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MayaBanks

DOMINÉEÀBOUTDESOUFFLE–2

Traduitdel’anglais(États-Unis)parLaurianeCrettenand

MILADYROMANTICA

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Prologue

Il prit l’ascenseur qui allait directement du hall à son appartement, en priant tout du long pourqu’Evangelinedaigneleregarderouécoutercequ’ilavaitàdire.S’ilvousplaît, faitesqu’ellesoitdouce,généreuseet indulgenteunedernière fois,et jamaisplus

ellen’auraàdouterdemoi.Dèsquelesportesdel’ascenseurs’ouvrirent,ilseprécipitadansl’appartementencriantsonnom.Il

grimaçaenconstatantledésordredanslacuisine.Lanourritureétaitrépanduesurlesolaveclespoêlesetlescasseroles.Quandilpassadanslesalonpourallerdanslachambre,ilvitlespetits-fourséparpillésdanslapièce

etlesbouteillesbriséesquiavaientlaisséd’énormestachessursesmeublesetsurletapis.Neleuraccordantpasdavantaged’attention,ilfitirruptiondanslachambre,prêtàsupplier,àgenoux

pourqu’elle luipardonne. Il avaitbeaucoupdechoses à expliquer, et cettediscussion soulèveraitdesquestionsauxquellesiln’étaitpasprêtàrépondresansavoirpeurdelafairefuir.Sicen’étaitpasdéjàfait.MaisEvangelineétaitintrouvable.Touslesbijouxqu’illuiavaitofferts,ycomprisceuxqu’elleavait

portéscesoir-là,étaientéparpilléssurlelit,etlesrestesdelarobequ’elleportaitenlambeauxsurlesol.Il passa dans le dressing, qui était plein à l’exception de quelques jeans et hauts et deux paires de

chaussures.Détailnonnégligeable,sonpetitsacdevoyagemanquait.Iltombaàgenoux,lapoitrineserréecommesiunpoidsénormes’étaitabattusurlui.Sonpirecauchemars’étaitréalisé.Elleétaitpartie.Ill’avaitfaitfuir.Ill’avaittraitéedemanièreabjecte.Iln’avaitpasressentipareilleafflictiondepuissonenfance.Maisaujourd’hui,c’étaitsafaute.Ilavait

commis l’impensable.Ce n’était pas lui, la victime.MaisEvangeline. Son ange innocent dont le seulcrimeétaitdel’aimeretdevouloirprendresoindelui.Etill’avaitremerciéed’unefaçonabjecte,enluijetantsonoffrandeàlafigure.Ilenfouitsonvisageentresesmains,unedouleuratroceluidéchirantlesentrailles.—J’aitoutgâché,Ange.Maisjevienstechercher.Jenet’abandonneraijamais.Jemebattraipourtoi

jusqu’àmon dernier soupir. Je ne peux pas vivre sans toi,murmura-t-il. Tu es ce quim’est arrivé demieuxdepuisquej’aivulejour.Monseulrayondesoleil.»Jenepeuxpasvivresanstoi.Tuesmaraisondevivre.Ilfautqueturentres,parcequesanstoi,je

n’ai…jenesuis…rien.

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Chapitrepremier

—Trouvez-la,ordonnasèchementDrake, l’œilhagard–celafaisaitplusieursnuitsqu’ilnedormaitpas.C’estvotreuniquepriorité,votreseulemission.Trouvez-la,etramenez-la-moi.Ilavaitrassemblésessentinelles.Sesseulsamis,sesfrères,sesassociés, lesseulshommesàqui il

étaitprêtàconfiersavie–etcelled’Evangeline.Les seuls devant qui il osait semontrer sous un jour vulnérable. Il n’avait plus goût à rien depuis

qu’elle était partie. Cela lui était égal demontrer sa faiblesse. De renoncer à la volonté d’acier quil’avaitfaittenirtoutesavie.Ilssavaienttousqu’Evangelineétaitunique.Indispensable.Ilsl’aimaientetlarespectaient.Ilsn’avaientdéjàpasl’habituded’éprouvercessentiments,maisilétaitencoreplusrarequ’uneseulefemmeleurinspirelesdeuxàlafois.D’oùleurcolère.Contrelui.—Putain,Drake!sifflaMaddoxentresesdents.Commenttuaspufaireça?Ildevaityavoirunautre

moyen.—Iln’yavaitpasd’autremoyenettulesais!grondaDrake.Rongé par la fureur et l’impuissance, Drake n’était plus un homme, debout face à ses frères, les

suppliantdel’aider,maisunecoquillevide.Seshommeséchangèrentdes regards.Certainscompatissants,d’autres résignéscar ilscomprenaient

queDrakeavaitraison,etd’autresencorefurieuxqu’Evangelineaitététraitée–trahie–sicruellement.«Salope.Mêmepascapabledesucerconvenablement.Tunevauxrienendehorsdelachambreà

coucher.»Sesparolescruelles leheurtèrentdeplein fouet, et le souvenirdeschoses impardonnablesqu’il lui

avaitditesrefitbrutalementsurface.ToutçapourconvaincrecesorduresdeLuconiqu’ellen’étaitrienpourlui.Alorsqu’elleétaittout.Etvoilàqu’elles’étaitvolatilisée!Ilnepouvaitpasluienvouloir.Ill’avaitanéantie.L’avaitmiseenpiècesparsesparolestranchantes.

Etbonsang,cequ’illuiavaitfaitsubirphysiquement…Oui,ilétaitseulresponsable.Silas,demarbre,avaitgardé lesilence jusque-là,maismêmes’ilavait l’habitudedene jamaisrien

laisserparaître,sesyeuxtrahissaientsapensée.—Elleneméritaitpasça,affirma-t-ilcalmement.Silas n’avait jamais besoin d’élever la voix pour se faire entendre.Quand il prenait la parole, les

autrescessaientinstinctivementdeparlerpourl’écouter.Ilinspiraitlerespect.—Non,eneffet,réponditDraked’unevoixrauque.Tucroisquejenelesaispas?Ilnesepassepas

unenuitsansquejelarevoie,brisée,désespérée,enlarmes.Pire,jemerappelleàquelpointelleaeupeurdemoi.Desonhumiliation.Elleétaitintimementconvaincuequejepensaischaqueinsulte,chaquemotquej’aipuluicrierpourm’assurerquecesenfoirésnesedoutentjamaisdecequ’ellereprésentaitpourmoi.Jamaisjen’oublierai.Aussilongtempsquejevivrai,jamaisjen’oublieraicettenuit-là.Sontonétaitdevenuvirulent,safureurpalpable.—Ellepourraitêtren’importeoù.Seule.Terrifiée.Sesparentsn’ontpaseudenouvellesd’elle.Etces

garcesqu’elleconsidèrecommesesmeilleuresamies…Ilsetutets’efforçaderetrouversonsang-froid.

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C’étaitlepremierendroitoùMaddoxetluiavaientcherchéEvangeline.Maissesamiesn’avaientpaseudenouvellesnonplus. Ilsétaientsur lepointdepartir,quandLanaavaitcédé,admettanten larmesqu’Evangelineavaitappelécejour-là,lejouroùelleavaitprévudeleurrendrevisite.Pourfairelapaix.Stephluiavaitditdenepasvenir.Laculpabilitéavaitassombrilesyeuxdetoutesses«amies».Drake avait alors compris qu’elle n’avait pasplanifié sa surprise, elle ne lui avait pasmenti pour

jouerl’hôtessepourlui.Blesséeparlerejetdesesamies,elles’étaittournéeverslaseulechosevraiedans sa vie. Elle avait cherché son approbation, dont elle avait tant besoin, parce qu’elle n’avaitpersonned’autre.MaddoxsesentaitaussicoupablequeDrake:s’ilétaitmontéavecEvangeline,commeàsonhabitude,

ilauraitsuquesesamiesn’étaientpaslàetn’auraitpashésitéàl’emmenerailleurspourlasoirée.Ilnes’étaitpasattenduàcequ’elles’échappeetretournechezDrakepourluifairelasurprise.Pourluifairesavoir qu’il comptait pour elle.Elle avait tout risqué pour lui et il l’avait remerciée par une trahisonabjecte,d’unetelleviolencequ’ilavaitdétruitunechosesibelleetinnocentequ’ilnepouvaitypensersansdevenirfou.Justiceseraclalagorgeetsepassalamaindanslescheveux,hésitant,commes’ilavaitpeurd’énerver

Drakedavantages’ildisaitcequ’ilavaitàdire.—Çavapeut-êtreteparaîtrefou,Drake.Maisécoute-moi,d’accord?Drakesoupiraavecimpatience.Chaqueminutepasséedanssonbureauàparlerd’Evangelineétaitune

minutedeplusqu’ellepassaitDieusaitoùdanslarue,seule,dévastée,pensantqu’ill’avaittrahie.—Faisvite,ditsèchementDrake.Pendantqu’onesticiàdiscuter,elleestdehors,danslefroid,seule,

affamée,sansrien.Rongéparlechagrin,ilfutforcédes’asseoirdanssonfauteuil,aurisquedes’effondrer.Ilsepassales

mains sur le visage, sans voir les expressions choquées de ses hommes et les regards gênés qu’ilséchangèrent.—Jecroisquetut’yesmalpris,expliquacalmementJustice.Drakelevalatête,unemouerageuseauxlèvres.LesautresdévisageaientJustice,interloqués.Ildevait

avoirperdulatête,pourcontrarierDrake,remettreenquestionsonjugement.—Écoute-moi,répétaJustice.Tul’asprotégée,cachée,depeurqu’onseserved’ellecontretoi.C’est

pourçaquetuasdûfairecequetuasfaitquandtut’esretrouvéaupieddumur.L’expressionsinistredeSilaslaissaplaceaudégoûtqueluiinspiraitcequeDrakeavaitété«obligé»

defairepourprotégerEvangeline.—Aulieudelacacher,delagardersecrète,jecroisquetudevraisofficialiservotrerelation.Crier

hautetfortquetuesavecelle.—Tuesfou?s’indignaDrake,lavoixrauque.Tuveuxqu’ellesefassevioler,torturer,tuer?Justice leva la main pour exhorter Drake à l’écouter. Les autres se turent également, soudain très

curieuxdesavoiroùJusticevoulaitenvenir.—Non,tunelacachespas.Tufaisd’elletareine.Tufaissavoiraumondeentierqu’elleestàtoiet

quetutuerasquiconquelaregardedetravers,lamenace,ouessaiedeseservird’ellepourt’atteindre.Penses-y,Drake.Tuesl’hommeleplusredoutédelaville.Tupensesvraimentquetesopposantsserontassezstupidespours’enprendreàcequetuasdepluscher?—Iln’apastort,renchéritSilas,surprenanttoutlemondeenprenantainsilaparole.Ondoublerait,

tripleraitledispositifdesécurité,maiscequilaprotégeralemieux,c’esttonnom.Penses-y,Drake.As-tudéjàannoncépubliquementtarelationavecunefemme,oufaitcomprendrequeceluiquiluiferadumalconnaîtraunemortlenteetdouloureuse?Drakegrognaavecimpatience.

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—Unegarderapprochée,mêmedevotreniveau,nesuffirapasàlaprotégerd’unsniper,d’unebombe,oud’unhommedéterminéàluicolleruneballeenpleinerue.MaddoxjuraetjetaunregarddedégoûtàDrake.—Tuperdstoutdiscernementettouterationalitéquandonparled’Evangeline.Tesennemisn’auraient

aucun intérêt à la tuer, si ce n’est t’énerver et te donner des envies demeurtre.Commanditer lamortd’Evangelinereviendraitàsignersonproprearrêtdemort,ilfaudraitêtrestupide.Leseulmoyendeseservird’ellepourt’atteindreseraitdelaprendrevivanteetdelamaintenirenviepourt’extorquerjenesaisquoienéchangedesalibération.Mais,pourarriverjusqu’àelle,ilfaudraitpasseràtraverssagarderapprochée,etceseraitmissionimpossible.—JamaisnousnelaisserionsquiquecesoitapprocherEvangeline,intervintJusticeendésignantles

autreshommesrassemblésdanslapièce.Elleseraitsurveilléevingt-quatreheuressurvingt-quatre,septjourssurseptdèsqu’ellequitteraittonappartement.EtquandEvangelineettoiseriezdesortie,unegarderapprochéevousprotégeraittouslesdeuxetsurveilleraitvosmoindresfaitsetgestes.— Il n’y a qu’en privé que vous n’auriez pas de service de sécurité. Tu as un système de sécurité

infailliblechez toi.Enappuyant surunsimplebouton, tout l’immeuble severrouilleet tuasunepiècesécuriséeinviolable,àl’épreuvedesexplosifs,luirappelaSilas.Etjesaisdequoijeparle,parcequec’estmoiquiaifaitl’installation.—Jeneveuxpasqu’ellesesenteprisonnière.Drakeangoissait.—Ceseraitcommeavant,lerassuraJax,quiprenaitlaparolepourlapremièrefois.Evangelinen’est

jamaisalléenullepartsansl’undenous.Celanesemblaitpasladéranger.Ellenousappréciait,même.Oui,ellenousappréciait…Ilse tut, lavoixnouéeparcequiressemblaitàdesregretsoudesremords,commesiDrakel’avait

délibérémenttenueéloignéed’eux.Et,àenjugerparlesvisagesdeseshommes,ilsluienvoulaient.SeshommesadoraientEvangeline,alorsqu’ilsn’appréciaientaucunefemme.Etvoilàqu’ilsdevaient

affronter lapertedesaconfianceaumême titrequeDrake. Ilnepouvait se résoudreàêtre jaloux.Laseuleémotionqu’ilpouvait ressentir était la culpabilité, car à causedecequ’il avait fait,Evangelineavaitperdudesgensqu’elleavaitfiniparconsidérercommesesamis,qu’elleavaitprissoussonaile,etauxquelsavaitdonnélesentimentqu’ilscomptaientpourelle.—Jesuisleseulàporterlaresponsabilitédecequ’asubiEvangeline,ditDrakeàvoixbasse.Etvous

savezaussi bienquemoiqu’ellen’a aucun instinctdevengeance en elle.Elle est douceparnature etjamaisjen’aiconnuuncœuraussipurethonnêtequelesien.Ellenevousdétesterapas.Justemoi.C’estmacroix.Aucundevousnesouffriraàcausedemonarroganceetdemastupidité.Ilmarquaunepause et baissa la tête, pensif ; tantde choses sebousculaientdans sonesprit…Bon

sang,sepouvait-ilquecesoitsisimple?Avait-ilétéidiotdeprotégerainsiEvangeline,parpeur?Non,cen’étaitqu’unepartieduproblème.Parégoïsme,iln’avaitvoululapartageravecpersonne,pasmêmesesfrères,mêmesic’étaitnécessaire.Ilétaitlas.—Tuasraison…Mince,vousaveztousraison.J’auraisdûypenser.Il avait parlé avec autodérision.Lui qui était toujoursmaître de toute situation.Lui qui envisageait

touteslespossibilités.Evangelineavaitbouleversésaviesoigneusementorganisée,etdèsqu’ils’agissaitd’elle,iln’avaitpaslesidéesclaires.S’ilnesereprenaitpastrèsvite,ilsallaienttouslepayerdeleurvie.Silas s’éclaircit lavoix,etune foisencore, les têtes se tournèrent, surprises. Il avaitdéjàbrisé son

silenceunefois,etilsemblaitavoirquelquechoseàajouter.

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—Iln’yapasqueçaquetuas…pasbienfait,dit-il,rectifiantcequ’ilavaitétésurlepointdedire.Malgrécela,lesmotsflottaientdanslapiècecommes’illesavaitbeletbienprononcés.Iln’yapasqueçaquetuasfoiré.SonregardcroisaceluideDrakesansciller.Silasn’avaitpaspeurdeDrake.Cedernierleconsidérait

commeunégaldans tous lessensdu terme. Ilétait toutaussi létalque lui,sicen’estplus.Non,Silasn’avaitpaspeurdelui,etDrakelerespectaitpourcela.Le silence se fit dans la pièce ; tous attendaient, impatients, impressionnés par le culot de Silas à

suggérer que Drake avait eu tort sur beaucoup de choses. Personne, pas même les hommes les plusprochesdeDrake,n’osaitpareillechose.—Tunel’asjamaisrassuréequantàsaplacedanstonmonde,danstavie,ditSilasavecsoncalme

habituel.—Biensûrquesi.La réponse de Drake fut brutale, mais la nuance défensive dans sa propre voix lui déplut. La

culpabilité.ParcequeSilasavaittouchéunpointsensible.—Tularetrouvaisaprèsletravailettupartaisavantqu’elleneseréveille.Tuenvoyaisl’undenous

labaladeroùelleavaitbesoind’aller,s’occuperd’elle.C’étaittonjob,Drake.C’esttanana,ettuneluiasdonnéaucuneraisondecroirequ’elleestplusqu’unsimplecorpspourréchauffertonlit,unesoumiseàtadomination.Ellen’existequ’àtaconvenance.LarageaveuglapresqueDrake,etlaseulechosequileretintdesejetersursonhommedemain–ce

seraitlabatailledesavie,carDrakeetSilassevalaient,quoiqueDrakesoupçonnâtfortementqueSilasauraitl’avantage–futqueSilasavaitmarquéunvraipoint.—Si tu la trouves, sielle t’écoute, sielle tepardonneoudumoins te laisseunechancede réparer

l’horribleinjusticequiluiaétéfaite,ilvafalloirquetuprouves,pardesactesetnondesmots,qu’elleestplusàtesyeuxqu’unesimpleconquêtequiréchauffetonlitpourquelquesnuitsetquetucongédierasavecuncadeaucoûteuxpourlaremercierpoursontemps.—Tusaispertinemmentqu’elledétestequejeluioffrequoiquecesoit.Quecesoientcadeaux,bijoux,

oufringues.—Ettusaispourquoi?l’interrompitMaddox,leregardpénétrant.—Parcequ’ellenevoulaitquemoi.Soudain,ilcompritoùSilasvoulaitenvenir.Ilfermalesyeux:toutétaitclairàprésent.Evangelinene

voulaitquelui.Sontemps.Soncœur.Laseulechosequ’ilneluiavaitpasdonnée,qu’ilnepouvaitpasluidonner.Maiscelanevoulaitpasdirequ’ilnepouvaitpas luimontrerqu’elleétait toutpour lui etpasserplusdetempsavecelleaulieudelafourgueràundeseshommeschaquejour.Iljuraetsepassalamainsurlevisage.— Il existe d’autresmoyensde la blesser pourm’atteindre.Ses amies,même si elles l’ont rejetée.

Personned’autren’estaucourant.Safamille,sonpèreetsamère,pourquielleferaittout.Ilfaudralesprotégeraussi,carsiquelqu’unkidnappaitsesamiesousafamille,Evangelineseraitdésemparéeetmesupplieraitdefairecequejepeuxpourlesretrouver.Ilgrimaçaetfermalesyeux.—Etjenepourraisjamaisrienluirefuser,saufsicelalamettaitendanger.Sonbonheurprimesurtout

leresteetsiquelqu’unenlevaitceuxquiluisontchers,jeseraisimpuissantcarjenepourraisplusjamaisregarderEvangelinedanslesyeuxsijenefaisaisrien,sijerefusaisdecéderauchantage,chosequejen’auraisjamaisconsidéréeparlepassé.Certainsdeseshommesparurentabasourdisetneprirentpaslapeinedecacherleurstupeur,mêmesi

ceuxquileconnaissaientlemieuxnesemblèrentnullementsurpris.Dansleursyeuxbrillaientuncertain

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respect,etladéterminationdemettreEvangeline–etceuxqu’elleaimait–ensécurité.Hatcherchangeadeposition,visiblementmalàl’aise.Ilouvritlaboucheàplusieursreprisesavantde

larefermer,leslèvresserrées,commes’ilseretenaitd’exprimersespensées.—Àquoipenses-tu,Hatch?exigeadesavoirDrake.L’intéressésoupira.—Punaise.Neleprendspasmal.J’apprécieEvangeline.Elleestgentille.Tropgentilleetinnocente

même,etjeneveuxpasplusquetoiqu’elleseretrouvedansl’embarrasàcausedenousetsoitblesséeoutuée.—Mais?l’exhortaDrake,sachantqueHatchernevoulaitpasseulementlouerlesvertusd’Evangeline.Lemalaisedujeunehommes’intensifiaetlasueurperlasursonfront.—Écoute-moi,marmonna-t-il,répétantlarequêteprononcéeparJusticequelquesinstantsauparavant.

Tuesdéjàdedans jusqu’aucouavecelle.Tun’avais jamaisenvisagéde rester si longtempsavecunefemme,encoremoinsd’enfairepubliquementtareine.Peut-être…peut-êtrequec’estmieuxcommeça.—Comment,«commeça»?Derage,lavoixdeDrakeclaquadansl’aircommeunfouet.Ilsavaitparfaitementoùsonhommede

mainvoulaitenvenir,ets’ilavaitraison,ilfaudraitqueSilas,MaddoxetJusticeleretiennentdeletuer.—Defaireunecoupurenette,clarifiaHatcher,intransigeant.Ilyaeucésureetilvautmieuxnepas

revenirdessus.Elleterendvulnérable.Tunelevoispas,maisnoussi,ettuvastefairetuer,etnousfairetueraussi,peut-être.Tuvastoutperdreàcaused’elle.Ilyeutdesréactionsmitigées,desexpressionséberluéesauxregardsglacials,puislafurieabsoluede

Justice,Maddox,Silas,Hartley, JaxetThane, trahiepar leursvisages, leursyeux, lapositionde leursmâchoires.—Tufaisdéjà,ouprévoisdefaire,desconcessionsque tune teserais jamaisautoriséesavant.Tu

devraispeut-êtresongeràlalaisserpartirplutôtqued’enfairetareine.Débarrasse-toid’elle,arrêtetout,etfaissavoirquec’estfini,quetun’asaucuneaffectionpourelle.C’estcequetuastoujoursfait.C’estce que tu viens de faire. Ne reviens pas sur ta décision. Tu n’as jamais été aussi impliquéémotionnellement avec une femme, et tu n’as jamais retourné toute une ville pour une femme qui n’amanifestementaucuneenviequetulatrouves.Situveuxqu’ellesoitensécurité,c’estlemeilleurmoyen,parcequetoutlemondeval’oublier,surtoutaprèsquetul’asdémoliedevantlesLuconi.Maist’afficheravecelle?Ceseraitlajeterdanslagueuleduloup,ettulesais.DrakejetaàHatcherunregardsiglacialquelatempératuredelapiècedescenditenflèche.Lesautres

étaientmalàl’aise:ilssavaientqueHatch,quellesquesoientsesintentions,venaitdefaireunfauxpas.IlneconnaissaitpasEvangeline,n’avaitpasséquequelquesinstantsensaprésence,tandisquelesautresl’avaient beaucoup fréquentée, comprenaient l’obsession de Drake, et savaient qu’il ne la laisseraitjamaispartir.—Evangelineestmavie,ditDrake,horsdelui.Sijelaperds,jesuismort.Situosesencoresuggérer

que jemedébarrassed’elle, je t’ouvreendeuxàmainsnues.Tuparlerasd’elleet t’adresserasàelleavecunrespectabsolu.Tulatraiterasaveclaplusgrandedéférence.Evangelineserataprioriténuméroun.Noussatisferonssesmoindresbesoins,etferonsdemêmepoursafamilleetsesamies.»Sonbonheur,sasécurité,sonconfort,passentavanttout,etjeveux,non,j’exigequechacundemes

alliésjuredelaprotégeretsoitprêtàdonnersaviepourelle,commeilleferaitpourmoi.Ets’ilfautchoisirentreEvangelineetmoiunjour,laquestionneseposepas.IlfautsauverEvangelineàtoutprixetjevouscharge,mesfrères,d’assurersasécuritéetsonbien-êtresijenesuispluslàpourlefaire.Ellenedoitjamaismanquerderien.Compris?Les yeux deHatcher trahirent sa surprise face à la véhémence deDrake.Après un long silence, il

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parvintenfinàprononcerun«oui»rauqueaccompagnéd’unmouvementsecdelatête.SiDrakedevaitsefierauxexpressionsdeseshommes, ilétaitévidentqu’iln’étaitpasleseulàvouloirpunirHatcherpoursa«contribution».Ilfaudraitqu’ilsesouviennedenejamaisconfierEvangelineàHatcheràmoinsqu’ilnesoitaccompagné.Pasavantd’êtresûrqu’ilétaitparfaitementloyalenversEvangeline.Drake en avait eu assez. Cela le rendait malade qu’un de ses hommes ait pu suggérer qu’il laisse

Evangelinepenserqu’ils’étaitdésintéresséetdébarrasséd’elle.Têtebaissée,illeurfitsignedepartir.Malgrécela,lorsqu’ilrelevalatête,Maddox,SilasetJustice

étaientencorelà,àleregarder,l’airgrave.Lesilences’étira,puisMaddoxpritlaparole.—C’estlabonne.Drakenefitpassemblantdenepascomprendre.IlsavaitpertinemmentcequeMaddoxvoulaitdire.

Drake avait toujours fui l’engagement comme la peste. Il n’avait jamais fait confiance à personne –surtoutpasàunefemme–,àl’exceptiondeceuxquiétaientrassemblésencetinstantdanssonbureau.Ilavait juré de ne jamais s’impliquer émotionnellement, pas seulement parce qu’il n’avait pas encorerencontré de femme qui provoque chez lui un émoi suffisant,mais à cause du danger qu’elle courraitsimplementensemontrantàsonbras.Maisaujourd’hui?Oui,Evangelineétaitlabonne.Néanmoins,au lieuderépondresimplementà laquestionpar«oui»oupar«non», il regardases

hommes,lesyeuxpleinsdedéterminationetd’unfeuinhabituel.—Jamaisjenelalaisseraipartir.Mêmes’ilfautquejel’attachetouslessoirsàmonlit.Sielleveut

partirunjour,ilfaudraqu’ellemepersuadequejenesuispasceluiqu’elleveut,quelemodedeviequej’exigeneluiconvientpas,etqu’ellen’estpasheureuse.Maisj’aibienl’intentiondeluioffrirlaviedontellerêve.—Jamaistuneretrouverasunefemmecommeelle,ditSilascommes’ilréfutaitl’idéequ’Evangeline

parteunjour.Pourtant,ilyavaitautrechosedansleregardpénétrantdeSilas.Peut-êtrecherchait-ilàsavoiràquel

point Drake tenait à Evangeline. Silas semblait si sûr d’Evangeline, si persuadé qu’elle allait luipardonner.Peut-êtreavait-ilpeurqueDrakelatrahisseunenouvellefois?—Non,affirmaDrake.Iln’enexistepas.Onnegoûteàcetteperfectionqu’unefoisdanssavie,etsi

onest tropstupidepournepass’accrocheràunesi joliechoseetsedémenerpour lagarder,onnelaméritepas.IlplantasesyeuxdansceuxdeSilas,lacolèreetladéterminationbouillonnantdanssesveines.Ilne

devait rienàpersonne,etpourtant, toutça–Evangelineetcequ’elle représentaitpour lui–était tropimportantpourrisquerdeleperdreenneparlantpasfranchement.Ilnedevaityavoiraucundoute,ouilne pourrait être certain de leur engagement total dans sa recherche. Il observaMaddox et Justice, lesincluanteuxaussidanssadéclarationenflammée.—Mettez-vous ça dans le crâne. Evangeline est tout pour moi. Drake Donovan n’existe pas sans

Evangeline.Sijamaisilluiarrivaitquelquechose,jen’ysurvivraispas.Surtoutsic’estparmafaute.Jen’auraispluslaforcedevivre.Ellemedonneunbut.Uneraisondevivre,demeleverlematin.Onnes’enremetpascommeça,quandlalumièrequiilluminaitvotrevies’éteint.Seshommessemblaientabasourdis,nonparsessentimentsenversEvangeline,carilslespartageaient

à un certain degré, mais parce qu’il venait de leur dévoiler son âme. La compréhension remplaçarapidementlasurprise,etSilasadressaunbrefsignedetêteàDrake,commesatisfaitquecedernieraitréussiletestauquelill’avaitsoumisàsoninsu.Trèsbien.Drakelesavaittouchés,etétaitcertainqu’ilsdonneraientleursviespourEvangeline.Ilsla

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protégeraientdetoutemenacecarilssavaientques’illuiarrivaitquelquechose,ilsperdraientégalementDrake.—Nouslaprotégerons–etteprotégerons–aupérildenotrevie,juraSilas.MaddoxetJusticefirentéchoàsonsermentavecdétermination.Ilsétaienttouspartisderienetavaientgravileséchelons.Ilsavaientdespassésnébuleux,rienneleur

avaitétédonné.Toutcequ’ilsavaient,ilss’étaientbattuspourl’avoir.Ilsformaientunefamille,liéslesunsauxautresparunengagementpluspuissantquelesliensdusang.Etpourlapremièrefois,ilsallaientélargirleurcerclepouryinclure…unefemme.CelledeDrake.

Aucunnes’étaitjamaisliésuffisammentlongtempsàunefemmepourquecelasoitconsidérécommeunsemblantderelation.Ilssatisfaisaientleursbesoins,s’assuranttoujoursquelafemmeétaitsatisfaiteenretour, et ils étaient généreuxquand ils les quittaient.Mais aucunen’avait jamaismenacédebriser lacarapacequienserraitleurscœurs.Jusqu’àmaintenant.Jusqu’àEvangeline.CertainsdeseshommesenviaientDrake,d’autresleplaignaient,cardésormais,ilavaitbeaucoupplus

à perdre. Avant, il n’avait à s’inquiéter que de lui-même et de ses frères. Il était craint et vénéré.Personnen’osaits’enprendreàlui.Maisàprésent,Drakeavaitunefaiblessequipourraitbiencausersaperte.Sonabsencede faiblesseétait la raisonpour laquellesesennemisnepouvaients’attaquerà lui.CarDraken’avaitriennipersonnequiluitienneàcœur.Maismaintenant?Ilavaitcettefemmequiétaittoutpourlui.EtmalheuràceluiquitoucheraitàEvangeline,carDrakeseferaitangevengeuroudémonvenudroit des enferspour sevengerpersonnellementdequiconque lui ferait du tort.Pourune fois, iln’enverrait pas Silas à leurs trousses. Ce serait trop personnel. Drake était prêt à réduire enmiettesquiconqueferaitdumalàsonEvangeline.

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Chapitre2

—MonsieurDonovan!MonsieurDonovan!Irrité par cette intrusion malvenue alors qu’il se dirigeait vers l’ascenseur, Drake grogna. Il était

3heuresdumatin,seshommeset luiavaientpassélavilleaupeignefin,maislajournéederecherches’étaitencoreunefoisrévéléeinfructueuse.Ilseretournaversleportier,quis’arrêtanetenvoyantl’humeurmassacrantedeDrake.— Quoi que ce soit, ça peut attendre, déclara Drake, dos à l’ascenseur dont les portes s’étaient

ouvertes.Qu’onnemedérangepas.Un instant, le portier sembla indécis, partagé.Drake se retourna avecunemouededégoût etmonta

dansl’ascenseur.Leportiersejetaenavantettenditlamainpourempêcherlesportesdesefermer.—C’estàproposd’Evangeline,enfin,jeveuxdire,MlleHawthorn.Enentendantsonnom,Drakesortitdel’ascenseuretempoignal’hommeparlecoldesaveste.—Quoi,Evangeline?grondaDrake.Tusaisquelquechose?Levisagedel’hommeviraaugrisetilbaissalesyeux,l’aircoupable.Pourquoi?Certes,cefameuxsoir,leportieravaitvuDrakequitterlebâtimentseulementquelquesminutesaprèsy

êtreentréaveclesLuconi.Drakesoupira.Quelidiot!LeportieravaitdûvoirEvangelinepartir.Etdansquelétatelleétait.LeportieraimaitbeaucoupEvangeline.Ilavaittoujourseuunmotgentilpourelle,etréciproquement.

Ilss’appréciaientl’unl’autre,maisDraken’yavaitjamaisprêtéattentioncarEvangelineétaitainsiavectousceuxqu’ellerencontrait.Maissi…Il futsaisid’effroiet resserrasonemprisesur lavestede l’hommeavantde le libérer,cequi le fit

tituber.Drake n’avait jamais pensé à l’interroger. Il s’était lancé tête baissée à la recherche d’Evangeline,

avaitretournélaville,commepossédé.Etsilaréponseavaitétélàtoutcetempsetqu’Evangelinesoitrestée seule, désespérée, affamée et dévastée pendant queDrake perdait son temps à courir après defaussespistes?—Voustenezàelle?demandaleportiersuruntonpresqueaccusateur.Ohoui,cethommesavaitquelquechoseetilenvoulaitàDrakepourcequ’ilavaitfaitàEvangeline.Il

fallait queDrakemarche sur desœufs : s’il lui donnait une seule raison de penser qu’il avait blesséEvangelineintentionnellement, ilne tireraitaucuneinformationdecethommequela jeunefemmeavaitprissoussonaile.Commeellesavaitsibienlefaire.—Beaucoup,ditDraked’unevoixdouceetsinistre.Voussavezoùelleest?—Jel’aivuecettenuit-là,ditleportierd’untonamer.Sesyeuxétaientaccusateurs,commes’iltenaitDrakepourresponsabledudépartd’Evangeline.Cequi

étaittotalementvrai.Maisquesavaitcethommeexactement?Savait-iloùsetrouvaitEvangeline?—Ilyaeuunterriblemalentendu.Drakeavaitlagorgenouée,deselivrerainsiàunparfaitétranger.MaispourEvangeline,pourlatenir

denouveaudanssesbras,ilferaitn’importequoi.—Etcen’étaitpaslafauted’Evangeline.Ellen’étaitpascenséeêtrelà.

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Savoixtrahissaitsadouleur,etilauraitjuréqueleregardduportiers’étaitradouci.—Ellevousavaitpréparéunesurprise.Etensuite,elleétaitdévastée.Jevoulaisl’aider.J’aiessayé.

Maisellem’aditquesijel’aidais,jemeretrouveraisàlaporte,commeelle.Draketressaillit.Lechagrinluienserradouloureusementlapoitrine,luicoupantlesouffle.Leportier

avait tenté d’aider Evangeline, qui avait refusé de peur que Drake le licencie s’il le découvrait. Uninstant,ilavaitespéréqu’ilpourraitluiapporterdesréponses.LuidireoùtrouverEvangeline.L’hommesepassalamaindanslescheveux,l’airlasetincertain.—QueDieumepardonnesijemetrompe.Qu’ellemepardonnesijemetrompe.—Quoi?Quesavez-vous?Ilavaittoutel’attentiondeDrake,quiavaitdécidédechangerdetactiquepuisqu’ilsavaitàprésentque

l’hommeétaitpartagé.IncertaindesintentionsdeDrakevis-à-visd’Evangeline,ilrenâclaitàluidonnerdesinformationsquil’aideraientàlaretrouver.ÀmoinsqueDrakepuisseleconvaincrequ’ilfaisaitcequ’il fallait, qu’il ne trahirait pas Evangeline en lui disant ce qu’il savait, il n’obtiendrait pas cesinformations,mêmeenmenaçantdelelicencier.—Ilesttrèsimportantquejelaretrouve,ditDrakeavecdouceur.Jenesuisquel’ombredemoi-même

sanselle.Jedoisimplorersonpardon,maisjenepeuxpaslefaireavantdelatrouveretdelarameneràlamaison,àsaplace.LeportierdévisageaDrake,etsaméfiances’estompa.—Voussavez,monsieurDonovan,jepensequejevouscrois.—J’espèreseulementqu’elleaussi.Leportiersoupira.—Je l’aimisedansuntaxiet l’aienvoyéedansunhôtel tenuparmasœuràBrooklyn.Evangeline.

Enfin,MlleHawthorn.—Nevousinquiétezpas,lerassuraDrake.Jecomprendsqu’elleestspécialepourvous,commepour

noustous.Vousneluimanquezpasderespectenl’appelantEvangeline.Jepensemêmequ’elleinsistaitpourquevouslefassiez.Unsourireapparutsurleslèvresduportier.—Çaoui,monsieurDonovan.Çaoui.—Bien, revenons-en à l’hôtel où vous l’avez envoyée, repritDrake en s’efforçant demodérer son

impatience.—Ellen’avaitnullepartoùaller.Pasd’argent.Ellen’avait riend’autrequequelquesvêtementsde

rechange.Jenepouvaispaslalaisserpartircommeça,sansunendroitoùseréfugier.—Vousavezfaitcequ’ilfallait,etvousaveztoutemagratitudepourvousêtreassurédesasécurité.

Vousserezrécompensé.Àcesmots,levisagedel’hommesedurcit.—Marécompenseseradelavoirici,ensécurité,etheureuse.Drakefronçalessourcils.—Maiscelafaitdéjàcinqjours.VoussavezsiEvangelineestencorelà-bas?Elleesttropfièrepour

accepterlacharité.Elleneresteraitjamaisdansunendroitqu’ellenepourraitpayerdesaproprepoche.—Masœurl’aengagéecommefemmedeménage,mêmesiEvangelineaétéhonnêteendisanttoutde

suite qu’elle ne comptait pas rester longtemps. Seulement jusqu’à ce qu’elle ait assez d’argent pourpasseràautrechose.LesangdeDrakeseglaça.«Passeràautrechose.»Bonsang.Ilavaitbienfaillilaperdrepourde

bon.Encorefallait-ilqu’elleysoittoujours.—Elleprendsonservicedansuneheure,indiqualeportieravantderegarderDrake,mentonlevé,les

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yeuxenfusion.Nemefaitespasregretterd’avoirtrahisaconfiance,monsieur.Jeneferaijamaisrienquipuissefairedumalàcettejeunedame.Elleadéjàbienassezsouffert.— Là-dessus, nous sommes d’accord, dit Drake en posant sa main sur l’épaule du portier.Merci.

Jamais jenepourraivousremercierdevotregentillesseenversEvangelinequandelleenavait leplusbesoin,etdem’avoiraidéàlaretrouverpourarrangerleschoses,mêmesiDieusaitquejeneleméritepas.—Ramenez-laàlamaison,monsieurDonovan.Cen’estpaspareilsanselleici.Sesmots touchèrentDrakeenpleincœur, car ils étaientparfaitementvrais.Tout étaitdifférent sans

Evangeline.Ilfaillitsortirdel’immeubleencourantaprèsavoirobtenuduportierlenometl’adressedel’hôtel;

maisilfallaitqu’ilsedouche,sechange,etappelleSilasetMaddox.C’étaientceuxquiappréciaientleplus Evangeline, qui la recherchaient le plus activement.Maddox se sentait encore coupable d’avoirlaisséEvangelines’échapper,etSilas…Drakenesavaitpasexactementquellienl’unissaitàEvangeline,maisc’étaitl’amitiélaplusimprobablequiluiaitétédonnédevoir.Une chose était sûre : Silas était très protecteur enversEvangeline, etEvangeline l’était tout autant

enversSilas, s’en prenant à quiconque osait dire dumal de lui. Il serait normal queMaddox et Silasl’accompagnentpourramenerEvangelineàlamaison,etassurersasécurité–etcelledeDrake.Silasjuradanssabarbequandlavoiturequ’ilpartageaitavecDrakeetMaddoxs’arrêtadevantl’hôtel

délabré,cinqminutesaprèsledébutduserviced’Evangeline.Drakeluiadressaunregardinterrogateur,maisSilasneluioffritaucuneexplication,seulementunair

renfrognéquisereflétaitsurlevisagedeMaddox.Celalesrévoltaitqu’Evangelineaitvécuettravailléicipendantqu’ilspassaientlavilleaupeignefinpourlaretrouver.Néanmoins,leportieravaitétéassezattentionnépourtrouveràEvangelineunendroitoùaller.Cequi

luivalaitlagratitudeéternelledeDrake.—Attendez-moiici,ordonnaDrakeenouvrantlaportière.J’espèredetoutmoncœurêtrecapablede

laconvaincredereveniravecmoi.

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Chapitre3

Evangelineplongealaserpillièredansleseaud’eausavonneuse,l’essoraenlapressantdetoutessesforces,puisvaquaàlatâchelaborieusedunettoyagedelaréception.Commeellenedevaitpasperdredetempsnigênerlesalléesetvenuesdesclients,leménagedevait

êtrefaità4heuresdumatinchaquejour.Elleavaitmalaudos,lespiedsenflés,etsesyeuxlabrûlaientàcause des torrents de larmes qu’elle versait chaque nuit, allongée sur son lit de camp, incapable detrouverlesommeil.Ellesavaitqu’elleavaitmauvaisemineetquesesmouvementsétaientsemblablesàceuxd’unrobot.Si

ellen’avaitpas ressentiunedouleuraussiatrocedans lapoitrine,à l’endroitducœur,elleaurait juréqu’elleétaitmorteetn’étaitplusqu’unzombiesuivantsaroutinejournalière.Plusquequelquesjours.Ellen’avaitbesoinquedequelquesjourspourrassemblerassezd’argentet

acheterunbilletd’avionpourrentrerchezsesparents.Ellen’étaitpasétrangèreaudurlabeur.Mêmes’ilfallaitqu’ellecumuledeux,troisemplois,elleferaitcequ’ilfaudraitpouraidersesparents,etcelaauraitl’avantagedenepasluilaisserletempsdepenserà…Unfrisson laparcourut et sesyeux labrûlèrent, commesionyavaitverséde l’acide.Non,ellene

pleurerait pas ici. Elle laissait son chagrin la dévorer seulement la nuit, dans le noir, où personne nepouvaitlavoirnil’entendre.Dequisemoquait-elle?EllenecesseraitjamaisdepenseràDrakeetàsatrahisonabjecte.Mettrede

ladistanceentreeuxneserviraitàrien.SoncœurresteraitpourtoujoursàNewYork.Avecunhommequin’avaitnicœur,niâme,niaucunecapacitéàaimer.Qu’allait-ellefaire?Pourquoin’avait-ellepasécoutésesamies?Pourquoiavait-elleétésinaïve?À

causedesaproprestupidité,elleavaitperdunonseulementDrake,maisaussisesmeilleuresamies.Elleaurait toutdonnépourêtreà l’appartement,en trainde s’épancheretde s’excuserde lesavoir

trahies.Maisellenevoulaitpasquelesgensquil’aimaientlavoientauplusbas.Elle avait quelques jours pour rassembler ses économies et rentrer chez ses parents, dans l’espoir

d’oubliercequeDrake luiavait fait.Sinon,elle serait incapablede retrouver sa famille sansquesonabattementselisedanssesyeuxetdanssonlangagecorporel.Latristessel’envahitdenouveau:elleseberçaitd’illusions.QuelquesjourspouroublierDrake?Elle

neseraitjamaislibéréedel’impactqueDrakeavaiteusursavie,sibrèvequ’aitétéleurliaison.Mais elle pouvait aumoins se jurer deneplus jamais aimer de tout son cœur et de toute son âme.

Commentlepourrait-elle,alorsqueDrakeenposséderaittoujoursdesfragments?La lassitude l’envahitetellechancela,enproieàune infinie tristessequi laprivadesa force.Elle

agrippa le manche du balai pour ne pas s’effondrer au sol, pour ne pas céder au désespoir qui luidéchiraitlecœur.Tremblantcommeunefeuille,ellerestadeboutlà,àrespirerlentement,agrippéeaubalaicommeelle

s’agrippaità lavie.Puisellefit l’erreurdelever lesyeuxetdevint livide.Siellen’avaitpasserrélemanchesifermement,elleseseraitécroulée.Drakepassalaportedel’hôteletnetrouvapasderéceptionnistedegarde.Ilentenditlesondiscretde

l’eauetleclaquementd’uneserpillièresurlesol,etsetournainstinctivementpourchercherlasourcedu

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bruit.Evangeline.Son pouls s’emballa. Elle s’avachit, agrippée aumanche de son balai, etDrake se nourrit de cette

vision comme un affamé. Ses genoux flageolaient et ses mains… bon sang, ses mains tremblaient demanièreincontrôlable.Unebouleseformadanssagorge,etilnefutcapablequed’absorberlalumièredesavie.Evangeline.Sonange.Ill’avaitretrouvée.Enfin.Lorsqu’elle leva la têteetque leurs regardsse trouvèrent, lapeurqu’ilperçutdans lesyeuxaffolés

d’Evangeline, et le pas en arrière qu’elle fit aussitôt, comme un animal prêt à fuir un prédateur, luiretournèrentleventre.Drake, les yeux en feu, les narines dilatées sous le coup de l’émotion, retenait les larmes qui

menaçaient de l’engloutir.Car ces beauxyeuxqui l’avaient autrefois regardé avec amour et confianceétaientàprésentemplisdeterreuretd’appréhension,et,pire:dehonte.Ilneméritaitpasdevivreaprèscequ’illuiavaitfait.Ne lui laissantpas le tempsde trouveruneéchappatoire, il fonditsurellecommeleprédateurqu’il

était.Seulement, ledétachementfroidquiétaitcommeunesecondepeauchezluiquandils’apprêtaitàattaquer avait cédé saplace à lapanique totale. Il nepouvait pas laperdre.Pas encore.Cesderniersjoursavaientétéunenfer.Jamaisilnevoulaitrevivreça.Mains–tremblantes–enavant,commepourapaiserunanimalsauvageprisaupiègeessayantàtout

prixdes’échapper,ilavança.—Evangeline,dit-il,lavoixrauque.S’ilteplaît,bébé,neparspas.Parpitié.J’aitantdechosesàte

dire.Àt’expliquer.Ilm’afalludesjourspourtetrouver.Lespiresdemavie.S’ilteplaît,tunesaispascequej’aitraversé.Unemouedédaigneuseauxlèvres,Evangelinerivasurluiunregardbrillantdelarmesquinetombaient

pas,danslequelselisaientcolèreetdésarroi.Ellesemblaitsifragile,épuisée.Ilavaitl’impressiondel’avoir déjà perdue,même si elle se tenait à quelquesmètres de lui, presque assezprès pour qu’il latouche.Quelquespaset…—Cequetuastraversé?murmura-t-elle.Cequetuastraversé?Savoixdevinthystérique,etleslarmesbaignaientàprésentsesjouesblêmes.Bonsang,elleétaitsi

pâle, lesombressoussesyeux ressemblaientàdescontusions,etelleavaitperdudupoidsdurantcesquelquesjoursoùill’avaitsicruellementabandonnée.Ellesemblait…abattue.Lesyeuxfermés,ils’arrêta,espérantqu’ellenereculeraitpas,qu’elletendraitlamainversluimalgré

lahainequ’elleluiportaitavecautantdepassionqu’ellel’avaitaimé.Ilvoulaitretrouvercetamour.Ilétaitàdeuxdoigtsdelasupplier.Personnenel’avaitjamaisaiméavantEvangeline.Elle,sigénéreuseetaimante,indifférenteàsonargent,àsonpouvoir,auxcadeauxdontill’avaitcouverte.Ellen’avaitvouluqueluietlaseulechosequ’ilnepouvaitluioffrir:sonamour.Etsaconfiance.Àprésent,iln’avaitaucunespoirderetrouverl’unoul’autre.—Ange,murmura-t-ild’unevoixbrisée.Tuastouteslesraisonsdemedétester.Cequej’aifaitest

impardonnable.Maisjen’avaispaslechoix.S’ilteplaît,laisse-moiunechancedet’expliquer.Siaprèsça,tumedétestestoujours,situveuxquejesortedetavie,jetelaisseraipartir.Celametuera,maisjetejurequejetelaisseraipartiretquetunemanquerasplusjamaisderien,quejefassepartiedetavieounon.Tun’aurasplusjamaisàtravaillerdanscesconditions.Tuserasàl’abrifinancièrement.Jem’ensuisdéjàassuré,mêmesijesaisquecen’estpascequetuveuxdemoi.Jesaisquetunevoulaisque…moi.Donne-moiunechance,Ange.Je t’enprie,donne-moiunechanced’arranger leschoses.Jenedouteraijamaisdetoi, jen’ai jamaisdoutédetoi.Maisjeferaiensortequetun’aiesplusjamaisderaisonde

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douterdemoi.—«Pute.»«Salope.»Avecunedouleurinfinie,Evangelineluirenvoyaitlesmotsquiavaientdétruitsaconfianceenelle,lui

transperçantlecœuràsontour.Drakemanquadeperdretoutcontrôle.Cequ’illuiavaitfaitcesoir-là,quiluisemblaitdéjàloin,étaitbienpirequecequesonex,Eddie,lui

avait infligé.Cetteprisedeconsciencelebouleversait. Il l’avaitbrisée,avaitdétruitquelquechosedebeauetd’innocent.—Voilàcequej’étaispourtoi,Drake.Elleparlaittoujoursàvoixbasse,lecorpssecouédesanglots.—Non!hurla-t-il.La fureur brute perceptible dans sa voix fit tressaillirEvangeline, dont les yeux s’écarquillèrent de

peur,d’incertitude,dedouleur.Unedouleurqu’ilcomprenaitbien,carilvivaitenenferdepuislesoiroùill’avaittrahie.Maisl’angoissedeDraken’étaitriencomparéeàlasouffranced’Evangeline.Iln’avaitplus que dégoût pour lui-même : il s’était juré de ne jamais lui faire de mal, et il avait brisé cettepromesseaussisûrementqu’ilavaitbriséEvangeline.— Jamais, dit-il brutalement. C’étaient des mensonges, Ange. Une mise en scène abjecte, mais

nécessaire. Si seulement je pouvais revenir en arrière et effacer cette journée. J’aurais tout fait pourt’épargner ça.Dansmonarrogance, jepensaispouvoir assurer ta sécurité et tegarder à l’écartde cetaspectdemavie.Jevaisdevoirvivreaveccetteerreurtoutemavie.Jesaisquetunepourrasjamaismepardonner, mais je t’en supplie. Laisse-moi t’expliquer le monde dans lequel je vis. Unmonde danslequel je n’aurais jamais dû te laisser entrer, mais j’ai été incapable de me refuser ta douceur et talumière.Ange,tuétais–tues–laseulechosebiendansmavie,etjen’aipaspumerésoudreàtelaisserpartir,mêmesic’étaitcequ’ilyavaitdemieuxàfaire.Ilfallaitquejet’aie.J’avaisbesoindetoi.J’aitoujoursbesoindetoi.Elle fronça les sourcils, déroutée par lesmots si chargés en émotion et en haine de lui-même.Elle

semblait analyser chaque mot, son visage changeant au gré de ses déclarations contradictoires. Il nesavaitmêmepassicequ’ilavaitditavaitdusens.Maisilétaitprêtàtoutpourqu’ellerentreaveclui.— Nécessaires ?Nécessaires ? répéta-t-elle, le visage déformé par la douleur. Était-il vraiment

nécessairedem’humilierdevantceshommes,demerabaisseretdem’avilir,demedonnerl’impressiond’êtreuneputeinsignifiante?Chaquemotqu’ilavaitprononcécesoir-làsemblaitgravédanslamémoired’Evangeline,quilesavait

absorbés,et,pire,lesavaitcrus.Nereconnaissantpassapropresavoix,Drakegrogna telunanimalblessé,pleurant lapertedeson

partenaire. C’était exactement ce qu’il ressentait, mais il était loin d’être aussi meurtri que l’êtremagnifiquequisetenaitsiprèsdelui,etluisemblaitpourtantsiloin.Evangeline secoua la tête, enfouit son visage dans ses mains, puis ses genoux cédèrent et elle

s’effondrasurlesol.Drakesautapar-dessusleseaud’eaupouressayerdelarattraper,maisilétaittroptard.Ilselaissatomberàgenouxdevantelle,passasesbrasautourd’elle,passantoutreaumouvementdereculd’Evangeline.Ilserrasoncorpstremblantcontrelesien,sejurantdenejamaislalaisserpartir.—Monange,dit-ild’unevoixétranglée.Mondouxangeinnocent.S’ilteplaît,laisse-moit’emmener

loindetoutça.Laisse-moit’expliquer.Donne-moiunechancedetoutarranger.Donne-toiàmoi.Jejurequejeneteferaiplusjamaisdemal.Tum’esbientropprécieuse.Elles’effondracontrelui,lecorpssecouédesanglots,ungémissementtorturééchappantàseslèvres.

SeslarmescoulèrentdanslecoudeDrake,dontlecœursebrisaitunpeuplusàchaquesangloterratiquedesonange.Malgrétout,ilpritsaréactionpourunconsentement.Oupeut-êtren’avait-ellepluslaforce

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desebattre.Quoiqu’ilensoit,Drakedevaitenprofitertantqu’ellebaissaitlagarde,cariln’auraitpeut-être plus cette chance. Priant qu’elle pardonne un nouveau péché sur la liste interminable de sestransgressions, il la prit dans ses bras, se leva, et la porta du hall de l’hôtelmiteux à la voiture quil’attendait.Maddox et Silasmontaient la garde. Quand ils virent Evangeline dans les bras deDrake,Maddox

murmura « Dieu merci », ce qui était exactement ce que Drake ressentait. Silas sembla soulagé, et,l’espace d’un instant, un feu s’embrasa dans ses yeux quand ils se posèrent sur la frêle silhouette quisanglotait dans les bras deDrake. Il lança à ce dernier un regard accusateur,mais Drake ignora sonhommedemain.L’importantétaitd’avoir récupéréEvangelineetd’avoirunechancedes’expliqueretd’effacertoutlemalqu’illuiavaitfait.Drakeseglissaà l’arrièredelavoiture,serrant toujoursfermementEvangeline, toujourssecouéede

sanglots silencieux,contre son torse.Maddoxprit rapidementplacederrière levolant tandisqueSilass’installaitsurlesiègepassager.MaddoxlançaunregardinterrogateuràDrake,luidemandantsansmotdireoùildésiraitemmenerEvangeline.—LeConquistador,indiquacalmementDrake.Demandequelepenthousesoitprêtàmonarrivée.Il était hors de question qu’il ramène Evangeline dans l’appartement où il avait commis cette

abomination contre elle. Pas encore. Peut-être même jamais. Silas hocha la tête, comprenant etapprouvantsonchoix.Drakefronçalessourcilsenétreignantlecorpsfrêled’Evangelinecontrelui.Ilsn’avaientétéséparés

quequelquesjours,etpourtantilsentaitsafragilité,samaigreur.Levidedanssesyeuxhantés.Avait-elleseulementmangé?Ilconnaissaitlaréponse.Personnen’avaitétélàpours’occuperd’elle.Ellen’avaiteupersonne vers qui se tourner, ni les femmes qu’elle avait considérées comme ses amies pendant silongtemps,nisesparents,carelleétaittropfièrepourleurmontrercombienelleétaitmalheureuse.Elle avait beaucoup maigri, comme lui pendant leur séparation qui lui avait semblé interminable.

Chaqueminute,chaqueheure,chaquejouravaitétéunenfer–qu’ilavaitmérité.Maispourlapremièrefois depuis longtemps, il se laissa aller à l’espoir et sentit la chaleur du soleil qui l’avait fui depuisqu’elleétaitpartie.Etcen’étaitpastoutcequi luiavaitétéarraché: ilavaitperdutoutcequ’ilavaitconsidéré comme acquis. Son rire, sa joie des choses simples, son altruisme, sa générosité innée, sabonté et son innocence qui avaient affecté tous ceux qu’elle avait rencontrés. Ses hommes avaient étéaussi déterminés à la retrouver que lui, et à présent qu’il tenait son miracle dans ses bras, il feraitexactementcedontseshommesetluiavaientdiscuté.Ilcesseraitdelacacher,depeurqu’onseserved’ellepourleparalyser,etsonempireavec.Ilallait

faired’ellesareine,et ilallait fairesavoirà toute lavillequ’ilnefallaitpass’enprendreàelle,carceuxquioseraientdevraientaffronterlecourrouxdeDrakeDonovanettoutesonarméedefrères.Onmurmurait lenomdeDrakesurun tonrespectueuxetcraintif.Sion touchaitneserait-cequ’àun

cheveu de la tête d’Evangeline, la fureur de Drake ne connaîtrait pas de limites. Il s’occuperaitpersonnellementdequiconqueposeraitlamainsurelle.Evangelinese tortilladanssesbrasetessayade lerepousser, lesyeuxpleinsde larmes,craintifset

anxieux.—Oùm’emmènes-tu?demanda-t-elle.Çanet’apassuffidem’humilier?Tuveuxquelemondeentier

sachequetuveuxtedébarrasserdemoipourdebon?Maddox, sentant la résignation et l’abattement dans la voix d’Evangeline, jura violemment, et, les

mainsagrippéessurlevolant,ilpritunvirageunpeutropvite;EvangelinebringuebalacontreletorsedeDrake,quipassasesbrasautourd’ellepourlamaintenircontrelui.LecorpspuissantdeSilassecrispa,dégageantdesvaguesde rage. Il se retournapour regarderEvangelinepar-dessussonépaule, lesyeux

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étrangementtendres.—Jamaisjenepermettraiunechosepareille,Evangeline.En entendant le serment de Silas, elle s’immobilisa et le regarda avant de se tourner vers Drake,

déboussolée.Drakegrognaetl’enlaçatendrement.Ilcaressasescheveuxenbatailleetinhalaladouceurdesonparfum,odeurqu’ilsavouraitetchérissait

chaquesoiraucoucheretregrettaitamèrementquandilquittaitlelitaumatin.— Je te dois des explications,Ange, dit-il d’une voix tourmentée. J’espère que ton cœur généreux

sauramepardonner.Maisjamaisjenemedébarrasseraidetoi.Tuesancréedansmoncœuretmonâme.Teperdremelesaarrachés,etjeviensseulementdelesretrouver.—«Pute…salope…»,murmura-t-elle,sanglotantdeplusbelle.—Non!grognaDrake.Bébé,non!Jamais.MonDieu.Silasledévisageait,choqué,presqueaffligé.Puissonexpressionsefitassassine.Ilfallutunmomentà

DrakepourserendrecomptequeMaddoxavaitarrêtélavoitureetquelesdeuxhommeslefixaientavecrage.—Dis-moiquetuneluiaspasditceschoses,ditSilas,menaçant.—Putain,juraMaddox.Bordel,Drake!Ellet’acru!Elletecroitencore.—Commentas-tupu?demandaSilasd’untonaccusateur.Jesavaisquecequetuavaiseuàfaireétait

moche,maisbonsang,Drake…Tuesallétroploin!Drakefermalesyeux,berçantEvangeline,toujoursenlarmes.—Avance,ordonna-t-ild’unevoixrauque.Amène-nousàl’hôtelpourquejepuissem’expliquer.Silassecoualatête,lacolèrecédantlaplaceauchagrindanssesyeux.—Certainstortsnepeuventjamaisêtreréparés.Certainsmotsnepeuventjamaisêtreeffacés.Surtout

quandilsontprisracine.—Non!niaDrake.Ellevamecroire.Quoiqu’ilm’encoûte,jevaisfairecequ’ilfautpourméritersa

confiance.SilasetMaddoxéchangèrentdesregardsinquiets.Empreintsdedoute.L’euphoriequeDrakeressentait

d’avoir retrouvéEvangeline fut peu à peu remplacée par l’effroi. Car il n’avait fait que lamoitié ducheminenlarécupérant.Encorefallait-illaconvaincrederester.

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Chapitre4

Evangelineserésigna:ellen’avaitd’autrechoixqued’affronterDrake.Ilneluilaissaitpasd’autrepossibilité.Elles’envoulaitd’êtreunepleurnicheuse,denepasêtreunefemmeforte–quiluicracheraitàlafigure,luidonneraituncoupdegenoudanslesparties,etluidiraitcequ’ellepensaitaujustedelanécessairedestructiondel’êtreaimé.Direqu’illacroyaitassezdésespéréepouravalercessottises.Nécessaire,moncul.Non.«Candide»étaitlemotleplusappropriépourladéfinir.Candide.Naïve. Enmanque d’affection. Impulsive – trop impulsive. Trop stupide, aussi. Pour n’en

nommer que quelques-uns. Et dire qu’elle s’était félicitée d’avoir prétendument retenu la leçon aprèsEddie,d’avoirgrandiensagesse.EllesedégageadesbrasdeDrakeetsedétourna,incapabledeleregarderdepeurdevoirsapropre

idiotieserefléterdanssesyeux.Leregardperduau-dehors,ellejuradeneplusverseruneseulelarmepourDrakeDonovan.Elle ne supportait pas qu’il la touche, car cela lui rappelait toutes ces nuits où ces mains avaient

couvertchaquecentimètrecarrédesoncorps,ettoutleplaisirqu’illuiavaitdonné.Elle donnerait tout pour pouvoir lui botter les fesses. Pour être une de ces femmes qui savent se

défendre. Ces femmes que les hommes respectent car ils savent qu’ils ne resteront pas impunis s’ilsjouentavec leurssentiments.Ellen’avaitmêmepas représentéundéfipourDrake ;elleavaitprotestépourlaforme,bienconscientequ’elleallaitcéderetdonneràDraketoutcequ’ilvoudrait.Elle se mordit la lèvre, déçue d’elle-même : elle n’arrivait même pas à trouver le courage de

l’assommeravecsesmots.Ellefermalesyeux,lasse.Envérité,toutcequ’ellevoulait,c’était…Qu’onlalaissetranquille.Elleauraitvouluêtrecapabledeseréfugierdansunendroittranquille,loin

desregardsindiscrets,pourpouvoirpansersesblessuresetoublierl’existencemêmedeDrakeDonovan.Puismourird’unemortdiscrète,quoiqu’ellesesoitdéjàsentiepartirdenombreusesfoisaucoursdesquelquesjoursquis’étaientécoulésdepuisquelerideaus’étaitlevé.Ellevoulaitrentrerchezelle.Elleavaittantbesoind’êtredanslesbrasdesamèrequ’elleensouffrait

physiquement.Ç’avaitétéuneerreurdevenirici,depenserqu’unefilleaussimaladroitequ’ellepouvaitdépassersonmodedeviecampagnard,voires’intégrerdansunevillegrouillantdecitadinssophistiqués.Pireencore,elles’étaitconvaincuequelesdifférencesentreDrakeetellen’étaientpasimportantes.

Qu’elleétaitcapabledesedéfendredanssonmondedangereux.Desatisfaireunhommeaussiexigentquelui.Qu’ilpourraitêtreheureuxaveclatimideEvangeline,sipeusophistiquée.Bonsang,ilfallaitqu’ellechangededisque.Toutcelaétaitrisible,pitoyable.Elles’envoulaitd’avoir

étésiprésomptueuse.Samèrel’avaittoujoursdit:siquelquechoseesttropbeaupourêtrevrai,c’estquecen’estpasvrai.Oùétait cettepépitede sagessequandEvangelineavait étécatapultéedans lemonde flamboyantde

Drake?Auboutducompte,ellenepouvait s’enprendrequ’àelle-même.Elleavaitportédesœillèressans

rechigner.Ellen’avaitpasvouluconnaîtreladurevérité.Elleavaitététropoccupéeàs’immergerdanslecontedeféesqu’elles’étaitinventépourseposerlesquestionsimportantes,pourremettresonpropre

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jugementenquestion,decraintequesonfantasmesebriseets’effondreautourd’elle.Eddie, son ex, avait raison sur une chose, même si elle avait peine à le reconnaître : elle faisait

l’autruche,enfouissaitsatêtedanslesableàlamoindreadversité.Seulement,Evangelinenevoyaitpaspourquoi elle devrait rougir de cette comparaison. Car qui embrassait l’adversité ? Certainement paselle.Ladouleurneluiréussissaitpas–quecesoitlasienneoucelledesautres.Aufond,elleauraitaimépouvoir revivrecettesoirée. Justecinqminutes.Avec lapresciencedece

qu’ilallaitseproduireplutôtqued’êtresicruellementprisedecourt.ElleauraittoutdonnépourremettreDrakeDonovanàsaplace.Cettepenséeluifitchaudaucœur:Drakehumiliéparunefemme.C’étaituneimageréconfortante.Ses

associéspliésendeuxderirependantqu’Evangelineluicasseraitlenez.Avantdeluiasseneruncoupdegenoudanslespartiesquileferaitchanteravecunevoixdefaussetpendantdessemaines.Elleposasonfrontcontrelavitredelavoitureetfermalesyeux.Unnouveautorrentdelarmesinonda

sesjoues.Merde!Quelétaitl’intérêtdetoutça?Pourquoiétait-ilvenulachercher?Etpourquoidiableclamait-ilquece

qu’ilavait faitétait«nécessaire»?Personnen’avaitbraquéunearmesur la tempedeDrakepour leforceràrabaisserEvangeline,etpourtantilsemblaitvouloirsepositionnerenvictime.Elle secoua la tête. Hors de question. Elle refusait d’entrer dans son petit jeu et de lui donner

l’absolutiondontilavaitmanifestementtantbesoin,àenjugerparsonattitudeetsondiscours.Iln’auraitqu’àfairesapaixavecDieu–mêmesi,commeiln’avaitpasd’âme,ilétaitpeuprobable

qu’ilcroieenunêtresupérieur.Elleluijetaunregardencoinavecdégoût.Selontoutevraisemblance,ilseprenaitpourDieu.Ellefutprisedepaniquequandlavoitures’arrêtadevantunprestigieuxhôtelnew-yorkais.L’idéeque

Draketraîneunefemmeenuniformedeservicedanscetétablissementchicétaitloufoque.Ils’attireraitcertainement des regards désolés.Un hommede son rang, prêt à tout pour fraterniser avec les petitesgens.—Ange?L’injonction hésitante de Drake la tira de son amère rêverie. Elle se tourna, en prenant garde à

maintenirleplusdedistancepossibleentreeux.La fureur qu’elle avait enfin trouvé le courage d’exprimer se dissipa dès que leurs regards se

croisèrent.L’airhantéet…dévastédeDrakelafittressaillir.Ellefermalesyeuxavantquesarésolutionnefaiblissedavantage.Qu’est-cequiclochaitchezelle?Elleavaitlapossibilitédelebriserverbalement,commeill’avait

fait.Deledétruirecommeluil’avaitdétruite.Deluidonnerunaperçudecequeçafaisaitdesubir…Lahaine.Elle enfouit son visage entre ses mains, le corps secoué d’un violent frisson. Non. Voilà qu’elle

agissaitcommelui.Desmainshésitantes remontèrent le longde sesbras, comme siDrake avait peurqu’elle le rejette.

Maisnel’avait-ilpasdéjàrejetée?Elledétestait lesjeuxpsychologiques.Pourquoiluicouriraprès?Pourquoisetrouvait-elledanscettevoiture?Ils’étaitdésintéresséd’elle.Illeluiavaitclairementfaitcomprendre.Alorspourquois’adonneràcettefarce?Elleavaitatrocementmalàlatête,maispasautantqu’aucœur.—Queveux-tu,Drake?demanda-t-elleàvoixbasse.Quefaudra-t-ilpourquetumelaissesenpaix?

Ce n’est pas trop demander, si ? J’ai accepté le fait dem’être totalement trompée sur toi,mais je nepensais pasm’être trompée à ce point. Je ne pensais pas que tu prendrais plaisir àme faire souffrir

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autant.Lesyeuxembuésdelarmes,ellecroisasonregarddésespéré,décidéeàtenirbon.— Je comprends que tu en as fini avecmoi. Tu as été on ne peut plus clair.Mais vas-tu vraiment

encorem’humilier juste parce que tu le peux ? Pour pouvoir abuser encore demoi, physiquement etémotionnellement?Elleétait si emportéepar sonplaidoyerpassionnéqu’il lui fallutquelques secondespour se rendre

comptequeSilasetMaddoxétaientsortisdevoiture,lalaissantseuleavecDrake.Ellen’auraitpasdûprendrecelacommeunenouvelletrahison,etpourtant.Celan’auraitpasdûluifairemal.Etpourtant.LeshommesdeDrakeneluidevaientrien.C’étaitàluiqu’ilsétaientfidèles.Quiétait-elle,sicen’étaituneautreconquêteaveclaquelleDrakes’étaitamusé?Lentement,commes’ilcraignaitd’êtrerejeté,Draketenditlamainpourluisaisirlementonetlaforcer

àsoutenirsonregardaulieudebaisserlesyeuxdedésespoir.—Ange,écoute-moi.Jet’enprie.Ellese figea ; jamaisellen’avaitvucette facettedeDrake. Ilétaithumble.Bouleversé,même.Bon

sang,ilsemblaitêtreàdeuxdoigtsdelasupplier.Ilpassatendrementsonpoucesurlajoued’Evangeline,sesyeuxhumidesaffichantlamêmeémotion

quiluiserraitlagorge.—Queveux-tu?murmura-t-elle,lavoixbriséeparlechagrin.—Toi.Jeteveuxtoi.Seulementtoi.Toujourstoi.Elle tressaillit et aurait reculé siDraken’avait pasposé samain sur son épaulepour la retenir.Sa

respirationhoqueta,commesisespoumonsrefusaientdecoopéreretderespirerpourelle.—Non,nebougepas.Écoute.Écoute-moi.Ellesemorditlalèvre,refusantdeverseruneautrelarme.—J’aitantdechosesàtedire.Tantdechosesàt’expliquer.Jeneméritepastacompréhension,nita

compassion,maissic’étaitpossible,jeseraisàgenouxdevanttoiencemomentmême,àtesupplierdeme donner une chance de rectifier les choses.Monte avecmoi pour qu’on puisse parler. Pour que jepuissetedonnercequiauraitdéjàdûêtreàtoi–cequiterevientdepleindroitett’atoujoursappartenu.Je sais que je ne suis pas digne de ta considération. J’en suis conscient. Mais laisse-moi au moinst’expliquer,essayerdetefairecomprendre.Jepeuxtedonnermaparole:situmedétestesencoreetsituneveuxplusjamaismerevoiraprèsquejet’auraiexpliquétoutcequetuasbesoindesavoir,alors…Savoixsebrisaetilenlevasamaindel’épauled’Evangelinepourlapasserdanssescheveux.C’est

alorsqu’ellevitunerévélationsisurprenantedanssesyeuxqu’elledutreteniruncridesurprise.Ilavaitpeur.—Alorsquoi?demanda-t-elleàvoixbasse,leslèvrestremblantes.—Jetelaisseraipartir.Ilprononçacesmotsd’unevoixéteinte,commesionvenaitdelecondamneràlapeinedemort.Elle

necomprenaitplusrien.—Tum’asdéjàlaisséepartir.—Non!— Si. Oh si, tu m’as laissée, Drake, contra Evangeline, étourdie par la rage qui coulait dans ses

veines.Elle luiadressaunregardméprisant,exprimantcequ’ellepensaitdesesadieux.Puisellesecouala

tête.—Non,jecroisquecen’estpastoutàfaitjuste.Tunem’aspaslaisséepartir.Laisserquelqu’unpartir

impliqueunactedebonté.Unactenoble.Tum’asjetéedehorscommeunemalpropre!

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Drakefermabrièvementlesyeuxavantdesereconcentrersursonvisage.—Jetedoisuneexplication.—C’estunpeutardpourypenser,répliqua-t-elleavecdédain.Ilsecoualatête.—Ange,jet’enprie.Entreavecmoi.Laisse-moit’expliquer.Donne-moicinqminutes.Situneveux

plusjamaisentendreparlerdemoiaprèscescinqminutes,jedemanderaiàMaddoxdeteconduireoùtuvoudras,maissûrementpasdanscetrouàratsmiteuxoùjet’aitrouvée.Savoixétaitfermeetdanssesyeuxbrûlaitunfeuardent.Elleretintsarespirationlorsqu’ilsepencha

verselle.LesyeuxdeDrakeexprimaientunefaimbestiale;sonpoulss’emballa.—J’ai juréde teprotégeretdeprendresoinde toi,que jefassepartiede tavieounon,et je tiens

toujoursparole.Tuseraslibredefairecequetuvoudras,ettuserasdispenséedelamoindrecorvéedansleslieuxoùjenesuispascertainquetuserasensécurité.Elletentadesourirefaceàl’ironiedesesparoles,maiscommentl’aurait-ellepualorsqu’elleétaiten

proieàunetelledétresse?DrakeDonovantenaittoujoursparole.Faux.Nonseulementilavaittrahisespromesses,mais il lui avaitmenti. Tout le temps qu’ils avaient passé ensemble.Tout cela n’était quemensonge,rienn’avaitétéréel.Saufsonamourpourlui.Et il étaitbienconnuque l’amourà sensuniqueétaitvouéà l’échec. Jamais sonamourpour luine

suffiraitàcompenserlefaitqu’ilnel’aimaitpasetnel’aimeraitjamais.—Ange,tumebriseslecœur,affirma-t-il,lavoixbriséeparl’émotion.—Alorsnoussommesquittes,murmura-t-elle.

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Chapitre5

Drakesavaitqu’ilétaitlâchederepoussersaconversationavecEvangeline,maisilnesavaittoujourspasexactementcequ’ilvoulait luidirenicomment le luiavouer. Il avaitconsacré toutes ses forcesàretrouversonange,etchassétouteautrepenséedesonesprit.Ilrefusaitdesongeràlapossibilitéquesesrecherchesn’aboutissentpas:c’étaitsonpirecauchemar.Pourtant,avoirretrouvésaprécieuseEvangelinen’étaitpasaussiimportantqued’obtenirsonpardon.

Ilneseraitpasaiséderegagnersaconfiance,etilsavaitqu’ildevaitêtreprudent.Iln’avaitpasledroitàl’erreur:aupremierfauxpas,ilperdraitEvangelinepourtoujours.Tul’aspeut-êtredéjàperdue.Elle était là physiquement.Mais émotionnellement, elle était loin d’être avec lui. Réservée, sur la

défensive,ellesemblaitdéterminéeànepasluidonnerlepouvoirdelafairedenouveausouffrir.Ilfaisaitlescentpasdevantlaportedelasalledebainsdesasuited’hôtelenattendantqu’Evangeline

sortede ladouche. Il lui avaitpréparédesvêtementspouréviterqu’elle se sentevulnérableouà sondésavantagequandils’expliquerait–ouessaieraittantbienquemal.Ilfallaitqu’ellel’écoute.Evangelinen’étaitpascommetouteslesfemmesqu’ilavaitconnues.Ellene

manipulaitpasleshommes–nipersonned’autre–pardeslarmes,elleneboudaitpasetnerefusaitpassonpardonseulementpourpunirlesautres.Néanmoins,toutlemondeavaitseslimites,etilespéraitdetoutsoncœurnepasêtrealléau-delàde

toutespoirderédemption.N’avoirpasinfligédedommagesirréversiblesàsoncœuraimantetgénéreux.Il était suffisamment dur et cynique pour eux deux. L’idée qu’elle puisse devenir comme lui – dure,méfianteetsuspicieuse–lerendaitmalade.Tunelaméritespas.Hatcheravaitpeut-êtreraison,si tordusoitsonraisonnement.Pourlapremièrefois,Drakeselaissa

envahirparledoute.Avait-iltortdesebattrepourEvangeline?Defairevolte-faceetdevouloirfaired’ellesareineetsaprotégée?CarilétaitbienconnuqueDrakeneconnaîtraitaucunreposavantd’avoirfaitpayeràceluiquiaurait

osés’enprendreàcequ’ilavaitdepluscher.Drakedétruiraitquiconquelèveraitlamainsursonange.Ilrendrait au centuple chaque marque, égratignure, blessure ou menace infligée à Evangeline, avant decondamnerlecoupableàuneagonielenteetdouloureuse.Agacé,ilsecoualatêtepourchasserledoute.Hatcheravaitdelachanced’avoirencorel’usagedeses

membresaprèsavoiroséévoquerenprésencedeDrakedepareillesinepties–quelesautresn’avaientpassembléappréciernonplus.Drakepivota sur lui-mêmeenentendant laporte s’ouvrir, et il retint son souffle lorsqueEvangeline

apparut.Elleagrippait si fermement lecadrequesesarticulationsétaientblanchescommede lacraie.Ses cheveux mouillés encadraient son visage et tombaient sur ses épaules, et quand elle vit qu’il laregardait, elle enroula ses bras autour de son ventre dans une attitude protectrice, comme pour sesoustraireàsonregardinsistant.Elleportaitunjeanetuntee-shirtàmancheslongues,etilremarquaqu’elleavaitremisseschaussettes

et ses chaussures, prête à s’enfuir à toutmoment. Ses yeux expressifs trahissaient sonmalaise et sonindécision, et après avoirbrièvement croisé le regarddeDrake, elledétourna lesyeux, refusantde le

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regarder.Ilsoupiraetlaissatomberlamainquifourrageaitdanssescheveuxlelongdesoncorps.—Tuveuxbienm’écouter,Ange?demanda-t-ilavecdouceur.Medonnerunechancedem’expliquer?Ellehaussauneépauleetsemorditnerveusementlalèvre.—Jenevoispascequetupeuxavoiràmedire,soupira-t-elle.Tuasététrèsclairsurlaplacequeje

tiens,ouplutôtnetienspas,danstavie.Enrediscuternepeutêtrebénéfiquepourpersonne.Incapable de rester plus longtemps à distance, il s’approcha d’elle avant qu’elle ne puisse même

exprimersasurprise.Ilposasamainsursajoueetcaressasapeaudouce.—C’étaitunmensonge.Toutçan’étaitqu’unmensonge.Bonsang,Ange.Tun’étaispascenséeêtrelà.

Jenesavaispasquetuétaislà,sinonjen’auraisjamaisramenéceshommescheznous.J’aiétéprisaudépourvuetj’aidûagirvitepourquetunedeviennespasunecible.Elleluilançaunregardacerbeetsceptique.Ilnepouvaitpasluienvouloir.Drakesoupiraetpritlesdeuxmainsd’Evangelineentrelessiennes.Puisilreculajusqu’aulitets’assit

aubord,obligeantlajeunefemmeàenfaireautant.Elle était complètement raide, chaquemuscle de son corps semblant protester contre sa proximité.

Dommage,cariln’allaitpluslalâcher.Quoiqu’illuiencoûte,quelquesoitletempsquecelaprendrait,il la récupérerait. En attendant, il rêverait du jour où elle viendrait se blottir contre lui, les yeuxdébordantsd’amour,commeellel’avaitfaitsisouventavantcettesoiréedramatique.Pourtant,Draken’étaitpas l’homme lepluspatientaumonde.Aucontraire. Il étaitmême incapable

d’attendresansagir.Quandilvoulaitquelquechose,c’étaitàlui.Point.Ilabattaittouslesobstaclesquisedressaiententre

luietcequ’ildésirait.Aujourd’hui,pourlapremièrefois,ildevaitexercerunminimumdepatience.Cars’ilnelefaisaitpas,ilrisquaitdeperdretoutcequicomptaitpourlui.Etildétestaitça.DétestaitdenepasêtreaulitavecEvangeline,soncorpsnucouvrantlesiendanslaréaffirmationdesadomination…maispas seulement.C’était la femmequ’il chérissait leplusdans savie. Jamais iln’avait ressenti cebesoinetcetteenviedeprotégerunefemme.Ilfallaitqu’ilsoitauxpetitssoinsavecelle.Illuidevaitbiença,ettellementplusencore.Elleméritait

d’êtretraitéecommeuntrésorinfinimentprécieux.Ilsavaitqu’elleétaitforte,bienqu’ellesoutiennelecontraire.Cen’étaitpasunepetitechosefragile,maiscelanevoulaitpasdirequ’ilavaitledroitdelamalmener.Deprendresaforcepouracquise.Ellenes’étaitpeut-êtrepas–encore–brisée,maiscelanevoulaitpasdirequ’ellen’étaitpaspasséetoutprès.Jamaisiln’oublieraitcettevisiond’elledansl’hôteloùelletravaillait:elleavaitsembléàlalimitedupointderupture.Parsafaute.Drakenepouvaits’enprendrequ’àlui-même.Il luiavait trouvéunecertainefragilité,qu’ellen’avaitpasquandilsétaientensemble. Ilnepouvait

décemmentpasignorersavulnérabilitéetavancercommesiderienn’était.Elleauraittoujourssonsoutien,etjamaisilneprésumeraitdesonétatd’esprit,desonamour-propre,

nidecequ’ilsepassaitdanssatête,surtoutquandils’agissaitdecequ’ellepensaitdeluietdesaplacedanssavie.—J’aifaitunegraveerreur,admitDrake.Elleclignadesyeux:manifestement,ellenes’attendaitpasàcequ’ilavouesafaute.Iln’avaitaucun

malàcomprendresasurprise:Draken’étaitpasdugenreàreconnaîtrel’échec.D’ordinaire,ilétaittropsûrdeluipoursesoucierdecequelesautrespensaient.—Ange,j’aimaintsennemisimpitoyables.Deshommesquiseserviraientdetouslesmoyensàleur

disposition pour s’en prendre à moi. Je les ai longtemps frustrés car je n’avais aucune faiblesse àexploiter.Rienquimetiennesuffisammentàcœurpourquejefassedesconcessionsoucèdeauchantage.

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Ilinspiraungrandcoupetlaregardadroitdanslesyeux.—Jusqu’àtoi.Elleécarquillalesyeuxetsemorditlalèvre,perdue.Ilvoyaitlesengrenagesdesonesprittournerà

pleinrégimealorsqu’elleessayaitd’évaluersasincérité.Ilvoulaitlatoucher,laprendredanssesbrasetprouvercequ’ilaffirmait,maisilnelepouvaitpas.

Ellenelecroyaitpas,etilnepouvaitpasluienvouloir.D’autantquesoncaractèreréservéetsafroideurétaientdevenussamarquedefabriqueaufildesans.Ilpassaunemaindanssescheveuxébouriffés.—Jem’ysuismalpris.Jet’aicachée,jenet’aipasditàquelpointtucomptespourmoi.—Pourquoi?Jenecomprendspas.Ilsoupira.—Parcequesimesennemisavaientappriscequetuesàmesyeux,ilss’enseraientprisàtoi.Etune

foisqu’ilst’auraientmislamaindessus,ilsseseraientservisdetoipourmefairetomber.Ilst’auraientmenacée,et,Ange,jepeuxt’assurerqueleursmenacesnesontpasdesparolesenl’air.Sijenem’étaispaspliéàleursexigences,ilst’auraientfaitatrocementsouffriretauraientfinipartetuer.—Maisjenesuispersonne,dit-elled’unevoixaiguë.Çan’aaucunsens.Jesuisjuste…Jesuisjuste

ta…—Neledispas,l’interrompit-ilsèchement.Quoiquetupenses,nedisrien.Cesontdesconneries.Si

tupensesquetun’espasimportantepourmoi,alorsj’aipéchécarj’auraisdûtelemontrer.Tuauraisdûsavoirquetuesspéciale.Passeulementpourmoi,maispourmeshommes.Pournoustous.Ellesecoualatête,muette,tandisqu’elleabsorbaitsadéclarationenflammée.—Jet’aidonctenueàl’abridesregards,poursuivit-ilavecdégoût.J’étaisarrogant.Jepensaisqueje

pouvaistegarderpourmoipourgarantirtasécurité.Quemesennemisnesauraientjamaisquetuexistais.C’étaitstupide.Mince,j’auraisdûfairepreuvedebonsens!—Alors leshommesque tuasramenéschez toipour ta réuniond’affairesquandj’étaiscenséeêtre

ailleurs,cesonttesennemis?demanda-t-elle,sceptique.Ilhochalatête,etellefronçalessourcils.— Pourquoi amener ces hommes chez toi, dans ce cas ? Pourquoi prendre un tel risque s’ils te

détestent ? Et pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu ne voulais pas que je sois là au lieu de taire leproblème?Si tum’avaisditqueçapouvaitêtredangereux, jenem’enserais jamaismêlée. Jenemeseraispasridiculiséeainsi.La douleur assombrit son regard et ses joues s’empourprèrent. Elle détourna la tête, refusant de le

regarderpluslongtemps.Ill’attrapaparlementonpourlaforceràleverlesyeuxverslui.—Tun’asrienfaitdemal,Ange.Jesuisseulresponsabledecequ’ils’estpassécesoir-là.Tuasfait

quelquechosede très spécialpourmoi,mais jenepouvaispas laisser lesLuconi suspecterceque tureprésentaisàmesyeux, savoirque tuétaisdavantagequ’unesimplemaîtresse temporairecommeuneautre.Il se renfrogna en repensant à cette soirée, à l’humiliation qu’il lui avait fait subir. À l’expression

d’Evangeline,àsonabattementetàseslarmes.Auxchosesabjectesqu’ilavaitditesetfaites.—Toutcelaétaitunmensonge,murmura-t-il. J’aidû jouer lacomédiedemavieet convaincreces

hommesquetun’étaisrienpourmoi.Evangeline,ilfallaitqu’ilslecroient,cars’ilss’étaientdoutésqueje faisais semblant, ils s’en seraient pris à toi. Et si je t’avais laissée jouer à l’hôtesse, il aurait étéimpossiblequ’ilsnedevinentpaslavéritéaprèscinqminutesentacompagnie.—Quellevérité?

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—Ce que tu représentes pourmoi, souffla-t-il. Je ne pouvais pas prendre ce risque.Une gaffe, unmomentd’inattentionoùjet’auraisregardéeavecfierté,oumonindulgencequandtumesouris.J’auraisété comme un livre ouvert, Ange. Et tu aurais payé le prix fort pour mon manque de maîtrise en taprésence.—Donctut’enesprisàmoiavantqu’ilslepuissent,dit-elle,laminegrave.Drakefermalesyeux,affligé.—J’étaisaupieddumur.Jesavaiscequidevaitêtrefait,etcelamerendaitmalade.Devoirprétendre

d’êtreaussiinsensible,quetun’étaisrienpourmoi.Bonsang,cequejet’aifait,cequejet’aidit…Jen’enpensaispasunmot,Evangeline!Ellel’étudiasansriendireensemordillantlalèvre.Elleétaitcalmeetpensive,maissondéchirement

selisaitsursonvisage.—Jenesaispascequejedoiscroire,finit-ellepardire.Ilyatropdechosesquejenecomprends

pas.Tu dis que c’était une erreur deme garder secrète.Mais si ton affection pourmoimemettait endanger,quepouvais-tufaired’autre?Puiselleécarquillalesyeuxetsabouches’arrondit.—Oh,murmura-t-elle.Oublie.Jecomprends.—Qu’est-cequetucomprends?SonairsoudainrésignéneplaisaitpasàDrake.—Tun’auraisjamaisdûavoiruneliaisonavecmoi,dit-elledoucement.C’estcequetuessaiesdeme

dire.—Non!hurla-t-ilpresque.Evangelineserecroquevillaetleregardaavecméfiance.Ilpritsamaintremblanteentrelessiennes.—Jen’auraisjamaisdûtegardersecrète,affirma-t-ilavecferveur.Jen’auraisjamaisdûminimiser

tonimportancepourmoi.Ellepenchalatêtesurlecôté,plusdéboussoléeencore.—Mais…tuviensdedirequesitun’avaispasfaitça,onseseraitservidemoipourtefairedumal.Ilserralesdentsetlaregardasansciller.—Cequej’auraisdûfaire,etcequej’ail’intentiondefaireàpartird’aujourd’hui,c’estfairesavoir

quetuesmareine.Manana.Lapersonnelaplusimportantedemavie.Toutlemondesauraquejemevengeraisiontoucheàuncheveudetatête.Tasécuritéserarenforcée,maistuconnaisbienleshommesquiteprotégeront,tuesàl’aiseaveceux.Elle devint livide tout à coup, donnant l’impression que ses yeux étaient immenses. Elle ouvrit la

bouchemaisaucunsonn’ensortit,etpendantunmoment,ellerestasimplementassiselààledévisager,bouchebée.Puisellefinitparsecouerlatêtecommepourchassersaconfusion.—Nousnesommespasensemble,Drake,dit-elletimidement.—Biensûrquesi,répliqua-t-il.Jet’aifaitfuir,Ange.Cesoir-là,jesuisretournéàmonappartement

aussi vite que possible sans éveiller de soupçons car je voulais tout t’expliquer et te supplier demepardonner.Quand j’ai vu que tu étais partie, je suis devenu fou. J’ai passé ces cinq derniers jours àretourner lavilleentièrepour te trouver.Et tues là.Si tupensesque jevais te laisserpartir sansmebattre comme un diable, tu as perdu la tête. Ta place est avec moi, tu m’appartiens, comme jet’appartiens.Cequ’ils’estpassécesoir-lànesereproduirajamais.Celan’auraitjamaisdûseproduire,maisdanslefeudel’action,c’estlaseulechosequim’estvenueàl’espritpourassurertasécurité.—Quemedemandes-tuexactement,Drake?Ellen’étaittoujourspasconvaincue.—Avecletemps,tout.Maispourl’instant,jeprendraicequetuesprêteàmedonner,dumomentque

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tumedonnesunechancedemefairepardonneretdeteprouvercombientuesimportantepourmoi.—Tuveuxquenousreprenionsleschoseslàoùnouslesavonslaissées?Quenousfassionscommesi

cettesoiréen’avaitjamaisexisté?Iltressaillit.— Je nem’attends évidemment pas à ce que ce soit si facile. J’ai beaucoup de choses àme faire

pardonner.Tum’asdonnétaconfiance,etjedoislaregagner.Tum’asofferttasoumission,et,pourquetutesoumettesànouveau,jedoistedonnerlesentimentd’êtrechérieetensécurité.Maisjeteveuxavecmoi,Ange.Enpermanence.Unefoisquetoutlemondesauraquituespourmoi,jenetelaisseraijamaisallerseulenullepart.Evangelinefermalonguementlesyeux,sesdoigtsexsanguesnouéssursesgenoux.Sonindécisionétait

tangible.—Jenesaispascequejedoisfaire,finit-ellepardireaveclassitude.—Queveux-tu,Ange?demandaDrakeavecdouceur.Oubliecequetudoisfaire.Queveux-tufaire?Elletournalatêteetsonregardbaignédelarmescroisalesien.—Jeveuxqueleschosesredeviennentcommeavant.Seslèvrestremblaient.—C’estpossible.—Çaal’airfacile,àt’entendre,grimaça-t-elle.—Pourquoiest-cequeçaneleseraitpas?J’aifaituneterribleerreur,monange.Uneerreurqueje

n’oublieraipasdesitôt,quejeregretteraitoutemavie,maisquejenereferaijamaisplus.Jenevaisplustenter de camoufler ta présence ni ton importance dansma vie. Laisse-moi une chance de temontrerl’existencequenouspouvonsavoirensemble.Nerenoncepasànous.Illasuppliaitpresque,luiquiauraitpréférés’étoufferplutôtquedesupplierquiquecesoit.Maissise

mettreàgenouxetserendrecomplètementvulnérabledevantellepouvaitlaconvaincredeluilaisseruneautrechance,illeferaitsanshésiter.Qu’étaitsafiertés’ilperdaitlaseulechosequicomptaitpourlui?Unelarmeroulasurlajoued’Evangelineetellepoussaunsoupirpournepaséclaterensanglots.Illa

serracontrelui,etsebalançad’avantenarrière,embrassantsescheveuxmouillés.—Donne-moi–donne-nous–uneautrechance,Ange,murmura-t-il. Jeme feraipardonner, je te le

jure.Elle releva lentement la tête pour le regarder dans les yeux. La peur luisait dans son regard,

l’inquiétudecreusaitsonfront.— Mais si tu voulais que personne ne soit au courant de mon existence avant… qu’est-ce qui a

changé?Sionpouvaitseservirdemoicontretoiavant,est-cequeceneserapasencoreplusprobableaujourd’hui?Jeneveuxpasqu’onseservedemoipourtedétruire,Drake.Il inspira et, voyant le visage d’Evangeline se brouiller devant ses yeux, il se rendit compte qu’il

retenaitsarespirationmalgrélui.Ilexpirapuislapritdenouveaudanssesbras,incapabledesupporterlepeudedistancequ’elleavaitmiseentreeux.—Disonsseulementqu’onferapasserunmessageonnepeutplusclair,ditDraked’unairgrave.Si

quiconqueoseneserait-cequeteregarderdetravers,ilestmort.J’aidesennemis,jetel’aidit.Maisonme craint. Je n’ai pas la réputation d’être indulgent. Mes hommes feront savoir qu’il faudrait êtresuicidairepourseservirdetoipourm’atteindre.Celadit,tasécuritéserarenforcéeettuserastoujoursescortéequandtuneseraspasavecmoi.Ilfutsaisid’unepeurpaniquequiluinoualesentrailles.Etsiellenevoulaitpasdugenredeviequ’il

luioffrait?Elleseraitcommeenchaînée.

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Certes,elleaurait toutleluxeettouteslescommoditésqu’onpouvaitimaginer.Elleseraitchoyéeetgâtée,sesbesoinspasseraientavanttout.Laseulechosequ’ellen’auraitpasserait…saliberté.Siellerestaitaveclui,elleseraitconsignéeàuneviesoushautesurveillance.Personnenepourraitl’approcherlibrement.Combiende tempspourrait-ellevivredanscescirconstances suffocantes?Combiende tempsavant

qu’ellese rebellecontrecesmesuresdeprotectionextrêmes?Peudegensseraientprêtsàs’enfermerdansunevéritableprison,siluxueusesoit-elle.—Sauras-tumepardonner,Ange,avecletemps?demanda-t-ildoucement.Medonneras-tuunechance

demeracheter?Deteprouverquejamaisplusjeneteferaisubircequejet’aifaitcesoir-là?Jesaisquec’estbeaucoupdemander.Jenet’envoudraispassitunevoulaisplusjamaisentendreparlerdemoi,maisjeneveuxpasvivresanstoi.Tueslaseulechosebiendansmavie.Lemeilleurdemoi-même,etj’aibienfaillitoutdétruiredansmacraintequ’onseservedetoipourm’atteindre.Jenelesupporteraispass’ilt’arrivaitquelquechoseàcausedemoi.Etjevaisfairetoutcequiestenmonpouvoirpourteprotégerdessalaudsquifontpeudecasdemaltraiterunefemmepouratteindreleurbut.Chacundemeshommesestdévouéà taprotectionet à ta sécurité. Ils sontprêts àdonner leursviespour teprotéger.J’espèrequetun’endoutespas.Jetiensàtoicommeàlaprunelledemesyeuxetjeferaitoutcequiestenmonpouvoirpourtegarder.Evangelineétaitabasourdie.Sontiraillementselisaitdanssesyeuxorageux.Elleavaitpeur.Ilvoulut

proférerunflotdejuronsàfairepâlirleplusinsensibledeshommes,maisilnevoulaitpaslafairefuir.—Alorson…seremetensemble?demanda-t-elled’unevoixétranglée.Nousreprenons làoùnous

noussommesarrêtés?—Non,dit-ilavecleplusgrandsérieux.Nousrepartonsdezéro.Unnouveaudépart,enmieuxcette

fois. J’ai beaucoup de choses à me faire pardonner, je ne vais pas prétendre le contraire. Toi, enrevanche, tu n’as pas besoin de changer quoi que ce soit. Tu n’as rien fait demal.Tum’as donné uncadeaudonttousleshommesrêvent,etàpartird’aujourd’hui,jevaischériretprotégerceprésentcommeilsedoit.Situdisouietacceptesderesteravecmoi.—Oh,Drake,jenesaispasquoidire.Sesyeuxs’embuèrentdelarmesetilleschassadesajouedèsqu’ellessemirentàrouler.—Tumerendaistellementheureuse.Etjevoulaisterendreheureux.Toutétait…parfait.Etpuis…—Chut,monange,susurra-t-ilenlaprenantdanssesbras.Toutredeviendraparfait.Jetelepromets.

Jenem’attendspasàcequetumepardonnesouquetuoubliesdesitôt.Toutcequejedemande,c’estdemelaisserunechancedeteprouverquejepeuxêtrel’hommequetumérites.Disouietnousavanceronsau jour le jour, et je te promets que chaque jour sera meilleur que le précédent. Je sais que nousrencontreronsquelquesobstaclesenchemin,maisjeteprometsquecequ’ils’estpassécesoir-lànesereproduirajamais.Jedonneraistoutpourrevenirenarrièreetqueçanesoitjamaisarrivé.Elleposasonfrontcontrelesien,lesyeuxfermés,s’efforçantderetenirleslarmesquicoulaientsur

sesjoues.—Jeveuxtoutça–et je teveux, toi,murmura-t-elle, l’émotionperceptibledanssavoix.Mais j’ai

peur,Drake.Tuastantdepouvoirsurmoi.Tuaslepouvoirdemerendretrèsheureuse,maistuasaussilepouvoirdemedétruirecommepersonne.Jecroisquejenesurvivraispasunedeuxièmefoisàtantdesouffrance.Jemesensvulnérableavectoi,etmonbonheurnedépendquedetoi,et…çafaitpeur,trèspeur.Tucomprends?Jet’imaginemalimpuissant,àlamercidequelqu’und’autre.—Jecomprends,murmura-t-il.Jecomprendsbienmieuxquetunelepensesparcequetumetiensau

creuxdetamain,ettuasautantdepouvoirsurmoiquej’enaisurtoi.Et,jedoistel’avouer,çacraint.Jedétestemesentiraussiimpuissant.Jen’aijamaisétédépendantd’uneautrepersonnedetoutemavie.J’ai

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toujoursétéauxcommandesetpourtant,quandjesuisavectoi,j’ail’impressiondeneriencontrôler.J’ail’impression de traverser un champ de mines : un seul faux pas et je détruis une chose infinimentprécieuse.C’estcequej’aifaillifaire.J’aicausébeaucoupdedommages,etjen’ensuispasfier.Crois-moi,Ange. Jene l’oublierai jamais. Jenemepardonnerai jamaiscequ’il s’estpassécesoir-là. Ilvafalloir que je vive avec pour le restant demes jours. Je n’ai pas mangé, pas dormi, je n’ai été quel’ombredemoi-mêmecescinqderniersjours,etmahaineenversmoi-mêmearongémonâmejusqu’àcequ’iln’enrestepresqueplusrien.—Drake,non, s’écria-t-elle.Çasuffit.Tais-toi !Tunepeuxpas te torturerainsi.Celan’estbonni

pourtoinipourmoi.Sinousvoulonsqueçamarche,nousdevonsmettretoutçaderrièrenousetavancer.Siturestesbloquédanslepassé,celanousdétruiratouslesdeux.Sijepeuxpardonner,tudoisenêtrecapableaussi.Drake inspira profondément et son pouls s’emballa tandis que les mots d’Evangeline perçaient sa

colèreetsonchagrin.Lesmainstremblantes,ill’attrapaparlesépaulesetlatiraàlui,nezcontrenez.—Tulepensesvraiment,Evangeline?Es-tuentraindedirecequejepense?Tumedonnesuneautre

chance?Son cœur battait bien trop vite ; il crut qu’il allait éclater, qu’il allait faire une crise cardiaque. Il

tremblait de tout son corps tandis que, le regard plongé dans le sien, il cherchait la confirmation del’espoirquis’étaitinsidieusementfaufilédanssesveines.Elle déglutit et il vit combien c’était difficile pour elle.Ce n’était pas une décision à prendre à la

légère.Puisellehochalentementlatête.—J’aibesoindetel’entendredireàvoixhaute,dit-ild’unevoixrauque.Jedoisêtresûr.—Oui,souffla-t-elle.Jevaiste–nous–donneruneautrechance.Jevaisêtrehonnête:jesuismorte

depeur.Maisjesuisprêteàessayer.En proie à un bonheur insoutenable, Drake l’étreignit étroitement, s’agrippant à elle de toutes ses

forces.L’émotionétait tellequ’unnœudseformadanssagorge, l’empêchantd’articulersespenséesetses émotions ; il se contentadoncde la serrer contre lui pour la couvrir debaisers et de caresses enremerciantlecielquecettefemmesibelle,sidouceetsigénéreuseexiste.Ilnelaméritaitpas,certes,maisilétaithorsdequestionqu’ilrenonceàelle.Elleluiétaitdevenue

vitale.Aussinécessairequel’air.Iln’imaginaitplussaviesanselleetn’avaitaucuneenviederetourneràl’existenceaustèreetstérilequ’ilmenaitavantqu’Evangelinenedébarquedanssavie.Pendantdelonguesminutes,ilsecontentadel’enlacer,incapabledeformerunsemblantdephrase.À

contrecœur, il finit par desserrer son étreinte et déposa un baiser sur ses lèvres avant de prendre sesmainsdanslessiennes.—Ilfautquejesachesituveuxretournervivredansmonappartementounon.Ceseraitparfaitement

compréhensible que tu ne le veuilles pas. Je ne veux pas ramener demauvais souvenirs à la surface.Néanmoins,sinouschoisissonsdevivredansuneautredemesrésidences,ilmefautunesemainepoursécuriserleslieuxetyfairelesmêmesinstallationsquedansmonappartementactuel.Enattendantquelestravauxsoientfinisetlarésidencesécurisée,nouspouvonschangerd’hôteltouslesjourspournepasresteraumêmeendroit.—Celanemedérangepasderetournerdanstonappartement.Il scruta sonattitude, sonexpression, sesyeux, à la recherchede tout signed’hésitationoudepeur.

Maisilnevitrien.—Tuessûre?Ellehochalatête.—C’estinsensédedépenserdutempsetdel’argentpouréquiperunautreappartementalorsquetuen

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asunparfaitementapproprié.—Alorsrentronsàlamaison,dit-ildoucement,maintendue.Aprèsunelégèrehésitation,elleglissasadoucepaumedanslasienne.—Tuneleregretteraspas,Evangeline,dit-ilavecleplusgrandsérieux.Ellesondasonregardquelquessecondespuisserradoucementsamain.Aprèsavoirhésitéuninstant,

elleexpiradoucement,etsesyeuxs’attendrirent.L’espoirgagnaDrake.Puiselles’humectaleslèvresetprononçalesmotslesplusdouxqu’illuiaitétédonnéd’entendre.—Jetecrois,Drake.Jetecrois.

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Chapitre6

EvangelineavaitlesnerfsàvifquandilsarrivèrentchezDrake.Bienqu’elleaitacceptéderevenirlà,celanevoulaitpasdirequ’elleétaitsereineàl’idéedepasserlesportesdulieuquil’avaitvuehumiliée.Pournerienarranger,àpeinefurent-ilsentrésdanslehallqu’Edwardseprécipitaverselle,levisage

débordantd’empathieetd’inquiétude.Ellegrimaça;elleauraitvouluquelesols’ouvresoussespiedspourl’avalertoutentière.DrakeavaitdûsentirsonmalaiseetavertirEdwardd’unregard,carleportiers’arrêtanetettournales

talonspours’affairerderrièresonbureau.Lorsqu’ilsarrivèrentà l’ascenseur,Evangeline tremblait,auborddel’hyperventilation.Elleserrasesbrasautourdesatailleetbaissalatête.Elleavaitleslarmesauxyeux,maiselleavait

subitropd’humiliationspourfondreencoreenlarmesdevantDrake.Celui-cine luimitaucunepressionetnefitpascasdesadéfaillanceproche,cequiétait toutàson

honneur.Au lieu de cela, ilsmontèrent jusqu’au dernier étage en silence.Drake passa un bras autourd’elle,laserrantfermementcontrelui,sachaleurcorporelleréchauffantsapeauglacée.Était-ceunebêtise,d’acceptercettefolieaprèscequ’illuiavaitfait?Têtetoujoursbaissée,ellesortitdel’ascenseuretpénétradansl’appartementdeDrake.Àsagrande

surprise,illastoppasurlepalierpourl’enlacer.—Dieumerci,tuesderetour,murmura-t-il.Jet’aitrouvéeàtemps.Elleposasonfrontcontresontorsepourabsorbersachaleurcommeunedroguéeenmanque.Drake

passasamaindanssondosavantdes’écarteràcontrecœuretde la saisirpar lementonpourqu’ellecroisesonregard.—Va t’asseoir dans le salon pendant que je te prépare àmanger. Tu n’as pas pris soin de toi, la

réprimanda-t-il.Tuasperdudupoids.—J’avaisjustementquelqueskilosentrop,dit-ellesèchement.Ilfronçalessourcils.—Tuétaisparfaite.Allez,viens,quejepuisseprendresoindemonange.Tuvasmangerettereposer,

comptesurmoi.Ellefronçalessourcilsàsontour.—Tunedoispasallerautravail?Tuesdéjàenretard.Jepeuxmedébrouillertouteseule.Il lui lança un regard réprobateur, puis la conduisit dans le salon pour l’installer sur le canapé,

emmitoufléedansunecouverture.Ils’assuraqu’elleétaitbieninstallée,puisluiintimadenepasmêmesongeràselever.— Je reviens dans quelquesminutes, et nous prendrons le petit déjeuner ensemble. Puis nous irons

nouscoucherpournousreposer.Jen’aipasdormidepuislesoiroùtuespartie,dit-ilavecunepointedetristessedanslavoix.Ettoinonplus,ondirait.Ellerougitd’unaircoupablemaisnelecontreditpas.Aprèsunedernièrecaresse,iltournalestalonsetdisparutdanslacuisine,laissantEvangelines’affaler

surlecanapé.Ellefermalesyeux,soudainlasse.Ilavaitraisonsurunpoint.Ellen’avaitpasdormi.Dutout.Elleétaitrestéeallongéedanssonpetitlitàessayerd’oublier.Chaquenuit,cesquelquesheuresderépit durant lesquelles elle aurait pu échapper à sa douleur et à son chagrin, elle les avait passées à

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essuyerseslarmes,lesyeuxgonflés,ensedemandantsanscessepourquoi.Elle resserra la couverture autour d’elle, inhalant le parfum puissant de Drake, qui imprimait sa

présenceen tout lieu. Il avaitbeauêtredansuneautrepièce,elle sentait saprésenceaccablante.Celan’auraitpasdûlaréconforter,etpourtant…Cescinqderniersjoursavaientétélespiresdesavie.Ellenevoulaitplusjamaisvivreça.Mêmesi

accepterqueDrakereviennedanssaviedevaitfaired’elleuneidiote,elleavaitbesoindelui.Ellenesesentaitensécuritéqu’aveclui–cequiétaitabsurde,puisquec’étaitluiquil’avaitdétruite.Ellefutsaisied’unmalaiseenrepensantàsonexplication,à la justificationdesesactes.Dansquoi

Draketrempait-il,au juste,pouravoir tantd’ennemiset inspirerassezdehainepourqu’ilspuissentseservird’ellepours’enprendreàlui?Ellen’étaitpasstupide.EllesavaitparfaitementqueDraken’étaitpasuncitoyenmodèle.Maisellene

pouvaitimaginerqu’ilsoitimpliquédansquoiquecesoitderéellementabominable.Envérité,ellenevoulaitpassavoir.Lebonheurrésidaitparfoisdansl’ignorance,etdumomentqu’elle

nesavaitpasexactementcommentilgagnaitsavie,ellenepouvaitpasporterdejugement.Sipréférerdevivredansl’ignorancefaisaitd’elleunemauvaisepersonne,ilfaudraitqu’elleapprenneàvivreavec.Ou peut-être avait-elle seulement besoin de temps pour trouver le courage de l’interroger sur ses

pratiques.Maisilétaitencoretroptôt.Leurrelationétaitsifragile.Lemomentvenu,elleaborderaitlesujetpuisdécideraitsiellepouvaitvivreounonaveccequ’elleauraitdécouvert.Oh,maman,papa.Quem’arrive-t-il?Cen’estpascommeçaquevousm’avezélevée…Ils auraient honte s’ils savaient qu’elle occultait ainsi samoralité, ne serait-ce que temporairement.

Loind’ellel’enviedelesdécevoir.C’étaientlesmeilleursparentsaumonde,etilsluiavaientapprisàfairecequ’ilfallait,peuimportelesacrifice.—Ange.LavoixdeDrake la tiradeson introspectionetelleouvrit lesyeux. Ilportaitunplateauavecdeux

assiettes.—Redresse-toi,bébé.Ilfautquetumanges,puisquetutereposes.Nousavonstouslesdeuxbesoinde

nousreposer,etjenepeuxrêvermieuxpourcefairequ’avectoidansmesbras.Ledouxfumetdesespréparations fitgrondersonestomacaprèsdes jourspasséssansmanger.Elle

n’enavaiteunilaforcenilavolonté.Soudain,uneétrangechaleurl’envahit;ellesemitàtrembler,lasueurperlasursonfront.Sonestomacseretourna.—Jenesuispassûredepouvoir,dit-elleensetenantleventred’unemain.Ellesesentaitnauséeuse,faible;bientôt,ellefutprisedetremblementsincontrôlables.Drakejuraetposapromptementleplateausurlapetitetableavantdeseglissersurlecanapéàcôté

d’ellepourlaprendredanssesbras.—Penche-toienavantetbaisselatête,dit-ilavecdouceur.Respireprofondément.Inspireparlenez,

expireparlabouche.Jevaistechercherdelasoupe.Tupensesquetupourraslamanger?Ellehochapiteusement la tête, sonembarrasgrandissantdeminute enminute.Ellepassaitpourune

idioteincapabledesurvivresanssonhomme.Drake restaassisà sescôtésquelques instantsà lui caresser ledos,puis il luimassadoucement la

nuque.—Çavaallerpendantquejevaistechercherunesoupe?demanda-t-ilàvoixbasse.—O-Oui.Ildéposaunlégerbaisersurlesommetdesoncrâneetdisparutdanslacuisine,pourrevenirquelques

minutesplustardavecunetassefumante.Illaplaçaentresespaumesetluiintimadeboire.Leliquidechaudglissadélicieusementdanssagorgejusqu’àsonestomac,dénouantlatension.Ellese

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détenditetparvintàboirelamoitiédubreuvage,avantdeposerlatassesurlatablebasse.—Tuenaseuassez?demandaDraked’untonbourru.Ellehochalatête;latensionrevintsoudaindanssesmuscles.—Alorsallonstemettreaulit,dit-ilenselevant.Elledéglutit,nerveuse,puisopina.Drakefitglissersesmainssoussoncorpsetlasoulevaducanapé.

Elleatterritcontresontorseavecunbruitsourd,etilrestauninstantsansbouger,seslèvrespresséessursonfront.EllesentitDrakefrissonneretcompritqu’ilétaitaussiaffectéqu’elle.Aussinerveux.Soncœurseserraquandellevitlavulnérabilitéaufonddesesyeux;elleposaunemainsursajoue,le

forçantàlaregarder.—Tum’astellementmanqué,murmura-t-elle.LesyeuxdeDrakes’embrasèrent,traduisantsonprofondsoulagement.—Tum’asmanquéaussi,Ange,murmura-t-il.Jamaisplusjenetelaisseraipartir.TandisqueDrakelaportaitjusqu’àlachambre,ellelaissasesmotspassionnésrésonnerenelle.Les

pensait-ilvraiment?Ous’était-illaisséemporter?Ellenevoulaitpastoutgâcherenluidemandantdeclarifier les choses.Elle avait peurde ceque celapouvait signifier.Le fantasmeétait préférable à laréalitémêmesiellesavaitquece fantasmefinissait toujourspar laisserplaceà ladouloureusevérité.Pour l’instant, avant demieux comprendre sa relation avecDrake et où ils en étaient, elle choisit decroirequ’ilpensaitchacundecesmotsetqu’elleétaitchèreàsoncœur,qu’illachérissaitetvoulait…l’éternité.Leconcepts’évanouitdanssespensées.Elleavaitmêmedumalàl’imaginer,àcausedel’espoirqu’il

lui inspirait : car si ce n’était qu’un rêve, cela la détruirait. Pour une fois, elle ne considérerait pasl’avenir avec le pragmatisme que ses parents lui avaient inculqué. Elle n’essaierait pas de prédirel’avenirnidepenseràl’éventualitéd’uneséparation.Aulieudeça,ellechoisitdevivredansl’instantprésent.Aujourlejour.Defantasmeenrêve.Quandviendraitlemomentdefairefaceàladurevérité,ellechériraitlesbonssouvenirsdutempspasséavecDrakepourlerestedesavie.Carunechoseétaitsûre.Elleavaitbeausepenserpragmatiqueetsavoirquepersonnen’étaitleseulet

l’uniquedanslaviedequelqu’un,ellesavaitsansaucundoutepossiblequ’iln’yauraitjamaispersonnecommeDrakepourelle.Personneneluiarriveraitàlacheville.Drakelaconnaissaitparcœur,peut-êtremêmemieuxqu’elleseconnaissaitelle-même. Il savaitcedontelleavaitbesoinetypourvoyaitavantmêmequ’ellenepuisseenressentirlemanque.Drakeétait sonâmesœur,decellesqu’onnecroisequ’une foisdans savie.Ellenevoulaitpas se

contenterd’unsecondchoix.Jamais.Sielledevaitêtreprivéedesamoitié,cellequiluiétaitdestinée,alorsellechoisiraituneviedesolitudeetchérirait lessouvenirsduseulhommecapablededéchiffrersoncœuretsonâme.Elles’efforçadesereprendre,agacéequesesdoutesgâchentsesretrouvaillesavecDrake.Personne

n’étaitparfait.CequeDrakeavaitfaitétaithorrible.Elleavaitétéhumiliée,dévastée,illuiavaitarrachélecœur.Maissielledevaitlecroire,bienqu’ilneluiaitdonnéaucuneraisondelefaire,sesactes,bienqu’extrêmes,étaientjustifiés.Elleavaitbienvusonexpressionquandilavaitadmissapeurqu’onseserved’ellepourl’affaiblir.

Comme si l’idée qu’on lui fasse du mal l’anéantissait autant qu’il l’avait anéantie par ses actes.Evangelinen’était pas la seule à souffrir de cequ’il s’était passé ce soir-là.Drake avait semblé si…abattu,quandill’avaitsuppliéedelecomprendre,deluipardonner.Sonestomacsenoua,carellen’avaitfaitnil’unnil’autre.Pasencore.Elleavaitencoretroppeurde

lui faire confiance, de se rendre vulnérable une nouvelle fois et de s’exposer à la souffrance et à la

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trahison.Elledevaitseprotéger.OhDrake,jesuisdésolée.Elleavaitlesyeuxhumides,maisrefusaitdegâchercemomentenlaissantlibrecoursàseslarmes.Drake s’étaitmisànudevantelle. Il s’étaitmisà sespieds, etunhommecomme luin’étaitpasdu

genreàserabaisserdevantquiconque,hommeoufemme.Pourtant,c’étaitexactementcequ’ilavaitfait.Ilavait toutrisqué,dontsafierté,pourarrangerleschosesavecelle.Enretour,elleneluiavaitdonnéqueméfiance.Nipitié,nicompréhension,nipardon.Lapaix l’envahitquandelledécidade réparer les tortsentreeuxà la toutepremièreoccasion.Elle

attendraitlemomentparfaitetdonneraitàDrakecequ’illuiavaitoffert.Ellemettraitsonâmeànuetsedévoileraitautantqu’ils’étaitdévoilépourqu’ilssoientsurunpiedd’égalité.Sielledécouvraitqu’elleavaittort–surDrake,surleurrelation,surtout–,alorsellen’auraitaucun

regret à avoir. Si elle ne pouvait contrôler les actes, décisions, pensées ou sentiments deDrake, ellepouvaitcontrôlerlessiens,etenuseravecamour.L’espoir lui réchauffa le cœur, gonflé d’un désir que seul Drake pouvait satisfaire. Cinq jours, ce

n’étaitpas si long, etpourtant, elle avait eu l’impressiondepasseruneéternitéde solitude,unevie àpleurercequ’elleavaitperdu.Elleavait–ilsavaient–unesecondechance.Lachancederéparerleurstortsetdes’offrirunnouveaudépart.EllecomptaitbienprofiterdecetteoccasionetmontreràDrakecombienelletenaitàlui.—Tusemblesêtreàdeskilomètresd’ici,murmuraDrakeenl’allongeantsurlelit.Ellerougit,maisilneleluireprochapas,etneluidemandapasàquoiellepensait.Non,ilentreprit

plutôtdeladéshabiller,marquantdespausespourembrasseretcaresserchaquenouvellezonedepeauexposée.Quandilseredressapourretirersespropresvêtements,elleétaitàboutdesouffle,animéed’unbesoindésespérécommeellen’enavaitjamaisconnu.Elledévora lecorpsmusclédeDrakedesyeux,ses largesépaules, son torsepuissant.Samâchoire

ciselée,sesyeuxbrûlantdumêmedésirqu’elle.Sesjouess’embrasèrentetunevaguedechaleurdéferlaenellelorsqu’elleaperçutsonsexeenérection.Il étaitdur,protubérant, lesveinesgonflées, l’érection le faisantpointervers lehaut, àplat sur son

ventremusclé.Songlandétaithumide,etelleseléchaleslèvressansmêmes’enrendrecompte.Avecunrâle rauque, il ferma lesyeux,son torsesesoulevant rapidementcommes’ilessayaitdese

maîtriser.—Tumetues,Ange.Sais-tuquecescinqderniersjoursontétéuneéternitésanstoi?Ellesouritenentendantcesmots,refletdesesproprespensées.—Etquejem’allongeaisicichaquenuitàmelanguirdetoi,quetumemanquaisàchaqueseconde?

murmura-t-ilavantdes’allongerprèsd’elle.Quejenetrouvaispaslesommeilcarjemedemandaisoùtuétais,situétaisensécurité.Jenevoyaisquetonvisage.J’avaispeurquetunemepardonnespas,queturefusesdemedonneruneautrechance.Jenesuispasentiersanstoi,Ange.Cescinqjoursl’ontprouvésansl’ombred’undoute.Ellesetournasurlecôté,blottietoutcontrelui,etposasondoigtentraversdeseslèvrespourstopper

leflotdereproches.—Chut,monamour.Tun’espasleseulànepasavoirpudormirdelanuit.Jerestaiséveillée,jete

voulaisprèsdemoi,tedésirais,tumemanquaistellement.Jem’endormaisenpleurstouslessoirs.Iltressaillitetfermalesyeux.Lechagrinetleregretselisaientsursonvisage.—Jen’aipasditçapourtefaireculpabiliser,murmura-t-elle.Seulementpourtefairesavoirquenous

avons tous les deux souffert.Que nous avons tous les deux eu nos peines.Mais nous avons une autrechanceàprésent.Faisonsensortequecesoitparfaitcettefois.

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—Jeneteméritepas.Tuestropdouce,tropinnocente,tropcompatissante,tropaimante.Jeneméritepastonpardonettonamour,maisbonsang,j’enaibesoin.J’aibesoindetoi.—Etmoidetoi,dit-elleavantdel’embrasser.Fais-moil’amour,Drake.Fais-moioublierlasolitude

decescinqderniersjours.J’aitellementbesoindetoi.Ilroulasurelle,leregardbrûlant.Ilsemitàcalifourchonsurelle,lesavant-brasposésdechaquecôté

desatête,leregardrivésurlesienjusqu’àcequ’elles’ynoie.Puisilsepenchaetpritseslèvresdansleplustendredesbaisers.—Tuessûre?demanda-t-ild’unevoixtendue.—S’ilteplaît,supplia-t-elledoucement.Ilfittairesasuppliqued’unbaiseretfittournersalanguedanssabouche,lagoûta,faisantl’amouràsa

langueaveclasienne.—Tun’aurasjamaisbesoindesupplierpourquoiquecesoit,jura-t-il.Toutcequej’aiestàtoi.Lecœurd’Evangelineseserra.Ilsemblaitsisérieux,commes’ilfaisaitunvœupourl’éternité.Elle

passasesbrasautourdesoncoupourluirendresonbaiser.—Alorsjeteveux.Maintenant.Dépêche-toi.—Tun’espasprêtepourmoi,dit-il.Jeneveuxpastefairemal.Ellesecoualatête.Elleétaitprête.Plusqueprête.Elleavaitbesoinqu’illapossède.Qu’ilreprenne

possession de son corps de la plus primitive des manières dont un homme pouvait revendiquer unefemme.—Jesuisprête,insista-t-elle.S’ilteplaît,Drake.Tuasditquejen’auraisjamaisàsupplier.Elle écarta les cuisses, s’offrant à lui, puis elle enroula ses jambes autour de la taille deDrake, et

sentitsonsexeenérectioneffleurersonintimité.Les traitsdeDrakeétaient tendus, ilétaitclairqu’il luttait :devait-ilcéderàsa requêteouexercer

davantagederetenue,depeurdeluifairemal?Sesinstinctsfinirentparprendreledessussurleresteetilsepositionnaàsonouverture,puis,aprèsunelégèrehésitation,lesyeuxrivéssursonvisage,ildonnaunpuissantcoupdereins.Evangeline cria etDrake enfouit son visage dans son cou tandis qu’il faisait onduler son corps, le

soufflecourt.Elleplantasesonglesdanssesépaulesetfermalesyeux.Sapossessionétaitsibelle.C’étaitcommerevenirchezsoi.Aprèstantdechagrin,dedésespoir,detristesse,elleétaitrevenuelà

où elle voulait être, avec l’homme avec qui elle voulait être. Elle ne pouvait demander plus que cetinstant,icietmaintenant.—Pourquoipleures-tu,Ange?Elleclignadesyeux ;Drakeavait redressé la têtepour la regarder, l’air inquiet.Ellenes’étaitpas

renducomptequ’ellepleurait.Pourtant,deslarmesroulaienteffectivementsursesjoues.Elleluiadressaunsourirefébrile.—Jesuisheureuse.Tunesaispasàquelpointcescinqderniers joursontétéhorribles.Jepensais

t’avoirperdupourtoujours.LaculpabilitéassombritleregarddeDrakeetildétournabrièvementlatêtepoursereprendreavantde

braquer de nouveau ses yeux sur ceux d’Evangeline. Il se retira lentement, et elle gémit en le sentantglisser contre sa chair sensible. Puis il donna un autre coup de reins, s’enfouissant en elle aussiprofondémentquepossible.—Jamaisplus,jura-t-ilensoutenantsonregard.Lemondeentiersauracequetureprésentespourmoi.

S’enprendreàtoi,ceseralamortassurée.Ellerésistaaumalaisequimenaçaitdes’emparerd’elle,déterminéequ’elleétaitànelaisserplaceà

riend’autrequ’àl’instantprésentetàlamerveilleusesensationdefamiliaritéqu’elleressentaitdansles

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brasdeDrake.—Aime-moi,murmura-t-elleensecambrantcontrelui,enréclamantdavantage.Iln’yavaitaucunetracedel’amantdominateurqu’Evangelineenétaitvenueàdésirerardemmentau

cours de leur liaison.C’était un hommequi lui faisait l’amour avec révérence. Il y avait tendresse etregret dans chaque baiser et chaque caresse. C’était une facette deDrake qu’elle n’avait jamais vue.Certes, il avait su se montrer doux et aimant dans l’intimité, il ne faisait pas toujours étalage de sadomination,maiselledécouvraitlàuncôtésensibledeDrakequil’émouvaitauxlarmes.Elle brûlait de retrouver sa domination – elle en avait besoin – et pourtant, elle se rendit compte

qu’elle avait également besoin de cette tendresse depuis cette affreuse soirée, qui avait développé unmanqueaccrudeconfianceenelle.ElleavaitbesoindecesdeuxfacettesdeDrake:desabrutalitéetdesatendresse.Elleavaitbesoindeson…amour.Pouvait-ellel’espérer?Elle s’efforça de se sortir cette pensée déconcertante de l’esprit et s’abandonna complètement à la

beautédeleursébats,remettantsoncœur,soncorpsetsonâmeauplaisirpuissantquigrandissaitenelle,jusqu’àcequ’ellenepuisseplustenir.—Drake!—Jetetiens,bébé,luisusurra-t-il.Jouisavecmoi.Laisse-toialler.Il donna un puissant coup de reins, faisant onduler ses hanches jusqu’à être tout entier en elle.

L’euphorieinondaitsesveines,levisagedeDrakesetroubla.Evangelineperdittoutcontrôle,submergée,àboutdesouffle.Drake poussa un râle et la serra étroitement dans ses bras. Il donna un dernier coup de reins, puis

enfouitsonvisagedanssoncoutandisqu’ilssombraienttousdeuxdansl’oubli.Il resta longuementallongésurelle,puis il roulasur lecôtésans la lâcher,de tellesortequ’ellese

retrouvaau-dessus.Illaissasesmainslargesetpuissantesparcourirsacolonnevertébrale,etelleblottitsonvisagecontresontorse,embrassantsapeauhumidedesueur.—Nemelaisseplus,murmura-t-elledoucement.Drake resserra son étreinte autour d’elle et elle sentit son corps puissant trembler, trahissant son

émotion.—Non,Ange.J’aitropbesoindetoi.

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Chapitre7

Auréveil,Evangelineétaitblottiedans lachaleuret leconfortdebraspuissants, solidementancréecontreuncorpsmusclé.Illuifallutquelquesinstantspourmettredel’ordredanssesidées.Ellen’étaitplussurlepetitlitdecampdansledébarrasdel’hôtelqu’onavaittransforméenchambrepourelle.Ellen’étaitplusaccabléeparlasolitudeetlechagrin.Lentement, lesévénementsde laveille lui revinrentenmémoire.Drakequiapparaissaità l’hôteloù

elle travaillait, la ramenait à lamaison, lui faisait l’amour. Puis ils avaient dormi quelques heures etpasséunesoiréetranquilleàregarderdesfilms.Ilsavaientcommandéàmangeretelles’étaitendormiedanssesbrassurlecanapé–c’étaitladernièrechosedontellesesouvenait.Manifestement,ill’avaitportéedanslelitsansqu’elleseréveille.Lavivelumièredusoleilquifiltraitàtraverslesstoresl’éblouit.Elles’alarma:ilfaisaittropjour.

Elleseredressaprécipitammentpourregarderl’heuresurlatabledechevetdeDrake.Oh, flûte. Il ne s’était pas réveillé. Il était presque 9 heures et, d’ordinaire, il était parti depuis

longtempsàcetteheure.LesbrasdeDrakes’enroulèrentautourdesa taillepour la ramenercontresoncorpsdélicieusement

chaud.—Rendors-toi,marmonna-t-il.Ellecontemplasonvisageetsesyeuxencorefermésnonsansinquiétude.Elletouchasonépaulepour

obtenirsonattention.Ilouvritparesseusementlespaupièresetlaregarda,lesyeuxbrûlantsdedésir.—Ilestpresque9heures,dit-elleavecinsistance.Ilcontinuadelaregarderparesseusement,sansréagir.Puisilsourit.—Jesaisquelleheureilest.—Maistuesenretard!—C’estmoi lepatron, j’ai ledroitd’êtreen retardà l’occasion.Et il se trouvequ’aujourd’hui, je

préfèrepasserlamatinéeaulitavecmapetiteamiepuisl’emmenerdéjeunerdansunbonrestaurant.Pourlerestedelajournée,nousverrons,maisjesuissûrquejepeuxtrouverunmoyendem’occuper.Le sous-entendu sexuel la fit frémir.Drake tira le drap qu’elle tenait contre ses seins pour le faire

glisserjusqu’àsataille,révélantsestétons.—Voilàunebellemanièredeseréveiller,dit-ild’unevoixsoyeuse.Ilsepenchaenavantetrefermaseslèvresautourdesontéton.Elleretintsonsouffleetfrissonnasous

lacaressedesabouche.Sestétonssemirentinstantanémentàpointeretsonsexepalpitadedésir.—Grimpe-moidessus,grogna-t-il.Maintenant.Oh,commeelleaimaitlecommandementdanssavoix!Elleseréjouitintérieurementquesonamant

dominateurn’aitpasdisparupourdebon.Obéissante,ellesedressasur lesgenouxetpassasa jambeau-dessusdeDrakepour lechevaucher.

Ellesedandinajusqu’àcequesonsexedéjàrigidesedressecontresonentrejambe.—Tuesprêtepourmoi?demanda-t-il.—Oui.Oh,oui,dit-elle,lesoufflecourt.—Montre-moi.Unpeutimidement,elleglissasamainentreeuxpoursefrayeruncheminentresesplisetsetoucher.

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ElleinséraundoigtenellepourlemouilleravantdeletendreàDrakepourqu’ill’inspecte.—Laquestion,c’est:est-cequetuesprêtpourmoi?demanda-t-ellehardiment,lesyeuxbrillants.Amuséparsonimpudence,ilseredressapoursucersondoigt.—Délicieux,ronronna-t-il.Jesuisplusqueprêtpourmachérie.Prends-moi,Ange.Prendstonhomme

etchevauche-lesansrelâche.Nefaispreuved’aucunepitié.—Oh,jen’avaispasl’intentiondeteménager,souffla-t-elle.Tum’astellementmanqué,Drake.Jene

suisentièrequequandjesuisavectoi.Enréponseàsadéclarationpassionnée, il tira la têted’Evangelineà luietécrasases lèvressur les

siennes,dévorantsabouchedansunbaiserquiluicoupalesouffle.Sesmainssefirentpossessivessursoncorps,caressantesetenveloppantes,commes’ilredécouvraitchaquecentimètrecarrédesapeau.Lesbrasd’Evangelinesemirentàtremblerquandellesepenchapourposersespaumesàplatsurses

épaules.Quandellevoulutlepositionneràsonentrée,ill’enempêcha.—Laisse-moifaire.Accroche-toiàmoi.Jenetelaisseraipastomber,bébé.Jeprendraitoujourssoin

detoi.Elleobtempéraetsecambrapourqu’ilpuisseplacersonglandàl’entréedesonvagin.Elleretintson

soufflelorsqu’illapénétradequelquescentimètresàpeine,sanss’aventurerplusloin.Ilretirasamainetposasesdeuxbraslelongdesoncorpssurlelitavantdeleververselledesyeuxlourdsdedésir.— Je suis tout à toi, ronronna-t-il. Prends-moi brutalement. Prends-moi avec douceur et lenteur.

Montre-moitabeautéetdonne-moitonplaisir.Incapabled’attendrepluslongtemps,elleselaissaglissersurluid’uncoup,etlasensationsubitede

plénitudequil’envahitalorsqu’ildistendaitsachairluicoupalesouffle.—Nemelaissepastefairemal,ordonna-t-il.—Tunemeferasjamaismal.Ellesepenchapour l’embrassersanscesserd’alleretvenirsur lui,palpitantautourdesonmembre

gonflé.Ellecontractasesmuscles internes,ondulantautourde lui.LegémissementdeplaisirdeDrake,son

désir pur alimentèrent la confiance d’Evangeline. Avoir un certain pouvoir sur son amant dominateurl’excitait.Prenantsoncourageàdeuxmains,ellesemitàondulersensuellementcontrelui,sesoulevantet se cambrant jusqu’à ce qu’il soit presque libéré de son étau avant de redescendre pour le prendreentièrementenelle.Agrippantlesdrapssifortquesesarticulationsdevinrentexsangues,Drakesoulevaleshanchespour

venir à sa rencontre. Puis, comme s’il était incapable de contrôler son envie de la toucher ou de ladominer,ilposasesmainssurseshanchesetyplantasesdoigtspourlatirerbrutalementverslebas.—Tuessibelle,putain,dit-il,lavoixéraillée.Jenetelaisseraiplusjamais,Evangeline.J’espèrede

toutmoncœurquetuesavecmoi,parcequejenepeuxpastelaisserpartir.J’aibesoindetoi.Lecœurserré,leslarmesauxyeux,EvangelineregardaDrakeavectendresse,leursvisagesàquelques

centimètresl’undel’autre.—Moiaussi,j’aibesoindetoi,Drake.Jenevaisnullepart.Tantquetuveuxdemoi,jesuisàtoi.UnéclatdesatisfactionsemitàbrillersauvagementdanslesyeuxdeDrake.—Embrasse-moi,ordonna-t-il.EllepassasalanguesurleslèvresdeDrakepourqu’illesouvre,puiselles’aventuraau-delàpourle

goûter,absorbersonessence.UnedesmainsdeDrakequittasahanchepours’emmêlersansménagementdanssescheveux,lamaintenantfermementcontresaboucheafinqu’ellenepuissepluss’échapper.—Tuesparfaite,dit-ild’unevoixétranglée.Jeneteméritepas.Pasaprèstoutcequej’aifait,mais

bonsang,jenepeuxpastelaisserpartir.Jemerattraperai,Ange.Jetelejure.

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—C’estdéjàfait,murmura-t-elle.Tuesvenumechercher.Soudain, il lafit roulerpour lacloueraumatelas.Il lapénétra toutentier, luiécartantdavantageles

jambes,ladévoilantcomplètement.Elleétaittouteàlui.—Jenetiendraipaslongtemps,lâcha-t-il,lesdentsserrées.Ettoi,bébé?Jeteveuxavecmoi.Ellecaressasamâchoirepuissante.—Jesuisavectoi,Drake.Net’arrêtepas.Ilfermalesyeuxetprituneprofondeinspiration,profondémentplongéenelle.Puisilsemitàalleret

veniravecardeur,lesondelachaircontrelachairrésonnantdanslapièce.Tous lesmusclesdesoncorpssecontractèrent,prêtspour l’orgasmequimontaitenelleavecforce.

Ellefermalesyeux,maisilluiordonnadelesouvrir,etelleobéit,pourplongersonregarddanscelui,intense,deDrake,luiaussiauborddel’extase.—Maintenant,haleta-t-il.Jouisavecmoi.Laisse-toialler.Maintenant!Illapilonnasisauvagementquelatêted’Evangelineheurtalatêtedelit.Frémissante,elleneputplus

seretenir:ellelaissaéchapperlecriquinedemandaitqu’àsortiretlemondeexplosaautourd’elle.Elleétaitàboutdeforces,l’euphorieremplissantsesveines,sesmusclestotalementrelâchés.Un plaisir doux, indescriptible, la transporta vague après vague. Elle volait, flottait, légère comme

l’air.Deslarmes,nondetristessemaisdejoie,roulèrentsursesjoues.—Ne pleure pas,murmuraDrake en embrassant ses larmes pour les chasser.Ne pleure plus,mon

amour.— C’est plus fort que moi, souffla-t-elle d’une voix tremblante. C’était si beau. Je suis tellement

heureuse,Drake.Alorsquejenepensaisplusjamaisconnaîtrelebonheur.Sa déclaration sincère sembla torturer Drake, qui la prit tendrement dans ses bras sans cesser de

chasserseslarmesdesesbaisers.—Leschosesserontdifférentesàpartirdemaintenant,Ange,dit-ilaveclaplusgrandesincérité.Jete

lejure.Tuesmaseulepriorité.Tonbonheurettasécuritépassentavanttouteautrechose.Meshommesetmoiallonsnousenassurer.Avecletemps,tumeferasdenouveauconfiance.Laisse-moiunechance.—Oh,maisDrake,jetefaisconfiance,dit-elleenposantsamainsursajoue.Tupeuxmecroiresur

parole.Jet’aidéjàpardonné.Nenousappesantissonspassurlepassé,etconcentrons-noussurl’avenir.Visiblementbouleversé,Drakelaissatombersonfrontcontreceluid’Evangeline,lesoufflecourt.Les

paupièrescloses,ill’embrassatendrement.—Jeneteméritepas,répéta-t-ild’unairdésolé.Maisjeseraisperdusijetelaissaispartir.—Jenetelaisseraispasfaire.J’aibesoindetoi,Drake.Jenepeuxpasvivresanstoi.Jeneveuxpas

vivresanstoi.Illaserracontreluidetoutessesforces,tremblantdetoutsoncorps.—Dieumerci,murmura-t-il.Dieumerci.Ilsrestèrentainsienlacésquelquesinstants,puisDrakeroulasurlecôtésanslalâcher,desortequ’ils

restèrentfaceàface.—Jepasselajournéeavectoi,annonça-t-il.Evangelineneputcontenirsasurprise.Ellepensaitquemalgrésonretard,ilserendraitquandmêmeà

sontravail.—Jet’emmènedéjeuner,puisonpourraitallerfaireuntourdecalècheàCentralPark,puisquelques

courses.J’aimeraisquetucuisinespourmoicesoir,qu’onpasselasoiréeici.Ellerougitdeplaisir.—Tuasenviedequelquechoseenparticulier?Ill’embrassa.

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—Surprends-moi.Sonespritsemitaussitôtàtourneràpleinrégime.Lesquellesdesesspécialitésneluiavait-ellepas

encorepréparées?—Demain,jedoisretournertravailler,maisjedemanderaiàundemeshommesdet’accompagneroù

quetuveuillesaller.Evangeline prit peur soudain. Elle n’était pas encore prête à affronter les hommes deDrake. Cette

simplepenséelamortifiait.— Peut-être une autre fois, murmura-t-elle. Je préférerais rester à l’appartement et me détendre,

demain.Ill’embrassaunedernièrefoisavantdesortirdulit.—Commetuveux,bébé.Tun’asqu’àdemander.Elleeutdespapillonsdansleventreenentendantlatendresseetl’affectiondanslavoixdeDrake.Etil

nedisaitpasçapourluifaireplaisir.Iln’étaitpascegenred’homme.Ilétaitdirect,presquetrop,quitteàvexer ses interlocuteurs. Et chacune de ses déclarations depuis qu’il l’avait retrouvée avait étéprofondémentsincère.Draken’avaitpasbesoindedébiterdesplatitudesnideflatterl’egodequiconquepourlepersuaderde

se plier à sa volonté. Avec lui, c’était à prendre ou à laisser. Elle admirait son honnêteté même si,parfois,c’étaitpénible.Aumoins,ellesavaitàquois’enteniraveclui.Pasbesoindesedemanders’ilvoulaitvraimentqu’ellefassepartiedesavie.Elleavaitencoredumalàcomprendrequ’entretouteslesfemmes–plusbelles,plussophistiquées,et

bienplusexpérimentéesqu’elle–ilaitjetésondévolusurelle.Sansréfléchir,sansfaux-semblants,sanstournerautourdupot.Ilprenaitcequ’ilvoulaitetn’acceptaitaucunrefus.Endépitdesesinstinctsféministes,elleseréjouissaitdesadomination,desonautorité,dufaitqu’il

menaitladanseetvoulaitqu’ellelelaisseprendresoind’elle.Ellepréféraitdeloinêtreuneprincessechérieetchoyéeplutôtqu’unecasse-piedsrefusantàDrakede

contrôler sonexistence. Il luidonnait la sensationd’être la seule femmeaumondeà sesyeux, laplusbelle de toutes.Evangeline lui appartenait corps et âme, etmalgré toutes les femmes queDrake avaitconnues,c’étaitellequiétaitdanssonlit.Celavoulaitbiendirequelquechose,non?Cetteconfianceenelle toutenouvelle laboostaitcommejamais.Pourautant,ellenedevaitpasêtre

trop arrogante. Il n’était pas exclu qu’elle soit seulement un défi pour lui, un divertissement. Drakepouvaitselasserd’elle,commeils’étaitlassédesautres,enmald’unnouveaudéfiàrelever.Ellesemorditlalèvre,enproieàunecertainedétresse.Arrête,Evangeline!Pourl’amourduciel,reprends-toiunpeu.SiDrakeétait réellement investidans leur relation, sonmanqued’assuranceetde confianceenelle

finiraitparlefairefuir.Etnonl’inverse.Ilt’achoisie.Ilauraitpuavoirn’importequellefemmeetpourtant,ilt’arepéréesurunecaméra

desurveillanceett’achoisie.Cen’étaitpasanodin.Bienqu’Evangelinen’aitpaspassébeaucoupdetempsdansleclubdeDrake,ellen’étaitpasaveugle.

Elleavaitbienvul’éventaildesomptueusescréaturesquipeuplait l’endroit,detoutestailles,origines,carrures;certainespetitesetpulpeuses,d’autresgrandesavecdesjambesàtomberetunsourireultra-bright, sans parler de leurs chevelures, de leurs peaux, de leurs vêtements et de leur maquillageimpeccable.Pourtant,pourune raisonqui lui échappait,Drakeavait jeté sondévolu sur elle et l’avaitpossédée

quelques minutes seulement après leur première rencontre. Elle secoua la tête. Ce genre de chosesn’arrivaitpasàunefillecommeelle,venued’untroupauméduMississippi.Elleétaitmaladroite,timide

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et extrêmement prude, raison pour laquelle elle n’avait perdu que récemment sa virginité – avec unhomme qui n’était pas pour elle. Et naïve de surcroît. Elle devait être la fille la plus crédule de laplanète.AlorsquediableDrakeluitrouvait-il?—Evangeline,qu’est-cequinevapas?demandabrusquementDrake.Ellerougitqu’illasurprenneainsiperduedanssespensées.Horsdequestionqu’elleconfieàDrake

cequioccupait sonesprit,malgré sapropensionà toujoursdire lavérité, sigênante soit elle.Pour lapremière fois, elleallait luimentir, alorsqu’elleavaitpromisdene jamais le faire.Mais lavériténeferait que le mettre en colère et gâcherait ce qui avait été une matinée parfaite. Ce n’était pasdommageable:elleneletrahissaitpas,ellenementaitpassurunechosevitale.Malgrétout,celanelaréconfortapas.Elledétestaitmentir.—Jemedemandaiscequej’allaispouvoirfaireàmangercesoir,dit-elleaveclégèreté.Elle rougit de plus belle sous le regard intense deDrake, qui n’avalait pas son excuse pathétique.

Pourtant,àsagrandesurprise,iln’exigeaaucuneexplication.—Allonsprendreunedouche,puisnousironsmanger.Ensuite,jet’emmènefairecetourencalèche.Ellesoupiradebonheur.—Voilàquis’annoncecommeunejournéeparfaite.

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Chapitre8

—TucompteslaisserEvangelinesortirdel’appartementunjour?demandaMaddoxd’untonsec.Drakelevabrusquementlatêtepourétudierseshommes;ilsavaienttousaufonddesyeuxlaquestion

queMaddoxavaitformulée.Questionquisortaitdenullepartetn’avaitrienàvoiraveclesaffairesdontils discutaient. D’ailleurs, ses affaires personnelles n’étaient pas ouvertes à la discussion. Il fallaitmanifestementqu’ilclarifiecepoint.—Dequoituparles?JenevoispasenquoimarelationavecEvangelineteregarde.Sontonétaitglacial,toutcommesonexpressionalorsqu’iljaugeaitseshommes.Ladésapprobationse

lisaitdansleursyeux,cequilemettaithorsdelui.Ilétaittentédelescorrigerunàun.Ilétaitdansdesalesdrapss’ilssemettaientàjugersonintimité.—Oh,jenesaispas.Voyons.Ellen’apasmisunpieddehorsdepuisquetul’asretrouvée.Personne

nel’avue.Tudevaisofficialiservotrerelation,maisellesefaitencoreplusrarequ’avant.IlyavaitunecritiqueimplicitedanslavoixdeMaddox.CommesiDrakelacachaitintentionnellement.— Elle est libre d’aller et venir comme bon lui semble, répondit Drake avec froideur. Elle est

conscientedelanécessitéd’unesécuritérenforcée,etellel’accepte.Jeluiaiproposéquel’undevousl’accompagneoùelleveut,maisjusqu’àprésentellearefusé,ellepréfèreresteràlamaison.—Bonsang,elleestsûrementmortedehonte,ditJusticeavecdégoût.Elleignorecequenoussavons

detoutecetteaffaire,mêmesielledoitsoupçonnerquenoussommesdans laconfidencedesmoindresdétails.C’estcompréhensible,qu’ellenesoitpaspresséed’affronterlejugementdesautres.—Quiaditqu’elleseraitjugée?demandaSilas,furieux.Justiceluilançaunregardimpatient.—Evangelineasafierté.Jenedispasquenouslajugerons.Ellen’arienfaitdemal,insista-t-ilavec

unregardsanséquivoqueàl’intentiondeDrake,quimontralesdents.Maisellenesaitpascequenousenpensons,cequenoussavons,nidequelcôténoussommes.Ilyadeforteschancespourqu’ellenousévite.Jeneluienveuxpas.Jeferaislamêmechoseàsaplace.Danssonesprit,elles’estsuffisammentcouvertedehonte.—Putain,grognaMaddox.Jerefusedelalaissercroireça.Silaslevalamainpourlefairetaire.—Jevaism’occuperd’Evangeline.Drakefusillasonhommedemainduregard.—Ahoui?Silassoutintsonregardsansciller.—Oui.Jeluiassureraiquequellesquesoientlesconneriesqu’ellesepasseenboucledanslatête,ce

nesont,justement,quedesconneries.Nousavionsunaccord,mangerensembleunefoisparsemaine.Jevaisdoncacheteràmangeretallercheztoidemainpourluiremettrelesidéesenplace.Horsdequestionqu’ellesecachedehontepourunehistoiredanslaquelleelleétaitinnocente.Drakeétaitàdeuxdoigtsdeperdresonsang-froid.SeullefaitdesavoirqueSilasétaitd’uneloyautéà

touteépreuveluipermitdecontrôlersacolèrefaceà lacondamnationdanssavoix.Draken’avaitpasbesoinqueseshommesluirappellentsonerreur;ils’envoulaitsuffisammentcommeça.Saragelequittaaussivitequ’elleétaitapparue.IlappréciaitlerespectdeSilasenversEvangeline,et

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le fait qu’il prenne sa défense. D’habitude, cette bienveillance se limitait au cercle restreint de seshommesdemain.OfficialisersarelationterrifiaitDrake–uneémotionquiluiétaitétrangère.Néanmoins,sielledevait

être rendue publique, il avait besoin de la loyauté inconditionnelle de chacun de ses hommes enversEvangeline,carilcomptaitsureuxautantquesurlui-mêmepourassurersasécuritévingt-quatreheuressurvingt-quatre.LaconclusiondeJusticeétaitcorrecte.Drakes’envoulaitdenepasyavoirsongé,mais ilsemblait

hautementprobablequ’Evangelinesoitmortifiéeà l’idéed’affronter seshommes.Cette soirée-làavaitétéhumiliantepourlajeunefemme.Ilétaitévidentqu’ellen’auraitaucuneenviedeseretrouverfaceàdeshommesquienconnaissaienttouslesdétails.IlavaitégalementraisonsurEvangeline:elleétaitfière.C’étaitl’unedeschosesqueDrakeadmirait

lepluschezelle.—Silasaraison,concédaDrake.IlfautapaiserlestensionsetmettreEvangelineàl’aise.Jerefuse

qu’ellesesentemalàl’aiseenprésencedeceuxàquijeconfiesavie.Ilmarquaunepauseetadressaunregardd’acieràchacundeseshommes.—Cependant,unefoisqueSilasauramis leschosesauclair,cettesoiréenedevraêtreabordéeen

aucun cas en présence d’Evangeline.Àmoins qu’elle n’en parle, ce doit être oublié, et si elle devaitaborderlesujet,vousnedirezrienquipuisselacontrarieroulagênerdequelquemanièrequecesoit.J’aibienfailliladétruireenessayantdelagarderhorsduradardesLuconi,etjen’autoriserairienquipuisselafairedavantagesouffrir.Maddoxgrognadedégoût.—Tunousprendspourqui?Evangelineestunefemmedouce.Bientropinnocenteetcompatissante

pour son bien. Lui faire dumal, ce serait comme frapper un chiot. Seul un connard fini essaierait del’humilier.—Jeveuxseulementm’assurerquenous sommes tous sur lamême longueurd’onde,dit calmement

Drake.Jenelalaisseraipaspartir,cequiveutdirequ’elleferapartiedenosviesquotidiennes.PlustôtSilasauracalmélestroublesetmisEvangelineàl’aise,plusvitecettesoiréeseraoubliée.—Jem’enoccupedèsdemain,réaffirmaSilas.Drakeopina.—Jecomptesurtoi.Maddox,tudevraispeut-êtrefairesortirEvangelineaprès-demain.Qu’elleaille

fairedescourses.Elleaimecuisineretavoirlasensationqu’elleapporteunecontribution,qu’ellevautquelquechose.Jeneluienlèveraipasça.Vas-yavecJustice.Elleabesoindeseréhabitueràêtreavecvoussansqu’ilyaitaucunegêne.—Ellepeutcuisinerpourmoiquandelleveut,ditJustice.Sijesuissage,jepeuxpeut-êtreespérerune

invitationàdîner!Drake leva lesyeuxauciel tandisque lesautresrenchérissaient, louantses talentsculinaireset leur

envie d’être également invités à dîner. Drake n’était pas stupide : ses hommes n’appréciaient passeulementlestalentsdecuisinièredelajeunefemme.S’ilnefaisaitpasattentionetperdaitEvangelineunenouvellefois,ilsn’hésiteraientpasàlacouvrird’attentionspoursefaireuneplacedanssoncœur.Ilseraitalorsobligédesévir.Drakeselaissaretombercontreledossierdesachaiseets’adressaàSilas.—Jeveuxêtreaucourantdetoutcequisepasse.CommemarelationavecEvangelinevaêtrerendue

publique,jeveuxquetoutlemondesoitsurlequi-vive,etêtreinformédetoutemenacepossibleavantqu’ellenesoitproférée.—Jesuisdéjàdessus,réponditSilas,imperturbable.J’aidesyeuxetdesoreillespartout.Siquelqu’un

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prépareuncoup,jelesaurai.Dumomentqu’onnelaissepasEvangelineseule,notammentenville,elleseraensécurité.Drakefronçalessourcils.— Elle ne sortira jamais en ville sans être escortée. Elle n’ira nulle part sans protection, et des

sentinellesserontpostéesàl’appartementquandelleseraseuleenjournée.—Tu sais, lemeilleurmoyen pour accréditer les rumeurs de ton attachement sérieux àEvangeline

seraitdetemontreràunévénementavecelleàtonbras,indiquaHartley.Tun’esjamaisalléaccompagnéàaucuneréception.Tujouestoujoursleloupsolitaireinaccessible,lesraresfoisoùtuparaisensociété.Jepensequecela ferait sensation.Sème la rumeurd’une relationsérieuseavecEvangeline,et toute lavilleenparlera.Drakeseraiditetserralesdents.L’idéedeseservird’Evangelineoudel’exhibercommeunanimalde

foirepoursefairecomprendreluidéplaisait.Celadit,Hartleyn’avaitpastort:s’ilvoulaitfairesavoiràtous qu’Evangeline était sa reine et que quiconque l’ennuyait connaîtrait unemort atroce, il devait enapporterunepreuveconcrète.Desactesdevaientconfirmersespropos.Ce qui impliquait une soirée en société, à côtoyer des gens qu’il méprisait ou inversement, qui

cherchaientsonappuiousonsoutienfinancier,ousimplementdesgensqu’il trouvaitennuyeuxet faux.Aucundecesscénariosn’étaittrèsexcitant.EtexposerEvangelineàuntelniddevipèresluilaissaitungoût amer. Elle neméritait pas d’être raillée et tyrannisée, et elle neméritait certainement pas d’êtretourmentéeetpersécutéepoursonabsencedestatutsocial.Il aimait et respectait sa fraîcheur et le fait qu’elle n’était pas rongée, comme tant d’autres, par la

cupidité et l’ambition. Elle était authentique, et, un mois auparavant, il n’aurait pas cru qu’une tellepersonnepuisseexister,àpartdansunmondeoùtoutétaittropbeaupourêtrevrai.Ilétaitdevenucyniqueetdésabusédèssonplusjeuneâge–iln’avaitpaseulechoix.Evangelineétaituneboufféed’airfrais.Jamaisiln’avaitrencontréquelqu’uncommeelle.Elleluifaisaitcroireàlabontédanslemonde,mêmeenquantitélimitée.Elleétaitl’incarnationdesonsurnom:unange.Essentiellementbonneetincapabledetromperieoude

trahison.Bonsang.Ilsecomportaitcommeunadolescentamoureuxquiauraitignorécommentfonctionnelemonderéel.C’étaitEvangelinequinecomprenaitpaslanatureperfidedel’humanité,etilétaitdudevoirdeDrake

delaprotégerdeceuxquiferaientpeudecasdeladétruireetdeprofiterd’elle.Il grimaça intérieurement. On aurait pu croire qu’il critiquait Evangeline. Comme si elle était bête

commesespieds,alorsqueriennepouvaitêtremoinsvrai.Cen’étaitpasqu’ellen’avaitpasdeprisesurla réalité – elle en avait fait l’expérience directe avec son premier amant et à présent avec Drake,l’homme qui avait juré de ne jamais lui faire de mal. Seulement, elle était immensément douce etchoisissaitdevoirlebonchezlesautres,jamaislemauvais,àmoinsdenepasavoird’autrechoix.Soncœurétaittroptendre,etc’étaitpourcelaqu’elleavaitbesoindequelqu’unpourlaprotégerdeceuxquiprofiteraientdesoncœurgénéreux.—Certainsd’entrevousnousaccompagneront,ordonnaDrake.J’ytiens.Jeneveuxpaslajeteraux

loups, car vous et moi savons qu’ils s’en donneront à cœur joie. Elle sera encadrée par un grouped’hommesetmoi-mêmeenpermanenceetpersonne,jedisbienpersonne,nepasseraàtraversvouspourl’atteindreetluibourrerlecrânedeconneries,ouluidonnerlesentimentdenepasêtreàsaplace.Sinon,vouspouvezdireadieuàvoscouilles.—C’estdesfemmesquetuvasdevoirteméfier.Bienplusquedeshommes,déclaraMaddox.Dèsque

lesfemmesquetuasquittéesoupurementetsimplementrejetéeslaverrontàtonbras,alorsqu’aucune

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femmen’estjamaisàtonbras,ellesvontsortirlesgriffespouressayerdelaréduireenpièces.Lesautreshochèrentgravementlatête.— Raison pour laquelle vous allez former une barrière impénétrable autour d’elle et chasserez

quiconqueessaieradel’atteindre,ditDrakeavecemphase.Zandergrogna.—Merde.Çaveutdirequ’ilvafalloirquejemetteunfoutucostume?Thanericana.—Sinousdevonssouffrir,toiaussi.—Cen’estpasuneblague,intervintDrake,demarbre.IlfautprotégerEvangelineàtoutprix.Jerefuse

qu’elle soit de nouveau malmenée ou humiliée. Si quelqu’un vous échappe, c’est à moi que vousrépondrez.C’estcompris?—Evangelinenousappartient,boss,réponditJustice.Enfin,ellevousappartient,maisparprocuration,

ellenousappartient.Ilfaudraitmepassersurlecorpspourl’atteindre.Drake étudia ses hommes. Justice disait vrai.Evangeline leur appartenait effectivement à tous.Elle

étaitl’uned’entreeux,cequivoulaitdirequ’ilslaprotégeraienttouscommeilsseprotégeaientlesunslesautres.D’unhochementdetête,DrakeacceptalapromessedeseshommesdeprotégerEvangeline.Latension

qui luinouait les entraillesdepuisqu’il avaitdécidéd’officialiser sa relationavec la jeune femmesedissipa,etilsedétenditpourlapremièrefoisdepuisqu’Evangelinel’avaitquitté.Ilpouvaitcomptersurseshommes–sesfrères.Lacrèmedelacrème.Ilavaittouteconfianceeneuxet

remettait lavied’Evangelineentre leursmains. Il savaitque lesmotsde Justicen’étaientpasquedesparoles en l’air. Tous donneraient leurs vies pour Evangeline, comme ils la donneraient pour lui. Cegenredeloyauténes’achetaitpas.Elleseméritaitetdevaitêtrerendue:Drakeferaittoutpoureux,etilslesavaient.—Jevaispassermesinvitationsenrevue.Ilyenatoujoursunepilesurmonbureau.Jevaischoisir

celle qui nous garantira le plus de publicité et nous mettra en scène pour qu’on ne puisse pas seméprendre.Après cette soirée, tout lemonde saura qu’Evangelinem’appartient et qu’elle est sousmaprotectionabsolue.SilastransperçaDrakeduregard,commepourdéchiffrersespensées.—C’esttoutcequec’est?Unemiseenscène?demanda-t-il,menaçant.LestraitsdeDrakedevinrentglacialsetilsoutintleregarddeSilasaveclamêmeintensité.—Elleestàmoietc’esttoutcequetuasbesoindesavoir.Cequ’ilyaentreEvangelineetmoiest

entrenous,cen’estpasouvertàladiscussionniàl’analyse.Silas pinça les lèvresmais n’insista pas.Maddox ne semblait pas non plus ravi de la réponse de

Drake,maiscommeSilas,illaissacouler.—Bien,sic’esttoutcedontnousavionsàdiscuter,çasuffitpouraujourd’hui,annonçaDrake.Jereste

à la maison ce soir, donc j’ai besoin que Zander, Hartley et toi, vous assuriez.Maddox, s’il y a unproblème,appelle-moi.Nousn’avonspasprévudesortir,maisjepeuxtoujoursl’emmeneravecmoisivousavezbesoinquejevienne.

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Chapitre9

Agitéeet tendue,Evangeline faisait lescentpasdans le salondeDrake.Elleétait àdeuxdoigtsdedevenircomplètementzinzinàcausedel’isolementqu’elles’étaitimposécesderniersjours.Ellevoulaitsortir,prendrel’air,allermarcher,n’importequoi.Maispourcefaire,elleavaitbesoind’uneéquipedesécuritécomposéedeshommesdeDrake,alorsquel’idéedelesaffronterlamortifiait.Ellen’avaitaucuneraisond’êtrehonteuse.Ellen’étaitpasfautive,maisellenesupportaitpasl’idée

d’affronterleursregardsensachantqu’ilsétaientaucourantdel’humiliationqu’elleavaitvécue.Qu’elledécèleun jugementoude lacompassiondans leursyeux,cette situation lamettaitprofondémentmalàl’aise.Avec un soupir, elle se laissa tomber sur le canapé. Il fallait qu’elle trouve quelque chose pour

s’occuper.Personnenepouvaitrestersansrienfaire.Ellerépugnaitàsedirequ’elleétaitdevenueunedecesfemmesquin’avaientpasdeviepropre,nevivantqu’àtraversleurhomme.Cen’étaitpasuneabrutiefinie,maiscen’étaitpasécritsursonvisage.Dieusavaitqu’ellenesecomportaitpascommeunefemmeindépendanteetautonome.Était-elle folle d’accepter si facilement que Drake revienne dans sa vie ? Il restait beaucoup de

questionssansréponsedanssonesprit–desquestionsauxquellesellen’étaitpascertainedevouloirderéponse–maisenmême temps,une inquiétude la tiraillait.Ellenepouvaitpasvivredans l’ignoranceindéfiniment,si?Elle ne pouvait pas vivre sa vie avec la tête dans le sable, comme une lâche.Bientôt, elle devrait

affronterDrakeetluiposerlesquestionsquilarongeaient.Mêmesicelaimpliquaitdeleperdre.Accabléeparlechagrin,ellefermalesyeux.Non,ellen’iraitpasjusque-là.Ildevaitbienyavoirune

explication parfaitement raisonnable pour expliquer que Drake se drape dans un tel secret, mette enœuvredetellesmesuresdesécurité,etfassepreuved’untelexcèsdezèleausujetdesasécurité.Commeledisaitsouventsamère,ilvautmieuxnepasallerau-devantdesennuis.Une sonnerie la tira brusquement de ses pensées. Elle se leva d’un bond pour se précipiter à

l’interphone.—Oui?Savoixétaittremblante;elleprituneprofondeinspirationpourcalmersesnerfs.—Mademoiselle Hawthorn – Evangeline, dit Edward d’une voix amicale. Vous avez de la visite.

Dois-jelefairemonterouluidirequevousnerecevezpasdevisiteurs?Son pouls s’emballa. Qui donc pouvait lui rendre visite ? Eddy n’était pas si stupide. Non, ce ne

pouvaitpasêtrelui.—Quiest-ce?demanda-t-elle,surladéfensive.—IlseprénommeSilas.IltravailleavecM.Donovan,commevousdevezlesavoir.Sonventresenoua.Ellen’étaitpasencoreprêteàaffronterundeshommesdeDrake.Quefaisait-il

ici ?Elle était à deuxdoigts dedire àEdwardqu’elle était indisposée, quand elle sedit qu’il fallaitqu’ellecessed’êtresilâche.Épaulesredressées,elleinspiraunboncoupavantderépondre:—Faites-lemonter,Edward,etmerci.—Avecplaisir,Evangeline,dit-ilchaleureusement.

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Ellefitlescentpas,agitée,enattendantquel’ascenseurarrive.Jusqu’àcequ’elleprenneconsciencequ’elle se tenait juste devant les portes,montrant par là à quel point cette visite inattendue la rendaitnerveuse.Elleseprécipitaalorsdanslesalon,allumalatélévision,ets’installadanslecanapécommesielle avait passé la journée à se détendre sans se soucier de rien. Elle n’avait aucune envie que leshommesdeDrakelavoientcommeunefaiblefemme.Ellesecrispaquandlesportesdel’ascenseurs’ouvrirent,maisfitdesonmieuxpoursedétendreavant

deselever,unsourireaccueillantsurlevisage.Elleavaitl’impressiond’avoirlestraitsfigésdansuneexpressionfausse.Ilnerestaitplusqu’àespérerqueSilasnevoiepasquecen’étaitqu’unefaçade.Quandelle fit le tourducanapépour l’accueillir,elle fut surprisede le trouver lesbraschargésde

sacs remplis de nourriture. Perplexe, elle se précipita pour le débarrasser de ceux du dessus avec unregardinterrogateur.—C’estenquelhonneur?Ilposalessacssurl’îlotcentraldelacuisineavantdeladébarrasserdeceuxqu’elleportait.Puisil

sortitlesrécipientsunàunpourlesalignersurlecomptoir,commeunbuffet.—Nous étions convenus demanger ensemble une fois par semaine, expliqua-t-il calmement. Tu as

oublié?Ellerougit,lesjouesenfeu,etdétournaleregard.—Non,souffla-t-elle.C’estjustequejecroyais…—Tucroyaisquoi?demanda-t-ilsansdétour.Ellehumectaseslèvressèchesetsetrémoussa,tordantsesdoigtsavecnervosité.—Jen’étaispascertainequetuvoudraisencorevenirmangeravecmoi,murmura-t-elle.Silaslaissaéchapperunflotdejurons,lafaisanttressaillir.Puisiltenditlamainpourprendreunedes

siennesentresespaumes.—Regarde-moi,Evangeline.Cen’étaitpasunerequête,onnepouvaits’yméprendre:c’étaitunordre.Àcontrecœur,ellelevala

têtepourleregarderdanslesyeux,etlacolèrenoirequ’elleylutfaillitlafairedéguerpir.Ilavaitl’air…dangereux.Etétaitextrêmementfurieux.—Écoute-moi, Evangeline, et écoute-moi bien, parce que je ne vais le dire qu’une fois, et tu vas

retenircequejetedis,oujetejurequejemettraimamenacedetefesseràexécution.Elleavalasasalive,lesyeuxécarquillés,paniquée.—Tun’asrien faitdemal,dit-il, incisif.Tun’espasàblâmerpourcequ’ils’estpassécesoir-là.

C’estDrakeleseulresponsable,maisilafaitlaseulechosequ’ilpouvaitfairepourteprotégerdansunesituationimpossible.Ilignoraittotalementquetuseraislà.S’ill’avaitsu,iln’auraitjamaisramenéceshommes.Ils’enveut,et jenepeuxpasdirequejesoistrèscontentdeluinonplus.Maiscrois-moi, ils’enmordlesdoigtsetpersonnenel’apuniplusqu’ilnes’estpunilui-mêmepourcequ’ilt’afait.—Ilm’aexpliqué,murmuraEvangeline.Jenecomprendspastout,maisiladitlamêmechosequetoi.—Maintenant, tu veux peut-êtrem’expliquer pourquoi tu penses que les autres gars oumoi-même

pourrionstetenirresponsableoupenserdumaldetoi,alorsquec’esttoiquiasétéblesséeethumiliée?Ellesemorditlalèvre,déterminéeànepaspleurer.Elleavaitassezpleuré.Terminé.Ilétaittempsde

releverlatêteetd’êtreforte.Elleétaitd’uneautretrempe.Commentpouvait-ellesemontrerdigned’unhommecommeDrakesiellefaisaitsapleurnicheuseenpermanence?Commeellenerépondaitpastoutdesuite,Silassoupiraetserrasamainpourlaréconforter.—LesgarsetmoisoutenonsDrake.Inconditionnellement.Nousdonnerionstousnotreviepourluisans

hésiter,etilferaitlamêmechosepournous.Cetteloyautéetcetteprotections’étendentàtoi,etquiplusest,notreprotectionn’estpasliéeàtarelationavecDrake.Plusmaintenant.S’ildevaitsepasserquelque

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choseentreDrakeettoi,notreloyautéenverstoines’envoleraitpas.Situasbesoindequoiquecesoit,jeveuxquetunouscontactes,etsitunepeuxpasterésoudreàlefaire,jeveuxquetumecontactes.Pourtoutetn’importequoi.Compris?Elleledévisagea,incrédule.—Maisjenesuispersonne!Ettunemeconnaismêmepassibienqueça.Taloyautéréside,àraison,

auprèsdeDrake.— Voilà, tu m’énerves encore plus, grogna-t-il. Ça me ferait mal de laisser une femme innocente

souffrir alorsqu’ellen’a rien faitdeplusqued’êtreunebellepersonne.Et si celadoitmecoûtermarelation avec Drake, qu’il en soit ainsi. J’ai l’habitude d’être un loup solitaire et de ne répondre àpersonne.Allez,mettonsfinàcetteconversationridicule.Ledînervarefroidir.Troubléeparsadéclarationemphatique,elleallasortirplusieursassiettesduplacardetdesustensiles

dutiroir.Quandellerevintàl’îlot,Silasétaitentraind’ouvrirlesrécipients.—Jenesavaispasdequoi tuavaisenvie,donc j’aiprisunassortiment. J’ai tous tesplats thaïset

chinois préférés, et des trucs à grignoter : ailes de poulet, bâtonnets au fromage, sauce aux épinards,nachos,deuxsortesdenuggets,etquelquesautrestrucsquej’aiprispourquetugoûtes.Elleeutl’eauàlaboucheetsonventresemitàgargouiller.—Ça a l’air délicieux, souffla-t-elle avant de lever la tête pour le regarder avec reconnaissance.

Merci,Silas.Çametoucheénormément.Sonexpressions’adoucit.—La semaine prochaine, je prendrai des plats à découvrir. Aujourd’hui, je voulais t’apporter des

chosesquejesavaisquetuaimerais.—J’aihâte,dit-elleentoutehonnêteté.Jedétesteresterenferméeici.Jedeviensfolle.Ilfronçalessourcils.—Alorsilestpeut-êtretempsquetucessesdeteterrerdansl’appartementetquetusortesunpeu.Tu

n’asaucuneraisond’êtrehonteuseavecmoi,niaveclesautreshommesdeDrake.Noussavonstousqu’ilaétécon.Etriendetoutçan’étaittafaute.Demainmatin,Maddoxetd’autresvontvenirtechercherpourallerfairequelquescourses.—Pourquoi?demanda-t-elle,encoreplustroublée.Jen’aibesoinderien.Ilritdoucementetelleleregarda,ébahie:Silasn’étaitpasunhommequiavaittendanceàrire.Cela

changeaitsestraitsdutoutautout;ilsemblaitplusjeuneetétaittrèsséduisant.—Quiaditqu’ilfallaitavoirbesoindequelquechosepourallerfairedesemplettes?C’estfaitpour

s’amuser,sij’encroislesfemmes.—J’imaginequejepourraiscommencermescoursesdeNoël,songea-t-elle.Mêmesiellesedemandaitcommentelleallaits’ensortir,avecsonapportlimité,maintenantqu’elle

avaitunelisteplussubstantielledepersonnesàquioffrirdescadeaux.Silasne laquittaitpasduregard,commes’il lisaitenellecommedansun livreouvert.Quand ilse

levabrusquementpourallerouvrirletiroiroùelleavaitrangélescartesdecréditetleliquidequ’illuiavaitdonnés,elleserenditcomptequec’étaitexactementcequ’ilavaitfait.Ilavaitludanssespenséescommesielless’affichaientenlettresgéantesau-dessusdesatête.—Tuasoubliétonargentettescartesdecrédit?demanda-t-il.Ellesecoualatête,penaude.—Alorstusaisquetudoist’enservir,insista-t-il.—Cen’estpasfacilepourmoi,Silas,soupira-t-elle.Jedétestel’idéed’êtreunefemmeentretenueet

denerienfaire.L’expressiondeSilasseradoucitetilfermaletiroiravantdeserasseoir.

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— Je comprends la fierté, Evangeline. Et je la respecte. Drake a plus d’argent qu’il ne peut endépenserendixvies.Lepeuquetudépenserasneluimanquerapas.Maiss’ilsaitqueturefusesdeteservir de son argent ou de ses cartes de crédit, il ne sera pas content. Il se sent déjà suffisammentcoupablepourcequ’ilt’estarrivécesoir-làetpoursonrôledanscettehistoireatroce.Vas-tuencorelepunirenrefusantleschosesqu’ilveuttedonner?Elleleregardabouchebée.Iln’avaitpastort.Ellen’avaitaucuneenviedepunirDrakedavantage.Ils

avaienttousdeuxsuffisammentsouffert,etellenedésiraitqu’unechose:tournerlapageetoubliercettesoirée.—C’estsiimportantqueçapourlui?demanda-t-elledoucement.—Çaneleseraitpaspourtoi?Siquelqu’unàquitutiensrefusaitd’acceptertoutcequetuluidonnes,

çanetedérangeraitpas?Ellesemorditlalèvreethochalatêtelentement.—JesaisdesourcesûrequeDrakevat’inviteràuneréception,unsoir,bientôt.Tupourraispeut-être

profiterde lasortieshoppingdemainpour t’acheterune robeetdeschaussuresadaptées.Drakeestunpersonnagetrèsimportantdanslescerclesdanslesquelsilévolue,etmêmes’ilpréféreraitsecouperlalangueplutôtquedetedirecommentt’habiller,jeteconnaissuffisammentpoursavoirquetuesfièreetquetuvoudraisqueDrakesoitfierdetoi.Evangelinefittournersesméninges.—Uneréception?Quelleréception?—Jenesaispasquelleinvitationiladécidéd’accepter,réponditSilas.Maisceserapourfairepasser

unmessage.Unmessagequineprêterapasàconfusion.Ilveutquelemondesachequetuesàlui.Alorsmets-les tousKO.Achète une robe canon pour que tous les hommes de l’assemblée soient jaloux deDrake,unerobequiluidonneraenviedetetouchertoutelasoirée.Evangelineéclataderire.—Tuastantconfianceenmoiqueça?UnelueuramuséeilluminaleregardsombredeSilas.—Évidemment.—D’accord.JeneveuxpasfairehonteàDrake.Puis-jecomptersurMaddoxet lesautrespourme

donnerhonnêtementleuravissurunerobeetdeschaussures?—Laisse-moileurenparler.Jeneveuxpasentendredirequetuasrefuséqu’ilst’achètentcedonttu

asbesoin.Compris,Evangeline?Ellesoupira.—Oui,j’aicompris.Bon,onpeutmangeravantquecesoitfroid?Silasluiadressaunregardsanséquivoque:ilsavaitqu’ellechangeaitintentionnellementdesujet.Elle

n’était pas stupide.Oui, Silas avait été très gentil avec elle,mais elle savait très bien que si elle luidésobéissaitoul’énervaitdequelquemanièrequecesoit,elleseretrouveraitentraversdesesgenouxavecsamainsursesfessesenunefractiondeseconde.

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Chapitre10

Uneheure après le départ deSilas, dans la salle de bains,Evangeline essayait de se décider entreaccueillirDrakedansunnégligésexyourenonceràtoutvêtementpourl’attendrenuedanslesalon.Depuisqu’elleétaitrevenue,lerituelquotidienvoulantqu’elleattendesonretouravaitétémisdecôté,

etDrakeneluiavaitrienditàcesujet.Ils’étaitmontré,pourtoutdire,extrêmementprudent.Commes’ilavaitpeurdelaperdres’ildisaitunmotoufaisaitungestedetravers.Elleenavaitassez.Laseulefaçondemettrecettehorriblesoiréederrièreeuxpourdebonétaitqueles

choses reviennent à lanormaleaussivitequepossible.Elle étaitprête à faire tout cequi était en sonpouvoir pour lui faire savoir qu’elle n’avait pas l’intention de partir et qu’il ne la perdrait que s’ilchoisissaitdemettrefinàleurrelation.Àcompterdecesoir.Ellepassa lepetitboutdedentelle soyeusequiavait laprétentiondepasserpourunenuisette,puis

décidadenepass’embêter.EllevoulaitlesyeuxdeDrakesurelledèsqu’ilsortiraitdel’ascenseur.Passurcequ’elleporterait.Ellevoulaitluifaireplaisir,maisplusquetout,ellevoulaitleretrouver.Fort,arrogant,complètement

dominateur.Etpuissant.Elle frissonnaenpensant à sesmains sur elle, au claquementducuir sur sapeau.Sabouche sur la

sienne.Sursesseins,entresesjambes.Lesyeuxfermésalorsqu’elles’immergeaitdanssonfantasme,ellelaissalenégligétomberàsespieds

etfitunpasdecôté.Puisellesebrossalescheveuxpourobtenirunematièrebrillantetombantencascadedanssondos.Sachantqu’ellen’avaitplusquequelquesminutesavantl’arrivéedeDrake,elleseprécipitadansle

salonets’agenouillasur le tapisfaceà l’ascenseurpourêtre lapremièrechosequ’ilverraitquandlesportess’ouvriraient.L’excitation lui enflamma la peau, ses sens étaient prêts à s’embraser. Son pouls s’emballa et sa

respirationsefiterratique.Puiselleretintsonsoufflequandlesportesdel’ascenseurs’ouvrirent.Ellelevaavidementlesyeuxpourleregarder.Ellesondasonexpressionàlarecherchededésapprobationoud’unsignequ’elleavaitfaituneerreurenchoisissantdel’accueillirainsi.Quandellevitlefeus’embraserdanssesyeuxàl’instantoùillesposasurelle,lesoufflecoincédans

sapoitrines’échappaenfin.Ellesoupiradesoulagementalorsmêmequ’unefolleexcitations’emparaitd’elle.Drakeavaitattenduavecimpatiencequel’ascenseurarriveaudernierétage.Mêmes’ilétaitpartidu

travailbienplustôtqued’ordinaire,ilavaitl’impressionquecelafaisaituneéternitéqu’ilavaitlaisséEvangelineaulitcematin-là.Ildevenaitdeplusenplusdurdequitterlachaleurdesoncorpschaquejour.Chaquematin,quandilse

réveillait,elleétaitenrouléedemanièrepossessiveautourdelui,latêtenichéedanslecreuxdesonbras,sachevelureétaléesursontorse.Lorsquelesportesdel’ascenseurs’ouvrirent,ileutlesoufflecoupé.Evangeline.

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Ellel’attendait.Nue,dansladoucelueurdeslumièresdusalonquilafaisaitbrillercommeunange.Elleétaitàgenouxsurletapisdansunepositiond’asservissement,latêtelégèrementpenchée;maisellesoutenaithardimentsonregard,unelueurdedésirdanslesyeux.Quand il décela l’incertitude qui venait assombrir son regard, il se mit en mouvement. Hors de

question qu’elle ressente une quelconque peur ou incertitude alors qu’elle lui offrait un cadeau siprécieux.Ils’agenouillafaceàellepourprendresonvisageentresesmainsetécraserseslèvressurlessiennes.—C’estcequetouthommerêvedetrouverquandilrentreàlamaison,murmura-t-ilsansquitterses

lèvres.Ellelevatimidementlesyeuxversluiquandilrelâchasabouche.—J’espéraisqueçanetedérangeraitpas.Je…jevoulaisjuste…Ellesetutetbaissalatête,visiblementmalàl’aise.Illaforçaàleregarderdanslesyeux.—Quevoulais-tu,Ange?demanda-t-ildoucement.—Jeteveux,dit-ellesincèrement.Jeveuxqueleschosesredeviennentcommeavant…Ellerougitetdétournadenouveauleregard.—Sachequejetedonneraitoutcequetuveux,Ange.—Jeneveuxquetoi,murmura-t-elle.Commeavant.Tadomination.Sesmotsannihilèrenttoutcontrôleenlui.Uncontrôlequ’iln’avaitpaseuconscienced’exercerdepuis

leretourd’Evangeline.Pourtant,ildevaitbienreconnaîtresaprésence.Ilavaiteupeurdelapoussertropfort, trop loin, tropvite.De laperdre.Etpourtantelleétait là,àgenoux, implorant toutendouceurcequ’ilvoulaittantluidonner.Illasoulevadanssesbraspourlaporterjusquedanslachambre,oùillaposadélicatementsurlelit.

Pendantdelonguessecondes,ilsedressaau-dessusd’elleàcontemplersonsibeaucorps.Etl’invitationtorridedanssesyeux.Ilétaitchezlui.Jamais iln’avait ressentiunechosepareille. Ilnes’était jamaissentichez luinullepart.Jusqu’àce

jour.Grâceàsonange.Peuimportaitoùilshabitaient.Dumomentqu’elleétaitlàtouslesjoursquandilrentrait,ilauraitlasensationd’avoirunvraichez-lui.—Àquoitupenses?demanda-t-elledoucement.—Àlachancequej’ai.Àtabeauté.Quej’aiterriblementenviedetefairel’amour.Lentement,ellesedressasurlesgenouxsurlematelas.—Alorsprends-moi,Drake.Fais-moitienne.Cesoir,jeveuxêtretoutcequetuveux,toutcedonttu

asbesoin.Justepourtoi.Rienquepourtoi.Enproieàuneémotioninconnue,ilfutàcourtdemots,hypnotiséparcettevisionsublimedecellequi

luiappartenait.—Queveux-tucesoir,Drake?luisouffla-t-elleàl’oreille.Les lèvresd’Evangelineeffleurèrent soncou, justeendessousde sonoreille,puiselledescendit le

longdesamâchoirejusqu’àseslèvres.Ilplongeasesdoigtsdanssonépaissechevelurepourl’ancrercontreluietlarespireràchaquesouffle.—Fais-moil’amour,souffla-t-il.Cesoir,jesuisàtoi,faisdemoicequetuveux.Jesuisàtesordres.—Alorsdéshabille-toipourmoi,dit-elled’unevoixdouce.Captivé par la séductrice face à lui, il se plia volontiers à son ordre. Il se départit de sa veste de

costumepuisretirasachemisedesonpantalon.Enquelquessecondes,seschaussuresetchaussettesseretrouvèrentausol,suiviesdeprèsparlerestedesesvêtementsetsous-vêtements.Elleavaitlesyeuxrivéssursonsexeenérectionetilfaillitjouirinstantanémentquandelleseléchales

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lèvresenpensantàlasuite.—Jesuistoutàtoi,Ange.Dis-moi,maintenantquetum’as,quevas-tufairedetonhomme?—Parlernefaitpaspartiedemespriorités.Jepensaisplutôttemontrercequej’avaisentête…Illaissaéchapperunrâledesatisfactionquandelledardasalanguepourléchersonglanddéjàhumide.

Ellefittournersalangue,s’attardasursachairsensible,jusqu’àcequ’ilsoitdressé,désireuxdebaisersabouche.Evangelinelepritavidementdanssabouche,sepliantàsarequêtemuette.Sesjouessegonflèrentet

s’aplatirent comme elle exerçait plus de pression et le prenait plus loin dans sa gorge. Il poussa ungrognementdeprotestationquandellelelaissasortirdesabouche.Puisellel’attrapapourletirersurlelit.Il s’allongea et elle l’enfourcha aussitôt. Son pénis était positionné entre les cuisses d’Evangeline,

dressécontrelapeautendredesonventre.Ilposasesmainssurseshanches,enfonçantsesdoigtsdanssachairpourl’inciteràlechevaucher.Ellesedressatelleunedéesseau-dessusdeluipendantqu’elleplaçaitsonglandcontresonsexe.Ils

retinrent tous les deux leur souffle lorsque sa chair se contracta autour de son pénis et commença àl’aspirerplusavant.Elle ferma lesyeuxetagrippasesépaulespourse tenir,puisellese laissaglissersur lui, l’invitant

danssachaleuraccueillante.Son corps l’enveloppait, il sentait chaque centimètre carré de sa peau soyeuse. Ses cheveux lui

chatouillaientlapeauetilpassasamaindanssesmèchesfines,tirantsonvisageàluipourl’embrasser.Leurs langues se rencontrèrent et se battirent en duel, s’affrontant et roulant, léchant, suçant. Ils

respiraient lemêmeair.Drakenegoûtaitetnesentaitplusqu’elle. Jamais iln’avaitconnuplusdoucesensationquelacaressedesonange.Elle sedétachade luiet, tête renverséeenarrière, semitàonduler sauvagement. Il ladévoraitdes

yeux;sesseinsrebondissaientdevantsonvisage,sescheveuxs’agitaientfollementautourdesesépaules,etilsentaitsonétroitessealorsqu’ellesesoulevaitetselaissaitglissersurlui.—Regarde-moi,Ange,dit-ilsèchement.(Elleobéit.)Regarde-moiquandtujouis.Vois-moi.Rienque

moi.Toutenprononçantcesmots,ilrepritlecontrôle:ilattrapaseshanchesetsecambrapourlapénétrer

plusprofondément.Elleplantasesmainssursontorsepourseretenir,doigtsécartés.—Lâche-toi.Donne-moitout.Ellesecontractaviolemmentautourde luiet soncorps toutentier frémit.Uncri luiéchappaetelle

n’eutbientôtpluslaforcedesupportersonproprepoids:elles’écroulasurluialorsqu’ilsevidaitenelle.Elle se pelotonna tout contre lui, parfaitement détendue. Il enroula ses bras autour d’elle, l’ancrant

contresontorse,etenfouitsonvisagedanssescheveux.—Jenesaispascequej’aifaitpourtemériter,Evangeline,maisjenetelaisseraiplusjamaispartir.Ellerestalonguementsansbouger,leurscorpstoujoursintimementunis,avantdereleverlatêtepourle

regarder.—Jet’aipréparéàdîner,dit-elletimidement.Tuveuxmangeraulitoudanslacuisine?LecœurdeDrakepalpitaétrangementdanssapoitrine,etilfutincapablederépondresur-le-champ.—Ilestencoretôt,finit-ilpardireauboutdequelquesinstants.Habillons-nousetmangeonsdansla

cuisine.Ensuite,onpeutregarderunfilmdanslesalon.—Çamesembleparfait,dit-elleavecunsourire.Illuidonnaunetapeaffectueusesurlesfessespuisroulasurlecôté,l’entraînantaveclui.

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—Prendsunedoucheavecmoipuisjet’aideraiàmettrelatable.—Hmm,cen’estpasunedécisionfacile,plaisanta-t-elle.Tumegâtestellement,Drake.Ilredevintsérieuxetécartaunemèchedecheveuxdesajoue.—Passuffisamment,Ange.Vraimentpassuffisamment.

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Chapitre11

EvangelineétaitassiseenfacedeDrakeàl’îlotdelacuisine,etl’observaitdégusteravecplaisirledînerqu’elleavaitpréparé.Elleavait rougi,malà l’aise,quand ilavait louéseseffortsaveceffusionaprèsavoirgoûtéchacundesplats.Quandelleavaitessayédebalayersescomplimentsenexpliquantquecen’étaitqu’unsimplerepas,

composédepouletrôti,rizauxherbes,gratindepommesdeterreetlégumes,ill’avaitréprimandée:iln’yavaitriendesimpleàcequ’elleaitcuisinéunmerveilleuxrepaspourlui.Dans ces moments-là, Evangeline osait s’aventurer en territoire inconnu et rêvait de cuisiner pour

Draketouslessoirs.Qu’ilsoitaccueilliparlesfumetsd’unrepasfaitmaisonetqu’elleluifassegoûterdenouvellesrecettes.Ilétaitvaindesedirequ’elledevaitvivredansl’instantetnepassefairedumalensupposantqu’elle

avaitunavenir.Ellevivaitunrêveéveillé,etelleétaitdéterminéeàenprofiterafindepouvoirchérircessouvenirssiunjourDrakenevoulaitplusd’elle,carceseraittoutcequ’illuiresterait.—Silasm’aditqueMaddoxm’emmèneraitfairedushoppingdemain,ditEvangelineaveclégèreté.Il

a parlé d’une réception à laquelle tu voulaism’emmener etm’a dit que je devrais acheter une tenueadaptée à l’événement.Mais il ne savait paspour lequel tu t’étais décidé, donc il n’apas sumedireexactementcequiseraitleplusapproprié.Drakeclignadesyeux,pensif.Puisilattrapalaserviettequ’ilavaitabandonnéeenarrivant.Ilensortit

troiscartonsd’invitation,tousadressésàluipersonnellement,etlesposasurlebarpourqu’Evangelinepuisselesconsulter.—J’airéduitlechoixàtroispossibilités,dit-il.Jepensaistelaisserchoisircelleoùtupréfèresaller.Evangelinepritlesinvitationsjolimentcalligraphiéesetleslutavecattention.—Jeporteraiunsmokingnoir,doncn’hésitepasàachetercequiiraselontoiavecmatenue.Evangelinemontralecartonannonçantunesoiréequiseraituncoupd’envoidelasaisondesfêtesà

CarnegieHall.—J’adorelesfêtes,dit-elleavecunecertainemélancolie.C’estpourquoiexactement,celui-là?Drakejetauncoupd’œilàl’invitationavantdelaluirendre.—C’estungaladebienfaisancepourleNYPD.Lesrecettesserontreverséesàuneassociationpour

lesveuvesetenfantsdepolicierstuésdansl’exercicedeleursfonctions,ainsiqu’àuneautreassociationqui apporte une aide financière aux agents blessés en service et à leurs familles, le temps qu’ils serétablissentetreprennentleursfonctions.Ellelevalesyeuxverslui,surprise.—Tufaisdesdonsàcesdeuxassociations?Son cœur fit un bond : il lui offrait l’occasion parfaite de lui poser les questions qu’elle s’était

jusqu’alorsabstenued’aborder.Àprésentquel’occasionseprésentait,elleétaitnerveuse,redoutantsesréponses.Ilhochalatêted’unairdétaché.—Je faisdesdons àun certainnombrede causes locales. J’ai touteune équipequi supervisemes

fonds et les associations auxquelles donner. Elle s’assure qu’elles sont légales et que les fonds sontdistribuéscommeannoncé.

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—Tuvassouventàcesréceptionsoutunefaisquesignerunchèque?demanda-t-elle.Drakeeutl’airmomentanémentmalàl’aise.— J’y vais rarement. Je laisse mon personnel s’occuper des demandes de dons et j’ai monté une

structured’oùprovientl’argent.—Maisj’imaginequetoutlemondesaitquetuespropriétairedecettestructure?insistaEvangeline.

Sinon,pourquoit’inviteraient-ilspersonnellement?Elleretournachaquecartonpourfaireapparaîtrelenometl’adressedeDrake.Ilhochalatête.—Alorspourquoiyvas-tu,ouplutôt,pourquoiyallons-nous,sicen’estpasdansteshabitudes?—Jeveuxqu’ontevoieàmonbras,dit-il,possessif.Jepréfèreteprévenir,Ange.Touslesregards

serontbraquéssurnous.Primo, jememontrerarementàcesréceptions,etsecundo, jen’yvais jamaisavecunefemmeàmonbras.Tuvasfairesensation.Elleécarquillalesyeux,paniquée.— Je ne veux pas que tu t’inquiètes. Mes hommes viendront avec nous et nous protégeront en

permanence.Personnenepourrat’atteindre.Personneneteparleraàmoinsquejenel’inviteàlefaire.C’était l’occasion rêvée.Elleavait laquestion sur leboutde la langue ;pourtant, elle semordit la

lèvre,nevoulantpasgâcherunesoiréesiintime,siparfaite.—Ange,quelquechosetegêne?demandaDrake,quiladévisageait.Ellefermalesyeuxuninstantets’humectaleslèvres.—C’esttrèsdangereux,cequetufais?murmura-t-elle.Lasécuritéétaitdéjàrenforcéeavant…quand

nousnoussommesrencontrésjeveuxdire.Etmaintenant,depuiscettesoirée…Elledéglutit,etavantdeperdretoutsoncourage,elleselança.—Tuasditquetuavaisfaitcequetuasfaitcesoir-làpourmeprotéger.Parcequeselontoi,cela

m’auraitmiseendangersiquelqu’unsavaitcequejereprésentaispourtoi.Etmaintenant,tuaschangéd’avis,ettuveuxquetoutlemondesoitaucourantdenotreunion.Tuprétendsqueceseralemeilleurmoyend’assurermasécurité.Quesitoutlemondesaitàquelpointjecomptepourtoi,personnen’oseramefairedumal.Etpourtant, tuas triplé ledispositifdesécurité. Jenepeuxpasquitter l’appartementsans une armée d’hommes à mes côtés. Qu’est-ce que tu fais dans la vie, Drake ? Je sais que tu espropriétaire d’un club et d’un immeuble entier àManhattan, que tu loues demanière sélective à desentreprises.Tueségalementpropriétairedecetimmeuble,non?demanda-t-ellenonsanshésitation.Ilhochabrièvementlatête.—Cela n’explique pas pourquoi tu as besoin d’autant d’agents de sécurité.Que fais-tu d’autre, au

juste?Elleétaitnerveuse.Leregardqu’ilposasurelleétaitlourdd’avertissements.—Neposepasdequestionssitun’espasprêteàentendrelesréponses,Ange.Tun’aspasbesoinde

tesoucierdecequejefaisnidesavoiravecquijetravaille.Celanet’affecterajamais.Toutcesurquoitudoisteconcentrer,c’estmefaireplaisiret,enretour,jetegâteraietmettrailemondeàtespieds.Elleouvritlabouchepourrépondre,maisiltenditlamainpar-dessusl’îlotpourlaposersurlasienne.—Oublie,Ange.Tupeuxfaireçapourmoi?Ilavaitpresque l’air…vulnérable. Ilyavaitdanssesyeuxunappelqui la touchaitauplusprofond

d’elle-même.—Oui,Drake.Jepeuxfaireçapourtoi.Àcetinstant,ellecompritlaportéedeladécisionqu’ellevenaitdeprendre.Elleauraitdûsesentir

coupable. Elle n’avait pas été élevée ainsi, et pourtant elle ne ressentit que soulagement en voyantl’approbationdanslesyeuxdeDrake.Ilétaitheureuxqu’ellenelechâtiepaspourlesréponsesqu’ilne

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pouvaitluidonner.Ilselevaetfitletourdelatablepourlaprendredanssesbras.Ilposaseslèvressurlessiennesdans

leplusdouxdesbaisers.—Alorsj’emmènemonangeàCarnegieHall?demanda-t-ilenpressantseslèvrescontresonfront.Ellesourit.—Çameferaitplaisir,Drake.Etc’estpourunebonnecause.Illuirenditsonsourire.Puisillasoulevaetlaportadanslachambre.—Danscecas, je feraiundon importanten tonnomenplusdecelui faitparmonorganisation.Tu

serastrèsdemandée,Ange.Ilsvonttoussebattrepouravoirtonattention.EllegloussapendantqueDrakelalâchaitsurlelit.—Jen’yseraispaspourgrand-chose,dit-elle.C’esttonargentquilesintéresse.Ill’embrassaavectendresse.—C’est làque tuas tort,Ange.Personnenepeut resterplusdequelquessecondesprèsde toisans

tomberamoureux.Tousmeshommessontdéjààtespieds.—Etsijenevoulaisqu’unseulhommeàmespieds?souffla-t-elle.LesyeuxdeDrakes’embrasèrent,etilladéshabilladesesmainsdoucesetaimantes.—Jepensequ’onpeutdirequ’ilestdéjààtespieds,etpasseulement…Puis il lui fit l’amour, longuement, avec tendresse.Encore et encore, jusqu’auxpremières lueurs de

l’aube,ill’emmenaauseptièmecieletellesutsansl’ombred’undoutequequoiqu’ilarrive,elleavaitprislabonnedécisionenneforçantpasDrakeàrépondre.Peut-êtrecelascellait-ilsondestinetpeut-êtreplongerait-elleavecluilemomentvenu,maisellene

pouvaitserésoudreàregretterunseulinstantdutempspasséavecDrake.Illuiavaitpromisqu’illaprotégeraitaupérildesavie.Queseshommeslaprotégeraientaupérilde

leursviesetqu’aucunedesestransactionsd’affairesnel’affecterait.Etellelecroyait.Parcequ’ellel’aimait.

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Chapitre12

Seréveillantdoucement,Evangelineserenditcomptequ’elleétaitaffaléesurDrake,totalementnue,etplus faibleque jamais tant il lui avait fait l’amourpendant lanuit.Ellepoussaun soupird’aiseet, enréponse,ilfitglissersamainlelongdesacolonnevertébrale,puissursonbras.—Monangevabien?Ellefrottasonvisagecontresontorse.Elleauraitronronnésiellel’avaitpu.—Mmm-hmm.LeriredeDrakefitvibrersontorsecontresajoue,puisill’embrassatendrement.—Ilfautquej’ailleàladouche,bébé.Jesuisenretard,etj’aiuneréunionimportante.Maddoxm’a

déjàappelépourmedirequ’ilseralàdansuneheurepourt’emmenerfairelesboutiques.—J’adoremeréveillerprèsdetoi,murmura-t-elle.—Jem’enréjouis,puisqueçavaêtrelecastouslesjours,dit-ilenluipinçantaffectueusementlenez.Ilseredressamaisl’invitaàsemettreàl’aisesouslescouvertures,qu’iltirasurelle.Illaregardaun

instantet,àlasurprised’Evangeline,ileutl’airgêné.Puisellecompritqu’ilessayaitdeluidirequelquechose.—Quepenserais-tudefairevenir tesparentspourThanksgiving?demanda-t-ilàvoixbasse.Ça te

feraitplaisir?Tupensesqu’ilsenseraientheureux?Elles’assitsubitementdanslelit,bouchebée.Puisellesejetaàsoncouencriantdejoie,siexcitée

qu’ellelefitbasculersurlematelas.Illaserracontreluienriantalorsqu’ellelecouvraitdebaisers.—C’estun«oui»?demanda-t-ilentredeuxbisous.—OhmonDieu,oui!Oui,oui,oui!Oh,Drake,tuessérieux?Elleleregarda,priantensilencequ’illesoit.— Je n’oserais pas plaisanter sur un sujet si important pour toi, répliqua-t-il. Ils temanquent. Ton

visages’illuminequand ilsappellent,et tues tristequandtuparlesd’eux.J’ai lesmoyensde les fairevenir tevoir, et jene seraispasunhommesi jene faisaispas toutcequiest enmonpouvoirpour terendreheureuse.—Oh,Drake.Tuessimerveilleux,dit-elle,auborddeslarmes.Jenesaispascommentteremercier.

Tunesaispascequeçareprésentepourmoidelesrevoir.Tuasdéjàtantfaitpoureux,etvoilàquetulesfaisvenir.Elleneputplustenir:leslarmesroulèrentsursesjoues.Drakelesessuyaavecdouceuretl’attiradans

sesbras,laberçantcontresontorse.—Jeveuxrencontrerceuxquicomptenttantpourtoiquetuasmistoutetavieentreparenthèsespour

lesaider.Ilsdoiventt’êtretrèschers.Etcommetum’eschère,jepensequetesparentsetmoiauronsaumoinsunechoseencommun.Elle enfouit son visage contre son torse pour étouffer ses sanglots ; mais ses épaules tremblaient,

trahissantsonémotion.ElleenroulasesbrasautourducoudeDrake.—Tuesl’hommeleplusmerveilleuxdumonde,DrakeDonovan,sanglota-t-elle.—Non,contra-t-ild’unevoixdure.Nel’oubliejamais,Ange.Jenesuispasunhommebien.Jesuis

égoïsteetpossessifetjeferaicequ’ilfautpourterendreheureusepourqueturestesavecmoi.Celanefaitpasdemoiquelqu’undebien.Celafaitdemoiunsalaudintéressé.

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Elleluisouritàtraversseslarmes.Sesmanièresbourruesnelatrompaientpas.—Oh, j’ai hâte de leur annoncer la nouvelle !On peut les appeler ce soir quand tu rentreras à la

maison?Sonenthousiasmelefitsourire.Ill’embrassaunenouvellefoisavantdelaborderdanslelit.—Profitedetajournéeshopping.Jet’emmènedînercesoir,etensuiteonappelleratesparents,situ

veux.Jevaisprendredesdispositionspourleurtransportjusqu’àl’aéroportetlesferaivenirdansmonavion.JeleurréserveraiunechambresurTimesSquare,saufsitupréfèresqu’ilslogenticiavecnous?Illaregardad’unairinterrogateur,etellepritconsciencedecequ’ilfaisaitpourelle.Iln’avaitaucune

enviequedeuxétrangersenvahissentsonintimité,etpourtantildonnaitdesapersonnepourleuroffrir,àelleetàsesparents,unThanksgivingmémorable.— Je pense qu’ils adoreraient loger à Times Square, répondit Evangeline avec détachement. Nous

pouvons toujours les inviter à dîner et je pourrai passer la journée avec eux pendant que tu seras autravail.Drakeparutsoulagé.Ill’embrassaunedernièrefoisavantd’allersedoucher.—Jevaistoutarranger.Jeneregarderaipasàladépensepourm’assurerdeleurconfortabsolu.Evangelineselaissatombersurl’oreilleretfermalesyeux,profitantdel’instant.Toutétaitabsolument

parfait.Elleavaitleslarmesauxyeuxàlaperspectivedevoirsesparentspourlapremièrefoisdepuisdeuxlonguesannées.IlsallaientadorerDrake.Commentpouvait-ilenêtreautrementalorsqu’ildéployaitautantd’efforts

pourrendreleurfilleheureuse?Elle serra sesbrasautourde soncorpset s’assoupit.Drake la réveillad’unbaiserpour luidireau

revoiretl’informerqueMaddoxarriveraitunedemi-heureplustard.Commeelle se redressait pourpasserunbras autourde son cou et l’embrasser, le drapglissa à sa

taille.—Ah,Ange,tumedonnestellementenviederesteràlamaisonetd’envoyerletravailaudiable,dit-

il,dépité.—Merciinfiniment,Drake.C’estleplusbeaucadeauqu’onm’aitfait.—Tuasjusqu’àcesoirpourréfléchiràdesmanièrescréativesd’exprimertagratitude,lataquina-t-il.Elleplissalesyeuxetluiadressaunsouriremalicieux.—Oh,necroispasquejeneseraipastrès,trèscréative.— J’ai hâte, murmura-t-il avec un dernier baiser, avant de lui donner une tape affectueuse sur le

derrière.TuferaismieuxdesortirdulitpourqueMaddoxnevoiepascequemoiseulailedroitdevoir.—Commesituavaisdusouciàtefairesurcepoint,dit-elleenlevantlesyeuxauciel.—Tunecroispasquetousleshommesquitravaillentpourmoiseraientprêtsàtoutpourtevoirtoute

nue?s’étonna-t-il.Ellegrognaetenfouitsonvisagedansl’oreiller.—Bonsang,Drake.Arrête!Jenepourraipluslesregarderenfacemaintenant.Avecunpetitrire,ilquittalachambreavecundernieraurevoir.Evangelinerestaallongéequelquesinstants,àsavourersonenthousiasme.Ilfallaitqu’elleserendeà

l’évidence : elle était amoureuse deDrake.Avec du recul, elle se rendit compte qu’elle était tombéeamoureusedeluidèslepremiersoir.C’estpourquoielleavaitétésidévastéequandellel’avaitquitté.Refusantdepasserunesecondedeplusàrevivrelasoiréelaplusatrocedesavie,elleseglissahors

dulitetpritunedoucherapide.Elles’habillademanièredécontractée,enjeanetpulllâche,etsebrossarapidementlescheveux.Puiselleserenditcomptequ’elleétaitaffamée,aprèsavoirpassélanuitentièreàfairel’amouravec

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Drake.Avecunpeudechance,Maddoxet celuiqui l’accompagnait envirée shoppingne seraientpaspressés.Oupeut-êtrepourrait-ellelesacheteravecunpetitdéjeuner.Certaine qu’elle pourrait les amadouer avec un petit déjeuner fait maison, elle rassembla les

ingrédientset,quelquesminutesplustardàpeine,ellemaniaitpoêlesetcasseroles.Quinzeminutesplustard,EdwardsonnapourluifairesavoirqueMaddoxétaitentraindemonter.Peu

detempsaprès,Maddoxpassalatêteparlaportedelacuisine.—Jet’ensupplie,dis-moiqu’ilyenaassezpourmoi,lançaMaddoxengrognant.—Oublie-le,ditJusticeenpoussantMaddoxpourpasser.Jet’aimeplusquelui,doncc’estmoiqu’il

fautnourrir.Evangelineéclataderire,amusée.—Asseyez-vous.Touslesdeux.Vousêtestoutseuls?—JaxetHartleymontentlagardeenbas,l’informaMaddox.—Nousavonsletempsdemanger?demanda-t-elleavecinquiétude.—Chérie,situenasfaitassezpournous,tupeuxprendretoutletempsquetuveux,déclaraJustice.Ellesourit.—Donnez-moicinqminutesetjevoussers.Lesdeuxhommess’assirentsurdestabourets,l’airsiimpatientqu’elleneputs’empêcherderire.Elle

servit lesomelettes, lesgalettesdepommede terre, le jambonet lebaconfrit.Puiselleouvrit le fourpourjeterunœilauxbiscuitsfaitsmaisonetdécidaquelacuissonétaitparfaite.Ellelestiradufouravantd’enmettreplusieursdanslesassiettesdeJusticeetMaddox.Puiselleplaça

lesassiettesdevanteux.Leurréactionlafitsourire.—Jesuismortetjesuisauparadis,soufflaMaddox.Evangelines’installasuruntabouretenfacedeluietpicorasonrepas.C’étaitlapremièrefoisqu’elle

revoyait Maddox depuis la fameuse soirée. Avait-il eu des ennuis parce qu’elle l’avait semé àl’appartementdesesamies?Soudain, elle n’avait plus si faim.Elle poussa sa nourriture dans son assiette avec sa fourchette en

attendantquelesdeuxhommesaientfini.—Evangeline,qu’est-cequinevapas?demandaMaddoxàvoixbasse.Ellesursauta,surpriseparsaperspicacité.EllejetaunbrefregardàJustice,gênéeàl’idéed’aborder

lesujetdevantlui.Quellenefutpassasurprisequandilselevapourallerposersonassiettevidedansl’évier,avantd’allerd’unpasnonchalantdanslesalon,disantqu’illesyattendrait!EllejetaunregardnerveuxàMaddox,espérantqu’ilaccepteraitson«rien»pourtouteréponse.Manqué.Il lui fit les gros yeux avant de contourner l’îlot pour la rejoindre et prendre samain. Il fronça les

sourcilsensentantcombienelletremblait.—Qu’est-cequitedérange?—Jesuisdésolée,souffla-t-elle.Ellebaissalatête,incapabledesoutenirsonregard.—Pourquoi,putain?Sonexplosiondecolère la fit tressaillir, et elle essayadedégager samainde la sienne.Mais il la

serraplusfortencore,avantdetouchertendrementsajouepourlaforceràleverlesyeuxverslui.—Evangeline?Pourquoiaurais-tuàêtredésolée?Ilyavaitundésarroietunétonnementsincèresdanssontonetsonexpression.Elleavaitlevisageenfeuets’envoulaitd’avoirabordélesujetalorsquecen’étaitmanifestementpas

lapeine.

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Elleinspiraprofondémentetseconcentrasurunpointau-dessusdesonépauledroite.—Jesuisdésoléed’êtrepartieendoucecommejel’aifaitcesoir-là,murmura-t-elle.J’espèrequetu

mepardonnerasetquetun’aspaseud’ennuisàcausedecequej’aifait.Ilfutbouchebéedestupéfaction;puissonregardsefitorageux.Elleserecroquevilla,maisilpénétra

davantagesonespacepersonnelenposantsesdeuxmainssursesépaules.—Regarde-moi,Evangeline,ordonna-t-ild’untonféroce.Ilattenditqu’ellecroisesonregardetsesyeuxs’adoucirent.—Tun’asbesoindet’excuserpourrien,putaindemerde.Dis-moiquetunem’aspasévité toutce

tempsparcequetuavaispeurquejesoisencolèrecontretoi.Ellehaussalesépaules.—Jenesavaispastrop.C’étaithorrible.J’aimeraisquecettesoiréen’aitjamaisexisté.Àsonplusgranddésarroi,dechaudes larmessemirentàroulersurses joues.Maddoxencadrason

visagedesesdeuxmainspourchasserleslarmes.—Écoute-moi,mabelle.Personne,pasund’entrenous,n’estencolèrecontretoi.Nousétionsfurieux

contreDrake pour ce qu’il a fait,même si nous comprenons ses raisons.Mais jamais cela ne t’a faitbaisserdansnotreestime.Tuneméritaisabsolumentpascequ’ils’estpassécettenuit-là,etpersonnenelesaitmieuxqueDrake.Ilaétéinsupportablejusqu’aujouroùilt’aretrouvéeett’aramenéeàlamaison.Mais,écoute-moi,mabelle.S’iln’étaitpaspartiàtarecherche,s’iln’avaitpasdécidéderesserrerlesrangsautourdetoi,alorsl’und’entrenousl’auraitfait.Tucomprends?Nousnelaisseronsjamaisrient’arriver.Elleétaitsouslechoc.—Mais,Maddox,tumeconnaisàpeine!JenevauxpaslapeinequetugâchestarelationavecDrake.—Conneries,dit-ilgrossièrement.TuestoutpourDrake,maispasseulement.Tuesimportantepour

nous.Tuesimportantepourmoi.Jen’aijamaiseudesœur,etjementiraissijedisaisquejenetevoisque comme une petite sœur, car je suis presque sûr que mes pensées ne pourraient être considéréescommefraternellesetjedoutequ’ellessoientlégalesentrefrèresetsœurs.Maissij’avaiseuunepetitesœur,j’aimeàpenserqu’elleauraitétécommetoi.Evangelinepleuraitàchaudeslarmes.EllesejetaaucoudeMaddox.—Merci,murmura-t-elled’unevoixétranglée.Tunesaispascequeçareprésentepourmoi.Jen’ai

jamaiseupersonned’autredansmaviequemesparentsetmesamies,etmaintenant…ehbien,jelesaiperdues.Seslèvressemirentàtremblerlorsqu’elleprononçacesmots.—Tunousas,nous,Evangeline,ditMaddoxavecdouceur.Et je suispresquesûrqueSilasa réglé

toutescesconneriesquit’occupaientl’esprithier.Illaregardaitdroitdanslesyeuxetellerougitdeplusbelle.—Tusaiscequ’ilm’adit?laissa-t-elleéchapper.Ilpartitd’unpetitrire.—Paslesmotsexacts,ilnenousapasrejouélascène.Cen’estpaslestyledeSilas.Jecroisqueses

motsexactsontété :«Jevais luidirequequellesquesoient lesconneriesqu’ellesepasseenboucledanslatête,cenesont,justement,quedesconneries.»Evangelinegrognaplaintivement.—Ila raison,bébé,ditMaddox.Tucroyaisdurcommeferàdesconneriesetcen’estpasbien.Je

veuxquenouspassionsunaccord:tuarrêtesdecroireàtoutça.Compris?Ellesoupira.—Oui,c’estcompris.

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Illuisourit,satisfait.—Jeteretrouveenfin.Bon,tuesprêteàallerfairelesboutiques?—OhmonDieu,dit-elle,paniquéesoudain.Jenesaispasdutoutcequejesuiscenséeacheter!Drake

m’emmèneàungaladebienfaisancedelapoliceàCarnegieHall.Iladitqu’ilporteraitunsmokingnoiretquejepouvaisportercequejeveux,maisjeneveuxpasmeplanter,Maddox,dit-elleenl’implorantduregard.Ilnevajamaisàcesréceptions,ilmel’aditlui-même.Maislà,nonseulementilveutyaller,maisilveutquejevienneaveclui.Etsijeluifaisaishonte?—Holà,mabelle,ditMaddox.Primo,tuneluiferasjamaishonte.Drakesefoutdecequelesautres

pensentde lui,etcrois-moi, siquelqu’unessayaitdediredumalde toiensaprésence, il réduiraitcesalaudenpiècesàmainsnues.S’ilpeutl’atteindreavantmoi,biensûr.Secundo,ilsetrouvequej’aitrèsbongoûtenmatièredemodeféminineetjesaiscequivaàunebellefemmecommetoi.Jenetelaisseraipasacheterquoiquecesoitquinetefassepasresplendir.D’accord?Elleleserradenouveaudanssesbras.—Tueslemeilleur,Maddox.Jen’aijamaiseudefrère,maissij’enavaisun,jevoudraisqu’ilsoit

commetoi.Ill’embrassasurlesommetducrâneetpassasamaindanssondos.—Ah,Evangeline,tumetues.TuétaiscenséedirequesiDrakesortaitdetavieunjour,tunepourrais

plusmequitter.Elleéclataderireetluidonnauncoupdepoingamicaldansleventre.—Onvafairelesboutiquesouonpasselamatinéeàpapoter?criaJusticedepuislesalon.—Je crois qu’il faut qu’ony aille,marmonnaMaddox.Prends unmanteau, d’accord ? Il fait froid

dehorsaujourd’hui.Evangeline se précipita dans l’entrée pour prendre unmanteau dans le placard près de l’ascenseur.

Justiceleluipritdesmainsetleluitenditpourqu’ellepuisseglissersesbrasdanslesmanches,lorsquel’interphonesonna.EllefronçalessourcilsetsetournaversMaddoxetJustice.—Vousattendezquelqu’und’autre?—J’imaginequeçaveutdirequetun’attendspersonne?demandaMaddox,sursesgardes.Ellesecoualatêteetappuyasurleboutonpourrépondre.—Evangeline,vousavezdelavisite,ditEdward.—Quiest-ce?demandaEvangelineavecunregardnerveuxendirectiondeMaddox.—Elless’appellentLana,Nikki,etSteph,réponditEdward,deplusenplusmalàl’aise.Ellesdisent

êtrevosamies.Dois-jelesfairemonter,ouleurdirequevousn’êtespasdisponiblepourlemoment?Ellen’enrevenaitpas.Souslechoc,ellesetournaversMaddox,lesuppliantduregarddeluidirece

qu’elledevaitfaire.Lafureurselisaitsursonvisage.—Cesonttesanciennesamies?cracha-t-il.Ellehochalatêtesansunmot.Quefaisaient-ellesici?Lanaluiavaitclairementfaitcomprendreque

Stephn’étaitpaslaseuleàenvouloiràEvangeline.—Tuveux lesvoir,Evangeline?demanda Justice avecdouceur.Si tun’enaspas envie,dis-le, et

Maddoxetmoitedébarrasseronsd’elles.Tuneseraspasobligéedelesvoir.Jetelejure.Ellesetorditlesdoigtsavecnervosité.—Jenesaispas,murmura-t-elle.—C’esttadécision,renchéritMaddox.Justiceetmoiseronslà.Tun’auraspasàlesaffronterseule.

Nouspouvonsnousdébarrasserd’ellesàtoutmoment.Tun’asqu’àledire,etnousleferons.Elledéglutitpéniblement,appuyadenouveausurleboutonethésita,cherchantMaddoxduregardpour

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serassurer.Puiselledit:—Faites-lesmonter,Edward.Maddoxjuraetattrapalamaind’Evangeline.—Jen’aimepastevoirsipâle,sieffrayéeparcesgarces,mabelle.Vat’asseoirdanslesalonetmets-

toiàl’aise.Justiceetmoiallonsavoirunepetitediscussionavecelles.—Neleurfaitespaspeur,souffla-t-elle.—Commeellestefontpeur,tuveuxdire?ditJusticesansménagement.Tuneleurdoisrienaprèsce

qu’ellest’ontfait.Ellesemorditlalèvreetserenditdanslesalon,penaude.EllelaissaMaddoxl’aideràs’installerdans

undesfauteuils,puisill’attrapaparlesépaulesetlaregardadanslesyeux.—Ellestedisentunmotdetraversetellesdégagentavecl’instructiondenejamaisrevenir.Elle hocha la tête, puis noua fermement ses mains sur ses genoux en essayant de se calmer pour

l’affrontementquil’attendait.Maddoxs’éloignaetelleguettanerveusementlebruitdel’ascenseur.Quelquesinstantsplustard,elle

l’entenditarriver,puiselleentenditJusticeetMaddoxéchangeràvoixbasse,maisellen’arrivaitpasàdistinguercequ’ilsdisaient.Bientôt,elleneputplussupporterd’attendreetelleselevad’unbondpoursetournerversl’entrée,oùsesamies,bouchebée,fixaientJusticeetMaddox,quiavaientdesexpressionssinistressurlevisage.—Evangeline?ditStephens’approchant.Lesdeuxfemmessedévisagèrentlonguement,puisStephpoussauncrietcourutversEvangeline.Une

secondeplustard,celle-ciseretrouvaitdanslesbrasdeSteph,quisanglotaitsursonépaule.— Je suis désolée, Vangie, répéta-t-elle en boucle. J’ai été une vraie garce avec toi. Je t’en prie,

pardonne-moi.PuisLanaetNikkisejoignirentàl’embrassade.Sesamiesl’étreignirentetpleurèrentsursonépaule.

Déroutée,EvangelineregardaJusticeetMaddoxpar-dessuslesépaulesdesesamies,pourlesappeleràl’aide.Maddox finit par intervenir, et prit Nikki et Lana par le bras tandis que Justice s’occupait deSteph,etlesdeuxhommesemmenèrentlestroisfemmesdanslesalonpourlesasseoir.—Onne te laisse pas seule,ma belle, ne t’inquiète pas, ditMaddox à voix basse en passant près

d’Evangelinepourretourneràlacuisine.Justiceétaitdeboutaumilieudusalon,lesbrascroiséssursonlargetorse,remplissantàmerveilleson

rôledegardeducorps,tandisqueMaddoxjouaitàl’hôteparfaitetservaitàboireàtoutlemonde.Puisils’assitjusteàcôtéd’Evangelineetdardasonregardsurlesfemmesdanslesalon.—Evangeline?murmuraLana.Ques’est-ilpasséavecDrake?Tuestoujoursaveclui?Quisontces

hommes?—NoustravaillonspourDrake,ditJustice.Etbiensûrqu’elleestencoreaveclui.—Oh,lâchaNikki,lesyeuxgrandscommedessoucoupes.C’estjustequenousétionsinquiètes.Ilest

venutechercherlelendemaindetonappeletilaparléàLana.Ilétaittrèsencolèrecontrenous.Maisnousnesavionspascequ’ils’étaitpassé.Nousl’ignoronstoujours,etnousvoulionsvenirnousexcuserenpersonne.Nousavonsétéhorriblesavectoi,dit-elle,lavoixbriséealorsqu’unelarmeroulaitsursajoue.— Peux-tu nous pardonner, Vangie ? implora Steph. J’ai été la pire de toutes et je suis vraiment

désolée.Tusaisquejet’aimeetquej’avaisjustepeurqu’onprofitedetoi.—C’estmarrant,c’estaussimoninquiétude,ditMaddoxd’unevoixdurecommel’acier.Lana,NikkietStephconsidérèrentMaddoxaveccirconspection.PuisStephsetournaversEvangeline,

etsavoixdevintunesupplique.

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—Tunecroispasqu’onessaiedeprofiterdetoi,Vangie?Jet’enprie,dis-moiquetunelepensespas.Evangelinesecoualatête,confuse.—Jenesaispasquoipenser,répondit-elleentoutehonnêteté.Maddoxpassasonbrasautourd’elleensignedesoutien.Elleleregardaavecreconnaissance.—Quefaites-vousici?demandaEvangelinedansunmurmure.Pourquoinepasêtrevenuesplustôt?

Quandj’avaisb-besoindevous.Savoixsebrisaetellesetut,refusantdefondreenlarmes.EllesentaitlacolèredeMaddox,maiselle

posasamainsursacuissepourl’empêcherdemettresesamiesdehors.LanabonditducanapépoursemettreàgenouxdevantEvangeline.Elleenroulasesmainsautourdes

siennesetlaregardad’unairimplorant.—Noust’aimons,Vangie.Nousavonsfaituneerreur.Nousétionsinquiètespourtoietvexéesquetu

nenousécoutespas,maiscelanenousdonnaitpasledroitdenouscomportercommenousl’avonsfait.Tudemandessinousprofitonsdetoimaintenant.Etlaréponseestnon,maisavant,nousteconsidérionscommeacquise.Voilànotrepéché,mabelle.Tupeuxnouspardonner?Peut-onrepartirdezéro?—Oh,Lana,ditEvangelineensepenchantpourétreindrelajeunefemme.Biensûrquenouspouvons

prendreunnouveaudépart.Jevousaimetoujoursdetoutmoncœur,etvousm’avezterriblementmanqué.Puis soudain, Nikki et Steph se précipitèrent et les quatre femmes s’étreignirent et s’excusèrent.

Pendantuneheure,ellesbavardèrent,lesfillesracontèrentàEvangelinelesdernièresnouvellesdubaroùelleavaittravailléavecellespendantsilongtemps.Sachant qu’elle avait certainement déjà dépassé les limites de la patience de Justice et Maddox,

Evangelines’excusaauprèsdesesamiesendisantqu’elleétaitenretardpourunrendez-vousetqu’ellespouvaientreveniruneautrefois.JusticelesraccompagnaenbastandisqueMaddoxrestaitavecEvangeline.Dèsqu’ellesfurentparties,

elleselaissatombersursonfauteuil.Elleavaitl’impressiond’êtrepasséesousunsemi-remorque.—Çava,bébé?demandaMaddox.Çafaisaitbeaucoupd’uncoup.—Mercid’avoirétélà.Jenesaispascommentjem’enseraissortiesij’avaisétéseule.Ellepassaitpourunepetitechoseimpuissante,maiselleétaittropreconnaissantedenepasavoirété

seulepoursesoucierdesapparences.—Promets-moiquetuneleslaisseraspasentreràmoinsqu’ilyaitquelqu’unavectoi,ditsèchement

Maddox.Evangelineleregardaaveccirconspection.Ilsoupira.—Tuestropdouceetconfiante,majolie.Jetrouveletimingdeleurvenueunpeususpect.Siellesse

sont renseignées surDrake, cequi est probable, elles saventque tu as trouvéunhommeplein aux as.Enfin,iladéjàpayéleurloyer,quisaitsiellesnesontpasàlarecherched’unautrecoupdemain?—Quoi?demandaEvangeline,sidéréeparcequ’ilsuggérait.Tupensesqu’ellesfaisaientsemblant?ElleétaitsiatterréequeMaddoxsemblaregrettersesparoles.Celadit,ilnelesretirapasnonplus.Se

pouvait-ilqu’ilaitraison?Elleenfouitsonvisagedanssesmainsetpoussaunsoupirdedétresse.—Eh,majolie,ditMaddox,lavoixpleinederegrets.N’accordepastropdepoidsàcequejedis.Je

suisunmecméfiant.C’estmonjob.Surtoutencequiconcernelesgensquiveulentfaireami-amiavectoi.Ellespourraientêtresincères.Toutcequejedis,c’estqu’ilfautyallerdoucementetfaireattention.Surveilletesarrières,etcommejel’aidéjàdit,n’acceptepasdelesvoiràmoinsquel’und’entrenoussoitavectoi,d’accord?—D’accord,dit-elled’unevoixtremblante.

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Illapritparlamainpourl’aideràserelever.—Viens,jevaistecherchertonmanteauetonyva.Drakeveutquetusoisderetourpourdînercesoir.—Tusais,tun’espaslegrosdurpourlequeltuveuxtefairepasser,letaquina-t-elle.Illuiadressaunregardfaussementféroceetluifitlesgrosyeux.—Situlerépètesàquiquecesoit,c’estmoi,pasSilas,quitemettrailafessée.

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Chapitre13

Drakearrivachezluipeuaprès17heuresettrouvaMaddoxdanslehall.Ilsentitaussitôtsonhumeurmassacranteetsetendit,sondantlevisagedesonhommepoursavoircequin’allaitpas.—Evangelineaeuunedurejournée,expliquaMaddoxàvoixbasse.—Putain,ques’est-ilpassé?demandaDrake,soudainalarmé.Pourquoinesuis-jemisaucourantque

maintenant?—SesamiessesontpointéesaumomentoùJusticeetmoiallionspartiravecellepourallerfaireles

boutiques. Nous sommes restés avec elle et elles sont montées, en pleurs, à faire tout un foin, et às’excuserd’avoirétédesgarces.Drakeplissalesyeux.—Ettun’ycroispas.Maddoxsecoualatête.—Non,jen’ycroispas.J’aicontrariéEvangelineenledisant,maisj’essayaisseulementdeluidire

quejenevoulaispasqu’ellefassevenirsescopinessansqu’undenoussoitlà.—Dansquelétatest-elle?—Ça a l’air d’aller. Justice et moi l’avons distraite et on a passé un bonmoment. Quand je l’ai

laissée,ilyaunedemi-heure,elleallaitsedoucheretsechangerpourallerdîneravectoi.Ellesemblaitdétendueetdebonnehumeur,maisquandtoutçaestarrivé,çal’aheurtéedepleinfouetetlaisséesurlecul.—Merde,juraDrake.Elleneméritepasça.— Là-dessus, on est d’accord. Écoute, je vais garder un œil sur ses amies pour voir ce qu’elles

fabriquent. J’ai appelé Silas il y a quelques minutes pour qu’il garde l’œil ouvert. Si elles mijotentquelquechose,Silaslesaura.Onnepeutpasluicachergrand-chose.Drakehochalatête.—J’apprécie,mec.Elleaassezsouffertcommeçaparmafaute,etjerefusequedesgarcesintéressées

quiseserventd’ellepourm’atteindreluifassentdumal.—Rends-laheureuse,ditMaddoxsansdétour.—Jevais essayer, ça c’est sûr, rétorquaDrake.Bonne find’après-midi, etmerci d’avoir pris soin

d’Evangelineaujourd’hui.Maddoxsourit.—Avecplaisir.J’aieudroitàunpetitdéjeunerenéchange.C’étaienttouslesremerciementsqu’ilme

fallait.Maddox le salua puis quitta le bâtiment d’un pas nonchalant, laissant Drake prendre l’ascenseur

jusqu’àsonappartement.SavoirquesesanciennescolocatairesavaientfaitpleurerEvangelinelemettaitenrogne.Maddoxl’avaitbienprévenuqu’ildevraitseméfierdesfemmes,seulementiln’avaitpaspenséqueceseraientsespropresamiesquiessaieraientdeladétruire.Ilauraitdûlevoirvenirets’assurerquecela ne deviendrait jamais un problème. Mais il avait laissé tomber quand il avait cru qu’elles nefaisaientpluspartiedutableau.Ilnecommettraitplusjamaislamêmeerreur.Sitôt entré dans l’appartement, il cherchaEvangelinedu regard.Son sangne fit qu’un tour quand il

l’entendit prononcer son nom alors qu’elle entrait dans le salon. Elle mettait la paire de boucles

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d’oreilles en diamants qu’il lui avait offerte et portait une robe de cocktail sexy et féminine qui luiarrivaitauxgenoux.Piedsnus,elleseprécipitaverslui,unsourireaccueillantauxlèvres.—Jesavaisbienquej’avaisentendul’ascenseur,dit-elle,essoufflée.Jenesavaispastropàquelle

heureturentrais.Désoléedenepasavoirétélàpourt’accueillirdignement.Pardon?—Définis«dignement».Parcequedelàoùjemetrouve,lavueestplutôtagréable.Fautquejete

dise,bébé.Cetterobe?Ellen’existeraplusdèsquenousrentreronsàlamaisontoutàl’heure.Ellepassasesbrasautourdesoncouetfrissonnadélicatementcontrelui.—Suis-je répréhensible si jedisque j’ai soudainhâteque ledîner soit finipourqu’on rentre à la

maison?demanda-t-elledansunsouffle.Ilsouritetcapturaseslèvresdansunlongettendrebaiser.—T’ai-jeditquej’adorelesfemmesrépréhensibles?Sonexpressionsetroublaetellesemorditlalèvre.Ilplissalesyeux.—Qu’est-cequinevapas,Ange?demanda-t-ildurement.—J’aiquelquechoseàtedire,répondit-elleàvoixbasse.MesamiesSteph,NikkietLanasontvenues

aujourd’hui.C’étaitunchoc.Jenesavaispasqu’ellesallaientvenir.Ilsedétenditetlaserracontrelui,avantdelaguiderverslecanapé.—Maddoxm’aracontécequ’ils’estpassé.Tuvasbien?Ellehochalentementlatête.—Çava.Sur lemoment, j’aiétéprisecomplètementparsurpriseetnesavaispasdu toutcomment

réagir.—Quetedittoninstinct?demanda-t-ilenlaregardantdanslesyeux.Saquestionsemblalasurprendre.Elleréfléchituninstantavantdepousserunsoupir.—Honnêtement,jenesaispas.Jepensequec’estencoretroptôt.Jecroisquej’aibesoindetemps

pourmedécider.Ilhochalatête.—C’estbien.Celanefaitpasdetoiunemauvaisepersonnederéservertonjugementjusqu’àcequetu

aiesplusdepreuves.Çafaitdetoiunepersonneintelligente.Soncomplimentlafitrougir.Ill’embrassasurleboutdunez.—Laisse-moidixminutespourmechangeretjesuisprêtàpartirsitul’es.—J’aijustebesoindemettremeschaussures.—ZanderetHartleynousaccompagnerontaurestaurant,dit-ilensedirigeantverslachambre.Nous

mangeronsseuls,maisilsserontassisnonloin.Illeditsuruntondécontractémaisnonsansguettersaréaction.Ellefronçalégèrementlessourcils,

sonfrontseplissantd’inquiétude.—Lamenacequipèsesurtoiestdoncsigrande?Ils’arrêtaetl’attiracontrelui.—Cequim’inquièteleplus,c’estqu’ilyaitunemenacequipèsesurtoi.C’estpourquoij’insistepour

quetusoisprotégéeàtoutmomentetquetuaiestoujoursuneescortequandtuquittesl’appartement.Ellesemblaitperdue.—Pourquoimemenacerait-on?—Parcequetucomptesénormémentpourmoi,toutlemondepeutlevoir.Jeneveuxpastefairepeur,

Ange,etjeneveuxpastedonnerderaisonsdenepasvouloirêtreavecmoi,maisjenetementiraipas.Tuesendangerdusimplefaitd’êtreavecmoi.

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Ilportalamaind’Evangelineàsaboucheetembrassasapaumeavectendresse.—Jenelaisseraipersonnetefairedumal.Jeprotègeetchériscequim’appartient.Tum’appartiens

maintenant,Ange.Tuescequej’aidepluscher.Sadéclarationsemblalastupéfier,tantetsibienqueleslarmesbrillèrentdanssesyeux.—Oh,Drake,finit-elleparmurmurer.Jenesaispasquoidire.—Disquenousenvalonslapeine.Qu’êtreavecmoivautdesacrifiertaroutineetd’avoirtoujours

avectoiquelqu’unquitesuitcommetonombre.Ellejetasesbrasautourdesoncouetsehissasurlapointedespieds.—Oh,Drake,nelesais-tupas?Tuvauxlapeinedetoutendurer.Iln’yarienquejeneferaipaspour

êtreavectoi.Dumomentquetuveuxdemoi,jesuisàtoi.Sadouceurtransperçasonâmeetl’inondadelumière.Certainespartiesdeluiquis’étaientglacéesde

nepasavoirététouchéesdepuislongtempsreprirentvieàsoncontactets’épanouirentcommedesfleursdeschamps.Illaserratoutcontrelui,savourantlefaitdetenirunechosesiprécieusedanssesbrasetcontresoncœur.Que ferait-il sans elle ?Comment avait été sa vie aride avant qu’elle débarque dans sonmonde et

chambouletout?Ilnesupportaitpasl’idéedelaperdre.Sielledevaitjamaisêtreblesséeparsafaute,ilneconnaîtraitpasdereposjusqu’àcequechaquecoupableenpaieleprixdusang.Illafits’asseoirsurlelit,perchéesurlebord,puisilpritleschaussuresqu’elletenaitdanslamain

pourlesluienfiler.Puisill’embrassaencoreavantdeseredresser.—Jerevienstoutdesuite.Nebougepas.Ils’engouffradansledressingetpassaundesesonéreuxcostumes.Aprèsavoirenfilélesmocassins

italiensrangésauboutdudressing,ilrevintchercherEvangeline.—Tuesprête,Ange?—Oùva-t-ondîner?Ouplutôt,queva-t-onmangercesoir?demanda-t-elle tandisqu’il l’escortait

jusqu’àl’ascenseur.—Desfruitsdemer,répondit-il.DansunexcellentrestaurantduMidtown.Undemespréférés.J’yai

uneréservationpermanentepourquenousn’ayonspasàattendre.—J’adorelescrevettes,commenta-t-elleensouriant.—Parcequetuenesune,dit-ilenluidonnantunpetitcoupsurlementon,poingfermé.Quandilsarrivèrentdanslehall,ZanderetHartleylesattendaientpourlesescorterjusqu’àlavoiture.

Lesdeuxhommesseglissèrentsurlessiègesavant,Hartleyauvolant.DrakeaidaEvangelineàs’installeràl’arrièreavantdes’asseoiràcôtéd’elle.—Bonsoir,Zander.Hartley,lessaluagentimentEvangeline.—Bonsoir,Evangeline,réponditZander.Tuaspasséunebonnejournée,mabelle?Ellesourit.—Oui.Ettoi?—Çaauraitpuêtremieuxsionavaitétéinvitésaupetitdéjeuner,réponditsèchementHartley.Evangelinerougit,maisleplaisirluisaitdanssesyeux.—Etsijevousyconviaistouslaprochainefois?—Marchéconclu,ditaussitôtZander.—Onpourraitcroirequetunenourrispasteshommes,ditEvangelineàDrakepourletaquiner.Elleselovacontreluietilpassasonbrasautourdesesépaules.—C’estjustequ’ilssaventreconnaîtrelaqualité.Etilssontjalouxquejet’aievuelepremier.—Cen’estpasfaux,commentaHartley.Ils naviguèrent à travers la circulation en un temps record et, à peine quelques minutes plus tard,

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Hartleysegaradevantlerestaurant.Zandersortitd’unbondpourouvrirlaportièreàDrake,quisortit,ettenditlamainàEvangelinepourl’aideràdescendre.Ellen’avaitpasfaitdeuxpasquelemondeautourd’elleexplosadansunemyriadedeflashs.Drake

proféraunflotde jurons, reprisparZander.Evangeline tituba,maisZanderetDrakeétaient làpour lasoutenir.—Retirezceputaind’appareilphotodesonvisage,ordonnaDrake.Oujevousjurequevousallezle

bouffer.Il y eut du chahut,mais Drake tira Evangeline à l’intérieur du restaurant en vitesse pour quitter le

trottoir, où ils étaient exposés. Le maître d’hôtel semblait atterré et escorta immédiatement Drake etEvangelineàunetabledanslefond,sanscesserdes’excuser.—Ques’est-ilpassé?demandaEvangeline,déboussolée,quandelles’assitenfinsursachaise.—Desphotographes,crachaDrake.—Ilstetraquent?Ileutl’airaffligé,maishochalatête.—Ceserapiremaintenantquej’aiétévuavectoi.Evangelineétaitdévastée.—Jesuisdésolée,Drake.Jeneveuxpasêtreunproblèmepourtoi.Ilpritsamainpar-dessuslatablepourlaporteràsabouche.— Chut. Tu n’es pas un problème. Ce sera pénible, Ange. Ce sont des sangsues, et ils sont

impitoyables.Quandilssemettentunossousladent,ilsrefusentdelelâcher.Ilsnoussuivrontpartout.—Jem’enfiche,siffla-t-elle.Ilsnemeferontjamaisregretterd’êtreavectoi.DesflammesdansèrentdanslesyeuxdeDrake.—Ilsnenousembêterontpasici.Notretableestprivéeetici,nousnepouvonspasêtrephotographiés

depuislarue.—Alorsprofitonsdenotresoiréeetoublionscessangsues,dit-elle.J’aihâtederentreràlamaison

pourappelermesparents.Oh,Drake.IlsvontêtresiheureuxdevenirenvillepourThanksgiving.—Jediraisquetoiaussi,tuenesheureuse.—Tuessibonavecmoi,Drake.Jamaisjen’oublieraitoutcequetuasfaitpourmoi.Un serveur apparut et Drake commanda pour eux deux, optant pour un plateau de dégustation de

crevettespourEvangeline.Aprèslesavoirservistousdeuxenvin,leserveurdisparutpourleslaisserenprivé.Evangelinesetortillasursachaise.—Tucroisquej’aibienfaitdelaissermesamiesentrerdansnotreappartement?Maddoxainsisté

pourquejenelesfassejamaisvenirquandjesuisseule.—Evangeline,tun’aspasbesoindemapermissionpourinviterquiquecesoitcheznous,dit-ilavec

douceur.C’estautantcheztoiquechezmoi.J’espèrequec’estcommeçaquetulevois.Jepensequetuasbienfaitde lesécouteretdenepasavoirpriscequ’elles t’ontditpourargentcomptant.Et jesuisd’accordavecMaddox,tunedevraislaissermonterpersonneàmoinsquemoiouundemeshommesnesoitprésent.Jepréfèreneprendreaucunrisque.Evangelinesoupira.—Ellesvontpenserquejesuisrancunièreetsanspitié.Jen’étaispascommeçaavant.—Jepensequ’ellesvontréfléchirà leurproprerôledans toutçaetserendrecompteque tucrains

d’êtredenouveaublessée.Personnenepeutt’envouloirdenepasacceptertoutdesuiteleursexcusesouleurenviequevousrepreniezoùvousvousétiezarrêtées.Jepensequecen’estpluspossible.Tropdechosesontchangé,Ange.

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—Tuasraison,biensûr,soupira-t-elle.—Moientoutcas,jeneregrettepas,dit-il,impénitent.Cequ’ellesontperdu,jel’aigagné.—Toiseulpeuxmedonner le sentimentd’avoir faitcequ’il fallait,dit-elleensouriant. Jedevrais

davantagem’inspirerdetoi.Mesamiesm’onttoujourstrouvéetropgentille,tropindulgente.Ellesvontrapidementchangerd’avisquandellesferontlesfraisdemanouvellenaturedeméchantefillesanspitié.— Je t’adore enméchante fille, déclaraDrake avec un sourire ravageur. N’hésite pas à être aussi

vilainequetuvoudrascesoirquandjet’enlèveraicetterobe.Ellehaussaunsourcil.— Je croyais que c’était ton job de me faire marcher au pas. Vous vous laissez aller, monsieur

Donovan.Jecommenceàpenserquevousfantasmezàl’idéedemevoirendominatriceetjedoisvousledire,vousmedécevez.Iléclataderire,unelueuramuséedanslesyeux.—Ainsi,jemanqueàmesdevoirs.C’estcequetuveuxdire,monange?Elles’assitbiensagementsursachaise,lesmainsposéessursesgenoux,lesyeuxrivéssurlui.Puis

ellesepenchapourquesonmurmurenepuisseêtreentendupard’autres.—Tum’astraitéecommesij’étaisenverre.Jenevaispasmebriser,Drake.Jeveuxtadomination.

J’en ai besoin. Je neme rappellemême pas la dernière fois où tum’as fouettée ou fessée. Tu as étédélicieusementtendre,etnepensepasquejen’aipasappréciétonrespect,maiscequejedésire,c’estqueleschosesredeviennentcommeavant.Oun’est-cepascequetuveux?Elles’étaitrenduecomplètementvulnérableenluirévélantsessecretsetsesdésirs.Ellesemorditla

lèvrepournepasqu’elletremble,depeurd’êtrealléetroploinetquesacritiquel’aitmisencolère.—Moncherange.LetondeDrakeétaittendre,sesyeuxpleinsdedésiretd’approbation.Aucunsigned’agacement,au

grandsoulagementd’Evangeline.—T’es-tusentienégligée?N’ai-jepasfaitcequ’ilfautpourterendreheureuse?Ellerougitetbaissalatête,mortifiée.—Oh,Drake,non!Loindelà.—Jetetaquine,monange,dit-ilenluicaressantlajoue.Regarde-moi,Evangeline.L’autoritédanssavoixlafitdélicieusementfrissonner.Elleavaitlachairdepoule,etlapeaudeson

visagefourmillaitsouslesdoigtsdeDrake.—Negardejamaistespensées,tesbesoinsoutesdésirspourtoi.Tuasraison.J’aiétédélicatavec

toicesdernierstemps.J’ensuisdésolé.Jenepouvaissupporterl’idéedetepunirtropdurementoudefairequoiquecesoitquitemettraitmalàl’aise.C’esttoutnouveaupourmoi,Ange.Jenemesuisjamaisinquiétédecequ’unefemmepouvaitpenserdemoi.Maistoi,tumetiensàcœur.Toi,jeneveuxpasteperdre.Etj’aidéjàtellementfaitd’erreursavectoi,j’aifailliteperdre.Depuis,j’aipeurd’avoirététropprudentavectoi,etjem’enexcuse.—Tunevaspasmeperdre,Drake,dit-elledoucement.Cettefois,cefutellequitenditlamainpar-dessuslatablepourprendrelasienne.—Jeveuxêtrelafemmequetuveuxquejesois.Jeveuxtonautorité.Jeneveuxpaschangerquinice

quetues,carceneseraitplusréel.J’aibesoindetoi,murmura-t-elle.Quandetcommetumeveux.Tellequetuasbesoindemoi.Jeveuxêtrecellequiterendheureux.C’estimportantpourmoi.Ellelesuppliaitduregard,etceluideDrakes’adoucit.Samainquittasonvisagepourvenirsenouer

auxsiennessurlatable.— Je t’ai dit un jour que tu n’aurais jamais àme supplier, Ange. C’est toujours vrai. Quoi que tu

veuilles,c’estàtoi.Jesuisàtoi.Tucomprends?Oui,tum’appartiensetjesuisunhommetrèspossessif,

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maisje t’appartiens,Ange,et tuesaussiunefemmetrèspossessive.J’aimeça.Jedois te ledire,celam’excitequ’unefemmesoitsipossessiveenversmoi,luiconfia-t-ilensouriant,unelueurmalignedanslesyeux.Ellerougit,lesjouesenfeu,maisnedétournapasleregarddehonte.Iln’yavaitaucunblâmedansses

paroles.Aucuneréprimande.— D’accord, j’admets que je botterais les fesses de toute garce qui te regarderait de trop près,

marmonna-t-elle.CelafitrireDrake.—Alorsnoussommesquittes,parcequejebotteraislesfessesdetouthommequiteregarderaitunpeu

troplongtemps.Mêmesijecomprendslebesoindetecontemplersansvergogne.Ellepouffa.—Tun’espascroyable,Drake.Jenecomprendraijamaiscequetuvoisenmoi;maisjenemeplains

pas.Illuifitlesgrosyeuxetsecoualatête.—Ça,çavautunefessée,Ange.Netedépréciepas.Jerefusedetelaisserfaire.Troublée,ellenesutquoirépondre,etrestadoncmuette.Maiscelaluiréchauffalecœurdevoirqu’il

étaitsidéterminéànepaslalaisserserabaisser.Ilsepenchaau-dessusdelatable.—Tueslaplusbellefemmequej’aiejamaisconnue,murmura-t-ild’unevoixrauque.Situpensesque

jediscegenredechosesàtouteslesfemmesquejerencontre,tutetrompeslourdement.Elle gigota sur sa chaise. Le dîner ne serait-il jamais servi ? La tension sexuelle était à couper au

couteau.Ellemouraitd’enviedesesoustraireauxregardsdesautrespourretournerà l’appartementetauxpromessesdeDrake.Illadévisageaetsourit,commes’ilsavaitexactementcequ’elleétaitentraindepenser.Cequiétait

certainementlecas.Ilsavaittout.Le serveur choisit cet instant précis pour arriver à la table et Evangeline faillit soupirer de

soulagement.Lesplatssentaientdivinementbonmaisellen’avaitd’yeuxquepourDrake.—Mange,bébé,ditDrakeavecunsourire.Jem’occuperaidesbesoinsdemonangeplustard.Promis.Ellesoupiraetbaissalesyeuxsursonassiette.Lasoiréeallaitêtrelongue.

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Chapitre14

Le trajetdu retourse fitprincipalementdans le silence.Evangelineétait lovéecontreDrake, la têteposéesursonépaule,àcontemplerleslumièresscintillantesdelaville.Cen’étaitpasunsilencepesant,maisagréable.Elle aimait qu’ils soient si à l’aise l’un avec l’autre.Qui aurait pensé, quelques semaines plus tôt,

quandelleétaitalléeàl’ImpulsepourmontreràEddieceàquoiilavaitrenoncé,qu’elleseretrouveraitlàoùelleenétait?Sa mère avait toujours dit que la vie était pleine de surprises et qu’elle n’était pas censée être

prévisible.ElleavaitapprisàEvangelinedèssonplusjeuneâgeàprofiterdechaquejourcommed’uncadeaucarlelendemainétaitincertain.ElletournalepoignetdeDrakeversellepourregarderl’heuresursamontre.—Toutvabien?murmura-t-il.Tuasunautrerendez-vous?Sontontaquinlafitsourireavecimpertinence.—Ilsetrouvequej’aiunrendez-vousgalantavecunbeaugossequej’airencontréàl’Impulse.Jelui

aiditquejesortiraisendouceàminuitpourleretrouver.Drakeluidonnaunetapesurlafesseavectantdeforcequelefeudansasursapeau,luiarrachantun

gémissement.—Jedevraispeut-êtret’attacheraulitcettenuit.—Mmm,peut-êtrequetudevrais.Aprèstout,jepeuxêtreunevilainefille,tuterappelles?—Jecroisqueturéclameslacravache.—Bah,évidemment,dit-elleenlevantlesyeuxauciel.Enfin,quefaut-ilfairepourêtrepuniedenos

jours?Tuteramollisavecl’âge,Drake.Situnefaispasattention,tunepourrasplussuivreetjeseraiobligéedetemettreaurancart.Ceseraitlafindetacarrièred’étalon.Ils’étrangladerirepuistoussa.—C’estuneexpressiondechez toi ?Parceque jene saisabsolumentpasdequoi tuparles.Petite

insolente.Ellerit.—Mettre au rancart est une façon polie de dire que tu ne peux plus suivre. En d’autres termes, tu

deviensunvieilhommeetjevaisdevoirtrouverquelqu’und’autrepoursatisfairemesbesoins.—J’aiunerecommandation,sijamais,intervintZanderdepuislesiègeavant.Evangelineportasamainàsabouche,mortifiée,etplongeapresqueentreDrakeet lesiègepourse

cacher.Drakefutsecouéderire.—Tuasoubliéquenousn’étionspasseulsdanslavoiture,Ange?Zandernefaisaitquerentrerdans

tonpetitjeu.—Jepeuxallermeterrerdansuntrouetmourir?grogna-t-elle.—C’estleprixàpayerquandonjoueàlamaligne,dit-il,contentdelui.Etj’aihâtedetemettrela

fesséequandnousarriveronsàlamaison.—Je regardais l’heuresur tamontreparceque jevoulaisvoir s’ilétait trop tardpourappelermes

parentsquandonrentrera,expliqua-t-elle,soucieuse.Ilestuneheureplustôtchezeux,doncilsdevraient

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êtreencoredebout,siçanetedérangepasquejelesappellecesoir.Illaserracontreluietl’embrassasurlefront.—Biensûrqueçanemedérangepasquetulesappelles,bébé.Jesaisquetuesimpatientedeleur

annoncer la nouvelle. Et je pourrais rester avec toi pendant que tu les appelles, si tu n’y vois pasd’objections?Ensuite, tupourrasexprimertagratitudedemanièretrèscréative,dit-il,avecunsouriremalicieuxetunelueurdiaboliquedanslesyeux.—J’essaieraid’écourterl’appel,murmura-t-elle.—Iln’yapaslefeu,ditDrakeentoutedécontraction.Nousavonstoutelanuit,Ange.Etjecompte

profiterdechaqueseconde.Jepensequeceseraitunebonneidéequeturestesàlamaisondemainetquetufasseslagrassematinée.J’ailesentimentquetunepourraspasfairegrand-chosed’autrequandj’enauraifiniavectoi.Elleledéfiaduregard,lèvrespincées.—Nefaitespasdepromessesquevousnepourrezpastenir,MonsieurleGrosDur.Jusqu’àprésent,je

voisbeaucoupdeparolesmaispasbeaucoupd’action,doncj’espèrequevousallezconfirmervosdires.Ilhaussaunsourcil.—Ondiraitbienqueledéfiestlancé.Ellehaussanonchalammentlesépaules.—Ilvafalloirquetuassures.Jemedemandecequetouscesphotographesdetabloïdspenseraientdu

grandDrakeDonovansionapprenaitqu’ilnesatisfaitpassanana.—Jecroisquetuascrééunmonstre,Drake,ditHartley.Evangelinegrognadenouveau.—Silence!Vousnepouvezpasaumoinsfairesemblantdenepasentendrecequenousdisons?Jene

displusrien.Ellejetaunregardnoiràl’avantdelavoiture,oùHartleyetZanderétaienttousdeuxécroulésderire.

QuandDrakesejoignitàeux,elleluidonnauncoupdecoudedansleventre,lefaisantgrogner.—Monangedevientimpertinent,dit-ilnonsansappréciation.Çameplaît.EllecontinuaderegardertouràtourDrakeetleshommesàl’avant,leslèvresscellées.Heureusement

pourelle,ilsarrivèrentdevantl’immeublequelquesminutesplustard.EllerefusadecroiserleregarddeZanderoudeHartleyquandilsleurouvrirentlesportières.—Nesoispastropdureavecluicesoir,s’écriaZanderalorsqu’EvangelineetDrakepénétraientdans

lebâtiment.Elle mit ses deux mains sur ses oreilles, mais cela n’empêcha pas les rires des deux hommes de

l’atteindre.Dans l’ascenseur, Drake laissa passer quelques étages avant d’appuyer sur le bouton « Stop » ;

l’ascenseurs’arrêtaentredeuxétages.—Drake?demanda-t-elle,sursesgardes.Qu’est-cequetufais?—Nousavonsquelquesminutesavantd’appeler tesparents,dit-ild’unevoix rauque, empreintede

désir.Jebandecommeuntaureaudepuisledébutdelasoirée.Tun’asqu’àrespirerpourquejebande.Enlèvetaculotte.Elleécarquillalesyeux,stupéfaite.—Qu’est-cequejeviensdetedire?demanda-t-ild’unevoixdevelours.Ellepassasamainsoussarobeetfitglissersaculotteendentelle le longdesesjambesjusqu’àce

qu’elletombeàsespieds.—Maintenantouvremabraguetteetsorsmabiteparl’ouverture.Lesmainstremblantes,elledéfitlentementsabraguette.Sonsexe,enérection,surgitdanssamain.

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—Remontetarobeàtatailleettiens-labien,ditDrake,leregardbrûlant.Dèsqu’elleeutobéi,ilpassasesmainssoussesfessesetlahissacontrelui.Illafitreculerjusqu’àce

quesesépaulesheurtentlaparoidel’ascenseur,puisilpositionnasonsexecontrelesien.—Tu es prête pourmoi,Ange ?Tupeuxmeprendre dans cette position ?Nousn’avonsquedeux

minutesavantquelasécuritéouvrelesportesaprèsledéclenchementdel’alarme.Ounouspouvonsallerauboutetjepeuxappuyersurleboutonpourmonter.Ellen’avaitaucuneintentiondefairedurercetinstantpourquesonéquipedesécuritélestrouvenuset

dans une position compromettante, qu’elle soit prête ou pas. L’excitation monta en elle au lieu del’humiliation qu’elle s’attendait à ressentir, le risque d’être surprise décupla son désir au lieu del’amoindrir.—Oui,siffla-t-elle.S’ilteplaît,Drake.Prends-moi.D’unpuissantcoupdereins,illapénétradetoutesalongueur.Lescrisd’Evangelinerésonnèrentdans

l’ascenseur.Bonsang, ilétaitencoreplusénormedanscetteposition.Elle le sentaitpulseretpalpiterdanschaquepartiedesonintimité.—Passetesjambesautourdemoiettiens-toi,grogna-t-il.Elleenroulasesjambesautourdesataille,nouaseschevillesdanssondos,etagrippasesépaulesdes

deuxmainsalorsqu’il semettaità lapilonner.Elle laissa tombersa têteenarrièrecontre laparoidel’ascenseuretfermalesyeuxtandisqu’ilallaitetvenaitdanslachaleurdesonsexemouillé.—Sibelle,putain,ditDrake,lesdentsserrées.Jen’aijamaisrienvud’aussibeaudetoutemavie.—Alorstunedoisjamaisregarderdansunmiroir,dit-elleentredeuxhalètements.—Jenevaispastenirlongtemps.Tuyesbientôt,Ange?Sonsexesecontractaitdéjàautourdesonérection.—Presque,parvint-elleàarticuler.C’esttoutproche.S’ilteplaît.J’aibesoin…Puisilabandonnatoutcontrôle.Ilallaetvintenelleavecdepuissantscoupsdereins,s’enfonçanttout

entier en elle, encore et encore jusqu’à ce que lemonde se brouille et que lesmurs semblent tournerautourd’elle.EllepoussauncriaumomentmêmeoùlapremièrevaguedejouissancedeDrakedéferlaenelle.Il

enfouit son visage dans son cou sans cesser de faire onduler ses hanches, jusqu’à ce que, enfin, il lapénètred’uncouppourresterenelle,immobilealorsquesasemencel’emplissait,jetaprèsjet.La poitrine d’Evangeline se souleva d’épuisement, elle inspirait bruyamment des goulées d’air,

toujoursplaquéecontrelemur,lesexedeDrakeprofondémentenfoncéenelle.Il tendit lamainpour appuyer sur leboutonet remettre l’ascenseur enmarche. Ils firent le restede

l’ascension en silence, toujours intimement connectés, les jambes d’Evangeline autour des hanches deDrake.Lorsque laportede l’ascenseur s’ouvrit, il la soulevadans sesbras et entradans l’appartement, la

serrantcontrelui,toujoursenelle.—Waouhmarmonna-t-elle.Ilritdoucement.—C’étaitbon?—Mmm-hmm.—Tufaismoinslamaligne,hein?—Oui.Ileutunautrepetitrireetlaportadanslasalledebains,oùillaposasurlemeubleàcôtédel’évier.Il

fitcoulerl’eaudeladouche,puislesdéshabillatouslesdeuxavantdelaportersouslejetd’eauchaude,oùilentrepritdelaverchaquecentimètrecarrédesoncorpshypersensible.

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Quand ileut finide les rincer tous lesdeux, il la sortitde ladoucheet l’enrouladansuneservietteavantdel’embrassersurlesommetducrâne.—Allonsappelertesparentsetensuite,monange,jevaispunirmatrèsvilainefille.

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Chapitre15

Avecunsoupirheureux,EvangelineselaissaallerdanslesbrasdeDrakeaprèsavoirmisfinàl’appelavecsesparents.—Ilssemblaiententhousiastes,fitremarquerDrake.—Oh,ilslesont,dit-elleEtmoiaussi,Drake!Jen’arrivetoujourspasàcroiretoutlemalquetute

donnespourlesfairevenirpourThanksgiving.Merci.Illuisouritchaleureusement.— Ce n’est pas grand-chose, Ange. Comment pourrais-je ne pas faire une chose qui te rend si

heureuse?Etjel’admets,j’aihâtedelesrencontrer.—Euxaussisontimpatientsdeterencontrer,admitEvangeline.Jetepréviens.Ilsvontcertainementte

poserunmilliarddequestions.Monpèrevatecuisinersurtesintentionsenverssapetitefille,etmamèrenevapasnousquitterdesyeux.SondépitsemblaamuserDrake.—Jepensequejepeuxsurvivreàunpetitinterrogatoire.Net’inquiètepas,Ange.Toutvatrèsbiense

passer.Elleseblottittoutcontreluietenfouitsonvisagecontresontorse.— Bon, dis-moi. Est-ce que j’ai été très vilaine, et quelle est ma punition ? demanda-t-elle

innocemment.—Elleseralàd’unmomentàl’autre.Elles’écartadeluipoursondersonregard.—Qu’est-cequiseralàd’unmomentàl’autre?Ilsourit.—Tapunition.Marécompense.Tarécompense,aussi.—Qu’est-cequec’est?demanda-t-elle.Ilcapturaunedesesmainspourlaporteràsabouche,etembrassasapaumeouverte.—TutesouviensdeManuel?Uneétrangechaleurruisseladanssesveinesetellefrémitmalgréelle.Ellehochalatête,pascertaine

depouvoirs’exprimerverbalement.—Ilnous rendvisitece soir. Jeveuxque tu sois trèsgentilleetque tuobéissesàmesordres sans

hésitation.—Jamaisjeneteferaishontedevantunautrehomme,souffla-t-elle.—Jelesaisbien,Ange.Allez,vadanslachambretepréparer.Maisdépêche-toi.Ilserabientôtlàet

jeveuxquetusoisiciàgenouxquandilarrivera.Elleselevaaussitôtetseprécipitadanslasalledebainspoursebrosserlesdentsetlescheveuxetse

rafraîchirlevisage.SoucieusedesinstructionsdeDrake,ellenes’accordaquequelquesminutesavantderetournerenvitessedanslesalonpoursemettrefaceàluietattendresesordres.Iln’yavaitqu’approbationdanssesyeuxquandilcontemplasoncorpsnu.—Vatemettreàgenouxaumilieudutapisdanslesalon,ordonna-t-ild’unevoixrauque.Manuelest

dansl’ascenseur.Obéissante,ellesepositionnaselonsesordres,àgenouxfaceàl’entrée:elleseraitlapremièrechose

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queManuelverraitquandlesportess’ouvriraient.Elledéglutitnerveusement,essayantdeserappelertoutcequ’ellepouvaitdecettenuit-là.Toutn’avait

été qu’un nuage de plaisir. Elle se souvenait à peine du visage deManuel ou de son allure. Elle serappelaitvaguementqu’ildevaitavoirl’âgedeDrake,oupeut-êtreunpeuplus.C’étaitunhommeséduisantavecdescheveuxcourtspoivreetsel.Justecequ’ilfallaitpourluidonner

unairdistingué.Ils’exprimaitbienetavaitétépleindesollicitudeenversEvangeline.Maisellen’avaiteud’yeuxquepourDrakeetsonplaisir.Qu’avait-ilentêtepourcesoir?Voudrait-il laregarderêtredominéeparunautrehommecommela

foisprécédente,ouvoudrait-ilparticiperdavantagecettefois-ci?Lesportess’ouvrirentetManuellavitinstantanément.Ledésirdansadanssesyeuxnoirsalorsqu’il

entraitdansl’appartement.Drakeselevaducanapépourl’accueillir,etlesdeuxhommesseserrèrentlamain.—Evangeline,tutesouviensdeManuel,ditDrake.—Oui,soufflaEvangeline,surletondelasoumission.J’espèrequevousallezbien,monsieur.— Tu as une soumise si douce et respectueuse, dit Manuel en dévorant Evangeline des yeux. Je

considèrequej’aibeaucoupdechance,quetupartagesceprésentavecmoi.—Elleestàtoicesoir,ditDrakeentoutesimplicité.Jeregarderaietparticiperai,maisc’esttoiquila

dirigeras,pasmoi.Commelapremièrefois,laseulechosequetunepeuxpasfaire,c’estl’embrassersurlabouche.Toutleresteestpermis.—Quellessontseslimites?demandaManuelsansdétour.—Ellen’enapas.Manuelhaussaunsourcil,surpris.—C’estàtonappréciationetjetefaisconfiancepoursavoirquandtuvastroploin.Etcommejete

faisconfiance,Evangelineteferaconfianceelleaussi.Ellesaitquejamaisjenelaisseraipersonneluifairedumal.Manuel se tourna vers Evangeline, dont le pouls accéléra soudain. Ses narines se dilatèrent en

expulsantl’aircoincédanssacagethoracique.—Dis-moi,Evangeline.Tuaimesquandc’estbrutal?Peux-tutoutsupporter?Jen’aiaucuneenviede

tefairemal.Jeveuxquecesoitaussibonpourtoiqueçal’estpourDrakeetmoi.—Jeveuxtoutcequevouschoisirezdemefaire,dit-elleensoutenantsonregardsansciller.Jeveux

quecesoitréel.Jen’aimepaslasimulation.LafiertébrilladanslesyeuxdeDrake,cequiluiinsufflauneincroyableconfianceenelle.—Alorstoietmoiallonsbiennousentendre,ditManuelensouriant.Jen’aimepaslesjeuxnonplus.

Maiscommecen’estquenotredeuxièmefoisensembleetquec’estmoiquiseraiauxcommandesetnonDrake,jeveuxquetutrouvesunsafewordquetuprononcerass’ilfautquejem’arrête.—Jen’auraipasbesoinquevousvousarrêtiez,dit-ellecalmement.Drakelesaurabienavantmoi.Il

nevouslaisserapasallertroploin.Jeluifaisentièrementconfiance.—C’estvraimentunprécieuxcadeaupourundominantquesasoumiseluiaccordeunetelleconfiance.

Drakeadelachance.—C’estmoiquiaidelachance,murmura-t-elle.Drakes’avançaetposasamainsursajoue.—Nousneseronsjamaisd’accordsurcepoint,monange.Jesaistrèsbienquiestlepluschanceuxde

nousdeux.Maistuasraison.Jenelaisseraijamaispersonneallertroploinavectoiettefairedumal.Mais si jamais, pour quelque raison que ce soit, tu veux que Manuel arrête, tu n’as qu’à le dire.D’accord?

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—Oui,chuchota-t-elle.DrakeseretournaversManuel.—Elleestàtoi.Manuelrestauninstantsurplaceàlaregarder,sonregardaffamédévorantlecorpsnud’Evangelinedu

regard.Elle frissonna, ses tétonssedressèrent, sonvaginsecontractaet sonclitoris semitàpalpiter.Elleétaitexcitée.PlusexcitéequelapremièrefoisqueDrakeavaitinvitéManuel,carelleconnaissaitàprésentlesplaisirsquil’attendaient.Lapremièrefois,elleavaitéténerveuseetincertaine,inquiètequeDrakesoitencolèresielleprenaitduplaisiravecunautrehomme.Maisils’étaitréjouidelavoirréagirauxcaressesd’unhommequ’ilavaitsélectionnépourelleet,voyantcela,elles’étaitdétendueets’étaitlaisséealler,senoyantdansl’extasedécadentequeManuel–etDrake–luiavaitdonnée.À en juger par la lueur de désir dans les yeux deManuel, elle n’avait vu que la partie visible de

l’iceberg.Elleavaitlesentimentquecettepremièrenuitavaitétéunesortedetest,qu’elleavaitréussi,etquecesoir,iln’yauraitplusaucuneretenue.Elleavaithâte.Manuelouvritsabraguetteettirasonénormeérectiondesonpantalon.Ilsemassalesexepourqu’il

devienneplusrigideencore,puisilserapprochad’elle,sonmembredansantdélicieusementjustedevantsabouche.—Sucemabite,Evangeline,dit-il enusantd’un langageobscènepour l’exciter. J’espèreque tues

prête, parce que je vais te faire une gorge profonde. Je vais te baiser la bouche jusqu’à ce que tu negoûtesetnesentesplusquemoi.Maisd’abord,jevaisdemanderàDrakedet’attacher,parcequejeteveuxtotalementàmamercipourpouvoirexercermavolontésurtoi,ettunepourrasrienfairesicen’estprendrecequejetedonne.Ellegémit,lecorpsfourmillantalorsqueledésirmontaitenelle.Inconsciemment,ellesecambra,les

seinsenavant,lestétonssidursquec’enétaitpresquedouloureux.TandisqueManuelrestaitdeboutlà,àpassersamaindehautenbassursaverge,lanarguantpresque,

Drake lui tira sansménagement les bras dans le dos pour lui attacher les poignets. Puis, à son grandétonnement,ill’attrapaparlescheveuxpourluitirerlatêteenarrière,avantdeposersesmainssursestempespourlatenirfermementenplace.Manuelplaçasespiedsdechaquecôtédesescuisses.—Ouvre,ordonnaManuel.Elleobéit instantanémentet il glissa son sexe sur sa langue, allant etvenant avecungrognementde

satisfaction.—Tiens-la,ordonna-t-ilsèchementàDrake.Cefuttoutl’avertissementqu’elleeutavantqu’ils’enfonced’uncoupjusqu’aufonddesagorge.Son

membreétaitsilargequ’ellenepouvaitplusrespirer.Illuifallutfaireappelàtoutesadisciplinepournepass’étoufferetrejetercetteinvasion,maiselleseforçaàsedétendreetselaissaallerentrelesmainsdeDrake.Elleluifaisaitconfiance.Ilallaitprendresoind’elle.Manuelmarquaunepauseetbaissalesyeuxavecunsouriretendreauxlèvres:ilavaitremarquéson

mouvementpresqueimperceptible.Ilsoupira.—C’enestunequejepourraistepiquer,monami,dit-ilàDrake.Jamaisjen’aiététentéderavirla

femme d’un autre homme, mais je te la prendrais sans jamais avoir de remords. C’est un trésorinestimable.— Tu peux toujours essayer, dit Drake d’un ton glacial. Je tuerai l’homme qui essaiera de me la

prendre.—C’estbiennormal.Jeferaispareilàtaplace.Manuelavaitprononcécesderniersmotsavectristesse.Ilcaressalajoued’Evangelineavectendresse

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toutenreprenantsonva-et-vientpluslentement,allantplusloinàchaquecoupdebassin.— Tu as ce dont rêve tout homme comme nous. J’espère que tu le sais et que tu la protèges en

conséquence.LesexedeManuelquittalabouched’Evangeline;Manuellaissasonglandposécontreseslèvreset

baissa la tête vers elle, avec dans les yeux une lueur de désir, teintée de tout autre chose… De latristesse?S’oubliantuninstant, impulsivequ’elleétait,Evangelineneputretenir laquestionqui luibrûlait les

lèvres.— Vous avez perdu quelqu’un d’important pour vous, Manuel ? demanda-t-elle d’une voix douce.

N’avez-vouspasdefemmepoursatisfairevosbesoins?Dèsqu’elleeutposélaquestion,ellerougitdehonte,pleinederemords.Elleleregarda,horrifiée.—Jesuisdésolée.Jevousenprie,pardonnez-moi,Manuel.EllesetournaversDrake,paniquée.—Pardonne-moi, Drake. J’ai dépassé les limites. Je n’aurais rien dû dire. Je n’ai pas à poser de

questions. Il est demon devoir de satisfaire vos besoins et d’obéir à vos ordres, d’être ce que vousvoulez.Pasd’êtreindiscrète.Jevousenprie,pardonnez-moi,répéta-t-elle,bouleversée.—Evangeline,regarde-moi,ditManueld’unevoixtendremaisferme.Elle levacraintivement lesyeuxvers lui,dévastéeà lapenséede l’avoirdéçumais surtoutd’avoir

déçuDrake.—Ne fais pas cette tête,ma douceEvangeline, dit-il avec un sourire tendre.Comment pourrais-je

reprocherquoiquecesoitàunefemmequiresplenditavecautantdebeautéetdecompassion.Tuasuncœurgénéreux,quienveloppetouteslespersonnesquit’entourent.Oui,j’aiperduquelqu’un,etnon,jen’aipasdefemmefixe.Jen’enveuxplus.Pasdepuis…Ilsetut,laminesombre.—Celafaisaitlongtempsquepersonnenem’avaittouchéenpleincœurcommetul’asfait.C’estpour

çaquej’aitaquinéDrakeenluidisantquesinousn’étionspassibonsamis,jet’enlèveraissansuneoncedeculpabilitéouderemords.Maistoncœurestauprèsdelui.C’estévident.Tuneserasjamaisheureuseavecunautrehomme.—Non,murmura-t-elle.JeneseraiheureuseavecDrake.Drake, tremblant, lui empoignaplus fermement les cheveux. Il caressa sa chevelure, puis se pencha

pourl’embrassersurlesommetducrâne.EvangelineregardaManueldanslesyeuxsansciller.— Je sais que ton cœur appartient à une autre, comme lemien appartient àDrake,mais j’aimerais

beaucoupêtrecellequit’offreaumoinsunenuitdepaix.Etdeplaisir.Prends-moi,Manuel.Cen’estpasgravedefairecommesi.Faisdemoicequetuveux.Faiscequetuveuxavecmoi.Jenevaispasmebriser.Jepeuxprendretoutcequetumedonnes.Jeleveuxettuenasbesoin.Laisse-moit’apporterduréconfortcesoir.—Jamais jen’essaieraide tebriser,mamignonne,ditManuelavecaffectionet respect. Jeveux te

donnerduplaisir,et,l’espaced’uninstant,jeveuxretrouverlalumière.IlfitglissersavergeaufonddesagorgetandisqueDrakemaintenaitEvangelineenplace,bienquece

nesoitpasnécessaire.Mêmesicettenuitétaitpourelle,àl’instigationdeDrake,ellesentaitqueManuelavaitdésespérémentbesoinderéconfort.Etelledésiraitplusquetoutchasserlesombresdesyeuxdecethomme.Consciencieuse,ellenebougeapasquandManuels’arrêta, logéprofondémentdanssagorge, la tête

renverséeenarrière,leplaisirgravésursestraitssensuels.

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—Quedirais-tusinous teprenions tous lesdeux,Drakeetmoi,et tepossédions,encoreetencore,toutelanuit?demandaManuel,lavoixlourdededésir.Ellefrissonnadélicatement.Unevaguededésirsoudaineetviolentedéferlaenelle,laforçantàfermer

lesyeux.Manueleutunpetitrire.—Jecroisquenousavonsnotreréponse,Drake.—Eneffet,murmuraDrakeenembrassantEvangelinedanslecoutandisquesesdoigtss’emmêlaient

danssescheveux.Monangepeut toutaccepteret jeveuxluidonnerlemonde.Cesoir,cen’estquelacerisesurlegâteau.Ellegémit,absorbantsesmotsdouxcommeunedroguéeenmanque.ManuelseretiraetEvangelinesetournalégèrementpourleverlesyeuxversDrake.Ellesavaitqu’elle

désobéissait.Qu’elledevaitrépondreàManuel.Qu’elledevaitseconcentrersurManuel.Maisellenepouvaitretenirlesmotsquiplanaientsurseslèvres.—Nelesais-tupas,Drake?Tuestoutmonmonde.Lefeudanssesyeuxsetransformaenbrasieretilécrasaseslèvressurlessiennes,dévorasabouche,

semoquantquelesexed’unautrehommeviennejustedelaquitter.Étrangement,cen’enétaitqueplustorride:sonclitorissemitàpalpiteretsestétonssedressèrent.—Tuasencorelebancàfessée?demandaManuelàDrake.DrakeopinaetquittaEvangeline,qui ressentitcruellement l’absencedesachaleur.Manuel la saisit

parlementon,laforçantàleregarder.— Je voulais te fouetter ce soir,murmura-t-il.Marquer ta si belle peau.T’emmener au-delà de tes

limites.Tepousserà tonpointderupture.Mais jen’aipas lecœurde le faire.Unbancà fesséeademultiplesutilisations,commetuvasbientôtledécouvrir.Lalueurdanssesyeuxluipromettaitdesplaisirsindicibles.Elleeneutlachairdepoule.Drakerevintuninstantplustard,poussantunappareilquiressemblaitàunesortedeselleàl’envers

surdespiedsenbois.Letoutétaitrembourré,bienloindestréteauxenboispleinsd’échardesquesonpère avait dans son magasin avant de se blesser. C’était visiblement un instrument fait pour êtreconfortable.Etcoquin.Lacourbedelasellequidevaitrecevoirleventredelapersonneétaitencuir,épaisetlisse.Ilyavait

des anneaux en métal en bas des pieds avant et arrière de l’appareil, et elle se demanda à quoi ilspouvaientbienservir.Manuel fut très attentionnéquand il l’aida à se lever et retira les liens autourde sespoignets. Il la

stabilisauninstantpours’assurerqu’elletenaitbiensursespieds,puisil laissasonbrasautourd’ellepour lacaresser,ne faisantquedécupler sonplaisir.Pourdeshommesaussi rudesetdominateursqueManueletDrake,ilsétaientextrêmementdouxavecelle,latraitantcommeduverrefilésusceptibledesecasser s’ils le manipulaient avec trop peu de précaution. Cela la laissait perplexe, car ces hommesprenaientsansaucunscrupule,sansdemander.Ilssecontentaientdeposséder.Manuelpritsonseinaucreuxdesapaumeetfitroulersontétonsoussonpoucejusqu’àcequecette

sensationexquiselafassepresquehaleter.Puisilglissasonautremainsursonventre,puisplusbas,etplongeasesdoigtsentresesplissensibles,caressantsachair.Ildécrivitdescerclesautourdesonclitoris, lefit roulerentresesdoigts,enprenantgardeànepas

tropappuyer,ànepasluifairemal.Puisilfitglissersonmajeurenelleetpénétrasonvagin.Ellesemitsurlapointedespieds,grimaçantdeplaisir.Elleétaitdéjàauborddel’extasealorsqu’il

l’avaitàpeinetouchée!Illapénétraplusprofondément,titillantprécautionneusementsonpointG,etellefaillit jouir sur-le-champ.Ses jambes tremblaient, sesgenouxsedérobèrent, et, s’ilne l’avait retenue,

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elleseseraiteffondrée.—Doucement,mamignonne,dit-il.Nousavonstoutelanuitdevantnous.Nulbesoindeseprécipiter.Ses deux mains quittèrent le corps d’Evangeline, qui poussa un soupir de protestation. Manuel rit

doucementpuislaguidaverslebancàfesséequeDrakeavaitinstalléaumilieudusalon.D’oùavait-ilsorticetengin?Ellenel’avaitjamaisvu.Quecachait-ild’autredanscetappartement?LesyeuxdeDrakebrûlaientdedésiralorsqu’ilcontemplaitsoncorpsnuetlesmainspossessivesde

Manuel posées sur sa peau.Approbation et désir luisaient dans ses yeuxnoirs, tirant àEvangeline unfrissongrisant.Ellesesentaitsûred’elle.Sexy.Désirable,même.SesyeuxtrouvèrentceuxdeDrakeetelleluiadressaunsouriremystérieuxetsensuelquiluipromettait

lemonde,messagequ’ilreçutcinqsurcinq.Il fit un bref signe de tête à Manuel et, soudain, elle se retrouva positionnée sur le ventre sur le

somptueuxcuirdubanc.ManuelluiécartalesjambespendantqueDrakefaisaitdemêmeavecsesbras.Ilsluiattachèrentleschevillesetlespoignetsauxétrangesanneauxsurlesquelselles’étaitinterrogée.Àprésent qu’elle comprenait leur utilité, l’excitation fit accélérer son rythme cardiaque : elle étaitimpuissante,soumiseàtoutcequ’ilschoisiraientdeluifaire.Elleétaitimpatiente.Manuel lui caressa le derrière, tâta sa peau, lui écarta les fesses, laissant l’air frais effleurer ses

partiesintimesàprésentexposées.—Jeveuxd’abordprendretachatte,ronronna-t-il.Puisjevaisbaisercejolipetitcul.Etpendantque

jetebaiserai–etjevaisteprendresansménagement,Evangeline–tuvassucerDrake.Tun’aspasledroitdejouiravantdenousfairetouslesdeuxéjaculer.Situmedésobéis,jereviendraisurmadécisionde ne pas marquer ta magnifique peau et ferai en sorte que tu ne puisses pas t’asseoir pendant unesemaine.Elles’avachit, lesmusclesencompote.Ellefermalesyeux,assaillieparcette imageprovocante,et

avala sa salive. Elle ne voulait pas de pitié. Elle voulait tout. Sans ménagement. Sans retenue. Ellevoulaitladouleurquisetransformaitenunplaisirdesplusexquis.Ellesetrémoussa,impatientequ’ilscommencent.Onl’empoignaparlescheveux,etaudébut,ellenesutdires’ils’agissaitdelamaindeDrakeoude

celle deManuel ; c’était celle deManuel, qui la tira violemment en arrière pour lamettre face à unénormepénisenérection.Drake.Ellegémitetseléchaleslèvresenattendantlasuite.LerâledeDrakenoyalesien.—Tumetues,Ange.—Ouvre,ordonnaManuel,savoixclaquantdansl’aircommeunfouet.Toutsignedel’amanttendreavaitdisparupourlaisserplaceàunmâledominant,féroceetautoritaire.Obéissante, elleouvrit laboucheetDrake s’enfonçaà l’intérieur, l’emplissantde songoût familier.

Ellelécha,fittournersalangueautourdesonglandetlelongdesonmembrealorsqu’ils’enfonçaitdanssagorge.Ellegonflalesjouespourlerecevoir,etl’étaudelamainseresserradanssescheveux.—Voilà,grognaManuel.Prends-le.Avale-letoutentier.Commetuvasm’avalermoi.Commeauparavant,iln’yeutpasd’avertissement,pasdepréambulenidepréliminaire.Illapénétra

d’un puissant coup de reins et elle poussa un cri, étouffé par le sexe de Drake. Bon sang, c’étaitdouloureux…Unedouleurdélicieuseetdécadentequiétait labienvenue.Elleétait tendue,pasencoretotalementprêteàlerecevoir,cequilarendaitplusétroiteencore.—Çafaitmal,mamignonne?demandaManueld’unevoixsoyeuse.

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—Mmmm.Un riremontade lapoitrinedeManuel etvibracontre ses fessespuisqu’il étaitplaquécontreelle,

enfouiauplusprofonddesonintimité.—Cen’estqueledébut,luimurmuraManueldansl’oreille.Jevaistefaireencoreplusmal,maisjete

jurequetuvasadorerchaqueseconde.Oh oui. Elle adorerait. Cela ne faisait aucun doute. La douleur liée à l’interdit était une sensation

grisante et euphorisante comme jamais elle n’en avait connu dans sa vie. Jamais elle n’aurait penséapprécierl’infimelimiteentre«trop»et«pasassez».Quand il lapénétraunenouvelle fois, elle se tendit, chacundesesmuscles secontractantalorsque

l’orgasmemontaitenelle,menaçantd’éclatermalgréelle.Manuel se retirade soncorps endolori etDrakeplongeadans lesprofondeursde sagorge.Manuel

abattitsamainsursonculd’uncoupcinglantquilatiradel’euphoriebrumeusequil’enveloppait.—Nejouispas,dit-ildurement.Outuaurasdroitàpirequemamain.Ellerespiratantbienquemalpar lenez, luttantpourfairepasser l’airautourdusexedeDrake,qui

n’avaitpasbougé.Ellecommençaàsedébattre,maisManuelcinglaviolemmentsonautrefesse.— Encaisse. Tu n’as pas le contrôle. Nous faisons de toi ce que nous voulons. Tout ce que nous

voulons,Evangeline.Tucomprends?Ellehochalatête,ouessayadumoins.Ellefermalesyeuxetfitsonpossiblepoursedétendre.Pour

faireredescendresonextasetouteproche,mêmesisoncorpsfourmillaitcommesielleavaitreçuunchocélectrique.Puis Drake se mit à lui baiser la bouche, prenant sa bouche comme si c’était son sexe. Manuel

l’empoignapar lescheveuxpour tirersa têteenarrière,demanièrequ’Evangelinenepuisseéchapperauxva-et-vientastreignantsdeDrake.PuisManuel appliquaungel frais à la jointure de ses fesses et pressa sonpouce à l’intérieur pour

lubrifiersonorifice.—Pastrop,dit-il,unsouriredanslavoix.Jeveuxquetulesentesquandjeteprendslecul.Commesiellen’allaitpaslesentir.Commeprécédemment, il ne lui donnapas le tempsde se préparer ni de s’ajuster. Il était sur elle,

agrippait toujours fermement ses cheveux tandis que, de l’autre, il lui écartait les fesses avant des’introduiredansl’étroitorifice.Elleouvritgrandlesyeux,souslechoc,sachantqu’ilétaitàpeineàl’entrée–etpourtant,elleavait

l’impressionqu’illuiavaitmisunebattedebase-balldanslefondement.Bordel.Ellenesurvivraitjamais.—Prends-moi,dit-ildurement.Toutentier,Evangeline.Prends-moimaintenant.Ildonnauncoupdereins,l’ouvrantsanspitiéd’unmouvementbrutal,s’enfonçantsiprofondémenten

ellequeseshanchesaplatirentlerebondidesesfesses.Elle était complètement remplie.Drake dans sa bouche, sa gorge, etManuel dans son cul. Prise au

piègeentredeuxmâlesalphadominants.Leparadis.Se souvenant de la directive de Manuel – elle ne devait pas jouir avant eux –, elle entreprit de

s’occuper de Drake, le comblant à l’aide de sa langue, l’aspirant dans sa bouche jusqu’à ce qu’ill’empoigneparlescheveuxpourlateniralorsqu’illuiprenaitlaboucheparà-coups.—Voilàunegentillefille,ronronnaManuel.Tananaveutjouir,Drake.—Oui,c’estbienvrai.Etelleaététrès,trèsgentille,doncjepensequenouspouvonsluidonnerce

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qu’elleveut,ditDraked’unevoixrauqueetsoyeusequifitfrissonnerEvangelinedeplaisir.Sansunmotdeplus,leshommesadoptèrentunrythmeimplacable;Evangelineétaitàboutdesouffle,

dansunétatsecond,toutelapiècesebrouillaautourd’elle.Sonorgasmeexplosa,ilsedéployacommelesdouxpétalesd’uneroseenété,maisellelerepoussapourseconsacrertoutentièreàdonnerautantdeplaisiràDrakequ’elleallaitenrecevoir.LemembredeManuelsegonfladefaçonincroyable,sescoupsdereinssefirentpuissants,frénétiques,

seshanchesclaquaientbruyammentcontresesfesses.Sesmainsagrippaientsonbassin,laserrantsifortqu’elle porterait la trace de ses doigts pendant des jours. Puis, avec un cri, il s’arracha à elle, cetteabsencesoudainedesalargeprésencelafaisantgémir.Drakeseretiraégalementdesabouche,etellesentitdeuxjetsdespermel’éclabousserenhauteten

basdudos.C’étaitlasensationlaplusdélicieusementobscènequ’elleaitjamaisconnue.Quiauraitcruqu’elle,quin’avaitaucuneexpériencesexuellequelquesmoisauparavant,feraitunplanàtroisdécadentavecdeuxdeshommeslesplusséduisantsqu’elleaitjamaisrencontrés?Etl’und’euxluiappartenait.Elle retint son souffle quand elle sentit le bout dur de…quelque chose… titiller son sexe, puis les

doigts deManuel qui caressaient lentement son clitoris palpitant. Elle écarquilla les yeux, stupéfaite,quand l’objet se glissa en elle, gros et dur ; elle comprit que ce devait être un vibromasseur ou ungodemiché,quelquesoitlenomdecesex-toy.—Que veux-tu, Evangeline ? Que ce soit lent et doux, ou rapide et brutal ? demandaManuel en

s’immobilisant.—Lentetdouxavectamain.Rapideetbrutalavecle…Elles’étrangla,nesachantpasexactementcedontilseservait.Manueleutunpetitrire.—Gode,Evangeline.Tuasungodedanslachatte.Ettesdésirssontdesordres.Ilsemitàlacaresserlentementetavecdouceur,commeellel’avaitdemandé,puisfitalleretvenirle

godemichésansménagementenelle,luitirantuncrideplaisiralorsquesoncorpssetendaitcontrelesliensquilaretenaientcaptive.Drake semit àgenouxdevant elle, lesmains emmêléesdans ses cheveux, et lui redressa lementon

pour l’embrasser. Ilglissa sa languedans sabouche, lagoûta, ladévora. Il avala sescris, inspira sessoufflesetluidonnalessiens.Etquandellejouit,ellecriadeplaisirdanssabouche,lesonétoufféparsalangueetseslèvres.Ellesemitàtrembler,commeparcouruededéchargesélectriques,quandManuelretiralegodedeson

vagin encore saisi de spasmes. Ses parois s’agrippaient à l’objet, ne voulant pas se départir de cettesensation exquise de satiété.Mais ce n’était rien comparé à l’authentique : elle voulait les queues deManueletDrake.Profondémentenelle.Éjaculantenelle.Lamarquant,lapossédant,prenantpossessiond’elle.TandisqueDrakecontinuaitdelacouvrirdebaisersetdecaresses,Manuellalibéradesesentraves.

Elleselaissaallersurlebanc,tropengourdiepourbouger.Heureusementpourelle,ellen’eutpasàlefaire.Drake la prit dans ses bras et alla s’asseoir sur le canapé, l’installant sur ses genoux. Manuel

réapparut,unverreàlamain,etleportaauxlèvresd’Evangeline.—Bois, dit-il avec douceur.Tudois avoir soif.Nous devons prendre soin de notre dame, ce soir.

Nousnevoudrionspasqu’elles’épuise.Ellesouritetleregardaàtraverssescils.—Aucunechancequecelaarrive.

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EllebutgoulûmentsousleregardfascinédeDrake,ébahideressentirunetelleexcitationsimplementenlaregardantboire.Toutenelleéveillaitsondésir.Ilsavaitqu’ilavaitdusouciàsefaire,maispourlapremièrefoisdesavie,ils’enfichaitcommedel’anquarante.Parfois,celanedérangeaitpasunhommed’êtreattrapépourdebonet troussécommeunedindede

Noël.Quelhommeavaitlachanced’avoirunefemmecommesonange?ElleavaitsentiledésespoiretlasolitudedeManueletavaitréagicommeilauraitvouluqu’ellelefasse.Aveccompassion,etunetelledouceur…Ilétaitencore tôtet iln’avaitnullementépuisésonpropredésird’Evangeline.D’aucunsauraientpu

direqu’ilétaitperturbé,nonseulementdepermettremaisdedemanderàunautrehommedesoumettreetdebaisersafemme.Celaluiétaitégal.Celafaisaitbienlongtempsqu’ilnecherchaitplusd’excusesoud’explicationspour justifier lesbesoinset lesdésirs sombresqui l’animaient. Il était certaineschosesqu’ondevaitaccepter,etcelle-cienfaisaitpartie.Permettre à un autre homme de toucher samaîtresse, sous sa surveillance, ne diminuait en rien sa

possessivitéquantàEvangeline.Aucontraire,cela le rendaitencorepluspossessif,car il savaitqu’ilavaitdelachanced’avoirtrouvéunefemmequilecomprenait.Unefemmequisepliaitvolontiersàsestraverssexuels.Quiyprenaitmêmeautantdeplaisirquelui.EtilsavaitqueManueln’étaitpasencoresatisfait.Ilneleseraitpasnonplusquandlanuitseraitfinie,

maisc’étaittoutceàquoisonamiauraitdroit.Unenuit.Jamaisunarrangementrégulier.Seulementàladiscrétionetàl’enviedeDrake.Les deuxhommes avaient une chose en commun : l’envie de faire plaisir àEvangeline et de lui en

donner.La faire jouir encore et encore, l’entendre gémir de plaisir, crier d’extase, et voir la lueur desatisfactiondanssesbeauxyeuxbleusvoilésdepassion.DrakeéchangeaunregardavecManuel,quihochasimplementlatête.Lemomentétaitvenu.Manuel

tendit lamainàEvangeline,quiglissa sesdoigtsdans sapaumepourqu’il l’aideà se lever. Il laissacourirsesmainssursoncorps,encaressachaquecourbe,avecuneattentiontouteparticulièrepoursesseinsrebondisetsesfesses,avantdeplongerentresescuisses.Lesyeuxd’Evangelinesevoilèrent,sespupillessedilatèrentalorsquelapassionl’enivrait.—Retourne-toi,ordonnaManuel,lalibérantdesonemprise.Obéissante,ellefitcequ’ildisait,puisManuella tiracontreluietreculajusqu’aucanapé.Ils’assit

maisposaunemainfermecontreledosd’Evangelinepourluiordonnerderesterlàoùelleétait.Drakelui jeta le lubrifiant etManuel en couvrit généreusement sa verge, allant et venant avec samain pourbanderautantqueDrake.C’étaitEvangelinequiavaitceteffetsurlui.Saqueueétaitdressée,àplatcontresonventre.Ilétaitsur

lepointd’explosertantilavaitenvied’êtreenelle,etdesavoirquelesexedeManuelluirempliraitlecul,larendantparfaitementétroite,fitdéjàjaillirunpeudefluidedesonpropresexe.—Assieds-toisurmoi,ditManuelavecunecertainetensiondanslavoix.Reculedoucement.Jevais

teguider.Posetesmainssurtesfessesetécarte-lespourmoi.Lerosemontaauvisaged’Evangeline,delabasedesoncoujusqu’auxjoues.Maisunefoisencore,

elle fit ce qu’on lui ordonnait de faire. Drake ressentit un vif élan de fierté : sa concubine était sifantastique.Saconcubine.Elleluiappartenait,àluietàluiseul,etl’officialisationdeleurrelationfaillitlefaire

tomberàgenoux.Luiquin’avaitjamaisclaméqu’uneautrefemmeétaitsienne.Luiquin’avaitjamaiseupersonne,àpartsesfrères.Personneàquiiltienne.Personnequitienneàlui.C’était à la fois une leçon d’humilité et une source d’adrénaline. Une révélation renversante qu’il

n’auraitjamaiscruepossible.Maisseshommessavaientqu’ilmarqueraitsonterritoire.Ilétaitévident

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auxyeuxdetousqueDrakeétaitbeletbienprisaupiège,etcelaluiétaitbienégalquetoutlemondelesache.Drake avait été réticent à officialiser sa relation, comme l’avaient proposé ses frères.Hésitant. Et,

oui… terrifié.Lui qui ne craignait rien ni personne.Pourtant, une femme fragile lui fichait la trouille.Deuxmoisplustôt,ilauraitriaunezdeceluiquiauraitsuggéréqu’unetentatriceblondeauxyeuxbleuslemettraitàgenoux.Enapparence,c’étaitluiledominant,luiquiavaitlecontrôle,maisilconnaissaitlavérité.Iln’avaitaucuncontrôledanssarelationavecEvangeline.Ilremueraitcieletterrepourlarendreheureuse,feraittoutpourlagarder.Danslesfaits,ilétaitàsamerci.IlregardaEvangelinesuivrelesordresdeManueletlelaisserluiattraperleshanchespourl’asseoir

sursesgenoux.Elleglissasesmainssursesfessesavechésitation,puisellelesécarta,lesoufflecourt,levisagetoujoursempourpré,enproieàunecertaineincertitude.Elleavaitbeauêtregênéeetmanquerdeconfianceenelle,elleobéissaitauxordres.Pourlui.Alors

qu’elleselaissaitguiderparlesmainsfermesdeManuel,elleplantasesyeuxdansceuxdeDrakesanssourciller,commepourluidire:«C’estpourtoi.Rienquepourtoi.Toujourspourtoi.»Sapoitrinesecomprimapresquedouloureusementetilfaillittrahirsonémotionenselamassantpour

chasser cet inconfort passager. Puis elle ferma les yeux, le front creusé, le souffle saccadé, alors queManuellapénétrait.—Ouvrelesyeux,Ange.Regarde-moi.Nevoisquemoi.Elleobéitaussitôt,etilseperditdanslabrumequidansaitdanssonregard,danslebleudesesyeux

plusbrillant,l’invitantàs’yperdre.Ilétaitdéjàperdusansespoirderevenirenarrière.Iln’enavaitaucuneenvie.EllepoussaungémissementquandManuellatirad’uncoupverslebas,lapénétranttoutentier.Ilse

laissatomberenarrièrecontrelecanapé,lesdoigtsplantésdansleshanchesd’Evangeline.Iltenditlesjambespourécartercellesdelajeunefemme,detellesortequesonvaginétaitouvertetoffertàlavuedeDrake.Manuel se laissa glisser sur le canapé pour qu’Evangeline se retrouve perchée au bord du coussin,

danslapositionparfaitepourDrake.Ilnebougeaplus,l’orificed’Evangelinelargementdistenduautourdesonsexe.Ilsemblaitpresqueimpossiblequ’ellepuisselerecevoir.Lapositionrendaitl’accèsàsonvaginsiétroitqueDrakedevraitmanœuvrerpourentrer.Lasimplepenséedeson intimitéessayantderepousserson invasionetde l’étroitessedesesparois

autour de son sexe l’excitait au plus haut point, et davantage de fluide s’échappa de son gland. Il nepouvait y avoir sensation plus incroyable que celle de ses parois velouteuses autour de son sexe,contractéesetrésistantesalorsqu’illapénétrait.Bordel,s’ilparvenaitàs’enfoncer toutentierenelle, iléjaculeraitendeuxsecondes. Ilne tiendrait

jamais,luiquiétaitpourtantconnupoursoncontrôleetsadiscipline.Seulement,iln’enavaitpasavecEvangeline.Ellelemettaitdanstoussesétats,iln’avaitplusaucunemaîtrisedesajouissance.Mais il comptait bien profiter de chaque minute – ou plutôt seconde – passée en elle, son vagin

absorbantchaquegouttedesonsperme.Etcettefois-ci,iln’allaitpasseretirer.EtManuelnonplus.Ilsallaientl’inonderdespermejusqu’àcequ’ilcoulesursescuisses,tracevisibledeleurpossession.Evangelineneditpasunmot.ElleétaittropdisciplinéeetdéterminéepourdécevoirDrakeenminant

sonautorité.Maisc’étaitdanssesyeuxaussiclairquesiellel’avaitdemandéàvoixhaute.S’ilteplaît.Commes’ilpouvaitluirefuserquoiquecesoit.—Ouvre-laplusgrand,ordonnaDrakeàManuel.Evangelineécarquillalesyeuxet lesbaissamachinalementverssescuissesdéjàlargementécartées,

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commesiellesedemandaitcequeManuelpouvaitouvrirdavantage.Les yeux de Drake étaient rivés sur son sexe à présent grand ouvert ; les lèvres roses, enflées,

appelaientsacaresse.Ilvoulaitlatoucher,lagoûter,maisilauraittoutletempspourçaplustard.Dansl’immédiat,saqueueallaitexploseràlasimplepenséedecetétaudélicieusementétroitquin’attendaitquelui.Lachairsoyeuseluisaitd’humidité,larendantaccueillante.Elleétaitmouillée.Trèsmouillée.Malgré

cela, ça n’allait pas être facile de pénétrer en elle. Il allait devoir y aller doucement au risque de ladéchirer,etiln’avaitaucuneenviedeluifairemal.Ilyavait ladouleurquiétaitaussiduplaisir, et ladouleur toutcourt. Jamais ilne lui feraitmalen

satisfaisantsespropresdésirségoïstes.Ilsepositionnaentresesjambesécartées,empoignantsonsexeenérectiond’unemain.Ilfitglisserson

glandcontreseslèvres,chatouillantsonclitorispuistitillantsonouverture.Ellegémitéperdumentet,malgrélaprisefermedeManuelsurseshanches,ellelessoulevacommesi

ellevoulaitprendreDrakeenelle.Ilfinitparenfoncersonglanddanssontrouétroitetavançaavecunepressionconstante.Souslechoc,elleouvritgrandlesyeux,embrumésdedésir.Elletrouvasonregardetileutl’impressionderecevoirunélectrochoc.Sesyeuxdisaienttout.Prends-moi.Jesuistienne.Çaoui,elleétaitàlui.Il la pénétra sansménagement avec un grognement, suant et jurant alors que le corps d’Evangeline

résistaitàsaprogression,seserrantautourdeluicommepourlerepousser.Lesvolontéss’affrontaientdanscecorpsà corps.LedésirdeDrakecontre lesdéfensesnaturellesd’Evangeline. Il allaitgagner.Évidemment.Pasquestionqu’ilensoitautrement.Les dents serrées, il se retira à peine avant de donner un violent coup de reins, la pénétrant

profondément. Cela déclencha un chœur de gémissements et de soupirs, mélange de réactionsd’Evangeline,deManuel,etdelui-mêmealorsqu’ilsétaienttoustroisauxprisesaveclafrontièreténueentreladouleurgrisanteetleplusdouxdesplaisirs.Dèsqu’ilfutentièrementenelle,lesparoisdesonvaginpalpitèrentautourdesonsexe,crispé,encore

plusmouillécommeelleétaitauborddel’extase.—Jouis,Ange,murmura-t-il.Jouisautantquetuveux.Ellepoussauncridestupeur,etsoncorpsentraenéruptionautourdelui,secouédespasmes,mouillé

ets’accrochantdésespérémentàsaqueue.Ildutserrerlesdentspournepasjouiraussi.Manuelgrognaetjura, ses mains bougeant sans cesse sur les hanches d’Evangeline alors qu’il tentait de prendre lecontrôle.Drakesemitàlapilonner.Ildonnaitdepuissantscoupsdereins,labaisantalorsqu’ellejouissait,puis

illasentitremueretsecrisperalorsqu’elleatteignaitl’orgasmepourladeuxièmefois.—Bordel,marmonnaManuel.Elleétait sauvageentreeuxdeux,donnaitdes ruades, semouvait sans réfléchir, sa têtesebalançant

d’avantenarrière,aucombledel’extase.Ellen’avaitplusaucuncontrôlesursoncorps.C’étaitàDrakedelepiloter.Des’enoccuper.Etc’estbiencequ’ilavaitl’intentiondefaire.Il lui donna un autre orgasme, puisManuel ne put plus tenir : il semit à soulever ses hanches, la

pilonnantdederrièrependantqueDrakelaprenaitpar-devant.Manuels’écroulasurlecanapé,soutenantencoreEvangelinepourDrake,commeunsacrificepaïen.Ileffleuralecoud’Evangelinedesaboucheetécartasescheveuxtrempésdesachairtendrepourlacouvrirdebaisers.MaisDraken’enavaitpasfini.

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—Encoreun.Donne-m’enencoreun,ordonna-t-il.Jouispourmoi,Ange.—Jenepeuxpas,haleta-t-elle.—Si,tupeux.Malgrésondéni,ilsentitseschairsonduleretsutqu’ilnepourraitplustenirlongtemps.Maisilétait

déterminé à lui donner un plaisir suprême avant cela. Il ralentit donc la cadence, renonçant au rythmebrutalqu’ilavaitadopté,etlapénétraavecunelenteurinfinie.Putain,c’étaitsibon.Lasueurperlaitsursonfrontettoutsonvisageétaitcrispésousl’effort,untourmentdélicieuxléchantsonsexedesabaseàsongland.—Drake!cria-t-elle.Impuissante,elleagitalesmainsdanslesairs,commesiellenesavaitpasquoifaire.—Accroche-toiàmoi,bébé,dit-ild’unevoixrauque.Allons-yensemble.Toietmoi.Jouisavecmoi.

Maintenant.Elleplantasesdoigtsdanssesépaules,s’agrippantà luide toutessesforces,etDrakes’enfonçaen

elle,jusqu’àcequesestesticulestouchentsesfesses.Unefois.Deuxfois.Autroisièmecoupdereins,ilfutbaignéparlavaguechaudedel’orgasmed’Evangeline,cequidéclenchalesien.Ilsemitàallerplusfort,laremplissantdesasemencejusqu’àcequ’ellecouledesonsexe.Ildonnaunderniercoupdereinsetrestaenelle,sonsexepalpitant,expulsantcequiluisemblaêtre

deslitresdespermeenelle.Exténuée,elleselaissatombercontreletorsedeManuel,paupièrescloses.Subjuguéparcettevision,ilembrassasespaupièrespuissonnezetenfinsabouche,secollantàelle,

toujours en sandwich entre eux deux. Son torse se gonflait, la pressant davantage contre Manuel, etpersonneneditmot,nevoulantpasbriserlabrumesensuellequilesenveloppait.—Waouh,marmonna-t-elle,lesyeuxsemi-ouverts.Jecroisquevousm’aveztuée,maisjen’imagine

pasplusbellemort.C’était…incroyable.ManuelluimordillalecouetDrakeembrassasabouchesidélicieuse.—Contentqueça t’ait plu,Ange,mais je t’assure, tout leplaisir était pournous.Tunous asoffert

quelque chose de très précieux ce soir et ne crois pas que nous ne le savons pas, ou que nousl’oublierons.—Jamais,renchéritManueld’unevoixgrave.Tuesunefemmeàpart,Evangeline,etDrakedevrait

s’estimerheureuxde t’avoirvueet revendiquée lepremier, sinon tu seraisdansmon lit encemomentmême.Evangeline eut un sourire en coin, enivrée, ivre de plaisir. Elle ne réagit pas à la déclaration de

Manuel,dontDrakesavaitqu’elleétaitsincère–Manueln’étaitpasdugenreàdiredeschosesqu’ilnepensaitpas–,maisseconcentrasurDrake,amouretaffectionaufonddesyeux.Elletenditlamainpourlaposersursamâchoire,caressantsapeaurêchedesesdoigtsdesoie.—Jepeuxprendreunedoucheavantqu’onrecommence?Ilmesemblemerappeleravoirentenduque

nousavionstoutelanuit,etsijecalculebien,nousavonsencoredenombreusesheuresdevantnous.

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Chapitre16

Evangelinefaisaitlescentpasdanslesalon.CesoiravaitlieulegaladebienfaisanceàCarnegieHall,et,bienqu’ellesachecequ’elleallaitporter,ellenesavaitabsolumentpascommentelleallaitsecoifferet semaquiller. Drake l’avait prévenue qu’il y aurait desmédias et des photographes partout, et ellen’avaitaucuneenviedeluifairehonteenayantl’airdelapauvrepetitecampagnardegauchequ’elleétait.Ellepritsontéléphoneportableettrouvalecouraged’appelerSilas.Ellefaillitraccrocheraumoment

mêmeoùlatonalitérésonna,maisseforçaàporterletéléphoneàsonoreille.—Evangeline?dit-ilàladeuxièmesonnerie.Toutvabien?—Oui.Non.Enfin,toutvabien.C’estjusteque…Ellesoupiraetselaissatombersurlecanapé.—Tuesàl’appartement?—Oui,répondit-elleplatement.—Jesuisàcinqminutes.J’arrivetoutdesuite.Ilmitfinà l’appelet lesilencesefitdans lecombiné.D’accord.Telleétait ladécisiondeSilas.Il

allait la trouver bien stupide quand il saurait pourquoi elle l’avait appelé. Elle poussa un soupir dedésarroiets’affalasurlecanapé.Ce fut à cet endroitmêmequeSilas la trouvaexactementquatreminutesplus tardquand il déboula

dansl’appartement.—Quesepasse-t-il?demanda-t-ilbrusquementens’asseyantàcôtéd’elle.—Tuvasmeprendrepouruneidiote,marmonna-t-elle.Il se contenta de la regarder, attendant manifestement qu’elle développe. Elle se redressa avec un

soupir.—Cesoir,Drakem’emmèneaugaladebienfaisanceàCarnegieHall.—Oui,et…?—J’ailarobeetleschaussures.Maisj’aibesoind’aidepourlacoiffureetlemaquillage.Jeneveux

pasfairehonteàDrakenimeridiculiser,expliqua-t-elle,deplusenplusnerveuse.Iladitqu’ilyauraitdesphotographesetdescaméraspartout.Silas,qu’est-cequejedoisfaire?Jen’aipasmaplacedansuneréceptionpareille.Jen’auraisjamaisdûaccepterd’yaller.Silaspinçaleslèvres.—Foutaises.Tuseraslaplusbellefemmedel’assemblée.Jetelegarantis.—J’imaginequetun’espasmamarrainelaféeetquetun’aspasdebaguettemagiquecachéequelque

part,dit-elle,abattue.LeslèvresdeSilasfurentsecouéesd’unpetitticavantdesefendred’unsourireauthentique.Ellefutsi

surprise qu’elle ne put que le fixer du regard, fascinée. Silas était toujours si sérieux etmaussade. Ilsouriaitsirarementqu’elleétaitabsolumentsubjuguéeàchacundesessourires.—Jen’aipeut-êtrepasdebaguettemagique,maisj’aidelaressource,dit-ilavecunemouearrogante.

Tupeuxêtreprêteàpartirdanscombiendetemps?—Pouralleroù?s’étonna-t-elle.—Je t’emmène te faire coiffer etmaquiller.Puis je te ramènerai ici envitessepourque tupuisses

t’habilleretêtreprêtequandDrakerentreradutravail.

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—Tuconnaisquelqu’unquipeutmecoifferetmemaquiller?demanda-t-elleavecméfiance.—Queveux-tuque je tedise, je suisun touche-à-tout.Maintenant,bouge tes fessesetva t’habiller

pourqu’onpuisseyaller.Jevaisappelerpourqu’ilspuissentteprendretoutdesuite.Quatre heures plus tard, Silas et elle étaient de retour à l’appartement. Evangeline était glamour,

méconnaissable, grâce à un styliste qui tenait un salon huppé où les rendez-vous se prenaient dessemaines à l’avance. Silas, en revanche, avait manifestement ses entrées, car la personne qui l’avaitcoiffée et maquillée avait annulé tous ses rendez-vous de l’après-midi pour accéder à sa requête ets’occuperd’Evangeline.En sortant de l’ascenseur, elle s’arrêta dans l’entrée pour se regarder dans le miroir et fronça les

sourcils.—Cen’estpasmoi,dit-elle,inquiète.Ondiraitunepouledeluxe.Silaslatransperçadesonregardd’acier.—Je te jure,Evangeline. Je laisse passer pour cette fois,mais la prochaine, c’est la fessée.Tu es

sublime. Maintenant, va mettre ta robe et tes chaussures et viens me montrer le résultat. Tu as cinqminutes,alorsons’active.Ellesejetadanssesbrasetl’étreignit.Ilreculaentitubant,perplexe.—Merci,murmura-t-elle.Tues lemeilleur,Silas. Jenesaispasceque je ferais sans toi.Tues le

meilleuramiquej’aiejamaiseu.Il passa timidement ses bras autour d’elle et la serra contre lui, même s’il était manifestement

embarrasséparsonélansoudaind’affection.—Avecplaisir,Evangeline,dit-il chaleureusement.Maintenant,va te changerpourque jepuisse te

direcequej’enpense.Elleseprécipitadanslachambre,sortitlarobedudressing,etdézippalahousseavecprécaution.En

faisantattentionànepasaltérer sacoiffureetànepasmettredemaquillagesur la robe,elle l’enfila,avantdeserendrecomptequ’ellenepourraitpaslafermerelle-même.Tenantlecorsagecontresapoitrine,elleprit leschaussuresetlesenfila,avantd’enadmirerl’éclat.

Ellesecontempladanslemiroiretseditqu’auboutducompte,ellen’étaitpassimal.Lemaquilleurluiavaitdemandédequelle couleur étaient la robeet les chaussures et avaitutilisédes tonsbronzepourdonnerunéclatdoréàsapeau.La robe était d’un doré foncé brillant qui faisait ressortir lesmèches blondes de sa chevelure. De

petitesboucles tombaientdans soncouet encadraient sonvisage.Se souvenantde lapaired’énormesbouclesd’oreillesendiamantsqueDrake luiavaitofferte,ellealla lachercherdanssaboîteàbijouxavantdeprendrelecollierendiamantenformedegouttequiétaitplusgrosquesonpouce.Ellemitlesbouclesd’oreillesetpassalecollierpourqu’ilpendesursoncorsage.Puiselleregarda

sonpoignetnuethaussalesépaules.Pourquoipas?Aprèstout,ellen’avaitpassouventl’occasiondeporter lesonéreuxbijouxdontDrake lacouvrait.Siellene lesmettaitpascesoir,ellene lesmettraitjamais.ElleétaitunrefletdeDrakeetellevoulaitlerendrefier.S’ilétaitvraiqu’iln’étaitjamaisalléàune

réception publique avec une femme à son bras, cette soirée n’en était que plus épique pour elle.Elleattachalebraceletendiamantsàsonpoignet,satisfaitedurésultatfinal.Sestalonsrésonnantsurlesolenmarbre,elleretournadanslesalonaupasdecourse,tenanttoujours

sarobed’unemain.—J’aibesoind’aide,dit-elle,àboutdesouffle.TupeuxremontermafermetureÉclair?— Je devrais être sanctifié pour ça, marmonna Silas. Il y a des limites à ce qu’un homme peut

supporter,bordel.

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Elleleregardasanscomprendre.Illevalesyeuxaucieletlafitpivoterpourfermersarobe.—Tunesaisvraimentpasqueleffettufaisauxhommes?Ellerougitjusqu’àlaracinedesescheveux.—Désolée,marmonna-t-elle.Jen’aipasréfléchi.—Jetetaquine,Evangeline.Jesuiscontentquetusoisassezàl’aiseavecmoipour,primo,m’appeler

parcequetun’avaispersonnepourtecoifferettemaquiller,etsecundo,medemanderdefermertarobe.Je t’ai suffisamment fréquentée pour savoir que tu n’accordes pas ta confiance facilement, et je suishonorédecompterparmicesraresprivilégiés.Illafitpivoterdansl’autresensetfitquelquespasenarrièrepourlacontemplerdelatêteauxpieds.—Tournelentementpourquejevoietout,luiconseilla-t-il.Elletournalentementsurelle-mêmeetritcommelarobebrillaitdanslalumière.—J’aivraimentl’impressiond’êtreCendrillon,dit-elleavecunlargesourire.—Tuesunique,Evangeline,ditsincèrementSilas.Ettrèsbelle.JesuiscontentdeveniravecDrakeet

toicesoir.Jeseraiceluiquimarmonnera«jetel’avaisdit»toutelasoiréependantquedeshommesseridiculiserontpourteplaire.—Maisc’estvrai!s’exclamaEvangeline.J’avaisoubliéquetuvenais.Jesuistellementcontente.Je

mesensbienmieuxdesavoirquetuseraslà.Ellelepritunenouvellefoisdanssesbrasetillatintavecprécautionparlesépaulespourqu’ellene

ruinepassacoiffureetsonmaquillage.Puis,àsagrandesurprise,ilpenchalatêtepourl’embrassersurlajoue.—Il fautque j’aillemechangersi jeveuxêtreà l’heurepourvousaccompagneraugala.Nelaisse

monterpersonned’autrequeDrakeouundesgars.C’estcompris?—Oui,monseigneuretmaître,plaisantaEvangelined’unevoixtraînante.LeregarddeSilass’embrasa.—Sinousétionsdansmonlit,tusauraisquec’estcequejesuisettuneplaisanteraispasavecça.Elleeutdespapillonsdansleventre,maisrefusadeselaisserdécontenancer.—Dehors, ordonna-t-elle.Tuessaies seulementdemedéstabiliser. J’ai cequ’il faut enmatièrede

seigneuretmaîtreenl’état,mercibien.Silasluidécochaunclind’œilavantderegagnerl’ascenseurd’unpasnonchalant.—Àtoutàl’heure,poupée.Neruinepasmonœuvred’art.Evangelinesemitenquêtedesontéléphone,espérantqueDrakeluiauraitenvoyéunmessagepourlui

dire à quelle heure il rentrait.N’y trouvant aucune notification, elle semordit la lèvre et hésita à luiécrireunmessage.Ils n’avaient jamais discuté de la possibilité ou non de lui écrire ou de l’appeler quand il était au

travail. Elle avait pris sur elle de ne jamais le faire parce qu’elle ne voulait pas le distraire ou ledéranger.Maislescoupless’envoyaienttoutletempsdesmessages.Audébut,elleavaiteudesraisonsde douter de sa place dans la vie deDrake,mais il lui avait clairement fait comprendre depuis leurréconciliationqu’iln’avaitpasl’intentiondelalaisserpartir.—Arrêtedefairetapoulemouillée,marmonna-t-elle.Elle aurait pu demander à Silas si c’était une bonne idée, mais elle n’y avait pensé qu’après son

départ.Navréeparsalâcheté,elletapauncourtSMSetappuyasur«Envoyer»avantdepouvoirchangerd’avis.

Salut.J’espèrequetuaspasséunebonnejournéeautravail.Jemedemandejusteàquelleheureturentres.Jesuisprête,jet’attends.Bisousbisous.Evangeline

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Lefeuluimontaauxjoues.Ellesesentaitcomplètementstupide.C’étaitquoice«bisousbisous»?

Ellesecroyaitaulycéeouquoi?Sontéléphonesonnaetellesedépêchadetapersoncodepourlirelaréponse.

Je rentre dans quinze minutes. Bonne journée. Sera encore meilleure quand jeretrouveraimonange.Bisousbisousàtoiaussi.D.

Unmilliondepapillonsprirentleurenvoldanssapoitrineetellesentitunsourires’esquissersurses

lèvres.Lasoirées’annonçaitidyllique.ElleadoraitNoël.Leschants,lesdécorationsetleslumières.UnesoiréeàCarnegieHallpourledébutdesfêtesdefind’année:ellenepouvaitrêvermieux.EtyêtreaubrasdeDrake?S’aventureroùaucuneautrefemmen’étaitalléeavantelle?Un gloussement lui échappa quand elle réfléchit à la direction que prenaient ses pensées. Puis elle

poussaunsoupirsongeur.Drakeensmoking,elleàsonbraspourquelemondeentierlavoie.Laperfectionabsolue.

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Chapitre17

Drake serra lamain d’Evangeline quand la voiture s’arrêta derrière d’autres véhicules attendant dedéposerleurspassagerssurletapisrougedevantCarnegieHall.—Tuessplendide,bébé,dit-ild’unevoixchaleureuse.Elle avait les yeux rivés sur lamassedegensqui sepressaient à l’entrée et sur les caméras et les

photographes.Lesflashscrépitaientparvaguesàmesurequelesgenssortaientdevoiture.DouxJésus.Drakel’avaitprévenue,certes,maisellenes’étaitpasattendueàcela.C’étaitcommes’ilsétaientdescélébritésouquelquechosedanslegenre.—Respire,Ange,murmuraDrake.Maddox,Silasetmoisommestousavectoi.Ilnet’arriverarien.Je

telepromets.Elle avala la boule qui lui serrait la gorgemais elle revint aussitôt lorsque la voiture avança : ils

étaientlesprochainsàdescendre.Laportières’ouvritetDrakesortit,assombrissantuninstantl’intérieurde la cabine de son imposante silhouette. Instantanément,Maddox et Silas se flanquèrent à ses côtéstandisqu’iltendaitlamainàEvangeline.Il l’aida à sortir de voiture et elle se retrouva debout à côté de lui dans l’air frais de la nuit.Elle

frissonna, éblouie et hébétée par le flot de lumières crues et les flashs des appareils photo venant dequarantedirectionsdifférentes.ElletressaillitquandlesgenssemirentàhurlerdesquestionsàDrake.Maddoxattrapal’autremain

d’Evangeline et la serra pour la rassurer. Il la bloqua entreDrake et lui pour la protéger, Silas justedevantelle.Ilsformaientainsiunebarrièreimpénétrableautourd’ellepourcontrerquiconquevoudraitl’atteindre.—Souris,luiglissaMaddoxàl’oreille.Tuasl’airterrifié.Fais-leurunsourireàtomberparterreet

montre-leurtesbeauxyeuxbleus.Elleeutl’impressiond’êtreunrobotprogrammépourobéiràlavoix.Elleaffichaunsilargesourire

qu’elleeutl’impressionquesesjouessefendaient.Elles’efforçadesedétendreetdefairecommesiellepassaitleplusbeaumomentdesavie,entouteinsouciance.Elleseforçamêmeàregarderdirectementcertainsappareilsphotoavecunsourireéclatant.QuandilseurentfinileurtourdepisteetqueDrakeeutessuyédelamaindesdemandesd’interview,il

latiradanslebâtimentetelles’avachitdèslesportesfranchies.—C’estdingue!souffla-t-elle.—Viens,allonscherchernosplaces.Plusvitenousseronsassis,plusvitenoussortironsdelalignede

tir,ditDrake.—Çava,poupée?demandaSilasàvoixbasselorsqu’ilss’assirentdansunelogeprivéeau-dessusde

la scène. Tu as besoin d’aller te rafraîchir avant que ça commence ? Maddox et moi pouvonst’accompagnerauxtoilettespourdames.Reconnaissante de pouvoir se reprendre et vérifier sonmaquillage pour s’assurer qu’il n’avait pas

coulé,ellehochalatêteetseleva.Drakeluiattrapalamainetlaportaàsabouchepourdéposerundouxbaiseraucreuxdesapaume.—Reviensvite,Ange.ElleluiadressaunsourireradieuxavantdeprendrelebrastendudeSilaspourselaisserguiderhors

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delasalle,àtraverslehall,jusqu’auxtoilettes.—Noust’attendonsici,ditMaddox.Nemetspastroplongtemps.Personnen’entreraaprèstoi,maisil

sepeutqu’ilyaitdéjàdespersonnesàl’intérieur.Faiscequetuasàfaire,vitefaitbienfait,d’accord?—Compris,dit-elleavecunsourirereconnaissant.Elleentradanslestoilettesetallaseposterdevantlemiroirpourvérifiersonmaquillage.Ellepritun

mouchoir pour tamponner les coins de ses yeux avant de remettre dugloss à lèvres.Elle entendit unechasse d’eau et, suivant le conseil deMaddox, elle se retournait vers la porte pour sortir, quand unegrandebruneéléganteseplantadevantelle.—Excusez-moi,soufflaEvangelineencontournantl’autrefemme.—Oh,vousdevezêtreladernièreconquêtedeDrake,ditlafemmed’untonmoqueur.Lagrossièretédel’inconnueinterloquaEvangeline.—Pardon?Labrunesourit.—Profitez-entantqueçadure,mabelle.Etcroyez-moi,çanedurerapas.Drakenerestejamaisavec

lamêmefemmeplusdequelquessemaines.Maislesavantagessontincroyables.Etentrevousetmoi,sijamaisilinviteManuel?Soyezprêteàpasseruntrèsbonmoment,ronronna-t-elle.SesmotstranspercèrentEvangelinecommedeslamesacérées.Ellefutprisedenausées,maiselleétait

tropfièrepourselaisserabattreainsi.Elleserepritetregardal’inconnuedehaut.—J’ignoredequoivousvoulezparler.QuiestManuel?Leriretintinnabulantdel’autrefemmeétaitabrasifetagaçant.—Oh,c’estunamideDrake.Ilspartagentlesmêmespenchants,sivousvoyezcequejeveuxdire.Et

lehasardfaitqu’ilspartagentaussileursconquêtesparfois.Evangelineluttacontrelasueurfroidequimenaçaitdeperlersursonfront.Ohnon,ellen’allaitpas

laissercettefemmeladémolirainsi.Ellelaregardad’unairméprisant.—VousneconnaissezpastrèsbienDrake,n’est-cepas?lança-t-elleavecdédain.—Assezbien,sedéfenditlafemmeenriant.—Non,crachaEvangeline.Vousne leconnaissezpas.Sinon,voussauriezqueDrakeestunhomme

extrêmement possessif qui n’a pas l’habitude de partager ce qui lui appartient. S’il vous a partagée,j’imaginequecelaimpliquequ’ilnevousconsidéraitpascommetelle.EtsivousconnaissezDrakeaussibienquevous ledites,alorsvouscomprenezaussi la significationdemaprésenceà sonbrasce soir.Maintenant,sivousvoulezbienm’excuser,leshommesdeDrakem’attendentdevant.Maisjedoutequevouslesayezdéjàrencontrés,n’est-cepas?Levisagepâleeteffarédelafemmefutladernièrechosequ’Evangelinevitavantdepasserlaporte.Elleauraitdû triompher intérieurementd’avoirgagnécontrecetteméchantegarcequiessayaitde la

remettreàsaplace,maiselleavaitjusteenviedepleurer.SilasetMaddoxsentirentimmédiatementladétressed’Evangelineetexigèrentdesavoircequin’allait

pas.—Rien,répondit-ellesèchement.Raccompagnez-moijusteàmonsiège,s’ilvousplaît.Elleavançad’unpasraide,sanssesoucierqu’ilslasuiventoupas.Ilsl’escortèrentjusqu’àlalogeet

elleseglissaàcôtédeDrake,lecœurbattantlachamade.Ducoindel’œil,ellevitDrakeladévisagercurieusementavantdesetournerbrusquementversMaddoxetSilas.Heureusement, les lumières se tamisèrent et les applaudissements retentirent : le concert débutait.

Quandlamusiquecommença,Evangelineputenfinmettreladéplaisanterencontreauxtoilettesderrièreelle.Temporairementdumoins.Lasymphonieétaitmagiqueetelleenadorachaquenote.

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DrakeobservaitEvangeline,quis’imprégnaitde lamusique, l’airparfaitementenchanté.Ilse tournaversSilas etMaddox, assis juste derrière eux, et haussaun sourcil interrogateur.Quelque chose avaitcontrariéEvangeline,etilvoulaitsavoirquiétaitresponsable.Silassortitsontéléphoneet luifitsignequ’il luienvoyaitunmessage.Quelquessecondesplustard,

Drakeregardasontéléphone,sursilencieux,etdutsemordrelalèvrepourseretenirdejurer.Putaindemerde.

Tutesouviensdelafolleavecquituascouchél’annéedernière?Unegrandebrunequis’appelleLisa?ElleétaitauxtoilettesavecEvangeline,etquandEvangelineestsortie,elleétaittoutepâle.JesuissûrqueLisaluiaracontédessaloperies.

Drakeserralesdents,furieux.IlessayadeserappelercombiendetempsilétaitrestéavecLisa.Ça

n’avaitpasduré.Ilneserappelaitmêmepluscequ’ilsavaientfaitensemble.Pourtant,celanevoulaitpasdirequ’ellen’avaitpasremplilatêted’Evangelinedepoisonetgâchétoutesasoiréeparlamêmeoccasion.Bordel.Quand les lumières se rallumèrentà la finduconcert, leprésidentduconseildesdeuxassociations

pour lesquelles on amassait des fonds s’avança sur la scène pour prononcer son discours destiné àsolliciterautantdedonsquepossible.MaisDrakeenavait euassez, il refusaitde torturerEvangelinepluslongtempsquenécessaire.—Vachercherlavoiture,ordonna-t-ilàMaddox.Nouspartons.Evangelinesetournaverslui.—C’estfini?murmura-t-elle.—Lemeilleurestpassé.Leresten’estquediscoursetappelsauxdons.Puisquej’aidéjàfaitundon

entonnometaunomdemonorganisation,nousn’avonspasbesoinderester.Ellehocha la têteavec raideuravantdeconcentrerdenouveausonattention sur la scène.Quelques

instants plus tard, Silas tapota l’épaule de Drake pour lui indiquer queMaddox les attendait devant.Drake attrapa Evangeline par le bras et fit courir ses doigts sur sa peau pour lui prendre lamain. Ill’attiracontreluietpassasonbrasautourdesataillepourquitterlaloge.Silasaffichaituneminegrave,mais,surtout,l’inquiétudeselisaitdanssesyeuxtandisqu’ilobservait

l’airmaussaded’Evangeline.Dèsqu’ilsfurentsortis,Silassepostadevantellepourlaprotégerdesphotographesetdescaméras.

Quelqu’un lui hurla qu’elle était la dernière « pouf » de Drake ; Evangeline tressaillit, mortifiée,visiblementauborddeslarmes.Silasgrognaetfrappal’hommequiavaitcrié,etceladégénéra.DrakesoulevaEvangelineetplongea

dans la voiture, s’étalant de tout son long sur la banquette arrière.Dès queSilas prit place à l’avant,Maddoxdémarraentrombe.—Putain,ils’estpasséquoi?demandaMaddox.—Unconnardqui a injuriéEvangeline, grognaSilas.Tu feraismieuxd’appeler ton avocat demain

matin,Drake.Cesalaudl’amérité,maiscelaneveutpasdirequ’ilnevapasessayerdenouspoursuivreenjustice.—S’ilessaie,onluirendraunepetitevisite,aveclesgars,intervintMaddox,menaçant.—Çasuffit,ordonnaDrake.Evangeline était suffisamment paniquée. Elle n’avait nul besoin de découvrir cet aspect sordide du

mondedeDrake.

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Illaberçatendrementcontresontorseencaressantsonbraspourlarassurer.Ildéposaundouxbaiserdanssachevelure.—Çava,Ange?murmura-t-il.Elle hocha la tête avec raideur, et il jura dans sa barbe.Quoi que cette folle lui ait dit, cela avait

profondémentaffectéEvangeline.—Posez-nousàlamaison,ordonnaDrake.SilassetournalégèrementsursonsiègepourregarderEvangeline.—Çava,poupée?demanda-t-ilavecdouceur.Drake eut l’impression de prendre un coup de poing dans le ventre quand les yeux d’Evangeline

débordèrent de larmes. Elle détourna vivement la tête pour dissimuler sa détresse aux deux hommes.Drakelaserratoutcontreluietcalasatêtesoussonmenton;lerestedutrajetsefitdanslesilence.Lorsqu’ilsarrivèrentenbasde l’immeuble,Silassortitetouvrit laportièrepouraiderEvangelineà

descendre.Drakesortitderrièreelleetpassasonbrasautourdesesépaules.—Mercipourtout,Silas,dit-elled’unepetitevoix.Aumoinsjefaisaisillusioncesoir,grâceàtoi.Silassaisitsonmentonaucreuxdesapaume.—Tunefaisaispasseulementillusion,Evangeline.Tuasbeaucoupplusdeclassequ’elle;cettetarée

net’arrivepasàlacheville.Ellerougitetdétournalatête.—Bonnenuit,Maddox,lança-t-elleensedirigeantversl’entrée.Drake la rattrapa au pas de course et la prit par la main en montant dans l’ascenseur. Une fois à

l’intérieur,illaserracontrelui,lementonsursoncrâne.—Ques’est-ilpassécesoir,Evangeline?Elle se crispa et enfouit son visage contre son torse. Il la laissa éluder la question le temps de la

montée.Ilsenparleraientunefoisqu’ilsseraientrentrés,et,avecunpeudechance,ilpourraitréparerlesdégâtsquiavaientétécausés.Lorsquelesportesdel’ascenseurs’ouvrirent,Evangelineessayadesesoustraireàl’étreintedeDrake

pourentrerdans l’appartement,mais ilgardasamain fermementdans la sienneet laconduisitdans lesalon,oùillapoussagentimentsurlecanapéavantdes’asseoiràcôtéd’elle,demanièreàluifaireface.—Quet’aditcettesalopedanslestoilettes,Evangeline?Il savait qu’il était sévère, mais il voulait à tout prix qu’Evangeline lui dise ce que cette garce

sournoiseavaitfait.Evangelineétaitmortifiée,ellerefusaitdecroisersonregard.Ilnevoulaitpasdecelanonplus.Ilposa

undoigtsursajouepourlaforceràleregarder.Ilsoupira.—Ange, tu sais qu’il y a eu d’autres femmes avant toi, dit-il avec douceur. Je n’ai jamais dit que

j’étaisunsaint,maisjepeuxtejurerqu’iln’yenapaseud’autresdepuisquejet’airencontrée.Jen’aimêmepasregardéuneautrefemme.Commentlepourrais-je?Tueslaseulequejeveux.Fait incroyable, c’était vrai. Depuis l’instant où Evangeline avait débarqué dans sa vie, les autres

femmesavaienttoutbonnementcesséd’existerpourlui.Evangelinedétournalesyeuxpourlesriversursesdoigts,qu’ellenecessaitdetordre.—Cen’estpasça,dit-elleàvoixbasse.—Alorsdequois’agit-il?—C’estcequ’elleadit,s’étranglaEvangeline.Elleadit…Ellefermalesyeuxetils’inquiétadevoirdeslarmesybrilleravantquesespaupièress’abaissent.À cet instant,Drake voulut traquer cette satanée garce et la détruire verbalement comme elle avait

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manifestement détruit Evangeline. Quoi qu’elle ait dit, elle l’avait vraiment déstabilisée, l’avait faitdouterd’elle-mêmeetavaitmisuncoupàsaconfianceenelle.Etmerde.—Ellem’aditdeprofitertantqueçadurait.Quetunerestaisjamaislongtempsavecunefemme.QuandDrakevoulutprendrelaparole,ellel’interrompitd’ungestedelamain.—Cen’estpasça.Enfin, jesuispeut-êtrenaïve,commeonmelerappellesanscesse,mais jesais

reconnaîtreunefemmejalouseetsournoisequandj’envois–etenentends–une.Sesmotsétaientamersetcela rappelaàDrake l’Evangelinequ’ilavait rencontréepour lapremière

fois au club. L’Evangeline qui ne savait pas où était sa place dans lemonde, incertaine de sa proprevaleur.Ilavaitenviedecognerlesmurs.—EllesavaitpourManuel,ditpéniblementEvangeline.Ellem’ademandésituavaisinvitéManuelet

n’apasarrêtédedirequec’étaitsibon,quevoussaviezvousoccuperd’unefemmetouslesdeux.Etpourune fois, j’ai su trouverune répliqueacerbe.Pourune fois, jeme suisdéfendueet je l’ai remiseà saplace.Drakefronçalessourcils,perplexe.—Alorsqu’est-ceque…?Leslarmesbrillaientdanslesyeuxd’Evangeline,menaçantdetomber.—Jenesuispasfièredecequej’aidit,maisjenementiraipas:surlemoment,c’étaitbonparceque

pourunefois,jen’avaispasl’impressiond’êtreunelâcheouunevictime.Mais…—Maisquoi?l’encouragea-t-il.—MonDieu,murmura-t-elle.C’étaitunmensonge.C’étaitunpurmensongeetçafaitmal.Drakeétaitdeplusenplusfrustré.—Qu’est-cequiétaitunmensonge?—Jeluiaiditqu’ilétaitévidentqu’elleneteconnaissaitpasaussibienqu’ellelepensaitparcequetu

nepartageraisjamaisquelquechosequetuconsidèrescommetien,etlefaitquetul’avaispartagée,elle,montraitquetunelaconsidéraispascommetelle.Puisjeluiaiditquepuisqu’elleteconnaissaitsibien,elledevaitsavoirquetun’apparaissaisjamaisenpublicavecunefemmeàtonbrasetquesij’étaisàtescôtésàunévénementsimédiatisé,cen’étaitpaspourrien.—Tantmieux,bébé,ditDrakeavecdouceur,fierd’elle,fierqu’ellesesoitdéfendueainsi.Pourtant,ellesemblaitdépitée.Et…triste.Pourquoi?Elle levasesyeuxbrillantsde larmesvers lui.Desyeux inanimésqui luicoupèrent lesouffle :elle

semblaitsimalheureuseetsirésignéeàlafois.—Mais tum’aspartagéeavecManuel,murmura-t-elle.Toutcomme tuasmanifestementpartagé tes

autresconquêtesaveclui.Cequejepensaisêtrespécialn’étaitenréalitéqu’unechosequetuasfaitedesdizainesdefoisparlepassé.Jepensaisfairequelquechoseseulementpourtoi.Jevoulaisfairequelquechosequisoitjustepourtoi.Pourtonplaisir.Ilnes’agissaitpasdemoi.Çaadûtefairebienrire,quejepense fairequelquechosed’uniquepour toi.C’étaithumiliantdevoircetteexpressionentenduesur levisagehorribledecettefemme.Elleétaitsicontented’elleetsûrequejeseraisbientôtremplacée,quejen’étaisriend’autrequ’unenouvelleconquêtedansunelonguelistedefemmesavecquitucouches.Drake faillit exploser. Ce ne fut qu’au prix d’un effort incommensurable qu’il parvint à garder son

sang-froid,carsacolèreauraiteupourseuleffetdeterrifierEvangeline,etc’étaitbienladernièrechosequ’ilvoulait.PasEvangeline.Ilcultivaitunedosesainedepeurchezlesautres,mêmechezlesfemmesqu’ilavaitfréquentées.Iln’avaitaucunproblèmeàfairesavoirà tousqu’ils lepaieraientchers’ils ledoublaient.Mais plutôtmourir que de faire peur àEvangeline. Il voulait sa confiance.Sa foi absoluequ’ilneluiferaitjamaisdemal.

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Sesmainstremblaientsouslecoupdelafureur.PascontreEvangeline.JamaiscontreEvangeline.Ilcomprenait parfaitement la source de sa contrariétémaintenant qu’elle lui avait avoué toute l’histoire.Commentexpliquerladifférenceentreelleettouteslesfemmesqu’ilavaitconnues?Déjàqu’iln’étaitpassûrdepouvoirsel’expliqueràlui-même…Ilsaisitlesmainsd’Evangeline,lesdénoua,etentrelaçasesdoigtsauxsiens.—Ange,regarde-moi.S’ill’avaitditsuruntontendre,c’étaitbienunordre.Àcontrecœuretavecunbondegrédegêne,ellelevalatêtejusqu’àcequesesyeuxtristessoientrivés

surlessiens.—Situpensesquecequej’aiavectoietcequejeressenspourtoinediffèreenriendecequej’aieu

ouressentiavectouteautrefemme,tuastort.Oui,Manuelaparticipé,àl’occasion,àmesébatsavecuneautrefemme,mêmesiçaaétéassezrare.Ladifférence,c’estqu’aucuneautrefemmen’ajamaisfaitunechoseaussidésintéresséequedemedemandercequejevoulaisetd’exprimersondésirdefairequelquechoserienquepourmoi.Ellesnepensaientqu’àelles.Àleursdésirs, leursbesoins.Ellessefoutaientdesmiens.IlestarrivéqueManuelparticipe,oui,parcequec’estquelquechosequej’aime,maisc’étaitsouventà lademandedemesconquêtes,et, crois-moi, leurattentionétait toujourscentréesurManuel.Ellesnepensaientpasunesecondeàmoi,nem’accordaientpasunregard.Monnomn’étaitpassurleurslèvres.Ellesnecherchaientpasmonapprobationnimapermission.Ellesnemettaientjamaisleurplaisirdecôtépourlaisserplaceaumien,etellesnesesontassurémentpasinquiétéesdesavoirsi,enprenantduplaisiravecunautrehomme,ellesm’avaientd’unecertainemanièretrahi.Ilrespiraungrandcoup,laissantsesmotss’insinuerenelle.Ellesemblasurpriseetpenchalatêtesur

lecôté.—Tueslaseuleàavoirfaitça,Ange.Laseuleàmel’avoiroffertencadeau,sanspenseruneseule

foisàtoi-même.Situcroisqueçaneveutriendirepourmoi,quetun’espasàpart,quetuesjusteuneautre de mes conquêtes, alors c’est que je fais tout de travers, et nous avons besoin de discutersérieusement.L’airchoqué, les jouesrouges, lesyeuxécarquillés,Evangelinescrutasonexpressioncommesielle

essayaitd’évaluersasincérité.—Et tusaisquoi,Ange?Tuasvu justeendisantque jenepartagerais jamaisceque jeconsidère

commemien,etnon,jen’aijamaisconsidérécesfemmescommemiennes.Toi,enrevanche,tuesmienneà touségards.Tum’appartiens. Je tepossède.Et jamais jene te laisseraipartir. Je saisqueçaparaîtcontradictoirepuisqueManuelestvenu–deuxfois–etque tuascouchéavec luisurmonordre,maisAnge,jen’étaispasentraindepartager,expliqua-t-ildoucementendesserrantsonétreintesursesmainspourprendresajoueaucreuxdesapaume.C’étaittoiquipartageaisquelquechosed’infinimentprécieuxavecmoi.Pourmoi.Etcrois-moiquandjetedisquecelaterenduniqueàmesyeux.—Oh,dit-elledansunsouffle,laboucheencœur.Jen’avaisjamaisvuçacommeça.—C’estunfait,ditfermementDrake.Jesuisdésoléqu’ellet’aitblessée.Jesuisencoreplusdésolé

qu’ellet’aitfaitdouter,neserait-cequ’uneseconde,detaplacedansmavie.Maisbébé,sic’étaituneautre femme à ta place qui se demandait ce qu’elle valait pourmoi, je l’aurais déjàmise dehors, caraucuneautrefemmenecompteàmesyeux.Levisaged’Evangelinesefroissa,lesregretsetexcusesvoilantsonregard.—Jesuistellementdésolée,Drake.Ilposaundoigtentraversdeseslèvresavantqu’ellenepuisseallerplusloin.—Net’excusepasd’êtreunêtrehumainetd’avoirdessentiments.Pasàmoi.Jamais.Maisàpartir

d’aujourd’hui, si tu entends des saloperies qui te contrarient, tu viensme voir pour que j’arrange les

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chosesavantqu’ellesneprennentracinedanstonesprit.D’accord?Elleopina,bienquel’inquiétudehantâtencoresonregard.—Maintenant,viensparicietembrasse-moi,dit-ilàvoixbasse.Ellesepenchaaussitôtverslui;iladoraitqu’elleobéissesanshésitationniquestion.Siadorablement

soumise.Siparfaite.Ettouteàlui.Ildévorasabouche,fourrantsalangueenellecommeilmouraitd’envied’enfoncersonmembredans

sajoliepetitechatte.Ungémissementmontadesapoitrineetluiéchappa.—Aulit.Maintenant.C’étaient les seulsmots qu’il pouvait prononcer,mais ils traduisirent parfaitement sa volonté. Sans

attendrequ’elleselève,il lapritdanssesbrasetalladanslachambrepourprouversesdirespardesactes.Aprèscesoir,ilvoulaitqu’ellen’aitplusaucundoutequantàsaplacedanssavie.Danssoncœur.Etdanssonâme.

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Chapitre18

EvangelinesetenaitsurletarmacàcôtédeDrake,attendantimpatiemmentquel’avionviennesegarerauterminal.Ellen’arrivaitpasàcroirequ’elleétaitsurlepointdevoirsesparentspourlapremièrefoisdepuisqu’elleavaitdéménagéenville,depuisuneéternitéluisemblait-il.Elle serra lamain deDrake si fort qu’elle devait être exsangue,mais il se contenta de lui sourire

tendrementetserrasamainenretour.—Levoilà,dit-ilenmontrantlepetitavionquiapprochait.—Çaalors,Drake.C’esteux!s’écria-t-elle.Lamétéon’étaitpasidéale.Unfrontfroidétaitarrivésubitement,déversantuneneigeàmoitiéfondue

surlavilledepuisdeuxjours.Cejour-là,ilsavaientdroitàuncrachinglacial,contrelequelleparapluiequeDraketenaitau-dessusdesatêtenepouvaitpasgrand-chose.Evangelinetremblaitdespiedsàlatête,maisleventetlapluienel’atteignaientpas.Elleétaittropheureusedevoirsonpèreetsamère.L’avions’arrêtaàquelquesmètresetelleretintsonsouffleenattendantquelaportes’ouvre.Quandsa

mère apparut en haut de l’escalier, Evangeline ne put plus tenir. Elle s’échappa des bras deDrake etcourutenbasdelarampepourattendresamère,aidéedanssadescentepardeuxassistants.Puisellefutdanssesbras.—Maman!Surlesjouesd’Evangeline,leslarmessemêlaientàprésentàlapluieetàlaneigeglaciale.—Monbébé,répétasamère,encoreetencore.Laisse-moiteregarder.ElletintEvangelineàboutdebraspourl’inspecterdelatêteauxpieds.—Oh,machérie,tuesabsolumentmagnifique,commenta-t-elled’unevoixétranglée.—Oùestpapa?—Ilsprennentsachaiseroulanteetleportentdansl’escalier.Tiens,levoilà.Evangelinesehissasurlapointedespiedspourvoirdeuxhommescréerunechaiseavecleursbras

poursonpèreetleporterprécautionneusementdansl’escalier.Enbas,onl’installaconfortablementdanssonfauteuil.—Viensfaireuncâlinàtonpère,mafille,dit-ild’untonbourru.Evangelinejetasesbrasautourdesoncouet leserradetoutessesforces.Leslarmestroublaientsa

vision,maiscen’étaitpasgrave.Riennecomptaitexcepté leurprésenceici :ellepouvait lesprendredanssesbrasetleurdirequ’ellelesaimaitenpersonne.—Ange,ma chérie. Je suis désolé de vous interrompre,mais tes parents sont en train de se faire

tremperet tu aspasséunedemi-heure sous lapluie à les attendre.Tuvas tombermalade.Allonsà lavoiture.Evangeline s’écarta de son père, honteuse d’avoir été si impolie envers Drake. Elle avait même

presqueoubliéqu’ilétaitlàetnel’avaitpasprésentéàsesparents.—Maman,papa,jeveuxvousprésenterunhommetrèsspécial.ElleattrapaDrakeparlamainpourletirerdanslecercle.—VoiciDrakeDonovan.Drake,jeteprésentemonpèreetmamère.Drakesepenchapourembrassersamèresurlajoue.—MadameHawthorn,c’estunplaisirdevousrencontrerenfinenpersonne.Jesaismaintenantd’où

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Evangelinetientnonseulementsonespritetsonintelligence,maisaussisabeauté.Si jedoismefieràcettevisionpoursavoircequim’attenddanstrenteans,j’aibeaucoupdechance.Samèredevintécarlate.— Oh, n’importe quoi, dit-elle, momentanément trop troublée pour répondre. Et je vous en prie,

appelez-moi Brenda. Vous faites partie de la famille, après tout, et « madame Hawthorn », ça faitbeaucouptropguindé.—Toutleplaisirestpourmoi,Brenda,réponditDrakeavantdesetournerpourtendrelamainaupère

d’Evangeline.Honorédefairevotreconnaissance,monsieur.J’ai tellemententenduparlerdevousquej’ail’impressiondevousconnaître.—Grant,ditsonpèredesagrossevoix.Etjesuiségalementravidevousrencontrer,Drake.Jevous

suistrèsreconnaissantdeveillersurmapetitefille.L’inquiétudedelasavoirsiloinetdansunesigrandevillenousadonnébiendesinsomnies.Evangelineestuneprovincialedansl’âmeetelleesttropcandideetsensiblepoursonbien.—Noussommesd’accord,ditDrake.Maiscesontcesmêmesqualitésqui la rendentunique.Jene

changeraisrienchezelle.—Ilferal’affaire,Brenda,ditlepèred’Evangelineavecunhochementdetêteapprobateur.Jedirais

quenotrepetitefilleestentredetrèsbonnesmains.— Venez. La voiture est garée juste là. Il faut vous mettre au sec. Nous allons vous laisser vous

installeràvotrehôteletvousreposerunpeu,puisEvangelineetmoiviendronsvouschercherpourdîner.Ils gagnèrent en vitesse le monospace adapté aux fauteuils roulants que Drake avait loué pour ses

parentspendantleurséjour,fourniavecchauffeuretassistant.Drakeaidalesdeuxfemmesàmonterenvoiture pendant que les assistants faisaientmonter son père avant de charger les bagages à l’arrière.Drakes’installaàcôtéd’EvangelineetilsprirentladirectiondeTimesSquare,oùDrakeavaitréservéunesuiteauMarriott.—Tout est si grand ici,Evangeline, s’exclama samère.Etma parole, toutes ces lumières.Tout le

mondeestsipressé,c’estsianimé.Evangelinesourit.—AttendsdevoirTimesSquare,maman.C’estdingue,là-bas.Sesparentspoussèrentdes«oh»etdes«ah»duranttoutletrajet,maisquandsamèreaperçutTimes

Square,ellefutbouchebée.—Çaalors,maparole!Commentfontlesgenspourdormirlanuitavectoutcetapage?Drakes’esclaffa.—Leschambressontéquipéesdestoresoccultantspourque les lumièresnevousréveillentpas.Si

vousavezbesoindequoiquecesoitpendantvotreséjour,prévenezlaconciergerie,ilsvousfournironttout ce que vous voudrez. Evangeline vous a donné nos deux numéros de portable. N’hésitez pas àm’appelerpourquoiquecesoit,dejourcommedenuit.—Vousêtesunjeunehommecharmant,Drake,ditlamèred’Evangelineenluitapotantaffectueusement

lebras.Vosparentsdoiventêtrefiers.Drakesecrispalégèrement,sonregarddevintglacial,sonsouriren’atteignantpassesyeux.—J’aiperdumesparentsilyalongtemps.—Oh,jesuisdésoléedel’apprendre,réponditlamèred’Evangeline,peinée.Pardond’avoirabordé

lesujet.— Il n’y a pas de mal, Brenda, dit Drake avec davantage de chaleur dans la voix. C’était il y a

longtemps.Jen’étaisqu’unenfant.Jemesouviensàpeined’eux.Evangeline savait que c’était un mensonge. Les souvenirs qu’il avait d’eux n’étaient pas de bons

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souvenirs.La relation qu’elle entretenait avec ses parents avait décontenancéDrake au début. Il avaitmême été en colère car il pensait qu’ils profitaient d’elle, parce qu’elle travaillait sans relâche pourpourvoiràleursbesoins.Cen’étaitqueplustardqu’ilavaitcommencéàcomprendrelesabyssesdesondévouementenverssesparents.Etinversement.Ilétaitévidentqu’iln’avaitjamaiseucegenrederelationaveclesgensquiluiavaientdonnélavie,et

elleavaitlecœurgrospourlejeunegarçonforcédeforgersapropredestinée.Commeavaientdûlefaireses hommes de main. C’était la seule chose qu’ils avaient tous en commun : des passés troubles etdifficiles.Ilsn’avaientpucompterquesureux-mêmes,etpersonned’autre.—Alors,quefaisons-nouspourThanksgiving,Evangeline?demandasamèrequandilsdescendirent

devoitureaupieddel’hôtel.Evangelinesourit.—Jecuisinepournous touschezDrake. J’adoreraisque tuviennesm’aiderpourqu’onse fasseun

grandfestincommeaubonvieuxtemps.—Oh,ceserait fantastique,machérie.Biensûrque jeviendrai t’aider.Ceserasiamusantdenous

retrouver toutes les deux dans la cuisine. C’est une cuisinière hors pair, Drake, vous n’êtes pasd’accord?—Ohsi,madame,répondit-il.Ellemegâterégulièrementdepetitsplatsfaitsmaison.Sijenefaispas

attention,jevaisdevoirrefairetoutemagarde-robe.Evangelinepouffa.Cethommeétaitbâticommeunearmoireàglace.Iln’avaitpasuncentimètrecarré

dechairentropsurlecorps–ellelesavait,puisqu’elleconnaissaitsoncorpsparcœur.Une fois ses parents enregistrés et leurs bagagesmontés dans la chambre, Evangeline les étreignit

aprèsleuravoirdonnél’ordredesereposeravantdîner,puis,aprèsavoirfixéuneheurederendez-vous,Drakeetelleprirentcongé.Evangelinedutuserdetoutesaretenuepournepasresteravecsesparentsdansleurchambred’hôtel.

Maisilsavaientbeletbienbesoindesereposer.Ilsavaientl’airtousdeuxépuisésetelleétaitinquiètepoursonpère.Iln’avaitpasl’habitudedevoyageretdefaireautantd’efforts.Sielleétaitrestée,nisonpèrenisamèreneseseraitreposé.Ilsseraienttousrestésdeboutpourpapoter.Drakeavaitdûsentirsaréticenceàpartir,car il lapritpar lamainet la tiracontresonflanctandis

qu’ilsregagnaientl’ascenseur.— Tu auras l’occasion de leur rendre visite plein de fois avant qu’ils ne repartent, dit-il pour la

réconforterenl’embrassantsurlatempe.—Jesais.C’estjustequec’estdurdelesquitterneserait-cequequelquesheuresalorsquejeneles

aipasvusdepuissilongtemps,dit-elleavecmélancolie.—Ilsontl’aird’êtredesgensmerveilleux.Commeleurfille.—C’esttoiquiesmerveilleux,Drake.Merciencoreinfinimentd’avoirorganisétoutça.C’estleplus

beaucadeauqu’onm’aitjamaisfait.Ellepassasesbrasautourdesoncouaumomentoùlesportesdel’ascenseursefermaient.Ilsfilèrent

verslerez-de-chaussée,etelletiraDrakeversellepourposerseslèvressurlessiennes.Ils étaient toujours connectés quand l’ascenseur ralentit. Evangeline s’écarta à contrecœur, les

paupièreslourdes.Ilssortirentdel’ascenseurpuisquittèrentl’hôtelparunepetiterueadjacenteoùJaxetThanelesattendaientdansunevoiturepourlesramenerchezDrake.—TupensesqueçadérangeraitMaddoxd’allerfairelescoursesavecmamèreetmoidemainmatin?

demandaEvangelinealorsqu’ilsseglissaientàl’intérieur.J’aibesoind’alleràl’épicerieachetertoutcequ’il faut pour Thanksgiving. Je me disais qu’elle pourrait venir avec moi, et papa pourrait rester àl’appartementenattendantqu’onrentre.

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—Jepensaisprendremajournéedemain,jetiendraicompagnieàtonpère.J’aidonctoutelafindesemainesanstravailler,aveclejourférié.—Çanetedérangepas?—Biensûrquenon,çanemedérangepasdepasserdutempsavectonpère,Evangeline.Vapasserdu

tempsavectamaman.J’appelleraiMaddoxpourluidemanderdevenirtechercherdemainmatin.Avecunsoupird’aise,elleseblottitdanslesbrasdeDrake.Pendantlescinqjoursàvenir,elleaurait

les trois personnes les plus importantes du monde pour elle toute seule. La vie était absolument…parfaite.

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Chapitre19

FidèleàlapromessedeDrake,MaddoxarrivalelendemainavecSilaspouremmenerEvangelineetsamèrefairelescourses.Evangelineétaitraviequesamèrepuisserencontrerlesdeuxhommesdesquelsellesesentaitleplusproche,mêmesielleavaitlesentimentqu’ilsnesauraientpasvraimentcommentsecomporteravecsamère.Etelle leur réservaitunesacréesurprise :ellevoulait inviterMaddoxetSilasà fêterThanksgiving

aveceux.ElleenavaitparlélematinmêmeàDrake,qui,quoiquesurpris,avaitacceptésansrechigner.Aucontraire,ilavaiteul’aircontentqu’elleaitpenséàlesinclure.Maddox et Silas étaient présentement dans le salon avecDrake et son père pendant qu’Evangeline

préparaitunpetitdéjeunerrapideetquesamèreétaitdanslasalledebains.—Maddox?Silas?appela-t-elle.Ilsapparurentdanslacuisinequelquessecondesplustardetelleleuradressaunsourireaccueillant.—Vousvoulezbienm’aideràmettrelatable?J’enaifaitassezpourtoutlemonde.Celaneprendra

pastroplongtempsetensuitenouspourronsallerfairelescourses,lalisteestprête.Maddoxhumal’airavecappréciation.Puisilserrasonpoingsurlapoitrinedansungestethéâtral.—Veux-tum’épouser,Evangeline?Laisse-moit’emmenerloind’ici.Enéchange,jenetedemanderais

qu’uneseulechose:cuisinerpourmoi.Enfin,ça,etcoucheravecmoi,biensûr.Situcuisinespourmoitouslesjours,jeferaiensortequetunemanquesjamaisderienpourlerestantdetavie.Silaslevalesyeuxaucieletsortitlesassiettesduplacard.Toutsourires,Evangelineenvoyaunbaiser

àMaddox.—Enréalité,lavraieraisonpourlaquellejevousaiappelésici,c’estquej’aiunedemandeunpeu

spéciale.LesdeuxhommessetournèrentverselleetSilassondasonvisageduregard.—Toutvabien,poupée?demanda-t-il,visiblementinquiet.— Oh, oui, tout va très bien. Je voulais vous demander si vous me feriez l’honneur de passer

ThanksgivingavecDrake,mesparents,etmoi.Maddoxeutl’airsciéetl’expressiondeSilassefigea.—Thanksgivingestunmomentàpartagerenfamille,poursuivit-elle.Etjevousconsidèrecommedes

membresdemafamille,touslesdeux.Çameferaitvraimentplaisirquevousveniez.Sivousn’avezriendeprévu.—Jeseraishonoréd’acceptertoninvitation,déclaraMaddoxd’untonsolennel.Silassepenchapourdéposerunlégerbaisersursajoue.—Jeserailà,poupée.Etmercipourl’invitation.Çametouchebeaucoup.Ellesourit,soulagéedelesvoirheureuxqu’elleaitpenséàeux.—Asseyez-vous.JevaischercherpapaetDrake,etonpasseàtable.Lepetitdéjeunerfutaniméetagréable,maislorsquelamèred’Evangelinecompritquesafilleetelle

allaientêtreescortéesparSilasetMaddoxpourallerfairelescourses,elledevinthystérique.—DouxJésus,Evangeline?Lavilleest-ellesidangereusequenousayonsbesoind’êtreescortéespar

cesdeuxtrèsbeauxjeuneshommes?Evangelines’étranglaenbuvantquandellevitlecoudeMaddoxvireraurougeetSilassetortillersur

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sachaise.—Tuas raison, ils sont trèsbeaux,maman,n’est-cepas?ditEvangeline, lesyeuxpétillants.Mais

réfléchis.AvecdesgardescommeMaddoxetSilasàtescôtés,toutlemondevasedemanderquitues,situescélèbreouquoi.J’auraispeut-êtredûdemanderàZanderouJaxdeveniraussi,songea-t-elle.—Tuesunecoquine,moncherange,ditDrakeàvoixbassepourqu’elleseulel’entende.Ilavaitdesyeuxrieursetdissimulasonsourirederrièresonverre.—Mais oui, tu as raison ! s’exclama samère.Oh, n’est-ce pas excitant,Grant ?Attends que je le

raconte à tout le monde chez nous. Ils ne me croiront pas, évidemment. Tu prendras des photos,Evangeline,s’ilteplaît?L’expressionetlavoixdesamèreavaientrevêtutantd’espoirqu’Evangelinefaillitéclaterderire.—Bienentendu,maman.Jeprendraitouteslesphotosquetuveux.Jesuissûrequecelanedérangera

pasMaddox et Silas, n’est-ce pas ? dit-elle gentiment, avec un regard innocent à l’intention des deuxintéressés.Silasseraclalagorgeavantderegardersamère,lasincéritégravéesursestraits.— Ce serait mon privilège d’escorter la mère d’Evangeline en ville. Evangeline est une femme

sublime et extraordinaire, et l’une des personnes les plus compatissantes et aimantes que j’aie jamaisrencontrées.Jenepeuxquetirerlaconclusionqu’elletientçadesamère.Pourlegrandplaisird’Evangeline,samèrerougitjusqu’àlaracinedesescheveux,puiss’éventadela

mainàtoutevitesse.—OhmonDieu!Evangeline,quefais-tuavectouscesbeauxjeuneshommes?Lajeunefemmes’étranglaetDrakeserrasamainsouslatable,levisagesecouédetics:ilseretenait

derirefaceàl’airmortifiédesacompagne.MaddoxeutunsourireencoinetSilasaffichaluiaussiunsourireamusé.—Ellen’enfaitpasassez,ditMaddoxavecunecertainemorosité.Jepourraismangersespetitsplats

touslesjours.—Tuaurastoutpleindepetitsplatsdemamèreetmoidemain,ditEvangelined’untontranchant.Tu

vascomaterpendantdesjoursaprèsça.—J’aihâte,réponditMaddoxd’unairsongeur.—Tuesprêteàyaller,maman?demandaEvangeline.Lalistedescoursesestprête.Maddox,Silaset

toiavezdesdemandesspécialespourlerepasdedemain?—Crois-moi.Onmangeratoutcequetumettrassurlatable,poupée,juraSilas.—C’estbienvrai,renchéritMaddox.—Alorsallons-y!ditgaiementsamère.Jenemesouvienspasdeladernièrefoisoùunesortieau

supermarchéaétéaussiexcitante.Jecompteprofiterdechaqueseconde.EvangelineselevadetablemaisfutrattrapéeparlamaindeDrake,quilatirasursesgenoux.—Tun’oubliesrien,Ange?murmura-t-il.Ellefutperdued’abord;ellenesavaitpasdequoiilparlait.Puiselleaperçutlalueurdiaboliquedans

sesyeux.—Monbaiserd’aurevoir,peut-être?luisouffla-t-il.Ellerougitmaisfutsecrètementraviequecelaneledérangepasdel’embrasserdevantsesparentsou

seshommes.Ellesepenchaetl’embrassaavectendresse,passantsalanguesurlescontoursdesabouchejusqu’àcequ’ilentrouvreleslèvrespourlalaisserpasser.Ilétaitsidélicieux.Elleauraitvoulurestersursesgenouxetpasserl’heurequisuivaitànerienfaire

d’autrequel’embrasser.—Vas-ydoucementavecmeshommes,d’accord,Ange?dit-il,amusé.

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—Tumefaispasserpourunefauteusedetroubles.—Maisdelameilleureespèce,murmura-t-il.Ellel’embrassaunedernièrefoisavantd’allercherchersonsac.—Toutlemondeestprêt?ThanksgivingfutlaplusmerveilleusedesfêtesdetoutesaviepourEvangeline.Samèreetelleavaient

commencéàcuisinerlematinetilsavaientmangépeuaprès14heurescetaprès-midi-là.Audébut,samèreavaitétéconsternéequandDrakeleuravaitditdenepass’occuperdelavaisselle,

maisquandilleuravaitassuréquesonservicedeménages’enoccuperait,samèreavaitbienvitechangéd’avisetétaitrestéevolontiersàl’écartdelapiledepoêles,casseroles,rôtissoires,verres,assiettesetautresustensilesdecuisine.C’étaitcesoir-làqu’elleavaitfaituncommentaireinnocentquiavaitdonnéuneidéeàEvangeline.Sa

mèreluiavaitdemandésiellecomptaitmettrelesapinlelendemain–unetraditionfamiliale,d’aussiloinqu’Evangelines’ensouvienne.Plus elle y pensait, plus l’idée prenait racine, sans qu’elle sache trop quel était le point de vue de

Drakesur laquestion–ilnesemblaitpasêtredugenreàs’enthousiasmerpour lesdécorations,quellequesoitl’occasion.Avant de se coucher le soir de Thanksgiving, elle appela Maddox en toute discrétion pour lui

communiquersademande.Quandlesparentsd’EvangelinearrivèrentchezDrake levendredimatin, ilsétaientaccompagnésde

tous ses hommes. Quand ils sortirent de l’ascenseur, les bras chargés de boîtes, de sacs, et clou duspectacle,dusapindeNoëldetroismètresdehaut,DrakefutébahietcherchaEvangelineduregarddanslafoulequipeuplaitsonappartement.Ellesouritmaisavaitlesnerfsenpelote.Elleespéraitvraimentqueçan’allaitpasmaltourner.Lerejoignant,ellepassasesbrasautourdesatailleetluisourit.—Surprise,souffla-t-elle.EtjoyeuxNoël.C’estunetraditiondansmafamille,d’installerlesapinde

NoëllelendemaindeThanksgivingetdelelaisserjusqu’aunouvelan.J’espèrequeçanetedérangepas.Jevoulaisfairequelquechosedespécialpourtoipendantqu’ilssontencorelàpournousaideràdécoreretpourprofiterunpeudusapin.—Tuasfaitçapourmoi?demanda-t-ilsuruntonindéchiffrable.Ellehochalatête.—Çateplaît?Illaserracontreluietl’embrassaavecferveur.—J’adore.Merci.—Evangeline,machérie,venezdoncaideràdécorerlesapin,Drakeettoi!s’écriasamèredepuis

l’autreboutdelapièce.Cesjeuneshommessesontsurpassés.Nousdevonsavoirquinzemillelumièresàmettresurcesapin!EvangelinesetournaversDrake,quihochalatête;ellel’attrapaparlamainetletirajusqu’ausapin,

oùsamèresortaitdesdécorationsdeleurscartons.— Ton père et moi t’avons apporté quelque chose, dit sa mère en prenant une boîte abîmée

qu’Evangelinen’avaitpasremarquéejusqu’àprésent.Ellepassa samain sur lepaquetuséavecamouravantde l’ouvrir.Elle retint son souffle et eut les

larmesauxyeuxendécouvrantsoncontenu.—Oh,maman.—J’ai apportédesdécorationsdu sapin familial, jeme suisdit que tuvoudrais les avoirpour ton

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propresapin,ditsamère,lesyeuxtoutaussibrillants.Pourcertaines,c’esttoiquilesasfaitesquandtuétaisàl’école.Et ilyenaunepourchaqueNoëlquetuasfêté,depuistonpremier.J’aiaussiapportéplusieursdécorationsfaitespartagrand-mèreaufildesans.Jesaisquetulesadoresetquetuytiens.Evangelines’assitsur lecanapéàcôtédesamèreet lapritdanssesbras.Puis lesdeuxfemmesse

mirentàexaminerchaqueornement.—Merci,ditEvangelinedansunsouffle.Jelesadore,maman.—Maisderien,machérie.Jen’arrivepasàcroirequetuesuneadulteetquetuastaproprevie.Je

saisquenousneledisonspasassez,maistonpèreetmoisommestrèsfiersdetoi.Personnenepourraitêtreplusfierdesonenfant.Avantdevenirterendrevisite,jemefaisaisdusoucietjeregrettaistellementquetuaiesdûarrêterl’écoleetdéménagerenvillepournousaideràsubvenirànosbesoins.—Non,maman!—Allons,intimasamèreenposantsamainsurcelled’Evangeline.Laisse-moifinir.EvangelineremarquaalorsqueDrake,SilasetMaddoxétaienttousentraind’écoutercequesamère

disait,quoiquediscrètement.—Commejeledisais,j’avaisbeaucoupderegretsetjem’inquiétaisénormémentdetesavoirseule

ici.Avecseulementquelquesamies,avaléeparunevilleremplied’étrangers.Maisunefoisquejesuisarrivéeicietquejet’aivue,jemesuisrenducomptequej’avaistortdevouloirquetoutçadisparaisse.Parce que si tu n’avais pas emménagé ici, tu n’aurais pas rencontré Drake et tu ne serais pas aussiheureusequetuenasl’air.Jamaisjenevoudraist’enlevertoutça.—Vous avez raison sur une chose,Brenda, intervintDrake d’un air sombre. J’ai beau détester les

raisonsquiontamenéEvangelineàNewYork,jenepeux,commevous,merésoudreàlesregretter;carsanscescirconstancesparticulières,ellenesetiendraitpasdansmonappartementaujourd’hui.Elleneseraitpasàmoi.Etàprésentqu’elleestlà,lafaçondontelleyestarrivéeimportepeu.SesmotsfirentàEvangelinel’effetd’uncoupdepoing.Ellesesentitaccabléeparsesparoleset la

sincéritéqu’elleydécelait.Elleleregarda,abasourdie.Sa mère et son père échangèrent des sourires contents en voyant la réaction d’Evangeline face à

l’énormitédeladéclarationpassionnéedeDrake.—Nousavonsaccrochéleslumières,madameHawthorn,ditJaxdepuissonpostedevantlesapin.Si

vousnousditescequivaoù,nousallonsnousoccuperduresteenvitesse.Evangeline se leva, les genoux tremblants, incapable de retenir son large sourire, plus éclatant que

jamais.—Jevousproposeàtousunmarché,dit-elled’unevoixfortepoursefaireentendre.Sivouspendez

lesdécorationscommemamèrevousl’indique,jeprépareundéjeunerpourtoutlemonde.Unchœurd’acclamationss’éleva,puiscefutlacoursepourvoirquiallaitaccrocherlesornementsle

plusvite.Drakeretournas’asseoirprèsdupèred’Evangeline,etilsseplongèrentdansuneconversationpendant qu’Evangeline se tenait dans l’encadrement de la porte de la cuisine pour avoir une vued’ensembledel’appartementbondéetdesquinzemillelumièresquifaisaientscintillerleursapin.Soncœursegonfladebonheur.C’étaitsafamilleàprésent.Elleregardaleshommessetaquinerles

unslesautres,mêmes’ilsétaienttoustrèsrespectueuxdevantsamère.Elleauraitputouslesembrasserpourlesremercierd’êtresiattentionnésenversellependantsonséjour.Ellesetamponnalecoindel’œilpourempêchertoutelarmedecouler.—Evangeline?Çava?luidemandaSilas.Ellese tournavers lui ;uneexpression inquièteassombrissait sonbeauvisage.Elle luiadressason

deuxièmepluslargesouriredelajournée.—Jevaisplusquebien,souffla-t-elle.Regardeautourdetoi,Silas.C’estnotrefamille.Qu’est-cequi

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pourrait être mieux qu’une famille rassemblée pour décorer un sapin de Noël et partager un repasensemble?Silassourit,chosequ’ilsemblaitfairedeplusenplusavecellecesdernierstemps.—C’esttoi,poupée.C’esttoiquiasfaitdenousunefamille.

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Chapitre20

Il était tard lorsque Drake et Evangeline rentrèrent à l’appartement après avoir raccompagné sesparentsàl’hôtel.Elleredoutaitdéjàlelendemain,quandilsprendraientl’avionpourrentrer.Ausortirdel’ascenseur,Drakeattrapaetenserralepoignetd’Evangelineentresesdoigts, l’arrêtant

net.—Vadans la chambre, déshabille-toi, et attends-moi sur le lit.Allonge-toi sur ledos, lesbras au-

dessusdelatête, lesjambesécartéespourquejevoiecequim’appartientàl’instantoùjepasserai laportedelasalledebains.Elleeutlabouchesècheetavalalaboulequiluiserraitlagorge.Savoixétaitsisexy.Graveetrauque.

Cesimplesoneutlemêmeeffetqu’unecaressesursapeau.—Jetedonnecinqminutes,laprévint-il.Elleseraitprêteentroispourlui.Elletournalestalonsetseprécipitadanslachambre,sedéshabillantdéjàenpassantlaporte.Ellejeta

sarobeetseschaussuresdansuncoinetrampasurlescouvertures,oùelles’allongeasurledos.Puisellelevalesbrasau-dessusdesatête,poséssurl’oreiller.Elleétaitdansunétat rêveuretd’excitation intense, tous ses sensenéveil.Dans l’expectative.Son

poulss’animaàl’instantoùellesentitsaprésence.Avantmêmequ’ilsetrahissed’unson,ellesutqu’ilétaitlà.Sespaupièrespapillonnèrentparesseusement,etelleposasonregardsurDrake,deboutprèsdulit.Il

la contemplait, une douce expression sur le visage, l’affection irradiant de ses yeux noirs.Un frissondécadentlaparcourut.C’étaitdanscesmoments-là,commeilyenavaiteuplusieursdurantcesderniersjours,quesesactes,sesmots,sescaresses,luimurmuraientqu’ilpouvaitl’aimer.Elle devait seulement se montrer patiente. Drake n’était pas homme à dévoiler sa vulnérabilité à

quiconque, surtout à une femme. Tout ce qu’elle avait à faire en attendant, c’était luimontrer qu’ellen’allaitnullepart.Qu’ellel’aimaitinconditionnellement.L’attenteenvaudraitlapeine.Ellen’endoutaitpas.Ellen’avaitplusdepenséesinsidieuses,quiébranlaientsaconfianceenelleetluifaisaientcraindre

pour l’avenir et le temps que Drake et elle passeraient ensemble. Il n’avait rien fait pour lui laisserpenserqu’ilselassaitd’elle.Aucontraire.Àchaquejourquipassait,ilsemblaitaccepterpleinementlerôledeplusenplusimportantqu’ellejouaitdanssavie.—Àquoipenses-tu,Ange?murmuraDrakeenfaisantcourirsamainsursapeau.Toutsoncorpsétaitdouloureusementenéveil.Elletremblaitetfrémissaitd’undésirpresqueviolent.Il

yavaitunetelleintensitédanslesyeuxdeDrake,cesoir.Commes’ilétaitarrivéàunedécisioncapitale.Ellevoulaitl’interrogersurlaquestion,maisqu’était-ellecenséedire?Qu’ellesentaitunchangement

en lui,danssespriorités,qu’il la faisaitdésormaispasseravant tout?C’étaitune trèsbonnefaçondes’exposer à une humiliation abjecte si elle avait tort. Non, elle ne devait pas essayer de le forcer às’engager.Ceseraitlapiredeserreurs.—Jepensaisàlachancequej’avais,murmura-t-ellebienqu’elleaitlagorgenouée.CeThanksgiving

aétéleplusbeaudemavie.C’étaitextraordinaire,Drake.Nousétionscommeunegrandefamille.Mesparents.Teshommes.Etnous…

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LesouriredeDrakerépanditsachaleurdansdespartiesd’elle-mêmequin’avaientpasreçudechaleurdepuistrèslongtemps.Sesyeuxétaientdessoleils,sonregardardentsursoncorps.D’ordinaire,lesyeuxdeDrakeet sonexpressionétaient si sombres.Ombreux.Douleurspasséeset souvenirsdouloureuxsetapissaientsouslasurface.Maiscesoir,sesyeuxn’étaientplusnoirsmaismarrondoré.Elleétaitfascinéeparceregardd’or.Hypnotiséeparlesmoucheturescouleurbronzedesesyeux.Il jeta ses habits sur le côté et grimpa sur le lit, lentement, planant au-dessus d’elle, planté sur ses

coudespournepas l’écraser soussonpoids.Elle laissaéchapperungémissementquandsoncorpssepressacontrelesien.Machinalement,elles’adaptaàlui.Douceurcontreacier.Illaregarda,sesyeuxbrillantstoujoursemplisdefeuetdemystère.—Tusaisàquoijepensais?dit-ild’unevoixrauque,passantsespoucessursesjoues,repoussantde

petitesmèchesdecheveuxderrièresesoreilles.—Quoi?demanda-t-elle.—Quej’aibesoin,enviedeteremercierpourleplusbeauThanksgivingqu’onm’aitjamaisoffert.Ilétaitsirévérencieuxetsincèrequ’elleeneutleslarmesauxyeux.—J’en suis ravie,Drake, s’étrangla-t-elle. Jeveuxque tu soisheureux.Mêmesi cen’estpasavec

moi.Elles’envoulutd’avoir laissésesdoutesremonterà lasurface.Surtoutmaintenant,alorsqueDrake

mettaitsonâmeànupourelle–mêmes’ilnesedévoilaitpasencoreentièrement.—Cen’estpascequejevoulaisdire,sereprit-elle.Jetejurequejenecherchepasàtefairedire

quoiquecesoit,Drake.Jelepensais.Jeveuxquetusoisheureux.Coûtequecoûte.J’espèreêtrecellequiferatonbonheur.Detoutmoncœur.Maissicen’estpasmoi,jeveuxquetusachesqu’ilyadesgensquit’aimentettiennentàtoi.Passeulementmoi.Drakesecoualatête,réellementperplexe.—Tunecroispassérieusementquejevaismettreuntermeàcequenousavons,Ange?Ellesourit.—Non.J’essayaisseulementd’exprimerceque je ressens,et,parfois,celanesepassepascomme

prévu,dit-elleavecregret.Illuirenditsonsourireetravitseslèvresdansunbaiserlongettendrequiluidonnadenouveauenvie

depleurer.—Personnen’ajamaiscuisinéunrepasdefêtepourmoi.Cetteconfessionetsesramificationssemblèrentlemettremalàl’aise.—Personnen’ajamaisdemandéàmesfrèresdepartagerunrepascommetul’asfait.Etpourtant,tuas

cuisinénonseulementpourmoi,maisaussipoureux.Mince,ilsontdécoréunputaindesapindeNoëldansmonsalonpourtoi,lâcha-t-il,admiratif.Jetejure,Ange.Tuesunmiracle.J’auraisdûlesavoir,quenousétionstousfichus, lejouroùtulesastousgavésdecupcakesdansmonbureau.Jen’ai jamaisvumeshommes réagir ainsi àune femmede toutemavie. Jamais jen’ai eude femmedansmavieaussilongtempsquetoi,corrigea-t-il.Unefoisencore,ilparuttroublé,commesicetteprisedeconscienceleperturbait,commes’ilnesavait

pasquoifairedecesrévélationsàmesurequ’ellesluivenaient.— Ils t’adorent, Ange. Et ils te sont loyaux. Tout autant qu’ils me sont loyaux. Tu nous as tous

transformés.Parfoisilsnesaventpasplusquemoiquoifairedetoi.Tulessurprendspartonacceptationinconditionnelle.Toutcommetumesurprends…—Drake,arrête,lesuppliaEvangeline.Tuvasmefairepleurer!Il souritet l’embrassasur les joues, lespaupières, lecoindesyeux,commes’ileffaçaitdes larmes

invisibles.

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—Celanemedérangepasquetupleurestantquetuesheureuse.Maissijamaisquoiquecesoitterendaitmalheureuse,ilfautquetusachesquejeremueraiscieletterrepourqueturetrouveslesourire.Ellel’attrapaparlatailleetapposasajouecontresontorse.—Jelesais,Drake.Ettusais,tumerendsimmensémentheureuse.Lesoulagementselisaitdanssesyeux.—Tum’envoisravi.Jenesaispascequejeferaissanstoi.Jeneveuxmêmepasypenser.—Alorsn’ypensonspas,murmuraEvangeline.—C’estlameilleureidéequisoit,répondit-ilàvoixbasse.Ill’embrassaencore,passasalanguelelongdesalèvreinférieureavantdelafaireglisseraucoinde

sabouchepourlongersalèvresupérieure.Dansunsoupir,ellesedétenditetouvritlabouchepourlui,écartantleslèvresalorsqu’ilyglissaitsalanguepourlafairedanseraveclasienne.Lorsqu’ils’écarta,sesyeuxdebraiseluisaientavecintensitéetconviction.—Merci,monange.Dem’avoirdonné…del’espoir.Dem’avoirmontrécequ’unevraiefêteavec…

unefamille…pouvaitêtre.Jen’oublieraijamaisceThanksgiving.Detoutemavie.Çavalait–tuvaux–plusquetoutaumonde.—Fais-moil’amour.Elleétaitsoudainimpatientedelesentirsurelle,enelle,desentirsachaleur.—Oh,c’estcequejevaisfaire,dit-ilàvoixbasse,avecrespect.Ill’embrassaunefois,deuxfois,puisunetroisièmefois.—Notre relation – sexuelle y compris – est basée sur ta soumission etma dominance et certaines

pratiquesysontfavorables.Maiscesoir,jevaistefairel’amour.Cesoir,aucunepratiquedévianten’asaplacedansnotrechambre.C’estjustetoietmoi,moiquit’aime.Quitemontremonamour.Elleeutlesoufflecoupé.Mesurait-illaportéedesesparoles?Draken’étaitpasdugenreàdiredes

chosesqu’ilnepensaitpasdanslefeudel’action.Ilavaitétéàdeuxdoigtsdedirelesmotsdontellerêvait.Pourl’instant,c’étaitplusquesuffisant.Il

voulaitluimontrersonamour.Sonamourétaittoutcequ’ellevoulait.Riend’autre.Pourtoujours.Il prit son temps. Jamais il ne s’était montré aussi patient ni n’avait fait preuve d’autant de

déterminationàattendrequ’ilssoienttousdeuxivresdeplaisir.Ilembrassaetléchachaquecentimètrecarrédesoncorps,s’attardantparticulièrementsursesseinsetentresesjambes.Elleétaitfollededésir,soupirait,secambrait,gémissait,soncorpspulsait,etellemontaitencoreet

sanscesseversl’extase.Pendantpresqueuneheure,illacaressaetlacajola,l’embrassaetlalécha,luimurmuradesmotsdouxqu’ellemémorisaetgravadanssoncœur,pournejamaislesoublier.Chaque fois qu’elle le suppliait de venir en elle pour leur accorder ce qu’ils voulaient tant, il se

contentaitdesourireetignoraitsasupplique,préférantl’amenerplusloinencoredansleplaisir.Elle sanglotait presque, ivred’uneextase abrutissante, quandenfin, il lui écarta les cuissespour se

positionnerentreelles.—Regarde-moi,Ange,dit-il,lavoixpleinedetendresse.Ellerivasonregardausien,oùluisaitunesatisfactionsanségale.—Prends-moi,murmura-t-elle.Prends-moitoutentière.Ils’enfonçaprofondémentenelle,larapiditéetlapuissancedesapossessionluicoupantlesouffle.Il

étaitloin.Tellementplusloinqu’ilnel’avaitétéauparavant.Ilsemblaitaussidéterminéqu’ellel’étaitdeprendrechaquecentimètre.Ellenepouvaitrienluirefuser.Ellelevalesjambes,lesenroulaautourdesatailleetsoulevaleshanchespourquel’angledesapénétrationsoitencoremeilleur.Ilhésitaunefractiondesecondeavantdes’enfoncerencore,toutentierenelle.Savisionsetroublaetellesutqu’ellen’allaitpasteniruneminutedeplus.Elleétaittropprochede

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l’orgasme.Tropexcitée.Elleavaittropbesoindelui.—Drake!cria-t-elle.S’ilteplaît.Net’arrêtepas.Pasmaintenant!—Non,Ange.Jamais,jura-t-il.Ilplongeaenavant,semoulantcontresoncorps.Ellel’enserraentresesbrasetsesjambes,fondant

contrelui,lecorpsmalléableetsouple,àl’écoutedusien.Lapremièrevaguedesonorgasmel’ébranlaauplusprofondd’elle-même.Danscesmoments-là,c’est

àpeinesielleétaitconscientecarleplaisir,aussitranchantqu’unelame,luitransperçaitlecorpspouratteindresonâme.Ses paupières papillonnèrent, ses pupilles se contractèrent. Elle essaya de se concentrer sur

l’expressionsauvagedeDrake,surlapossessionsiévidentesursestraits,maisellenetenaitplus.Chaque muscle, chaque terminaison nerveuse de son corps se crispa à l’extrême. Elle se dressa,

torturée,tentantdes’agripperàDrakedetoutessesforces.Ellepleurait.Elleserenditvaguementcomptequ’ellepleurait,suppliaitetimplorait.PuislabouchedeDraketrouvalasienneetilfittairesongémissementquiseperditdanslanuit.Lemondeautourd’elleexplosa,cacophoniedecouleursetdesensations.Tantdeplaisir.Ils’immisça

danssoncorps,inondasesveines,imprégnachaquecentimètrecarrédesonêtre.Ellenepouvaitplusrespirer,Drakerespirapourelle.Ilavalaitsonairetluioffraitlesien.Riennelui

avait jamais semblé aussi intime, aussi bon. Jamais elle n’avait ressenti ce genre d’amour pour unhomme.Etcelan’arriveraitjamaisplus.Qu’aurait-ellefaitsiellen’avaitjamaisrencontréDrake?Savieseraitbienvidesanslui.Elleferma

les yeux de toutes ses forces, sentit de chaudes larmes rouler sur ses joues, et elle retint son sanglot,serrantDrakecontreelledanscetaprèsexplosif.Illaissatombersoncorpslourdsurelle,haletant,peinantàretrouversonsouffle.Ilenfouitsonvisage

danssescheveuxetlaserradanssesbrassiétroitementqu’ilrecouvraittoutesapeaudelasienne.—Jamaisjen’aieuchoseplusdoucedemavie,parvint-ilàarticuler.Nemequitteplusjamais.Tues

laplusbellechosequej’aiejamaispossédée,Ange.Nemequitteplus.S’ilteplaît,nemequittepas.Ellefutchoquéed’entendrelavulnérabilitédanssavoix.Choquéequ’il lalaisseenêtretémoin.Ou

peut-êtrenesavait-ilpascequ’ildisait.Pourautant,sesparoles,sasuppliquepassionnée,latouchèrentenpleincœur.—Jenetequitteraipas,dit-elletendrement.Jamais,Drake,monchéri.Jeseraitoujourslà.Tantquetu

veuxdemoi,jesuisàtoi.Ill’écrasacontrelui,laserrantsifortqu’ellenepouvaitplusrespirer.—J’aibesoindetoi,Ange.J’aitantbesoindetoi.Ilavaitparlésidoucementqu’ellecrutd’abordavoir imaginésesparoles.Unfrissoneuphorique la

parcourut,etunsentimentdepaixl’envahit.Peut-êtrebienquelescontesdeféesdevenaientréalité,aprèstout.

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Chapitre21

EvangelineétaitallongéedanslesbrasdeDrake,siheureusequ’elleenétaitamorphedebonheur.Elleétaitétenduesurlui,leursjambesentremêléesaveclesdrapsetcouvertures.Elleavaitbienessayédechangerdeposition,maisl’étreintedeDrakes’étaitresserréeautourd’elleet

ilavaitsimplementmurmuré:—Nebougepas,Ange.Evangeline caressa paresseusement le corps de Drake, laissant ses doigts effleurer ses muscles et

glisserentrelespoilsclairsemésdesontorseetlaligneplusdensequidescendaitenvolutesjusqu’àsonnombril.Cethommeétaitundieu.Unebêtesexyetformidable.Aucunhommeneluiarrivaitàlacheville.Etil

étaittoutàelle.Ellesouritavecsatisfactionetrestaallongéelà,àsavourerl’intimitédeleurétreinte.PuisdessouvenirsdeThanksgivingluirevinrentàl’espritetellesesouvintdelaréponsecrispéede

Drakeàsamèrequandelleavaitditquesesparentsdevaientêtrefiersdelui.Etdesesremerciementsémuspourlaplusbellefêtequ’onluiaitjamaisofferte.Elleserappelaitd’ailleursque,latoutepremièrefois où elle avait cuisiné pour lui, il avait dit une chose déconcertante, à savoir que personne n’avaitjamaisriencuisinépourlui.Ildevaitparlerdesavied’adulte.Samèreavaitbiendûcuisinerpourluiquandilétaitpetit,non?Unemainglaciale lui enserra le cœur : elle sentait queDraken’avait pas euune enfanceheureuse.

C’était d’ailleurs leurs passés loin d’être idéaux qui liaient les hommes deDrake les uns aux autres.Aucunn’avait réellementparlédesonpassé,aucunn’avaitmêmementionnéavoirunefamille.Aucuneréférenceàleurenfance.Rien.Elle se détachade son torse pour le regarder dans les yeux, sondant son regardpour savoir si elle

devaitlaissertomberouaborderlesujetuneautrefois.Commeellenetrouvaquechaleurettendressedanssesyeux,ellesemorditlalèvreetposalaquestion

quilataraudait.—Drake?Jepeuxteposerunequestion?demanda-t-elleavechésitation.Ilplissalesyeux,sanscolèreaucune.Ilsemblaitseulement…préoccupé.—Biensûr.Qu’ya-t-il,Ange?—Jevoulaisensavoirplussur…ehbien…toi.Tonpassé,avoua-t-elle,nerveuse.Les lèvres deDrake se pincèrent et ses yeux devinrent glacials. Elle n’était pas certaine qu’il soit

mêmeconscientduchangementd’expressionsursestraits,carilétaitévidentqu’ilprenaitsurluipournepass’énerver.—Quoi,monpassé?demanda-t-ild’untonneutre.Ellesoupiraets’assitprèsdeluisansquittersonvisageduregardpourpouvoirmesurersesréactions.—Tu n’en parles jamais. De ton enfance. Tes parents. Tu étaismal à l’aise quandmamère les a

mentionnés.Etjecomprendsbienquecen’estpeut-êtrepasunechosedonttuasenviedediscuter,Drake.Sic’estlecas,jelaisseraitomber.Maisj’ailesentimentquecelaatoujoursuneemprisesurtoid’unecertainemanière.Quecelate…blesseencore.Etjeferaistoutpourquetunesouffresplus.—Celanesertàrienderessasserlepassé,dit-il,laminesombre.C’estlepassé.Ças’estpasséilya

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longtempsetcelanenousaffecteaucunement,toietmoi.Ellesecoualatête.— Tu as tort, contra-t-elle avec douceur en se penchant pour le serrer contre elle. Cela t’affecte

encore,ettoutcequit’affectem’affecte,moi.Ilsoupiraetellelesentitsecrispersoussesmains.Puisilsedétenditetenroulasesbrasautourd’elle

ens’asseyantdanslelit,l’attirantcontresontorse.—Queveux-tusavoir?demanda-t-il,visiblementmalàl’aise.—Seulement ce que tu es prêt à partager. Je ne te demanderai jamais plus que ce que tu es prêt à

donner.Ilsoupiraunenouvellefoisetdemeurasilencieuxuninstant.—Mesparentsn’étaientpasexactementdesmodèles.Rienàvoiraveclestiens.Savoixétaitsimélancolique.Celaluidonnaitenviedeleprendredanssesbras.—C’étaient des escrocs, qui donnaient dans le trafic de drogues, intéressés par l’argent facile. Ils

faisaienttoutcequ’ilspouvaientfairepournepasavoiràbosser.Unenfantestladernièrechosequ’ilsvoulaient,etd’ailleursmamèrevoulaitavorter,maismonpères’estrenducomptequejepouvais leurservirdevacheàlait.Bonsalimentaires.Chèquedel’Étattouslesmois.Toutcequ’ilsavaientàfaire,c’étaitmegarderetfaireensortequejeresteenvie.Monconfortetmonbonheurn’étaientpassurleurlistedepriorités.Unecertainedésolationsepeignitsursestraits,maisilserepritvite,commedéterminéàneplusles

laisseravoird’emprisesurlui.—Oh,Drake,dit-elleavecunsouriretriste.Illuisouritavantdel’attirerversluipourl’embrassersurlatempe.—Tuestropsensible,monange.J’aisurvécu.—Maisàquoias-tusurvécu?insista-t-elle.Personnenedevraitavoiràsurvivreàsonenfance.—Non,maisc’estlecasdebeaucoup.—C’étaitsiterrible,Drake?demanda-t-elleavecangoisse.Ilavalasasalive.— C’était atroce, admit-il. Je n’étais qu’un enfant qui ne comprenait pas pourquoi ses parents le

détestaient ni pourquoi ils le toléraient, d’ailleurs. Je priais pour que l’État vienne faire une visitesurprise etm’emmène loin d’eux. J’ai essayé dem’enfuir plus d’une fois.Chaque fois,monpèrem’atrouvé,m’atabassé,traînéàlamaison,etenfermédansunplacardpendantdesjours.UncridestupeuréchappaàEvangeline.Elleportalamainàsabouchepourétouffersoncrihorrifié.Drakehaussalessourcils.—Cen’était paspire. Jepréférais êtredans leplacardplutôtquedans leurspattes.S’ils étaient à

courtdedroguesoudenourriture,çasegâtaitsalement.Ilsétaientenmanqueet ilss’enprenaientàlasourcede leurmalheur.Moi.Alors j’aiapprisàdisparaître,àêtre trèsdiscret,à resterdans l’ombre.Ironiedusort,c’estprobablementmonpèrequim’asauvé.Mamère,commeje l’aidit,auraitpréféréavorter, et elle a développé une méchante addiction aux antalgiques suite à la césarienne d’urgencequ’elleasubielorsdemanaissance.Monpèreluirappelaitentouteoccasionques’ilssedébarrassaientde la « petite bête », comme elle aimait m’appeler, elle serait obligée de se trouver un travail pourfinancersonaddiction.Evangelineétait tropbouleverséepourexprimer lemilliondepenséesqui sebousculaientdans son

crâne.Elleétaittrophorrifiéeetatterréeparl’attitudepitoyabledel’humanité.Iln’avaitétéqu’unenfant.Un enfant qui n’avait pas demandé à naître. Sesmains tremblaient et elle les baissa pour les cacher,serrantlespoings.

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—Celanesertàrienderessassertoutemonenfance,dit-ild’unevoixdouce.Commes’ilessayaitdelaprotéger,elle,de l’atrocitédesonpassé.Neserait-cequepourcela,elle

avaitenviedepleurer.N’avait-iljamaiseupersonnepourprendresoindelui?—Queleurest-ilarrivé?Commentas-tufinipart’échapper?Ilgrimaça.—Monpères’estfaitdescendreparundealeràquiildevaitunetonnedefric.Jemerépète,cen’était

paslepèrenilemaridel’année,maisilaaumoinsessayédes’occuperdemoi.Quandiln’étaitpasentraindemetabasser,ajouta-t-ilsèchement.Etilaessayédes’occuperdemamèrecommeillepouvait.En lui fournissant les friandisesde sonchoix.Cequi a eupour résultat de lui créeruneardoisequ’iln’aurait jamais pu rembourser. Ils sont venus le chercher unenuit où j’étais dans le placard.Une foisencore, le placard m’a certainement sauvé la vie, parce que s’ils avaient su que j’étais là, soit ilsm’auraient tué pour se faire comprendre, soit ilsm’auraient enlevé, sans savoir quemes parents n’enavaientrienàfoutredemoietqu’ilsn’auraientrienfaitpourmerécupérer.—Ettamère?demanda-t-elleàvoixbasse.Celalarendaitmalade,maiselleespéraitquecettefemmeavaitconnuunemortlenteetdouloureuse.—Ilsontvitecomprisquelemeilleurmoyendelafairesouffrirétaitdenepaslatuer,delalaisserà

sonexistencepathétique.Sansmonpère,ellen’avaitaucuneaide,aucunsoutien,etétaitausuppliceàcausedumanque.Ilssesontmoquésd’elleetluiontditdebienprofiterdesonsevrage.Drakepritunedesmainsd’Evangelinepournouersesdoigtsauxsiens.—Deux joursplus tard,elle s’est suicidée. Jeme rappellem’être tenuau-dessusdesa tombepour

jurerquesavieneseraitpaslamienne.Jamais.Jevoulaismieux.J’avaisonzeansetj’étaispetitpourmonâgeàcausedelamalnutritionetdelamaltraitance.Maisjeplanifiaisdéjàmonavenir.Onapprendàsedébrouilleretonsaitcequ’ilfautfairepoursurvivre,quandongranditentourédedealersetdegangs.—Personnenes’estoccupédetoiàlamortdetamère?demandaEvangeline,ahurie.Drakehaussalesépaules.—Quelqu’un l’aurait certainement fait.Auminimum, j’aurais été placé et baladéde foyer en foyer

jusqu’àmesdix-huit ans.Mais cen’étaitpasuneoptionpourmoi.Àonzeans, j’étaisobsédéparuneseulechose:simespropresparentsnepouvaientpasm’aimer,commentquelqu’und’autrelepourrait?Elleneputplusretenirleslarmes,quiroulèrentsursesjoues.Ellelefixaduregard,lavuetrouble,

puissejetaàsoncoupourleserrercontreelleetcontresoncœurquibattaitdemanièreerratique.—Jet’aime,moi,DrakeDonovan,murmura-t-elleavecardeur.Jet’aimeraitoujours.Tun’aurasplus

jamaisàêtreseulettuaurastoujoursunepersonnequit’aimeauprèsdetoi.Ileutl’airchoqué,commesic’étaitbienladernièrechosequ’ils’attendaitàentendredesabouche.

Ellen’avaitpasvoululedireainsi.Pasmaintenant.Pasencore.Maisc’étaitlemomentidéaletellenepouvait pas le laisser poursuivre sans lui faire savoir qu’elle l’aimait et qu’elle ferait tout pour lui.Aucunsacrificen’étaittropgrand.—Ange,murmura-t-ild’unevoixbrisée.Je…jenesaispasquoidire.Tunesaispasàquelpointce

cadeauestprécieux.Jeneleméritepas.Elleposasondoigtentraversdeseslèvres.—Tais-toi,ordonna-t-elle.Nedisjamaisquetuneleméritespas.Ettun’aspasàdirequoiquece

soit.Tudoisseulementécouter.Je t’aime,Drake.Complètement, inconditionnellement,sansretenue.Jet’aime.Ill’enserradanssesbras,enfouitsonvisagedanssescheveux.Soncorpstoutentiertremblaitsousla

puissancedesonémotionetellesecontentadeleserrercontreelle,decaressersondosetsesépaules,toutenluisusurrantsonamouraucreuxdel’oreille.

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Chapitre22

Pour une fois, Evangeline avait hâte de faire cette virée shopping, bien qu’elle soit déçue que niMaddoxniSilasnesoientlibrespourl’accompagner.Elleavaitprisl’habitudedecomptersureuxetleursolide compagnie. Elle devait avouer qu’elle était plus proche d’eux deux que des autres hommes deDrake,mêmes’ilsétaienttouschaleureuxetamicauxavecelle.Toutefois,mêmel’absencedeMaddoxetSilasneparvenaitpasàsapersonenthousiasme.Elleallait

acheterlescadeauxdeNoëldeDrake.ElleavaitprisleliquideetlescartesdecréditqueSilasluiavaitdonnésilyavaituneéternité,etellesourit,n’ayantaucunremordsdeseservirdel’argentdeDrakepourluiachetersonproprecadeau.Aujourd’hui,elleallaits’amuser.—Yo,Evangeline,tueslà?appelaZanderdepuisl’entrée.Ellefourraleliquideetlescartesdanssonsacàmainetellesedépêchad’alleraccueillirZander,un

sourire aux lèvres. Elle fut surprise quand elle vit les deux autres hommes de Drake quil’accompagnaient.Thaneet…Mince.Elleétaitincapabledesesouvenirdunomdel’autrehommeetcelaparaîtraitbienimpolidesaparts’ils’enrendaitcompte.Ellesesouvenaitdelui,biensûr.Ilétaitplusdiscretquelesautres,maistrèsgentiletprévenantenvers

elle.SonnomressemblaitàceluideHartley.Flûte!—Salut,amour,lançaZanderenlaprenantdanssesbraspourl’embrassersurlajoue.—Salut,Zander,dit-elleavecchaleuravantdetournersurelle-même.Bonjour,Thane.Puis elle se tourna vers le troisième homme et, Dieu merci, son nom lui revint à l’esprit au bon

moment.—Hatcher.Commentvas-tu?L’intéressé sembla surpris qu’elle s’adresse ainsi à lui ; peut-être avait-il pensé qu’elle ne se

souviendrait pas de lui, puisqu’ils n’avaient pas passé beaucoup de temps ensemble. Il sembla ravi,cependant,etluiadressaunlargesourire.—Bonjour,Evangeline.Tu es prête à aller faire les boutiques ? dit-il en lui offrant sonbras alors

qu’ilssedirigeaienttousversl’ascenseur.—Oui,etj’aidésespérémentbesoindevotreaideàtous,dit-elled’unevoixtraînante.Thanepartitd’unpetitrire;Evangelinesetournaverslui.—Qu’ya-t-ildesidrôle?demanda-t-elle.—Rien,mabelle.C’est justeque çamechatouille quand j’entends ton adorable accent traînant du

Sud,dit-ilensouriant.—C’est l’hôpital qui se fout de la charité !On n’est pas censés se serrer les coudes, en tant que

sudistescoincésdanscettegrandeméchanteville?HatcheretZanderéclatèrentderireàleurtourtandisqueThanelevaitlamainensignedepaix.—Allons,mabelle,tusaisquejeplaisante.Jedoisadmettrequej’ailemaldupayschaquefoisque

jet’écouteparler.Savoixse fitplusgraveet, l’espaced’un instant,ellecrutqu’ilavaitvraiment lemaldupays. Ily

avaitdanssesyeuxunelueurquilarendittriste.

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—CerepasdeThanksgivingquetuascuisiném’arappelélacuisinedemamère,expliquaThane.Lemeilleurrepasquej’aiemangédepuisquej’aiquittélamaisonilyabienlongtemps.—Alorsilfautquejet’inviteàmangerplussouvent,affirmaEvangeline.LacuisineduSudestunmust

etonnepeutl’oublierunefoisqu’onyagoûté.C’estunpéché,c’estsûr.ZanderjetaunregardnoiràThaneavantdesecouerlatêteàl’intentiondeHatcher.—Tucroiscetenjôleur,quiréussitàsefaireinvitersanseffort?EvangelinedressafièrementlementonetglissasonbrassousceluideThane.—VousferiezmieuxdeprendreexemplesurunvraigentlemanduSud,vousautres,dit-elleavecun

reniflementbiensenti.Ilssaventcequiestimportantauxyeuxd’unefemme.—EtunedameduSudsaitcequiestimportantpourleventred’unhommeduSud,ditThane,lesyeux

pétillants.C’estpourquoitouteslesmeilleuresfemmesduSudsaventcuisiner.Ellessavents’occuperdeleurshommes,dit-ilavecmélancolie.Hatcher etZander levèrent les yeux au ciel avec répugnance,maisThane leur adressaun regard en

coin.— C’est ça, levez les yeux au ciel. Attendez que je dîne avec Evangeline et que je déguste sa

merveilleusecuisinependantquevousmangerezdestacosouuneautremerdedanslegenredecellequevousbouffeztouslesjours.—Dis-moi,Thane,d’oùviens-tuexactement?demandaEvangelinelorsqu’ill’aidaàmonterdansla

voiture.—M-I-crooked-letter-crooked-letter-I-crooked-letter-crooked-letter-I…—Humpback-humpback-I1,compléta-t-elle,lesyeuxpétillants.—C’estquoicecharabia?marmonnaZander.—IlvientduMississippi,réponditEvangeline,toutsourires.Commemoi!—Ettulesaisgrâceàcettechansonbizarre?Zandersemblaitabasourdi,etillesregardacommes’ilsavaienttouslesdeuxperdul’esprit.Thaneet

elleéclatèrentderire.—Dequel endroit viens-tu,Thane?demandaEvangeline.Moi, jeviensduSud.Unepetiteville à

cinquantekilomètresaunorddelacôte.—JeviensdelarégiondeJackson,ditThane,laconique.Thaneneparlaitpasbeaucoupdesonpassé,àl’instardesautreshommesdeDrake.Ilsfaisaienttous

commes’iln’avaitjamaisexistéoucommes’ilétaitsimplementdéplaisant.Peut-êtremêmelesdeux.— Et si nous allions déjeuner avant de commencer le shopping ? proposa Hatcher en souriant

gentimentàEvangeline.—Oh,jepeuxchoisir?—Çadépend,ditZanderenlaregardantdetravers.—Steakdewagyu?l’amadoua-t-elle.—J’ensuis,annonçaThane.—Putainoui,moiaussi!s’exclamaaussitôtHatcher.—Tuesbattu,ditEvangelineàZanderavecsuffisance.Ilpouffa.—Commesij’allaisdirenonàunsteakdewagyu.Unedemi-heureplus tard,Evangeline se retrouvadonc assise à tabledansun coindu restaurant où

Justicel’avaitemmenéemangercesavoureuxsteak.—Suis-jeunemauvaisepersonnesijedisquejepourraismangerçaquotidiennementpourlerestant

demesjours?demanda-t-elleunefoislescommandespassées.

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—Non,réponditZander.C’estbon.Pourquoimangerdelamerdequandonpeutavoirlemeilleur?Ellelevalesyeuxauciel.—Onnepeutpastoussepermettredemangerçaunefoisparmois,alorstouslesjours…—Jecroisquetun’asplusbesoindet’inquiéterpourça,ditThane.Sicelaterendaitheureuse,Drake

embaucheraitlechefdecerestaurantpourqu’ilcuisinetouslesjourspourtoiàl’appartement.—Oh,bonDieu,grimaça-t-elle.Vousferiezmieuxdenepasleluisuggérer,mêmeenplaisantant.Je

seraismortedehonte.Zandersecoualatêteavecunpetitrire.—Unhommepourraitfairepirepoursacompagne.—Jevaisaupetitcoinmerafraîchiravantquelesplatsarrivent,annonçaEvangelineenselevantde

table.Leshommesfroncèrentlessourcils,etlorsqueThanevoulutseleverpourl’accompagner,Hatcher,qui

étaitauboutdelatable,seglissahorsdesachaise.—Jel’accompagne.Elleseretintdeleverlesyeuxauciel.Aprèstout,Drakel’avaitprévenuequeleschosesallaientêtre

ainsi désormais.Ce n’était pas sa faute si elle avaitmomentanément oublié.La journée semblait si…normale.Commes’ilsn’étaientqu’ungrouped’amissortisdéjeuneretfairelesboutiques.Seulement,àencroireDrake–etMaddoxetSilas–,elleétaitconstammentendangerquandelleétaitseule.Cetteseulepenséesuffità réprimer touteprotestationdesapart.Drakene luidemandaitpasgrand-

chose, et il avait été si généreuxavecellequ’ellenepouvaitpaspiquerunecrise et se comporter enenfantrécalcitrante.—Merci,Hatcher,dit-elleenluisouriant.Ill’accompagnadanslehallsombredurestaurantetmontraleboutducouloir.—Lestoilettespourdamessonttoutaufond.Jeresteicietnelaissepasserpersonne.Lagravitédesontonlafitfrissonner,maiselleneréponditpas,etneposapasnonpluslaquestion

qu’ellemouraitd’enviedeposer–pensait-ilqueledangerguettaitvraimentàtouslescoins,ouDrakelaprotégeait-ilàl’excès?Elle se rua aux toilettes, ne voulant pas s’attarder plus longtemps qu’il ne le fallait. Sa dernière

expériencedansdestoilettespubliquesavaitététotalementdésastreuse,quandcettegrandebrunel’avaitréduite en miettes avec ses griffes acérées. Pas littéralement, bien sûr. Elle avait réussi à lui mettrequelquescoups,maisEvangelineaussi.Avec le recul, elle était fière de ne pas avoir laissé paraître son désarroi. Elle lui avait envoyé

quelquesremarquesacerbesdesoncruquiavaientatteintleurcible,àenjugerparlapâleurdelafemmeetlaragequiavaitéclosdanssesyeux.MaiselleétaitrestéesansvoixquandEvangelineluiavaitditqueDrakenepartageaitpascellesqui

luiappartenaient,etqu’ils’affichaitavecelle,cequiallaitàl’encontredeseshabitudes,luiquin’avaitjamaisde«salope»àsonbras,selonl’expressiondeseshommes.Ellegrimaçaenpensantàl’usagequecesderniersfaisaientdecemotpourdécrirelesfemmes.C’était

loind’êtreflatteur,etsiellen’étaitpascertainequ’ilsnelesmettaientpastoutesdanslamêmecatégorie,elle leur en ferait voir de toutes les couleurs pour les punir de parler des femmes de manière sipéjorative.Ellefitsonaffaire,selavalesmains,puisretoucharapidementsonmaquillage.Elleclignadesyeuxen

voyantlafemmequiluirendaitsonregarddanslemiroir.Elles’immobilisa,etl’examinadeplusprès,avantdeserendrecomptequec’étaitsonproprereflet.Elle avait tant changé depuis qu’elle avait rencontré Drake et avait été aspirée dans son monde.

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Oubliés,lesvieillesfripes,sescheveuxtoujoursnouésenchignonflou,etlestraitsquelconquesdesonvisage.Ellesemblaitêtre…àsaplace.Ici.DanslemondedeDrake.Elleétaitdignedes’afficheràsonbras.

Depuis quand était-elle passée de la jeune fille de la campagne gauche et naïve à cette femmeexpérimentéeetraffinée?Ellesetrouvaitpresque…jolie.Elleportaunemainà sabouche, à sesyeux, sur son fardàpaupièresde luxe.Sonmaquillageétait

subtiletélégant,luiconférantunebeauténaturelle.Songlossàlèvresétaitsimplemaisbrillant,cequesoncôtéfillesavaitapprécier.Quellefemmen’aimaitpasleschosesquibrillent?Mêmeellenepouvaitprétendre le contraire. Elle n’avait aucun mal à admettre ses prédilections féminines car Drake lesappréciaittoutes.Illuiavaitconfiéàplusieursreprisesqu’ilaimaitsoncôté«fille»etqu’ilfallaitêtreunefemmeforteetsûred’ellepourassumersaféminitésanssesoucierd’êtrepriseausérieuxparlerestedumonde.Elle sourit. Si Drake appréciait, c’était lui-même qu’il devait remercier pour cette métamorphose.

Parcequec’étaitluiquiluiavaitdonnéconfianceenelle.Serendantcomptequesiellenesedépêchaitpasunpeu,sonsteakallaitêtreservietrefroidirait,elle

finitdesesécherlesmainsetsortitdanslecouloirsombre.Presqueaussitôt,ellepercutaquelqu’unets’excusaenmarmonnant.Quandelleserenditcomptequec’étaitunhomme,alorsquelestoilettespourhommesétaientde l’autrecôté,elle fut sur sesgardes ; ellevoulutcontourner l’individupourpouvoirappelerHatcherencasdebesoin.Maisunefoisencore,illuibloqualepassageensedécalantsurlecôté.Cefaisant,ilouvritunpande

savestepourrévélerunbadgeaccrochéàlaceinturedesonpantalon.Elleaperçutégalementl’énormepistoletdanssonétui.Lapeurluiglaçalesang.Ellefutprisedevertiges.—Quevoulez-vous?dit-elled’unepetitevoix.—MademoiselleHawthorn,dit l’hommeàvoixbasse.Pourriez-vousm’accorderun instant?Cene

serapaslong,jevouslepromets.Maisc’estuneaffairetrèsimportante.Uneaffairecriminelle.

1.ChansonpourapprendreauxenfantsdusuddesÉtats-Unisàépelerlemot«Mississippi».

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Chapitre23

—Quemevoulez-vous?parvint-elleàarticuler.Il lui adressa un regard impatient suggérant qu’il ne croyait pas une seconde à son petit numéro.

Seulement,cen’enétaitpasun!Quepouvaitluivouloirlapolice?—DrakeDonovanestvotrepetitami,n’est-cepas?Unfrissonglacialluiparcourutl’échine,puissondosseraiditetelledressalementond’unairdedéfi.—Jenevoispasenquoimavieprivéevousregarde,etelleneconstitueaucunementune«affairede

police».—Êtes-vousaufaitdetoutessesactivités?demandalepolicier,laminegrave.—C’est unhommed’affaires, rétorquaEvangeline. Il se trouvequ’il possèdeplusieurs clubs.L’un

d’euxestl’Impulse.Vousenavezpeut-êtreentenduparler.Lepoliciersecoualatête.—Vousêtestropnaïve,mademoiselleHawthorn.Ilestliéaucrimeorganisé,etdirigeuneorganisation

criminelle. Les hommes qui vous escortent ? Tous des hommes de main de son organisation. Il a lamainmisesurbeaucoupdechosespasclairesdanstoutelaville.Ilvousentraîneradanssachute.Vouslesavez,n’est-cepas?Sijevousgarantissaisuneprotectionpolicière,seriez-vousprêteàcoopéreravecnousetànousfournirdesinformationspertinentespournotreenquête?Elleétaitbouchebée,horrifiée.—Vousêtesdingue?explosa-t-elle.Non,jenevaispasl’espionnerpourvous,nipourquiquecesoit

d’autred’ailleurs.C’estunhommebien.Pourquoineconcentrez-vouspasvoseffortssurl’arrestationdesvraiscriminelsdecetteville?demanda-t-ellesèchement.Ilsecoualatêteavecregretavantdeplongerlamaindanssapochepourensortirsacarte.—Sijamaisvouschangezd’avis,sivousavezbesoind’aide,ousivousdécouvrezquelquechoseque

jedevraissavoir,n’hésitezpasàmecontacter.J’assureraivotresécurité.Elleluiarrachalacartedesmains,nonparcequ’elleavaitl’intentiondel’utiliserunjour,maisparce

queDrakedevaitsavoirquiserenseignaitsurlui.—Drakeassureparfaitementmasécurité.Maintenant,sivousvoulezbienm’excuser,mondéjeunerest

entrainderefroidir.Ellelebousculapourpasseret,cettefois-ci,illalaissapartir.Elleremontalecouloird’unpasraide

pourretournerdanslerestaurant,cherchantHatcherdesyeux.Ilétaitnonloin,entraindeconsultersontéléphone,maissemitaugarde-à-vousquandillavitetfourrasontéléphonedanssapoche.—Toutvabien?demanda-t-ilvivementenladévisageantavecattention.—Çava,répondit-elled’untonsec.Allonsmangeravantqueçarefroidisse.N’attendantpassonaccordousondésaccord,elle regagna leur tableavec raideuren faisantdeson

mieuxpourdissimulersatension.Heureusementpourelle,lesplatsn’étaientpasencorearrivés.ZanderetThanel’observèrentaveccuriositémaisleserveurapparutavecleursassiettesavantqu’ilsnepuissentlaquestionner.C’était tout aussi bien, car elle avait besoin de temps pour se calmer et trouver le meilleur plan

d’action plutôt que d’agir sans réfléchir.Mais plus le repas avançait, plus sa fureur et son inquiétudegrandissaient.Ellenepouvaitpasallerfairelesboutiquescommes’ilnes’étaitrienpassé.Ilfallaitque

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Drakesacheimmédiatementqu’ilfaisaitmanifestementl’objetd’uneenquêtedepolice.Maispourquelleraison?Ellerepensaàlafoisoùelleluiavaitdemandécequ’ilfaisaitexactement;illuiavaitgentimentdit

d’oublier.Pourlui.Etelleavaitaccepté.Elleétaitàprésentsincèrementraviequ’ilnesesoitpasconfiéàelle,carsaconscienceétaittranquille:ellenepouvaitpasdireàlapolicequelquechosequ’ellenesavaitpas.Quand ils eurent finidemanger, elle considéra sesoptions,maiscette fois-ci, ellen’éprouvaaucun

remordsà l’idéede tromper leshommesdeDrake.Elleadressaun regardsuppliantàZander. Il avaitbeauêtreplusbourruque les autres, elle savaitqu’il ferait cequ’elle luidemanderait sanshésitation.Surtoutsielleluifaisaitcomprendrequ’elleavaitbesoind’avertirDrake.— J’ai peur de ne pas me sentir d’aplomb pour aller faire les boutiques finalement, dit-elle en

repoussantsonsteak,qu’elleavaitàpeinetouché.J’aimalauventreetjecommenceàavoirmalàlatête.Cen’est sûrement rien,mais jepréfère rentrerm’allonger.Onpeutpeut-être aller faire les coursesunautrejourdanslasemaine?—Tuasbesoind’unmédecin?s’enquitThane.Ellesourit,ignorantleregardpénétrantdeHatcher.—Non,biensûrquenon.J’aijustebesoindem’allonger.Peut-êtredefaireunepetitesieste.—Allons-y.Faisvenirlavoiture,Thane,ditZanderaprèsavoirjetéplusieursbilletssurlatable.ThaneetHatchersortirentpendantqueZanderpassaitunbrasautourdesépaulesd’Evangelinepourla

guider jusqu’à l’entrée. Quelques minutes plus tard, ils étaient dans la voiture, en route pourl’appartementdeDrake.Leshommesladévisagèrentpendantletrajetretour,maiselleignoraleursregardsinsistants,préférant

seconcentrersurlepaysagedéfilantdel’autrecôtédelavitre.Quandilsarrivèrentenbasdel’immeuble,elleposasamainsurlebrasdeZander.—Tum’accompagnes?Vousn’avezpastousbesoindevenir.Aprèstout,jevaisjustemecoucher.LefrontdeZandersecreusa,commes’ilétaitloindes’attendreàcettedemande.—Biensûr.Vouspouvezyaller,vousdeux,dit-ilàThaneetHatcher.J’appelleraiunevoiturequandje

seraiprêtàpartir.IlaidaEvangelineàdescendredevoitureetl’escortaàl’intérieurdubâtiment.Ellejetauncoupd’œil

par-dessussonépaulepours’assurerquelavoitures’éloignaitet,dèsqu’ilsfurentàl’intérieur,ellesetournafaceàZander,uneexpressionpressantesurlevisage.—Zander,ilfautquetum’emmènesvoirDrake.Toutdesuite.Ilécarquillalesyeux,souslechoc.—Quoi?Quesepasse-t-il,Evangeline?Etjetejure,situréponds«rien»,jet’étrangle.— Je ne vais pas répondre « rien », dit-elle calmement. Ce que je vais dire, c’est qu’il est très

importantquejevoisDrakeimmédiatement,et tunepeuxpasleprévenirdemavenue.Jemefichedesavoir s’il est occupé, ce qu’il fait, avec qui il est. Tum’emmènes le voir sur-le-champ pour que jepuisseluiparler.Son ton pressant fit effet : l’inquiétude se peignit sur le visage de Zander. Il sortit son portable et

appela son chauffeur ou celui de Drake, supposa-t-elle. Sa directive fut brève et efficace : venir lechercheràl’appartementdeDrakeaussivitequepossible.DrakeraccrochalecombinéaprèssaconversationavecHatcher,lestraitsfigés.Unflicavaitapproché

Evangelineaurestaurantoùseshommesl’avaientemmenéemanger.Ilsavaientparlédanslehallpendantuncertaintempsavantqu’ellen’ailleretrouverlesautres.

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Sonsangseglaçadanssesveinesàl’idéequ’Evangelinepuisseletrahir.Avait-ilpusetromperdelasortesursoncompte?Il fit lescentpasdanssonbureau,puisseposta faceà la fenêtrepourcontempler lesgratte-cielde

Manhattan, ruminantdespenséesnoires.Devait-il semerde fausses informationspourvoir cequ’il sepasserait?Luidonnerjustecequ’illuifallaitdepreuvespourqu’ilsache,silesflicsvenaientfouiner,qu’elleétaitlaseuleàavoirpuleurtransmettrel’information?Ilavaitlanausée.Elleluiavaitditqu’ellel’aimaitetilavaitététropépoustouflé,trop…émuparses

motsferventsetl’amourqu’ilavaitvudanssesyeuxpourfaireautrechosequelaprendredanssesbrasetlaserrercontrelui,decraintedeserendrecompte,s’illalâchait,quetoutçan’avaitétéqu’unrêve.Leplusmerveilleuxdesrêves,maisunrêvetoutdemême.Illibéraunviolentflotdejuronsquiauraitfaitrougiruncharretier.Bordel.Quedevait-ilfairedecetteinformationselonlaquelleEvangelineavaitparléàunpolicier?Elle avait essayé de lui soutirer des réponses un soir, qui lui semblait déjà bien loin ; il lui avait

demandéd’oublier,ditquecelanel’affecteraitjamais,nelatoucheraitjamais.Ilavaitcruqu’elleavaitabandonné et en avait été soulagé, mais était-ce vraiment le cas ? Avait-il éveillé ses soupçons,suffisammentpourqu’ellesetourneverslapolice?Ilseretournaetjetasontéléphoneàtraverslapièce.Ilsebrisaàl’impact,etDrakelaissalespièces

irrécupérableséparpilléessurlesol.Ilauraitdûêtreencolère.Entraindepréparersavengeance.Maisilneressentaitque…douleur.Une

douleurinfinie,insoutenable,accablante.Les yeux fermés, il se massa la nuque, en proie soudain à une certaine lassitude. Il ne pouvait se

résoudreàlapunir,àlamettredehors.Pouvait-illuienvouloirpourcequ’ellepouvaitpenseralorsqu’ilneluiavaitjamaisoffertsaconfiance?Jamaisparlédelaviequ’ilmenaitquandiln’étaitpasavecelle?Ilconnaissaitsuffisammentlesfemmespoursavoirquepeuauraientétéaussiconciliantesqu’Evangelineavaitsemblél’être.Ilnesavaitpasquoifaire.Néanmoins,ilnepouvaitresteravecunefemmequiavaitl’intentiondeles

balancerauxflics,sesfrèresetlui.Iltenditlamainversletéléphonefixeposésursonbureau,notantmentalementd’envoyersonassistant

lui acheter un nouveau téléphone portable. Il était sur le point de décrocher le combiné pour appelerEvangelinelorsquelaportedubureaus’ouvrit.Illevalatête,prêtàgronderquiconqueosaitledérangeralorsqu’ilavaitclairementordonnéqu’onle

laissetranquille,quandilvitquisetenaitdansl’encadrementdelaporte.Evangeline?Il lâcha le téléphone et fit le tour de son bureau pour la rejoindre. Elle était pâle et visiblement

secouée.—Evangeline,qu’est-cequinevapas?demanda-t-ilvivement.Mêmes’ilétaitfaceàunetraîtressesupposée,soninquiétudepourellegommamomentanémenttoute

autreémotion.Ellesemblaitapeurée.Terrifiée,même.Elletremblaitdetoussesmembres.Ellen’étaitjamaisvenuedansl’undesesbureaux,àl’exceptiondeceluiduclub.Bienqu’ilneluien

ait jamais interdit l’accès, c’était un accord tacite entre eux qu’elle reste à l’écart de son travail.Pourquoibrisercetaccordmaintenant?Puisilplissalesyeux,leregardassassin.—Oùsontleshommesquisontcensésteprotéger?demanda-t-ild’unevoixmenaçante.—Z-Zanderestvenuavecmoi,bégaya-t-elle.Jesuisdésolée,Drake.Jeneveuxpastedéranger,mais

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ilfallaitquejevienneimmédiatement,doncjeluiaidemandédem’amener.S’ilteplaît,neluienveuxpas.Jeneluiaipaslaissélechoix.Jesuisdésoléededébarquercommeça,maisilfallaitquejeteparle.Déroutéparsapanique,Drakelaguidaverslecanapédevantsonbureau.—Cen’estrien,Evangeline,dit-ild’unevoixapaisante.Assieds-toi.Ilpritsesmainsdanslessiennes:ellesétaientglacialesettremblaientdemanièreincontrôlable.Une

fois installé à côté d’elle, il étudia ses traits de plus près. Sa colère et son instinct protecteur seréveillèrentquandilserenditcompted’àquelpointelleétaitpâle,apeurée,etsecouée.Ilmitsafureurdelasavoirdemècheaveclapolicemomentanémentdecôté.—Quelqu’unaessayédetefairedumal?Ont’amenacée?—Non,murmura-t-elle,presquedansunsanglot.Maisquelqu’unàl’intentiondetefairedumal.Ileutunmouvementde recul, surpris,carc’étaitbien ladernièrechosequ’il s’attendaitàentendre.

Certaind’avoirmalcompris, ilposasesdeuxmainssursesépauleset la forçaà le regarderdans lesyeux.—Dequoiparles-tu?Raconte-moitoutcequ’ils’estpassé,etsurtout,dis-moipourquoitupensesque

quelqu’unmeveutdumal.Elle prit une profonde inspiration pour se calmer. Lorsqu’elle releva les yeux vers lui, les larmes

brillaientsursescils.—Zander,Thane etHatcher devaientm’emmener faire des courses aujourd’hui,mais nous sommes

d’abordallésmanger.Pendantquenousattendionsnosplats,jesuisalléeauxtoilettes,etquandj’ensuisressortie,unhommebloquaitlecouloir.Quandj’aivoululecontourner,ilarefusédemelaisserpasser.Ilm’amontré…ilm’amontrésonbadgeetilportaitunpistoletaussi.Puisilm’aappeléemademoiselleHawthorn et m’a dit qu’il avait besoin de me parler d’une affaire de police. J’étais perdue. Enfin,pourquoilapoliceauraitbesoindes’entreteniravecmoi?dit-elleavecincrédulité.Oh,Drakesavaittrèsbienpourquoi.Lessalauds.Seservird’unefemmeinnocentepourl’atteindre.Celan’auraitpasdûlesurprendre.Plusriennele

surprenait.—Quandjeluiaidemandécequ’ilvoulait,iladitquetuétaismon«petitami».Jeluiairéponduque

jenevoyaispasenquoimavieprivéeregardaitlapolice.Bienenvoyé.—Puisilm’aditquejen’étaispasaucourantdetoutestesactivités.Ellesecoualatête.Lacolèresuccédaàlatristessedanssesyeux.— Je lui ai expliqué que tu avais plusieurs entreprises. Ilm’a répondu que j’étais naïve et que tu

m’entraîneraisdanstachute.Puis…Savoixsebrisaetelletressaillit.Ellesefrottalesbrascommesielleavaitfroid.—Puisquoi,Ange?demanda-t-ilavecdouceur.—Ilm’adonnéça.Elle plongea la main dans son sac pour en sortir une carte de visite, qu’elle lui tendit avec une

expressiondedégoût,commesiellenesupportaitpasdelatoucher.—Ilademandésijeseraisprêteàluidonnerdesinformationssurtoi.Sijevoulaisbient’espionner.

Jeluiaidit«non».Jamais.Ilm’apromisuneprotectionpolicièreenéchange.Dérisionetmépristransparaissaientdanssavoix.— Comme si tu pouvais me faire du mal, bouillonna-t-elle. Je lui ai dit que tu étais parfaitement

capabled’assurermasécurité.Et je l’aipriédedégagerdemoncheminetdemelaisser tranquille.Jesavaisquejedevaisvenirteprévenir.Aprèsdéjeuner, j’aidoncprétenduquej’étaismaladeetditaux

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autres que je n’étais pas d’attaque pour aller faire les boutiques. Ensuite, j’ai demandé à Zander dem’accompagneràl’appartement,maisdèsqu’onaétéseuls,jeluiaidemandédem’amenerici.Auprèsdetoi.Elleleregardaavecinquiétude,commesiellecraignaitqu’illatraitedementeuse,oupire.Luiétait

complètementsidéréparcequ’ellevenaitdeluiapprendre.Uneétrangechaleurenvahitsapoitrine.Ilnesavaitpasquoifairedesadéclaration.Pourquoil’avait-elleprévenu?Ilfutsaisidehonteensesouvenantdelacolèreetdusentimentdetrahisonqu’ilavaitressentisavant

qu’ellen’arrive.Ilavaitdoutéd’elleetdesaloyautéalorsqu’elles’étaitfaitunsangd’encrepourlui.—Pourquoim’as-tuprévenu,Ange?demanda-t-ildansunmurmure.Jesaisquetuastessoupçons.Et

non,jenesuispasunhommebien.Alorspourquoimepréveniraulieudelesaideràmefaireenfermer?Ilsutqu’ilavaitfaituneterribleerreurdejugementquandilvitsaréaction.Choquée,bouchebée,elle

leregardaitfixement,complètementmuette.Commesiellen’arrivaitpasàcroirequ’ilaitpuposerunetellequestion.Qu’ilregrettaitamèrementd’avoirposée.— Jamais je ne te trahirais, Drake, dit-elle d’une toute petite voix. Jamais. Je suis à toi. Je

t’appartiens.Etcelaveutdirequetuastoutcequejesuisettoutcequej’ai.Maloyauté.Maconfiance.Monamour.Elleselevabrusquementetsedétournadelui.Undésagréablesentimentdepaniqueluirampasousla

peau, commeunemyriaded’araignées– il auraitpréférédevéritables araignées à cettepeurpanique.Allait-illaperdreparcequ’iln’avaitpaseufoienelle?Puiselleseretourna,colèreetdéterminationaufonddesyeux.—Tuastort,Drake.Tuesunhommebien.Jemefichedecequedisentoupensentlesautres.Ilsnete

connaissentpas.Moisi.Ettuesunhommebien.Elleagitasamaindansl’air,faisantdansersesdoigtsdélicats.—Peux-tutemontrerimpitoyable,arrogantetexigeant?Absolument.Tuesdéterminéetimplacable.

Maiscenesontpasdemauvaistraitsdecaractère.Ilsontfaitdetoil’hommequetuesaujourd’hui,etj’aimebeaucoupl’hommequetues.Jemeréveillechaquematinenmedemandantsitoutçan’estqu’unrêve,parcequecesibelhommequipourraitavoirtouteslesfemmesqu’ilveutm’achoisie,moi.Leslarmesbrillaientdanssesyeux.Elleétaitentraindeluioffrirsoncœur.Ilnesavaitpasquoidire.

Cette femme douce, généreuse et aimante, qui le défendait bec et ongles alors que lui tirait desconclusionshâtivessansmêmeavoirsaversiondesfaits,venaitdeluidonnerunebelleleçon.— Et tu as été si patient avec moi, reprit-elle, la voix serrée par l’émotion et les larmes qu’elle

s’efforçaitderetenir.Tuastoujoursprisletempsdem’apprendrecequitefaitplaisir,ettumefaisdixfoisplusplaisirenretour.J’espèrejusteque…Ellesedétournapoursereprendre,courageuse,avantdeluifairedenouveauface.— J’espère juste que tu ne vas pas te réveiller un jour,me regarder, et te dire : «Mais à quoi je

pensais?»Ellevintsemettreàgenouxdevantluietpritsesmainsdanslessiennes.—Jenetedemandequ’unechose,Drake,murmura-t-elle.Sicelaarriveunjour,situtelassesdemoi

etquetuneveuillesplusdemoi,toutcequejedemande,c’estquetuneregrettespasletempsquenousauronspasséensemble.Parceque jeneregretterai rien.Jechériraichaquesouvenir,chaqueminute,etjamais je ne regretterai une seule seconde.Tout ce que je te demande, c’est que tu fasses pareil et tesouviennesdemoiavectendresse.Drakesesentitbienpetit.Ilétaitentotaleadmirationfaceàlafemmeagenouilléedevantlui.Sagorge

seserradouloureusement:c’estluiquiauraitdûêtreàgenouxdevantelle.Ill’attiradanssesbraspourl’enlacerétroitement,lesempêchantpresquederespirer.Non,jamaisilne

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selasseraitd’elle,elleétaitsidoucedanssesbras.—Bonsang,souffla-t-il.Tunecomprendspas,n’est-cepas?Iln’yaurajamaisd’autrefemmequetoi,

Ange.Jamaisjenepourraismedemanderàquoijepensaisenmeréveillantavectoilovéecontremoi,sidouceetinnocente.Laseulechosequejepeuxpenserenmeréveillantprèsdetoi,c’estquejamaisjenetelaisseraipartir.Ellesefigeaentresesbras.Elleétaitsi immobilequ’iln’étaitpascertainqu’ellerespireencore.Il

desserra sonétreinte et elle s’écartapour le regarder, les traits figés.Elle avait au fonddesyeuxunelueur d’espoir qui le toucha enplein cœur.Presque comme si elle avait peur de douter de lui.Oudeconfirmercequ’ilavaitdit.Elles’humectaleslèvresetfinitparmurmurerd’unepetitevoix:—Jamais?—Jamais.Elles’avachit,lesfessessurlestalonsetlesépaulesaffaissées.Puiselleenfouitsonvisageentreses

mains,maiscelan’empêchapasDrakedevoirleslarmescoulersursesjoues.—Nepleurepas,Ange,dit-ild’unevoixapaisanteenl’attirantdenouveaudanssesbras.Jamais.Je

veuxquetusoisheureuse.Enpermanence.—OhDrake, ne le sais-tu pas ?Tu viens de faire demoi la personne la plus heureuse aumonde,

sanglota-t-elle.J’aieutellementpeurpourtoiaujourd’hui.J’aiencorepeur,corrigea-t-elle.Quevas-tufaire?—Net’inquiètepas,Ange,dit-il,apaisant,enl’embrassantsurlefront.Tupeuxfaireçapourmoi?Il

n’yariendenouveau,jet’assure.Lesflicsonttoujoursfouinédansmesaffaires.Parléauxgensavecquijetravailleoum’associe.Ilsn’ontjamaisriendénichésurmoi.Ilsnetrouverontjamais.Ellesemorditlalèvre,jusqu’àcequ’ill’enempêcheavecsonpouce.—Tuessûr?Tudevraispeut-êtreappeler tonavocat.Cen’est sûrementpas légal,deharceler les

gensquiteconnaissentpourleurdemanderdet’espionner.Ildutseretenirdesourirefaceàsoninnocence.—Malheureusement,monange,ilsonttoutàfaitledroitd’interrogerquiilsveulent.Tut’enestrès

biensortie.Jesuisfierdetafaçondetecomporter.Çan’apasdûêtrefacile.Jesuisdésoléqueçatesoitarrivé.Tupeuxêtresûrequeçanesereproduirapas.— Je me fiche de moi, dit-elle avec impatience. Ce qui m’inquiète, c’est que ce flic avait l’air

affreusementdéterminéàtrouverquelquechose,n’importequoi,surtoi.Jecroisqu’ilsefichemêmedesavoirsiceseraitvrai.SontoncinglantfitpresquesourireDrake.— Pourquoi aurais-je besoin d’un avocat alors que tu es là pour me défendre et me protéger ?

Apparemment,jen’aibesoinquedetoi,monangechéri.—J’espèrequec’estvrai,dit-elleavecleplusgrandsérieux.Parcequemoiaussijen’aibesoinque

detoi,Drake.

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Chapitre24

LessemainesprécédantNoëlfurentmagiquespourEvangeline.SiDrakeavait toujoursétéaimantettendre avec elle, unedifférence significative s’était opéréedans son attitude. Il était plusdémonstratifavecelleetn’avaitaucunmalàlacouvrird’affection,quecesoitenprivéouenpublic.Seshommess’étaientmoquésdeluiàcesujet,maisDrakeavaitacceptésanssourcillerenleurdisant

gaiementqu’ilspourraientparlerquandilsauraient trouvéunefemmecommeelle. Ilsn’avaientpassurépondreàça,etlesmoqueriesavaientvitecessé.Illuifitlasurprised’untrajetenavionpourqu’ilsaillentvoirsesparentsjusteavantNoël,mêmes’il

avait insisté pour qu’ils reviennent en ville afin qu’ils puissent passer le réveillon et le jour deNoëlensemble,envain.Ilsavaientpassétroisjoursmerveilleuxavecsafamille,maisc’étaitlecadeauqueDrakeavaitoffertà

sesparentspourNoëlquil’avaitsoufflée–toutcommeeux.LaveilledeleurretouràNewYork,DrakeavaitemmenéEvangelineetsesparentsdevantunesuperbe

maison,dansleurville,etleuravaitannoncéqu’elleétaitàeux.Elleavaitétécomplètementrénovéeetadaptéepourlefauteuilroulant,etl’anciennecuisineavaitété

remplacéeparunecuisinedecompétition,avecdel’électroménageretdesmatériauxhautdegamme.Samèreavaitpleurédejoie.Mêmesonpèreavaitététrèsému.MaisDrakenes’étaitpasarrêtélà.Ilavaitfaitmieux.Nonseulementlamaisonétaitfournieavecune

femmedechambrequivenaitfaireleménagetroisfoisparsemaine,maisDrakeremitaussiàBrendalesclésd’unminivanflambantneufpourquesonépouxnesoitpastoujoursobligéderesteràlamaison.La mère d’Evangeline avait serré Drake dans ses bras au moins une centaine de fois, et s’était

confondue en remerciements, non seulement pour sa générosité,mais également parce qu’il rendait sapetitefillesiheureuse.EtilsuffisaitderegarderEvangelinepourvoirqu’ellerayonnaitdebonheur.Unbonheurqueseuleunepersonnetrèsamoureusepouvaitéprouver.Et pour exprimer comme il se devait sa gratitude pour tout ce qu’il avait fait pour sa famille,

Evangelineluiavaitfaitl’amourcommeunediablesseàborddesonjetpendanttoutletrajetduretourjusqu’à NewYork. Il lui avait dit en plaisantant lorsqu’ils étaientmontés dans la voiture à l’arrivéequ’ellel’avaitépuiséetqu’ilseraitincapabledesortirdulitpourfêterNoëlavecelle.S’il ne pouvait pas sortir du lit, lui avait-elle sérieusement répondu, alors elle n’aurait pas d’autre

choixquede l’y rejoindre,etpuisqu’elle s’ennuieraitàmourir, il faudraitqu’elle trouvedesmanièrescréativesdesedistraire.Ilyavaitpiremanièredepasserlesfêtes,avait-ilconclu.LaveilledeNoël,ilfaisaitfroid,unventfraisbalayaitlesrues,maisiln’yavaitpasunnuagedansle

ciel,àlagrandedéceptiond’Evangeline.Aprèstout,qu’étaitNoëlsansneige?CelafitrireDrake,quiluiditquelamétéoprévoyaitdelaneigedanslasoirée.Evangelines’affairaencuisinetoutelamatinéeenprévisiondel’arrivéedeshommesdeDrakepour

unréveillondeNoëlanticipécetaprès-midi-là.Elleleuravaitachetédescadeauxàtous,déjàdisposésaupieddusapin.Toutprèsdeladouzainedecadeauxqu’elleavaitachetésàDrake.Drakeavaitentretenulesecretausujetducadeauqu’ilallaitluioffrir,allantmêmejusqu’ànemettre

aucunprésentportantsonnomsouslesapin.Ellefaisaitlamouechaquefoisqu’elleregardaitlesapin,maisDrakesecontentaitderire.

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Il la trouvaen traindemanierunedesesnombreusespoêlesdevant les fourneauxetpassasesbrasautour de sa taille pour l’attirer contre son torse. Il fit planer ses lèvres le long de son cou, puis luimordillalapeaujustesousl’oreille.—Tevoilà,murmura-t-il.Tucomptespasserlajournéeici?Jecommenceàmesentirnégligé.— Pauvre bébé, dit-elle, feignant la compassion. Tu ne te plaindras plus tout à l’heure, quand tu

goûterascequejesuisentraindepréparer.Ilhumal’airensouriant.—Çasentdivinementbon.Qu’est-cequec’est?Çan’apas l’air traditionnel.Cesontdesfiletsde

poissonetdescrevetteslà-bas?Ellesourit.—Oui.Jefaisunrepasdechezmoipourleréveillon.Demain,jerenonceàladindefarcieetjefais

unecôtedebœufrôtieavecdedélicieuxaccompagnementsetunebisquedehomardenentrée.Ilgrogna.—Bonsang.Jevaisdevoirengageruncoachpersonnel.J’aidûprendredixkilosdepuisquejet’ai

rencontréeetquetuascommencéàmenourrir.Elletournalatêteversluipourleregarder,sourcilshaussés.—Etoùsontlesdixkilosquetuaspris?Parcequejenelesvoisnullepart.Ilfitsemblantd’yréfléchir.—Ehbien,j’imaginequenosébatsdéchaînéstouslesjourscompensentlescaloriesquejeconsomme.

Tesatisfaireestuneactivitéastreignante.—Jepeuxtoujoursrefrénermonappétit.Jenevoudraispasquetusouffresinutilement.—Essaie, grogna-t-il. Si jemeurs, jemourrai heureux.Bien nourri et sexuellement rassasié par la

femmelaplusbelle,laplussexyetlaplusdésirabledelaplanète.—Waouh,murmura-t-elle.Tun’espastropsubjectif?Illuidonnaunetapetaquinesurlesfesses,maisavecunmordantquifitpalpitersonsang.—Jenesuispassubjectif.Jesuisunhommedegoût.Jeveuxlemeilleur.Raisonpourlaquellejet’ai

attendue.Elleétaitsansvoix,auborddeslarmes.Maisellerefusaitdegâcherl’humeurlégèreetdésinvolteen

fondantenlarmesdanssesbras.Ilsoupiraenfeignantl’exaspération.—Quandvais-jeenfinpouvoirtecomplimentersansquetutemettesàpleurer?lagronda-t-il.—Jamais,marmonna-t-elle.Ilvafalloirt’yfaire.—Ondiraitbienquejen’aipaslechoix.L’interphoneretentitetDrakepoussaunsoupirexaspéré.—Onnepeutplusêtretranquille.—Nesoispasimpolietantisocialavecnosinvités,luireprocha-t-elle.Celalefitrire.—Chérie,jesuistoujoursimpolietantisocial.Ilsmeferaientinternersijenel’étaisplus.Oualorsils

penseraientquej’aiétéenlevépardesextraterrestres.Elle luidonnauncoup taquin,puis il s’éloignapouraller répondre.Quelques instantsplus tard, les

hommes de Drake entrèrent en nombre dans l’appartement, les bras chargés de paquets aux couleurschatoyantesqu’ilsempilèrentaussitôtsouslesapin.Puis,commeonpouvaits’yattendre,ilssepressèrenttousdanslacuisineaveclamêmequestionsur

leslèvres:qu’yavait-ilàmanger?Evangelineavaitdresséunetabledefêteets’étaitassuréequ’ilyavaitassezdechaisespourtoutle

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monde.Deuxheuresaprès l’arrivéedeshommesdeDrake,elleannonçaque ledînerétait serviet lesregarda tous se rassembler autour de la table avec satisfaction. Drake s’assit au bout de la table,EvangelineàsadroiteetSilasàsagauche.Lesautresprirentplacedechaquecôtédelatable,etMaddoxs’installaàl’autrebout,enfacedeDrake.—Avantdecommencer,jevoudraisremercierEvangelinedes’êtredonnétantdemalpourpréparer

unsibonrepaspournoustous,ditDrakeenposantsurelleunregardfier.—Untoast,ditSilasenlevantsonverredevin.ÀEvangeline.L’unedespersonneslesplusdouces,

gentillesetgénéreusesqu’ilm’aitétédonnédeconnaîtreetquia,irréfutablement,uncœurgroscommeça.—Jeveuxbientrinqueràça,ditMaddoxenlevantsonverreenretour.—Moiaussi,ditDrakeenpenchantsonverreendirectiond’Evangeline.Etnet’avisepasdepleurer.Elleéclataderirecarsinon,justement,elleallaitsemettreàpleurer.Ellelevasonverreetbalayadu

regardl’assembléeexclusivementmasculine.—Merciàtousd’êtrevenusetderendrecettefêtesispéciale.La tables’anima tandisque tous trinquaientpuisdescendaient leursverresdevin.Evangelineservit

ses plats – filets de poisson-chat grillés, crevettes frites, langoustines à l’étouffée et légumes, et, lemeilleurpourlafin:sespetitspainsmaison.Dès que le premier homme eut croqué dans un pain encore tout chaud, il laissa échapper un

gémissement.—OhmonDieu,ditHartleyavecuneexpressiondepurbonheursurlevisage.C’estlemeilleurtruc

quej’aimangédetoutemavie.Curieuxfaceàsaréaction,lesautresattrapèrenttousleurspainsenmêmetempsetdesgémissements,

soupirsetexclamationsdebonheurretentirentautourdelatable.—Bordel,Drake,seplaignitJustice.Pourquoic’esttoiquil’aseueenpremier?Jeseraissonesclave

àvieneserait-cequepoursespetitspains.—Ilfaudraquejem’ensouvienne,ditEvangelineavecespièglerie.Maintenant, jesauraiquoifaire

quandj’auraibesoind’unefaveur.Remuerunpetitpainmaisonsoustonnez.—Chérie,mêmepasbesoindeleremuer,ditJaxavecsonplusbeauregarddechienbattu.Iltesuffit

dedirelesmots«petitspains»etjesuisàtonservice.—Bandedecrétins,ditDrake.Laissez-latranquille.D’ailleurs,laissezmespetitspainstranquilles.Il

vaudraitmieuxqu’ilenrestepourmoiougareàvosfesses.Silas,quiavaitgardélesilencependantqu’ilmâchouillaitsonpain,considéraDrakeetditd’unevoix

parfaitementposée:—Ilva falloirmepasser sur lecorps.Cespetitspainsvalentbienquelquesannéesdeprisonpour

meurtre.LaminedéconfitedeDrakefitéclaterEvangelinederire.Lerestedelatroupesemitàrireàsontour

faceàl’expressiontoujoursimpassibledeSilas.—Vousêtestrop,ditEvangelineensecouantlatête.Ilsmangèrent,appréciantd’être tousensemble,et lesmoquerieset railleries sepoursuivirentdurant

toutlerepas.Voilààquoidevaitressemblerunegrandefamille,seditEvangeline.Elleadoreraitavoirunegrandefamille,unjour.Autantd’enfantsquepossible.Ellenesavaitpasquel

étaitlepointdevuedeDrakesurlaquestionnimêmes’ilvoulaitdesenfants,maiselleespéraitdetoutcœurqueoui.Ilferaitunsibonpère.Illesprotégeraitelleetsesenfantsaupérildesavie.Drake passa sa main sous la table pour serrer la sienne. Son sourire était chaleureux et plein…

d’amour?Evangelinesavaitqu’il tenaitsincèrementàelle.Peut-êtremêmequ’il l’aimaitsanspouvoir

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encoresel’avouer.Celadit,elleavaittoutsontemps.Elleattendraitpourtoujourss’illefallait.Luietsonamourenvalaientlapeine.Aprèsmanger,ilsserendirenttousenfileindiennedanslesalon,oùunedisputeéclatapoursavoirqui

allaitfairelePèreNoël.Evangelineétaitsidéréedevoircesgrandscostaudssebattrepoursavoirquiallaitfaireladistribution

descadeaux.Silasfinitparmettrefinaudébatenannonçantqueceseraitluiquiferaitladistribution,etEvangelinecrutquelesautresallaientfaireuneapoplexie–à l’imagedeJustice,quiconsidéraitSilascommes’ilavaitdeuxtêtes–envoyantqueSilasseproposaitdesonproprechefpourunetellemission.Maiscelui-cisecontentadesourireetdemandaàEvangelinedes’asseoirsurlecanapépourqu’ilpuisseluidonnersescadeaux.—Attends,quoi?demanda-t-elle,ébahie.Jen’airienàdéballer.Tuescenséfairepasserlescadeaux

quejevousaiachetés.Silassecoualatête,toutcommelesautres.Maddoxluifitlesgrosyeux.—Donc, tu penses que tu peuxnous acheter des cadeaux à tousmais nous n’avons pas le droit de

t’avoirprisquelquechose?demandaSilas.Ellerougit.—Vousn’étiezpascenséssavoirquejevousavaisachetéquoiquecesoit–jusqu’àmaintenant.—Nousnelesavionspas,répondit-ilsèchement.Noussommesvenustedonnertescadeaux.—Onadescadeaux?intervintZander,lavoixpleined’espoir.Ellepouffa:onauraitditunpetitgarçontoutexcitélematindeNoël.D’ailleurs,leshommesavaient

touslesourireetsemblaientimpatientsdevoircequ’elleallaitleuroffrir.Elleétaitcontented’avoirfaitdesfoliesetdeleuravoirachetéplusieurscadeauxchacun.—J’espèrejustequevouslesaimerez,murmura-t-elle,embarrassée.—Nousaimonstoutcequetunousdonnes,ditMaddox,réprobateur.Silas commença à distribuer leurs cadeaux à chacun, et les hommes déchirèrent promptement leurs

paquets,aussiexcitésquedesenfants.Ellelesobserva,tropcaptivéeparlessouriresetlesréactionsàce qu’elle leur avait acheté pour prêter attention à ses propres cadeaux. C’était un Noël qu’ellen’oublierait jamais. Elle coula un regard versDrake pour voir sa réaction.C’était leur premierNoëlensemble et ils l’avaient d’abord partagé avec la famille d’Evangeline, etmaintenant celle deDrake.Ensuite?IlscélébreraientleurpropreNoël,enprivé.Maispourlemoment,elleprofitaitdel’instant.Drakeluisouritetarticulaun«merci».Elleluiadressaunlargesourireenretour,luifaisantsavoir

quetoutleplaisirétaitpourelle.Quelidiot.Ilavaitfaitbienpluspourellequetoutcequ’ellepourraitjamaisfairepourlui.Chacun des hommes vint faire un câlin et un bisou à Evangeline, et la remercia pour les présents

qu’elle lui avait offerts. Ensuite, bien sûr, ils l’exhortèrent à ouvrir les siens et elle se lança avecenthousiasme,déchirantlepapierdanssahâtedevoircequisetrouvaitàl’intérieur.Leshommeslataquinaient,maiselletrouvachaleuretaffectionsurchacundeleursvisages.Àlafindelasoirée,Evangelinefuttristedelesvoirpartir,mêmesielleavaithâtededécouvrirce

queDrakeavaitprévu.Ilavaitditqu’ilvoulaitqu’ilss’offrentleurscadeauxauréveillonplutôtquelematindeNoël,maispasplus.Etcommeellen’avaitvuaucuncadeauportantsonnomsouslesapin,ellen’avaitaucuneidéedecequ’ilallaitluioffrir.Après tout cequ’il avait fait pour sesparents, il devait savoirqu’ellen’avait besoinde rien. Il lui

avaitdéjàdonnétoutcequ’elleauraitpudemander.Sielleneluiavaitpasdéjàditqu’ellel’aimait,ilaurait su qu’elle lui vouait un amour inconditionnel quand il avait offert à ses parents la maisonspécialementrénovéeselonlesbesoinsdesonpère.

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Aprèsavoirditaurevoiràtoutlemonde,EvangelineselaissatombersurlecanapépourcontemplerlesflammesdelacheminéeélectriquedeDrake.Puis,sesouvenantdel’annoncemétéo,elleselevaetseprécipitaverslafenêtredansl’espoird’apercevoirquelquesfloconsdeneige.Cequ’ellevitdehorslafitcrierdejoie.—Drake,regarde!Ilneige!Desvraisgrosfloconsdeneige!Drakelarejoignitdanslesalonetpassasesbrasautourdesataille.Ilsouritetl’embrassasurlefront.—Jevoisça,Ange.TonNoëlest-ildoncparfait?Elleseretournadanssonétreinteetpassasesbrasautourdesoncou.—C’esttoiquirendsmonNoëlparfait,Drake.Jepeuxvivresanslaneige.Jenepeuxpasvivresans

toi.Ill’embrassatendrement,langoureusement.—Vienst’asseoirsurlecanapéetlaisse-moiallercherchertescadeaux.Ellefuttoutexcitéeetsautillaitpresqueenretournants’asseoir.Unsourireentenduauxlèvres,Drake

disparut dans la chambrepour en ressortir quelques instants après, les bras chargés depaquets. Il lesdéposasouslesapinavantd’allerenchercherd’autres.Maislorsqu’ilsedirigeaverslachambrepourlatroisièmefois,lamâchoired’Evangelinesedécrocha.—Drake!Combiendecadeauxm’as-tuachetés?Ilsouritendéposantlatroisièmefournéedepaquetssouslesapinavantderetournerunefoisencore

dans la chambre. Elle allait le tuer. Elle n’avait pas besoin de tout ça ! Pourtant, se remémorant saréactionquandelleavaitrésistéauxcadeauxqu’illuiavaitachetésaudébutdeleurrelation,ellegardasesobjectionspourelle,refusantdegâcherlafête.S’ilaimaitluioffrirdeschoses,ellen’allaitpaslepriverdeceplaisir.Enfin,aprèslequatrièmevoyage,ils’approchaducanapéetluitenditlamain.Ellelelaissalaguider

jusqu’ausapin,aupiedduquelilss’assirent.Oh,çaallaitêtretellementamusant!Ils ouvrirent leurs cadeaux à tour de rôle, chacun exprimant à l’autre l’intention derrière chaque

présent.Drake semblait franchement ravi par cequ’elle avait choisi pour lui, et elle se rendit comptequ’elleavaitappréhendésaréaction.Maistoutsemblaitluiplaire.Ce grand déballage de cadeaux semblait le déconcerter. Le cœur d’Evangeline se serra quand elle

songeaquepersonnen’avaitjamaisdûluioffrirdecadeauxdeNoël,oud’anniversaire.Siçanetenaitqu’àelle,elleluioffriraitbonheuretjoiepourlerestantdesesjours.Ilsavaientouverttousleurscadeaux.Ouc’étaitdumoinscequ’ellepensait.Quandellevoulutselever

pourramasserlesmorceauxdepapierétalésautourd’eux,ill’attrapaparlamainetlatiraverslesol;seulement,cettefois,ill’assitsursesgenoux,unbraspasséfermementautourd’elle.—J’aiunderniercadeaupourtoi,dit-ild’unevoixrauque.—Oh,Drake,tun’auraispasdû.Tum’asdéjàachetétoutunmagasin!Illuitendituncadeaucarrédetaillemoyenne,savammentemballé,avecunénormenœudensatin.Il

étaitpresquetropbeaupourl’ouvrir.—Vas-y,insistaDrake.Ouvre.Lesmainstremblantes,elleretiralerubanavecdélicatesseavantdedéchirerlepapier.Àl’intérieur

de laboîtese trouvaituneautreboîte.Elle lasortitpuisentrepritde l’ouvrir.Quandelledécouvritunpetitécrinàbijouxdanslasecondeboîte,elleeutlesoufflecoupé.Ses doigtsmaladroits ripèrent sur le haut de l’écrin quand elle essaya de l’ouvrir.Drake l’aida en

faisant basculer le couvercle pour révéler une magnifique bague et son énorme solitaire. Elle levaaussitôt les yeux vers lui, l’interrogeant du regard. Elle ne voulait pas tirer de conclusion hâtive etpotentiellements’humilier,mais,monDieu,ellenepouvaitplusrespirer!

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Ilpritlabaguedansl’écrinetlaluipassaàl’annulairegauche.Lesyeuxd’Evangelineseremplirentdelarmesetsesnarinessedilatèrentcommeellefaisaitsonpossiblepourmaîtrisersesémotions.Puisilposaunemainsoussonmentonetlaregardadroitdanslesyeux.— Veux-tu m’épouser, Ange ? demanda-t-il solennellement. Seras-tu mienne, légalement, pour le

restantdenosjours?—Oh,Drake,souffla-t-elle,tremblante.Tuessûr?Tuveuxvraimentm’épouser?—Jamaisjen’aiétéaussisûrdequoiquecesoitdansmavie,jura-t-il.Tueslaseulefemmequeje

veux–etvoudraijamais–pourépouse.Jeveuxfairedetoilamèredemesenfants.Etvieilliravectoi.Disoui,Ange.Jeneveuxpasattendre.Jeveuxquetusoismienneetquelemondeentierlesache.Ellesejetaàsoncouetleserracontreelledetoutessesforces,lecœurbattantàunevitessefolle,si

vitequ’elleavaitlatêtequitournait.—Oui!MonDieu,oui!Jet’aimetellement,Drake.Jen’aimeraijamaispersonned’autrequetoi.Rien

neme rendrait plus heureuse que de devenir ta femme et de porter tes enfants. J’en veux unemaisonpleine,dit-elleavecenthousiasme.Combienenveux-tu?Ilsourit,lesyeuxemplisd’unesatisfactionabsolue.Ilavaitl’air…heureux.—Je tedonneraiautantd’enfantsque tuenvoudras,Ange.Avec toipourmère, jen’aurai jamaisà

avoirpeurquenosenfantsconnaissentlegenred’enfancequej’aieu.Il hésita, son regard s’assombrit un instant. Puis il la regarda de nouveau, l’air si déterminé et…

aimant…qu’elleeneutlesoufflecoupé.—Avant toi, j’auraisditquejamais jenememarierais.Quejen’aurais jamaisd’enfants.Lerisque

étaittropgrand.Jenevoulaispasquemonenfantaitlegenredemèrequej’aieu.Puisjet’airencontrée,ettoutachangé.Jenesavaispasquelesfemmescommetoiexistaient,dit-ilavecadmirationetrespect.Maisheureusement,ellesexistent.Etheureusement,jet’aitrouvée.—Oh,Drake, répéta-t-elle encore, comme si c’étaient les deux seulsmots qu’elle était capable de

prononcer.Tumerendssiheureuse.Tueslapreuvevivantequelesrêvespeuventdevenirréalité.Tuasréalisétousmesrêves.Commentnepast’aimer?Commentnepast’épouser?Commentvouloirunautrehommequetoicommepèrepourmesenfants?—Etsinousallionsaulitnousentraîneràfaireunbébé?dit-il,unelueurmalicieuseaufonddesyeux.

Je voulais faire l’échange des cadeaux ce soir car je voulais que nous passions notre premier Noëlensembleaulit,àfairel’amourensachantque,dèsquepossible,tuseraisàmoidetouteslesmanièresenvisageablesauxyeuxdeDieuetdeshommes.—Jecroisquetun’aspasbesoind’entraînementdanscedomaine,dit-elleavecunsourirecharmeur.

Maisjesuistoutàfaitd’accordpourfaireungalopd’essai.Tusais,justepourêtresûrsque,quandnousdécideronsdefaireunenfant,nousleferonsbien.

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Chapitre25

—Allez,faisvoirlabague,ditMaddoxenentrantdansl’appartementauxcôtésdeSilas.Jetejure,Draket’agardéebienàl’abridepuisqu’ilafaitsademandeàNoël.Jecommençaisàmedemandersinousallionsterevoir,jusqu’àcequ’ilfinisseparnousdirequetuvenaisauclubfêterlenouvelanavecnous.Evangeline rougit,mais elle souriait jusqu’auxoreilles lorsqu’elle tendit lamainpour que les deux

hommesvoientl’énormediamantquiscintillaitàsondoigt.Lapierreétaitsiimposanteetcertainementsidémesurément chère qu’elle vivait dans la peur de la perdre. Elle ne la retirait jamais. Sous aucunprétexte.Maddoxpoussaunsifflementd’admiration.—Drake fait les choses bien quand il se lance enfin. Je ne pensais pas voir ce jour arriver,mais

mince,tevoilà.LafuturemadameDrakeDonovan.—Félicitations,poupée,ditSilasdesontoncalme.—Merciàvousdeux,dit-elleenlesprenanttouràtourdanssesbras.Vousêtesprêtsàyaller?Je

doisadmettrequ’aprèsavoirpassélasemaineenferméeiciavecDrake,jecommenceàdevenirunpeufolle.Jesuisprêteàsortiretàvoirdesvraisgens!Maddoxricana.—Votrecarrosseestavancé,madame.Etpuis-jemepermettredevousdirequevousêtessplendide,

cesoir?Jesuistentédetedemanderd’allertechanger,parcequequandDrakevaposerlesyeuxsurtoi,ilvacertainementmedemanderdeterameneràlamaison.Silas pressa ses lèvres l’une contre l’autre pour se retenir de rire, mais reconnut avec regret que

Maddoxavaitcertainementraison.—C’estluiquiaachetécefichutruc,iln’auraqu’àprendresurlui,marmonna-t-elle.—Jecomprendsbienpourquoiill’aacheté,observaSilas.Maisj’imaginequ’ilpensaitàluiquandil

l’aachetépourtoi.Etpasàlademi-douzained’autreshommesquiapprécientunejoliefemmequandilsenvoientune.—Allons-yavantquel’undevousdécidedemeforceràmechanger,dit-ellenonsansunecertaine

exaspération.Lanuitétaittombéeletempsquelavoitured’Evangeline,MaddoxetSilasarriveauclub.Ilspassèrent

devantl’entrée,où,malgrélefroidetlesbourrasques,unelonguefiles’étendaitjusqu’aucoindelarue.—Waouh,lafêtebatsonplein!s’exclama-t-elle.— C’est la plus grosse soirée de l’année pour le club, répondit Maddox. Et ça peut facilement

dégénérer.Drakeengagetoujoursdesgaillardsenpluspourleréveillondujourdel’an.Ellefitlagrimace.—Çamerappellelapremièrefoisoùjesuisvenueici.Silasserrasamaindanslasienne.—N’ypensemêmepas,cesoir.Cesoir,turesplendisettut’amuses.Elleluisourit.—Oh,ne t’inquiètepas. Jen’aipasun seul regret concernant cette soirée-là, si cen’estdenepas

avoir frappéEddiemoi-même.C’est laseulechosequiauraitpu rendrecettesoiréeencoremeilleure.

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C’estlesoiroùj’airencontréDrake.Maddoxsourit.—C’estvrai.Etjedoist’avouerquecettesoiréefigureparmimespréféréeségalement.Ilssegarèrentàl’arrière,àcôtédel’élégantevoituredeDrake.SilasaidaEvangelineàdescendredu

véhicule,puislesdeuxhommesl’encadrèrentpourentrerdanslebâtiment.Ilsfurentsaluésparplusieursemployésdel’établissementenserendantdanslebureaudeDrake.Sachantqu’ilavaitdéjàcertainementrepérésaprésence,ellesouritetenvoyaunbaiserendirectiondubureau.—Tuesunevraieallumeuse,commentaMaddoxenriant.—Moi?dit-elleinnocemment.—Tuesbienpourlui,ditSilasavecsérieux.Surprise, elle haussa un sourcil, mais ne dit rien. Ilsmontèrent en ascenseur, et lorsque les portes

s’ouvrirent,elleeutunsentimentdedéjà-vu.Ellefutramenéeenarrière,àlapremièrefoisoùelleavaitpriscetascenseur,aucombledel’embarrasetdelapeur,pourseretrouverfaceàuneforcedelanature:DrakeDonovan.Ellesoupiraavecbonheur.Tantdechosesavaientchangédepuis.Quiauraitcruquelafemmequiavait

pénétré à l’Impulse d’un pas si hésitant cette première fois y reviendrait en tant que future épouse deDrake?Ils n’avaient pas fait trois pas queDrake sematérialisa à ses côtés, une expression comique sur le

visagelorsqu’ilvitsarobe.—Mince.Cetteroben’étaitpasvraimentfaitepourquetulaportesici,s’étrangla-t-il.Elletournasurelle-même,mainstendues,paumesverslehaut.—Tun’aimespas?—Tusaisbienquej’adore,grogna-t-il.Cequinemeplaîtpas,c’estquemeshommestevoientdans

cettetenue.—Onsurvivra,ditJusticed’unevoixtraînantederrièrelui.—Oh,jem’endoute,marmonnaDrake,avantd’embrasserEvangelinesurlabouche.Tum’asmanqué,

luisouffla-t-ilàvoixbasse.L’euphoriepétilladanssesveinescommeunsodaqu’onauraitsecoué.—Toiaussi,tum’asmanqué,répondit-elle,lavoixrauque,avantdesetournerverslesautres.Oùest

lechampagne?Onnepeutpasfêterlanouvelleannéesanschampagne!—S’ilteplaît,ditJaxens’avançant,uneflûtedechampagneàlamain.Drake la guida jusqu’à sonbureau, où il s’assit dans son fauteuil et l’attira sur ses genoux.Elle se

détenditcontreluietsirotaledélicieuxbreuvage.—Bon,quivadanseravecmoicesoir?demanda-t-ellemalicieusement.L’étreintedeDrakeseresserrasursataille.—Jeseraileseulhommeavecquitudanseras.—Oh,allons,Drake,dit-elleenfaisantlamoue.Tuleslaisserasbientousavoirunedanseavecmoià

notremariage.Sonregardseradoucitalorsmêmequedesflammess’yembrasaient.—Ilsaurontdroitàuneminutechacunàlaréception.—Tuessigénéreux,mec,ditZanderdesavoixtraînante.Turetireslafemmelaplusjolieetlaplus

doucedumarchéettunousaccordesuneminutepourdanseravecelle.Sympa.—Tais-toioutuperdssespetitsplatsaussi,ditDrakeenleregardantd’unœilmauvais.—Jemetais,jemetais,ditZanderenlevantlesmainsensignedecapitulation.Pendantlesheuresquisuivirent,l’atmosphèrefutfestivedanslebureau.Leshommesremplissaientle

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verre d’Evangeline de champagne, jusqu’à ce qu’elle ait la tête qui tourne. Elle riait, souriait etplaisantait de tout et de rien,mais cela ne semblait pas déranger les hommes.Drake avait le sourire,allantmêmejusqu’àdirequ’elleétaitmignonnequandelleétaitsoûle.—Jenesuispassoûle!s’exclama-t-elle.—Jen’enseraispassisûreàtaplace,ricanaMaddox.Jediraisquetuesbienpompette.Elle plissa les yeux ; seul problème,Maddox s’en retrouvamultiplié par trois.Décidant de ne pas

partagercetteinformationaveclui,ellesecontentadel’ignorer.—Eh,lecompteàreboursacommencé,annonçaHartley.Plusquetrentesecondesavantminuit.EvangelinepritDrakeparlamainetluilançaunsourireéclatant.—Çavaêtrelaplusbelleannéedetoutemavie,murmura-t-elle.LesyeuxdeDrakepétillèrentetilpritsonvisageentresesmains,l’attirantversluipourl’embrasser

avecardeur.Derrièreeux,leshommessemirentàcompter.—Huit,sept,six,cinq…Ilsdescendirentjusqu’àunetlapistededanseencontrebasexplosaàl’instantmêmeoùlesportesdu

bureau de Drake s’ouvraient à la volée. Des hommes portant des fusils d’assaut se précipitèrent àl’intérieurenhurlantàtoutlemondedesemettreàterre.Drakeselevad’unbond,poussantEvangelinederrièresondosalorsqu’onpointaitdeuxarmessurlui.—Àterre!aboyaundeshommes.PolicedeNewYork!Nousavonsunmandatdeperquisition.—Quoi?grondaDrake.Evangeline dut plaquer samain contre sa bouche pour ne pas crier,mais lorsque les deux hommes

attrapèrentDrake,quin’avaitpasobéiàleurordredesemettreàterre,ellesejetasureux,larageauventre.—Laissez-le tranquille !hurla-t-elle.Qu’est-cequevous lui faites?Vousnepouvezpasdébarquer

commeçadanssapropriétéprivée,lemenaceravecdesarmes,etlemalmenerainsi!D’autreshommesétaiententraindemaîtriserSilasetMaddox,bienquedifficilement.Etlorsquel’un

des policiers s’en prit à Evangeline, Drake explosa de rage. Pourtant, ce fut un policier, le chef desopérations,visiblement,quiordonnaauxhommesdelalâcher.—Laissez-la tranquille,aboyaleflic.Elleestavecnous.Elleestréglo.Laissez-laetoccupez-vous

desautres.Lepolicierlâchalebrasd’Evangeline,lafaisanttituber,soncerveauembuéparl’alcoolessayantde

comprendrecequelepoliciervenaitdedire.Bonsang,ildonnaitl’impression…OhmonDieu,ilavaitinsinué que…Non. Elle refusait de se laisser faire. Elle ne laisserait pasDrake penser qu’elle étaitimpliquéedanstoutça.Horrifiée,elleregardaleshommessefairemenotteretplaquerausolalorsqu’ellerestaitdeboutau

milieudelapièce,épargnéeparlespoliciers.Pourquiseprenaient-ils?Était-ceunevengeanceparcequ’elleavaitrefusédelesaideràfairetomberDrake?Ilsl’impliquaientquandmême?Pourquoi?Quelintérêtavaient-ilsàlabernersicruellement?LeurhainedeDrakeétait-ellesifortepourqu’ilsveuillentluiretirertoutcequiluitenaitàcœur?Non, Drake ne les croirait jamais. Il croyait en elle. Pourtant, lorsqu’elle riva sur lui un regard

implorant,ellenelutdanssesyeuxquedelarageetlesentimentd’êtretrahi.Illatransperçaitduregard,commesiellen’étaitrien.Commesielleétaitlemalincarné.Danssafureur,ellesejetasurl’agentleplusproche.—Arrêtez!hurla-t-elle.Sortez!J’appellesonavocatsur-le-champ.Jevousjurequ’onvavousfoutre

unprocèsaucul.Àvoustous!

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— Reculez, ordonna l’un des policiers d’une voix glaciale. Nous avons un mandat légal pourperquisitionner les bureaux d’un certain Drake Donovan à l’Impulse et pour confisquer tout ce quipourraitêtreutileànotreenquête.—Foutaises!hurla-t-elle.Jevaisvousfairedémettredevosfonctions!Samèreluiauraitlavélaboucheausavonsielleavaitentendulesmotsqu’ellehurlaitdanssarage.

Maiscelaluiétaitégal.Ellesebattaitpoursavie.Bonsang,Drakeladétestait.C’étaitévidentdanssamanièredelafixerfroidementduregard.Pendant une heure insoutenable, les policiers retournèrent toutes les affaires de Drake pendant

qu’Evangeline restait debout là, en larmes. Jamais elle ne s’était sentie aussi impuissante qu’en cetinstant.Ellevoyaitsavieluifilerentrelesmains.Lespoliciersnetrouvantmanifestementpascequ’ilscherchaient,lelieutenantmitfinàlaperquisition.

Ils libérèrent Drake et ses hommes avant de conseiller à Drake de ne pas quitter la ville dans lesprochainsjours,disantqu’ilslerecontacteraientpourl’interrogerunefoisqu’ilsauraientanalysétouteslespreuvesqu’ilsavaientcontrelui.C’était ridicule. Elle n’avait certes pas de diplôme de droit,mais ce n’était pas comme ça que la

policemenaituneenquête.Ilsnedébarquaientpasainsiavecunmandatdeperquisitionavantderévélerleur jeuendisantàDrakeexactementcequ’ilscomptaient faire, alorsqu’ilsn’avaient rien trouvé.Leprenaient-ilspourunidiot?Àmoinsquetoutçanesoitqu’unemiseenscènepourlefairepaniqueretlepousseràcommettreuneerreurafinqu’illesmènedroitàcequ’ilscherchaient.Sic’était lameilleure tactiquequ’ilspouvaient trouverpourfaire tomberDrake,c’étaientdes idiots

incompétents. Jamais Drake ne se laisserait berner par un procédé aussi absurde. Quelle banded’amateurs.Etelleétait censéese sentirensécuritéalorsquedeshommescommeeuxprotégeaient lavilledanslaquelleellevivait?Tandisquelespolicierspassaientlaporte,dontlesmorceauxbriséss’étalaientsurlesol,Evangeline

traversalapiècepourseblottircontreletorsedeDrake,bouleverséeparl’humiliationqu’ilsvenaientdeluifairesubir.Lesjouesbaignéesdelarmes,ellelevalesyeuxverssonvisageglacial.—OhmonDieu,Drake,quevoulaient-ils?—Àtoidemeledire,cracha-t-ilavecfroideur.Il la repoussa violemment, la faisant trébucher duhaut de ses talons.Elle serait tombée siSilas ne

l’avaitpasrattrapée.Illaremitsurpied,l’airtrèsinquiet.—Çava,Evangeline?LaréactiondeSilasnefitqu’accroîtrelafureurdeDrake.— Sors, ordonna-t-il. Dégage d’ici. Je te jure, si je te revois un jour, je te ferai mettre dehors et

demanderaiuneordonnancerestrictivepourquetunepuissesplust’approcheràmoinsdecentmètresdemoi.Jamais.—Drake!s’écria-t-elle.Evangelinesentitsoudainlefroidfigersapeau,sonsang,soncœur.—Oh,Drake,nefaispasça.Jet’enprie.Écoute-moi.Jesaisquetuesencolère,maistoutçan’était

qu’uncoupmonté.Tunelevoisdoncpas?—Uncoupmonté?Oui,j’imaginequec’estexactementça,dit-ilavecamertume.Tuastrèsbienjoué

ton rôle, Evangeline. Je me dois de te féliciter. Dis-moi, ça t’a procuré un sentiment de victoiresupplémentaire,desavoirquetuétaisalléeplusloinqu’aucuneautrefemme?—Putain,çasuffit,Drake!intervintMaddox.Drakes’enpritàsonhomme.

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—Resteendehorsdeça.Vousautresaussi.Puis il se retourna vers Evangeline, avec tant de haine dans les yeux qu’elle se rendit compte de

combienilétaitfutiledepenserqu’ilpouvaitl’aimer.—Leprixdelatrahison,c’esttout,dit-il,savoixdevenantplusglacialeàchacundesesmots.Jeveux

que tuparteset jeneveuxplus tevoirni àmonappartement,ni auclub,nidansaucundemesautresétablissements.EtEvangeline, tuneveuxpas savoir cequi arrive auxgensquine respectentpasmesinstructions.Savoixn’étaitplusqu’unemenace,maiscelanel’atteignaitplus,elleétaitau-delàdelafierté.Sielle

leperdait,elleperdaittout.Ellesemitàgenouxdevantlui,lesuppliantdel’écouter.Delacroire.—Drake,s’ilteplaît.Ilfautquetum’écoutes.Jenet’aijamaistrahi.Pasunefois.J’aitoujourseufoi

entoi.J’aitoujourscruentoi.Jen’aijamaisdoutédetoi.Maintenant,jetedemandedefairepareilpourmoi. Je te suppliedeme faireconfiance.Decroireenmoi jusqu’àceque jepuisse teprouverque jen’avaisrienàvoiravecça.Drake tressaillit. Silas et Maddox grimacèrent, les yeux débordants de compassion – et de colère

contreDrake.—Jesuisàgenoux,Drake.Jem’étaisjurédenejamaisrevivrel’humiliationquej’airessentielesoir

oùtum’asrabaisséedanstonappartement,maislà, jen’aiplusaucunefierté.Jen’aiplusriensi tunecroispasenmoi.S’il teplaît,dis-moique tumecrois. Justecette fois,Drake. Je te jureque jene tedonneraiplusjamaisaucuneraisondedouterdemoi.L’espace d’un instant, elle crut qu’elle avait réussi à le convaincre. Elle n’avait pas le courage de

regarderseshommes.Ilsvenaientd’êtrehumiliésetsi,commeDrake,ils latenaientpourresponsable,ellenetrouveraitaucunsoutienauprèsd’eux.SilasetMaddox,aumoins,semblaientluiaccorderlebénéficedudoute.— Écoute-la, Drake. Ne sois pas stupide, dit Silas avec un juron. Regarde-la, bordel. Elle est à

genoux,entraindetesupplier.Est-cevraimentcequetuveuxdelafemmequetuvasépouser?Sesparoleseurentl’effetd’uncoupdefouetsurDrake.Sonexpressionsefitimpitoyableetsiglaciale

qu’ellenereconnutmêmeplusl’hommequisetenaitdevantelle,quilaregardaitdehautcommesiellen’étaitrien.—Non, cracha-t-il. Tu as raison. Elle n’a rien de la femme que je veux épouser. J’attends dema

femmequ’ellesoitd’uneloyautésansbornesenversmoietmeshommes.Pasqu’ellemeséduiseavecdesmensongesafindedonnerdesinformationsàlapolice.Evangeline blêmit. La vie quitta son corps et elle s’avachit, ses genoux n’ayant plus la force de la

soutenir.Elle écouta distraitementDrake, qui semblait à des kilomètres, aboyer l’ordre à quelqu’un –qui?–delafairedisparaîtredesavue.Delajeterdehors.Delafairesortirdesaviepourtoujours.—Jax,Hatcher,faites-lasortir.PuisqueSilasetMaddoxontvisiblementdumalàexécutermesordres.—Vouslatouchez,vousêtesmorts,sifflaSilasdanslesilencedelapièce.Écartez-vousd’elle.Tout

desuite.Puis, tout en douceur, comme s’il ne venait pas demenacer de tuer ses propres frères, Silas aida

Evangeline à se relever. Un autre juron lui échappa quand elle trébucha, incapable d’ordonner à sesjambesdelaporter.Ilsupportasonpoids,latenantcontrelui,etavançajusqu’àl’ascenseur.Lecorpsd’Evangelineétait

secouédesanglotssilencieux,etelleavaitlatêteetlesépaulesbaissées,abattue.Arrivédansl’ascenseur,SilasseretournapourlanceràDrakeunregardfroid,sanspitié.—Regardecequetuasfait,Drake.Regardebiencequetuasdétruit.Jetesouhaiteraisbienunebonne

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continuation,maistuviensdebousillertoutesteschancesd’êtreheureux.Maddox gagna l’ascenseur à grandes enjambées et tendit la main pour empêcher les portes de se

fermer.— Mets-la en sécurité et prends soin d’elle, dit-il à Silas à voix basse. Je vais rester ici pour

découvrircequ’ilsepasseetquinousatrahis.Çasentpasbon,toutça.EvangelinelevalatêteetregardaMaddoxd’unairahuri.Iltressaillitquandilcroisasonregardetune

colèrenoireenfladanssesyeux.—TuasentenduDrake,dit-elle.C’estmoiquivousaitrahis.Tous.—Cesontdesconneriesetnouslesavonstouslesdeux,s’emportaMaddox.—Maispaslui,dit-elle,lesjouesbaignéesdelarmes,lavoixbriséeparlechagrin.Etilnelesaura

jamais.—Evangeline,regarde-moi.Maddoxavaitutiliséuntonqu’elleneluiconnaissaitpas:inflexible,dominateur,percutant,commeun

fild’acier.Elleneputqueluiobéir.—Il sauraquecen’étaitpas toi.Mais j’aipeurquece soit trop tardmaintenant. Ilne t’apascrue

quandc’étaitcrucial.Quandjeluiapporteraidespreuvesirréfutablesdetoninnocence,ilsauraqu’ilafaitlapireerreurdesavie.Etildevravivreaveclesconséquencespourlerestantdesesjours.—Prendssoindelui,Maddox.S’ilteplaît.Pourmoi.Quelqu’unchercheàluifairedumal.Àdétruire

sa vie, et les vôtres. Ils lui ontmenti àmon sujet. Ce ne sont pas des policiers honorables. Ils vontcontournerlaloipourcoincerDrake.S’ilteplaît,protège-le.—Putaindemerde,juraSilasavecrage.Jenepeuxplussupporterçauneminutedeplus.Laisse-nous

partir,Maddox.Avantque j’y retourneetque jedescendeDrakepourque les flicsn’aientplusàs’ensoucier. Ce fils de pute vient de la détruire de la plus cruelle desmanières, alors qu’il venait de lademanderenmariage,etellenoussuppliedeprendresoindeluietdeleprotéger?Jevoudraisletuerdemespropresmains.—C’esttonfrère,Silas.S’ilteplaît.Laisse-moipartir.Onabesoindetoiici.Juste…Ellefonditdenouveauenlarmes.Maddoxtenditlamainpourcaressersescheveuxet,l’espaced’une

seconde,elleauraitjurévoirunelarmebrilleraucoindesonœil.Maisnon,cedevaitêtrelerefletdesespropreslarmes.— Prends soin de toi, Evangeline. Jusqu’à ce qu’on se retrouve. Et on se retrouvera. Tu as mon

numéro.Situasbesoindequoiquecesoit,appelle-moi.Sijedécouvrequetuétaisdanslebesoinetquetunem’aspasappelé,jeseraifurieux.Compris?Ellehochala tête,simalheureusequ’elleneressentaitplusquelapeineaccablantequi inondaitson

âme.—Prendssoind’elle,Silas.—Tupeuxcomptersurmoi.Surveilletesarrières.Jusqu’àcequ’onsached’oùvientlafuite,surveille

tesarrières.—Toiaussi,etceuxd’Evangeline.C’estuneciblevulnérable,jusqu’àcequelecélibatdeDrakese

sache,etceseraitbienqu’onlefassesavoirrapidement,siçapeutlaprotéger.Evangelinetressaillitavantdes’immobilisertotalementcontreSilas.Combiendetempspouvait-elle

encoreresterlàetteniralorsquetoutesavievenaitdes’écroulerautourd’elle?Et,mêmesicelapartaitd’unebonneintention,voilàqueSilasetMaddoxparlaientdefairefuiterl’annoncedesaséparationavecDrakecommesicen’étaitriendeplusqu’unbulletinmétéo.Maddoxluiadressaundernierregardd’excusesavantdel’embrassertendrementsurlajoue.—Àbientôt,mabelle.Tupeuxcompterlà-dessus.Jevienstevoirdèsquejepeux.

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Elleneréponditpas.Ilpartaitduprincipequ’elleavaitquelquepartoùaller.Quec’étaitfacilepourelle de se trouver un hôtel ou un appartement à louer. Difficile de faire l’un ou l’autre alors qu’ellen’avaitniargent,nitravail,niaucunespoird’avoirl’unoul’autre.Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent ; elle ne s’était même pas rendu compte qu’elles s’étaient

fermées,niqu’ilsétaientdescendusjusqu’aurez-de-chaussée.Leclubétaitdésert,certainementvidéparladescentedepolice.Desconfettisetunassortimentdedéchets,verres,languesdebelle-mère,chapeauxdefêteetautresobjetsétaientéparpilléssurlesol.Onauraitditqu’unebombeavaitexplosé.Elleétaitdanslemêmeétatémotionnel.Elleétaitdévastée.Silasétaitentraindedonnerdesinstructionsdanssontéléphone,maisellesedéconnectadetout.Le

troubéantdanssoncœurs’ouvraitdavantage,peuàpeu,abyssequil’aspireraitbientôttoutentière.Illuitardait que le voile de noirceur, d’oubli, se saisisse d’elle, pour être dans un lieu où elle ne pourraitpenser, ne pourrait réfléchir, et n’aurait pas à revivre cette nouvelle scène d’humiliation oùDrake ladénonçaitdevantseshommes.Silasl’escortasurleparkingdederrière,quiétaitàprésentpresqueentièrementdésertàl’exception

delavoituredeDrakeetd’uneoudeuxautresquidevaientapparteniràseshommes.Unevoiturepassa,sesphareséclairantEvangeline,dontleregardétaittoujoursperdudanslevide;elleétaitencoresouslechoc.Il ne faudrait plus longtemps avant que la torpeur la submerge et qu’elle puisse s’échapper dans

l’oubli,neserait-cequequelquetemps.Celaluiétaitbienégalqu’ilfassefroid,qu’ellen’aitnullepartoùaller,etpasd’argentpourtrouverunrefuge.Ceschoses-lànecomptaientquepourceuxquiavaient…de l’espoir. Un avenir, ou l’espoir d’en avoir un. Comme elle en avait eu un avec Drake. Pendantquelquesmois, elle avait su ceque c’était quede toucher le soleil.Elle s’était projetéedansun futurcorrespondantàtoutcedontelleavaitrêvé.Elleauraitdûsavoirqu’àunmomentdonné,toutluiseraitcruellementarraché.Pourtant,elleavaitvoulucroirelapromessequeDrakeluiavaitfaite.Unepromessequ’ilavaitbriséenonpasune,maisdeuxfois,delapluscruelledesmanières.—Evangeline,ditSilas,latirantdutrounoirdesespenséesquimenaçaitdel’avaler.Elleposasonregarddistantsurlui,etfutsurprisedetrouverdanssesyeuxuneinquiétuderéelle.Et

uneragesauvagequitourbillonnaittelleunetornade.—Monchauffeurvat’emmenerloind’ici.Oùveux-tualler?Un sanglot lui échappa, atroce son rauque et bestial. Les larmes coulaient sans interruption sur ses

joues.Ellevoulutrire,maissavaitquesielleselaissaitaller,jamaisellenepourraits’arrêter.Elleferaitunecrisedenerfs,sansaucunespoirdepouvoirsereprendre.Silasposasamainsursajoue,lesyeuxemplisdetristesse.Etdepitié.Bonsang,iln’yavaitpaspire.

Ellenesavaitpascequ’ellepréféraitentrelacolèreetlahainedeceuxquipensaientqu’ellelesavaittrahis,oulapitiédeceuxquilacroyaientinnocente.—Evangeline,écoute-moi.Drakeatort.Complètementtort.Jenecroispasunesecondequetunousas

trahis,etlesautresnonplus.Etquandilauraeuletempsdesecalmeretd’yréfléchir,illesauraaussi.—C’esttroptard,dit-elle,complètementbrisée,abattue,avectantdedétressedanslavoixqu’onn’y

décelaitplusaucuneenviedevivre.Ilm’aclairementprouvéqu’iln’avaitpasdesentimentspourmoi,quejenesuisriend’autrepourluiqu’unobjet,unjouetaveclequelilpeutjouerquandils’ennuie.Ilnemefaitpasconfiance,alorsquejeluiaiparlédupolicierquim’avaitabordéeetluiaijuréquejamaisjeneletrahirais.Ellefermalesyeuxuninstantpourpareràladouleuràprésentphysiquedelamigraine,quimenaçait

depuis que la police avait fait irruption dans le bureau deDrake. Elle porta unemain à son front en

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gémissant, les yeux encore fermés alors qu’elle continuait de déverser tout ce qu’elle avait envie dehurleràDrake.—Jenepeuxpasvivreavecunhommequinemefaitpasconfianceetmanqueàcepointderespectet

deconsidérationpourmoi.Unhommequim’humiliedevanttousseshommesetmepousseàlesupplieràgenouxetrefused’écoutercequej’aiàdire.Plutôtmourirquederetourneraveclui.Ilm’aréduiteaunéantetj’aiétébienstupidedemelaisserfaire.Stupidedel’avoiraiméetd’avoirpenséquemonamourétaitsuffisantpournousdeux,ouqu’ilm’aimeraitunjour.» Il n’a pas de cœur. Est incapable d’aimer. Sonmépris enversmoi et son refus d’écouter ce que

j’avaisàdire,demelaissermedéfendre,ontprouvésansl’ombred’undoutequ’ilnem’aimepasetnem’aimerajamais.ElleplantapourlapremièrefoissesyeuxdansceuxdeSilas,sacolèreprenantlepassursonapathie

pendantuncourtinstant.Ilserraitlesdentsenécoutantattentivementsoncripassionné.—N’importequellefemmepourraitreprendrelerôlequej’avaisdanssavie,dit-elleamèrement.Car

aucune n’aura jamais ce qui compte vraiment. Son cœur. Son amour. Sa confiance. Son pouvoir et sarichessesuffisentpeut-êtreàd’autres.Maispasàmoi,murmura-t-elle.Celanemesuffirajamais.La douleur qui luimartelait le crâne la rendaitmalade. Silas restait là pendant qu’elle s’épanchait,

attendantqu’elleluidiseoùellevoulaitaller.Enenfer.Elleyétaitdéjà.—Jedétestesonargent.Jedétestesonpouvoir.Jedétestequ’ilpensequ’ilatoujoursétéunmonstre,

etavantaujourd’hui,jenel’auraisjamaiscruetn’auraislaissépersonnelecroire.Maiscequ’ilvientdefaire…Elleinspiraungrandcoupalorsqued’autreslarmesluimontaientauxyeux.—Cequ’ilvientdefairen’estpasseulementlapreuvequ’ilnem’aimepasetn’apasconfianceen

moi.C’estaussilapreuvequej’avaistortleconcernant.Quejenepeuxpasluifaireconfiance.Quejen’aurais jamaisdû luidonnerceque j’avaisdepluscher :moncœur,monamour,maconfianceetmaloyauté.Jeluiaitoutdonné.Etcelan’étaitrienpourlui.Elles’effondraensanglots,couvrantsonvisagedesdeuxmains.Lapeineluidonnalanauséeetelle

eutunhaut-le-cœur,tentantdésespérémentd’empêcherlechampagneàprésentâcredeluiremonterdanslagorge.—Evangeline,tuveuxallerquelquepartpourlanuit?demandaSilas.Cheztesamies,peut-être?—Oh, ça non, répondit-elle, horrifiée. Pour qu’elles sachent qu’elles avaient raison et que j’étais

stupide?Encoreunefois?Sonœiltressautaetelleposasamainàplatsursonfrontpourcalmerleshaut-le-cœur.—Jen’ainullepartoùaller,Silas.Tudevraislesavoir.JenedépendsquedeDrake.J’aibienappris

laleçon,quoiquecruellement:jamaisplusjenecompteraisurunhomme.LechagrinsereflétaitdanslesyeuxdeSilas.Puisillavitgrimacerquandlespharesdelavoiturequi

approchaitl’éblouirent.Ilplissalesyeux,cherchantlasourcedesoninconfort.—Evangeline,çanevapas?Veux-tuquejet’emmèneàl’hôpital?Tuesmalade?Malade?Elleeutenvied’éclaterderire.Elleavaitmalàl’âme.Ellenepourraitjamaispenseràcette

nuitsanssesentirmal,etellen’allaitpasl’oublierdesitôt.—Maldetête,marmonna-t-elle.Çamedonnelanausée.Net’inquiètepaspourmoi,Silas.Mercipour

lavoiture.Jevaistrouveroùjeveuxaller,maislaisse-moifaireuntoursiçanetedérangepas.Jusqu’àcequejesachecequejeveuxfaireetoùjeveuxaller.Etsilechauffeurlalaissaitfaire,elleresteraitdanslavoituretoutelanuitetlaisseraitlavillel’avaler

toutentière.Silas jura, l’expressionsiassassinequ’ilétaitdifficilede le regardersansavoiràcraindrepoursa

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vie. Silas s’était toujoursmontré doux et attentionné avec elle,mais ce soir, elle découvrit ce qu’ellen’avaitjamaissuvoirenDrakeavant.Unmonstre.—Jevaist’emmenerdansmonimmeuble,Evangeline.Net’inquiètepas,poupée.Siçatemetmalà

l’aisederesteravecmoi,tupeuxallerdansundesdeuxappartementsvoisins,quejegardevacantspourêtretranquille.Ellefronçalessourcils;unnouvelélandedouleurluitransperçalecrâne.—Tupossèdestonpropreimmeuble?Ilhochalatête.—Jemesuisréservéledernierétage.Plustard,jelerénoveraientièrementpourenfaireunimmense

appartement.Jen’aipasencoreeuletempsdelefaire.Jelouelesbiensdesquatreétagesinférieurs.Tupeuxresteravecmoiouallerdansundesappartementsvoisins.Commetupréfères.Ellebaissalatête,honteuse.—Evangeline,nebaissepaslatêtedehontedevantmoi.Laragepointaitderrièresesmots,etilserraitlesdents.—Queveux-tuque je ressente,Silas?Dis-moi. Ilnemereste rien.Pasmêmemafierté. J’aiaussi

abandonnéçapourlui.Ilm’ajetéecommeunevieillechaussette,etmaseulesolutionestd’allerchezundeshommesquitravaillentpourlui,commeunepauvrepetitechose?C’estpeut-êtrecequejesuis.Unepetitechosepathétique.Maiscelaneveutpasdirequeçameplaît,niquejel’accepte.Sijenevauxrien,c’estparcequ’ilafaitdemoicequejesuis.Silastremblaitderage–cequin’étaitpaspeudirepourunemontagnedemusclesdeplusd’unmètre

quatre-vingts.—Jetejure,jevaisletuer.—Jen’envauxpaslapeine,Silas.Laissetomber,dit-elleaveclassitude.—Foutaises!Tuvauxbienmieuxqueça.Tuméritesbienplus.Tucroisquejevaisresterlàsansrien

faire?Horsdequestion.C’estcompris,Evangeline?Çanevapassepassercommeça!Il rugissaitpresqueetuneautreauraitétémortedepeur.Maisellesavaitqu’iln’étaitpasencolère

contreelle,etcelaluidonnaitenviedepleurer–encore.—Jet’emmènechezmoi,dit-ilenlaconduisantàlavoiture.Cesoir,tudorsàlamaison.Demain,jete

donnelesclésd’undesappartementsvoisins.Ilssontdéjàmeublés.J’appelleraiMaddoxpourluidiredepasserteprendredesaffaireschezDrake.Ellepâlit.—Non!Tul’asentendu,Silas.Etmêmes’ilnem’avaitpasditquelecoûtdelatrahison,c’esttout,je

refusedeprendreuneseulechosequ’ilapayée.—Alors j’irai t’acheter quelque chose à temettre demainmatin, dit-il sur un ton la défiant de le

contredire.—Seulementsituveuxbienquejeterembourse,etaveccelaentête,j’apprécieraisquetuchoisisses

desaffairespeuchèresetmeprennesseulementquelquesjeans,quelquestee-shirts,etéventuellementunmanteau.—Jet’achèteraicequimesembleappropriéetnousparleronsremboursementuneautrefois,dit-ilen

claquantlaportière,avantdefaireletourdelavoiturepourentrerdel’autrecôté.Nousn’endiscuteronspascesoiralorsquetuesàbout,qu’onvientdetebriserlecœuretquetun’arrêtespasdepleurer.Surce,ilordonnaauchauffeurdelesconduireàsonappartement,etlavoituresillonnalesruesfroides

etventeusesdeNewYorkence1erjanvier.Bellemanièredefêterlanouvelleannée.

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Chapitre26

Evangeline se réveilla avec une migraine, la vue si trouble qu’elle peinait à distinguer ce quil’entourait.Elleavaitlabouchesècheetlagorgeenflée,sirêchequ’elleavaitdumalàavalersasalive.Elle avait insisté pour dormir sur le canapé du salon, refusant que Silas abandonne son lit, et par

extensionsonespaceprivéetson intimité,auxquels il tenaitdurcommefer. Ilavaiteu l’airdéterminéquandil luiavaitditqu’ilallaitcampersursespositions,maiselleavaitrefusétoutdegoetpeut-êtreavait-ilcédéenvoyantqu’elleétaitàdeuxdoigtsdeperdresonsang-froid,quinetenaitqu’àunfil,mêmesicelaneleravissaitpas.Ellel’entenditdanslacuisinedupetitappartement.L’odeurducaféentraindepasserluichatouillales

narines,mais cela lui retourna aussitôt l’estomac et son front semit à perler de sueur, sa peaudevintmoiteetcollante.La douleur était omniprésente.Elle avait l’impression qu’on lui enfonçait un éclat de verre dans le

crânechaquefoisqu’elleclignaitdesyeux.Ellen’avaitpas l’impressiond’avoirfait lemoindrebruit,pourtant,soudain,Silassepenchaau-dessusd’elle,soucieux.—Evangeline?Çava?Ellen’essayamêmepasdeluimentir.Ellesecoualatêteetregrettaaussitôtcegeste,quoiqueinfime.

Elleporta lamainà saboucheen sentant sonestomac se soulever, etSilas laprit dans sesbraspourl’emmenerenvitessedanslasalledebains,oùill’installadevantlestoilettes.—Respire,dit-ilàvoixbasse.Tatêtetefaitencoremal?Elleopina,pluslentementcettefois.—C’esthorrible,Silas,murmura-t-elle.—Jevais techercherunmédocdèsque jeseraisûrque tune le rendraspas,dit-il, laminegrave.

Ensuite,jeveuxquetut’allongessurlecanapéetquetutereposes.LemédicamentvacertainementdemettreKO.—Qu’est-cequec’est?demanda-t-ellecraintivement.—Riendeméchant.Desantidouleursqu’onm’aprescrits.J’aisouventdesmigrainesdébilitantes.Je

suisobligéd’enprendrepoursoulagerladouleur.Fais-moiconfiance.Tutesentirasbienmieuxdansunedemi-heure.Ensuite,situtesensd’attaque,jet’emmènedansl’appartementd’àcôté.Elledutseforcerànepasbaisserlatête,maisaprèsl’avertissementdeSilaslaveille,ellen’avaitpas

laforcementaled’affrontersacolèresielleaffichaitlahontequ’elleressentait.—Merci,murmura-t-elle.Jeneresteraipaslongtemps.Justeunjouroudeux,letempsdedéciderce

quejevaisfaire.Illuifitlesgrosyeux,commeelles’yattendait.—Turestesaussilongtempsquetuveux.C’estcompris?—Oui,souffla-t-elle,lasse.Situveux.Jen’aipaslaforcedemedisputeravectoidansl’immédiat.Sonexpressions’adoucit.—Jen’aiaucuneenviedemedisputeravectoi,mabelle.Tuascontrôlélanausée?Tucroisquetu

peuxretourner t’allongersur lecanapé?Jevaisallerchercher lesmédicamentset tepréparerquelquechoseàmanger.Elle le suivit jusqu’au salon et se laissa tomber sur le canapé pendant qu’il allait chercher le

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médicament.Ilrevintquelquesinstantsplustardavecunverredelaitetuncachetpourelle.Quandelleeutfinileverre,illeluirepritdesmains.—Allonge-toi. Je vais te préparer quelque chose àmanger.Ne t’inquiète pas.Ce ne sera pas trop

lourd.Jesaisquetuesencorepatraque.—Merci,murmura-t-elle,lesyeuxfermés.—Avecplaisir,mabelle.Elles’assoupitjusqu’àcequeSilasreviennedanslesalonavecdeuxassiettes.Ils’assitsurlecanapé

àcôtéd’elleetl’aidaàs’asseoiravantdeluitendreuneassiette.—Tutesensmieux?—Flotteuse,marmonna-t-elle.—«Flotteuse»?C’estunvraimot,ça?—C’estcommeçaquejemesens.Commesilemondeflottaitautourdemoi.Ilrit.—Ah, jevois.Oui, je croisque le cachet fait effet.Essaiedemangerquelquechose.Si tu te sens

mieuxaprèslepetitdéjeuner,jet’emmèneàcôtéavantd’allerautravail.Ellesecrispaetfermalesyeuxàcettemention.Drake.Ilserait là,autravail,certainement.Unjour

commeunautre.Iln’avaitcertainementpaspassélanuitéveillé,commeelle,submergéparlechagrin.—RemercieMaddoxpourmoiquandtuleverras,dit-elle.Pourtout.Jevousdoisdesremerciementsà

tous les deux. D’avoir étémes amis. On n’en a jamais trop,mais apparemment j’en aimoins que lamoyenne.—Pourcequiestdesamis,jepréfèrelaqualitéàlaquantité.—Bienvu,concéda-t-elle.Elle baissa les yeux sur son petit déjeuner à peine entamé et, à son grand désarroi, des larmes

s’écrasèrentsursonassiette.Ellenes’étaitmêmepasrenducomptequ’elles’étaitremiseàpleurer.—Oh,non,poupée,ditSilas,levisagetorturé.Ilfautquetuarrêtesdepleurer,oùtunevasjamaiste

débarrasserdecettemigraine.—Jes-sais,s’étrangla-t-elle.Jenev-veuxpasp-pleurer,maisc’estplusfortquemoi.Oh,Silas,que

vais-jefaire?demanda-t-elleavectristesse.Quevais-jefaire?Ill’attiradanssesbrasetelleenfouitsonvisagedanssoncoualorsquelessanglotsredoublaient,la

faisant trembler tout entière.Pendant cequi luiparutuneéternité, elle resta assise là,blottiedans sesbras,àpleurer toutes les larmesdesoncorps.Quandseshorribles râlessecalmèrentenfin,elle restamollementavachiecontreSilas,simalheureusequ’elleauraitvoulumourir.—Tun’enmourraspas,mabelle,ditSilasavecempathie,luifaisantcomprendrequ’elleavaitpenséà

voixhaute.Çateparaîtinsurmontabledansl’immédiat,maisavecletempsçapassera,commelereste.—J’adoraiscetteexpression,dit-elledoucement.—Plusmaintenant?Ellesecoualatête.—Çane passera jamais, Silas.Onne se remet pas d’une chose pareille.Rien ne sera plus jamais

pareil.—Drakevasesortirlatêteduculetserendrecomptequ’ilafaituneterribleerreur,ditSilas,même

s’ilsemblaitagacéqueDrakeaitpucroireuneseulesecondetoutesceshorribleschosessurelle.—Commetul’asdit,sijamaisçaarrive,ceseratroptard.Ilnem’apascruequandc’étaitimportant.

Iln’avaitaucunefoienmoi.S’ilnecroitpasenmoi,commentpuis-jeêtreaveclui?Jeneveuxpasquelesautres leconvainquentque je suis innocente. Ildevrait le savoir,Silas. Ildevraitenavoir l’intimeconviction.Jeneluiaijamaisdonnéderaisondedouterdemoi.J’aitoujoursétéhonnêteettransparente

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avecluietpourtant,iln’ajamaiscruenmoicommejecroyaisenlui.Elle secoua tristement la tête et ferma les yeux. Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur

l’hommequ’elle avait aimé ?Qu’elle aimait encore,malgré elle ?L’amour ne cessait pas d’un coup,commeonactionneuninterrupteur.Elleauraitdûledétester.Lemépriseretlehaïrdetoutesonâme.Etpourtantellesouffrait.Ellesaignait.Ellepleurait.—Jecomprends,mabelle.C’estun sacrébordel, et jedéteste tevoir simalheureuse.Personnene

mériteça,surtoutpastoi.Lesilencesefitetillaserracontreluiquelquesinstants.Puislecachetfittotalementeffet:Evangeline

avait les paupières lourdes. Quand il sentit qu’elle était complètement détendue, il s’écartaprécautionneusementetposadélicatementsatêtesuruncoussin.—Repose-toiunpeu,chuchota-t-il.Jeteferaivisiterl’appartementàtonréveil.Drakesetenaitàlafenêtresurplombantlaruequifaisaitfaceàl’entréedel’Impulse,broyantdunoir

encontemplant lamorneetgrisematinéehivernale.Lamétéoétait enparfait accordavec sonhumeur,commesielleavaitétéfaitesurmesurepourlui,semblantlecondamneràuneviedegrisailleglaciale.Latrahisond’Evangelinel’avaitdévasté.Ilnes’enremettraitjamais,sonâmeétaitterniepourtoujours.— Pourquoi l’as-tu fait, Ange ?murmura-t-il, les yeux fermés pour contrer la douleur. Je t’ai tout

donné.Maisçan’apassuffi.Pourquoi?Ilenrevenaittoujoursaumêmepoint.Sisespropresparentsnepouvaientl’aimer,commentpouvait-il

s’attendreàcequequelqu’und’autrelepuisseunjour?Ilavaitsaréponse:c’étaitimpossible.Jamaisilnereferaitl’erreurd’essayerdesefaireaimer.Unbruitàsaporte lefitpivoter,uneexpressionsinistresur levisagepouravertirquiconqueentrait

sansautorisationqu’iln’étaitpaslebienvenu.Seshommesentrèrentunparundanslapièce.Inquiétude,préoccupation,colère,rage…toutescesémotionsselisaientsurleursvisages.Laseuleexpressionquetousavaientencommunétaitlejugement.Celanefitquenoircirsonhumeur,alorsqu’ilpensaitquec’étaitimpossible.—Qu’est-cequevousvoulez?demanda-t-ild’untoninflexibleetglacial.Aucunn’essayademasquersondégoûtfaceàlui.—Tupensesvraimentqu’Evangelinenousadénoncésauxflics?demandaJax.Tupeuxmeregarder

danslesyeuxetmedirequetucroiscesconneries?—Vousétiezlà.Vousavezvucequej’aivu.Cequevousnesavezpas,c’estqu’elleaétéapprochée

par les flics quand elle est allée déjeuner avec Zander, Thane et Hatcher. Et oui, j’en ai la preuve,puisquec’estellequimel’adit.AprèsqueHatcherm’aappelé,bienentendu.—MaisellenesavaitpasqueHatchert’avaitappelé,crachaThane,manifestementencolèrequeson

déjeuneravecEvangelineservedebased’accusationcontreelle.—Quetudis.—Tuas,àtoitoutseul,bousilléleplusprécieuxcadeauquipuisseêtrefaitàunhomme,uncadeau

quetuneretrouverasjamais,s’emportaZander.Ettusaisquoi?Jen’aiaucunecompassionpourtoi.Tuméritesdecreverseul,envieuxcyniquequipensequepersonneneluiestloyal.Punaise.Jenepensaispasvoirunjourundemesfrèrestraiterunefemmedecettemanière,surtoutpasunefemmeaussispécialequ’Evangeline.— Tu as perdu tout mon respect, renchérit Hartley. Je ne te pensais pas capable de traiter aussi

cruellementunefemmeinnocente,franche,belleetloyale,quiesttoutcequenousavonsdebiendanscemondepourri,etcertainementlaseulechosebiendanstaviemisérable.Tumerendsmalade,putain.

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—Laissez tomber, rugitDrake.Ellevous tient touspar les couilles et vousne levoyezmêmepas.Dégagezdemonbureauetnerevenezpasavantquejesacheoùestvotreloyauté.Auprèsdevotrefrère?Oudelafemmequil’avendu,etvoustousavec?—Tul’asdétruite,ditcalmementMaddox,prenantlaparolepourlapremièrefoisdepuisqu’ilsétaient

tousentrésdanslapièce.Ilétaitrestéenretrait,sonanimositéetsaragetangibles.—Elleétaitàgenoux,entraindetesupplier,putaindemerde.Ettul’asréduiteenmorceaux,nelui

laissantaucunedignité,aucunefierté,etelles’enfichaitparcequetoutcequ’ellevoulait,c’étaitquetul’écoutes.Quetuluilaissesunechance.Quetuaiesenellelamêmefoiqu’elleavaitentoi.Uncertainmalaisesemêlaauxregardsnoirsetfurieuxdeseshommes.Desregardsquiledéclaraient

touscoupable.Lui.Alorsquecen’étaitpasluiquilesavaitvendusàlapolice.Etpourtant,ilsétaientlà,visiblementgênésparl’imaged’Evangelineàgenouxpourlesupplierdeluilaissersachance.Bonsang.Toutçaétaitsitroublepourlui.Lemondes’étaiteffondréautourdeluiquandilavaitcomprisqueson

angel’avaittrahi.Queluiavait-ilditexactement?Ilnelesavaitpas.Ils’enmoquait.Ilsavaitseulementqu’ildevaits’éloignerd’elleavantdes’effondrertotalementetdeseridiculiserdavantage.Une vague image d’elle à genoux, mains tendues vers lui alors qu’il reculait, le visage tordu de

douleur,lesjouesbaignéesdelarmes.Jet’enprie.C’étaientlesseulsmotsdontilsesouvenait.Lebourdonnementétaittropassourdissantdanssoncrâne,

ladouleurtropaccablantedanssoncœur.Iln’enattendaitpasmoinsdesautres.Maispasdesonange.Etilétaitfurieuxdel’avoirlaisséeallerau-delàdesacarapacepourluidévoilersoncœuretsonâmepourqu’ellefassecequejamaispersonnen’avaitpufaireavantelle.Ledétruire.—Tuastort,cettefois,Drake,ditJusticeaveccolère,crispé,presquecommes’ilprenaitsurluipour

nepassejetersurDrake.Jen’ai jamaisremistonjugementenquestion.N’aijamaisdoutédetoi.J’aitoujourssuivitonexemplesansréfléchir.Maistuviensd’orchestrerlapirebêtisedetavie,sansparlerdufaitquetuascommisunpéchéimpardonnablecontreunefemmequit’aimeplusqu’ellenetientàsafiertéouàquoiquecesoitd’autreaumonde.Tuascomplètementdétruitune femmebiendont leseulpéchéétaitdet’aimersansconditions.Dequid’autrepeux-tudireunechosepareille?Quid’autre t’aaiméainsi?Quellefemmeaacceptéleboncommelemauvaissansjamaistequitter,t’atoujoursdéfendu,s’est toujoursbattuepour toi et a refuséde laisser sapeurde tonmondeetde lavieque tumènes lapousseràtequitter?Elleseraitrestéeàtescôtésett’auraitaimépourtoujours,maistuviensdegâcherlaplusbellechosequi tesoit jamaisarrivée.Toutçaparceque tuesunconnard insensiblequine l’amêmepaslaisséesedéfendre.Tuneluiaspasdemandéuneseulefoissiellet’avaittrahie.Tuassupposéetl’asjugée,l’ascondamnéeetdéclaréecoupable,sansluilaisserlamoindrechancedes’expliquer.Sesyeuxlançaientdeséclairsetsespoingsétaientserréslelongdesoncorps.Lesautressemblaient

entièrementd’accordaveclediscoursexplosifdeJustice.—Puis tu l’as jetée à la rue sans rien.Sans le jobni l’appartementqu’elle aquittéspour toi.Elle

travaillaitsansrelâchepoursubvenirauxbesoinsdesafamille,etjamaisellenes’estplainteuneseulefois.Tucroisqu’ellevas’ensortircomment,maintenantquetul’asrenduecomplètementdépendantedetoi?Tuasbrisétoutestespromesses,lesprincipesmêmedenotremodedevie,enrefusantlecadeaudesasoumissionetenlalaissantsedébrouillerseule.Justice le considéra avec dégoût, puis il secoua la tête et s’humecta les lèvres comme pour se

débarrasserd’ungoûtâcredanssabouche.

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—Tusaisquoi?Vatefairevoir.Audiabletoutça,ettadécisiondelamettreàlarueaprèsluiavoirpris tant de choses qu’elle ne sera plus jamais entière. Jeme casse. Je ne peux pas te supporter uneminutedeplus.Justicetournalestalonsetsortitdubureausansregarderenarrière.Lesautresseretournèrentsymboliquement,et,commeJustice,ilssortirent.Drake s’effondra sur son fauteuil et laissa sa tête tomber entre sesmains.Avaient-ils tous perdu la

tête?Ilsdéfendaientunefemmequiavaitessayédetouslesfairetomber?Étaient-ilsprêtsàfairedelaprisonparcequ’ilsl’appréciaient,quec’étaitunebonnecuisinièrequiétaitgentilleaveceux?Il eut soudainunmauvaispressentiment. Jamais iln’avaitdoutéde ses instincts. Ilsne l’induisaient

jamaisenerreur.Mais…etsi…Ets’ilsavaientraison?S’ilavaitfaituneerreurterrible,impardonnable?Maiss’ilsavaienttort,alorsilsperdraienttoutcepourquoiilsavaienttravaillédur.EtEvangeline?Laquestions’insinuadanssonesprit.N’avait-ellepasdéjàtoutperdu?Etluiaussi,d’ailleurs?Ilregardaautourdelui,l’empirequ’ilavait

bâti à la sueur de son front. Tout cela avait-il encore du sens s’il ne pouvait plus le partager avecEvangeline?Siellenevivaitplusàsescôtés?Non,ilétaitmieuxsanslesmensonges,latromperie,latrahison…Pourtant,lapetitevoixtenacequinecessaitdelefairedouterdeluisemanifestaencore.Etsiellen’avaitpasmenti,trompé,trahi?Etsi…Etsielleétaitinnocenteetqu’ilavaitfaitlapireerreurdesavie?

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Chapitre27

Evangelineentraentoutehâtedansl’appartementqueSilasluiprêtaitetposalepetitsacplastiquesurle bar de laminuscule cuisine. Pour l’instant, elle le laissa de côté, pas encore prête à affronter lespossiblesconséquencesdecequ’ilallaitrévéler.SilasavaitachetédesprovisionsquandilétaitsortichercherdesvêtementspourEvangeline,maisla

seuleperspectivedemanger lui nouait l’estomac. Ignorer cette possibilité plus longtempsn’était doncpeut-êtrepaslameilleureidée,mêmesic’étaitprécisémentcequ’ellefaisaitdepuisdeuxjours.Ilfallaitqu’ellesache.C’étaitunenécessité.Autantêtrefixéetoutdesuite.Desdoigtsglacés luienserrant lecœur,elle ramassa lesaccommes’ilallait lamordreet se rendit

danslasalledebains.Ellesortitletestdegrossessedel’emballageetlutlesinstructions.Çaavaitl’airsimple.Fairepipisurlebâtonetattendrequelquesminutesquelerésultats’affiche.Après s’êtrepliée à laprocédure, elle se lava lesmains et posa lebâtonnet sur lemeuble.Elle se

contempladanslemiroir;ellen’avaitpasl’aird’êtreenceinte,maiscelaétaitinvisibleàcestade.Enparlantdeça,ellenesavaitmêmepasdecombiendesemaineselleétaitenceinte,siellel’étaitvraiment.Ellenepouvaitpasenêtreàplusdetroismois,puisqu’ellen’étaitpasavecDrakeavant.Ses règlesn’avaient jamaisété régulières,doncellenesavait jamaisvraimentquand lesprochaines

allaientarriver.D’ailleurs,elleallaitcertainementlesavoirlasemainesuivante,alorspourquoiétait-ellelàcommeuneidioteàfaireuntestdegrossesse?Prenait-ellesesdésirspourdesréalités?AprèsavoirperduDrake,s’accrochait-elleàl’espoirdegarderunepartiedelui?Unbébé?Leurenfant?Cen’étaitvraimentpaslemomentd’êtreenceinte,maisenmêmetemps,l’espoirétaitsivifque,sielle

n’était pas enceinte, elle pleurerait non seulement la perte de Drakemais aussi celle d’un enfant quin’auraitjamaisexisté.Dequoisetorturerplusquederaison.Ellefermalesyeux,attrapalebâtonnet,etinspiraungrandcoupparlenezpoursecalmer.Puiselle

trouvaenfinlecouraged’ouvrirlesyeuxpourregarderlerésultat.Illuifallutquelquessecondespourchasserleslarmesquiluitroublaientlavue,puisellelevit.Sous

sesyeuxluisaitunsigne«+»rose.Sesjambesflageolèrentetellechancela,manquantdes’effondrersurlesoldelasalledebains.Son

cœurexplosadejoiealorsmêmequ’unimmensechagrinlasubmergeait.Elleselaissaglisserverslesol,serrasesgenouxcontresapoitrine,etsebalançalentementd’avanten

arrière.Deslarmesdetristesseetdejoieroulèrentsursesjoues,etellesourit.Unbébé.LefilsoulafilledeDrake.Unepetitepartiedeluiquivivraitàtraverselle.Sonhéritage.Àpeineeut-elle le tempsdese laisserenvahirparcespensées joyeusesetapaisantesque laréalité

s’invitaàlafête,etavecellelechagrinetledésespoir.Ellen’avaitplusaucuneraisonderesterenville.LaseulechosebienqueDrakeavaitfaiteétaitd’avoirdéposéunegrossesommed’argentsurlecomptedesesparents,enplusdeleuravoirachetéunemaisonetunenouvellevoiture,quilesavaitlibérésdeleursdettesetleurpermettraitdevivreconfortablementlerestantdeleursjours.Cequivoulaitdirequ’ellen’avaitplusbesoindetrouverdutravailpoursubvenirauxbesoinsdeses

parentschéris.Ellepouvait reprendre lesétudes,commeelleavait toujoursvoulu le faire.S’instruire.

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Obtenirundiplômeetêtrecapabledesubveniràsesbesoinsetàceuxdesonenfant.Ellepouvaitrentrerchezelleetavoirlesoutiendesdeuxpersonnesquil’aimaientleplusaumonde.

Ilsl’aideraient,etunefoisquelebébéseraitné,Evangelinepourraits’inscriredansuneécoleetcomptersurl’aidedesesparentspours’occuperdeluiquandelleseraitencours.Ilsn’auraientjamaishonted’elle,surtouts’ilsconnaissaientlavérité,maiselleneleurconfieraitpas

ce qui avaitmis un terme à sa relation avecDrake. Si elle le leur disait, ils poseraient les questionsinévitablesquilesconduiraientàdesconclusionssuspectes.MalgrécequeDrakeavaitfait,etmêmes’ilneluiavaitpasaccordésaconfianceetsonamour,ellerefusaitqu’ilpassepouruncriminelauxyeuxdesesparents.D’ailleurs,ellenesavaitpascequ’il faisaitexactement,ellenepouvaitdoncsavoiraveccertitudesisesaffairesétaientillégalesounon.Etcelanel’affectaitplus,carellenefaisaitpluspartiedesavie.Honteetculpabilité lasubmergèrentsoudain,alorsmêmequ’elles’envoulaitde leséprouver.Dans

d’autrescirconstances, jamaisellen’auraitsongéàcacherunenfantàsonpère.MaisDrake lui faisaitpeur.Sonpouvoir,sonargentetsesrelationslaterrifiaient.Carellesavaitqu’il insisterait,àcausedesonenfance,pourfairepartiedelaviedesonenfant.Sic’étaittoutcequ’ildemandait,elleiraitlevoirlelendemainpourluiannoncersonimminentepaternité.Néanmoins, la peur que la haine qu’il éprouvait en son endroit le pousse à lui prendre son enfant

l’empêchaitd’allerlevoirpourluiavouercesecret.Elleavaitdesdécisionsàprendre,etelledevait lesprendrerapidement.Lesyeuxfermés,elleposa

sonfrontcontresesgenouxetsavouraunmomentcalmeetintimeavecsonenfant,luipromettantdansunmurmurequ’ellel’aimaitdéjàdetoutsoncœuretqu’elleveilleraittoujourssurlui.Ellesebalançaensilence,sansaucunenotiondutempsquipassait.Ellenepouvaitpasresterlà.Carunefoisencore,elleétaitdépendanted’unhomme–àladifférence

près qu’elle n’était pas en couple avec Silas. Ce qui, en un sens, était pire, car elle profitait de sagénérositésansrienluidonnerenretour.Elleattrapasontéléphoneposésurlemeuble,ouvritsonnavigateur,ettapadanslabarrederecherche

le nomd’une compagnie aérienne qui proposait des vols directs pour une ville à seulement cinquantekilomètresdechezelle.Lebilletétaitcher,puisquec’étaitundépartdedernièreminute,maistantpis.Elleseserviraitd’une

descartesdecréditqueDrake luiavaitdonnées.Lemoinsqu’ilpuisse faireétaitde la renvoyerchezelle.Ceseraientlescinqcentsdollarslesmieuxdépensésdesonexistence,carcelalaferaitsortirdesaviepourtoujours.Elle regarda l’heureetcalculacombiende temps il lui fallaitpourallerà l’aéroport–ellepourrait

égalementseservirdelacartedeDrakepourpayerletaxi–àtempspours’enregistreretembarquer,etelleserenditcomptequesielleréservaitetpartaitdanslademi-heurequisuivait,ellepourraitprendreundesvolsdirectsdusoir.Ellepritlacartedecréditdanssonsacetentralesnumérospourvaliderlatransaction.Aprèsavoir

consultésesmailspouravoirlaconfirmation,lenuméroduvol,etl’heured’arrivée,elleappelasamère.Elle n’avait aucun intérêt à lui cacher quoi que ce soit. Elle comprendrait de toute façon quand

Evangelineluidiraitqu’ellerentraitcesoir-là.Seulement,ellenes’étaitpasattendueàpleurertoutesleslarmesde soncorpsau téléphone.Résultat, il fallutbienvingtminutesàEvangelinepourexpliquer lasituation à samère.Quand elle raccrocha enfin, il ne lui restait plus que dixminutes pour prendre laroute. Elle éclata de rire. Ce n’était pas comme si elle avait des bagages à faire. Elle prendraitsimplement les jeanset tee-shirtsqueSilas luiavaitachetés. Ils tiendraientaisémentdansunbagageàmain.

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Aprèsavoirjetéletestdegrossessedanslapoubelledestoilettes,ellefourralepeud’affairesqu’elleavaitdansunsacdesport trouvédansunplacard.Puis,commeSilasetMaddoxavaientété sigentilsavecelle,elleleurlaissaunmotpourlesremercierpourleuramitiéetleuraffection.Elleexpliquaqu’ilétaitpréférablequ’elletournelapageetquitteNewYork,etterminalalettreendisantqu’ilsétaientsesdeuxmeilleurssouvenirsdelaville.Cequiétaitunebientristeconclusion,aprèsavoirvécuiciaussilongtemps.Avecunlongsoupir,elleallaàlaporteetsortit,regardantl’appartementunedernièrefoisdepuisle

seuilcommepours’assurerqu’ellen’avaitrienoublié.Ellefaillitéclaterderire,et l’auraitfaitsisoncœurn’avaitpasétééparpilléenmillemorceauxsurlesol.C’étaitlaseulechosequ’ellelaisseraitderrièreelle.Soncœur.IldemeureraitauprèsdeDrakeDonovan.Ellen’essayamêmepasdeseconvaincreducontraire.

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Chapitre28

C’est à peine si Drake quitta la solitude de son bureau pendant trois jours, choisissant même d’ydormirlanuit.Cen’étaitpascommes’ilarrivaitàdormir,detoutefaçon.Ilrestaitallongé,éveillé,bienaprèslafermetureduclub,jusqu’àl’aube,àréfléchir…rêver…d’unange.Sonange.Tout lemonde l’évitait, pour différentes raisons. Les employés du club le fuyaient comme la peste

parcequ’ilarracheraitlatêteàquiconqueosaitpénétrerdanssonrepaire.Etsonbureauavaittoutd’unrepaire,avecseslumièrestamisées,presqueéteintes,etlecanapéfroisséparlesnuitsqu’ilpassaitàseretourner,àlarecherchedusommeil.Iln’arrivaitpasàserésoudreàrentrerchez lui. Ilnepouvaitmêmepassongeràdormirdans le lit

qu’ilavaitpartagéavecEvangeline.L’idéed’êtresanselledanscetendroitquiavaitétésonchez-elleetqu’elleavaittransforméenfoyerétaitrépugnante.Il avait beau se répéter sans cesse qu’elle neméritait pas le respect qu’il lui accordait, ou plutôt,

accordaitàsonsouvenir,ilnepouvaitfaireautrechosequecequ’ilfaisaitactuellement.Vivre.Respirer.Exister.Minuteaprèsminute.Heureaprèsheure.Jouraprèsjour.C’était une existence misérable, qu’il ne souhaitait à personne, pas même à son pire ennemi ; et

pourtantcettevoixtenacequisemoquaitdeluietluichuchotaitqu’ilétaitàdeuxdoigtsdeperdrelatêteluirappelaitsanscessequ’ilétaitseulresponsable.C’étaitluiquiavaitchasséEvangeline.Ilauraitpul’écouter.Auraitpuluidonnerunechancedes’expliquer.Maisiln’enavaitrienfait,etilenpayaitleprix.Saportes’ouvritetilseretourna,prêtàinjurierl’intrus,quandilvitquec’étaitSilas,qu’iln’avaitpas

vuetdontiln’avaiteuaucunenouvelledepuislanuitoùilavaitemmenéEvangelineloinduclub.Ilbrûlaitd’enviedeluidemandercommentelleallait.Cequ’ellefaisait.Oùelleétait.Est-cequ’elle

allaitbien?Silasavaitlamâchoirecontractée,signedesacolère,etsesyeux,rivéssurDrake,étaientsiglacials

quecelui-cipouvaitpresquesentirlefroidsursapeau.—Silas,lesalua-t-ild’untonsec.Silasleconsidéraavecdégoût.—Encoreterréiciàressasserl’histoirefoireusequetut’esconvaincudecroire,jevois.—Necommencepas,l’avertitDrake.Jenesuispasd’humeuràcequ’onmecherche.Surtoutsitune

peuxpasalleraubout.—Jevaislaisserpasser,maisseulementparcequejesaisquequandlavéritééclatera,tuvasramper

ventre à terre et nous supplier de te pardonner.Maisma patience a des limites. Neme cherche pas,Drake.Jetejure,jepourraistetuerpourcequetuasfaitàEvangeline.Drakegrogna,retroussantleslèvrespourmontrerlesdents,telunprédateur.—Tuessipersuadéqu’ellenenousapasbalancés.Jemedemandepourquoi?Peut-êtreparcequ’il

faudrait que vous admettiez ce que j’ai déjà reconnu ? Que je me suis fait berner par une femmemagnifique à l’air innocent, dont les grands yeux bleus lui donnaient l’apparence de l’ange qu’elleincarnait?Silassecoualatêteavecunairdedégoût.—Tumerendsmalade.Ettudisn’importequoi,alorsferme-la.Jeteledis,Drake.Tuvasregretterce

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quetuasfait.Situavaisunpeudebonsens,tuseraisàgenouxentraindelasupplierdetepardonneravantquelavéritén’éclate.Caràcemoment-là,ellen’enaurarienàfaire,parcequetunel’auraspascruequandilétaitcrucialquetulacroies.LesmotsdeSilas alarmèrentDrake : ils étaient pleinsde conviction, alors queSilas était l’undes

hommes les plus méfiants qui soient. Et ce n’était pas le seul. Si Silas avait été le seul à défendreEvangeline,ilauraitpupasseroutre.Maistousseshommes?L’indécisionle tourmentait,c’étaitunsentimentauquel iln’étaitpashabitué.Ilétaitdécidéentoutes

choses, ne remettait jamais ses actes en question, et pourtant, quelque chose clochait dans toute cettehistoire.Ilselaissatomberdanssachaise,accablédechagrinenpensantàtoutcequ’ilavaiteuetperduilyavaitseulementtroispetitsjours–uneéternité.MêmesiEvangelinel’avaittrahi,pouvait-ilvraimentluienvouloir?Lesflicsluiavaientcertainement

bourré lecrâned’inepties,et ilétaitcertainqu’ilsn’avaientépargnéaucundétail,allantmêmejusqu’àembellirsespéchés–alorsqu’ilavaitétémuetcommeunecarpe,avaitrefusédeluiconfierquoiquecesoit,de lui faireconfiance, luiavaitdemandéd’oublieretde regarderdans ladirectionopposée.Elleavaitdûimaginertoutessortesdecrimeshorribles,encouragéeparlatendanceausecretdeDrakeetlefaitqu’ilévitaitlesujetchaquefoisqu’ellelequestionnait.Evangeline,quise tenaitdans la lumière,quidéfendait lebien,n’avaitpeut-êtrepasétécapable,en

sonâmeetconscience,delaisserDrakeresterimpunipoursescrimes.Etn’était-cepassabontéinnée,sadouceur,qu’ilaimaitlepluschezelle?Cequil’avaitattiréchezelle?Voilàqu’illapunissaitpourcesmêmesqualités.Silasjuraviolemment.—Merde, Drake. Tu es malheureux. Elle est malheureuse. Pourquoi vous infliger ça ? Est-ce par

fierté?Parceque si c’est le cas, c’estvraiment tropcon.Evangelinen’apas laissé sa fierté l’arrêterquandelleétaitàgenouxpourtesupplierdelacroire.Chacundesesmotsétaitpareilàunefléchetteempoisonnéequiletouchaitenpleincœur.Ilentrouvrit

les lèvres, une question sur le bout de la langue, brûlant d’être posée, d’être libérée. Sa volontés’effritait,safiertésepréparaitàprendreuncoup.—Tu penses vraiment qu’elle n’avait rien à voir avec tout ça ? demandaDrake, laissant le doute

s’exprimerpourlapremièrefois.Avant que Silas ne puisse répondre, les portes s’ouvrirent à la volée et ses hommes affluèrent en

masse.Leurfureurélectrisaitl’air.—Pasmaintenant,bonsang!rugitDrake,déversantsureuxtoutesarageetsonimpuissance.Dégagez

demonbureauetnerevenezpasavantquejevousappelle.Cen’étaitpas lemoment. Ilavaitbesoinde réponsesde lapartdeSilas.Desa logique froide,non

entravéeparl’émotion.Ilsetournaverslui,cherchantsonsoutienetsacompréhension,maisn’obtintnil’unnil’autre.Unhomme–Hatcher?–futpousséenavant,trébuchaettombaàgenoux.Ilavaitdéjàunœilaubeurre

noir,seslèvresétaientfendues,etsonnezsemblaitavoirétépulvérisé.—Voilàtontraître,ditMaddoxd’untonglacial,lavoixrempliedehaine,lacolèreluisantdansses

yeux.Cen’étaitpasEvangeline.Nouslesavionstous.Nousn’avonspasdoutéd’elleuneseuleseconde.Pourquoinepeux-tupasdiredemême,toi,sonmâlealpha,l’hommeenquielleavaitconfianceetqu’elleaimaitmalgrésespéchés,l’hommequ’elleallaitépouser?Drakeplissalesyeux,etunbourdonnementassourdissantretentitdanssesoreilles.Soncœurbattaitsi

fortdanssapoitrinequ’ilsesentaitétourdi.—Quelqu’unvoudrait-ilmedirecequ’ilsepasseici?PourquoiHatcherest-ilétalésurlesoldemon

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bureauetaccusédetraîtrise?JusticeregardaDrakeavecunairdedégoût,toutcommeThane,Maddox,Hartley,Zander,Jax,etSilas.—Tudoutesdelaculpabilitéd’undeteshommes,undetesemployés,alorsquetuaspenduhautet

courtlafemmequit’aimedetoutesonâmesansautreformedeprocès?Qu’est-cequitournepasrondcheztoi,mec?—Arrêtedefairechieretdis-moicequ’ilsepasse!hurlaDrake.— C’était Hatcher, l’indic, dit froidement Thane. Il était avec nous le jour où nous sommes allés

déjeuner avec Evangeline, tu te rappelles ? C’est aussi lui qui t’a appelé par la suite pour te direqu’Evangelineavaitfaitdesmessesbassesavecunflic.Sacréecoïncidence,tunetrouvespas?Ilatoutarrangé.IlleurajetéEvangelineenpâture,etquandelleacrachéauvisageduflicetrefusédeluidonnerdesinfossurtoi,ilssontpassésauplanB.L’estomacdeDrakesesouleva.Lasueursemitàperlersursonfront,etilsefrottalesmainssurle

pantalondansungesterépétitif.Oh,bonDieu.Qu’avait-ilfait?— Le plan B, expliqua Zander, c’était que Hatcher continue à donner des infos aux flics tout en

préparantuncoupmontépourimpliquerEvangelineafinqueluipuissecontinueràmouchardersansêtresoupçonné.Dis-moi,Drake.Connards ou pas, clean ou ripoux, combien de flics auraient balancé unetaupecommeça,aubeaumilieud’uneopération?Avantdelalaisseràunemortcertaine,aveclesgensqu’elleauraittrahis?Bonsang,mec,sers-toidetoncerveauunpeu.Cettehistoiresentaitl’embrouilleàpleinnezettuesleseulànepasl’avoirvu.Drake se leva d’un bond, se dressa au-dessus de son bureau, et fusilla du regardHatcher, qui était

toujoursàgenouxparterre.—C’esttoiquiastenduunpiègeàEvangeline,petitemerde?Hatcherrestaparfaitementimmobileetsilencieux,leregardfixésurunpointauloin,lesdentsserrées,

lestraitsmenaçants.Drakepâlitensesouvenantd’uneautrepersonneàgenouxdevantlui,ilyavaitàpeinequelquesjours.

Evangeline.Sessanglots.Sessupplications.Lesuppliantdel’écouter.Delacroire.Elleavait toujourscruenlui,nepouvait-ilpasluirendrelapareille?Illuiavaittournéledosàlapremièreoccasionquis’étaitprésentéeaprèsqu’elleluiavaitpardonné

leschosesindiciblesqu’illuiavaitfaites.Accablédechagrin,noyédanssesregrets,ilsentitsesgenouxsedérober.Ilselaissaretombersurle

fauteuiletenfouitsonvisageentresesmains.—Qu’est-cequej’aifait?MonDieu,qu’est-cequej’aifait?répéta-t-ild’unevoixrauque,torturée,

nouéeparl’émotion.Ilnevoyaitplusqu’Evangeline,àgenouxdanscettemêmepièce,entraindelesuppliersansrelâche.«Jet’enprie,écoute-moi.»— Elle ne me pardonnera jamais, et je ne mérite pas moins, dit-il, ravagé par le chagrin et la

culpabilité.—Queveux-tufairedecetenfoiré?demandacalmementMaddox.Drakeconcentrasonattentionsurletraître.Nonseulementilavaittrahisespropresfrères,leshommes

avecqui il travaillait et à qui il avait promis sa loyauté,mais pire, il avait trahi la femmedeDrake.Evangeline,quiétaitcomplètementinnocente,laseuleàl’êtreentreeuxtous.Hatchers’étaitservid’ellepoursatisfairesaproprecupiditéetsonambition.Sonmobile importaitpeupourDrake.Iln’étaitplusrienpourlui.—Débarrasse-toidelui,ordonna-t-ilàSilas.Qu’ilcomprennebiencequ’onfaitdestraîtres.Pourlapremièrefois,Hatchereutl’airmortdetrouille,etDrakenepouvaitpasleluireprocher.Silas

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étaitimpressionnantetterrifiant,mêmedanssesmeilleursjours.MaisEvangelineetluiétaientproches.Silaslaportaitdanssoncœur.Iln’auraitaucunepitiéenversHatcher.—Sortez-led’ici,ditDrakeenfaisantsigneàMaddoxdes’enoccuper.J’aibesoindem’entretenir

avecSilas.—EtEvangeline?demandaJustice,lesbrascroiséssurlapoitrine.Jetejure,Drake,unseulfauxpas

etj’interviens.Tul’aslaisséesansrien,maisj’irailatrouveretlatraiteraiavectoutlerespectqu’ellemérite,etellen’auraplusaucunsouciàsefairedesavie.Drakesoupira,las.—Jecomprends,Justice.Jenecomprendsquetropbien,crois-moi.J’aimerdé.J’étaissurlepointde

m’enrendrecomptequandvousavezdébarquéiciaveccetenfoirédeHatcher.Cinqminutesplustard,vousnem’auriezpastrouvéicicarjeseraispartilaretrouver.Jesaisquej’aiétéleroidesconsetjesaisquevouslasoutenieztous,contrairementàmoi.Jesuisplusdésoléquetunepeuxl’imaginer.J’enpaieraileprixtoutemavie.—Laissetomber,mec,ditdurementMaddox.Tunet’excusespasauprèsdelabonnepersonne.Nous

nesommespasEvangeline,etc’estdevantellequ’ilfautallert’agenouillerpourimplorersonpardon.Drakedéglutit.—Sic’estcequ’ilfautfairepourlaretrouver,alorsjeresteraiàgenouxpourl’éternité.—Ça,jeveuxbienpayerpourlevoir,ditZander.Viens,Maddox.Sortonslespoubellespendantque

lepatronparleavecSilas,mêmesijeseraisaussiprêtàpayerpourassisteràcetteconversationàcœurouvert.Imagine,notreSilasquijouelesthérapeutesdecouple.SilasjetaunregardassassinàZander.Onracontaitquecertains,confrontésauregardnoiretintimidant

deSilas,avaientdéjàmouilléleurpantalon.—Jevoussuggèrededéguerpiravantquejedécidequec’estàvousquejeveuxdonneruneleçon,dit

Silassuruntonàglacerlesang.Àen jugerpar lemalaise sur levisagede seshommes,Drake sutque son regardavaitmisdans le

mille.Dèsque lesautresfurentpartis,Drakese tournaversSilas,désespéré, lesyeuxaussividesqueson

cœur.—Ilfautquejelatrouve,Silas.Toietmoinoussavonsquejeneméritepasunetroisièmechanceavec

elle.Pasaprèsavoirautantmerdé,maisjedoisessayer.Jenevaispaslaissertombernilalaisserpartir,mêmesijel’aijetéedehors.Unetraînéeacideluibrûlaitlagorgeetl’estomac,calcinantsesorganesvitauxetsonâmeperdue.—Jenepeuxpasvivresanselle.Cestroisjoursontétéunenfer.Cematin,jemesuisditquejem’en

foutais,qu’ellem’aittrahioupas.J’étaisprêtàtoutpourlaretrouveretluipromettren’importequoipourqu’ellerevienne.Mêmesiçaveutdirearrêterlesconneries.Silassembla lutterpendantde longsmoments.UneéternitépourDrake,quirestaitplanté là,àpeine

capablederespirer,étoufféparlechagrin.Silasfinitparluiadresserunregardqu’ilnepouvaitpasnepascomprendre.C’était l’expressionla

plussérieusedeSilas,cellequiindiquaitqu’ilneplaisantaitpasetn’hésiteraitpasàs’enprendreàvoussivousneteniezpasparole.—Tugâchesteschancesencoreunefois,Drake,etceneserapastoiniJusticequiinterviendrezpour

vous occuper d’Evangeline. Tu vois ce que je veux dire ? Je serai là pour elle, pour subvenir à sesbesoins,aussi longtempsqu’elleaurabesoindemoi,et jedécrocherai la lunepourelle.Jenedevraisrientedire.Jenedevraispast’aider.EtsiEvangelinenesouffraitpasautantquetoi,jetediraisd’allertefairevoirettelaisseraistemorfondredanslemalheurquetuascréé.

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Drakegrimaça.—Elleestdansl’appartementàcôtédumien,finitparavouerSilas.Celuidedroite.Negâchepastout

unenouvellefois,Drake.C’estleseulavertissementquetuauras.—J’apprécie.Mercid’avoirétélàpourEvangeline,d’avoirprissoind’elleaprèsquejel’aidétruite.

Elleabesoindegenscommetoidanssavie.Pourlasauverdesgenscommemoi,dit-ilavectristesse.—Voilàledoubledelaclé,ditSilasenlejetantsurlebureaudeDrake.J’espèreêtretontémoin,si

elleesttoujoursd’accordpourt’épouser.—Jenevoudraispasquecesoitunautre,soufflaDrake.Etellenonplus.Silasluiadressaunpetitsourireensedirigeantversl’ascenseur.—Soisbonavecelle.—Jeleserai,murmuraDrakeenfermantlesyeux.MonDieu,donnez-moiunedernièrechancedelarendreheureuseetjejurequejamaisplusjenela

décevrai.

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Chapitre29

Drake pénétra dans l’immeuble tranquille de Silas, le tee-shirt trempé de sueurmalgré le froid quirégnaitàl’extérieur.Peudechosesluifaisaientvraimentpeurdanslavie.Ilnecraignaitrien,pasmêmelamort.Lamortn’étaitqu’unefinensoi.Lafind’unebelleépopée,oubien…unraccourciàtraversunpaysageimprévuquivousfaisaitfairefausseroute.MaislaperspectivedeperdreEvangelinepourdebon?Celaleterrifiait.Sesmains tremblaientquandilsortitde l’ascenseuraudernierétage,etchaquepasverssaporteau

boutducouloirsemblaits’étirersurunkilomètre.Ilsongeaàfrapper–ilpasseraitpourunmalotrus’ilne le faisaitpas–maiss’ilannonçait sonarrivée, ilyavaitdeschancespourqu’ellene le laissepasentrer.Serait-ilmoinsimpolidefrapperd’abord,puisdeseservirdelacléqueSilasluiavaitdonnéesielle

nerépondaitpas?Ilneserappelaitpassilesportesavaientdesverrousdansl’immeuble.Certainement.Silasprenaitsoindeses locataires.Celadit, ilétaiten traindecommencer lesrénovationsdudernierétage;lesverrouspouvaientneplusêtreprésents.Quoiqu’ilensoit,ilfrapperaitplutôtquedefaireirruptiondansl’appartement,decraintedeluifaire

peur.Aprèsça?Ilavanceraitàtâtons.Ils’arrêtadevantlaporteetposasamainàplatsurlebois,avantd’yapposersonfront.—Jet’enprie,parle-moiEvangeline,souffla-t-il.S’ilteplaît,soislafemmemagnifique,généreuseet

aimantequetuastoujoursétéetdonne-moilachancequej’airefusédetedonner.Jeneleméritepas,maisjet’ensupplie,commetum’assupplié.Ilfallaitqu’ilcesse,carilsedamnaitunpeuplusàchaquemotquiquittaitseslèvres.Seredressantde

toute sa hauteur, il frappa à la porte d’un coup sec, et attendit, retenant son souffle, chaque secondes’étirantéternellement.Son cœur se serra quand il frappa une seconde fois et n’eut aucune réponse. Était-elle en train de

dormir?Silasavaitditqu’elleétaitéperduededouleur.Bouleversée.IlavaitmêmeappeléDrakesurlecheminpourleprévenirqu’ilavaitdûluidonnerunmédicamentpourapaisersonmaldetête.Encoreunpéchépourternirsonâmedéjànoire.Inquietqu’ellepuisseêtretrèsmalade,iln’hésitaqu’unefractiondesecondeavantdesortirlaclépour

laglisserdanslaserrure.Unsouffled’airbalayaseslèvresquandlaportes’ouvrit,nonverrouilléedel’intérieur.Ilentraetappeladoucement:—Evangeline?Ange,bébé,c’estmoi,Drake.Tueslà?Seullesilencel’accueillit.Ils’aventuraplusloin,maisl’appartementétaitimmaculé,commetousles

appartements de Silas. Rien n’indiquait qu’elle était même venue ici. Il s’en mordit les doigts.Évidemment:ill’avaitdépouilléedetout.Sesvêtements,sesaffaires.Ill’avaitmisedehorssansrien.Il fit rapidement le tour du petit appartement, et un sentiment demalaise s’installa au creux de son

ventrequandsafouilles’avéravaine.C’étaitcommesiellen’avaitjamaismislespiedsici.Pourquoi?Danslacuisine,ilfinitpartrouverunmotsurleréfrigérateur.Ilseprécipitaetl’arrachapourlireson

écrituresoignée.IlétaitadresséàSilasetMaddox.

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Merci infinimentpour tout,à tous lesdeux.J’aidécidédequitter laville.Ceserait tropdouloureuxpourmoiderestericipluslongtemps.VousêtesmonmeilleursouvenirdeNewYork.

Avectoutemonaffection,Evangeline

Drakefroissalalettreetrefitletourdel’appartementàlarecherched’ilnesavaitquoi.Unindicesur

l’endroitoùelleétaitallée?Danslasalledebains, il trouvalepremiersigned’uneprésencerécente.Justeunmouchoir,toutfroisséetsec,quoiqu’ilavaitdûêtretrempé.Avait-ellepleuréici,etessuyéseslarmesaveccemouchoir?Ilfermalesyeuxetprituneprofondeinspirationpourretenirsespropreslarmes.Ilsursautaquandson

téléphone sonna, et l’attrapa machinalement pour l’éteindre, mais son pouls s’emballa quand il vits’affichersurl’écranlenomdel’appelant:lamèred’Evangeline.—Brenda,commentallez-vous?lasalua-t-il.Commesitoutallaitbien.Commesilemondenes’étaitpaseffondréautourdelui.Ellereniflaetilentenditunpetitsanglotdanssavoix.—Drake?Evangelineestavecvous?Drakesefigea,sonsangseglaçadanssesveines.—Non,dit-illentement.Ellen’estpasavecmoi.J’espéraisquevouspourriezmedireoùjepeuxla

trouver.—Elleprenaitunvolpourrentreràlamaison!s’écria-t-elle.Ellem’aappeléecematinpourmedire

qu’elleprenaitunavionenfind’après-midietelleauraitdûarriverilyaunedemi-heure!Ellen’étaitpasdansl’avion.Ellen’estpasmontée.Qu’est-ilarrivéàmafille?—Jevaisledécouvrir,Brenda.Jevousjurequejevaislaretrouver.Vouspouvezmedirequoiquece

soitpourm’aider?—Vousm’aviezpromis,rageaBrenda.Vousm’avezjuréquevouslaprotégeriezetquevousveilleriez

surmonbébé,maisquandellem’aappelée,vousauriezdûentendrecombienelleétaitbouleversée.Elleavaitlecœurbrisé!Elleaditquevousaviezrompuetqu’ellerentraitàlamaison.Commeellen’estpasmontéedansl’avion,j’espéraisquevousvousétiezréconciliés.—Brenda,écoutez-moi,ditDrakeavecgravité.J’aifaitunechoseterribleàvotrefille.Jeneluiai

pas fait confiancecomme j’auraisdû.Enconséquence,nousnous sommesdisputés, etoui,nousavonsrompu.Maisj’étaisencheminpourl’endroitoùellerésidaitpourm’excuseretimplorersonpardon.Ellen’a rien fait demal, si ce n’estm’accorder une confiance absolue alors que je ne lui rendais pas lapareille.L’émotionluinouaitlagorge,ilavaittantdemalàparlerquec’étaitunmiraclequ’ellelecomprenne.

Lui-mêmesetrouvaitconfus.—L’aimez-vous?demandaBrendasuruntonaccusateur.Parcequesivousnel’aimezpas,laissez-la

partir,Drake.Mêmesiellesouffrelemartyreencemomentmême,ellen’ensouffriraitquedavantagesielles’impliquaitencoreplusavecvous,ousiellevousépousait,alorsquevousnel’aimezpas.—Jel’aimedetoutmonêtreetavectoutcequej’ai.Toutluiappartient.Moncœur,monâme,mavie.

Sielleveutdemoi,jepasseraimavieàleluiprouver.Ilyeutunlongsilence,puisBrendarepritlaparole,plusapaiséequeprécédemment.— Retrouvez ma fille, Drake. Et quand vous l’aurez trouvée, je veux lui parler. Je suis folle

d’inquiétude,etsonpèreaussi.S’ilvousplaît,trouvez-la,etdites-nousqu’ellevabien.—Jevouslepromets.

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Ilraccrochaetglissasonportabledanssapoche.—MonDieu.Oùes-tu,Ange?sedemanda-t-il,angoissé.IlreplongealamaindanssapochepourprendresontéléphoneetdemanderàSilass’ilavaituneidée

del’endroitoùellepouvaitêtre,quandilaperçutquelquechoseducoindel’œildanslapoubelle.Ilsefigea,lesoufflecoupé.Ilsemitàtremblerviolemment,lesyeuxrivéssurlepetitobjet,paralysé

parlapeur.C’étaitimpossible.Non?Sortantdesatranse,ilsejetasurlapoubellepourconsulterlafenêtrederésultatdutestdegrossesse.

Sesgenouxsedérobèrentpresqueaussitôt,lefaisantchanceler.C’étaitfaible,maisunpetitsigne«+»roseétaitencorevisible.Evangelineestenceinte?Uneautrepeurlesaisit,siviolentequ’ildutseretenircontrelemeublepournepastomber.Ilavaitété

infectavecelle.Luiavaitditdeshorreurs.Avaitfaitdeschosesatroces.Elleétaitseule,désespérée,sansargent ni endroit où aller. Cela ne laissait pas beaucoup d’options à une mère célibataire. Non, ellen’allaitquandmêmepas…Ilsecoualatête,encolèrecontrelui-mêmedesupposerpareillechosealorsqu’elles’étaitmontrée,

encore et toujours, loyale et digne de confiance. Il était impossible qu’elle avorte. Il avait vu sonexpressionhorrifiéequandil luiavaitditquesamèreavaitvouluavorteret l’auraitfaitsiellen’avaitpasvulesavantagesd’avoirunenfant.Pourautant,Evangelineavaitdisparualorsque, selonsamère,elleauraitdéjàdûatterriretêtreen

cheminpourlamaisondesesparents.Il n’y avait pas un instant à perdre. Vite. Il fallait quadriller la ville, explorer toutes les options,

rappeler toutes les faveurs qu’on lui devait. Et il fallait faire savoir que si on avait fait du mal àEvangeline,Drakepoursuivraitetdétruiraitleresponsableettoutepersonnequiauraitlaisséfairesansintervenir.Iloffriraitégalementunegénéreuserécompenseàtoutepersonnequilaluiramèneraitsaineetsauve.Il attrapa son téléphone tout en quittant l’appartement pour se précipiter chez Silas. Il avait la clé.

Evangelineétaitpeut-êtrevenueici.Silasavaitditqu’elleavaitdormichezluilapremièrenuit.Ilentra,frustrédenepasavoireuSilasautéléphonedupremiercoup.Ilcrialenomd’Evangelineet

alladepièceenpièce,sanssuccès.Il serait plus logiquequ’il reste ici, le dernier endroit oùEvangeline avait été avant de partir pour

l’aéroport plus tôt dans la journée. Il allait dire à tous ses hommes de venir chez Silas. Il écrivit unmessageleurdemandantdeleretrouverici,etlesderniersmotsdesonmessagelerendirentmalade.

Dépêchez-vous.Evangelinen’apeut-êtreplusbeaucoupdetemps.

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Chapitre30

—Evangelineadisparu,annonçaDrakequandtousseshommesfurentrassemblésdansl’appartementdeSilas.Des«bordel»et«que s’est-ilpassé» retentirentenchœur.Drake leva lamainpourdemander le

silence,laminegrave,ladéterminationflambantdanssesyeux.—De ce que nous savons, c’est le dernier endroit où elle a été en contact avec quelqu’un. Elle a

appelésamèredepuisl’appartementdeSilascematinpourluidirequ’elleprendraitunavionatterrissantpeuaprès18heures,heureducentre.Ellen’estjamaismontéeàborddecetavion,expliquaDrakeavectristesse.UnautreflotdejuronsretentitetSilasetMaddoxéchangèrentdesregardsfurieuxetimpuissants.—Jen’auraispasdûlalaisserseule,regrettaSilas.Drakebalayalaculpabilitédesonhomme.—Ilyaautrechosequevousdevezsavoir.Ilbranditletestdegrossesse.Lastupéfactionsepeignitsurlevisagedeseshommes.—Elleestenceinte.Demoi,ajouta-t-ilinutilement.Elleadûfaireletestcematin.Avantd’appelersa

mère.C’estcertainementcequil’apousséeàpartir.—Alorsqueluiest-ilarrivé,bordel?demandaMaddox,lespoingsserrés.Sielleaappelésamèreet

luiaditqu’elleprenaituncertainvol,elleavaitdetouteévidencel’intentiondeprendrecetavion.Ellen’inquiéteraitpassesparentsainsi.—Jesais,ditcalmementDrake.Cequiveutdirequ’ilyaunebonneraisonpourqu’ellenel’aitpas

pris.Leshommeséchangèrentdesregards,enproieàlapeuretàl’incertitude.—Jevaisregarderlavidéosurveillanceàpartirdecematin,quandjel’aivuepourladernièrefois,

ditSilas,laminegrave.Passûrdetrouverquoiquecesoit,maiss’illuiestarrivéquelquechose,onleverrapeut-être.Sinon…Drakerefusaitdeconsidérerl’autreoption.Sansunebonnebasedetravail, impossibledesavoiroù

Evangeline pouvait être. Ses ennemis étaient nombreux et n’importe qui aurait pu chercher à atteindreDrakelàoùçafaisaitmal.Personnen’avaiteuletempsdedécouvrirqu’ilsavaientrompuouqu’ellenesignifiaitplusrienpourlui.Enapparencedumoins.Carelleétaittout…—Fais-le,ordonnaDrake.Nousn’avonspasbeaucoupdetemps.Chaquesecondequipassesansla

trouver…Ilsetut,refusantd’exprimercettepossibilité.—Personnen’auraitintérêtàlatuer,ditJusticeavecunepointed’incertitudedanslavoix,commes’il

essayaitdes’enpersuader.Pass’ilsontuneonced’intelligence.Sielleaétéenlevée,ilsvontseservird’ellepourt’extorquerquelquechose,Drake.Del’argent.Dupouvoir.Uneprotection.Pour autant, tous savaient que l’argent était la seule possibilité, car Drake ne protégerait et ne

s’associeraitjamaisavecquelqu’unquiauraiteffrayéEvangelineouposélesmainssurelle.Silasétaitsursonordinateuràl’autreboutdusalon,entraindetaperunesériedecommandes.Aubout

dequelquesinstants,ilappelaDrake.Ilmontraitl’écran,diviséensixplansdecaméra.—Là,c’estquand j’aiquitté l’appartementcematin,Evangelineétaitencoredanssonappartement,

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dit-il.Sinousvoyonsquelqu’un,nouspouvonszoomeretsuivresontrajetjusqu’auboutdelarue.J’aidescamérasdanstoutl’immeubleetdanslarue,danslesdeuxdirections.Sansmot dire, Drake regarda Silasmonter en voiture sur l’écran, puis ils firent défiler une heure.

Aucunsigned’Evangeline.—Lavoilà,ditSilasenzoomantsurlacaméraducouloir,devantsonappartement.Elle ne portait qu’un petit sac. Ses cheveux étaient relevés en queue-de-cheval et elle était pâle,

visiblementbouleversée.Ilslaretrouvèrentquandellesortitdel’ascenseuretquittal’immeubled’unbonpas.Lacaméradelaruelaretrouvadehors.Devant l’immeuble,elle regardadans lesdeuxdirections,hésitante.Puisellepartitàdroite,vers le

coin de la rue. Avait-elle hélé un taxi ? Si Silas pouvait relever tout signe permettant d’identifier levéhiculedanslequelelleétaitmontée,ilspourraienttraquerlechauffeuretsavoiroùill’avaitemmenée.SilasjuraetDrakeseconcentrasurlavidéo.Elleétaitpresquearrivéeauboutdelaruequanduneberlinenoires’arrêtaàsahauteurens’ébranlant,

commesielleallaittropvite.Evangelinereculaetcommençaàfaireletourduvéhiculequandunhommeensurgitetsejetasurelle.Ellesedébattitviolemment,etlesangdeDrakesefigealorsquel’hommelafrappaàlatêteavecla

crossed’unpistolet.Elleperditconnaissanceetl’hommelajetapresqueàl’arrièredelavoitureavantqu’elleneredémarreentrombe.Lascèneneduraitquequelquessecondes,maisDrakeserepassaitchaqueimageauralentidansson

esprit.Chaquesecondedel’effroid’Evangeline,salutte,etl’hommequilafrappaitavantdel’enlever.—Filsdepute,sifflaMaddox.Allez,Silas.Usedetamagie.Jeveuxcefilsdeputeetjeleveuxtout

desuite.Drakepenchalatêtepar-dessusl’épauledeSilasetluiditd’unevoixglaciale:—Jemefichedecequ’ilfautfaire,quitudoissucer,oucequetudoispirater.Trouvequil’aenlevée.

Çafaitplusieursheuresqu’elleestentresesmains.—Donne-moicinqminutes,réponditSilassansquitterl’écrandesyeux.Sesmainsvolèrentsurleclavierpourzoomersurlavoiture.Drake ferma lesyeux, lapeurauventre.La froideurduprédateurs’emparade lui. Ilavaitenviede

tuer.Soninstinctnedemandaitqu’àêtrelibérépourfairecoulerlesangdeceluiquiavaitfaitdumalàEvangeline.Etàsonenfant.Drakefitalorsunechosequ’ilnes’étaitjamaiscrucapabledefaire.Ilpria.Faitesquel’enfantaillebien.Qu’ilssoienttouslesdeuxsainsetsaufs.Siunseuldoitêtresauvé,

quecesoitEvangeline.Je lesveux tous lesdeux,mais,monDieu, ilyaurad’autresenfants. Iln’yaurajamaisd’autreEvangeline.—Jel’ai,ditSilasrageusement.Putaindebordeldemerde!C’estCharlieMcDuff.Lesautresjurèrentàleurtour.—McDuff?Cetocardenmaldecélébrité?demandaDrake,incrédule,avantdeplisserlesyeux.Tu

pensesquesonpèreaquelquechoseàvoirlà-dedans?J’aidumalàcroirequ’ilauraitlescouillesdemonterçatoutseul.Ilestsoitcomplètementdébile,soittoutàfaitdésespéré.Silassecoualatête.—Impossible,mec.Sonvieuxade la jugeote. Il a évincéCharliede l’affaire familiale ilyabien

longtemps. Il était trop instableet soupeau lait.Etparfaitementdébile,bien sûr. Jepariequ’il fait çapourprouveràpapaetaurestedumondequec’estunvraimec.Ilestprêtàtout.Ilvoudracertainement

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del’argentetuneplaceauseindetonorganisation.QuandBrianacoupélesponts,ilafaitçabien.Illuia dit de se trouver un boulot parce qu’il ne supportait plus cette feignasse. Pire, sa mère n’est pasintervenuecommeàsonhabitude.Etc’est le filsà samaman.D’habitude,quandsonvieuxs’énervait,mamanintervenait,apaisaitlesesprits,etconvainquaitlepèrededonnerunedernièrechanceau«petit».Onditquemêmeelleétaitfurieuseaprèssadernièrebourdeetacoupélespontscommelepère.Jepensedoncqu’ilestdésespéré.Enfin,stupideaussi,maisilagitendésespoirdecause.—Punaise,marmonnaDrake.Il s’accordaunmoment pourmettre de l’ordre dans ses pensées,malgré la terreur qui lui nouait le

ventre.Leshommesdésespérésfaisaientdeschosesdésespéréesetétaientgrandementimprévisibles.IlfinitparreleverlesyeuxversSilasetseshommes.— Appelez le père. Il faut qu’il sache que je serai clément s’il n’a rien à voir avec la dernière

conneriedesonfils.S’ilpeutm’aideràretrouvercepetitcon,jeseraiencoreplusindulgent.Toutcequicompte,c’estrécupérerEvangeline.Maiss’ilestimpliqué,s’ilnecoopèrepas,toutelafamilleserendracoupabledesonenlèvement.Silashochalatête.—TusaisqueCharlieabossépourlesLuconiunmoment,l’informaMaddox.Ilyaunan.Uneautre

tentativepourprouverqu’ilenavaitdansleslip.—Oùveux-tuenvenir?demandaDrakeavecunecertaineimpatience.— Il a passé pas mal de temps avec eux, voilà, dit Maddox, tout aussi impatient. Les Luconi

connaissentunpeuseshabitudes,enfinj’imagine.IlsontcherchétonsoutiendansleurrachatdesVanucci.Ilsferontcertainementtoutcequ’ilfautpourgagnertonappui.Passeunmarchéaveceux:s’ilst’aidentàretrouverEvangeline,tulessoutiens.Sinon,ilssedébrouillentseuls.Drake fixa son homme du regard pendant un long moment, calculant les implications de l’idée de

Maddox. Si les Luconi l’aidaient à retrouver Evangeline, il était prêt à tout en échange.Même à lessoutenirdanscetteaffairederachat,mêmes’ilavaitprévudelaisserlesdeuxfamilless’affronteretsedétruiremutuellement.Bonsang,cen’étaitpasrien.Celaaugmentaitlamenace,passeulementcontreEvangelineetlui,mais

contrechacundeseshommes.IlsdeviendraientlesciblesdesVanuccietdetousleurssoutiens.—Tuterendscomptedecequetudis?demandaDrakeàMaddox.Vousvousrendeztouscomptede

cequeçaimplique?—Oui,réponditZander.Ettoi?Tuesprêtàprendrecerisque?—Commentnepasleprendresic’estpourrécupérerEvangeline?—Alorsjecroisquenousavonsnotreréponse,ditJax.Un par un, ses hommes donnèrent leur accord et déclarèrent qu’ils acceptaient le risque que cela

impliquait.DrakesetournaversMaddox.—Appelle.IlfautquejeparleàMcDuff.Qu’ilssachentquenousn’avonspasd’accordàmoinsqu’ils

nousrendentEvangeline.Saineetsauve.

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Chapitre31

—Tuessûrqu’onpeutfaireconfianceauxLuconi?demandaDraked’unairgrave.Luietseshommesétaiententraindesepositionnerdevantl’unedesboucheriestenuesparlesMcDuff.

Ilétaitappropriéqu’ilspossèdentdesboucheriesfamiliales,puisqu’ilsn’étaienteux-mêmesguèreplusquedesbouchers.Maddoxhaussalesépaules.LuietSilasavaientinsistépourêtreplacésavecDrake,certainementpour

lesurveilleretl’empêcherdeperdresonsang-froidplusquepourl’assister.Lesautreshommess’étaientmisenbinômes,et,étonnamment,l’aînéetleaderattitrédesLuconiavaitenvoyécertainsdeseshommesassisterDrakepourfairetomberCharlieMcDuff.— Ils ont très envie de voir Charlie tomber, ditMaddox pendant qu’ils attendaient le feu vert. Le

timingestparfait,nonpasqu’ilpuisseyavoirunbonmomentpourqu’Evangelinesefasseenlever.Maddoxserenfrogna,lesyeuxnoirsderage,avantdepoursuivre.— Il se trouve que lesVanucci ont attaqué les Luconi il y a une semaine, et les Luconi veulent se

venger.C’estlégitime.DrakeetSilassetournèrentversMaddox,perplexes.Maddoxsoupira.—C’estassez terrifiant,etaprèsenavoirentenduparler, jesuisplutôtcontentquenousaidions les

LuconiàdescendrelesVanuccipourdebon.LesLuconiontbeaunepasêtredesscouts,jamaisilsn’ontfaitcegenred’horreurs,àmaconnaissance.Ilsontunesortedecode,quiexclutlesfemmesetlesenfants.LesVanuccinemanquerontàpersonne.Cenesontquedesraclures.—Raconte,aboyaDrake.—JacquesVanucciaciblélapetite-filledel’aînédesLuconi.Ellen’avaitquevingtans,putain.Jeune,

innocente,d’unegrandebeauté.LesLuconinesontpasdessalauds.Ilsprotègentleursfemmes.Ellesnesavent rien de leurs affaires. Dans cette famille, les femmes sont chéries et protégées par tous leshommes.Merde.Maddoxavaitparlédelapetite-filledeLuconiaupassé.Drakeavaitunmauvaispressentiment.Maddoxsoupiraetcontinua.—Cen’étaitpasjoli.Ilacourtisélajeunefillepensantdesmois.Luiafaitcroirequ’ilsvivaientune

versionmodernedeRoméoetJuliette.Deuxpersonnesinterditesl’uneàl’autreàcausedeleursfamillesrivales. Il lui a raconté je ne sais quelles conneries, qu’il était amoureux d’elle, voulait l’épouser etl’emmenerloindeleursfamillespourqu’ilspuissentvivreheureux.Iladel’argent.Illuiaditqu’ellenemanqueraitjamaisderien.» Elle a résisté, au début. Elle voulait finir ses études et passer son diplôme,mais ce salaud était

tenace. Elle a fini par accepter, a laissé un mot à ses parents relatant ce conte sordide et est alléeretrouversonpetitcopain.Maddoxsecoualatête.—Jesuissûrquevousdevinezcequiasuivi.Ill’aviolée.Alaisséseshommesluipasserdessus.Ila

toutfilmé,etfinalement,ill’atuéeetaenvoyélavidéoàl’aînédesLuconiendisantqu’aucunLuconi,homme,femmeouenfant,n’étaitàl’abri.Luconiadéclarélaguerre,etildésiraitvivementt’avoirpourallié.Celal’asurprisaudébut,quetuveuillesrécupérerEvangeline,puisqu’ilacruàtapetitemiseen

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scènepourfairecroirequ’ellen’étaitrienpourtoi,maisquandjeluiaiditqu’ilsavaientkidnappéunefemmeenceinte,ça l’aénervé. IldétesteCharlieMcDuff.Aditquec’étaitunemauvaisegraine.Qu’ilavaitungoûttropprononcépourlaviolenceetdétestaitlesfemmes.Jecomprendspourquoiiln’apasfaitlongfeuchezeux.Levieilhommem’aditqueCharlieétaitdéjàsurlebillot,puisilaessayédecoincersapetite-fillede seizeans. Je suis surprisqu’ilne soitpas sixpieds sous terre,pour êtrehonnête. Jepensequec’estseulementparcequelesLuconinevoulaientpasrisquerdedéclencheruneguerreaveclesMcDuff,avecl’attaqueimminentecontrelesVanucci.Maisapparemment,personnen’avuCharlieenpublicdepuisdesmois,après laracléequ’ilaprisequandilsontenlevésessalespattesde lapetite-fille.Drakefitunemouededégoût.—Bonsang,souffla-t-il.EtEvangelineseretrouveaumilieudecejoyeuxbordel.Uneinnocenteprise

entredesfactionsenguerre,etelleestentrelesmainsdeMcDuffencemomentmême!Ilfrappaletableaudebordduplatdelamain,déchiréparunsentimentd’impuissance.—Qu’attendons-nous?siffla-t-il.Chaqueminutepasséeànerienfaireestuneminutedeplusoùelle

estàsamerci.—Gardelatêtefroide,Drake,murmuraSilas.Tusaisqu’ilfautfaireçadanslesrègles.Uneerreur,et

Evangelinelepaiedesavie.McDuffest taréet trèsinstable.S’ilpensequeleschosesnevontpassepassercommeprévu,illatuera.Iln’arienàperdre.Le téléphone de Drake sonna. Il se tendit. Ils attendaient un appel de Charlie. Drake pensait qu’il

appelleraitbienplustôtpourcommuniquersesexigences.Chaqueminutequiétaitpasséesansnouvellesavait meurtri son cœur un peu plus. Pourquoi avait-il attendu ? Avait-il pris son temps et abuséd’Evangelineavantd’appelerDrake?Il ne reconnut pas le numéro ; d’habitude il laissait ce genre d’appel aller sur sa messagerie et

rappelaitplustardounerappelaitpas.Cettefois-ci,ilréponditàladeuxièmesonnerie.—Donovan.—Drake Donovan, dit CharlieMcDuff avec suffisance. Je crois que j’ai quelque chose qui vous

appartient.—Eneffet,ditDrakeavecunedouceurmenaçante.CharliesemblareleverlamenacedanslavoixdeDrake,cariln’étaitplusaussisuffisantniconfiant

lorsqu’il reprit laparole.Ilsemblait tendu,ébranlé.Et instable,cequiétait inquiétant.Voire terrifiant.DrakedevaitmarchersurdesœufsetnedonneraucuneraisonàcethommedefairedumalàEvangeline.—Sivousvoulezlarevoirvivante,vousferezexactementcequejedis.Vousavezdeuxheurespour

acheverlatransaction,pasunedeplus.—Quevoulez-vous?demandaDraked’untonsec.—Vingtmillions,cenedoitpasêtregrand-chosepourunhommecommevous,ditCharlied’unevoix

unpeuplusassuréeàl’annoncedumontant.Jesuistrèsgénéreux.Jesaisquevouspourriezm’endonnerplussansmêmequeçavousmanque.Maisjesaisêtreraisonnable.JevaisvousenvoyerlesinstructionsdevirementetlenumérodecompteparSMS.Commejel’aidit,silesfondsnesontpassurmoncomptedanslesdeuxprochainesheures,votrechèreettendreestmorte.Maispasavantquej’aieprofitéd’elle.Elleestplutôtjolie,maisjen’enattendaispasmoinsdevous,Donovan.—Laissez-moiclarifierunechose,Charlie,ditDrakesansprendrelapeinedemasquersarépugnance

enverscevilpersonnage.Vousconnaissezmaréputation.Voussavezquejeneplaisantepas.Voussavezquequandjefaisunepromesse,jepréfèremourirquedelabriser.Alorssachezceci:sivoustouchezEvangeline, si vous lui faites dumal, si vous lui faites peur, si elle a lemoindre bleu ou lamoindreégratignurequandjelaretrouve,vousêtesunhommemort.Mettezçasurvotrecompteenbanque.

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Ilyeutunelonguepause.—Faiteslevirementetvousn’aurezpasàvousinquiéterdel’étatdevotrenana.Puislalignefutcoupée.Quelquessecondesplustard,un«bip»alertaDrakedel’arrivéedumessage

aveclenumérodecompte.IlvoulaitlapeaudeMcDuff.Cethommeallaitmourir,mêmesiDrakeavaitdonnél’impressionqu’il

s’entireraits’illuirendaitEvangelinesaineetsauve.Ilavaitsignésonarrêtdemortàlasecondeoùilavaitposésesmainssurcequiluiappartenait.—Nousavonsdeuxheures,maisjeneluifaispasconfiance,ditDrake,lesdentsserrées.Jerefusede

lalaisseravecluiuneminutedeplus.Ilnesaitpasquenoussommeslà.Ilpensequejesuisentraindemedémenerenville,pasquejesuisdevantsafoutueboucherieàBrooklyn.Jen’attendspasunesecondedeplus.Avecousansvous,j’yvais.—PourfairetuerEvangeline?LeregardfurieuxdeMaddoxtransperçaDrake.Sonhommedemainbouillonnaitderage,lesmuscles

contractés,telunanimalprêtàlanceruneattaquemortelle.—Noussommespresqueenposition,ditMaddoxenapposantsamaincontresonoreillette.Allons-y.

Ilfautquenoustrouvionslameilleureentréedececôté.Lesautressontentraindesemettreenplace.Jaxestpartienreconnaissancepourqu’onsacheàquois’entenir.—A-t-illocaliséEvangeline?demandaDrake.L’a-t-ilvue?Est-cequ’ellevabien?—McDuffl’aattachéeàunechaisedansunepièceaufond,oùlaviandeestpendue.Ilditqueçaavait

l’air d’aller, qu’elle était justemorte de trouille et se les gelait. Ce salaud l’amise dans la chambrefroideetn’arrêtepasde luidirequ’il l’aemmenéeiciparceque,avec lesbroyeursd’os,personnenetrouverajamaistracedesoncorps.Qu’illaréduiraenpetitsmorceauxetladonneraàmangerauxbuses.—C’estunhommemort,ditDraked’unevoixpresquetropbassepourqu’onl’entende.—Ohoui,juraMaddox.Les hommes sortirent furtivement de la voiture. Reconnaissant d’avoir le couvert de la nuit, Drake

progressa rapidement à l’ombre du bâtiment avec ses hommes. Il y avait une fenêtre qui, si leurreconnaissancedubâtimentétaitcorrecte,setrouvaitnonloindelachambrefroideoùEvangelineétaitretenueprisonnière.Silasfitunpasenarrièrepuiscourutsurlemur,attrapalereborddelafenêtre,etsehissahabilement.

Ilfitbougerlechâssisunmoment,jusqu’àcequelavitresesoulèveavecungrincementretentissant.Il se figea, tout comme Maddox et Drake, et attendit de longues secondes pour voir s’ils étaient

repérés.Commepersonnenesemontra,ilssoupirèrenttoustroisdesoulagement.Maddoxparlaàvoixbassedanslemicro,informantlesautresqu’ilsentraientetqu’ilsdevaientfairedemême.L’idée était d’encercler la chambre froide et de prévoir la meilleure attaque, celle qui permettrait

qu’aucunmalnesoitfaitàEvangelineetéviteraitqu’ellesoitprisedanslestirscroisés.Silasseglissaàl’intérieurdubâtiment,pritquelquesinstantspours’assurerqu’ilsn’avaientpasété

repérés,puissepenchaparlafenêtrepourfairesigneàDrakeetMaddoxdegrimper.—Viens,ditMaddoxenfaisantlacourteéchelleàDrake.Jevaistefairemonter.Drakeposasonpiedsur lesmainsdeMaddoxet sauta,propulsé le longdumuravec l’aidedeson

compagnon,pourattraperleborddelafenêtre.Ilsehissaàl’intérieur,puisSilasetluisepenchèrentparlafenêtre,mainstendues,pourattrapercelles

deMaddox.Quelquessecondesplustard, ils letirèrentàtraverslafenêtre,qu’ilsrefermèrentderrièrelui.Àprésentqu’ilsétaientdanslebâtimentoùEvangelineétaitdétenue,Drakedutprendresurluipourne

passeprécipiterdansl’autrepièceetdescendrecesmalfratsunàun.Ilétaitsur lesnerfs.Ilauraitpu

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affrontertrentehommesettouslesdémoliràmainsnues.Ilsseglissèrentdanslecouloir,prenantgardeànepastrahirleurprésenceparlemoindregeste.Drake

avait confiance en ses hommes. Il leur confierait sa vie. Cela dit, l’enjeu n’avait jamais été aussiimportant.IlssebattaientpourlavietoutentièredeDrake.Evangeline.Auboutducouloir,oùSilass’étaitglisséàpasfurtifs,ilyeutunbruitétouffé,puisuncorpsheurtale

solsansqu’unseulcoupdefeusoittiré.SilasfitsigneàMaddox,quitiralecorpsinertedanslapiècequ’ilsvenaientdequitter.—Allons-y, soufflaMaddoxd’unairgrave.Justiceditque lesesprits s’échauffentdans lachambre

froide.McDuffesthorsdelui.LecœurdeDrakefitunbond,etilstournèrenttoustroisauboutducouloiravantdesemettreàcourir.

Il y avait quatre entrées pour pénétrer dans la chambre froide. Après s’être débarrassés des gardessurveillantcesentrées,Drakeetseshommessetapirentprèsdesportespourpasserenrevuelenombred’hommesarmésàl’intérieurdelapièce.Drakejura intérieurementquandilvitquetoutes lesarmesétaientdirigéesversEvangeline.McDuff

étaitdeboutdevantelle,entraindelanarguer.Ellerefusaitdecroisersonregard.Elleétaitpâle.Troppâle.Sescheveuxétaientemmêlésetdestraînéesd’unrougevifmaculaientuncôtédesoncrâne,mêléesaublonddorédesachevelure.Avachiesurlachaise,elleavaitlatêtebaissée,mentonposésurlapoitrine,sescheveuxtombantsur

sesjoues.Drakeeutl’impressiond’avoirprisuncoupdecouteaudanslecœurquandilvitleslarmesquibaignaientsapeausipâle.—JetiensDrakeparlescouilles,fanfaronnaMcDuff.Ilestbienbêtes’ilpensequejevaislelaisser

s’entirerpourvingtmillions.Pourlapremièrefois,Evangelinelevalatête,mêmesisonregardétaitconfusettroublealorsqu’elle

regardaitdansladirectiondeMcDuff.—C’estvousquiêtesbienbête,dit-elled’unevoixmorne,sansaucuneémotion.Elles’adressaitàMcDuffcommes’ilétaitsimpled’esprit.LecœurdeDrakefaillitcesserdebattre

quandilentenditlasuite.—Ilnetientpasàmoi,dit-elled’unevoixsourde.Ilneferarienpourmesecourir.Ilnevousdonnera

pascequevousvoulez.Ilnecéderapasauchantage.Quanda-t-iljamaiscédéauchantage?Vousêtesencoreplusdébilequejelepensaissivousimaginezlemettreàgenouxpourl’unedesesputainsdontilneveutplusentendreparler.Vousn’avezpaseuventdelanouvelle?Sadéclarationétaitpleinedesarcasme,etelleregardaitMcDuffcommesielleledéfiaitdefairele

pire,carlepireavaitdéjàétéfait.L’impuissancequ’ilentendit–ressentit–danschacundesesmotsmitleslarmesauxyeuxdeDrake.L’incertitude passa sur le visage de McDuff, vite remplacée par la rage. Hors de lui, il gifla

Evangeline,dontlatêtepartitenarrière.Sescheveuxenbataillecouvraientsonvisage,maisDrakevitlesangquicoulaitdesonnezetdesabouche,etsejetaenavant.SilasetMaddoxbondirentpourleplaquerausol.—Non! sifflaSilas.Nousaussi,nous rêvonsde le truciderpourcequ’ilvientde faire,maisnous

devons faire ça bien et nous en tenir au plan, sinon il va descendre Evangeline. Reprends-toi, mec.Réfléchis,pourl’amourduciel.Réfléchis!Drakesedébarrassad’eux.Ilétaitenproieàunefureurtellequ’iln’enavaitjamaisconnu.Attendre

queseshommesaientsoigneusementfaitletourdubâtimentetbarrétoutesleséchappatoirespossiblespours’assurerdelasécuritéd’Evangelineétaitunenfer.Drakeavaitditquesicesalaudlablessait,ille

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tuerait.Merde.Evangelineavaitétéblessée.Physiquementetémotionnellement.McDuffl’avaitfrappée,faitsaigner,

pasunefois,maisdeux.EtDieuseulsavaitcequ’elleavaitenduréavantqu’ilarriveavecseshommes.Ildutarrêterd’ypenser,desetorturerenpensantàtoutcequesonangeavaitsubi,ouilallaitdevenirfou.Maddox leva lamain, écouta dans son oreillette unmoment, puis il se tourna versDrake, les yeux

brillants,lecorpstenduetirradiantderage.—Onyva.

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Chapitre32

Evangelineétaitavachiesurlachaise,lescordesluimordantlespoignetsetleschevilles.Sonvisagebourdonnaitdedouleuràcauseducoupquel’hommevenaitdeluiassener,maisc’étaitsoncrânequilafaisaitleplussouffrir.Elleavaitprisunsalecoupquiluiavaitfaitperdreconnaissancequandelles’étaitdébattuecontrel’hommeessayantdelafairemonterenvoiture.Elleallaitmourir.Lechagrinlasubmergea,carelleneseraitpaslaseuleàmourir.Sonprécieuxbébé

allaitmouriravecelle.Drakeneviendraitjamaislachercher,nedonneraitpasuncentimepourelle,etencoremoinslesvingtmillionsquecetaréavaitexigés.Sachantqu’elleallaitmourir,ellen’avaitaucuneenviedeprolongerlechagrinetladouleur.Audébut,

elleavaitpenséfairetoutcequ’ilfaudraitpourresterenvie.Sebattrepoursonenfant.Puiselleavaitcompris,quandl’hommel’avaitamenéeici,dansunlieuquisentaitlesangetlamort,etl’avaitinforméequ’il allait ladécouperenpetitsmorceauxpourqu’onnepuisse jamais retrouver soncorps,etencoremoinsl’identifier,siDrakeneluiviraitpascetargent.—Ilm’a jetéedehors,vousne le saviezpas ? semoqua-t-elle, les lèvres enflées,douloureuses. Il

pensequejelesaitrahis,luietseshommes,endonnantdesinformationsauxflics.Maintenant,dites-moi.VouspensezqueDrakeferaquoi,danscettesituation?Vouspensezvraimentqu’ilvavousdonnervingtmillionsdedollarspourmesauverlavie?Vousrecevrezcertainementunecartederemerciementsdesapartaprèsmamort.—Laferme!ragea-t-ilenseretournantpourlafrapperencore.Maisquelquechoseretintsamain.Puislapièceexplosa,théâtredetouteslesviolences.Tirs.Crisde

douleur.Jurons.Ellefermalesyeux,priantpourconnaîtreunemortrapide.Oh,Drake,jet’aitantaimé.Jamaisjenet’auraistrahi.Pourquoinepouvais-tupasmecroire?Tu

neconnaîtrasjamaistonenfant.Le chagrin l’étouffait, les larmes lui brûlaient les yeux. Elle ferma les paupières et baissa la tête,

vaincue,alorsquelemondedevenaitfouautourd’elle.Elle tressaillit quand des mains effleurèrent ses liens. Puis la voix d’un homme résonna dans son

oreille.—Nemerésistepas,Evangeline.J’aibesoinquetucoopèresetquetufassesexactementcequejete

dis.Compris?Unéland’adrénalineluiinondalesveines.Elleouvritlesyeuxet,àsongrandétonnement,reconnutles

hommesdeDrake.Partout.Ilssebattaientsauvagement,desexpressionsassassinessurlevisage.Ébahie,elleaperçut…Drake.Implacable,ilsefrayaituncheminentredeuxhommesarmésquineparvinrentpasàentraversafureur.Quefaisait-il ici?Peut-êtreavait-elleperdu lesderniersvestigesdesaraison,auxquelselles’était

accrochéetoute la journée.Oupeut-êtrequ’elleétaitmorteetquececiétaitunesortederêveaprès lamort.Elleneressentaitaucunedouleuretn’opposaaucunerésistanceautoucherdélicatdeSilastandisqu’ilcoupaitlescordesàsespoignetsetàseschevilles.—FaitessortirEvangelined’ici!aboyaDrakesansregarderdanssadirection.Assurez-vousqu’elle

vabienetfaites-lasoigner.Cesalaudestàmoi.Sesmots firent frissonnerEvangeline, qui regarda froidementDrake fondre sur l’hommequi l’avait

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enlevée. Puis des bras familiers la soulevèrent et elle ferma les yeux, pour faire blocage à l’horribleréalitédanslaquelleDrakepouvaitmourir.Elles’assoupit,seretranchantdansunlieuoùellenepouvaitplusressentirnidouleurnichagrin.Rien.Elleaccueillitl’oubliàbrasouvertsets’abandonnaauvidequil’enveloppaitdesonapaisanteétreinte.Evangeline dans ses bras, Silas quitta rapidement la pièce, flanqué de Maddox et Justice, qui la

dévisageaient,l’airinquiet.—RestezavecDrake,ordonnaSilas.Couvrez-le.Surveillez sesarrières.Assurez-vousqu’il est en

sécuritéàtoutmoment.— Je reste avec toi, répliquaMaddox, têtu. Avec l’aide des hommes de Luconi, nous avons déjà

éliminétoutemenace.IlnerestequeMcDuff,etDrakeaétéclair:McDuffestàlui.SilasportaEvangelinejusqu’àlavoiturequilesattendaitetseglissasurlesiègearrière.Elleavaitles

yeuxfermés,sansqu’ilsachesic’étaitpourseprotégerouparcequ’elleétaitinconsciente.Ill’examinaattentivement,àlarecherched’uneblessure,maisilnevitquelesangséchésursatempe,

lamarquededoigtssursonvisage,etlesangquiavaitcoulédesonnezetdesabouchequandcepetitcon l’avait frappée.La rage s’emparade lui, il avait presqueenviededésobéir àDrake et d’aller sevengerdeMcDufflui-même.C’étaitluiquiauraitdûs’enoccuper.PasDrake.C’étaitSilas,sonnettoyeur.Sonhommedemain.Son

seul devoir était de protégerDrake et de s’assurer que riennevenaitmenacer ses intérêts ni le vasteempire qu’il partageait avec ses frères. C’était lui qui lançait les menaces. C’était son rôle. Etaujourd’hui,plusquejamais,c’étaituneaffairepersonnelle,alorsquesatâcheavaitsisouventétéfroideetimpersonnelle.Justeunboulot.Riendeplus.Unmalnécessaire.Mais…Evangelineavaitdavantagebesoindeluidansl’immédiat.Etsielleavaitétésienne,luiaussi

auraitvouludescendrelui-mêmel’hommequil’avaitterrorisée,menacée,frappée.—Emmenez-nousàlacliniquedeDrake,ordonnaSilasauchauffeur.Drakejaugeaduregardl’hommepathétiquequ’iltenaitparlecol.LevisagedeMcDuffétaitenflé,en

sang, et il savait qu’il allaitmourir, cela se voyait dans ses yeux. Il neméritait pas unemort rapide,clémente.Non,ilméritaitdesouffrir,deconnaîtrelesortquil’attendait.Malgrétout,Draken’enavaitnile temps ni l’envie. Sa seule priorité était de venger Evangeline avant de la retrouver le plus vitepossible.Ilavaitétésiaveuglépar larageetsondésirdefairepayersonbourreauqu’ilavaitocculté tout le

reste. Il le regrettaitàprésent,carc’était luiquiauraitdûemmenerEvangeline loind’ici, laconsoler,subvenir à sesbesoins, pasunde seshommes.Considérerait-elle cela commeunnouveau rejet ?Unenouvellepreuvequ’ellen’étaitrienpourlui?—Parpitié,bredouillaMcDuff.Jeferain’importequoi.Nemetuezpas.—C’estçaquemananat’adit?Ellet’asuppliédenepaslestuer,elleetsonenfant?LesyeuxdeMcDuffseremplirentd’horreur,etcelâchesemitàpleurer.L’odeurâcredel’ammoniac

s’élevasoudain,etDrakeetseshommesconsidérèrentMcDuffavecdégoût.Ilétaitentraindesepisserdessus.— Je ne savais pas qu’elle était enceinte ! hurlaMcDuff. Je vous le jure. Je ne savais pas ! Je ne

voulaispasluifairedemal.—Ahoui?demandaDraked’untonimplacable.Tunel’aspasfrappéeenpleinetêtequandtul’as

enlevéedanslarue?Jenet’aipasvulagifler?McDuffpleuraitetbredouillaitpourdebonmaintenant,etDrakeavaitbeauavoirenviedeprolonger

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l’agoniedecemoins-que-rien,ilvoulaitàtoutprixretrouverEvangelinepours’assurerqu’elle–etleurenfant–allaitbien.En un tournemain, ce fut terminé.McDuff s’avachit, et Drake le laissa tomber au sol, avant de se

retourneraussitôtpouraboyerdesordresàseshommes.IltrouvaJusticeetl’interrogead’unhaussementdesourcils.—SilasetMaddoxl’ontemmenéeàlaclinique.Valaretrouver,Drake.Nousallonssécuriserlazone

etnettoyerleslieux.Zander l’attendait dehors pour le conduire àEvangeline,maisDrake tendit lesmains pour qu’il lui

donnelesclésdevoiture.—TurestesicipoursuperviserlenettoyageavecJustice.Jeconduis.ZanderpenchalatêtesurlecôtéetdévisageaDrakeuninstant.—Tuesenétatdeconduire,mec?Tuaseuunedurejournée.—Pasautantqu’elle,rétorqua-t-il.Donne-moicesputainsdeclés.Zanderlesluidonnasansautrecommentaire.Cependant, alors qu’il s’apprêtait àmonter dans la voiture,Drake fut stoppénet par la question de

Zander.—Tuescontent?Personnen’aposélaquestion.Maistuescontentpourlebébé?Ilyavaitunavertissement tacitedanslaquestiondeZander :siDrakelaissaitentendrequ’iln’était

pasheureuxqu’Evangelinesoitenceinte, seshommesseproposeraientpours’occuperd’elleetdesonenfant.Ilfaudraitluipassersurlecorps.—Jesuisplusheureuxquetunepourraisl’imaginer,ditDraked’untonégal.Maismapriorité,c’est

Evangeline, et m’assurer qu’elle n’est pas blessée. J’espère de tout mon cœur qu’elle pardonneral’impardonnable.Zandergrimaçaethochalatête.—C’estunefemmebien,Drake.Lameilleure.—Oui,jesais.Àlaclinique,DraketrouvaMaddoxetSilasentraindefairelescentpasdevantlasalled’examen.En

levoyant,ilssefigèrenttouslesdeux.—Commentva-t-elle?s’enquitDrake.Lapeuretl’inquiétudepulsaientdanssesveines.Silashaussalesépaules.—Onne saitpas encore.Elle est restée inconsciente tout le trajet.Elle aouvert lesyeuxquand le

docteurestarrivé,maisc’étaitcommesi…jesaispas,mec.Elleétait làmaisellen’étaitpas là.Ellen’étaitpasconscientedecequil’entourait.Siellesavaitquinousétions,ellenel’apasmontré.Ellen’apasditunmotdepuisquenousavonsquittélaboucheriepourl’amenerici.—Bonsang,pestaDrakeenmettantsonpoingcontrelemur.Voussavezsilebébévabien?—Non,désolé,réponditMaddoxàvoixbasse.Nousavonsprévenulemédecin,etiladitqu’ilferait

uneprisedesangpourvérifierson tauxdeHCGpourconfirmersielleestbienenceinte,commenousn’avonsqu’untestdegrossesseachetéenpharmacieàmoitiéeffacé.Drakesefigea.Celaneluiétaitpasvenuàl’espritqu’ellepuissenepasêtreenceinte.Dèsqu’ilavait

vu le test, l’enfant était devenu bien réel pour lui. L’idée de perdreEvangeline ou leur bébé lui étaitinsupportable.Sielleperdaitleurenfant,elleneluipardonneraitjamais.Elleneluipardonneraitpeut-êtrejamais,qu’ilyaitunbébéoupas,etquipouvaitleluireprocher?

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—Depuiscombiendetempsest-ellerevenueàelle?ditDraked’unepetitevoix.Ilfautquejelavoie.— Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas entrer, commenta Silas. Maddox et moi voulions

seulementluilaisserautantd’intimitéquepossible.N’en demandant pas davantage, Drake ouvrit la porte et s’arrêta net en voyant le visage livide

d’Evangeline.Elleétaitallongéesurunlit,barrièresrelevées,couverted’undrapléger.Elleportaitunebloused’hôpitaletavaitlespaupièrescloses.Lemédecinsetenaitprèsdulit,oùilconsultaitdesrésultatsd’analyse.IllevalatêteenvoyantDrake.—Commentva-t-elle?—Ça ira, l’apaisa lemédecin. Elle a juste été un peu amochée. Elle va avoir un bonmal de tête

pendantquelquesjours,maisàpartça,toutvabien.—Lebébé?s’enquitDrake,lapeurauventre.Lemédecinsourit.—Les résultats d’analyse sont normaux. Son taux deHCGest normal pour une femme à six à huit

semaines de grossesse. Elle ne s’est pas encore réveillée pour que je puisse la questionner sur sonderniercyclemenstruel,maisjepensequelagrossessen’estpastrèsavancée.La tension qui contractait lesmuscles deDrake s’apaisa quelque peu et ses épaules s’affaissèrent,

soulagéqu’ilétaitdesavoirqu’Evangelineetleurenfantallaients’ensortir.—Jepeuxlarameneràlamaison?Lemédecinfronçalessourcils.—Sonétatd’inconscienceprolongéeestinquiétant,maisvulescirconstances,iln’estpassurprenant.

Elleasubiuneexpériencetraumatique,etparfoisnotrecerveauagitpournousprotéger.Jenem’opposepasàcequevouslarameniezàlamaison,puisquevousn’aurezqu’àlafairemonteraudernierétagedel’immeuble;cependant,jevoudraisvenirl’examineraumoinsunefoisparjour,etappelez-moisivousavezdesquestionsoudesinquiétudesconcernantsonétat.Jeveuxêtreprévenusur-le-champsisonétatdesantéévolue.Pattyvousdonneraunelistedesignesàguetter,etsiellemontreundessymptômesdelaliste,vousdevrezimmédiatementlaramenericioul’emmeneràl’hôpitalleplusproche.—Merci,ditDrakesincèrement. Jevaisprendre soind’elleetm’assurerqu’elle se repose jusqu’à

êtrecomplètementrétablie.Lemédecinsourit.—Jen’endoutepas.Et,Drake?Félicitations.Vousferezunexcellentpère.ÀlagrandesurprisedeDrake,quandilseretournaversEvangeline,elleavaitlesyeuxouverts,rivés

surleplafondau-dessusd’elle.Ilseprécipitaàsonchevetetentrelaçasesdoigtsauxsiens.—Ange?Bébé,jesuislà.Tuesensécuritémaintenant.Vousêtestouslesdeuxensécurité.Plusrien

nepeuttefairedemal.Ledocteurditquetupeuxrentreràlamaisonavecmoi.Tuveuxbien?Maisellenefitpasmined’avoirentenduunseulmot.Commesiellenel’avaitmêmepasremarqué.

Son regard fixeétait sidistantqueDrakeeutunmauvaispressentiment. Il jetaun regarddésespéréaumédecin,quigrimaçaavantdevérifierlessignesvitauxd’Evangeline.BonDieu, était-ce sa faute ?Drake était-il responsable ?Elle n’était plus qu’une coquille vide. Si

fragile,àdeuxdoigtsdesebriser.Oupeut-êtrequ’elles’étaitdéjàbrisée,etqu’ilnecontemplaitquecequ’ilrestaitdesoncorpsmorcelé.Illapritdanssesbras,lesyeuxfermés,etpressaseslèvrescontresachevelure.—Reviens-moi,Ange,supplia-t-il.Reviensàlamaison.Toutvabien.Nemequittepas.Jet’aime.Je

suisdésolédenepastel’avoirdit,maisj’avaispeur.Tellementpeur.Maistum’asdonnéducourage.Tum’as rendu fort. Tum’as donné la force d’affronter le pire, car avec toi, je peux tout surmonter. Dumomentquetuesavecmoi,monamour.Dumomentquenoussommesensemble.

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—Jeveuxrentreràlamaison,ditEvangelined’unepetitevoixéteinte.Chezmesparents.Drakesefigea,partagéentrejubilationqu’ellesoitéveilléeetaitretrouvél’usagedelaparole,etle

désespoirqueluiinspiraientsesmots.Lagorgenouée,ilreculalentementpourvérifierqu’elleétaitbienconsciente.Sesyeuxétaientternes,

sanscetétincellementquiladéfinissait.Sonvisageétaitneutre,inexpressif.Elleauraittoutaussibienpuêtreentraindediscuterdelamétéo:ellen’avaitaucuneémotion,nicolère,nipassion,nicouleursursesjoues.—Ange, je t’enprie, dit-il d’unevoix rauque.Laisse-moi une chancede t’expliquer. Il y a tant de

chosespourlesquellesjedoistedemanderpardon,tantdechosesquejedoisrectifier.Jet’enprie,rentreàlamaisonavecmoi.Laisse-moim’occuperdetoietlaisse-moit’expliquer,m’excuser.Jesaisquejeneméritepastadouceur,talumière,tonamour,maisAnge,jet’ensupplie.Donne-moiunedernièrechance.Jetejurequetuneleregretteraspascettefois.Àl’apathiesuccédalapaniquesursonvisage.Ellecommençaàsedébattre,jusqu’àcequ’illalâche

enfin.—Jeveuxrentrerchezmoi,répéta-t-elle,toujourssurlemêmeton.Éteintetterne.Commesesyeux.Sonlangagecorporel.Sonexpression.Ellecherchalemédecinduregard,lesuppliantdelasoutenir.«Ausecours.»Ilfallaitêtredemarbre

pournepasréagiraudésespoirquiselisaitdanssesyeux.MaislemédecingardalesilenceetdévisageaEvangeline,lessourcilslégèrementfroncés.Drakefermalesyeux,essayantenvainderavalerlenœudquimenaçaitdeluivolersonsouffle.Ilétait

auborddeslarmesetclignafurieusementdesyeux,refusantdecraquer.Sijamaisilrenonçaitaucontrôledesonsang-froid,ils’effondreraitetsebriseraitenmillemorceaux.—Ange,murmura-t-il. Rentre à lamaison avecmoi. Chez nous.Accorde-moi ça aujourd’hui et je

n’exigeraijamaisplusriendetoi.Parpitié,laisse-moimeracheter.Jenepeuxpasvivresanstoi.Jeneveuxpasvivresanstoi.Sanstoi…Ilsetut,refusantd’exprimerlaréalitédecequ’ilétait,ouplutôtn’étaitpas,sanselle.Ilnepouvait

imaginersaviesanselle.Ilaimaittoutchezelle.Ilaimaitlechaosqu’elleavaitsemédanssaroutinesiorganisée. Il était si facile de l’aimer, impossible de ne pas l’aimer. Tous ceux qu’elle rencontraittombaientsoussoncharme,grâceàquelquessouriresinnocentsetquelquesmotsgentils.Siseulementilavaitprisconsciencedesonamourpourelleplustôt.Siseulementilluiavaitaccordésaconfianceaussifacilement.Oh,cen’étaitpascommes’ilvenaittoutjustedetomberamoureuxd’elle.Seulement,ilavaitbêtement

refuséd’admettrelavérité:qu’ilétaittombééperdumentamoureuxd’elleàlasecondeoùceravissantangeblondauxyeuxbleusétaitentréd’unpashésitantdanssonclub.Sonsortavaitétéscellélorsdeleurpremierbaiser.Ungestepossessif,symbolique.Etilavaitencoreetencoregâchécequ’ilavaitdeplusbeaudanssavie.—Sanstoi,jenesuispasentier,dit-ilpéniblement.—Jeveuxrentreràlamaison.Mamanm’attend.Elles’agitapourlapremièrefois,sesyeuxetsavoixtrahissantsapaniqueetsondésespoir.Sesdoigts

se tordaient sur le drap fin qui couvrait ses jambes, son émoi émanant d’elle par vagues presquetangibles. Il sentaitsadétresse,soncorps toutentier tremblait, lesombressemêlantauxbleussursonvisagelarendaientsivulnérable,terrifiéeet…abattue.Celalerendaitfurieux.Sonange,abattue?C’étaitunetigresse,quidansl’immédiatressemblaitàun

chaton maltraité, recroquevillée sur le lit, se faisant toute petite, restant loin de lui comme s’il étaitresponsabledesamaltraitance.

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Maisn’était-cepaslavérité?Ilavaitenviedevomir.Ilavaitenviedetaperdanslesmurs.Ilavaitenviedepleurerpourtoutcequ’il

avaitfait–ettoutcequiluiglissaitentrelesdoigts.Lemédecinl’avertitd’unregard,sepenchaendirectiond’Evangeline,puissecoualatête.Lemessage

étaitclair.Laissez-la.Elleestfragile.Nelapoussezpas.Laissez-luiletempsdeguérir.Laissez-lapartir.—J’enverraimonrapportavecelle.Ilfautqu’ellesefasseexaminerlà-basdèsquepossible,déclara

lemédecinàvoixbasse.Detouteévidence,lemédecinpensaitqu’ilvalaitmieuxnepasforcerlajeunefemme.Celapourrait

luifaireperdrelepeudecontrôlequiluirestait,etauquelelles’accrochaitcommeàunebouée.Iln’avaitpasbesoindeledire.Celaselisaitsursonvisage.Pris depanique,Drake semit à trembler de tout son corps.La laisser partir ?Cela lui briserait le

cœur,maisc’étaitunchâtimentmérité.C’étaitluiquil’avaitconduiteici.Ellenelefuyaitpas.C’étaitluiquil’avaitrepousséesanshésitationniremords–surlemoment.Ilregrettaittellement.Maisilétaittroptard.Ilavaiteuleplusprécieuxcadeauquelaviepuisseoffrir–leplusbeaucadeaudesavie–etill’avaitcruellementrejeté.Ill’avaitrejetéeetavaitrejetétoutcequ’elleluiavaitdonné,sansjamaisriendemanderenretour.Sauf…laseulechosequ’iln’avaitpasétéprêtàoffrir.Saconfiance.Safoiabsolueenelle.Cettefoi

indéfectibleetinconditionnellequ’elleavaitenlui.Ilétaitlepiredesmonstres.Commesonpèreetsamère.Ilnes’étaitpasélevéau-dessusdesonpassé.Ilenétaitdevenul’incarnation.Evangelineregardafrénétiquementautourd’elle,leslarmesauxyeux,audésespoir.Drakecaressatendrementsescheveuxemmêlés.Puisilsepencha,incapablederésisteràl’enviede

poser ses lèvres contre sa chevelure d’or. C’était une bénédiction. Un geste de regret. De chagrin.D’excuses.Etd’amour.Unamoursifortarrivétroptard.Ilneluiavaitpasdonnécedontelleavaiteuleplusbesoin.Saconfiance,safoi,sonamour.Maisaumoinspouvait-illuidonnerceci.—Jevais te ramenerchez toi,Ange.Ne t’inquiètepas.Jevaism’occuperde tout.Repose-toietne

pensequ’àteremettred’aplombetàoubliertoutça.Oh,bonsang,faitesqu’ellenem’oubliepas,moi.Il refusait d’y songer, d’imaginer sa vie sans sa lumière pour bannir les ombres qui peuplaient les

tréfondsdesonâmedepuistroplongtemps.D’unecertainemanière,ilnesavaitcomment,elledevaitluirevenir.Ilrefusaitdeconsidérertouteautreoption.Sinon,ils’effondreraitpourdebon.Elle sedétenditunpeu,mêmesiuncertain troubleassombrissait encore son regard.Commesi elle

doutaitqu’illuidiselavérité.Maiscommentleluireprocher,alorsqu’ils’étaitmontrésiimpitoyable?Sentantqu’ilsombraitpetitàpetit,illapritdanssesbras,laserranttendrementcontresoncœur–qui

lui appartenait. Il était à elle. Il enfouit son visage dans ses cheveux,mouillant quelquesmèches deslarmesquicoulaientsurlestraitstorturésdesonvisage.Ilpleuraitensilence,camouflantsonchagrinetsondésarroidanssacheveluresoyeuse.Ange,monamour.Telaisserpartirestlachoselaplusdurequ’ilm’aitétédonnédevivre.Oùquetu

ailles, prendsmon cœur.Mon âme. Tout enmoi. Je serai toujours avec toi. Tu hanterasmes rêveschaquenuit, chaqueheurede la journée,et jepriepourqu’un jour tu reviennes làoùest taplace.Auprèsdemoi.D’icilà,jeneseraijamaisentier.Tuesmamoitié.Lemeilleurenmoi.Laseulechosebienquej’aiejamaistouchée,aimée,serréecontremoncœur.Sanstoi,jesuisperdu.Pouvait-on vivre avec unemoitié de cœur et une âme brisée, ternie par une vie de péchés ? Elle

méritaittellementplusquecequ’illuiavaitdonné.Elleméritaitplusquel’hommequ’ilétait.Etpourtant,ellel’avaitchoisi,etill’avaitcruellementtrahie.Infinimenttriste,ilcontemplaEvangeline,quipendait

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mollementdanssesbras.Cen’étaitpasvrai.Onn’avaitpasbesoind’uncœurpourvivre,carlesienluiavait été arraché le jour où Evangeline était entrée dans sa vie et le lui avait volé. Jamais il ne lerécupérerait, jamais il ne se sentirait vraiment vivant, jusqu’à ce que – àmoins que –Evangeline luirevienne.Soncœurvivaitenelle,faisaitpartied’elle,depuisquelquesmois,et ilnevoulaitpaslerécupérer.

Pasàmoinsqu’ilvienneavecelle.

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Chapitre33

Evangeline regarda le paysage sans le voir alors que l’avion atterrissait dans le petit aéroportmunicipal qui se trouvait à une demi-heure seulement de sa ville natale. De l’autre côté de l’allée,MaddoxétaitassisfaceàSilasetl’observaitensilence,l’airsoucieux.Ilenétaitainsidepuisqu’ilsavaientdécollédeNewYork,maiselleavaitrefusédecroisersonregard

detoutletrajet,préférantfairesemblantdedormirouregarderparlehublot.Néanmoins,ellevoyaitlesdeux hommes du coin de l’œil, et ils n’avaient pas l’air content. Non, ils étaient même absolumentfurieux.Celaauraitpul’agacer;aprèstout,pourquoiétaient-ilsfurieux?Pourautant,laréelleinquiétudequi

selisaitdansleursyeuxétaitplusforteencorequelacolèrequetrahissaientleursmâchoirescontractées.Ils se relayaientpour la surveiller, lamettantmalà l’aise.À laseule forcedesavolonté,elleétait

parvenueàresterstoïqueetenapparenceinconscientedeleursregardsinsistants.Ellesavaitqu’ilsétaientencolèrecontreDrake,etcelaauraitdûluiréchaufferlecœurdesavoirque

leurfoienelleétaitsiinébranlable.Maiselleneressentaitqu’unetristesseaccablanteàl’idéequeceshommes aient en elle une confiance absolue et n’aient pas douté d’elle une seconde, alors queDrake,l’homme qu’elle aimait, l’homme dont elle pensait qu’il l’aimaitmême s’il n’avait pas prononcé cesmots,l’hommeavecquielleavaitprévudepassersavieetd’avoirdesenfants,l’avaitjugéeenunéclairavantdelamettredehors.Avecunefureurfroide,unregardglacialetimpénétrablequinelavoyaitpas.Non,ill’avaitexcluedesaviesanshésiter.Ellebaissalesyeuxsursonventreplat,oùson–leur–enfantétaitniché,sansquesaprésencesevoie

encore,etellefermalesyeux.Aumoinsunepartiedesonrêveperdurerait.Elleporteraitsonenfant,unseul,etn’auraitriend’autredelui.Ellen’auraitpassonamour.Enfin,ellen’avaitjamaiseusonamour.Seulementl’idéefollequ’ill’aimaitmaisétaittropdominant,tropstoïque,tropréservépourleluidire.Elleavaitpenséqu’illuiavaitprouvésonamourdetouteslesmanièresquicomptaient,etparcequ’elleavaitcruqu’ill’aimait,lesmotsn’avaientpasétéimportantsàsesyeux.Seulscomptaientsesactes.Maistoutcelan’avaitétéqu’unrêve,etellenepouvaits’enprendrequ’àelle-mêmedes’êtreimmergéedansunmondeimaginaire,d’avoirignoréladureréalité,denepasavoirvulavéritéavantqu’ilnesoittroptardpoursepréserverd’unanéantissementtotal.Ellesoupiradesoulagementquandl’avionsedirigeaverslepetitbâtimentoùsesparentsl’attendaient

pourlarameneràlamaison.Pourvuqu’elletiennelecoup,aumoinsjusqu’àcequeSilasetMaddoxluiaient dit au revoir et soient remontés dans l’avion pour rentrer à New York. Alors seulement, elles’autoriseraitàpleurerdanslesbrasdesamère.Ellenes’humilieraitpasdavantageencraquantdevantleshommesdeDrake.Safiertéavaitdéjàétéirrémédiablementabîméequandelles’étaitmiseàgenouxdevantlui,devantseshommes,pourlesupplierdelacroire,del’écouter.Elleavaittantsupplié,maissessuppliquesétaienttombéesdansl’oreilled’unsourd.C’étaitcommesielleparlaitàunestatuedepierre,cequeDrakeétaitdevenuàl’instantoùlepolicierl’avaitfaussementdénoncée.Elleavaitleslarmesauxyeuxmaisserralesdents,refusantdecraquerdevantSilasetMaddox.—Evangeline,ditMaddoxàvoixbasse,maussade.Elletournalatête,sonregardpassantbrièvementsursonvisageavantdefixerunpointau-dessusde

sonépaule.

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—Noussommesarrivés,mabelle.Tesparentst’attendentdehors.Lorsqu’ellevoulutselever,Silasapparut,etenroulasamainsoussoncoudepourl’aideràselever.

Maddoxetluil’aidèrentàdescendrel’escalierquiavaitétéapposécontrelaportedel’avion.Sesparentsne se tenaientqu’àquelquesmètresde là,maisMaddox leur fit signede leur laisser, à

Evangeline,Silasetlui,quelquesinstants.Sonpèrehochalatêtedepuissonfauteuilroulant,leslèvrespincéesalorsqu’ilinspectaitl’apparencedesafille.Ellesavaitqu’elleétaitenpiteuxétat,maispourquoimentiretmasquerlessignesdesonabattement?

Elleauraitde toute façon ruinésonmaquillageet sacoiffureen fondanten larmesdans lesbrasdesamère.Maddoxpritunedesesmainsdanslessiennes,etpoussaunsoupirtriste,cequilasurprit.—Evangeline,regarde-moi,dit-ildoucement.Ellefermalesyeux,auborddeslarmes.Ohnon.Ellenepouvaitpasfaireça.—Bébé,regarde-moi,s’ilteplaît?Tunepeuxmêmepasmeregarder?Es-tudoncsiencolèrecontre

nousaussi?Sesparolestrahissaientpeineetregrets,expriméssurletondel’excuse.Elleouvritlesyeuxettrouva

aussitôtsonregard.—Non!s’écria-t-elle.EllesetournaversSilaspourvoirsiluiaussipensaitqu’elleétaitencolèrecontrelui.Sonexpression

était indéchiffrable. À l’exception… de ses yeux. Ils semblaient affligés. À vif. À nu. Lui qui étaittoujourssiimpénétrable…Ellen’enrevenaitpas.—C’estdifficile,s’étranglaEvangelineenserrantlamaindeMaddox.—Jesais,chuchota-t-il.Viensmefaireuncâlin.Tesparentsonthâtedeteretrouverettamèreveutte

chouchouter.Evangelinese jetadans lesbrasdeMaddox,etmalgrésonsermentdenepaspleurer,elleversade

chaudeslarmesdanslesbrasdeMaddox.— Silas et toi êtesmes amis les plus chers,murmura-t-elle. Je ne vous oublierai jamais, ni votre

gentillesse.Etvotresoutien.C’esttoutpourmoi.Maddoxdéposaunbaiseraffectueuxsurlesommetdesoncrâneetrecula.Puisilpassasondoigtsur

sajouehumide,etécartaunemèchedecheveuxmouilléedesonvisage.—Tuesunefemmeremarquable,Evangeline.Jesuisheureuxdet’avoirconnue.Elleluiadressaunsourirefébrileavantqu’ilnelapousseendirectiondeSilas.—Ilyaquelqu’und’autrequivoudraittedireaurevoir,luisoufflaMaddox.Evangelineavançapasàpas,hésitante.PuisSilasécarta lesbrasetellese jetacontre lui.Sesbras

l’enserrèrentcommeunétau,tremblants.—Tuvastellementmemanquer,s’étrangla-t-elle.—Tuvasmemanquer,poupée,dit-il,lavoixserréeparl’émotion.Prendssoindetoietdupetit.Puisils’écartaetluisoulevalementonpourqu’elleleregardedanslesyeux.— Si jamais tu as besoin de quelque chose, si tu veux entendre la voix d’un ami ou que tu as

simplementbesoindeparler,tuasmonnuméro.Compris?Ellehochalatête,incapablederetenirleslarmesquiruisselaientsursonvisage.Ellebaissalesyeux

etl’éclatdelabagueendiamantqueDrakeluiavaitdonnéeaccrochasonregardavantdedevenirfloucommeleslarmesinondaientsesyeux.Sa bague de fiançailles. Le dernier objet qui la liait à Drake. Elle l’avait complètement oubliée.

Lentement,elle laretiradesondoigt.Ellen’enavaitpasbesoin.Elleavaitsonbébé,etc’était leseulsouvenirdeDrakedontelleavaitbesoin.

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ElletenditlabagueàSilas,etluiditd’unevoixbrisée:—RendsçaàDrakepourmoi,s’ilteplaît.—Unmessage?demanda-t-ilavecdouceur.Ellesecoualatête.—Iln’yarienàdire,dit-elleavectristesse.—Prendssoindetoi,poupée.Maddoxetmoinesommesqu’àuncoupdefild’ici.Souviens-t’en.Elles’efforçadesouriretantbienquemal,maissoncœursebrisaitenmillemorceaux.—Maddoxettoiferiezmieuxdeprendresoindevous,sermonna-t-elle.EtdeDrake.Prenezsoinde

luiaussi.C’étaitdouloureuxdeprononcersonnom.Commeuncoupquiluifaisaitperdrel’équilibre.Maddox

passasamainsoussonbrasetlacalasoussonépaule.—Allez,mabelle.Tesparentst’attendent.Bienqu’ellesesoitjurédenepass’effondreravantqueMaddoxetSilassoientpartis,elleéclataen

sanglotsàl’instantoùsamèretenditlesbrasverselle.

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Chapitre34

Evangelinecontemplalacuisinedesamèreavecrépugnance.Onauraitditqu’unetempêteétaitpasséeparlà.Casseroles,poêles,saladiers,paquetsouverts,cartonsetsachetsvidesétaientéparpillésunpeupartout.Unboutduplandetravailétaitcouvertdefarineetlaplaquedecuissonavaitbienbesoind’êtrerécurée.Elleavaithâtedes’ymettre.Riendemieuxpoursedébarrasserdelafrustrationaccumuléequedes’attaqueràdescouchesdegraisseetderestesdenourriture.Un peu perplexe, son père avait fait remarquer qu’elle avait suffisamment cuisiné pour faire des

réserves pour l’invasion des zombies. Et il n’avait pas tort. Elle avait cuisiné, stocké, et congelésuffisammentderepaspourqu’ilstiennenttoutleprintempsetunepartiedel’été.Avecunsoupir,elledécidaqueçasuffisait. Ilyavaitune limiteàcequ’ellepouvaitcuisineravant

d’arriverauboutdesprovisionsqu’elleavaitachetéesàpeinequelquesjoursauparavant.Elles’assitsurletabouretàl’îlotpoursereposeruninstantetpassamachinalementsamainsursonventreencoreplat.Comme elle s’y attendait, enmême temps que l’élan d’amour et de joie qu’elle ressentait toujours

quand elle pensait à son bébé vint une vague de chagrin si puissante que si elle n’avait pas été déjàassise,elleseseraitécrouléedanslachaiselaplusproche.Celafaisaitunmois.Unmois!Elleavait l’impressionquec’étaithier.Ellenedormaitpas.Etbien

qu’elle ait passé ces quatre dernières semaines à cuisiner comme une obsédée, elle ne supportait pasl’idéedeconsommerunseuldesesplats.Et chaque jour, sa conscience était tourmentée. Il fallait qu’elle dise àDrake qu’elle était enceinte.

Touts’étaitdéroulésivite.Elleavaitétépersuadéequ’elleallaitmourir,et,uneminuteaprès,Drakeetses hommes étaient apparus comme des anges vengeurs et… ? La suite était floue. Il y avait eu unmédecin.Drakequi luiparlait, lesyeuxnoirsde…quoi,aujuste?Elle tentadeserappeler,mais toutétaitconfus.Illuiavaitparléavecsérieuxetpassion,maislesimplefaitdeleregarderluiavaittranspercélecœur,

etlaseulechosesurlaquelleelleavaitpuseconcentrer,lesseulsmotsqu’elleavaitpuprononcer,c’étaitqu’ellevoulaitrentrerchezelle.Oùelleseraitensécurité.Pouréchapperàladouleur.C’étaitstupide.Commesiellepourraitunjouréchapperàladouleurd’avoirperduDrake.Néanmoins,

elledevaitluidirequ’ilallaitêtrepère.Quoiqu’ilpensed’elle,mêmes’ilnel’aimaitpas,ilméritaitdelesavoir,etellen’étaitpassivindicativequ’elletentedel’empêcherdevoirsonenfant.Cequ’ilferaitdecettenouvelledépendaitdelui,maiselleluidirait.Celaletoucherait-ilseulement?Croirait-ilquec’étaitbienlui,lepère?Ilavaitsipeuconfianceen

ellequ’iln’étaitpasinvraisemblabledepenserqu’ilnieraitquec’étaitsonenfant.Ilyavaitdestestsdepaternité,biensûr,maiselleneleforceraitpasàacceptersonenfant.S’ilnevoulaitrienavoiràfaireaveceux,ellerefusaitdeluiimposerunenfantqu’ilnedésireraitpas.JamaisellenelaisseraitsonbébéconnaîtrelamêmeenfancequeDrake.Délaissé.Nondésiré.Peut-êtreaprèssonrendez-vouschezlemédecin.Soncœurbonditdanssapoitrineàl’idéed’allervoir

l’obstétricienquesamèreavait trouvé.Etsielleavait imaginé le testdegrossessepositif?Etsielleavaitsidésespérémentvouluêtreenceintequ’elleaitrefouléunrésultatnégatif?Non.Quandelleétaitrentrée, elle était allée faire des examens rapides chez le médecin de famille, qui avait confirmé sagrossesse mais lui avait conseillé de prendre rendez-vous avec un gynécologue-obstétricien. Et le

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spécialisten’avaitpaseuderendez-vouslibreavantcettedate.Aprèslerendez-vous,elleprendraitdesdécisionsfermesconcernantsonaveniraulieuderesterdans

leflou.Ellegrimaça:toutecettesituationn’étaitpasjustepoursesparents.Samère la surveillait et s’inquiétait.Elle rôdait, anxieuse, veillant sur elle à tourde rôle avec son

père.Maisilsnelapoussaientpas,nelapressaientpas,et,plusimportantencore,samèreneparlaitninesecomportaitaveccondescendanceenversEvangeline.Elleneluidonnaitpasdepetitetapesurlatêteenluidisantquetoutiraitbien,queletempsguérissaittout,etelleneluirebattaitpaslesoreillesavecd’autresclichéssurlechagrind’amour.ElledittrèshonnêtementàEvangelinequebiensûr,ellesouffrait,etbiensûr,elleétaitdévastée.Elle

aimaitDrakeetl’amournedisparaissaitpascommeça,enuneheure,unjour,unesemaineouunmois.Ceseraitunprocessuslentet toutcequ’ellepouvaitfaire,c’étaityallerunjouraprèsl’autresansjamaisregarderplusloinniseforceràoublierunhommequ’elleaimaitdetoutsoncœuretdetoutesonâme.Elleadoraitsamèreetsasagesseinfinie.Unesagessequeseuleunemèrepossède,glanéependantdes

annéesd’expérienceetaffûtéeparl’amourqu’elleressentpourl’enfantqu’elleaportépendantneufmois,puisnourripendantsesannéesd’apprentissage.Peuimportaitqu’Evangelinesoituneadulte.Onn’étaitjamaistropgrandpouravoirbesoindesamaman.SamèreavaitcalmementditàEvangelinequ’elleavaitbesoindetempspourfairesondeuil.Quede

biendesmanières,c’étaitlamêmechosequelamortd’unêtrecher,maisenpire,carcettepersonneétaitencorevivante,quelquepart,maisonnepouvait la toucherqu’avec lesyeux.Au figuré.Avec lamortvenait l’irrévocabilité. La conscience que vous aviez perdu cette personne pour toujours.Dans le casd’Evangeline,elleavaitbeauêtredévastéeetnepasvouloirrécupérerDrake,ellel’aimaitencore,illuimanquait, et au plus profond de son cœur, elle avait encore une faible lueur d’espoir que les chosess’arrangentetqu’ilspuissentseretrouver.Chaquejourpasséloindeluiétaitdoncunnouvelenfer.Evangelineétaitadmirativedevoirquesamèrelaconnaissaitsibien,combienelleétaitintuitive,car

elleavaitvutoutjuste.Oui,Evangelineavaitl’espoirsecret–etbiennaïf–que,parmiracle,Drakeetellevivraient heureux jusqu’à la finde leurs jours et que son enfant aurait sonpère.Et chaquematin,quand elle se réveillait seule dans un lit vide et queDrake luimanquait, elle enfouissait sa tête dansl’oreilleretpleurait.AgacéequeDrakeoccupetoutessespensées,etmalgréseseffortspourl’enbanniretsedistraireavec

desmarathonsencuisine–envain–,elleseleva,jetaletorchonsurlequelelles’étaitessuyélesmains,etattaqualeménage,aprèsavoirrangéledernierdesrepaspréparésdanslecongélateurdéjàsurchargé.Ellenettoya,frotta,astiquaetpassalaserpillièrejusqu’àcequelacuisinebrilledemillefeux.Quand

elleeutfini,elles’appuyauninstantcontrelebalaiet,d’unsouffle,chassaunemèchedecheveuxdesesyeuxpour inspecter son travail.Sesparents, commed’habitude, l’évitaientquandelle entraitdansunefrénésiegastronomique,sachantquec’étaitsamanièreàelled’affrontersonchagrin.Sansgranderéussite.—Jepeuxentrer?demandasamèredepuislaporte.Evangelinetournasurelle-même,unsourireauthentiqueauxlèvres.—Maparole,tun’aspaschômé!Evangelinevidal’eausaledansl’évieravantd’étendrelaserpillièresousleporchedederrièrepour

la faire sécher.Quand elle revint, elle alla tout droit vers samère et la serra dans ses bras. Samèrel’étreignit,mais,lorsqu’elles’écarta,ellesemblaitperplexe.—Evangeline,qu’est-cequinevapas,chérie?Evangelinesourit,malgréleslarmesquibrillaientdéjàdanssesyeux.—Rien.Jevoulaisjustequetusachesquejet’aimeetquejesuisinfinimentreconnaissantedevous

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avoir,papaettoi.Jenesaispascommentj’auraisfaitsansvous.Lesyeuxdesamèreseradoucirentetsonvisages’illuminad’amouretdetendresse.—Oh,machérie,moiaussi,jet’aime.Jen’aimepastevoiraussimal.Iln’yariendeplusfrustrant

pourunparentquedevoirsonenfantsouffrirsansrienpouvoiryfaire.—Tuyfais,maman.Tasimpleprésencemeréconforte.Papaettoiavezétémerveilleux.Ellesoupiraetparcourutlacuisineàprésentimmaculéedesyeux.—Jepensequ’ilfautvraimentquejeterendetacuisine.Samèreéclataderire.—Jenesaispas.C’estplutôtagréabledesavoirqu’onn’apasbesoindecuisinerpourlessixmoisà

venir.Evangelineluiadressaunsouriretriste.—J’imaginequeçavautmieuxquelaméthodeclichépourseremettred’unchagrind’amour:manger

unkilodechocolatparjourenregardantdesfilmstristes.Samèrelevalesyeuxauciel.—Jet’ailaisséefairecequetuvoulaisdanslacuisineparcequeçanefaitdemalàpersonne,maisje

vais te mettre la fessée si tu prends de mauvaises habitudes. Aucun homme ne vaut ce niveaud’autodestruction.Etpuis,ilfautquetupensesàtonenfant,maintenant,dit-elleavecdouceurenattrapantlamaind’Evangeline,qu’elleserrapourlaréconforter.Ellesepritàimaginersonenfant.UnpetitgarçonquiressembleraittraitpourtraitàDrake.Unepetite

filleavecsescheveuxblondsetlesyeuxnoirsdesonpère.Ouunefilleauxcheveuxetauxyeuxnoirs.Elleseraitsibelle.— En parlant de ça, poursuivit sa mère comme si elle n’avait pas remarqué le silence soudain

d’Evangeline–orsamèrevoyaittoujourstout–,tuterappellesquetuasrendez-vouschezlemédecindemainà13heures?Commesiellepouvaitoublier.Celafaisaitunesemainequ’ellenepensaitqu’àça.Ellehochalatête.—Tuvienstoujoursavecmoi?Elleavaitbeauavoiressayédeledireavecdésinvolture,l’angoisseétaitperceptibledanssavoix.Sa

mèrelapritdanssesbras.—Jenemanqueraisçapourrienaumonde,machérie.Tuportesmonpetit-filsoumapetite-fille!J’ai

hâtedeconnaîtreletermeapproximatifpourquenouspuissionsnousorganiser.Etj’aidéjàcommencéàcoudrepourlebébé.Descouleursneutres,biensûr,avantdesavoircequec’est.Evangeline sourit, tout excitée. C’était la première fois depuis longtemps qu’elle éprouvait un

sentimentpositifaussigrisant.Ellevoulaitlegarderaucreuxd’elle-mêmeetnejamaislelâcher.—Oh, j’ai hâte ! Jen’arrivepas à savoir si jeveuxungarçonouune fille.Franchement, çam’est

égal!Jel’aimedéjàtellement,dit-elleavecpassion.J’aihâtederencontrermonbébéetdelatenirdansmesbras.Samèresourit,lesyeuxpétillantsdemalice.—Tuviensdedire«la».Espères-tusecrètementquec’estunefille?Evangelinerit.— Non. Franchement, je m’en fiche. J’alterne entre « il » et « elle » pour ne pas donner plus

d’importanceàl’unouàl’autre.—Brenda!Oùêtes-vousdonc,touteslesdeux?appelasonpèredepuislesalon.Samèreplaquasamaincontresabouche.—Oups!Jemesuistellementlaisséprendrequej’aicomplètementoubliépourquoij’étaisvenueici.

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Tonpèrem’envoietekidnapper.Illanceunfilmetveutquenousleregardionstousensemble.Evangelinepassasonbrassousceluidesamèreetleserraavecaffection.—Alorsallonsnousasseoiravecpapapourluitenirunpeucompagnie.

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Chapitre35

Evangelineneditpasunmotsurlecheminduretourducabinetmédical.Sielleavaitétéeuphoriquequandl’obstétricienavaitprescrituneéchographievaginalepourdéterminerletermeetqu’elleavaitvuetentendulebattementdecœurdesonbébé,latristesses’étaitemparéed’ellequandelleavaitquittélacliniqueavecsamère.LeschosesauraientétésidifférentessiDrakeetelleavaientencoreétéensemble.Surlepointdese

marier.Attendantunbébé.Ilseraitvenuaurendez-vousavecelleetilsauraientpartagélajoiedevoirleurenfantpour lapremière fois.Au lieudecela, elle étaitunedecesmèrescélibatairesquidoiventendurerleurgrossessesanslesoutiend’unpartenaire.Elleregardaaveuglémentparlafenêtre,leslarmesauxyeux.Ilétaittempsqu’ellearrêtedepleureret

qu’ellesereprenne.Qu’elleacceptelaréalité.Drakeétaitunfantasme.Unrêveimpossibleparcequ’ilnepouvaitpasluifaireconfiance,croireenelle,etellenepouvaitpasêtreavecunhommequiavaitsipeufoienelle.Sonbébéetelleméritaientmieux.Elle se frotta le ventre, encore émerveillée par les images sur l’écran à l’échographie. Il fallait se

réjouiretprofiter,etellerefusaitdelaisserDrakeDonovanluigâcherceplaisir.Unenfantétaitsourcedecélébration,etellerefusaitqu’unseuldoutesubsiste:cetenfantétaitaiméetelleledésiraitdetoutsoncœur.Samèresegaradansl’alléeetjetaunregardpresquenerveuxàEvangeline,quil’interrogeaduregard.

Pourquoisamèrelaregardait-elleainsi?Maissonexpressiondisparutaussivitequ’elleétaitvenue,etquandsamèreluisouritgaiement,Evangelinesedemandasiellen’avaitpastoutimaginé.—Allonsmontrerl’échographieàtonpère!Lecœurd’Evangelineseserraetelleplaqualesimagescontresapoitrine,lecœurbattant.Ellesourit

àsamèreetlesdeuxfemmessortirentdevoiture.Samèreentralapremièredanslamaisonet,àlagrandesurprised’Evangeline,ellealladroitdanssa

chambre,laissantsafilleplantéedansl’entrée,confuse.Ellesecoualatête,necomprenantpasl’attitudeétrange de samère, puis elle se dirigea vers le salon pour trouver son père et partager les dernièresnouvelles.Maislorsqu’elleentradanslesalon,elles’arrêtanet,souslechoc,leregardrivésurl’hommequise

tenaitàl’autreboutdelapièce,lesmainsdanslespoches,entraindecontemplerlejardinparlafenêtred’unairsongeur.Puisilseretournaetleursregardssecroisèrent.Drake.Son ventre se serra. Que faisait-il ici ? Elle retint son souffle : ses yeux d’ordinaire inexpressifs,

indéchiffrables, reflétaient une vulnérabilité à vif. Il semblait… tourmenté. Il avait le teint terne et onaurait dit qu’il n’avait pas dormi ni mangé depuis des semaines. Il avait l’apparence de ce qu’elleéprouvait.Quefaisait-ilici?Elle ouvrit la bouche pour parler,mais elle en était incapable. Elle se retrouva donc à le fixer du

regard,bouchebée,lecœurenlambeaux.—Jevoulaisêtrelààl’heurepourlerendez-vous,dit-ild’unevoixrauque.Maisl’avionn’apaspu

décolleràcausedelaglace.Jesuisdésolé.Jesuisvenuaussivitequej’aipu.

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—Tusais?Elleétaitsouslechoc.Drake,lui,semblaconfus.—Ange,jelesaisdepuislejouroùtul’asappris,dit-ilavecdouceur.Tutesouviensdujouroùnous

t’avonssauvéedetonravisseur,tuterappellesquenousétionsinquietsqu’ilsoitarrivéquelquechoseaubébé?Ellesecoualatête.—Jenemerappellepasgrand-chosedecettejournée,murmura-t-elle.Ellelevalesyeuxverslui,lecœurlourd.—C’estpourçaquetueslà?Àcausedubébé?Iljuraettraversalapiècecommepourvenirlaprendredanssesbras,maishésitaquandilarrivaàsa

hauteur,commes’ilavaitpeurqu’ellelerejette.—Jem’inquiètepourlebébé,oui.Maisjem’inquièteplusencorepourtoi.Jesuisiciparcequejene

peuxpasvivresanstoi.Jesuisiciparcequej’aitantdechosesàtedire,Ange.Avantqu’ellenepuisserépondreàsadéclaration,ilsemitpéniblementàgenouxdevantelle,pritses

mainsdanslessiennes,etlevaverselleunregardsuppliant.—Jetesupplied’écoutercequej’aiàdire.Jet’enprie.Evangelinen’enrevenaitpas.Drake,vulnérable,lestraitshagards,adoptaitunepositiondesoumission

et d’humilité. Les larmes lui nouèrent la gorge, tandis que la douleur et le chagrin avec lesquels elles’était efforcée de faire la paix refaisaient surface etmenaçaient de se libérer, commeun barrage quicède.— Tu as refusé de m’écouter, dit-elle avec difficulté. Je t’ai supplié à genoux, et tu ne m’as pas

écoutée. Tu as refusé deme laisser une chance. Pourquoi devrais-je te laisser la tienne ? Je t’ai toutdonné,Drake.Tout.Masoumission.Monamour.Maconfiance.Maloyauté.Et tum’astoutrenvoyéenpleinefigure.Commesituattendaisquej’échoue.Tuvoulaisquej’échoue.Etquandtuascruquec’étaitarrivé,tuétaisimpatientdemejeterdehors.Tusaiscequej’airessenti?Elleétaitàboutdesouffle,enlarmesbienmalgréelle.Ellelesessuyadureversdelamainetdétourna

leregard,incapabledesoutenirsonregardimplorantuneminutedeplus.—Tuasraison,dit-ilsuruntoncalmeetabattuqu’elleneluiconnaissaitpas.Elleposadenouveaulesyeuxsurlui;ellen’arrivaitpasàcroirequ’iladmettaitqu’elleavaitraisonet

qu’ilavaiteutotalementtort.Ilresserrasonétreinteautourdesesmainscommes’ilavaitpeurqu’elleluifileentrelesdoigts.Ill’avaitdéjàperdue,etpasparcequ’ill’avaitlaisséepartir.Ill’avaitcruellementéjectéedesavie.—Pourquoies-tuvenuàmarescousse,Drake?demanda-t-elle,faisantfidesonaveu.Pourquoiavoir

prislapeinedemesauverdesgriffesdecethommeaffreux?Jepensaisquetuauraisétéheureuxd’êtredébarrassédemoi.Le visage deDrake vira du blanc au gris, couleur de son chagrin et de ses regrets. Il semblait tant

regretter qu’il étaitmêmepénible de le regarder.Lorsqu’il reprit la parole, il revint à son aveu, à saprécédenteaccusation.— Je sais que je nemérite rien venant de toi,Ange. Pasmême un regard, et certainement pas ton

amour.Mais je te supplie, comme tum’as supplié, dem’écouter. Si après, tu ne veuxplus jamaismerevoir,jepartirai.Maistoietnotreenfantserezàl’abri.Toujours.Elle déglutitmais ne répondit pas – elle ne lui dit pas « non » non plus. Elle ne dit rien. Elle se

contentadelefixerduregard,fébrile.—Tu as raison, j’attendais que tu échoues, dit-il en grimaçant. Je t’ai dit un jour quemes propres

parentsnem’aimaientpas,alorscommentquelqu’und’autrepouvaitm’aimer?Tupensespeut-êtreque

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cesontdesinepties,maisc’estvrai.Personnenem’ajamaisaimé,etpuistoi…Ilsetutetavalasasalive,etellefutstupéfaitedevoirunelarmeaucoindesonœil.—Puisjet’airencontréeettum’asmontré,davantagequetunel’asdit,quetum’aimais.Chaquejour.

Danschaqueacte,chaquegeste,chaqueregard.Tum’asmontrécequec’est,l’amour.Etjet’aimontrécequecen’étaitpas,dit-ilàregret.Jen’arrivaispasàcroirequetum’aimais.Moi.Pasmonargent.Pasmonpouvoir.Tum’aimais,moi, l’homme,et tuvoulaisseulementmonamourenretour.Pas leschosesquejepouvaist’acheternilemodedeviequejepouvaist’offrir.Tuastoléréceschoses,parcequecelaimpliquaitlavieavecmoi.Unsourireamusédansasurseslèvresàcettepensée.—Tumefaisaispeur,monange.Jen’avaispasderéponsepourtoi.Jenesavaispasquoifairedetoi.

Alorsquec’étaitsisimple.Tunevoulaisquemonamour,etc’étaitlaseulechosequejenepouvaispastedonner.Elleinspira,lapoitrineserrée.—Jenepensaispaspouvoirtedonnermonamour,souffla-t-il.Maisj’avaistort.Jet’aiaiméedèsle

début.Jenelesavaispas.Commentlepouvais-je?Jen’avaisjamaisressentid’amourdansmavie.Jesavaisseulementque,quandj’étaisavectoi,monmondes’illuminait.Jen’étaisheureuxqu’avectoi.Jevoulaisfairetoutcequiétaitenmonpouvoirpourterendreheureuse.Je…t’aimais.Elle le regardaavec tristesse, secouant la têteavantmêmequ’il arriveauboutdesadéclaration. Il

serrasesmainsentrelessiennespourluidemanderdelelaisserfinir.—J’étaissipersuadéquepersonnenepourraitjamaism’aimerquejen’aireconnul’amourquetrop

tard.Quandj’aicruquetum’avaistrahi,j’étaisdévasté.J’étaissimalheureuxquejemesuisemportéetaiditetfaitdeschoseshorribles,méprisables.J’airéagicommeunanimalblesséetj’aivouluresterseulpourmemorfondreetpleurerlapertedecequej’avaiseudeplusbeaudansmavie.Ilsetutuninstantetrespiraungrandcoup.—Les jours passant, j’ai commencé à réfléchir : était-ce si grave si tum’avais trahi ?Était-ce un

crimesiimpardonnable,vutoutcequejetecachais?J’exigeaisuneconfianceaveugledetapartenneterévélantriendecettepartiedemavie.Qu’étais-tucenséepenser?Jesuissûrquetuimaginaislepire.Ettoi, étant celle que tu es, si bonne et innocente, tu n’aurais pas été capable de vivre avec ce genred’homme.Alorspourquoinepasfairecequ’ilfallaitetmepiéger?—MaisDrake,jenet’aipaspiégé!Ilserradenouveausesmainsdanslessiennes.—Jesais,Ange,jesais.Cequejeveuxdire,c’estquetum’astellementmanqué,etquejet’aimais

tant,quej’étaisprêtàtepardonnermêmesitul’avaisfait.Etpuis…etpuisj’aicommencéàrepenseràdeschoses.Et j’aidouté. Je trouvaisdifficile à croireque tupuisses faireunechose si contraire à tanatureaimanteetloyale.J’étaisauplusmal,jeremettaischaqueaspectdemavieenquestion.Quandlevéritabletraîtreaétédémasqué,j’avaisdéjàprisladécisiondeteretrouver,d’implorertonpardon,etdefairetoutcequ’ilfaudraitpourterécupérer.Ilfermalesyeux.Leslarmesroulèrentsursesjoues.—Parcequejemesuisrenducomptequejet’aimais.Jet’aimedetoutmonêtre.Avectoutcequej’ai.

Lejourdetadisparition,j’aiditàtamèrequejet’aimaisetquequoiqu’ilarrive,jeteretrouveraisetteprotégerais.Quejamaisplusjenetelaisseraispartir.Evangelinesecontentadeledévisager,tropdéstabiliséepourcomprendrecequ’ildisait.—Tun’avaispastoustesespritsquandnoust’avonsamenéeàmaclinique,soupiraDrake.Tusavaisà

peineoùtutetrouvais.Jet’aisuppliée.Jet’aiditquejevousaimais,toietnotreenfant.Jenedemandaisqu’àteramenercheznousetàpassermavieàréparermeserreurs.Maistoutcequetuasdit,c’estquetu

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voulais rentrer à lamaison. Chez tes parents. Tu étais si fragile, j’aurais fait n’importe quoi pour terendreheureuse.Alorsjet’ailaisséepartir.Ilsetut,lavoixétranglée,etdétournalatête.Elleeutmalgrétoutletempsdevoirsontourment.Tout

cequ’elleavaitressentisereflétaitdanssesyeux.— Mais je suis resté en contact avec tes parents, tous les jours. Cherchant la moindre miette

d’information.Jedévoraischaquepetitdétailcommeunhommeaffamé.Jenepouvaispasresterloindetoipluslongtemps,Ange.Jesuismalheureuxsanstoi,etjepensequetuesmalheureusesansmoi.Nousnesommesentiersquelorsquenoussommesensemble.Jesaisque j’aibeaucoupdechosesàmefairepardonner.Jepasseraimavieentièreàmeracheteretàexpiermespéchés.Maisjet’enprie,laisse-moilachancedeterendreheureuse.Jesaisquejelepeux,Evangeline.Siseulementtumedonneslachancequejen’aipassut’accorder.Lesgenouxd’Evangelinemenaçaientdesedérober.LesmainstoujoursenserréesparcellesdeDrake,

elle se laissa lentement glisser vers le sol. Alarmé, Drake se leva, la prit dans ses bras, et la portajusqu’aucanapéoùilladéposacommesielleétaitlachoselaplusprécieuseaumonde.Puisils’assitàcôtéd’elle,demanièreàluifaireface.Elle se sentait étourdie et faible, son cœurbattait si fort que tout se troublait autourd’elle.Elle ne

voyaitplusquelebeauvisagedeDrake,ravagéparlesémotionsqu’elle-mêmeressentait.Pouvait-ellelecroire?Luifaireconfiance?—Dis-moiuneseulechose,Ange,implora-t-il.Ilsetutetileffleurasajoue.Quandilleretira,sondoigtétaithumide;ellenes’étaitpasrenducompte

queleslarmescoulaientsansretenuesursesjoues.—Est-cequetum’aimesencore,ouai-jetuétoutesleschancesquetum’aimesdenouveauunjour?Ellebaissalatête.Seslarmess’écrasèrentsursesmainsnouéessursesgenoux.Commelesilencese

prolongeait,letondeDrakesefitplusdésespéréencore.—Ange?Savoixsebrisaetelleleregardaàtraverssescils;unesouffranceindicibles’étiraitsursestraits,et

ilfaisaitsoudainbeaucoupplusquesestrente-sixans.—J’aipeur,avoua-t-elled’unevoixenrouée.J’aipeurde t’aimer,Drake.Tuas tantdepouvoirsur

moi.Tuaslepouvoirdemerendreplusheureusequejamais,maisaussidemedétruire.Celameterrifie.—Oh,machérie,dit-il, lecœur lourd.Ne le sais-tupas?Tuas lemêmepouvoir surmoi. Jen’ai

jamaisétéaussimalheureuxquelemoisdernier,etavantquetuledises,jesaisquec’estmafaute.Jelesais.Mais tum’asapprisquelquechosed’important :cen’estpasgraved’êtrevulnérable.D’aimeretd’êtreaimé.Tum’asapprisqu’aimerestlaplusbellechosequisoit.Jenepeuxpasvivresanstonamour.Jeneveuxpas.Etjetejurequetunevivrasjamaissanslemien.—Tum’aimesvraiment?Elleétaitencoresursesgardes,avaitpeurdecroire,defaireconfianceaprèstantdesouffrance.—Cequejet’aifaitmebriselecœur.Quetupuissesdouterdetoutl’amourquej’aipourtoi.Mais

est-cequejet’aime?Jet’adore.Jet’aimeplusquetout.Tueslaseulepersonnequej’aiejamaisaimée.J’aiconfianceenmesfrères.J’aiunlienindéfectibleaveceux.Jeleurdonneraismavie.Maistoi,Ange,tuesmavie.Monmonde.Maraisondevivre.Ilposasamainsursonabdomen,caressantsonventre.—Toietnotreenfant,dit-ild’unevoixrauque.Jet’enprie,rentreàlamaisonavecmoi.Toietlebébé.

Laisse-moi vous aimer, vous chérir, vous protéger.Ou, si tu ne supportes pas de vivre en ville, nousdéménageronsici.L’endroitoùnousvivonsm’estbienégaltantquejesuisavectoi.Ellereculalatête,surprise,lesyeuxécarquillés.

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—Tupourraisvivreici,prèsdechezmesparents?Ilhochalatête,levisagesérieux,laminegrave.Elleeut labouchesèchesoudain,et s’humecta les lèvres.Elle tremblait.Soncorps réagissaitenfin.

Elledevaitrêver.C’étaitimpossible.Elleétaitdansunrêve.Ellefermalesyeux.Cen’estpasréel.—Ouvrelesyeux,Ange.Regarde-moi.Vois-moi.Voismonamourpourtoi.Jet’assurequec’estbien

réel.Jesuisréel.Ellenes’étaitpasrenducomptequ’elleavaitpenséàvoixhaute.—Toutcequetuasàfaire,c’esttendrelamainetprendrecequetuveux.C’estàtoi.Jesuisàtoi.Elle tendit lebras avechésitation, samain tremblait tellementqu’elle tressautait dans les airs.Elle

passasesdoigtssursabarbedetroisjoursetcaressasesjouesavecémerveillement.Sepouvait-ilquecesoit si simple?L’aimait-ilvraiment, etpouvaient-ils avoir ensemble laviedont elle avait tant rêvé?Pourlaquelleelleavaittantpleurélanuit,pensantqu’ellel’avaitperdue?—Disoui,murmura-t-il.Embrasse-moietdisoui.Elleledévisagealonguement,sondantsonregard.Ellen’ydécelaquevéritéetsincérité.Nisecrets,ni

mensonges,nitromperies.Ellerassemblasoncourageautourd’elleets’endrapa,tenantbon.Elleduts’yreprendreàplusieursfois,maisellefinitparêtrecapabledeledire.—Oui.Elle avait parlé si doucement qu’elle ne fut pas certaine qu’il l’ait entendue. Puis une étincelle

s’allumadanssesyeux,etellesutqu’il l’avaitentendue.Ellesedressaetpressases lèvrescontre lessiennestoutendélicatesse.Ilgrognapuispritsonvisageentresesmainsavectendresse,etl’embrassaavecautantdedouceur.Ellegoûtaleseldeslarmesqu’ilsversaienttouslesdeux.Drakeposasonfrontcontrelesienetferma

lesyeux.—Jet’aime,Ange.Hier,aujourd’hui,pourtoujours.—Moiaussi,jet’aime,dit-elle,lagorgenouée.Ilplongealamaindanssapochepourentirerlabaguequ’elleluiavaitrendueparlebiaisdeSilas.

Lesmainstremblantes,illuipassal’anneauaudoigt,poussantunsoupirdesoulagementlorsqu’ilfutenplace.—Je la trimballedansmapochedepuisqueSilasme l’a rendue, luiconfia-t-il. J’enaiétémalade

quandilmel’adonnée,etjen’aicesséd’espérerquelejourviendraitoùjeterepasseraiscettebagueaudoigt.Jure-moiquetunel’enlèverasplusjamais.Pourlapremièrefois,ellesourit,etilsemblastupéfait.Ilposasesmainssursonvisage,entraçales

contours,caressaseslèvresetsesjoues.—Jetelejure.—Humhum.Quelqu’unse raclait lagorgedepuis laporte. Ils se retournèrent tous lesdeuxpour trouver lamère

d’Evangeline,deboutderrièrelefauteuildesonmari,sesyeuxbleusluisantsdelarmes.—Çaveutdirequ’onaunmariageàorganiser?demandasonpèred’untonbourru.—Oui,mêmesijecomptel’épouserleplusvitepossiblepourqu’ellenechangepasd’avis,ditDrake

d’untonlaissantentendrequ’ilneplaisantaitpas.BrendaHawthornsourit.—Jecroisqueçapeutsefaire.Félicitations,machérie,dit-elleàEvangeline.Jesuissiheureuseque

vousvoussoyezréconciliés.Celanousdésolait,tonpèreetmoi,detevoirsimalheureuse.PuiselleconsidéraDrakeavecgravité.

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—Rendez-laheureuse, jeunehomme.Dieuvous a accordéunenouvelle chancede faire les chosesbien.Profitez-en.Les yeux deDrake étaient humides alors qu’il regardait tour à tour Evangeline et samère. Il serra

Evangelinecontrelui,commes’ilrefusaitdelalaisserpartir.—Jesuisbienconscientd’êtrel’hommelepluschanceuxaumondeetdenepasmériterEvangeline,

maisvouspouvezêtresûrequemaintenantquejel’airécupérée,jenelalaisseraiplusjamaispartir,etjepasseraimavieentièreàfairetoutcequ’ilfautpourlarendreheureuse.Vousavezmaparole.PuisilsouritàEvangeline,lesyeuxdébordantsdejoieetdesoulagement.Laréserveetl’airsombre

quihantaientd’ordinaireson regardavaient totalementdisparu.Lesombress’étaientenvolées. Ilavaitl’air…heureux.Aussiheureuxqu’ellel’étaitd’avoirvulavéritéetlasincéritédanssesparolesetsesactes.—Et,ajouta-t-ilavecunregardentenduendirectiondesesparents,ons’engageàvousdonnerautant

depetits-enfantsquepossible.

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Épilogue

Lavieilleégliseblanchieàlachauxdelapetitevillenataled’Evangelineavaitététransforméeenunédificesortitoutdroitd’uncontedefées.Draken’avaitpaslésinésurlesmoyensdanssadéterminationàlui offrir lemariage de ses rêves.L’intérieur était décoré d’un côté à l’autre d’élégantes cascades defleurs,dontcertainesavaientétéimportéesparaviondesquatrecoinsdupays.Ilyavaitdesmilliersdelumièresscintillantes,hommageàl’amourd’EvangelinepourNoël,mêmesic’étaitdéjàpassé,etellesétaientenrouléesautourdecompositionsetstratégiquementplacéespourmettrelesfleursenvaleur.Ironiedusort,cen’étaitpasEvangelinequiavaitsupervisénimêmechoisiladécoration,lesfleurs,ni

quoi que ce soit en rapport avec la cérémonie. Drake lui avait dit avec fermeté que sa mère et luis’occuperaientdetoutetqu’ilvoulaitseulementqu’ellesereposeetprennesoind’elleetdeleurenfant.À saplusgrande surprise, leshommesdeDrake avaient tousparticipé activement à lapréparation.

Silasavaitpersonnellementsupervisélescompositionsflorales.L’hommedemaindeDrakeavaitmaintstalentscachés.Ilavaitmanifestementlesensdel’artetdeladécoration.Aprèstout,c’étaitluiquiavaitemmené Evangeline se faire coiffer etmaquiller pour le gala de bienfaisance, et qui avait donné sesinstructionsaumaquilleursurlerenduqu’ilsouhaitait.Pourlemariage,ilenfutdemême.SilasavaitfaitvenirlemêmemaquilleurdeNewYorkdanscette

zoneruraleduMississippipourcoifferetmaquillerEvangelinepourlegrandjour.Assise dans une toute petite pièce réservée à lamariée, près de l’entrée de l’église, en face de la

garderie, Evangeline contemplait son reflet dans le miroir d’un œil critique. Oh, elle ne s’était pashabillée ni n’avait été coiffée etmaquillée ici.Unprofessionnel avait passépresquedeuxheures à lacoifferetà lamaquillerdans lamaisondesesparents,etunefoisqu’ilavaitétésatisfaitqu’ellesoit,selon ses propres mots « la perfection absolue », elle avait été conduite à l’église en voiture,accompagnéedeSilasetMaddox.Ellefutescortéeenhâtejusquedanslapetitepiècedel’églisepoursereposer–ordredeSilas–etpourfairedesretouchessinécessaireavantd’êtreconvoquéedevantl’autel.Quandlemomentfutvenu,onfrappadoucementàsaporte.Elleeutdespapillonsdansleventre,qui

voletaientdansunecacophonienerveuse.Samèreattrapasamainetlaserraentrelessiennes,deslarmesbrillantdanssesyeuxattendris.—CedoitêtreSilas,mapuce.Tonpèreattenddansl’entrée.Tuesprête?Evangelinedéglutitnerveusement,maiselleétaitsiheureuseetimpatientequ’elleeutl’impressionque

son sourire pouvait éclipser le soleil tant il rayonnait.Elle hocha la tête, la bouche soudain sèche, lecorpssecouéde frissonsd’excitation,puisellese levagracieusement–dumoins,aussigracieusementquepossible–avecl’aidedesamère.—Evangeline,ditSilasavecchaleurquandelleouvritlaporte.Tuessublime,mabelle.Ellebattitdescilspourchasserseslarmes,etlavoixdeSilaspritletondelaréprimandealorsqu’il

luitapotaitlecoindesyeuxaveclepouce.—Pasdeçalejourdetonmariage.Tonstylisteamisdeuxheuresàtepréparer.Jet’assurequeDrake

vatousnousdécapitersijeluidisquelacérémonieestrepousséeparcequetudoisterefairemaquiller.Evangelineéclataderirepuis,suruncoupdetête,jetasesbrasautourdeSilaspourleserrercontre

elle.—Tuesvraimentmonamilepluscher,chuchota-t-ellecontresontorse.

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Silas l’étreignitaffectueusementet l’embrassasur le front.Puis il la fitpivoteret l’aidaàserendredansl’entrée,oùsonpèrel’attendaitdanssonfauteuilroulant.Drakeconsultasamontre,sourcilsfroncésavecimpatience.Iltapaitdupieddroit,lesonétoufféparle

tapisquirecouvraitlesalléesdel’église.L’église.Ce sacrilège le fit grimacer intérieurement. Lui et ses hommes dans une église ? Ils avaient de la

chancequelebâtimentnesesoitpasenvoléquandilsavaientpassélesportes,etqu’aucund’entreeuxn’aitétéfrappéparlafoudre.Quellevisionextraordinairedevoirsesfrèresdansuneéglise.Avecleurscostumesdemarque.Même

les plus rebelles,Zander et Jax, qui se fichaient de ce que les autres pensaient, s’étaientmis sur leurtrente et un pour l’occasion.Aucun n’avait voulu vexerEvangeline, non pas à cause d’une éventuellemenacedeDrakeoudeSilas,maisparcequ’ilsl’adoraienttousetqu’ilss’enseraientvouludeluicausertoutedétresse.Ilyavaitpeudemonde.Enréalité,lesseulespersonnesquiassistaientàlacérémonieendehorsdes

hommesdeDrakeétaient lesparentsd’Evangeline,unoudeuxprochesquihabitaient toujourslapetiteville,etdeuxdames,amiesprochesdeBrenda,qu’Evangelineappelaitsestantes.DanscettepetitevilleduSud, lesamisprochesétaient traitéscommedesmembresde lafamille.Drake l’avaitvitecompris.EvangelineavaitadoptélamêmepolitiqueconcernantDrakeetseshommes.Ellelesconsidéraitcommesafamille.Etmauditsoitceluiquis’enprendraitàsafamille.Lesbancsdel’égliseétaientséparésendeuxcôtés,pourlafamilleetlesamisdumariéetceuxdela

mariée.Seshommesétantlesseulsinvités–oupresque–,ilss’étaientinstalléssurunemêmelignedesdeuxcôtésdel’archeminutieusementdécorée,symboledesoutienpourEvangelineetlui.Autantdeseshommess’étaientinstallésducôtéd’Evangelinequedusien,deleurproprechef,sansmêmequeDrakeaiteuàleleurdemander.Maddoxfitunpasenavant.PostéjustederrièreDrake,ilétaitàl’endroitoùSilassetiendraitquandil

auraitfinid’aiderEvangelineetsonpèreàremonterl’allée.—Aucundoute?luisouffla-t-ilàl’oreille.—Çanon!Drakegrimaça,gênédes’êtreainsiemporté,etcoulaunregardaupasteur,quiavaitl’airdetrouverça

drôle,pours’excuser.Maddox,lui,éclataderire.—C’estbiencequejepensais.Drake se renfrogna. Pourquoi avoir posé la question, dans ce cas ? Néanmoins, il ne daigna pas

répondreàlamoqueriedesonhomme.Ilconsultadenouveausamontre.Qu’est-cequiprenaitautantdetemps?Evangelineétaitprêtequandelleétaitarrivéeàl’église.Unedemi-heures’étaitécouléedepuis.Lasueurperlasursonfront.Etsielleavaitdesdoutes?Ilseretourna,aveclafermeintentiond’aller

trouverEvangelinepourlapresserdansl’allée–audiablelesconvenancesetlescérémonies–,lorsquelamusiqueretentit soudaindans l’église.Laportedufonds’ouvritpour révéler lamèred’Evangeline,escortéeparSilas.Attendezuneminute.Silasdevaitpousserlefauteuildupèred’Evangelinepourqu’ellepuisseêtreà

sonbras.S’ilescortaitBrenda,quiallaits’assurerqu’Evangelineetsonpèreremonteraientl’alléesansaccroc?Bon sang, il allait aller la chercher lui-mêmes’il le fallait. Il étaithorsdequestionqu’ilprenne le

risque qu’elle ait le temps de revenir sur sa décision. La seule idée d’arriver si près et qu’elle nel’épousepas?Cettepenséeluiétaitinsupportable.

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SilasaidaBrendaàs’asseoiretdéposaunbaiserdepureformesursa joue.Brendasouritaugrandgaillardetilséchangèrentquelquesmots.Drakefronçalessourcils:s’ilyavaitquelquechoseàdiresurEvangeline,c’étaitàluiqu’ilfallaitledire.PasàSilas.Pasàundeseshommes.Puis Silas se retourna, croisa le regard de Drake, et, avec un sourire décontracté aux lèvres, il

redescenditl’alléeenvitesseetdisparutderrièrelaportefermée.Àpeinetrentesecondesplustard,lamusiquechangea.Cen’étaitpas lamarchenuptiale traditionnelle,mais l’hymneà la joie,unechansonqu’Evangelineadoraitetdontelleavaitditqu’elleétaitlaplusreprésentativedeleurunion.Drakeétaitd’accord.Ladoubleportes’ouvritengrand,etDrakelavit.Ileutlesoufflecoupéetchancela,obligédefaireunpasdecôtépournepass’humilierentombantà

genoux.Maisbonsang.Jamaisiln’avaitvuunechoseplusbellequelafemmequ’ilaimaitdrapéedanslaplusélégantedesrobesblanches.Ellescintillaitdespiedsà la tête,paréedesesbijoux.Sachevelureblondetombaitencascadedanssondos,détachée,pasunemèchedetravers.Ellen’avaitpasdevoilequiluidissimulaitlevisage,etilenétaitextrêmementreconnaissant.Elleaffichaitunsourireradieuxquiilluminatoutel’église.C’étaitcommesionavaitenlevéletoitet

quelesrayonsdusoleilleséclairaient.UntelamouretuntelbonheurbrillaientdanssesyeuxbleuvifqueDrakedutravalerlenœudquimenaçaitdel’étouffer.Elle avançait au bras de son père, Silas poussant avec précaution le fauteuil roulant au rythme

d’Evangeline.Levisagedesonpèreirradiaitdefierté,torsebombé,têtehaute,maisdanssesyeuxluisaitunavertissementlimpide.Jevousdonnecequej’aidepluscheraumonde.Rendez-laheureuseouvousaurezaffaireàmoi.Sonpèren’avait aucun souci à se faire à ce sujet, car siEvangelinen’était pasheureuse,Drake en

souffrait.Point.Sonbonheurétaitlesien.Sonmalheurétaitlesien.Et,siDieulevoulait,jamaisplusilsneconnaîtraientlechagrin.TantqueDrakeavaitEvangeline,iln’imaginaitpasressentirlevidequesavietoutentièreavaitétéavantelle.PlusilsserapprochaientdeDrake,pluscedernieravaitenviedelarejoindre,delasouleverdansses

bras et de la traîner devant le pasteur pour qu’elle devienne sienne le plus rapidement possible.Légalement,s’entend.Carelleétaitdéjàsienne,etpersonnen’ypouvaitrienchanger.Lemariage,ouplutôtl’acteofficieldumariage,avaittoujoursétévidedesenspourDrake.Jusqu’àce

jour.Danssonesprit,unmorceaudepapieretunepromessedevantDieunereprésentaientrien.Pourtant,ils’étaitétonnammentretrouvéinsistantsurlesujet.Evangelineluiavaitditques’ilnevoulaitpassemarier,sicelalemettaitmalàl’aise,ilsn’étaientpas

obligésdelefaire.Sonamourluisuffisait.Non.Ilavaitfailliexploserquandelleavaitditça.Sapremièreréactionavaitétédeluidirequ’ilsallaient

semarier,quecen’étaitpasseulementimportant,c’étaittoutpourlui.Puissasecondepenséeluiavaitdonné des sueurs froides et il avait exigé de savoir si elle avait des regrets. Ne voulait-elle pas semarier?Ilrepoussacesmomentsdedésespoiretseconcentrasur lavisionquis’offraità lui.Bonsang,elle

étaitsibelle.Etelleluiappartenait.Toutentière.Silasfitralentiretstopperlefauteuil,etEvangelinesetourna,accordantuninstanttoutesonattentionà

sonpère.Deslarmesbrillaientdanslesyeuxduvieilhomme,etDrakeeutsoudainunaperçudufutur.LuiàlaplacedeGrantHawthorn,donnantleurfilleenmariage.C’étaitunesensationquilerendithumbleetleterrifiaàlafois.Donnerleurfilleenmariage?Etpuisquoiencore.Leurfillenesemarierait jamais–nin’auraitde

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petitscopains.Celaluiconvenaitparfaitementqueseshommesdemainsoientlesseulsmâlesdanslaviede sa fille – ou de ses filles, un jour, peut-être. Etmême eux ne seraient là que pour les protéger. Ilfrissonna en pensant à l’éventualité d’avoir plusieurs filles. Presque aussitôt, il imagina une demi-douzainedefilles,dessosiesminiaturesd’Evangeline.Ilsentitlesangquittersonvisageetsesgenouxs’affaiblirent.Sixpetitsanges?Ilseraitdansdebeauxdraps…etivredebonheur.Evangeline embrassa son père et il serra samain avant de poser une nouvelle fois son regard sur

Drake.Les hommes échangèrent des hochements de tête qui voulaient tout dire. Ils avaient un accord.Drakecomprenaitparfaitementlapositiondel’autrehomme.Silaspoussalefauteuilroulantpourleplacerauboutd’unbanc,àcôtédeBrendaHawthorn,puisil

pritEvangelineparlamainetlaconduisitlentementjusqu’àl’autel,oùilplaçalamaindelajeunefemmedanscelledeDrake.—Prendsbiensoind’elle,ditSilas,laminegrave.—Toujours,juraDrake.PuisSilasdisparutetiln’yeutplusqueDrakeetEvangeline.Laminusculemaindesacompagnedans

lasienne.Lesautress’évanouirent.SeuleEvangelineexistaitpourlui.Personned’autrenecomptait.Illaregardaavidement,tellementsoulagéquecejourarriveenfin,mêmesicelanefaisaitquedeuxsemainesquesonangeluiavaitpardonné.Cesdeuxsemaines–etlesquatrequiavaientprécédé–semblaientavoirduréuneéternité.Àprésent,laseuleéternitéqu’ilenvisageaitétaitcellequ’ilcomptaitpasseravecsafemme.—Drake,murmura-t-elleentirantgentimentsursamain.Ilfronçalessourcils,certainquecelan’étaitpasprévudanslacérémonie.Elleluisourit,luicoupant

lesouffle.—Lepasteurattend.Ah,mince.Illacontemplaitetremerciaitlecielavecunetelleferveur,qu’ilétaitrestéplantélàcommeunidiot,

bouchebée,aulieudesetenirprêtpourlacérémonie.Enfin…Quipouvaitleluireprocher?Ilépousaitlafemmelaplusdouce,laplusbelledumonde–àl’intérieurcommeàl’extérieur.Sicelanevalaitpasquelquesinstantsdecontemplationbéate,ilnesavaitpascequ’ilfallait.—Onnepeutpaslaisserfaireça,murmura-t-ilenresserrantsaprisesursamain,avantdelaporterà

sa bouche pour déposer un baiser dans sa paume, même si ce n’était pas prévu non plus dans lacérémonie.Jet’aime,Ange.Jet’aimetellement.Mercidem’aimer.Lesourired’Evangelineluiréchauffalecœur.Ellen’avaitpasl’aircontrariéqu’ilaittransgresséles

convenances,niquelepasteurattende,uneexpressiond’exaspérationamuséesurlevisage.—Moiaussi,jet’aime,Drake.Allez,tunecroispasqu’onaassezattenducommeça?Ilesttempsde

nousmarier.Oh oui, il était plus que temps. Plus il faisait traîner les choses, plus il devrait attendre avant de

l’attirerdanslachambrenuptialepourluifairel’amourjusqu’àenperdrelaraison.Commesielledevinaitladirectiondesespensées,Evangelinesourit,lesyeuxpleinsdemalice.Bon

sang, il n’avait soudain plus aucun souvenir des détails de la cérémonie alors qu’ils avaient fait unerépétitionlaveilleausoir.Commes’ilavaitbesoinqu’onluidisecommentfairepourquelafemmequ’ilaimaitluiappartienne!Seulement,sonespritétaitmaintenantpeupléd’imagesd’Evangeline–safemme– dans ses bras, dans son lit, enroulée affectueusement autour de lui pendant qu’il lui faisait l’amourautant de fois que c’était humainement possible. Et même après les avoir épuisés tous les deux, ilpenseraitencoreàluifairel’amouretàprévoirlemomentoùilpourraitdenouveaupénétrersoncorps.Etpuisflûte,ilallaitpeut-êtrepasserlerestedesavieavecsonsexeplongédanssachairtendre.Ily

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avaitpiremanièred’occuperlesannéesqu’ilavaitencoredevantlui.Iln’avaitjamaiscruauparadisetàl’enfer,maisenpeudetemps,Evangelineluiavaitprouvéqueles

deuxexistaient.Car,quandilétaitavecelle?C’étaitleparadis.Etsanselle…unvéritableenfer.Etsileparadis lesattendait,Evangelineet lui, après leurdernier jour surTerre? Il serait ravid’yêtreà sescôtés.Lesangesvenaientduparadis,etEvangelineétaitleplusdouxdesanges.Draken’avaitrienfaitpour

mériterlarédemption,nimêmeunaperçuduparadis,etpourtant,danslesbrasd’Evangeline,ilavaitétéplusprochedecettebontéqu’aucunhommenepouvaitl’espérer.Evangelinetiraunefoisencoresursamainetilsortitdesatranse,clignantdesyeux,confus.Leregard

delajeunefemmeétaitrieur,commesiellesemoquaitdelui.—Jecroisquec’estlàquetum’embrasses,murmura-t-elle.L’embrasser ? Ils enétaientdéjàà lameilleurepartiede tout ce truc?Ohoui !L’embrasser, ça, il

pouvait. Il comptait le faire souvent. Avec le moment où le pasteur les déclarerait mari et femme,l’embrasserétaitlemeilleurmomentdelacérémonie.Avecune révérence infinie, il fit glisser ses doigts et ses paumes sur sonvisage, caressa ses joues

roses, toucha la rondeur de ses lèvres, et saisit son menton dans sa main avant de se pencher pourcapturersabouche,frissonnantquandellesoupiradebonheur.Peuimportait lenombredefoisqu’il l’embrassait–et iln’avaitpasfaitgrand-chosed’autredepuis

leursretrouvailles–,c’étaittoujourscommelapremièrefois.Jamaisilneselasseraitdesapeau.Desachaleuretdesonamour.Sonbaiser s’intensifia, il la sentit se laisser aller contre lui, s’abandonna à sonbesoind’être aussi

proched’ellequepossible.Autourdelui,detrèsloin,ilentenditdesriresamusés,mêmetaquins,maisils’enfichait:ilavaitcequ’ilaimaitleplusaumondedanssesbras.Ets’ilneseméprenaitpas,etilavaitétéattentiflorsdelarépétition,embrasserlamariéevenaitaprès

que lepasteur les avait déclarésmari et femme.Cequivoulait direqu’il embrassait son épouse.Sonange.Lamèredesonenfantetdesnombreuxautresqu’ilavaitpromisdeluidonner.—Àmoi,murmura-t-ilavantdeplongersalanguedanssabouche,sanssesoucierdeceuxquiseraient

témoinsdesadéclarationpassionnée.—Àtoi,répondit-elle.Pourtoujours,Drake.Jet’aimeraitoujoursetseraitoujoursàtoi.Ilfermalesyeux,auborddeslarmes.Ill’aimaittant.Plusqu’ilseseraitcrucapabled’aimerunêtre

vivant. Il avait cru qu’il était impossible de l’aimer. Et pourtant, cette femme, qu’il venait d’épouser,l’aimaitsansconditions.Ellen’avaitjamaisdoutédeluietelleavaitpardonnél’impensablenonpasune,maisdeuxfois.Ilabandonnal’espoirdecontenir l’émotionqui lesubmergeaitetenfouitsonvisagedanssasublime

chevelure.Ilinspira,inhalantsipuissammentsonparfumqu’ildevintpartieintégrantedelui-même.—Moiaussi,jet’aime,Ange,dit-il,lavoixrauque.Jet’aimeraitoujours.Tueslafemmedemavie.Elles’écartaetposaunemainsursajoue,l’airinquiet.—Drake,monchéri,qu’est-cequinevapas?Ellesondasonvisage,voyantcertainementleslarmesbrillerdanssesyeux.Autrefois,ilauraitpréféré

mourirquedelaisseruneautrepersonnevoirunequelconquefaiblesseenlui.MaisEvangeline?Ilsavaitqu’ilseraittoujoursensécuritéavecelle.—Riendu tout, répondit-ilen luisouriant.Si jenem’abuse, lacérémonieest terminée,et tuesma

femme,madameDonovan.Ilétaitridiculementheureuxd’entendresonnomdefamilleassociéàEvangeline,etàenjugerparla

joiesoudainequiilluminasesyeux,iln’étaitpasleseulàéprouvercetteférocesatisfaction.

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—Cequiveutdire,poursuivit-ilenlaprenantparlamainpourseprépareràremonterl’alléeavecelle,sonépouse,qu’ilesttempsquej’emmènemafemmeenlunedemiel.Des éclats de rire retentirent dans l’église et il s’émerveilla de la beauté de ce son insouciant. Ils

avaientàpeinefait troispasquel’euphoriedeDrakeprit ledessus.Cettefemmeaimanteetgénéreuseétaitsonépouse!Illasoulevadanssesbrasetlaportadansl’allée;maisilnes’arrêtapasàlaporte,nepritpasletempsderemercierleursinvités,nid’attendrequeseshommeslesrattrapent.Ilsecontentadelaporterjusqu’àlavoiturequilesattendait,etilfitl’amouràMmeEvangelineDonovansurlechemindel’aéroport.

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LesouvragesdeMayaBanksfigurentrégulièrementsurleslistesdesbest-sellersduNewYorkTimesetdeUSAToday, aussi bien en romance érotique, contemporaine et suspense, qu’en romance historique.MayavitauTexasavecsonmarietsestroisenfants,deschatsetunchien.C’estunelectricederomancepassionnée,quiadorecommuniquersursescoupsdecœuravecsesfanssurlesréseauxsociaux.

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Dumêmeauteur,chezMiladyRomantica:

Àcorpsperdus:1.Succomber

2.S’abandonner3.Posséder

Àfleurdepeau:

1.Rush2.Fever3.Fire

Àboutdesouffle:

1.Maîtrisée2.Dominée3.Capturée

ChezMilady,enpoche:

KGI:

1.Ensursis2.SecondeChance3.Mémoirevolée

4.Murmuresnocturnes5.Sansrépit6.Sanspitié

7.Souscontrôle8.HauteTension9.Silencebrisé

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MiladyestunlabeldeséditionsBragelonneTitreoriginal:DominatedCopyright©2016MayaBanksPubliéavecl’accorddeBerkleyPublishingGroup,unlabeldePenguinGroup(USA)LLC,unedivisiondePenguinRandomHouse.Tousdroitsréservés.©Bragelonne2017,pourlaprésentetraductionPhotographiedecouverture:©ShutterstockL’œuvreprésentesurlefichierquevousvenezd’acquérirestprotégéeparledroitd’auteur.Toutecopieou utilisation autre que personnelle constituera une contrefaçon et sera susceptible d’entraîner despoursuitescivilesetpénales.ISBN:978-2-8205-2874-2Bragelonne–Milady60-62,rued’Hauteville–75010ParisE-mail:[email protected]:www.milady.fr

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CouvertureTitrePrologueChapitrepremierChapitre2Chapitre3Chapitre4Chapitre5Chapitre6Chapitre7Chapitre8Chapitre9Chapitre10Chapitre11Chapitre12Chapitre13Chapitre14Chapitre15Chapitre16Chapitre17Chapitre18Chapitre19Chapitre20Chapitre21Chapitre22Chapitre23Chapitre24Chapitre25Chapitre26Chapitre27Chapitre28Chapitre29Chapitre30Chapitre31Chapitre32Chapitre33Chapitre34Chapitre35Épilogue

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