,qui en font aujourd’hui l’interlocuteur naturel etincontournable de tous les acteurs de la santédans le concert tant national qu’international dela gouvernance des systèmes de santé

Outre le rassemblement de toute la communautéscientifique française, pré-requis nécessaire àl’essor de l’association et sa pérennisation, selonmoi la plus grande satisfaction à l’occasion de cevingtième anniversaire est bien la reconnaissancenationale mais plus encore internationale acquisepar le Collège et notre communauté scientifique.Il ne s’agit pas uniquement du plaisir d’êtreconsidéré par les pouvoirs publics en France oules collègues à l’étranger comme un acteur quicompte dans le concert national et internationalmais bien de favoriser, comme l’indique Gérardde Pouvourville dans sa contribution, la diffusiondes concepts et des analyses développés dansnotre champ.

Je ne saurais terminer cet article sans adresser unhommage appuyé et sincère aux présidents qui sesont succédés à la tête du Collège. On a coutumede dire qu’une institution est réellement portéepar son président ou son directeur. Pour leCollège, ceci s’est oh combien vérifié depuis 20ans…

Enfin, je laisserais aux autres contributeurs de cenuméro, présidents d’honneur et président enexercice, émettre des souhaits pour l’avenir duCollège, ses activités et ses missions. Pour mapart, je me contenterais de formuler le vœu quedans 20 ans nous soyons encore plus nombreuxau Collège pour nous féliciter d’appartenir à unecommunauté aussi dynamique, sympathique etutile pour notre société.

Philippe ULMANNDirecteur de la politique de santé et gestion du

risque Caisse nationale RSISecrétaire Général du CES de 1998 à 2006

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AG, devenues de vrais colloques scientifiques, etla rédaction de « guidelines » sur les modèlesd’impact budgétaire dans le prolongement denotre travail antérieur sur les recommandationspour l’évaluation économique des biens etstratégies de santé.

Un élément central de cette politique a été larelance, après quelques années d’interruptions,des Journées des Economistes de la SantéFrançais (JESF) dont les trois dernières éditions(Dijon, Lille, Paris) ont connu un véritable succèspopulaire et scientifique sous la houlette d’uncomité actif, présidé par Sophie BEJEAN etcomposé majoritairement de « jeunes »chercheurs (du moins par rapport à la générationfondatrice !). La publication d’un gros numéro dela Revue Economique en Mai 2009 nourrides meilleurs papiers des Journées de Lillesélectionnés de manière anonyme et indé -pendante, matérialise ce renouveau, en exprimela haute tenue scientifique et constitue la plusbelle vitrine qui soit pour notre association, enmême temps qu’une reconnaissance de lacommunauté des économistes académiques.Nous récidiverons car les meilleurs papiers desjournées de Rennes, début décembre, ferontl’objet d’un numéro spécial de la Revued’économie publique, dans les mêmes conditionsde rigueur éditoriale.

La vie d’un Président du CES serait un petit fleuvetranquille s’il n’avait qu’à « gérer » la dimensionscientifique de l’association. L’arrêt de laressource automatique que constituaient lessubventions publiques ou parapubliques, lecontraint aux tâches ingrates et difficiles de« fund raiser ». Il existe en effet un lien étroitentre le rayonnement scientifique du CES et sesressources de fonctionnement. Sans locaux, sanspermanents, sans secrétaire général, le Collègeaurait du mal à tenir le rang qui est le sein et quiest unique parmi les sociétés savantes enéconomie et gestion.

Il a donc fallu affronter la situation dans deuxdirections, d’abord en amorçant un mouvementde « downsizing » en douceur de l’organisationque nous avons pu mener à bien en nousappuyant sur des financements temporaires maisbien utiles comme ceux liés à la base de coûtshospitaliers menés par Gérard de Pouvourville.Cet ajustement ne s’est pas fait au détriment del’activité du CES qui s’est au contraire densifiéecomme nous l’avons vu plus haut. Il faut en êtrereconnaissant à tous ceux, au CA comme dansl’administration du CES, qui ont pu rendre cettedivision par deux de nos coûts de fonction -nement possible.

La seconde direction a consisté à chercher ettrouver des ressources nouvelles, principalementdans des actions de formation à l’économie de lasanté pour des institutions publiques. Cesressources n’ont pas le confort des subventions.Elles ne sont pas pluriannuelles ; elles sont lacontrepartie d’une vraie « prestation de services »dans un contexte concurrentiel ; elles impliquentla mobilisation des forces vives du CES et non pasd’une « task-force » spécifique et rémunéréecomme dans le cas des bases de données. C’estgrâce à l’engagement et à la compétence deschercheurs et des centres de l’épine dorsale Lille-Paris-Lyon-Marseille que nous avons pu mener àbien cette « reconversion », caractérisée - il fautbien le dire - par un haut niveau de satisfactionde nos « clients ». Outre l’apport financier, cesactions nous crédibilisent auprès des acteursessentiels du monde de la santé et contribuent ànotre rayonnement collectif.

Ce même modèle coopératif a été appliqué à unprojet de recherche sur l’impact du vieillissementsur la consommation pharmaceutique. Le CES alancé un appel d’offre en son sein et attribué le« marché » à deux équipes qui y avaient réponduet qui travailleront de concert. C’est la premièrefois que le CES joue un rôle de coordinateurscientifique dans une étude et cela peut ouvrir àtermes des perspectives nouvelles et intéres -santes. Le CES n’a en effet pas vocation à être leconcurrent de ses composantes en produisant desétudes lui-même. Il peut en revanche être un lienet un garant de qualité et de pertinence entre desinstitutions intéressées par des recherches de typeacadémique et des centres et des individus enmesure de les réaliser.

Ainsi de manière mi-réfléchie mi-empirique, unnouveau « modèle économico-scientifique » duCES s’est-il progressivement mis en placereposant une activité scientifique forte et visiblefinancée par des actions de prestations deservices compatibles avec son rôle et sesmissions, soutenue par une organisation réduite,et mené par un CA engagé où règne uneambiance dynamique et sympathique. Ce modèleest-il soutenable ? Je le crois. Il nécessitera desajustements. Il évoluera sans doute. Mais ilpermet aujourd’hui au CES, dans uneconjoncture délicate, d’être fidèle à sa missionqui est de promouvoir la parole et les analyses del’économie de la santé dans le monde de ladécision publique. Sous cet aspect, le plusimportant à mes yeux, la continuité avec mesprédécesseurs a prévalu.

Claude LE PENLEDa-LEGOS, Université Paris Dauphine

Président du CES depuis 2005

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C O L L È G E D E S É C O N O M I S T E S D E L A S A N T É

Les Coordonnées du Collège

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La Lettre du Collège :Directeur de rédaction : Claude Le Pen.Secrétariat de rédaction : Thomas Barnay, Olivia Clémentet Donia Ait Omar.Tirage : 750 exemplaires.Réalisation : Louyot.ISSN : 1953-6755