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Publié par : Published by : Publicación de la : Faculté des sciences de l’administration Université Laval Québec (Québec) Canada G1K 7P4 Tél. Ph. Tel. : (418) 656-3644 Fax : (418) 656-7047 Édition électronique : Electronic publishing : Edición electrónica : Céline Frenette Vice-décanat - Recherche et partenariats Faculté des sciences de l’administration Disponible sur Internet : Available on Internet Disponible por Internet : http ://www.fsa.ulaval.ca/rd [email protected] DOCUMENT DE TRAVAIL 2000-023 CONFIGURATIONS STRATÉGIQUES À SUCCÈS : UNE COMPARAISON DE PME QUI RÉUSSISSENT EN ÉCONOMIE TRADITIONNELLE ET EN NOUVELLE ÉCONOMIE Gérald d’Amboise Centre d’entrepreneuriat et de PME Version originale : Original manuscript : Version original : ISBN – 2-89524-116-3 ISBN - ISBN - Série électronique mise à jour : One-line publication updated : Seria electrónica, puesta al dia 08-2000

DOCUMENT DE TRAVAIL 2000-023 PME Centre d’entrepreneuriat et de PME · 2000-08-25 · 2 Dans cette étude, une PME est considérée comme opérant au plan local quand 75% et plus

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Publié par :Published by :Publicación de la :

Faculté des sciences de l’administrationUniversité LavalQuébec (Québec) Canada G1K 7P4Tél. Ph. Tel. : (418) 656-3644Fax : (418) 656-7047

Édition électronique :Electronic publishing :Edición electrónica :

Céline FrenetteVice-décanat - Recherche et partenariatsFaculté des sciences de l’administration

Disponible sur Internet :Available on InternetDisponible por Internet :

http ://www.fsa.ulaval.ca/[email protected]

DOCUMENT DE TRAVAIL 2000-023

CONFIGURATIONS STRATÉGIQUES À SUCCÈS : UNE

COMPARAISON DE PME QUI RÉUSSISSENT EN ÉCONOMIE

TRADITIONNELLE ET EN NOUVELLE ÉCONOMIE

Gérald d’Amboise

Centre d’entrepreneuriat et de PME

Version originale :Original manuscript :Version original :

ISBN – 2-89524-116-3ISBN -ISBN -

Série électronique mise à jour :One-line publication updated :Seria electrónica, puesta al dia

08-2000

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Configurations stratégiques à succès: une comparaison de PME qui

réussissent en économie traditionnelle et en nouvelle économie

par

Gérald d’Amboise

Faculté des Sciences de l’Administration

Université Laval, Québec G1K 7P4

Courriel : [email protected]

Avril 2000

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Configurations stratégiques à succès: une comparaison de PME qui

réussissent en économie traditionnelle et en nouvelle économie

Résumé

Il n’existe pas de formule unique de performance qui puisse couvrir toutes les organisations

en toutes circonstances. Divers facteurs influencent la conduite et le succès d’une

entreprise. Conditions et pratiques de gestion forment des ensembles qui devraient

permettre survie, croissance etc. Les éléments de ces ensembles sont idéalement en

équilibre et en congruence; leur compatibilité et synergie favorisent la performance. Leur

dynamique congruente n’est cependant pas toujours facile à identifier. Cet article fait part

d’une tentative d’identifier de telles configurations stratégiques pour un groupe de PME

québécoises. Des propriétaires dirigeants de 88 entreprises ont participé à la recherche. Les

caractéristiques retenues ont été comparées selon la méthode de la déviation de profil idéal.

La méthode a été utilisée pour identifier la configuration idéale à la fois d’entreprises opérant

en économie traditionnelle et en nouvelle économie. Les deux configurations sont exposées

dans ce texte; elles sont comparées et commentées. Le lecteur constatera que les

combinaisons de caractéristiques peuvent être quelque peu surprenantes même pour les

PME les plus performantes de l’un et de l’autre groupe. Elles sont cependant statistiquement

valides pour chacun des échantillons. Quelques considérations tant au plan pratique que

méthodologique sont ensuite avancées et proposées par l’auteur pour discussion.

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Configurations stratégiques à succès: une comparaison de PME qui

réussissent en économie traditionnelle et en nouvelle économie

Introduction

La recherche d’un profil stratégique organisationnel gagnant est une préoccupation partagée tant par

les théoriciens que par les praticiens de la gestion. La découverte de ce profil serait sans nulle doute

considérée par plusieurs comme la pierre de Rosette leur permettant de déchiffrer et de manipuler les

leviers du succès. À de nombreuses occasions, les étudiants et les gestionnaires nous questionnent

pour connaître quel profil stratégique est le meilleur. En tant qu’observateurs et chercheurs, nous

répondons qu’il n’y a pas une formule supérieure et univoque qui puisse couvrir toutes les

organisations et toutes les circonstances. Si tel était le cas, elle ne serait tout simplement plus

stratégique en raison de son calque sans discernement. S’inspirant d’une perspective holistique, l’objet

de cet article est non pas de mettre en lumière un modèle universel gagnant mais plutôt d’identifier des

caractéristiques stratégiques essentielles et leurs configurations récurrentes dans des entreprises

performantes pour des domaines d’activités et des environnements donnés. L’étude sur le terrain qui

sert de base à cette recherche vise à élaborer des configurations à succès et à mesurer l’association

entre les profils idéaux ou construits retenus et la performance de certains ensembles de PME. Les

données recueillies permettent de montrer la relation de performance avec la congruence entre divers

aspects de la gestion stratégique de PME opérant soit en économie traditionnelle soit en nouvelle

économie. En outre, nous ouvrirons une mince brèche par une brève critique de la démarche

d'élaboration de configurations gagnantes et de mesures d'association entre les construits idéaux et la

performance de groupes d’entreprises.

1. Problématique

Des chercheurs de plusieurs disciplines se sont intéressés à connaître les facteurs tant individuels, que

culturels, organisationnels, industriels ou environnementaux qui influencent la performance d’une

entreprise. Mais les divers facteurs de la gestion stratégique n’agissent pas seuls, un à la fois; ils

forment plutôt des ensembles, des configurations dont les éléments sont idéalement en équilibre et en

congruence. Leur synergie favorise la performance. Les configurations organisationnelles regroupent

des caractéristiques communes de plusieurs entreprises (Meyer, Tsui et Hinning, 1993; Miller et

Mintzberg, 1984). L’élaboration de configurations performantes suivant certaines conditions

sociétales par exemple (Weber, 1947) et le type d’environnement (Burns et Stalker, 1961) dans lequel

une organisation évolue n’est pas une nouvelle mode dans les travaux en management. Et la

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proposition de configurations appropriées dans des environnements divers (Miles et Snow, 1978;

Miller et Friesen, 1978) a nourri depuis bon nombre d’années les discussions sur la gestion tant au

plan pratique que théorique. Néanmoins, l’identification de configurations demeure encore un exercice

plutôt en émergence dans les travaux empiriques en management.

À la lumière d’analyses théoriques et d’observations plus empiriques, la prise en compte de deux

ou trois facteurs organisationnels seulement demeure insuffisante pour mieux cerner les configurations

performantes ou pour mieux comprendre la congruence1 que réussit le dirigeant pour assurer le succès

de son entreprise. Dans une analyse de plus de quarante recherches publiées au cours des années 1972

à 1995 sur l’étude des liens entre les configurations stratégiques et la performance organisationnelle,

Ketchen, Combs, Russel et Shook (1997) concluent que plus la série de variables utilisées dans

l’élaboration de configurations est vaste, plus forte est la relation avec la performance. Plusieurs

facteurs doivent alors être pris ensemble. Les multiples facettes des activités de gestion s’imbriquent

les unes dans les autres et par le fait même s’influencent mutuellement. Le défi d'en identifier les plus

essentielles est donc énorme pour le chercheur.

Actuellement, les petites et moyennes entreprises contribuent grandement à l’activité économique.

Certaines d’entre elles réussissent très bien à plusieurs égards, d’autres survivent très difficilement.

Les dirigeants de celles qui réussissent savent gérer stratégiquement; ils savent mettre en place les

facteurs nécessaires au succès dans le futur tout en assurant une gestion quotidienne efficace. Les

dirigeants qui ont du succès arrivent à percevoir les aspects significatifs de leur environnement, à

développer voire adapter des stratégies pour survivre et croître. Ils coordonnent un ensemble d'aspects

assurant la dynamique d'une variété de facteurs dont plusieurs sont stratégiques. Toutefois, seul un

nombre réduit de variables de nature stratégique ont été jusqu'à maintenant examinées dans la grande

majorité des travaux en gestion. Peu de travaux ont effectivement été réalisés sur la congruence dans

des ensembles de variables stratégiques à succès pour les entreprises en général et encore moins pour

les PME. Le recours à une approche holistique par le biais de configurations devient encore plus

pertinent quand on sait que les PME sont des organisations fortement décloisonnées voire

symbiotiques. Dans ces circonstances, le défi pour le chercheur est de découvrir les

configurations congruentes constituées de caractéristiques et de pratiques essentielles alors que

pour le gestionnaire il est de coordonner de façon synergique cet ensemble de conditions et de

pratiques. Quelles sont alors les caractéristiques stratégiques des PME de l’économie traditionnelle ou

de la nouvelle économie qui réussissent à la fois aux niveaux local et international? Si une

congruence existe, comment s’articule-t-elle? Dans le cadre de la gestion stratégique d’une

1Dans ce travail, nous utilisons indifféremment les termes français « ajustement » ou « congruence » pour désigner ce que lalittérature organisationnelle identifie par les termes anglais « fit », « congruence », « coalignment » et « consistency ».

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organisation, on peut supposer que la congruence entre ses différents éléments de

management stratégique favorise la performance. L’hypothèse spécifique de cette enquête se formule

alors de la façon suivante : plus le taux de congruence est élevé entre les divers aspects de la gestion

stratégique, plus la performance est élevée. Le compte rendu suivant porte sur l’identification de

configurations gagnantes et leur comparaison pour des entreprises en économie traditionnelle et en

nouvelle économie.

2. Stratégie de recherche

A . Échantillonnage et cueillette de l’information

Dans le sillon de nos recherches sur les caractéristiques et les activités stratégiques de PME, plusieurs

entreprises québécoises ont pris part à une étude, au cours des années 1997 et 1998, visant, entre

autres objectifs, à vérifier l'hypothèse précédente. Des propriétaires dirigeants de 88 entreprises ont

participé à cette recherche. Celles-ci ont été choisies à partir d’informations provenant de périodiques

d’affaires traitant d’entreprises québécoises. Certaines PME étaient reconnues pour leur bonne

performance et jouaient un rôle relativement important dans leur milieu. D’autres étaient d’envergure

plus réduite et étaient possiblement moins rentables. Cette manière de choisir les entreprises pour

l’étude peut être qualifiée d’échantillonnage par choix raisonné. Cette procédure est souvent employée

dans le cadre de recherches exploratoires (Emory et Cooper, 1991; Kerlinger, 1986). Elle peut

également se définir comme un échantillonnage de convenance puisque les répondants ont eux-mêmes

déterminé leur participation effective (Sekaran, 1992). De cet échantillon, trente-neuf PME évoluaient

dans des secteurs économiquement traditionnels, tandis que quarante-neuf autres se qualifiaient dans

des activités relevant de la nouvelle économie. Plusieurs de ces dernières opéraient dans le domaine de

l’informatique. Également, parmi cet ensemble d’entreprises québécoises, quarante-deux d’entre-elles

oeuvraient pour une forte proportion de leurs activités au niveau local et quarante-six évoluaient

également au niveau international.2 Des entrevues semi directives avec les répondants ont été menées

dans le but de recueillir des informations sur le type d’environnement dans lequel évoluait l’entreprise,

sur la nature des activités de gestion stratégique de l’entreprise, sur certaines caractéristiques du

propriétaire dirigeant ainsi que sur des mesures spécifiques de performance. Les distinctions entre les

entreprises qui opèrent au plan local seulement et celles qui opèrent au plan international ne seront

toutefois pas discutées dans le présent article.

2 Dans cette étude, une PME est considérée comme opérant au plan local quand 75% et plus de ses activités ont lieu en solcanadien. À l’inverse, elle est une PME évoluant au plan international lorsque plus de 25% de ses activités sont effectuées àl’étranger.

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B. Perspectives à l’élaboration de configurations

Comme mentionné plus haut, bien que discuté dans un certain nombre d'écrits, l’emploi de

configurations est encore une perspective en émergence dans l’étude empirique des organisations.

Malgré l’importance accordée au concept de congruence aussi bien dans la théorie que dans la

pratique de la gestion stratégique, la caractérisation de son contenu n’est pas toujours identique d’une

étude à l’autre (Ketchen, Combs, Russel et Shook, 1997). Il est souvent commun pour les théoriciens

et les chercheurs du domaine organisationnel de discuter de relations entre variables par exemple en

utilisant le terme congruence. Mais fréquemment, aucun cadre précis n’est établi pour définir et

expliquer cette expression de constat ou cette terminologie. Cette dernière peut aussi référer à

plusieurs variantes au plan méthodologique. Il existe ainsi diverses façons de déterminer des

configurations. Il est donc essentiel pour le chercheur rigoureux de préciser l’approche qu’il aura

sélectionnée pour le faire. Consistance et transparence sont toujours de mise pour que le lecteur puisse

s’y retrouver dans la présentation et l’interprétation de résultats. Suivant les perspectives identifiées

par Venkatraman (1989) qui sont généralement passées sous silence, il existe au moins six différentes

approches possibles pour déterminer des configurations. Leur examen a bien servi à situer notre choix

dans la présente recherche. Elles sont brièvement expliquées à l’annexe A de ce texte. Tout chercheur

peut s’en inspirer pour choisir de façon lucide l’approche qu’il désire privilégier dans l’identification

éventuelle de configurations spécifiques.

La prémisse principale de la présente étude est à l’effet que dans un contexte donné une

entreprise ne peut connaître le succès que s’il y a compatibilité entre ses divers facettes stratégiques.

L'une ou l'autre des perspectives présentées en annexe aurait pu être utilisée dans cette étude. La

méthode d’identification de congruence cependant retenue ici dans l’élaboration d’une configuration

stratégique est celle de la similarité de profil. Celle-ci a été choisie parce que les mesures des variables

s'y prêtaient et qu'en termes pratiques elle était réalisable. Le niveau de similitude qui caractérise

chaque organisation est alors déterminé par le calcul de l’écart entre les valeurs des variables pour

une entreprise et les valeurs de ces mêmes variables dans un modèle considéré comme idéal pour un

contexte spécifique.

C. Détermination et validation de la configuration idéale

Dans une première phase de l’élaboration d'un modèle de congruence suivant la perspective de

similarité de profil d’une entreprise, des variables pertinentes sont choisies. Celles-ci peuvent être

sélectionnées à partir de propositions théoriques ou de constatations empiriques ou simplement en

combinant ces deux démarches. Dans cette étude-ci, les variables sont retenues sur la base de

considérations à la fois théoriques et empiriques. À l’origine nous avons retenu trois variables

contextuelles que sont la taille de l’entreprise, le dynamisme de l’environnement et le type d’économie

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dans lequel œuvre la PME (traditionnelle ou nouvelle). Seuls les regroupements selon le type

d’économie ont été considérés pour la présente analyse. L'économie actuelle qui repose de plus en

plus sur le savoir justifie l'importance accordée aux entreprises de la nouvelle économie dans

l'échantillon. Les variables de gestion stratégique comme telles sont: les activités de planification; la

préparation des compétences; le profil décisionnel du propriétaire dirigeant; la vision stratégique; la

stratégie de mise en marché et la gestion du changement. Elles sont basées sur le modèle habituel de

gestion stratégique et sur des travaux personnels de recherche.

Un segment restreint de l’échantillon constitué d’entreprises à haute performance fût

d’abord choisi pour déterminer le profil idéal. La variable performance est ici mesurée d’une façon

quantitative selon la variation des ventes et des profits de la PME au cours des trois dernières années.

Les paramètres stratégiques de ces entreprises servent alors à construire le modèle ou la configuration

de type « idéal ». Le contenu approprié pour chacune des variables du modèle de gestion stratégique

est ainsi déterminé : il s’agit de la configuration ‹‹idéale›› récurrente. Le calcul de l’indice de

congruence pour chacune des entreprises de l’échantillon est ensuite effectué en comparant les

caractéristiques de chacune des entreprises aux caractéristiques du profil idéal. Contrairement à la

déviation de profil calculée par la distance euclidienne (Van de Ven et Drazin, 1985) où l’on suppose

que les données des variables en présence sont métriques, l’indice de Gower utilisé ici s’applique à

n’importe quel niveau de mesure de variable (nominale ou métrique). C’est pourquoi il est préférable

d’utiliser cet indice pour apprécier le degré de ressemblance entre le profil de chaque entreprise et le

profil idéal. Précisons que les profils idéaux sont déterminés pour chaque type d’économie

(traditionnelle et nouvelle). Une entreprise dont le profil s’écarte beaucoup du profil idéal aura un

indice de similitude près de 0 et démontrerait une faible performance. Celle dont le profil ressemble au

profil idéal aura un indice dans le voisinage de 1 et une meilleure performance. Enfin, pour confirmer

la validité du profil idéal un coefficient d’association entre l’indice de similitude au modèle idéal et la

performance de chaque entreprise de l’échantillon est évalué selon le Tau de Kendall.

3. Résultats

A.Les configurations idéales en économie traditionnelle et nouvelle

I. Profil idéal dans les cas des entreprises de l’économie traditionnelle

Les entreprises les plus performantes de l’économie traditionnelle révèlent un profil idéal où la

prévision et la programmation des activités fonctionnelles devant être réalisées à court terme semblent

primordiales. La planification opérationnelle est ici fortement présente pour ce type d’entreprise. Les

dirigeants sont engagés dans la préparation des compétences. Le souci du dirigeant ainsi que

l’investissement global consenti dans la préparation pour le futur du potentiel humain sont bien

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présents dans ces entreprises à travers le profil idéal. Les dépenses en formation du personnel sont

respectables. Une certaine invitation à s’interroger sur l’évolution du secteur de l’entreprise est faite

aux employés. La direction de l’entreprise s’en charge quoique cependant modestement.

D’autre part, on observe dans les trente-neuf entreprises de l’économie traditionnelle que le

dirigeant a un profil décisionnel d'entrepreneur. Ce dernier a constamment des projets en tête, il désire

toujours créer quelque chose, il prend souvent des décisions grâce à son intuition et il ressent un

certain plaisir à prendre des risques. On constate que la vision stratégique (Bennis et Nanus, 1985) du

chef d’entreprise de l’économie dite traditionnelle est peu manifestée. L’image mentale d’un futur

réaliste que le propriétaire dirigeant se fait de sa PME est assez faiblement exprimée, diffusée aux

autres membres de l’entreprise et concrétisée. Aussi, ces PME favorisent à la fois une différenciation

et des avantages de coûts aux niveaux du service et du produit, c’est- à-dire une stratégie mixte. Enfin,

l’existence d’activités, de mécanismes ou de structures permettant l’anticipation et l’introduction de

changements nécessaires dans l’organisation est peu probante. Tel que souligné ci-dessus la gestion du

changement ou la préparation aux éventualités de modifications dans l’environnement affiche un

indice seulement moyen. Cela indique d’une certaine façon le peu de véritables préoccupations pour

l’anticipation du futur du secteur d’activités par exemple. Les dirigeants veulent bien former leurs

employés mais plus particulièrement et souvent presque exclusivement pour les besoins immédiats de

la firme.

II. Profil idéal pour les entreprises de la nouvelle économie

Pour les PME de la nouvelle économie, les entreprises les plus performantes ont un profil idéal

comportant une planification opérationnelle moyennement faible. Aussi, le degré d’investissement

global dans la préparation du savoir, du savoir être et du savoir faire futurs des membres de

l’organisation est de degré moyen. La prévision de la disponibilité et du renouvellement régulier des

ressources humaines compétentes n’est que modérée; on pourrait dire insuffisante dans plusieurs cas.

On observe que dans la configuration idéale de ces mêmes entreprises, le dirigeant se trouve

en général à l’aise dans l’utilisation de méthodes et de pratiques de gestion éprouvées. Dans la

configuration idéale, le profil décisionnel de chef de PME de la nouvelle économie est modérément

gestionnaire. Par ailleurs, la projection du futur que fait le propriétaire dirigeant de sa PME de la

nouvelle économie québécoise est peu manifestée. La vision stratégique est relativement faible.

Également, comme dans le cas des PME de l’économie traditionnelle, le profil des entreprises les plus

performantes de la nouvelle économie montre l’adoption d’une stratégie mixte. Enfin, les processus

d’adaptation des compétences et ceux de l’élaboration des structures et des façons de faire ne sont que

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moyennement présents. Les dirigeants invitent souvent les employés à regarder le futur de l'industrie.

Ils ne leur donnent cependant pas beaucoup de temps et de moyens formels pour le faire.

Le lecteur pourra prendre connaissance à l’annexe B de la position précise des deux groupes

de PME sur l’échelle de chacun des six aspects considérés. Cette représentation permet de comparer

rapidement les deux profils idéaux discutés. On peut effectivement constater que les deux groupes ont

à la fois des caractéristiques distinctives et des caractéristiques similaires. En résumé, les entreprises

de l’économie traditionnelle qui réussissent accordent beaucoup d’importance à la planification à

court terme et elles investissent généreusement dans la formation de leur personnel. Leurs

propriétaires dirigeants se considèrent clairement plutôt des entrepreneurs que des gestionnaires. Les

dirigeants des entreprises à succès de la nouvelle économie au contraire planifient très peu même leurs

opérations à court terme. Ils investissent relativement peu dans la formation proprement dite de leur

personnel. Ces derniers conduisent cependant leur PME avec une mentalité apparentée à celle d’un

gestionnaire plutôt qu’à celle d’un entrepreneur.

Les deux groupes de PME se rejoignent toutefois à quelques autres égards. Malgré un bon

niveau de réussite les dirigeants de l’un et de l’autre type d’économie font preuve d’une vision

stratégique peu précise et peu ouverte. Ils invitent, semble t-il, leurs employés à se poser des questions

sur le futur de leurs secteurs d’activités mais ils leur donnent relativement peu de structures ou de

moyens pour le faire. Les deux groupes optent pour une stratégie d’affaires basée à la fois sur une

différenciation de leurs produits et services et sur des prix compétitifs susceptibles de fidéliser leurs

clients. Les stratégies mixtes sont privilégiées par la grande majorité de ces entreprises.

Le lecteur aura possiblement été un peu surpris de quelques-unes des constatations précédentes.

La réalité ne correspond pas toujours à la théorie, n’est-ce pas? Malgré cela ces entreprises

connaissent tout au moins momentanément le succès. Dans le sens de la présente perspective de

recherche, les caractéristiques identifiées constituent tout de même les configurations idéales, c’est-à-

dire les plus performantes.

B. Validation des profils idéaux sur les échantillons

I. Les entreprises de l’économie traditionnelle

Pour l’ensemble des PME oeuvrant au sein de l’économie dite traditionnelle, l’association avec le

profil idéal est pertinent. L’association de la similitude au profil idéal et la performance combinée

mesurée selon la variation des ventes et des profits est assez élevée avec un Tau de Kendall de 0,28 (p

< 0,01). Plus spécifiquement, la relation trouvée pour toutes les entreprises de ce type d’économie et

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la performance au niveau des ventes affiche un Tau de Kendall de 0,16 ( p < 0,05). Alors que la

relation suivant les profits a un taux d’association plus élevé soit de 0,27 (Tau de Kendall, p <

0,01). De ces résultats statistiques, on peut observer que les entreprises performantes de l'ensemble de

l'échantillon ont les caractéristiques du construit idéal. Alors que les autres moins performantes n'ont

pas ce profil pour la plupart des éléments de gestion stratégique étudiés.3

II. Les entreprises de la nouvelle économie

Pour l’ensemble des PME opérant dans un domaine d’activités de la nouvelle économie, le profil idéal

trouvé s'avère approprié. Le degré d’association entre la performance et le profil idéal est positif et

quelque peu plus significatif que dans le cas des entreprises traditionnelles. La relation entre la

similitude du profil idéal et la performance combinée des ventes et des profits de ces PME présente un

taux d’association de 0,33 (p < 0,01). Plus particulièrement, à l’inverse des PME de l’économie

traditionnelle, la relation avec les ventes est plus marquée dans le cas des entreprises de la nouvelle

économie. L’association entre le profil idéal et les ventes affiche un Tau de Kendall de 0,26 (p <

0,01) tandis qu’avec les profits il est de 0,27 ( p < 0,05). On constate donc à la lumière de ces

analyses statistiques que le profil exposé est également validé.

4. Discussion et conclusion

Les résultats de cette recherche peuvent orienter à la fois le chercheur et le gestionnaire sur plusieurs

pistes de réflexion certainement florissantes quant à la gestion stratégique des PME. Pour notre part,

sans prétendre au dévoilement d’une recette absolue en management pour ces organisations, nous

ajoutons ici quelques recommandations pratiques issues de cette étude pour tenter de guider avec

beaucoup de modestie cependant vers plus de succès les dirigeants de petites et moyennes entreprises.

À l’évidence, l’adoption d’une stratégie mixte est un élément clé de la performance pour

l'ensemble des PME. Le niveau de compétition globale actuelle fait en sorte que les produits qui se

vendent sont ceux offrant le meilleur rapport qualité/prix, les consommateurs acceptant désormais

difficilement de payer des surprimes au nom de la différenciation. De prime abord irréconciliables, les

différents aspects d’une stratégie mixte devraient être sérieusement pris en considération dans la

recherche d’une meilleure performance. Étant donné que l’infrastructure des PME est souvent réduite

à sa plus simple expression une tentative de différenciation ne sera pas nécessairement onéreuse. Le

dirigeant attentif pourra miser à la fois sur l’unicité de son offre et le prix compétitif qu’il demande à

ses clients.

3 Des études statistiques plus poussées sont en cours sur les données pour analyser l'échantillon sous d'autres perspectives

comme le dynamisme de l'environnement, la taille de l'entreprise et le contexte local ou international.

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D’autre part, quand on sait que la richesse des entreprises est de plus en plus constituée de

connaissances, la préparation des compétences par des investissements soutenus dans la formation du

personnel constitue un pilier incontournable pour les succès futurs de la grande majorité sinon de

toutes les organisations. Dans un contexte où les PME doivent sans cesse innover pour faire face à la

compétition, elles se doivent de prévoir la disponibilité et le renouvellement régulier de ressources

humaines compétentes. La vitesse d’apprentissage organisationnel et l’aptitude à mobiliser le savoir

dans l’organisation se doivent d’être un souci constant pour les dirigeants. De plus, des mécanismes

ou des structures pour permettre l’anticipation et l’introduction de changements doivent être élaborés

et régulièrement utilisés. Le rythme des changements technologiques et la réduction de la vie des

produits rendent maintenant la tâche très ardue pour fonder un avantage durable sur les processus ou

les produits existants. Les petites et moyennes entreprises visant le succès doivent donc savoir

changer, même quelquefois abruptement et profondément. Sans jamais être capable de tout prévoir,

une entreprise doit à la mesure de ses moyens se préparer et se doter d’une culture réflexe pour mieux

absorber les changements nécessaires qui s’annoncent perpétuellement à l’horizon. Malheureusement

même les PME québécoises qui connaissent présentement un peu de succès ne sont pas à la hauteur

des exigences actuelles à cet égard. Les observations précédentes le démontrent. C’est même un peu

déconcertant dans le cas des entreprise de la nouvelle économie sur lesquelles nous comptons

grandement. Les PME qui se démarqueront demain auront fait davantage quel que soit leur domaine

d’activités.

Dans le cas des PME de l'économie traditionnelle observées, les entreprises les plus

susceptibles de mieux performer sont celles qui s’attardent davantage à des préoccupations

opérationnelles tout en ayant le souci de répondre aux exigences futures par le renouvellement des

connaissances et des habiletés distinctives de leurs premiers collaborateurs, les employés. De plus,

leurs dirigeants ont un profil décisionnel d'entrepreneur même si leur vision stratégique n'est pas

véritablement manifestée. Ils adoptent une stratégie mixte de commercialisation et sont quelque peu

attentifs seulement à l’élaboration de mécanismes pour gérer l’anticipation et l’introduction de

changements nécessaires au sein de l’entreprise.

Il ressort de ceci que les PME de l'économie traditionnelle qui affichent une meilleure

performance font montre d'une gestion orientée vers une planification plus serrée des activités

opérationnelles et d'une attention portée à la préparation des compétences par l'investissement dans la

formation du personnel. En économie traditionnelle, les dirigeants sont habitués de s'attarder aux

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activités courantes ce qui peut leur donner un atout ou une force dans la préparation des compétences.

Mais même avec cette préparation, leurs dirigeants doivent être bien conscients que le contexte dans

lequel évolue leur PME change. Ils devraient garder à l'esprit que des transformations de

l'environnement se produisent à tout instant et perpétuellement. Malgré le fait qu'elles évoluent en

économie traditionnelle, ces PME s'inspirent de plus en plus de processus de production relevant des

entreprises de la nouvelle économie. Et elles sont, elles aussi, obligatoirement embarquées sur les

autoroutes électroniques pour la plus grande partie de leurs échanges. Dans ce contexte, la préparation

des compétences devient tout à fait primordiale. Leurs dirigeants devraient cependant aider davantage

leurs collaborateurs à mieux anticiper le futur et à s’ouvrir suffisamment aux changements

éventuellement inévitables.

Pour ce qui est des entreprises évoluant dans la nouvelle économie, les plus performantes

optent pour une planification opérationnelle moyennement faible avec une préparation des

compétences par des investissements seulement modérés dans la formation. Les dirigeants de ces

PME ont un profil décisionnel qui se rapproche du gestionnaire. Ils aiment orchestrer étroitement les

activités de l'entreprise et prennent souvent leurs décisions avec la rationalité du gestionnaire

classique. Leur vision stratégique est très timidement manifestée avec une mise en place minimale de

structures ou d’activités pour mieux absorber les changements. On sera certainement justifié d’être un

peu mal à l’aise à l’observation d’un tel amalgame aussi peu convaincant. Mais les résultats actuels

sont là quoi que l’on en dise. Seul l’avenir fournira la preuve de véritables performances. Ces

constatations sont certainement propices à stimuler la curiosité de tout chercheur en gestion des

entreprises et plus particulièrement en celle des PME de la nouvelle économie.

On se rend donc compte que les dirigeants des entreprises de la nouvelle économie qui ont le

plus de succès ont peu de vision stratégique. Ils investissent formellement de façon minimale dans la

préparation des compétences des employés. Dans ces circonstances, on peut fortement douter pour

plusieurs de ces entreprises d'une croissance reposant sur des bases solides et d'un avenir à plus long

terme. On sait déjà qu’un nombre de petites entreprises de la nouvelle économie font fréquemment un

seul projet d'envergure pour par la suite disparaître. Souvent, ces entreprises tentent d'engager les gens

les plus expérimentés pour les besoins du moment. La préparation des compétences comme telle est

généralement négligée. Il est d’ailleurs compréhensible que la formation ne fasse pas partie des

priorités dans de telles circonstances. Et les employés peuvent même avoir le sentiment de faire l'objet

de pressions désagréables dans l'exercice de leur travail. La firme veut profiter au maximum des

connaissances qu'ils ont. Il n'est donc pas étonnant d'observer un taux de roulement du personnel assez

élevé dans ces entreprises. Plusieurs conclusions de cette étude correspondent d’ailleurs à cet effet à

des constats régulièrement faits par d'autres observateurs intéressés. Ils nous amènent à penser qu'il

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s'agit probablement de la condition actuelle d'une industrie où les entreprises ont le souci d'une

réussite financière rapide et d'un positionnement sur l'échiquier de la compétition au détriment d'autres

conditions fondamentales. Ces entreprises de la nouvelle économie devraient tirer des leçons des

meilleures PME traditionnelles. À long terme, ce sont elles qui bénéficieraient des initiatives de leurs

employés et de leur attachement.

Une mise en garde s’impose cependant au lecteur de ce texte. Dans cette étude, la

performance mesurée selon la combinaison des profits et des ventes favorise une évaluation reposant

uniquement sur des critères traditionnels d'ordre financier. Elle biaise quelque peu celle-ci quand on

sait que les dirigeants de PME de la nouvelle économie incluent souvent dans leur mesure de

performance des éléments généraux comme peuvent l’être la vitesse d’action réaction de

l’organisation, la cohésion du groupe de travail, l’anticipation des résultats des activités de recherche

et développement ainsi que la simple survie de l’entreprise dans un environnement turbulent. Dans des

études subséquentes, il serait pertinent et fort utile de trouver et d'analyser les critères généraux sur

lesquels ces dirigeants évaluent la performance de leur entreprise.

Enfin, malgré sa complexité, la congruence organisationnelle devient un thème de plus en

plus discuté par les chercheurs. Un plus grand nombre devraient oser l’aborder empiriquement. Les

résultats de la présente étude montrent qu’il est possible de déterminer et de valider un modèle de

congruence tant pour les PME opérant dans une économie dite traditionnelle que pour celles évoluant

dans la nouvelle économie. Les profils idéaux ont été retenus sur la base des résultats de certains

travaux récents et déterminés par leur présence relativement fréquente dans les entreprises les plus

performantes. Bien que l’élaboration du profil idéal à partir des entreprises performantes soit

logiquement admissible, d’aucuns pourraient penser qu’elle conduit à la circularité. À notre avis, le

danger de circularité est évité par le fait que le profil idéal est déterminé à partir d’un nombre réduit

d’entreprises, puis testé sur l’ensemble des entreprises étudiées.

Dans cette recherche, la déviation de profil de chaque entreprise a été déterminée par l’indice

de Gower du fait que la plupart des variables n’ont pas été mesurées sur une échelle métrique. Le

degré de similitude au profil idéal a ainsi été calculé pour chaque entreprise. La vérification de

l’association entre ce degré de similitude et la performance de chacune des entreprises a permis de

valider les configurations les plus performantes pour chacun des deux groupes d’entreprises.

Ce travail a non seulement permis une analyse de configurations stratégiques de PME mais

également une réflexion sur la méthode elle-même utilisée. Pour la détermination du profil idéal, les

caractéristiques stratégiques ont été identifiés et examinées une à une chez les entreprises les plus

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performantes. Le degré de similitude était basé sur la présence ou l'absence des caractéristiques

constituantes du construit de référence. Les calculs faits pour la détermination de son association avec

la performance l’ont été suivant une logique de sommation. Dans une étude future, une démarche

visant à trouver des configurations récurrentes, c'est-à-dire un ensemble congruent de caractéristiques

prises ensemble, devrait être envisagée. Il s’agirait alors de tenter de trouver des cohortes récurrentes

de caractéristiques similaires. Le défi se rapprocherait alors de la perspective appelée de co-variation

dans la liste des possibilités proposées par Venkatraman. Des informations éclairantes pourraient aussi

être révélées par les autres entreprises également performantes mais dont les caractéristiques sont

différentes de celles du modèle congruent. Une approche inter-sites semble à ce stade la plus

convenable pour tenter de mieux répondre à de tels défis de recherche. Un exercice de ce genre sera

amorcé dans une prochaine analyse.

À plusieurs collègues chercheurs, cet article aura probablement paru accorder beaucoup de

place à la présentation des analyses choisies voire à des aspects très techniques de la méthodologie

utilisée. Le lecteur devra cependant reconnaître que le présent compte rendu de recherche constitue en

quelque sorte une première. La perspective adoptée était relativement nouvelle. Peu de résultats de

recherches menées selon l’approche exposée ont déjà fait l’objet de publications faisant part d’autant

de précisions que celle-ci dans le passé. Le lecteur aura également réalisé que les résultats mis de

l’avant n’ont pas tout à fait la même facture que ceux que l’on retrouve hélas trop souvent dans la trop

grande majorité des publications qualifiées de scientifiques sur la gestion. On pourrait dire en langage

populaire que bon nombre d’études sur la gestion concluent simplement que plus de ceci assure plus

de cela; mieux la recette théorique est suivie meilleure est la performance. Selon les conclusions

fournis précédemment les entreprises ne suivent pas toujours exactement les pratiques prônées par la

plupart des théories en gestion stratégique. Elles peuvent tout de même réussir au moins

temporairement. Plusieurs des éléments de l’un ou de l’autre profil gagnant ont certainement quelque

peu surpris. La tentative méthodologique aurait-elle laissé se révéler un peu mieux la réalité ? Puisse-

t-on oser le croire. La méthode d’identification des configurations récurrentes devra nécessairement

être encore ajustée et améliorée. Fournissant possiblement des résultats de nature moins banale que

nombre d’autres approches cette dernière pourrait alors s’avérer très prometteuse. Elle vise

effectivement dans l’une de ses utilisations possibles à mieux saisir l’ensemble des actions que fait un

dirigeant pour réussir. Les propriétaires dirigeants de PME doivent coordonner un ensemble de

conditions et de pratiques pour assurer le succès de leur entreprise malgré la turbulence actuelle.

Comme chercheurs nous avons besoin de nouveaux angles d’observation pour découvrir ce qu’ils font

véritablement. Peut-être alors seulement pourrons-nous les aider à mieux parvenir au succès. Cette

conviction a inspiré toute la conduite de la présente recherche qui s’achève. Elle a également incité la

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rédaction de ce texte. Que plusieurs lecteurs de cet écrit sachent, eux aussi, oser faire autrement que

d’habitude dans leurs prochains travaux de recherche.

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Annexe A

Perspectives du concept de congruence dans l'élaborations de configurations

1. Au nombre ce ces différentes approches, vient en tête de liste la plus simple : la congruence avec

modératrice Deux variables et leur interaction déterminent le comportement d’une variable

dépendante. Suivant cette perspective, l’impact total de la variable explicative principale sur le

phénomène est fonction d’une variable tierce qui agit à titre de modératrice. Par exemple, la

relation entre le profil stratégique de la direction et la performance de l’organisation peut être

influencée par une variable modératrice comme le type d’environnement dans lequel évolue

l’entreprise. Représentation : Y = X + Z + X . Z

2. La congruence avec intermédiaire est constituée d'une troisième variable qui intervient pour

affecter la variable dépendante. Elle agit à titre d'intermédiaire sur la performance de

l’organisation. Son effet sera direct ou indirect. Par exemple, la performance d’une entreprise

pourra être affectée par le contexte industriel dans lequel la firme opère mais aussi en même

temps par le type de structure organisationnelle que celle-ci se sera donnée pour opérer.

Représentation : Y = X + Z.

3. La congruence au couplage théorique est invoquée pour un concept stratégique dans lequel la

congruence est définie théoriquement par la correspondance entre deux variables explicatives

liées. À la différence des façons de faire précédentes, la congruence est définie sans référence à la

variable expliquée. La mesure de correspondance des deux variables explicatives est ainsi

développée indépendamment de tous critères de performance. À titre d'exemple, une stratégie de

diversification de nouveaux produits exige une structure multidimensionnelle alors qu'une

stratégie d'expansion nécessite des équipes locales. Dans ces contextes, l'absence d'un tel couplage

entre structure et stratégie mènerait ultérieurement à un manque d'efficacité administrative et à des

performances moindres. Représentation : Y = X + Z + ( X - Z ).

4. La congruence de gestalt théorique est une approche destinée à l’usage de plus de deux variables

explicatives. Au lieu de se préoccuper d’une relation linéaire entre deux variables, elle tente de

rassembler un groupe d’éléments récurrents explicatifs. Elle refuse d’isoler les phénomènes les

uns des autres pour les expliquer et les considère comme un ensemble indissociable structuré. La

théorie d’adaptation de Miles et Snow ( 1978 ) propose aux entreprises quatre gestalts ou

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positions aux caractéristiques distinctes les unes des autres. La firme peut prendre l’une ou l’autre

des positions suivantes : défensive, prospective, d’analyste ou réactive. Chaque position requiert

des actions précises théoriquement compatibles entre elles. Représentation : Y = X1 . X2 .

X3…Xn.

5. La congruence de similarité de profil d’une entreprise est une approche qui recourt à plusieurs

variables explicatives. Il s’agit d’identifier un profil stratégique idéal issu de ces variables dans un

environnement donné. Le degré d’adhésion de l’entreprise à ce profil multicritères aurait un effet

significatif sur la performance de l’organisation. À la différence de la perspective gestaltiste, la

congruence de déviation de profil repose sur une variable expliquée spécifique, en général la

performance. On peut par exemple supposer la découverte d'entreprises d'un certain groupe qui

ont une planification poussée, une structure flexible, un contrôle des finances serré et qui ont du

succès. Il s'agit alors de déterminer jusqu’à quel point toutes les entreprises sont plus ou moins

conformes à ce profil pour procéder à la validation du profil en question. Le processus a pour but

de comparer chaque entreprise aux caractéristique du construit idéal. Chaque aspect requiert donc

un certain niveau d'investissement pour que la stratégie d'ensemble soit efficace. Représentation :

Y = (f) SIM où SIM = XsI – XsE.

6. La congruence de co-variation est basée sur l’état d’un ensemble de variables théoriquement

reliées. Leurs divers attributs se complètent mutuellement pour dégager un co-alignement. C'est

le degré de co-alignement observé qui influence la performance. Par exemple, dans un contexte

donné, une stratégie gagnante d'allocation des ressources doit être équilibrée. Chaque domaine

doit recevoir un budget approprié à l’envergure de ses activités. L'investissement dans un seul

domaine serait inéquitable et inefficace. Ainsi chaque aspect requiert une attention suffisante pour

assurer la réussite du tout. Représentation : Y = (f) CO où CO = X1 + X2 + X3 + …Xn.

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Annexe B

Profils idéaux des PME de l'échantillon

PME de l'économie traditionnelle PME de la nouvelle économie

1. Planification opérationnelle

1.Forte 2.Moyennement forte 3.Moyennement faible 4. Faible

2. Préparation des compétences

1.Forte 2. Moyenne 3.Faible

3. Profil décisionnel

1.Entrepreneur 2.Moyennement entrepreneur 3.Moyennement gestionnaire 4.Gestionnaire

4. Vision stratégique

1.Forte 2.Moyennement forte 3.Moyennement faible 4. Faible

5. Stratégie

1.Coût 2. Différenciation 3.Mixte

6. Gestion du changement

1.Forte 2. Moyenne 3.Faible

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Les données nécessaires à la rédaction de cet article ont été puisées d’une étude sur la gestion stratégique des PME supportée par le Conseil de

Recherches en Sciences Humaines du Canada. L’auteur tient à exprimer sa plus profonde gratitude à tous les dirigeants et dirigeantes de PME

qui ont bien voulu collaborer à son travail. Il remercie également Jean-Marie Nkongolo Bakenda qui a généreusement apporté ses compétences

pour l’analyse des données recueillies ainsi que Christian Roy pour sa participation importante à la rédaction de ce texte.