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Domaine Basque: Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique)?

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Domaine Basque :

Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

Le titre de cet article, parlant de «  défaite (séparatiste)  », semblerait signifier qu’il s’agit ici d’une analyse de la fin définitive de la lutte armée telle qu’elle a été annoncée par l’ETA au Pays Basque, et telle qu’elle est appréciée et mentionnée par les autorités françaises et espagnoles et les médias.En réalité, il s’agit très peu de cela, seulement à la fin de l’article, et seulement car c’est une partie actuelle de l’histoire basque. Cet article est la mise en perspective d’une histoire du Pays Basque en 10 courtes leçons. En cela la notion de « défaite (séparatiste) » nous permettait d’apposer à ses côtés la notion de « faîte (historique) » - la semblance avec le mot fête étant assez fortuite mais peut-être très basque - pour signifier que ce qui nous semble de prime importance dans les débats sur l’identité basque est de respecter cette notion de « faîte » qui elle-même se jouerait de ceux qui agitent le spectre et pessimisme de l’idée de « défaite ».En réalité, ce « traité d’histoire basque en 10 leçons » a été essentiellement rédigé en 2005, et seulement ajusté depuis. A l’origine, il a été écrit tout simplement pour une personne de ma famille, basque toute comme moi, qui apprenait un temps la langue basque et n’ avait pas été élevée dans une référence politique à l’identité basque. Je voulais donc juste lui donner quelques idées fortes sur ce que les basques représentent dans l’histoire. Mais cet article a surtout été écrit pour ouvrir un champ de relation et corrélation avec « l’esprit martial » des lieux – des contextes identitaires – qui cernaient (et identifiaient donc ?) ma personne car j’étais l’objet d’une formation personnelle (et spécifiée) aux arts martiaux internes chinois, selon une philosophie chinoise, alors que la culture chinoise, comme la culture germanique en son temps, a tendance à centrer les cultures sur leur spectre, comme elle-même s’y fait.Il n’y a dans cet article aucun renvoi vers des sources. Une part de ma vie ayant été d’essayer de me consacrer à la littérature, y passant même plus de temps qu’à mes études accomplies, je me suis dit que je pouvais faire œuvre littéraire sans devoir citer toutes mes informations comme le veut la déontologie universitaire. Je tiens pourtant à préciser que la plus grande part des matériaux dont je me suis servis, des lieux intimes de ma mémoire, sont des travaux historiographiques antérieurs

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à 1990, puisque c’est dans les années 1980 que j’ai étudié ces questions identitaires basques, tant de façon autodidacte que de façon universitaire.Si l’on compare une machine des années 2010 à une machine des années 1980, on est subjugué par les transformations technologiques. En ce qui concerne des vues historiennes, il en est peut-être de même. Mais je ne suis pas trop au courant, et ne veux pas trop l’être, n’ acceptant pas vraiment que des formations scolaires ou universitaires qui durent des dizaines d’années soient réduites à néant en quelques années. Nos républiques, et vive la république, ne se sont pas construites comme ça. Je vous propose donc ici une lecture, une lecture datée, au jour que vous voudrez.

1 - CONCEVOIR L’HISTOIRE

Centralisation et tendances

Nous voulons apporter ici une réflexion préliminaire sur l’identité convexe, celle qui centralise les expériences possibles de notre existence historique. Et nous allons commencer par évoquer une réflexion marxiste clé des années 1890-1920, celle du système d’organisation politique centraliste-démocratique, laissant bien volontiers de côté les récriminations violentes des intellectuels engagés (sic) du système bien établi (Stéphane Courtois, etc…).

Le centralisme démocratique est le résultat d’une réflexion sérieuse sur le mode de fonctionnement spontané du système démocratique, et notamment bourgeois, aux XVIIIème et XIXème siècles. En cela, comme souvent dans la méthode communiste, il est l’expression consciente et formalisée d’un fonctionnement réel – déjà en vigueur – mais souhaité plus efficace car rationnellement plus direct.

Si nous ne voulons pas nous satisfaire d’une vue extrêmement médiocre et tronquée, celle du devenir soviétique depuis Staline (1925), nous devons nous tourner vers les organisations trotskystes pour comprendre le centralisme démocratique. Chez les trotskystes, comme en Union Soviétique avant 1921-22 (guerre civile), le centralisme démocratique suppose :

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1/ l’ouverture de l’ordre du jour des débats à toute mention souhaitée dans les délais établis

2/ la constitution de tendances (groupes militants distincts) en fonction des amendements envisagés dans l’ordre du jour (qui peuvent donc le transformer), que ces choix soient d’emblée cohérents ou disparates

3/ Le vote majoritaire et l’application - entre deux votes - des choix majoritaires par tous sans exception – jusqu’au débat et vote suivant

4/ La constitution de fractions qui peuvent s’ opposer de front au champ majoritaire, restant à part mais obéissant, et auxquelles doivent être donné les moyens matériels d’exposer leurs vues, de vaincre s’il le faut ou de se clarifier dans la confrontation.

Ce système centraliste démocratique est un fonctionnement rendu rationnel, conçu tel que fonctionnent les débats démocratiques y compris dans les pays, les institutions ou associations bourgeoises ou civiles. On voit donc que ce fonctionnement, diabolisé par certains comme obligation dictatoriale d’unanimité, n’est pas du tout constitué ainsi tel qu’il est criminalisé.

Le piège ontologique du savoir

Alors que s’ est il passé dans l’expérience du communisme ? Selon un travail d’investigation sur les matériaux marxistes que j’ai mené pendant dix ans dans les années 1990, le piège dans lequel le marxisme a sombré, incarcérant ses propres adjacences, est lié à l’ontologie du savoir, la réalité même d’une vue historique très centrée sur la connaissance, sur l’accès à la conscience, sur une « doxa » (tel que dans le mot ortho-doxie), soit dans le sens le plus ancien et le plus ouvert, la doctrine, comme champ de savoir et connaissance.

Car accéder à l’expression d’une réalité, en faire une re-présentation (une identité dans la conscience), c’est la redoubler, c’est abstraire son identité naturelle dans une formulation qui se nourrit de cette identité naturelle mais chaque fois pour la contenir (l’enfermer) d’autant dans les termes connus et reconnus de cette formulation.

L’histoire du communisme, c’est donc l’enfermement dans le piège de l’ontologie du savoir, de l’ontologie de la connaissance, connaissance qui est un élément directeur de l’histoire à venir – à construire - dans le marxisme. Bien sûr, même les organisations trotskystes sont soumises à ce piège.

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Mais pour en revenir à notre digression sur le centralisme démocratique, nous voulons faire voir qu’il s’agit dans ce système de confrontation et décision (qu’Hélène Carrère d’Encausse avait honoré au moment de la disparition du régime soviétique) essentiellement du constat qu’un débat, et son ordre du jour, c’est souvent 70 % d’éléments communs aux partis divergents, tout simplement parce qu’il s’agit de données, et peut-être tout au plus 30 % de divergences possibles, et souvent disparates, sur le spectre du débat et de la décision à prendre.

Spectre historique et biais d’intégration

Et c’est cela que nous voulons prendre en compte à l’heure de considérer une identité historique. Une identité historique qui se figure (sur un sujet ou un objet commun) révèle des éléments communs et autant de tendances qui pourraient être des biais d’intégration de ces éléments communs.

Dans cet article, il s’agit d’une histoire basque en dix leçons, une façon de voir que l’histoire basque permet un universalisme, comme toute autre histoire, mais selon des moments d’identité historique qui sont (selon l’œil qui choisit la découpe des temps) la dominante d’une ou autre tendance historique, ordre et interprétation des patrimoines possibles.

Ainsi notre histoire du Pays Basque en dix leçons est comme une armoire avec ses dix tiroirs, et les populations ressortissantes du territoire basque puisent, dans chacun de leur parti, même informel, dans ce capital historique pour ficeler une vision ou visée politique, certaines tendances pouvant être réactualisées après des périodes de temps immenses, des siècles, d’autant que l’époque contemporaine est avant tout une reprise des potentiels historiques, une façon de les « vectoriser » et donc aussi de puiser au plus intime.

Mais fonctionnant de la sorte, nous tombons nous aussi sous la coupe de la « doxa », du piège de l’ontologie du savoir, de l’ontologie de la connaissance, ses redoublements et incarcérations des motifs véritables de vie.

Une conjuration et des écrans conséquents

Car l’histoire, avant d’être un mouvement délibéré, avant de vouloir re-présenter pour créer ou réaliser des réalités d’à-venir, a été constituée sur des fonctionnements presque organiques de conjuration, le sentiment que le redoublement des choses en leur lieu, par la représentation ou l’expression, était le lieu du pouvoir, très concrètement vu comme un arrêt de la relation

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culturelle ou sociale fluide en un retour imposé, contraignant, limitant.

Le miroir des Origines  : ainsi les sociétés les plus anciennes, primitives, s’ orientent en ne regardant qu’un horizon distinct dans leurs origines, sans jamais se retourner face au néant de «  l’avenir à venir  », elles fonctionnent comme le rameur qui regarde la baie en s’éloignant dos au large, image chère au sculpteur basque Jorge Oteiza.

La rencontre de la vacuité  : puis un peu plus tard, cette façon de conjurer le redoublement des réalités, leur re-présentation, le pouvoir social d’une « doxa », s’est tournée vers la vacuité et le moment seulement émergent, seulement présent, l’instant de présence, pour se défaire de ces forces d’expression et de vie vécue – transcrite, qui s’agglomèrent et nous enferment peu à peu. Ceci, surtout en Orient, et peut-être dans des fonctionnements indigènes très primitifs en Occident, comme dans la préhistoire basque selon Jorge Oteiza dans les années 1960.

De la puissance infinie : mais d’Orient à Occident, l’on a voulu conjurer ce pouvoir de soi, ce pouvoir des choses présentées, pouvoir de sortir d’un mouvement d’existence naturelle pour se faire lieu culte et sanctionné / sanctionnant de la vie, par la soumission à l’innommable et à la puissance la plus démesurée, et c’est l’invention de Dieu qui crée tout, et en chaque instant, potentiellement anéantit tout.

Renvoi entre trois termes  : puis, lorsque l’expression historique et ses redoublements - la «  doxa  » - a voulu adhérer à cette puissance en devenir qui était d’abord vue comme celle de Dieu, et alors que les enjeux de pouvoir s’y nouaient, l’on a décomposé ce lieu d’identification et représentation grâce à la puissance du chiffre trois. D’un point de vue religieux, dans l’artifice de la Trinité, qui supposait qu’on ne pouvait pas assimiler de façon univoque ou entière la puissance divine, qui par ce chiffre trois était sans cesse retournée à sa propre raison, jamais complètement possédée ; entre le sujet et l’objet chaque fois un troisième terme.

Renvoi au tiers  : puis le processus laïque (et révolutionnaire), confrontant l’inconnu de la puissance politique constituante mais aussi l’inconnu de l’amplitude rationnelle, a lui aussi établi un cadre segmenté, et lui aussi autour du chiffre trois, et la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, juridique) a sanctionné un certain échec tant qu’équilibré l’adhésion à une puissance du devenir.

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Le cercle toujours inachevé : enfin au XXème siècle, la psychanalyse, retrouvant des fondements symboliques primitifs, a stigmatisé la santé rationnelle et la mesure de la puissance comme faits d’un cercle jamais finalement clos, toujours suffisamment esquissé pour permettre le sens, mais jamais vraiment abouti, afin de ne pas s’y fondre et y dis-paraitre (Erich Fromm, Lacan).

L’histoire nous permet un matériau d’existence, chaque fois ouvert sur un souffle de vie, la possibilité inattendue mais toujours venue d’une étincelle, répondant même infime par lequel l’entreprise historique se façonne, et réinterprète vraisemblablement de grandes lois de tendances antérieures, sans que nous ne puissions en faire une doctrine, une quelconque « doxa » : l’écho ou la grande rumeur de nos connaissances sur le monde et ses objets qui renverrait la vérité à son miroir, un miroir, et aux murs où il est accroché.

2 - TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE EN 10 LEÇONS

INTRODUCTION  : LES BASQUES A CONTRETEMPS DU DEVENIR OCCIDENTAL   Un traité, un lieu

  Le propos de ce traité est de mettre en évidence le décalage historique existant entre l’ensemble du devenir occidental et la survivance, l’autonomie, et l’indépendance interne de ce petit peuple des Pyrénées que l’on nomme «les Basques» - puisque ce n’est qu’un avatar de la façon dont ils se nomment et se comprennent eux-mêmes, et reconnu tout au long de l’histoire par l’aire d’usage d’une langue primitive de l’Europe : l’euskara (üska).   Affront, honte, ou différence ?

  Que l’on prône ce décalage telle une avant-garde, ou, comme les populations romanisées et vassalisées elles-mêmes d’origines basques l’ont joué au regard des fiertés ancestrales, telle une parodie d’orgueil mêlée de ridicule, d’un archaïsme empêtré piteusement en ses vertus (Tartarin de Tarascon pour l’aire des Pyrénées du Nord, Sancho Pansa pour l’aire des Pyrénées du Sud), le fait reste le même, le peuple basque manifeste une histoire, est agent d’une histoire qui confronte à contretemps les grandes lignes du développement occidental.  

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A même, autre   Peut-être, cependant, comme ces pirogues à flotteur latéral en Océanie, contrepoids distinct face aux rouleaux de «l’encontre», le fait basque ménage-t-il à l’histoire occidentale sa traversée, non pas à la mesure d’un destin mythique ou rationnel, seul désiré, mais à la mesure de l’histoire qu’il croise, tel un temps de l’océan du jour, la machinerie mondiale au dépourvu d’un pas, interposé ou chassé.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 1

Les basques hors du champ dominant de l’antiquité

Le paléolithique  Le peuple basque semble, de par sa langue, et si l’on en croit la toponymie européenne (la dénomination des lieux en Europe) et les recherches de filiations ADN sur les populations européennes, provenir du paléolithique (époque glaciaire et postglaciaire), et être le dernier témoin des premiers peuplements européens. Les américains dénomment parfois les basques, au regard de l’histoire de l’Occident, les “indiens blancs”...

Les Celtes (Xème siècle avant J.C - début de notre ère)  Les populations ibériques -toutes comme les populations d’Afrique du Nord, berbères, kabyles, et apparentées, apparemment de familles ethniques euskariennes (lignée basque) - seront en majorité soumises à la modernité néolithique (le néolithique est par exemple l’ère de l’élevage, du début des cultures vivrières, de la sédentarisation et de l’habitat regroupé, et des ornements), et notamment celte en provenance d’Orient pour l’Europe, et s’y croiseront. Les Basques des Pyrénées s’opposent, montagnes sauvages, et sont laissés en marge. Les Romains (début de notre ère – Vème siècle)  Lors de la conquête des provinces hispaniques, les populations ibéro-celtes résistent farouchement, avec une cruauté inconnue des romains, et notamment aux abords du Pays Basque (Cantabrie).  

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Les Romains ménageront et laisseront en friche, à l’état sauvage, les peuples basques de montagne, la majorité encore nomades et de filiations pastorales, afin de s’assurer le contrôle des provinces ibériques cultivables: plaines, plateaux, et côtes...

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 2 Les basques en contretemps des envahisseurs et de l’Europe soumise  Les Invasions Germaines (Haut Moyen-âge / Vème Siècle - Xème Siècle)  Dès le Vème siècle, et les premiers déferlements Goths, les Basques encore armés par leur situation marginale et sauvage au regard de la civilisation, et de l’assimilation des populations sous administration romaine, réagissent et contrent les germains, en Soule, et plus exactement Haute-Soule, et les font refluer jusqu’à Bordeaux (Burdigala). Fruit d’un traité de paix, et d’une alliance matrimoniale de suzeraineté qui ne durera qu’une génération, le Duché de Vasconie, première souveraineté autonome européenne du Moyen-âge, et autonomie effective des peuples basques des Pyrénées septentrionales, ainsi que protectorat des populations romanes voisines, durera quatre siècles, et empêchera tout autant le contrôle des populations basques des montagnes au sud des Pyrénées.

Au sud, dans le nord de la péninsule ibérique, les Goths, installés en royaume aux Asturies, devront guerroyer chaque génération trois siècles durant, pour sembler contrôler les grands axes de passage du bas-pays basque, les pourtours de l’Ebre et probablement le littoral atlantique.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 3 Les basques en pivot de l’époque moderne européenne

Les Invasions Arabes (Féodalités et Monarchie / Xème Siècle - XVème Siècle)   Alors que l’Europe du Sud est durablement ébranlée par les coups de butoirs des gigantesques armées musulmanes, beaucoup plus modernes et administrées

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que les féodalités germaines, fortes de la puissance et du raffinement de l’Orient depuis l’Antiquité, les Basques, cette fois au sud des Pyrénées, armés par leur soulèvement contre l’expédition et la «vendetta» de Charlemagne sur PampeluneI, érigent une souveraineté, tout comme l’avait été celle du Duché de Vasconie, mais cette fois hissée sur les contreforts du Roncal, de la rivière Salazar, et de l’Aragon occidental, de Roncevaux aux abords d’Isaba et Ochagavia, juste de l’autre côté de la Haute-Soule, Xiberoa, d’où trois siècles plus tôt s’étaient insurgées les peuplades basques contre les Goths, fondant cette fois le Royaume de Pampelune sur une alliance matrimoniale de non-ingérence avec les Musulmans, dont les accrocs feront que l’accord sera rompu au bout de deux générations.   De là, le Royaume deviendra celui de Navarre, de tout l’Ouest des Pyrénées, nord et sud, fondera la Castille (Gaztela, “la province jeune” ?), et l’Aragon, comme suzerainetés autonomes, et selon une alliance rivale avec le royaume des Asturies de filiation Wisigoth, procèdera à la libération des provinces ibériques de la tutelle arabe, au même moment où dans son administration intérieure, il repose sur l’autonomie des «universités», communautés de communes des vallées montagnardes basques, dont semble-t-il, les navarrais ont accentué la re-basquisation linguistique, notamment sur le littoral et dans les grands axes de l’Ebre, alors que la latinisation avait mis en dépendance et reporté toute identité antérieure.   Au nord des Pyrénées, le Duché de Vasconie, encore souverain mais soumis aux alliances de cour des monarchies en gestation, transformé en Duché et

(1) I Charlemagne avait décidé de protéger son empire par des « marches » ou bandes de territoires neutres mais dominées qui lui donneraient une marge de manœuvre face à ses ennemis. Face aux musulmans, il est venu avec une armée jusqu’au sud des Pyrénées, et en repartant, a brûlé Pampelune en Navarre. Se retirant du territoire navarrais, passant la frontière des Pyrénées par les versants de Roncevaux, l’arrière-garde de son armée, que commandait le chevalier Roland, est attaquée et anéantie par surprise. La Chanson de Roland, chanson de geste médiévale, mentionnait l’ennemi comme étant les Sarrazins (les musulmans). L’historiographie du XXème siècle est unanime à dire qu’il s’agissait des Vascons du sud des Pyrénées, qui s’empresseront de constituer un territoire (le royaume de Pampelune puis de Navarre) négociant avec les musulmans (les Banu Qasi) puis rompant avec eux.

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Province d’Aquitaine, ne sera constituant du royaume de France qu’après s’ être allié et subordonné au royaume d’Angleterre, deux siècles durant, d’une fidélité suzeraine, et non vassale, d’une filiation du Haut Moyen-âge, de Pays souverain, et non de cour régnante.   D’une trame identique, le Royaume de Navarre succombera au spectre de sa propre couronne, au redoublement des légitimités que suppose l’indépendance de l’Etat, uniforme apposé sur les filiations naturelles, au spectre de la Monarchie Absolue qui s’impose en Europe, ainsi qu’au monde, au tournant du XVème siècle.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 4 Des libertés d’autogouvernement à contretemps des monarchies absolues

Les Monarchies Absolues (Epoque Moderne / XVème Siècle - XVIIIème Siècle)  Le Royaume de Navarre succombera à sa propre filiation, voyant les provinces originellement fondées de Castille et d’Aragon s’unir et se retourner contre lui, alors que les alliances féodales l’avait ancré au sommet de la Couronne dans la province française lointaine de Champagne, et qu’une guerre civile durable et extrêmement sanglante ait mis à mal les pays basques, entre tenants de la souveraineté première (pyrénéenne et basque) ou Agramontais, et tenants du devenir de la Couronne et de la politique des alliances européennes ou Beaumontais.   Les écarts de politique extérieure, qui voient les extensions de la couronne navarraise déchirer leur socle, ont leur exact pendant dans la politique intérieure, puisque la cruauté de l’affrontement entre les deux clans nobles, Agramontais et Beaumontais, est vraisemblablement à l’origine de la sédition des provinces basques côtières, Biscaye et Guipuzcoa, ainsi que l’Alava (le Labourd, au nord, est laissé à la Couronne de France), qui choisiront de s’unir à la Castille au nom de leur autogouvernement, en se rebellant militairement contre la suzeraineté navarraise, privant le royaume navarrais de l’accès à la mer, à l’heure de la première grande vague de conquête des «tiers mondes», menée «tambour battant» par les Portugais et les Castillans, avant-garde européenne.   L’ effondrement du royaume de Navarre, une dizaine d’années après l’ expulsion

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des musulmans hors d’Espagne, lutte dont il avait été le principal acteur, et instigateur, pendant cinq siècles, et chute contemporaine à l’appropriation des immenses territoires sud-américains, au contournement par les mers de la route médiévale de l’Asie par les navigateurs ibériques, et notamment basques, évitant ainsi tout l’orient central dominé par les musulmans, témoigne du lieu où se love la souveraineté basque réunie alors, effaçant les raisons même de l’insurrection des montagnards de Pampelune qui avait instauré le royaume au IXème siècle, face à l’événement islamique, en renvoi en cette fin de XVIème siècle, d’une autonomie, de réels privilèges et libertés pour les pays basques particuliers (provinces), grâce à leur avant-poste dans les conquêtes outre-mer, du front maritime, à l’arrière pays, logistique d’industrie maritime, d’armateurs, et de filiations militaires. Les basques seront dépréciés comme «juifs des pays ibériques», dans leurs réseaux outre-mer et leurs privilèges intérieurs, l’impunité de leur identité collective, l’insouciance de leur art de vie, et l’indépendance de leurs armes, frappées de noblesse. Les basques seront notamment à l’origine de la fondation de l’Ordre des Jésuites dans l’église catholique, nombreux dans  la prépondérance de celui-ci dans la Contre-réforme chrétienneI et la colonisation (Amériques, etc...), et resteront un des fers de lance de ce «christianisme savant» jusqu’au XXème siècle.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 5 Heure contemporaine et excentrement

La Révolution Libérale (Epoque Contemporaine / 1780 -1900)  Si le Pays Basque montagnard adhère au soulèvement révolutionnaire en France, c’est sur des motifs liés à la critique de la dégénérescence de la fonction

(1) I La Contre-réforme chrétienne est la réponse offensive que l’Eglise Catholique met en place contre l’Eglise Réformée de Luther et Calvin ou protestantisme. Le conflit catholiques-protestants a souvent tourné à la guerre civile (les dernières années du royaume de Navarre étaient versées dans le protestantisme) et l’Eglise décide de créer un mouvement doctrinaire pour se défendre sur le terrain religieux. Ce sera la Contre-réforme. Entre des étudiants à Paris se crée l’Ordre de la Compagnie de Jésus (jésuites). Sur dix fondateurs, six sont basques, leur leader est Ignacio de Loyola, un basque du Guipúzcoa. Les jésuites se proposent d’être l’avant-garde de la Contre-réforme dans le territoire de la chrétienté.

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aristocratique (privilèges de Cour), sur la dépersonnalisation et délocalisation des fonctions institutionnelles de l’administration monarchique (finances publiques anonymes et arbitraires, armée professionnelle et salariée, aristocratie et administrations de titres).   Au sud des Pyrénées, la tradition des Habsbourg, maintenue chez les Bourbons d’Espagne, qui était étendue de l’Autriche-Hongrie à la Hollande, avec tutelle de myriades ethniques, aux provinces espagnoles, et leurs peuplades farouches, ne cherche pas ce centralisme à l’extrême, que les français, boulés au coeur de tous les croisements européens, manifestent.   Les Espagnes, comme on les nommait jusqu’aux années 1830, conservent leurs droits et privilèges de pays, leur autodéfense, basée sur la primauté de l’antécédence, et l’âme indépendante, souvent montagnarde, à l’origine de toutes les castes nobiliaires, dans la plupart des continents.   Néanmoins, bousculée par l’agressivité commerçante et économique anglaise, par l’impérialisme républicain français, l’Espagne met en place sa «... révolution des orties...» libérale (pour mentionner autres oeillets ou jolies roses - en réalité cette révolution est dite «  des Ortiz  », mentionnant un nom de famille très commun en Espagne et de façon nobiliaire de très peu de renom), par une escroquerie dynastique, et deux guerres civiles, les guerres carlistes I, avec pour principal adversaire, les peuples des pays basques (1830 et 1870).  

(1) I Les guerres carlistes, autour de 1830 puis 1870, sont des guerres civiles en Espagne qui auront surtout un champ privilégié sur les territoires des populations basques (Navarre et provinces côtières). L’Espagne se libéralise, sort des ordres féodaux de la monarchie absolue, par ce qui est vu comme une escroquerie dynastique. Au décès du monarque d’alors devait succéder son frère, Don Carlos, qui jure fidélité aux lois anciennes et se propose de maintenir le régime monarchique tel qu’il est, et notamment les lois de pays (les fors – fueros) et leurs droits communautaires. Or selon une manœuvre de Cour, la couronne est confiée à la fille du monarque défunt qui n’est qu’une petite enfant, alors que l’autorité est en vérité le fait d’une régente qui elle se propose de libéraliser l’Espagne et abolir les régimes médiévaux. Certaines provinces et une partie de la population espagnole se soulèvent, et notamment en grande part le monde basque - sauf la frange urbaine de la Côte basque ibérique qui commerce souvent de façon libérale. Lors de la première guerre carliste (autour de 1830), le leader est Zumalacarregui, un officier militaire basque. Lors de la seconde guerre carliste (autour de 1870), le leader est Santa Cruz, un prêtre basque guerrier. Alors que le mouvement carliste est fortement traditionnaliste et catholique, et dans le cadre du mouvement

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De 1800 à 1900, le Pays Basque est ainsi en asymétrie du développement de la contemporanéité, lové au coeur des légitimités féodales et monarchiques, d’ordre symbolique orienté vers les origines plus que l’avenir, castes primitives et dominantes par rapport auxquelles il a d’ailleurs été au plus tôt insurgé (Goths, Musulmans), puis autonome (libertés internes de Provinces), il demeure néanmoins en ce lieu honni par la marche contemporaine, qui rejette le cadre des servilités de populations ayant elles souffert le joug de castes minoritaires, et de référents similaires.   S’ opposant témérairement aux libéraux, au nom des libertés anciennes, et religieuses, ancré dans le fondement médiéval de for extérieur (soin des coutumes, autogestion des communes et provinces) et de for intérieur (lieu et lien intime, culturel et religieux), le peuple basque se heurte à l’acier de plus en plus lourd du monde moderne, alors que quelques individualités, proportionnellement en nombre important, empêchées à un spectre moyen dans un tel devenir, rejoignent les extrêmes des avant-gardes révolutionnaires et partiront, Amériques et métropolesII, ou démarqueront un bord très libéral (industrie et commerce international de Bilbao - Biscaye).

romantique en Europe, il aura la sympathie des courants socialistes et de gauche. Une des raisons, avancée par Karl Marx lui-même depuis un journal new-yorkais où il sera chroniqueur quelques mois, est que les carlistes, comme les populistes russes, basent leur mouvement sur la dimension communautaire et ses propriétés collectives, dans les communes et les pays (usufruit des rivières et forêts par exemple), et qu’ainsi dans les pays où le populisme a des bases communautaires saines, ce serait sur celles-ci que dusse se construire le socialisme. Le fascisme espagnol (franquisme) au XXème siècle revendiquera aussi l’héritage carliste, identifiant, au contraire du nationalisme basque chrétien, la cause libérale puis socialiste et de gauche en général comme étant la décadence de la grande Espagne.

(2) II Au XIXème siècle, côté basque français par exemple, la révolution de 1848 en France trouve une part importante de soutien populaire au Pays Basque et proche Béarn (ancienne Navarre des versants français) et le coup d’Etat de Napoléon III en 1851 et conséquent Second Empire jusqu’en 1870 incitent une quantité considérable de jeunes individus à s’exiler, notamment dans l’axe de leur culture politique, certaines compagnies de recrutement et notamment un temps l’office national de l’immigration en Argentine fonctionnant spécifiquement sur ces critères politiques, s’adressant à des candidats clairement de gauche ou d’extrême-gauche. Par ailleurs, encore aujourd’hui la meilleure chronique historique de la révolution de la Commune de Paris en 1870-71 a été écrite alors par un français de nom basque (Hippolyte-Prosper Lissagaray), lui-même révolutionnaire.

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TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 6   A rebours dans l’ordre/désordre des économies nationales et enjeux mondiaux  L’heure du Militarisme Industriel Occidental (Epoque Contemporaine / 1900 – 1950)   A l’heure de la révolution industrielle et de l’économie nationale centralisée, et policée, deux attitudes somme toute correspondantes donneront cours tant au sud qu’au nord des Pyrénées, à l’ouest et à l’est, du littoral commerçant et industriel à l’intérieur montagnard et pastoral.   Au sud des Pyrénées, le réflexe nationalitaire, très exactement témoin de la filiation basco-basque face à l’arrivée de très considérables flux d’émigrations ibériques livrés à la misère, et en recherche d’emploi dans les enfers industriels des premières époques du capitalisme espagnol, décidera, après une vingtaine d’années de murissement politique, d’utiliser les ressources d’ancrage traditionnel afin d’intégrer et humaniser l’essor industriel violent dans les provinces côtières.   Ainsi, alors que l’ensemble des identités politiques attachées à la tradition et à la religion plongent très sûrement dans le fascisme en Europe, des années 1910 aux années 1940, le traditionalisme moderne basque, «plus papal que le Pape» dans sa filiation catholique, se rapproche de la Gauche dès la fin des années 1920, avec un relais syndical depuis les années 1910, pour s’unir, face au fascisme et à la guerre civile d’instigation militaire, aux républicains, socialistes, communistes, et anarcho-syndicalistes, et maintiendra cette position au travers de la guerre mondiale, jusqu’à la passe des années 1950, et une génération ultérieure, gel franquiste oblige.

Gel franquiste ? Francisco Franco est le Général espagnol qui, après un coup d’Etat militaire et une guerre (militaire) contre les forces démocratiques de 1936 à 1939 - guerre pas franchement civile comme on a coutume de le dire - est resté au pouvoir en Espagne comme chef incontesté fasciste jusqu’en 1975, date de sa mort naturelle.   Les provinces françaises, et navarraises du sud, sur ces mêmes critères

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d’intégration territoriale, d’ailleurs unis aux devants de la jeune république espagnole en tant que communautés de communes quant à une souveraineté basque en 1932, ont, elles, été laissées en réserves folkloriques tant par la République en France que la primauté militaire en Espagne, dès les années 1900.

En France, selon l’intérêt fort que portait l’Europe du XIXème siècle aux basques comme culture exemplaire (et notamment comme modèle au regard de l’identité ibérique), la politique française personnellement voulue par Napoléon III fait de la territorialité et identité basque une sorte de réserve autochtone à part du mouvement et des contradictions de la modernité naissante.  La Navarre espagnole, elle, était un lieu de maintien et d’encadrement de forces militaires des plus importants en Espagne, et c’est à ce titre qu’elle a été ralliée au Général Franco, alors que ses populations indigènes se rapprochaient du nationalisme basque républicain aux abords des montagnes, et des radicaux communistes et anarchistes en ce qui concerne les majorités salariées et journalières des grandes régions de l’Ebre.   Navarre et versants du nord des Pyrénées, ces lieux traditionnels de la souveraineté basque, et notamment les pays de montagne, resteront ainsi en marge, et centristes politiquement, émigrés mis à part. Provinces conservées dans la demeure de leur propre passé, conservatrices... Elles gèlent la modernité, et désarmées, d’une neutralité inquiète et épuisante, enfantent la désertification, l’attentisme, et l’exil...

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 7   Une incandescence autocentrée à contretemps des régulations de la modernité  Assimilations et Lieux Conventionnels (Epoque Contemporaine / 1950 – 2000)   Des années 50 à l’an 2000, alors que la Guerre Froide, la situation au coeur de l’Europe, ménagée et régulée tant par les Etats-Unis que l’ex-Union Soviétique, amènent partout autour des degrés d’intégration et de commodités considérables, la permanence du fascisme en Espagne jusqu’à la fin des années 70, et la désertification du Pays Basque du nord (en France), et de la grande

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majorité du territoire navarrais au sud (en Espagne), fruits de la volonté de laisser en demeure le fait distinctif, et l’auto-identité, d’un peuple historique différent, au sein des puissances qui l’englobent, et s’y régulent à leur guise, entrainent une mobilisation considérable de la population basco-basque, autour de sa capacité à intégrer les secteurs les plus marginaux, les plus étrangers, sur son territoire de reconnaissance courante.   Appuyée par les secteurs dissidents et rebelles au franquisme en Espagne, dans les zones urbaines, modernes, et industrielles du Pays Basque du sud des Pyrénées, forte de la mobilisation centrale ou périphérique des diasporas en exil face aux dictatures militaires latines, la mobilisation basco-basque questionne la notion de développement et d’autodétermination dans tout le Pays Basque, sud (en Espagne) et nord (en France), est (bords pyrénéens) et ouest (côte atlantique), voulant préserver les conditions empiriques du maintien des populations locales, et de l’intégration et renvoi des modernités selon une autogestion, non pas idéalisée, mais en cours dans les moyens en oeuvre, autour d’une question tant vitale (peuplement) que symbolique (santé culturelle) :   SAUVER LA LANGUE BASQUE, ET LA PORTER DE FAÇON COURANTE   Durant toute cette période, la «vectorisation de l’identité propre» entretient un questionnement diffus de la modernité, un raisonnement propre de la fonction civique, et une résonance de plus en plus lourde, et comprise, du monde contemporain, dans des termes internes aux filiations locales.   Lovée au coeur de ce temps extrême, d’amplification et distorsions, la population basque, et son droit courant, dans ses cours et méandres, ménage son autonomie dans le concert bousculé et régi des actualités du monde contemporain, de leurs «ordres du jour» privilégiés.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 8

Terrorisme, distinction, et droit au monde

Le Terrorisme au Monde, un Veto (Epoque Contemporaine / 2000 - ?)  Quelques remarques, et un recentrement au début du XXIème siècle, et du IIIème millénaire.

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Alors que le décalage, contretemps, et fait distinctif basque, est à son paroxysme de crise et déchirure entre 1940 et 2000, sûrement du fait de ses origines civilisationnelles distinctes depuis 30 siècles, des grands flux dominants de l’histoire occidentale, l’intégration internationale de ces civilisations consacrées, ces deux derniers siècles, dans «la grande reprise» contemporaine, le terrorisme, version basque, ou la lutte armée d’une stricte clandestinité, axée sur la surprise et l’effet somatique des résonances de l’ordre et de l’événement dans les grands Etats environnants, a été utilisé des années 60 aux années 2000.   Néanmoins, on aurait pu objectivement penser, ainsi qu’ espérer, que cette réalité, «utilisée, évitée, et contestée» par la plus grande majorité des populations (basques) dont elle revendique la primauté, touchait à sa fin en l’an 2000.   Car, bien ailleurs qu’ en ses significations culturelles, honnies ou portées avec fierté, la lutte armée a été une dynamique de violences reportées, comme maillons de chaine, les incomplétudes et souffrances du devenir basque s’y sont nouées pour en rejoindre une actualité libérée, dont pourtant l’irrésolution, ou la butte, ont accru pendant plus de vingt ans les distorsions.   Seules les expectatives sur les modalités de sa résolution seraient demeurées vecteurs des derniers sursauts de contradictions violentes, alors qu’elles révèleraient des intérêts peu avouables sur les versants d’une lutte contradictoire, et pendant plus de vingt ans contredite par une proportion croissante de ses propres adjacences.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 9

Les fins du terrorisme, la fin du terrorisme

Pivot de Société Civile (Epoque Contemporaine / 2000 – 2007)  La résolution de ce devenir terroriste serait, nous parait-il,   ce même cours autonome et basque que l’ « autodéfense » terroriste a voulu convoyer, ayant potentiellement acquis par le refus de celle-ci, en tant qu’autonomie de devenir et inertie basque, la capacité de neutraliser l’activisme clandestin, où les deux incidences adverses, les Etats centraux et l’ETA, se renvoient l’argument ennemi comme raison propre, et ont tenté d’y contraindre les alternatives, et l’autodétermination populaire, basque, et de gauche.

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106 Domaine Basque :Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

Ces forces basques centrales et raisonnées, constituantes de 2000 à 2008 (projet d’une reconsidération des autonomies institutionnelles sur les territoires basques), au prix d’une lutte contre un étau inique et cynique, ont réduit pendant presque dix ans ce conflit privilégié ETA / Etats Nationaux, geôlier des raisons sociales et culturelles, et donc politiques, au silence, et à l’arrière-garde, en contournant le vecteur collectif et univoque de «l’identité revendiquée», pour y reloger «le sujet en relation, la vie vécue en ses lieux».   Au même moment, semblait-il selon des modalités identiques mais à contretemps incomparablement plus puissantes, tant par la teneur des crimes, que leur relais dans la communication et la normalisation sociale, le monde s’investissait ailleurs et puissamment (mondes musulmans, autres mondes tiers...) sur ces réalités de décompositions (tiers et quart-mondes) et d’attentats (intégrisme), de répressions (polices et armées transnationales) et d’altérités libérées et constituantes (leviers politiques), logiques de mondes démarqués et de terrorismes...   Gouvernance entretemps, le jeu libéral, d’un enjeu libéral, ouvrir/casser le marché, chasse pourtant sa conséquence sur son propre pas, terrorisme en marge et répressions en pivots, enfantant dans son propre angle aveugle, une raison qu’en conscience il ne cesse d’exploiter et d’altérer : l’identité.

Question de pouvoir, inerties de violence, négociations engagées (en 2006), l’ETA et les Etats nationaux ont repris le contrôle de la société basque, jusqu’au retour de la violence armée (en 2007) qui a plongé la société basque dans la torpeur et le sordide, comme un vaste univers carcéral.

TRAITÉ D’HISTOIRE BASQUE / 10

Pays Basque et résolution : s’équilibrer en rappel du monde

Crise et Butte (Epoque Contemporaine / 2008 - ?)Le terme simple « Pays Basque et liberté » est (et a été) un des contours les plus violents de la vie en Pays Basque, dans la mesure où sa traduction courante (l’une d’ elles) est Euskadi Ta Askatasuna qui est (et a été) le nom de l’organisation armée clandestine basque (dite terroriste) E.T.A.

Pourtant il s’agit d’un terme simple, Pays Basque et liberté.

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Souvent la liberté est décrite comme un élément d’ouverture, de relâchement, de plaisir possible. Cela est effectivement sa dimension primordiale, celle précisément que l’on oublierait. Pourtant comme toute œuvre ou travail, la liberté embrasse ou confronte des objets et considérations par rapport auxquels l’entreprise sera plus ou moins tenue ou étroite.

Dans le cas d’une organisation militaire terroriste (dite terroriste), il va de soi que la liberté la plus étroite, la plus guerrière et la plus sauvage (tant en termes de fuite que d’attaque), est revendiquée comme avant-garde de toute forme autre de liberté. Cela est contestable évidemment.

D’autre part, l’expression simple Pays Basque et liberté, et sa perfide traduction basque, est ici mentionnée pour rappeler que dans ce vis-à-vis extrême de confrontation guerrière entre les polices et sécurités des Etats, et une organisation terroriste clandestine, c’est sourdement une lutte de position constante qui s’est mise en place durant des décennies, dans la mesure où la trame clandestine et illégale basque et la trame clandestine (au regard du citoyen) et légale policière n’ ont cessé de se faire face, de se chevaucher, de s’altérer, et de tenter de se faire céder sur un ou autre lieu ou enjeu.

Les attaques terroristes (et la réponse policière pour les militants basquisants) ne venaient que donner à cette guerre de position la virulence qu’elle aurait perdue sinon, au risque de céder du terrain à l’adversaire.

Or vraisemblablement et comme souvent dans des considérations libertaires, ce ne sont pas les forces qui se font face qui ont raison l’une de l’autre, mais le terme tiers. Du jeu de ceci précisément, de la guerre d’influences et dépendances qui obligent au conflit, qui boulent toute alternative dans l’affrontement, vient le côté moralement inhumain d’une guerre privilégiée.

La position potentiellement légitime est la position tierce. Celle qui se distingue avec concrétude de nous et notre propos ici. Celle qui se distingue avec concrétude de nous qui évoquons et de vous qui lisez. Sans que cela ne légitime l’indécision de chacun. La capacité de décision, la netteté des contours, sont précisément l’emprise et la résolution.

Durant quelques années très récentes (durée qui semble avoir été celle qui a conclu la lutte armée de l’ETA alors que l’arrêt de celle-ci était un enjeu actif de

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113Domaine Basque :Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

la société civile ces quinze dernières années) nous avons été nombreux, dans une résistance culturelle et un péril politique, à nous identifier avec l’identité basque et la sortie hors des trames terroristes ou policières, la politique policière fonçant sur ce dernier recours de retraite.

Puis l’ETA a annoncé au long d’une année et suite à des années sans direction claire la fin définitive de la lutte armée, et nous pouvions quelques temps ne plus faire mention, nous soulager, de notre filiation basque. Attitude centrée et désengagée, cela peut être aussi un moment de notre intelligence basque, en quoi un motif culturel libéré (autre) peut transcender en conscience les trames y compris sourdes qui façonnent nos enjeux courants. Il va de soi que l’on n’y gagne rien, outre les tables sur leurs pieds, les arbres droits et dressés, le ciel en son lieu.

Nous pensons que comme les Alpes (qui sont au cœur du massif plus inaccessibles) ont autorisé des nations et nationalités distinctes (certaines pour des motifs franchement antifascistes) comme la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, les Pyrénées pourraient aussi voir se dessiner des territoires souverains intermédiaires, tel le Pays Basque, ou encore la Catalogne, pourquoi pas un territoire Occitan. Cela serait une richesse culturelle et ethnique qui rencontrerait les territoires géographiques, historiques et naturels, de ces régions originales.

Pays Basque et liberté… Est-ce la liberté d’être français en Pays Basque, d’être espagnol en Pays Basque ? Oui. La culture française et ibérique sont toutes deux porteuses de haute valeur culturelle, et elles pourraient être à même dans une souveraineté basque, tout comme la Suisse et ses cantons ont trois dominantes territoriales, de langue germanique, de langue française, de langue romane.

Le Pays Basque (et ses cantons) pourrait se structurer avec indépendance aussi sur des liens francophones (côté français) ou hispanophones (côté espagnol). Le côté espagnol lui même a deux territorialités différentes selon l’histoire du XXème siècle, la Communauté Autonome de Navarre, et la Communauté Autonome Basque, et comme les territorialités en Suisse, l’on pourrait s’y adapter.

C’est tout ce que nous voulions dire sur Pays Basque et liberté, sur être en Pays Basque – notamment entre 2000 et 2012 - et sur la résolution d’un conflit armé de cinquante ans.

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CONCLUSION GENERALE Quatre aires basques, un cadre conséquent

Pour terminer cet exposé historique, nous voudrions présenter quelques éléments descriptifs de géographie. Si l’histoire est l’intelligence d’une coupe dans le temps, la géographie est celle d’une coupe dans l’ espace - le territoire. Nous voudrions ici rendre évident que le Pays Basque existe à travers quatre aires très distinctes, qui sont une configuration insolite, donc à la fois intéressante et ouverte, mais aussi un très fort déséquilibre, qui fait preuve d’un manque d’unité et cohérence territoriale (de caractère politique et administratif) flagrant. Enfin nous voudrions juste mentionner que le Pays Basque au regard des puissances environnantes est pour la plupart une gestion franco-espagnole, donc nord-sud, alors que le Pays basque à son propre regard aurait plus la nécessité très forte d’une gestion est-ouest, entre la Côte basque (ouest) et les Pyrénées basquaises (est), et ce, autant du côté français qu’ibérique. Ce descriptif vaut tous les discours politiques.

Territoire, Société, Nationalité (Epoque Contemporaine / 2000 - ?)   1 - Coté ibérique, sur un large pourtour de côte Coté ibérique, côte - région urbaine et hautement industrielle, historiquement mines et hauts-fourneaux du nord de l’Espagne - mode de vie très contemporain et à vocation européenne – région tournée notamment vers le nord-ouest de l’Europe (pays anglo-saxons, germaniques, nordiques) et l’Amérique hispanique (… Mexique, Venezuela, Argentine, Chili…)Communauté Autonome Basque - EUSKADI (reconnaissance basque)  2 - Coté ibérique, vers l’intérieur (Pyrénées) Coté ibérique, intérieur - la Communauté Autonome de Navarre (semi-reconnaissance basque) et l’Alava (Euskadi) - populations rassemblés par l’exode de leur zones rurales - vastes étendues naturelles semi-désertes, reliefs arides, vallons isolés, et deux capitales de pays : Pampelune (Navarre) et Vitoria (Alava - Euskadi) - désertification rurale ou nouveaux développements ruraux/urbains ? - loisirs, intermittences avec la ville, cultures qualitatives - vers une notion de conditions naturelles d’affinités / aménagement écologique (périurbain)  

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115Domaine Basque :Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

3 - Coté français, pourtour de 10 km de la Côte Basque Côté français, côte - centre de peuplement, en bonne part non-basque - activités de services, très peu de grandes industries, sous-traitance économique et administrative française - espace marginal de la nation métropolitaine - tourisme de masse et aujourd’hui «grand bourgeois» estival (aucune reconnaissance basque – autre que folklorique)  4 - Coté Français, versants du nord des monts pyrénéens Côté français, intérieur - en direction du centre de la chaîne pyrénéenne (piémont) - agriculture de montagne isolée mais qualitative - perspective de développement spécifique suite à l’abandon tragique des 30 glorieuses (1945 - 1975) - notion de Pays (mobilisation communautaire bénévole / basque ) - ancien tourisme aquitain (chasse, 4 x 4, fêtes) et aujourd’hui insertions européennes (anglais, hollandais, allemands) - redéfinition du tourisme, de l’activité, et de la socialité rurale / montagnarde (aucune reconnaissance basque – autre que folklorique)  5 - Une dialectique autonome Est / Ouest contre la dialectique obligée Nord / Sud   Les versants français et espagnols, bien que constatant positivement leur identité commune, en parallèle de l’ouverture du projet européen, autour de la notion de pays basque et/ou de territoire transpyrénéen, se renvoient aussi leur incompatibilité, qui fait alors perdurer un clivage et dilemme populaire franco-espagnol - nord/sud - dont le radicalisme basque est en contre un stigmate saillant, alors que le véritable problème est Ouest / Est - occidental / oriental - tant du côté ibérique que français, soit maritime / urbain / industriel / cosmopolite à l’Ouest (Atlantique - Golfe de Biscaye) et montagnard / naturel / un peu industriel et surtout rural / désertifié à l’Est (Pyrénées).

6 – En rappel des temps

Un

Un comme le droit de recevoir une culture propre, une culture une. Un comme le droit de considérer un domaine propre, une identité une. Ainsi le droit d’identifier un monde basque.

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116 Domaine Basque :Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

Deux

Deux comme la partition du domaine basque entre deux Etats-Nations, la France et l’Espagne.

Dans les temps anciens (Antiquité, Moyen-âge), les Pyrénées, loin d’être une frontière ou un clivage, sont l’ossature d’une même souveraineté sur leurs deux versants.

Puis à l’heure des grandes monarchies nationales française et espagnole, les pays basques acquièrent des privilèges et une autonomie, notamment par le rôle y compris militaire de gardiens des frontières, donc basques de France et basques d’Espagne ménagent leur basquitude (et leurs droits propres) en se renvoyant et refoulant les uns les autres sur la frontière qui les sépare (les Pyrénées), sachant négocier un lien transfrontalier dans les moments d’exception.

Aux XIXème et XXème siècles, les Etats-Nations français et espagnol (comme tous les pays modernes) se centralisent (administration et infrastructures) et la force de centralisation vers le cœur de l’Etat (plus claire en France ; tournant quarante ans au fascisme en Espagne) se réalise au détriment des régions excentrées et en l’occurrence aux frontières, marges qui se trouvent brutalement ou désinvesties ou désertifiées.

La fin du XXème siècle et le début du XXIème siècle voient des politiques territoriales plus équilibrées (mais après des décennies de dégâts) et à vocation européenne, donc aussi transfrontalières, ce qui permet une certaine autonomie institutionnelle dans certains lieux du Pays Basque.

Trois

Alors trois termes constituants, se renvoyant entre trois angles moindres une possible structure territoriale, la Communauté Autonome Basque (Espagne), la Communauté Autonome de Navarre (Espagne), et le Pays-Basque de France ? Disposant une possible et difficile existence contemporaine en trois termes territoriaux là où tous les systèmes politiques modernes sont structurés en trois termes structuraux (exécutif, législatif, juridique) comme une façon de ne pas appartenir pleinement à l’époque contemporaine, de la traverser ou s’y défaire ?

Quatre

Alors quatre aires géographiques basques distinctes (côté mer – ibérique, côté intérieur – ibérique, côté mer – français, côté intérieur – français) comme la

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117Domaine Basque :Défaite (séparatiste) ou Faîte (historique) ?

quadrature d’un cercle d’intégration vitale pour identifier et centrer un référent basque ?

Et pourtant un cercle qui, même dessiné avec force et disposant de structures politiques, ne devrait pas achever la question de la nationalité, l’appel d’avenir qu’elle suppose ?

Ou amener et arrêter un Etat à venir, Etat en l’état, une administration intégrée, devenant une parcelle alors bien commune d’une époque contemporaine bien commune, d’ailleurs peut-être finissante et stérile ?

C’est la langue basque (euskara / üska), son socium linguistique, ses configurations effectives, qui décidera de l’emprise basque sur un domaine approprié, qui démarquera les pouvoirs.