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Dossier de presse - L’Alsace romaine

Dossier de presse - L’Alsace romaine€¦ · (Argentorate), oc-cupé de façon permanente à partir du Ier siècle. Des camps temporaires mis en place par l’armée en mouvement

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Dossier de presse - L’Alsace romaine

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2 allée Thomas Edison - ZA Sud - CIRSUD67600 SÉLESTAT

Tél. 03 90 58 55 34 Fax 03 90 58 55 35E-mail [email protected]

Le Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan - PAIR - est un établissement public émanant des Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Il intervient dans le domaine de l’archéologie en Alsace et exerce des missions scientifique, patrimoniale, éducative et culturelle.

Conception : PAIR, 2015

En couverture

Mise au jour d’un fragmentde la tête d’une statue de Jupiter,

Steinbourg, IIIème siècle.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

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CHRONOLOGIE ?

ÂGE DU FER

HAUT MOYEN ÂGE

HAUT EMPIRE

BAS EMPIRE

476

235

27 av. J.-C.Début du règne d’AugustePassage de la République à l’Empire

44 av. J.-C.

58 av. J.-C.

Conquête de l’espace gaulois par Jules César

Bataille de César contre Arioviste

Augusta Raurica

Conquête des Champs Décumates, éloignement du limes vers l’est

70 apr. J.-C.

75 apr. J.-C.

90 apr. J.-C.Argentorate

Perte des territoires à l’est du Rhin

Chute de l’Empire romain d’Occident

356

407-408

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’Alsace à l’époque romaine

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4-7AU DÉBUT DE L’HISTOIRE

INTÉRIEURS COUVERTURE

CHRONOLOGIECARTE DES SITES & COLLECTIONS

22-23ARTISANAT & COMMERCE

8-9LA PRÉSENCE MILITAIRE

24-25VIE QUOTIDIENNE

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Ce dossier pédagogique est destiné à accompagner la mallette pédagogique 2 ou 3 choses sur l’Alsace romaine.

Décliné sous différentes thématiques, il apporte des connaissances sur l’Alsace à l’époque romaine par le biais de l’archéologie et des découvertes récentes de façon synthétique et didactique.

Le dossier s’adresse aux enseignants, responsables de groupes ou professionnels de la culture. Associé aux différents supports de la mallette (restitutions d’objets, fi ches descriptives, documentation iconographique), il permet d’initier un travail ou un projet sur l’Alsace à l’époque romaine.

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LECTURES SITES & COLLECTIONS

CRÉDITS

20-21AGRICULTURE & ÉLEVAGE

10-19L’HABITAT

26-27CROYANCES & PRATIQUES FUNÉRAIRES

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Table de Peutinger, une des rares sources mentionnant le tracé des routes, les grandes villes et les cours d’eau de l’Empire, copie réalisée vers 1200 de la carte dressée au Bas-Empire. On y lit notamment le nom des villes (de gauche à droite) : Brocomagus, Argentorate, Helellum, Argentovaria, Cambete, Arialbinum.

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La période romaine dans la région est principalement connue par l’ar-chéologie, et plus marginalement

par des sources historiques. L’état de la recherche est cependant contrasté. Le début et la fi n de la période sont encore mal cernés pour le territoire alsacien, au contraire de certaines thématiques comme les pratiques funéraires, la pré-sence militaire, l’urbanisme, le monde rural ou l’artisanat de la céramique pour lesquelles les fouilles préventives récentes ont apporté de nouvelles don-nées.

Avant la conquête Le territoire de l’Alsace actuelle, peu-

plé de tribus gauloises et germaniques, regroupe des habitations principalement rurales appelées« fermes indi-gènes » (établis-sements agricoles isolés et parfois délimités par des fossés). Quelques oppida ou villes concentrent pou-voirs politiques, religieux et écono-miques.

Un renforcement des échanges entre les Gaulois et le monde méditerranéen est attesté à partir du IIème siècle avant J.-C., entraînant l’adoption d’un certain mode de vie « à la romaine » par les classes privilégiées gauloises. Diverses importations de produits dits de « luxe »comme l’huile, le vin, certaines parures

ou la vaisselle (terre cuite, bronze, verre) sont documentées. Ces liens s’accentuent avec la conquête de la Gaule Transalpine (actuel Sud de la France) entre 125 et 121 avant J.-C.

Quand les Romains arrivent-ils ?

Pour l’Alsace, les sources historiques mentionnent la bataille de César contre Arioviste en 58 avant J.-C. sans que l’on ne connaisse précisément le lieu, qui devait se situer dans le sud de la région. Si l’Alsace est conquise en même temps que l’ensemble de l’espace gaulois, la présence romaine est attestée à partir de la fi n du Ier siècle avant J.-C.

À ce moment,Auguste (de 27 avant J.-C. à 14 après J.-C.)procède à l’orga-nisation adminis-trative des terri-toires conquis. Il

crée trois provinces en Gaule : Aquitaine, Lyonnaise et Belgique. La Gaule Tran-salpine devient la Narbonnaise. Chaque province est administrée à partir d’une capitale et dirigée par un gouverneur, nommé par Rome. Située à la frontière de l’Empire, l’Alsace fait partie d’un dis-trict militaire particulier, la Germanie supérieure.

L’époque romaine en Alsace est marquée par l’intégration du territoire à l’Empire romain. Elle dure cinq siècles au cours desquels s’opèrent de profonds changements dans la culture et le mode de vie des populations.

AU DÉBUT DE L’ HISTOIRE

AQUITAINE

BELGIQUE

NARBONNAISE

GERMANIE SUPÉRIEURE

Rome

5

L’Alsace fait partie d’un district militaire particulier, la Germa-nie supérieure.

Ci-dessus : L’Empire romain au milieu du IIème siècle.

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Vue en coupe du rempart principal de l’oppidum, fi n IIème - début Ier s. av. J.-C.

Au Ier siècle après J.-C., l’armée romaine conquiert de nouveaux terri-toires sur la rive droite du Rhin appelés « Champs Décumates ». Deux nouvelles provinces sont créées : la Germanie su-périeure à laquelle est rattachée l’Alsace et la Germanie inférieure. Après deux siècles de stabilité relative, l’Empire, frap-pé par une intensifi cation d’incursions de peuples germaniques, abandonne ces terres de la rive droite du Rhin vers 260 après J.-C.

Au début du IVème siècle, l’Alsace est

intégrée au nouveau diocèse des Gaules et partagée entre les provinces de Ger-

manie I au Nord et de Grande Séquanie au Sud.

Organisation et aménagement du territoire

À l’intérieur des provinces, Rome crée des circonscriptions administratives :les cités, possédant chacune une capi-tale. L’administration et la gestion de ces territoires sont confi ées à des notables locaux qui contribuent fi nancièrement à la vie de la cité. Quatre d’entre elles par-tagent le territoire alsacien à l’époque romaine : la cité des Rauraques dont la capitale est Augusta Raurica (Augst, Suisse), la cité des Triboques dont la capitale est Brocomagus (Brumath), la cité des Médiomatriques dont la capitale est Divodurum (Metz), et enfi n celle des Némètes dont la capitale est Noviomagus (Spire, Allemagne).

Cette nouvelle organisation adminis-trative s’accompagne d’un aménagement du territoire. Villes et agglomérations sont développées, reliées entre elles par un important réseau routier. Le monde rural connaît également un essor impor-tant : l’occupation se densifi e, des éta-blissements de production agricole - les « villae » - apparaissent et de nouveaux terroirs sont exploités notamment dans les Vosges à partir de la fi n du Ier siècle après J.-C.

Situé au niveau du col de Saverne, l’oppidum du Fossé des Pandours est le plus important d’Alsace avec une superfi cie de 160 hectares. Site fortifi é, il était défendu par un double rempart (murus gallicus). Les fouilles archéologiques ont permis de caractériser des zones d’habitat et d’arti-sanat à l’intérieur de l’enceinte. Principalement occupé dans la première moitié du Ier siècle avant J.-C., il constituait un point de contrôle des voies de communication entre la Gaule et le Sud de l’Allemagne actuelle.

Saverne, OttersthalL’oppidum gaulois du Fossé des Pandours

La romanisation en question L’intégration des territoires gaulois à l’Empire romain

entraîne de profonds changements qui se manifestent dans différents domaines : la langue, l’écriture, l’alimen-tation, la religion, l’urbanisme, l’architecture ou encore le commerce. Ce processus d’acculturation constitue toutefois un phénomène lent et complexe, entamé bien avant la conquête et mêlant apports du monde romain, pérennisation, évolution ou disparition de traditions gauloises.

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Qui sont les Gaulois ?

Celtes établis en Gaule, territoires actuels de France, Belgique, Suisse et Nord de l’Italie pendant l’âge du Fer ; période qui s’étend de 800 à 50-30 environ avant notre ère, caractérisée par l’apparition et la maîtrise de la métallurgie du fer.

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SpireNoviomagus

NÉMÈTES

MÉDIO-MATRIQUES

RAURAQUES

TRIBOQUES

VOSGESVO

JURA

Rhin

Ill

Steinbourg

Duntzenheim

Scherwiller

Geispolsheim

Dehlingen

Mackwiller

Haegen-Wasserwald

Didenheim

Eckartswiller

Wiwersheim

Bergheim

Rosheim

Koestlach

Rixheim

Habsheim

Wintzenheim

Eckbolsheim

Eckwersheim

Ittenheim

Kuttolsheim

Nordheim

Ste-Croix-en-Plaine

Hartmannswiller

BrumathBrocomagus

AugstAugusta Raurica

SeltzSaletio

Niederbronn-les-Bains

ReichshoffenSarre-Union

Colmar

Sierentz

Wittelsheim

Bourgheim

SaverneTres Tabernae

Horbourg-Wihr

BenfeldHelvetum (?) Helellum (?)

Kembs Cambete

KoenigshoffenStrasbourgArgentorate

BiesheimArgentovaria (?)

WissembourgConcordia (?)

FriesenLarga (?)

Grussenheim

Turckheim

Niederhergheim

RouffachBiltzheim

Heiteren

EnsisheimBantzenheim

Mulhouse

Hirsingue

NÉMÈTES

habitat rural fouillé

cité

agglomération

agglomération supposée

capitale de cité

cours d'eau et canaux actuels

nom antiqueSaletio

0 20 kmN

MetzDivodurum

Principaux sites d’habitats connus de l’Alsace romaine, IIème siècle.

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Durant les périodes comprises entre 50 avant et 70 après J.-C. puis 260 à 410 après J.-C., le ter-

ritoire alsacien constitue une zone fron-tière située au contact des populations germaniques. Entre ces deux périodes, la conquête de territoires sur la rive droite du Rhin a repoussé les limites de l’Empire vers l’est.

La frontière de l’Em-pire, matérialisée par le limes, s’éloigne de l’Alsace pendant deux siècles. Il s’agit d’une zone militarisée marquant la frontière entre l’Empire romain et les peuples germains libres. Il est en général matérialisé par un talus de terre, surmonté d’une palissade en bois et précédé d’un fossé. À partir du Ier siècle après J.-C., l’armée romaine est concentrée dans la région du limes pour en assurer la surveillance. Cette situa-tion entraîne la présence permanente de troupes sur le territoire alsacien, at-testée à partir du règne de Tibère (14-37 après J.-C.).

Différents types d’occupation

Sur le limes, les soldats sont instal-lés dans des postes de garde ou des fortins (castella). Dans les provinces frontalières, des camps permettent de

loger les troupes. En Alsace, deux camps sont particulièrement bien

documentés : Œdenbourg-Biesheim, occupé au Ier

siècle puis à partir de la seconde moitié du IVème

siècle, et Strasbourg (Argentorate), oc-

cupé de façon permanente à partir du Ier

siècle. Des camps

temporaires mis en place par l’armée en mouvement ont également été découverts à Oberschæf-folsheim, Lampertheim et Mundolsheim. Ils étaient certainement destinés aux manœuvres ou aux déplacements.

LA PRÉSENCE MILITAIRE

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Camp militaire romain du Haut-Empirereconstitué à la fi n du 19ème s., Saalburg (DE)

Située aux confi ns de l’Empire romain, l’Alsace constitue à deux reprises une zone frontière entraînant la présence permanente de l’armée sur le territoire.

8

p odes, erritoires sur la rive a repoussé les e vers l’est.

l’Em-par e

tée ère ain et libres. Il est par un talus une palissade

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loger les troupes. Ecamps sont particu

documentésBiesheim, o

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Casque en bronze découvert à Drusenheim,1ère moitié du 1er s. apr. J.-C.

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StrasbourgLe camp d’Argentorate

Le camp militaire correspond à l’actuel cœur du centre ville de Strasbourg, vers le quartier de la cathédrale. Après la passage du plusieurs unités militaires (Légions II et XXI) il a surtout abrité le siège de la Légion VIII Augusta, venue s’installer dans le secteur vers la fi n du Ier siècle après J.-C. Érigé au bord de l’Ill et à la croisée de deux axes routiers majeurs, le camp assure une liaison rapide vers Mayence (Mogontiacum), la capitale militaire administrative de la province, et le limes en franchissant le Rhin.

La première enceinte du camp, construite au début du Ier siècle, est constituée d’un rempart de terre et de bois précédé d’un fossé. Au IIème siècle, une enceinte en pierre lui succède. Entre la fi n du IIIème siècle et le début du IVème siècle, sa muraille est considérable-ment renforcée.

Le camp est construit selon le schéma classique des camps romains. Deux rues prin-cipales perpendiculaires reliant les portes du camp divisent l’espace : la via principalis (ac-tuelle rue du Dôme) et la via praetoria (actuelle rue des Hallebardes). Le centre du camp rassemble les bâtiments dédiés au commandement et à l’administration de la légion. Les casernements des légionnaires occupent le reste de l’espace ainsi que des bâtiments à usage collectif comme les thermes.

Outre le rôle de surveillance du territoire qui leur incombe, les soldats participent à l’amé-nagement du territoire.

Les soldats produisent notamment des terres cuites architecturales (tuiles, briques). Une tuilerie est attestée à Kœnigshoffen. Ils participent également aux chantiers de construction et aux livraisons de marchandises. La découverte d’un fournil et d’objets personnels dans le camp d’Argentorate nous renseigne sur les activités quotidiennes des soldats (alimenta-tion, artisanat, religion, hygiène, loisirs). L’organisation interne est encore incertaine, car les fouilles réalisées dans le centre de la ville actuelle ont été très limitées.

Brique estampillée de la Légion VIII Augusta, fi n 1er - début du 2ème s.

Restitution du camp romain

de Strasbourg au Haut -Empire,IIème et début IIIème s.

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L’HABITAT À LA CAMPAGNE

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Les campagnes rassemblent la majorité de la population. Elles se développent fortement sous l’infl uence romaine, s’inscrivant dans la continuité d’un mouvement amorcé à la fi n de la période gauloise.

Les campagnes connaissent une im-portante dynamique de peuplement et une densifi cation de l’habitat. La

plupart des occupations correspondent à de l’habitat dispersé : fermes et villae. Il

existe également quelques formes d’ha-bitat groupé. Le hameau du Wasserwald à Hægen témoigne par ailleurs de la colonisation de nouveaux secteurs dans le massif vosgien probablement pour l’exploitation de ressources comme le bois et le grès.

Introduite à partir du Ier siècle dans les campagnes gallo-romaines, la villa est un établissement d’exploitation agricole pouvant accueillir plusieurs dizaines de personnes. Les villae constituent un important réseau participant au déve-loppement des activités agro-pastorales, à l’approvisionnement des villes et à la densifi cation des échanges. La villa est composée d’une partie résidentielle (pars urbana) accueillant la demeure du maître et d’une partie agricole (pars rustica) abritant divers aménagements : logement des paysans, ateliers, grange, étables, etc. Le plan de ces établisse-ments fait preuve d’une grande diversi-té, tout comme les matériaux employés pour leur construction. De même, la superfi cie de l’exploitation disposée autour du bâtiment principal est très variable.

Fouille d’une habitation en 1976, Haegen-Wasserwald, IIème s.

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Située à proximité de l’agglomération antique de Tres Tabernae (Saverne), et d’un axe routier important passant par le col de Saverne, la villa découverte à Steinbourg est occupée à partir du Ier siècle. Une occupation antérieure, probablement une ferme gauloise, témoigne d’une certaine continuité entre la fi n de l’âge du Fer et le début de l’époque romaine. Les archéologues ont mis au jour sa partie résidentielle (pars urbana) :un grand bâtiment composé de huit pièces en rez-de-chaussée observé sur une surface de 1750 m². L’entrée principale était soulignée par deux pavillons et une galerie. La partie dédiée aux activités agricoles (pars rustica) abritait notamment le logement de paysans. La découverte d’un bâtiment thermal de 120 m² témoigne par ailleurs d’un certain niveau de confort.

Vue aérienne de la partie résidentielle d’une villa(pars urbana) en cours de fouille, Steinbourg, Ier-IIIème s.

Steinbourg L’architecture d’une villa

p.14

0 60 m

pars urbana

pars rustica

0 60 m0 60 m

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Évocation de cadres de vie en milieux rural et urbain :une villa à Steinbourg et un quartier de l’agglomération

d’Horbourg-Wihr au IIème siècle.

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L’HABITAT EN VILLE

L’urbanisation est certainement l’apport le plus marquant du monde romain. Perceptible à partir du Ier siècle, elle est marquée par la mise en place d’un important réseau maillant l’ensemble du territoire : capitales de cité et agglomérations.

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Égout des thermes publics en cours de fouille, Brumath, IIème-IIIème s.

Brumath (Brocomagus) est l’unique capitale de cité située sur le ter-ritoire actuel de l’Alsace et la

connaissance de sa structuration urbaine est encore diffi cile à percevoir à l’heure actuelle.

En Gaule romaine, ces capitales sont le plus souvent des créations ex-nihilo. Elles abritent le sénat local, composé de notables et servent de relais au pouvoir impérial dans la ges-tion et le contrôle du territoire de cité. Organisées par des réseaux de voies principales et secon-daires, ces villes possèdent un centre ci-vique (avec pour place un forum), lieu de rencontres et de commerce. On trouve généralement autour de place publique une basilique (centre juridique), une curie (espace politique) et un temple dédié au culte impérial de Rome et de l’Empereur.

Relais des capitales de cité dans l’administration du territoire, certaines

agglomérations dites secondaires sont nombreuses et d’une grande diversité de taille et d’importance.

L’habitat, principale composante du tissu urbain, est constitué de quartiers (insulae) aux logements variés : maisons

individuelles plus ou moins luxueuses et immeubles col-lectifs, auxquels se mêlent commerces et activités artisa-nales. L’habitat est généralement im-planté le long des rues avec un bâti-

ment à l’avant et une cour ou un jardin à l’arrière.

Les villes se caractérisent par la pré-sence d’équipements collectifs ; rues, trottoirs, fontaines, égouts, marchés, entrepôts revêtent un caractère fonc-tionnel et indispensable. Des infrastruc-tures plus monumentales contribuent à l’amélioration du cadre de vie (thermes, édifi ces de spectacles, temples, etc.).

Rues, trottoirs, fontaines, égouts, marchés, entrepôts...

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De haut en bas :

Puits cuvelé de pierres et doté d’un châssis de bois en fonda-tion, Horbourg-Wihr, fi n Ier s.

Canal d’évacuation d’un égout, Brumath, IIIème s.

Tronçon d’un aqueduc reliant Kuttolsheim à Strasbourg, Oberhausbergen, époque romaine.

Réservoir d’eau, Steinbourg, Ier-IIIème s.

La gestion de l’eau

Les Romains font preuve d’une grande technicité dans la gestion de l’eau et introduisent des inno-vations tant en terme de maîtrise (aménagement de berges, drainage), que d’approvisionnement (aqueducs, fontaines), de stockage (citernes) et d’évacuation (égouts, latrines).

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Brocomagus (Brumath) administrait le territoire de la cité des Triboques, correspondant globalement à l’actuel département du Bas-Rhin, exceptée sa partie nord-ouest (Médiomatriques) et extrême nord (Némètes).

La superfi cie de la ville à son exten-sion maximale est estimée à une quaran-taine d’hectares alors qu’Augusta Raurica (Augst, Suisse), capitale de cité des Rau-raques, est elle évaluée à 100 ha. Entre les IIIème et IVème siècles, la ville se dote d’une enceinte, phénomène constaté dans cer-taines villes à cette période. Concernant les équipements publics, une rue princi-pale (cardo maximus), large de 10 m et dotée d’un trottoir, a été mise au jour ainsi qu’une voie secondaire perpendicu-laire (decumanus). Deux bâtiments ther-maux sont également connus dont un au cœur de la ville antique. L’existence d’un édifi ce de spectacle (théatre ou amphi-théatre) est supposée à l’est de la ville.

Localisation des vestiges et des axes de circulation sur fonds de cadastre actuel

16

Brumath-BrocomagusCapitale de cité des Triboques

Évocation de l’arrières de maisons et des thermes publics, Brumath, Ier s.

decumanus maximus

card

o m

axim

us

0 200 m

habitat

commerce

thermes

supposé

Tres Tabernae - Saverne

Saletio - Seltz

Zone funéraire du StephansfeldArgentorate - Strasbourg

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L’agglomération d’Horbourg-Wihr faisait partie de la cité des Rauraques. Sa superfi cie maximale, atteinte au IIème siècle, est estimée à 80 ha.

Deux fouilles réalisées en 2008 et 2012, au lieu-dit Kreuzfeld, ont permis d’étudier sur près de 2 hectares un quar-tier d’habitation.

Les parcelles sont mitoyennes ou sé-parées par des chemins étroits (ambitus), et délimitées par des clôtures. Les habi-tations sont construites à l’avant, côté rue, tandis que des cours ou jardins sont aménagés à l’arrière. Des équipements ont pu être identifi és : fours ou foyers, puits, latrines et fosses dépotoirs. Une fontaine, au carrefour de deux rues, té-moigne d’une gestion collective de l’eau.

Évocation d’un jardin à l’arrière d’une maison, Horbourg-Wihr, IIème s.

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Horbourg-WihrUn quartier d’habitation en périphérie de l’agglomération

0 20 m

et clôture

ambitus

Emplacement de la route actuelle - zone non fouillée

Plan schématique du quartier d’habitation, IIème s.

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De haut en bas et de gauche à droite :

Mosaïque (détail), Bergheim, IIIème s.

Fondation d’un mur en matériaux de récupération (tuiles, meules), Brumath, Ier s.

Vue en coupe d’un solin en pierre sèche, Brumath, milieu IIIème s.

Calage de poteau fait de fragments de tuile, Scherwiller, IIIème s.

Fragment d’enduit peint, Brumath, IIème s.

Sol en fragments de tuile, Brumath, Ier s.

Fragment d’un angle de vitre, Brumath, Ier s.

Foyer domestique, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

Cave appareillée en moellons de grès, Altorf, époque romaine.

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Villes et campagnes portent des marques visibles de l’infl uence romaine tant en terme d’architecture que d’équipement. Des progrès majeurs sont apportés dans l’art de bâtir.

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Les formes d’habitat et les matériaux utilisés se diversifi ent. Bois et terre restent dominants, les élévations en

pan de bois étant les plus répandues. Tor-chis ou briques crues peuvent être utili-sées pour combler les espaces vides. Une architecture mixte apparaît avec l’uti-lisation de la pierre pour les fondations, la construction des murs et certains élé-ments architecturaux nouveaux (porches d’entrée des villae, colonnes, etc.). La couverture des toits peut être en bois ou chaume, mais l’utilisation de la tuile (te-gula) se généralise progressivement. Le verre est parfois utilisé pour les vitres des fenêtres.

La réutilisation des matériaux semble être une pratique courante. Des meules usagées sont régulièrement utilisées dans les fondations. À Brumath, ce sont par exemple les blocs d’un mausolée qui ont servi à l’édifi cation d’une cave. Des éléments de charpente sont également réemployés pour certains aménagements comme les puits ou les latrines.

Décoration intérieure

Les sols les plus fréquemment ren-contrés sont en terre battue. Néan-moins, d’autres matériaux sont utilisés :planchers en bois, dallages en pierre ou en éléments de terre cuite, terrazzo (mélange de fragments de terre cuite, chaux, sable et galets). La mosaïque fait également son apparition. La technique de l’enduit est introduite pour le revête-ment des murs : des décors sont parfois peints sur l’enduit encore frais).

Place au confort

Certains éléments d’aisance font leur apparition. Le chauffage est principale-ment assuré par des foyers qui peuvent également servir à la cuisson des ali-ments. Certaines demeures disposent

de systèmes plus so-phistiqués comme le chauffage par le sol (hypocauste). Des fours domestiques permettent de cuire les aliments et le pain. Des puits et des latrines sont aména-gés dans les jardins.

Les habitations peuvent également dis-poser de pièces de stockage comme des caves et des greniers. Enfi n, des thermes privés sont parfois construits, notam-ment dans les villae à la campagne.

Chauffage au sol à hypocauste et canaux rayonnants, Brumath, IIIème s.

ARCHITECTURE

Les formes d’habitat et les matériaux utilisés se diversifi ent.

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De haut en bas : Avoine, seigle, blé de type froment, épeautre, millet et orge, époque contemporaine.

Faucille, Horbourg-Wihr, IIème s.

AGRICULTURE & ÉLEVAGE

La création d’un réseau dense d’établissements à vocation agricole contribue au développement des activités agro-pastorales et à l’augmentation des rendements.

La période gallo-romaine marque de profonds changements dans les habitudes alimentaires et les pra-

tiques culinaires ayant des conséquences sur les activités agro-pastorales. Dès la seconde moitié du Ier siècle, la produc-tion agricole se diversifi e. La culture de céréales panifi ables comme le froment voire l’épeautre et le seigle est privi-légiée. Blés, orge, millet et avoine sont également cultivés pour les bouillies et galettes ainsi que pour le fourrage ani-malier. Les légumineuses les plus cou-rantes sont les lentilles, les fèves et les pois. Les arbres fruitiers et les herbes aromatiques sont aussi attestés. Enfi n,

de nouvelles espèces sont cultivées ou importées comme la fi gue et le melon.

Le régime alimentaire gallo-romain se distingue du modèle romain par une importante consommation de viande, héritage des pratiques alimentaires gau-loises. Les principales espèces domesti-quées sont le bœuf, le mouton, le porc et la poule. Une évolution de la stature de ces animaux est par ailleurs consta-tée traduisant une grande maîtrise de l’élevage. En Alsace, comme dans le reste du Nord de la Gaule, on constate une prédominance du bœuf. Moutons et chèvres sont également bien repré-sentés pour la consommation de leur viande ainsi que la production de lait et de laine. Le porc quant à lui semble constituer une viande de choix pour les classes privilégiées.

Compléments alimentaires

Chasse, cueillette et pêche traduisent un certain opportunisme par rapport à l’environnement permettant de diversi-fi er l’alimentation et d’enrichir les plats ou préparations. Ainsi cerf, ours, grue cendrée, canard colvert, chevreuil, lièvre ou perdrix sont cuisinés. À Horbourg-Wihr, la proximité de forêts encourage la cueillette de noisettes, sureaux, aubé-pines, fraises des bois, physalis, etc. Pois-sons et mollusques sont enfi n issus de la pêche en eau douce.

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En 2010, une fouille réalisée sur la commune de Duntzenheim a permis de mettre au jour une villa occupée du milieu du Ier au milieu du IVème siècle.

L’étude des restes végétaux et des ossements animaux de cet éta-blissement situé dans la région fer-tile du Kochersberg a permis de se faire une idée de ses activités agro-pastorales, révélatrices de celles constatées dans le Nord de la Gaule.

Sa production montre une grande variété de cultures avec une prédominance du froment. Épeautre, blés vêtus (engrains et amidonniers), seigle, avoine et millet semblent constituer des cultures d’appoint. L’élevage du bœuf, de la chèvre et du mouton est pratiqué, ainsi que celui du cochon et de la poule dans une moindre mesure.

DuntzenheimLes activités agro-pastorales d’une villa

Évocation d’une villa à Duntzenheim au IIème-IIIème siècle.

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L’artisanat se diversifi e et le commerce connaît un développement important, en réponse aux besoins des populations locales mais aussi à la mise en place d’un réseau d’échanges à longue distance.

ARTISANAT & COMMERCE

La production répond d’abord aux besoins locaux des villes et des habitants. En parallèle, se développe

un circuit d’échanges à plus large échelle. Denrées alimentaires et objets manu-facturés sont produits et distribués en masse. De l’Empire, on exporte du blé, des céramiques (et notamment la sigil-lée), du vin, des tissus. De nombreuses denrées et produits sont également im-portés du monde méditerranéen : huile, bijoux, vaisselle de luxe, vin. La présence d’amphores d’huile d’olive du sud de l’Es-pagne à Strasbourg (Argentorate) montre par exemple l’intégration de la ville dans de vastes réseaux commerciaux.

L’artisanat regroupe quantité d’activi-tés. Parmi elles, la tabletterie (travail de l’os) se développe tandis que le travail du verre fait son apparition. La généralisa-tion du tour de potier et des fours en-traînent par ailleurs de profondes évolu-tions dans l’artisanat de la céramique et le développement de productions locales inspirées des productions romaines. Les

villes et agglomérations concentrent la

p l up a r t

de ces activités artisanales. Certains sites ruraux constituent cependant des centres de production spécialisés. Des ateliers de céramique sont attes-tés à Dambach-la-Ville, Ittenwiller et Dinsheim-Heiligenberg. On note par ail-leurs une standardisation des produc-tions et des matériaux.

Des voies et des chemins relient les villes, les agglomérations secondaires et les sites ruraux. En Alsace, ce réseau est encore mal connu. Les axes les plus importants relient les capitales des cités. D’autres voies existent reliant les agglo-mérations secondaires, les hameaux et les grands domaines ruraux. La circula-tion vers l’ouest devait être assurée par des routes passant les cols les plus faciles d’accès. Enfi n, le franchissement du Rhin vers l’est devait s’effectuer par des pas-sages à gué et de rares ponts. Ce vaste réseau permet la circulation des biens et des personnes mais les voies navigables comme l’Ill et le Rhin constituent les principaux moyens d’acheminement des marchandises dans l’Antiquité. Près de Strasbourg, une épave antique chargée de meules a par exemple été découverte dans un ancien chenal du Rhin.

As, sesterces, deniers...

L’économie monétaire se déve-loppe, favorisant le commerce et l’artisanat. Les monnaies gauloises disparaissent au profi t des mon-naies romaines : en bronze : as, sesterce ; en argent : denier ; en or : aureus. Elles constituent éga-lement un outil de communica-tion du pouvoir impérial et per-mettent de diffuser des images et

des valeurs dans des régions éloi-gnées de Rome.

villes et agglomérations concentrent la

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Monnaie d’Alexandre Sévère, Horbourg-Wihr, 222-235.

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Four de tuilier, De part et d’autre d’un couloir central, on repère les huit piliers de soutènement de la sole (plancher de terre cuite séparant le foyer en dessous des céramiques qui cuisent au-dessus)Hégeney, 2ème moitié du 1Ième s.

Domestique ou professionnelle ?

La distinction entre activités domestique et professionnelle est souvent délicate à établir car les activités étaient souvent imbriquées. Des fusaïoles et des aiguilles évoquent par exemple des tâches quotidiennes comme le fi lage ou la couture. Des outils comme le bédane, le rabot et la hache font eux référence au travail plus spécialisé du bois, tout comme les déchets métalliques et objets ratés témoignent du travail des métaux.

Louches, équerre, plan de frappe, burin et pelle à feu attribués à un atelier de travail du bronze grâce aux déchets associés, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

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Usages alimentaires et culinairesEn général, la vaisselle est en terre cuite mais elle peut également être en bronze,

en argent ou en verre pour les pièces plus prestigieuses. Une grande diversité de formes et de techniques dans le vaisselier traduit une certaine évolution des pra-tiques alimentaires. Le mortier par exemple est introduit pour la préparation des sauces et des formes nouvelles de marmites et de plats montrent un goût pour les cuissons mijotées.

Poteries, Brumath, fi n du IIème-début du IIIème s.

L’archéologie permet d’approcher certains aspects des modes de vie des

populations passées. La diversité et l’abon-dance des objets découverts révèlent les goûts,

les modes et les activités des occupants d’un site, même si des pans entiers ne peuvent être documentés.

VIE QUOTIDIENNE

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Ameublement et décorationSeuls certains éléments de décoration intérieure

ont été retrouvés en Alsace : des fragments d’enduits peints, des mosaïques, quelques tables en pierre ainsi que les éléments en métal de meubles en bois (clous, poi-gnées, clés, serrures, gonds, etc.).

Anneau de clé, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

ieure d’enduits ainsi que poi-

Habillement et parureLes manières de se vêtir sont

mentionnées dans des sources littéraires et l’archéologie livre des témoignages précis de l’art de la représentation (portraits, statuaire, stèles funéraires, etc.). Semelles et clous de sandales constituent des indices qui nous renseignent sur la manière de se chaus-ser. Les accessoires de vê-tements comme les fi bules (sorte d’épingles à nourrice ser-vant à accrocher les vêtements) et les autres bijoux témoignent des goûts et des modes mais aussi parfois d’un certain niveau de ri-chesse (qualité de l’objet, fi nesse, matériaux employés, etc.).

Semelle, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

(page en regard)Fibule, Horbourg-Wihr, IIème s.

Jeux

Jetons en terre cuite ou en verre, osselets et dés témoignent d’un goût prononcé pour les jeux et les loisirs.

Dé, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

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es ce ser-

ements) moignent mais aussi eau de ri-et, fi nesse, c.).

Hygiène et soinsMiroir, peigne, épingle à cheveux, palette à

fard, cure-dent, cure-oreille, pince à épiler, stri-gile (ustensile servant à racler huiles et onguents sur la peau) et rasoir, révèlent un véritable souci d’hygiène et de soin du corps.

Peigne, Horbourg-Wihr, IIème-IIIème s.

Langue et écritureLe latin devient la langue offi cielle. Elle semble adoptée rapidement par les élites notamment par le

biais de l’administration et du commerce, puis par une partie de la population, mais l’usage populaire des langues et dialectes vernacu-laires gaulois et germains subsistent longtemps. Inscriptions lapidaires, estampilles, stylets, encriers témoignent également de la diffusion de l’écriture.

Stylet (?), Steinbourg, Ier s.

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Les Gaulois et les Germains adoraient plusieurs divinités liées à la nature dont cer-

taines continuent d’être véné-rées durant la période romaine comme Epona, patronne des équidés, cavaliers et voyageurs ou Vosegus, dieu protecteur du massif vosgien. Les divinités romaines font leur apparition et peuvent remplacer certains dieux gaulois ou s’y substituer. Mercure, dieu du commerce, des arts et de l’artisanat semble le plus honoré dans la région. Le culte impérial, honorant Rome et l’Empereur est présent dans l’ensemble des provinces. Enfi n, des cultes orientaux diffusés par l’ar-

mée sont également introduits, comme celui de Mithra ou Attis.

Des lieux dédiés

La forme de temple la plus courante chez les gallo-romains correspond au fa-num. Elle possède une pièce centrale dédiée aux divini-tés appelée cella entourée d’une galerie. Ces édifi ces sont spécifi ques à la Gaule romaine. Ils sont présents en ville, à la campagne et parfois au sein de riches villae. L’ar-chéologie aérienne en livre de nombreuses traces. En Alsace ils sont généralement

édifi és en terre et en bois.D’autres types de sanctuaires sont

connus comme celui au sommet du Donon, dédié à Mercure, ou encore les sanctuaires semi-enterrés dédiés à Mithra à Biesheim, Strasbourg-Kœnigs-hoffen et Mackwiller.

CROYANCES & PRATIQUES FUNÉRAIRES

Syncrétisme et tolérance semblent caractériser la vie religieuse, mêlant introduction de divinités romaines, orientales et pérennisation ou évolution des croyances gauloises. Les morts, quant à eux, incinérés ou inhumés, sont rassemblés dans des nécropoles.

Vestiges du tombeau-temple (?), Sparsbach, IIème s.

Les débuts du christianisme

Religion monothéiste venue d’Orient, le chris-tianisme se répand en Gaule au courant des II-IIIèmes siècles. Il devient la religion offi cielle de l’Empire en 380 après J.-C. En Alsace, les débuts du christianisme sont diffi cilement perceptibles, même si les sources historiques mentionnent un premier évêque à Argentorate dans les années 340 après J.-C.

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Figurine de Vénus en terre cuite moulée, Horbourg-Wihr, IIème s.

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La sphère privée possède un lieu de dévotion propre appelé le laraire. Il s’agit d’un petit autel destiné à honorer des divinités protectrices de la famille, repré-sentées par de petites statuettes. Parmi elles, le dieu Lare est le protecteur de la maison.

Pour ce qui est des rites funé-raires, jusqu’à la fi n du IIème siècle, la cré-mation est la pratique la plus répandue. Le défunt est brûlé sur un bûcher et les restes peuvent être placés dans un vase ossuaire (urne), généralement en céra-mique et plus rarement en verre. À par-tir du IIIème siècle, l’inhumation se géné-ralise. Le défunt peut être placé dans un cercueil en bois, dans un sarcophage en plomb ou en pierre ou dans un linceul à même la terre.

Le monde des morts est souvent séparé géographiquement de celui des vivants : les sépultures sont installées à la sortie des villes, généralement dans des nécropoles et le long des axes de circula-tion. Parfois, certains défunts, notamment les jeunes enfants, sont ensevelis dans les cours, le long des murs des maisons ou même à l’intérieur.

Honorés et accompagnés

Les tombes constituent des lieux de mémoire souvent signalés par des stèles

ou de petits mo-numents recou-verts d’épitaphes. Des mausolées, tombeaux monu-mentaux, comme celui retrouvé à Kœnigshoffen, accompagnent les

plus aisés. Des offrandes sont régulière-ment présentes dans les sépultures (vais-selle, dépôts alimentaires, parures, etc.). Des traces de banquets sont par ailleurs attestées autour de certaines tombes. L’identité et le statut de certains hommes libres et citoyens sont documentés par l’épigraphie (stèles funéraires) où leur nom témoigne souvent de leur origine gauloise.

Crémation, Bernolsheim, époque romaine.

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En 2009, une fouille réalisée à Eckartswiller au lieu-dit Rothlach a permis de révéler la présence d’une aire cultuelle. Au carrefour des voies de franchisse-ment du massif vosgien, entre la Zinsel et la Zorn, le site semble être occupé entre durant les IIème et IIIème siècles. Une statue en grès rose du dieu Mercure accompagnée d’une dédicace, a été mise au jour devant son temple.

Inscription dédicatoire « Au dieu Mercure Caratullus fi ls de Carasus a fait un vœu de bon cœur et à bon droit »Eckartswiller, IIème-IIIème s.

Des lieux de mémoire, souvent signalés par des stèles ou de petits monuments

EckartswillerUne aire cultuelle

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LECTURES

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CRÉDITSPhotographies : © PAIR, sauf P. Biellmann, p. 2 / Biocer.fr, p. 20 / Boutique-oiseaux-europiafs.com, p. 20 / Bureau d’études ANTEA Archéologie, B. M’Barek, p. 23 / Centre dépar-temental d’archéologie du Bas-Rhin, p. 26 / C. Desjardin, p. 3 / DRAC Alsace, Service régional de l’archéologie, p. 10 / DRAC Alsace, Service des patrimoines, p. 15 / Dreamstime.com, Mablebee, p. 20 / Ferme des Lilas S.A., p. 20 / S.Fichtl, p. 6 Gnis, p. 20 / Inrap, F. Schneikert, p. 2 / Magellan-bio.fr, p. 20 / Musée départemental Arles Antique © J-Cl. Golvin, Éditions Errance, p. 9 / Musée historique de Haguenau, D. Merck, p. 8 /Musées de Strasbourg, M. Bertola, p. 9 / ÖNB Bildarchiv Wien (Vienne, Autriche), p. 4 /PAIR, Quatre Vents, p. 10-11 / B. Schnitzler, p. 2, 8 / Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et Environs, J.-J. Ring, p. 2.

Fonds de carte : ASTER, Nasa, p. 7 / Institut Géographique National, page de garde.

Dessins : P.-Y. Videlier © PAIR, p. 2, 12-13, 16-17, 21.

Augusta Raurica (Augst, Suisse)

Parc archéologique de Bliesbruck-Reinheim (Moselle, France - Allemagne)

Centre d’interprétation du patrimoine « La villa », Dehlingen

Site de Mackwiller

Site de Sparsbach-Meisenbachschloessel

Site du Haegen-Wasserwald

Site du Donon

Villa, Dolving-Saint-Ulrich (Moselle, France)

Musée gallo-romain, Biesheim

Musée archéologique, Brumath

Musée d’Unterlinden, Colmar

Musée historique, Haguenau

Musée historique, Mulhouse

Musée du Château des Rohan, Saverne

Maison de l’archéologie des Vosges du Nord, Niederbronn-les-Bains

Musée du pays de Sarrebourg et parcours Chagall, Sarrebourg (Moselle, France)

Musée archéologique, Strasbourg

La France gallo-romaineL. Tranoy, M. MonteilParis : Éditions la Découverte, collection « Archéologies de la France », 2008

Fouilles et découvertes en AlsaceM.Châtelet (dir.)Paris : Éditions Ouest France, Inrap, 2009

Romains des villes, Romains des champs ? Visions récentes des cadres de vie de l’Alsace romaine Pôle d’Archéologie Interdépartemental RhénanArles : Éditions Actes Sud, PAIR, 2014

Strasbourg-Argentorate Un camp légionnaire sur le Rhin (Ier-IVème siècle après J.-C.)B. Schnitzler, G. Kuhnle (dir.)Strasbourg : Éditions Musées de la Ville de Strasbourg, 2010

Pour les enfants :

La Gaule romaine à petits pasO. BlinArles : Éditions Actes Sud junior, Inrap, 2012

Les Romains à petits pasE. Dars, E. TeyssierArles : Éditions Actes Sud junior, Inrap, 2009

Le dico des gallo-romainsG.CoulonParis : Éditions de la Martinière Jeunesse, 2003

SITES ET COLLECTIONSEN ALSACE ET À PROXIMITÉ

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0 30 km

BRUMATH

COLMAR

STRASBOURG

DEHLINGEN

MACKWILLER

BIESHEIM

MULHOUSE

WASSERWALD

HAGUENAU

NIEDERBRONN-LES-BAINS

SPARSBACH

DONON

AUGST

BLIESBRUCK-REINHEIM

SARREBOURG SAVERNE

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2 allée Thomas Edison - ZA Sud - CIRSUD67600 SÉLESTAT

Tél. 03 90 58 55 34 Fax 03 90 58 55 35E-mail [email protected]

Le Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan - PAIR - est un établissement public émanant des Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Il intervient dans le domaine de l’archéologie en Alsace et exerce des missions scientifique, patrimoniale, éducative et culturelle.

Conception : PAIR, 2015

En couverture

Mise au jour d’un fragmentde la tête d’une statue de Jupiter,

Steinbourg, IIIème siècle.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE