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n°71 - octobre 2018 11 vie@home vous annonçait, il y a un an, le lancement de DVA par Senoah (l’ancien Infor Homes wallon). Le concept est simple : connecter des seniors qui espèrent un coup de pouce pour une tâche du quotidien avec d’autres, sus- ceptibles de le leur donner. Entre les deux, une interface : un 0800, qui va analyser les demandes et réorienter celles qui pourraient être satisfaites par des associations et ser- vices locaux déjà effectifs. Car DVA n’entend pas faire de l’ombre à ce qui existerait dans le quartier, mais agir en complémentarité. Les petites aides assurées par les bénévoles peuvent être aussi variées que les besoins : prendre le bras du senior et faire le tour du quartier, le cas échéant avec le chien, l’ai- der à visiter une MR(S), l’accompagner au cimetière, l’es- corter au (super)marché, lui montrer comment on utilise DOMICILE Un réseau de solidarités de quartier Après un tour de calendrier, le service de coups de main informels - et 100% gratuits - entre aînés « Donner de la Vie à l’Âge » (DVA), initié par l’asbl wal- lonne Senoah, est bien rodé. Ses respon- sables ont contacté, il y a une quinzaine, les cercles de médecins du sud du pays. L’idée : qu’ils relaient l’existence de DVA auprès de leurs membres, et ceux-ci, auprès de leurs patients âgés. Y compris (voire surtout !) si le premier besoin de ces seniors est un peu de présence humaine. @ J.M. Le profil du bénévole Les personnes désireuses de rejoindre le réseau doivent avoir soufflé leurs 60 bougies. Elles prési- deront ce qui est dans leurs cordes, comme services, sur quel territoire géographique et selon quels horaires. Aucune compétence spécifique n’est nécessaire. Les coups de main apportés ne pourront pas s’apparenter à une quelconque forme de soin médical à la personne. Un numéro et un mail de contact : le 081/22.85.98 et [email protected]. DE LA TÉLÉSTÉTHOSCOPIE EN MR(S) LE MG, CHEF D’ORCHESTRE DU MÉDICAL DVA, UN RÉSEAU D’ENTRAIDE CONCOURS AGENDA

DOMICILE Un réseau de solidarités de quartiervie-at-home.eu/newsletter/vh_71/GP/doc/vh-71-gp-page11.pdf · de pouce pour une tâche du quotidien avec d’autres, sus-ceptibles de

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n°71 - octobre 201811

vie@home vous annonçait, il y a un an, le lancement de DVA par Senoah (l’ancien Infor Homes wallon). Le concept est simple : connecter des seniors qui espèrent un coup de pouce pour une tâche du quotidien avec d’autres, sus-ceptibles de le leur donner. Entre les deux, une interface : un 0800, qui va analyser les demandes et réorienter celles qui pourraient être satisfaites par des associations et ser-vices locaux déjà effectifs. Car DVA n’entend pas faire de

l’ombre à ce qui existerait dans le quartier, mais agir en complémentarité.

Les petites aides assurées par les bénévoles peuvent être aussi variées que les besoins : prendre le bras du senior et faire le tour du quartier, le cas échéant avec le chien, l’ai-der à visiter une MR(S), l’accompagner au cimetière, l’es-corter au (super)marché, lui montrer comment on utilise

DOMICILE

Un réseau de solidarités de quartier Après un tour de calendrier, le service de coups de main informels - et 100% gratuits - entre aînés « Donner de la Vie à l’Âge » (DVA), initié par l’asbl wal-lonne Senoah, est bien rodé. Ses respon-sables ont contacté, il y a une quinzaine, les cercles de médecins du sud du pays. L’idée : qu’ils relaient l’existence de DVA auprès de leurs membres, et ceux-ci, auprès de leurs patients âgés. Y compris (voire surtout !) si le premier besoin de ces seniors est un peu de présence humaine.

@ J.M.

Le profil du bénévole Les personnes désireuses de rejoindre le réseau doivent avoir soufflé leurs 60 bougies. Elles prési-deront ce qui est dans leurs cordes, comme services, sur quel territoire géographique et selon quels horaires. Aucune compétence spécifique n’est nécessaire. Les coups de main apportés ne pourront pas s’apparenter à une quelconque forme de soin médical à la personne. Un numéro et un mail de contact : le 081/22.85.98 et [email protected].

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n°71 - octobre 201812

Skype, changer une ampoule, déplacer un meuble, discu-ter trucs de jardinage… ou juste lui consacrer quelques minutes de son temps devant un café fumant.

A la mi-septembre, Senoah a sensibilisé une soixan-taine de cercles de médecins généralistes wallons à son initiative, sollicitant les présidents pour qu’ils fassent percoler l’info auprès des membres. C’est vrai que, en

contact répété avec des patients âgés, les généralistes peuvent glisser à l’oreille de ceux-ci – ou leur laisser sur un bout de papier – le numéro du réseau d’entraide : 0800 17 500, qui fonctionne en semaine en heures ouvrables. L’asbl a joint 150 flyers de présentation du projet et une dizaine d’affiches, dont les médecins peuvent redemander des exemplaires (081/22.85.98 ou [email protected]). @

Le pourquoi des appels : la solitude tête de liste Gaëlle Gallet, la coordinatrice de Senoah, fait le bilan après un an de fonctionnement de DVA. « Le dispositif est rodé maintenant. » L’asbl peut tabler, dit-elle, sur les services d’un petit réseau d’une trentaine de bénévoles « qui sont fort disponibles pour rendre des coups de main ». Que le projet gagne en notoriété ne pourra que les garder motivés...

« A ce jour, nous avons reçu 235 demandes, parmi lesquelles 46 ont pu être relayées vers des services ou associations existants », dénombre la responsable. Dans ces sollicitations, 124 ont été aiguillées vers des « volontaires DVA ». Les autres appels consistaient en des demandes d’infos « ou encore des prises de contact de personnes souhaitant devenir volontaires » (lire l’encadré « Le profil du bénévole »).

Qu’est-ce qui motive les appels à DVA ? « Les seniors nous contactent très souvent pour recevoir la visite de quelqu’un, parce qu’ils se sentent seuls », indique Gaëlle Gallet. De fait, 27% des demandes sont des demandes de présence. Puis viennent celles ayant trait aux transports de loisirs, au soutien aux actes du quotidien et à l’aide administrative. Il n’est pas exclu que le SOS en vue d’un coup de main soit un prétexte pour avoir un peu de compagnie, commente Senoah.

11% Aide administrative

13% Transport loisirs

4% Animaux

4% Loisirs / activités récréatives

5% Nouvelles technologies

27% Présence

12% Soutien aux actes quotidiens

0% Télévigilance

8% Transport médical

12% Autre

4% Bricolage

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n°71 - octobre 201813

• La santé, un bien précieuxLe 17 octobre, à Namur, le mouvement social des aînés Enéo tiendra une journée d’études intitulée « Ma santé : à quel coût et avec qui ? ». Il se penchera sur deux grands points : le coût des soins de santé et la relation patient-médecin. On attend à la tribune Jean Hermesse, secré-taire général de la mutualité chrétienne, pour discuter accessibilité, et le Dr Dominique Pestiaux, professeur émérite de l’UCL, pour dépeindre le rôle du généraliste dans le système de soins.

En savoir +

• Baby-boomers mis à nuDu 1er au 31 octobre, se tient au Cinéma Palace, à Bruxelles, l’expo-sition « Ce que les corps racontent ». Une expo de photographies « absolument décomplexées », 50 ans après mai 68, commente Espace Seniors, instigateur de la manifestation. Cinq personnes de 63 à 72 ans, modèles non professionnels, ont posé, dénudées, pour trois photographes. Françoise Simpère, journaliste française, commente les clichés en brisant les tabous liés au vieillissement du corps.

En savoir +

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Do more, feel better, live longer

BE/COM/0010/14 – 08/2014 E.R. GlaxoSmithKline Pharmaceuticals s.a./n.v. Site Apollo – Avenue Pascal 2-4-6 – 1300 Wavre Belgique

Voilà ce qu’est la mission de notre société au travers de nos médicaments et vaccins novateurs. Mais aussi via nos initiatives d’améliora tion et d’affi nage des soins de santé, où nous cherchons une collaboration innovante avec divers partenaires. Car nous visons une meilleure santé pour chaque patient individuel. Nous esti mons notre mission accomplie lorsque celui-ci peut reprendre une vie optimale.

Nous avons aussi d’autres façons d’orienter nos efforts sur les patients du monde entier. Par exemple en améliorant la disponibilité des médicaments et vaccins dans les pays en voie de développement. Et en contribuant à la mise en place d’une infrastructure médicale. Notre entreprise est dès lors fi ère d’être numéro 1 pour la troisième fois dans le classement indé pendant ‘Access to Medicines Index’.*

Nous effectuons un travail important et très particulier, à savoir la découverte, le développement et la commercialisation de médicaments et vaccins bénéfi ques aux gens. Afi n que chaque patient puisse mener une vie plus active, se sentir mieux et vivre plus longtemps.

Pour plus de renseignements, consultez notre site www.gsk.be.

*www.accesstomedicineindex.org

Veuillez signaler les effets indésirables sur le site http://www.fagg-afmps.be ou à GlaxoSmithKline Pharmaceuticals s.a./n.v. au numéro 010/85 85 00.

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Relax

Chez qui va partir le coffret-cadeau Wonder-box « Bulle de bien-être » mis en jeu le mois passé ? C’est Joëlle Niessen, infirmière à La Chanterelle, une MRS de Gembloux, qui pourra piocher parmi 300 possibilités de soins relaxants. Elle a correctement répondu à la question sur la première vie professionnelle de la patronne de l’hôtel de soins Au Cœur du Spinois, à Rebecq : c’est bien une infirmière qui, après 18 ans à l’hôpital, voulait s’écarter d’un modèle de soins pressé et impersonnel (réponse C). Bravo !

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CONCOURS D’OCTOBRE

Avec un grand H

Va-t-on, après ce titre, vous parler d’Histoire ? De l’avenir de l’Humanité ? Non, non. Plutôt de Hamburgers. Cette majuscule qui sou-ligne leur excellence, c’est l’équipe Bongo qui la leur décerne, dans son coffret cadeau « Bur-ger Gourmet » d’une valeur de 35 euros. Celui-là même que nous mettons en jeu pour le concours d’octobre. Il vaut pour deux personnes, dans une cinquantaine d’adresses soucieuses de redorer le bla-son de cette spécialité.

Comme d’habitude, pour prendre part au tirage au sort qui désignera l’heureux ou l’heureuse gagnante, il faut d’abord trouver la bonne réponse parmi les propositions ci-dessous (et comme d’habitude également, la réponse se trouve tout simplement dans un article récent). C’est sûr, vous ne ferez qu’une bouchée de cette formalité…

La question du mois Le home de Villers-devant-Orval, dans le Luxem-bourg, innove avec un essai inédit en Belgique : une pré-consultation en visioconférence entre médecin et résident, avec l’appui d’une infirmière de l’établisse-ment. Ce contact à distance permet au médecin de dé-finir s’il lui faut envoyer un SMUR, sauter dans sa voi-ture ou planifier une visite dans un délai moins serré. A ce stade, cette expérience de télémédecine repose sur l’emploi d’un :

A/ Pharyngoscope connecté

B/ Stéthoscope connecté

C/ Otoscope connecté

vie@home attend vos réponses pour le 31 octobre 2018.

Concours vie@home (abonnement gratuit) • Un seul prix par gagnant. Une même adresse e-mail ne peut être utilisée qu’une seule fois par concours. • Les lots sont précisés dans la présentation du concours du mois, dans la newsletter vie@home et sur son site. En aucun cas, ils ne pourront être échangés contre d’autres prix, ni contre des espèces. • Les frais de port sont à la charge de vie@home. La revue ne peut être tenue pour responsable en cas de dommages aux cadeaux durant leur acheminement ou de non-réception, imputables à des problèmes dans le chef de La Poste ou d’un autre prestataire d’expédition. • Le simple fait de participer à ce jeu implique l’acceptation pleine et entière de son règlement ainsi que l’inscription à notre newsletter.

n°71 - octobre 2018

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vie@home vous arrive à un rythme bimensuel, en format compacté. Plus léger qu’avant, certes, mais plus fréquent. Et toujours aussi réactif à l’actu sectorielle.

Il possède depuis l’automne dernier un site flambant neuf, taillé pour être consulté également depuis vos smartphones et tablettes, facilitant l’accès aux articles grâce à une fonction

de recherche et un nuage de mots clefs.

Vous pouvez également y retrouver les archives de vie@home ancienne formule, ses fiches thématiques nutrition, échelles d’évaluation et cancers au grand âge, ainsi que ses modules vidéo

didactiques, appuyant les MCC dans leur mission de formation des personnels de MRS.

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Société Scientifique de Médecine Générale

Contenus rédactionnelsJohanne Mathy, rédactrice en chef [email protected]

Secrétariat et agendaCristina [email protected]/533.09.84

Mise en page, infographies, production et expéditionIsabelle André [email protected]

Images - fotolia

Régie [email protected] Toute reproduction des textes et des photos

est interdite, sauf autorisation écrite de l’éditeur.

Editeur responsableDr Thomas Orban, SSMG,

rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles02/533.09.84

Le média des professionnels de l’accompagnement de la personne âgée

Publication digitale bimensuelleConsultable sur www.vie-at-home.be

Abonnement gratuit sur inscription

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TECHNO

De la téléstéthoscopie dans une MR(S) de Florenville Le home de Villers-devant-Orval, géré par le CPAS de Florenville, innove. Il est actuellement le théâtre d’un essai inédit en Belgique, supporté par la Pro-vince du Luxembourg : une pré-consultation en visioconférence avec stéthoscope connecté. Le trio de protagonistes ? Un résident souffrant, une infir-mière qui procède à son auscultation cardio-pulmo-naire et, à distance, un médecin généraliste qui écoute les bruits. Ce qui lui permet de définir s’il lui faut envoyer un SMUR, sauter sans tarder dans sa voiture ou planifier une visite moins précipitée. @ Johanne Mathy

Depuis son lancement, vie@home a évoqué - notamment en rubrique « Gérontechnologies » - une ribambelle de dispositifs tenant de la télémédecine au sens large : cap-teurs et détecteurs de tout poil, objets connectés émet-teurs de paramètres… Parfois, ces appareillages étaient présentés par des inventeurs à l’aise dans la sphère tech-nique mais manifestement peu coutumiers de celle des aînés. Ou étaient essentiellement vantés par des tiers ras-surés (déculpabilisés ?) de savoir leur vieux parent télé-surveillé. Ou n’étaient qu’en gestation. Ou opérationnels, mais… à l’étranger. Cette fois, vie@home en tient une, d’expérience qui soit à la fois concrète, ancrée dans la réalité du terrain et belge !

Elle démarre, après une phase préparatoire d’identifica-tion des besoins et de quête des réponses techniques adaptées, au home Saint Jean-Baptiste de Villers-de-vant-Orval (à moins de deux kilomètres de la célèbre ab-baye trappiste et à deux pas, littéralement, de la frontière française). Le tout sur impulsion de l’Observatoire de la santé de la Province du Luxembourg et de son attachée e-santé, Natacha Mathy. Du côté des généralistes des en-virons, c’est le Dr Marc Heyde, qui fréquente assidûment le home niché dans son village natal, qui porte le projet et y sensibilise ses pairs.

Le constat de départ ? Il arrive qu’un certain nombre d’heures s’écoulent entre le moment où une infirmière

de l’établissement signale au médecin traitant qu’un ré-sident ne va pas bien et celui où le praticien peut passer le voir. « La plupart des généralistes, par ici, travaillent désormais sur rendez-vous. Une demande de soins non planifiée, ce n’est pas toujours évident à caser rapide-ment dans l’agenda », explique le Dr Heyde. « D’autant qu’une visite dans une MRS, c’est par nature quelque chose de lent. A cause du déplacement - par ici, les dis-tances sont longues - et puis parce qu’une fois dans le bâtiment, on en fait des kilomètres ! On passe par le bureau, on se procure le dossier, on trouve la bonne in-firmière, on monte dans la chambre du patient… » Bref, même si le coin ne tient pas du désert médical, les géné-ralistes locaux ont tout à gagner d’une organisation in-telligente de leurs tournées et d’une bonne appréciation de la nécessité d’un déplacement (lire également « Un ajustement au bénéfice du patient », page 4)

« En attendant, je vais vous écouter »Et c’est justement ce que va permettre l’expérience qui démarre ce mois-ci au home Saint Jean-Baptiste. « C’est une pré-consultation », insiste Marc Heyde. « Elle ne se substitue pas à une vraie consultation. Elle sert à apprécier le délai dans lequel le contact doit intervenir, en fonction de critères médicaux. Si son problème le réclame, le résident est tout de suite aiguillé vers l’hôpital. »

n°71 - octobre 2018

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Comment la pré-consulta-tion se déroule-t-elle, très concrètement ? « Via une application spécifique, par internet, de tablette à tablette dans un pre-mier temps (même si après le médecin devrait pouvoir utiliser son PC ou son smartphone) et avec un stéthoscope connecté. » L’une des tablettes est fixée au chariot de l’infirmière, l’autre en possession du généraliste. Plus exactement : des deux généralistes qui vont jouer les éclaireurs, à savoir, outre le Dr Heyde, sa consœur Justine Perdaens. Pour la petite histoire, il s’agit d’une jeune dame qui, après quelques années de pratique dans le Brabant, a choisi de devenir médecin de campagne et de s’installer près de Chiny. Elle est également MCC du home participant à l’expérience.

Les protagonistes s’entendent et se voient par visioconfé-rence, précise Marc Heyde. N’est-ce pas déroutant, pa-reil « intermédiaire technique », pour une personne âgée ? « L’infirmière va préparer le résident à cette façon de procéder, et nous, nous pouvons le rassurer, lui dire qu’on passera tout à l’heure mais qu’en attendant, on l’écoute. » Car de fait, c’est actuellement via une aus-cultation effectuée sur place par l’infirmière et qu’en-tendent les généralistes-testeurs que ceux-ci estimeront le délai d’intervention. Par la suite, d’autres appareillages connectés pourraient venir se greffer au dispositif (pha-ryngoscope, otoscope…). Les généralistes sont aussi sou-vent appelés pour des problèmes cutanés, observe le Dr Heyde. « On pourrait dans un second temps, par exten-sion, réfléchir à faire de la télédermatologie en recourant à une caméra de bonne définition. »

Des généralistes « assez emballés » Mais revenons-en à l’expérience actuelle. « Au départ, nous aurons le même stéthoscope, spécial (*), que celui de l’infirmière - qui vaut quelques centaines d’euros. Puis par la suite, juste un écouteur. » A ce stade, l’équipement (le stétho, le logiciel…) est loué par l’Observatoire de la santé. « Si le projet-pilote est concluant, vraisemblable-ment songera-t-on à l’option de l’achat ou de la location par l’institution elle-même. »

Le Dr Heyde est également le responsable du glem local (un petit rassemblement de généralistes qui dis-cutent de leurs pratiques dans un but d’améliora-tion). Il a bien sûr déjà touché un mot de ce pro-jet innovant à ses confrères

– une petite dizaine dans la région. « Ils étaient généra-

lement assez emballés », se souvient-il. L’idée, si l’expérience

s’avère probante, est évidemment de leur proposer d’entrer dans la

danse de la téléstéthoscopie, voire de pra-tiquer celle-ci à partir du poste de garde local,

à Tintigny, ou de quelques postes de la province. Marc Heyde leur en reparlera ce mois-ci, une fois les premières manipulations effectuées en live. « Un temps d’adapta-tion sera assurément nécessaire, pour s’entraîner, se faire aux bruits transmis… »

L’application comporte par ailleurs une fonction d’éva-luation : après chaque session, le médecin usager se voit demander ses impressions. Le système alimente aussi le dossier interne du résident : « à l’issue de la visioconfé-rence, les constats du médecin, ce qu’il a conseillé et prescrit, est consigné dans un ‘pavé de notes’, qui est exporté vers le dossier. Il n’est pas exclu, ultérieurement, de faire un lien avec le Réseau Santé Wallon. »

Zéro rétribution à ce stadeA ce stade expérimental, aucune rétribution n’est prévue pour le duo de médecins qui se lancent dans l’aventure et qui vont parallèlement rédiger un protocole. « Si pa-reil système est appelé à se généraliser, il faudra que les autorités songent à faire entrer la téléconsultation dans la nomenclature et à fixer des tarifs. »

Marc Heyde s’attend par ailleurs à quelques questionne-ments de la part de l’Ordre des médecins, puisqu’il n’y a pas de présence physique de l’homme de l’art auprès du pa-tient. « Mais je le répète : la pré-consultation ne se substitue pas à un contact. Une visite normale au home suivra. » @

(*) ce stéthoscope connecté peut se mettre en mode cardio-pulmonaire ou séparé en adaptant les fréquences pour une meilleure précision.

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Mike Warlomont est aux commandes du home Saint-Jean Baptiste, une institution de 80 lits dont 42 MRS qui accueille une trentaine de résidents atteints d’Alzheimer et démences apparentées. « L’établissement est relativement isolé. Quand nous esti-mons qu’un résident doit être vu par un médecin, on appelle ce dernier,

qui, en fonction de sa charge de travail, peut arriver en une heure comme en trois jours. On ne souhaite pas non plus appeler le 112 pour rien. » Pas plus que la MRS ne

veut pousser les généralistes du coin – « qui ne sont pas en pénurie mais dont l’âge moyen

avance » - à se déplacer - « car ça veut dire au moins une heure de mobilisa-

tion… » - si le problème ne le néces-site pas.

Mike Warlomont avait parlé du projet provincial en réflexion aux infis chefs, relate-t-il. Qui ont re-layé vers leurs équipes, lesquelles ont conclu à l’intérêt de l’essai, pour pallier les temps d’attente

parfois longs. Désormais, avec une tablette accrochée à leur chariot,

celles-ci pourront se jouer des kilo-mètres et des heures en assurant, en vi-

sioconférence avec le médecin, l’auscultation du résident souffrant.

Celui-ci ne risque-t-il pas d’être interloqué devant cette consultation d’un nouveau genre ? Voire frustré que le

> Les infirmières de la MRS se chargeront de mettre en confiance le résident déconcerté par la pré-consultation à distance.

Un ajustement au bénéfice du patient Tout l’enjeu du projet de téléstéthoscopie, du point de vue de la MRS participante, est l’adéquation entre la gravité du problème de santé du résident d’une part, et la na-ture et le délai de l’intervention médicale à solliciter de l’autre. Le premier gagnant de cet ajustement étant, évidemment, le malade… Seule petite crainte de la direction, que les essais live vont probablement dissiper : que les personnes âgées soient au départ quelque peu déroutées par la méthode. @ J.M.

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La loi qualité vise à garantir aux citoyens que tous les prestataires de soins leur dispensent les meilleurs soins possibles, dans tous les environnements de soins ima-ginables, en maîtrisant les connaissances et directives scientifiques les plus récentes. Les professionnels de-vront donc pouvoir démontrer qu’ils continuent à se former pour rester à jour dans leur discipline. Ils seront aussi tenus de contribuer à une permanence des soins pour la population et d’avoir des dossiers patients ac-tualisés et soignés, se pliant à des exigences de forme et de contenu minimales.

Le texte de Maggie De Block prévoit déjà l’essor de la té-lémédecine. Elle-même avait, fin 2016, sélectionné plus

d’une vingtaine de projets-pilotes de m-Health (la santé mobile), dont certains supposaient des consultations à distance. « La nouvelle loi ne crée pas la base légale pour la téléconsultation dans notre pays mais anticipe la dé-marche », précise la libérale flamande.

De fait, le projet contient déjà une disposition en vertu de laquelle « quand une réglementation sur les télécon-sultations menées dans le cadre d’une relation théra-peutique verra le jour, les mêmes garanties de sécurité et de qualité seront d’application que pour les consulta-tions physiques ». @

Maggie De Block veut la même qualité qu’en live La ministre fédérale de la santé s’est félicitée du feu vert donné par le conseil des ministres, le 21 septembre, à son pro-jet de loi-cadre « qualité » - qualité de la pratique des soins de santé. C’est une loi moderne qui anticipe aussi la téléconsultation, souligne-t-elle explicitement. @ J.M.

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médecin ne se déplace pas ? Ce qui pourrait accentuer l’impression, chez certaines personnes âgées déjà enva-hies par un sentiment d’abandon, d’être quantité trop négligeable pour qu’on vienne encore à elles… « Que les résidents soient déroutés, c’est en effet la petite crainte que j’ai - avec quelques appréhensions au niveau de la qualité du son recueilli et retransmis avec le stéthoscope. Maintenant, si quelques-uns de nos résidents font l’expé-rience d’une de ces consultations à distance et que tout se déroule au mieux, les autres se laisseront convaincre. » Le Dr Heyde ne semble pas trop inquiet à ce sujet : il table sur les talents de persuasion et de mise en confiance des infirmières de la MRS et sur le dialogue patient-médecin qui se déroulera par écran interposé (lire page 3). « Les

infirmières expliqueront aux résidents concernés le pour-quoi de la méthode qui, in fine, se met en place dans leur intérêt », confirme Mike Warlomont. Il est également prévu qu’elles relèvent, avant la connexion planifiée avec le médecin, divers paramètres qui apparaîtront sur la ta-blette de ce dernier: le poids, la température, la tension, la saturation… du patient.

Le projet luxembourgeois entre donc dans une phase test sur le terrain, « avec une première évaluation en no-vembre », indique le directeur. « Ou plutôt, une mise au point pour voir si tout fonctionne comme prévu. Il faudra bien plus de recul pour pouvoir décider de la pertinence du dispositif. » @

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Burn-out parentalLes professionnels aux côtés des parents

Il vous arrive certainement dans votre pratique professionnelle de rencontrer des parents épuisés, dépassés dans leur rôle de parent, ou encore qui manifestent des comportements qui vous interpellent. Plusieurs études récentes menées par l’UCL montrent que l’épuisement peut provenir du rôle parental et de la vie familiale. Appelé « burn-out parental », ce syndrome affecte des parents d’enfants de tous âges, toutes catégories sociales et économiques confondues.

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Le burn-out parental se manifeste par 3 symptômes spécifiques qui le distinguent de la dépression ou du burn-out professionnel :

un épuisement émotionnel et physique, une distanciation affective avec les enfants, un sentiment d’inefficacité parentale.

Selon les plus récentes estimations, 5 % des parents sont en situation de burn-out parental et 8 % d’entre eux sont à risque de le devenir. Ce processus s’installe progressi-vement, de façon insidieuse. Les conséquences peuvent être importantes tant pour le parent (perte d’énergie, problèmes relationnels au sein du couple, problèmes de santé, addictions…) que pour le/les enfant(s) (négli-gences, violences verbales et physiques à leur égard). Sujet tabou et encore trop peu connu, le parent souvent démuni ne reçoit pas toujours l’aide adéquate.

Le médecin : un acteur de première ligne

En tant qu’interlocuteur privilégié et de première ligne, vous pouvez jouer un rôle préventif et de soutien à ces familles. Pour cela, il est important d’avoir des informations précises qui permettent d’identifier les parents touchés par le burn-out parental, de leur proposer une prise en charge adéquate ou de savoir vers quels services les orienter.

Six conférences formatives pour mieux détecter le burn-out parental et agir :

La Mutualité chrétienne et l’Université Catholique de Louvain s’associent une nouvelle fois et vous invitent à participer à l’une des 6 conférences formatives réservées aux professionnels, intitulées « Burn-out parental : les professionnels aux côtés des parents ». Les conférences seront dispensées en Wallonie et à Bruxelles par l’équipe de la faculté de psychologie de l’UCL. Elles seront en particulier l’occasion : De prendre connaissance des résultats des toutes

dernières recherches en matière de burn-out parental, menées par l’équipe d’Isabelle Roskam1 et Moira Mikolajczak2 de l’UCL :• Prévalence du burn-out parental en Belgique.• Étude longitudinale et comparaison internationale.• Dispositif de prise en charge collective et

individuelle. De vous outiller concrètement :

• Qu’est-ce que le burn-out parental : poser un diagnostic différentiel.

• Qui est concerné : identifier le public à risque.• Comment accompagner : proposer une prise

en charge efficace. De partager votre expérience ou vos questions

avec les professionnels de votre région.

1. Isabelle Roskam est Docteure en Sciences Psychologiques et Professeure en psychologie du développement à la faculté des Sciences Psychologiques et de l’Éducation de l'Université catholique de Louvain (UCL). Elle est également responsable des Consultations Psychologiques Spécialisées en Parentalité à l'UCL.

2. Moïra Mikolajczak est Docteure en Sciences Psychologiques, Professeure en psychologie des émotions et de la santé à la faculté des Sciences Psychologiques et de l’Éducation de l'Université catholique de Louvain (UCL). Elle est une experte internationalement reconnue dans le domaine des compétences émotionnelles.

Arlon le 06/12 de 9h à 13h Liège le 11/12 de 19h à 22hGosselies le 11/12 de 12h30 à 15h Tournai le 13/12 de 19h à 22hNamur le 11/12 de 12h30h à 15h30Bruxelles le 03/12 – horaire communiqué ultérieurement

Infos détaillées et inscriptions sur www.mc.be/burnout-parent

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Chaque euro investi dans la santé en rapporte deux à long terme, a rappelé le Pr Annemans. Comme l’Europe, il conseille de ne pas fer-mer le robinet. Et comme l’OMS, il préconise de bien abreuver les soins primaires. Même s’ils sont bien moins spectaculaires que des avancées comme les traite-ments génétiques, la médecine ré-générative, les robots ou la téléméde-cine… On vit assurément une époque incroyable, commente-t-il à ce propos. « Mais est-elle payable ? A 400.000 € par personne le traitement génétique d’un cancer ? » Outre les coûts de l’innovation qui explosent, l’économiste de la santé discerne d’autres périls en la demeure ‘soins de santé’ : la fragmentation en silos, des surconsommations et la pression démographique, par exemple. Pourtant, il affirme rester optimiste, confiant dans le fait que la Bel-gique et ses citoyens puissent se reposer sur un bon sys-

tème de santé – « un droit humain, d’ailleurs ». Il prône, au diapason de l’OCDE, d’œuvrer à l’efficacité, l’accessibilité et la résilience dudit système.

Par-delà les lignesLes outils clefs pour relever le défi sont, d’après lui, un taux de crois-

sance du budget de la santé main-tenu au-dessus de 2%. L’offre de

soins doit en outre être évaluée non-stop sous l’angle du rapport coût/ef-ficacité. Le travail en réseau doit être

encouragé en spécifiant mieux les rôles de chaque acteur et en veillant à « une médecine générale forte, qui sait tout du patient et tient son dossier que les spécialistes alimentent en infos utiles. Cela engendre moins d’hospi-talisations, de réadmissions, de chirurgie évitable et ren-force la prévention. Mais on n’y est pas encore, même si les réseaux commencent à apparaître en Flandre… »

n°71 - octobre 2018

ECLAIRAGE

Une médecine générale forte, au cœur d’un réseau La Société scientifique de médecine gé-nérale (SSMG), éditrice de vie@home, souffle cette année ses 50 bougies. Invi-té à la célébration de ce demi-siècle voué à la formation continue, Lieven Annemans, professeur d’économie de la santé à l’univer-sité de Gand, a expliqué pourquoi il convient de pousser les soins primaires, au sein desquels évoluerait une médecine générale forte, centralisa-trice d’infos et encline au travail en réseau. Une description en résonnance avec les approches souvent conseillées de prise en charge des patients âgés…

@ J.M.

DE LA TÉLÉSTÉTHOSCOPIE EN MR(S)

LE MG, CHEF D’ORCHESTRE DU MÉDICAL DVA, UN RÉSEAU D’ENTRAIDE CONCOURS AGENDA

> Le Pr Lieven Annemans

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Rappelons néanmoins l’éclosion, aussi en Wallonie, de projets de soins intégrés aux malades chroniques –

groupe cible dans lequel on recense évidemment un bon pourcentage de personnes âgées. A ce jour 100% expérimentaux et localisés, ces projets sont supposés

tester de nouveaux modes de prise en charge, trans-muraux, impliquant une chaine d’intervenants, dans une logique de continuum de soins.

Coordonner ? Le médical, ouiQuand il entend dire que le MG doit s’occuper de coordination, Lieven Annemans nuance : « la coordination médicale, oui, mais que le médecin laisse aux communautés la coordination plus so-

ciale » (avec e.a. les services d’aide à la personne, les supports au maintien à domicile…). La recette

suppose aussi des contacts intensifiés avec la 2ème

ligne et les hôpitaux, que l’informatique peut épauler. « Je trouve que ce devrait être obligatoire que chaque citoyen soit inscrit auprès d’une pratique de médecine générale, pour préserver la population des hospitalisa-tions, réadmissions etc. »

Cette inscription est en somme incarnée, à ce jour, par le DMG, le dossier médical global. Mais il n’y a que 60 à 65% des Belges qui en ont un, constate l’économiste. La Flandre fait mieux, avec 80%. Les mutuelles ont aus-si noté une pénétration du DMG plus forte parmi la patientèle âgée. L’orateur discuterait bien avec les MG francophones du succès mitigé DMG sur leurs terres. « A quoi cela tient-il ? » Il sait, de toute façon, que les autorités ne seraient pas follement réceptives à une obligation conduisant à un DMG universel. « Il faudrait payer 30 € par an par nouveau patient qui ouvre un DMG. Le budget n’est pas là. »

Payé différemmentLa consolidation de la place du généraliste sur l’échi-quier des soins doit aller de pair avec une révision de la façon dont son activité est rétribuée, poursuit le Pr Annemans. Et de tendre à l’auditoire du gala des 50 ans de la SSMG un (modèle) cappuccino. Avec, comme il se doit, des couches distinctes : autant de strates de finan-cement de logique différente. A la base, un socle fixe

n°71 - octobre 2018

Refédéraliser ou aller plus loin ? Il n’y a pas qu’une approche en silos qui peut être handicapante. Il y a aussi en Bel-gique un éparpillement des compétences en santé entre Fédéral et entités fédérées et, au sud, prolifération de ministres. « Il y a plein d’exemples où cette répartition montre ses limites. La prévention, par exemple », confirme Lieven Annemans. Ce sont les régions qui y investissent, pen-dant que les fruits de cette démarche – le non-dépensé en curatif – bénéficient au Fédéral. « Faut-il aller vers une refédérali-sation de certaines choses. Ou au contraire pousser plus loin dans la défédéralisation ? Ce n’est pas une solution idéologique qu’il faut mettre en œuvre, c’est la solution la plus intéressante pour le patient et le sys-tème de santé. Mais à ce jour, le débat est trop idéologique pour qu’elle émerge. »

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> L’économiste s’exprimait aux 50 ans de la SSMG

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de revenus pour le fait d’avoir une pratique, surmonté de montants forfaitaires pour telle mission ou tel cycle de soins. Ensuite vient la strate du paiement à l’acte, et en-fin, au-dessus, la couche de crème fraîche valant bonus : le P4P, le paiement à la performance. « Voilà l’idée. Est-elle faisable ? C’est ce qu’avec mon équipe, on examine actuellement en organisant des soirées de discussion avec le terrain. En Flandre, surtout, pour le moment. »

Par ailleurs, l’expert recommande de veiller à l’accessi-bilité des soins et surtout des traitements essentiels. Au rayon des maladies chroniques, quand il n’y a pas de risque de sur-usage, le coût-poche pour le patient devrait être, selon lui, minimal.

Le lien, malmené ou exultant ?Enfin, toute la migration décrite ci-dessus vers une or-ganisation de soins autre doit reposer sur un système informatique idéal, maximisant l’interconnexion, respec-tant la vie privée. « Sans quoi, il sera difficile de changer les choses. » Quant aux robots et autre médecine à dis-tance rendue possible par la technologie, s’ils font rêver, ils soulèvent la question du lien humain, particulièrement présent (et prisé) chez les plus vieux patients. Pour Lieven Annemans, l’essor de la télémédecine « rendra le contact humain encore plus important ». @

n°71 - octobre 2018

Effet boomerang assuré L’influence de la situation socio- économique sur la santé n’est plus à démontrer. Et si, en moyenne, 6,5% des Belges ont déjà reporté des soins pour motif financier, dans les groupes de po-pulation à risque de pauvreté, cette part passe à 19,2%, signale l’économiste de la santé flamand. Des reports, des renon-cements, un faible dépistage… qui plus tard, avec un parfait effet boomerang, représentent 20% de dépenses supplé-mentaires, explique-t-il.

Saine lecture Lieven Annemans est l’auteur d’un ouvrage permettant aux profanes - dont les soignants - de se familiariser avec les grandes notions de l’économie de la santé. Il existe en néer-landais mais aussi en anglais .

Lire page 2 l’expérience inédite de télécon-sultation avec stéthoscope connecté qui dé-marre dans le Luxembourg, unissant MR(S) et généralistes

> Le médecin généraliste doit coordonner le volet médical des interventions auprès des patients, et laisser aux communau-tés la coordination plus sociale.

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Age requis pour entrer en MR(S) : de 60 à 70 ans ?

Dans l’avant-projet d’arrêté relatif à l’aide aux aînés que mitonne le gouvernement wallon, il est question de revoir l’âge mini-mum d’admission en maison de repos à 70 ans. Ce n’est pas considéré comme judicieux par tout le monde. La Fédération des CPAS, par exemple, objecte que le sexagénaire qui entre en MR(S) le fait par nécessité. Le nou-veau seuil ne changera rien aux soucis de santé qui l’y conduisent, mais générera plus de travail pour les établissements et l’admi-nistration. La fédération estime à 3.000 les demandes supplémentaires de dérogation à prévoir.

Pour Alda Greoli, l’âge d’entrée « propo-sé » (*) s’appuie entre autres sur l’étude faite dans le cadre de Virtual Belgium in Health [un outil de simulation, pour éclairer les déci-sions politiques de planification de l’offre de santé pour répondre aux besoins des aînés, ndlr]. Elle suggérait de reculer l’âge d’entrée en maison de repos à 75 ans, en partant du constat que l’âge moyen d’admission était passé à 80.

Il n’y aurait de toute façon pas d’impossi-bilité ou d’interdiction absolue d’y entrer plus tôt, précise la ministre qui invite aussi à considérer ce relèvement dans le cadre de la mise en place (future) de l’assurance auto-nomie. Parfois, l’entrée au home ne tient pas à la santé, mais à une situation d’isolement, avec des besoins (en aide à la personne, en services logistiques…) non rencontrés. L’as-surance autonomie ambitionne justement de concrétiser des politiques de soutien au domicile.. @

(*) elle souligne que l’avant-projet est toujours en exa-men, après une première lecture en juin 2018

Source : commission de la Santé, parlement wallon, 18/9/2018

n°71 - octobre 201810

Un nouveau mode d’investissement L’âge d’admission n’est pas le point d’at-tention qui taraude le plus la Fédération des CPAS dans l’avant-projet de décret. Elle s’in-quiète également, par exemple, de la nou-velle technique qui s’annonce en matière de subventionnement des investissements. Se-lon elle, elle présage un subventionnement ouvert au secteur marchand privé, avec augmentation importante des coûts pour la Région wallonne et partant, si l’enveloppe globale demeure inchangée, une réduction des moyens pour le secteur non marchand. La Fédération des CPAS demande que le caractère non marchand du gestionnaire d’établissement reste une condition sine qua non du mécanisme de subvention.

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APRÈS LA VIRGULE