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Projet Maisons de l’Enfance en Polynésie française Dr Daniel DUMONT Dr Véronique SAINT-BLANCAT
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SOMMAIRE
Introduction p3
Le contexte p5
Maisons de l’Enfance en Polynésie française p7
Données démographiques p7
Anamnèse du projet p8
Freins de mise en place p9
Le Fare Tama Hau p11
La Maison de l’Enfant du Fare Tama Hau p12
Maison de l’Enfance p20
Lieu d’accueil de la petite enfance p20
Actions de prévention et d’accompagnement à la parentalité p22
Antennes,
Consultations décentralisées p23
Animation p23
Les lieux d'accueil enfants-parents (LAEP) p24
Lieux et actions passerelles avec l’école p25
Espaces de médiation p25
Espaces rencontre p25
Relais Assistantes Maternelles (RAM) p25
Réaliser un projet d’accueil de la petite enfance p27
Annexe p32
Références bibliographiques p32
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Introduction Les premières années de la vie d’un enfant sont déterminantes pour son bon développement.
Permettre son épanouissement et garantir son bien-être sont les clefs de notre action au service de la
petite enfance. Ainsi, depuis 2009, le Pays a à cœur d’enrichir la qualité de vie des enfants et de leurs
familles.
Si le Gouvernement de la Polynésie française a porté une attention toute particulière à la qualité des
services dispensés dans les structures petite enfance, le « chantier » de la quantité, pour combler le
déficit en termes de capacité d’accueil au niveau de certaines communes n’est pas à négliger.
Vivre dans un pays jeune et dynamique nous donne des responsabilités à l’égard des générations
futures. Reconnaître la place du tout-petit, c’est aider les familles à mieux vivre dans un cadre
accueillant pour tous.
Nous anticipons notamment les mutations de notre société (rythme de travail des parents, éloignement
familial, conditions de ressources…) en élaborant des réponses adaptées.
En Métropole, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) vient de publier un bilan de la politique
de soutien à la parentalité à la demande de la ministre des affaires sociales et de la santé et de la
ministre déléguée, chargée de la famille. L’IGAS estime que les pouvoirs publics ont tout intérêt à
consolider et à amplifier cette politique. La mission, qui a notamment enquêté dans sept départements,
estime en effet que les dispositifs mis en œuvre sont pertinents, peu coûteux pour les finances
publiques et plutôt efficients. Selon l’IGAS, le soutien à la parentalité mérite d’être considéré comme un
investissement social "rentable" permettant de renforcer la cohésion sociale et d’éviter des
interventions curatives ultérieures.
Depuis une vingtaine d’années se développent dans de nombreux pays (que ce soit en Europe, aux
États-Unis ou en Australie) des dispositifs qualifiés d’« accompagnement des parents », de « soutien à la
parentalité », de « parenting support » ou « parenting programs ». On assiste également à
l’institutionnalisation de ce domaine d’action publique émergeant au travers de textes fondateurs ou de
dispositifs institutionnels. Au plan européen, le Conseil de l’Europe a ainsi publié et diffusé en 2007 une
série de prescriptions et d’analyses concernant « la parentalité positive » ou « positive parenting »,
selon la langue adoptée. La France s’est, pour sa part, dotée depuis novembre 2010 d’un Comité
national de soutien à la parentalité, « un organe de gouvernance rattaché au Premier ministre qui a
pour objectif de contribuer à la conception, à la mise en œuvre et au suivi de la politique et des mesures
de soutien à la parentalité définies par l’État et les organismes de la branche famille des organismes de
la sécurité sociale »
L’ensemble des pays développés fait preuve aujourd’hui d’un appétit croissant pour les services de
soutien à la parentalité, dans un contexte de transformation des structures familiales et d’intérêt porté
à la logique de “l’investissement social”.
Dans cette perspective, le rapport du Centre d’analyse stratégique : Aider les parents à être parents. Le
soutien à la parentalité, une perspective internationale, du 3 septembre 2012,
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s’est fixé une triple ambition :
La première est une approche résolument internationale. En fonction des contextes nationaux,
les réponses apportées divergent : des pays ont tendance à cibler certains publics, d’autres
développent des politiques généralistes destinées à l’ensemble des parents. En partenariat avec
des experts français et étrangers, ce rapport a pour mérite de relever les tendances communes
aussi bien que les singularités nationales.
La deuxième ambition est de nourrir la réflexion par des exemples concrets. Une cinquantaine
de pratiques ont ainsi clairement été décrites dans ce rapport. Il s’agit de mettre en évidence les
dispositifs les plus prometteurs mais également d’éviter certains écueils. Ce rapport a donc en
partie été conçu comme une “boîte à outils et idées” pour les acteurs de politiques publiques.
La troisième ambition est de porter un message : les pouvoirs publics ont intérêt à développer
les services de soutien à la parentalité en complément des services visant à concilier vie
personnelle et vie professionnelle, et en complément des prestations monétaires familiales. Il
s’agit non seulement de répondre à une demande mais également de promouvoir le bien-être
des parents et le “bien-devenir” des enfants. Pour ce faire, il convient de banaliser le recours à
ce type de services en évitant tout risque de stigmatisation ou de prescription, et en répondant
de manière concrète aux nouveaux besoins exprimés ou ressentis par les parents.
et apporte en corollaire de bonnes pratiques à mettre en œuvre :
Diversifier les objectifs, les services et les modalités d’intervention pour répondre à
l’hétérogénéité des besoins et des attentes des parents.
Articuler une offre généraliste avec une autre destinée à répondre aux besoins spécifiques de
certains publics, de façon à couvrir toute la population.
Développer l’évaluation des actions de soutien à la parentalité pour mettre en évidence leur
impact sur les trajectoires scolaires, professionnelles et personnelles.
Banaliser le recours à ces services et mélanger les publics grâce à une politique de
communication ambitieuse et coordonnée.
Développer les programmes animés par les parents pour les parents, à l’aide d’une formation et
d’un accompagnent spécifiques
Faciliter l’accès aux services de soutien en les développant dans les lieux déjà fréquentés par les
parents (services d’accueil de la petite enfance, établissements scolaires, services de santé, …).
Depuis la fin de la décennie 90 et le début des années 2000, la France, stigmatisée par les instances
européennes en raison de ses retards dans ce domaine, a décidé de mener une politique volontariste,
innovante dans le domaine de l’accueil de la petite enfance dont les objectifs fixés sont bien connus :
favoriser, aider le développement physique, psychique, favoriser son épanouissement et son
bien être ;
permettre aux parents et aux mères en particulier, de mieux s’insérer dans la vie professionnelle
en développant des modes de garde d’enfant de qualité. Les mamans peuvent ainsi assurer
leurs tâches professionnelles en toute quiétude.
L’évolution progressive des besoins des parents, d’une part, et celle des pratiques et préconisations des
professionnels, d’autre part, ont généré au cours des cinquante dernières années une forte
diversification des modes d’accueil collectif du jeune enfant. La diversification des modes d’accueil
collectif du jeune enfant s’est accompagnée d’un effort constant visant à garantir la sécurité et la qualité
de l’accueil comme à promouvoir le développement de la capacité d’accueil des jeunes enfants.
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Le contexte
Signe des temps, avec une évolution professionnelle, sociale et même sociétale des familles ces
dernières décennies, nous observons un glissement du mode de garde familial de l’enfant vers une prise
en charge en structure d’accueil (à titre onéreux) de plus en plus précoce. Si certaines communes,
essentiellement concentrées sur la zone urbaine de Tahiti sont bien dotées en crèches et garderies, il
n’en demeure pas moins de larges lacunes dans l’offre de certaines zones. Le mode de garde encore
souvent familial est non encadré.
En Polynésie française, comme ailleurs, la famille est traversée par de profondes mutations : baisse de la
natalité, travail des femmes, exode des îles éloignées vers Tahiti. On observe une diminution du nombre
de mariages, une instabilité conjugale impliquant un exercice de la fonction parentale confronté à de
nouveaux enjeux, monoparentalité, recomposition familiale mais aussi isolement social du fait d’un
accroissement de la précarité parfois couplé à un isolement géographique. Les mutations sociétales
impliquent également une raréfaction des transmissions intergénérationnelles avec de plus en plus de
jeunes familles nucléaires vivant loin du mode de famille élargie qui faisait naguère référence.
Le regard porté sur l’enfant a considérablement évolué depuis les travaux de pédopsychiatres de renom,
tels Françoise Dolto et Bernard Thys. Ainsi, la recherche neuroscientifique a démontré l’importance pour
le jeune enfant de sa prise en charge précoce sur le plan affectif, éducatif, de l’éveil et au plus près de
ses besoins dans l’intérêt de son développement ultérieur, de l’acquisition de ses compétences, de son
autonomisation, de sa socialisation et de son entrée dans les apprentissages. Ceci est d’autant plus
important que l’enfant est issu d’un milieu défavorisé, porteur d’un handicap, d’une maladie
chronique…
Des études tendent à montrer que le repérage précoce des dysfonctionnements du lien mère-enfant,
l’accompagnement à la parentalité sont essentiels en prévention des maltraitances, prévention de
l’échec scolaire et de la déscolarisation mais aussi en prévention des actes d’incivilité, de la délinquance
et des conduites à risque.
Ainsi, l’évolution des connaissances du développement de l’enfant a permis de transformer
progressivement les structures d’accueil de la petite enfance en des espaces de vie favorisant une
meilleure réponse aux besoins de chacun (enfants, parents, professionnels) et aux aspirations de bien-
être des parents pour un meilleur devenir des enfants. Il n’est plus envisageable de dissocier l’accueil et
l’éveil de l’enfant sans penser soutien à la parentalité, qualité du lien mère-enfant.
Dans une société en mutation, il s’agit de répondre à une demande croissante émanant des parents
mais aussi des services publics : comment promouvoir le bien-être des parents et le bien-devenir des
enfants ?
Au vu des exemples étrangers, le succès de ces politiques réside dans leur capacité à répondre aux
besoins de tous les parents et dans les stratégies mises en œuvre pour favoriser leur accès. L'enjeu est
de ne pas donner l'impression de prescrire un soutien à des pères et des mères qui se sentiraient jugés
défaillants mais bien de répondre très concrètement aux nouveaux besoins exprimés ou ressentis par
les parents.
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Bruno Bettelheim, psychanalyste de grand renom, avance des suggestions et propose cet adage :
«élever un enfant est une entreprise créative, un art plutôt qu’une science. Il faut autre chose que des
explications et des conseils : il faut aider les parents à comprendre tout seuls ce qui se passe dans la tête
de l’enfant ».
Ce qui pourrait sembler une évidence pour certains n’en demeure pas moins hermétique pour d’autres,
sans doute d’autant plus dans une période contemporaine marquée par l’affaissement d’un certain
nombre de traditions et transmissions intergénérationnelles.
En effet, si l’enfant qui vient au monde fait de ses géniteurs des parents, respectivement une mère et un
père, le processus qui conduit à assumer ces rôles et ces fonctions, à occuper ces places, n’est ni
spontané ni immédiat, mais correspond à une transformation identitaire et psychique importante
enracinée dans l’histoire familiale et la succession des générations. « On ne nait pas parent, on le
devient »
Pour Serge Lebovici qui a développé la psychiatrie du nourrisson en France, « la parentalité est donc
autre chose que la parenté biologique : pour devenir parent, il est nécessaire d’avoir fait un travail
préalable sur soi-même, qui consiste d’abord à comprendre qu’on hérite quelque chose de ses propres
parents *…+ Mais les parents ont besoin aussi d’être parentalisés par leur enfant *…+ Ainsi, se définit la
parentalité comme le produit de la parenté et aussi le fruit de la parentalisation des parents».
Les demandes des familles sur leur rôle de parents, en matière de réflexion et d’échanges, de conseils et
d’accompagnement, d’informations et de débats, concernent principalement l’éducation des enfants et
le fonctionnement de la famille, la scolarité et les relations avec l’école, ainsi que les questions relatives
à la santé du jeune enfant et aux conduites à risque des adolescents. Cependant, les thèmes autour de
la communication intrafamiliale, de l’autorité, des règles de vie, de la relation amoureuse, de la
séparation, des relations avec son adolescent, de la prévention des conduites addictives, etc.… sont
également fréquemment soulevés et font l’objet de groupes de paroles, d’échanges dans les actions
menées par les différentes écoles pour les parents, café-débat…
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Maisons de l’Enfance en Polynésie française
Données démographiques
(cf. annexe : Tama en chiffres 2009, Famille en chiffres 2009, données CPS, Bises de janvier 2012)
Si l’âge moyen des mères reste stable (27,7 ans) depuis le début du recueil des certificats de santé du
8ème jour, en 1997, il s’agit à présent de leur 2ème grossesse alors qu’il s’agissait de leur 3ème grossesse en
1997. L’âge moyen des mères est plus élevé en France (30 ans vs 28 ans en Polynésie française), de
même que celui des femmes primipares est plus élevé (28 ans en 1998) qu’en Polynésie française (24
ans). 46% des mères sont primipares, en France comme en Polynésie française.
Parmi les mères pour lesquelles l’âge est renseigné par le certificat du 8ème jour, les mères mineures
représentent 3% des grossesses en moyenne. Ceci doit encourager la poursuite et le renforcement des
actions de planning familial dans les collèges et lycées. Ce pourcentage de naissances chez les femmes
mineures en Polynésie française reste toujours nettement plus élevé qu’en France (1,5 % en 2001).
La majorité des femmes fait sa 1ère visite de grossesse durant le 1er trimestre. Cependant, chaque
année, encore 15% de femmes font suivre leur grossesse tardivement. La proportion de femmes ayant
consulté tardivement (après le 1er trimestre) est plus faible en France (3,9% vs 15%).
La préparation à la naissance est plus largement utilisée en France, 45,5% en 2007.
Le taux de pathologies pendant la grossesse est plus élevé en Polynésie française: 15% vs 8,3% en
France (2007), où le diabète gestationnel ne représente que 2,6% de ces pathologies. Le taux
d’hospitalisation pendant la grossesse en Polynésie française, même s’il diminue ces dernières années,
est plus élevé (20%) qu’en France métropolitaine (8,9% en 2007).
Le taux de césariennes pratiqué en Polynésie française (16,5%) est inférieur au taux en France (24% en
2007).
Le taux de prématurité en Polynésie française est comparable à celui de la France (6,4% en en 2007) de
même que le pourcentage d’enfants de faible poids de naissance (6,6% en 2007).
Le pourcentage d’enfants transférés en pédiatrie ou en néonatalogie à la naissance en Polynésie
française (6%) est comparable à présent à celui de la France en 2007 (5,7%).
Le taux d’allaitement maternel à la naissance en France en 2007 est bien inférieur à celui de la Polynésie
française (66% vs 89%).
L’ensemble des indicateurs relevés en Polynésie française se rapproche des taux français : grossesses
suivies tardivement, nombre d’enfants nés hors d’une structure agréée, pathologies pendant la
grossesse, hospitalisation des mères, transfert à la naissance, taux de prématurité, pathologie de la 1ère
semaine de vie sont autant d’indicateurs en baisse.
Cependant, certains indicateurs restent encore anormalement élevés (taux d’enfants de faible poids de
naissance, taux de césarienne, taux d’anomalie congénitale), alors que d’autres se maintiennent (taux
d’allaitement maternel, couverture vaccinale).
Enfin, on notera le recul de l’âge moyen des mères, le recul de l’âge moyen des primipares et la baisse
de la parité. Afin d’améliorer ces résultats, il faut s’intéresser aussi aux conditions de vie des femmes,
pour mieux cibler les actions de lutte contre la prématurité et l’hypotrophie, ainsi que les causes de
transferts néonataux (importance par exemple de connaître la catégorie socioprofessionnelle des
femmes).
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Anamnèse du projet
(cf. annexe : courrier ministériel, dossier de presse, projet et aspects financiers)
La majorité des naissances a lieu sur l’île de Tahiti (84.8% en 2008).
En Polynésie française, 46 000 enfants de moins de 11 ans ont été recensés en 2007 dont 11 313
préscolaires et 29 350 âgés de 0 à 6 ans majoritairement dans les îles du vent (73%).
Avec une moyenne annuelle de 4680 naissances conjuguée à un accroissement de l’activité
professionnelle des femmes, l’augmentation des besoins en services à la personne ne peut
qu’augmenter.
Dans le cadre du Pacte de Progrès et du contrat de développement, un partenariat Etat-Pays a été acté
en 2009 pour développer en Polynésie française l’accueil de la petite enfance au sein de commune
volontaires.
Ce secteur d’activité va donc présenter un potentiel de nouveaux emplois mais sera aussi un vecteur
d’animation locale, communale et un outil d’égalité des chances et de lutte contre l’exclusion. Une
démarche de consolidation et d’accompagnement des modes de prises en charge des enfants en dehors
du milieu familial a été proposée.
C’est ainsi que le 23 juillet 2009, l’Etat et la Polynésie française s’engageaient en signant la convention
de financement n°183 09, dans la voie de la modernisation de l’accueil de la petite enfance et de
l’accompagnement des parents de jeunes enfants
Cette convention devait permettre le financement de la construction de Maisons de l’enfance sur des
terres domaniales ou municipales dans les communes s’inscrivant à ce double projet.
Ont été finalement retenus 5 projets : Punaauia, Faa’a, Taravao, Uturoa, Taiohae.
Envisagé dans une perspective de développement local, l’intérêt d’une Maison de l’enfance est de
pouvoir créer un espace de service public de proximité pour les familles du territoire.
Ainsi est né ce projet des Maisons de l’Enfance comme un outil fédérateur autour de la famille dans un
objectif de cohésion sociale.
Le maillage partenarial (institutionnel, associatif) avec un pilotage communal permettrait d’accueillir de
jeunes enfants dans un cadre éducatif, sanitaire et social favorable à leur épanouissement et donnerait
ainsi à leurs parents l’opportunité d’exercer une activité, professionnelle ou non, de lutter contre
l’isolement ou l’exclusion sociale, de trouver sur un même site, au plus près de chez eux, une multiplicité
de services.
L’objectif de ces structures, en fonction des besoins identifiés est de faire bénéficier sur un même site
des activités émanant de différents services: Multi-accueil, relais assistante maternelle, lieu d’accueil
enfants/parents, permanences liées à des thématiques « petite enfance », structures passerelles avec
l’école maternelle…
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Le dossier de presse du lancement des Maisons de l’Enfance en Polynésie française résumait ainsi les
missions dévolues :
- Il s’agit de pôles exemplaires d’accueil collectif de nourrissons, d’enfants pré-scolarisés et
d’enfants scolarisés pour les périodes périscolaires (après l’école, journées pédagogiques et
vacances scolaires) dimensionné pour accueillir 35 enfants au plus dans des conditions
correspondant aux normes d’hygiène et de sécurité en vigueur. Elles se veulent
complémentaires et non concurrentes des structures existantes. Autour de cet espace, la mise
en place d’une dynamique de rencontres et d’échanges pour informer les parents ou futurs
parents sur la prise en charge de leurs enfants, pour répondre aux difficultés qu’ils rencontrent
dans leur rôle d’éducateur, avec l’intervention des professionnels concernés en partenariat avec
les associations, organismes et administrations concernées.
- Soutien au développement des entreprises du secteur des crèches et garderies, la maison de
l’enfance se veut être un point de référence dans la qualité de prise en charge pour le réseau
d’établissements de garde et d’assistantes maternelles existants pour contribuer à leur
consolidation et à leur développement.
Les établissements et services d'accueil des jeunes enfants ont également pour mission d'accompagner
les parents dans leur fonction d'éducation, de les aider à concilier leur vie familiale, leur vie
professionnelle et leur vie sociale, de favoriser le développement, l'éveil et la socialisation des enfants
de moins de cinq ans, tout en veillant à leur bonne santé et en assurant leur sécurité physique et
psychique.
Freins de mise en place
(cf. annexe : état des lieux)
• Depuis le lancement du projet en 2009, la succession de gouvernements avec pour corollaire la
passation du dossier entre ministères puis services différents n’a pu autoriser une cohérence forte
dans le pilotage et la mise en route de ce chantier. Bien que la construction des édifices soit depuis
plusieurs mois terminée et quelques dégradations déjà constatées, il est à regretter qu’aucune
réflexion sur le fonctionnement n’ait été engagée au préalable.
• Initialement pressenti comme référent technique puis écarté du projet, ce n’est qu’en février 2013,
que le Fare Tama Hau a, à nouveau, été associé à ce projet et qu’une nouvelle relance de la
réflexion Pays-Etat-Commune s’est engagée afin de doter d’un projet d’établissement original et
innovant chaque structure. Le Fare Tama Hau a alors eu la charge de proposer une définition des
Maisons de l’Enfance. Il s’est agit de faire un point de l’existant sur ce type de projet afin d’éviter
les écueils allégués dans certaines études à l’international et faire un point sur les partenariats à
mettre en œuvre localement pour dynamiser et mettre en cohérence ce projet au plus près des
besoins de la population. L’arrêté n°1789 CM du 10 décembre 2013 confiait finalement la gestion et
la coordination du projet des Maisons de l’Enfance au Fare Tama Hau.
Un certain nombre de préalables paraissent incontournables.
• Définition du statut juridique et montage financier
• Quid de l’offre par commune en matière d’accueil de la petite enfance?
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Il y a nécessité d’avoir un état des lieux démographique de chaque commune inscrite à ce projet,
une photographie de l’existant en matière d’offre pour déterminer un type d’accueil pertinent et
correspondant à une demande de service public (occasionnel ex: journées pédagogiques,
socialisation préscolaire, parents en recherche d’emploi… ou régulier) et élargir la disponibilité de la
Maison de l’enfance à un accueil parent/enfant…
• Le risque de stigmatisation a depuis longtemps été identifié pour expliquer le non-recours à
certains services. Ainsi les parents peuvent ressentir un sentiment de honte à percevoir certaines
prestations d’assistance et, inversement, une forme de fierté à ne pas y faire appel. En suivant un
programme de soutien à la parentalité, des parents pourraient craindre d’être considérés comme
de « mauvais parents ». Ce risque s’est accru au début des années 2000 avec le développement de
programmes de soutien rendus obligatoires dans le cadre de politiques publiques de
responsabilisation des parents afin de prévenir les incivilités de certains mineurs.
Afin de pallier à ces freins, un certains nombre de propositions et bonnes pratiques peuvent être
suggérées :
• Une première solution peut être de proposer une offre délivrée par des parents-formateurs
(partenaires associatifs). La rencontre avec des parents qui ont vécu les mêmes situations peut
limiter le sentiment d’être « différent », à alterner, avec des interventions de professionnels
spécialisés dans divers domaines (FTH, DS, Fare Metua, CCSAT…).
• Une deuxième bonne pratique consiste à regrouper plusieurs services de proximité ce qui
permet d’offrir aux parents un accès à des services complémentaires à l’accueil de leur enfant et
au soutien à la parentalité, permanences programmées en fonction d’un calendrier d’une
antenne DCF, Fare Tama Hau, Fare Metua, DAS, ESF, CPS, CDIFF, APAJ, CCSPMI, CCSAT… variant
l’offre et permettant la mutualisation de ressources humaines.
• L’avantage de regrouper des services de soutien avec d’autres services publics est évidemment
de donner au soutien à la parentalité une plus grande visibilité tout en simplifiant la vie des
parents.
• En Finlande, tous les parents ont accès dans leur municipalité à un bureau (les Child Guidance
and Family Counselling Centers) où des conseillers sont disponibles pour répondre à leurs
questions sur l’éducation de leurs enfants, où leurs enfants peuvent aussi être examinés par des
psychologues, des médecins, et où des services de médiation familiale sont offerts
• Il s’agit de répondre à une demande croissante, mais également de promouvoir le bien-être des
parents et le bien-devenir des enfants.
• Au vu des exemples étrangers, le succès de ces politiques réside dans leur capacité à répondre
aux besoins de tous les parents et dans les stratégies mises en œuvre pour favoriser leur accès.
L'enjeu est de ne pas donner l'impression de prescrire un soutien à des pères et des mères qui
se sentiraient jugés défaillants mais bien de répondre très concrètement aux nouveaux besoins
exprimés ou ressentis par les parents.
11
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Le Fare Tama Hau
Afin d’éviter toute confusion entre la Maison de l’Enfant du Fare Tama Hau et le projet Maison de
l’Enfance tel qu’il est envisagé, un point d’étape semble nécessaire pour mieux identifier nos missions
mais aussi inspirer éventuellement certaines actions à venir des Maisons de l’Enfance.
L’établissement public administratif dénommé « Fare Tama Hau » a été créé par la délibération n°2004-
28 APF du 12 février 2004 modifiée. Son organisation et son fonctionnement sont régis par l’arrêté n°
298/CM du 18 février 2004 modifié qui stipule notamment :
« En partenariat avec les services et autres établissements de la Polynésie française, l’établissement est
chargé de coordonner et de mener toutes actions de prévention et de prise en charge médicale, sociale
et pédagogique tendant à protéger et aider les enfants, les adolescents et leurs familles. »
Il a en particulier, pour mission :
• d’accueillir, écouter, informer, traiter, accompagner, conseiller et orienter l’enfant, l’adolescent
et leurs familles, dans le cadre d’une prise en charge médico-sociale.
• de développer le soutien et l’accompagnement des familles rencontrant des difficultés dans
l’éducation de leur enfant.
• d’offrir au public accueilli, un espace libre proposant diverses activités éducatives.
• de proposer aux professionnels, des secteurs publics et privés concernés par la jeunesse, un
soutien, notamment à travers des formations, dans la prise en charge des enfants, des
adolescents et de leurs familles.
• de proposer aux autorités toutes mesures permettant d’assurer la protection et
l’épanouissement des enfants et des adolescents.
Pour mener à bien ces missions quatre unités ont été constituées :
• deux unités de soins et de prise en charge pluridisciplinaire, la Maison de l’Enfant et la Maison
de l’Adolescent. Elles développent des actions de prévention et de promotion de la santé, au
sens le plus large du terme, envers les enfants, les adolescents et leurs familles. Elles proposent
des actions de formation en faveur des professionnels.
• deux unités à caractère préventif, l’Observatoire de l’enfant et de l’adolescent et un service
d’écoute téléphonique d’urgence gratuite dénommée Ligne Verte.
L’Observatoire étant amené à être fermé ou à être transféré, son activité a été mise en sommeil,
d’autant que le poste d’assistant socio-éducatif, chargé de cette mission d’observation n’a pas
été pourvu durant les années 2011 et 2012, seul le centre de documentation a présenté une
activité en 2012.
La Ligne Verte, dans un rôle d’alarme et d’alerte, s’inscrivait initialement dans la prévention de
la maltraitance infantile et de l’adolescent en difficulté. C’est un outil simple, efficace, discret et
rapide, adapté à notre configuration géographique, qui autorise un signalement de situations
délicates mais dont le devenir est incertain.
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La Maison de l’Enfant du Fare Tama Hau
La Maison de l’Enfant reçoit des enfants de 0 à 12 ans et leur famille.
Ressources humaines : un médecin, une infirmière, une kinésithérapeute, deux psychologues
cliniciennes, une éducatrice spécialisée, une assistante sociale, trois agents sociaux.
La Maison de l’enfant, par l’éventail de ses actions ciblées en matière de prévention primaire illustre s’il
en est besoin, son approche complémentaire et originale en termes d’accompagnement familial mais
n’en délaisse pas moins les nécessaires prises en charge individuelles ou collectives, afin d’être au plus
près des besoins profilés. Cette unité, riche de sa pluridisciplinarité et des outils développés, cherche à
prendre en compte la globalité et la complexité des demandes qui lui sont faites afin de s'ajuster au plus
près des besoins identifiés des enfants et de leur famille nous consultant. Les services proposés suivent
non seulement une logique d'accompagnement suivant le niveau et le type de problématiques cernés,
allant de la prévention au curatif, mais s’adaptent également à une logique d'évolution de la société.
Nos actions s'inscrivent dans une pratique de réseau en répondant à certains besoins du public auxquels
ne peuvent pourvoir d'autres services, établissements publics, associations du fait de leurs spécificités.
La richesse du Fare Tama Hau est donc de proposer un travail en transdisciplinarité en interne et en
complémentarité en externe.
De par sa dynamique, la Maison de l’enfant est force de proposition pour des projets innovants et
évolutifs, en lien avec des demandes complexes touchant à plusieurs champs de compétences psycho-
médico-socioéducatifs. Nos prises en charge ne sont pas non plus, seulement dévolues à des familles
étiquetées comme en difficulté (notamment par les services sociaux, les établissements scolaires) mais
bien accessibles à toutes les familles éprouvant des difficultés, à un moment donné de leur vie ou de
l’éducation de leur enfant.
Les nombreuses interventions à l’extérieur ont intensifié le travail d’échanges et de partenariat, pour
accroître la sensibilisation et la connaissance des diverses institutions, des établissements de formation,
des associations, mais aussi de la population à la prévention des troubles de la relation parents-enfant
(en proposant des interventions autour du thème de l’accompagnement à la parentalité) et au
phénomène de maltraitance infantile.
Des espaces de médiation permettent enfin, de construire ou reconstruire le lien parents-enfant(s) dans
les situations d’enfants placés en institution, dans le cadre de séparations conflictuelles des parents.
Les problématiques de conflits et violences conjugales, intrafamiliales où sont cumulées carences
éducatives et affectives sont largement représentées. Elles sont en perpétuelle augmentation depuis
2009, date à laquelle l’arrêté de fonctionnement a été modifié. Outre l’accompagnement familial déjà
inscrit dans la pratique courante, la possibilité d’utiliser l’espace rencontre ou l’option de médiations
familiales offrent écoute et aide à ces familles souvent déchirées. Même si l’enfant est au cœur de nos
préoccupations, il est fondamental de travailler l'accompagnement des parents autour de ces difficultés
conjugales afin de favoriser l'investissement parental et rétablir une communication autour de leur
enfant, essentielle à son bon développement psychoaffectif en prévenant maltraitances, troubles du
comportement évoluant à l’adolescence vers un risque d’échec scolaire, d’actes d’incivilités voire de
délinquance, de conduites à risque...
13
Parallèlement à cette activité de prise en charge pluridisciplinaire des familles, nous avons monté un
certain nombre d’activités de prévention. Ces activités pour certaines en place depuis 2007 mais pour la
plupart mises en place après 2009, date de modification de l’arrêté de fonctionnement de la Maison de
l’Enfant, nous donnent un certain recul et nous permettent d’en constater le bien-fondé :
- Espaces d’accueil, pour les tout-petits de 0 à 5 ans accompagnés d’un référent parental
- Espaces de médiation destinés à consolider, à maintenir ou à rétablir le lien parents-enfants soit
dans le cadre de la protection de l’enfance soit dans les situations de séparations conflictuelles
des parents
- Accompagnements socio éducatifs ou psycho éducatifs destinés à promouvoir le bien-être de
l’enfant et de sa famille
- Projet-pilote de réussite éducative pour les enfants de CP/CE1 présentant des difficultés à
entrer dans les apprentissages, couplé à un accompagnement des familles.
En termes de prévention primaire, plusieurs types d’Espaces d’accueil ont été mis en place de façon à
offrir à la population un large panel de services permettant d’accueillir les familles en repérant et en
travaillant sur le repérage précoce des dysfonctionnements de la relation parents-enfants. Ces espaces
complémentaires dans leur concept illustrent le rôle déterminant de l’éveil de l’enfant couplé à un
travail d’accompagnement des parents tant sur une dimension de savoir-être comme de savoir-faire. Il
s’agit bien d’espaces d’accueil libres où le parent vient sur la base du volontariat, de l’envie, voire du
plaisir d’être ensemble, de vivre et partager un moment précieux avec son enfant, avec les autres
enfants et parents, avec les professionnels présents. Entre LAEP (lieux d’accueil enfant parents), classes
passerelles et projets de réussite éducative, nos projets développent l’éveil, l’individuation avec les
nécessaires autonomisation et socialisation de l’enfant mais font la part belle à la communication
parent-enfant et à l’apprentissage du langage par l’enfant. Nous avons à cœur, dans le but de valoriser
les familles mais aussi d’ouvrir le champ de découverte et d’apprentissage aux enfants, de pratiquer
plusieurs langues (français, tahitien, marquisien, paumotu, anglais…) au gré des chansons, comptines ou
animations proposées par les familles.
Du Fare Taura’a où «l’on se pose, où l’on fait une pause » au Fare Tau Marere, « temps de l’envol »,
l’enfant a pu faire ses premières expériences et est prêt à entrer en collectivité sous le regard
bienveillant mais aussi rassuré des parents qui, gageons-le, tisseront un lien évident et constructif avec
l’école. Cet accompagnement des premières années de la vie de l’enfant mais aussi des premiers pas en
tant que parent est essentiel et déterminant pour le bien être des familles et un meilleur devenir de
l’enfant. L’enfant, avide de recevoir, aura acquis durant ces Espaces, les bases du langage, des
ressources personnelles face à des situations nouvelles, des compétences face aux apprentissages, une
meilleure estime de soi et l’envie d’apprendre. Quant au parent, face au comportement positif de
l’enfant, en miroir, il prend conscience de sa « bientraitance », ce qui valorise également sa confiance en
ses capacités, sa qualification en tant que parent et le stimule par ailleurs pour son projet de
développement personnel (meilleure capacité d’insertion sociale, meilleure communication au sein de
la famille, amélioration du bien-être et de la santé globale de la famille) d’où, comme le précisait le
rapport de l’Igas, moins de recours à des prestations et consultations diverses onéreuses donc il s’agit
bien d’une politique familiale « rentable » sur le plan social mais aussi économique.
14
Le Fare Taura’a
Créé en 2007, le Fare Taura’a est ouvert tous les jeudis de l’année, de 8h30 à 12h et le vendredi de 8h30
à 11h (sauf pendant les vacances scolaires). C’est un lieu d’éveil, d'accueil et de jeu, libre, gratuit,
anonyme, sans inscription préalable, pour des enfants de 0 à 5 ans accompagnés d'un adulte (souvent
leur mère). Il favorise de par le jeu, les découvertes, les rencontres l’autonomisation et la socialisation
de ces jeunes usagers.
Espace d'écoute, d'échanges et de conseils (entre les parents mais aussi avec des professionnels de
l’enfance), il permet d'éclairer sous d'autres angles, l'exercice de la parentalité, d'accompagner et de
soutenir celle-ci et d'atténuer l'isolement social.
Ce dispositif rend également possible un repérage précoce de difficultés ou troubles divers (exemples:
troubles du lien psychoaffectif, de la relation éducative, difficultés sociales, conjugales ou familiales
pouvant perturber le développement de l'enfant). Des conseils peuvent être prodigués sur place par les
professionnels animant le Fare Taura’a et dans certains cas, une prise en charge dans l'unité ou une
orientation vers un partenaire extérieur sont programmées. Lieu de mixicité sociale, ethnique et
culturelle, le Fare Taura’a favorise l’échange, l’intégration, la diffusion d’information et des
connaissances, l’épanouissement individuel, la solidarité. Des liens se tissent qui, peuvent perdurer à
l’extérieur, des réseaux d’entraide se créent et parfois naissent des amitiés.
Si le Fare Taura’a est composé de plusieurs pôles d’activités pour répondre aux différents besoins en
fonctions des âges et de la nécessaire diversité pour favoriser l’éveil et accompagner le développement
psychomoteur de l’enfant, il n’en demeure pas moins que les activités sont libres et non dirigées.
L’adulte est là pour observer, répondre aux besoins de l’activité choisie par l’enfant, jouer avec lui,
sécuriser ou apaiser certaines tensions.
L’accompagnement professionnel est effectué par un binôme. En pratique, 2 binômes se relaient par
matinée. Ce sont essentiellement les agents sociaux qui assurent cette activité, parfois soutenus par le
médecin, l’éducatrice spécialisée ou l’assistante sociale. Durant ces espaces d’accueil, la possibilité
d’accès au Centre de documentation est offerte aux parents. L’emprunt de livres est possible. Les
parents sont en effet demandeurs de références pour consolider leurs connaissances en matière
d’éducation, des étapes clé du développement de leur enfant… mais aussi d’ouvrages à découvrir avec
leurs enfants.
Le Fare Tau Marere
Créé en mai 2010, le Fare Tau Marere est ouvert tous les mardis de 9h30 à 11h30, hors périodes de
grandes vacances scolaires et vacances de Noël, il accueille des enfants de 0 à 5 ans et leur(s) parent(s).
Les tout-petits pourront par l’éveil, le jeu, la découverte, la création, avec la participation de leurs
parents, avancer vers des étapes clés de leur vie : autonomisation et socialisation avec les
incontournables règles éducatives à mettre en place pour une meilleure adaptation à l’entrée en
collectivité et préparation aux futurs apprentissages scolaires.
Dans le cadre de la valorisation du lien parent-enfant et de l’épanouissement familial, la participation
des parents à ces activités est une forme ludique et indirecte « d’école des parents » où l’on partage un
savoir-être et un savoir-faire dans un contexte ludique, créatif et récréatif, favorisant l’échange à un
apprentissage didactique. Un programme d’activités composé d’un éveil musical, conte, comptines,
activités manuelles puis motrices permettent à l’enfant de se préparer en douceur à l’entrée dans les
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apprentissages. Les différentes fêtes du calendrier sont célébrées et permettent outre leur caractère
festif de se repérer dans le temps pour ces jeunes enfants. Force est de constater, d’après les retours
des parents, que l’entrée en maternelle se déroule bien, sans pleurs avec une appétence accrue des
enfants pour les activités scolaires. Cet espace est animé par des professionnels de la Maison de l’Enfant
(médecin, agent social) et par les membres de l'association Hopue Tama'i (ayant signé une convention
avec le FTH), enseignante à la retraite et animateurs de CLSH et de colonies de vacances.
La participation active des parents est sollicitée. Ainsi, il n’est pas rare qu’en fonction de leurs
compétences ou talents, les parents participent à l’animation des diverses activités (ex : chants et
comptines dans des langues différentes, apprentissage d’un nouvel instrument, danses, contes
traditionnels, confection de spécialités culinaires, de travaux manuels… Les parents présents sont ainsi
valorisés dans leurs compétences et l’ensemble des activités constitue un vivier inépuisable d’idées que
chacun peut ramener à la maison pour le compte de ses propres enfants.
Le Fare Tau Marere des grands
Ce projet pilote de réussite éducative ciblant des enfants de CP-CE1 ans, repérés pour des difficultés à
entrer dans les apprentissages scolaires associées à des troubles du comportement a démarré à la
rentrée scolaire 2011-2012.
Construit sur la base d’un partenariat actif avec l'école Vaiatu de Paea et Mamao de Papeete avec le
concours des directeurs, enseignants, GAPP, les parents et l'association Hopue Tama'i, ce projet vise à
l'amélioration des compétences sociales et scolaires de ces enfants. Ainsi, un suivi sur l'année scolaire à
chaque «petites» vacances (hors vacances de Noël et grandes vacances) à raison de 5 demi-journées par
semaine est proposé au même petit groupe d’enfants. Un accompagnement des parents est organisé
mensuellement, sous forme de rencontres collectives autour de thèmes éducatifs. Une évaluation est
faite en fin d’année à la fois avec l’équipe pédagogique et avec les parents sur les bénéfices obtenus.
Le projet a pour but de mettre en œuvre des activités culturelles (chant, musique, danse…),
d’expression corporelle, de motricité et exercices de latéralisation, de développer des actions autour des
langages et de la lecture, de mettre en place des ateliers créatifs et de sensibilisation à l’éducation à la
santé, à l’environnement… La logique est moins de faire du sur mesure, que de créer une cohésion de
groupe, une ouverture sur l’autre et sur l’extérieur. La finalité n’étant pas de recommencer l’école après
l’école mais de donner à ces enfants un espace d’expression et de liberté de création, favorisant leur
appétence à la découverte, au plaisir de produire ou reproduire et tester de nouvelles ressources
individuelles en les conduisant vers une meilleure estime de soi. Un travail évolutif sur une semaine est
proposé lors de chaque période de petites vacances avec une présentation de leur production faite lors
de la dernière séance, soit en interne soit devant les parents et les enseignants.
Un ramassage des enfants est effectué grâce au mini-bus du Fare Tama Hau. Le programme et
l’animation des séances sont coordonnés par 2 professionnels de la MDE (médecin et infirmière ou
agent social). A l’occasion des soirées avec les parents : ceux-ci ont été conviés à amorcer un travail
autour du lien parents-école, à réfléchir et s’exprimer sur les thèmes : droits de l’enfant, maltraitance
infantile, construire sa parentalité, rôle et fonction du père, rôle et fonction de la mère, comment
dire « non » à son enfant.
La possibilité d’observer leurs enfants au Fare Tama Hau (lors de la dernière séance de chaque session)
ou lors de la présentation de leurs travaux à l’école rend les parents plus ouverts à une collaboration
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avec l’école et plus sensibles aux problématiques éducatives. Le regard porté sur l’enfant est devenu
positif, l’enfant étant valorisé par sa production et la dynamique d’équipe.
Lieu privilégié d’observation, ce projet a permis la mise en place d’une équipe éducative pour un enfant,
la rédaction d’un signalement pour un autre. Deux familles ont une prise en charge associée au Fare
Tama Hau. Enfin certains enfants ont pu démarrer une rééducation orthophonique.
Projet Construire sa parentalité (Patu o to oe metuara'a) :
La parentalité est une notion mouvante et complexe à l'image de la société actuelle. On constate que
plus de 60% des motifs de consultations à la Maison de l’Enfant, surviennent dans un contexte de
conflits de couple, de séparations ayant un impact considérable sur l’enfant. Ce projet a pour but
d'intervenir en amont (prévention primaire) en proposant aux futurs parents et parents d'un enfant de
moins d'un an, de les accompagner sur le chemin évolutif du « devenir parent » dans les dimensions
psychologiques du « savoir-être » parent et celles socio-éducatives du « savoir-faire » avec l'enfant.
Le dispositif se décline sous plusieurs formes d'accompagnement: individualisé (couple parental, parent
seul ou futurs parents) ou en groupe (futurs parents) au choix et en fonction des demandes.
Bien que travaillé en interne, l’épanouissement de ce projet est freiné en raison de difficultés à
mobiliser les partenaires.
En cours, l’élaboration d’un livret sur le « devenir parent ».
En termes de prévention secondaire et tertiaire, différents types d’actions ont été mis en place avec le
cas particulier des visites médiatisées mais aussi des accompagnements socio-éducatif et psycho-
éducatifs.
L'objectif général des Espaces de médiation est de valoriser et améliorer la qualité du lien parents-
enfant(s), dans des situations d'enfants placés ou dans des situations de séparations conflictuelles des
parents. Il s’agit de construire ou reconstruire un lien parent-enfant dans un environnement, neutre,
bienveillant et sécurisant pour l’enfant en redonnant les clés de la communication aux parents
nécessaires au bien-être et au bon développement de l’enfant. Bien qu’étant encore un outil largement
sous-utilisé par nos partenaires et méconnu du grand public, les médiations enregistrent en 2012 une
hausse sensible de leur nombre.
Le Relais parents-enfants
Ce projet implique de multiples partenaires (Juge des enfants, Services sociaux, Foyers d’accueil...) et a
pour objectifs:
de favoriser la reconstruction et/ou le maintien du lien de l'enfant avec ses parents en assurant
la sécurité du mineur (placé sous protection judiciaire) via le cadre proposé des visites
médiatisées par un professionnel de la Maison de l’Enfant, neutre, extérieur à l'histoire familiale
du placement et disponible pour accompagner ces relations (il s’agit d’une éducatrice
spécialisée, d’une assistante sociale, voire d’une psychologue pour certaines situations);
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de permettre aux parents et aux enfants d'être acteurs de leur rencontre en valorisant et en
stimulant l'autorité et les compétences parentales tout en offrant un cadre contenant et
étayant;
d'aider l'enfant à modifier les représentations qu'il peut avoir de ses parents et pour ces
derniers à modifier également leur manière d'être parent en instaurant un lien d'écoute et de
communication fiable autant que non-jugeant avec un professionnel.
Le Fare Te Ta'ati
Cet espace créé en 2010, permet, lors de séparations très conflictuelles de couples, d'offrir un exercice
du droit de visite afin d'assurer la continuité du lien parental. Cet accueil dans un lieu neutre, sécurisant
et contenant, permet à l'enfant de se situer dans son histoire familiale et de rendre les parents acteurs
d'une parentalité complémentaire et responsable.
Autrement dit, l’accompagnement proposé se situe sur 2 axes, d’une part, l’exercice des droits de visite
(c’est un Espace de Rencontre) et d’autre part, la médiation parentale. Les familles peuvent être
adressées par le JAF mais également être orientées par les services sociaux, par des professionnels de
l'enfance ou même venir spontanément. L’accompagnement familial proposé se fait alors souvent de
façon alternée avec chacun des parents au sein du service.
Les médiations parentales
Face à la proportion grimpante du nombre de parents séparés reçus il apparait que la médiation
parentale soit un outil adapté pour bon nombre de situations. En effet, les problèmes de
communication dans le couple parental même autour de l’organisation de la vie de leur enfant sont tels
qu’ils induisent mal-être, angoisses et troubles du comportement chez cet enfant.
La médiation parentale a donc une place particulière et poursuit plusieurs objectifs :
- Maintenir son rôle parental face à des situations de divorce, de séparation, de deuil ou de conflit
familial, dans un climat de respect mutuel.
- Accompagner les adultes qui le souhaitent dans la rechercher de solutions concrètes,
mutuellement acceptables et durables : partage des biens, résidence des enfants, autorité
parentale, budget de l’enfant. En donnant la priorité à l’intérêt et au bien-être de l’enfant.
- Aider à la résolution de conflits familiaux.
Elle peut se mettre en place à plusieurs moments :
- Avant la séparation : quand la question du maintien de la vie commune se pose
- Pendant : au cours du processus de séparation et/ou de procédure juridique
- Après : quand la mise en pratique des décisions prises devient difficile ou nécessite des
modifications
Cette médiation pourrait être proposée à des parents par le biais des partenaires qui reçoivent pour
d’autres questions des parents en voie de séparation ou séparés (CDIFF, service social, associations…).
Elle peut aussi être proposée lors des espaces d’accueil du FTH ou encore lors de prises en charge à la
maison de l’enfant si le besoin s’en fait sentir.
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Atelier contes
Conçu comme un suivi psychologique de groupe à but thérapeutique, soit dans le cadre d’une prise en
charge à part entière soit complémentaire à un accompagnement individuel psychologique ou socio-
éducatif, ce projet concerne des enfants âgés de 8 à 11 ans, suivis au Fare Tama Hau.
Il s’agit d’une modalité d’accompagnement psychologique de groupe restreint et fermé, sous forme de
thérapie brève (c’est-à-dire d’un nombre de séances délibérément limité). Le caractère fermé implique
d’avoir le nombre d’enfants requis (minimum 4, maximum 6), qui seront suivis sur toute la durée de la
session. Les sessions sont composées de 10 séances d'1h30, tous les 15 jours, le mercredi après-midi.
Le conte est suivi d’activités diverses (dessins, pâte à modeler…), les objectifs visés sont les suivants:
apprendre à accueillir, identifier et gérer les émotions
favoriser la dynamique motivationnelle en général et l'appétence pour les apprentissages en
particulier
permettre la restauration d'une meilleure estime et image de soi
développer une meilleure conscience de soi et de l'autre, une communication plus constructive ainsi
que les processus d'autonomisation, de socialisation et de responsabilisation
Saga
Chaque année l’éducatrice spécialisée accompagne un groupe d’enfants suivis à la Maison de l’Enfant
durant une semaine en juillet et en décembre. La présence de l’éducatrice spécialisée favorise la mise en
confiance de l’enfant dans un milieu autre que celui de la famille et de l’école Elle assure le lien avec les
moniteurs de voile et avec les familles d’accueil lorsqu’il y a des difficultés avec l’enfant. Terrain
d'observation propice à des interventions éducatives immédiates dans le quotidien et à un repérage de
difficultés sous des formes non manifestées dans le cadre restreint du lieu de consultation, ce travail
donne lieu à un débriefing entre les professionnels chargés du suivi des enfants, à un bilan des
observations recueillies avec les familles et à un réajustement concerté des accompagnements
proposés.
Interventions extérieures
Enfin dans le cadre du maillage de réseau et en vue de créations de projets, de nombreuses
interventions extérieures sont effectuées par les différents professionnels du Fare Tama Hau, sur
sollicitation des partenaires extérieurs. Ainsi les établissements scolaires, les communes, les
associations, divers partenaires institutionnels ou associatifs font appel à nous pour participer à des
événementiels, animer des stands, conférences, ateliers, débats sur des thématiques très diverses,
participer à la formation de professionnels ou futurs professionnels en lien avec l’enfance et
l’adolescence…
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Au total
Si la présentation des activités du Fare Tama Hau est incontournable, c’est pour donner un exemple
concret sur la nécessité et la cohérence de colliger tout un éventail d’actions de prévention. Cela, afin de
répondre au mieux, aux besoins de la population, qui sont complexes et touchent à des domaines de
compétences très variés. Les prises en charge proposées sont globales dans l’objectif de ne pas donner
l’impression d’un saupoudrage ou d’un morcellement néfastes, conduisant à l’effet inverse de ce que
l’on souhaite, à savoir, un épuisement des familles ou un rejet de la structure.
Ainsi ce projet polynésien de Maisons de l’Enfance laisse la part belle à l’originalité, à la créativité. Si
chaque structure s’est dotée d’un modèle architectural différent, chacune de ces 5 structures aura aussi
un modèle de fonctionnement unique, répondant en termes d’accueil d’enfants et de proposition de
services aux parents, au plus près des besoins profilés par l’état des lieux.
Maison de l’Enfance
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___________________________________________________________________________________
Maisons de l’Enfance
Schématiquement, ces Maisons de l’Enfance ont un volet de structure d’accueil de la petite enfance
accompagné d’un volet de soutien à la parentalité, autour desquels gravitent quelques satellites de
prestations de services utiles à incontournables (en fonction des besoins cernés et de l’offre en
ressources humaines).
La Maison de l’Enfance
Lieu d’accueil enfant-parent
Espaces de médiationEspaces de rencontre
Animation d’ateliers éducatifs et de
prévention(associations, FTH, Fare
Metua,DAS, CCSAT…)
Services de proximité (CCSPMI, DAS, ESF, associations d’aide
aux victimes…)
RAM
Classes passerelles
Lieu d’accueil de la petite enfance
Les crèches collectives, les haltes-garderies, les multi-accueils et les jardins d’enfants sont regroupés
sous le terme commun d’«établissements ou services d’accueil collectif des enfants de moins de six
ans», en Polynésie française, l’école étant obligatoire à partir de 5 ans, l’âge limite d’admission serait
donc celui-ci.
Ces établissements proposent un accueil collectif régulier ou à temps partiel ou occasionnel d’enfants
de moins de 5 ans par des personnels qualifiés, dans des locaux spécialement aménagés à cet effet. Le
statut juridique du gestionnaire n’a pas d’influence.
Le gestionnaire est l’entité publique ou privée qui met en place un établissement ou service d’accueil et
qui en est juridiquement responsable. Les établissements ou services d’accueil des enfants de moins de
5 ans peuvent être créés et gérés par des collectivités, des établissements ou services régis par le droit
public ou des organismes de droit privé.
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Les locaux et leur aménagement doivent permettre la mise en œuvre du projet éducatif.
Les personnels des établissements doivent pouvoir y accomplir leurs tâches dans des conditions
satisfaisantes de sécurité, d’hygiène et de confort, en portant aux enfants une attention constante et en
organisant de manière adaptée à leurs besoins les repas, le sommeil, le repos, les soins corporels, et les
activités de jeu et d’éveil.
L’aménagement intérieur des établissements doit favoriser en outre l’accueil des parents et
l’organisation de réunions pour le personnel.
Les services d’accueil familial doivent disposer d’un local réservé à l’accueil des assistantes maternelles
(en fonction du projet retenu) et des parents, d’une salle de réunion et d’un espace réservé aux activités
d’éveil des enfants.
Les établissements ou services « multi -accueil » associent différentes formules d’accueil : accueil à
temps partiel, accueil ponctuel ou en urgence, ou crèche / halte-garderie et crèche familiales. On les
retrouve aussi sous la dénomination de « maisons de la petite enfance ».
Des structures passerelles avec l’école maternelle, des lieux d’accueil parents-enfants, un accueil
périscolaire, des relais assistants maternels, des services de garde à domicile ou encore des lieux d’éveil,
peuvent également être associés aux services d’accueil familial.
Les multi-accueils proposent aussi parfois un accueil familial quand l’enfant est très jeune, puis le
passage progressif ou pour une partie du temps, à un accueil collectif, favorisant son éveil et la
découverte de la vie en groupe quand l’enfant est plus grand, avant l’entrée à l’école maternelle.
En fait, peut importe l’appellation ou le type d’accueil proposé, puisque l’objectif des multi-accueils est
d’apporter la plus grande souplesse possible des solutions d’accueil qui sont proposées aux parents, car
ils permettent une meilleure réponse aux besoins des familles, et peuvent s’adapter aux changements
de contraintes des parents (changement de rythme d’accueil, par exemple). Le multi-accueil est donc
une notion ouverte à la créativité !
En permettant de combiner accueil collectif et accueil familial, ils répondent également parfois à des
besoins d’accueil à des horaires atypiques (fins de semaines, nuits). Ils offrent la possibilité de substituer
temporairement un accueil familial à un accueil collectif (quand l’enfant est malade par exemple).
Selon la règlementation métropolitaine, la direction d’un établissement ou d’un service d’accueil d’une
capacité inférieure ou égale à quarante places (en l’occurrence une occupation de 35 places a été
retenue pour les 5 Maisons de l’enfance en Polynésie) peut être confiée à un éducateur de jeunes
enfants diplômé d’État justifiant de trois ans d’expérience professionnelle, qui s’adjoint le concours,
dans les conditions définies d’une puéricultrice diplômée d’État ou, à défaut, d’un infirmier ou d’une
infirmière diplômé d’État justifiant au moins d’une année d’expérience professionnelle auprès de jeunes
enfants.
La direction d’un établissement ou d’un service d’accueil d’une capacité inférieure ou égale à vingt
places et la responsabilité technique d’un établissement à gestion parentale peuvent être confiées à une
puéricultrice diplômée d’État justifiant de trois ans d’expérience professionnelle ou à un éducateur de
jeunes enfants diplômé d’État justifiant de trois ans d’expérience professionnelle.
22
Actions de prévention et d’accompagnement à la parentalité
Outre le type d’accueil à définir, chaque commune aura la charge d’y adjoindre un certains nombre de
prestations directement en lien avec un travail autour de la qualité de la relation parent-enfant.
Ainsi le rapport récent de l’IGAS (février 2013), fait état, qu’il s’agisse des évaluations étrangères comme
nationales et quelle que soit la méthodologie adoptée, de l’existence d’impacts favorables pour les
usagers de ces actions. Il est observé une amélioration du fonctionnement intrafamilial (consolidation
du lien d’attachement, apaisement des conflits) mais aussi des effets sur l’affiliation sociale et
d’intégration, d’apaisement individuel, prise de recul et amélioration de l’équilibre émotionnel,
acquisition des compétences relationnelles, développement du lien social, meilleure estime de soi,
meilleure résilience face à l’adversité, remobilisation individuelle permettant d’engager un parcours
d’insertion… L’hypothèse selon laquelle le soutien à la parentalité participerait d’un investissement
social « rentable » en induisant des dynamiques positives pour ses bénéficiaires, permettant aussi
d’éviter des interventions curatives ultérieures, se trouve donc très nettement étayée par le corpus
évaluatif disponible. Les dispositifs mis en œuvre, peu coûteux pour les finances publiques (cf. Rapport
de l’Igas), répondent à des objectifs pertinents et contribuent au maintien de la cohésion sociale.
Il s’agit donc de mettre en œuvre un chantier innovant et ambitieux nécessitant une réflexion collective
et la mise en place d’un partenariat volontairement large pour répondre tant aux besoins complexes des
familles que pour répondre à des vicissitudes de frais de fonctionnement.
Il semble pertinent d’utiliser au mieux les ressources humaines des divers services du Pays, comme ceux
des associations volontaires. Une coordination communale avec mise en place de conventions
partenariales serait souhaitable avec établissement d’un calendrier. Chaque Maison de l’Enfance aura à
tisser individuellement un partenariat basé sur des liens de proximité avec différents services ou
associations partageant les mêmes missions de prévention, d’éducation et d’accompagnement des
enfants et des familles. Il ne s’agit plus de « subir » un partenariat mais de le construire avec un enjeu
commun de bien-traitance. La mise en moyen de synergies et de compétences croisées ne peut
qu’améliorer la qualité et la pertinence de l’accompagnement des familles par les professionnels. Le
savoir des uns enrichit le savoir collectif et offre un panel de moyens d’actions plus large.
Antennes, consultations décentralisées
Qui dit accompagnement à la parentalité de façon basique pour les usagers dit « point d’information ».
Ainsi sur le site, on pourrait imaginer une occupation occasionnelle d’antennes de la CPS, de la DAS, de
l’ESF, d’associations d’aide aux victimes (CDIFF, APAJ), des services et associations de lutte contre les
toxicomanies (CCSAT, Vivre sans drogue), des consultations décentralisées de protection infantile
(CCSPI)…
Animation
Nous l’avons vu précédemment le bien devenir de l’enfant passe aussi par un bien-être des parents.
L’affaissement des transmissions intergénérationnelles, les difficultés de communication intrafamiliales
liées au mode de vie effréné, aux difficultés socio économiques envahissantes, à la fragilité des couples,
23
à la fréquence du nombre de familles monoparentales ou en situation précaire… amènent nombre de
jeunes voire de très jeunes parents à une dévalorisation extrême, nuisible au bon développement de
l’enfant qui lui, a besoin d’un environnement stable, stimulant, aimant et structurant. Ainsi, pourrions-
nous envisager des échanges avec des associations de «Matahiapo » ou bénévoles d’horizons différents
(associations culturelles…) pouvant amener le cadre réconfortant et la transmission d’expériences
manquant dans certains foyers : des travaux manuels, à faire en famille, comme le tressage mais aussi
de la musique, du chant, des ateliers contes permettant de développer l’apprentissage du langage et de
développer le goût de la lecture chez les tout-petits.
Cette transmission d’informations et de savoir-faire de pairs par les pairs peut permettre une approche
plus facile et moins stigmatisante de la famille.
D’autres ateliers (tenus par des bénévoles par exemple de BB Fenua, Espace Bébé Maman…) pourraient
seconder les jeunes mères autour des soins essentiels à apporter au nourrisson : les soins d’hygiène, de
prévention des accidents domestiques, de conseils autour de l’allaitement maternel, de sensibilisation à
la nutrition, l’éveil par le jeu… mais également pour elles, des cours de remise en forme après
l’accouchement (yoga, taï-chi, gymnastique…).
En partenariat avec les sages-femmes exerçant en libéral, les professionnelles du Fare Tama Hau
(psychologue et éducatrice spécialisée) ou du Fare Metua, il pourrait être envisagé de mettre en place
un projet d’accompagnement à la parentalité des futurs parents.
Bien sûr, il serait aussi judicieux de compléter par des réunions à thème (type « café-débat », école des
parents…) animées par des professionnels venant de champs différents : de la santé, de l’éducation, du
social, de la justice, du milieu associatif (Fare Metua, Afarep, Vivre sans drogue…).
Cet étayage de connaissances fourni par une multiplicité de ressources compétentes aborderaient les
questions essentielles que se posent la majorité des parents et présenteraient l’avantage de mutualiser
les ressources humaines en remplissant le calendrier d’occupation des locaux pour un coût minime et un
investissement acceptable de la part de chaque professionnel ou bénévole concerné.
Les lieux d'accueil enfants-parents (LAEP)
Ce sont des espaces d’accueil, ouverts aux enfants âgés de moins de cinq ans, accompagnés de leur(s)
parent(s) ou d’un adulte familier pour participer à des temps conviviaux de jeux et d’échanges.
Cet accueil est gratuit dans la plupart des lieux. Dans certaines structures, une contribution financière
symbolique peut être demandée.
La fréquentation d’un lieu d’accueil enfants-parents est basée sur le volontariat et le respect de
l’anonymat ou au minimum la confidentialité.
Des professionnels formés à l’écoute sont présents pour assurer l’accueil des familles.
Participer à l’éveil et à la socialisation de l’enfant, apporter un appui aux parents dans l’exercice de leur
rôle par un échange avec d’autres parents ou avec des professionnels : tels sont les principaux objectifs
de ces lieux.
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Lieux et actions passerelles avec l’école
Peuvent également être associés à ces établissements des structures passerelles avec l'école maternelle.
Les actions passerelles répondent aux besoins des enfants de deux ou trois ans qui ne sont pas accueillis
à l’école maternelle. Une équipe mixte composée d’une éducatrice de jeunes enfants, d’une auxiliaire
de puériculture ou d’une ATSEM et d’un(e) professeur(e) des écoles à mi-temps va organiser, sur un
temps partiel, avec la participation des parents qui le souhaitent, des activités ludiques, créatives, avec
un éveil musical, corporel, linguistique et autour du livre. Ces actions permettent de faciliter la transition
entre la famille et l’école. En tenant compte du rythme de développement de l’enfant, l’adaptation
progressive du milieu familial vers un milieu collectif se fait en douceur avec l’assentiment des parents
rendus collaborateurs de cette démarche, créant du lien entre famille et école tout en préparant la
séparation.
Il s’agit aussi de travailler le décloisonnement entre le travail social et l’éducation, entre professionnels
et bénévoles… afin de donner à cette Maison de l’enfance ses lettres de noblesse d’Espace de vie pour
chacun, enfant et adulte.
Espaces de médiation
C’est parce que notre société met au premier plan l’affirmation de la responsabilité durable des deux
parents, quelle que soit l’histoire du couple, qu’il convient de privilégier, en cas de séparation ou de
divorce, et dès lors qu’il y a des enfants, la restauration du dialogue, la préservation de liens de qualité
entre les parents et les enfants et un idéal de responsabilité commune.
C’est l’objet de la médiation familiale, conçue comme un mode alternatif de gestion des conflits
permettant d’aider les familles et particulièrement les enfants confrontés à des situations de rupture
intrafamiliale plus ou moins conflictuelles mais toujours douloureuses.
Espaces de rencontre
Les Espaces de rencontre sont quant à eux des lieux d’accès au droit de visite où des enfants et leur
père, leur mère, leurs grands-parents, ou toute personne titulaire d’un droit de visite, viennent se
rencontrer. Ce sont des lieux tiers et autonomes qui s’adressent à toute situation dans laquelle
l’exercice d’un droit de visite ou les rencontres entre enfants et parents sont interrompus, difficiles ou
trop conflictuels.
Relais assistantes maternelles (Ram)
Les relais assistantes maternelles sont des lieux d’information, de rencontre et d’échanges au service
des parents, des assistantes maternelles et des professionnels de la petite enfance.
Le gestionnaire peut être une collectivité territoriale (commune, une association…)
Les Ram sont animés par une professionnelle de la petite enfance. Dans son rôle de soutien aux
assistantes maternelles des structures préexistantes, Les Ram leur apportent un soutien et un
accompagnement dans leur pratique quotidienne en leur donnant la possibilité de se rencontrer et
d’échanger sur leurs expériences.
25
Ce rôle de RAM pourrait être tenu par la Maison de l’Enfance avec le soutien de professionnels du FTH,
de la DAS, de l’Education, d’associations… qui pourraient proposer une formation continue.
Les parents et les futurs parents pourraient y recevoir gratuitement des conseils et des informations sur
l’ensemble des modes d’accueil existant sur la commune.
Des ateliers éducatifs (ateliers de musique, activités manuelles, etc.) proposés par les Ram constituent
des temps d’éveil et de socialisation pour les enfants accueillis par les assistantes maternelles et sous
leur surveillance.
L’organisation de groupes de parole, de réunions d’échanges autour de thématiques intéressant les
familles serait un outil de proximité de grande valeur
26
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Réaliser un projet d’accueil de la petite enfance
Pour réaliser un projet d’accueil de la petite enfance, il est nécessaire de clarifier la démarche. C’est à
partir d’une idée, d’un constat, d’une nécessité que l’on définit un projet :
- une idée
- une démarche
- un but à atteindre
Une équipe fera aboutir un projet si chacun y trouve sa place et s’approprie le projet.
1. Quelques préalables sont toutefois nécessaires à la création :
Repérer et respecter l’existant en matière d’accueil des jeunes enfants
Identifier les besoins des familles non couverts
Repérer le modèle d’accueil pertinent
Rechercher les partenaires et les collaborations possibles (maillage, partenariat de proximité)
Maîtriser les contraintes règlementaires
Nommer un chef de projet qui coordonne, analyse la réflexion, centralise les informations et les
restitue
Réussir le montage financier
Mettre en place un calendrier (démarches administratives et écriture du projet, échéancier des
travaux, recrutement du personnel)
Tenir un cahier de bord (cahier de suivi où seront répertoriées les étapes, les informations, les
réunions, les interrogations)
Constituer une personne morale :
- Créer un support juridique de la structure d’accueil
- Rédiger un préambule (histoire et sens)
- Définir un règlement intérieur (règles institutionnelles)
- Préciser les statuts
Choisir l’implantation (bâti déjà réalisé) : la proximité d’une école maternelle est
recommandée, afin de favoriser des actions passerelles.
S’assurer que les locaux sont adaptés à l’accueil de jeunes enfants, une surface de 10 m² par
place est souhaitable bien qu’il n’existe pas de norme réglementaire en la matière
Les durées et périodes d’ouverture figurent dans le projet d’établissement et le règlement de
fonctionnement
27
2. Pour toute création de lieu d’accueil la rédaction d’un projet d’établissement est obligatoire
et permet l’obtention de subventions.
Ce projet d’établissement est descriptif et propose « une vue aérienne » de la structure d’accueil:
Il situe la collectivité dans son contexte démographique et socio-économique
Il définit les missions et objectifs, l’organisation quotidienne et les profils professionnels idoines
(salariés formés et diplômés Petite Enfance, ratio de personnel d’accueil et d’encadrement en
fonction du nombre d’enfants présents)
Il définit les conditions d’accueil d’un point de vue pédagogique, sociologique et juridique.
Il élabore un budget prévisionnel de fonctionnement et d’investissement (le coût restant à la
charge de la famille doit permettre l’accueil de tous).
Le dossier de demande d’autorisation de fonctionnement est à déposer auprès du ministère compétent.
Le projet d’établissement peut se décliner en quatre thèmes:
le projet social
le projet éducatif et pédagogique
les profils de poste
le règlement intérieur
Le projet social :
C’est une photographie permettant un état des lieux précis et préalable à toute implantation
d’une structure d’accueil.
Son approche essentiellement sociologique présente un état des lieux de l’offre et de la
demande dans un environnement défini.
Il situe le service dans son cadre politique, géographique, démographique, économique, social
et partenarial (étude faite en partenariat avec les collectivités territoriales et services de
recensement de la population).
Il accompagne la politique de la petite enfance.
Il comprend:
- les données générales de la commune
- la démographie
- le profil des familles
- les offres de garde sur la commune
- les autres modes de garde existant
- les besoins recensés
- l’attente des familles
28
Le projet éducatif
Il est descriptif et obligatoire.
Concrètement, il expose ce que fait la structure pour permettre à l’enfant:
- de se sentir en sécurité, de vivre des expériences
- d’avancer vers l’autonomisation et la socialisation
- de développer sa personnalité et sa créativité
- d’établir des relations avec adultes et enfants
- de vivre au sein d’un groupe
Le projet éducatif va se décliner sous forme de projets pédagogiques, qui sont la traduction
« pratique » du projet éducatif
Il expose les temps forts d’une journée d’accueil d’un enfant: l’accueil, les activités d’éveil, les
repas, les soins, le sommeil mais aussi la relation aux parents.
Il prend en compte les temps d’adaptation (enfants/parents), de transmission, de séparations et
retrouvailles, de l’accueil de l’enfant en difficulté.
Il pose l’organisation quotidienne du travail de l’équipe en donnant du sens à leurs pratiques.
Le projet pédagogique
Il se focalise sur un point précis du projet éducatif, il participe d’une démarche de qualité.
C’est une analyse fine des pratiques professionnelles permettant de comprendre les enjeux des
situations: décortiquer les pratiques et leur donner du sens, découle d’un savoir-être et d’un
savoir-faire, guider les comportements des professionnels dans le but d’affiner les « stratégies »,
innover pour améliorer le quotidien des enfants.
Implique une évaluation et éventuellement des réajustements.
L’accueil:
- la première fois : première visite, inscription, admission …
- puis l’adaptation côté enfant, parents, professionnels
- l’accueil au quotidien, les transmissions famille-structure d’accueil, la séparation et les
retrouvailles, les rituels et le doudou…
- l’accueil de l’enfant dit « différent », « fragile »: besoins physiques, physiologiques et
affectifs adaptés et actés par un Projet d’Accueil Individualisé (PAI) pour l’enfant porteur
d’un handicap ou souffrant d’une pathologie chronique (élaboré par une équipe
pluridisciplinaire, évolutif en fonction du potentiel de l’enfant).
l’éveil :
- apprendre à être ensemble,
29
- la place de l’adulte,
- l’aménagement de l’espace collectif, les jeux…
L’organisation quotidienne au sein de la structure:
- l’objet de transfert : doudou, peluche, linge…
- les tétines
Les repas: un temps fort de la journée
- l’aménagement d’un espace de restauration convivial
- la création d’une ambiance pour bien manger
- le plaisir et la joie de manger: de la découverte à une autonomie maîtrisée
- le respect d’une alimentation saine et équilibrée adaptée à l’âge de l’enfant
- s’adapter au rythme de l’enfant
Les soins : un temps individualisé pour chaque enfant
- la toilette
- l’hygiène
- l’acquisition de la propreté
- la prévention
- le traitement des petites lésions
Le sommeil: des temps forts et répétitifs
- l’organisation de l’espace
- l’ambiance propice à un sommeil de qualité
- les rituels (doudou, endormissement, réveil …)
- les rythmes
Le travail en équipe :
- proposer un livret d’accueil et un cahier de transmissions (lien famille et professionnels)
- se réunir et échanger: créer un espace de parole autour de son vécu professionnel pour
analyser, évaluer et améliorer ses pratiques, élaborer des projets pédagogiques :
comment faciliter la vie dans ce lieu ? quelle est la place des parents (faciliter le dialogue
pour une séparation psychique réussie et constructive)
- proposer des formations et y participer
- établir les bilans d’activité …
Élaborer les profils de poste:
avec les professionnels concernés et toujours dans l’intérêt des enfants accueillis
décrire les activités principales du poste
définir les compétences professionnelles nécessaires
exprimer l’expérience professionnelle souhaitée
30
Le règlement intérieur
à rédiger avec l’ensemble de l’équipe
définir les modalités d’accueil des enfants, les horaires d’ouverture
préciser les moments de rencontre avec les familles
prévoir les conduites à tenir en cas d’évènements particuliers (incendie, accident, enfant malade
…)
En conclusion
Réaliser un projet d’accueil de la petite enfance se construit pas à pas avec une méthodologie précise
et nécessite:
la concertation
l’adhésion
l’appropriation
de la part de l’ensemble de l’équipe et des partenaires concernés par le projet.
Les premières années de la vie d’un enfant sont déterminantes pour son bon développement. Permettre
son épanouissement et garantir son bien-être, sont les clefs de notre action, au service de la petite
enfance. Avec la création de Maisons de l’Enfance, La Polynésie française se dote d’un outil de proximité
pour enrichir la qualité de vie des enfants et de leurs familles en proposant un accueil diversifié, clair et
équitable. C’est aussi anticiper les mutations de notre société (rythme de travail des parents,
éloignement familial, conditions de ressources…) que d’élaborer des réponses adaptées, « socialement
rentables » pour le bien-être des familles et un meilleur devenir de nos enfants.
UTUROA
TARAVAO
PUNAAUIA
FAA’A
TAIOHAE
31
ANNEXES
Dossier de presse du 12/09/09 : Modes de garde d'enfants. Pour une prise en charge de qualité, variée et à proximité du lieu de résidence
Présentation du projet – aspects financiers
Exemple de plan d’une maison de l’Enfance (Punaauia)
Copie du courrier du 24/06/09 n° 1211/MSF, adressé par la Ministre de la solidarité,
de l’habitat et de la famille au Directeur du Fare Tama Hau
Copie du courrier du Ministre de la Santé et de la Solidarité du 05/04/13
Arrêté n°1789 CM du 10/12/2013
État des lieux
Bises
Données de la CPS
Tama en chiffres 2009
Famille en chiffres 2009
Références bibliographiques :
• Guide pratique : Accueil de la petite enfance sur le site Ministère de la Santé et des
Solidarités
• Guide pour la création de lieux d’accueil des jeunes enfants sur le site du Ministère de
l’Emploi et de la Solidarité et du Ministère délégué à la Famille et à l’Enfance
• Rapports et documents : Aider les parents à être parents du Centre d’analyse
stratégique, septembre 2012
• Evaluation de la politique de soutien à la parentalité, Rapport de l’IGAS, février 2013
• Centre de documentation du Fare Tama Hau : ouvert au public du lundi au vendredi de
12 à 16h (ex : Dossier : le partenariat des établissements d’accueil, revue Métiers de la
petite enfance, mai 2012…)
• Site web du Fare Tama Hau : www.faretamahau.pf (bilan d’activité, ouvrages et
revues du Centre de documentation…)
32
Annexe 1 :
P O L Y N E S I E F R A N Ç A I S E
MINISTERE DE LA SOLIDARITE,
DE L’HABITAT ET DE LA FAMILLE,
en charge de la réforme
de la protection sociale généralisée
Papeete, le 12 septembre 2009
DOSSIER DE PRESSE
Modes de garde d'enfants Pour une prise en charge de qualité, variée
et à proximité du lieu de résidence
33
L’évolution de la société polynésienne a modifié les comportements et les besoins des familles
dans la prise en charge des enfants qui s’est développée avec la féminisation du travail, l’exode
vers Tahiti, la décohabitation et le développement de familles monoparentales, l’aspiration
d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle ou privée mais également la recherche d’un
bien-être plus personnel ou encore la volonté des parents d’un accroissement des capacités
d’apprentissage et de socialisation précoce des enfants.
46.000 enfants de moins de 11 ans ont été recensés en 2007 en Polynésie française dont
11.313 pré-scolaires et 29.350 âgés de 0 à 6 ans, majoritairement aux îles du vent (73%).
Avec l’accroissement du taux d’activité des femmes et une moyenne annuelle de 4.680
naissances, les besoins en service à la personne et à la famille devraient s’accroître dans les
années à venir.
Ce secteur d’activité présente par conséquent un gisement d’emploi potentiel important, un
vecteur d’animation communale ou locale fort ainsi qu’un outil d’égalité des chances et de lutte
contre l’exclusion.
Même si le mode de prise en charge des enfants en Polynésie française est encore
majoritairement familial ou communautaire, de plus en plus de parents, résidant principalement
dans la zone urbaine de Tahiti, se tournent vers des structures d’accueil de la petite enfance
individuelles (assistante maternelle) ou collectives (crèche, garderie préscolaires, périscolaires ou
mixtes, halte-garderie).
Ce secteur, attribué au ministère de la solidarité, de l’habitat et de la famille depuis
janvier 2009 fait l’objet d’une attention particulière.
34
Un secteur en difficulté qui doit être accompagné…
Le cadre réglementaire des crèches et garderies en Polynésie française qui définit l’activité
du secteur a plus de treize ans d’existence, environ 80 établissements proposent aujourd’hui
leurs services aux familles polynésiennes et ce n’est pas moins de 2.500 enfants qui sont
accueillis chaque jour dans ces structures.
Les aides maternelles et les activités périscolaires spécialisées, en fort développement,
ne sont concernées par aucun cadre réglementaire. Aucun suivi ou contrôle n’est mené sur leurs
conditions d’exploitation en matière d’hygiène, de sécurité et de prise en charge des enfants
accueillis.
Les formations initiales ou continues existantes étaient éparses et ne s’intégraient dans aucun
plan stratégique cohérent d’acquisition, de renforcement et de développement des compétences.
Soucieuse du bien-être des familles et des générations futures, le ministre a œuvré
au développement d’un partenariat fort et d’un accompagnement des professionnels de l’enfance.
Une profession qui a souhaité également mettre l’accent sur la réflexion et l’application
d’une nouvelle réglementation plus adaptée, la mise en place de procédures d’agrément
simplifiées ainsi que l’aménagement du dispositif de subventions à l’investissement des crèches
et garderies.
… et qui amène à la mise en place d’un plan d’action
Un plan d’action interministériel pluriannuel a ainsi été engagé avec la collaboration
des professionnels et la concertation de tous les partenaires administratifs. Il s’agit de consolider
les entreprises dans leur mission de service public d’une part, de développer ces activités, d’autre
part.
Ainsi, ce plan a pour objectifs de :
clarifier le cadre réglementaire et les modalités d’intervention ;
accroître, structurer et rentabiliser l’offre de services ;
développer toujours davantage la qualité des services proposés et rendus ;
qualifier et professionnaliser les intervenants ;
moderniser l’action administrative pour ce secteur.
35
Un certain nombre de démarches a été initié
Création d’un guichet unique afin d’aider les établissements d’accueil à se conformer
aux règles et à élaborer les dossiers administratifs nécessaires. Cet espace dédié
aux professionnels a pour objet d’accompagner les responsables d’établissements,
de proposer un soutien financier aux travaux de rénovation, de mise aux normes
des structures agréés et de celles qui entrent dans une démarche de mise en conformité
de leur activité avec la réglementation. C’est le point de contact privilégié pour engager
des démarches administratives pour la prise en charge d’enfants à titre onéreux. Ainsi,
depuis sa mise en place en février, le guichet a déjà réalisé 113 visites d’établissements
et 112 entretiens avec des responsables ou des porteurs de projet.
Contact guichet unique des crèches et garderies
Tél. (689) 46 59 14 Email: [email protected] Immeuble Te Hotu, direction des affaires sociales, bureau 33, 1er étage Avenue Prince Hinoï - Papeete
Simplification des procédures d’autorisation administrative pour les établissements.
Le dossier de demande est un document unique et exhaustif qui recense les exigences
et normes à mettre en œuvre selon le type de prise en charge. Au lieu des 5 demandés
précédemment, la demande n’est faite qu’en un seul exemplaire.
Par ailleurs, le dossier peut être complété au fur et à mesure de l’obtention des pièces,
la fourniture de celles-ci étant accompagnée par le guichet unique. Enfin, en lieu et place
du certificat de conformité, la demande ne doit comporter que les plans de
l’établissement, l’obtention du certificat étant accompagné par le guichet unique, en
collaboration et avec l’implication forte du service de l’urbanisme et du centre d’hygiène
et de salubrité publique de la direction de la santé.
Consolidation des partenariats administratifs. L’accompagnement à l’obtention
des autorisations administratives a été facilité par l’identification de référents uniques
dans les services intervenants dans le traitement des dossiers. Des partenariats et des
procédures communes sont engagées par le guichet unique avec les services
administratifs concernés : Service de l’urbanisme, Direction de la santé - centre
d’hygiène et de salubrité publique
et centre de consultations spécialisées en protection infantile, Service jeunesse et sports,
Service du développement de l’industrie et des métiers, Service de l’inspection du travail,
Service de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelles, Fare Tama Hau,
Direction de l’équipement, …. .
Le partenariat avec les communes est aussi engagé pour coordonner le suivi
des établissements, le maire étant responsable en matière de sécurité de ces
établissements recevant du public, mais aussi pour diversifier les modes de gardes et
consolider le secteur des crèches et garderies. Il devrait s’élargir au plus grand nombre de
communes intéressées par l’amélioration de la prise en charge des enfants et notamment
des plus petits.
36
Intégration des professionnels au sein de la commission des établissements assurant
la garde d’enfants
La Présidente du Syndicat professionnel des garderies réunie siège en qualité de membre
de la commission, une reconnaissance officielle pour le secteur.
De plus, une personnalité qualifiée pour ses compétences dans le domaine de l’enfance
a également été intégrée : Mareva Hellec, psychologue libérale ayant une grande
expérience des enfants et de ce type d’établissements assure cette fonction.
Cette instance est chargée de recueillir et d’étudier les avis des différents services
administratifs concernés (service de l’urbanisme, centre hygiène et de salubrité publique,
centre de protection infantile, direction des affaires sociales ainsi que le maire
de la commune d’implantation) sur les dossiers des crèches et garderies, de faire
des propositions d’agrément ou de retrait si nécessaire, de proposer des mesures
particulières de caractère sanitaire ou encore d’étudier les difficultés de ces
établissements.
Depuis le début de l’année 2009, ce sont 4 nouveaux établissements qui ont déjà
été autorisés à exercer. Aujourd’hui, ce sont ainsi 44 structures qui bénéficient
d’une autorisation accordée par le Pays sur les 80 actuellement recensées.
Renforcement des crédits de mise en conformité. Un soutien financier pour les projets
destinés aux travaux de mise en conformité dans une démarche d’agrément, de mise
aux normes et de rénovation pour les établissements autorisés a été budgété par le Pays
depuis 2006. Il a été porté à hauteur de 100 millions en 2009. Une concertation a
également été mise en place pour coordonner ce dispositif avec celui de l’aide à la
création
et au développement des entreprises – ACDE.
Les établissements qui souhaitent engager une démarche d’autorisation ou de mise
aux normes disposent désormais de tous les éléments d’accompagnement pour le faire.
Obtention du statut d’activité commerciale pour les structures du secteur. En effet,
la reconnaissance du caractère commercial de l’activité a été actée en mai 2009
par l’Assemblée de Polynésie française.
Il permet aux établissements autorisés et aux professionnels d’être reconnus en qualité
d’entrepreneur, de pouvoir négocier des conditions d’occupation de locaux plus
sécurisantes, mais aussi de pouvoir valoriser l’activité et sa qualité par la valeur du fonds
de commerce.
Mise en place de formations spécifiques à la gestion de ces entreprises. Une première
session de 35 heures sur 9 semaines a été lancée en septembre 2008 avec le CEFOR
au bénéfice de 27 responsables de structures.
Une nouvelle session de 15 participants est en cours et se terminera fin septembre.
Ces stages permettent d’aborder toutes les facettes de la gestion sous un angle concret
et avec des professionnels aguerris pour appréhender les différentes stratégies de gestion
d’une structure, diagnostiquer la situation financière et la rentabilité des établissements,
et mettre en place, autant que possible, des mesures de rééquilibrage.
37
Avec l’assistance de la chambre de commerce d’industrie, des services et des métiers,
ces formations en gestion ont été spécifiquement élaborées et prises en charge par le
service de développement de l’industrie et des métiers (SDIM).
Réunion trimestrielle d’information et de formation pour les responsables
d’établissements. Assurées par les entités, services de l’administration ou experts
concernés volontaires le samedi matin, seul jour de disponibilité des responsables de
crèches
et garderies, ces réunions ont pour objet d’accompagner l’ensemble des établissements
vers une amélioration de la prise en charge des enfants qui sont accueillis. Les thèmes
précédemment abordés ont eu à traiter des normes de sécurité, des règles d’urbanisme,
des règles d’hygiène, de la procédure d’agrément, des aides financières mobilisables.
La réunion de ce jour aura pour thème « le droit du travail, les dispositifs d’aide à
l’emploi
et la formation continue des salariés ».
Pour la prochaine rencontre début décembre, il s’agira de se concentrer sur les questions
relatives à la prise en charge des enfants (psychologie, éveil psychomoteur…).
Ces rencontres se poursuivront sur l’année 2010 avec des thématiques telles que le
caractère commercial de l’activité, le regroupement pour plus d’efficacité économique,
… .
Des actions engagées et en cours
Formation à l’hygiène alimentaire avec le centre d’hygiène et de salubrité publique.
Il s’agit de donner aux responsables et aux personnels chargés de la préparation
ou du service des repas l’ensemble des outils et techniques d’hygiène alimentaire
nécessaires.
Formation aux fonctions de responsables de crèches et garderies menée par l’IRFE
pour permettre aux responsables ou leurs adjointes, aux porteurs de projets de se former
aux compétences managériales ou d’entrepreneur nécessaires à ce type d’activités et à la
qualité de prise en charge des enfants.
Une refonte de la réglementation est en cours pour tenir compte de l’évolution
de la société polynésienne et améliorer la prise en charge des enfants. Elle veut garantir
la qualité de compétence, les conditions de sécurité et d’hygiène optimales
des établissements et permettre de concilier qualité de prise en charge et activité
économique.
Un plan de formation pour améliorer la qualité de la prise en charge des enfants
est en préparation pour les personnels des établissements d’accueil collectif.
6 maisons de l’enfance sont en projet dans les communes qui se sont portées volontaires.
38
Il s’agit de pôles exemplaires d’accueil collectif de nourrissons, d’enfants pré scolarisés
et d’enfants scolarisés pour les périodes péri-scolaires (après l’école, journées
pédagogiques et vacances scolaires) dimensionné pour accueillir 35 enfants au plus dans
des conditions correspondant aux normes d’hygiène et de sécurité en vigueur. Elles se
veulent complémentaires et non concurrentes des structures existantes. Autour de cet
espace, la mise en place d’une dynamique de rencontres et d’échanges pour informer les
parents ou futurs parents sur la prise en charge de leurs enfants, pour répondre aux
difficultés
qu’ils rencontrent dans leur rôle d’éducateur, avec l’intervention des professionnels
concernés en partenariat avec les associations, organismes et administrations concernées.
Soutien au développement des entreprises du secteur des crèches et garderies, la maison
de l’enfance se veut être un point de référence dans la qualité de prise en charge pour
le réseau d’établissements de garde et d’assistantes maternelles existants pour contribuer
à leur consolidation et à leur développement.
Le calendrier de ce projet prévoit une phase d’étude et de formalités administratives
de 7 mois et une durée de travaux de 8 mois. Financés dans le cadre du plan de relance
du Pays, mais aussi de l’Etat, les travaux de ces structures seront effectifs jusqu’en
fin d’année 2010.
Des projets pilotes de développement des assistantes maternelles et de structuration
d’un réseau d’acteurs pour permettre la rencontre entre l’offre et la demande des parents
pour un mode de garde de qualité sont en cours. Il s’agit également d’aborder l’insertion
économique de publics en difficultés.
Le ministère a la volonté d’agir pour améliorer les conditions de prise en charge des enfants, avec le soutien de tous les autres services administratifs impliqués. Des actions sont déjà en cours, de nouvelles suivront dans les mois à venir.
39
Annexe 2 : Présentation du projet – aspects financiers
40
Annexe 3 : exemple d’un projet architectural (Punaauia)
41
Annexe 4 : Courrier de La Ministre de la Solidarité, de l’Habitat et de la Famille
au Directeur du Fare Tama Hau le 24/09/2009
42
Annexe 5 : Courrier du Ministre de la Santé et de la Solidarité du 05/04/2013
43
Annexe 6 :
44
Annexe 7 : Etat des lieux
ETAT DES LIEUX DANS LE CADRE DES MAISONS DE L’ENFANCE
Eléments devant être fournis pour l’état des lieux afin de déterminer de la manière la plus objective
possible les structures d’accueil de la petite enfance les plus adaptées à la situation de la commune.
Données démographiques
Nombre total d’habitants dans la commune
Pyramide des âges
Nombre de femmes par année de naissance
Nombre d’hommes par année de naissance
Nombre de naissances par an
Age moyen des mères
Nombre de primipares (femmes dont il s’agit du 1er enfant)
Age moyen des primipares
Taille moyenne des familles
Nombre moyen des fratries
Quels sont les modes de garde d’enfants mis en place dans la commune
Existe-t-il une crèche ?
Si oui :
S’agit-il d’une crèche publique ou privé ?
Combien d’enfant accueille-t-elle ?
A-t-elle un agrément ?
Quels sont les personnels qui y exercent et quels diplômes possèdent-ils ?
Les prestations sont-elles payantes ?
Si oui de quel montant ?
Existe-t-il des gardes à domicile (nounou) ?
Si oui, combien sont répertoriées ?
Possèdent-elles une qualification ?
Si oui laquelle ?
Quelle est la rémunération horaire de ces garderies ?
Existe-t-il des gardes organisées pour les familles ?
La scolarisation
Quel est le nombre d’enfants scolarisés par tranche d’âge dans la commune pour les enfants de 2ans, 3ans, 4ans et 5ans.
Combien y-a-t-il d’écoles dans la commune
Publiques
Privées
Quelles sont les écoles qui comportent les classes en particulier STP, SP, SM, SG.
A la fin du cycle par élémentaire quel est le pourcentage d’enfant qui présente un retard scolaire > à 1ans
Niveau scolaire moyen à l’entrée en CP
45
Quel est le pourcentage d’enfants âgées de 0 à 5 ans qui présentent un handicap :
Sensoriel auditif
Sensoriel visuel
Moteur
Mental
Parents :
Quel est le pourcentage de familles monoparentales ayant au moins un enfant de moins de 5 ans
Quel est le niveau scolaire moyen des mères ayant au moins un enfant de moins de 5 ans
Quel est le type d’habitat des familles ayant au moins un enfant de moins de 5 ans
Dans les familles ayant un enfant de moins de 5 ans :
Pourcentage des familles où les deux parents travaillent
Pourcentage des familles où la mère travaille
Pourcentage des familles où le père travaille
Dans ces familles ayant au moins un enfant de moins de 5 ans quel est régime social des parents : RSPF, RNS, RGS
Données des affaires sociales :
Quel est le nombre des enfants de moins de 5 ans placés :
En famille d’accueil
En centre
Quel est le nombre d’enfants de moins de 5 ans en :
Accompagnement en milieu ouvert (AEMO)
Recherche de partenariats :
Services de la DS , de la DAS et de l’éducation
Associations œuvrant dans le domaine de l’enfance, de l’accompagnement à la parentalité, d’aide aux victimes, de prévention des addictions…
Quelles sont les activités destinées aux enfants de 0 à 5 ans dans la commune :
Activités sportives
Activités artistiques, culturelles
Activités éducatives
Activités ludiques
Existe-t-il un guide des associations de la commune ?
Bénévoles : artisanat, musique…
46
Annexe 8:
47
48
49
50
51
52
53
54
Annexe 9 : données de la CPS
55
Annexe 10 : Tama en chiffre 2009
56
57
58
59
60
61
Annexe 11 : Famille en chiffre 2009
62
63
64
65
66
67
68
69