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1 Ce déchirement, exprimé par une femme que des jeunes consultaient sur leur avenir, met le doigt sur de graves et douloureuses situations. Dans tous les pays, des jeunes et des adultes sont acculés à des choix impossibles : être enfermés durablement dans le chômage et l'inutilité ou s'exiler et souvent pour longtemps afin de subvenir aux besoins de leur famille et leur communauté. L'absence prolongée des parents finit par briser les liens familiaux. Dans quel avenir les enfants sont-ils projetés ? Quelles per- spectives peuvent s'ouvrir à des jeunes privés d'ins- truction, de formation, de soutiens dans un monde en perpétuelle évolution ? En raison de leur extrême pauvreté, des millions d'hommes et de femmes se trouvent relégués dans des zones de non-droit et de non-respect, progressi- vement coupés de liens d'égalité avec le reste de la société. Les sociétés s'organisent en accordant peu de poids, peu de protection, peu de reconnaissance à ces personnes qui contribuent à leur essor économique, social et culturel et à la protection de l'environnement. L'absence, voire la rupture de liens avec ces hommes et ces femmes, finit par être considérée comme une conséquence normale et inévitable de l'évolution des sociétés. En occultant de nos vies et de nos ambi- tions ces millions de personnes dans l'extrême pau- vreté, n'acceptons-nous pas de vivre le présent et de penser l'avenir sans elles ? Cela équivaut à créer des exclusions organisées qui représentent une violence extrême. Vivre la paix à partir des plus pauvres, c'est chercher en permanence à créer des liens les uns avec les autres, dans le respect de la dignité et le refus de l'a- bandon et de l'exclusion. C'est à cette recherche qu'ont donné leur accord les 167 000 personnes qui dans 152 pays ont signé la Déclaration de Solidarité, outil de mobilisation de la campagne « Refuser la misère, un chemin vers la paix » menée en 2006- 2007. Ce numéro de la Lettre aux amis du monde s'en fait l'écho, rendant compte des liens tissés entre person- nes de tous milieux et horizons, dans des villages reculés comme dans des grandes villes, dans des mairies, des lieux culturels, des associations, des centres universitaires ou encore au sein d'une instan- ce internationale. Le 17 octobre 2007, comme chaque année depuis 1987, d'un continent à l'autre des hommes et des femmes se sont liés pour donner la parole aux plus pauvres et proclamer ensemble l'urgence de se rassembler et de vivre la paix à partir d'eux et avec eux. Amplifions ce courant, incitons d'autres à le rejoin- dre. Une façon significative de marquer son accord sera de signer et faire signer de façon permanente le message gravé sur la Dalle à l’honneur des victimes de la misère et à l'origine de la Journée internationa- le pour l'élimination de la pauvreté : « Là où des hommes et des femmes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. Joseph Wresinski ». HUGUETTE REDEGELD, VICE PRÉSIDENTE É ditorial Mouvement international ATD Quart Monde 107, avenue du Général Leclerc - 95480 Pierrelaye - France MAI 2008 – N° 68 LETTRE AUX AMIS DU MONDE Forum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde Se rassembler et vivre la paix à partir des plus pauvres « Que puis-je répondre aux jeunes de mon pays qui veulent chercher ailleurs un avenir au risque de leur vie ? »

Éditorial Se rassembler et vivre la paix à partir des plus pauvres · 2014-07-25 · 1 Ce déchirement, exprimé par une femme que des jeunes consultaient sur leur avenir, met le

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Ce déchirement, exprimé par une femme que desjeunes consultaient sur leur avenir, met le doigt surde graves et douloureuses situations. Dans tous lespays, des jeunes et des adultes sont acculés à deschoix impossibles : être enfermés durablement dansle chômage et l'inutilité ou s'exiler et souvent pourlongtemps afin de subvenir aux besoins de leurfamille et leur communauté. L'absence prolongéedes parents finit par briser les liens familiaux. Dansquel avenir les enfants sont-ils projetés ? Quelles per-spectives peuvent s'ouvrir à des jeunes privés d'ins-truction, de formation, de soutiens dans un mondeen perpétuelle évolution ?

En raison de leur extrême pauvreté, des millionsd'hommes et de femmes se trouvent relégués dansdes zones de non-droit et de non-respect, progressi-vement coupés de liens d'égalité avec le reste de lasociété. Les sociétés s'organisent en accordant peude poids, peu de protection, peu de reconnaissanceà ces personnes qui contribuent à leur essoréconomique, social et culturel et à la protection del'environnement.L'absence, voire la rupture de liens avec ces hommeset ces femmes, finit par être considérée comme uneconséquence normale et inévitable de l'évolutiondes sociétés. En occultant de nos vies et de nos ambi-tions ces millions de personnes dans l'extrême pau-vreté, n'acceptons-nous pas de vivre le présent et depenser l'avenir sans elles ? Cela équivaut à créer desexclusions organisées qui représentent une violenceextrême.

Vivre la paix à partir des plus pauvres, c'est chercheren permanence à créer des liens les uns avec lesautres, dans le respect de la dignité et le refus de l'a-bandon et de l'exclusion. C'est à cette recherchequ'ont donné leur accord les 167 000 personnes quidans 152 pays ont signé la Déclaration de Solidarité,outil de mobilisation de la campagne « Refuser lamisère, un chemin vers la paix » menée en 2006-2007.Ce numéro de la Lettre aux amis du monde s'en faitl'écho, rendant compte des liens tissés entre person-nes de tous milieux et horizons, dans des villagesreculés comme dans des grandes villes, dans desmairies, des lieux culturels, des associations, descentres universitaires ou encore au sein d'une instan-ce internationale. Le 17 octobre 2007, commechaque année depuis 1987, d'un continent à l'autredes hommes et des femmes se sont liés pour donnerla parole aux plus pauvres et proclamer ensemblel'urgence de se rassembler et de vivre la paix à partird'eux et avec eux.

Amplifions ce courant, incitons d'autres à le rejoin-dre. Une façon significative de marquer son accordsera de signer et faire signer de façon permanente lemessage gravé sur la Dalle à l’honneur des victimesde la misère et à l'origine de la Journée internationa-le pour l'élimination de la pauvreté :« Là où des hommes et des femmes sont condamnésà vivre dans la misère, les droits de l'homme sontviolés. S'unir pour les faire respecter est un devoirsacré. Joseph Wresinski ».

HUGUETTE REDEGELD,VICE PRÉSIDENTE

Éditorial

M o u v e m e n t i n t e r n a t i o n a l AT D Q u a r t M o n d e107, avenue du Général Leclerc - 95480 Pierrelaye - France MAI 2008 – N° 68

LETTRE AUX AMIS

DU MONDEForum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde

Se rassembleret vivre la paix à partirdes plus pauvres

« Que puis-je répondre aux jeunes de mon paysqui veulent chercher ailleurs un avenir au risquede leur vie ? »

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« Signer est un simple geste,agir est essentiel »

Je trouve aberrant que dans mesclasses, depuis 36 ans, jecontinue de voir la majorité dugroupe à la rentrée scolairesouffrir pour la simple raisonque leurs parents n’ont pas lesmoyens de leur acheter lesfournitures scolaires, que lesparents à leur tour viennentprésenter des excuses auprèsdes professeurs afin qu’ilstolèrent leurs enfants enclasse sans affaires.Je trouve cette situationhumiliante pour la dignitéhumaine. Et quelle injusticede voir l’association deparents aisés défavoriser desenfants innocents en leur« offrant » un petit matériel dedernière marque ! Ces enfants ne sont pasobjets de charité, ils ne sont pas coupables de leursituation. Ils sont des êtres humains dignes d’amour, derespect et ont droit à la dignité.La misère est une cause et il est de mon devoir social ethumain d’agir. Sensibiliser les jeunes est aussi un pas pourchanger la face du monde. Signer (la Déclaration deSolidarité) est un simple geste, agir est essentiel. Demain,je porterai au tableau d’affichage « 17 octobre, Journée de ladéclaration contre la misère ». Je porterai unruban multicolore que j’attacherai à lapetite poche de ma blouse en mémoire decette journée. Je demanderai à mes élèves deréaliser des affiches « Refuser la misèreest un chemin vers la paix ». Jechanterai l’hymne à l’amitié de Rossiniet je la leur ferai apprendre. Ondit : « La musique est univer-elle ». Je dis : « La lutte pour ladignité de l’homme l’est pluspuisqu’elle n’a ni religion, nipatrie. » L’humanité est notremère qui rejette la différenceet l’indifférence.

Saadia Z., Maroc

« Réflexions partagées,des bases pour l’action »

Le 17 octobre, journée où la parole est donnée auxpersonnes vivant dans la pauvreté, a été marquée pour lapremière fois cette année en Israël. L’événement principala compris plusieurs réunions et une discussion communeavec des responsables politiques, des représentants deservices sociaux, des médias et des formateurs d’opinion,des travailleurs sociaux, des directeurs d’entreprises, desreprésentants de mouvements de jeunesse, desuniversitaires et des personnes vivant dans la pauvreté (...).Une des intervenants a présenté l’action menée avec ungroupe de mères célibataires à Jérusalem Est. Après s’êtreconnues et avoir appris les unes des autres, les femmes sesont organisées en groupe indépendant de soutien et dereconnaissance mutuels et ont elles-mêmes introduit deschangements au sein de leur famille et plus largementdans la communauté. Un participant a conclu que, pourles responsables, le grand défi est de chercher commentdevenir des émissaires politiques de leurs « clients » etétablir un partenariat authentique et honnête aveceux (...). Dans la conclusion, les organisateurs ontencouragé les participants à prendre lesréflexions partagées comme bases d’action et decréation d’alliances.

Comité de pilotage du 17 octobre 2007, Israël

LLAA DDEECCLLAARRAATTIIOONN DDEE SSOOLLIIDDAARRIITTEE :: «« JJ’’YY CCRROOIISS »»

Pourquoi tant de personnes, en leur nom propre ouau nom de l’association ou instance qu’elles représen-tent, ont-elles signé la Déclaration de Solidarité ?« Parce que j’y crois » est la réponse d’une personneau Pérou. Qu’en disent quelques autres ?

JJee ssiiggnnee ppaarrccee qquuee......

• ...personne n’a accepté d’être pauvre. Nous devonslutter contre cette misère qui tue des gens.

• ...nous devons refuser la misère pour emprunter lechemin qui mène à la paix.• ...nous devons être solidaires des personnes qui viventla pauvreté car à cause de la pauvreté, les droits del’homme ne sont pas respectés. Nous devons humanisernos rapports avec autrui.• ...je suis jeune ! Si l’avenir appartient aux jeunes, alorsnous devons contribuer à nous garantir un lendemainmeilleur ; le refus de la misère est devenu à travers lesObjectifs du Millénaire pour le Développement une luttemondiale sous la bannière de l’ONU.

Des exemples de mobilisation...

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« Pour libérer les pauvres,leur accorder de la considération »

Ma présence à la célébration du 17 octobre 2007 est unhonneur pour tous ceux qui souffrent beaucoup. J’aiconnu la souffrance (j’ai dormi dehors avec ma femme etmes enfants). J’ai été humilié, honni...Aujourd’hui, moi, un pauvre déplacé de guerre, jeparticipe au colloque international « Quels droits pour lespauvres en Côte d’Ivoire ? » Ainsi, me voici assis avec despersonnalités qui prennent des décisions au plus hautniveau, comme des Ministres, des professeurs, desdocteurs, etc. J’ai eu droit à la parole et j’ai dit : « Il n’estpas bon de parler des pauvres en leur absence. » J’ai étéécouté et mes paroles ont été prises en compte. Parce queles organisateurs ont promis que prochainement, ilsprendront toutes les dispositions pour que les hommes etles femmes des milieux de grande pauvreté soientprésents. Cela change beaucoup car ça veut dire que lespauvres peuvent prendre des décisions concernant leurpays. Cela veut dire également que le pays ne se bâtit pasavec les riches uniquement (...). Les pauvresdoivent être formés, apprendre à prendre laparole pour être dans un dialogue avec toutle monde. Ce qui peut libérer les pauvres,c’est leur accorder de laconsidération. (...) Aujourd’hui jerelève tout doucement la tête. J’utilise lefootball pour pouvoir rencontrer pluspauvre que moi...

Alexis B., Côte d’Ivoire

« Des signatures solidaires »Depuis le mois de mars 2007 à Santa Cruz en Bolivie,l’organisation Únion de Cristianos Emaus Montero s’estadonnée à la tâche de récolter des signatures « solidaires »en réponse à la Déclaration de Solidarité.«... Pour cela nous avons sollicité la collaboration depersonnes qui ont des contacts dans les marchés, lesuniversités, le voisinage, pour qu’ils fassent connaître lemessage de la Déclaration afin que les gens sachentpourquoi ils signent. Cela ne fut pas très facile deconscientiser les gens, plusieurs avaient l’expérienced’avoir soutenu certaines campagnes politiques ou autres,qui les avaient déçus, mais lorsqu’ils apprenaient qu’ils’agissait de quelque chose de plus grand, que c’était aubénéfice de personnes les plus nécessiteuses et de tousceux qui s’engagent avec elles, ils étaient convaincus etsignaient. Pour la joie de tous, nous avons récolté un totalde 10 200 signatures, qui sont devenues solidaires del’élimination de l’extrême pauvreté. »

Alberto A., Bolivie

JJee ssiiggnnee ppaarrccee qquuee......

• ...le monde est en construction et je veux apporter macontribution.• ...en tant que défenseurs des droits de l’homme noussommes appelés à lutter contre les injustices sociales.Avec la misère nous ne pouvons rien faire pour marchervers la paix.• ...je suis fondateur d’une association qui lutte contrela misère qui ne cesse de s’accroître. Il n’y a qu’unpauvre pour connaître les problèmes des pauvres. A moi

de clamer très haut et fort : la pauvreté n’est pas unefatalité, unissons-nous et combattons-là.• ...l’élimination de la pauvreté est la responsabilité dechaque être humain. Nous ne sommes pas seuls. Nousfaisons partie de la même famille. Nous ne pouvons êtreaveugles devant les besoins et les souffrances des autres.• ...si nous travaillons ensemble nous aurons un mondeplus juste et plus fraternel.• ...l’extrême pauvreté fait perdre sa dignité à chacunde nous et nous atteint tous de façon directe ou indirecte.

(Suite des témoignages en page 6 et 7)

« Sur les antennes de RFI »Je voudrais apporter tout mon soutien pour la journéedu 17 octobre (...) J’ai suivi heure par heure cette jour-née sur les antennes de RFI et j’ai vraiment ététouché par les nombreux témoignages sur lapauvreté à travers le monde. J’ai particulière-ment écouté les témoignages des auditeurs duBénin, du Cameroun, de Madagascar, etc. etles interviews des volontaires d’ATD QuartMonde. Cela m’a beaucoup encouragé et m’adonné envie de lutter davantage pour éradiquerla pauvreté dans le monde. (...) Pour ma part,j’ai réuni une vingtaine d’étudiants et nous avons pendantprès de trois heures débattu sur les causes de la pauvretéet la manière la plus efficace de lutter contre la pauvreté.

Banacéma S., Togo (Suite des exemples en page 7 et 8)

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Alors que des événements internationaux sedéroulent sur le Parvis des droits de l’homme et deslibertés à Paris et au siège des Nations Unies à NewYork, des initiatives locales et nationales rassemblentdes milliers de personnes ailleurs dans le monde.Originales et venant de la base, ces initiativesrenforcent le sens et l’impact des événementsinternationaux.

« Nous voulons être des agents de changements.Nous sommes venus pour écouter. »

17 octobre 2007, 10 heures du matin : à pied, enbus, par le train, des personnes de tous horizons convergentvers le Parvis des droits de l’homme à Paris, France. Aumême moment à travers le monde, d’autres vont à larencontre de communautés marquées par la misère etl’exclusion. A Nairobi, Kenya, Ragot O. décrit une visitechez des personnes vivant dans des bidonvilles qui a étél’occasion d’échanges sur la santé, l’environnement, lemanque d’emploi. Au nord ouest de Nairobi, Catherine K.commence sa journée à Njoro avec le peuple Ogiek, ungroupe indigène qui lui est cher, avec lequel elle a vécu ettravaillé.Pendant ce temps, de l’autre côté du continent, des jeunesdésherbent les chemins broussailleux qui mènent aux villagesde Ekwankrom et Jukwa au Ghana, et nettoient les zonesenvironnantes. Des membres de la « Fondation Trinity pourles soins et les besoins » vont rencontrer les habitants chezeux, dans les écoles et au poste de santé pour entendre lesquestions auxquelles ces communautés sont confrontées etcomment elles essaient d’y faire face.L’initiative « Trois repas par jour », elle aussi, ouvre aujourd’huitoutes grandes ses oreilles à la communauté Kok au Nigeria.Son fondateur, Emmanuel E., relate : « Notre mission n’est

pas seulement d’éveiller les consciences sur ce fléau appelépauvreté mais aussi de donner des forces aux pauvres pourqu’ils deviennent indépendants et donnent du sens à leurvie. Nous sommes devenus volontairement des agents dechangement afin que la vie des pauvres soit meilleure. Nousrejetons avec fermeté la condition qui pousse des millionsde personnes à se résigner à vivre dans la pauvreté et à nepas croire que des changements soient possibles.Aujourd’hui, en rencontrant la communauté Kok, nousfaisons nôtre la stratégie qui va du bas vers le haut et parlaquelle les personnes vivant dans la pauvreté se sentirontlibres de nous parler et de nous dire comment ellesvoudraient être renforcées pour que leur vie ait un sens.C’est une première étape. Nous sommes venus pourécouter. »

Retour à Paris où au même moment 120 personnes serassemblent à l’Hôtel de Ville sur invitation du maire BertrandDelanoé et d’Eugen Brand, délégué général d’ATD QuartMonde. Ces personnes viennent des 31 villages et villes dumonde qui accueillent une réplique de la Dalle en hommageaux victimes de la misère dont le message est à l’origine dela Journée du 17 octobre. Des personnalités élues se trouventainsi côte à côte avec des délégués vivant dans l’extrêmepauvreté et des représentants d’associations. Cette rencontreintitulée « Engagements scellés, engagements vécus » estanimée par Claire Hédon, journaliste à Radio FranceInternational. Raul Detona, délégué des Philippines qui avécu longtemps avec sa famille sous un pont prend la parole :« Je ne connaissais rien de mes droits comme citoyen. Quandle lieu où je vivais (sous le pont) a été démoli, je neconnaissais rien des lois au sujet des démolitions. Je savaisseulement que c’était notre faute si nous vivions là. »Aujourd’hui, Raul organise des forums et participe à desréunions : « J’encourage d’autres à se mettre debout et àdéfendre leur droit à un logement et à une vie décente. »

➩ Imaginez des rubans multicolores enroulés autour de poignets ou tressés dans les cheveux ou encore agrafés sur unvêtement...

➩ Imaginez la Déclaration de Solidarité passant de main en main, suscitant discussions et débats, conduisant souvent àce qu’une personne ajoute son nom aux milliers d’autres...

➩ Imaginez des voix résonnant jusque dans les zones les plus reculées pour témoigner, sur Radio France Internationalet d’autres radios, d’engagements personnels et collectifs pour vaincre la misère...

➩ Imaginez des peintures, des danses, des chants, des poésies et des représentations théâtrales exprimant ce quesignifie vivre dans l’exclusion et agir pour y mettre fin...

➩ Imaginez des rencontres entre voisins, entre communautés, avec d’autres dans la société jusqu’à des responsablespolitiques...

➩ Imaginez des célébrations autour de la Dalle en hommage aux victimes de la misère à Paris, et autour de ses trenteet une répliques dans le monde...

➩ Imaginez des milliers de silhouettes d’enfants apportant avec leurs messages, là où elles sont accueillies, fraîcheur,joie, vérité...

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Le maire de Manille, Fred Lim, conclut dans le messagequ’il a adressé aux participants à cette rencontre : « Nousavons besoin des efforts conjugués de chacun non seulementpour éliminer la pauvreté mais pour être debout aux côtésdes plus pauvres. » Ce 17 octobre 2007, des répliques dela Dalle sont inaugurées à Kielce (Pologne), Coroico(Bolivie), Libourne (France), Reims (France), Moncton(Canada).

Création et expression artistique :chemins de changement

12 heures : à quelques kilomètres de l’Hôtel de Villede Paris, le parvis des droits de l’homme est une fourmilière.Un atelier de broderie animé par des délégués malgachesattire des visiteurs pendant qu’enfants et adultes affluentvers divers ateliers de peinture et d’expressions théâtrales.Les jeunes ayant participé aux Caravaneseuropéennes de la fraternité accueillentles visiteurs avec de la musique, desphotos et des témoignages de leurpériple autour de l’Europe à larencontre d’autres personnesengagées contre la misère.Pendant ce temps, auCameroun, « Enfants pour laPaix » participent à uneexposition d’oeuvres réali-sées par des orphelins àYaoundé. 7 000 km plusloin, les enfants du Centre«Purnodaya» au Sri Lankas’expriment avec despinceaux sur le thème« Surmontons la misère ennous unissant ». Leurspeintures s’inspirent de lavie de familles sous un pontet de celle d’enfants vivantà la rue. La représentationthéâtrale et les chansonsinterprétées par les enfantsconcluent les événementsde la journée. À Munich,Allemagne, une expositionphotographique rend hom-mage à des personnes ensituation précaire engagéesdans un projet d’entraide àd’autres personnes en détresse(voir encart). À Tema, Ghana,plusieurs collèges rassemblésexécutent des danses et des récitalsde poésie de leur création. En Palestine,un film réalisé par Nouraldine S. et d’autresreprésente des enfants vivant dans des conditions difficiles.Leur objectif est de parler avec les enfants et les professeursde la signification de la Journée mondiale. Pendant ce tempsau Portugal, de la musique – brésilienne, arabe et russe –emplit une station de métro à Porto. Dans la station, deshabitants peignent ensemble 30 toiles de 10 mètres poursymboliser l’union des peuples, l’égalité entre tous et le droità vivre libérés de la misère. La suite de cette action lancéepar l’association « Espaço T » : envoyer des morceaux deces toiles à des responsables de différents pays, à desreprésentants des Nations Unies et de l’Union européenne.Pendant que ces toiles portent leur message au loin, d'autres

tissus se rejoignent dans les Appalaches de la Virginie auxUSA, pour créer « Le patchwork de nos vies ». Mis enexposition au centre des seniors à Clinchco, ce patchworkraconte la vie et la lutte des habitants de la région.

Droits économiques, sociaux et culturels :le débat est ouvert

14 heures : l’auditorium près du parvis des droits del’homme à Paris est plein à craquer. Le débat « Habiterensemble » attire personnes sans abri, familles vivant dansdes logements précaires, élus et citoyens concernés. Pendantce temps, en Israël, des tables rondes abordent les questionsdu logement, de l’emploi, des relations des services sociauxavec leurs clients et de la vision de la presse économiquesur la pauvreté (voir encart). Au Bénin, des étudiantss’activent pour animer le débat qu’ils ont organisé au centre

« Les amis de Don Bosco » sur le thème« S’instruire pour barrer le chemin à

la misère ». Ils inaugurent unepetite bibliothèque ce jour-là.

En Côte d’Ivoire, un sympo-sium organisé par la Ligueivoirienne des droits del’homme (LIDHO) batson plein sur le sujet :« Quels droits pour lespauvres en Côte d’Ivoire? »(voir encart). Leur choixde mettre l’accent sur lesdroits économiques, so-ciaux et culturels trouveécho ailleurs dans lemonde. Ainsi, « Action enfaveur des droits sociaux »en collaboration avec les

Nations Unies au SierraLeone accueille une discus-

sion radiophonique consacréeà ces mêmes droits. Un

responsable des affaires politi-ques de l’ONU intervient : « La

paix ne se définit pas seulementcomme la fin de la guerre mais

comme la fin des injustices entre lespeuples afin de créer un environnement

convenable pour une vie dans la dignité. (...) Sinous voulons éliminer la pauvreté, nous devons

consolider la paix. »

« Manifestons la volonté politique nécessairepour que le fléau de la pauvreté disparaisse à

jamais. »

16 heures : à New York, USA, des délégués se préparentà rencontrer le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon,afin de lui remettre les signatures de la Déclaration deSolidarité accompagnées d’un aide-mémoire contenant despropositions politiques. Au Mexique, Oliver A. démarre sajournée en distribuant des copies de la Déclaration deSolidarité. Des personnes en Thaïlande, en Ouganda, auBrésil, au Liban, en Argentine, en Turquie, au Pakistan, enIrlande, aux Pays-Bas, en Algérie comme dans tant d’autres

(Suite page 6)

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pays se sont démenées pour photocopier ou retaper laDéclaration, la distribuer, la faire signer par des dizaines,centaines et même milliers de personnes et les retourner aucentre international - parfois au prix élevé d’un envoi parexprès afin que les signatures arrivent à temps. Les déléguésà New York ont ces mille et un gestes en tête lorsqu’ilsremettent à Ban Ki-moon les signatures recueilliesreprésentant des individus comme des collectivités, dessyndicats, des associations. Impressionnante aussi est ladiversité des visages et des vies que reflètent ces signatures,la profondeur de leur conviction, l’envergure de leurengagement pour éliminer la pauvreté extrême.

Les délégués reçus aux Nations Unies à New York nesont pas les seuls à rappeler aux institutions internationaleset aux gouvernements locaux et nationaux leurresponsabilité, avec la société civile, de mettre fin àl’extrême pauvreté. En Malaisie, la « Fondation mondialede la jeunesse » lance sa semaine de campagne sur laréforme des institutions internationales au coeur de laquellese trouve l’élimination de la pauvreté. Au Liberia,l’association « Jeunes au service du développement de lacommunauté », engagée activement dans la campagne« Tous debout » rencontre des responsables du FMI et dela Banque Mondiale et adresse des communications auPrésident et aux Chambres des députés, les exhortant àatteindre les Objectifs du Millénaire pour leDéveloppement. Au Malawi, des membres du « Youth Net& Counseling » envoient des messages SMS à desparlementaires, des ministres, des leaders d’opinion et aupublic en général « demandant une action contre l’actuelniveau de vie de plus de 42% de citoyens du Malawi ».En France, en Belgique – et dans d’autres pays – desdélégués présentent aux plus hauts responsables du paysles signatures recueillies, les accompagnant de propositionspolitiques.En Ethiopie et en Inde, des enfants marchent, exhibant avecfierté des pancartes sur lesquelles on peut lire des phrasestelles que « Nous pouvons mettre fin à la pauvreté »,expliquant leur signification à ceux qu’ils rencontrent. Dansle même temps, dans de nombreuses communautés, desjeunes et adultes sont activement engagés dans la campagne« Tous debout ».

Le message du Secrétaire général des Nations Unies àl’occasion du 17 octobre, souligne l’importance de toutesces actions : « ...Nous devons considérer les pauvres commedes agents de changement. (...) Cela veut dire que lescitoyens doivent participer activement à l’élaboration depolitiques et que les gouvernements doivent répondre devant

ces citoyens de ce qu’ils font pour atteindre les Objectifsdu Millénaire (...) Aujourd’hui, nous unissons nos forces àcelles des pauvres, dans un effort collectif auquel participentla société civile, le secteur privé et des gens du monde entier.(...) En cette vingtième Journée internationale pourl’élimination de la pauvreté, levons-nous et manifestons lavolonté politique nécessaire pour que le fléau de la pauvretédisparaisse à jamais. »

(suite des pages 4 et 5)

JJee ssiiggnnee ppaarrccee qquuee......

• ...c’est triste de voir les conditions dans lesquellesvivent des êtres humains égaux à moi-même et à mesenfants. Le fond de la mer est fait de milliers de petitsgrains ; sans leur union, la mer ne serait pas ce qu’elleest. Nous devons unir nos forces.

• ...c’est notre tâche à tous d’appuyer cette campagnequi vise à avancer vers la disparition de la misère au

niveau mondial. Il ne fait pas de doute que travaillermain dans la main est la solution à beaucoup deproblèmes.• ...je crois dans la dignité de l’homme et ledépassement des difficultés à travers la solidarité. Si tuaimes la vie, tu dois appuyer la paix ; si tu aimes la paix,tu dois appuyer la vie.• ...personne ne connaît le potentiel d’une sociétécomposée d’individus vraiment égaux en droits mais jecrois que ce serait un pas en avant extraordinaire !

Pour conclure, imaginez Gilles B. et les jeunes aveclesquels il est engagé en Côte d’ivoire : « Nous portons lesrubans à tour de rôle. Chacun l’utilise au moins pendantdeux jours et le passe à un autre, histoire de bien faire passerle message ». D’un autre lieu dans le pays, Mamadou D.explique : « J’ai eu l’idée de faire porter ce ruban aux jeunesmembres de Rotaract et également aux jeunes de mon pays,à l’instar du ruban rouge que l’on porte à l’occasion desactivités dédiées au Sida. (...) Car tous les moyens sont bonspour lutter contre la misère ».

Déjà une idée pour le 17 octobre 2008 !

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« Cette Dalle affirmeque les droits humains sont violés »Le 13 octobre 2007 nous avons inauguré une reproduc-tion de la Dalle à Coroico en l’honneur de tous les pau-vres du monde et des efforts qu’ils font pour lutter contrela misère. Nous avons mis cette Dalle au lavoir public carc’est un endroit symbolique de rencontre, du travail desplus pauvres pour vivre dignement. Un homme a témoi-gné : « Nous sommes en train de franchir un pas trèsimportant avec la pose de cette Dalle dans notre commu-nauté. Elle représente notre identité. Cette journée nousaide à sortir de l’obscurité. » Une femme a ajouté : « CetteDalle affirme que les droits humains sont violés et cela estvrai car très souvent nous sommes discriminés.Continuons à lutter chaque jour de plus en plus... non seu-lement pour nous mais aussi pour nos enfants. »En entendant ces paroles, une autre femme est interve-nue : « Cela valait la peine de lutter pour mes enfants ; ilsm’ont donné de la force car j’ai souffert depuis mon enfan-ce. J’ai eu le courage de vivre pour qu’eux ne souffrentpas. Il doit y avoir des femmes qui souffrent d’un handicapcomme moi, des femmes abandonnées avec leursenfants, à elles je leur dis : ‘ Luttez pour vos enfants avectendresse, avec de bonnes paroles, pour qu’ils puissentcomprendre, pour qu’ils ne soient pas laissés sur le mau-vais chemin. ’ »

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« Le 17 octobre,fruit d’une année de rencontres »

Le 17 octobre 2007 à Munich a été le fruit d‘une année derencontres avec une grande variété de personnes (respon-sables de la Mairie, d‘associations, de médias) ; d‘entre-tiens avec des politiciens du « Bayrischen Landtag », legouvernement de la région ; de visites dans des homespour enfants, dans des baraquements où sont logés desréfugiés et des immigrés menacés d‘expulsions ; d‘infor-mations dans des écoles ; de dialogues avec des jeunes àla prison des mineurs, etc. Tous ont été invités à prendrepart à cette journée mondiale du refus de la misère. L‘échoa été dense.Dans la cour du centre de rencontre St-Bonifaz, le texte« Je témoigne de vous » (1) a été lu par les représentantsdes différentes communautés religieuses chrétiennes etautres. Un signe fort d‘unité. Par une exposition, un jeunephotographe a rendu hommage aux personnes en situa-tion de vie précaire engagées dans un projet d‘entraide àd‘autres personnes en détresse.Et comme troisième volet, des enfants de familles réfugiéesont donné au large public du courage avec une dansejoyeuse et poétique et par la présentation de silhouettestrès expressives confectionnées par des enfants, jeunes etadultes. Ils ont fait découvrir ce que pauvres et nonpauvres, handicapés, jeunes en détention, etc, portentcomme souffrances, espoirs et solidarités dans leurscœurs. La proposition de donner un écho écrit aux jeunesdétenus a été accueillie avec enthousiasme par un grandnombre de participants. La beauté et l‘interpellation detous ces instants ont permis que les uns et les autres serencontrent, se parlent. Tout le monde est reparti aprèsavoir bien entendu que le prochain 17 octobre se prépareet est à vivre dès ce moment même.

ATD Quart Monde, Allemagne

(1) Texte proclamé la première fois le 17 octobre 1987 par JosephWresinski, à Paris.

JJee ssiiggnnee ppaarrccee qquuee......

• ...une injustice quelque part est une injusticepartout. Je ne fais pas partie du problème mais je faispartie de la solution.• ...je suis issu d’une famille pauvre. C’est la raison dela création de mon association.• ...« une chaîne vaut ce que vaut le plus petit de sesmaillons ». J’essaie à ma place de lutter contre lamisère, mais c’est ensemble que nous réussirons.• ...comme tous les maux dont souffre l’humanité, la

pauvreté est un fléau qui enlève la saveur à la joie devivre. Je suis convaincu que je ne pourrai pas jouir demon bonheur tant que je n’aiderai pas mon voisin às’éloigner de la misère.• ...nous ne sommes peut-être pas les responsablesdirects de l’exclusion de millions d’êtres humains maisnous pouvons être agents de leur inclusion.• ...la pauvreté est le symptôme le plus frappant de lamaladie de notre société. Lutter pour l’éliminer est unimpératif de justice sociale.

(Suite des témoignages en page 8)

...Des exemples de mobilisation

ATD Quart Monde, Bolivie

Page 8: Éditorial Se rassembler et vivre la paix à partir des plus pauvres · 2014-07-25 · 1 Ce déchirement, exprimé par une femme que des jeunes consultaient sur leur avenir, met le

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Le « Forum Permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde » est un réseau de personnes engagées qui veulentdévelopper une amitié et une connaissance à partir de ce que nous apprennent les populations pauvres et très pauvres :celles qui cumulent plusieurs précarités au niveau de l’éducation, du logement, du travail, de la santé, de la culture, cellesqui sont les plus rejetées et les plus critiquées. Il invite à le rejoindre tous ceux qui veulent faire partie d’un courant de refusde l’extrême pauvreté dans le monde pour rebâtir la communauté à partir et avec les plus pauvres. Ce courant s’exprimedans la Lettre aux Amis du Monde qui publie trois fois par an, en français, anglais, espagnol, portugais les écrits de noscorrespondants, grâce à des traducteurs professionnels qui offrent leur service bénévolement. Le Forum Permanent estdéveloppé par le Mouvement ATD Quart Monde, OING dont le siège est à Pierrelaye, France, et permet à ceux qui le rejoignentde garder leur identité, sans pour autant être membre d’ATD Quart Monde. Email : [email protected] Internet : www.atd-quartmonde.org Abonnement $8 / 8 € par année – De soutien $10/ 10 € par année. ©Mouvement international ATD Quart Monde - Imprimerie ATD - Méry-sur-Oise - Mai 2008.

LES DESSINS SONT DE

HÉLÈNE PERDEREAU QUI

LES OFFRE GRACIEUSEMENT,DEPUIS DE LONGUES ANNEES,AU MOUVEMENT

ATD QUART MONDE

MISE EN PAGE :LYDIE ROUFFET

« Accès à une éducation de qualité pour tous :la perspective des plus pauvres »

Au Centre culturel universitaire à Guatemala a eu lieu unforum public dont l’objectif était de permettre le dialogueentre des représentants de familles en situation d’extrêmepauvreté et des représentants d’institutions. Le succès dechaque enfant dans son parcours vers l’éducation est undéfi fantastique. Nous avons voulu à cette occasion queceux qui luttent chaque jour pour atteindre ce but, malgréleur vie difficile, puissent être écoutés. Une mère defamille a dit : « Je suis capable de mendier pour pouvoirinscrire mes enfants à l’école car, pour nous, aller à l’écoleest un luxe. »Chaque famille aspire profondément à la scolarisation deses enfants même si souvent ses efforts sont insuffisantspour donner une véritable preuve de ce désir profond.Nous voudrions que leurs expériences, leur vie, leurs opi-nions soient au centre de la réflexion et de l’échange surce sujet essentiel.

ATD Quart Monde, Guatemala

« La fierté était grande »Notre fête du 17 octobre ayant eu comme emplacementcette année la mairie de la ville a été très publique. Cetteplace au centre ville est significative. Des personnalitésétaient présentes ainsi que beaucoup d’associations quitravaillent pour le respect des droits de l’homme. (...)D’ailleurs nous avons fait ensemble toute la préparation decette journée.Les bibliothèques de rue sont présentes dans 6 quartiers dela ville. Nous avons réalisé une très grande banderolepuisque 10 enfants se donnaient la main, superbementcostumés. Cette banderole était exposée à la mairie le 17octobre. La fierté était grande chez les « compositeurs »des bibliothèques de rue.

Sr Rolande M., Madagascar

« Que ces enfantssachent qu’ils sont importants »

Je travaille avec des enfants vivant dans l’extrême pauvre-té et chaque jour je vis les différentes injustices généréespar la misère économique et humaine. Dans cette tâchebelle et ardue, nous parviendrons à ce que ces enfantsretrouvent leur auto-estime et sachent qu’ils sont impor-tants, qu’ils sont des êtres humains avec des droits, qu’ilspuissent rêver et que grâce à l’éducation ils deviendrontdes professionnels productifs et seront des acteurs duchangement en rompant définitivement le cercle de l’ex-trême pauvreté.Dans le thème de la pauvreté, un des principaux aspectsest celui du logement. Nous, les êtres humains, nousavons besoin de vivre dans la dignité, nous avons besoind’un toit pour nous protéger et ces familles vivent dans descabanes, sans eau, sans sanitaires et dans la majorité descas elles partagent leur espace avec des animaux, ce quioccasionne des maladies et davantage de pauvreté.J’aimerais en savoir davantage sur TAPORI, mes enfantspourraient faire partie de ce courant mondial d’amitié etnous, en tant qu’adultes, continuer à travailler pour soute-nir la construction d’un monde sans misère.

Ana María A., Fundación Sierra Flor, Equateur

JJee ssiiggnnee ppaarrccee qquuee......

• ...nous ne connaîtrons jamais la paix civile, militaire,morale et psychologique tant que le fléau de la misère nesera pas maîtrisé. • ...je suis conscient que des hommes et des femmes sebattent tous les jours, sur le terrain avec/pour desfamilles dans le besoin.• ...je crois en un monde où riches et pauvres serontassis côte à côte.

• ...je suis témoin de la misère des enfants des détenusdans mon pays. Je voudrais que l’on sensibilise leshommes politiques sur la condition de l’enfant du détenuqui se retrouve du jour au lendemain confronté à toutesles sortes de misère.• ...pour un monde plus juste, équilibré et pour la paixet l’harmonie globale. La misère est une réalité etengendre beaucoup de conflits. Unissons-nous dans lasolidarité pour participer à son éradication.

Enfants, jeunes et adultes se sont mobilisés dans lacampagne « Refuser la misère, un chemin vers lapaix » et ont commémoré le 17 octobre 2007 avecenthousiasme et créativité.

Découvrez comment les enfants ont fait entendreleurs voix sur :

Tapori : www.tapori.org

Découvrez comment le projet innovateur desCaravanes européennes de la fraternité a rassemblédes jeunes de différents milieux socio-culturels sur :

www.atd-quartmonde.org/-Caravanes-

Le site www.oct17.org reste un outil de liaison,d'échanges et d'information, à consulter et à enrichir.