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Bull. Acad. Vét. France — 2011 - Tome 164 - N°1 www.academie-veterinaire-france.fr 43 COMMUNICATION DOMINANTES EN PATHOLOGIE PORCINE MAIN PIG DISEASES Par Hervé MORVAN 1 (Communication présentée le 16 décembre 2010) Nous pouvons avoir une idée précise des dominantes pathologiques en production porcine à partir des sujets traités lors des congrès internationaux, européens ou nationaux et à partir des cas soumis aux laboratoires de diagnostic. Les maladies dont le diagnostic est soumis au laboratoire sont mul- tifactorielles et, de ce fait, sont décrites sous le nom de complexes nécessitant un diagnostic diffé- rentiel. Ce sont les diarrhées néonatales, la colibacillose du sevrage, les maladies entériques de la période d’engraissement ou complexe digestif, et le complexe respiratoire. L’anatomopathologie apporte un complément d’information sur les lésions, avec des délais et des coûts raisonnables. Mots-clés : porc, pathologie, diagnostic. RÉSUMÉ (1) Laboratoire de Développement et d’Analyse (LDA22), 7 rue du Sabot 22440 Plougragan. The main diseases affecting pig production can be identified accurately based on the topics presented during international, European or national congresses, and on the cases submitted to diagnostic lab- oratories. The diseases diagnosed by laboratories involve several etiologies and are therefore referred to as complexes requiring a differential diagnosis: neonatal diarrhea, post-weaning col- ibacillosis, enteric diseases during the grow-finish period or digestive disease complex, and respira- tory disease complex. Pathology findings provide additional information with reasonable deadlines and costs. Key words: pig, disease, diagnosis. SUMMARY Nous pouvons avoir une idée précise des dominantes patholo- giques en production porcine à partir des sujets traités lors des congrès internationaux, européens et nationaux. Ces sujets tra- duisent la préoccupation des équipes de recherche et des équipes de marketing. Par exemple, au congrès de l’European Society of Pig Health Management, à Hanovre en 2010, les prin- cipaux thèmes concernant la pathologie ont porté sur les affections par le circovirus porcin de type 2 ou PCV2 (Porcine Circovirus type 2), le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP), la dysenterie porcine et l’iléïte dues à Lawsonia, ainsi que sur les moyens de diagnostic de laboratoire (méthodes et validité, etc.). La même année, au congrès de l’International Pig Veterinary Society (IPVS), à Vancouver, les conférences sur invitation, concernant la pathologie, ont eu trait au SDRP, aux affections par le PCV2, par Mycoplasma hyopneumoniae et par Lawsonia. Sur 275 présentations orales, 34 portaient sur les affec- tions par le PCV2, 31 sur le SDRP, 25 sur la grippe, 11 sur les affections par le mycoplasme et 10 sur les diarrhées néonatales. L’information qui s’appuie sur les résultats des laboratoires est en quelque sorte biaisée car la nature et la fréquence des mala- dies établies à partir de ces résultats dépendent de plusieurs facteurs : - l’importance locale de leur impact économique (une morbi- dité ou une mortalité importante entraîne la décision de faire appel au laboratoire, plus incisive que lors d’une maladie moins ou peu agressive), 06_morvan_C2-Bastien 12/04/11 16:02 Page43

DOMINANTES EN PATHOLOGIE PORCINE · niques, thermiques, d’aération du bâtiment à l’arrivée des por-celets, disponibilité du personnel et niveau de la pathologie respiratoire

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Bull. Acad. Vét. France — 2011 - Tome 164 - N°1 www.academie-veterinaire-france.fr 43

COMMUNICATION

DOMINANTES EN PATHOLOGIE PORCINE

MAIN PIG DISEASES

Par Hervé MORVAN1

(Communication présentée le 16 décembre 2010)

Nous pouvons avoir une idée précise des dominantes pathologiques en production porcine à partirdes sujets traités lors des congrès internationaux, européens ou nationaux et à partir des cas soumisaux laboratoires de diagnostic. Les maladies dont le diagnostic est soumis au laboratoire sont mul-tifactorielles et, de ce fait, sont décrites sous le nom de complexes nécessitant un diagnostic diffé-rentiel. Ce sont les diarrhées néonatales, la colibacillose du sevrage, les maladies entériques de la périoded’engraissement ou complexe digestif, et le complexe respiratoire. L’anatomopathologie apporte uncomplément d’information sur les lésions, avec des délais et des coûts raisonnables.

Mots-clés : porc, pathologie, diagnostic.

RÉSUMÉ

(1) Laboratoire de Développement et d’Analyse (LDA22), 7 rue du Sabot 22440 Plougragan.

The main diseases affecting pig production can be identified accurately based on the topics presentedduring international, European or national congresses, and on the cases submitted to diagnostic lab-oratories. The diseases diagnosed by laboratories involve several etiologies and are thereforereferred to as complexes requiring a differential diagnosis: neonatal diarrhea, post-weaning col-ibacillosis, enteric diseases during the grow-finish period or digestive disease complex, and respira-tory disease complex. Pathology findings provide additional information with reasonable deadlinesand costs.

Key words: pig, disease, diagnosis.

SUMMARY

Nous pouvons avoir une idée précise des dominantes patholo-giques en production porcine à partir des sujets traités lors descongrès internationaux, européens et nationaux. Ces sujets tra-duisent la préoccupation des équipes de recherche et deséquipes de marketing. Par exemple, au congrès de l’EuropeanSociety of Pig Health Management, à Hanovre en 2010, les prin-cipaux thèmes concernant la pathologie ont porté sur lesaffections par le circovirus porcin de type 2 ou PCV2 (PorcineCircovirus type 2), le syndrome dysgénésique et respiratoireporcin (SDRP), la dysenterie porcine et l’iléïte dues à Lawsonia,ainsi que sur les moyens de diagnostic de laboratoire (méthodeset validité, etc.). La même année, au congrès de l’InternationalPig Veterinary Society (IPVS), à Vancouver, les conférences sur

invitation, concernant la pathologie, ont eu trait au SDRP, auxaffections par le PCV2, parMycoplasma hyopneumoniae et parLawsonia. Sur 275 présentations orales, 34 portaient sur les affec-tions par le PCV2, 31 sur le SDRP, 25 sur la grippe, 11 sur lesaffections par le mycoplasme et 10 sur les diarrhées néonatales.

L’information qui s’appuie sur les résultats des laboratoires esten quelque sorte biaisée car la nature et la fréquence des mala-dies établies à partir de ces résultats dépendent de plusieursfacteurs :

- l’importance locale de leur impact économique (une morbi-dité ou une mortalité importante entraîne la décision de faireappel au laboratoire, plus incisive que lors d’une maladie moinsou peu agressive),

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- la difficulté du diagnostic différentiel,

- l’intérêt que portent les différents acteurs de la filière aux mala-dies,

- la nécessité de conforter un diagnostic ou un traitement.

Une troisième source d’information provient de réseaux char-gés de l’épidémio-surveillance des maladies porcines. Ainsi, leréseau « Epiporc » est en cours de mise en place en France.

LES DIARRHÉES NÉONATALES

Plusieurs agents infectieux peuvent être impliquées dans les diar-rhées néonatales, en particulier lors de celles survenant au coursde la première semaine : des virus comme le coronavirus de lagastro-entérite transmissible (virus TGE), le coronavirus de ladiarrhée épidémique porcine (virus DEP), les rotavirus , des bac-téries (E. coli, Clostridium perfringens et Clostridium difficile,Enterococcus du groupe durans-hirae-villorum). Les coccidies(Isospora suis) interviennent lors de la deuxième semaine : lestraitements anticoccidiens sont devenus courants et ont fait bais-ser l’incidence de la « diarrhée blanche ».

Les facteurs prédisposant sont nombreux :

- le statut immunologique des truies et surtout des primipares,

- la prise de colostrum, variable suivant les porcelets, comptetenu de la compétition entre les porcelets pour l’accès à lamamelle, liée à la taille de la portée et à l’hétérogénéité despoids à la naissance,

- la durée du part : les derniers nés sont défavorisés,

- la vigueur des porcelets à la naissance : les porcelets faibles

accèdent difficilement à la mamelle (immatures, « Splay-leg »,hypoglycémie),

- le confort thermique, les interventions humaines, les traite-ments, les adoptions multiples

- les traitements antibiotiques systématiques prédisposant auxentérites à entérocoque et à Cl. difficile.

Les pathogènes majeurs que sont les coronavirus de la GET etde la DEP ne sont plus rencontrés depuis la fin des années 1980.Le rotavirus est plus fréquent et très résistant dans l’environ-nement. L’entérite nécrosante due à Cl. perfringens type C estpeu fréquente (Songer & Taylor, 2006).

Le diagnostic fait appel à des tests spécifiques (Straw & Dewey,2006) :

- l’immunofluorescence ou l’immunohistochimie : réalisée sur descoupes de l’intestin grêle avec des anticorps spécifiques dirigéscontre les coronavirus de la GET et de la DEP (figure 1), contreles rotavirus, elle est applicable seulement chez des porcelets entout début de maladie, avant la destruction des entérocytes.

- les tests immuno-enzymatiques (ELISA) réalisés à partir desmatières fécales (mise en évidence des coronavirus de laGET et de la DEP, des rotavirus, de la toxine A et B de Cl.difficile),

- les cultures, numérations, identification et typage pour les bac-téries,

- la mise en évidence des facteurs de virulence, tels que lestoxines et facteurs d’attachement, par la technique de la réac-tion en chaîne par polymérase ou PCR (E. coli, Clostridium per-fringens),

- la technique de PCR après transcriptioninverse ou RT-PCR (reverse transcriptase-PCR) pour les coronavirus de la DEP et dela GET, pour les rotavirus.

Ces différents tests ne sont pas toujours tousdisponibles et leur application peut s’avérercoûteuse.

L’histologie à partir de prélèvements réaliséschez deux ou trois sujets en tout début dessymptômes permet une orientation du dia-gnostic assez rapide : l’atrophie des villositésintestinales est sévère dans la GET et laDEP ; elle est plus modérée dans l’atteinte parle rotavirus ; dans la colibacillose et dans l’en-térite à entérocoques, les bactéries adhérentà la bordure en brosse des entérocytes(figure 2) ; dans l’entérite à Clostridium per-fringens A, de gros bacilles sporulés sontobservés dans la lumière intestinale associésà une nécrose superficielle, celle à Cl. per-fringens C est caractérisée par la nécrosemassive de la muqueuse et celle à Cl. difficile,par l’inflammation du colon.

Figure 1 : Mise en évidence du coronavirus de la DEP par immunofluorescence (en vert) sur une coupecongelée d’intestin de porcelet en tout début de maladie, grâce à un anticorps polyclonal spécifique (X100, cliché LDA 22).

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LA COLIBACILLOSE DE SEVRAGE

Maladie la plus fréquente au début des années 1990, la coli-bacillose de sevrage a fait l’objet d’une étude épidémiologiquedu Centre National d’Étude Vétérinaire et Alimentaire, qui aabouti à dresser la liste des facteurs de risque à l’échelle de lacase et à celle de l’élevage en 14 points : poids au sevrage,nombre et densité des porcs, longueur d’auge et quantité d’ali-ment consommée la première semaine, conditions hygié-niques, thermiques, d’aération du bâtiment à l’arrivée des por-celets, disponibilité du personnel et niveau de la pathologierespiratoire.

Après une accalmie relative depuis le milieu de cette décennie,elle est réapparue depuis deux à trois ans (Morvan données per-sonnelles) présentant une grande ressemblance avec le syndromeétudié par Madec (Madec et al. 1998 ; 2000).

Elle se présente sous trois formes, la colibacillose de sevrage pro-prement dite, la colitoxicose et la maladie de l’œdème qui entraî-nent, dans certains élevages, de lourdes pertes atteignant les 20%.

La colibacillose de sevrage se traduit par de la diarrhée, retardde croissance et hétérogénéité. Les souches d’E. coli responsablessont porteuses d’un facteur d’attachement (F4 le plus souvent)et secrètent une entérotoxine.

La colitoxicose, ou gastro-entérite hémorragique à E. coli, semanifeste par des mortalités sporadiques : déshydratationintense, thrombose et coagulation intravasculaire disséminéedes vaisseaux sanguins de l’intestin (Faubert & Drolet, 1992).

Dans la maladie de l’œdème, les souches d’E. coli se multiplientdans l’intestin et les nœuds lymphatiques mésentériques et pro-duisent une vérotoxine responsable des dommages vasculairesentraînant les oedèmes (Konstantinova et al. 2007).

Le diagnostic de la maladie est aisé. Le traitement est essen-tiellement par voie orale : comme l’oxyde de zinc à dose thé-rapeutique (2000 ppm) n’est pas autorisé en France contraire-ment à d’autres pays, il est surtout utilisé des antibiotiques àaction locale qui ne franchissent pas la barrière intestinale.

Quelques souches d’E. coli présentent une sensibilité diminuéeà la colistine. Les données concernant l’apparition des souchesd’E. coli résistantes aux antibiotiques sont collectées par le réseaude d’épidémiosurveillance de l'antibiorésistance des bactériespathogènes animales (RESAPATH), piloté par l’Agence natio-nale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnementet du travail (ANSES).

LE COMPLEXE DIGESTIF LORS DESPÉRIODES D’APRÈS SEVRAGE ETD’ENGRAISSEMENT

Le syndrome de la diarrhée grise en périodes d’après sevrage etd’engraissement est fréquent en élevage. Au plan clinique, ilpeut être confondu avec l’entérite à Lawsonia, la spirochétoseet parfois avec la trichurose. Compte tenu de ces faits, on par-lera plutôt de « complexe des maladies entériques porcines »,tout en sachant qu’il peut être provoqué par différents agentsinfectieux que l’on détectera individuellement ou à plusieurs(Martineau & Morvan, 2010).

Ainsi, la dysenterie porcine et la spirochétose du colon appar-tiennent à ce complexe. Maladies dues respectivement àBrachyspira hyodysenteriae et Brachyspira pilosicoli, elles sontactuellement peu fréquentes en France, contrairement à d’autresbassins de production dans les pays frontaliers. L’équipe espagnolede l’Université de Leon a montré le rôle des échanges d’animauxdans la diffusion de certains clones (Osorio & Hidalgo, 2010).

Cette dysenterie est encore appelée « diarrhéehémorragique » ou « entérite hémorragique »,termes qui peuvent porter à confusion avecd’autres entités comme l’iléïte hémorragiqueou le syndrome de distension intestinal porcin(SDIP). L’atteinte par Lawsonia intracellularis,responsable de l’adénomatose, rentre aussidans le complexe des maladies entériquesporcines. Elle se manifeste surtout dans l’iléon.Elle se caractérise par une hyperplasie del’épithélium des cryptes et peut évoluer versune forme aiguë hémorragique ou chroniqueet nécrotique (McOrist & Gebhart, 2006).

Outre ces agents infectieux, on peut aussiisoler comme cause de ce complexe le PCV2,les salmonelles, les colibacilles entéropa-thogènes, les Campylobacter, les trichures, lesBalantidium, les Trichomonas, les Blastocystiset autres « amibes » (Madec et al. 1999). Lesbrachyspires et les trichures son retrouvéesdans le gros intestin. Les parasites unicellu-laires sont plutôt des marqueurs du déséqui-libre de la flore dans le gros intestin.

Figure 2 : Enterococcus hirae adhérent (points noirs) à la bordure en brosse de l’intestin d’un por-celet de trois à quatre jours ; coloration de Gram sur coupe histologique (X 400, cliché LDA 22).

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En fait, ce complexe est multifactoriel etson apparition est liée aux conditions d’éle-vage, aux modes d’alimentation. L’arrêt, dansl’alimentation, des antibiotiques régulateursde flore a été un des facteurs de réapparitionde ce complexe.

Le diagnostic fait appel à des techniques spé-cifiques : cultures pour les salmonelles, coli-bacilles et Campylobacter, technique de laPCR ou d’immunofluorescence (figure 3)pour Lawsonia et Brachyspira, examens directspour les parasites, histologie (déplétion etgranulomatose des plaques de Peyer et nœudslymphatiques médiastinaux), immunohisto-chimie ou hybridation in situ pour le PCV2(figure 4), histologie, coloration argentiqueet immunofluorescence pour l’adénomatose(hyperplasie des cryptes et bactéries incurvéesen grand nombre à l’apex des cellules épi-théliales), histologie et coloration argentiquepour les colites (inflammation, nécrose de lamuqueuse du colon et bactéries spiralées dansles cryptes et à la surface de la muqueuse).

Le diagnostic de colite non spécifique se faitpar exclusion de ces pathogènes.

LE COMPLEXE RESPIRATOIRE Plusieurs agents pathogènes peuvent infecterles porcs pendant la période d’engraissement,séparément ou simultanément : Mycoplasmahyopneumoniae, agent de la pneumonie enzoo-tique, l’artérivirus du syndrome dysgénésiqueet respiratoire du porc (SDRP), le circovirusporcin de type 2 (PCV2), les orthomyxovirusde type A de la grippe ,ces trois virus étant lesplus fréquents (Rossow et al. 1995). Une sur-infection est observée par divers types debactéries, Pasteurella, Haemophilus parasuis,Arcanobacterium, Streptococcus suis etActinobacillus pleuropneumoniae, agent de lapleuropneumonie.

La maladie complexe respiratoire porcine ouPorcine Respiratory Complexe Disease (PRCD),décrite en Amérique du nord, correspond à une affection sur-venant en fin d’engraissement avec comme point de départ uneatteinte par le mycoplasme, en général dans des élevages multi-sites, et une surinfection par un ou plusieurs virus ou bactéries(Harms et al. 2002).

La grippe porcine est saisonnière et fréquente en Europe. Ellepeut également toucher les porcelets après le sevrage, voire enmaternité. Les types H1N1 et H3N2 circulent en Europedepuis 1976 (en France respectivement depuis 1980 et 1984).

Le H3N2 n’est plus détecté depuis 1999. Le type H1N2 est d’ins-tallation plus récente. Selon une enquête de l’Afssa (Ansesactuellement) en 2008-2009, la prévalence des virus porcins dela grippe H1N1 et H1N2 ne varie pas au cours de l’année : enparticulier, aucune souche pandémique pH1N1/09 n’a étémise en évidence dans les 22 élevages sentinelles surveillés parl’Anses à l’été 2010. Par contre à la Réunion, la souche pan-démique s’est installée durablement dans les élevages porcins,indemnes jusqu’à lors de grippe. L’affection induite par le typepH1N1/09 de virus grippal porcin n’est pas classée dans les MRC

Figure 3 : Mise en évidence, à l’apex des cellules des cryptes, de Lawsonia intracellularis, par immu-nofluorescence (en vert) sur une coupe histologique de l’iléon, grâce à un anticorps monoclonal (X 200,cliché LDA 22).

Figure 4 : Mise en évidence du PCV2 (en rouge- brun) par hybridation in situ (HIS) sur une coupehistologique d’intestin grêle (X 400, cliché LDA 22).

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en France mais sa notification est obligatoire à l’OIE : dans l’in-certitude concernant les conséquences pour les élevages, lesdemandes de recherche approfondie n’ont pas été nombreuses.

La pleuropneumonie porcine résulte d’une atteinte par unseul agent pathogène, Actinobacillus pleuropneumoniae qui se pré-sente sous deux biotypes : le biotype 1 dépendant du NAD (leplus répandu) et le biotype 2 non dépendant, ce qui permet dele cultiver sur gélose au sang (Gottschalk & Taylor, 2006). Lebiotype 1 comprend 13 sérotypes, de 1 à 12 et le sérotype 15 ;le biotype 2 en comprend deux, les 13 et 14. La répartition dessérotypes est variable suivant les pays : en France, les principauxsont les sérotypes 9 et 11 et le sérotype 2 et ils font l’objet decontrôle dans la filière. Les souches restent très sensibles auxantibiotiques courants.

Pour chaque entité pathologique, il existe des tests spécifiquesde diagnostic : l’ovoculture pour le virus grippal, les cultures cel-lulaires pour le virus grippal, l’artérivirus du SDRP, le corona-virus respiratoire (CVRP), les cultures bactériologiques pourisoler Actinobacillus pleuropneumoniae, Pasteurella, Bordetella,Haemophilus, la technique de PCR pour le virus grippal, celuidu SDRP, le PCV2, Mycoplasma hyopneumoniae, Actinobacilluspleuropneumoniae.

On fait également appel aux techniques d’histologie, d’immuno-histochimie et d’immuno-fluorescence pour mettre en évidencele virus grippal lors de bronchiolite nécrosante, le PCV2 et levirus du SDRP dans la pneumonie proliférative et nécrosante,Mycoplasma hyopneumoniae dans l’hyperplasie nodulaire des for-mations lymphoïdes péribronchiques. On peut aussi identifierPCV2 sur coupe de poumon et nœuds lymphatiques par hybri-dation in situ. Une approche globale peut être réalisée en asso-ciant une culture bactérienne à l’analyse histologique dupoumon.

Pour palier le faible nombre de cibles détectables par la tech-nique de PCR classique ou en temps réel, les techniques du typenanoliter real-time PCR, permettant de détecter jusqu’à 64cibles indépendantes simultanément, seraient très utiles pourdétecter les différents pathogènes de ces complexes (Kim et al.2010).

MALADIES D’AVENIR OU À SURVEILLER

Les grandes maladies contagieuses, la peste porcine classique(PPC), la peste porcine africaine (PPA), la fièvre aphteuse (FA)et la maladie d’Aujeszky, sont à surveiller en priorité.

La France continentale est indemne de maladie d’Aujeszky, maisles récentes alertes montrent la fragilité des élevages de pleinair vis-à-vis des réservoirs constitués par la population de san-gliers. Autant les symptômes présentés par les porcs mis à lareproduction et par les porcelets nouveau-nés dans les élevagesde naisseurs sont caractéristiques, autant ceux observés chez desporcs à l’engraissement dans un atelier isolé sont plus banals(syndrome grippal), rendant la détection d’évènements suspectsplus difficiles.

La peste porcine classique (PPC) a touché plusieurs pays euro-péens ces dernières années et reste présente dans la populationde sangliers du nord-est. Les symptômes pouvant être frustreset protéiformes, la difficulté sera la détection de ces cas : dansle bulletin épidémiologique « santé animale » de novembre2010, il est noté que pour la surveillance événementielle,l’absence de déclaration de suspicion en 2009 pouvait être due« aux contraintes règlementaires fortes qui pèsent sur les éle-vages faisant l’objet d’une suspicion. Un faible niveau de sus-picion mériterait d’être discuté ».

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48 Bull. Acad. Vét. France — 2011 - Tome 164 - N°1 www.academie-veterinaire-france.fr

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• Bulletin épidémiologique Santé animale,novembre 2010/ numéro 40.

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BIBLIOGRAPHIE

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